SEANCE DU 18 DECEMBRE 2001
LOI DE FINANCES POUR 2002
Rejet d'un projet de loi en nouvelle lecture
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi
de finances pour 2002 (n° 147, 2001-2002), adopté avec modifications par
l'Assemblée nationale en nouvelle lecture. M. Philippe Marini, rapporteur
général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat au budget.
Monsieur le président, monsieur le président
de la commission des finances, monsieur le rapporteur général, mesdames,
messieurs les sénateurs, sans surprise, la commission mixte paritaire convoquée
sur le projet de la loi de finances pour 2002 n'a pu aboutir à un texte
commun.
Personne ne peut y voir une occasion manquée puisqu'il s'agit simplement de
prendre solennellement acte de nos divergences.
A ce propos, je souhaiterais vous redire que je retire toujours beaucoup
d'enseignements des débats que j'ai avec la majorité du Sénat. D'abord, parce
que, au fil des séances, nos échanges sont parfois complices à défaut d'être
convergents et que, surtout, se déploient ici, avec beaucoup de naturel, des
arguments et des propositions qui nous éclairent un peu sur l'orientation et
sur la cohérence du projet de l'opposition !
En effet, à bien y regarder et en mettant de côté les reproches que nous nous
adressons mutuellement sur la bonne utilisation de l'argent des Français, les
propositions de la majorité sénatoriale sont empreintes d'un seul et même
objectif : mettre en place, dans notre pays, une société de type libéral.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Nous ne protestons pas.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
C'est ce qui ressort de vos différents amendements,
notamment en matière d'impôt sur le revenu, d'impôt sur la fortune, d'impôt sur
les sociétés, de baisse ciblée de la TVA sur certaines professions.
Loin de moi l'idée de vous reprocher vos critiques...
M. Denis Badré.
Elles sont légitimes !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
... ou vos orientations ! Vous ne me reprochez
d'ailleurs pas d'en contester la pertinence économique et sociale, ou même de
les combattre sur un plan plus politique.
Cela dit, si nous sommes en opposition sur l'analyse et sur les propositions,
nous sommes en accord sur l'essentiel : bientôt, ce sera aux Françaises et aux
Français d'exprimer un choix clair sur le type de société qu'ils veulent pour
eux-mêmes et pour leurs enfants.
Pour ce qui me concerne, je veux vous redire, mesdames, messieurs les
sénateurs, à quel point je suis fière d'appartenir au gouvernement dirigé par
Lionel Jospin.
Depuis plus de quatre années maintenant, il a défini des priorités, dégagé des
moyens, accompli des actes et mené des réformes qui resteront comme de grandes
avancées économiques et sociales pour notre pays.
Pour construire le budget pour 2002, comme les années précédentes, nous avons
ciblé nos priorités et dégagé des marges de manoeuvre pour les financer.
J'affirme que nous avons mené une politique budgétaire sérieuse et conséquente
: sérieuse, parce que, en quatre ans, le déficit budgétaire aura été réduit de
80 milliards de francs ; conséquente, parce que, si le Gouvernement défend le
principe indépassable que les déficits d'aujourd'hui constituent inexorablement
les dettes de demain, il mesure aussi à quel point nos concitoyens
n'accepteraient pas que les services de l'Etat ne soient plus à même de remplir
leur mission. Si nous n'assurions plus le financement de nos administrations,
cela aussi, je le crois, les générations à venir le paieraient très cher dans
leur vie quotidienne.
Dans quelques minutes, par la voix de votre rapporteur général, la commission
des finances vous proposera d'adopter une question préalable, rejetant ainsi le
projet de loi de finances sans procéder à son examen article par article. C'est
logique et c'est cohérent.
D'une phrase, qu'il me soit permis, une fois de plus, de vous adresser mes
remerciements sincères.
J'aurai un mot particulier, aujourd'hui, pour l'ensemble des personnels du
Sénat, qui, de la séance à la restauration, des huissiers aux services de
reprographie, assurent avec efficacité et une grande gentillesse un travail
exemplaire.
J'aurai un mot également à l'égard de ceux qui assurent le compte rendu de nos
travaux. Je voudrais leur dire que j'ai toujours été impressionnée par leur
dextérité et leur intelligence. Et, pour l'une de nos dernières séances, je
voulais leur adresser un salut en forme d'hommage appuyé.
Mais il est temps de conclure, mesdames, messieurs les sénateurs !
Je crois pouvoir dire que j'ai parmi vous quelques amis. Certains, éminents,
l'étaient avant que j'exerce des fonctions ministérielles, d'autres le sont
devenus depuis et, parce que la vie politique c'est aussi la vie, je voulais
les remercier à cette tribune de leur confiance et de leur amitié.
(Applaudissements.)
M. le président.
Madame le secrétaire d'Etat, nous vous remercions tout particulièrement de
l'hommage que vous avez bien voulu adresser à l'ensemble du personnel du Sénat,
qui y a sans nul doute été très sensible.
A mon tour de vous dire combien nous apprécions les relations confiantes et,
d'une part, les membres de votre cabinet et de vos services qui se sont
instaurées entre, d'autre part, les représentants permanents du Sénat qui sont
appelés à coopérer avec eux lors de la préparation des débats budgétaires.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, madame le
secrétaire d'Etat, mes chers collègues, même si nos débats sont courtois, ils
sont sans concessions sur le fond : nos intentions, nos perspectives
respectives diffèrent très sensiblement ; ces différences viennent d'ailleurs
de s'exprimer à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances.
Mes chers collègues, je vais donc vous livrer le résultat de la confrontation
entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
A quoi ressemble le budget de retour de l'Assemblée nationale ? Que reste-t-il
de nos longues heures de travail ?
M. Henri de Raincourt.
Rien !
(Sourires.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Non ! monsieur le président, on ne peut pas vraiment
dire cela.
Au terme de ce bref exposé, nous pourrons, ensemble, tirer les
conséquences.
Mes chers collègues, vous savez qu'il est possible, à ce stade de la
discussion, de choisir l'une des deux formules suivantes : soit nous
réexaminons l'ensemble de la loi de finances, de l'autorisation de perception
de l'impôt sur le revenu jusqu'au dernier article non rattaché de la seconde
partie ; soit nous estimons que les oppositions sont telles que cet exercice
serait inutile.
En l'occurrence, comme il est de tradition parlementaire en fin d'année, nous
estimons qu'il vaut mieux acter clairement le différend et voter une motion qui
reviendra à dire que la poursuite du débat nous semble parfaitement inutile.
L'Assemblée nationale - personne n'en sera surpris - a supprimé toutes les
modifications de fond que nous avions apportées.
D'abord, en ce qui concerne la politique budgétaire, elle en reste à la
perspective de croissance du Gouvernement - 2,5 points en 2002 - alors que le
FMI prévoit 1,3 point et l'OCDE, 1,6 point.
Pour ne point trop fâcher les électeurs potentiels, l'Assemblée nationale a
préféré s'en tenir à ce bon vieux principe de la foi du charbonnier.
L'Assemblée nationale n'a même pas tenu compte des perspectives tracées par
l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques mis au travail par
notre délégation parlementaire pour la planification, que préside M. Joël
Bourdin, et qui, avec des méthodes tout à fait incontestables, des méthodes
tout aussi scientifiques, très certainement, que celles des experts de la
direction de la prévision au sein de l'administration du Gouvernement, a
débouché sur un cadrage économique franchement différent de celui qui sous-tend
ce projet de loi de finances.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale s'est opposée à l'essentiel de nos
amendements fiscaux. Elle s'est résignée au maintien d'une vignette « croupion
», résiduelle. Elle a retenu très peu de choses de notre approche des relations
financières entre l'Etat et les collectivités territoriales. Elle n'a donné
aucune suite significative à toutes nos préconisations concernant l'évolution
de l'impôt sur le revenu, de l'impôt sur les sociétés, de la TVA, les baisses
ciblées de TVA dans certains secteurs de l'économie. Elle a également réservé
un sort négatif à nos dispositions en matière d'incitation à investir pour les
entreprises. Elle a en effet souhaité rester dans le cadre défini par le
Gouvernement pour ce projet de loi de finances.
Sur le plan des dépenses, le désaccord est tout aussi grand.
L'Assemblée nationale reste dans l'optique du « toujours plus », alors que la
majorité du Sénat voudrait mettre à l'honneur le « toujours mieux ». Notre
approche a été, comme à l'ordinaire, caricaturée.
Nous avons également pu mesurer l'écart qui existe entre les propos de M.
Laurent Fabius sur la nocivité des déficits et son action quotidienne, qui le
conduit à accepter, à entériner, à cautionner sans cesse des dépenses nouvelles
qui viendront aggraver dettes et déficits.
Si je reprends les principaux aspects que nous nous sommes efforcés de mettre
en valeur au sein de la loi de finances et des articles fiscaux, en évitant
toutefois de revenir sur les désaccords de principe que je viens d'évoquer, je
peux relever quelques avancées techniques que l'Assemblée nationale a bien
voulu accepter grâce à la qualité du dialogue qui se poursuit entre les deux
commissions des finances, entre leurs présidents et leurs rapporteurs
généraux.
Nous notons, parmi ces avancées, l'exonération d'impôt sur le revenu pour
l'allocation personnalisée d'autonomie, l'éligibilité au FCTVA pour la
réparation en 2001 des dommages causés par les tempêtes de 1999, la
compensation de pertes de ressources en provenance de la redevance des mines,
la suppression de la taxe annuelle sur les permis de chasse, la réforme de la
taxe de séjour, l'extension de la baisse de TVA pour les appareillages destinés
aux handicapés, la remise en ordre, complétée dans le collectif budgétaire, du
délicat problème des commissions bancaires sur les paiements par carte pendant
la période de double circulation des francs et des euros, l'amortissement
exceptionnel pour les installations consacrées à la recherche sur les maladies
touchant les pays en voie de développement, l'utilisation des fonds du 1 %
logement, la fixation à un niveau convenable du plafond annuel de la taxe pour
les frais des chambres de commerce, la revalorisation substantielle de ce
plafond pour ce qui est de la même taxe pour les chambres de métiers et, enfin,
en ce qui concerne les agriculteurs, la mise en place d'une déduction pour
aléas sur le même modèle que la déduction pour investissements afin de
constituer une sorte d'assurance récolte.
Il reste encore des points délicats que l'on devrait pouvoir règler dans
l'avenir. Malheureusement, l'amendement de M. Chérioux sur l'avoir fiscal
concernant les titres détenus par des fondations reconnues d'utilité publique
n'a toujours pas eu l'heur de plaire à l'Assemblée nationale. Espérons qu'à
l'avenir - car nous sommes têtus et nous remettrons cela sur le métier - ce
point de vue changera.
Je voudrais maintenant m'arrêter un instant sur le régime des associations.
Souvenez-vous, mes chers collègues, nous avions supprimé le paragraphe III de
l'article 4, qui aurait permis de rémunérer les dirigeants élus des
associations. Cela nous semblait en effet inadmissible pour des raisons de
principe et de nature à enfreindre les fondements de la loi de 1901. Notre
préoccupation de mettre en valeur le bénévolat a été entendue.
L'Assemblée nationale a adopté un dispositif que je considère comme hybride,
mais qui est moins nocif que celui qu'elle avait initialement conçu en première
lecture. Notre intervention a donc été utile. En clair, elle aboutit à cibler
la possibilité de rémunérer les dirigeants élus des très grandes associations
qui disposent d'un volant très appréciable de ressources non issues des
subventions publiques. A mon sens, cela demeure une hérésie. C'est en effet une
tentation à laquelle certains dirigeants associatifs auront de la peine à
résister. C'est aussi un mélange des genres. Mais au moins le très grand nombre
des associations qui forment le tissu du bénévolat sera exempt de cette
mauvaise réforme.
Au titre des questions techniques qui n'ont pas été réglées, et qu'il faudra
parfaire, j'ajouterai une chose qui me tient particulièrement à coeur, mes
chers collègues, et que la commission des finances considère comme importante
du point de vue du bon fonctionnement de l'Etat ; je veux parler du contrôle
des fonds spéciaux, qui est traité par l'article 77 du texte.
Nous avions élaboré ici un amendement pour lequel le Gouvernement s'en était
remis à la sagesse du Sénat, qui avait été initié par la commission des
finances, avec le concours du rapporteur spécial des crédits des services
généraux du Premier ministre - qui fait partie de vos amis, madame la
secrétaire d'Etat - et qui concrétisait la position que la commission des
finances, après délibération, avait choisie.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Unanimement !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
M. le président a raison de rappeler que notre
amendement avait fait l'objet d'un vote unanime de la commission.
Malheureusement, l'Assemblée nationale n'en a presque rien retenu...
M. Henri de Raincourt.
C'est vraiment dommage !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... ni l'habilitation au titre de la procédure du
secret défense, ni l'encadrement des possibilités d'enquête, ni le rapport
écrit de ladite commission de vérification, ni la présidence par le Premier
président de la Cour des comptes. Seul notre ajout sur la durée du mandat a été
conservé.
Cela, je tiens à le dire, mes chers collègues, est d'une certaine gravité.
Comment peut-on envisager qu'une commission de vérification dans laquelle vont
sièger quatre parlementaires, qui sera sans doute secondée par un secrétariat,
puisse envoyer certains de ses membres enquêter dans des lieux où des
opérations seraient en cours pour vérifier que l'argent est correctement
dépensé ? Comment peut-on imaginer que, chaque année, cette commission
publierait un rapport qui serait nécessairement diffusé et qui, sauf à ne rien
dire, décrirait des choses qui, si elles étaient diffusées, pourraient porter
préjudice au bon fonctionnement des services et à la sécurité de leurs membres
?
Permettez-moi de dire, madame le secrétaire d'Etat, que le dispositif qui a
été adopté à l'Assemblée nationale relève de l'irresponsabilité pure et simple
et n'honore pas ses auteurs. En effet, pour le plaisir de paraître répondre à
des besoins de transparence, et pour satisfaire les demandes de la presse, on
accepte d'introduire dans la loi un dispositif qui ne permettra pas aux
services concernés d'effectuer correctement leur tâche. L'Etat et la pratique
républicaine auront à souffrir de telles dispositions, profondément
regrettables à mon sens.
Je ne reviendrai pas sur toutes les autres dispositions - pardonnez-moi le
caractère hétérogène de mon propos, mais nous sommes en fin de session, ce qui
me vaudra peut-être votre indulgence ! J'évoquerai toutefois la question du
désamiantage des véhicules construits avant le 1er janvier 1997. Je regrette en
effet que ce problème n'ait pas été réglé.
Nous avions imaginé un dispositif de crédit d'impôt que, malheureusement,
l'Assemblée nationale n'a pas retenu. Ce sujet, qui préoccupe l'opinion
publique, fera l'objet d'une concertation ultérieure, ce que l'on peut
considérer comme satisfaisant.
Mes chers collègues, je crois avoir dressé le bilan le plus fidèle possible du
résultat de la navette parlementaire. Dans quelques instants, le choix
appartiendra au Sénat.
Si nous avons quelques satisfactions d'ordre technique, le budget tel qu'il a
été élaboré sous la responsabilité essentielle de l'Assemblée nationale ne nous
paraît pas réaliste. Il nous semble être plus un acte d'imprévoyance que
l'exercice de la responsabilité de prévoir et d'organiser les finances
publiques pour l'année à venir. Il ne reflète pas les conceptions auxquelles
nous sommes attachés. Il conduira à toujours plus de dettes, toujours plus de
déficits, toujours plus de risques de voir s'alourdir les prélèvements
obligatoires. Je ne crois pas que nous puissions souscrire à une telle approche
!
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au
terme de cette discussion du projet de budget pour 2002, qui nous revient,
hélas ! bien amputé de l'Assemblée nationale, force est de constater qu'il
renferme toujours les faiblesses, contradictions et mauvais choix que nous
avions dénoncés à cette tribune en première lecture.
C'est un budget trompe-l'oeil qui, au-delà de certaines réductions de
prélèvements obligatoires, contraindra les contribuables, les particuliers
comme les entreprises, à assumer la charge des compensations des transferts qui
sont opérés. Parallèlement, la dépense publique augmente, les collectivités
locales perdent leur autonomie fiscale, le coût du travail ne cesse de
s'élever, les entreprises, découragées, assistent à la hausse des impôts sur
les sociétés - 57 % en quatre ans ! - le déficit public se creuse.
Dans ce sombre bilan, je tiens à attirer votre attention sur la mesure
positive que constitue l'article 57 C, relatif au 1 % logement, dont
l'initiative revient au Sénat et qui a été maintenu par l'Assemblée nationale.
Cet article reprend l'amendement que j'avais déposé et qui a été adopté
ici-même avec l'avis favorable de la commission des finances et du
Gouvernement.
Tirant les conséquences de l'accord passé récemment entre l'Etat et l'Union
d'économie sociale du logement, l'UESL, cet article consacre la création d'une
association strictement paritaire entre les organisations syndicales et le
patronat, qui a la vocation d'une société foncière et qui est destinée à
intervenir dans la réalisation de programmes de logements sociaux. Les
logements ainsi construits seraient réservés aux salariés des entreprises
cotisantes. Enfin, les bénéfices pourraient être transférés aux régimes de
retraite complémentaire AGIRC et ARRCO. Ainsi, les cotisations des salariés
reviendraient
in fine
aux salariés.
Ce dispositif a donc recueilli l'approbation des rapporteurs généraux des deux
assemblées ainsi que celle du Gouvernement. Je me réjouis d'une telle unanimité
sur une mesure qui présente un triple avantage moral, social et financier.
Avantage moral, tout d'abord. Grâce à ce système, les relations entre l'UESL
et l'Etat vont être enfin moralisées, mettant un terme, dans les cinq ans qui
viennent, aux ponctions régulières et importantes effectuées par l'Etat sur le
1 % logement afin d'équilibrer son budget. Le 1 % logement, qui constitue la
participation des employeurs à l'effort de construction, était ainsi détourné
de son objet initial par l'Etat.
Notons tout de même que, en attendant que l'association foncière se mette en
place, ces détournements perdureront. Pour 2002, le versement du 1 % logement
est inscrit en recettes non fiscales au budget général de l'Etat, ce qui
indique clairement qu'il servira exclusivement à l'équilibre du budget 2002 et
non à des opérations de renouvellement urbain ! Toutefois, à terme, la
transparence de l'affectation des fonds du 1 % logement sera assurée, ce dont
je me réjouis.
Avantage social, ensuite. Le 1 % logement, dont les cotisations sont assises
sur la masse salariale, est rendu à sa vocation première. Il participe à la
reconstruction d'un parc d'habitation et à la mixité sociale, au profit des
salariés cotisants.
Avantage financier, enfin. Les plus-values du 1 % logement, dont les
ressources proviennent de prélèvements sur les entreprises et du remboursement
des prêts, seront affectés aux retraites complémentaires et obligatoires des
salariés, ce qui est un juste retour des choses. Les transferts d'actifs
seront, de surcroît, exonérés d'impôt.
Le dispositif du 1 % logement ainsi assaini va pouvoir enfin donner la pleine
mesure de son efficacité économique et sociale et échapper à la convoitise de
l'Etat. Je me félicite de la compréhension du Gouvernement sur ce sujet si
important qu'est le logement, premier facteur d'insertion sociale, et du
soutien de mes collègues, qui partagent au quotidien, sur le terrain, la
détresse de nombreuses familles mal logées.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Question préalable