SEANCE DU 9 MAI 2001
M. le président.
Par amendement n° 462 rectifié, M. Huriet, au nom de la commission des
affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, une
division additionnelle ainsi rédigée :
« Chapitre IV
bis
. - Indemnisation de l'aléa médical et amélioration du
règlement des litiges en responsabilité médicale. »
Il m'apparaît qu'il convient de réserver cet amendement jusqu'après le vote
sur les amendements tendant à insérer des articles additionnels après l'article
17
quinquies
.
Par amendement n° 463, M. Huriet, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après l'article L. 321-3 du code de la sécurité sociale, un
article L. 321-4 ainsi rédigé :
«
Art. L. 321-4. -
L'assurance maladie prend en charge la réparation de
l'intégralité du dommage subi par un patient, ou par ses ayants droit en cas de
décès, à l'occasion d'un acte ou de soins médicaux, dès lors que la juridiction
compétente aura établi que :
« - aucune faute n'a été commise à l'occasion de l'acte ou des soins médicaux
;
« - le dommage est sans lien avec l'état du patient ou son évolution
prévisible ;
« - et que ce dommage est grave et anormal.
« Le montant du préjudice est fixé par la juridiction compétente.
« Si la situation économique de l'intéressé le justifie et si sa demande
n'apparaît pas sérieusement contestable, le juge peut ordonner une dispense de
consignation pour l'expertise. Cette dispense doit être sollicitée par
l'intéressé. »
La parole est à M. Huriet, rapporteur.
M. Claude Huriet,
rapporteur.
Cet amendement prévoit que l'assurance maladie prend en
charge l'indemnisation de l'accident médical grave et non fautif.
Nous avons débattu tout récemment d'une proposition de loi concernant la
responsabilité médicale, proposition dont vous retrouverez, dans cet amendement
et dans les suivants, mes chers collègues, la plupart des dispositions.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Nous nous sommes longuement expliqués sur cette
question lors de la discussion de la proposition de loi, qui avait le mérite -
et qui a toujours le mérite - de nous mettre l'épée dans les reins...
(M. le
rapporteur lève les yeux au ciel.)
... de nous stimuler, dirons !
S'agissant de l'aléa thérapeutique, un dispositif quelque peu différent, qui
nous épargnera le recours du juge, sera présenté très vite. J'y ai encore
travaillé aujourd'hui. Vous aurez donc bientôt satisfaction, monsieur le
rapporteur.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 463.
M. Charles Descours.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours.
Nous avons effectivement déjà eu ce débat, il y a quelques jours, lors de
l'examen de la proposition de loi de M. Huriet relative à l'aléa médical.
Personnellement, j'avais dit, en soutenant ladite proposition, que je ne
pouvais pas accepter que l'assurance maladie serve à financer l'aléa
thérapeutique, l'erreur médicale. En tant que rapporteur de la loi de
financement de la sécurité sociale, j'estime que, si tel devait être le cas,
cela devrait être compensé.
Par conséquent, comme je l'avais dit dans mon intervention à la tribune lors
de l'examen de la proposition de loi sur l'aléa thérapeutique, je voterai
contre cette disposition dans l'état actuel des choses.
M. Bernard Cazeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Cazeau.
M. Bernard Cazeau.
Comme nous l'avons dit il y a quelques jours, lors du débat sur la proposition
de loi relative à l'indemnisation de l'aléa médical, dont M. Huriet était le
rapporteur, nous estimons que le présent projet de loi mérite d'être
amélioré.
Vous avez laissé entendre, monsieur le ministre, que tel serait rapidement le
cas, et nous vous faisons confiance. Cela permettra de trouver enfin une
solution à ce problème de l'aléa thérapeutique qui, de jurisprudence en
jurisprudence, risque de devenir de plus en plus aigu.
Je le répète une fois de plus, monsieur le rapporteur, vos propositions ont
été prises en compte, et c'est parce que nous attendons une amélioration future
que nous nous sommes abstenus il y a quelques jours.
M. Claude Huriet,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Huriet, rapporteur.
M. Claude Huriet,
rapporteur.
Sans vouloir rouvrir le débat - qui a effectivement eu lieu
il y a quelques jours à peine, je ferai tout de même remarquer que - quelles
que soient les réponses qui finiront par être apportées dans le texte attendu
du Gouvernement - l'assurance maladie fera, à l'évidence, partie des
cofinanceurs d'un fonds.
Par ailleurs, si j'avais été certain que les espoirs du ministre se traduisent
dans les tout prochains mois, je n'aurais pas introduit par amendement ces
dispositions qui recueillent un accord assez général.
M. Bernard Kouchner,
ministre délégué.
Cela stimule !
M. Claude Huriet,
rapporteur.
Monsieur le ministre, les arbitrages financiers n'ont pas
encore eu lieu, et je ne crois pas que le Conseil d'Etat ait déjà été saisi.
Cela signifie que, malgré la pureté de vos intentions, le texte ne sera sans
doute pas débattu au Parlement avant la fin de l'année 2001 et qu'il ne sera
sans doute pas définitivement adopté avant 2002. D'ici là, la jurisprudence
continuera de se développer, et les associations de malades resteront dans
l'attente.
M. François Autain.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Autain.
M. François Autain.
Monsieur le rapporteur, je ne vois pas en quoi cet amendement fera avancer la
réflexion ou la démarche.
Le Conseil d'Etat, apprenant que vous avez déposé un amendement, va-t-il
accélérer son travail et rendre sa copie plus rapidement ? Obtiendrez-vous plus
vite que le Gouvernement un résultat sur ce point ? Quel est, en fait, votre
objectif ? Pensez-vous que, l'Assemblée nationale vous suivant, un texte sera
voté qui pourra être appliqué rapidement, ou bien faites-vous cela uniquement
pour témoigner, pour dire que vous travaillez plus vite que le Gouvernement ?
Il est vrai que vous avez peut-être moins de contraintes à prendre en
considération !
Quelle peut être l'efficacité pratique de cet amendement quant à la mise en
place du fonds de réparation pour l'aléa thérapeutique ?
Cette réforme, nous l'appelons tous de nos voeux, mais nous ne pouvons pas
l'improviser, comme vous le faites. On ne peut en effet rien faire sans la
collaboration, je dirai même sans l'avis favorable du Gouvernement.
Le Gouvernement est d'accord. Il demande seulement que l'on attende un peu.
Alors pourquoi cette précipitation ?
Bien sûr, nous ne voterons pas contre l'amendement, car nous sommes pour cette
réforme, mais nous nous abstiendrons.
M. Claude Huriet,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Huriet, rapporteur.
M. Claude Huriet,
rapporteur.
Tout d'abord, mon cher collègue, il s'agit d'une initiative
parlementaire, y compris au travers de cet amendement, et le Conseil d'Etat n'a
donc pas à en être saisi. L'avis du Conseil d'Etat sera sollicité - qui sait
quand ? - par le Gouvernement sur son propre projet. Tel n'est pas encore le
cas aujourd'hui. Nous, nous n'avons pas à nous préoccuper du calendrier du
Conseil d'Etat.
Le résultat évident, c'est que, si le texte est finalement adopté par
l'Assemblée nationale - on peut ne pas en désespérer ! - il y aura une réponse,
peut-être imparfaite, peut-être incomplète, mais immédiate, alors que les
atermoiements non pas du ministre mais du Gouvernement sur ce point me font
redouter qu'il n'y ait pas de réponse en matière d'accident médical non fautif
avant un an, voire deux.
La démarche du Sénat vise donc à apporter une réponse dans les prochaines
semaines. Reconnaissez que ce n'est pas un mince avantage !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 463, repoussé par le Gouvernement.
M. Bernard Cazeau.
Le groupe socialiste s'abstient.
M. Guy Fischer.
Le groupe communiste républicain et citoyen également.
M. Charles Descours.
Je m'abstiens aussi.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17
quinquies.
Par amendement n° 464, M. Huriet, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Même en l'absence de faute, les établissements de santé publics et privés
sont responsables vis-à-vis des patients qu'ils accueillent des dommages
résultant d'infections nosocomiales. En cette matière, les organismes sociaux
bénéficient d'un recours sur la base de la faute prouvée. »
Il me semble que cet amendement ainsi que les suivants forment un tout avec
celui qui vient d'être adopté ?
(Assentiment.)
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 464, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17
quinquies.
Par amendement n° 465, M. Huriet, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Les actions tendant à mettre en cause la responsabilité des médecins ou des
établissements de santé publics et privés à l'occasion d'actes ou de soins
médicaux se prescrivent par dix ans. Le délai court à compter de la
consolidation du dommage. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 465, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17
quinquies
.
Par amendement n° 466, M. Huriet, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Dans l'ordre judiciaire ou administratif, l'expertise en responsabilité
médicale est confiée à des médecins experts figurant sur une liste nationale
établie par un Collège de l'expertise en responsabilité médicale.
« Ce collège est composé de magistrats des deux ordres de juridiction, de
représentants de la Conférence des doyens, du Conseil national de l'ordre des
médecins, des associations de malades et de personnalités qualifiées.
« Peuvent être inscrits sur la liste nationale les médecins justifiant des
compétences médicales nécessaires et d'une évaluation périodique des
connaissances et pratiques professionnelles. L'inscription vaut pour une durée
renouvelable de cinq ans.
« Le Collège de l'expertise en responsabilité médicale peut, après une
procédure contradictoire, radier de la liste un expert dont les qualités
professionnelles se sont révélées insuffisantes ou qui a manqué à ses
obligations déontologiques ou d'indépendance.
« Les modalités d'application de cet article sont fixées par décret en Conseil
d'Etat.
« Les dispositions du premier alinéa de cet article entreront en vigueur six
mois après la publication du décret instituant le Collège de l'expertise en
responsabilité médicale. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 466, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17
quinquies
.
Par amendement n° 467, M. Huriet, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Il est créé, dans chaque région, une commission régionale de conciliation
ayant pour mission de faciliter le règlement amiable des litiges entre usagers
du système de soins et les professionnels et établissements de santé.
« La commission régionale de conciliation est composée de représentants des
usagers, des professionnels et établissements de santé ainsi que de
personnalités qualifiées. Elle est présidée par un magistrat de l'ordre
judiciaire ou par un magistrat administratif. Elle peut être saisie par tout
usager, médecin ou établissement de santé.
« Lorsqu'elle l'estime nécessaire, la commission peut recourir à l'expertise
et peut exiger la communication de tout document, médical ou non.
« Les accords obtenus devant la commission valent transaction au sens de
l'article 2044 du code civil.
« La commission peut aussi, avec l'accord des parties, rendre des sentences
arbitrales.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en
Conseil d'Etat. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 467, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17
quinquies
.
Par amendement n° 468, M. Huriet, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, après l'article 17
quinquies
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Les médecins et sages-femmes libéraux ou salariés ainsi que les
établissements de santé sont tenus de souscrire une assurance de responsabilité
à raison de leur activité. La même obligation s'impose, pour leurs fautes
personnelles détachables du service, aux médecins et sages-femmes exerçant leur
activité dans les établissements publics de santé. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 468, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 17
quinquies
.
Nous en revenons à l'amendement n° 462 rectifié, qui avait été précédemment
réservé.
Présenté par M. Huriet, au nom de la commission des affaires sociales, cet
amendement tend à insérer, après l'article 17
quinquies
, une division
additionnelle ainsi rédigée :
« Chapitre IV
bis.
« Indemnisation de l'aléa médical et amélioration du règlement des litiges en
responsabilité médicale. »
Il s'agit de la conséquence des votes précédents, n'est-il pas vrai ?
(Assentiment.)
Quelqu'un demande-t-il la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 462 rectifié, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans le
projet de loi, après l'article 17
quinquies
.
Article 28 sexies (priorité)