SEANCE DU 12 DECEMBRE 2001


SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Communication relative à une commission mixte paritaire (p. 1 ).

3. Candidatures à un organisme extraparlementaire (p. 2 ).

4. Dépôt d'un rapport du Gouvernement (p. 3 ).

5. Corse. - Discussion d'un projet de loi en nouvelle lecture (p. 4 ).
Discussion générale : MM. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur ; Paul Girod, rapporteur de la commission spéciale ; Patrice Gélard, Michel Mercier, Robert Bret, Jean-Pierre Bel, Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Alfonsi, Paul Natali.
Clôture de la discussion générale.
M. le ministre.

Exception d'irrecevabilité (p. 5 )

Motion n° 1 de M. Jean-Yves Autexier. - MM. Jean-Yves Autexier, Jacques Larché, président de la commission spéciale ; le ministre, Charles Ceccaldi-Raynaud. - Rejet.

Article 1er A (supprimé) (p. 6 )

Amendement n° 2 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 1er (p. 7 )

Article L. 4424-1 du code général

des collectivités territoriales (p. 8 )

Amendement n° 3 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 4424-2 du code général
des collectivités territoriales (p. 9 )

Amendements n°s 4 à 7 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des quatre amendements.
Amendement n° 8 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Nicolas Alfonsi. - Adoption.
Amendement n° 9 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 4424-2-1 du code général
des collectivités territoriales (p. 10 )

Amendement n° 10 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Adoption de l'article 1er modifié.

Article 2 (p. 11 )

Amendement n° 11 de la commission. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 3 (p. 12 )

Amendement n° 12 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 4. - Adoption (p. 13 )

Article 6 (p. 14 )

Amendement n° 13 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 7 (p. 15 )

Amendement n° 14 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean Chérioux. - Adoption.
Amendement n° 15 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 9 (p. 16 )

Amendement n° 16 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 17 rectifié de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Intitulé de la sous-section 1 A
(avant l'article 12 A) (supprimé) (p. 17 )

Amendement n° 18 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rétablissant la division et son intitulé.

Article 12 A (supprimé) (p. 18 )

Amendement n° 19 de la commission. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 12 B (supprimé) (p. 19 )

Amendement n° 20 de la commission. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Intitulé de la sous-section 1 B
(avant l'article 12 C) (supprimé) (p. 20 )

Amendement n° 21 de la commission. - Adoption de l'amendement rétablissant la division et son intitulé.

Article 12 C (supprimé) (p. 21 )

Amendement n° 22 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 12 D (supprimé) (p. 22 )

Amendement n° 23 de la commission. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 12 E (supprimé) (p. 23 )

Amendement n° 24 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 12 F (supprimé) (p. 24 )

Amendement n° 25 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement rétablissant l'article.

Article 12 (p. 25 )

Amendements n°s 101 de M. Paul Natali et 26 à 42 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Nicolas Alfonsi. - Retrait de l'amendement n° 101 ; adoption des amendements n°s 26 à 42.
Adoption de l'article modifié.

Article 13 (p. 26 )

Amendement n° 43 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 14 (p. 27 )

Amendements n°s 44 à 46 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption des trois amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 15 (p. 28 )

Amendement n° 48 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 49 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 47 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 16 (p. 29 )

Amendement n° 50 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 17. - Adoption (p. 30 )

Article 18 (p. 31 )

Amendement n° 51 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 19 (p. 32 )

Amendement n° 52 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 53 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 20 (p. 33 )

Amendement n° 54 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 22 (p. 34 )

Amendement n° 55 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 56 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 106 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 23 (p. 35 )

Amendements n°s 57 et 58 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 59 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 60 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 24 (p. 36 )

Amendements n°s 61 et 62 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 24 bis (supprimé) (p. 37 )

Amendement n° 63 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 25 (p. 38 )

Amendement n° 64 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

6. Nomination de membres d'un organisme extraparlementaire (p. 39 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 40 )

PRÉSIDENCE DE M. SERGE VINÇON

7. Corse. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi en nouvelle lecture (p. 41 ).

Article 26 (p. 42 )

Amendements n°s 69 et 65 à 68 de la commission. - MM. Paul Girod, rapporteur de la commission spéciale ; Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. - Adoption des cinq amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 28 (p. 43 )

Amendement n° 70 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 29 (supprimé)

Articles 31 et 32. - Adoption (p. 44 )

Article 33 (p. 45 )

Amendement n° 72 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 33 ter. - Adoption (p. 46 )

Article 33 quater (supprimé)

Article 34 (p. 47 )

Amendement n° 73 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 36 (p. 48 )

Amendement n° 74 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 37 (p. 49 )

Amendement n° 75 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 38 bis (supprimé) (p. 50 )

Amendement n° 76 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 39 (p. 51 )

Amendement n° 77 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 40 (p. 52 )

Amendement n° 78 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article 40 bis (p. 53 )

Amendement n° 79 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 41 (p. 54 )

Amendement n° 80 de la commission. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 42 (p. 55 )

Amendement n° 81 de la commission. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 42 bis. - Adoption (p. 56 )

Article 43 (p. 57 )

Amendement n° 103 de M. Paul Natali. - MM. Paul Natali, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 82 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 83 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 104 rectifié de M. Paul Natali. - MM. Paul Natali, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 102 rectifié de M. Paul Natali. - MM. Paul Natali, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 84 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 85 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 86 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 87 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 88 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 89 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 105 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption.
Amendement n° 90 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 43 bis (supprimé)

Article 44 (p. 58 )

Amendement n° 91 rectifié de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 44 bis. - Adoption (p. 59 )

Article 45 (p. 60 )

Amendement n° 92 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 107 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 93 de la commission. - Adoption.
Amendements n°s 94 et 95 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 96 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 97 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 45 bis (p. 61 )

Amendement n° 98 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 46 (p. 62 )

Amendement n° 99 de la commission. - M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 47 (p. 63 )

Amendement n° 100 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 50 ter (supprimé)

MM. le ministre, le président, Jacques Larché, président de la commission spéciale.
Adoption, par scrutin public, de l'ensemble du projet de loi.
MM. le rapporteur, le président.

8. Dépôt de projets de loi (p. 64 ).

9. Transmission de projets de loi (p. 65 ).

10. Transmission d'une proposition de loi (p. 66 ).

11. Textes soumis au Sénat en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 67 ).

12. Dépôt d'un rapport (p. 68 ).

13. Ordre du jour (p. 69 ).




COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à quinze heures cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

COMMUNICATION RELATIVE
À UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. J'informe le Sénat que la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi de finances pour 2002 n'est pas parvenue à l'adoption d'un texte commun.

3

CANDIDATURES
À UN ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle au Sénat que M. le Premier ministre a demandé au Sénat de bien vouloir procéder à la désignation de deux sénateurs appelés à siéger au sein du conseil de surveillance du fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale.
La commission des affaires sociales a fait connaître qu'elle propose la candidature de M. Alain Vasselle pour siéger au sein de cet organisme extraparlementaire.
La commission des finances propose également la candidature de M. Joseph Ostermann pour siéger au sein de cet organisme extraparlementaire.
Ces candidatures ont été affichées et seront ratifiées, conformément à l'article 9 du règlement, s'il n'y a pas d'opposition à l'expiration du délai d'une heure.

4

DÉPÔT D'UN RAPPORT DU GOUVERNEMENT

M. le président. M. le président a reçu de M. le Premier ministre le rapport au Parlement sur la normalisation de la fiscalité locale de France Télécom, établi en application de l'article 90 de la loi de finances pour 2001 n° 2000-1352 du 30 décembre 2000.
Acte est donné du dépôt de ce rapport.

5

CORSE

Discussion d'un projet de loi en nouvelle lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi (n° 111, 2001-2002), adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la Corse. [Rapport n° 155 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, après l'examen en première lecture par l'Assemblée nationale et le Sénat du projet de loi relatif à la Corse, la commission mixte paritaire n'a pu conclure positivement ses travaux.
Si le volet économique du texte, à travers les dispositions fiscales et le programme exceptionnel d'investissement, fait globalement consensus, des désaccords de fond subsistent, notamment, sur l'étendue des mesures de décentralisation proposées pour la Corse.
Le Gouvernement, à la fois soucieux du respect de ses engagements et convaincu que seule une réponse globale est de nature à créer les conditions d'un changement dans l'île, s'est opposé, lors de vos débats des 6, 7 et 8 novembre dernier, à la suppression des dispositions qu'il avait proposées en ce domaine et a naturellement soutenu leur réintroduction par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture.
Cette constance, qui n'est pas de l'entêtement, contrairement à ce que j'ai pu entendre dire, participe pleinement de la crédibilité d'une démarche démocratiquement menée avec les seuls élus du suffrage universel.
Ces mêmes élus de Corse ont aussi souhaité que, à l'issue des navettes, on retienne le meilleur de l'Assemblée nationale et le meilleur du Sénat. Nous nous y employons.
Deux logiques soutiennent des approches différentes.
L'une veut que le développement économique soit la réponse essentielle aux problèmes de l'île. Nous considérons que cette dimension est effectivement importante, mais qu'elle n'est pas suffisante.
Tout d'abord, la Corse connaît déjà, à son échelle, des réussites significatives. Il s'agit bien, alors, de conforter le tissu d'entreprises de taille nécessairement moyenne et de susciter le développement d'activités nouvelles à forte valeur ajoutée, particulièrement adaptées à la réalité de l'île.
Le crédit d'impôt à taux différenciés - 20 % et 10 % - ainsi que l'exonération de la taxe professionnelle y contribuent, en permettant de sortir d'un dispositif d'aide aux trésoreries au bénéfice d'un nouvel essor fondé sur le soutien à l'investissement.
Cependant, le développement économique ainsi engagé laisse entier d'autres aspects, tout aussi décisifs, de la question corse et, si les problèmes que connaît l'île se réduisaient à cette seule dimension, on peut penser que bien des gouvernements auraient déjà trouvé la solution !
Aussi, les réponses que le Gouvernement propose d'apporter ici participent d'une logique et d'une approche globales que je défendrai à nouveau lors de nos discussions. Je ne détaillerai pas, à ce stade, l'ensemble de nos propositions, maintenant bien connues, pour m'attarder plutôt sur leur signification.
Quels sont les objectifs partagés par les élus de l'île ?
Le premier est la clarification des compétences.
Le projet de loi qu'il vous est proposé d'adopter tire, tout d'abord, les enseignements de l'application des lois précédentes : il s'agit non pas tant de faire plus que de faire mieux !
Une île de 260 000 habitants supporte moins qu'une autre collectivité l'intervention inévitablement concurrente de différentes autorités et les financements croisés, qui font obstacle à la lisibilité des politiques publiques.
Qui plus est, quand beaucoup reste à faire, il est encore plus important de savoir qui doit le faire, parce qu'il sera le mieux à même de le faire.
Clarifier les interventions respectives de la collectivité territoriale de Corse et de l'Etat, c'est, en effet, permettre à chacun d'exercer efficacement sa tâche ; c'est aussi permettre aux habitants de l'île de mieux exercer leur contrôle citoyen ; c'est, enfin, ne plus voir l'Etat tenu pour responsable de tout, parce qu'il ne peut tout faire.
Car, et c'est notre deuxième objectif, le corollaire de cette clarification des compétences est une responsabilisation accrue des élus dans la gestion des affaires de l'île, au plus près des besoins, pour dégager les solutions les plus adaptées.
Il s'agit bien, par là même, d'assurer, dans l'île, la primauté du débat politique démocratique.
Le débat, l'élection sont les seules formes d'expression acceptables dans une démocratie, qui ne peut s'accommoder de la violence ni s'habituer à ce que certains de ses auteurs prétendent rester les maîtres du jeu.
Aussi ne puis-je comprendre les critiques faites aux élus du suffrage universel qui, en Corse, seraient ainsi considérés comme moins légitimes qu'ailleurs.
Il faut savoir ce que l'on veut. Je préfère, pour ma part, la confrontation des idées et la sanction par le vote à toute autre forme de régulation des conflits.
M. Raymond Courrière. Très bien !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Cette responsabilisation des élus, dans la proximité, est pour chacun de nos concitoyens de l'île une formidable opportunité de participer aux choix qui dessinent leur avenir et de prendre la parole quand certains disent qu'elle leur a été confisquée.
Les élections, mais aussi les débats et les enquêtes publiques qui encadrent les nouvelles compétences de la collectivité territoriale seront autant d'occasions d'exprimer la volonté du plus grand nombre et un appel à s'engager dans la prise de responsabilités au service de l'intérêt général.
Qui pourrait nier l'importance de cette démarche en Corse ?
Je reste perplexe, aussi, quand j'entends certains demander pour l'ensemble des régions ce qu'ils refusent à la Corse.
Au regard de la situation et des troubles que connaît l'île depuis bien des années, je renverse la proposition qui nous est souvent faite : cette décentralisation que tout le monde dit vouloir promouvoir, elle est indispensable et urgente pour la Corse et doit y être plus audacieuse encore, si l'on veut que l'île s'extraie des difficultés dans lesquelles elle se trouve plutôt que de les exploiter à des fins qui ont peu à voir avec l'intérêt de la Corse et de la République.
A cet égard, ce que l'on pouvait déjà craindre il y a plusieurs mois paraît se confirmer et s'accentuer. Les oppositions se radicalisent, et les soutiens se font parfois plus discrets. Le texte, encore amélioré à l'occasion des différentes lectures, n'en est sûrement pas la cause réelle.
M. Dominique Braye. Si !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le transfert très significatif de compétences et la responsabilisation accrue des élus, enfin, porteraient-ils atteinte à l'action de l'Etat ? Certes non, car il n'est aucunement question que l'Etat se prive de missions essentielles comme le contrôle de légalité, la sécurité des personnes et des biens,...
M. Dominique Braye. C'est bien la première fois que vous vous en préoccupez !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. ... l'éducation et l'homologation des diplômes, les polices administratives, la délivrance des titres ou le recouvrement de l'impôt.
M. Dominique Braye. Il était temps que vous y prêtiez attention !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'application sereine mais déterminée de la loi est notre troisième objectif. Il y a une très forte attente d'Etat dans ces domaines.
M. Dominique Braye. De nos concitoyens aussi !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Cette action est engagée. C'est une priorité absolue, et je peux faire valoir des résultats qui confirment que, pour le Gouvernement, il ne s'agit pas soit de confier de nouvelles responsabilités aux élus mais bien de faire appliquer la loi, soit d'atteindre les deux objectifs à la fois.
Rien dans le projet de loi qui vous est proposé ne remet en question le rôle souverain du Parlement, et donc l'unité de la République, dont les Corses, au demeurant, partagent très majoritairement les valeurs.
Quant à la question de la constitutionnalité de certaines dispositions, nous savons déjà qu'elle sera tranchée, après avoir fait l'objet d'un long débat.
Le Gouvernement et les élus de Corse ont toujours dit que cette loi devait se situer dans le cadre tracé par l'actuelle Constitution, et nous pensons que le texte reste bien dans ses limites.
Il est maintenant indispensable d'achever l'examen du projet pour qu'il devienne loi, pour que les énergies, en Corse, se rassemblent et se mobilisent, comme l'immense majorité des Corses et l'ensemble de nos concitoyens l'attendent, afin que se noue entre eux un nouveau pacte de confiance.
La démocratie locale, le développement économique et social, la reconnaissance par la République d'une identité culturelle forte, l'application sereine mais déterminée de la loi en sont, avec l'arrêt de toute violence, les composantes majeures.
M. Dominique Braye. L'arrêt de toute violence, oui !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Si cette violence persiste encore,...
M. Dominique Braye. Comme c'est le cas, aujourd'hui !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. ... ne serait-ce pas du fait de certains qui, nostalgiques d'une époque qu'ils commencent à croire et à craindre finissante, ne peuvent que s'inquiéter d'une nouvelle Corse, fière d'une identité désormais reconnue, mais ouverte aux échanges, attachée à sa terre, mais s'engageant sur la voie d'un développement maîtrisé, apaisée parce que démocratique ?
A ceux qui demandent la suspension de cette démarche et de l'examen du présent projet de loi, je demande de bien en mesurer les conséquences, pour aujourd'hui comme pour demain.
La Corse et les Corses ont su accompagner la République dans ses moments les plus tragiques comme dans ses plus belles réussites.
M. Dominique Braye. C'est vraiment de la démagogie !
M. Daniel Vaillant. ministre de l'intérieur. Sachons les accompagner aujourd'hui sur ce chemin, qui est plus exigeant qu'aisé. Il n'y en a pas d'autres si l'on veut bien se souvenir des échecs du passé, dont les responsabilités sont largement partagées.
Parce qu'ils habitent un pays de montagne, les Corses savent bien que l'on ne sort d'une voie et de conditions difficiles que par le haut.
Seules une volonté tenace et une détermination sans faiblesse font d'un projet une réussite. La Corse dans la République mérite cet effort. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur de la commission spéciale sur la Corse. Monsieur le ministre, comme j'aurais aimé pouvoir partager votre conclusion ! Non que j'en récuse les termes, bien au contraire : la présence de nos compatriotes de Corse dans la République fait partie de ce que nous avons appris dès notre tendre enfance ; elle est le fruit de leur combat inlassable durant plus de deux siècles d'appartenance à la nation, de la contribution que, par leurs élites, ils ont offerte à notre pays, tant à son développement intérieur qu'à son rayonnement extérieur, notamment à l'époque coloniale, mais aussi en servant les armées de la République ou son administration. Personne, dans cet hémicycle, ne laisserait une seule seconde naître le soupçon que nous pourrions rejeter cette tradition, cet état de fait.
Mais, monsieur le ministre, un héritage pareil, une communauté pareille, ne se traitent pas avec désinvolture.
Or je crains que la succession des événements, la succession des attitudes, la succession des textes, ne conduisent finalement nos compatriotes de Corse au sentiment d'être traités avec une certaine désinvolture.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. Paul Girod, rapporteur. Tout le monde souscrit aux objectifs d'apaisement de l'île, d'ancrage de la Corse dans la République, s'il en était besoin. Mais je redoute que les événements, comme les déclarations que nous avons entendues, y compris à cette tribune - veuillez m'en excuser monsieur le ministre - ces dernières semaines ou il y a quelques instants, n'aboutissent à un résultat radicalement différent.
Le Sénat a essayé d'apporter sa pierre à une évolution que le Gouvernement a enclenchée en s'appuyant sur la notion d'élus du suffrage universel. Encore faut-il savoir pourquoi et avec quelles compétences les élus ont obtenu leur mandat ! Et s'il est vrai que l'Assemblée de Corse a joué son rôle en se prononçant sur un projet de loi, elle s'est prononcée sur un tout qui comportait des avancées significatives sur le plan économique, sur le plan des investissements, sur le plan des perspectives de développement de l'île, mais aussi certaines dispositions qu'elle ne pouvait dissocier de l'ensemble. D'ailleurs, l'avis positif de l'Assemblée - 44 voix contre 8 - était assorti de réserves ou d'observations qui, à ma connaissance, n'ont pas été prises en compte par la suite.
Bref, nous voici parvenus à la dernière étape législative d'un projet de loi qui est un élément d'un tout, et vous nous l'avez suffisamment répété lors de la première lecture pour que nous nous étonnions quelque peu du tour pris par les événements.
Que s'est-il passé ? Le Sénat a adopté un texte qui, estimait-il, corrigeait les aspects parfois caricaturaux de telle ou telle disposition du texte initial - l'Assemblée nationale, je le reconnais, l'avait amélioré, mais de façon notoirement insuffisante - dont il avait complété certains dispositifs techniques ; l'Assemblée nationale a reçu positivement le travail du Sénat.
Il est intéressant de savoir comment l'Assemblée nationale a vécu cette étape du dialogue entre les deux chambres, dialogue qui est le fondement même de la République bicamérale. L'observation des faits appelle quelques réflexions.
Tout d'abord, il faut savoir dans quelle ambiance s'est déroulée la commission mixte paritaire, et je parle sous le contrôle de ceux de mes collègues qui y ont participé.
A peine assis, nous avons entendu le président de la commission mixte paritaire, en l'occurrence le président de la commission des lois de l'Assemblée nationale, nous expliquer qu'il était inutile de perdre trop de temps puisque l'accord était de toute façon impossible - cela, il est vrai, se déduisait de certains propos tant du rapporteur de l'Assemblée nationale que du rapporteur du Sénat.
Quoi qu'il en soit, on ne peut pas dire que le débat démocratique ait vraiment été engagé, puisqu'il a été interrompu au premier prétexte, au premier désaccord, alors que, au moins sur un article, le vote sur le texte présenté par le Sénat aurait peut-être permis de résoudre le différend, même si le rapporteur doit confesser avoir commis une imprudence en proposant de façon prématurée une rédaction alternative.
Cela ne change rien au fait que la commission mixte paritaire était saisie d'un texte élaboré par le Sénat, sur lequel le minimum eût été qu'elle se prononçât. Cela n'a pas eu lieu, ce qui a conduit le président et le rapporteur de la commission spéciale, ainsi que certains de ses membres, à formuler des réserves sur la régularité et la constitutionnalité de la démarche suivie par la commission mixte paritaire.
La commission mixte paritaire a donc échoué, et le texte adopté par le Sénat est revenu devant l'Assemblée nationale, assorti de quelques observations du rapporteur de l'Assemblée nationale. Certaines étaient orales, d'autres écrites ; je m'en tiendrai à celles-ci.
Ainsi, les ouvertures que le Sénat avait voulu faire en direction du système du crédit d'impôt, probablement l'une des seules dispositions qui resteront définitivement dans le projet de loi, étaient - tenez-vous bien, mes chers collègues ! - des « distributions de prébendes à caractère politique ». J'avoue avoir été passablement choqué par l'expression.
Je me suis donc interrogé sur la manière dont le rapporteur de l'Assemblée nationale - et, je le crains, la majorité de ladite assemblée - aborde le projet de loi. S'agit-il d'un texte purement politique...
M. Dominique Braye. Absolument !
M. Paul Girod, rapporteur. ... dans lequel les dispositions économiques servent de trompe-l'oeil,...
M. Dominique Braye. D'alibi !
M. Paul Girod, rapporteur. ... ou bien d'un texte au service du développement de l'île auquel ont été raccrochées des mesures institutionnelles dont je démontrerai dans quelques instants qu'elles sont pour le moins aventureuses et probablement inefficaces ?
Tel est le fond du problème, qu'on le veuille ou non : ou bien nous sommes en train de discuter un texte pour le développement de l'île, texte technique, financier, prévoyant la mobilisation de fonds publics non négligeables...
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. C'est un tout !
M. Paul Girod, rapporteur. Monsieur le ministre, je retiens votre remarque : c'est un tout ! Alors, pourquoi avoir abandonné, à l'Assemblée nationale, un élément essentiel du tout ?
M. Dominique Braye. Absolument !
M. Paul Girod, rapporteur. Ce n'est pas nous qui avons provoqué l'abandon de toute perspective sur la question de la constructibilité en Corse ! Nous avons essayé, et nous recommencerons aujourd'hui, d'offrir à l'île la possibilité de rompre avec le côté extrêmement contraignant pour elle de l'application sans nuances de la loi littoral.
Une telle ouverture est peut-être complexe, difficilement applicable dans certains cas ; elle a au moins le mérite d'exister et vaut mieux, me semble-t-il, que la promesse faite pendant des mois aux élus de l'île, à la population, et abandonnée à la dernière seconde, pendant un débat parlementaire, au motif qu'une composante de l'Assemblée nationale risquait de faire défaut au moment du vote final ! Parce que l'abandon de la loi littoral, c'est cela et rien d'autre !
M. Dominique Braye. Très bien ! Très bonne analyse !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Ce n'est pas seulement cela !
M. Jean-Pierre Bel. Ce n'est pas si simple !
M. Paul Girod, rapporteur. Le second incident a eu pour origine les qualificatifs excessifs que le rapporteur de l'Assemblée nationale a employés au sujet des propositions du Sénat.
Nous nous interrogeons donc fortement sur la réalité de la démarche en cours, ce qui nous amène - et je voudrais que vous compreniez que c'est dans l'esprit républicain - à nous poser la question de fond suivante : s'agit-il d'un texte leurre destiné à obtenir de certains éléments irresponsables de Corse...
M. Henri Torre. Une trêve !
M. Paul Girod, rapporteur. ... un apaisement de la violence ou s'agit-il d'un texte de construction ?
La réponse est pour le moins incertaine, ce qui m'amène, monsieur le ministre, à une autre réflexion que m'autorise le fait que nous sommes maintenant en nouvelle lecture. En première lecture, en effet, nous en étions au stade de l'instruction et, en tant que rapporteur, je ne me suis jamais permis d'adopter un ton de procureur. Mais permettez-moi de sortir aujourd'hui un peu de ma réserve pour aborder les choses sous d'autres aspects.
Monsieur le ministre, qu'on le veuille ou non, en Corse, la population a peur : elle a peur de la violence dite politique comme de la violence ordinaire qui naît des querelles de voisinage, et elle a peur de la violence mafieuse, dans laquelle on range maintenant systématiquement toutes les atteintes à la légalité républicaine : série d'assassinats - trente-deux depuis le début de l'année ! - plastiquages ou mitraillages de gendarmeries...
Cette nuit encore, des bungalows en construction ont été plastiqués en arrière de la plage de Piana, ce qui nous ramène à la discussion fameuse sur les dérogations à la loi littoral en Corse. J'ai personnellement survolé cette place il n'y a pas huit jours ; aujourd'hui, ces bungalows pourtant construits en toute légalité n'existent plus.
Tous ces « incidents », comme l'on dit, ou, comme je le pense, tous ces « drames » que vit l'île entrent systématiquement, disais-je, sous le vocable d'actes « mafieux ».
De deux choses l'une, monsieur le ministre : ou bien la violence est totalement mafieuse et aucune réforme institutionnelle n'y pourra rien,...
Mme Dominique Braye. Et, alors, que faites-vous ?
M. Paul Girod, rapporteur. ... ou bien elle n'est pas mafieuse, mais pourquoi alors faut-il des réformes institutionnelles pour y mettre fin ?
Il faut clarifier la discussion ! Si la violence est mafieuse, il s'agit d'un problème d'ordre public, et tous les moyens doivent être mobilisés pour le régler.
M. Dominique Braye. Absolument !
M. Paul Girod, rapporteur. Si la violence n'est pas mafieuse, il s'agit d'un problème politique, et il vous reste à justifier les mains tendues à des gens manipulant la violence et à expliquer pourquoi vous voulez nous faire rompre sur un certain nombre de points avec la doctrine républicaine et constitutionnelle.
C'est l'un ou l'autre, mais, entre les deux, on n'avance pas !
Veuillez m'excuser, monsieur le ministre, de cette introduction un peu « forte »,...
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Hasardeuse !
M. Paul Girod, rapporteur. ... mais elle me semble nécessaire.
Vous avez dit qu'il fallait rassembler le meilleur du texte de l'Assemblée nationale et de celui du Sénat. Certes, après avoir un peu « renâclé » sur certaines propositions sénatoriales, l'Assemblée en a adopté une large part, mais elle a aussi repris les moins heureuses des dispositions qu'elle avait adoptées en première lecture.
C'est d'abord le fait que les maires soient exclus de la commission de contrôle des investissements publics en Corse.
C'est ensuite le fait que l'on refuse de poser franchement la question des offices : les supprime-t-on ou non, permet-on, ou non, à la collectivité territoriale de les reconstituer sur des bases rénovées ?
Améliore-t-on les conditions du dialogue entre l'Assemblée territoriale et les autorités centrales sans sortir du cadre de la Constitution ? Sort-on au contraire de celui-ci au motif qu'il faut faire des expérimentations d'ici à 2004, tout en vidant en réalité le texte de sa substance ?
En effet, monsieur le ministre, vous le savez comme moi, ou l'article 1er est inconstitutionnel, et, dans ce cas, c'est une illusion qui sera cause de désillusion pour les Corses - on en reparlera - ou l'article 1er est constitutionnel en l'état - c'est la thèse de notre collègue Michel Charasse - et ce sont les lois qui seront ultérieurement élaborées en vertu de cet article qui seront inconstitutionnelles et sanctionnées comme telles. La désillusion viendra plus tard dans cette seconde hypothèse, mais elle viendra tout de même !
A moins, bien sûr, que le Conseil constitutionnel ne ferme les yeux. Mais, même là, ce serait inopérant, parce que les expérimentations législatives prévues à l'article 1er ne pourront pas être mises en place à temps pour qu'on puisse en tirer des leçons avant l'échéance de 2004 !
Cela m'amène à l'analyse de l'exposé des motifs, analyse, monsieur le ministre, qui fait froid dans le dos, d'autant que la position de l'Assemblée nationale, à cet égard, n'a rien de réconfortant !
Pourquoi reconnaître une spécificité à la Corse ? Parce que c'est une île, une « montagne dans l'eau », qu'elle a une histoire, une culture, mais, de grâce, pas parce que l'île est sujette à la violence ! Ou alors triez entre la violence mafieuse et la violence politique !
Or, l'exposé des motifs est intégralement centré sur l'idée qu'il faut donner un statut à la Corse parce qu'il y a une violence en Corse. Nous ne pouvons pas nous prononcer sur l'exposé des motifs, mais, à lui seul, il appelle à un examen de conscience chacun de nous et chacun des responsables de Corse élus pour administrer l'île et pour donner des avis sur les textes élaborés par le Gouvernement, et non pas pour construire à la place des élus de la nation des expérimentations législatives hasardeuses.
J'en viens tout naturellement, monsieur le ministre, à la question de la langue corse, question sur laquelle le dialogue de sourds avec l'Assemblée nationale atteint son apogée.
Sur l'article 1er, sur les délégations réglementaires, sur les délégations législatives, nous savons tous que c'est le Conseil constitutionnel qui tranchera. Cela étant, je ne suis pas sûr qu'il soit responsable de la part d'un gouvernement ou de l'assemblée qui le soutient de proposer, à l'aventure, des dispositions dont la sanction est entre les mains des juges constitutionnels. Mais passons !
On ne peut, en revanche, « passer » sur la question de la langue, qui est un des points de cristallisation, et j'ai déjà eu l'occasion de dire, en première lecture, que le débat était entré au Parlement par la mauvaise porte parce qu'il était exigé par les représentants de ceux qu'on appelle les indépendantistes, demandé, pour des raisons culturelles, par une grande part de la population mais traité avec une irresponsabilité totale.
Dans la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale, l'article 7 se lit ainsi : « La langue corse est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires de Corse. »
On pourrait discuter de l'horaire « normal » des écoles maternelles, mais on n'est plus au détail près, l'important étant que la rédaction du Sénat, par l'emploi du mot « proposé », explicitait le caractère facultatif du corse à l'école. Je la rappelle : « La langue corse est une matière dont l'enseignement est proposé dans le cadre de l'horaire normal des écoles de Corse. »
Réponse de l'Assemblée : il est inutile de faire figurer le mot « proposé » dans l'article 7, le caractère facultatif étant implicite puisque c'est la reprise du texte figurant dans le statut de la Polynésie française pour l'enseignement de la langue polynésienne, il va de soi que l'appréciation du Conseil constitutionnel sur l'article 7 sera la même que celle qu'il a donnée de ce texte.
Excusez-moi, mais ce qui va sans dire va encore mieux quand on le dit clairement ! Le Sénat a adopté une rédaction claire, l'Assemblée la refuse : peut-être que ce qui est prétendument implicite n'est pas ce que l'on croit et cache des arrière-pensées inavouables.
Le résultat, c'est cet extraordinaire sophisme : ce n'est ni optionnel ni obligatoire !
M. Dominique Braye. Ah !
M. Paul Girod, rapporteur. Qu'est donc l'enseignement de la langue corse ? Celui qui tentera de m'expliquer qu'il existe une possibilité médiane entre ce que le Conseil constitutionnel considère comme non obligatoire et ce qui n'est pas optionnel me demandera un effort intellectuel que je me sens incapable d'accomplir avec le niveau d'instruction qui est le mien et que je me refuse à faire au niveau de responsabilités que j'exerce en cet instant !
Vient ensuite le problème des CAPES de corse, qui, contrairement à tous les autres CAPES de langue régionale, ne portent que sur la langue corse et ne comportent pas d'épreuves dans une autre discipline. On enferme donc des enseignants dans une perspective unique, qui débouche, bien entendu, sur l'agitation.
Mais il y a plus grave, monsieur le ministre : sans vous en rendre compte, en n'alignant pas le CAPES de corse sur les autres CAPES, vous allez dans le sens de ce qui fait la terreur des responsables de la jeunesse en Corse, à savoir le « décrochage » de l'enseignement général dans l'île par rapport à celui qui est dispensé sur l'ensemble du territoire national et, par conséquent, le « décrochage » des enfants de l'île, qui voient leurs chances de réussir les grands concours nationaux diminuer par rapport à celles des enfants du continent.
Cette crainte des élus que mon collègue rapporteur de la commission des lois à l'Assemblée nationale a également rencontrés, ils l'ont formulée devant nous et ils nous ont demandé de prendre garde à ne pas handicaper les futurs étudiants corses.
M. Dominique Braye. Eh oui !
M. Paul Girod, rapporteur. Monsieur le ministre, je traite ces questions avec passion parce que, cette île, j'ai appris à l'aimer, à l'aimer dans sa profondeur, dans sa diversité, dans ses outrances, dans son désir d'exister avec ses qualités et ses défauts propres, dans son désir, sur lequel vous avez insisté dans votre conclusion, d'être dans la République. Personne n'a oublié le serment de Bastia ! Personne n'a oublié les sacrifices des Corses à la nation, dans nos guerres continentales aussi bien qu'extracontinentales ! Personne n'a oublié les services qu'ils ont rendu dans l'administration d'une oeuvre qui fut longtemps la fierté de notre pays et qui a laissé dans le monde entier l'empreinte de notre civilisation, que certains regrettent peut-être plus qu'on ne l'imagine.
Cette Corse, nous la sentons charnellement comme étant nôtre, et elle sent la France comme étant sienne. Nous ne voudrions pas, à l'occasion d'un débat parlementaire mal orienté, tronqué, dévoyé, donner à croire à nos compatriotes de Corse que nous ne sommes pas attentifs à la réalité de leurs problèmes et les laisser, d'une certaine manière, s'éloigner de nous.
Je souhaite donc, mes chers collègues, que le Sénat suive les recommandations de sa commission spéciale. Celle-ci lui proposera pour l'essentiel - parfois en y apportant une précision complémentaire - de reprendre le texte que nous avons adopté ensemble en première lecture.
Je ne me fais pas d'illusion sur la suite, mais, au-delà des péripéties du débat, je formule le voeu que nous ne suscitions pas en Corse une désillusion à la hauteur des espérances qui sont nées, car cette île a besoin de tout sauf d'une désillusion ; je souhaite que nous préservions la possibilité de construire notre avenir avec la Corse, dans une République qui respecte ses spécificités mais dont les valeurs restent des valeurs communes à l'île et au continent. (Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République, 44 minutes ;
Groupe socialiste, 40 minutes ;
Groupe de l'Union centriste, 29 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants, 25 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 18 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 17 minutes.
Dans la suite de la discussion générale, la parole est à M. Gélard.
M. Patrice Gélard. Monsieur le ministre, je vous ai écouté avec beaucoup d'attention, tout en songeant que, si j'avais été à votre place, j'aurais vraisemblablement prononcé un discours comparable à celui que vous avez fait. (M. le ministre sourit.)
Vous avez donné en effet une présentation consensuelle du projet de loi, mais au prix, permettez-moi de le dire, de quelques oublis.
Le premier oubli, c'est celui de la violence. Notre rapporteur, M. Paul Girod, à qui je tiens à rendre hommage, a, lui, parlé de la violence.
Monsieur le ministre, je crois que, pour un démocrate, il n'est jamais possible de discuter avec les terroristes,...
M. Claude Estier. On a toujours discuté avec des terroristes !
M. Patrice Gélard. ... car jamais un terroriste ne pourra devenir un démocrate. En effet, comment peut-on devenir démocrate quand on a utilisé toute sa vie des méthodes antidémocratiques ?
M. Raymond Courrière. Tous les Corses ne sont pas des terroristes !
M. Patrice Gélard. Je n'ai pas dit cela, mon cher collègue !
Deuxième oubli, toujours dans le même ordre d'idées, comment peut-on accepter qu'un terroriste, donc un homme qui a commis des violences, puisse avoir pour revendication primordiale, avant toute négociation, l'amnistie ?
Troisième oubli, comment peut-on donner crédit à ceux qui, dans leurs écrits, affirment que seuls ont droit à la parole les détenteurs de quatre quartiers de « corsité », même s'ils vivent ailleurs que sur l'île depuis des générations, et non les fonctionnaires présents sur place et les continentaux installés en Corse ? Comment peut-on admettre cela, dans un pays démocratique comme le nôtre, où tous sont égaux devant la loi ? Ce n'est pas moi qui invente cette discrimination, c'est Jean-Guy Talamoni qui la formule dans son livre Qui sommes-nous ? : c'est écrit noir sur blanc dans cet ouvrage.
Je crois, monsieur le ministre, que le Premier ministre, lors du processus de Matignon, a commis une triple erreur : premièrement, Lionel Jospin n'est pas Michel Rocard ; deuxièmement, la Corse n'est pas la Nouvelle-Calédonie ; troisièmement, M. Talamoni n'est pas M. Tjibaou.
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale sur la Corse. Très bien !
M. Patrice Gélard. Partant de ce constat, nous pourrons aller un peu plus loin.
La première observation que je voudrais faire, c'est que je regrette que le projet de loi relatif à la Corse n'ait pas été examiné d'abord par le Sénat. A cet égard, le Gouvernement a trop tendance à oublier que, selon la Constitution, le Sénat est le garant de l'autonomie des collectivités territoriales. C'est donc nous qui aurions dû être saisis les premiers de ce texte,...
MM. Philippe François et Jean-Pierre Raffarin. Oui !
M. Patrice Gélard. ... et non pas l'Assemblée nationale, qui envisage le problème sous un angle beaucoup trop politicien et pas suffisamment territorial. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Gournac. Très bien !
M. Patrice Gélard. Poursuivons notre réflexion dans la même direction : la République n'a jamais nié les différences, la République a toujours su s'adapter aux évolutions rendues nécessaires par les temps, par la modernité et ses exigences, et il suffit, pour s'en convaincre, de voir comment elle a su, avec son génie, mettre en place les statuts des territoires d'outre-mer, des départements d'outre-mer ou de collectivités territoriales comme Mayotte ou Saint-Pierre-et-Miquelon. A chaque fois, le Sénat a pris la tête de la lutte pour la reconnaissance de ces spécificités.
Il est vrai que la République n'a pas su, à la différence de nos voisins italiens ou espagnols, prendre en compte l'existence des îles. Bien évidemment, des distinctions doivent être faites : certaines îles de Bretagne sont tellement proches du continent que le problème ne se pose pas. Cependant, il demeure que, pendant longtemps, nous n'avons pas su traiter les problèmes liés à l'insularité corse - c'est une évidence - et je ne crois pas que le projet de loi que nous examinons aujourd'hui puisse permettre de les résoudre.
Par ailleurs, monsieur le ministre, je crains que le processus de Matignon n'ait donné lieu à une multitude de confusions.
M. Alain Gournac. Eh oui !
M. Patrice Gélard. Il y a eu confusion, d'abord, sur la nature des pouvoirs respectifs du Premier ministre et de ses partenaires dans le cadre de ce processus.
En ce qui concerne la nature des pouvoirs du Premier ministre, ce dernier n'est ni en état ni en mesure de proposer, sans l'aval du Parlement, des amodiations constitutionnelles ou législatives ; seul le Parlement peut le faire. Or, à l'occasion du processus de Matignon, le Premier ministre a pris des engagements constitutionnels et législatifs qu'il savait ne pas pouvoir tenir et que seul, en réalité, le Parlement aurait pu assumer. (M. Gournac approuve.)
En outre, vous nous avez dit tout à l'heure, monsieur le ministre, que les partenaires du processus étaient des élus. Certes, c'étaient des élus locaux, et je leur rends hommage, mais étaient-ils, à un moment quelconque, mandatés pour décider, au nom du peuple corse, au nom de la population vivant en Corse, de l'avenir de l'île ? En fait, ils étaient mandatés pour tout autre chose, non pour s'engager dans le processus dans lequel on les a entraînés.
De plus ceux qui ont participé au processus de Matignon étaient mus par des motivations diverses, divergentes. Là encore, je me reporte aux écrits de Jean-Guy Talamoni, pour qui le processus de Matignon n'est qu'une étape, l'objectif final étant l'indépendance, « la Corse aux Corses » ! Encore faudrait-il définir exactement qui est Corse et ce qu'est la Corse !
En revanche, d'autres voyaient dans ce processus un élément favorable à une plus large décentralisation. A ce propos, monsieur le ministre, permettez-moi de vous dire que, s'agissant de la décentralisation, nous sommes, à l'heure actuelle, en recul constant par rapport à la démarche qui avait été engagée en 1982 avec les lois de décentralisation de Gaston Defferre.
M. Claude Estier. Vous étiez contre, à l'époque !
M. Jean-Pierre Masseret. Eh oui !
M. Nicolas About. Mais vous, depuis, vous ne faites que réglementer !
M. Alain Gournac. C'est cela ! Vous faites payer les autres !
M. Patrice Gélard. Aujourd'hui, qu'est-ce que la décentralisation ? C'est le transfert des charges et des dépenses, un contrôle de plus en plus étroit et une implication de plus en plus forte de l'Etat dans les affaires locales !
On l'a bien vu au travers du projet de loi que vous avez présenté hier devant la commission des lois, monsieur le ministre : une commission nationale contrôlera, à l'avenir, les projets des élus en matière de grands investissements locaux. En d'autres termes, les collectivités territoriales supporteront des charges toujours plus lourdes, auront une autonomie toujours plus réduite et seront soumises à une tutelle de l'Etat toujours plus stricte. La décentralisation, ce n'est pas cela !
M. Alain Gournac. C'est le contraire !
M. Patrice Gélard. Malheureusement, la Corse, comme les autres régions françaises, subit les conséquences de cette évolution. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Il existe également une confusion sur les mots : ceux qui sont employés dans le projet de loi n'appartiennent pas à la terminologie que le Parlement doit adopter.
Ainsi, le mot « règlement » n'a pas le même sens pour le Gouvernement et pour nous ; le mot « langue » n'a pas le même sens pour le Gouvernement et pour nous ; l'expression « protection du littoral » n'a pas le même sens pour le Gouvernement et pour nous. En d'autres termes, on a parlé deux langues différentes. Or, en réalité, la seule langue qui s'impose, c'est celle du Parlement, et non pas la langue que le Gouvernement veut employer pour tourner la difficulté des termes. Cela étant, nous avons voulu assurer le développement et l'indépendance économique de la Corse. Nous avons voulu faire en sorte que les handicaps dont elle souffrait soient levés. A cet instant, je rends hommage à la commission spéciale, à son président, M. Jacques Larché, et à son rapporteur, M. Paul Girod, pour le travail remarquable qui a été accompli, notamment sur le terrain. A cet égard, je ne suis pas convaincu que, à l'Assemblée nationale, on ait suivi la même logique et fait preuve de la même volonté d'écoute.
De surcroît, la commission spéciale du Sénat a eu une autre préoccupation que n'a pas partagée l'Assemblée nationale : que nous restions dans l'Etat de droit, que nous respections les règles de la Constitution. Il s'agit pour nous de faire en sorte que le processus engagé débouche sur des mesures durables et applicables.
Or le texte qui nous revient de l'Assemblée nationale, après une réunion de commission mixte paritaire bâclée - je ne reviendrai pas sur ce qu'a dit tout à l'heure M. le rapporteur sur ce point - de par la volonté délibérée des représentants de l'Assemblée nationale de ne pas aboutir à un accord, ce qui est rarissime, et je parle ici sous le contrôle de M. le président Larché,...
Mme Hélène Luc. Vous n'avez pas fait beaucoup d'efforts, quand même !
M. Patrice Gélard. Nous en avons fait beaucoup plus que vous ne le croyez, madame Luc ! Le texte qui nous revient de l'Assemblée nationale, dis-je, n'a plus de sens. En effet, il ne sera pas applicable, il n'est pas conforme à la Constitution et il constitue en réalité un leurre, parce que le Gouvernement, de bout en bout, a voulu tenir des engagements, découlant du processus de Matignon, qui ne pouvaient pas être tenus, ce qu'il savait parfaitement.
A cet égard, il est bien évident que la nouvelle rédaction de l'article 12 élaborée à l'Assemblée nationale n'est absolument pas satisfaisante en ce qui concerne la protection du littoral. En fin de compte, la Corse se trouve entravée en matière d'aménagement du territoire et d'environnement.
Il est bien évident que les propositions de l'Assemblée nationale concernant la langue corse sont en contradiction avec la décision du Conseil constitutionnel - prise, je le rappelle, car cela est connu, à l'unanimité, sous la présidence de M. Robert Badinter - visant l'enseignement des langues spécifiques des régions. Cela nous entraîne dans une voie tout à fait invraisemblable, et je ne rappellerai pas, afin de ne pas être trop méchant, la position qu'a récemment adopté le Conseil d'Etat s'agissant de la langue bretonne.
N'empruntons pas des voies de garage ! Lorsque nous avons interrogé le ministre de l'éducation nationale afin de connaître les modalités de l'enseignement de la langue corse et de savoir s'il ne serait pas dispensé au détriment d'autres disciplines, notamment des langues étrangères, nous n'avons obtenu aucune réponse. Nous ignorons comment sera appliquée cette disposition, et c'est pourquoi j'approuve tout à fait la nouvelle rédaction proposée par la commission spéciale du Sénat pour l'article 7, qui reprend mot pour mot la jurisprudence du Conseil constitutionnel, qui, en l'absence d'une loi constitutionnelle, s'impose à tous.
Enfin, s'agissant de l'article 1er, monsieur le ministre, votre conception de la loi et du règlement ne correspond pas à la définition qui figure dans la Constitution.
Sur ce point, j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les démonstrations du conseil juridique du Premier ministre, qui ont été reprises par le directeur du cabinet de celui-ci. J'ai constaté que les définitions du règlement et du pouvoir législatif susceptible d'être délégué qui ont été données auraient été, à la rigueur, soutenables sous la IVe République, mais sont fondamentalement contraires aux dispositions actuelles de la Constitution.
Dès lors - et je reprends ici l'argumentation présentée par M. Charasse lors de la première lecture - si ce texte était adopté et si le Conseil constitutionnel le déclarait conforme - après tout, cela peut se concevoir ! - il ne pourrait être appliqué, car cela irait à l'encontre de la Constitution.
Par conséquent, nous ne pouvons nous engager dans cette démarche ! Pour cette raison, mes chers collègues, je crois que la voie de la sagesse, celle de la reconnaissance de la nécessité de développer la Corse et de prendre en compte sa spécificité, passe par l'adoption du texte dans la rédaction proposée par M. le rapporteur et adoptée en première lecture par le Sénat. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Mercier.
M. Michel Mercier. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au moment où s'achève la discussion du projet de loi relatif à la Corse, un sentiment d'amertume demeure.
Ce texte nous avait été présenté comme devant constituer sinon une solution définitive, du moins une avancée importante au regard des questions que pose la Corse à l'ensemble de la République ; force est de reconnaître qu'il s'est enlisé dans des méandres juridiques.
Le problème de la Corse est-il d'abord et avant tout un problème institutionnel et juridique ? N'aurait-il pas été préférable de traiter en priorité d'autres questions afin de mieux répondre à l'attente de nos compatriotes de Corse ? Selon nous, mettre en exergue les seules questions institutionnelles, c'était aller à l'échec.
Aucun élu de Corse n'a voté ce texte à l'Assemblée nationale, alors que la règle affichée par le Gouvernement était le dialogue avec les élus de Corse. Force est donc de constater que nous sommes dans une impasse.
Monsieur le ministre, je souhaiterais vous exposer brièvement pour quelle raison, selon nous, le principal problème qui se pose en Corse, comme dans d'autres régions de la République, c'est celui du développement économique. Nous regrettons, à cet égard, que le Gouvernement n'ait pas suivi les propositions que le Sénat lui avait présentées dans ce domaine, car ce point nous semble essentiel.
Vue de l'extérieur, la Corse jouit d'une situation exceptionnelle du point de vue économique. Elles est située à proximité de régions qui connaissent un fort développement économique, qu'il s'agisse de l'Italie du Nord ou de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il n'y a donc aucune raison que, compte tenu de sa situation géographique, la Corse ne participe pas à ce développement.
Contrairement à ce que certains affirment, le fait d'être une île ne nuit pas au développement économique. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder ce qui se passe dans le monde. En effet, un certain nombre de territoires insulaires connaissent un boom économique.
Aujourd'hui, en Corse et sur le continent, lorsque l'on parle de la Corse, l'angle unique d'analyse est politique. Si nous voulons véritablement réussir, il faut changer en quelque sorte notre fusil d'épaule et examiner le problème sous l'angle économique. Ce que les Corses attendent, c'est un projet qui mette en place des conditions de développement économique, pour permettre à la Corse de jouir de ses atouts économiques.
Sur ce point, je salue l'excellent travail fait par la commission, sous la direction de son président Jacques Larché et du rapporteur Paul Girod, pour orienter ce texte sur les questions de développement.
Si le Gouvernement suivait la commission spéciale et le Sénat, il apporterait aux Corses des réponses nouvelles qui ne seraient pas des impasses juridiques et qui permettraient véritablement à nos compatriotes de se trouver dans une autre situation et de bénéficier, une fois le développement économique réalisé, et comme les autres régions de la République, des textes de décentralisation et des textes d'aménagement constitutionnel ou juridique qui seront forcément adoptés à un moment donné pour tenir compte des spécificités de chacun.
Mais vouloir mettre la charrue devant les boeufs, c'est, à certains égards, s'enliser et aller à l'échec, échec que nous connaissons aujourd'hui.
Aussi, pour que nos compatriotes ne désespèrent pas de la réponse que le Parlement de la République peut apporter à leurs problèmes, le groupe de l'Union centriste suivra les conclusions que le rapporteur vient de présenter et qui visent à mettre fortement l'accent sur le développement de l'île. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Je salue, au nom de la Haute Assemblée, la présence dans les tribunes des anciens ministres José Rossi et Emile Zuccarelli, qui suivent attentivement notre débat cet après-midi. Visiblement, ils n'ont pas sommeil ! En Corse, on dit : aghju u sonnu.
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, beaucoup a déjà été dit sur le projet de loi relatif à la Corse. Une question, une seule, me préoccupe fondamentalement, ainsi que mon groupe : comment faire prévaloir l'intérêt de la Corse et de sa population ?
Faire prévaloir l'intérêt de la Corse et des habitants de cette île n'est d'ailleurs pas une sinécure, sur fond de procès et de violence persistante, avec - cela a été dit - l'attentat d'hier, qui a détruit plusieurs bungalows d'une résidence de locations de vacances, à Piana, commune que notre collègue Nicolas Alfonsi connaît bien, et avec, avant-hier encore, l'assassinat d'un nationaliste.
Le Gouvernement comme l'opposition parlementaire ont, tout au long de ces discussions, repoussé notre proposition de consultation qui visait justement à associer étroitement la population corse au processus.
Au nom d'arguments constitutionnalistes de circonstance, l'élément clé, la démocratie, qui aurait pu dynamiser le processus de Matignon et adapter au mieux le projet de loi à la réalité et aux besoins de la Corse, a été repoussé.
Comment s'étonner que les préoccupations politiciennes soient dominantes dans le débat, alors que des échéances électorales importantes approchent ? Cela explique notamment que la commission mixte paritaire ait échoué. Avant même que l'on examine les textes votés dans les deux chambres, le président Bernard Roman voulait constater immédiatement l'échec de la commission mixte paritaire, dès lors qu'aucun accord ne pourrait être trouvé sur l'article 1er, et ce avant d'engager la discussion. De son côté, François Fillon, qui n'était pas en reste, se déclarait défavorable à un examen des articles par la commission mixte paritaire.
Monsieur le rapporteur, malgré votre volonté constructive concernant l'article 1er, le texte de l'Assemblée nationale était rejeté par six voix contre, quatre voix pour, et celui du Sénat, par six voix contre, une abstention et trois voix pour. La commission mixte paritaire s'arrêtait là.
C'est la raison pour laquelle, à l'occasion de cette nouvelle lecture devant le Sénat, je n'ai pas souhaité, avec mes amis sénateurs communistes, déposer à nouveau des amendements comme lors de la première lecture.
A vous de prendre vos responsabilités, chers collègues de la majorité sénatoriale ! Expliquez-nous, par exemple, pourquoi vous êtes amenés à déposer à nouveau vos amendements de première lecture, alors que vous aviez la possibilité de les faire voter en commission mixte paritaire.
Mme Hélène Luc. Absolument !
M. Paul Girod, rapporteur. C'était une possibilité très formelle !
M. Robert Bret. Qui joue avec la Corse ? Pour nous, les données ont changé, d'autant qu'après la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, les termes du débat ne sont plus tout à fait les mêmes.
Des progrès significatifs ont été, selon nous, effectués dans trois directions.
Tout d'abord, l'article 1er, relatif au transfert de compétence législative et réglementaire, a subi une modification non négligeable sur l'initiative des députés communistes.
Nous pensons toujours que le pouvoir législatif doit demeurer l'apanage du seul parlement national.
Cependant, à défaut de la suppression du paragraphe I de l'article 1er, qui concerne la nouvelle procédure d'expérimentation législative, nous avons obtenu que, pour le moins, une commission de chaque assemblée organise une évaluation continue de cette expérimentation avec possibilité de remettre en cause telle ou telle disposition d'ordre législatif décidée par l'Assemblée territoriale de Corse.
Nous entendons bien les critiques et les réserves de M. le rapporteur, qui évoque l'article 43 de la Constitution.
Mais ne serait-il pas de meilleur aloi d'appuyer cette disposition constructive plutôt que de conserver une position tranchée et inefficace ?
Toujours sur l'article 1er, je regrette, monsieur le rapporteur, que vous n'ayez pas maintenu votre position, avancée devant la commission mixte paritaire, de dissocier les mesures d'expérimentation législative et les mesures d'adaptation réglementaire, dont vous ne demandiez plus la suppression.
Outre le fait que votre attitude rejoignait celle qui a été affirmée par les sénateurs communistes lors du débat en première lecture, elle s'avérait positive par sa recherche d'un compromis utile.
Vous avez préféré, aujourd'hui, revenir à une attitude de confrontation, et je le regrette.
La deuxième amélioration importante du texte, qui a fait couler beaucoup d'encre, c'est la réduction significative de la portée de l'article 12 relatif à l'urbanisation du littoral corse.
Grâce aux propositions des députés communistes et verts, les appétits des bétonneurs et spéculateurs immobiliers ne pourront être satisfaits.
Mme Hélène Luc. Absolument !
M. Robert Bret. Le débat avait montré, en effet, les risques importants qui existaient, et le dépit de M. Rossi et des milieux d'affaires ne peut que conforter notre appréciation positive de l'évolution du débat sur ce point.
Bien entendu, il ne s'agit pas de fermer la porte à toute évolution permettant le développement économique de l'île, dont le tourisme est une composante importante.
Mais ce rappel d'ordre écologique met en évidence le fait que ce développement doit s'appuyer sur bien d'autres facteurs.
Là encore, je m'étonne, monsieur le rapporteur, de votre refus de prendre en compte cette avancée qui permet d'ouvrir une phase de réflexion pour allier respect de la nature corse, patrimoine national de premier ordre, et essor touristique.
Diversifier les sources de développement, c'est l'objet de la troisième avancée significative intervenue à l'Assemblée nationale.
Le plan d'investissement économique destiné à rattraper les retards structurels dont souffre la Corse, retards qui hypothèquent tout développement de l'île, a été précisé.
L'article 46 a, en effet, été complété par une description des modalités d'application de ce plan.
Le nouveau texte prévoit qu'une convention-cadre portant sur la totalité de la durée du programme et une première convention d'application seront signées dans un délai de trois mois à compter de la publication de la loi. Ainsi, l'effort public, étalé sur quinze ans, sera de 12 milliards à 13 milliards de francs. Outre la collectivité territoriale corse, y seront associés les conseils généraux et les grandes agglomérations. Le préfet de région a réuni tous les intéressés pour confirmer cette décision. (M. le ministre opine.)
Je tiens néanmoins à exprimer, une nouvelle fois, le regret que le plan d'investissement n'ait pas constitué l'enjeu essentiel du débat depuis la première lecture et n'ait été jusqu'alors qu'un élément subalterne de notre discussion, alors que les élus corses et la population attendent beaucoup de ces décisions. Selon Corse Matin, les élus locaux sont unanimes sur ce point.
J'aurais souhaité, je le dis une nouvelle fois, que le montant du PIE soit précisé dans le texte, et non donné à titre d'information. Mais nous prenons acte de l'annonce du préfet de région, qui, à nos yeux, constitue un engagement fort du Gouvernement.
Oui, mes chers collègues, l'Assemblée nationale a, il faut le reconnaître, sensiblement amélioré le texte. Les modifications intervenues aux articles 1er, 12 et 46 auraient même pu conduire les députés communistes à approuver le projet de loi ainsi modifié.
Mais des doutes et des réserves demeurent sur un certain nombre d'aspects.
Une interrogation forte demeure, par exemple, sur le devenir du service public en Corse, qui dépasse le cadre de la seule collectivité territoriale en question. Elle est au coeur même du débat sur la décentralisation qui est en cours aujourd'hui dans l'ensemble de notre pays.
Cette interrogation concerne aussi, par exemple, le projet de loi relatif à la démocratie de proximité, qui doit être débattu les 8, 9 et 10 janvier prochains. Je pense au transfert de compétences vers les régions. Ce débat n'anticipe-t-il pas le débat sur les formes futures de la République dans l'Europe ? Je le crois.
Quelle est la frontière entre la nécessaire décentralisation, outil de démocratie qui permet de rapprocher le citoyen des centres de décision et qui permet aux élus d'être acteurs, mais aussi réellement décideurs, et la rupture de l'unicité du service public, socle de la République ?
Cette unicité du service public garantit le traitement le plus égal possible des habitants de notre pays, où qu'ils se trouvent, dans des domaines aussi divers que l'éducation, la sécurité, la solidarité, l'environnement, la santé ou les transports.
Quoi qu'on en dise, la poussée fédéraliste, qui s'appuie précisément sur un pouvoir accru des régions en faveur d'une cohésion européenne au détriment de la cohésion nationale, est forte. Nous connaissons le sens que certains veulent donner à ces évolutions.
Le projet de loi qui nous est soumis permettra-t-il de garantir la permanence du service public ? L'avenir nous le dira, mais il est possible d'en douter, car la Corse est particulièrement exposée à une poussée libérale, appuyée - et c'est une de nos préoccupations - par des fonds d'origine mafieuse - chacun sait que de tels phénomènes existent aussi en Corse -, qui espère investir des services publics gérés aujourd'hui par le secteur public.
Lors de la première lecture, j'avais mis en évidence les dangers qui pèsent sur les fonctionnaires d'Etat affectés à la gestion des forêts. Qu'est-ce qui pourra empêcher à l'avenir l'intervention de sociétés privées, avec les risques que cela entraîne pour la préservation du service public ?
J'ai obtenu des réponses, mais je ne suis pas persuadé qu'elles seront de nature à apaiser l'inquiétude de ces personnels, qui est grande.
En tout cas, nous regrettons la distance avec laquelle leurs demandes d'éclaircissement sur leur avenir ont été traitées.
Les menaces qui pèsent, selon nous, sur le devenir du service public ne sont pas en contradiction avec le second aspect négatif du texte, qui porte sur les exonérations fiscales en faveur des entreprises.
Chacun s'accordera sur la nécessité d'inciter l'investissement en Corse, qui ne coule pas de source du fait de l'insularité, mais aussi des vingt-cinq années de désordre, d'assassinats, de dérives mafieuses qui pèsent encore sur elle aujourd'hui.
Il est d'ailleurs frappant de constater qu'il s'agit du seul point sur lequel un consensus entre le Gouvernement et la droite sénatoriale est intervenu. Le travail a été précis et efficace, je dois le reconnaître. Mais, si les futurs avantages sont clairement précisés, rien n'a été prévu pour garantir la création d'emploi ni même pour assurer le contrôle du devenir de ces fonds publics. La mise en place de la commission régionale de contrôle des fonds publics prévue par la loi dite « Hue » s'impose.
Il y a bientôt un an, monsieur le ministre, que la loi du 5 janvier 2000 a été promulguée. Il faut que la circulaire soit publiée au plus vite. Ce serait vraiment une bonne chose pour la Corse, et pas seulement pour elle, d'ailleurs.
Monsieur le ministre, nous n'approuvons pas ce nouvel engagement de la collectivité au profit des entreprises, par le biais notamment de l'élargissement du crédit d'impôt sans contrepartie en faveur de l'emploi.
Nous espérions que le Gouvernement avait tiré les leçons de ce genre de pratiques, qui a déjà, depuis plus de vingt ans, prouvé son inefficacité en matière de lutte contre le chômage.
Il est révélateur de constater l'impatience de certains sénateurs de la majorité sénatoriale pour ce qui concerne le volet fiscal du projet, alors que, par ailleurs, leur hostilité au texte est clairement affichée.
Les sénateurs communistes s'opposeront, une nouvelle fois et sans ambiguïté, aux amendements de la commission des lois tendant à accroître encore plus le champ d'application des exonérations fiscales.
Dernier point qui nous préoccupe : l'enseignement de la langue corse.
Je tiens à réaffirmer en seconde lecture l'engagement des sénateurs communistes en faveur de la généralisation de cet enseignement, mais aussi l'affirmation de son caractère optionnel.
Les langues régionales sont un atout pour notre pays : la richesse du français provient de la diversité de ses origines linguistiques. Leur enseignement doit donc être accepté, encouragé et développé. Mais, dans le même temps, nous ne souhaitons pas que la langue française pâtisse de cet essor à l'heure où tant de menaces pèsent sur son avenir.
Pour conclure mon propos et le résumer, je dirai que nous approuvons l'évolution du texte après la deuxième lecture qui a eu lieu à l'Assemblée nationale. La discussion a, selon nous, commencé à le rééquilibrer en faveur des vraies priorités.
Il est, selon nous, positif que les leaders nationalistes se sentent aujourd'hui dessaisis de ce texte ; cela vaut pour d'autres également. C'est un bon signe car la domination de l'axe libéralo-nationaliste sur le processus de Matignon, que nous avions dénoncée, le menait tout droit à l'échec. J'avais, d'ailleurs, à l'occasion de la première lecture, exprimé des doutes et des interrogations à ce sujet.
J'avais alors déploré la prédominance du débat institutionnel, alors que la population corse attend des mesures visant au développement de l'île.
M. Paul Girod, rapporteur. Très bien !
M. Robert Bret. Pour autant, comme je l'ai indiqué, de graves questions ne sont pas résolues, et la réforme constitutionnelle de 2004 est incontournable.
Pour toutes ces raisons, et ne voulant pas se prêter au jeu de la droite, les sénateurs communistes ne participeront pas au vote sur ce texte. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. Bel.
M. Jean-Pierre Bel. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette deuxième lecture au Sénat du projet de loi relatif à la Corse pourrait être une magnifique occasion de dépassionner nos débats, de mettre de côté les clivages partisans et, si cela est possible - je le redis cette fois encore - d'écarter la tentation de la caricature et des lieux communs.
Les échanges passés pourraient, il est vrai, faire douter de notre capacité à nous dégager de nos préjugés respectifs et, surtout, à nous dégager de la ligne d'horizon du mois d'avril qui vient.
Pourtant, chacun le sait, la question qui nous occupe ne vient pas de surgir. Ce n'est pas ce gouvernement qui l'a fait naître, c'est un dossier sensible qui s'impose aux responsables d'aujourd'hui, tout comme il s'imposera aux gouvernants de demain.
Personne n'a intérêt à laisser une immense attente sans réponse, personne n'a intérêt à utiliser les problèmes majeurs qui se posent dans l'île de Beauté à des fins partisanes personne ne doit faire de la Corse l'otage, le bouc émissaire d'enjeux qui ont peu de choses à voir avec elle.
Voilà près de trente ans que la Corse vit dans un climat qui n'est pas compatible avec l'esprit de notre République ou, plus simplement, qui n'est pas compatible avec ce qu'est en droit d'attendre tout citoyen, à savoir une exigence de justice, d'égalité et de tranquillité publique.
Les citoyens corses n'ont rien de différent des autres, même si nous devons reconnaître leurs spécificités, le caractère particulier de leurs conditions de vie et d'existence. Il faut arrêter de s'extasier sur la beauté de cette île si cela se traduit par incompréhension, ignorance, voire indifférence.
Je ne crois pas du tout que telle fut l'attitude de la commission spéciale du Sénat, notamment celle de son rapporteur et de son président. Je reste persuadé que, au travers de nos rencontres avec de nombreux acteurs de la vie locale, avec ces femmes et ces hommes qui, dans un contact direct et franc, ont exprimé leurs peurs, leurs espérances, qui nous ont fait entrevoir ce qu'était leur vie aujourd'hui, tout cela vous l'avez perçu, monsieur le rapporteur. Vous avez mesuré, je le crois, la responsabilité qui est la nôtre mais vous n'en avez pas tiré les conséquences. Vous avez manqué d'audace, d'inventivité, peut-être aussi de confiance en l'avenir et dans la Corse.
J'entends souvent - ce fut le cas cet après-midi encore - les détracteurs du projet de loi s'appuyer sur la situation présente pour justifier soit leur opposition de principe irréductible, soit leur refus de proposer des évolutions, soit, pour certains, leur revirement de point de vue.
Je ne crois pas que ce soit une bonne façon d'aborder un sujet aussi grave, une question qui, depuis près de trente ans, a fait couler autant de sang et de larmes, une question qui appelle des réponses de fond, des solutions concrètes adaptées à une situation objective, une situation vécue par nombre de nos compatriotes.
Je vous ai entendu, monsieur le rapporteur, mais doit-on ainsi chanceler ou se renier au gré de l'actualité immédiate, en fonction des menaces ou de forfaits qui émanent de ceux qui n'ont que faire des principes démocratique ? Pourquoi remettre en cause un travail en profondeur réalisé dans la concertation, dans la transparence, avec le souci de dégager un compromis acceptable par tous ?
Je me fais, pour ma part, une autre idée du législateur. Ce dernier doit inscrire son action dans la durée et, certes, prendre en compte les avis et les critiques. Mais il doit aussi tracer le cap, définir une ligne de conduite et s'y tenir. Pourquoi accorder tant de place, tant d'importance à ceux qui ne connaissent que la violence comme forme d'expression publique ? Pourquoi plier et renoncer dès que ceux-ci se font entendre ? Pourquoi faire d'eux les arbitres de nos débats ?
Les arguments fondés sur la persistance de la violence résonnent souvent comme des prétextes à l'immobilisme. Nous avons, au contraire, le devoir de répondre par la constance et l'affirmation de notre volonté à ceux qui soufflent sur les braises, à ceux qui souhaitent l'échec pour mieux poursuivre vers le dénigrement de la République ; nous avons à appporter une approche globale pour créer les conditions du changement tant attendu.
Nous avons - c'est une évidence - des divergences nettes sur les moyens de répondre aux problèmes qui se posent à la Corse et, pour notre part, nous savons gré au Gouvernement et à vous, monsieur le ministre, d'avoir su mener ce processus jusqu'à son terme et d'être resté fidèles aux engagements pris.
Tout en restant ferme, monsieur le ministre, vous avez permis que, au cours des débats parlementaires, le texte soit amélioré et, comme vous l'avez dit, que « le meilleur des deux assemblées soit pris en compte ».
Le groupe socialiste accompagnera ce projet de loi dans sa globalité parce qu'il nous paraît être la seule véritable proposition pour faire face aux problèmes et engager clairement l'avenir.
Nous sommes pour la mise en place d'une décentralisation renforcée donnant à la Corse les moyens d'un développement durable, adapté aux spécificités de l'île, tout comme nous sommes favorables à la reconnaissance de son identitié culturelle, à un nouveau statut fiscal pour les entreprises en faveur d'un soutien plus affirmé à l'investissement et à la création de l'emploi, au programme exceptionnel d'investissement destiné à rattraper le retard traduisant la solidarité nationale, au retour au droit commun en matière successorale, enfin, à une responsabilité accrue des élus de Corse dans la gestion des affaires de l'île, notamment en permettant à la collectivité d'adapter certaines dispositions réglementaires et législatives à la spécificité de l'île, sous le contrôle bien entendu du Parlement, en inscrivant ainsi ce processus dans une dynamique politique.
Le texte que notre assemblée s'apprête à adopter ne constituera pas une véritable alternative pour la Corse. Monsieur le rapporteur, votre réticence à déléguer les responsabilités dans la gestion des affaires de l'île nous paraît priver la Corse d'une perspective réelle de s'en sortir durablement, de faire face aux difficultés d'assurer son développement dans le cadre de la République.
Au terme de ce débat, on peut constater une nouvelle fois que deux logiques se sont opposées.
Celle du Gouvernement s'appuie sur le dialogue en alliant reconnaissance des spécificités et de l'identité corse, expression de la solidarité nationale, et accroissement du rôle et de la responsabilité des élus. La responsabilisation des élus de Corse est une occasion formidable à ne pas manquer.
Nous ne rappellerons jamais assez que ce projet de loi est le résultat d'un processus de concertation avec les élus de l'Assemblée territoriale de Corse, issus du suffrage universel.
La deuxième logique ne constitue en rien une solution alternative, mes chers collègues, même si, contrairement à la position prise par vos amis à l'Assemblée nationale, vous avez pris vos responsabilités, en partie tout au moins, et vous n'avez pas refusé le débat, en écartant le recours à des motions de procédure et même en rejetant, en première lecture, une motion tendant à opposer l'exception d'irrecevabilité.
Le problème, me semble-t-il, tient plus à vos réticences à reconnaître que le présent gouvernement a réussi là où d'autres avaient échoué ; peut-être aussi y a-t-il chez vous une absence de confiance dans la capacité des élus de Corse à prendre en main le développement de l'île ?
Seulement, en rejetant toute perspective nouvelle de responsabilités accrues pour les élus et en ne retenant pour seul moteur du changement que le développement économique, vous privez ce projet de toute dynamique politique. Et la dynamique politique, aussi, c'est indispensable !
Le texte du Sénat s'inscrit donc dans cette logique traditionnelle qui a fait les preuves de ses limites, qui consiste à s'en tenir au développement économique et à refuser la solution politique.
Si l'enjeu était seulement économique, si l'avenir de la Corse ne devait passer que par des solutions économiques, il n'aurait pas été besoin d'attendre dix ans pour approfondir la loi « Joxe » de 1991 ; il est clair aujourd'hui qu'une nouvelle étape doit être franchie.
Si nous voulons être intraitables, comme vous le réclamez, s'agissant du respect de l'Etat de droit, ce à quoi s'emploie le Gouvernement, nous ne pouvons ignorer les spécificités ni méconnaître les identités.
J'ai bien noté, chez nombre d'entre vous, la tentation de refuser toute légitimité aux élus du suffrage universel pour discuter de l'avenir de la Corse. Dès lors, il est logique que ceux-là refusent un texte qui introduit de nouveaux transferts de compétences et de nouveaux moyens.
Au-delà des mots, je pense qu'il faut agir pour que les principes ne demeurent pas une simple déclaration d'intention ; encore faut-il les traduire dans les faits et chercher les voies et les moyens d'en faire un projet collectif, concret et vivant.
Votre position, chers collègues de la majorité sénatoriale, donne l'impression que vous refusez aux élus la confiance qu'en revanche vous accordez sans réserve aux chefs d'entreprise pour assurer le développement de la Corse.
Néanmoins, il faut le souligner, les débats auront permis de préciser utilement un certain nombre de dispositions, de les enrichir ou d'en éclairer le sens.
L'Assemblée nationale a repris, pour l'essentiel, le texte qu'elle avait adopté en première lecture, sans toutefois négliger les apports du Sénat dès lors que ceux-ci s'inscrivaient dans la logique du projet de loi.
A l'article 1er, la commission spéciale du Sénat propose, comme en première lecture, de supprimer le pouvoir d'adaptation reconnu à l'Assemblée territoriale de Corse en matière législative et réglementaire et donc, en définitive, de s'en tenir à l'article 26 du statut Joxe. Cette position illustre parfaitement le clivage qui existe entre les deux assemblées.
Cet article a fait l'objet de débats animés, de controverses juridiques, et je crois savoir qu'au sein de notre commission spéciale vous n'avez pas tous, chers collègues de la majorité sénatoriale, la même appréciation quant à sa constitutionnalité.
S'agissant de l'enseignement de la langue corse, tout ou presque a été dit. Si divergence il y a, elle n'est que de forme. Je dois dire que j'interprète la proposition de notre commission spéciale complétant la rédaction issue des travaux de l'Assemblée nationale comme une confirmation supplémentaire de l'accord entre les deux chambres.
Mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Pourquoi reprendre la réserve d'interprétation du Conseil constitutionnel à propos de la langue polynésienne dans le texte de loi puisque, de toute façon, la décision du Conseil constitutionnel s'impose à tous. Il n'y a aucune ambiguïté : il s'agit seulement de généraliser l'offre d'enseignement de la langue corse et non pas de rendre cet enseignement obligatoire.
Quant à l'article 12, relatif aux dérogations à la loi littoral, il a fait l'objet de débats animés, de caricatures et, peut-être, de craintes excessives.
Pour apaiser les inquiétudes, pour mettre fin aux procès d'intention, pour rendre vaines les mises en garde - quelquefois justifiées - contre le bétonnage, on a amputé cet article des dispositions qui permettaient pourtant de manière très encadrée, à l'Assemblée de Corse de définir, dans le cadre d'un plan d'aménagement et dans le respect des dispositions du code de l'urbanisme, une urbanisation qui n'aurait pas été dans la continuité de l'urbanisation existante, c'est-à-dire de constituer des hameaux nouveaux.
Il faut relativiser les effets du retrait de ces dispositions. Je tiens d'ailleurs à rappeler que, si celles-ci avaient été introduites à la suite de la demande que les élus avaient formulée au cours de notre déplacement dans le cadre de la mission sénatoriale, plusieurs élus de l'île, en particulier le président de l'Assemblée de Corse, se disaient prêts, pour assurer l'adoption du projet de loi, à accepter, le cas échéant, le retrait de l'article 12.
Le groupe socialiste souscrit entièrement à la démarche entreprise par Lionel Jospin il y aura demain deux ans, jour pour jour. Cette démarche a été menée dans la transparence la plus totale et a reçu, au terme du processus, l'accord quasi unanime des élus de l'Assemblée de Corse. Conformément aux termes du relevé de conclusions approuvé par l'Assemblée de Corse le 28 juillet 2000, ce projet de loi fixe pour la Corse des perspectives d'évolution durable dans le cadre de la République.
Le texte adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, qui reprend un certain nombre de dispositions introduites au Sénat en première lecture, est fidèle aux engagements pris.
Nous ne voterons évidemment pas l'exception d'irrecevabilité, non plus que le texte issu des travaux de notre assemblée, malgré des rapprochements sur diverses dispositions, compte tenu des clivages qui persistent sur des points essentiels.
Regrettant aussi, eu égard à l'enjeu que représente ce texte pour l'avenir et le développement de la Corse, que nos deux assemblées n'aient pu parvenir, à défaut d'un accord, au moins à un consensus plus large, le groupe socialiste votera contre le texte tel qu'il va être établi par la majorité sénatoriale.
Avant de quitter cette tribune, je tiens à dire que l'examen du projet de loi relatif à la Corse a été pour nous l'occasion d'un travail passionnant, dans lequel nous nous sommes investis, les uns et les autres, avec le souci d'être véritablement à la hauteur des enjeux.
Pour ce qui nous concerne, nous avons été guidés par cette seule préoccupation : être utiles à la Corse et, par là même, utiles à notre démocratie et à notre pays.
C'est cette exigence que porte votre projet, monsieur le ministre. C'est pourquoi nous vous soutenons. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin. Monsieur le ministre, notre collègue Jean-Pierre Bel vient de nous dire que ses collègues socialistes et lui-même vous soutenaient parce qu'ils voulaient être utiles à la Corse et à la démocratie. Eh bien, c'est au nom des mêmes raisons que nous, nous ne vous suivrons pas ! Le souci est le même, mais les voies choisies sont totalement différentes.
Je voudrais d'abord saluer le travail accompli par la commission spéciale, notamment par son président, M. Jacques Larché, et par son rapporteur, M. Paul Girod. C'est un travail législatif et politique d'une grande finesse, grâce auquel nous avons aujourd'hui, me semble-t-il, les éléments qui permettent de bâtir une plate-forme d'avenir pour la Corse.
Aujourd'hui, monsieur le ministre, sur la Corse, nous devons dresser un constat d'échec. Cet échec n'est pas le vôtre personnellement ; si vraiment il devait y avoir échec du ministère de l'intérieur, ce serait peut-être plus votre prédécesseur que vous-même qui devrait être mis en cause. Au demeurant, force est de reconnaître que vous avez déployé sur ce dossier une grande énergie.
Non, en vérité, cet échec, c'est celui de la démarche menée par Lionel Jospin.
Pour tout dire, dans le processus de Matignon, l'échec est triple.
Le premier échec se trouve dans une promesse non tenue : la violence, en Corse, ne s'est pas tue. On avait promis la paix en Corse, mais la paix en Corse n'est pas advenue et, encore la nuit dernière, elle y a été violemment troublée. Assassinats, explosions, menaces, insécurité : à tout cela, il n'a pas été mis fin. Or le droit de nos compatriotes corses à la sécurité doit être une priorité nationale.
Certains orateurs ont expliqué que de telles difficultés avaient jalonné toute l'histoire de la République. Certes ! Mais il y aura toujours un avant et un après l'assassinat du préfet Erignac. Le jour où le préfet Erignac a été assassiné, ce jour-là, c'est toute la République qui a été ensanglantée. C'est vraiment une étape historique. On ne peut pas faire aujourd'hui comme si un préfet n'avait pas été lâchement abattu.
Dans ce contexte, la paix en Corse est une nécessité, le retour à l'état de droit une priorité.
Deuxième échec : le processus de Matignon a déçu tout le monde. Il y a ceux qui était déçus d'avance, qui, dès l'origine, n'ont manifesté aucun enthousiasme. Il y a aussi ceux qui ont abandonné en cours de route. Et puis, il y a les déçus de la fin, ceux qui ne vous accompagneront pas, monsieur le ministre, dans le vote final de ce texte.
Le Gouvernement et le Premier ministre ont fait croire que tout le monde pourrait trouver son compte dans ce texte, mais les uns et les autres vous ont finalement abandonné. Ils ont vu que vous étiez en situation fragile. Les nationalistes boudent et les républicains doutent. Au fond, qu'y a-t-il maintenant, en dehors du Premier ministre, derrière ce processus ?
M. Philippe Marini. Le parti socialiste !
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est en effet devenu un processus partisan, qui n'est plus susceptible de rassembler, qui a perdu son autorité, sa capacité de mobilisation.
Troisième échec : la décentralisation n'a pas avancé. Elle n'a pas avancé en Corse et elle n'avance pas en France.
M. Alain Gournac. Elle recule même !
M. Jean-Pierre Raffarin. Toutes les propositions de l'Assemblée de Corse, de son conseil exécutif, allaient dans le sens d'un approfondissement de la décentralisation et d'un accroissement de ses responsabilités, notamment en matière budgétaire. Or ces responsabilités ne lui sont pas accordées. Pourtant de telles perspectives avaient été envisagées, notamment à l'Assemblée nationale. Des personnalités expérimentées, comme le président Giscard d'Estaing et quelques autres, qui avaient cru que ce texte ouvrait la voie à des progrès dans la décentralisation ont dû, eux aussi, finalement constater que tel n'était pas le cas.
En janvier prochain, lorsque nous aborderons le texte sur la démocratie de proximité, nous aurons l'occasion de revenir sur ces sujets.
Il faut aller de l'avant en matière de décentralisation, mais je crains que ce texte, parce qu'il a été conçu de manière ambiguë, ne fasse plus reculer qu'avancer la décentralisation.
Triple échec ! Triple erreur !
Quelles sont les erreurs de la gouvernance de Matignon sur ce dossier ?
La première erreur a été de placer les nationalistes au coeur du processus. Cette erreur n'est d'ailleurs pas forcément volontaire : je reconnais que vous avez cherché à rassembler tous les élus de Corse. Mais, à chacune des étapes du processus, on est resté suspendu à l'avis des nationalistes de telle sorte que, progressivement, ces derniers ont été promus évaluateurs de la démarche, au point que le Gouvernement est devenu dépendant de leurs commentaires, de leur opinion, de leur accord.
En témoigne tout particulièrement le pacte sémantique que vous avez été contraint de passer avec eux sur la langue corse.
Au sujet de la langue corse, avec un peu de bonne volonté, tout le monde pourrait être d'accord dans ce pays, pour peu qu'il n'y ait pas d'obligation, mais qu'il y ait simplement, dans toute l'île, une offre généralisée d'enseignement de la langue corse, assurée par le ministère de l'éducation nationale.
Moi, je suis très attaché aux cultures régionales. Je suis tout à fait favorable à ce que l'on puisse offrir aux jeunes Corses la possibilité d'apprendre le corse. Et je ne crains nullement que cet apprentissage constitue une menace pour l'unité nationale. L'apprentissage d'une langue régionale a même des vertus pédagogiques : on sait que les jeunes Catalans, par exemple, qui parlent couramment et le catalan et le castillan, apprennent l'anglais plus vite que les jeunes Poitevins ou les jeunes Bretons. Le maniement de plusieurs langues dès l'enfance est donc un facteur d'agilité intellectuelle.
Mais il y a des limites qu'il ne faut pas dépasser, et ces limites, ce sont celles que fixe la Constitution de notre République.
L'apprentissage du corse doit être facultatif. La décision doit appartenir aux parents, même si le rôle de l'Etat est d'octroyer les moyens de cet apprentissage.
Le fait d'avoir privilégié les nationalistes au détriment des républicains vous a privé d'un véritable partenariat avec tous ceux qui aiment la Corse et qui aiment la République, avec tous ceux, fort nombreux, qui souhaitent le développement de la Corse dans la République, qu'ils soient en Corse ou sur le continent. Ceux-là sont prêts au dialogue, mais ils ne veulent pas que les nationalistes se trouvent en position d'arbitres.
La deuxième erreur est d'avoir rendu confus les concepts de région et de nation. Je suis attaché, comme beaucoup d'entre nous, au régionalisme. En Corse comme ailleurs, je dis oui au régionalisme dans la nation, mais je dis non au nationalisme dans la région !
La région est certes un espace d'avenir, mais elle doit respecter l'unité et la cohérence de la nation. La région, dans la culture de notre pays, ne détient pas une part de la souveraineté nationale ; elle est simplement un échelon pertinent d'action, un échelon de décision, un lieu de travail, un lieu où l'on peut entreprendre. Elle n'est en aucun cas un lieu où la nation trouve son unité et sa cohérence.
De ce point de vue, l'article 1er est source de toutes les ambiguïtés.
Evidemment, tout le monde est d'accord pour qu'une entité régionale comme l'Assemblée de Corse exerce une part du droit réglementaire. Cela se fait déjà aujourd'hui dans bien des circonstances ! Mais, au-delà, ce que nous demandons, c'est une vraie réflexion sur la question de la régionalisation, en Corse et ailleurs. Dans la République, il convient que, en amont, l'Etat fixe la norme et que, en aval, il réalise l'évaluation. Entre les deux, il doit confier des responsabilités à des autorités locales. Nous ne demandons absolument pas, aujourd'hui, que les régions de France aient la capacité de fixer les normes législatives. Nous ne sommes pas des militants du Poitou-Charentes libre et de la Franche-Comté indépendante ! (Sourires.)
La confusion entre région et nation est une erreur qui explique l'échec.
Troisième et dernière erreur, vous avez privilégié le débat politicien sur le développement économique. (Protestations sur les travées socialistes.)
M. Bernard Angels. Il vaudrait mieux être sourd que d'entendre cela !
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est une idée qui a été développée tout à l'heure. Evidemment, puisque nous sommes dans des périodes électorales, vous avez pris une posture électorale sur ce sujet !
M. Alain Gournac. Bien sûr !
M. Jean-Pierre Raffarin. Et vous avez finalement mis de côté ce qui importe le plus aux Corses : les conditions du développement économique, le programme d'investissement, bien sûr, mais aussi tout ce qui peut être tenté dans ce domaine.
D'un revers de la main, vous renvoyez dans le passé la zone franche. Je ne suis pas sûr que les processus qui devront désormais être mis en place soient aussi efficaces que l'était la zone franche - pour peu que l'on veuille bien donner à la Corse les moyens de mettre en oeuvre une véritable politique économique, c'est-à-dire orientée vers la création.
Si on ne permet pas à la Corse de créer des entreprises sur son territoire, de monter des projets susceptibles d'entraîner un vrai développement, une capacité d'initiative décentralisée, la Corse restera naturellement un simple écrin de beauté pour des visiteurs venus d'ailleurs.
Mais la Corse prétend à autre chose. Sa fertilité, sa capacité de création, elle les veut pour elle-même. Voilà ce qu'il faut donner aux Corses : la capacité d'initiative pour entreprendre, les moyens financiers de créer.
Il ne fallait pas s'enfermer dans les logiques de répartition de pouvoir et dans les tactiques politiciennes ; il convenait d'élargir la démarche au développement économique. Voilà pourquoi, monsieur le ministre, il faudra, un jour, reprendre ce dossier !
Le débat a été riche et intéressant, mais vous êtes aujourd'hui dans une impasse, face à vos erreurs, face à vos échecs.
Le moment venu, le texte de la commission spéciale du Sénat fournira une plate-forme pour l'avenir, afin que nous puissions trouver les solutions permettant à la Corse d'assumer elle-même son développement dans la nation. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Alain Gournac. Très bien !
M. Raymond Courrière. Des incantations, rien que des incantations !
M. le président. La parole est à M. Alfonsi, qui intervient pour la première fois devant la Haute Assemblée. (Applaudissements.) Nous avions été élus députés ensemble en 1978 ; nous retrouver aujourd'hui nous rajeunit ! (Sourires.)
M. Nicolas Alfonsi. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les hasards combinés des calendriers électoral et parlementaire me conduisent à m'exprimer seulement en deuxième lecture sur le texte qui nous est soumis.
J'aurais préféré rester à mon banc. Voilà quinze ans, je déclarais en effet que mon programme serait épuisé lorsqu'on ne parlerait plus de la Corse dans les médias nationaux. Ma présence à cette tribune sonne donc comme un aveu d'impuissance.
Plus que le texte lui-même, c'est la situation de la Corse que j'évoquerai devant vous.
Disons-le d'emblée, les accords de Matignon s'inscrivent dans la politique d'alternance, tantôt de fermeté, tantôt d'abandon, que l'Etat a pratiquée depuis vingt ans et que nous nous sommes épuisés à dénoncer.
Mais le calendrier de l'alternance corse ne saurait se confondre avec celui de l'alternance nationale.
Ainsi, de 1984 à 1988, Pierre Joxe et Charles Pasqua conduisent la même politique de fermeté républicaine et, de 1988 à 1995, la même politique d'abandon et de démission. Les gouvernements successifs ont toujours trouvé dans cette dialectique perverse de leurs prédécesseurs des alibis pour justifier, et à leur tour, pour des motifs nationaux, notamment l'élection présidentielle, cette politique d'abandon, de démission de l'Etat et de négociations clandestines.
C'est parce que nous étions conscients des dégâts et de la désespérance que ces changements de politique insulaire provoquaient dans l'opinion que, dès 1993, nous demandions à Charles Pasqua, puis au Premier ministre, Edouard Balladur, lors de sa visite en Corse - vous y étiez, monsieur le président - l'établissement d'une politique bi-partisane.
Toutefois, la visite en Corse de Lionel Jospin, le 6 septembre 1999, pouvait laisser enfin espérer - nous lui avions apporté notre totale adhésion - qu'une prise de conscience définitive allait inscrire l'action de l'Etat dans la durée.
Il n'est pas inutile de rappeler les propos prononcés ce jour-là devant l'Assemblée de Corse, propos dont on peut mesurer tout l'intérêt rétrospectif.
« Faut-il apporter des modifications au statut Joxe ? J'ai affirmé... devant l'Assemblée nationale que le problème de la Corse n'était pas aujourd'hui celui de son statut mais celui de la violence, »...
M. Dominique Braye. Très bien !
M. Nicolas Alfonsi. ... « qu'une modification statutaire ne résoudrait en rien la question de la violence en Corse, que toute modification statutaire serait ruinée par la violence.
« Rien... depuis trois mois... n'a été de nature à changer cette appréciation. Certains Corses persistent dans la violence, d'autres dans l'ambiguïté envers le recours à la violence. Je le redis donc aujourd'hui avec la même force, aucune discussion institutionnelle ne peut avoir lieu tant que la violence est utilisée comme une arme du débat. »
Des orientations claires, que je résume, étaient données ce jour-là. « Il n'y a pas d'alternative à la politique de réappropriation de la République et de restauration de l'Etat de droit. On ne saurait dialoguer avec ceux qui refusent de dénoncer la violence. »
On connaît la suite. L'abandon de ce préalable confirme l'histoire des vingt dernières années, avec l'instauration d'une nouvelle politique qui nous a conduits aux accords de Matignon.
Nous pourrions, nous l'avons dit, accepter sans hésiter certaines dispositions du texte qui nous est soumis et qui auraient pu se suffire à elles-mêmes. Je pense notamment au programme exceptionnel d'investissement, aux dispositions fiscales que notre assemblée a très sensiblement améliorées, à des transferts de compétences qui ne sauraient souffrir de discussions.
Mais, plus que le texte lui-même, c'est l'exposé des motifs qui est pour nous inacceptable. Il est justifié par la nécessité de trouver une « solution politique ». Il en explicite les moyens en proposant la mise en place d'un processus dit de « sortie de crise ».
Le Gouvernement y a dévoilé l'inspiration et le ressort de sa politique. Ce qui est affirmé, c'est une politique évolutive, propre à satisfaire les nationalistes. Elle doit s'inscrire dans la durée. Plus que le contenu de cette politique, c'est son inspiration calédonienne qui doit être retenue.
Or la Corse n'est pas la Nouvelle-Calédonie, ni l'Irlande ni la Palestine. Parler, dès lors, d'un processus de paix est un non-sens dans une région qui n'est en guerre contre personne et où le concept de répression, souvent évoqué, est un abus de langage parce qu'il ne saurait exister dans un régime démocratique.
Et affirmer, comme a pu le faire Nicolas Sarkozy, qu'on fait la paix avec l'ennemi ne peut que nous laisser perplexes. Car, enfin, de qui se considère-t-il l'ennemi ?
Ainsi, c'est pour 2004, selon l'exposé des motifs, qu'est programmé le cataclysme constitutionnel que nous allons connaître.
Dans l'esprit des négociateurs, la réforme de 2004 trouvait sa justification dans la consécration d'un pouvoir législatif expérimental qui constitue une manière de reconnaître de facto le « peuple corse ». Nous n'en sommes plus là aujourd'hui.
L'article 1er s'est vidé de sa substance au fil des efforts du Gouvernement pour le rendre constitutionnel, c'est-à-dire inapplicable. L'« expérience », comme M. le rapporteur l'a souligné, pourra en effet débuter au mieux dans un an, compte tenu de la complexité des procédures de délégations et de contrôles qui sont instituées.
Mais cela importe peu à la famille nationaliste, dont les déclarations publiques tendent toutes à accréditer le caractère irréversible de la modification constitutionnelle, malgré la disparition de la cause qui était censée la justifier. Nous sommes ici au coeur du débat.
On sait que le référendum sera soumis à deux conditions suspensives : l'accord des pouvoirs publics en place et la fin de la violence. Or, tout se passe comme si ces deux conditions étaient passées par « pertes et profits », tant le discours officiel n'est jamais là pour les rappeler.
Voilà quinze jours, le FLNC, organisation clandestine dont personne n'ose jamais prononcer le nom, déclarait que son seul objectif était la réforme de 2004. Vous-même, monsieur le ministre, avez tellement intégré cette date que dans un article du Figaro, vous avez déclaré que 2004 n'était quand même pas l'« indépendance » !
Ces références communes, même si elles ne se rejoignent pas, montrent le caractère inéluctable de cette date déjà acceptée d'une certaine manière par vous-même.
Qui pourrait imaginer aujourd'hui que Lionel Jospin ne se considère pas tenu par ses engagements ? Qui pourrait croire un instant que l'opposition, demain aux affaires, pourrait rompre les termes de l'accord ? Le passé nous a appris que la gauche élabore les statuts et que la droite les applique.
Sur ce point, les nationalistes, plus intéressés par l'existence même de la réforme constitutionnelle que par son contenu, ont obtenu ce qu'ils voulaient.
Elle pose, à elle seule, un problème de fond. Est-il en effet acceptable que l'avenir de l'île fasse l'objet d'un vote singulier, dissocié de l'avenir des autres régions ?
Aux yeux de la famille nationaliste, seule compte cette différence. Il suffira, demain, que la réforme soit étendue à l'ensemble des régions françaises pour qu'on réclame, au nom de cette différence, une nouvelle modification institutionnelle.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Absolument !
M. Nicolas Alfonsi. On a prétendu qu'il n'y avait pas d'alternative au projet gouvernemental. Si vous alliez, nous dit-on, subordonner les discussions sur le statut de l'île à la renonciation à la violence, vous feriez le jeu des poseurs de bombes qui deviendraient les maîtres du jeu.
Quelle meilleure illustration de l'incapacité de l'Etat ? Et quel aveu d'impuissance, lorsque, au lieu d'affirmer haut et fort qu'il faut mettre les terroristes hors d'état de nuire, on prend acte de la violence, pour la considérer comme un élément permanent de la vie publique, et non pour la réduire !
En vérité, il y a peu de différence, dans le cadre d'une large décentralisation, entre nos propositions respectives. Le référendum national constitue notre seule divergence. On répète à l'envi que l'unité de la République n'est pas en cause, mais qu'elle ne saurait pour autant signifier l'uniformité. L'argument serait recevable si la diversité que sous-tend la fin de l'uniformité s'appliquait à d'autres régions. Or, il faut le répéter sans cesse, la réforme ne concernera que la Corse, dans le cadre de la recherche d'une solution politique et d'un processus qualifié d'irréversible.
Dès lors, si le pays peut s'enrichir de sa diversité, la Corse ne pourra que s'appauvrir de la singularité.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. Paul Girod, rapporteur. La formule est belle !
M. Nicolas Alfonsi. On a invoqué la transparence des négociations. Mais en quoi la République serait-elle négociable au motif que la transparence serait totale, alors qu'il n'y a pas, dans une société démocratique, de « négociation », sauf quand celle-ci est organisée dans le cadre d'une procédure prévue à cet effet ?
On l'a justifiée au nom de la légitimité des élus. Certes, tous les élus de l'Assemblée de Corse sont l'expression des différentes sensibilités de l'opinion. Pour autant, le Gouvernement ne pouvait ignorer que tous les élus, en Corse, n'avaient pas le même statut. Ce n'est faire injure à personne que d'affirmer que les élus nationalistes sont considérés comme la vitrine légale d'organisations clandestines, c'est-à-dire de structures faisant pression sur l'Etat pour arracher par la violence ce qui ne peut être arraché par le suffrage.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. Nicolas Alfonsi. Reconnaître, dans ce cas, la légitimité des élus ne change rien à l'affaire.
Mes chers collègues, j'ai dit que mon programme serait épuisé quand on ne parlerait plus de nous dans les médias. Si le projet conduisait à ce résultat, n'ayant pas l'esprit chagrin, je serais le premier à m'en réjouir, l'intérêt de la Corse me paraissant transcender tous les autres.
Mais ce projet nous rejette, en vérité, un peu plus hors de la communauté nationale.
Depuis quinze ans, chaque événement grave en Corse a pris une dimension nationale. Le projet Joxe, avec le « peuple corse » que je combattais déjà voilà dix ans, l'assassinat du préfet Erignac, dont nous ne pouvons jamais évoquer la mémoire sans émotion, le pseudo-pouvoir législatif aujourd'hui, le référendum, demain, sont autant d'éléments qui, par strates successives et médias interposés, ont provoqué dans l'inconscient collectif national notre éloignement progressif.
Nous le vivons au quotidien en Corse, nous qui devinons inconsciemment que nous ne sommes plus tout à fait des citoyens comme les autres. Comment, au surplus, empêcher nos compatriotes continentaux de le penser ?
Sommes-nous prêts pour les nouvelles institutions que l'on veut bien nous donner ?
J'ai dit au Premier ministre « qu'il fallait renverser les termes du processus et que toute réforme institutionnelle devait être non le point de départ, mais l'aboutissement de la modernisation des esprits et des comportements », car on ne saurait changer la société corse par décret.
Prétendre que ce texte nous rendrait plus responsables revient à tirer un trait sur des relations sociales faites d'accommodements et de transferts permanents de responsabilités avec ceux-là mêmes qui en sollicitent d'autres.
Comment prétendre, enfin, que l'Etat, dont nous avons dénoncé les défaillances depuis vingt ans, serait présent demain plus qu'aujourd'hui quand un statut d'autonomie nous sera consenti, alors même que ceux qui le réclament ne rêvent que de sa disparition, au motif qu'on doit établir des liens avec l'Europe, tout en pratiquant vis-à-vis d'elle - on n'est pas à une contradiction près - la politique de la dérogation permanente ?
C'est parce qu'ils redoutent la disparition de l'Etat et un délitement de la France que certains combattent ce projet de loi au nom de la République.
C'est parce que je redoute un délitement de la Corse que je fais appel à la République.
Les déceptions éprouvées à son endroit ne nous rendent pas ingrats au point de la rejeter. Nous redoutons trop de devenir des citoyens de seconde zone.
Qui nous garantit que la violence disparaîtra alors que quinze mitraillages de gendarmerie ont été commis cette année, alors que la communauté corse a le sentiment que rien dans ce domaine n'a changé par rapport à la situation antérieure aux accords ?
Je le dis avec force, comment l'opinion ne serait-elle pas démoralisée par des images quotidiennes d'occupation des services de l'Etat et par des dossiers jetés par les fenêtres ? Au surplus, qui peut affirmer que la violence ne fera pas son miel, par la menace et le chantage, dans les rapports humains sociaux ou économiques, de manière insidieuse ou occulte ?
Comment des jeunes Corses, dans la concurrence moderne, pourraient-ils demain trouver leur place hors de la République compte tenu des préjugés injustement nourris envers eux ?
Seule la République nous évite l'enfermement et la balkanisation des esprits.
Elle seule nous donne des institutions qui, au nom de l'égalité et des droits, nous permettent de vivre une citoyenneté pleine et entière.
Comment admettre, enfin, que le Premier ministre ait accepté sans réagir qu'un membre de son gouvernement déclare qu'« il vaut mieux perdre la Corse que la République », comme si l'on pouvait perdre l'une sans perdre l'autre ?
Aussi, nous ne saurions le suivre dans son pari sur la Corse. Notre avenir ne saurait être soumis à de tels aléas. Notre île mérite mieux que d'être l'objet d'un pari.
Mes chers collègues, en conclusion, je dirai que ce qui compte, c'est moins ce qu'il y a dans ce texte que ce qui n'y est pas.
Le processus de Matignon et la nouvelle politique ont provoqué dans l'île des chocs profonds. L'immense majorité des Corses se sentent floués et exclus du débat. Nos concitoyens vivent intensément cette période d'incertitude. Ils redoutent, à bon droit, un avenir aux contours incertains.
Loin d'apaiser les passions, le projet du Gouvernement risque de les exacerber et d'accroître nos divisions au lieu de les réduire.
Le Gouvernement va s'acheminer, sans prendre conscience de la portée d'une telle décision, vers une réforme constitutionnelle. Pour les nationalistes, ce sera l'acte fondateur, pour ceux qui sont attachés à la République, un jour difficile à vivre, pour les apprentis sorciers de tous bords, un scrutin comme les autres.
Mais qu'on sache ici et maintenant que, contrairement à la pensée unique que tentent de véhiculer les grands médias nationaux, l'opération d'escamotage à laquelle on va se livrer risque de rencontrer des résistances.
La communauté corse a accepté depuis vingt ans avec patience et, souvent, il faut bien le dire aussi, avec lâcheté, les coups qui lui ont été portés. L'île, qui a donné des empereurs à la France, des cardinaux à Rome, des ministres à la République, mérite mieux que l'évolution néo-calédonienne qu'on veut lui imposer.
Les Corses seront très nombreux à le rappeler, le moment venu, à tous les gouvernements, de droite et de gauche, et à la nation tout entière. (Très bien ! et applaudissements sur certaines travées du RDSE et sur celles de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants. - M. Autexier applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Natali.
M. Paul Natali. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, lors de la première lecture au Sénat du projet de loi relatif à la Corse, je m'étais efforcé, dans mon intervention lors de la discussion générale, d'analyser ce texte sous un angle strictement technique. J'avais alors le ferme espoir que, loin des passions et dans un esprit ouvert et apaisé, les parlementaires des deux chambres, toutes tendances politique confondues, s'efforceraient d'aboutir à un accord conforme à l'intérêt de la Corse.
Hélas ! ce ne fut pas le cas. La commission mixte paritaire fut un échec, l'Assemblée nationale campant sur des positions figées. Même si la navette parlementaire n'est pas terminée, il apparaît d'ores et déjà qu'un consensus ne pourra pas être trouvé.
Vient donc aujourd'hui, pour l'élu corse que je suis, l'heure de dresser un bilan sur deux années de processus qui débouchent, pour l'île, sur un statut de plus et qui soulèvent de sérieuses réserves.
Le constat que je fais part d'une interrogation sur la double finalité que s'était initialement fixée le Gouvernement, à savoir le retour à la paix civile et le développement économique.
Concernant, tout d'abord, le retour à la paix civile, force est de constater que cet objectif n'est malheureusement pas atteint. Nous assistons en effet à une reprise de la violence en Corse, où des faits graves ont été commis, notamment contre les biens de l'Etat, mettant ainsi en péril les personnes.
Cette violence est injustifiable, surtout dans une phase de discussion démocratique. Elle démontre l'échec total du Gouvernement dans ce domaine. Nous avons ainsi la preuve qu'il est impossible, à long terme, de tenir dans un système reposant sur un jeu de dupes et sur des contradictions.
Pour ce qui est du développement économique, ce projet de loi prévoit, certes, la mise en place d'un dispositif intéressant, que le Sénat a d'ailleurs largement contribué à améliorer. Cependant - je le dis sans acharnement critique - je ne suis pas certain que le nouveau système sera aussi favorable que la zone franche. Cette dernière, malgré ses limites, a en effet démontré son rôle foncièrement dynamisant pour l'économie insulaire.
Sur cet aspect du développement économique, je note avec déception les mots virulents prononcés par le rapporteur à l'Assemblée nationale, M. Bruno Leroux, au regard des avancées votées par le Sénat en première lecture. Pour justifier sa volonté de supprimer le bénéfice du crédit d'impôt en faveur de diverses catégories d'entreprises opérant dans des secteurs économiques porteurs en Corse, il a ainsi qualifié, de manière scandaleuse, les dispositions que le Sénat avait adoptées, de « distribution de prébendes » à caractère politique.
De tels propos illustrent malheureusement le fossé qui s'est creusé entre Paris et la Corse.
Pourtant, je tiens à l'affirmer haut et fort, la confiance dans les élus insulaires est le fondement de la réussite de ce projet de loi. Or il apparaît que ce n'est pas le cas.
Ainsi, le débat sur l'article 12 relatif à la loi littoral est particulièrement révélateur. Imagine-t-on que les maires corses vont se livrer à un bétonnage intensif pour peu qu'on leur en donne la possibilité ? C'est bien mal nous connaître ! Les élus corses sont des gens responsables, qui aiment leur île et qui y vivent ! Ils n'ont aucune envie de dénaturer leur environnement. Pour autant, nous souhaitons trouver un juste équilibre entre protection du littoral et développement harmonieux du tourisme.
Chacun en convient, le tourisme est le ferment du développement insulaire. Or l'effet levier ne pourra pas jouer si l'on ne permet pas de constructions, bien entendu limitées et respectueuses de la beauté du littoral.
Je proposerai donc la suppression de l'article 12, de façon que continue à s'appliquer en Corse la réglementation nationale issue des lois Voynet et Pasqua, qui sont très protectrices, mais moins restrictives que le dispositif que risque de prévoir le texte à venir.
Si, dès le début du processus, on avait associé aux discussions l'ensemble des élus corses, notamment les maires, on aurait évité ces déconvenues ! Mais tel fut le choix du Gouvernement et tel demeure le vice originel de ce texte.
Je terminerai mon intervention en abordant deux points essentiels : le plan exceptionnel d'investissement, d'une part, et l'aspect institutionnel, d'autre part.
Concernant le plan exceptionnel d'investissement qui a été présenté par le préfet la semaine dernière, je tiens à faire part de mes inquiétudes : s'il est bon, à l'évidence, d'accorder des crédits, encore faut-il préparer le terrain par une approche cohérente, une concertation, sans quoi le consommation des crédits risque d'être insatisfaisante.
Je citerai un exemple concret : la sortie sud de Bastia. Actuellement, il y a 10 kilomètres de route à quatre voies et nous attendons, depuis longtemps déjà, son prolongement.
Ce dossier a pris beaucoup de retard parce que son instruction a été lente et difficile. J'insiste donc sur la nécessité de bien réunir les conditions pour que les crédits soient effectivement consommés. Si tel n'était pas le cas, ce plan sera un échec.
Enfin, pour ce qui est de l'article 1er, il me semble que la rédaction du Sénat nous mettait à l'abri d'un rejet par le Conseil constitutionnel. Il apparaît en effet clairement, depuis la position exprimée par le Conseil d'Etat, que cette menace pèse sur le projet telle une épée de Damoclès. Mieux aurait valu reporter ce volet du projet de loi à 2004, dès lors qu'une réflexion, même au niveau national, aurait été engagée.
Je crois avoir soulevé les points essentiels sur lesquels je souhaitais revenir au cours de cette nouvelle lecture. Je regrette profondément la tournure qu'a pris l'examen de ce texte, notamment à l'Assemblée nationale.
Ce projet avait suscité de grands espoirs dans l'île. Craignons que la déception ne soit à la mesure de cette espérance initiale ! (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je répondrai brièvement aux orateurs, dont j'ai bien entendu les interventions. En effet, le débat ayant été long en première lecture, j'ai déjà, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, exposé la vision du Gouvernement sur la démarche en cours, sur son contexte comme sur l'ensemble des dispositions du projet de loi, et ce à l'occasion tant de la discussion générale que de l'examen des articles.
Je ne traiterai donc, en complément, que des sujets évoqués par différents orateurs qui méritent un développement, à savoir la légitimité des élus de l'Assemblée de Corse, l'enseignement généralisé de la langue corse, l'aménagement de l'espace et l'adaptation de la loi littoral, la violence et, enfin, l'action de l'Etat en Corse pour l'application de la loi.
S'agissant de la légitimité des élus de l'Assemblée de Corse, voilà maintenant dix ans - depuis la loi de 1991 - que l'Assemblée de Corse a compétence pour présenter des propositions tendant à modifier ou à adapter des dispositions législatives ou réglementaires concernant les compétences, l'organisation et le fonctionnement de l'ensemble des collectivités territoriales de Corse, ainsi que toutes dispositions concernant le développement économique, social et culturel de la Corse. La délibération de l'Assemblée de Corse n'appelle aucune critique à cet égard.
De plus, le même article 26 prévoit aussi que l'Assemblée de Corse est consultée sur les projets de loi ou de décret comportant des dispositions spécifiques à la Corse.
S'agissant de la langue corse, je confirme que son enseignement dans l'horaire normal ne signifie pas son apprentissage obligatoire. La loi de 1991 prévoyait déjà un enseignement « dans le temps scolaire », et l'interprétation du Conseil constitutionnel pour les langues polynésiennes est la même que celle qui est faite de la loi de 1991.
Cela fait donc dix ans que la doctrine est fixée. Pourquoi faudrait-il rouvrir un débat sur cette question ?
Pour ce qui est du CAPES de corse, vous avez, monsieur le rapporteur, dénoncé une situation qu'aucun gouvernement n'a remise en cause. Or je souligne qu'il y a eu alternance depuis !
Au demeurant, si évolution il doit y avoir, elle ne nécessite pas une disposition législative particulière.
S'agissant de l'aménagement de l'espace et de l'adaptation de la loi littoral, les élus de Corse ont fait valoir, lors des discussions menées au premier semestre 2000, combien les spécificités du littoral de Corse le distinguaient des façades maritimes continentales, au point que la loi littoral n'offrait pas les mêmes possibilités qu'ailleurs de conjuguer protection et développement. Partageant ce constat, le Gouvernement avait proposé, dans l'article 12 du projet de loi, des dispositions qui permettaient d'atteindre cet objectif.
Ce texte encadrait rigoureusement les compétences de la collectivité territoriale et ménageait, à tous les stades de la procédure, une participation des institutions concernées, des associations et de la population au moyen de consultations et d'enquêtes publiques.
Ce texte avait été amélioré en première lecture par l'Assemblée nationale. L'excès n'était ni voulu ni possible.
La position du Gouvernement et des élus de Corse a pourtant été vivement critiquée jusqu'à la caricature. Les élus ont été accusés de vouloir bétonner la Corse, et le Gouvernement de leur en donner les moyens.
Votre assemblée a substitué à ce texte un dispositif rendant certes possibles de nouvelles urbanisations, mais dans des conditions de mise en oeuvre particulièrement complexes qui réservaient, de fait, cette possibilité, même si ce n'était pas votre intention, à des grandes unités foncières appartenant à de grands propriétaires, souvent importantes sociétés privées.
La remise au Conservatoire du littoral, sous réserve de l'accord de son conseil d'administration, de surfaces neuf fois supérieures à celles qui sont ouvertes à l'urbanisation est une condition dont je comprends le sens et la portée, mais qui reste difficilement compatible avec le morcellement de la propriété foncière en Corse.
On imagine, de fait, la difficulté d'obtenir l'accord de petits propriétaires pour geler des terrains au seul bénéfice d'un voisin plus chanceux. Aucune des parties au débat, en Corse, n'a exprimé son soutien à de telles dispositions ; personne non plus sur l'ensemble des bancs de l'Assemblée nationale.
Aussi l'Assemblée nationale entendait-elle revenir aux dispositions qu'elle avait adoptées en améliorant encore l'écriture du III de l'article 12. Lors des débats, j'ai pu constater qu'aucun consensus ne pouvait cependant se dégager sur cette importante et sensible question, et qu'une polémique allait à nouveau se développer.
Or le Gouvernement s'est toujours déclaré disponible pour renforcer le consensus autour de cet article, en étant prêt à contribuer à l'amélioration du texte, voire à sa modification.
Aussi ai-je soutenu l'amendement de suppression de cette partie de l'article, considérant que l'élaboration préalable du plan d'aménagement et de développement durable permettrait peut-être d'aborder à nouveau cette question dans de meilleures conditions.
Je suis en effet persuadé que les élus, dont c'est la volonté, auront à coeur d'élaborer un document dont la qualité fera taire, par elle-même, les caricatures et la polémique. Je maintiendrai cette position lors de nos débats.
S'agissant de la violence, les chiffres des attentats, homocides et tentatives sont significativement en diminution, rapportés à ceux que l'on a connus ces vingt-cinq dernières années. La violence n'a néanmoins pas cessé ; mais qui pouvait croire qu'elle cesserait du jour au lendemain ?
Depuis le début de l'année, 135 attentats ont été commis en Corse et 27 ont été revendiqués ou ont fait l'objet d'une saisine de la section antiterroriste du parquet de Paris. Cette situation reste inadmissible, mais il faut rappeler, pour apprécier justement la réalité, que l'on décomptait 290 attentats en 1997, 336 en 1996 et 350 en 1995.
S'agissant des homicides et tentatives, nous en dénombrons 42 en 2001, tendance qui reste à la baisse depuis la seconde moitié de la dernière décennie - il y en avait eu 57 en 1995 et 63 en 1994 et 1993. Sur ces 42 affaires, trois assassinats et deux tentatives sont à connotation « politique », c'est-à-dire revendiqués ou ayant fait l'objet d'une saisine de la section antiterroriste. Dix-sept sont considérés comme des règlements de compte et les dix-neuf autres ont été commis pour des mobiles divers sans rapport avec la criminalité organisée.
Les enquêtes abouties établissent que l'essentiel des homicides et attentats commis ces derniers mois relèvent du banditisme. Là encore, je veux vous confirmer que les services chargés de la sécurité dans l'île ont pour seule consigne de présenter à la justice toutes les personnes que celle-ci recherche.
Ces services travaillent maintenant dans une cohésion qui a souvent fait défaut dans le passé. Leurs rapports avec la justice sont redevenus confiants, comme en témoigne la justice elle-même, qui passe sans que rien ne vienne, maintenant, porter atteinte à son indépendance.
Certains avancent que ces actes restent impunis. Je m'inscris en faux contre de telles allégations délibérément mensongères.
Sur les 42 homicides et tentatives de cette année, seize affaires ont été déjà résolues dans des délais très courts, leurs auteurs présumés interpellés et mis à la disposition de la justice.
S'agissant des attentats élucidés - je rappelle que le taux d'élucidation progresse - plusieurs d'entre eux peuvent être imputés à une même personne au fil des enquêtes. Par ailleurs, le nombre d'auteurs détenus pour de tels faits était de 51 au 31 octobre 2001, donc en progression y compris, ce qui est nouveau, pour les « mitrailleurs de gendarmerie. »
Ces informations que je livre à la représentation nationale sont exactes. La gravité des faits en question ne peut s'accommoder en effet de l'imprécision, et moins encore de la falsification. Elles témoignent aussi de la mobilisation des services.
J'ajoute que je n'ai jamais, comme d'autres l'ont fait, discuté avec des clandestins et que je n'entends pas céder à la violence.
Vous nous reprochez de placer les nationalistes au coeur du débat, mais c'est vous qui le faites en permanence, après avoir tenté de pactiser avec ceux qui agissaient dans la clandestinité et la violence.
Dans la même logique, vous ne faites à aucun moment allusion à vos amis politiques en Corse ;...
M. Dominique Braye. La Corse ne mérite pas de telles provocations ; elle mérite de la sérénité !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. ... le président du Conseil exécutif ou le président de l'Assemblée de Corse, ici présent, que je salue.
Sur les quarante-quatre élus qui se sont exprimés en faveur du projet, trente-six ne sont pas, que je sache, des nationalistes. Une très large majorité d'entre eux sont d'ailleurs vos amis.
Je le dis pour détendre l'atmosphère - elle n'est d'ailleurs pas tendue - la seule solution, semble-t-il, que vous proposiez, c'est la dissolution. Cela devient une coutume sur certaines travées !
M. Dominique Braye. Pensez plutôt à la Corse !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Seuls huit élus se réclament d'une sensibilité nationaliste. Il faut dire les choses telles qu'elles sont, surtout à l'opinion.
J'en viens maintenant à l'action de l'Etat en Corse pour l'application de la loi.
Je ne souhaite pas me contenter ici d'affirmer des intentions ou des principes, ce qui est somme toute aisé. Je veux aussi faire valoir des résultats, ce qui est singulièrement plus convaincant.
L'action pour le respect des lois est, et demeure, une priorité des services de l'Etat en Corse.
C'était déjà, pour les services, une orientation prise de longue date, mais cette orientation est devenue une priorité explicite, qui s'est généralisée à l'ensemble de l'action administrative, notamment dans les secteurs désignés par les inspections générales en 1998.
Le respect des lois a été inscrit au premier rang des priorités retenues par le projet territorial de l'Etat en Corse, qui a été approuvé le 7 mars 2001.
Aujourd'hui, cet effort se poursuit. Les services travaillent. Le cap est et sera maintenu.
Les résultats sont là.
Le contrôle de légalité s'est beaucoup développé, en quantité et en qualité. Les indicateurs d'activité dépassent radicalement toutes les moyennes nationales.
S'agissant du contrôle budgétaire, les déficits des grandes communes ont été dépistés et signalés à la chambre régionale des comptes.
L'Etat a assuré la maîtrise de l'urbanisme sur l'ensemble de la chaîne : doctrine, planification, décision, contrôle, surveillance et exécution des jugements.
S'agissant des listes électorales, les effectifs n'ont toujours pas retrouvé le niveau d'avant 1992. Lors de la révision 2000-2001, qui précédait les municipales, le contrôle a atteint une ampleur sans précédent.
S'agissant par ailleurs des polices administratives, les procédures - armes, explosifs, etc. - ont été renforcées. La récupération des armes illégalement détenues est bien avancée.
S'agissant, enfin, des prestations sociales, les réorganisations et les plans de contrôle ont produit une baisse très sensible du nombre de bénéficiaires du RMI et de pensionnés - entre 15 % et 25 % suivant les indicateurs, en deux ans.
Il faut aussi citer trois autres points.
Le premier est le plan d'action pour le respect de la loi fiscale. Les retards de déclaration de TVA de plus de six mois sont passés de 43 % en 1993 à 1 % en 2000 et, en matière de recouvrement, l'écart à la moyenne nationale a été réduit de moitié entre 1997 et 2000.
Le deuxième vise la gestion des fonds européens : les procédures ont été complètement reconstruites pour garantir le bon emploi et le contrôle des deniers publics.
Le troisième concerne la lutte contre le travail clandestin. Le nombre des déclarations préalables à l'embauche a augmenté de 53 % entre 1997 et 1999, et à nouveau de 23 % en 2000.
En cette manière comme dans d'autres, je regrette que la réalité soit souvent caricaturée sur le continent. Les instructions du Gouvernement sont claires et constantes : la loi républicaine doit s'appliquer en Corse, comme ailleurs, sans faiblesse, mais sans acharnement non plus. Pourquoi faudrait-il que la Corse soit plus vertueuse que d'autres régions ? Pourquoi ses élus seraient-ils considérés comme moins responsables et moins compétents ?
Je tiens à souligner le travail remarquable effectué par l'ensemble des fonctionnaires qui servent en Corse. Je n'ai jamais manqué de les assurer du soutien du Gouvernement quand ils ont été victimes d'agression.
Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, les éléments de réponse que je souhaitais vous donner, y compris, dans la dernière partie de mon intervention, sur le rôle de l'Etat. Les chiffres que je vous ai fournis sont incontestables, même s'ils gênent un certain nombre d'élus sur ces travées ! (Applaudissements sur les travées socialistes.)

Exception d'irrecevabilité



M. le président.
Je suis saisi par MM. Autexier, Autain, Biarnès et Loridant d'une motion n° 1, tendant à opposer l'exception d'irrecevabilité.
Cette motion est ainsi rédigée :
« En application de l'article 44, alinéa 2, du règlement, le Sénat déclare irrecevable le projet de loi adopté par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, relatif à la Corse (n° 111). »
Je rappelle que, en application du dernier alinéa de l'article 44 du règlement du Sénat, ont seuls droit à la parole sur cette motion l'auteur de l'initiative ou son représentant, pour quinze minutes, un orateur d'opinion contraire, pour quinze minutes également, le président ou le rapporteur de la commission saisie au fond et le Gouvernement.
La parole peut être accordée pour explication de vote, pour une durée n'excédant pas cinq minutes, à un représentant de chaque groupe.
La parole est à M. Autexier, auteur de la motion.
M. Jean-Yves Autexier. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, rien de ce qui s'est passé depuis le 6 novembre dernier, date d'examen par le Sénat en première lecture de ce projet de loi, rien de ce qui s'est passé dans l'île ou à Paris n'est de nature à changer le jugement que l'on peut porter sur le projet de loi lui-même.
Dans l'île, la violence demeure à un haut niveau : plus de trente assassinats et, cette semaine même, l'assassinat d'un commerçant qu'on dit lié à l'une des factions d'Armata Corsa, fruit des querelles de clans ranimées dès lors que l'un des clans nationalistes paraît privilégié dans l'écoute que lui porte le Gouvernement. Quoi d'étonnant à ce que les rivalités s'enflamment ? Cette nuit même a eu lieu un plastiquage à Piana.
Le procès d'Ajaccio a bien montré à quel point un épisode déplorable, mais limité, a permis de couvrir un changement à cent quatre-vingt degrés de la politique gouvernementale en Corse.
J'ajoute que les élus, peu nombreux, qui se sont opposés au principe même du processus de Matignon ne se sont pas vu désavoués par les électeurs corses : j'ai le plaisir de voir M. Alfonsi présent sur ces travées.
M. Jean-Pierre Bel. Ils sont élus par beaucoup d'autres !
M. Jean-Yves Autexier. A Paris, l'Assemblée nationale a supprimé les dispositions de la loi littoral, qui faisaient pourtant partie intégrante de ce texte. Elle a bien fait ! Il aurait fallu aller plus loin et, à force de dépouiller un texte dont les principes sont contestables, en tirer les conséquences. Je m'en réjouis, naturellement.
Mais l'article 1er demeure, et c'est sur cet article que portent les réserves quant à la constitutionnalité du texte dans son ensemble.
La dévolution du pouvoir réglementaire est déjà strictement encadrée par la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Il est très vigilant ! Pourquoi est-il très vigilant ? Il l'est au nom d'un principe qui n'est pas banal : le principe d'égalité. Le pouvoir réglementaire appartient au Gouvernement, au Premier ministre, et il ne peut être délégué dans des conditions qui laisseraient quelque ambiguïté que ce soit sur l'égalité des textes réglementaires appliqués à nos concitoyens où qu'ils se trouvent sur le territoire de la République. Par conséquent, cette dévolution du pouvoir réglementaire se heurtera déjà à des objections importantes.
Quant à la dévolution du pouvoir législatif, il ne me paraît pas sérieux de vouloir l'assimiler à la décision du Conseil constitutionnel du 28 juillet 1993, ni de considérer que le pouvoir d'expérimentation accordé à un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel puisse être étendu à une collectivité territoriale.
En réalité, le pouvoir d'adaptation donné à une assemblée territoriale, c'est le pouvoir de changer la loi, car, au terme du processus, la loi sera différente selon que l'on se trouve à Ajaccio ou à Orléans. C'est bien encore un principe fondamental, celui de l'égalité des citoyens devant la loi, qui se trouvera contredit.
Ces deux dispositifs suffiraient à caractériser l'anti-constitutionnalité du projet de loi qui nous est soumis.
L'apprentissage de la langue corse depuis la maternelle est également un motif d'incompréhension. L'article 2 de la Constitution est clair : « La langue de la République est le français. » Déjà, le Conseil d'Etat a sanctionné des dispositions concernant l'insertion dans le service public d'écoles pratiquant l'enseignement d'une langue régionale par immersion où le français devenait langue étrangère.
Naturellement, le mot « obligatoire » ne figure pas dans le texte, mais en inscrivant dans les horaires normaux de l'école depuis la maternelle l'enseignement de la langue corse, on voit bien que c'est se soustraire au rythme normal de l'école.
Le recteur Jacques Pantaloni a réglé cela depuis longtemps puisque, par une circulaire, il avait indiqué que l'enseignement était obligatoire et que les parents qui entendaient y soustraire leurs enfants devaient en justifier devant le chef d'établissement. S'ils persistaient, il faudrait qu'ils s'astreignent à un cours de langue et culture corses. Par conséquent, les choses avancent.
L'assimilation à la Polynésie-française n'est pas réaliste. Sans avoir recours à la notion de temps long en histoire, bien que je sois, comme beaucoup d'entre vous, lecteur de Fernand Braudel, on ne peut pas assimiler la Polynésie-française à la Corse. Il n'y avait pas de délégation polynésienne en 1790 à la fête de la Fédération. L'appartenance de la Corse à la République est pleine et entière, et depuis longtemps. La Polynésie française est plus lointaine.
Cette affaire débouchera inéluctablement sur la revendication de « corsisation » des emplois, car, naturellement, chez les indépendantistes, la satisfaction d'une revendication n'est qu'une marche permettant d'aboutir à la seconde demande : la « corsisation » des emplois fera l'objet du débat. On nous expliquera que l'on ne peut pas nommer des agents publics ou des fonctionnaires qui ne seraient pas capables de répondre en langue corse aux guichets de nos administrations. Ce qui faisait l'ouverture, le brassage, utile à la Corse comme à tous nos départements, sera perdu de vue.
C'est évidemment aller à rebours du principe républicain de citoyenneté qui fait que, lorsqu'on demandait à Robespierre ce qu'était un Français, il n'avait qu'une réponse : c'est un citoyen de la République française. Car il n'y a aucun autre critère que le vouloir vivre ensemble : il n'y a ni critère d'origine ni critère de race ou de religion dans le principe de citoyenneté. Pourquoi l'écorner aujourd'hui ? On ne peut pas l'écorner sans encourir l'inconstitutionnalité.
J'ajoute que le principe d'autorité de la loi, sur lequel doit reposer le fonctionnement des pouvoirs publics, est mis en cause. On nous explique dans le préambule que cette loi n'est qu'un hors-d'oeuvre destiné à attendre la réforme de la Constitution qui, en 2004, ouvrira la porte à de nouveaux débordements. Mais on ne peut pas considérer la loi comme transitoire ! C'est « la loi Kleenex pour Constitution variable ».
Lorsqu'on veut rétablir l'état de droit partout, y compris dans nos quartiers difficiles, on ne peut pas commencer par dévaloriser la loi au sommet.
Et puis, tout ce texte - cela a été dit avec plus de talent par d'autres - est écrit pour complaire aux thèses des indépendantistes. Ce n'est pas le débat parlementaire qui place les indépendantistes sur un piédestal : les accords dits « de Matignon » ont été conclus sur les bases posées par les indépendantistes.
Si l'Assemblée de Corse est revenue sur son vote - dans un premier temps, elle avait adopté la motion Zuccarelli contre la motion Rossi - les élus de Corse le disent eux-mêmes, c'est parce qu'il fallait aboutir à un accord. Avec qui ? Avec les indépendantistes !
Si le Gouvernement a changé d'avis entre le 6 juillet et le 20 juillet, c'est parce qu'il fallait aboutir à un accord. Avec qui ? Avec les indépendantistes !
C'est la recherche de l'accord avec les indépendantistes qui a dicté les termes de celui-ci. Voilà pourquoi il est vicié dès l'origine. La violence obtient du Gouvernement ce qui ne peut être obtenu des urnes. Une démocratie ne peut pas fonctionner dans ces conditions. (Très bien ! sur les travées du RPR.) La question de la violence dans la démocratie est posée. Or, encore une fois, la République s'adosse à des principes. Il n'y a pas de monopole de la République. Pour personne ! Tout ce que je souhaite, c'est que ses exigences soient partagées par le plus grand nombre.
On nous parle de nostalgie. L'égalité des citoyens devant la loi, je souhaiterais que ce ne fût pas une nostalgie. Le principe de citoyenneté déliée des origines, je souhaiterais que ce ne fût pas une nostalgie. Le fait que le Parlement vote seul la loi égale pour tous, je souhaiterais que ce ne fût pas un lointain souvenir. L'autorité de la loi face à la violence, je souhaiterais que ce ne fût pas une nostalgie.
Ce qui rend les Républicains nostalgiques, c'est non pas la République mais la disparition de ses principes. En Corse comme ailleurs, ceux qui croient pouvoir s'en délier n'en récolteront que des fruits amers. La surenchère des indépendantistes qui n'y voient que faiblesse - je rappelle qu'ils représentent une part infime des Corses, que l'immense majorité est attachée corps et âme à la France et à la République - rencontrera la résignation, la désolation de tous ceux qui ont la tâche difficile de défendre l'Etat et l'intérêt général.
Et puis, c'est l'absence de perspectives qui privera les énergies corses, d'où qu'elles soient, et les énergies populaires en premier lieu, d'un horizon pour s'investir dans le développement économique, qui est, comme on l'a dit, la priorité des priorités.
Nous avons le devoir de protéger nos concitoyens corses. Nous ne pouvons pas les laisser à la merci des violences et des chantages. Nous avons le devoir de protéger l'immense majorité de nos concitoyens corses qui veulent vivre dans la République à égalité de droits et de devoirs.
Je terminerai d'un mot en disant que, souvent, on souhaite réhabiliter le rôle du Parlement. On peut naturellement s'en remettre au Conseil constitutionnel du soin de dire si un projet de loi est conforme ou non à la Constitution. Mais il me semble que, si nous prenons le Parlement au sérieux - je rappelle la formule de Claude Nicolet : « La République, personne n'en a le monopole, mais la République, c'est le parti de ceux qui prennent ses principes au sérieux. » - et si nous constatons qu'un projet de loi est contraire à la Constitution, notre devoir est non pas de s'en remettre au Conseil constitutionnel du soin de le déclarer, mais de le juger nous-mêmes.
C'est l'objet d'une motion d'irrecevabilité. C'est pourquoi, en nouvelle lecture, et dans les mêmes termes, je la soumets au vote du Sénat. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur celles du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale sur la Corse. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous venons d'entendre pour la seconde fois, et avec un talent équivalent à celui de l'orateur qui avait déjà soutenu cette motion, notre collègue Jean-Yves Autexier nous présenter une motion d'irrecevabilité.
Je pourrais lui dire, reprenant l'adage latin, que l'on peut perséverer, mais, qu'en l'espèce, ce n'est pas diabolique, parce que, après tout, il a peut-être raison. C'est, je crois, au Conseil constitutionnel de le dire.
Lorsque je propose à la Haute Assemblée de ne pas accepter la motion qui vient d'être présentée, ce n'est pas pour des raisons de fond. Et si j'avais eu quelques doutes quant à la position que je propose en cet instant, le remarquable propos de notre collègue Nicolas Alfonsi m'aurait conforté dans l'attitude à laquelle nous devons, me semble-t-il, nous rallier.
Quel a été, en l'espèce, le rôle de la commission spéciale que vous avez bien voulu désigner, mes chers collègues, dont vous m'avez confié la présidence, et qui a abouti au remarquable rapport de Paul Girod ? Il a été tel que nous ne voudrions pas, en cet instant, que le débat soit en quelque sorte tronqué par l'acceptation de cette motion d'irrecevabilité.
Nous avons pris des positions, et il nous paraît nécessaire de les exprimer à nouveau. Qu'a fait la commission ? Sans avoir besoin de la moindre directive de qui que ce soit, elle a accompli la tâche qui était la sienne : elle s'est rendue en Corse et elle s'est efforcée de comprendre. Je crois qu'elle a compris ce qu'était, une fois de plus, le problème posé qui, reconnaissons-le, est à la limite de la guerre de Trente Ans : cela fait, hélas ! vingt-cinq ans que les premiers incidents ont éclaté et nous ont conduits à la situation que nous connaissons aujourd'hui et qui ne s'est pas encore améliorée.
Plusieurs tentatives ont été faites. Toutes ont échoué. Une autre tentative a été faite par l'actuel Gouvernement, qui a voulu aborder le problème d'une façon différente en instituant une sorte de dialogue avec l'ensemble des élus des départements corses. Est-ce un échec ? Sans aucun doute, dans une certaine mesure. Est-ce un échec total ? Je n'en suis pas persuadé, car l'idée même de dialogue est toujours une idée essentielle.
Comme l'a fort bien dit M. Alfonsi, le propos de M. Sarkozy était choquant quand il prétendait que l'on dialoguait par nécessité avec ses ennemis : notre séjour dans les départements corses et encore notre récent séjour ont montré, une fois de plus, que nos compatriotes n'étaient pas nos ennemis.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Ce n'était qu'une formule !
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale. Certes...
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. N'exagérons rien !
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale. ... mais elle n'était pas heureuse ! J'ai bien le droit de le dire, mon cher collègue !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Elle était malheureuse, sans plus !
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale. Si elle n'était pas heureuse, elle était malheureuse ! (Sourires.)
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Ce n'est pas la peine d'y insister mille ans !
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale. Notre propos a été de persuader tous ceux qui sont associés à ce qu'il est convenu d'appeler le processus de Matignon que nous étions à leur écoute, que nous voulions comprendre et que nous voulions parvenir à dégager des solutions.
Notre ami Jean-Pierre Raffarin a parfaitement dessiné les contours de ce qui pourrait être un projet pour l'avenir. Car il y aura sans aucun doute une évolution générale des structures de ce pays, et c'est dans cette évolution que la solution aux problèmes actuels de la Corse, avec ses spécificités, apparaîtra possible.
Si nous souhaitons, en cet instant, continuer l'examen de ce texte, ce que l'adoption de la motion ne nous permettrait pas, c'est que nous entendons, une fois de plus, mettre l'accent sur un certain nombre de ses dispositions essentielles.
Sur l'article 1er, objet presque essentiel de la discussion, le Conseil constitutionnel, qui sera sans doute saisi par certains d'entre nous, dira ce qu'il y a lieu de dire. Dans quel sens se prononcera-t-il ? Nous le verrons !
S'agissant de l'article 7, relatif à la langue corse, il ne faut pas s'étonner de constater que nos compatriotes de Corse souhaitent maintenir la langue et l'étude de la langue, qu'ils considèrent comme un élément essentiel de leur culture.
Tels sont les articles de ce projet de loi que nous entendons discuter une nouvelle fois, et nous souhaitons que notre proposition soit prise pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une sorte de protestation - je l'ai dit à la tribune - contre ceux qui, en métropole, croient pouvoir dire que, après tout, si les Corses veulent l'indépendance, ils n'ont qu'à la prendre. C'est un propos extrêmement dangereux.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Celui-là, oui !
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale. C'est aussi, pour nous, le moyen d'affirmer notre considération pour l'ensemble de nos compatriotes de Corse et notre volonté de dégager un certain nombre de pistes qui, si elles ne trouvent pas d'application concrète dans l'immédiat parce qu'elles ne seront pas retenues par l'Assemblée nationale, pourront servir, je l'espère, en tout cas, à des évolutions futures que nous ne refusons pas. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Mesdames, messieurs les sénateurs, vous êtes à nouveau saisis d'une motion tendant à déclarer irrecevable le projet de loi au motif que ce texte serait anticonstitutionnel.
Avant de donner l'avis du Gouvernement et donc de répondre à mon ami Jean-Yves Autexier, je veux dire que j'ai beaucoup de plaisir à voir siéger ici M. Nicolas Alfonsi. Sans être un grand expert en matière électorale, il me semble que son élection, M. Nicolas Alfonsi la doit d'abord à ses talents personnels...
M. Nicolas Alfonsi. Le contraire serait vexant !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. ... mais aussi au soutien qu'il a reçu, notamment, du nouveau maire d'Ajaccio, élu dans les conditions que l'on sait, et dont je ne crois pas qu'il se soit prononcé contre le processus de Matignon.
En fait, monsieur Alfonsi, vous devez davantage votre élection à ceux que je viens de citer...
M. Dominique Braye. Ne personnalisez pas le débat !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. ... qu'à ceux qui se prononcent régulièrement contre le processus de Matignon.
M. Dominique Braye. C'est scandaleux !
M. Nicolas Alfonsi. Mon élection, je la dois à tout le monde !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Mais revenons au fond.
Je relève, tout d'abord, que cette motion porte sur l'ensemble du texte, alors que votre règlement ne permet d'évoquer un tel motif que sur certains articles particuliers. L'exception d'irrecevabilité devient, sinon, une sorte de question préalable.
Sur le seul terrain du droit, j'ai déjà eu l'occasion, lors de la précédente lecture, de développer longuement les éléments d'analyse doctrinaux ou jurisprudentiels qui nous permettent de soutenir que ce texte ne contreviendrait ni à la Constitution ni à la jurisprudence du Conseil constitutionnel. Il ne me paraît pas, dès lors, indispensable de reprendre à l'identique les termes de cette première intervention, n'ayant rien à ajouter ou à retrancher.
Mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez déjà rejeté, en première lecture, une telle motion ; je vous invite à confirmer ce vote. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Je vais mettre aux voix la motion n° 1 tendant à opposer l'exception d'irrecevabilité.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Je souhaite vous interroger, monsieur Larché : n'y a-t-il pas une une contradiction dans votre discours ?
Vous savez, monsieur le président, l'estime que je vous porte et l'attention que j'accorde aux positions que vous prenez. Mais la motion qui nous est soumise, défendue, à l'instant, avec un très grand talent, consiste à dire que le texte n'est pas constitutionnel. Or, vous nous proposez de rejeter la motion, ce qui signifie que nous considérons que le projet de loi qui nous est soumis est constitutionnel. Et nous allons, ensuite, saisir le Conseil constitutionnel au motif que nous estimons que le texte est anticonstitutionnel ? Alors même que nous avons rejeté une motion qui tendait aux mêmes fins ?
Encore une fois, n'y a-t-il pas là une contradiction ? C'est ma question.
M. Raymond Courrière. Il ne faut pas saisir le Conseil constitutionnel. On gagnera du temps !
M. le président. Je mets aux voix la motion n° 1, repoussée par la commission et par le Gouvernement.
Je rappelle que son adoption entraînerait le rejet du projet de loi.

(La motion n'est pas adoptée.) M. le président. Nous passons donc à la discussion des articles.
Je rappelle que, aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des projets de loi, la discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

Article 1er A



M. le président.
L'article 1er A a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 2, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 1er A dans la rédaction suivante :
« La collectivité territoriale de Corse présente des spécificités qui résultent, notamment, de son insularité et de son relief, de son histoire et de sa culture. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Tout à l'heure, notre collègue M. Alfonsi, dont chacun ici a pu apprécier le talent et l'argumentation, nous a expliqué qu'il était, au nom de ses convictions, en guerre contre l'exposé des motifs du projet de loi. C'est un point sur lequel, malheureusement, une assemblée comme la nôtre ne peut pas se prononcer.
L'exposé des motifs, c'est, suivi de la signature du ministre et de celle du Premier ministre, ce que l'un et l'autre proposent. Mais nous avons à nous prononcer sur les articles, et non sur l'exposé des motifs.
Je dois vous dire que, à sa très grande majorité, la commission spéciale partage votre analyse de cet exposé des motifs, monsieur Alfonsi : en aucun cas nous n'acceptons de penser qu'il faille légiférer pour la Corse au motif que la violence y règne. Là n'est pas la spécificité que nous entendons lui reconnaître.
L'article 1er A, voté en première lecture par le Sénat, a été écarté d'un revers de la main par l'Assemblée nationale. Usant de qualificatifs que je situerai à la limite de la bienséance, l'Assemblée nationale a déclaré que le Sénat, par cet amendement, se donnait bonne conscience, et que le dispositif étant sans portée normative.
Peut-être est-ce l'un de ces fameux articles à portée psychologique et pédagogique que nous sommes nombreux, partisans du droit positif, à essayer de débusquer dans nos textes. Mais, pour une fois, comparaison n'est pas raison, car c'est notre seul moyen d'affirmer notre désaccord total avec l'esprit de l'exposé des motifs du projet de loi qui nous est soumis.
Nous n'avons que ce moyen pour dire que, si des dispositions spécifiques doivent être prises en faveur de la Corse, c'est pour aider à son développement, et non parce que la violence y règne, ni, d'ailleurs, parce que la violence y est considérée autrement aujourd'hui qu'hier. Au reste, ce qui s'est passé cette nuit à Piana, ville que connaît bien notre collègue M. Alfonsi, mérite probablement quelques analyses complémentaires.
Par conséquent, je suis amené, au nom de la commission spéciale, à soumettre à nouveau au Sénat cet article 1er A, qui précise que, s'il existe des dispositions législatives particulières pour la Corse, c'est parce que c'est une île, parce que c'est une montagne dans l'eau et parce que ceux qui y habitent sont les héritiers de traditions et d'une culture séculaires. En aucun cas pour d'autres motifs !
Cet article, mes chers collègues, considéré avec dédain et désinvolture par l'Assemblée nationale, a, en réalité, une importance morale sur laquelle je me permets d'attirer votre attention.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Mesdames, messieurs les sénateurs, vous me permettez d'être bref, étant donné le nombre d'interventions auxquelles la précédente lecture a donné lieu.
Sur l'amendement n° 2, le Gouvernement s'en était remis à la sagesse du Sénat en première lecture, tout en relevant la nécessité de revoir la rédaction de ce dispositif de nature déclaratoire.
Il est à remarquer, en effet, que cet amendement procède à un simple rétablissement de la disposition énumérant certaines des spécificités de la Corse.
Par ailleurs, compte tenu des positions prises par le Sénat sur l'ensemble du projet de loi, le Gouvernement n'est pas convaincu de l'intérêt de rétablir l'article 1er A. J'émets donc un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 2, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 1er A est rétabli dans cette rédaction.

TITRE Ier

DE L'ORGANISATION ET DES COMPÉTENCES
DE LA COLLECTIVITÉ TERRITORIALE DE CORSE

Chapitre Ier

Du régime juridique des actes
de l'Assemblée de Corse

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. - Les articles L. 4424-1 et L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales sont remplacés par trois articles L. 4424-1, L. 4424-2 et L. 4424-2-1 ainsi rédigés :
« Art. L. 4424-1 . - L'Assemblée règle par ses délibérations les affaires de la Corse. Elle contrôle le conseil exécutif.
« L'Assemblée vote le budget, arrête le compte administratif, adopte le plan d'aménagement et de développement durable de Corse.
« Art. L. 4424-2 . - I. - De sa propre initiative ou à la demande du conseil exécutif, ou à celle du Premier ministre, l'Assemblée de Corse peut présenter des propositions tendant à modifier ou à adapter des dispositions réglementaires en vigueur ou en cours d'élaboration concernant les compétences, l'organisation et le fonctionnement de l'ensemble des collectivités territoriales de Corse, ainsi que toutes dispositions réglementaires concernant le développement économique, social et culturel de la Corse.
« Les propositions adoptées par l'Assemblée de Corse en application de l'alinéa précédent sont adressées au président du conseil exécutif qui les transmet au Premier ministre et au représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse.
« II. - Le pouvoir réglementaire de la collectivité territoriale de Corse s'exerce dans le cadre des compétences qui lui sont dévolues par la loi.
« Sans préjudice des dispositions qui précèdent, dans le respect de l'article 21 de la Constitution, et pour la mise en oeuvre des compétences qui lui sont dévolues en vertu de la partie législative du présent code, la collectivité territoriale de Corse peut demander à être habilitée par le législateur à fixer des règles adaptées aux spécificités de l'île, sauf lorsqu'est en cause l'exercice d'une liberté individuelle ou d'un droit fondamental.
« La demande prévue à l'alinéa précédent est faite par délibération motivée de l'Assemblée de Corse, prise à l'initiative du conseil exécutif ou de l'Assemblée de Corse après rapport de ce conseil. Elle est transmise par le président du conseil exécutif au Premier ministre et au représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse.
« III. - De sa propre initiative ou à la demande du conseil exécutif, ou à celle du Premier ministre, l'Assemblée de Corse peut présenter des propositions tendant à modifier ou à adapter des dispositions législatives en vigueur ou en cours d'élaboration concernant les compétences, l'organisation et le fonctionnement de l'ensemble des collectivités territoriales de Corse, ainsi que toutes dispositions législatives concernant le développement économique, social et culturel de la Corse.
« Les propositions adoptées par l'Assemblée de Corse en application de l'alinéa précédent sont adressées au président du conseil exécutif qui les transmet au Premier ministre et au représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse.
« IV. - Lorsque l'Assemblée de Corse estime que les dispositions législatives en vigueur ou en cours d'élaboration présentent, pour l'exercice des compétences de la collectivité territoriale, des difficultés d'application liées aux spécificités de l'île, elle peut demander au Gouvernement que le législateur lui ouvre la possibilité de procéder à des expérimentations comportant le cas échéant des dérogations aux règles en vigueur, en vue de l'adoption ultérieure par le Parlement de dispositions législatives appropriées.
« La demande prévue à l'alinéa précédent est faite par délibération motivée de l'Assemblée de Corse, prise à l'initiative du conseil exécutif ou de l'Assemblée de Corse après rapport de ce conseil. Elle est transmise par le président du conseil exécutif au Premier ministre et au représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse.
« La loi fixe la nature et la portée de ces expérimentations, ainsi que les cas, conditions et délai dans lesquels la collectivité territoriale pourra faire application de ces dispositions. Elle fixe également les modalités d'information du Parlement sur leur mise en oeuvre. L'évaluation continue de cette expérimentation est confiée, dans chaque assemblée, à une commission composée à la représentation proportionnelle des groupes. Cette commission présente des rapports d'évaluation qui peuvent conduire le législateur à mettre fin à l'expérimentation avant le terme prévu.
« Les mesures prises à titre expérimental par la collectivité territoriale de Corse cessent de produire leur effet au terme du délai fixé si le Parlement, au vu du rapport d'évaluation qui lui est fourni, n'a pas procédé à leur adoption.
« V. - L'Assemblée de Corse est consultée sur les projets et les propositions de loi ou de décret comportant des dispositions spécifiques à la Corse.
« Elle dispose d'un délai d'un mois pour rendre son avis. Ce délai est réduit à quinze jours en cas d'urgence, sur demande du représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse. Le délai expiré, l'avis est réputé avoir été donné.
« Les avis adoptés par l'Assemblée de Corse en application du présent V sont adressés au président du conseil exécutif qui les transmet au Premier ministre et au représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse. Les avis relatifs aux propositions de loi sont transmis par le président du conseil exécutif au Premier ministre ainsi qu'aux présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.
« VI. - Par accord entre le président de l'Assemblée de Corse et le représentant de l'Etat, celui-ci est entendu par l'Assemblée sur les suites que le Gouvernement entend réserver aux propositions, demandes et avis mentionnés aux I à IV.
« Cette communication peut donner lieu à un débat sans vote.
« Art. L. 4424-2-1 . - Les propositions, demandes et avis adoptés par l'Assemblée de Corse en application des I à IV de l'article L. 4424-2 sont publiés au Journal officiel de la République française. »

ARTICLE L. 4424-1
DU CODE GÉNÉRAL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

M. le président. L'amendement n° 3, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "les affaires de la Corse" par les mots : "les affaires de la collectivité territoriale de Corse". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. La discussion générale a montré que l'article 1er est l'un des pivots du projet de loi ; d'ailleurs, l'Assemblée nationale, en commission mixte paritaire, l'a déclaré intangible.
Dans le même esprit, vous nous avez expliqué, en première lecture, monsieur le ministre, que le projet de loi était un tout et que le programme exceptionnel d'investissement, les dispositions fiscales sur l'aide à l'investissement des entreprises, les mesures spécifiques diverses en faveur du développement de l'île n'étaient pas séparables de deux ou trois autres dispositions phares au nombre desquelles il fallait compter les articles 1er, 7 et 12.
Mais nous savons ce qu'il reste de ces articles, ce qui prouve que le « tout » était tout de même plus « séparable » - je parle de l'article 12 - que vous n'avez bien voulu le reconnaître en première lecture !
Bref, l'article 1er revient de l'Assemblée nationale intact, à une disposition près : l'instauration d'un système d'observation des éventuelles expérimentations législatives.
L'opinion de la commission spéciale, dans sa majorité, n'a pas changé sur l'aspect inconstitutionnel de ces expérimentations variées, qu'elles soient d'ordre réglementaire ou d'ordre législatif.
Pour répondre à la question que posait M. Bret tout à l'heure, si la commission spéciale n'a pas repris la proposition en quelque sorte transactionnelle que j'avais avancée en matière de pouvoir réglementaire, dans l'espoir que l'Assemblée nationale serait touchée par le bon sens lors de la réunion de la commission mixte paritaire - ce fut une déception de plus, mais nous ne sommes plus à cela près ! - c'est qu'elle était redondante.
Je rappellerai ce que la commission mixte paritaire avait présenté comme un ajout et qui a peut-être troublé certains : j'avais proposé que, dans les cas expressément fixés par le présent chapitre, l'Assemblée de Corse soit habilitée, dans le respect des lois et règlements, à fixer les règles nécessaires à la mise en oeuvre de ses attributions. C'était une disposition de droit public qu'il nous paraissait plus clair de préciser, mais qui n'était pas essentielle à la clarté du débat, si bien que nous ne l'avons pas reprise en seconde lecture.
Les propositions de la commission spéciale, mes chers collègues, tiennent en un certain nombre d'amendements tendant à revenir au texte que nous avons adopté en première lecture.
Il s'agit d'abord de lever toute équivoque et d'exclure la tutelle d'une collectivité territoriale sur une autre. Tel est le sens de l'amendement n° 3, qui ramène l'Assemblée de Corse à l'exacte mesure de ses pouvoirs : elle s'occupe des affaires de la collectivité de Corse, et non de toutes les affaires de Corse ; en particulier, elle laisse de côté celles qui sont du ressort des communes ou des départements, a fortiori de l'Etat - nous y reviendrons probablement.
L'amendement n° 3 tend donc à préciser ce que sont - et ne doivent cesser d'être - les responsabilités de la collectivité territoriale et de son assemblée délibérante.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Sur tous les amendements qui visent à rétablir le texte du Sénat, et pour les raisons que j'ai évoquées à l'instant, j'émets un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 3, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 4424-2
DU CODE GÉNÉRAL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

M. le président. L'amendement n° 4, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du I du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer (deux fois) les mots : "dispositions réglementaires" par les mots : "dispositions législatives ou réglementaires". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. J'ai rappelé à l'instant la philosophie de la commission spéciale sur l'article 1er, qui concerne les pouvoirs expérimentaux à caractère réglementaire et législatif de l'Assemblée de Corse.
Si vous le permettez, monsieur le président, je défendrai en une seule fois les amendements n°s 4, 5, 6 et 7 ; en effet, ils tendent à revenir à la rédaction précédemment adoptée par le Sénat, qui rétablit et améliore les modalités d'application de l'article 26 du statut de 1991 donnant à l'Assemblée de Corse, pour reprendre une expression de l'Ancien Régime, un droit de remontrance à l'égard du pouvoir central sur les dispositions réglementaires ou législatives, en vigueur ou en préparation, concernant la Corse.
Ils limitent toutefois ce droit à un pouvoir de représentation vis-à-vis du Gouvernement, sans permettre aucune dérive - qui nous semblerait tout à fait inopportune et, par-dessus le marché, inconstitutionnelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement ne peut qu'être défavorable à la réécriture de l'article 1er, qui se limite à reprendre les dispositions actuellement en vigueur sur le pouvoir de proposition de l'Assemblée de Corse en matière législative et réglementaire.
L'amendement tend à supprimer la faculté, pour le législateur, d'habiliter la collectivité territoriale à exercer un pouvoir réglementaire dans le champ de ses compétences et de l'autoriser à expérimenter des dispositions dérogatoires à la loi, bien que le projet de loi fixe à cette faculté un encadrement strict.
J'émets donc un avis défavorable sur l'amendement n° 4, ainsi que, par avance, sur les amendements n°s 5, 6 et 7.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 4, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 5, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer le II du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales. »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 6, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer le III du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales. »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 6, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 7, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer les premier et deuxième alinéas et les deux premières phrases du troisième alinéa du IV du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales. »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 7, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 8, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer les deux dernières phrases du troisième alinéa du IV du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Nos collègues de l'Assemblée nationale, qui ont une imagination souvent fertile, ont essayé d'encadrer la possibilité supposée d'expérimentation législative.
Nous avons prévu un certain nombre de dispositifs d'application de l'article 26 du statut de 1991. Les députés, eux, sur l'initiative de l'un des partis de la majorité plurielle, ont élaboré une curieuse procédure passant par l'institution, au sein de chaque assemblée, d'une commission chargée d'évaluer les expérimentations. Cela m'inspire quelques réflexions.
D'abord, les expérimentations n'auront jamais lieu, soyons clairs. Monsieur le ministre, cela s'assimile aux bandes-annonces que l'on projette avant le film ; mais la bande-annonce ne sera jamais le film ! Or l'article 1er n'est qu'une bande-annonce.
Il faut être sérieux : ou bien l'article 1er est inconstitutionnel - hypothèse qu'avancent certains de nos collègues, notamment M. Autexier, et à laquelle je souscris - et le Conseil constitutionnel l'invalidera ; ou bien il est constitutionnel, parce que l'on considère qu'il ne fait que prévoir la présentation de lois ultérieures dont la constitutionnalité sera examinée au cas par cas, et ce sont celles-ci qui seront sûrement inconstitutionnelles, puisque la Constitution de la Ve République ne nous donne pas la compétence de notre compétence et ne nous permet pas de déléguer le pouvoir législatif, à qui que ce soit.
Qui plus est, aucune loi ne sera jamais présentée au Parlement dans le cadre prévu par l'article 1er : nous sommes à la fin de 2001 ; la loi ne sera pas promulguée, dans le meilleur des cas, avant le 15 janvier 2002 ; nous pouvons imaginer que le calendrier parlementaire ne nous laissera pas le temps, entre le 15 janvier 2002 et le 1er mars 2002, de voter une éventuelle loi de dérogation, qui sera donc renvoyée à la législature suivante. Celle-ci débutera, si j'ai bien compris, le 18 juin - belle date ! - 2002. Le nouveau gouvernement, une fois constitué, aura certainement, alors, d'autres priorités. Il préférera probablement régler quelques problèmes financiers, fiscaux, économiques, d'ordre public ou de sécurité !
Un projet de loi d'habilitation ne pourrait donc être examiné par le Parlement, dans le meilleur des cas, qu'au mois d'octobre ou de novembre 2002, et l'on peut prévoir que le débat durera au moins deux mois. La promulgation de la loi, si elle n'est pas inconstitutionnelle, n'interviendrait donc pas avant janvier 2003, pour servir de base à une expérimentation dont on devrait tirer les leçons en vue d'une révision constitutionnelle en 2004 !
Cet article 1er, monsieur le ministre, veuillez excuser la familiarité du terme, c'est du vent ! Vous créez une atmosphère sur du vent, et c'est ce qui rend inéluctable la désillusion dans l'île !
J'admire, au demeurant, la manière dont nos collègues de l'Assemblée nationale ont prévu d'évaluer un tel texte, au cas - fort improbable, à mon avis - où il entrerait en application : ils envisagent de créer une nouvelle commission permanente - ce qui, encore une fois, est inconstitutionnel - alors même qu'existe déjà l'Office d'évaluation de la législation, auquel appartiennent certains collègues ici présents, et dont c'est précisément la mission.
Par conséquent, la disposition que l'Assemblée nationale introduit par le troisième alinéa du IV du texte présenté pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales est sans intérêt, peut s'avérer dangereux et, éventuellement, être sanctionné. Nous en demandons donc la suppression.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 8.
M. Nicolas Alfonsi. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Alfonsi.
M. Nicolas Alfonsi. L'article 1er traduit toute l'ambiguïté du dispositif que nous examinons. Il faut savoir que, durant toutes les discussions de Matignon, pas une voix ne s'est élevée pour proposer le début du commencement d'une matière ou d'une compétence dans laquelle pourrait s'exercer notre génie législatif.
Le droit positif est actuellement totalement virtuel, en état d'apesanteur, et ce jusqu'en 2004. Mais nous sommes en même temps au coeur du débat politique, puisque existe désormais un droit, une délégation complexe, M. le rapporteur l'a évoquée, et c'est sur cette disposition que, dans quelque temps, nous pourrons nous appuyer pour demander d'aller plus loin, alors qu'elle n'aura jamais entraîné d'effet pratique.
Telle est la situation.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 9, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A la fin du premier alinéa du VI du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "propositions, demandes et avis mentionnés aux I à IV" par les mots : "propositions mentionnées au I". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'amendement n° 9, qui tend à revenir au texte d'origine, vise à améliorer le fonctionnement de l'article 26 du statut de 1991. Il en va d'ailleurs de même de l'amendement n° 10.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable, ainsi que, par avance, sur l'amendement n° 10.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 4424-2 du code général des collectivités territoriales.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 4424-2-1
DU CODE GÉNÉRAL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

M. le président. L'amendement n° 10, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 4424-2-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "des I à IV" par les mots : "du I". »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 10, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 4424-2-1 du code général des collectivités territoriales.

(Ce texte est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 1er, modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Article 2



M. le président.
« Art. 2. - L'article L. 4423-1 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque, en application des dispositions de l'article L. 4142-1, le représentant de l'Etat assortit un recours dirigé contre une délibération prise en application des dispositions du II et du IV de l'article L. 4424-2 d'une demande de suspension, cette délibération cesse d'avoir effet jusqu'à ce que le tribunal administratif ait statué sur cette demande. Si le tribunal administratif n'a pas statué dans un délai de deux mois suivant sa saisine, la délibération redevient exécutoire. »
L'amendement n° 11, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 2. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'était un amendement de coordination en première lecture ; il reste un amendement de coordination en nouvelle lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 11, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 2 est supprimé.

Article 3



M. le président.
« Art. 3. - I. - Le chapitre II du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« A. - A la section 1 :
« 1° Les articles L. 4422-10-1, L. 4422-11, L. 4422-12 et L. 4422-13 deviennent respectivement les articles L. 4422-11, L. 4422-12, L. 4422-13 et L. 4422-14 ;
« 2° Cette section est complétée par une sous-section 3, intitulée : "Attributions", comprenant les articles L. 4424-1, L. 4424-2 et L. 4424-2-1, résultant de l'article 1er de la présente loi, qui deviennent les articles L. 4422-15, L. 4422-16 et L. 4422-17 ;
« 3° Dans l'article L. 4422-17, la référence : "L. 4424-2" est remplacée par la référence : "L. 4422-16".
« B. - A la section 2 :
« 1° Les articles L. 4422-14, L. 4422-15, L. 4422-16, L. 4422-17, L. 4422-18 et L. 4422-18-1 deviennent respectivement les articles L. 4422-18, L. 4422-19, L. 4422-20, L. 4422-21, L. 4422-22 et L. 4422-23 ;
« 2° Cette section est complétée par une sous-section 3, intitulée : "Attributions du conseil exécutif", comprenant l'article L. 4424-3, qui devient l'article L. 4422-24.
« A la fin du dernier alinéa de cet article, les mots : "plan de développement de la Corse et le schéma d'aménagement de la Corse" sont remplacés par les mots : "plan d'aménagement et de développement durable de Corse" ;
« 3° Cette section est complétée par une sous-section 4, intitulée : "Attributions du président du conseil exécutif", comprenant les articles L. 4424-4, L. 4424-5, L. 4424-6, L. 4424-7 et L. 4424-8, qui deviennent respectivement les articles L. 4422-25, L. 4422-26, L. 4422-27, L. 4422-28 et L. 4422-29.
« La première phrase de l'article L. 4422-27 est complétée par les mots : "d'aménagement et de développement durable de Corse".
« C. - A la section 3 :
« 1° Les articles L. 4422-19, L. 4422-20, L. 4422-21 et L. 4422-22 deviennent respectivement les articles L. 4422-30, L. 4422-31, L. 4422-32 et L. 4422-33 ;
« 2° Dans l'article L. 4422-33, la référence : "L. 4424-5" est remplacée par la référence : "L. 4422-26".
« D. - A la section 4 :
« 1° Au début de cette section, il est inséré une sous-section 1, intitulée : "Organisation", comprenant les articles L. 4422-23 et L. 4422-24, qui deviennent respectivement les articles L. 4422-34 et L. 4422-35 ;
« 2° Après l'article L. 4422-35, il est créé une sous-section 2, intitulée : "Attributions", comprenant les articles L. 4424-9 et L. 4424-10, qui deviennent respectivement les articles L. 4422-36 et L. 4422-37.
« Au deuxième alinéa de l'article L. 4422-36, les mots : "lors de la préparation du plan de développement de la Corse, du schéma d'aménagement de la Corse" sont remplacés par les mots : "sur le projet de plan d'aménagement et de développement durable de Corse" et les références : "L. 4424-27 et L. 4424-28" sont remplacés par les références : "L. 4424-18 et L. 4424-19".
« A la fin de la première phrase du troisième alinéa de l'article L. 4422-37, la référence : "L. 4424-16" est remplacée par la référence : "L. 4424-6".
« E. - A la section 5 :
« 1° Les articles L. 4422-25, L. 4422-26, L. 4422-27, L. 4422-28 et L. 4422-29 deviennent respectivement les articles L. 4422-38, L. 4422-39, L. 4422-40, L. 4422-41 et L. 4422-42 ;
« 2° A la fin de la dernière phrase du premier alinéa de l'article L. 4422-38, les mots : "et pour l'élaboration du plan de développement prévu par l'article L. 4424-19" sont supprimés.
« Dans le dernier alinéa de l'article L. 4422-38 et dans l'article L. 4422-42, la référence : "L. 4425-7" est remplacée par la référence : "L. 4425-8".
« F. - A la section 6, les articles L. 4422-30 et L. 4422-31 deviennent respectivement les articles L. 4422-43 et L. 4422-44.
« G. - Le chapitre est complété par une section 7, intitulée : "Biens de l'Etat transférés dans le patrimoine de la collectivité territoriale de Corse", qui comprend un article L. 4422-45.
« II. - Le chapitre IV du titre II du livre IV de la quatrième partie du même code est ainsi modifié :
« A. - Le chapitre est intitulé : "Compétences".
« B. - 1. Les divisions : "Section 1", "Section 2", "Section 3" et "Section 4" et leur intitulé sont supprimés.
« 2. Les articles L. 4424-15, L. 4424-19, L. 4424-20, L. 4424-28, L. 4424-31 et L. 4424-32 sont abrogés.
« C. - 1. La section 5 devient la section 1 et est intitulée : "Identité culturelle : compétences de la collectivité territoriale de la Corse en matière d'éducation et de culture".
« 2. La sous-section 1 de la section 1 comprend, outre un article L. 4424-4, les articles L. 4424-11, L. 4424-12, L. 4424-13 et L. 4424-14, qui deviennent respectivement les articles L. 4424-1, L. 4424-2, L. 4424-3 et L. 4424-5.
« 3. La sous-section 2 de la section 1, qui est intitulée : "Culture et communication", comprend, outre un article L. 4424-6-1, les articles L. 4424-16 et L. 4424-17, qui deviennent respectivement les articles L. 4424-6 et L. 4424-7.
« 4. La section 1 est complétée par une sous-section 3, intitulée : "Sport et éducation populaire", qui comprend un article L. 4424-8.
« D. - 1. Après l'article L. 4424-8, il est rétabli une section 2, intitulée : "Aménagement et développement durable", qui comprend trois sous-sections.
« 2. La sous-section 1 de la section 2 est intitulée : "Plan d'aménagement et de développement durable" et comprend un article L. 4424-9, un article L. 4424-10, un article L. 4424-11, un article L. 4424-12, un article L. 4424-13, un article L. 4424-14 et un article L. 4424-15.
« 3. La sous-section 2 de la section 2 est intitulée : "Transports et gestion des infrastructures" et comprend deux paragraphes.
« Le paragraphe 1, intitulé : "Transports", comprend, outre un article L. 4424-19, les articles L. 4424-25, L. 4424-26, L. 4424-27, L. 4424-29 et L. 4424-30, qui deviennent respectivement les articles L. 4424-16, L. 4424-17, L. 4424-18, L. 4424-20 et L. 4424-21.
« Le paragraphe 2, intitulé : "Gestion des infrastructures", comprend un nouvel article L. 4424-22, un nouvel article L. 4424-23, un nouvel article L. 4424-24 et un article L. 4424-25.
« 4. La sous-section 3 de la section 2 est intitulée : "Logement" et comprend l'article L. 4424-24, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, qui devient l'article L. 4424-26.
« E. - 1. Après l'article L. 4424-26, il est rétabli une section 3, intitulée : "Développement économique".
« 2. Les divisions : "Sous-section 4" et "Sous-section 5" de la section 6, ainsi que leur intitulé, sont supprimés.
« 3. La sous-section 1 de la section 6 devient la sous-section 1 de la section 3 et est intitulée : "Interventions économiques". Elle comprend, outre l'article L. 4424-21, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, qui devient l'article L. 4424-30, un article L. 4424-27, un article L. 4424-28, un article L. 4424-28-1 et un article L. 4424-29.
« 4. La sous-section 3 de la section 6 devient la sous-section 2 de la section 3 et comprend, outre un article L. 4424-32, l'article L. 4424-23, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, qui devient l'article L. 4424-31.
« 5. La sous-section 2 de la section 6 devient la sous-section 3 de la section 3 et est intitulée : "Agriculture et forêt".
« L'article L. 4424-22, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, devient l'article L. 4424-33.
« 6. La sous-section 6 de la section 6 devient la sous-section 4 de la section 3 et est intitulée : "Formation professionnelle et apprentissage". Elle comprend un article L. 4424-34.
« F. - 1. Après l'article L. 4424-34, il est rétabli une section 4, intitulée : "Environnement et services de proximité", qui comprend quatre sous-sections.
« 2. La sous-section 1 de la section 4, intitulée : "Environnement", comprend l'article L. 4424-18, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, qui devient l'article L. 4424-35.
« Dans l'avant-dernier alinéa de l'article L. 4424-35, la référence : "L. 4424-5" est remplacée par la référence : "L. 4422-26".
« 3. La sous-section 2 de la section 4, intitulée : "Eau et assainissement", comprend un article L. 4424-36.
« 4. La sous-section 3 de la section 4, intitulée : "Déchets", comprend un article L. 4424-37 et un article L. 4424-38.
« 5. La sous-section 7 de la section 6 devient la sous-section 4 de la section 4.
« L'article L. 4424-33, dans sa rédaction antérieure à la présente loi, devient l'article L. 4424-39.
« G. - Après l'article L. 4424-39, il est rétabli une section 5, intitulée : "Des offices et de l'agence du tourisme en Corse", qui comprend un article L. 4424-40 et un article L. 4424-41.
« H. - La division : "Section 6" et son intitulé sont supprimés.
« III. - Au chapitre V du titre II du livre IV de la quatrième partie du même code :
« 1° Dans le deuxième alinéa de l'article L. 4425-4, les références : "L. 4424-27 et L. 4424-28" sont remplacées par les références : "L. 4424-18 et L. 4424-19" ;
« 2° Les articles L. 4425-5, L. 4425-6 et L. 4425-7 deviennent respectivement les articles L. 4425-6, L. 4425-7 et L. 4425-8.
« IV. - Dans le dernier alinéa de l'article L. 4423-1 du même code, résultant de l'article 2 de la présente loi, la référence : "L. 4424-2" est remplacée par la référence : "L. 4422-16".
« V. - L'article L. 4424-4-1 du même code devient l'article L. 4422-25-1. »
L'amendement n° 12, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« 1. Dans le A du II de l'article 3, remplacer le mot : "compétences", par le mot : "attributions".
« 2. Dans le C du II de l'article 3, remplacer les mots : "Identité culturelle de la Corse : compétences de la collectivité territoriale de Corse en matière d'éducation et de culture" par les mots : "Identité culturelle de la Corse : attributions de la collectivité territoriale de Corse en matière d'éducation et de culture".
« 3. Dans le G du II de l'article 3, remplacer les mots : "Des offices et de l'agence du tourisme en Corse" par les mots : "Des établissements publics de la collectivité territoriale de Corse". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'est un retour au texte du Sénat.
Je rappelle que la Haute Assemblée avait tenu à remettre à leur place, dans les codes existants, un certain nombre de dispositions. L'Assemblée nationale s'obstine à vouloir placer dans le code général des collectivités territoriales ce qui ressortit au code de l'urbanisme, dans le code de l'urbanisme ce qui ressortit... Bref, il y a un certain désordre dans lequel l'Assemblée nationale, malheureusement, soutient le Gouvernement.
L'amendement vise donc à rétablir l'ordre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 3, modifié.

(L'article 3 est adopté.)

Chapitre II

Dispositions relatives
aux compétences de la collectivité territoriale

Section 1

De l'identité culturelle

Sous-section 1

De l'éducation et de la langue corse

Article 4



M. le président.
« Art. 4. - I et II. - Supprimés.
« III. - L'article L. 4424-1 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-1 . - La collectivité territoriale de Corse établit et transmet au représentant de l'Etat, après consultation du conseil économique, social et culturel de Corse et compte tenu des orientations fixées par le plan, le schéma prévisionnel des formations des collèges, des lycées, des établissements d'enseignement professionnel, des établissements d'enseignement artistique, des établissements d'éducation spéciale, des écoles de formation maritime et aquacole, des établissements d'enseignement agricole mentionnés à l'article L. 811-8 du code rural et des centres d'information et d'orientation.
« Elle associe les représentants désignés par les établissements d'enseignement privé sous contrat à l'élaboration de ce schéma.
« La collectivité territoriale de Corse établit, après accord de chacune des collectivités concernées par les projets situés sur leur territoire, le programme prévisionnel des investissements relatifs aux établissements cités au premier alinéa.
« A ce titre, la collectivité territoriale de Corse définit la localisation des établissements, leur capacité d'accueil et le mode d'hébergement des élèves.
« Chaque année, après avoir consulté le conseil économique, social et culturel de Corse et recueilli l'avis du représentant de l'Etat, la collectivité territoriale de Corse arrête la liste des opérations de construction ou d'extension des établissements précités. Cette liste est arrêtée compte tenu du programme prévisionnel des investissements et après accord de la commune d'implantation.
« Chaque année, la collectivité territoriale de Corse arrête la structure pédagogique générale des établissements d'enseignement du second degré en tenant compte du schéma prévisionnel des formations.
« A cette fin, après concertation avec le président du conseil exécutif de Corse, l'Etat fait connaître à l'Assemblée de Corse les moyens qu'il se propose d'attribuer à l'académie de Corse. La structure pédagogique devient définitive lorsqu'une convention portant sur les moyens attribués par l'Etat à l'académie de Corse et leurs modalités d'utilisation a été conclue entre le représentant de l'Etat et le président du Conseil exécutif mandaté à cet effet. »
« IV. - Supprimé . »
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande simplement à M. le ministre de bien vouloir noter que nous ne sommes pas a priori fermés à toutes les idées de l'Assemblée nationale !
M. le président. Je mets aux voix l'article 4.

(L'article 4 est adopté.)

Article 6



M. le président.
« Art. 6. - I. - L'article L. 4424-4 du code général des collectivités territoriales est ainsi rétabli :
« Art. L. 4424-4 . - La collectivité territoriale de Corse finance, construit, équipe et entretient les établissements d'enseignement supérieur figurant à la carte prévue à l'article L. 4424-3. L'Etat assure à ces établissements les moyens financiers directement liés à leurs activités pédagogiques et de recherche. »
« II. - Non modifié . »
L'amendement n° 13, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« 1. Compléter le texte proposé par le I de l'article 6 pour l'article L. 4424-4 du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour l'application des dispositions des articles L. 722-2 à L. 722-9 du code de l'éducation, à l'exception des dispositions relatives aux personnels, la collectivité territoriale de Corse est substituée à l'Etat. »
« 2. En conséquence, supprimer le II de l'article 6. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit de revenir au texte du Sénat. Contrairement à l'Assemblée nationale, nous maintenons la possibilité offerte aux départements de conserver leurs responsabilités dans la gestion des instituts universitaires de formation des maîtres, les IUFM.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 13, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 6, modifié.

(L'article 6 est adopté.)

Article 7



M. le président.
« Art. 7. - I. - Il est inséré, dans la section 4 du chapitre II du titre Ier du livre III de la deuxième partie du code de l'éducation, un article L. 312-11-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 312-11-1 . - La langue corse est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires de Corse. »
« II. - Le deuxième alinéa de l'article L. 4424-5 du code général des collectivités territoriales est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« L'Assemblée adopte, dans les mêmes conditions, un plan de développement de l'enseignement de la langue et de la culture corses, dont les modalités d'application font l'objet d'une convention conclue entre la collectivité territoriale de Corse et l'Etat.
« Cette convention prévoit les mesures d'accompagnement nécessaires et notamment celles relatives à la formation initiale et à la formation continue des enseignants. »
L'amendement n° 14, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Compléter le texte proposé par le I de l'article 7 pour l'article L. 312-11-1 du code de l'éducation, par un alinéa ainsi rédigé :
« Cet enseignement ne saurait toutefois revêtir un caractère obligatoire pour les élèves ; il ne saurait non plus avoir pour objet de les soustraire aux droits et obligations applicables à l'ensemble des usagers des établissements qui assurent le service public de l'enseignement ou sont associés à celui-ci. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'article 7 est le deuxième article pilote, phare, repère, etc., de ce projet de loi : il traite de l'enseignement de la langue corse dans les écoles maternelles et élémentaires.
Tout a été dit, et le contraire aussi, par l'Assemblée nationale et, en particulier, par le président de sa commission des lois, qui nous explique - sans rire - que, grâce à la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale, cet enseignement n'est désormais ni obligatoire ni optionnel !
Pour ma part, je ne sais pas travailler dans le flou artistique.
En première lecture, le Sénat avait voulu expressément signifier qu'il s'agissait d'un enseignement facultatif en précisant qu'il était « proposé », mais ce terme a déclenché une véritable guerre de religion en commission mixte paritaire.
Il serait en effet inutile de préciser le caractère facultatif, celui-ci étant évident puisque le Conseil constitutionnel a tranché en ce sens sur la même phrase en ce qui concerne la langue polynésienne, en indiquant, de surcroît, qu'il fallait, s'agissant des autres enseignements, respecter certaines règles.
Dont acte, c'est un enseignement facultatif, même si je ne sais toujours pas pourquoi il ne faut pas le dire.
J'ai tout de même été amené à proposer à la commission spéciale, qui a bien voulu me suivre, d'apporter une précision allant, monsieur le ministre, dans le sens de l'Assemblée nationale - nous y allons même avec un enthousiasme dont vous n'avez pas idée !
Nous abandonnons en effet le mot « proposé », c'est-à-dire que nous acceptions les termes de l'Assemblée nationale en y ajoutant juste les termes employés par le Conseil constitutionnel lui-même dans la décision qu'il a rendue sur l'enseignement de la langue polynésienne.
Autrement dit, nous précisons que : « cet enseignement ne saurait toutefois revêtir un caractère obligatoire pour les élèves ; il ne saurait non plus avoir pour objet de les soustraire aux droits et obligations applicables à l'ensemble des usagers des établissements qui assurent le service public de l'enseignement ou sont associés à celui-ci. »
Si le Sénat veut bien nous suivre, c'est ce texte qui sera soumis à l'Assemblée nationale, et nos collègues députés devront alors prendre la responsabilité ou d'accepter d'expliciter, en l'assortissant des termes mêmes du Conseil constitutionnel, la phrase qu'ils ont votée, ou de refuser cet ajout, ce qui serait, me semble-t-il, l'aveu qu'ils veulent introduire de manière implicite autre chose que ce que nous voulons rendre lisible ! (M. Chérioux applaudit.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La rédaction proposée reprend, en fait, la réserve interprétative du Conseil constitutionnel dans sa décision du 9 avril 1996 relative à l'apprentissage de la langue tahitienne en Polynésie française.
Le Gouvernement s'est déjà exprimé sur le caractère non obligatoire de l'enseignement du corse et souhaite maintenir la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale, qui insiste sur la généralisation de l'offre d'enseignement.
La jurisprudence du Conseil constitutionnel vaut par elle-même et s'impose à tous sans qu'il soit besoin de la reprendre dans la loi.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je veux relever que le Gouvernement est défavorable à l'introduction dans le projet de loi d'une phrase extraite d'une décision du Conseil constitutionnel !
Vous vous êtes exprimé avec beaucoup de franchise et une grande honnêteté, monsieur le ministre, mais je veux souligner devant le Sénat la responsabilité que prend ce faisant le Gouvernement, alors qu'il s'agit d'un sujet délicat, sur lequel les déclarations publiques sont divergentes et alors que nous avons constaté, à notre grand regret, que le débat a été porté sur la place publique pour répondre aux exigences de mouvements qui ne sont pas favorables au maintien de la Corse dans la République.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 14.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je suivrai, bien sûr, la commission. Si j'interviens, c'est parce que je ne comprends pas la position du Gouvernement.
Le texte adopté par l'Assemblée nationale n'est pas clair. Pour le comprendre, il faut faire référence à la jurisprudence du Conseil constitutionnel, laquelle, vous l'avez souligné, monsieur le ministre, s'impose à tous.
La commission propose donc de reprendre la jurisprudence du Conseil constitutionnel dans le texte.
Ainsi, on ne pourra pas l'interpréter autrement, tandis que, s'il faut se référer à une décision du Conseil constitutionnel pour le comprendre, il risque d'être source de contentieux.
Le législateur se doit de faire des textes clairs et applicables. Ce devoir, le Sénat le remplira en votant un texte explicite qui ne prêtera pas à confusion !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 15, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 7 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« III. - Le CAPES de corse est réintégré dans la section des CAPES de langues régionales : il comporte en conséquence, à côté des épreuves de langue corse, des épreuves écrites et orales dans une autre discipline, choisie par le candidat parmi différentes options, selon des modalités comparables à celles qui prévalent dans les autres CAPES de langues régionales. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Encore un sujet intéressant, sur lequel nous avons d'ailleurs constaté l'ignorance totale du ministre de l'éducation nationale : la particularité du CAPES de corse, seul parmi les CAPES de langue régionale à ne pas comporter d'autres épreuves que le corse.
Ce CAPES n'offre donc à ses titulaires aucune possibilité d'enseigner une autre discipline et les cantonne, pour toute la durée de leur vie professionnelle, dans l'enseignement de cette unique matière.
Il forme, en outre, des enseignants dont les capacités pédagogiques n'ont pas été vérifiées dans les autres matières.
Le Sénat avait donc adopté, en première lecture, une disposition tendant à aligner le CAPES de corse sur l'ensemble des CAPES de langue régionale, ce qui semblait normal, mais l'Assemblée nationale l'a écartée, sous prétexte qu'il s'agissait d'une mesure « discriminatoire » !
Cela vaut peut-être la peine qu'on s'en explique, car, monsieur le ministre, comme le rapporteur de la commission des lois à l'Assemblée nationale, M. Bruno Le Roux, je suis allé, entre les deux lectures, en Corse et j'ai eu le privilège d'y rencontrer l'« auteur » du CAPES de corse, M. Vinciguerra, à qui j'ai demandé comment ce CAPES bizarre était venu au monde. Sa réponse est intéressante.
Le CAPES de corse avait été promis par un ministre de l'éducation nationale en exercice au moment de son passage à l'université de Corte, en réponse, probablement, à un mouvement de foule...
M. Jean-Pierre Bel. Non !
M. Paul Girod, rapporteur. Si, et vous saurez même dans un instant qui était ce ministre.
M. Jean-Pierre Bel. Non !
M. Paul Girod, rapporteur. Je le tiens de M. Vinciguerra lui-même, lequel a d'ailleurs été le directeur de cabinet d'un de nos collègues, du temps où celui-ci était secrétaire d'Etat au ministère de l'éducation nationale.
Le ministre de l'éducation nationale, rentré à Paris, s'est évidemment posé la question du contenu de ce CAPES de corse. Les instances responsables de l'éducation nationale alors consultées ont toutes émis un avis défavorable à la création d'un CAPES dérogatoire, mais le ministre y tenait parce que c'était un geste politique. Ce ministre, c'était Lionel Jospin, et cela met les événements en perspective ! (M. Chérioux applaudit.)
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. C'est un CAPES pour illettrés !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le CAPES de corse a été instauré par un arrêté du 16 juillet 1990.
Si je voulais vous suivre - ce que je ne ferai pas - je dirais qu'il est heureux que ce débat sur la Corse ait lieu, car vous vous êtes ainsi aperçu de l'existence de cet arrêté de 1990. Vos amis ont en effet exercé, depuis, des responsabilités, mais jamais aucun ministre de l'éducation nationale n'est revenu sur cette disposition.
M. Jean Chérioux. C'est trop facile !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Peut-être, monsieur Chérioux, mais c'est en tout cas logique, et, pour ma part, j'essaie d'être cohérent.
Les dispositions relatives au programme des épreuves des concours de recrutement des enseignants de la langue corse ne relèvent pas de la loi ; elles dépendent d'un arrêté ministériel, et n'ont donc pas leur place dans le dispositif législatif que nous examinons.
M. Hilaire Flandre. Ça permet de faire n'importe quoi !
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Vous avez raison, monsieur le ministre, mais ce ne serait pas la seule disposition d'ordre réglementaire à trouver place dans cette loi ! Les dispositions relatives à l'enseignement de la langue corse relèvent de cette même catégorie, et cela ne vous empêche pas d'en faire un dispositif « phare ». Alors permettez-nous de faire un dispositif « phare » pour remédier à cette anomalie que sont les actuels CAPES de corse !
Tout cela en dit long ! Nous avons adopté en première lecture une disposition précisant que l'entrée en IUFM - pour l'enseignement dans le primaire cette fois - ne pourrait se fonder exclusivement sur les compétences en langue corse du candidat.
Si je n'ai pas proposé à la commission spéciale de reprendre en nouvelle lecture cette disposition, c'est parce que nous avons reçu par écrit des précisions du ministère de l'éducation nationale quant à l'existence d'autres épreuves, notamment de mathématiques et de français, et, par option, d'épreuves sur la langue corse, le patrimoine historique, naturel, etc., ces dernières épreuves étant assorties d'une bibliographie limitative.
Pourquoi en irait-il autrement pour le CAPES de corse ? D'ailleurs, nous n'avons pas repris, je l'ai dit, la disposition relative à l'entrée en IUFM, au vu de la lettre du ministère de l'éducation nationale, mais je voudrais être sûr que rien ne viendra un jour anéantir les raisons pour lesquelles nous n'avons pas introduit cette précaution dans la loi !
Monsieur le ministre, notre préoccupation, à laquelle je veux vous rendre attentif, c'est que l'enseignement des enfants corses ne « décroche » pas, à cause de l'existence d'une langue régionale vivante - qui, encore une fois, est probablement une ouverture sur l'apprentissage d'autres langues étrangères - du corpus général de l'enseignement en France.
Ces enfants doivent avoir un accès égal à celui de leurs camarades qui étudient sur le continent ou dans d'autres parties du territoire français aux grands concours nationaux.
Monsieur le ministre, si vous voulez, par des mesures de détail, enfermer lentement les enfants qui vivent en Corse dans des types d'enseignements qui décrochent de l'enseignement général, vous commettez contre cette île un péché majeur.
C'est précisément ce que nous voulons éviter en proposant des dispositions dont la place n'est peut-être pas dans la loi, mais dont l'affirmation nous semble nécessaire au progrès de la société corse.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 7, modifié.

(L'article 7 est adopté.)

Sous-section 2

De la culture et de la communication

Article 9



M. le président.
« Art. 9. - I. - 1. Supprimé.
« 2. L'article L. 4424-7 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-7 . - I. - La collectivité territoriale de Corse définit et met en oeuvre la politique culturelle en Corse en concertation avec les départements et les communes, et après consultation du conseil économique, social et culturel de Corse.
« En concertation avec la collectivité territoriale de Corse, l'Etat peut accompagner des actions, qui, par leur intérêt ou leur dimension, relèvent de la politique nationale en matière culturelle. La collectivité territoriale de Corse peut être chargée par convention de leur mise en oeuvre ou de leur accompagnement.
« Dans les domaines où la législation en vigueur le prévoit, le contrôle scientifique et technique est assuré par l'Etat.
« La collectivité territoriale de Corse assure un rôle de liaison, de conseil et d'assistance aux collectivités locales en matière culturelle.
« II. - Dans le respect des dispositions de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques, la collectivité territoriale de Corse conduit les études et définit les actions qu'elle entend mener en matière de patrimoine protégé et de travaux de conservation et de mise en valeur des monuments historiques, à l'exception de ceux qui demeurent propriété de l'Etat.
« Elle peut, en outre, proposer à l'Etat les mesures de protection des monuments historiques.
« En matière d'archéologie, et dans le respect des dispositions de la loi du 27 septembre 1941 portant réglementation des fouilles archéologiques et de la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive, elle assure la conservation et la mise en valeur des sites archéologiques, et fournit à l'Etat les éléments nécessaires à l'établissement de la carte archéologique nationale. Elle est consultée par celui-ci sur le programme des fouilles menées sur son territoire dans les conditions définies par le titre 1er de la loi du 27 septembre 1941 précitée.
« Elle définit les actions qu'elle entend mener en matière :
« - d'inventaire du patrimoine ;
« - de recherches ethnologiques ;
« - de création, de gestion et de développement des musées ;
« - d'aide au livre et à la lecture publique, dans le respect des compétences départementales et communales ;
« - de soutien à la création, de diffusion artistique et culturelle et de sensibilisation à l'enseignement artistique.
« III. - A l'exception des immeubles occupés par des services de l'Etat ou par les organismes placés sous sa tutelle, la propriété des monuments historiques classés ou inscrits appartenant à l'Etat à la date de la promulgation de la loi n° du relative à la Corse, situés sur le territoire de la collectivité territoriale de Corse, ainsi que celle des objets mobiliers qu'ils renferment et qui appartiennent à l'Etat, sont transférées à cette collectivité.
« La propriété des sites archéologiques et des objets mobiliers qui en sont issus et qui appartiennent à l'Etat est transférée à la collectivité territoriale de Corse.
« La liste des immeubles et sites ainsi transférés est fixée par décret en Conseil d'Etat. »
« II. - Supprimé . »
L'amendement n° 16 rectifié, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le premier alinéa du I du texte proposé par le 2 du I de l'article 9 pour l'article L. 4424-7 du code général des collectivités territoriales par trois phrases ainsi rédigées : "L'Etat assure les missions de contrôle scientifique et technique et mène les actions relevant de la politique nationale. Il peut passer une convention en vue de coordonner ces actions avec celles de la collectivité territoriale de Corse. Il peut également dans cette convention charger la collectivité territoriale de Corse de la mise en oeuvre de certaines de ces actions."
« II. - En conséquence, supprimer les deuxième et troisième alinéas du I du même texte. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. En première lecture, nous avions adopté un texte qui nous semblait préserver le rôle de l'Etat dans le domaine culturel, comme le prévoyaient d'ailleurs le texte proposé par le Gouvernement et le texte qui a été voté par l'Assemblée nationale en première lecture tout en organisant les modalités d'une concertation avec la collectivité territoriale de Corse en matière d'action culturelle.
Le Gouvernement nous avait alors proposé un curieux amendement tendant à supprimer toute possibilité, pour l'Etat, de conduire sa propre action culturelle en Corse, son rôle en cette matière devenant second par rapport à celui de la collectivité territoriale.
Nous avions, bien entendu, écarté une telle disposition, que l'Assemblée nationale a cependant adoptée en nouvelle lecture, et qui prévoyait tranquillement que la collectivité territoriale de Corse peut mener sa propre politique culturelle - personne ne le conteste - et que l'Etat peut, s'il le juge utile, accompagner celle-ci en soutenant les actions qui lui semblent intéressantes au titre de la politique culturelle nationale. L'Etat perd cependant toute possibilité de prendre en Corse des initiatives relevant de la politique nationale.
Il s'agit là d'un abandon illogique de compétences nationales au bénéfice de la collectivité territoriale, puisque l'Etat n'interviendra que si celle-ci conduit une action qui lui convient. Sinon, il ne pourra plus rien faire, puisqu'il se trouve exclu du dispositif. De la même manière, le contrôle scientifique et technique ne pourra plus s'exercer que dans les domaines pour lesquels la loi le prévoit.
Cela nous semble inacceptable, et c'est pourquoi nous avons déposé l'amendement n° 16 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 16 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 17 rectifié, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir le II de l'article 9 dans la rédaction suivante :
« II. - L'article L. 144-6 du code de l'urbanisme est ainsi rédigé :
« Art. L. 144-6 - Il est créé un conseil des sites de la Corse, qui se substitue à la commission régionale du patrimoine et des sites prévue à l'article 1er de la loi n° 97-179 du 28 février 1997, à la commission spécialisée des unités touristiques nouvelles prévue par l'article 7 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne et à la commission départementale des sites prévue par les articles L. 146-4, L. 146-6 et L. 146-7 du présent code, ainsi que par l'article L. 341-16 du code de l'environnement.
« Le conseil des sites de Corse exerce les attributions des organismes susmentionnés.
« Un décret en Conseil d'Etat, pris après avis de l'Assemblée de Corse et des conseils généraux des départements de Corse fixe la composition du conseil des sites de Corse et de ses différentes sections. Celles-ci comprennent :
« - pour moitié des représentants des différentes collectivités territoriales respectivement désignés par l'Assemblée de Corse, les conseils généraux et les associations départementales des maires des deux départements ;
« - pour moitié des représentants de l'Etat et des personnalités qualifiées nommées par le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. S'agissant du conseil des sites, cet amendement a un triple objet.
Il prévoit tout d'abord la possibilité, pour le conseil des sites, de comporter des sections différentes, couvrant chacune l'un de ses domaines de compétences.
Il vise ensuite à assurer une représentation équilibrée des différentes collectivités territoriales au sein de celui-ci.
Il tend enfin à maintenir le dispositif relatif au conseil des sites dans le code de l'urbanisme plutôt que de le transférer, comme le propose l'Assemblée nationale, dans le code général des collectivités territoriales.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 17 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 9, modifié.

(L'article 9 est adopté.)

Section 2

De l'aménagement et du développement

Sous-section 1 A (avant l'article 12 A)



M. le président.
La division « Sous-section 1 A » et son intitulé ont été supprimés par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 18, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir cette division avec l'intitulé ainsi rédigé :
« De la délimitation du domaine public maritime en Corse. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Les amendements n°s 18, 19 et 20 forment un tout.
Il s'agit de prévoir que l'Etat devra, dans un délai d'un an, procéder à la délimitation du domaine public maritime en Corse, là où cela n'a pas encore été fait.
Rappelons que toute l'affaire des paillotes - dont la légitimation législative a posteriori , que je préconiserai au Sénat de refuser, nous est d'ailleurs proposée à un autre article - est née en particulier du fait que le domaine public maritime est mal délimité. Si l'on veut revenir à l'Etat de droit, notion que vous invoquez sans cesse, monsieur le ministre, le moins que l'on doive faire, c'est préciser de quelles lois relèvent les différentes zones, afin de clarifier les choses.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 18, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, la division « Sous-section 1 A » et son intitulé sont rétablis dans cette rédaction.

Article 12 A



M. le président.
L'article 12 A a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 19, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 12 A dans la rédaction suivante :
« Après l'article L. 91-8 du code du domaine de l'Etat, il est inséré un titre IV bis ainsi rédigé :
« Titre IV bis
« Dispositions applicables à la collectivité territoriale de Corse ».
Cet amendement a déjà été défendu par M. le rapporteur.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 19, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 A est rétabli dans cette rédaction.

Article 12 B



M. le président.
L'article 12 B a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 20, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 12 B dans la rédaction suivante :
« Après l'article L. 91-8 du code du domaine de l'Etat, il est inséré un article L. 91-9 ainsi rédigé :
« Art. L. 91-9. - Lorsque le rivage de la mer n'a pas été délimité en Corse, il est procédé aux opérations nécessaires à sa délimitation dans un délai d'un an à compter de la date de publication de la loi n° du relative à la Corse. »
Cet amendement a déjà été défendu par M. le rapporteur.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 20, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 B est rétabli dans cette rédaction. Comme on dit en Corse, « lascia corre, laisse tomber » ! (Sourires.)

Sous-section 1 B (avant l'article 12 C)



M. le président.
La division « Sous-section 1 B » et son intitulé ont été supprimés par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 21, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir cette division avec l'intitulé ainsi rédigé :
« Des dispositions applicables au littoral ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 21, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, la division « Sous-section 1 B » et son intitulé sont rétablis dans cette rédaction.

Article 12 C



M. le président.
L'article 12 C a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 22, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 12 C dans la rédaction suivante :
« Après l'article L. 2334-7-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2334-7-3 ainsi rédigé :

« Art. L. 2334-7-3. - En 2003, 2004, 2005 et 2006, la dotation forfaitaire mentionnée à l'article L. 2334-7 versée aux communes de moins de 3 000 habitants situées sur le territoire des départements de Haute-Corse et Corse-du-Sud et ne disposant pas au 1er janvie 2002 de plan local d'urbanisme ou d'une carte communale est majorée de 125 000 F par an et par commune.
« La dotation forfaitaire des communes mentionnées à l'alinéa précédent qui ne disposent pas, au 31 décembre 2006, d'un plan local d'urbanisme ou d'une carte communale approuvés fait l'objet d'un prélèvement d'un montant correspondant aux sommes versées en application des dispositions du même alinéa.
« Dans le cas où le prélèvement mentionné à l'alinéa précédent est supérieur à la dotation forfaitaire, la différence est prélevée sur le produit des impôts directs locaux visés aux 1°, 2°, 3° et 4° du I de l'article 1379 du code général des impôts. Pour les communes membres d'un établissement public de coopération intercommunale soumis aux dispositions de l'article 1609 nonies C du code général des impôts et dont le produit des impôts défini ci-desus est insuffisant, le complément est prélevé sur le montant de l'attribution de compensation versée par l'établissement public de coopération intercommunale à la commune. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. On ne peut pas déplorer sans cesse le fait qu'il n'existe pas suffisamment de plans locaux d'urbanisme en Corse et refuser en même temps d'aider financièrement les communes n'en disposant pas encore à s'en doter.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 C est rétabli dans cette rédaction.

Article 12 D



M. le président.
L'article 12 D a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 23, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 12 D dans la rédaction suivante :
« I. - En 2003, 2004, 2005 et 2006, la dotation forfaitaire prévue à l'article L. 2334-7 du code général des collectivités territoriales est majorée, dans les conditions fixées par la loi de finances, de 5,56 millions d'euros.
« II. - La majoration de la dotation globale de fonctionnement résultant des dispositions du I n'est pas prise en compte dans le montant de la dotation globale de fonctionnement pour l'application du I et du II de l'article 57 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998).
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la majoration de la dotation globale de fonctionnement prévue au I est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement constitue le gage du précédent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 23, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 D est rétabli dans cette rédaction.

Article 12 E



M. le président.
L'article 12 E a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 24, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 12 E dans la rédaction suivante :
« L'article L. 125-1 du code de l'urbanisme est rétabli dans la rédaction suivante :
« Art. L. 125-1. - Sauf autorisation donnée par décret en Conseil d'Etat, les zones où s'est déclaré un incendie de forêt, qu'il soit d'origine criminelle ou que sa cause reste inconnue, ne peuvent être ouvertes à l'urbanisation avant qu'un arrêté préfectoral ait constaté qu'elles ont retrouvé l'aspect antérieur à cet incendie. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement vise à faire en sorte que les vocations d'incendiaire se raréfient quelque peu.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 12 E est rétabli dans cette rédaction.

Article 12 F



M. le président.
L'article 12 F a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 25, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 12 F dans la rédaction suivante :
« Après la première phrase du deuxième alinéa de l'article L. 146-6 du code de l'urbanisme, sont insérés quatre alinéas ainsi rédigés :
« Lorsqu'un plan de gestion du sité portant sur l'ensemble de l'espace concerné a reçu un avis conforme de la commission départementale des sites ou, en Corse, du Conseil des sites, les aménagements légers suivants nécessaires à la gestion et à l'ouverture au public peuvent être réalisés :
« a) Les chemins piétonniers et les objets mobiliers destinés à l'accueil ou à l'information du public,
« b) Les sentes, sentiers ou pistes ouverts aux cyclistes ou aux cavaliers et les observatoires ornithologiques et faunistiques,
« c) Les installations sanitaires et les aires naturelles de stationnement si une localisation en dehors de ces espaces n'est pas préférable pour la gestion et la fréquentation. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement, qui avait déjà été examiné en première lecture et avait alors fait l'objet de sous-amendements déposés par MM. Le Pensec et Gélard, prévoit quels sont les types d'équipements que l'on peut créer à proximité du rivage pour en ouvrir l'accès au public.
En effet, en l'état actuel du droit, nous nous trouvons devant un vide juridique relativement large et nous pensons qu'il convient de définir ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. Construire des paillotes est défendu ; en revanche, doit être prévue la possibilité de réaliser des installations sanitaires, des parkings, des sentiers ou des pistes ouverts aux cyclistes, aux cavaliers, etc., ainsi que des observatoires faunistiques et ornithologiques.
J'ajoute que je demande un scrutin public sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable, comme en première lecture, à cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 25, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission spéciale.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 31:

Nombre de votants 292
Nombre de suffrages exprimés 292
Majorité absolue des suffrages 147
Pour l'adoption 292

En conséquence, l'article 12 F est rétabli dans cette rédaction.

Sous-section 1

Du plan d'aménagement et de développement durable

Article 12



M. le président.
« Art. 12. - Les articles L. 4424-9 à L. 4424-15 du code général des collectivités territoriales sont ainsi rétablis :
« Art. L. 4424-9 . - La collectivité territoriale de Corse élabore le plan d'aménagement et de développement durable de Corse.
« Le plan fixe les objectifs du développement économique, social, culturel et touristique de l'île ainsi que ceux de la préservation de son environnement.
« Il définit les orientations fondamentales en matière d'aménagement de l'espace, de transports selon une approche multimodale, de télécommunications, de valorisation des ressources énergétiques, de protection et de mise en valeur du territoire de l'île. Ces orientations respectent les objectifs et les principes énoncés aux articles L. 110 et L. 121-1 du code de l'urbanisme.
« Il détermine les principes de localisation des grandes infrastructures de transport et des grands équipements, des espaces naturels, des sites et des paysages à préserver, des extensions urbaines, des activités industrielles, artisanales, commerciales, agricoles, forestières, touristiques, culturelles et sportives.
« Art. L. 4424-10 . - I. - Le plan d'aménagement et de développement durable peut, par une délibération particulière et motivée de l'Assemblée de Corse, fixer, pour l'application du premier alinéa de l'article L. 146-6 du code de l'urbanisme, une liste complémentaire à la liste des espaces terrestres et marins, sites et paysages remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral et des milieux nécessaires au maintien des équilibres biologiques à préserver. Cette délibération tient lieu du décret prévu au premier alinéa du même article L. 146-6. Elle définit également leur localisation.
« II. - Le plan d'aménagement et de développement durable peut également, par une délibération particulière et motivée de l'Assemblée de Corse, déterminer, en tenant compte de la fréquentation touristique de certains sites et de la préservation de l'environnement, les espaces situés dans la bande littorale définie au III de l'article L. 146-4 du code de l'urbanisme dans lesquels peuvent être autorisés, indépendamment des dérogations prévues au III du même article L. 146-4 et dans les conditions que le plan précise, des aménagements légers et des constructions non permanentes destinés à l'accueil du public, à l'exclusion de toute forme d'hébergement, dans le respect des paysages et des caractéristiques propres à ces sites.
« La réalisation de ces aménagements et constructions est soumise à l'enquête publique prévue au III de l'article L. 146-4 du code de l'urbanisme. Une enquête publique unique portant sur l'ensemble des aménagements et constructions prévus peut être organisée dès lors que le dossier d'enquête précise les conditions d'aménagement et de gestion de l'ensemble des espaces en cause.
« III. - Un rapport d'évaluation annuel portant sur la mise en oeuvre des dispositions prévues par le présent article et précisant leur impact réel sur l'environnement et le développement durable est établi par la collectivité territoriale de Corse et adressé au Premier ministre, qui le transmet au Parlement.
« Art. L. 4424-11 . - Le plan d'aménagement et de développement durable a les mêmes effets que les directives territoriales d'aménagement définies à l'article L. 111-1-1 du code de l'urbanisme. Il peut préciser les modalités d'application, adaptées aux particularités géographiques locales, des articles L. 145-1 à L. 146-9 du même code relatifs aux dispositions particulières aux zones de montagne et au littoral.
« Les schémas de cohérence territoriale, les schémas de secteur, les plans locaux d'urbanisme et les cartes communales doivent être compatibles avec le plan.
« Les dispositions du plan qui précisent les modalités d'application des articles L. 145-1 à L. 146-9 du code de l'urbanisme sont applicables aux personnes et opérations mentionnées à ces articles.
« Art. L. 4424-12 . - Le plan d'aménagement et de développement durable vaut, pour les secteurs qu'il détermine, schéma de mise en valeur de la mer au sens de l'article 57 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat. Les dispositions correspondantes sont regroupées dans un chapitre individualisé au sein du plan.
« Il vaut schéma régional d'aménagement et de développement du territoire au sens de l'article 34 de la même loi.
« Les dispositions du plan relatives aux services collectifs de transport valent schéma régional de transport au sens de l'article 14-1 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs et s'imposent aux plans départementaux des transports.
« Art. L. 4424-13 . - Le plan d'aménagement et de développement durable est élaboré par le conseil exécutif.
« Le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse, les départements, les communes ou leurs groupements compétents en matière d'urbanisme, les chambres d'agriculture, les chambres de commerce et d'industrie et les chambres de métiers sont associés à l'élaboration du projet de plan selon des modalités définies par délibération de l'Assemblée de Corse. Des organisations professionnelles peuvent également être associées, dans les mêmes conditions, à son élaboration.
« Le représentant de l'Etat porte à la connaissance du conseil exécutif les projets d'intérêt général et les opérations d'intérêt national répondant aux conditions fixées en application de l'article L. 121-9 du code de l'urbanisme. Le plan prend en compte ces projets et ces opérations et comporte, le cas échéant, les dispositions nécessaires à leur réalisation.
« Le projet de plan arrêté par le conseil exécutif est soumis pour avis au conseil économique, social et culturel de Corse ainsi qu'au conseil des sites de Corse, puis adopté par l'Assemblée de Corse. Les dispositions du projet de plan prises en application de l'article L. 4424-10 font l'objet de délibérations particulières et motivées de l'Assemblée de Corse. Le projet ainsi adopté, assorti des avis du conseil économique, social et culturel de Corse et du conseil des sites de Corse, est soumis à enquête publique dans les conditions prévues par les articles L. 123-1 à L. 123-16 du code de l'environnement.
« Au vu des résultats de l'enquête publique, le plan d'aménagement et de développement durable est approuvé par l'Assemblée de Corse selon les mêmes modalités que pour son adoption.
« Le plan d'aménagement et de développement durable est révisé selon les modalités prévues au présent article.
« Art. L. 4424-14 . - Un contrat de plan entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse ne peut être conclu qu'après l'approbation par l'Assemblée de Corse du plan d'aménagement et de développement durable.
« Art. L. 4424-15 . - Le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse peut demander à la collectivité territoriale de Corse la modification du plan d'aménagement et de développement durable afin de permettre la réalisation d'un projet d'intérêt général ou d'une opération d'intérêt national répondant aux conditions fixées en application de l'article L. 121-9 du code de l'urbanisme.
« Si, dans un délai de six mois à compter de cette demande adressée au président du conseil exécutif, la procédure de modification n'a pas abouti, il y est procédé par décret en Conseil d'Etat. En cas d'urgence, il peut être procédé à la modification sans délai par décret en conseil des ministres. »
Je suis saisi de dix-huit amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 101, présenté par M. Natali, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 12. »
Les autres amendements sont présentés par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale.
L'amendement n° 26 est ainsi libellé :
« Au début de l'article 12, ajouter un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, sont insérés trois articles L. 144-7, L. 144-8 et L. 144-9 ainsi rédigés :
« Art. L. 144-7 . - Dans les portions du littoral caractérisées par une faible urbanisation antérieure à la promulgation de la loi n° 86-2 du 3 janvier 1986 relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral et par l'existence de nombreux espaces terrestres et marins, sites et paysages remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral, ou par des milieux nécessaires au maintien des équilibres biologiques, visés à l'article L. 146-6, une directive territoriale d'aménagement ou un document ayant les mêmes effets peut déterminer, à la demande des communes qui disposent d'un plan local d'urbanisme, et après avis du conseil des sites, la carte des sites dans lesquels l'application des articles L. 146-1 à L. 146-6 a pour effet d'interdire la délivrance de toute autorisation d'occupation du sol.
« Art. L. 144-8 . - Le document visé à l'article L. 144-7 délimite les zones dans lesquelles une urbanisation limitée non située en continuité avec les constructions existantes peut être réalisée, sous réserve d'une cession de terrains à titre gratuit au conservatoire du littoral dans les conditions fixées par l'article L. 144-11.
« Art. L. 144-9 . - La délibération de la commune visée à l'article L. 144-7 précise :
« - au vu des diagnostics élaborés en application du premier alinéa de l'article L. 122-1 et du premier alinéa de l'article L. 123-1, les motifs pour lesquels l'application des articles L. 146-1 à L. 146-6 a pour effet d'interdire la délivrance de toute autorisation d'occupation du sol et empêche soit la réalisation du projet de développement et d'aménagement durable retenu dans le schéma de cohérence territoriale, soit celle du projet de développement et d'aménagement durable retenu dans le plan local d'urbanisme ;
« - les principes applicables à l'insertion paysagère des constructions dans les zones pour lesquelles l'autorisation est demandée ;
« - le coefficient d'occupation des sols que la commune fixera dans cette zone, ou ce qui en tient lieu ;
« - la liste des espaces susceptibles d'être donnés, en contrepartie, au Conservatoire du littoral. »
L'amendement n° 27 est ainsi libellé :
« Au début de l'article 12, ajouter un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-10 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-10 . - Les zones susceptibles de faire l'objet d'une urbanisation limitée en vertu de l'article L. 144-8 ne peuvent être situées :
« - ni dans la bande des cent mètres instituée par le III de l'article L. 146-4 ;
« - ni dans les espaces terrestres et marins, sites et paysages remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral, ni dans les milieux nécessaires au maintien des équilibres biologiques visés à l'article L. 146-6. »
L'amendement n° 28 est ainsi libellé :
« Au début de l'article 12, ajouter un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-11 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-11 . - La superficie des espaces susceptibles d'être urbanisés dans des espaces proches du rivage au sens du II de l'article L. 146-4, au titre des articles L. 144-7 à L. 144-10 du présent code, ne peut excéder :
« - un dixième du total des espaces proches du rivage couverts par le plan local d'urbanisme cédés, en contrepartie, à titre gratuit, au Conservatoire du littoral ;
« - un centième du total des espaces terrestres et marins, sites et paysages remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral, ou des milieux nécessaires au maintien des équilibres biologiques, visés à l'article L. 146-6, couverts par le plan local d'urbanisme cédés, en contrepartie, à titre gratuit, au Conservatoire du littoral.
« Les cessions à titre gratuit réalisées en application du présent article sont soumises à l'accord préalable du conseil d'administration du Conservatoire du littoral. »
L'amendement n° 29 est ainsi libellé :
« Remplacer les cinq premiers alinéas de l'article 12 par six alinéas ainsi rédigés :
« ... - La sous-section 1 de la section 2 du chapitre IV du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales comprend deux nouveaux articles L. 4424-9 et L. 4424-10 ainsi rédigés :
« Art. L. 4424-9 . - La collectivité territoriale de Corse élabore le plan d'aménagement et de développement durable de Corse.
« Le plan fixe les objectifs du développement économique, social, culturel et touristique de l'île ainsi que ceux de la préservation de son environnement.
« Il définit les orientations fondamentales en matière d'aménagement de l'espace, de transports selon une approche multimodale, de télécommunications, de valorisation des ressources énergétiques, de protection et de mise en valeur du territoire de l'île. Ces orientations respectent les objectifs et les principes énoncés aux articles L. 110 et L. 121-1 du code de l'urbanisme.
« Il détermine les principes de localisation des grandes infrastructures de transport et des grands équipements, des espaces naturels, des sites et des paysages à préserver, des extensions urbaines, des activités industrielles, artisanales, commerciales, agricoles, forestières, touristiques, culturelles et sportives.
« Les dispositions du présent article sont mises en oeuvre dans les conditions prévues par les articles L. 144-12 à L. 144-16 du code de l'urbanisme. »
L'amendement n° 30 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour le I de l'article L. 4424-10 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 31 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour le II de l'article L. 4424-10 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 32 est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le III du texte proposé par l'article 12 pour l'article L. 4424-10 du code général des collectivités territoriales :
« III. - Un rapport d'évaluation annuel portant sur la mise en oeuvre des dispositions prévues par le plan d'aménagement et de développement durable de Corse et précisant leur impact réel sur l'environnement et le développement durable est établi par la collectivité territoriale de Corse et adressé au Premier ministre, qui le transmet au Parlement. »
L'amendement n° 33 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour l'article L. 4424-11 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 34 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour l'article L. 4424-12 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 35 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour l'article L. 4424-13 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 36 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour l'article L. 4424-14 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 37 est ainsi libellé :
« Supprimer le texte proposé par l'article 12 pour l'article L. 4424-15 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 38 est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 12 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-12 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-12. - Le plan d'aménagement et de développement durable de Corse a les mêmes effets que les directives territoriales d'aménagement définies à l'article L. 111-1-1 du code de l'urbanisme. Il peut préciser les modalités d'application, adaptées aux particularités géographiques locales, des articles L. 145-1 à L. 146-9 du même code relatifs aux dispositions particulières aux zones de montagne et au littoral.
« Les schémas de cohérence territoriale, les schémas de secteur, les plans locaux d'urbanisme et les cartes communales doivent être compatibles avec le plan.
« Les dispositions du plan qui précisent les modalités d'application des articles L. 145-1 à L. 146-9 du code de l'urbanisme sont applicables aux personnes et opérations mentionnées à ces articles. »
L'amendement n° 39 est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 12 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-13 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-13. - Le plan d'aménagement et de développement durable de Corse vaut, pour les secteurs qu'il détermine, schéma de mise en valeur de la mer au sens de l'article 57 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat. Les dispositions correspondantes sont regroupées dans un chapitre individualisé au sein du plan.
« Il vaut schéma régional d'aménagement et de développement du territoire au sens de l'article 34 de la même loi.
« Les dispositions du plan relatives aux services collectifs de transport valent schéma régional de transport au sens de l'article 14-1 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs et s'imposent aux plans départementaux des transports. »
L'amendement n° 40 est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 12 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-14 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-14. - Le plan d'aménagement et de développement durable de Corse est élaboré par le conseil exécutif.
« Le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse, les départements, les communes ou leurs groupements compétents en matière d'urbanisme, les chambres d'agriculture, les chambres de commerce et d'industrie et les chambres de métiers sont associés à l'élaboration du projet de plan selon les modalités définies par délibération de l'Assemblée de Corse. Des organisations professionnelles peuvent également être associées, dans les mêmes conditions, à son élaboration.
« Le représentant de l'Etat porte à la connaissance du conseil exécutif les projets d'intérêt général et les opérations d'intérêt national répondant aux conditions fixées en application de l'article L. 121-9. Le plan prend en compte ces projets et ces opérations et comporte, le cas échéant, les dispositions nécessaires à leur réalisation.
« Le projet de plan arrêté par le conseil exécutif est soumis pour avis au conseil économique, social et culturel de Corse ainsi qu'au conseil des sites de Corse puis adopté par l'Assemblée de Corse. Le projet ainsi adopté, assorti des avis du conseil économique, social et culturel de Corse et du conseil des sites de Corse, est soumis à enquête publique dans les conditions prévues par les articles L. 123-1 à L. 123-16 du code de l'environnement.
« Au vu des résultats de l'enquête publique, le plan d'aménagement et de développement durable de Corse est approuvé par l'Assemblée de Corse selon les mêmes modalités que pour son adoption.
« Le plan d'aménagement et de développement durable est révisé selon les modalités prévues au présent article. » L'amendement n° 41 est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 12 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-15 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-15. - Un contrat de plan entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse ne peut être conclu qu'après l'approbation par l'Assemblée de Corse du plan d'aménagement et de développement durable de Corse. »
L'amendement n° 42 est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 12 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 144-6 du code de l'urbanisme, il est inséré un article L. 144-16 ainsi rédigé :
« Art. L. 144-16. - La collectivité territoriale de Corse procède aux modifications du plan d'aménagement et de développement durable de Corse demandées par le représentant de l'Etat afin de permettre la réalisation d'un projet d'intérêt général ou d'une opération d'intérêt national répondant aux conditions fixées en application de l'article L. 121-9 du code de l'urbanisme.
« Si dans un délai de six mois à compter de cette demande adressée au président du conseil exécutif, la procédure de modification n'a pas abouti, il y est procédé par décret en Conseil d'Etat. En cas d'urgence, il peut être procédé à la modification sans délai par décret en conseil des ministres. »
La parole est à M. Natali, pour défendre l'amendement n° 101.
M. Paul Natali. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 101 est retiré.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre les amendements n°s 26 à 42.
M. Paul Girod, rapporteur. L'article 12 nous a été présenté, en première lecture, comme le troisième article « phare » du projet de loi relatif à la Corse, les autres étant les articles 1er et 7. Il concerne l'aménagement de l'île et comporte deux dispositions : la première vise la mise en place, ce que personne ne saurait dédaigner, d'un plan durable de développement ; la seconde, qui posait problème à différents égards, a trait aux dérogations possibles à la loi relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral.
Certains considéraient que la seconde disposition était la rançon des contraintes imposées par la première, à ceci près que c'était la seule dérogation législative présentée dans le texte initial, selon des conditions différentes de celles qui sont prévues à l'article 1er, puisqu'il n'y avait ni limitation dans le temps, ni expérimentation suivie, ni contrôle. Le dispositif était donc sous-tendu par un certain laxisme qui ne correspondait pas à l'esprit de l'article 1er.
Je le répète : ces dispositions formaient un tout. Nous imaginions, nous, qu'il était aussi solide que les bunkers de l'organisation Todt s'opposant au débarquement. Or le débat à l'Assemblée nationale a prouvé que cet ensemble pouvait s'effriter. En effet, c'est avec l'accord du Gouvernement qu'ont été retirées les dispositions prévoyant des possibilités de dérogation à la loi littoral. Dont acte ! Vous permettrez à la commission spéciale de regarder avec un peu d'ironie le déroulement des choses, la solidité du tout et, ce qui est plus grave, l'acceptation du non-développement de la Corse qui découle du retrait des dispositions de dérogation à la loi littoral.
En définitive, le problème reste le même. Nous avons devant nous une île dans laquelle l'application de la loi littoral sans dispositions particulières aboutit à un gel du développement touristique, en raison de l'impossibilité de mettre en place quelque type d'accueil de grande qualité que ce soit, et du développement urbain, par un gel, de fait, des propriétés privées, qui ne sont pas constructibles.
D'ailleurs, les événements de la nuit dernière compliquent encore la situation. En effet, le lot de bungalows qui a été détruit avait été construit dans le respect de la législation en vigueur et se situait dans un espace qui, le moins que l'on puisse dire, est l'un de ceux qui pourraient offrir des perspectives de développement à la Corse. La semaine dernière, j'avais survolé ces bungalows et Mme le maire de Piana m'avait expliqué qu'il s'agissait de la concrétisation de ce que l'on pourrait faire si on lui laissait un peu d'espace de liberté. Il s'avère, semble-t-il, que certains veulent que l'on ne fasse rien. Monsieur le ministre, je crains que ce ne soit à ceux-là que, une fois de plus, vous ayez cédé à l'Assemblée nationale.
Pour l'ensemble de ces raisons, la commission spéciale vous propose, mes chers collègues, de revenir au texte que nous avions retenu pour l'article 12, à quelques modifications près. Celles-ci ne sont que la reconnaissance du fait que l'Assemblée nationale a elle-même accepté un certain nombre de suggestions que nous avions faites, notamment en ce qui concerne les principes énoncés dans les articles 110 et 121 du code de l'urbanisme, qui s'imposent à l'évidence à tout document d'urbanisme existant en Corse, ce qui ne figurait pas dans le texte du projet de loi initial.
Je résume brièvement le dispositif.
Il s'agit, tout d'abord, de la confirmation de la nécessité de mettre en place un plan d'aménagement et de développement durable arrêté par l'Assemblée territoriale de Corse et comportant un certain nombre de dispositions prudentielles relatives à son instruction et à sa publication.
Il s'agit, ensuite, de l'intégration de celui-ci et des documents urbanistiques que j'évoquerai ultérieurement dans le code de l'urbanisme, et non dans le code général des collectivités territoriales.
Monsieur le ministre, je voudrais que vous m'expliquiez l'intérêt que peut présenter le fait de faire figurer des dispositions d'urbanisme dans le code général des collectivités territoriales. En effet, toute personne souhaitant construire consultera bien sûr le code de l'urbanisme, où rien ne lui dira qu'il existe par ailleurs des dispositions d'urbanisme particulières à la Corse. Par conséquent, elle se lancera au mieux dans des projets, dans des demandes d'autorisation ou, au pire, dans des constructions à la limite de la légalité et elle rencontrera un problème majeur au simple motif que les dispositions qui régissent ce secteur ne figurent pas dans le code qui, normalement, vaut pour l'ensemble de la France. Il y a là une logique qui nous échappe complètement et c'est pourquoi nous souhaitons le retour de ces dispositions dans le code de l'urbanisme.
Il s'agit, enfin, de la confirmation du rôle du plan d'aménagement et de développement durable, sous l'éclairage que je viens d'indiquer, et de l'ouverture, critiquable probablement - elle n'est certainement pas parfaite, mais elle constitue néanmoins une ouverture - en direction de la remobilisation de certains terrains, avec beaucoup de prudence, des règles de verrouillage extrêmement strictes et don obligatoire au Conservatoire du littoral comme c'est le cas pour la loi forestière sur le continent, des terrains non urbanisés, afin que, si développement il doit y avoir, il soit encadré.
Je sais que les moeurs locales ont du mal à s'adapter chaque fois qu'on commence à concevoir une mutualisation des droits de construction. Mais ce dispositif est sans doute perfectible.
Si j'étais cynique, monsieur le ministre, je vous dirais que je ne me fais pas beaucoup d'illusions sur la manière dont l'Assemblée nationale va traiter ce texte. Cependant, le jour où l'on commencera à construire vraiment - ce qui n'est pas actuellement le cas - cette idée resurgira et c'est probablement à partir de là que l'on pourra peut-être élaborer quelque chose qui soit adapté à l'île, sur le fondement de ces dispositions ou d'autres dispositions. En tout cas, il s'agira d'un élément de construction, et non d'un élément de blocage, ce qu'est devenu l'article 12 tel qu'il nous revient de l'Assemblée nationale.
Les amendements que présente la commission visent, pour l'essentiel, à revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture.
Je vous demande, monsieur le président, de bien vouloir considérer que j'ai défendu les amendements n°s 26 à 42. Il s'agit donc d'un retour au texte du Sénat, à quelques modifications près, qui tiennent compte du fait que l'Assemblée nationale a reconnu, ici et là, que nous n'avions pas totalement tort.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 26 à 42 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement souhaite, bien évidemment, maintenir l'article 12 du projet de loi dans la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale.
Cet article se situe en effet au coeur du dispositif qui est proposé par le Gouvernement pour permettre à la collectivité territoriale de Corse de maîtriser son développement et l'aménagement de son territoire.
Le plan d'aménagement et de développement durable, qui sera élaboré et approuvé par la collectivité territoriale de Corse, répond à une logique de simplification, de décentralisation accrue des compétences et de transparence. Il permettra également de mieux prendre en compte les spécificités géographiques de l'île, à travers une capacité d'adaptation de certaines dispositions relatives au littoral, qui demeurera limitée et encadrée. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement souhaite, je le répète, le maintien du texte actuel de l'article 12.
Je rappelle que le texte initial de la commission des lois de l'Assemblée nationale comprenait un III et que c'est à la suite d'un amendement de M. Vaxès, député communiste, qu'il a été supprimé. Compte tenu des conditions dans lesquelles l'examen de ce texte se déroulait, je m'étais exprimé, au nom du Gouvernement, de manière claire et ouverte sur le fait que, pour maintenir un consensus, ce III de l'article 12 pourrait être supprimé.
Je répète, sans aucune intention de polémiquer, que, notamment lors de l'examen en première lecture à l'Assemblée nationale, ce sont surtout sur les bancs de vos amis, messieurs, que le Gouvernement a été accusé de vouloir bétonner l'île ou de permettre aux élus corses de le faire. Je me revois à l'Assemblée nationale et j'entends encore les interventions - je ne les citerai pas - allant dans ce sens. C'est sur ce fondement que le III a été supprimé. Il faudra donc attendre que les élus corses se saisissent de cette question à travers un plan d'aménagement et de développement durable pour autoriser, grâce à l'article 1er, des dérogations telles qu'elles étaient initialement prévues.
La position du Gouvernement est claire : il émet un avis défavorable sur les amendements n°s 26 à 42, pour les raisons que j'ai évoquées.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il me revient à l'esprit cette vieille maxime : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Lorsque l'argument du bétonnage de l'île était exploité, me dites-vous, par nos amis politiques à l'Assemblée nationale, il ne valait rien. En revanche, le jour où les Verts l'ont utilisé, il est devenu valable. C'est intéressant ! Vous dites que vous avez accepté cela pour obtenir un consensus.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. De vos amis ! (Sourires.)
M. Paul Girod, rapporteur. Le résultat a été à la hauteur de vos ambitions : aucun élu corse n'a voté le texte à l'Assemblée nationale. Pour arriver au consensus, bravo !
En revanche, qui ne dit rien sur la loi littoral, rien sur les cent mètres, qui ne dit rien sur rien ou à peu près ? Ce sont ou ceux dont vous ne voulez pas avouer qu'ils sont vos interlocuteurs privilégiés au sein de l'Assemblée territoriale de Corse, les indépendantistes, ou une fraction de votre majorité plurielle devant laquelle vous tremblez en permanence à l'Assemblée nationale, de peur qu'elle ne dise que ce n'est pas ainsi qu'il faut faire.
Mme Hélène Luc. Qui voyez-vous trembler ?
M. Paul Girod, rapporteur. Le Gouvernement ! On le voit bien puisqu'il nous dit : c'est pour avoir le consensus que j'ai accepté de supprimer le III. Vous avez supprimé le III. Il n'y a plus rien dans le texte ! C'est intéressant ! (Sourires sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Monsieur le rapporteur, vous auriez pu ajouter que c'est Mgr Dupanloup qui a dit : « Seigneur, gardez-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge ! »
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 26.
M. Nicolas Alfonsi. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Alfonsi.
M. Nicolas Alfonsi. Mes chers collègues, j'aurais sans doute voté le texte du Sénat s'il n'y avait les dispositions qu'il adopte à l'article 12.
Je veux profiter de l'occasion qui m'est donnée pour dissiper tous les malentendus et toute la confusion qui, au fur et à mesure des lectures, nous conduisent dans la situation où nous sommes.
S'il est un domaine où, éventuellement, on aurait pu imaginer des dispositions législatives particulières, c'est bien le domaine de la loi littoral. Monsieur le ministre, un article que j'ai évoqué - une interview donnée au Figaro - indiquait que « le littoral, le relief, l'économie » - on peut commencer à en douter -, « les équipements » étaient autant d'éléments constitutifs de notre spécificité. Non ! Le littoral, peut-être. Sur les autres, on peut discuter. La culture, sans doute. Cela justifiait donc, éventuellement, une disposition particulière pour la Corse. C'était sans doute la seule où le domaine législatif particulier aurait pu, mais par une loi, s'exercer.
Or, au fur et à mesure de l'évolution de la discussion sur l'article 12, il est apparu que le littoral corse est devenu un problème national. La gestion du littoral corse ne peut pas être confiée aux responsabilités des élus Corse. C'est trop important. C'est un problème national, ce qui est déjà une contradiction avec ce qui a pu être dit par ailleurs.
Mais ce qui est un problème national, ce n'est pas le littoral corse, c'est la Corse. Le littoral corse n'est qu'un élément du problème national qu'est la Corse, et on pourrait peut-être imaginer que des dispositions exceptionnelles permettent de régler le problème qui se pose à l'île, à travers des solutions appropriées sur un certain nombre de problèmes, telle la gestion du littoral.
C'est là où le débat se déplace et c'est là où il faut en quelque sorte dissiper la confusion. Pourquoi ? Nous sommes dans l'hypocrisie la plus totale. En effet, on nous dit qu'il faut qu'il y ait du développement durable. Or, on le sait, le développement durable peut se faire non avec des industries aéronautiques - ou que sais-je encore ? - mais avec le tourisme. Par ailleurs, on ne peut pas rêvasser sur le développement du tourisme vert, qui n'apporte aucune valeur ajoutée, qui peut simplement être un « plus » à la valeur ajoutée donnée par de grands établissements, lesquels doivent se développer et créer de l'activité et de la richesse.
Examinons la situation au-delà de tous les préjugés. De Bonifacio jusqu'au cap Corse, il y a 550 kilomètres de côtes. Si vous retirez la poche d'Ajaccio - 15 ou 20 kilomètres urbanisés, 50 000 habitants - vous trouvez, sur ces 550 kilomètres, 15 000 ou 20 000 habitants résidant l'hiver sur la côte. L'intérieur, en Corse, c'est la côte. Cela peut paraître paradoxal, mais l'intérieur commence à quelques encablures du rivage. Si nous maintenons les dispositions de la loi littoral de 1986, appliquées avec une sévérité exceptionnelle en Corse, pour des raisons dans lesquelles se mêle la gestion de l'ordre public - il faut bien dire les choses comme elles sont - il est évident que, dans dix ans, nous serons exactement dans la même situation qu'aujourd'hui.
L'idée de M. le rapporteur a consisté, je le comprends, à tenter de trouver une solution. Or le législateur n'a pas à tenter de trouver des solutions. Il faut qu'il trouve les solutions les plus appropriées. Cette idée selon laquelle le Conservatoire pourrait, à un moment donné, dans un dispositif d'urbanisme en Corse, devenir un enjeu politique local, faire l'objet de pressions de toutes sortes, devenir propriétaire d'une partie des terrains qui seraient urbanisés par ailleurs et dont il récupérerait le solde n'est pas vendable et ne résiste pas à l'examen, ne serait-ce qu'en raison des problèmes fonciers qui se poseraient. Vous imaginez le Conservatoire récupérant un hectare sur lequel un Corse veut construire sa villa pour prendre sa retraite alors qu'il ne peut rien faire aujourd'hui, compte tenu de la rigidité de l'application de la loi littoral. En effet, nous sommes dans un désert ; la loi littoral ne permet de construire qu'en continuité, sous forme de hameaux, ce qui pose des problèmes fonciers.
Dans ces conditions, comment peut-on impliquer le Conservatoire ?
Depuis vingt-cinq ans que je préside le conseil des rivages de Corse, j'ai toujours vu cette institution hors des enjeux locaux. C'est la raison pour laquelle nous avons réussi. Il ne faudrait pas saisir cette occasion pour lui faire traiter des problèmes qui ne la concernent pas.
Dans ces conditions, je ne pourrai pas m'associer au vote, important pour la suite, qui va intervenir. La sagesse commanderait peut-être de revenir à une situation antérieure et d'essayer de trouver une autre solution, à travers les directives territoriales d'aménagement, en oubliant ce droit que nous essayons d'élaborer aujourd'hui. Je ne me sens pas la capacité de le faire.
Nous sommes dans une situation difficile. Les nationalistes attendent 2004 pour légiférer sur le littoral - nous allons donc perdre trois ans - mais ils attendent aussi d'autres réformes, comme si la gestion du littoral était une matière législative et ne devrait pas dépendre essentiellement des exécutifs locaux. Voilà ce qu'il faut avoir à l'esprit au moment du vote.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 30, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 31, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 32, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 34, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 35, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 36, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 37, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 38, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 39, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 41, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 42, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 12, modifié.

(L'article 12 est adopté.)

Article 13



M. le président.
« Art. 13. - I. - Les articles L. 144-1 à L. 144-6 du code de l'urbanisme et le second alinéa de l'article 34 bis de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat sont abrogés.
« Toutefois, le schéma d'aménagement de la Corse et le plan de développement applicables à la date de publication de la présente loi restent en vigueur jusqu'à l'approbation du plan d'aménagement et de développement durable de Corse.
« I bis. - Non modifié .
« II et III. - Supprimés . »
L'amendement n° 43, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du I de l'article 13, remplacer la référence : "L. 144-6" par la référence : "L. 144-5". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 43, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 13, modifié.

(L'article 13 est adopté.)

Sous-section 2

Des transports et de la gestion des infrastructures

Article 14



M. le président.
« Art. 14. - I. - Supprimé .
« II. - 1. Supprimé .
« 2. Dans l'article L. 4424-16 du code général des collectivités territoriales, les premier et deuxième alinéas sont supprimés.
« 3. Dans le dernier alinéa du même article, les mots : "au schéma des transports" sont remplacés par les mots : "par les dispositions relatives aux services collectifs de transport du plan d'aménagement et de développement durable".
« III. - Supprimé .
« IV. - L'article L. 4424-19 du même code est ainsi rétabli :
« Art. L. 4424-19 . - Des obligations de service public sont imposées par la collectivité territoriale de Corse sur certaines liaisons aériennes ou maritimes pour assurer le principe de continuité territoriale. Ces obligations ont pour objet, dans le cadre adapté à chaque mode de transport, de fournir des services passagers ou fret suffisants en termes de continuité, régularité, fréquence, qualité et prix et, le cas échéant, de capacité, pour atténuer les contraintes liées à l'insularité et faciliter ainsi le développement économique de l'île, l'aménagement équilibré du territoire insulaire et le développement des échanges économiques et humains entre l'île et la France continentale.
« Lorsque la collectivité territoriale de Corse décide de soumettre des liaisons de desserte aérienne à des obligations de service public, elle peut, dans le respect des procédures de publicité applicables, désigner pour l'exploitation de ces liaisons des compagnies aériennes titulaires d'une licence d'exploitation de transporteur aérien délivrée par un Etat membre de l'Union européenne ou partie à l'Espace économique européen.
« Lorsque la collectivité territoriale de Corse décide de soumettre des liaisons de desserte maritime à des obligations de service public, elle peut, dans le respect des procédures de publicité et de mise en concurrence applicables, désigner pour l'exploitation de ces liaisons des compagnies maritimes dont la flotte est immatriculée dans un Etat membre de l'Union européenne ou partie à l'Espace économique européen et battant pavillon de cet Etat membre ou partie, sous réserve que les navires de cette flotte remplissent toutes les conditions fixées par cet Etat membre ou partie pour être admis au cabotage.
« Pour les liaisons de dessertes aériennes ou maritimes, la collectivité territoriale de Corse peut également établir un régime d'aides individuelles à caractère social pour certaines catégories de passagers. »
« V. - 1. Supprimé .
« 2. Le deuxième alinéa de l'article L. 4424-20 du même code est ainsi rédigé :
« En prenant en considération les priorités de développement économique définies par la collectivité territoriale de Corse, l'office des transports de la Corse conclut avec les compagnies désignées pour l'exploitation des liaisons mentionnées à l'article L. 4424-19 des conventions de délégation de service public qui définissent les tarifs, les conditions d'exécution et la qualité du service ainsi que les modalités de contrôle. »
« 3. Supprimé .
« 4. Dans le dernier alinéa du même article, les mots : "de la loi n° 82-659 du 30 juillet 1982 précitée" sont remplacés par les mots : "de la loi n° 82-659 du 30 juillet 1982 portant statut particulier de la région de Corse : compétences".
« VI. - Supprimé .
« VII. - L'article L. 4424-21 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Sur le territoire de la Corse, par dérogation à l'article L. 110-3 du code de la route, la liste des routes à grande circulation est fixée par délibération de l'Assemblée de Corse. »
« VIII. - Supprimé ».
Je suis saisi de trois amendements, présentés par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale.
L'amendement n° 44 est ainsi libellé :
« Supprimer le 2 du II de l'article 14. »
L'amendement n° 45 est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le second alinéa du 2 du paragraphe V de l'article 14 :
« En prenant en considération les priorités de développement économique qu'elle définit, la collectivité territoriale de Corse conclut avec les compagnies désignées pour l'exploitation des liaisons mentionnées à l'article L. 4424-19 des conventions de délégation de service public qui définissent les tarifs, les services à offrir, leur condition d'exécution et leur niveau de qualité ainsi que les modalités de contrôle. »
L'amendement n° 46 est ainsi libellé :
« Supprimer le VII de l'article 14. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre ces trois amendements.
M. Paul Girod, rapporteur. Ces amendements tendent à transférer à la collectivité territoriale de Corse un certain nombre de responsabilités en matière de transport et de liaisons maritimes ou aériennes. Ils visent à revenir au texte du Sénat, que l'Assemblée nationale n'a pas voulu retenir. A mon avis, elle a eu grand tort, car il s'agit d'une délégation de services publics importante.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à ces trois amendements.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 44, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 45, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 46, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Article 15



M. le président.
« Art. 15. - I. - Les articles L. 4424-22, L. 4424-23, L. 4424-24 et L. 4424-25 du code général des collectivités territoriales sont ainsi rétablis :
« Art. L. 4424-22 . - Par dérogation aux articles 6 et 9 de la loi n° 83-663 du 22 juillet 1983 complétant la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat, la collectivité territoriale de Corse est compétente pour créer, aménager, entretenir, gérer les ports maritimes de commerce et de pêche et, le cas échéant, pour en étendre le périmètre. Ces dispositions ne s'appliquent pas aux ports maritimes de commerce et de pêche qui, à la date de promulgation de la loi n° du relative à la Corse, relèvent de la compétence des départements.
« Les biens, appartenant à l'Etat, des ports d'Ajaccio et de Bastia, à l'exception des plans d'eau, sont transférés dans le patrimoine de la collectivité territoriale de Corse. L'Etat demeure compétent pour exercer la police des ports maritimes d'Ajaccio et de Bastia dans les conditions prévues au livre III du code des ports maritimes. La collectivité territoriale met gratuitement à la disposition de l'Etat les installations et aménagements qui sont nécessaires au fonctionnement des services chargés de la police portuaire et de la sécurité. Une convention entre l'Etat et la collectivité territoriale organise les modalités de mise en oeuvre de ces transferts et prévoit notamment les mesures nécessaires au fonctionnement des services chargés de la police et de la sécurité.
« Par dérogation à l'article L. 1311-1 du présent code, les dispositions des articles L. 34-1 à L. 34-7 du code du domaine de l'Etat sont applicables sur le domaine public des ports d'Ajaccio et de Bastia transféré à la collectivité territoriale de Corse. Les autorisations, décisions et agréments mentionnés aux articles L. 34-1 à L. 34-4 du même code sont pris ou accordés, après consultation du représentant de l'Etat, par le président du conseil exécutif. Ils peuvent également être pris ou accordés par le concessionnaire, après consultation du représentant de l'Etat, lorsque les termes de la concession le prévoient expressément. Un décret en Conseil d'Etat précise, en tant que de besoin, les conditions d'application du présent alinéa.
« Art. L. 4424-23 . - La collectivité territoriale de Corse est compétente, dans les conditions prévues au code de l'aviation civile, pour créer, aménager, entretenir, gérer des aérodromes et, le cas échéant, pour en étendre le périmètre.
« Les biens des aérodromes d'Ajaccio, de Bastia, de Calvi et de Figari, appartenant à l'Etat, sont transférés dans le patrimoine de la collectivité territoriale de Corse, à l'exception des emprises et installations réservées à l'Etat pour les besoins de la défense nationale et des installations réservées à l'Etat pour les besoins de la sécurité de la circulation aérienne et de la sécurité civile. La collectivité territoriale met gratuitement à la disposition de l'Etat les installations et aménagements qui sont nécessaires au fonctionnement des services chargés de la police et de la sécurité. Une convention entre la collectivité territoriale et l'Etat organise, dans les conditions prévues à l'article L. 221-1 du code de l'aviation civile, les modalités de mise en oeuvre de ces transferts et prévoit notamment les mesures nécessaires au fonctionnement des services chargés de la police et de la sécurité.
« Art. L. 4424-24 et L. 4424-25 . - Non modifiés . »
« II. - Non modifié .
« III. - Les conventions conclues par l'Etat pour l'exploitation des ports d'Ajaccio et de Bastia et des aéroports de Corse sont prorogées, à compter de leur date d'expiration, jusqu'au 31 décembre 2003. La collectivité territoriale de Corse est substituée à l'Etat dans ces conventions, dans les conditions prévues au présent article et à l'article 35, dès l'entrée en vigueur de la présente loi. »
L'amendement n° 48, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Après la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 15 pour l'article L. 4424-22 du code général des collectivités locales, insérer une phrase ainsi rédigée : "Toutefois, les conventions de concession conclues par l'Etat pour l'exploitation des ports d'Ajaccio et de Bastia sont maintenues en l'état jusqu'au 31 décembre 2003". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je présenterai en même temps les amendements n°s 48, 49 et 47.
Les amendements n°s 48 et 49 découlent d'une disposition adoptée par le Sénat et tendant à prolonger les concessions des ports d'Ajaccio et de Bastia ainsi que des aéroports jusqu'en 2003, ce que l'Assemblée nationale a considéré comme pertinent. Nous parvenons donc parfois à nous entendre !
Toutefois, l'Assemblée nationale a ajouté un codicille qui vide, en grande partie, la disposition de sa substance. Elle a prévu, certes, que les concessions seraient prolongées mais aussi la dévolution des patrimoines s'opérerait au bénéfice de la collectivité territoriale de Corse dès le 1er janvier prochain, ce qui amènerait celle-ci à gérer des concessions prolongées sans en connaître les tenants et les aboutissants.
C'est pourquoi nous demandons le rétablissement du texte, adopté par le Sénat en première lecture, prévoyant les prolongations de concessions. Je pense que l'Assemblée nationale, à la réflexion, se ralliera à notre position. Ce transfert à la collectivité territoriale de Corse est très important. En effet les aéroports et les ports sont les poumons de la Corse. Il ne faut surtout pas interrompre le bon fonctionnement de ces équipements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable aux trois amendements.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 48, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 49, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi rédigé :
« Compléter in fine le premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 15 pour l'article L. 4424-23 du code général des collectivités territoriales par une phrase ainsi rédigée : "Toutefois, les conventions de concession conclues par l'Etat pour l'exploitation des aéroports de Corse sont prorogées, à compter de leur date d'expiration, jusqu'au 31 décembre 2003". »
La commissison et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 49, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 47, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer le III de l'article 15. »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 47, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 15, modifié.

(L'article 15 est adopté.)

Sous-section 3

Du logement

Article 16



M. le président.
« Art. 16. - I et II. - Supprimés.
« III. - Non modifié. »
L'amendement n° 50, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir les I et II de l'article 16 dans la rédaction suivante :
« I. - Dans le chapitre IV du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales, la sous-section 4 de la section 6 devient la sous-section 3 de la section 2.
« II. - La même sous-section 3 comprend l'article L. 4424-26. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'est un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 50, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux vois l'article 16, modifié.

(L'article 16 est adopté.)

Section 3

Du développement économique

Sous-section 1

De l'aide au développement économique

Article 17



M. le président.
« Art. 17. - I. - Dans le code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 4424-28-1 et sont rétablis les articles L. 4424-27, L. 4424-28 et L. 4424-29 ainsi rédigés :
« Art. L. 4424-27 . - Le régime des aides directes et indirectes de la collectivité territoriale en faveur du développement économique, prévu par le titre Ier du livre V de la première partie, est déterminé par la collectivité territoriale par délibération de l'Assemblée de Corse.
« Le président du conseil exécutif met en oeuvre ces délibérations dans les conditions prévues à l'article L. 4422-26.
« Art. L. 4424-28 à L. 4424-29 . - Non modifiés . » - (Adopté.)

Sous-section 2

Du tourisme

Article 18



M. le président.
« Art. 18. - I. - Le premier alinéa de l'article L. 4424-31 du code général des collectivités territoriales est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :
« La collectivité territoriale de Corse détermine et met en oeuvre, dans le cadre du plan d'aménagement et de développement durable, les orientations du développement touristique de l'île.
« Elle définit, met en oeuvre et évalue la politique du tourisme de la Corse et les actions de promotion qu'elle entend mener. Elle assure le recueil, le traitement et la diffusion des données relatives à l'activité touristique en Corse.
« Elle coordonne les initiatives publiques et privées dans les domaines du développement, de la promotion et de l'information touristiques en Corse. »
« II. - Le dernier alinéa du même article est ainsi rédigé :
« Cette institution spécialisée, sur laquelle la collectivité territoriale de Corse exerce un pouvoir de tutelle, est présidée par un conseiller exécutif désigné par le président du conseil exécutif. Son conseil d'administration est composé à titre majoritaire de représentants élus de l'Assemblée de Corse. »
L'amendement n° 51, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 18 :
« L'article L. 4424-31 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-31. - La collectivité territoriale de Corse détermine et met en oeuvre, dans le cadre du plan d'aménagement et de développement durable, les orientations du développement touristique de l'île.
« Elle assure le recueil, le traitement et la diffusion des données relatives à l'activité touristique en Corse.
« Elle coordonne les initiatives publiques et privées dans les domaines du développement, de la promotion et de l'information touristiques en Corse. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit de revenir au texte du Sénat, qui maintient la possibilité pour les collectivités locales autres que la collectivité territoriale de mener une action touristique.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 51, repoussé par le Gouvernement.
M. Jean-Pierre Bel. Le groupe socialiste vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 18 est ainsi rédigé.

Article 19



M. le président.
« Art. 19. - L'article L. 4424-32 du code général des collectivités territoriales est ainsi rétabli :
« Art. L. 4424-32 . - I. - Le classement des stations mentionnées aux articles L. 2231-1 et L. 2231-3 est prononcé par délibération de l'Assemblée de Corse à la demande ou sur avis conforme de la commune ou de l'établissement public de coopération intercommunale compétent en matière de tourisme et après consultation du conseil départemental d'hygiène et du conseil des sites et après enquête publique. »
« II. - Par dérogation au troisième alinéa de l'article 2 de la loi n° 92-1341 du 23 décembre 1992 portant répartition des compétences dans le domaine du tourisme, l'Assemblée de Corse détermine les règles de procédure relatives à l'instruction des demandes d'agrément ou de classement des équipements et organismes suivants :
« a) Les hôtels et résidences de tourisme ;
« b) Les terrains de campings aménagés ;
« b bis ) Les villages de vacances ;
« b ter ) Supprimé ;
« c) Les villas, appartements et chambres meublés, qui sont loués à la semaine ;
« d) Les restaurants de tourisme ;
« e) Les organismes de tourisme dénommés "office de tourisme" au sens de l'article 10 de la loi n° 92-1341 du 23 décembre 1992 précitée ;
« f) Les offices du tourisme au sens des articles L. 2231-9 à L. 2231-14.
« La décision de classement ou d'agrément de ces équipements ou organismes est prise par arrêté du président du conseil exécutif de Corse. »
L'amendement n° 52, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer le I du texte proposé par l'article 19 pour l'article L. 4424-32 du code général des collectivités territoriales. »
La parole est à M. Le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit de revenir au texte du Sénat, qui supprime la possibilité pour la collectivité territoriale de prononcer le classement des stations touristiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 52, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 53, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir le b ter du II du texte proposé par l'article 19 pour l'article L. 4424-32 du code général des collectivités territoriales dans la rédaction suivante :
« b ter ) Les parcs résidentiels de loisirs ; ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'amendement n° 53 tend à rétablir le texte du Sénat, qui donne à la collectivité la possibilité de prononcer le classement des parcs résidentiels de loisirs.
Il semble que la rédaction de l'Assemblée nationale couvre cette catégorie d'établissements. Si le Gouvernement m'en donnait confirmation, je serais conduit à retirer l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Les parcs résidentiels de loisirs sont dénommés « terrains de camping aménagés » dans la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains et figurent donc déjà, sous cette appellation, dans la liste des équipements visés par cet article. Cet amendement serait donc redondant s'il était maintenu.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur ?
M. Paul Girod, rapporteur. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 53 est retiré.
Je mets aux voix l'article 19, modifié.

(L'article 19 est adopté.)

Sous-section 3

De l'agriculture et de la forêt

Article 20



M. le président.
« Art. 20. - I. - La première phrase de l'article L. 4424-33 du code général des collectivités territoriales est remplacée par deux phrases ainsi rédigées :
« La collectivité territoriale de Corse détermine, dans le cadre du plan d'aménagement et de développement durable, les grandes orientations du développement agricole, rural et forestier, de la pêche et de l'aquaculture de l'île. Une convention passée entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse prévoit les conditions de mise en oeuvre par la collectivité territoriale de Corse de ses orientations dans le domaine agricole.
« II. - Le même article est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Une convention passée entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse prévoit les conditions de mise en oeuvre en Corse de la politique forestière ».
« III. - L'article L. 112-11 du code rural est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Le conseil d'administration de l'office est composé à titre majoritaire de représentants élus de l'Assemblée de Corse. »
« IV. - L'article L. 112-12 du même code est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Le conseil d'administration de l'office est composé à titre majoritaire de représentants élus de l'Assemblée de Corse ».
« V. - L'article L. 314-1 du même code est ainsi rédigé :
« Art. L. 314-1 . - L'office du développement agricole et rural de Corse exerce les compétences dévolues au Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles. »
« VI. - Après l'article L. 314-1 du même code, il est inséré un article L. 314-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 314-1-1 . - Les compétences dévolues à la commission départementale d'orientation de l'agriculture en application de l'article L. 313-1 sont exercées en Corse par la commission territoriale d'orientation de l'agriculture. Un décret fixe, après concertation entre la collectivité territoriale de Corse et l'Etat, la composition de la commission territoriale d'orientation de l'agriculture, qui est présidée conjointement par le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse et par le président du conseil exécutif ou leurs représentants. »
L'amendement n° 54, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 20 :
« I. - L'article L. 4424-33 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-33. - La collectivité territoriale de Corse détermine et met en oeuvre, dans le cadre du plan d'aménagement et de développement durable, ses orientations en matière de développement agricole, rural et forestier, de pêche et d'aquaculture.
« Une convention passée entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse prévoit les conditions de mise en oeuvre de la politique agricole, rurale, forestière, de la pêche et de l'aquaculture en Corse. »
« II. - En conséquence, la sous-section 2 de la section 3 du chapitre 2 du titre Ier du livre Ier et les articles L. 112-10 à L. 112-15, ainsi que les articles L. 128-2 et L. 314-1 du code rural sont abrogés. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit du rétablissement du texte du Sénat sur l'aquaculture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 54, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 20 est ainsi rédigé.

Sous-section 4

De l'emploi et de la formation professionnelle

Article 22



M. le président.
« Art. 22. - I. - Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 4424-34 ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-34 . - La collectivité territoriale de Corse assure la mise en oeuvre des actions d'apprentissage et de formation professionnelle continue dans les conditions prévues pour les régions aux articles L. 214-12 à L. 214-15 du code de l'éducation.
« Elle élabore, en concertation avec l'Etat et après consultation des départements et du conseil économique, social et culturel de Corse, le plan régional de développement de la formation professionnelle des jeunes et des adultes, dont elle assure la mise en oeuvre.
« A l'occasion de la mise en oeuvre de ce plan, la collectivité territoriale de Corse signe une convention, notamment avec l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, dont elle arrête le programme des formations et le programme des opérations d'équipement pour la Corse. »
« II. - Le sixième alinéa de l'article L. 910-1 du code du travail est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« En Corse, la collectivité territoriale de Corse est substituée à la région. Le comité régional de la formation, de la promotion sociale et de l'emploi est consulté sur les projets d'investissement et les moyens d'intervention dont disposent les services régionaux de l'Agence nationale pour l'emploi et de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, y compris pour cette dernière sur les programmes prévus à l'article L. 4424-34 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 55, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 22 pour l'article L. 4424-34 du code général des collectivités territoriales, remplacer la référence : "L. 214-15" par la référence : "L. 214-16". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'amendement n° 55 tend à réparer une omission, qui provient probablement d'une erreur de frappe. Je pense que le Gouvernement, pour une fois, pourra donner un avis favorable !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Cet amendement répare effectivement un oubli.
M. Paul Girod, rapporteur. Ah !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il vise à préciser explicitement que la collectivité territoriale de Corse met en oeuvre des actions d'apprentissage et de formation professionnelle continue dans les mêmes conditions que les autres régions.
Monsieur Girod, j'émets en effet un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 55, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 56, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit les deux derniers alinéas du texte proposé par le I de l'article 22 pour l'article L. 4424-34 du code général des collectivités territoriales :
« En outre, la collectivité territoriale de Corse arrête le programme des formations et le programme des opérations d'équipement de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes en Corse.
« En application d'une convention passée avec le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse, la collectivité territoriale met en oeuvre des stages créés en exécution de programmes établis au titre des orientations prioritaires de l'article L. 910-2 du code du travail et financés sur les crédits du Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement vise à rétablir le texte du Sénat tendant à assurer une meilleure coordination entre le projet de loi relatif à la démocratie de proximité et le projet de loi relatif à la Corse.
Je sais bien que le premier n'est pas encore voté ; mais, monsieur le ministre, vous nous faites travailler dans des conditions impossibles ! Les textes tels que la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, le projet de loi relatif à la démocratie de proximité, le projet de loi relatif à la Corse, et j'en oublie sûrement, viennent se téléscoper les uns les autres. Nous essayons donc de faire un peu d'harmonisation ; je pense que vous nous le pardonnerez.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 56, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 106, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le II de l'article 22 :
« II. - Le sixième alinéa de l'article L. 910-1 du code du travail est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« En Corse, la collectivité territoriale de Corse est substituée à la région. Le comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle est consulté sur les projets d'investissement et les moyens d'intervention dont disposent les services régionaux de l'Agence nationale pour l'emploi et de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, y compris pour cette dernière sur les programmes prévus à l'article L. 4424-34 du code général des collectivités territoriales. »
La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Cet amendement permet de coordonner la rédaction du II de l'article 22, qui modifie l'article L. 910-1 du code du travail, avec les modifications apportées au même article par les articles 45 bis et 45 ter A du projet de loi de modernisation sociale tel qu'il résulte de la dernière lecture à l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. Quand je disais que j'oubliais des textes qui se télescopent ! Le Gouvernement qui veille autant que nous à la bonne organisation du travail législatif - en l'occurrence, c'est lui qui est fautif, ce n'est pas nous - nous propose donc un amendement de rétablissement.
La commission n'a pas examiné l'amendement, mais je suis obligé de convenir qu'il s'agit bien d'une harmonisation entre deux textes législatifs. C'est pourquoi, moi aussi, je donne un avis favorable à un amendement du Gouvernement. Nous sommes quittes pour l'instant, monsieur le ministre ! (Sourires.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 106, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 22, modifié.

(L'article 22 est adopté.)

Section 4

De l'environnement et des services de proximité

Sous-section 1

De l'environnement

Article 23



M. le président.
« Art. 23. - I et II. - Supprimés.
« III. - Les deuxième et troisième alinéas de l'article L. 4424-35 du code général des collectivités territoriales sont ainsi rédigés :
« L'office de l'environnement de la Corse a pour mission, dans le cadre des orientations définies par la collectivité territoriale de Corse, d'assurer la mise en valeur, la gestion, l'animation et la promotion du patrimoine de la Corse. Il est soumis à la tutelle de la collectivité territoriale de Corse.
« L'office est présidé par un conseiller exécutif désigné par le président du conseil exécutif. Sa gestion est assurée par un directeur nommé sur proposition du président de l'office par arrêté délibéré en conseil exécutif. Le conseil d'administration de l'office est composé à titre majoritaire de représentants élus de l'Assemblée de Corse. »
« IV. - Il est inséré, après l'article L. 4421-2 du même code, un article L. 4421-4 ainsi rédigé :
« Art. L. 4421-4 . - Le conseil des sites de Corse exerce en Corse les attributions dévolues à la commission régionale du patrimoine et des sites prévue à l'article 1er de la loi n° 97-179 du 28 février 1997 relative à l'instruction des autorisations de travaux dans le champ de visibilité des édifices classés ou inscrits et dans les secteurs sauvegardés, à la commission spécialisée des unités touristiques nouvelles prévue par l'article 7 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne et à la commission départementale des sites, perspectives et paysages prévue par l'article L. 341-16 du code de l'environnement.
« La composition du conseil des sites de Corse, qui comprend des membres nommés pour moitié par le représentant de l'Etat et pour moitié par le président du conseil exécutif, est fixée par décret en Conseil d'Etat.
« Le conseil est coprésidé par le représentant de l'Etat et le président du conseil exécutif de Corse lorsqu'il siège en formation de commission régionale du patrimoine et des sites. »
« V à VIII. - Supprimés . »
Je suis saisi de deux amendements, présentés par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale.
L'amendement n° 57 est ainsi libellé :
« Supprimer le III de l'article 23. »
L'amendement n° 58 est ainsi libellé :
« Supprimer le IV de l'article 23. »
La parole est à M. le le rapporteur, pour présenter ces deux amendements.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit de deux amendements de coordination avec la suppression des offices.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 57, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 58, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 59, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir le V de l'article 23 dans la rédaction suivante :
« V. - La collectivité territoriale de Corse est compétente en matière de création de réserves naturelles de chasse. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. En nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a supprimé cette disposition qu'elle avait votée en première lecture et qui avait été adoptée conforme par le Sénat. Cela peut paraître curieux, mais, après tout, l'Assemblée nationale était dans son droit.
Dans la mesure où ces dispositions ont été déplacées au paragraphe XI de l'article 24, relatif à la compétence de la collectivité en matière de réserves de chasse, je retirerai cet amendement si le Gouvernement m'apporte la confirmation que le problème est effectivement traité audit paragraphe dudit article.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je le confirme, monsieur le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Alors, je retire l'amendement, non sans constater, pour m'en réjouir, que je commence à avoir du crédit auprès du Gouvernement. (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 59 est retiré.
L'amendement n° 60, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir le VIII de l'article 23 dans la rédaction suivante :
« VIII. - Les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse sont fixées par la collectivité territoriale de Corse. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cette disposition relative à l'ouverture et à la fermeture de la chasse découle d'un amendement déposé par un de nos collègues en première lecture. L'Assemblée nationale l'a supprimée.
Est-il vraiment scandaleux, sachant que la réglementation communautaire encadre fortement ces questions, de donner à la collectivité territoriale de Corse la capacité de fixer les dates d'ouverture et de fermeture de la chasse en Corse ? Nous pensons que non, d'autant que cela ne s'étend pas à la qualification des armes employées.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 60.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 23, modifié.

(L'article 23 est adopté.)

Article 24



M. le président.
« Art. 24. - Le code de l'environnement est ainsi modifié :
« I à XI. - Non modifiés .
« XII. - Le premier alinéa de l'article L. 425-3 est complété par une phrase ainsi rédigée : "En Corse, ce plan est mis en oeuvre par la collectivité territoriale de Corse."
« XIII. - Dans l'article L. 436-12, les mots : "ou, en Corse, une délibération de l'Assemblée de Corse" sont insérés avant le mot : "fixe". »
Je suis saisi de deux amendements, présentés par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale.
L'amendement n° 61 est ainsi libellé :
« Dans le texte proposé par le XII de l'article 24 pour compléter le premier alinéa de l'article L. 425-3 du code de l'environnement, après les mots : "ce plan est", insérer les mots : "établi et". »
L'amendement n° 62 est ainsi libellé :
« Supprimer le XIII de l'article 24. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter ces deux amendements.
M. Paul Girod, rapporteur. L'amendement n° 61 est un amendement de coordination avec la suppression des dispositions du paragraphe VI de l'article 23, qui sont transférées au paragraphe XII de l'article 4. Il convient de préciser que le plan est non seulement mis en oeuvre, mais également établi par la collectivité territoriale.
L'amendement n° 62 reprend le texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 61 et 62 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'amendement n° 61 permet d'améliorer la rédaction de l'article L. 425-3 du code de l'environnement. J'y suis donc favorable. Les compteurs sont ainsi remis à zéro, monsieur le rapporteur ! (Sourires.)
En revanche, je suis défavorable à l'amendement n° 62.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 61, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 62, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 24, modifié.

(L'article 24 est adopté.)

Article 24 bis



M. le président.
L'article 24 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 63, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 24 bis dans la rédaction suivante :
« I. - Les deuxième et troisième alinéas de l'article L. 4424-18 du code général des collectivités territoriales sont abrogés.
« II. - En conséquence, dans la première phrase du quatrième alinéa du même article, les mots : "l'office" sont remplacés par les mots : "la collectivité territoriale de Corse". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec la décision que nous avons prise de supprimer les offices dès maintenant dans la loi, ce qui permet leur reconstitution éventuelle sur des bases nouvelles, plutôt que de devoir assister à leur mort lente, à la discrétion de l'Assemblée de Corse. C'est un système qui perturbe le fonctionnement de l'exécutif en Corse. Nous préférons trancher.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 63, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 bis est rétabli dans cette rédaction.

Article 25



M. le président.
« Art. 25. - L'article 7 de la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne est ainsi modifié :
« 1°, 2° et 2° bis non modifiés ;
« 3° Le dernier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "Par dérogation aux dispositions précédentes, la composition et les règles de fonctionnement du comité pour le développement, l'aménagement et la protection du massif de Corse sont fixées par délibération de l'Assemblée de Corse, qui prévoit la représentation des personnes morales concernées par le développement, l'aménagement et la protection du massif, notamment celle de l'Etat, des autres collectivités locales de l'île et du parc naturel régional." »
L'amendement n° 64, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer les deux derniers alinéas de l'article 25. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement, sous son apparence anodine, est relativement important dans la mesure où il s'agit de supprimer la possibilité donnée à la collectivité territoriale de Corse de déterminer elle-même les règles de fonctionnement et de composition du comité de massif de Corse, possibilité qui nous paraît contraire aux dispositions constitutionnelles relatives au pouvoir réglementaire du Premier ministre.
Actuellement, l'article 7 de la loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne dispose que la composition de cet organisme est fixée par décret en Conseil d'Etat.
Il y a là une difficulté qui sera certainement soulevée, le moment venu, devant le Conseil constitutionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 64, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 25, modifié.

(L'article 25 est adopté.)

6

NOMINATION DE MEMBRES
D'UN ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président. Je rappelle que les commissions des affaires sociales et des finances ont proposé des candidatures pour un organisme extraparlementaire.
La présidence n'a reçu aucune opposition dans le délai d'une heure prévu par l'article 9 du règlement.
En conséquence, ces candidatures sont ratifiées, et je proclame MM. Joseph Ostermann et Alain Vasselle, membres du conseil de surveillance du fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-neuf heures quinze, est reprise à vingt et une heures quarante-cinq, sous la présidence de M. Serge Vinçon.)

PRÉSIDENCE DE M. SERGE VINÇON
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

7

CORSE

Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi
en nouvelle lecture

M. le président. Nous reprenons la discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la Corse.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 26.

Sous-section 2

De l'eau et de l'assainissement

Article 26



M. le président.
« Art. 26. - Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 4424-36 ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-36 . - I. - La collectivité territoriale de Corse met en oeuvre une gestion équilibrée des ressources en eau. La Corse constitue un bassin hydrographique au sens des articles L. 212-1 à L. 212-6 du code de l'environnement.
« Le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux prévu à l'article L. 212-1 du même code est élaboré à l'initiative de la collectivité territoriale de Corse par le comité de bassin mentionné au II. Le comité de bassin associe à l'élaboration du schéma le représentant de l'Etat, les conseils généraux, le conseil économique, social et culturel de Corse et les chambres consulaires, qui lui communiquent toutes informations utiles relevant de leur compétence.
« Le projet de schéma arrêté par le comité de bassin est soumis pour avis au représentant de l'Etat, aux conseils généraux, au conseil économique, social et culturel de Corse et aux chambres consulaires. L'absence d'avis émis dans le délai de quatre mois à compter de la transmission du projet de schéma vaut avis favorable.
« Le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux est adopté par le comité de bassin et approuvé par l'Assemblée de Corse. Il est tenu à la disposition du public au siège de l'Assemblée de Corse, dans les préfectures et sous-préfectures.
« Le comité de bassin suit la mise en oeuvre du schéma. Le schéma est révisé tous les six ans selon les formes prévues pour son approbation.
« La collectivité territoriale de Corse précise, par délibération de l'Assemblée de Corse, la procédure d'élaboration du schéma directeur. »
« II. - Pour exercer les missions définies au I du présent article et au III de l'article L. 213-2 du code de l'environnement, il est créé un comité de bassin de Corse composé :
« 1° De représentants de la collectivité territoriale de Corse, des départements et des communes ou de leurs groupements ;
« 2° De représentants des usagers et de personnalités compétentes ;
« 3° De membres désignés pour moitié par le représentant de l'Etat et pour moitié par la collectivité territoriale de Corse, notamment parmi les milieux socioprofessionnels.
« Les membres des deux premières catégories détiennent au moins deux tiers du nombre total des sièges.
« La collectivité territoriale de Corse fixe, par délibération de l'Assemblée de Corse, la composition et les règles de fonctionnement du comité de bassin de Corse.
« III. - Dans chaque sous-bassin ou groupement de sous-bassins présentant des caractères de cohérence hydrographique, écologique et socio-économique, il peut être établi un schéma d'aménagement et de gestion des eaux prévu à l'article L. 212-3 du code de l'environnement. Son périmètre est déterminé par le schéma directeur. A défaut, il est arrêté par la collectivité territoriale de Corse, après consultation ou sur proposition du représentant de l'Etat, des départements et des communes ou de leurs groupements concernés et après avis du comité de bassin.
« Une commission locale de l'eau, créée par lacollectivité territoriale de Corse, est chargée de l'élaboration, du suivi et de la révision du schéma. Elle est composée :
« 1° Pour 40 %, de représentants des collectivités territoriales, autres que la collectivité territoriale de Corse, ou de leurs groupements ;
« 2° Pour 20 %, de représentants de la collectivité territoriale de Corse ;
« 3° Pour 20 %, de représentants des usagers, des propriétaires riverains, des organisations professionnelles concernées et des associations de protection de l'environnement ;
« 4° Pour 20 %, de représentants de l'Etat et de ses établissements publics.
« La collectivité territoriale de Corse fixe, par délibération de l'Assemblée de Corse, la composition et les règles de fonctionnement de la commission locale de l'eau.
« IV. - Supprimé . »
Je suis saisi de cinq amendements, présentés par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale.
L'amendement n° 69 est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le début de la première phrase du troisième alinéa du I du texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 4424-36 du code général des collectivités territoriales :
« Le projet de schéma arrêté par le comité de bassin est communiqué au représentant de l'Etat et soumis, pour avis, aux conseils généraux... »
L'amendement n° 65 est ainsi libellé :
« Supprimer le dernier alinéa du I du texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 4424-36 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 66 est ainsi libellé :
« Supprimer le dernier alinéa du II du texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 4424-36 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 67 est ainsi libellé :
« Supprimer le dernier alinéa du III du texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 4424-36 du code général des collectivités territoriales. »
L'amendement n° 68 est ainsi libellé :
« Rétablir le IV du texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 4424-36 du code général des collectivités territoriales dans la rédaction suivante :
« IV. - Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application du présent article. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur de la commission spéciale sur la Corse. Depuis la discussion en première lecture, nous cherchons à faire en sorte que le représentant de l'Etat ne soit pas contraint par des délais tels que, s'il ne répond pas, tout s'arrête.
S'agissant, par ailleurs, des amendements n°s 65, 66, 67 et 68, nous reprenons le texte adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je me prononcerai comme lors de la séance de cet après-midi, monsieur le président : j'émettrai, en règle générale, un avis défavorable sur les amendements de rétablissement du texte du Sénat.
M. le président. Je mets aux voix l'amendemnt n° 69, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 65, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 66, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 67, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 68, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 26, modifié.

(L'article 26 est adopté.)

Sous-section 3

Des déchets

Article 28



M. le président.
« Art. 28. - I. - Sont insérés, dans le code général des collectivités territoriales, deux articles L. 4424-37 et L. 4424-38 ainsi rédigés :
« Art. L. 4424-37 . - Les plans d'élimination des déchets prévus aux articles L. 541-13 et L. 541-14 du code de l'environnement sont élaborés, à l'initiative de la collectivité territoriale de Corse, par une commission composée de représentants de la collectivité territoriale de Corse, des départements, des communes et de leurs groupements compétents en matière de collecte ou de traitement des déchets, des services et organismes de l'Etat, des chambres consulaires, des organisations professionnelles concourant à la production et à l'élimination des déchets et des associations agréées de protection de l'environnement.
« Par dérogation aux articles L. 541-13 et L. 541-14 du code de l'environnement, les projets de plan qui, à l'initiative de l'Assemblée de Corse, peuvent être réunis en un seul document sont, après avis des conseils départementaux d'hygiène et du conseil économique, social et culturel de Corse, soumis à enquête publique puis approuvés par l'Assemblée de Corse.
« Art. L. 4424-38 . - Par dérogation au dernier alinéa de l'article L. 541-15 du code de l'environnement, les modalités et procédures d'élaboration, de publication et de révision des plans d'élimination des déchets sont fixées par délibération de l'Assemblée de Corse. »
« II. - Non modifié . »
L'amendement n° 70, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« I. - Supprimer le texte proposé par le I de l'article 28 pour l'article L. 4424-38 du code général des collectivités territoriales.
« II. - En conséquence, rédiger comme suit le premier alinéa du I de l'article 28 :
« L'article L. 4424-37 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé : »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination que nous avons déjà voté en première lecture.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 70, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 28, modifié.

(L'article 28 est adopté.)

Sous-section 4

De l'énergie

Article 29

M. le président. L'article 29 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

TITRE II

DES MOYENS ET DES RESSOURCES
DE LA COLLECTIVITÉ TERRITORIALE DE CORSE

Chapitre Ier


Dispositions relatives aux services et aux personnels

Articles 31 et 32



M. le président.
« Art. 31. - Les fonctionnaires de l'Etat et les agents non titulaires de l'Etat exerçant leurs fonctions dans un service transféré en vertu de la présente loi à la collectivité territoriale de Corse sont mis de plein droit à disposition de celle-ci à titre individuel, dans les conditions fixées par l'article 125 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale. » - (Adopté.)
« Art. 32. - Les fonctionnaires de l'Etat exerçant leurs fonctions dans un service transféré en vertu de la présente loi à la collectivité territoriale de Corse peuvent opter pour le statut de fonctionnaire territorial.
« Ce droit d'option est exercé dans un délai de deux ans à compter de l'entrée en vigueur de la présente loi dans les conditions fixées aux II et III de l'article 123 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée.
« A l'issue de ce délai, les dispositions du IV de l'article 123 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée s'appliquent aux fonctionnaires qui n'ont pas fait usage de leur droit d'option. Toutefois, le délai de deux ans mentionné au cinquième alinéa de ce IV est, pour l'application du présent article, ramené à un an.
« Les fonctionnaires de l'Etat qui exercent leur droit d'option en vue d'une intégration dans un cadre d'emplois de la fonction publique territoriale se voient appliquer les conditions d'intégration et de reclassement qui sont fixées par chacun des statuts particuliers pris pour l'application des articles 122 et 123 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée.
« Les services antérieurement accomplis par les fonctionnaires de l'Etat qui ont opté pour la fonction publique territoriale sont assimilés à des services accomplis dans celle-ci. » - (Adopté.)

Article 33



M. le président.
« Art. 33. - I. - Les agents non titulaires de l'Etat exerçant leurs fonctions dans un service transféré à la collectivité territoriale de Corse peuvent se voir reconnaître la qualité d'agent non titulaire de la collectivité territoriale.
« Ces agents disposent d'un délai de deux ans à compter de la date d'entrée en vigueur de la présente loi pour formuler une demande en ce sens ou pour demander à conserver la qualité d'agent non titulaire de l'Etat.
« Il est fait droit à leur demande dans un délai maximal d'un an à compter de la date de réception de celle-ci, et dans la limite des emplois vacants.
« A la date d'expiration du délai mentionné au deuxième alinéa, les agents non titulaires n'ayant exprimé aucune demande sont réputés avoir choisi la qualité de non-titulaire de la fonction publique territoriale. Il est fait droit, dans un délai maximal d'un an à compter de cette date, à la demande qu'ils sont réputés avoir formulée.
« Les agents non titulaires de l'Etat qui se sont vus reconnaître la qualité d'agents non titulaires de la collectivité territoriale de Corse en application du présent article conservent, à titre individuel, le bénéfice des stipulations de leur contrat de travail. Les services antérieurement accomplis par ces agents sont assimilés à des services accomplis dans la collectivité d'accueil.
« II. - Les personnels de la collectivité territoriale de Corse, en fonction à la date de publication de la présente loi, peuvent, à titre individuel, s'ils y ont intérêt, conserver le régime indemnitaire dont ils bénéficient à cette date. »
L'amendement n° 72, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le début du II de l'article 33 :
« Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, les personnels... »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'article 33, dans sa rédaction actuelle, résulte d'une initiative de l'Assemblée nationale, qui n'a fait que « relayer » une préoccupation que j'avais exprimée ici même à la fin de la première lecture, monsieur le ministre, à propos du statut actuel des agents de la collectivité territoriale de Corse.
Mais le régime indemnitaire de ces agents a été jugé illégal par le tribunal administratif, qui a débouté les personnels, et l'affaire est désormais devant la cour administrative d'appel. Nous en sommes donc au stade de la validation législative d'un traitement aberrant, mais qui ne doit pas se renouveler, et qui concerne seulement les agents en place.
Chacun peut comprendre les raisons de cette validation. Mais le texte adopté par l'Assemblée nationale comporte une faiblesse, car, tel qu'il est rédigé, il est inconstitutionnel en ce qu'il peut viser des cas qui ont été tranchés par jugement ayant force de chose jugée.
Par cet amendement, nous prenons donc une précaution, qui n'a pas d'effet aujourd'hui dans la mesure où la procédure n'est pas à son terme, mais qui permet d'éviter une éventuelle censure du texte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Du point de vue du Gouvernement, cet amendement est inutile dans la mesure où les délibérations d'ores et déjà annulées ne peuvent revivre du fait du II de l'article 33.
Il convient désormais que la collectivité territoriale de Corse délibère à nouveau sur le régime indemnitaire de ses agents. Dans ces conditions, l'amendement proposé ne peut qu'apporter une confusion supplémentaire donc et j'en demande le rejet.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je suis au regret de ne pas être d'accord avec vous, monsieur le ministre : si d'aventure cette disposition ne figurait pas et que le Conseil constitutionnel censure le texte, vous vous retrouveriez dans la situation antérieure, avec des personnels qui seraient susceptibles de voir leurs indemnités non seulement supprimées, mais réclamées. C'est la raison pour laquelle je crois que votre solution n'est pas la bonne.
Je demande donc au Sénat de bien vouloir suivre l'avis de la commission spéciale.
Monsieur le ministre, vous aurez le temps d'y réfléchir d'ici à la dernière lecture à l'Assemblée nationale. Et, la nuit portant conseil, je vous souhaite deux ou trois bonnes nuits !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 72, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 33, modifié.

(L'article 33 est adopté.)

Article 33 ter



M. le président.
« Art. 33 ter . - Les ouvriers, stagiaires et titulaires, des parcs et ateliers des ponts et chaussées et des bases aériennes, exerçant leurs fonctions dans un service des ports et aéroports transféré en vertu de la présente loi à la collectivité territoriale de Corse, sont mis de plein droit à disposition de celle-ci.
« Une convention conclue entre le représentant de l'Etat et le président du conseil exécutif constate les services, le nombre d'emplois et les dépenses de personnel correspondantes. L'Etat prend en charge ces dépenses, y compris lorsqu'elles correspondent aux heures supplémentaires et aux indemnités liées à la nature et à l'organisation du travail à hauteur du constat établi par la convention.
« Toute augmentation de ces dépenses consécutive à une décision de la collectivité territoriale de Corse est prise en charge par celle-ci sous forme d'un fonds de concours versé à l'Etat.
« Au terme de la mise à disposition des agents, les dépenses de personnel correspondantes mentionnées au deuxième alinéa sont prises en charge par la collectivité territoriale de Corse et donnent lieu à compensation financière dans les conditions prévues au titre 1er de la loi n° 85-1098 du 11 octobre 1985 relative à la prise en charge par l'Etat, les départements et les régions des dépenses de personnel, de fonctionnement et d'équipement des services placés sous leur autorité. » - (Adopté.)

Article 33 quater

M. le président. L'article 33 quater a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Chapitre II

Dispositions relatives aux transferts de biens
et de ressources

Article 34



M. le président.
« Art. 34. - I. - Supprimé .
« II. - Après le deuxième alinéa de l'article L. 4425-2 du code général des collectivités territoriales, sont insérés quatre alinéas ainsi rédigés :
« Pour l'évaluation de la compensation financière des charges d'investissement transférées en application notamment des articles L. 4424-4, L. 4424-7, L. 4424-22 et L. 4424-23 du présent code, ainsi que de l'article L. 722-17 du code de l'éducation, les ressources attribuées à la collectivité territoriale de Corse sont équivalentes à la moyenne actualisée des crédits précédemment ouverts au budget de l'Etat au titre des investissements exécutés ou subventionnés au cours des cinq années précédant le transfert de compétence.
« Toutefois :
« - pour l'évaluation de la compensation financière des charges transférées en application de l'article L. 4424-24, les ressources attribuées à la collectivité territoriale de Corse sont équivalentes à la moyenne actualisée des crédits précédemment consacrés par la Société nationale des chemins de fer français à la maintenance du réseau ferré de la Corse au cours des cinq années précédant le transfert de celui-ci ;
« - pour l'évaluation de la compensation financière des revenus, charges et obligations y afférentes transférés en application de l'article L. 181-1 du code forestier, les ressources attribuées à la collectivité territoriale de Corse sont déterminées par une convention passée entre l'Etat, la collectivité territoriale de Corse et l'Office national des forêts, et calculées sur la moyenne actualisée des crédits nécessaires pour assurer l'équilibre des comptes de l'Office national des forêts en Corse relatifs à la gestion des biens transférés au cours des dix dernières années précédant le transfert, déduction faite des dépenses restant à la charge de l'Etat et de l'Office national des forêts après le transfert. »
L'amendement n° 73, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le II de l'article 34 pour insérer deux alinéas après le deuxième alinéa de l'article L. 4425-2 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "notamment des articles L. 4424-4, L. 4424-7, L. 4424-22 et L. 4424-23 du présent code, ainsi que de l'article L. 722-17 du code de l'éducation" par les mots : "des dispositions de la loi n° ... du ... relative à la Corse". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'est un amendement purement rédactionnel, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 73, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 34, modifié.

(L'article 34 est adopté.)

Article 36



M. le président.
« Art. 36. - L'article L. 4425-4 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les reliquats disponibles sont affectés à la réalisation d'équipements portuaires et aéroportuaires destinés au transport et à l'accueil de voyageurs et de marchandises. »
L'amendement n° 74, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi l'article 36 :
« Le code général des collectivités territoriales est ainsi modifié :
« A. - Dans le premier alinéa du nouvel article L. 4424-16, les mots : ", avec le concours de l'office des transports," sont supprimés.
« B. - Le nouvel article L. 4424-20 est ainsi modifié :
« 1° Les premier, quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième et neuvième alinéas sont supprimés ;
« 2° Dans le troisième alinéa, les mots : "l'office" sont remplacés par les mots : "la collectivité territoriale de Corse" ;
« 3° Le troisième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "Les reliquats disponibles sont affectés à la réalisation ou à la modernisation d'équipements portuaires et aéroportuaires dédiés au transport et à l'accueil de voyageurs et de marchandises, sous réserve que l'équilibre financier des compagnies concessionnaires de service public soit respecté et permette de répondre à une qualité de service en matière de quantité, de régularité et de sécurité. Le volume financier de ces reliquats ne peut être supérieur aux dotations des compagnies concessionnaires assurant la continuité territoriale" ;
« 4° Après le troisième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Il ne peut y avoir reliquats disponibles que lorsque toutes les obligations contractuelles de la collectivité de Corse nées des conventions ou autres contrats passés avec les opérateurs ont été intégralement honorées ; les demandes des opérateurs exprimées dans le cadre des dispositions exceptionnelles, de révision ou de sauvegarde des mêmes conventions ou contrats, ont été traitées ; les éventuelles demandes reconventionnelles faites par les opérateurs ont été examinées. Ces reliquats ne seront disponibles que si l'équilibre financier des compagnies concessionnaires de service public est respecté et permet de répondre à une qualité de service en matière de : quantité, régularité, sécurité, étant précisé que le volume financier de ces reliquats ne saurait être supérieur aux dotations des compagnies concessionnaires assurant la continuité territoriale. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement porte sur la dotation de continuité territoriale. Nous proposons de revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture, qui inclut les amendements de MM. Bret et Picheral déjà satisfaits par le droit actuel et qui tient compte de la position prise s'agissant des offices à l'article 40.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 74, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 36 est ainsi rédigé.

Article 37



M. le président.
« Art. 37. - I. - Supprimé .
« II. - Non modifié .
« III. - Supprimé . »
L'amendement n° 75, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir le III de l'article 37 dans la rédaction suivante :
« III. - Le premier alinéa de l'article L. 121-7 du code de l'urbanisme est complété par une phrase ainsi rédigée : "A ce titre les communes et les établissements publics de coopération intercommunale bénéficient du concours particulier prévu à l'article L. 1614-9 du code général des collectivités territoriales". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement tend à revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture, qui corrige une erreur rédactionnelle dans la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 75, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 37, modifié.

(L'article 37 est adpté.)

Article 38 bis



M. le président.
L'article 38 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 76, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir l'article 38 bis dans la rédaction suivante :
« I. - Après l'article 266 duodecies du code des douanes, il est inséré un article 266 terdecies A ainsi rédigé :
« Art. 266 terdecies A. - La taxe générale sur les activités polluantes prévue aux articles 266 sexies à 266 duodecies est perçue, à compter du 1er janvier 2002, au profit de la collectivité territoriale de Corse.
« Son montant est fixé chaque année par la collectivité territoriale de Corse. A défaut de délibération, le montant de la taxe est celui prévu à l'article 266 nonies. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Pour une fois que la taxe générale sur les activités polluantes pourrait servir à autre chose qu'à financer les 35 heures - et Dieu sait que la Corse a besoin d'offrir du travail à ses habitants ! - il nous semble opportun de transférer cette ressource à la collectivité territoriale. Cela ne représentera peut-être pas des sommes très importantes, mais cela l'aidera à faire face au financement du programme exceptionnel d'investissement.
Monsieur le ministre, l'Etat ne paiera pas plus de 70 % ; la collectivité territoriale paiera donc 30 % au minimum, ce qui risque de soulever des difficultés. Dans ces conditions, il n'est peut-être pas inopportun d'alimenter quelque peu les finances de la collectivité territoriale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 76, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 38 bis est rétabli dans cette rédaction.

Article 39



M. le président.
« Art. 39. - Dans le dernier alinéa de l'article L. 112-14 du code rural, le mot : "individualisés" est remplacé par le mot : "inclus". »
L'amendement n° 77, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 39 :
« Après l'article L. 4425-4 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. L. 4425-4-1. - L'Etat verse à la collectivité territoriale de Corse un concours, inclus dans sa dotation générale de décentralisation, consacré à la mise en oeuvre des dispositions de l'article L. 4424-33.
« Le montant de ce concours évolue comme la dotation globale de fonctionnement. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement vise à revenir au texte que le Sénat a adopté en première lecture, par coordination avec la position qu'il a prise à l'article 40.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 77, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 39 est ainsi rédigé.

Chapitre III

Dispositions relatives aux offices

Article 40



M. le président.
« Art. 40. - I. - Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 4424-40 ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-40 . - La collectivité territoriale de Corse est substituée aux offices et à l'agence du tourisme à compter du 1er janvier 2003, sauf délibération contraire de l'Assemblée de Corse.
« La collectivité territoriale de Corse peut également décider à tout moment, par délibération de l'Assemblée de Corse, d'exercer les missions confiées à un office ou à l'agence du tourisme. Cette délibération prend effet le 1er janvier de l'année suivante.
« Lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice des missions confiées à un office ou à l'agence du tourisme en application de l'un des deux alinéas précédents, elle les exerce dans les conditions prévues aux articles L. 1412-1 ou L. 1412-2. Elle est substituée à l'office ou à l'agence du tourisme dans l'ensemble de ses droits et obligations. Cette substitution ne peut entraîner le paiement d'aucuns frais, droits ou taxes. Les contrats sont exécutés par la collectivité territoriale de Corse dans les conditions antérieures jusqu'à leur échéance, sauf accord contraire des parties. La substitution de personne morale n'entraîne aucun droit à résiliation ou à indemnisation pour le cocontractant de l'office ou de l'agence du tourisme.
« Les personnels de l'office ou de l'agence du tourisme en fonction à la date de la substitution conservent, à titre individuel, le bénéfice des stipulations de leur contrat antérieur ainsi que de leur régime de retraite et, le cas échéant, de retraite complémentaire.
« Les offices et l'agence sont dissous au terme de l'apurement définitif de leurs comptes. »
« II. - Il est inséré, dans le même code, un article L. 4424-41 ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-41 . - Les conditions dans lesquelles la collectivité territoriale de Corse exerce son pouvoir de tutelle sur les offices et sur l'agence du tourisme sont définies par délibération de l'Assemblée de Corse. La collectivité territoriale peut modifier ou rapporter les actes de ces établissements lorsqu'ils sont contraires aux orientations qu'elle a fixées ou à ses décisions budgétaires. »
L'amendement n° 78, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 40 :
« I. - Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 4424-40 ainsi rédigé :
« Art. L. 4424-40. - I. - La collectivité territoriale de Corse peut créer des établissements publics industriels et commerciaux chargés, dans le cadre des orientations qu'elle définit, de la mise en oeuvre d'attributions dévolues à la collectivité territoriale de Corse en application du présent chapitre. Sont toutefois exclues les attributions qui, par leur nature ou par la loi, ne peuvent être assurées que par la collectivité territoriale de Corse elle-même.
« II. - Ces établissements, dotés de la personnalité juridique et de l'autonomie financière, disposent de ressources propres provenant de la rémunération versée par les usagers pour service rendu. Ils sont soumis à la tutelle de la collectivité territoriale de Corse, qui en fixe les règles de fonctionnement.
« L'établissement est présidé par un conseiller exécutif désigné par le président du conseil exécutif. Sa gestion est assurée par un directeur nommé sur proposition du président de l'établissement par arrêté du président du conseil exécutif après consultation de ce conseil.
« Le conseil d'administration de l'établissement est composé à titre majoritaire de représentants élus de l'Assemblée de Corse. Le représentant de l'Etat dans la collectivité territoriale de Corse assiste de plein droit aux réunions du conseil d'administration et est destinataire de ses délibérations.
« Le président du conseil exécutif peut modifier ou rapporter les actes de ces établissements lorsqu'ils sont contraires aux orientations que la collectivité territoriale Corse a fixées ou aux décisions budgétaires de celle-ci.
« Les personnels recrutés par les établissements ainsi créés conservent, à titre individuel, le bénéfice des stipulations de leur contrat antérieur ainsi que de leur régime de retraite et, le cas échéant, de retraite complémentaire. »
« II. - La collectivité territoriale de Corse est substituée, dans l'ensemble de leurs droits et obligations :
« - à l'office du développement agricole et rural de Corse prévu à l'article L. 112-11 du code rural dans sa rédaction antérieure à la présente loi ;
« - à l'office d'équipement hydraulique de la Corse prévu à l'article L. 112-12 du code rural dans sa rédaction antérieure à la présente loi ;
« - à l'office des transports de la Corse prévu à l'article L. 4424-29 du code général des collectivités territoriales dans sa rédaction antérieure à la présente loi ;
« - à l'office de l'environnement de la Corse prévu à l'article L. 4424-18 du code général des collectivités territoriales dans sa rédaction antérieure à la présente loi ;
« - ainsi qu'à l'institution spécialisée prévue à l'article L. 4424-23 du code généal des collectivités territoriales dans sa rédaction antérieure à la présente loi.
« Cette substitution ne peut entraîner le paiement d'aucuns frais, droits ou taxes.
« La collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice des missions précédemmeent confiées à ces offices et à l'agence du tourisme et les exerce dans les conditions prévues aux articles L. 1412-1 ou L. 1412-2 du code général des collectivités territoriales.
« Les contrats sont exécutés par la collectivité territoriale dans les conditions antérieures jusqu'à leur échéance, sauf accord contraire des parties. La substitution de personne morale aux contrats conclus n'entraîne aucun droit à résiliation ou à indemnisation pour le cocontractant de l'office ou de l'agence du tourisme.
« Les personnels de l'office, ou de l'agence du tourisme, en fonction à la date de la substitution conservent, à titre individuel, le bénéfice des stipulations de leur contrat antérieur ainsi que de leur régime de retraite et, le cas échéant, de retraite complémentaire.
« Ces offices et l'agence sont dissous au terme de l'apurement définitif de leurs comptes. Les restes cumulés et les restes à réaliser sont repris au budget de la collectivité territoriale de Corse par décision modificative dans la plus prochaine décision budgétaire consécutive à l'arrêté des comptes financiers. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement est la conséquence de la suppression des offices. Il s'agit en effet d'ouvrir la possibilité de les reconstituer une fois leur dissolution prononcée, dans des conditions qui soient plus compatibles avec un bon fonctionnement de l'exécutif local, ce que, apparemment, ni le Gouvernement ni l'Assemblée ne semblent considérer comme une priorité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 78, repoussé par le Gouvernement.
M. Guy Fischer. Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 40 est ainsi rédigé.

Article 40 bis



M. le président.
« Art. 40 bis . - L'article L. 4422-26 du code général des collectivités territoriales est complété par un 3° ainsi rédigé :
« 3° Modifiant ou rapportant les actes des offices et de l'agence du tourisme de Corse dans les conditions prévues à l'article L. 4424-41. »
L'amendement n° 79, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le texte proposé par l'article 40 bis pour le 3° de l'article L. 4422-26 du code général des collectivités territoriales :
« 3° Modifiant ou rapportant les actes des établissements créés dans les conditions prévues à l'article L. 4424-40. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 79, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 40 bis, modifié.

(L'article 40 bis est adopté.)

Article 41



M. le président.
« Art. 41. - I. - L'article L. 4424-20 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'office des transports de la Corse cesse d'exister lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice de ses missions. »
« II. - L'article L. 4424-31 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'institution spécialisée cesse d'exister lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice de ses missions. »
« III. - L'article L. 4424-33 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'office du développement agricole et rural de Corse et l'office d'équipement hydraulique de Corse cessent d'exister lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice de leurs missions. »
« IV. - L'article L. 4424-35 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'office de l'environnement de la Corse cesse d'exister lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice de ses missions. »
L'amendement n° 80, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 41. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit également d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 80, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 41 est supprimé.

Article 42



M. le président.
« Art. 42. - I. - L'article L. 112-11 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'office du développement agricole et rural de Corse cesse d'exister lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice de ses missions. »
« II. - L'article L. 112-12 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'office d'équipement hydraulique de Corse cesse d'exister lorsque la collectivité territoriale de Corse reprend l'exercice de ses missions. »
L'amendement n° 81, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 42. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit encore d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 81, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 42 est supprimé.

Article 42 bis



M. le président.
« Art. 42 bis . - Lorsque la collectivité territoriale de Corse se substitue à la structure dénommée : "Agence pour le développement économique de la Corse" dans l'ensemble de ses droits et obligations, les personnels de cette agence, en fonction à la date de la substitution, conservent, à titre individuel, le bénéfice des stipulations de leur contrat antérieur ainsi que de leur régime de retraite et, le cas échéant, de retraite complémentaire. » - (Adopté.)

TITRE III

MESURES FISCALES ET SOCIALES

Chapitre Ier

Mesures fiscales et sociales en faveur
de l'investissement

Article 43



M. le président.
« Art. 43. - A. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« I. - L'article 244 quater E est ainsi rédigé :
« Art. 244 quater E. - I. - 1° Les petites et moyennes entreprises relevant d'un régime réel d'imposition peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt au titre des investissements, autres que de remplacement, financés sans aide publique pour 25 % au moins de leur montant, réalisés jusqu'au 31 décembre 2011 et exploités en Corse pour les besoins d'une activité industrielle, commerciale, artisanale, libérale ou agricole autre que :
« - la gestion ou la location d'immeubles lorsque les prestations ne portent pas exclusivement sur des biens situés en Corse, ainsi que l'exploitation de jeux de hasard et d'argent ;
« - l'agriculture ainsi que la transformation ou la commercialisation de produits agricoles, sous réserve de l'exception prévue au e du 2°, la production ou la transformation de houille et lignite, la sidérurgie, l'industrie des fibres synthétiques, la pêche, le transport, la construction et la réparation de navires d'au moins 100 tonnes de jauge brute, la construction automobile.
« Les petites et moyennes entreprises mentionnées au premier alinéa sont celles qui ont employé moins de 250 salariés et ont soit réalisé un chiffre d'affaires inférieur à 40 millions d'euros au cours de l'exercice ou de la période d'imposition, ramené le cas échéant à douze mois en cours lors de la réalisation des investissements éligibles, soit un total de bilan inférieur à 27 millions d'euros. L'effectif de l'entreprise est apprécié par référence au nombre moyen de salariés employés au cours de cet exercice ou de cette période d'imposition. Le capital des sociétés doit être entièrement libéré et être détenu de manière continue, pour 75 % au moins, par des personnes physiques ou par une société répondant aux mêmes conditions. Pour la détermination du pourcentage de 75 %, les participations des sociétés de capital-risque, des fonds communs de placement à risques, des sociétés de développement régional et des sociétés financières d'innovation ne sont pas prises en compte à la condition qu'il n'existe pas de lien de dépendance au sens des deuxième à quatrième alinéas du 1 bis de l'article 39 terdecies entre la société en cause et ces dernières sociétés ou ces fonds. Pour les sociétés membres d'un groupe au sens de l'article 223 A, le chiffre d'affaires et l'effectif à prendre en compte s'entendent respectivement de la somme des chiffres d'affaires et de la somme des effectifs de chacune des sociétés membres de ce groupe. La condition tenant à la composition du capital doit être remplie par la société mère du groupe ;
« 2° Peuvent ouvrir droit au crédit d'impôt prévu au 1° à un taux majoré les investissements réalisés par des entreprises au titre de l'une des activités suivantes :
« a) L'hôtellerie, la restauration et les activités de loisirs à caractère artistique, sportif ou culturel ;
« b) Les nouvelles technologies, sous réserve des exceptions prévues aux c et d, entendues au sens de la création de produits, procédés ou techniques dont le caractère innovant et les perspectives de développement économique sont reconnus. Cette reconnaissance est effectuée pour une période de trois ans, le cas échéant renouvelable, par un établissement public compétent en matière de valorisation de la recherche et désigné par décret ;
« c) L'énergie, à l'exception de la distribution d'énergie ;
« d) L'industrie ;
« e) La transformation et la commercialisation de produits agricoles ainsi que l'agriculture lorsque le contribuable peut bénéficier des aides à l'investissement au titre du règlement (CE) n° 1257/1999 du Conseil du 17 mai 1999 concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole ;
« f) à h) Supprimés ;
« i) Les services de conseil et d'ingénierie.
« Peuvent également ouvrir droit au crédit d'impôt prévu au 1° à un taux majoré les investissements réalisés dans les zones rurales déterminées par décret après consultation préalable de l'Assemblée de Corse par les entreprises de commerce de détail et les contribuables exerçant une activité artisanale au sens de l'article 1468 ;
« 3° Le crédit d'impôt prévu au 1° est égal à 10 % du prix de revient hors taxes :
« a) Des biens d'équipement amortissables selon le mode dégressif en vertu des 1 et 2 de l'article 39 A et des agencements et installations de locaux commerciaux habituellement ouverts à la clientèle créés ou acquis à l'état neuf ;
« b) Des biens, agencements et installations visés au a pris en location, au cours de la période visée au 1°, auprès d'une société de crédit-bail régie par le chapitre V du titre 1er du livre V du code monétaire et financier ;
« c) Des logiciels qui constituent des éléments de l'actif immobilisé et qui sont nécessaires à l'utilisation des investissements mentionnés aux a et b ;
« d) Des travaux de rénovation d'hôtel.
« Pour le calcul du crédit d'impôt, le prix de revient des investissements est diminué du montant des subventions publiques attribuées en vue de financer ces investissements.
« Le crédit d'impôt détermine dans les conditions mentionnées au présent 3° est porté à 20 % pour les investissements réalisés au titre de l'une des activités mentionnées au 2° ;
« 4° Supprimé ;
« 5° Les investissements réalisés par les petites et moyennes entreprises en difficulté peuvent ouvrir droit au crédit d'impôt prévu au 1° si elles ont reçu un agrément préalable délivré dans les conditions prévues à l'article 1649 nonies . Une entreprise est considérée comme étant en difficulté lorsqu'elle fait l'objet d'une procédure de redressement judiciaire ou lorsque sa situation financière rend imminente sa cessation d'activité.
« L'agrément mentionné au premier alinéa est accordé si l'octroi du crédit d'impôt aux investissements prévus dans le cadre du plan de restructuration présenté par l'entreprise n'altère pas les échanges dans une mesure contraire à l'intérêt commun.
« II. - Les dispositions du présent article s'appliquent sur option de l'entreprise à compter du premier jour de l'exercice ou de l'année au titre duquel elle est exercée. Cette option emporte renonciation au bénéfice des régimes prévus aux articles 44 sexies , 208 sexies et 208 quater A et à l'article 44 decies , nonobstant les dispositions prévues au XI de cet article. Elle est irrévocable.
« Lorsque les investissements sont réalisés par les sociétés soumises au régime d'imposition de l'article 8 ou par les groupements mentionnés aux articles 239 quater ou 239 quater C, le crédit d'impôt peut être utilisé par leurs associés, proportionnellement à leurs droits dans ces sociétés ou ces groupements, à condition qu'il s'agisse de redevables de l'impôt sur les sociétés ou de personnes physiques participant à l'exploitation au sens du 1° bis du I de l'article 156.
« III. - Si, dans le délai de cinq ans de son acquisition ou de sa création ou pendant sa durée normale d'utilisation si elle est inférieure, un bien ayant ouvert droit au crédit d'impôt prévu au I est cédé ou cesse d'être affecté à l'activité pour laquelle il a été acquis ou créé, ou si l'acquéreur cesse son activité, le crédit d'impôt imputé fait l'objet d'une reprise au titre de l'exercice ou de l'année où interviennent les événements précités.
« Toutefois, les dispositions de l'alinéa précédent ne sont pas applicables lorsque le bien est transmis dans le cadre d'opérations placées sous les régimes prévus aux articles 41, 151 octies , 210 A ou 210 B si le bénéficiaire de la transmission s'engage à exploiter les biens en Corse dans le cadre d'une activité répondant aux conditions mentionnées au I pendant la fraction du délai de conservation restant à courir. L'engagement est pris dans l'acte constatant la transmission ou, à défaut, dans un acte sous seing privé ayant date certaine, établi à cette occasion.
« Lorsque l'investissement est réalisé par une société soumise au régime d'imposition prévu à l'article 8 ou un groupement mentionné aux articles 239 quater ou 239 quater C, les associés ou membres mentionnés au deuxième alinéa du II doivent, en outre, conserver les parts ou actions de cette société ou ce groupement pendant un délai de cinq ans à compter de la réalisation de l'investissement. A défaut, le crédit d'impôt qu'ils ont imputé fait l'objet d'une reprise au titre de l'exercice ou de l'année de la cession, du rachat ou de l'annulation de ces parts ou actions.
« IV. - Les dispositions du présent article s'appliquent aux investissements réalisés à compter du 1er janvier 2002 au cours d'un exercice clos à compter de la date de publication de la loi n° du relative à la Corse. »
« I bis à I quindecies. - Supprimés .
« II. - L'article 199 ter D est ainsi rédigé :
« Art. 199 ter D . - Le crédit d'impôt défini à l'article 244 quater E est imputé sur l'impôt sur le revenu dû par le contribuable au titre de l'année au cours de laquelle les biens éligibles au dispositif sont acquis, créés ou loués. Lorsque les biens éligibles sont acquis, créés ou loués au titre d'un exercice ne concidant pas avec l'année civile, le crédit d'impôt correspondant est imputé sur l'impôt sur le revenu dû par le contribuable au titre de l'année au cours de laquelle l'exercice est clos. Si le montant du crédit d'impôt excède l'impôt dû au titre de ladite année, l'excédent est utilisé pour le paiement de l'impôt sur le revenu dû au titre des neuf années suivantes. Le solde non utilisé est remboursé à l'expiration de cette période dans la limite de 50 % du crédit d'impôt et d'un montant de 300 000 EUR.
« Toutefois, sur demande du redevable, le solde non utilisé peut être remboursé à compter de la cinquième année, dans la limite de 35 % du crédit d'impôt et d'un montant de 300 000 EUR.
« La créance sur l'Etat correspondant au crédit d'impôt non utilisé est inaliénable et incessible. Elle n'est pas imposable.
« Dans le cadre d'une opération mentionnée au deuxième alinéa du III de l'article 244 quater E, la fraction de la créance qui n'a pas encore été imputée est transférée au bénéficiaire de la transmission.
« En cas de fusion ou d'opération assimilée bénéficiant du régime prévu à l'article 210 A et intervenant au cours de la période visée à la deuxième phrase du premier alinéa, la fraction de la créance qui n'a pas encore été imputée par la société absorbée ou apporteuse est transférée à la ou aux sociétés bénéficiaires des apports pour sa valeur nominale.
« En cas de scission ou d'apport partiel d'actif, la créance est transmise en proportion de l'actif net réel apporté à la ou aux sociétés bénéficiaires des apports. »
« II bis et II ter. - Supprimés .
« III et IV. - Non modifiés .
« IV bis à IV quinquies . - Supprimés .
« V. - Non modifié .
« VI. - Il est inséré un article 1466 C ainsi rédigé :
« Art. 1466 C. - I. - Sauf délibération contraire des communes ou des établissements publics de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre prise dans les conditions prévues au I de l'article 1639 A bis, les entreprises mentionnées au deuxième alinéa de l'article 1465 B, exerçant une activité industrielle, commerciale ou artisanale au sens de l'article 34, quel que soit leur régime d'imposition, sont exonérées de taxe professionnelle sur la valeur locative des immobilisations corporelles afférentes aux créations d'établissement et aux augmentations de bases relatives à ces immobilisations financées sans aide publique pour 25 % au moins de leur montant, intervenues en Corse à compter du 1er janvier 2002.
« Toutefois n'ouvrent pas droit au bénéfice de l'exonération les activités exercées dans l'un des secteurs suivants : production et transformation de houille, lignite et produits dérivés de houille et lignite, sidérurgie, industrie des fibres synthétiques, pêche, construction et réparation de navires d'au moins 100 tonnes de jauge brute, construction automobile.
« Sont seuls exonérés dans le secteur de la transformation et de la commercialisation de produits agricoles ou de la pêche les contribuables qui peuvent bénéficier des aides à l'investissement au titre du règlement (CE) n° 1257/1999 du Conseil du 17 mai 1999 concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen d'orientation et de garantie agricole.
« L'exonération porte sur la totalité de la part revenant à chaque commune ou établissement public de coopération intercommunale. Elle ne peut avoir pour effet de reporter de plus de cinq ans l'application du régime de droit commun aux bases exonérées et ne peut s'appliquer au-delà du 31 décembre 2012. Deux périodes d'exonération ne peuvent courir simultanément.
« En cas de changement d'exploitant, l'exonération est maintenue pour la période restant à courir.
« Le dispositif s'applique sur agrément, délivré dans les conditions prévues à l'article 1649 nonies , aux entreprises visées au premier alinéa et en difficulté. Une entreprise est considérée comme étant en difficulté lorsqu'elle fait l'objet d'une procédure de redressement judiciaire ou lorsque sa situation financière rend imminente sa cessation d'activité.
« L'agrément mentionné à l'alinéa précédent est accordé si l'octroi de l'exonération dont bénéficierait l'entreprise n'altère pas les échanges dans une mesure contraire à l'intérêt commun.
« II. - Pour l'application du I, il n'est pas tenu compte des bases d'imposition résultant des transferts d'immobilisations à l'intérieur de la Corse.
« III. - La diminution des bases de taxe professionnelle résultant du I n'est pas prise en compte pour l'application des dispositions de l'article 1647 bis et des 2° et 3° du II de l'article 1648 B. Les dispositions du I s'appliquent après celles prévues aux articles 1464 A, 1464 E et 1464 F.
« IV. - Pour bénéficier des dispositions du présent article, les entreprises déclarent chaque année, dans les conditions prévues par l'article 1477, les bases entrant dans le champ d'application de l'exonération.
« V. - La délibération prévue au I doit viser l'ensemble des établissements créés ou étendus.
« VI. - Lorsqu'un établissement remplit à la fois les conditions requises pour bénéficier de l'une des exonérations mentionnées aux articles 1464 B, 1465, 1465 A, 1465 B et 1466 A et celles du présent article, le contribuable doit préciser le régime sous lequel il entend se placer. Ce choix, qui est irrévocable, doit être exercé, selon le cas, dans le délai prévu pour le dépôt de la déclaration annuelle ou de la déclaration provisoire de taxe professionnelle visée à l'article 1477. »
« VI bis à VI quinquies . - Supprimés .
« VII. - Non modifié .
« VIII. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'extension de l'exonération de taxe professionnelle aux petites et moyennes entreprises dont le total de bilan est inférieur à 27 millions d'euros est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
« A bis. - Supprimé.
« B. - Dans les conditions prévues par la loi de finances, l'Etat compense, chaque année, à compter du 1er janvier 2002, la perte de recettes résultant, pour les communes, les établissements publics de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre et les fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle, des exonérations prévues aux articles 1466 B bis et 1466 C du code général des impôts. Cette compensation est calculée dans les conditions prévues aux deuxième, troisième et quatrième alinéas du B de l'article 3 de la loi n° 96-1143 du 26 décembre 1996 relative à la zone franche de Corse.
« B bis. - Supprimé .
« C. - Non modifié . »
L'amendement n° 103, présenté par M. Natali, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du 1° du I du texte proposé par le I du A de l'article 43 pour l'article 244 quater E du code général des impôts, supprimer les mots : ", autres que de remplacement,". »
La parole est à M. Natali.
M. Paul Natali. Avec cet amendement, je propose d'en revenir à la rédaction adoptée par le Sénat en première lecture.
Il est nécessaire d'aider les entreprises à remplacer leur matériel ancien par du matériel neuf. Or le texte adopté par l'Assemblée nationale va à l'encontre de la nécessaire incitation à la compétitivité et à la productivité des entreprises.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. En première lecture, la commission spéciale s'était étonnée de la présence des mots : « autres que de remplacement » dans le texte adopté par l'Assemblée nationale et elle en avait souhaité la suppression. Il s'était ensuivi une discussion avec M. le ministre, car notre sentiment était le même que celui de notre ami M. Natali, à savoir qu'il ne fallait pas bloquer le développement et la modernisation des entreprises en cas de renouvellement d'un investissement.
Vous avez alors été conduit, monsieur le ministre, à préciser que les investissements ouvrent droit à crédit d'impôt dans le cas d'une activité nouvelle, qu'il s'agisse d'une création d'entreprise ou du développement d'une entreprise et si le prix de revient de l'équipement est supérieur de 20 % au prix du bien auquel il se substitue. Cela implique que vous vous placiez dans l'optique d'un accès au crédit d'impôt en cas de modernisation d'une entreprise et de son développement. Voilà pour l'aspect factuel des choses.
J'en viens maintenant à l'aspect juridique. Le crédit d'impôt dans son ensemble ne peut passer sous les arcanes de Bruxelles que si il est prévu d'éviter toutes les dérives que chacun peut concevoir, comme le renouvellement systématique d'un même matériel tous les ans sans que cela se traduise par un progrès pour l'entreprise.
C'est la raison pour laquelle je souhaiterais que notre ami M. Natali retire cet amendement.
S'il ne le retirait pas et si M. le ministre confirmait ce qu'il nous a dit en première lecture, je serais obligé d'émettre un avis défavorable.
C'est à regret que j'adopterais cette position parce que nous avons la même préoccupation. Toutefois, le souci de la cohérence avec le droit fiscal communautaire me conduit à la prudence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement de M. Natali.
L'exclusion des investissements de remplacement nous est effectivement imposée, comme le rappelait à l'instant M. le rapporteur, par l'encadrement communautaire des aides d'Etat à finalité régionale. Votre assemblée a d'ailleurs adopté en première lecture un amendement du Gouvernement en ce sens.
J'avais à cette occasion précisé que la notion d'investissement de remplacement ferait l'objet d'une interprétation restrictive afin de ménager au maximum le champ d'application du crédit d'impôt. Je réitère ici cet engagement. Je souhaite donc le retrait de cet amendement. Dans le cas contraire, j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Natali, l'amendement est-il maintenu ?
M. Paul Natali. Les précisions qui viennent de m'être apportées me rassurent pour les entreprises qui prévoient de renouveler leurs matériels, compte tenu de l'encadrement du système de renouvellement. C'est d'autant plus important d'aider les entreprises à remplacer leur matériel ancien - je pense aux cars, aux autocars, destinés aux transports scolaires, etc. - que ces petites entreprises sont celles qui créent le plus d'emplois.
Par conséquent, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 103 est retiré.
L'amendement n° 82, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Après le sixième alinéa (e) du 2° du I du texte proposé par le I du A de l'article 43 pour l'article 244 quater E du code général des impôts, rétablir le f dans la rédaction suivante :
« f) Les bâtiments et travaux publics » ;
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'extension aux bâtiments et travaux publics du champ du crédit d'impôt de l'article 244 quater E du code général des impôts est compensée par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'article 43 vise à substituer un crédit d'impôt aux exonérations d'impôt sur les sociétés et de taxe professionnelle mises en place, en faveur des petites et moyennes entreprises exerçant leur activité en Corse, par la loi relative à la zone franche de Corse, régime applicable jusqu'ici en Corse et qui a permis le rétablissement de la situation financière d'entreprises.
Il était nécessaire de mettre fin à ces zones franches, notamment parce que leur durée était limitée par la réglementation communautaire, ce que chacun peut comprendre.
Le système du crédit d'impôt a, il faut le reconnaître, l'avantage de pousser à l'investissement et à la modernisation des entreprises en Corse. C'est un aspect qui est positif, sous réserve que les entreprises prennent la décision d'investir.
Monsieur le ministre, un chef d'entreprise prend la décision d'investir s'il a des perspectives de développement de son entreprise et non, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens dans les sphères gouvernementales actuelles, uniquement pour obtenir un avantage fiscal, d'autant que celui-ci est au demeurant modeste par rapport au plafond maximal pour les aides fiscales qui est accordé en Sardaigne et qui atteint 65 %, alors qu'il est limité à 30 % en France pour des raisons communautaires, et ce dans le meilleur cas !
Mais encore faudrait-il offrir aux chefs d'entreprises des perspectives de développement ! Nous en reparlerons dans un instant.
J'en viens au système du crédit d'impôt de 10 % pour tout le monde et de 20 % pour le noyau de tête. Vous nous avez dit que ces 10 % étaient dus non pas à notre initiative, mais à la vôtre. Ils ont été obtenus ici. Enfin, admettons que les grands esprits se sont rencontrés, monsieur le ministre !
Nous avions ajouté dans ce noyau dur une série d'activités complémentaires par rapport au projet de loi, activités que l'Assemblée nationale a traité par le mépris. Dans son rapport, le rapporteur de l'Assemblée nationale a en effet qualifié ces apports de « prébendes à visée politique ». Je ne sais pas ce que mes collègues ont pensé de cette phrase, mais j'avoue que, personnellement, elle m'est restée en travers de la gorge, si vous me permettez l'expression !
J'ai eu toutefois une certaine satisfaction ensuite, car, me semble-t-il avec un accord parfois limité du Gouvernement, l'Assemblée nationale a retenu en séance publique un certain nombre de nos suggestions : la restauration, la rénovation d'hôtel, l'ingénierie, ce qui est important pour l'avenir, c'est-à-dire les cabinets d'études. Elle a éliminé, c'est vrai, une série d'autres activités.
Au sein de la commission spéciale, nous nous sommes posé la question de savoir quelle attitude nous adopterions. Allions-nous rétablir toutes les activités que nous avions incluses en première lecture - je pense aux résidences pour personnes âgées, à la maintenance, etc. - ou allions-nous concentrer l'action du Sénat sur un point précis ?
Nous avons opté pour cette dernière solution, et nous vous demandons, monsieur le ministre, de prêter une oreille attentive à la commission spéciale.
Il y a deux raisons qui nous poussent, je dirai presque à supplier humblement le Gouvernement d'être compréhensif sur le choix que nous avons fait, à savoir concentrer notre action sur le bâtiment et les travaux publics.
La première raison concerne le bâtiment. On nous a dit que nous allions faire financer la camionnette du peintre. Hormis le fait que ce n'est pas forcément idiot, n'oublions pas que, si la TVA est passée, sur le continent, de 20,6 % à 5,5 % pour les travaux effectués dans les domiciles - c'est un avantage fantastique pour les entreprises du bâtiment - elle n'est passée, en Corse, que de 8 % à 5,5 %. La situation n'est évidemment pas de même nature ! C'est pourquoi, il nous a semblé que le secteur du bâtiment méritait un peu d'encouragement et une aide à la modernisation, d'autant qu'il ne bénéficiait pas, à l'évidence, du même effet de « suralimentation » que sur le continent.
La seconde raison concerne les travaux publics. Qu'on le veuille ou non - nous sommes de ceux qui considèrent que c'est une bonne chose - va être appliqué ce fameux programme exceptionnel d'investissements. Si les chantiers sont très importants, ils seront entrepris par des entreprises continentales, voire européennes. Si les chantiers sont de taille moyenne, les entreprises locales doivent pouvoir y accéder. Il faut également qu'elles accèdent à la sous-traitance des grands chantiers. En effet, rien ne serait pire, me semble-t-il, pour l'économie de l'île, que le déferlement de grandes entreprises, accompagnées de leurs entreprises de sous-traitance, qui obtiendraient les marchés, effectueraient les travaux et partiraient sans avoir innervé le tissu économique de ce territoire !
C'est pourquoi, mes chers collègues, la commission spéciale vous demande de rétablir dans le noyau dur le bâtiment et les travaux publics, le bâtiment pour les raisons que j'ai dites, et les travaux publics pour des raisons d'avenir.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. M. le rapporteur avait déjà formulé, en première lecture, une proposition similaire. Il s'agit d'étendre le champ d'application du crédit d'impôt au taux majoré de 20 % aux investissements des entreprises du BTP. Je ne veux surtout pas entretenir une polémique avec M. Paul Girod, et ce d'autant moins qu'il n'y a pas là matière à polémique.
Je rappelle que la formule du crédit d'impôt avait été présentée par le Gouvernement et que je l'avais soumise à l'Assemblée de Corse avant que le texte soit examiné ici en première lecture. Mais peu importe ! Je sais bien que votre idée, monsieur le rapporteur, était de trouver un élément incitatif et d'accorder une aide, mais si nous n'avions pas débattu du texte, cette question n'aurait pas été posée. Heureusement que ce projet de loi sur la Corse permet d'aborder cette dimension de l'aide au développement économique et à l'investissement ! C'est donc en soi déjà une bonne chose. Acceptons, à la limite, que cette initiative soit partagée, mais, en tout cas, l'initiative du texte, elle, ne l'est pas.
M. Paul Girod, rapporteur. Je n'ai parlé d'initiative partagée que pour le crédit d'impôt de 10 % !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est toujours pas favorable à votre proposition.
Les secteurs prioritaires éligibles à ce taux majoré sont et doivent rester ceux dont le développement entraînera celui de l'ensemble de l'économie de l'île. Si la demande à un secteur d'activité donné est alimentée par les commandes d'autres secteurs du fait de la mise en place du crédit d'impôt, le Gouvernement considère qu'il est inutile d'accorder à ce secteur un crédit d'impôt au taux de 20 %.
Tel est le cas, manifestement, du secteur du BTP, qui bénéficiera, outre du crédit d'impôt au taux de 10 %, de la forte augmentation de la demande induite, telle que vous venez d'ailleurs de le rappeler, notamment par le programme exceptionnel d'investissements, ou par les besoins d'hébergements supplémentaires du secteur hôtelier.
Dans ces conditions, je vous demande de bien vouloir retirer l'amendement. A défaut, j'en demanderai le rejet.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Monsieur le ministre, je suis navré de vous dire que je ne partage pas votre analyse, et cela pour une raison simple. Une entreprise investit en fonction d'un marché existant ou d'un marché potentiel, auquel cas il s'agit d'un pari. Les retombées du plan exceptionnel d'investissement sont précisément pour les entreprises un pari à venir !
Je reprendrai l'exemple que citait notre collègue M. Natali et que vous connaissez aussi bien que moi, celui de la route à quatre voies de Bastia. Depuis combien d'années la prolongation est-elle en discussion ? Depuis combien d'années a-t-on enfin trouvé un tracé ? Depuis combien d'années la DUP n'est-elle pas lancée ? Car cela se chiffre en années, monsieur le ministre ! Pour réaliser une voie de vingt-deux kilomètres, il faut parfois, pour des raisons administratives, vingt-deux ans !
Si vous voulez que les entreprises corses se préparent à accueillir le programme exceptionnel d'investissements et s'équipent à cette fin, il faut les inciter à le faire avant que vos crédits n'arrivent, car, après, il sera trop tard. En effet, le phénomène qui se produit s'apparentera à celui qui survient dans le cas d'un Etat colonisé : les grandes entreprises venues de l'extérieur pour effectuer les travaux repartiront comme elles sont venues. Certes, elles laisseront derrière elles des réalisations utiles, mais l'économie de l'île n'en aura pas profité pour autant.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 82, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 83, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Dans le dernier alinéa du 2° du I du texte proposé par le I du A de l'article 43 pour l'article 244 quater E du code des impôts, remplacer la référence : "l'article 1468" par les mots : "l'article 34".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'éligibilité au crédit d'impôt des entreprises artisanales au sens de l'article 34 du code général des impôts est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. La définition des entreprises artisanales éventuellement éligibles au crédit d'impôt proposée par le Gouvernement et l'Assemblée nationale étant très restrictive, nous en proposons une autre au travers de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 83, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 104 rectifié, présenté par M. Natali, est ainsi libellé :
« A. - Compléter in fine le 2° du I du texte proposé par le I du A de l'article 43 pour l'article 244 quater E du code général des impôts par un alinéa ainsi rédigé :
« Peuvent également ouvrir droit au crédit d'impôt prévu au 1° les investissements réalisés par les entreprises de transports terrestres, routiers de marchandises, de proximité, de déménagement, de personnes et de transports ferroviaires, lorsque les contribuables exercent une activité de transport en zone courte des dépassements de la Corse, conformément aux dispositions de l'arrêté du 17 mars 1997 modifiant l'arrêté du 29 mai 1986 relatif aux limites des zones courtes. Si l'entreprise de transports exerce son activité en dehors de la zone courte de Corse, elle bénéficiera du crédit d'impôt à hauteur de la fraction de son bénéfice qui provient des prestations réalisées à l'intérieur de cette zone courte, à la condition que le siège social et les moyens d'exploitation soient implantés en Corse. »
« B. - Afin de compenser les pertes de recettes résultant du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'extension aux entreprises de transport du crédit d'impôt prévu au 1° du I de l'article 244 quater E du code général des impôts sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du même code. »
La parole est à M. Natali.
M. Paul Natali. Cet amendement a pour objet de rétablir la rédaction votée par le Sénat en première lecture.
Il est important d'aider aussi les entreprises de transport. M. le rapporteur a fait sur les entreprises du bâtiment et des travaux publics un exposé très brillant qui décrit exactement ce qui se passe en Corse. Si les entreprises ont eu encore du travail ces derniers temps, elles connaîtront bientôt une période d'accalmie totale. Pensez qu'on a mis cinq ans pour trouver le tracé d'une voie express au sud de Bastia et vingt-deux ans pour réaliser la route qui rejoint Ponte-Leccia à L'Ile-Rousse ! Je vois mal comment ce programme exceptionnel d'investissements relancera le secteur du bâtiment et des travaux publics !
Il est un autre secteur qu'il faut aider, c'est celui du transport des marchandises. Les entreprises ont besoin de bénéficier de ce crédit d'impôt, sinon elles déposeront bientôt leur bilan. Or cette activité représente un secteur dynamique et important de l'économie corse.
N'oublions pas que la Corse est un pays de consommation. Elle importe 2,5 millions de tonnes de fret et en exporte à peu près 500 tonnes. Voyez le différentiel ! Aujourd'hui, il faut aider les entreprises de transport, qui se sont quelque peu équipées, à maintenir les emplois qu'elles procurent grâce à des aides percutantes et efficaces.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. La commission a eu un débat assez long sur cet amendement, car elle avait décidé, si j'ose dire, de concentrer son tir sur le bâtiment et les travaux publics, en espérant parvenir à inclure cette activité dans le noyau dur. Mais M. le ministre me désespère un peu sur ce point, car, si j'ai bien compris, le Gouvernement est fermé, l'Assemblée nationale se fermera, et le BTP sera exclu.
C'est une raison supplémentaire pour que nous ayons une attitude extrêmement compréhensive à l'égard de l'amendement présenté par M. Natali. Après tout, puisque tout est refusé, élargissons les bases de mécontentement ! (M. le ministre proteste.)
Ce n'est pas ainsi qu'il faut voir les choses, vous avez raison ; disons qu'il existe peut-être une alternative au noyau dur que nous présentons.
La commission spéciale s'en remet donc à la sagesse favorable du Sénat sur cet amendement de M. Natali.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement y est défavorable, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 104 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 102 rectifié, présenté par M. Natali, est ainsi libellé :
« A. - Dans le deuxième alinéa du texte proposé par le II du A de l'article 43 pour l'article 199 ter D du code général des impôts, remplacer le pourcentage : "35 %" par le pourcentage : "50 %".
« B. - Afin de compenser les pertes de recettes résultant du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Les pertes de recettes résultant pour l'Etat du relèvement à 50 % du taux prévu au deuxième alinéa de l'article 199 ter D du code général des impôts sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du même code. »
La parole est à M. Natali.
M. Paul Natali. Cet amendement vise à en revenir à la rédaction adoptée par le Sénat en première lecture.
En effet, le dispositif permet à l'investisseur qui a récupéré 30 % de son crédit d'impôt sur les cinq premières années de choisir : soit il récupère les 70 % restants sur les années suivantes ; soit il touche, dès la cinquième année, 50 %, c'est-à-dire, au total, 80 %, les 20 % qui restent étant perdus. Cette possibilité lui permet d'obtenir des facilités de trésorerie tout de suite, ce qui peut s'avérer utile, voire nécessaire.
Avec 35 % du crédit d'impôt - pourcentage choisi par les députés - le total n'est que de 65 %. Aucun investisseur, même pour obtenir des facilités de trésorerie, ne peut raisonnablement envisager de perdre 35 % ! Dans de telles conditions, le dispositif deviendrait inopérant. Il est donc proposé de revenir à 50 %.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat, mais une sagesse favorable ! (Sourires.)
En première lecture, nous avions adopté, sur l'initiative de M. Marini, un mécanisme permettant à un investisseur, au bout de cinq ans, d'arbitrer entre la totalité de la créance restante - par hypothèse, supérieure à 50 % - et 50 % immédiatement. L'Assemblée nationale a accepté le mécanisme, mais a réduit le pourcentage à 35 %, ce qui nous semble excessif. Voilà pourquoi nous nous sommes penchés avec bienveillance sur la proposition de M. Natali.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. En première lecture, j'avais pris un engagement vis-à-vis de M. Marini.
Cet engagement a été respecté à l'Assemblée nationale.
Sans revenir sur le détail de la discussion, je rappelle ce que disait M. Marini dans l'exposé des motfs : « Il convient de souligner que, compte tenu du plafond de 50 %, le remboursement anticipé pourrait apporter à l'entrepreneur un avantage fiscal plus rapproché dans le temps, mais d'un montant inférieur à celui qui résulte de l'imputation pendant dix ans sur les cotisations. »
Je pense donc que la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale, sur proposition du Gouvernement, est plus conforme à notre discussion et aux conclusions de la première lecture au Sénat.
C'est pourquoi j'émets un avis défavorable sur l'amendement n° 102 rectifié.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 102 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 84, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Rétablir le IV bis du A de l'article 43 dans la rédaction suivante :
« IV bis. - Après l'article 44 decies , il est inséré un article 44 undecies ainsi rédigé :
« Art. 44 undecies. - A l'issue de la période d'exonération mentionnée au I de l'article 44 decies ou, si elle est antérieure, à compter de la première année au titre de laquelle l'option en faveur du crédit d'impôt prévu à l'article 244 quater E est exercée, les exonérations prévues à ce même article sont reconduites pour une durée de trois ans. La première année, l'exonération porte sur 75 % des bénéfices ouvrant droit à l'exonération. Ce pourcentage est de 50 % la deuxième année et de 25 % la troisième année. »
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recette résultant pour l'Etat de la mise en place d'une sortie progressive du régime d'exonération de l'article 44 decies du code général des impôts est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. L'amendement n° 84, ainsi que le suivant, l'amendement n° 85, visent à prévoir, en matière d'impôt sur les sociétés et d'imposition forfaitaire annuelle, une sortie en sifflet sur trois ans de la zone franche au profit des entreprises qui n'arbitreraient pas en faveur du crédit d'impôt. Monsieur le ministre, nous gardons le dispositif alternatif, mais certaines entreprises n'auront pas forcément les opportunités d'investissement dans les deux ans ou dans l'année qui vient.
Nous procédons comme pour les zones franches du continent. Je ne vois pas pourquoi, au motif qu'un dispositif ne commencera à avoir de l'effet qu'au bout de deux ou trois ans, les entreprises de l'île seraient mal traitées.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 84, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 85, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Rétablir le IV ter du A de l'article 43 dans la rédaction suivante :
« IV ter. - Après l'article 223 nonies il est inséré un article 223 nonies A ainsi rédigé :
« Art. 223 nonies A. - Le montant de l'imposition forfaitaire annuelle due par les sociétés dont les résultats sont exonérés d'impôt sur les sociétés par application de l'article 44 undecies est multiplié par 0,25 la première année d'application par ces sociétés des dispositions de l'article 44 undecies, par 0,5 la deuxième année et par 0,75 la troisième année. »
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recette résultant pour l'Etat de la sortie progressive du bénéfice de l'exonération d'imposition forfaitaire annuelle est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 85, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 86, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Dans le premier alinéa du I du texte proposé par le VI du A de l'article 43 pour l'article 1466 C du code général des impôts, remplacer les mots : "sur la valeur locative des immobilisations corporelles afférentes aux créations d'établissement et aux augmentations de bases relatives à ces immobilisations", par les mots : "au titre des créations et extensions d'établissement".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application de l'exonération de taxe professionnelle à toute l'assiette de cet impôt est compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Nous proposons le retour au texte d'origine du Sénat. Il s'agit de l'assiette de l'exonération de la taxe professionnelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 86, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 87, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - A la fin du premier alinéa du I du texte proposé par le VI du A de l'article 43 pour l'article 1466 C du code général des impôts, remplacer les mots : "à compter du 1er janvier 2002", par les mots : "entre le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2012".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des disposition du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'extension du champ de l'exonération prévue à l'article 1466 C du code général des impôts est compensée par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Monsieur le ministre, je crains qu'il n'y ait un malentendu entre nous sur l'interprétation du dispositif d'exonération de taxe professionnelle. Il est prévu que l'exonération se termine le 31 décembre 2012 ; à notre avis, c'est la réalisation de l'investissement qui, effectuée avant le 31 décembre 2012, doit déclencher l'exonération. Par conséquent, l'exonération se prolonge jusqu'au bout des cinq ans suivant l'investissement. L'interprétation contraire reviendrait à limiter la validité de la mesure, dans toute sa plénitude, à cinq ans, le dispositif n'étant plus que dégressif les cinq années suivantes. Cela me semble contraire à l'esprit même de la proposition du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le texte est clair : avis défavorable !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 87, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 88, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - A la fin de la deuxième phase du quatrième alinéa du I du texte proposé par le VI du A de l'article 43 pour l'article 1466 C du code général des impôts, supprimer les mots : "et ne peut s'appliquer au-delà du 31 décembre 2012,".
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'exonération de taxe professionnelle de toutes les créations et extensions d'établissement intervenues avant le 31 décembre 2012 est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement n° 87.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 89, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Après le cinquième alinéa du I du texte proposé par le VI du A de l'article 43 pour l'article 1466 C du code général des impôts, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« L'exonération s'applique également, dans les mêmes conditions, aux contribuables qui exercent une activité professionnelle non commerciale au sens du 1 de l'article 92 et dont l'effectif salarié en Corse est égal ou supérieur à trois au premier janvier de l'imposition. »
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'extension du bénéfice de l'exonération de taxe professionnelle aux professions non commerciales est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement vise à étendre l'exonération de la taxe professionnelle aux professions non commerciales. Il n'y a pas de raison qu'une entreprise libérale n'ait pas accès aux mêmes avantages que les autres entreprises, surtout dans une île où les entreprises ont des difficultés pour équilibrer leur financement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 89, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 105, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Supprimer le VIII du A de l'article 43. »
La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il s'agit d'une suppression de gages.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Paul Girod, rapporteur. La commission adhère avec d'autant plus d'empressement à cet amendement qu'il concerne directement les siens ! (Sourires.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 105, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 90, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« I. - Rédiger ainsi le B de l'article 43 :
« B. - Dans les conditions prévues par la loi de finances, l'Etat compense, chaque année, à compter du 1er janvier 2002, la perte de recettes résultant pour les communes, les établissements publics de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre et les fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle, des exonérations prévues aux articles 1466 B bis et 1466 C du code général des impôts.
« Cette compensation est égale, chaque année et pour chaque commune, établissement public de coopération intercommunale doté d'une fiscalité propre et fonds départemental de péréquation de la taxe professionnelle, au produit des bases exonérées par le taux de la taxe professionnelle applicable en 1996 ou, s'il est plus élevé, en 2001 au profit de la commune ou de l'établissement public de coopération intercommunale.
« Pour les communes qui appartenaient en 2001 à un établissement public de coopération intercommunale sans fiscalité propre, le taux voté par la commune est majoré du taux appliqué au profit de l'établissement public en 1996 ou, s'il est plus élevé, en 2001.
« Pour les établissements publics de coopération intercommunale qui perçoivent pour la première fois à compter de 2002 la taxe professionnelle au lieu et place des communes, en application des dispositions de l'article 1609 nonies C ou du II de l'article 1609 quinquies C du code général des impôts, cette compensation est égale au produit du montant des bases exonérées par le taux moyen pondéré des communes membres de l'établissement public de coopération intercommunale constaté pour 1996, ou, s'il est plus élevé, en 2001, éventuellement majoré dans les conditions fixées à l'alinéa précédent. »
« II. - Pour compenser la perte de recettes éventuelle résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessous, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'insertion du mode de calcul de la compensation versée aux collectivités locales en contrepartie des pertes de recettes résultant des dispositions des V et VI du A est compensée par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement vise à compenser les pertes de recettes résultant, pour les collectivités territoriales, de l'exonération de la taxe professionnelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 90, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 43, modifié.

(L'article 43 est adopté.)

Article 43 bis

M. le président. L'article 43 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 44



M. le président.
« Art. 44. - I. - A l'article 4 de la loi n° 96-1143 du 26 décembre 1996 relative à la zone franche de Corse, il est inséré un IV bis ainsi rédigé :
« IV bis. - Pour les entreprises implantées en Corse avant le 1er janvier 1999, et à l'issue de la période de cinq ans mentionnée aux III et IV, le bénéfice de la majoration prévue au I est maintenu de manière dégressive pendant les trois années suivantes :
« - durant l'année 2002, la majoration de 100 % mentionnée au I est ramenée à 85 % et le plafond de 1 500 francs est ramené à 1 450 francs ;
« - durant l'année 2003, la majoration de 100 % mentionnée au I est ramenée à 70 % et le plafond de 1 500 francs est ramené à 1 390 francs ;
« - durant l'année 2004, la majoration de 100 % mentionnée au I est ramenée à 50 % et le plafond de 1 500 francs est ramené à 1 340 francs.
« Les coefficients correspondants sont fixés par décret. »
« II. - Supprimé. »
L'amendement n° 91 rectifié, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A. - Rédiger ainsi le texte proposé par le I de l'article 44 pour le IV bis de l'article 4 de la loi n° 96-1143 du 26 décembre 1996 relative à la zone franche de Corse :
« IV bis. - A l'issue de la période de cinq ans mentionnée aux III et IV, le bénéfice de la majoration prévue au I est maintenu de manière dégressive pendant les trois années suivantes :
« - la première année, la majoration de 100 % mentionnée au I est ramenée à 85 % et le plafond de 228,67 euros est ramené à 221 euros ;
« - la deuxième année, la majoration de 100 % mentionnée au I est ramenée à 70 % et le plafond de 228,67 euros est ramené à 212 euros ;
« - la troisième année, la majoration de 100 % mentionnée au I est ramenée à 50 % et le plafond de 228,67 euros est ramené à 204 euros.
« Les coefficients correspondants sont fixés par décret. »
« B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour la sécurité sociale de l'extension du dispositif de sortie du bénéfice de l'exonération de charges sociales prévue par la loi relative à la zone franche de Corse est compensée à due concurrence par la majoration des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement vise les modalités de sortie en sifflet de la zone franche.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 91 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 44, modifié.

(L'article 44 est adopté.)

Article 44 bis



M. le président.
« Art. 44 bis . - I. - A compter du 1er janvier 2002, les entreprises situées en Corse qui remplissent les conditions fixées aux articles 19 et 21 de la loi n° 2000-37 du 19 janvier 2000 relative à la réduction négociée du temps de travail et à l'article 1466 C du code général des impôts peuvent bénéficier de l'allégement prévu à l'article L. 241-13-1 du code de la sécurité sociale, majoré d'un montant forfaitaire fixé par décret.
« Cette majoration n'est pas cumulable avec les majorations prévues à l'avant-dernier alinéa du III de l'article L. 241-13-1 du code de la sécurité sociale et à l'article 4 bis de la loi n° 96-1143 du 26 décembre 1996 précitée.
« II. - Supprimé. » - (Adopté.)

Chapitre II

Dispositions relatives aux droits de succession

Article 45



M. le président.
« Art. 45. - A. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« I. - Il est inséré un article 641 bis ainsi rédigé :
« Art. 641 bis. - I. - Les délais prévus à l'article 641 sont portés à vingt-quatre mois pour les déclarations de succession comportant des immeubles ou droits immobiliers situés en Corse.
« I bis. - Les dispositions du I ne sont applicables aux déclarations de succession comportant des immeubles ou droits immobiliers situés en Corse pour lesquels le droit de propriété du défunt n'a pas été constaté antérieurement à son décès par un acte régulièrement transcrit ou publié qu'à la condition que les attestations notariées visées au 3° de l'article 28 du décret n° 55-22 du 4 janvier 1955 portant réforme de la publicité foncière relatives à ces biens soient publiées dans les vingt-quatre mois du décès.
« II. - Ces dispositions sont applicables aux successions ouvertes entre la date de publication de la loi n° du relative à la Corse et le 31 décembre 2008. »
« II. - 1. Au premier alinéa de l'article 1728 A, les mots : "du délai de six mois prévu à l'article 641" sont remplacés par les mots : "des délais de six mois et de vingt-quatre mois prévus respectivement aux articles 641 et 641 bis " et les mots : "au même article" sont remplacés par les mots : "à l'article 641".
« 2. Supprimé .
« III. - Il est inséré un article 1135 bis ainsi rédigé :
« Art. 1135 bis. - I. - Sous réserve des dispositions du II, pour les successions ouvertes entre la date de publication de la loi n° du relative à la Corse et le 31 décembre 2010, les immeubles et droits immobiliers situés en Corse sont exonérés de droits de mutation par décès.
« Pour les successions ouvertes entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2015, l'exonération mentionnée au premier alinéa est applicable à concurrence de la moitié de la valeur des immeubles et droits immobiliers situés en Corse.
« Pour les successions ouvertes à compter du 1er janvier 2016, les immeubles et droits immobiliers situés en Corse sont soumis aux droits de mutation par décès dans les conditions de droit commun.
« II. - Ces exonérations ne sont applicables aux immeubles et droits immobiliers pour lesquels le droit de propriété du défunt n'a pas été constaté antérieurement à son décès par un acte régulièrement transcrit ou publié qu'à la condition que les attestations notariées mentionnées au 3° de l'article 28 du décret n° 55-22 du 4 janvier 1955 portant réforme de la publicité foncière relatives à ces biens soient publiées dans le délai mentionné au II de l'article 641 bis. »
« IV. - Il est inséré un article 1840 G undecies ainsi rédigé :
« Art. 1840 G undecies. - En cas de non-respect de la condition prévue au II de l'article 1135 bis, les héritiers, donataires ou légataires ou leurs ayants cause à titre gratuit sont tenus d'acquitter dans le mois suivant l'expiration du délai de deux ans les droits de mutation dont la transmission par décès a été dispensée ainsi qu'un droit supplémentaire de 1 % et l'intérêt de retard prévu à l'article 1727. »
« V. - Au premier alinéa de l'article 885 H, les mots : "l'article 795 A" sont remplacés par les mots : "les articles 795 A et 1135 bis" et la deuxième phrase est supprimée.
« V bis. - Supprimé .
« VI. - 1. Dans les articles 750 bis A et 1135, l'année : "2002" est remplacée par l'année : "2012".
« 2. Le premier alinéa de l'article 1135 est complété par une phrase ainsi rédigée : "La même exonération s'applique aux actes de notoriété établis entre le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2012 en vue du règlement d'une indivision successorale comportant des biens et droits immobiliers situés en Corse".
« VII et VIII. - Supprimés .
« B. - Non modifié .
« C. - Les dispositions du I et du III du A ne sont pas applicables aux biens et droits immobiliers situés en Corse acquis à titre onéreux à compter de la publication de la présente loi. »
L'amendement n° 92, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Remplacer le I et le I bis du texte proposé par le I du A de l'article 45 pour l'article 641 bis du code général des impôts par un paragraphe ainsi rédigé :
« I. - Les délais prévus à l'article 641 sont portés à vingt-quatre mois pour les immeubles ou droits immobiliers situés en Corse pour lesquels le droit de propriété du défunt n'a pas été constaté antérieurement à son décès par un acte régulièrement transcrit ou publié. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Nous abordons l'examen de l'article qui traite de la sortie progressive du régime découlant des arrêtés Miot.
Monsieur le ministre, pour l'opinion publique française, que nous pouvons imaginer suspendue à nos lèvres (Sourires), je voudrais faire un rappel, car je crains que certains de nos compatriotes n'aient pas compris ce que nous sommes en train de faire. Voilà ce qu'il en coûte, monsieur le ministre, de toucher à tout sans précaution : on a quelquefois des effets inattendus !
Dans le public français, le projet de loi dont nous discutons passe pour être un texte par lequel nous mettons en place une exonération des droits de succession en Corse. Nous savons tous ici que c'est faux, mais il n'est peut-être pas mauvais que le compte rendu de nos débats soit explicite sur le fait que, en réalité, c'est exactement l'inverse : nous prévoyons un mécanisme permettant de sortir de la situation qui découle des arrêtés Miot.
Je rappelle que ces arrêtés, sans supprimer les droits de succession en Corse, faisaient que leur recouvrement n'était pas toujours possible, et quand je dis « pas toujours », c'est une litote !
Donc, en réalité, ce qui se passe ici est l'inverse de ce que croient nos compatriotes. Il est important qu'on le dise parce que, à l'occasion du débat sur la Corse, monsieur le ministre, nous savons tous, vous comme nous, que, sur le continent, l'opinion a beaucoup évolué depuis quelques mois. D'ailleurs, si un référendum général, couvrant la Corse et le continent, était organisé sur l'avenir de la Corse et son maintien dans la République, les réponses ne seraient peut-être pas les mêmes dans l'île et sur le continent. En tout cas, elles seraient beaucoup plus nuancées sur le continent.
Alors, n'allons pas ajouter d'autres incertitudes à un débat que nos compatriotes du continent ont déjà bien du mal à comprendre, s'agissant des relations entre le pouvoir central et cette région française.
Donc, je le redis, nous ne mettons pas en place un système d'exonération ; nous faisons exactement l'inverse ; nous mettons en place un mécanisme de sortie d'une exonération de fait.
Ce rappel étant fait, monsieur le président, par l'amendement n° 92, nous proposons au Sénat de revenir à son texte de première lecture, qui semble plus opérationnel que celui de l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 92, mais il souscrit totalement aux propos de M. le rapporteur, qui figureront fort utilement au Journal officiel.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 92, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 107, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A la fin du II du texte proposé par le III du A de l'article 45 pour l'article 1135 bis du code général des impôts, remplacer les mots : "le délai mentionné au II de l'article 641 bis " par les mots : "les vingt-quatre mois du décès". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Parce que cet amendement est utile, le Gouvernement émet un avis favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 107, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 93, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le texte proposé par le IV du A de l'article 45 pour l'article 1840 G undecies du code général des impôts :
« Art. 1840 G undecies. - Lorsque les titres de propriété relatifs à des immeubles et droits immobiliers situés en Corse pour lesquels le droit de propriété du défunt n'a pas été constaté antérieurement à son décès par un acte régulièrement transcrit ou publié, sont publiés postérieurement aux vingt-quatre mois du décès, les héritiers, donataires ou légataires et leurs ayants cause à titre gratuit perdent le bénéfice de l'exonération prévue à l'article 1135 bis et, en conséquence, sont soumis aux dispositions des articles 1728 et 1728 A ainsi qu'à un droit supplémentaire de 1 %.
« Toutefois, lorsque ces biens et droits immobiliers ont fait l'objet d'une déclaration pour mémoire dans les vingt-quatre mois du décès, la majoration mentionnée à l'article 1728 ne s'applique pas. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'est également un mécanisme qui nous semble plus opérationnel que celui qui figure dans le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 93, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 94, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« A la fin du V du A de l'article 45, supprimer les mots : "et la deuxième phrase est supprimée". »
La parole est à M. le rapporteur. M. Paul Girod, rapporteur. L'amendement n° 94 ainsi que le suivant, l'amendement n° 95, sembleraient presque superfétatoires dans la mesure où le projet de loi de finances rectificative pour 2001 pourrait être l'occasion de régler le problème. Mais, dans l'état actuel des choses, ce n'est pas absolument certain.
C'est la raison pour laquelle nous demandons au Sénat d'adopter les amendements n°s 94 et 95. Nous n'en ferons pas une maladie si, après le vote définitif de la loi de finances rectificative pour 2001, l'Assemblée nationale leur fait un sort. Encore faut-il que le problème soit effectivement réglé par la loi de finances rectificative !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Comme le montre sa première lecture à l'Assemblée nationale, le projet de loi de finances rectificative pour 2001 sera l'occasion de régler le problème. L'avis du Gouvernement sur ces deux amendements est donc défavorable.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. M. le président ne s'étonnera pas de voir le rapporteur protester contre cette manière de considérer qu'un vote de l'Assemblée nationale vaut vote du Parlement tout entier. Cela ne sera vrai, monsieur le ministre, qu'après échec de la commission mixte paritaire et adoption du texte par l'Assemblée nationale en lecture définitive, ce qui n'est pas encore le cas.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le texte sera soumis au Sénat lundi prochain !
M. Paul Girod, rapporteur. Monsieur le ministre, je n'anticipe pas le vote du Sénat, et encore moins la suite de la procédure !
M. Hilaire Flandre. Voilà !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 94, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 95, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rétablir le V bis du A de l'article 45 dans la rédaction suivante :
« V bis. - Après le deuxième alinéa du II de l'article 21 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« A compter de cette même date, la deuxième phrase de l'article 885 H du code général des impôts est supprimée. »
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Je mets aux voix l'amendement n° 95, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 96, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« I. - Rétablir le VII du A de l'article 45 dans la rédaction suivante :
« VII. - Il est inséré un article 790 bis ainsi rédigé :
« Art. 790 bis. - Pour les donations comportant des immeubles et droits immobiliers situés en Corse réalisées conformément aux dispositions du code civil entre le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2010, sont exonérés de droit de mutation à titre gratuit entre vifs les immeubles et droits immobiliers situés en Corse pour lesquels le titre de propriété du donateur n'avait pas été publié à la date d'entrée en vigueur de la loi n° du relative à la Corse.
« Pour les donations réalisées entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2015, l'exonération mentionnée au premier alinéa est applicable à concurrence de la moitié de la valeur des immeubles et droits immobiliers exonérés.
« Pour les donations réalisées à compter du 1er janvier 2016, les immeubles et droits immobiliers exonérés sont soumis aux droits de mutation à titre gratuit entre vifs dans les conditions de droit commun. »
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du I ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'exonération de droits de mutation à titre gratuit entre vifs de certains biens immobiliers situés en Corse est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus au articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi le Gouvernement et l'Assemblée nationale s'opposent à l'adoption de ces dispositions.
Soit un ensemble de biens qui sont détenus par une génération et dont la transmission à la génération suivante fera l'objet, en cas de décès, des dispositions transitoires que nous envisageons.
Vraiment, ne faut-il pas inciter la génération qui va partir prochainement à régler ses propres problèmes avant le décès en incluant les donations dans le système d'exonération ?
Nous pensons qu'il vaut mieux faciliter les donations anticipées. Nous proposons donc au Sénat d'en revenir à son texte de première lecture. Le Gouvernement serait bien inspiré de considérer cet amendement d'un oeil plus favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Il est défavorable.
Monsieur le rapporteur, on ne peut pas vouloir revenir au droit commun, comme vous le disiez tout à l'heure, et, dans le même temps, créer une exception.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Nous ne créons pas d'exception, monsieur le ministre. Si succession il y a, le système s'appliquera. Mais, honnêtement, faut-il attendre le décès pour que cette disposition produise ses effets ? Faut-il empêcher les personnes de régler les problèmes de leur vivant ? J'avoue que je ne comprends pas.
Nous sommes tous partisans de la sortie de l'indivision en Corse et de la clarification des situations patrimoniales. Il y avait là un moyen d'accélérer les choses. Vous le refusez, c'est votre responsabilité, mais je ne crois pas que ce soit très astucieux !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 96, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. L'amendement n° 97, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans le C de l'article 45, remplacer les mots : "des I et III" par les mots : "du III et du VII". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. C'est un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 97, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 45, modifié.
M. Robert Bret. Le groupe communiste républicain et citoyen ne participe pas au vote.

(L'article 45 est adopté.)

Article 45 bis



M. le président.
« Art. 45 bis . - I. - Les employeurs de main-d'oeuvre agricole installés en Corse au moment de la promulgation de la présente loi peuvent, lorsqu'ils sont redevables de cotisations patronales dues au régime de base obligatoire de sécurité sociale des salariés agricoles pour des périodes antérieures au 1er janvier 1999, bénéficier d'une aide de l'Etat, dans la limite de 50 % du montant desdites cotisations dues.
« II. - Le bénéfice de l'aide prévue au I est subordonné pour chaque demandeur aux conditions cumulatives suivantes :
« - apporter la preuve, par un audit extérieur, de la viabilité de l'exploitation ;
« - être à jour de ses cotisations sociales afférentes aux périodes d'activité postérieures au 31 décembre 1998 ;
« - s'être acquitté auprès de la caisse de mutualité sociale agricole de Corse :
« - soit d'au moins 50 % de la dette relative aux cotisations patronales de sécurité sociale, antérieures au 1er janvier 1999 ;
« - soit, pour ces mêmes cotisations, des échéances correspondant au moins aux huit premières années du plan, dans le cas où la caisse a accordé l'étalement de la dette sur une période qui ne peut excéder quinze ans ;
« - être à jour de la part salariale des cotisations de sécurité sociale visées par l'aide, ou s'engager à son paiement intégral par la conclusion d'un échéancier signé pour une durée maximale de deux ans entre l'exploitant et la caisse ;
« - autoriser l'Etat à se subroger dans le paiement des cotisations sociales auprès de la caisse de mutualité sociale agricole de Corse.
« III. - La demande d'aide prévue au I doit être présentée à l'autorité administrative de l'Etat dans un délai d'un an à compter de la publication de la présente loi.
« IV. - Pour l'application des I, II et III, la conclusion d'un échéancier de paiement de la dette avec la caisse de mutualité sociale agricole entraîne la suspension des poursuites.
« V. - L'aide accordée au titre du dispositif relatif au désendettement des personnes rapatriées, réinstallées dans une profession non salariée, vient en déduction du montant de l'aide prévue au I.
« VI. - Les dispositions du présent article ne s'appliquent pas lorsque le débiteur relève des procédures instituées par le livre VI du code de commerce et par les dispositifs de redressement et de liquidation de la loi n° 88-1202 du 30 décembre 1988 relative à l'adaptation de l'exploitation agricole à son environnement économique et social. »
L'amendement n° 98, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 45 bis . »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Nous abordons là un sujet douloureux, celui des agriculteurs - en nombre limité, compte tenu des conditions d'entrée dans le système - qui sont surendettés auprès de la Mutualité sociale agricole. Certains d'entre eux nous disent d'ailleurs que les modes de calcul des cotisations et des pénalités dans l'île sont dérogatoires au statut général sur le continent, mais d'autres le contestent. Il est difficile d'y voir clair !
Toujours est-il que le Conseil constitutionnel a déjà censuré un article presque identique. Les cas concernés ne sont pas excessivement nombreux et relèvent surtout du traitement du surendettement.
Il ne nous semble pas bon de soumettre au Conseil constitutionnel un article qu'il censurera certainement. C'est la raison pour laquelle nous en demandons la suppression.
Nous exprimons néanmoins notre compréhension à l'égard des agriculteurs qui, actuellement, connaissent en Corse une situation difficile - en partie parce qu'on les y a amenés par des moyens variés, mais ce n'est pas le débat de ce soir.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je ne vais pas répéter ce que j'ai eu l'occasion d'exposer assez longuement lors de la première lecture. Je ne suis pas favorable à la suppression du dispositif d'aide au désendettement des agriculteurs corses.
M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Ce n'est pas une aide au désendettement, puisque celle-ci relève d'un autre dispositif ! Il s'agit d'une remise de dette sur la Mutualité sociale agricole.
Le désendettement est une chose, la MSA en est une autre, et si la question peut être traitée dans le cadre de celui-là, il me semble que, sur le plan constitutionnel, elle ne peut pas faire l'objet d'une mesure dérogatoire aux règles qui régissent celle-ci.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 98, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 45 bis est supprimé.

TITRE IV

PROGRAMME EXCEPTIONNEL
D'INVESTISSEMENTS

Article 46



M. le président.
« Art. 46. - Le chapitre V du titre II du livre IV de la quatrième partie du code général des collectivités territoriales est complété par un article L. 4425-9 ainsi rédigé :
« Art. L. 4425-9 . - I. - Pour aider la Corse à surmonter les handicaps naturels que constituent son relief et son insularité, et pour résorber son déficit en équipements et services collectifs, un programme exceptionnel d'investissements d'une durée de quinze ans est mis en oeuvre.
« II. - Les modalités de mise en oeuvre du programme exceptionnel d'investissements font l'objet d'une convention conclue entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse. La contribution de l'Etat au coût total du programme ne peut excéder 70 %.
« Une convention-cadre portant sur la totalité de la durée du programme et une première convention d'application seront signées entre l'Etat et les maîtres d'ouvrages publics concernés dans un délai de trois mois à compter de la publication de la loi n° du relative à la Corse.
« Il sera rendu compte au Parlement des conditions d'exécution dudit programme.
« III. - Le programme exceptionnel d'investissements est établi en coordination avec les objectifs du contrat de plan Etat-région et ceux de la programmation des fonds structurels européens. »
L'amendement n° 99, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le II du texte proposé par l'article 46 pour l'article L. 4425-9 du code général des collectivités territoriales :
« II. - Les modalités de mise en oeuvre du programme exceptionnel d'investissements font l'objet de conventions conclues, d'une part, entre l'Etat et la collectivité territoriale de Corse et, d'autre part, entre l'Etat et les maîtres d'ouvrages publics concernés. La contribution de l'Etat au coût total du programme ne peut excéder 70 %.
« A compter de 2003, le Gouvernement établit à l'intention du Parlement, tous les deux ans, un rapport sur les conditions d'exécution dudit programme. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Cet amendement est pour partie rédactionnel et répond pour partie à des préoccupations pratiques. Je passe sur l'aspect rédactionnel pour n'aborder que l'aspect pratique.
Un délai de trois mois est prévu pour la signature des premières conventions. C'est totalement irréaliste, tout le monde le sait !
Alors, monsieur le ministre, ne vous cramponnez pas à une disposition qui fera échouer l'ensemble du programme exceptionnel d'investissements !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je ne suis vraiment pas d'accord avec l'interprétation de M. le rapporteur, et j'émets donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 99, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 46, modifié.

(L'article 46 est adopté.)

TITRE V

DISPOSITIONS DIVERSES

Article 47



M. le président.
« Art. 47. - Il est inséré, dans le code général des collectivités territoriales, un article L. 4421-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 4421-3 . - Une conférence de coordination des collectivités territoriales est créée en Corse.
« Elle est composée du président du conseil exécutif de Corse, du président de l'Assemblée de Corse et des présidents des conseils généraux, membres de droit. En tant que de besoin, des maires et des présidents de groupements de collectivités territoriales peuvent y participer. Des personnes qualifiées peuvent y être entendues.
« Elle est présidée par le président du conseil exécutif.
« Elle se réunit au moins une fois par an sur un ordre du jour déterminé par le président du conseil exécutif de Corse pour échanger des informations, débattre de questions d'intérêt commun et coordonner l'exercice des compétences des collectivités territoriales, notamment en matière d'investissements. »
L'amendement n° 100, présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission spéciale, est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par l'article 47 pour l'article L. 4421-3 du code général des collectivités territoriales, remplacer les mots : "et des présidents des conseils généraux" par les mots : ", des présidents des conseils généraux et des présidents des associations départementales des maires,". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Il s'agit de la composition de la conférence de coordination des investissements des collectivités territoriales, en Corse. Le Gouvernement ne prévoit la présence que des responsables de la collectivité territoriale - président de l'Assemblée de Corse, président du conseil exécutif de Corse - et des présidents des conseils généraux. Cela revient à complètement ignorer les communes.
Or celles-ci assument une part non négligeable de l'investissement public territorial en Corse. C'est la raison pour laquelle la commission spéciale propose au Sénat de rétablir la disposition qu'il avait votée en première lecture, qui prévoit la présence des présidents des associations départementales des maires.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je me suis déjà longuement exprimé sur ce sujet en première lecture et, puisqu'il s'agit de rétablir le texte du Sénat, j'émets un avis défavorable.
M. Paul Girod, rapporteur. Il est intéressant d'entendre l'argument de M. le ministre, qui émet un avis défavorable « puisqu'il s'agit de rétablir le texte du Sénat » !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. C'est un peu court, monsieur le rapporteur !
M. Paul Girod, rapporteur. De votre côté aussi !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Monsieur le rapporteur, sur un certain nombre de points, j'ai émis un avis favorable, vous l'avez reconnu, et vous-même avez d'ailleurs fait des gestes.
La brièveté de mon argumentation s'explique par le seul souci d'avancer dans le débat, et non par le fait que l'amendement vise à revenir au texte du Sénat !
Il n'en reste pas moins que vous voulez rétablir une disposition sur laquelle le Gouvernement avait émis un avis défavorable en première lecture, et qu'il n'a pas changé de position !
M. Hilaire Flandre. Les députés sont moins soucieux des maires !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 100, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 47, modifié.

(L'article 47 est adopté.)

Article 50 ter

M. le président. L'article 50 ter a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Les autres dispositions du projet de loi ne font pas l'objet de la nouvelle lecture.
Je vais mettre aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Je serai très bref, car tout a été dit. Cependant, je ne voulais pas que nos travaux s'achèvent sans que j'aie pu, au nom du Gouvernement, remercier le personnel de la commission spéciale et du service de la séance de leur précieux concours à la tenue des débats.
Je veux également souligner, malgré nos divergences, l'apport de M. Jacques Larché, président de la commission spéciale, et de M. Paul Girod, rapporteur ; je veux les en remercier, comme je remercie tous les sénateurs qui ont soutenu le Gouvernement dans sa démarche.
Il ne s'agit pas du tout de vous instrumentaliser, mesdames, messieurs - de toute façon, vous ne me laisseriez pas faire, et vous auriez bien raison ! - mais j'ai apprécié la manière dont les débats ont été conduits, notamment sous votre impulsion, monsieur le président de la commission spéciale, comme j'ai apprécié le travail qui a été fait sur place. Je tenais à le souligner.
Avant que le vote ait lieu, je souhaitais donc vous remercier tous de l'attention que, à travers ce projet de loi, vous avez bien voulu porter à la Corse, sur l'initiative du Gouvernement.
M. le président. Nous apprécions vos remerciements, monsieur le ministre, et nous vous en savons gré.
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale sur la Corse. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission spéciale.
M. Jacques Larché, président de la commission spéciale. Nous avons tous le sentiment de l'importance et de la gravité du problème qu'il nous faut résoudre. Nos approches, pour l'instant, sont différentes ; peut-être parviendrons-nous un jour à trouver les solutions nécessaires.
Le propos de la commission spéciale a été d'apporter un témoignage à nos concitoyens corses, de leur dire l'intérêt passionné que nous portons à leur destin, destin que nous voulons commun ; et, en ma qualité de président de la commission spéciale, je voudrais adresser mes très vifs remerciements à tous ceux qui ont travaillé en son sein, et singulièrement à M. le rapporteur.
M. François Trucy. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe socialiste.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 32:

Nombre de votants 292
Nombre de suffrages exprimés 285
Majorité absolue des suffrages 143
Pour l'adoption 199
Contre 86

M. Paul Girod, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Paul Girod, rapporteur. Je souhaite, à mon tour, exprimer mes remerciements à mes collègues, au Gouvernement - même si nous ne nous sommes pas toujours compris - au président de la commission spéciale, qui a été pour son rapporteur un grand soutien, tout en faisant preuve à son égard d'une certaine indulgence, et aux collaborateurs qui m'ont aidé à accomplir cette tâche. Le travail n'a pas toujours été facile, chacun l'aura compris ; il a exigé une grande préparation, mais je crois que nous avons pu aboutir à un texte qui servira l'avenir.
M. le président. Monsieur le rapporteur, vous permettrez à la présidence de se joindre à ces remerciements collectifs.

8

DÉPÔT DE PROJETS DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi autorisant la ratification d'un accord entre la République française et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord relatif à l'établissement d'une ligne de délimitation maritime entre la France et Jersey.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 135, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi autorisant la ratification de l'accord relatif à la pêche dans la baie de Granville entre la République française et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (ensemble quatre échanges de notes).
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 136, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi relatif au régime d'autorisation des opérations d'intermédiation et d'achat pour revendre et modifiant le décret-loi du 18 avril 1939 fixant le régime des matériels de guerre, armes et munitions.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 137, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

9

TRANSMISSION DE PROJETS DE LOI

M. le président. J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de la décision du Conseil de l'Union européenne du 29 septembre 2000 relative aux systèmes des ressources propres des Communautés européennes.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 132, distribué et renvoyé à la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification de la convention de Londres relative à l'aide alimentaire.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 133, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification des amendements à l'accord portant création de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée.
Le projet de loi sera imprimé sous le numéro 134, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

10

TRANSMISSION
D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. le président de l'Assemblée nationale une proposition de loi, adoptée avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relative à l'autorité parentale.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 131, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.

11

TEXTES SOUMIS AU SÉNAT
EN APPLICATION DE L'ARTICLE 88-4
DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil relative à la signature et à l'application provisoire de l'accord sur le commerce des produits textiles entre la Communauté européenne et la République démocratique populaire lao paraphé à Bruxelles le 8 novembre 2001.
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1880 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil relative à la signature et à la conclusion au nom de la Communauté européenne de l'Accord portant mandat du Groupe d'étude international du jute 2001.
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1881 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de règlement du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 2793/1999 en ce qui concerne l'ajustement du contingent tarifaire pour le vin.
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1882 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Livre blanc de la Commission européenne. Un nouvel élan pour la jeunesse européenne.
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1883 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Demande de dérogation présentée par l'Italie en application de l'article 8, paragraphe 4, de la directive 92/81/CEE du Conseil, du 19 octobre 1992, concernant l'harmonisation des structures des droits d'accises sur les huiles minérales (biodiésel).
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1884 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Demande de dérogation présentée par la Grèce en application de l'article 27, paragraphe 2, de la sixième directive du Conseil, du 17 mai 1977, en matière de TVA (77/388/CEE). Ferraille et autres matériaux recyclables.
Ce texte sera imprimé sous le numéro E-1885 et distribué.

12

DÉPÔT D'UN RAPPORT

M. le président. J'ai reçu de M. Philippe Marini, rapporteur pour le Sénat, un rapport fait au nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion sur le projet de loi de finances pour 2002.
Le rapport sera imprimé sous le numéro 130 et distribué.

13

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 13 décembre 2001 :
A neuf heures trente :

1. Discussion des conclusions du rapport (n° 109, 2001-2002) de M. Daniel Hoeffel, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sur la proposition de loi de MM. Hubert Haenel, André Bohl, Daniel Eckenspieller, Francis Grignon, Alain Hethener, Daniel Hoeffel, Jean-Louis Lorrain, Joseph Ostermann, Jean-Marie Rausch et Philippe Richert portant réforme de la loi du 1er juin 1924 mettant en vigueur la législation civile française dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, dans ses dispositions relatives à la publicité foncière (n° 421, 2000-2001).
Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.
2. Discussion de la proposition de loi (n° 325, 2000-2001), adoptée par l'Assemblée nationale, visant à accorder une priorité dans l'attribution des logements sociaux aux personnes en situation de handicap ou aux familles ayant à leur charge une personne en situation de handicap.
Rapport (n° 125, 2001-2002) de M. Jean Chérioux, fait au nom de la commission des affaires sociales.
Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.
A quinze heures :
3. Questions d'actualité au Gouvernement.
4. Discussion de la question orale avec débat n° 38 de M. Henri Revol à M. le ministre de la recherche sur l'avenir de la politique spatiale française et européenne à l'issue de la conférence interministérielle de l'Agence spatiale européenne du 15 novembre 2001.
M. Henri Revol appelle l'attention de M. le ministre de la recherche sur la nécessité d'un véritable débat relatif à la politique spatiale. La conférence interministérielle de l'Agence spatiale européenne qui va se réunir le 15 novembre prochain à Edimbourg devra trancher un certain nombre de questions essentielles pour l'avenir de l'Europe spatiale, dont la France a traditionnellement été le moteur. Il s'agit en particulier de la poursuite du programme Ariane 5 Plus destiné à lutter contre la concurrence des autres lanceurs, de la mise en place du système européen de positionnement et de navigation Galileo, de la coopération entre l'Europe et la Russie (avec, notamment, la possibilité d'envoyer des Soyuz dans l'espace depuis la base de Kourou), etc. Il lui paraît éminemment souhaitable que les sénateurs puissent, à l'issue de cette conférence, obtenir des informations précises et débattre des questions spatiales, qui reposent souvent sur des choix politiques plus que technologiques.
Aucune inscription de parole n'est plus recevable dans la discussion générale.

Délais limites pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

Nouvelle lecture du projet de loi de modernisation sociale (n° 128, 2001-2002) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : jeudi 13 décembre 2001, à douze heures ;
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : jeudi 13 décembre 2001, à dix-sept heures.
Projet de loi de finances rectificative pour 2001 (n° 123, 2001-2002) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : vendredi 14 décembre 2001, à seize heures.
Nouvelle lecture du projet de loi de finances pour 2002 :
Délai limite pour le dépôt des amendements : ouverture de la discussion générale.
Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi de finances rectificative pour 2001 :
Délai limite pour le dépôt des amendements : ouverture de la discussion générale.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'accès aux origines des personnes adoptées et pupilles de l'Etat (n° 352, 2000-2001) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 18 décembre 2001, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à vingt-deux heures quarante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
MONIQUE MUYARD





ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

CONSEIL DE SURVEILLANCE DU FONDS DE FINANCEMENT DE LA RÉFORME DES COTISATIONS PATRONALES DE SÉCURITÉ SOCIALE
Lors de sa séance du 12 décembre 2001, le Sénat a désigné MM. Joseph Ostermann et Alain Vasselle pour siéger au sein du Conseil de surveillance du fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale (FOREC).



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Statut des assistants parlementaires

1218. - 12 décembre 2001. - M. Gérard Delfau appelle l'attention de M. le ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat sur le statut des assistants parlementaires. Traditionnellement, la souveraineté parlementaire a placé les fonctionnaires du législatif longtemps sous l'autorité exclusive du bureau de chaque assemblée. Il appartenait à ce dernier d'élaborer leur statut, ainsi que le régime de retraite applicable, qui ne faisait pas l'objet d'une publication au Journal officiel. La loi de finances de 1963 allait modifier leur statut en reconnaissant la qualité de fonctionnaires de l'Etat aux agents des assemblées parlementaires, tout en les soustrayant au statut général des fonctionnaires et en renvoyant au bureau les compétences pour déterminer leur statut et leur régime de retraite. Ces dispositions ont été précisées par la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983. Ainsi, la loi peut intervenir dans un domaine apparemment relevant des seules assemblées en application du principe de la séparation du pouvoir. Actuellement, le statut des assistants relève du bureau de chaque assemblée. C'est l'instruction générale du bureau qui organise ce système. Toutefois, la précarité inhérente à leurs fonctions les place dans une situation très inégalitaire par rapport au reste de la fonction publique. De plus, ils ne bénéficient d'aucune reconnaissance de l'expérience irremplaçable qu'ils ont acquise pendant leur contrat. Il souhaite savoir s'il ne pourrait pas, en accord avec les bureaux des deux assemblées parlementaires, établir une règle d'équivalence, liée à l'ancienneté, afin que les assistants retrouvent, à la fin de leur mission, un poste conforme à leur niveau d'expertise.

Politique du 1 % logement

1219. - 12 décembre 2001. - M. Fernand Demilly appelle l'attention de Mme le secrétaire d'Etat au logement sur l'utilité et la légitimité accordées aux CIL (comité interprofessionnel du logement) gestionnaires du « 1 % logement » au regard des négociations qui se sont tenues entre les partenaires sociaux et l'Etat dans le cadre des « conventions » d'octobre 2001. Le CIL, organisme paritaire collecteur des cotisations d'entreprises voit son rôle de décideur local vilipendé par les décisions prises à l'échelon national qui le détournent de sa vocation première à savoir : être au service des entreprises assujetties et de leurs salariés par des aides à l'accession à la propriété, à la rénovation et à la location. Ces aides contingentées et restreintes en excluent parfois les salariés eux-mêmes au profit de nouveaux ayants droit sans lien avec le monde du travail. Qu'en est-il de la légitimité même de ce 1 % logement ? Le rôle de l'entreprise ne va-t-il pas se limiter à être le payeur sans retour au profit de ses salariés ? La nouvelle destination des fonds collectés : démolition-reconstruction de « quartiers », financement de HLM, etc., est-elle légitime pour l'entreprise qui devient une nouvelle manne financière de la politique sociale du Gouvernement ? Il lui demande si elle compte redonner aux entreprises les moyens et les pouvoirs qui leur sont dévolus.



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mercredi 12 décembre 2001


SCRUTIN (n° 31)



sur l'amendement n° 25, présenté par M. Paul Girod au nom de la commission spéciale, à l'article 12 F du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la Corse (réalisation d'aménagement légère, dans des espaces naturels « remarquables »)


Nombre de votants : 290
Nombre de suffrages exprimés : 290
Pour : 290
Contre : 0

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
N'ont pas pris part au vote : 23.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :
Pour : 20.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :

Pour : 94.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (83) :

Pour : 83.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :

Pour : 53.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :

Pour : 40.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Jean-Claude Gaudin, qui présidait la séance.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :

N'ont pas pris part au vote : 6.

Ont voté pour


Nicolas About
Jean-Paul Alduy
Nicolas Alfonsi
Jean-Paul Amoudry
Michèle André
Pierre André
Bernard Angels
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
Robert Badinter
Denis Badré
Gérard Bailly
José Balarello
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Jean-Michel Baylet
Michel Bécot
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Claude Belot
Maryse Bergé-Lavigne
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Besson
Laurent Béteille
Joël Billard
Claude Biwer
Jean Bizet
Jacques Blanc
Paul Blanc
Marie-Christine Blandin
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Didier Boulaud
Joël Bourdin
André Boyer
Jean Boyer
Yolande Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Claire-Lise Campion
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Jean-Louis Carrère
Auguste Cazalet
Bernard Cazeau
Charles Ceccaldi-Raynaud
Monique Cerisier-ben Guiga
Gérard César
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Christian Cointat
Yvon Collin
Gérard Collomb
Gérard Cornu
Raymond Courrière
Roland Courteau
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Yves Dauge
Marcel Debarge
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Yves Détraigne
Eric Doligé
Claude Domeizel
Jacques Dominati
Michel Doublet
Michel Dreyfus-Schmidt
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Claude Estier
Jean-Claude Etienne
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
François Fortassin
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Jean-Claude Frécon
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Christian Gaudin
Philippe de Gaulle
Charles Gautier
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Jean-Pierre Godefroy
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Charles Guené
Jean-Noël Guérini
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Claude Haut
Françoise Henneron
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Odette Herviaux
Daniel Hoeffel
Jean-François Humbert
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Journet
Alain Joyandet
Jean-Marc Juilhard
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de LaMalène
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
André Lardeux
Dominique Larifla
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
André Lejeune
Serge Lepeltier
Louis Le Pensec
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Claude Lise
Gérard Longuet
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Jean Louis Masson
Serge Mathieu
Pierre Mauroy
Michel Mercier
Louis Mermaz
Lucette Michaux-Chevry
Gérard Miquel
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Michel Moreigne
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Jean-Marc Pastor
Anne-Marie Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Guy Penne
Jean Pépin
Daniel Percheron
Jacques Peyrat
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Xavier Pintat
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Roger Rinchet
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Gérard Roujas
André Rouvière
Janine Rozier
Michèle San Vicente
Bernard Saugey
Claude Saunier
Jean-Pierre Schosteck
Michel Sergent
Bruno Sido
René-Pierre Signé
Daniel Soulage
Louis Souvet
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Michel Teston
Michel Thiollière
Jean-Marc Todeschini
Henri Torre
René Trégouët
Pierre-Yvon Tremel
André Trillard
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
André Vantomme
Alain Vasselle
André Vezinhet
Jean-Pierre Vial
Marcel Vidal
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Jean-Paul Virapoullé
Henri Weber
François Zocchetto

N'ont pas pris part au vote


Philippe Adnot
François Autain
Jean-Yves Autexier
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Nicole Borvo
Robert Bret
Yves Coquelle
Philippe Darniche
Annie David
Michelle Demessine
Sylvie Desmarescaux
Evelyne Didier
Hubert Durand-Chastel
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Gérard Le Cam
Paul Loridant
Hélène Luc
Josiane Mathon
Roland Muzeau
Jack Ralite
Ivan Renar
Bernard Seillier
Odette Terrade
Alex Türk
Paul Vergès

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Jean-Claude Gaudin, qui présidait la séance.



Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 292
Nombre des suffrages exprimés : 292
Majorité absolue des suffrages exprimés : 147
Pour : 292
Contre : 0

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 32)



sur l'ensemble du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la Corse.


Nombre de votants : 291
Nombre de suffrages exprimés : 284
Pour : 198
Contre : 86

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
N'ont pas pris part au vote : 23.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :
Pour : 11.
Contre : 3. _ MM. Jean-Michel Baylet, Yvon Collin et François Fortassin.

Abstentions : 6. _ MM. Nicolas Alfonsi, André Boyer, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Georges Othily et André Vallet.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour : 94, dont M. Serge Vinçon, qui présidait la séance.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (83) :

Contre : 83.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :

Pour : 52.
Abstention : 1. _ M. Pierre Fauchon.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :

Pour : 41.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :

N'ont pas pris part au vote : 6.

Ont voté pour


Nicolas About
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
Gérard Bailly
José Balarello
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Daniel Bernardet
Roger Besse
Laurent Béteille
Joël Billard
Claude Biwer
Jean Bizet
Jacques Blanc
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Christian Cointat
Gérard Cornu
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Yves Détraigne
Eric Doligé
Jacques Dominati
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Jean-Claude Etienne
Hubert Falco
Jean Faure
Françoise Férat
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Christian Gaudin
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Charles Guené
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Françoise Henneron
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Daniel Hoeffel
Jean-François Humbert
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Joyandet
Jean-Marc Juilhard
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
André Lardeux
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
Serge Lepeltier
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Gérard Longuet
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean Louis Masson
Serge Mathieu
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Jacques Oudin
Monique Papon
Anne-Marie Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Janine Rozier
Bernard Saugey
Jean-Pierre Schosteck
Bruno Sido
Daniel Soulage
Louis Souvet
Michel Thiollière
Henri Torre
René Trégouët
André Trillard
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
Jean-Marie Vanlerenberghe
Alain Vasselle
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Jean-Paul Virapoullé
François Zocchetto

Ont voté contre


Michèle André
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Marie-Christine Blandin
Didier Boulaud
Yolande Boyer
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Yvon Collin
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Roland Courteau
Yves Dauge
Marcel Debarge
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
François Fortassin
Jean-Claude Frécon
Charles Gautier
Jean-Pierre Godefroy
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Odette Herviaux
Alain Journet
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
André Lejeune
Louis Le Pensec
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Louis Mermaz
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Michèle San Vicente
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Michel Teston
Jean-Marc Todeschini
Pierre-Yvon Tremel
André Vantomme
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Abstentions


MM. Nicolas Alfonsi, André Boyer, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Pierre Fauchon, Georges Othily et André Vallet.

N'ont pas pris part au vote


Philippe Adnot
François Autain
Jean-Yves Autexier
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Nicole Borvo
Robert Bret
Yves Coquelle
Philippe Darniche
Annie David
Michelle Demessine
Sylvie Desmarescaux
Evelyne Didier
Hubert Durand-Chastel
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Gérard Le Cam
Paul Loridant
Hélène Luc
Josiane Mathon
Roland Muzeau
Jack Ralite
Ivan Renar
Bernard Seillier
Odette Terrade
Alex Türk
Paul Vergès

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Serge Vinçon, qui présidait la séance.



Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 292
Nombre des suffrages exprimés : 285
Majorité absolue des suffrages exprimés : 143
Pour : 199
Contre : 86

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.