Séance du 26 janvier 2000
SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale.
- Adoption d'une proposition de loi (p.
1
).
Discussion générale : Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes
et à la formation professionnelle ; M. Bernard Seillier, rapporteur de la
commission des affaires sociales ; Mme Gisèle Printz, M. Guy Fischer.
Clôture de la discussion générale.
Article 1er (p. 2 )
Amendement n° 1 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat, M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Articles 2 à 7 (p. 3 )
Amendements n°s 2 à 7 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des amendements supprimant les six articles.
Article 8
(supprimé)
(p.
4
)
Intitulé de la proposition de loi (p.
5
)
Amendement n° 8 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat.
- Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.
Adoption de l'ensemble de la proposition de loi.
Suspension et reprise de la séance (p. 6 )
3.
Protection des trésors nationaux. -
Adoption des conclusions modifiées du rapport d'une commission (p.
7
).
Discussion générale : MM. Serge Lagauche, rapporteur de la commission des
affaires culturelles ; Yann Gaillard, rapporteur pour avis de la commission des
finances ; Ivan Renar, Claude Estier.
Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication.
Clôture de la discussion générale.
Article 1er. - Adoption (p.
8
)
Article 2 (p.
9
)
Amendement n° 5 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Articles 3 et 4. - Adoption (p.
10
)
Articles additionnels avant l'article 5 (p.
11
)
Amendement n° 1 de M. Yann Gaillard, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur
pour avis, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant
un article additionnel.
Amendement n° 2 de M. Yann Gaillard, rapporteur pour avis. - Retrait.
Article 5 (p. 12 )
Amendement n° 3 de M. Yann Gaillard, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur
pour avis, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 5 (p. 13 )
Amendement n° 4 de M. Yann Gaillard, rapporteur pour avis. - Retrait.
Articles 6 et 7. - Adoption (p.
14
)
Vote sur l'ensemble (p.
15
)
MM. Claude Estier, Ivan Renar, Jean-Paul Hugot.
Adoption des conclusions modifiées du rapport de la commission.
Suspension et reprise de la séance (p. 16 )
4. Liberté de communication. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi (p. 17 ).
Articles additionnels avant l'article 26 bis (p. 18 )
Amendement n° 160 rectifié de M. Jack Ralite. - MM. Ivan Renar, Jean-Paul
Hugot, rapporteur de la commission des affaires culturelles ; Mme Catherine
Trautmann, ministre de la culture et de la communication. - Rejet.
Amendements n°s 166 de M. Pierre Hérisson, 253 et 251 de M. Paul Loridant. -
MM. Pierre Hérisson, Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de
l'amendement n° 166 insérant un article additionnel, les amendements n°s 253 et
251 devenant sans objet.
Amendements identiques n°s 167 de M. Pierre Hérisson et 252 de M. Paul
Loridant. - MM. Pierre Hérisson, Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre,
MM. Michel Pelchat, Louis de Broissia, Mme Danièle Pourtaud. - Retrait de
l'amendement n° 167 ; rejet de l'amendement n° 252.
Article 26
bis
. - Adoption (p.
19
)
Article 27 (p.
20
)
Amendements identiques n°s 113 de M. Louis de Broissia, 165 de M. Philippe
Richert, 173 de M. Michel Pelchat et 231 de Mme Danièle Pourtaud. - MM. Louis
de Broissia, Pierre Hérisson, Michel Pelchat, Mme Danièle Pourtaud, M. le
rapporteur, Mme le ministre. - Adoption des quatre amendements.
Amendement n° 64 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM.
Michel Charasse, Louis de Broissia. - Adoption.
Amendement n° 232 de Mme Danièle Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, M. le
rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendement n° 65 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. -
Adoption.
Amendements identiques n°s 66 de la commission et 233 de Mme Danièle Pourtaud.
- MM. le rapporteur, Henri Weber, Mmes le ministre, Danièle Pourtaud. - Retrait
de l'amendement n° 233 ; adoption de l'amendement n° 66.
Amendements identiques n°s 67 de la commission et 193 du Gouvernement. - M. le
rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Pelchat. - Adoption des deux
amendements.
Amendements n°s 68 à 70 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre.
- Adoption des trois amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article 27 bis (p. 21 )
Amendement n° 194 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel avant l'article 28 (p. 22 )
Amendement n° 71 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 28 (p. 23 )
Amendement n° 72 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. -
Adoption.
Amendement n° 73 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 74 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. -
Adoption.
Amendement n° 133 de M. Michel Pelchat. - MM. Michel Pelchat, le rapporteur,
Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 75 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. -
Adoption.
Amendements n°s 76 rectifié de la commission et 234 de Mme Danièle Pourtaud. -
M. le rapporteur, Mmes Danièle Pourtaud, le ministre. - Retrait de l'amendement
n° 76 rectifié ; adoption de l'amendement n° 234.
Amendements n°s 77 et 78 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre.
- Adoption des deux amen-dements.
Adoption de l'article modifié.
Article 28 bis (p. 24 )
Amendement n° 79 de la commission et sous-amendement n° 235 rectifié de Mme
Danièle Pourtaud. - M. le rapporteur, Mmes Danièle Pourtaud, le ministre. -
Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Adoption de l'article modifié.
Article 29 (p. 25 )
Amendements n°s 80 à 82 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre,
Danièle Pourtaud, M. Louis de Broissia. - Adoption des trois amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article 29 bis (p. 26 )
Amendement n° 83 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 29 ter (p. 27 )
Amendement n° 84 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article additionnel après l'article 29 ter (p. 28 )
Amendement n° 134 de M. Michel Pelchat. - MM. Michel Pelchat, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Articles additionnels avant l'article 30 (p. 29 )
Amendements n°s 170 rectifié
bis
et 171 rectifié
bis
de M. André
Diligent. - MM. André Diligent, le rapporteur, Mme le ministre, MM. Michel
Pelchat, Louis de Broissia. - Adoption des amendements insérant deux articles
additionnels.
PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
Article 30 (p.
30
)
Amendements n°s 85 à 89 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre.
- Adoption des cinq amendements.
Amendement n° 259 de M. Jacques Valade. - MM. Adrien Gouteyron, le rapporteur,
Mme le ministe. - Adoption.
Amendements n°s 90 et 91 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre.
- Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 30 (p. 31 )
Amendement n° 236 rectifié de Mme Danièle Pourtaud. - MM. Michel Dreyfus-Schmidt, le rapporteur, Mme le ministre, MM. Michel Pelchat, Alain Joyandet, Mme Danièle Pourtaud. - Rejet.
Article 31 (p. 32 )
Amendement n° 92 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 31 bis (p. 33 )
Amendements n°s 264 du Gouvernement, 93 de la commission et sous-amendement n° 237 de Mme Danièle Pourtaud ; amendement n° 135 de M. Michel Pelchat. - MM. le rapporteur, Michel Dreyfus-Schmidt, Michel Pelchat, Mme le ministre, M. Louis de Broissia. - Retrait des amendements n°s 135, 93 et du sous-amendement n° 237 ; adoption de l'amendement n° 264 supprimant l'article.
Article 32. - Adoption (p.
34
)
Article additionnel après l'article 32 (p.
35
)
Amendement n° 161 de M. Jack Ralite. - MM. Jack Ralite, le rapporteur, Mme le ministre, M. Michel Pelchat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Vote sur l'ensemble (p. 36 )
MM. Jacques Machet, Alain Joyandet, Louis de Broissia, Michel Pelchat, Mme
Danièle Pourtaud, MM. Jack Ralite, André Diligent, Pierre Laffitte.
Adoption du projet de loi.
Mme le ministre.
5.
Dépôt d'un projet de loi
(p.
37
).
6.
Transmission d'un projet de loi organique
(p.
38
).
7.
Transmission d'un projet de loi
(p.
39
).
8.
Dépôt de rapports
(p.
40
).
9.
Ordre du jour
(p.
41
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD,
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à quinze heures.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
CONSEIL DE L'EMPLOI, DES REVENUS
ET DE LA COHÉSION SOCIALE
Adoption d'une proposition de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi (n° 19,
1999-2000), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la création d'un
Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC). [Rapport n°
133 (1999-2000).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la proposition de
loi visant à créer auprès du Premier ministre un Conseil de l'emploi, des
revenus et de la cohésion sociale, a été adoptée en première lecture le 14
octobre dernier par l'Assemblée nationale.
Cette proposition de loi, qui a reçu le soutien du Gouvernement, arrive
aujourd'hui en discussion au Sénat et je voudrais d'entrée souligner le
caractère constructif des travaux de la commission des affaires sociales.
Le nouveau CERC sera chargé de contribuer à la connaissance des revenus, des
inégalités sociales et des liens entre l'emploi, les revenus et la cohésion
sociale. Son champ d'analyse se veut donc plus large que celui des organismes
qui l'ont précédé, et il s'inscrit ainsi dans la volonté du Gouvernement de
mener une politique de croissance soutenue par une action volontariste en
matière d'emploi et de réduction des inégalités.
C'est au moment où notre économie va mieux, où des emplois sont créés en
nombre, grâce à la croissance mais aussi aux emplois-jeunes et à la réduction
du temps de travail, que nous devons en priorité faciliter le retour à l'emploi
des personnes qui en sont le plus éloignées et veiller à réduire les poches
d'exclusion.
Cette politique a rétabli la confiance des entreprises et des ménages et placé
la France dans un cercle vertueux : création d'emplois, croissance, confiance.
Tous doivent en profiter. C'est pourquoi il est indispensable d'étudier
l'articulation entre revenus, emploi et inégalités sociales.
Dès le mois de septembre 1997, M. le Premier ministre avait souhaité que soit
réexaminée la situation créée par la suppression, dans la loi quinquennale du
20 décembre 1993, du Centre d'études des revenus et des coûts, l'ancien CERC,
organisme qui était doté d'une grande indépendance.
Cette suppression et la création du Conseil supérieur de l'emploi, des
revenus et des coûts, le CSERC, avaient soulevé de vives réactions, comme l'a
d'ailleurs rappelé M. le rapporteur en citant les propos de Michel Dollé,
l'actuel rapporteur général du CSERC, faisant référence au « péché originel »
qui pèse sur les travaux du nouvel organisme à la suite de cette
transformation.
Le Premier ministre avait confié à Mme Marie-Thérèse Join-Lambert, inspecteur
général des affaires sociales, une mission de réflexion sur les évolutions à
envisager.
Une première proposition avait déjà été présentée, sous la forme d'un
amendement, au cours du débat en première lecture sur la loi d'orientation
relative à la prévention et à la lutte contre les exclusions, au printemps
1998. Le Gouvernement, tout en reconnaissant l'intérêt de cette proposition,
avait alors souhaité, avant de se prononcer, disposer du délai nécessaire à la
poursuite de la consultation des partenaires sociaux sur les conclusions du
rapport de Mme Join-Lambert, et l'amendement avait été retiré.
En deuxième lecture, un article avait été voté, mais le Conseil
constitutionnel avait rejeté cette disposition au motif qu'elle était
intervenue après la réunion de la commission mixte paritaire.
La proposition de loi qui a été adoptée à l'Assemblée nationale a repris les
principales conclusions du rapport de Mme Join-Lambert.
Je voudrais d'abord rassurer M. le rapporteur, qui s'inquiétait de dérives
éventuelles.
La volonté du Gouvernement est que le nouveau CERC porte un regard critique
sur le fonctionnement économique et social de notre pays. Il lui appartiendra
de souligner les relations entre emploi et revenus, de dresser un état des
lieux des inégalités sociales et des limites que rencontrent les mécanismes
redistributifs, et enfin d'attirer l'attention du Gouvernement, mais aussi de
l'opinion publique, sur les évolutions souhaitables.
Pour ce faire, le CERC bénéficiera de toutes les garanties d'indépendance,
notamment parce qu'il sera composé de personnalités reconnues pour leur
compétence et représentant différentes sensibilités. Il sera ainsi résolument
placé sous le signe de l'ouverture et du pluralisme.
Il interviendra également en complémentarité avec les institutions qui ont
déjà été mises en place, dans le cadre de la loi contre les exclusions, pour
faire progresser notre connaissance sur les questions sociales et pour donner
la parole à ceux qui en sont généralement privés. Je pense en particulier à
l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, dont la
mission est de faire procéder à des études permettant de mieux connaître la
situation de l'exclusion dans notre pays. Je pense également au Conseil
national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, qui a vu sa composition
renouvelée de manière à représenter tous les éléments de la société.
Ces structures bénéficient maintenant d'une indépendance reconnue par la loi
et contribuent à l'expression de tous les acteurs concernés par la lutte contre
les exclusions, qu'il s'agisse des élus ou des associations intervenant dans ce
secteur, mais aussi des exclus eux-mêmes.
Par ailleurs, l'administration s'est elle-même dotée, de façon interne, des
moyens de mieux appréhender les phénomènes de revenus et de pauvreté, afin de
pouvoir adapter les politiques qu'elle met en place et en évaluer les
effets.
Le projet de nouveau CERC s'inscrit pleinement dans ce paysage institutionnel.
L'objectif n'est pas de reconstituer un centre d'études avec des équipes
permanentes lourdes, ce qui paraît inadapté au contexte d'aujourd'hui. Le CERC
pourra en revanche mobiliser le potentiel des services et organismes existants
pour impulser et réaliser des travaux.
Vous comprenez donc que l'objectif du Gouvernement est de retrouver ce qui a
fait l'originalité et le succès de l'ancien CERC.
M. Seillier note dans son rapport que la recréation du CERC ne mérite ni un
excès d'honneur ni l'indignité d'une guerre législative. Permettez-moi de
souligner que les conditions de sa suppression par un amendement déposé lors de
la discussion de la loi quinquennale de 1993 ici même et son remplacement par
le CSERC ont eu pour conséquence d'affaiblir la notoriété du nouvel
organisme.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard et M. Guy Fischer.
Absolument !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Aujourd'hui, est requise une voix forte et
indépendante, capable de se faire l'écho des difficultés auxquelles se heurte
notre pays, des contradictions qu'engendre parfois notre système économique,
mais aussi des opportunités liées à une croissance retrouvée.
Le Gouvernement, tout en ayant apporté son appui à la proposition de loi, est
prêt à se ranger à l'avis de la commission des affaires sociales pour que le
nouveau CERC voie le jour le plus rapidement possible et dans les meilleures
conditions, avec le soutien et la reconnaissance de tous.
Il est donc favorable à la proposition de la commission des affaires sociales
visant à abroger l'article 78 de la loi quinquennale de 1993 à compter du 1er
avril 2000. Ce délai permettra au Gouvernement de créer par décret le nouveau
CERC, en respectant les orientations ambitieuses que j'ai rappelées et qui nous
permettront de disposer d'un conseil indépendant et reconnu, réalisant des
travaux sur des questions qui sont au coeur de notre société.
(Applaudissements.)
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur de la commission des affaires sociales.
Monsieur le président,
madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous sommes réunis pour
examiner une proposition de loi relative à la création d'un conseil de
l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale.
Ce nouvel organisme, dénommé CERC, viendrait se substituer à l'actuel Conseil
supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts, le CSERC, lui-même mis en
place par la loi quinquennale du 20 décembre 1993.
Auparavant, il n'est pas inutile de rappeler qu'en 1965 un décret signé par le
Président de la République, le général de Gaulle, et contresigné par le Premier
ministre, Georges Pompidou, avait créé le Centre d'études des revenus et des
coûts, lui aussi appelé CERC, dans le but de promouvoir la réflexion sur la
politique des revenus à la suite de la grève des mineurs de 1963.
Le CERC est alors une structure légère, un centre d'études autonome, rattaché
au Plan, disposant de rapporteurs placés sous la responsabilité d'un conseil de
six à huit personnalités nommées en conseil des ministres, à raison de leur
compétence et de leur expérience.
De 1966 à 1993, le CERC va réaliser de nombreuses études, notamment des
rapports conjoncturels sur l'évolution des revenus des Français, qui le
conduiront d'ailleurs à mettre l'accent sur l'accroissement des inégalités dans
la société française au début des années quatre-vingt.
Simultanément, le CERC connaît une forte progression de ses effectifs : à
peine composé d'une dizaine de personnes à l'origine, il compte, en 1993,
quarante-deux emplois budgétaires, soit vingt-sept emplois de chargé de mission
et quinze emplois de personnel administratif, auxquels s'ajoutent de nombreux
vacataires.
En 1993, un double diagnostic est porté sur le CERC.
Tout d'abord, dans un contexte de crise, la réflexion sur les inégalités de
revenus n'a pas de sens si elle est détachée de l'analyse des effets du
ralentissement de la croissance et si elle ne porte pas sur l'examen des
conditions de la création d'emplois.
En d'autres termes, le CERC semblait privilégier la question des inégalités de
revenus appréciée de façon statique, en abandonnant la réflexion sur les effets
des charges diverses qui pèsent sur les facteurs de production.
Or chacun sait que le poids des prélèvements peut avoir un impact négatif sur
la croissance, et donc sur l'emploi, et générer à ce titre de nouvelles
inégalités.
Le second élément du diagnostic portait sur le vieillissement du CERC, qui
était devenu, non plus l'équipe légère des origines, mais une sorte
d'institution où l'on faisait carrière au détriment du renouvellement des
hommes et des idées.
Avec l'appronfondissement de la crise économique à partir de 1991, il
importait que le CERC retrouve un rôle de « guetteur » ou de « vigie » dans
l'analyse des relations entre les revenus, l'emploi et les coûts, et qu'il ne
consacre plus son énergie à la collecte directe de statistiques, mission dont
l'INSEE, par exemple, s'acquitte fort bien.
La loi quinquennale du 20 décembre 1993 est apparue comme un support adéquat
pour montrer que le Parlement lui-même souhaitait donner une nouvelle impulsion
au CERC et moderniser ses méthodes de travail dans le respect du principe
d'indépendance.
C'est pourquoi, à l'initiative de la commission des affaires sociales, un
amendement a été adopté en ce sens en première lecture par le Sénat, puis
repris dans le texte élaboré en commission mixte paritaire.
A partir de 1993, la mission du nouveau Conseil supérieur de l'emploi, des
revenus et des coûts est donc élargie : il contribue à la connaissance « des
liens entre l'emploi et les revenus » et non plus seulement à celle des coûts
et des revenus de production. De plus, il est chargé d'une fonction de
proposition ou, plus précisément, de « faire des recommandations de nature à
favoriser l'emploi ».
Composé de neuf membres, nommés suivant une procédure définie par décret en
Conseil d'Etat garantissant l'indépendance et la qualité de ses travaux, le
CSERC n'est plus un centre autonome mais est un conseil supérieur, c'est-à-dire
un organisme léger, qui a vocation à travailler sur les études existantes et à
commander des travaux aux administrations de l'Etat plutôt que de les réaliser
lui-même.
Le nombre de permanents se réduit. La durée de présence des rapporteurs est
limitée à trois ans renouvelable une fois. Dans ce type de structure, il est
important que les rapporteurs ne restent pas en poste trop longtemps, au risque
de voir s'effilocher le réseau relationnel qu'ils ont réussi à se constituer
dans leur administration d'origine et de bloquer toute possibilité d'évolution
pour les rapporteurs nouvellement recrutés.
Il convient de souligner que les personnels du CERC d'avant 1993 ont été
reclassés auprès du commissariat général du Plan ou de l'INSEE.
L'audience du nouvel organisme s'est progressivement améliorée malgré deux
handicaps de départ. Tout d'abord, la transformation du CERC en CSERC a entaché
d'une sorte de « péché originel » les productions du nouvel organisme.
Par ailleurs, du fait d'une présence insuffisante dans les médias, ni le
président du CSERC, ni ses membres ni le rapporteur général n'ont réussi à se
forger une image publique à une époque où la personnalisation des débats est un
vecteur nécessaire pour toucher un large public.
Pour autant, le CSERC, qui travaillait sur des bases totalement nouvelles, est
loin d'avoir démérité et il semblait commencer à entrer en régime de croisière
lorsque le Gouvernement a souhaité revenir sur la question.
Par une lettre de septembre 1997, le Premier ministre, quatre mois après la
nomination de son gouvernement, confie ainsi une mission à Mme Marie-Thérèse
Join-Lambert. Constatant que « beaucoup ont regretté la disparition du CERC »
et qu'il a été saisi de « demandes de réexamen de la situation », M. Lionel
Jospin lui demande de faire le point sur la situation.
Le rapport de Mme Join-Lambert est nuancé. Elle se prononce finalement en
faveur d'un organisme nouveau, mieux dimensionné par rapport aux attentes des
acteurs sociaux, centré sur l'étude de la répartition et des inégalités, « qui
mêlerait le retour à ce qui faisait l'originalité et le succès de l'ancien CERC
et le maintien de certains aspects du nouveau CSERC », en particulier le
maintien d'une équipe de petite taille.
La question rebondit lors de la discussion de la loi d'orientation du 29
juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions : on se souvient que
l'Assemblée nationale avait adopté, en nouvelle lecture, un amendement afin de
reconstituer le CERC, mais que le Conseil constitutionnel avait invalidé cette
disposition pour des raisons de procédure, en constatant que l'amendement était
intervenu trop tardivement dans la procédure parlementaire.
Il est à noter qu'à la suite de cette opération manquée la procédure de
renouvellement des membres du CSERC n'a pas été engagée à l'automne 1998 et
que, à la demande du directeur de cabinet du Premier ministre, les membres
actuels sont restés en fonction pour continuer à animer le conseil durant la
phase transitoire précédant le vote d'une nouvelle loi.
Aujourd'hui, dix-huit mois après, le CSERC, en phase transitoire prolongée, se
vide peu à peu de sa substance : aucun nouveau recrutement n'est effectué par
le conseil intérimaire et les rapporteurs en place partent au fur et à mesure,
transformant le CSERC en une coquille vide.
La proposition de loi qui nous est transmise par l'Assemblée nationale vise
donc à recréer le CERC. Par certains aspects, elle rend hommage à la réforme
voulue en 1993 ; elle comporte toutefois une volonté symbolique de «
restauration » même si celle-ci ne ressort pas toujours du texte ni de son
exposé des motifs.
Le CERC « nouvelle formule » serait toujours un conseil composé d'un nombre
réduit de membres et non pas un centre autonome. Il faut y voir le souci de
maintenir le principe d'une équipe de petite taille en mesure d'utiliser le
potentiel des organismes existants plutôt que de s'institutionnaliser.
Sa mission est étendue, au-delà de la connaissance des revenus, à celle des
inégalités sociales. Le principe d'une réflexion sur les liens entre l'emploi
et les revenus est conservé, mais on y ajoute la notion de cohésion sociale
issue des travaux préparatoires à la loi contre les exclusions.
Le texte de la proposition de loi constitue un cadre très général renvoyant au
pouvoir réglementaire le soin de constituer un nouvel organisme d'études.
La nomination du président et des six membres du conseil et renvoyée à un
décret, c'est-à-dire à une décision du Premier ministre, sans précision
particulière.
Les autres dispositions de la proposition de loi sont d'ordre non pas
législatif, mais plutôt réglementaire.
Il en est ainsi de l'article qui précise que les rapports sont rendus publics
et transmis au Parlement.
Il en est de même de la disposition prévoyant que le président du CERC peut
être entendu par les commissions parlementaires, alors que l'ordonnance du 17
novembre 1958 prévoit déjà qu'une commission spéciale ou permanente peut
convoquer toute personne dont l'audition est nécessaire.
Quant à l'article interdisant aux membres du CERC de solliciter ou d'accepter
des instructions extérieures, il est le strict décalque d'une disposition déjà
prévue par un décret du 26 mai 1994.
Au fond, la proposition de loi ne comprend que deux dispositions vraiment
législatives. Encore sont-elles sujettes à caution.
Il est prévu tout d'abord que le CERC peut se faire communiquer tout élément
nécessaire par les administrations de l'Etat, les collectivités territoriales
et les établissements publics.
Pour ce qui concerne l'Etat et ses établissements publics sous tutelle, on
sait que le Premier ministre est parfaitement en droit de s'adresser
directement à ces derniers pour leur imposer des obligations d'information
statistique, obligations qui, au demeurant, sont déjà prévues.
En revanche, depuis les lois de décentralisation, une loi est effectivement
nécessaire pour imposer une obligation d'information aux collectivités
locales.
On peut s'étonner de voir ainsi envisagée la possibilité d'enquête auprès des
collectivités locales, alors que l'on affirme toujours que le CERC aura
vocation, non pas à collecter des statistiques, mais à les commander auprès des
organismes extérieurs. Surtout, il est essentiel de ne pas multiplier les
saisines à des fins statistiques des collectivités territoriales sans
coordination d'ensemble : dans un régime décentralisé, il appartient plutôt au
rapporteur général du CERC de prendre contact avec les associations d'élus pour
déterminer dans quelles conditions des expérimentations peuvent être
conduites.
Avec humour, on peut observer que la deuxième innovation législative de ce
texte est d'ordre sémantique : il s'agit, dans l'intitulé de la proposition de
loi, de rétablir l'acronyme CERC. Ce « retour vers le passé » s'effectue au
prix d'un petit artifice qui consiste à ne pas retenir l'initiale du dernier
mot de l'intitulé de l'organisme, à savoir le mot « social ». Cette initiative
extrêmement symbolique montre bien le sens de la démarche voulue par nos
collègues députés.
Le sentiment en faveur d'une restauration du CERC « à l'ancienne » ressort
encore plus nettement des débats à l'Assemblée nationale.
Les déclarations de certains orateurs laissent à penser qu'ils souhaitent
prédéterminer les conclusions du CERC.
Ainsi un député souligne-t-il en séance que « le CERC se doit d'accompagner
les politiques de l'emploi et, en particulier, la mise en oeuvre des 35 heures
» ou encore que « la réussite de la réduction du temps de travail doit être
garantie par les bons diagnostics du CERC ».
Je ne m'arrêterai pas davantage pour méditer sur la notion de « bon diagnostic
», s'agissant d'un organisme censé contribuer à la meilleure connaissance de la
réalité économique et financière.
Par ailleurs, bien que l'on semble s'en tenir à l'idée d'un organisme léger,
un autre orateur partage l'opinion selon laquelle l'expérience doit être «
capitalisée dans la durée » et ne saurait être remplacée par des « expertises
ponctuelles menées par des équipes de passage ».
Pour définir sa position sur ce texte, la commission des affaires sociales a
estimé que le nouveau CERC ne méritait ni excès d'honneur ni indignité.
Il ne mérite pas un excès d'honneur parce qu'il s'agit, au fond, d'un
organisme qui a vocation à rassembler des statistiques, à les commenter et à
les mettre en perspective de façon scientifique, rigoureuse et objective. Il ne
s'agit pas d'une autorité administrative apte à trancher des litiges ou à
prendre des décisions.
S'agissant du fonctionnement, entrer dans le détail des obligations de
mobilité ou limiter les effectifs serait sans doute excéder les limites de
notre compétence. Aussi, il ne nous a pas paru opportun d'aller dans le détail,
en fixant des bornes et des garanties plus précises à propos de la composition
et du mode de fonctionnement du nouvel organisme, d'autant que nous savons bien
que, dans ce type d'organisme, l'indépendance repose plus sur la qualité des
hommes que sur le formalisme de la procédure.
Le sujet en question ne mérite pas davantage l'indignité d'une guerre
législative. Sur le principe, on ne saurait s'opposer à l'amélioration de la
connaissance en matière de revenus et d'inégalités sociales. Il n'y aurait pas
grand sens à engager, sur ce thème, un vaste débat législatif avec l'Assemblée
nationale au cours de deux lectures, dans chaque assemblée, d'une commission
mixte paritaire éventuellement infructueuse, suivie d'une nouvelle lecture dans
chaque assemblée et d'un dernier mot à l'Assemblée nationale. Que penserait les
Français si les deux assemblées se livraient à une guerre picrocholine sur le
CERC ?
Au nom de la commission des affaires sociales, la solution que je vous propose
est de ne pas donner à ce texte symbolique plus d'importance qu'il n'en mérite.
Aujourd'hui, nous pouvons remettre le CERC dans le domaine qui a été le sien et
dans lequel il doit revenir, c'est-à-dire le domaine réglementaire.
En 1993, l'intervention législative était nécessaire et légitime. A cette
époque, il s'agissait de réorienter l'action d'un organisme qui avait près de
trente ans d'existence et qui comprenait des personnels dont plus de la moitié
était en place depuis plus de quinze ans.
Le Gouvernement et le Parlement devaient marquer clairement leur volonté de
changement et envoyer un « signal fort » à l'égard de la structure
administrative appelée à une réforme radicale. Il fallait donner un « coup de
boutoir » pour modifier le cours des choses.
Aujourd'hui, la situation n'est plus la même et le diagnostic semble partagé,
tant sur le souci d'éviter l'alourdissement et le veillissement de la structure
que sur la nécessité de lier la réflexion sur les revenus à la réflexion sur
l'emploi.
Lorsqu'il a constitué le conseil d'analyse économique, le Premier ministre n'a
pas estimé nécessaire de consulter le Parlement. Il n'est pas anormal de
laisser le Premier ministre organiser à sa guise les services placés auprès de
lui et assumer la responsabilité de leur évolution et de leur efficacité. La
responsabilité propre de l'exécutif comporte la maîtrise des demandes qui ne
manqueront pas de lui être faites, particulièrement de celles qui s'inspireront
des errements antérieurs.
C'est pourquoi la commission des affaires sociales vous propose un dispositif
d'une parfaite simplicité consistant à abroger l'article 78 de la loi de 1993 à
compter du 1er avril 2000. Dans l'intervalle des trois mois à venir, le
Gouvernement aura le temps de prendre le décret nécessaire et d'agir avec
rapidité pour mettre fin au délitement progressif de l'actuel conseil supérieur
de l'emploi, des revenus et des coûts, le CSERC. Bien entendu, nous sommes
ouverts à toute proposition que le Gouvernement pourrait nous faire pour
adapter le délai de trois mois à ses contraintes.
Bien sûr, l'Assemblée nationale pourrait regretter que la « re-création » du
CERC ne soit pas effectuée par la loi. Mais elle devrait comprendre que notre
proposition - qui consiste à réaffirmer la pleine responsabilité du
Gouvernement dans son champ de compétence - est plus conforme à l'esprit de la
Constitution de la ve République et qu'il vaut mieux la suivre que se focaliser
sur une revanche dont l'enjeu symbolique est largement virtuel.
Je vous remercie, madame la secrétaire d'Etat, d'avoir lu attentivement le
rapport de la commission des affaires sociales et de nous avoir fait savoir que
vous étiez sensible à l'argumentation que nous y développions.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à Mme Printz.
Mme Gisèle Printz.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la
proposition de loi que nous examinons aujourd'hui permettra de mettre fin au
feuilleton qui se déroule depuis 1993 avec la suppression du Centre d'études
des revenus et des coûts, à l'occasion de la loi quinquennale relative au
travail, à l'emploi et à la formation professionnelle.
Chacun garde en mémoire les travaux remarquables qui avaient été réalisés par
les chercheurs de cet organisme jusqu'à sa suppression en 1993.
A cet égard, je voudrais rappeler que le CERC avait été créé par un décret
signé par le général de Gaulle, sur l'initiative du ministre des finances et du
ministre des affaires sociales de l'époque, respectivement Michel Debré et
Jean-Marcel Jeanneney. C'est M. Raymond Barre qui devait donner une forte
impulsion au CERC en augmentant les moyens de cet organisme, en instituant un
rapport périodique et, surtout, en permettant la publicité des rapports sans
autorisation préalable du Gouvernement. Faut-il voir là une marque de respect
d'un économiste réputé pour les travaux de ses pairs ? Je ne sais. En tout cas,
c'était accorder une réelle autonomie aux chercheurs et avancer dans le sens de
la démocratie. L'opinion publique tout entière pouvait désormais connaître
l'état réel de l'évolution des revenus et de leur réparation.
Incontestablement, c'était prendre un risque, mais aussi, pour un homme
politique, se donner les moyens d'une meilleure connaissance des réalités et se
doter d'un aiguillon utile pour agir.
Avec l'apparition de la crise économique, les analyses du CERC mirent de plus
en plus en évidence les difficultés d'une partie de la population à disposer de
revenus décents. Les inégalités croissantes de répartition du revenu, dues au
chômage, et la précarisation des salariés furent mises en évidence.
La valeur de ces travaux, leur fondement scientifique incontestable n'en
rendaient sans doute pas la lecture agréable pour les gouvernements de
l'époque, malgré les efforts qu'ils faisaient pour corriger ces disparités de
revenus.
Ce fut le courage des gouvernements d'alors de s'être saisis de ces rapports
pour en tirer les enseignements dans la mise en oeuvre de leur politique.
Telle ne fut pas l'attitude du gouvernement nommé en 1993 et de la majorité
qui le soutenait. Ce n'est pas un hasard si c'est au plus fort de l'aggravation
du chômage, avec toutes ses conséquences en matière sociale, économique et
fiscale, que la disparition du CERC fut décidée.
Si je peux utiliser une expression imagée : puisque la santé du patient était
mauvaise et puisque celui-ci avait la fièvre, il fut décidé de casser le
thermomètre.
M. Guy Fischer.
C'est tout à fait ça !
Mme Gisèle Printz.
C'était une solution de facilité, qui n'améliorait en rien la situation de nos
concitoyens, mais révélait une intention de leur dissimuler l'aggravation de la
situation.
La création du CSERC, le Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des
coûts, fut marquée de cette empreinte initiale.
Quelle que soit la qualité des membres de ce conseil, l'indépendance, la
liberté dont avaient bénéficié les chercheurs du CERC avaient été délibérément
détruites, et les travaux du nouveau conseil en étaient marqués dans l'esprit
du public.
Tirer un trait sur cet épisode est donc une sage décision. Mais la démarche
serait incomplète si n'était recréé non pas l'ancien CERC à l'identique - car
ce qui fut ne peut être ressuscité - mais un organisme qui bénéficie de la même
indépendance à l'égard du pouvoir politique, de la même qualité scientifique,
et donc de la même crédibilité.
Ainsi, il est expressément mentionné que les rapports du CERC seront publiés
sans qu'une autorisation préalable soit exigée.
Il est de même indiqué que les membres du CERC ne pourront solliciter ni
accepter d'instruction d'aucune autorité. Selon nous, après ces regrettables
péripéties, c'est là le point nodal de la proposition de loi.
Ce texte nous arrive de l'Assemblée nationale après une discussion
intéressante, qui a permis d'ailleurs l'adoption d'un amendement de
l'opposition élargissant la transmission des rapports du nouveau CERC au
Conseil économique et social.
La majorité sénatoriale, par l'intermédiaire de M. le rapporteur, fait une
proposition légèrement différente.
Comme cela est mentionné à la page vingt-trois du rapport, « on ne saurait
s'opposer à l'amélioration de la connaissance en matière de revenus et
d'inégalités sociales ».
Il est en même temps difficile de se déjuger au regard de ce qui fut fait dans
ce même hémicycle voilà six ans. Il nous est donc proposé de renvoyer au décret
la création éventuelle du CERC, tout en maintenant la suppression du CSERC,
dont chacun voit bien qu'elle s'impose. Il est vrai que le CERC, dans sa
première mouture, avait été créé par voie réglementaire.
Pour notre part, nous relevons que le CERC a été certes créé par décret mais
supprimé par la voie législative. C'était lui reconnaître une grande place.
Mais là n'est pas l'essentiel.
Ce qui importe, c'est que dans les meilleurs délais puisse revoir le jour un
organisme qui réponde aux objectifs fixés par la proposition de loi, acceptés
par le Gouvernement et auxquels vous ne vous opposez finalement pas.
Dans un esprit de conciliation et afin de ne pas prolonger inutilement la
procédure parlementaire, nous voterons donc l'abrogation de l'article 78 de la
loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle et nous laissons au Gouvernement le soin de créer par décret le
Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale.
(Applaudissements sur les travées socialistes. - M. le rapporteur applaudit
également.)
M. le président.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous
examinons, cet après-midi, une proposition de loi déposée par M. Le Garrec et
les membres du groupe socialiste, visant à reconstituer, auprès du Premier
ministre, un Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale. Cette
proposition de loi a été adoptée à l'Assemblée nationale le 14 octobre dernier,
grâce aux seules voix des députés de la gauche plurielle.
Bien que nous connaissions tous la chronologie des événements qui ont ponctué
l'évolution de cet organisme utile à l'information et à l'analyse des faits
économiques et sociaux qui transforment notre société, je tiens à rappeler
quelques dates indispensables pour comprendre la position de la majorité
sénatoriale dans ce débat.
Créé par décret en 1966, le Centre d'études des revenus et des coûts, le CERC,
structure autonome destinée à apporter tant à l'opinion publique qu'au
Gouvernement des éléments d'information sur l'évolution des revenus en France,
s'est rapidement imposé pour la précision, la qualité scientifique et
l'objectivité de ses études et analyses qui, réalisées sans complaisance, ont
largement permis de nourrir le débat public. Je pense notamment aux études
mettant en évidence l'accroissement spectaculaire des inégalités de revenus et
de patrimoine, au creusement des inégalités sociales au cours des années
quatre-vingt.
Dérangeante pour tous les gouvernements, cette indépendance intellectuelle et
cette liberté de ton, écornant la pensée unique, dans un contexte d'aggravation
du chômage, ont été fatales au CERC. En 1993, répondant aux souhaits du
gouvernement Balladur, au détour d'un amendement lors du débat sur le projet de
loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle, notre Haute Assemblée l'a dissous et remplacé par le Conseil
supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts, le CERC.
Alors qu'officiellement, il s'agissait d'étendre les compétences de cet
organisme à l'étude des liens entre l'emploi et les revenus et de lui donner
compétence pour formuler des recommandations de nature à favoriser l'emploi,
concrètement, en supprimant l'équipe permanente de chercheurs et d'économistes,
en décidant que les études seraient obligatoirement menées par un rapporteur
haut fonctionnaire ou expert, en diminuant les subventions, tout a été mis en
oeuvre pour policer l'information publique sur les revenus, la rendre
politiquement et électoralement correcte, brider les activités du conseil, le
dénaturer.
Economistes et chercheurs regroupés au sein du CERC-Association ont continué à
produire des études. L'objectif était d'alerter l'opinion et les pouvoirs
publics sur les réalités du sous-emploi en France, de la précarisation des
salariés, du faible niveau de vie de nombreux bénéficiaires de minima
sociaux.
Autant d'éléments de nature à inciter les gouvernements, d'une part, à
réfléchir à une répartition plus égalitaires des richesses et, d'autre part, à
s'interroger notamment sur l'efficacité des politiques de l'emploi.
Autant d'éléments irritants car révélateurs des perversités du système
libéral, source d'inégalités, d'insécurité et d'exclusion sociale.
On peut dire que ces analyses ont créé le socle du projet de loi d'orientation
relatif à la lutte contre les exclusions, dont M. Seillier était le rapporteur
au Sénat.
Depuis ce démantèlement, à mon avis précité, dénoncé par des personnalités
politiques - de gauche surtout, car peu de personnalités dans les rangs de la
majorité, excepté peut-être Raymond Barre, se sont émues -, les syndicats et la
communauté scientifique, nous avons été nombreux à intervenir pour que ce «
baromètre » des revenus, de l'état de la société française renaisse dans ses
objectifs initiaux.
Chargée en septembre 1997 par le Premier ministre de réfléchir à la recréation
du CERC, Mme Join-Lambert a mis en évidence la nécessité de faire évoluer les
missions du CSERC, d'intégrer dans le contexte institutionnel, notamment dans
les institutions publiques de statistiques, un nouvel organisme de recherche
sur la répartition et les inégalités, « dans un cadre qui garantisse à la fois
le pluralisme et l'ouverture à la société civile ».
Lors du débat en deuxième lecture à l'Assemblée nationale sur le projet de loi
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions, un amendement que nous
avions soutenu visait à dissoudre le CSERC et à instituer à sa place un nouveau
CERC : disposition que vous vous étiez empressés, messieurs, de faire
disparaître, d'aucuns allant jusqu'à se prononcer pour la suppression -
excusez-moi du terme, mais je ne fais que vous citer - de « tous les organismes
croupions » !
La présente proposition de loi reprend les dispositions rejetées pour des
motifs de forme par le Conseil constitutionnel.
Composé d'un conseil réduit de personnalités représentatives de la société
civile, et non pas exclusivement de hauts fonctionnaires, le CERC sera chargé
de contribuer à la connaissance de l'ensemble des revenus, de leurs éléments
constitutifs, de l'emploi et des inégalités sociales, ainsi que de leurs liens
réciproques.
A travers ses rapports réguliers et études spécifiques dont la publicité sera
assurée et non conditionnée à la transmission préalable des travaux tant au
Premier ministre qu'aux assemblées ou au Conseil économique et social, le CERC
est appelé à être un outil précieux non seulement pour prendre la mesure des
implications sociales de notre système économique et de l'articulation des
différents facteurs qui concourent à la cohésion sociale, mais aussi pour
démocratiser le débat social et éclairer les réponses apportées par la
politique aux maux de la société.
Pour justifier leur vote contre la présente proposition de loi, les députés de
l'opposition ont fait part de leurs doutes quant à l'objectivité et à
l'indépendance du futur CERC, allant même jusqu'à dénoncer « la volonté de
recréer une sorte de porte-voix idéologique, chargé de développer les thèses
officielles de l'actuelle majorité » !
Ceux qui, hier, avaient mis à mal le CERC se sont opposés à sa très symbolique
« restauration ».
La majorité sénatoriale soucieuse, quant à elle, de ne pas apparaître comme
étant hostile au principe même d'une amélioration des connaissances, d'une plus
grande transparence sur les coûts, les salaires et les inégalités sociales,
fait le choix de renvoyer au seul Gouvernement le soin de rétablir par décret
cet organisme, passant outre les pouvoirs du Parlement.
Arguant du fait que la voie législative ne serait pas nécessaire pour mettre
fin à l'actuel CSERC, alors même qu'en 1993 la même voie avait été suivie, au
nom de la commission des affaires sociales, le rapporteur propose d'abroger, à
compter du 1er avril 2000, l'article 78 de la loi quinquennale relative au
travail, à l'emploi et à la formation professionnelle. Il n'est jamais trop
tard pour reconnaître ses erreurs !
M. Jean Delaneau,
président de la commission des affaires sociales.
Oh ! On pourrait
remonter plus loin dans le temps, mon cher collègue !
M. Guy Fischer.
Ne prenez pas mal mes propos, monsieur le président Delaneau, mais vous
admettrez qu'il manque aujourd'hui un certain nombre de sénateurs qui avaient
pris une part prépondérante dans l'abrogation de cet article 78. J'ai
d'ailleurs relu pour l'occasion les propos du président de la commission des
affaires sociales de l'époque.
Partageant la volonté politique, qui a animé les auteurs de la proposition de
loi, de doter notre démocratie d'un organisme indépendant, pluraliste,
transparent, autonome, capable de porter sur notre société un oeil critique,
nous pensons, pour notre part, que ce que la loi avait défait, seule une loi
pouvait le refaire, et que la voix législative était la meilleure pour
conforter la pérennité du CERC.
Souhaitant toutefois qu'une décision intervienne le plus tôt possible, nous ne
nous opposerons pas à la démarche de la majorité sénatoriale ; nous serons
attentifs, madame la secrétaire d'Etat, au fait que le décret marque bien notre
volonté de garantir à cet organisme une réelle indépendance, gage de
crédibilité. Nous nous abstiendrons donc sur ce texte.
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen,
ainsi que sur les travées socialistes.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Article 1er
M. le président.
« Art. 1er. _ Il est créé auprès du Premier ministre un Conseil de l'emploi,
des revenus et de la cohésion sociale (CERC) chargé de contribuer à la
connaissance des revenus, des inégalités sociales et des liens entre l'emploi,
les revenus et la cohésion sociale. »
Par amendement n° 1, M. Seillier, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit cet article :
« L'article 78 de la loi n° 93-1313 du 20 décembre 1993 quinquennale relative
au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle est abrogé à compter
du 1er avril 2000. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement vise à l'abrogation de l'article 78 de la loi
du 20 décembre 1993. Cette loi a d'ailleurs fait son oeuvre puisque
l'orientation pressentie et prévisible du nouveau CERC serait conforme - le
rapport de Mme Join-Lambert l'a bien souligné - à ce qu'est devenu, dans la
pratique, le CSERC.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Favorable, monsieur le président.
M. Jean Delaneau,
président de la commission des affaires sociales.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean Delaneau,
président de la commission.
M. Guy Fischer a dit tout à l'heure que ce
que la loi a défait, seule une loi peut le refaire. Certes, mais ce qu'un
décret a fait, un autre décret va le refaire. C'est, en effet, un décret du
général de Gaulle qui a créé, au départ, le CERC !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, accepté par le Gouvernement.
M. Guy Fischer.
Le groupe communiste s'abstient sur cet amendement, comme il s'abstiendra
aussi sur tous les amendements suivants.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 1er est ainsi rédigé.
Article 2
M. le président.
« Art. 2. _ Le conseil est composé d'un président et de six membres, nommés
par décret. »
Par amendement n° 2, M. Seillier, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
C'est un amendement de conséquence de l'adoption de
l'amendement n° 1. J'indique d'ores et déjà qu'il en va de même des amendements
n°s 2 à 7, déposés aux articles 2 à 7.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement émet un avis favorable sur
l'amendement n° 2, ainsi que sur les amendements suivants, qui sont également
des amendements de conséquence de l'adoption de l'amendement n° 1.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 2 est supprimé.
Article 3
M. le président.
« Art. 3. _ Les rapports du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion
sociale sont transmis au Premier ministre ainsi qu'aux présidents de
l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social. Ils sont
rendus publics par le conseil.
« Le président du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale
est entendu par les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat, à la
demande de leur président, pour leur présenter les rapports du conseil. »
Par amendement n° 3, M. Seillier, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 3 est supprimé.
Article 4
M. le président.
« Art. 4. _ Dans l'exercice de ses activités, le Conseil de l'emploi, des
revenus et de la cohésion sociale, en la personne de son président ou de l'un
de ses membres, ne peut solliciter ni accepter d'instructions d'aucune
autorité. »
Par amendement n° 4, M. Seillier, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 4 est supprimé.
Article 5
M. le président.
« Art. 5. _ Les administrations de l'Etat, des collectivités territoriales et
des établissements publics sont tenues de communiquer au Conseil de l'emploi,
des revenus et de la cohésion sociale les éléments qui lui sont nécessaires
pour l'exercice de ses missions, sous réserve de l'application des dispositions
législatives imposant une obligation de secret. »
Par amendement n° 5, M. Seillier, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 5 est supprimé.
Article 6
M. le président.
« Art. 6. _ Un décret en Conseil d'Etat précise la composition et les
modalités de fonctionnement du Conseil de l'emploi, des revenus et de la
cohésion sociale. »
Par amendement n° 6, M. Seillier, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 6 est supprimé.
Article 7
M. le président.
« Art. 7. _ Le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale se
substitue au Conseil supérieur de l'emploi, des revenus et des coûts institué
par l'article 78 de la loi n° 93-1313 du 20 décembre 1993 quinquennale relative
au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle.
« Cet article est abrogé à la date de la publication du décret mentionné à
l'article 6. »
Par amendement n° 7, M. Seillier, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La commission et le Gouvernement se sont déjà exprimés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 3 est supprimé.
Article 8
M. le président.
L'article 8 a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Intitulé de la proposition de loi
M. le président.
Par amendement n° 8, M. Seillier, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit l'intitulé de la proposition de loi :
« Proposition de loi portant abrogation de l'article 78 de la loi n° 93-1313
du 20 décembre 1993 quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement vise à modifier l'intitulé de la proposition
de loi, par coordination avec l'amendement adopté à l'article 1er, afin de
préciser que le présent texte a pour objet d'abroger l'article 78 de la loi
quinquennale du 20 décembre 1993. La commission ne peut, en effet, qualifier le
centre d'études qui sera institué par décret.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Par voie de conséquence, le Gouvernement émet un avis
favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'intitulé de la proposition de loi est ainsi rédigé.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la proposition de loi.
M. Guy Fischer.
Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.
(La proposition de loi est adoptée.)
M. le président.
Mes chers collègues, en attendant l'arrivée de Mme le ministre de la culture
et de la communication, nous allons interrompre nos travaux quelques
instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à quinze heures cinquante, est reprise à seize
heures.)
M. le président. La séance est reprise.
3
PROTECTION DES TRÉSORS NATIONAUX
Adoption des conclusions modifiées
du rapport d'une commission
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport (n° 169,
1999-2000) de M. Serge Lagauche, fait au nom de la commission des affaires
culturelles sur la proposition de loi (n° 444, 1998-1999) de M. Serge Lagauche,
Mme Dinah Derycke et les membres du groupe socialiste et apparentés relative à
la protection des trésors nationaux et modifiant la loi n° 92-1477 du 31
décembre 1992 relative aux produits soumis à certaines restrictions de
circulation et à la complémentarité entre les services de police, de
gendarmerie et de douane. [Avis n° 184 (1999-2000).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Lagauche,
rapporteur de la commission des affaires culturelles.
Monsieur le
président, madame la ministre, mes chers collègues, la proposition de loi
adoptée par la commission des affaires culturelles qui vous est soumise
aujourd'hui tend à remédier aux imperfections du dispositif de contrôle des
exportations d'oeuvres d'art, tel qu'il résulte de la loi du 31 décembre
1992.
Ce dispositif législatif a succédé à la loi du 23 juin 1941, qui permettait à
l'Etat à la fois d'exercer un contrôle très strict des exportations d'oeuvres
d'art et d'acheter les biens au prix déclaré par l'exportateur, mais que la
constitution du marché unique et la suppression des frontières intérieures au
sein de la Communauté européenne avaient rendue caduque.
Je vous en rappellerai brièvement l'économie, étroitement calquée sur les
textes communautaires qui instaurent un contrôle minimal uniforme des
exportations de biens culturels.
Dès lors qu'un bien dépasse certains seuils d'ancienneté ou de valeur, son
exportation est subordonnée à l'obtention d'un certificat attestant qu'il ne
présente pas un intérêt suffisant pour justifier sa conservation sur le
territoire national.
Ce certificat, valable cinq ans, ne peut être refusé qu'aux « trésors
nationaux », c'est-à-dire, outre, bien entendu, aux objets appartenant aux
collections publiques et aux objets classés, aux biens qui « présentent un
intérêt majeur pour le patrimoine national au point de vue de l'histoire, de
l'art ou de l'archéologie ».
Cette qualification se traduit par une décision du ministre de la culture de
refus de certificat, prise après avis d'une commission composée de
représentants de l'Etat et de personnalités qualifiées. Ce refus est valable
trois ans, délai au terme duquel, si le bien n'est pas classé ou n'a pas été
acquis pour entrer dans les collections publiques, il ne peut être
renouvelé.
Ce système, d'inspiration libérale dans la mesure où le certificat est la
règle et le refus l'exception, s'est révélé dans les faits fort peu efficace
pour assurer la protection du patrimoine national. En effet, dans l'esprit du
texte de 1992, le classement, dont l'un des effets est d'interdire
l'exportation, devait permettre d'assurer le maintien sur le territoire
national des oeuvres qui se seraient vu refuser le certificat. Or l'évolution
de la jurisprudence judiciaire a conduit à neutraliser cette alternative :
l'indemnité que doit verser l'Etat, aux termes de la loi de 1913, en cas de
classement sans le consentement du propriétaire a été évaluée par référence au
prix d'oeuvres comparables vendues sur le marché international, ce qui
contraint donc l'Etat à payer des sommes considérables sans pour autant devenir
propriétaire des biens concernés.
L'Etat ne dispose donc plus, pour retenir une oeuvre sur le territoire
national, que du refus de certificat, par nature provisoire, ou de
l'acquisition. Nous sommes donc très loin des objectifs qui présidaient aux
textes de 1913 ou de 1941.
La proposition de la loi dont nous allons examiner les dispositions n'a pas
pour objet de revenir à la situation antérieure à 1992. Au demeurant, nos
engagements européens ne nous le permettraient pas.
Par ailleurs, force est de constater qu'une réglementation trop restrictive
des exportations d'oeuvres d'art handicape le commerce de l'art et encourage la
fraude.
Faute de modifier la loi de 1913 sur le point de l'indemnisation qui doit être
versée au propriétaire en cas de classement sans son consentement - ce qui
n'est guère envisageable compte tenu de la jurisprudence du Conseil
constitutionnel sur le principe d'égalité devant les charges publiques -, il
nous incombe d'organiser l'acquisition par l'Etat des oeuvres qui font l'objet
d'un refus de certificat.
On se rapproche donc du système britannique, qui ne permet de refuser la
licence d'exportation que si l'Etat fait une offre d'achat au propriétaire.
Le texte adopté par la commission des affaires culturelles s'attache donc
d'abord à remédier aux lacunes de la loi de 1992 sur ce point. En effet, à
condition qu'il bénéficie des moyens budgétaires nécessaires - ce qui n'est pas
toujours le cas -, l'Etat, pour acquérir une oeuvre, doit convaincre son
propriétaire de la lui céder, ce qui, faute de la menace du classement, est
souvent difficile, d'autant plus qu'il n'existe pas de procédure pour évaluer
son prix de façon à ce qu'il ne soit pas contesté par le propriétaire.
A la différence de la loi de 1941, qui fixait le prix auquel l'Etat devait
acheter un bien proposé à l'exportation, la loi de 1992 ne comporte aucune
disposition permettant de déterminer la valeur d'acquisition des oeuvres
auxquelles l'Etat a refusé le certificat.
La proposition de loi complète la loi de 1992 afin de prévoir une procédure
d'expertise : la valeur du bien sera déterminée par deux experts désignés
respectivement par l'autorité administrative et le propriétaire, ou, à défaut
d'accord, par un troisième expert désigné conjointement.
Cette procédure garantit que l'offre d'achat sera aussi proche que possible
des prix du marché et favorise un dialogue entre l'Etat et le propriétaire.
Une fois sa valeur déterminée, l'Etat peut soit renoncer à acquérir le bien,
soit se porter acquéreur au prix fixé par les experts. Dans cette hypothèse, si
le propriétaire refuse de céder son bien, le refus de délivrance du certificat
peut être renouvelé, ce qui permet de maintenir le bien sur le territoire
national.
Compte tenu des garanties apportées aux propriétaires par l'expertise en ce
qui concerne le prix du bien comme de la possibilité qui leur est ouverte de
demander une nouvelle expertise, le renouvellement du refus de certificat
n'ouvre droit à aucune indemnisation, ce qui met l'Etat à l'abri
d'interprétations contraires qui priveraient d'intérêt la réforme proposée.
La procédure d'acquisition est entourée de garanties afin de préserver les
intérêts de l'Etat. Ainsi, le propriétaire qui a reçu une offre de l'Etat doit
maintenir le bien sur le territoire national jusqu'au terme de la procédure
d'acquisition.
De même est prévue la nullité de toute vente consentie par le propriétaire
après qu'il a accepté une offre d'achat de l'Etat.
Enfin, les dispositions de la loi s'appliqueront aux certificats ou aux refus
de certificat en cours. Il s'agit, je crois, d'une solution prudente : dans
l'hypothèse d'une application aux seules demandes de certificats introduites
après la promulgation de la loi, on pourrait craindre d'ici là une affluence de
demandes de la part de propriétaires soucieux d'échapper aux conséquences d'un
refus de vendre à l'Etat.
Cette procédure d'acquisition a le mérite de ne pas entraver le libre
fonctionnement du marché de l'art. Cependant, son efficacité dépendra des
conditions dans lesquelles la loi sera appliquée. Je pense, en particulier, aux
délais : nous nous sommes efforcés de fixer des délais aussi brefs que possible
pour chaque étape de la procédure ; cependant, il s'agit là de délais
maxima.
L'administration devra s'efforcer d'agir avec célérité afin d'éviter de nuire
aux intérêts du propriétaire et de compromettre les chances de l'Etat,
notamment en se préoccupant le plus rapidement possible des moyens financiers
nécessaires pour réaliser l'acquisition.
Au-delà de cette procédure d'acquisition, la proposition de loi tend également
à limiter les incidences du contrôle des exportations des biens culturels sur
le fonctionnement du marché de l'art. Ces deux objectifs sont, je crois,
complémentaires dans un souci bien compris de protection de notre
patrimoine.
Il est souvent souligné que notre législation dissuade les collectionneurs
d'acheter et de domicilier leurs biens en France comme les propriétaires de
venir vendre sur le marché français.
La faiblesse de nos importations d'oeuvres d'art est préoccupante. Ainsi que
le démontre l'exemple britannique, un marché de l'art dynamique est un marché
qui importe autant qu'il exporte.
Le gisement d'oeuvres dont s'est longtemps enorgueillie la France et qui lui
permet encore de prétendre à une place dans le marché international de l'art
n'est pas inépuisable, surtout si l'on considère la création contemporaine,
désormais mieux représentée aux Etats-Unis.
Par ailleurs, cette situation n'est guère favorable au maintien sur le
territoire national de notre patrimoine : nous savons qu'une oeuvre vendue en
France a plus de chances d'y demeurer.
Compte tenu de ce constat, il est apparu nécessaire à la commission de
modifier le régime prévu par la loi de 1992 afin de rassurer les propriétaires
d'oeuvres d'art. Plusieurs des dispositions de la proposition de loi y
concourent.
Ainsi, la durée de validité du certificat, jusqu'ici limitée à cinq ans, est
allongée : pour les biens dont l'ancienneté excède cent ans, cette durée serait
illimitée et, pour les autres biens, elle serait de vingt ans renouvelables.
Le certificat ne pourra être refusé aux biens importés licitement depuis moins
de cinquante ans. Il s'agit là d'une modification significative de la loi de
1992, mais aussi de la loi de 1913 sur les monuments historiques, puisque
permettre l'exportation de ces biens interdit, de fait, leur classement.
Cette modification répond à une revendication des professionnels,
revendication légitime parce qu'il est difficile de considérer que les oeuvres
entrées depuis moins de cinquante ans font véritablement partie du « patrimoine
national ». D'ailleurs, dans la pratique, elles ne font pas l'objet de
procédures de classement.
Par ailleurs, les biens importés à titre temporaire - c'est-à-dire
principalement ceux qui sont importés en vue d'être vendus - ne seront plus
soumis à la procédure de délivrance du certificat, afin d'éviter aux vendeurs
étrangers désireux de recourir aux marchands français des démarches
administratives.
Dans le même souci de simplification administrative, est prévu un régime de
délivrance tacite du certificat afin de permettre un traitement plus rapide des
dossiers.
En outre, il est apparu nécessaire de restaurer un climat de confiance entre
les propriétaires et les responsables de collections publiques qui, faute de
disposer d'instruments juridiques adaptés, ont pu parfois commettre des
maladresses qui se sont soldées par des contentieux.
Certes, les prérogatives dont dispose l'Etat pour enrichir les collections
publiques, qu'il s'agisse du contrôle des exportations ou du droit de
préemption, n'ont pas, si l'on considère les chiffres, les incidences sur le
fonctionnement du marché de l'art qu'on leur impute volontiers.
A cet égard, je rappellerai que, depuis l'entrée en vigueur de la loi de 1992,
sur les 4 500 oeuvres environ pour lesquelles est sollicité chaque année un
certificat, 68 ont été déclarées « trésors nationaux » et que, sur ce total, 30
seulement ont été acquises par l'Etat ou des collectivités locales.
Cependant, si le système britannique fonctionne si bien, il faut y voir
l'effet des dispositifs fiscaux, de ressources financières plus importantes que
les nôtres - notamment grâce aux recettes de la loterie - mais aussi d'un
ensemble de facteurs.
Parmi ces facteurs figurent le respect traditionnel dont font preuve les
responsables de collections publiques à l'égard des propriétaires et les
relations étroites qui existent entre les collectionneurs et les musées,
facilitées par l'indépendance de leurs organes dirigeants.
Compte tenu de ce constat, la commission des affaires culturelles a souhaité
accroître la transparence de la procédure de délivrance du certificat afin
d'atténuer l'image négative trop souvent évoquée - à tort, à mon avis - d'une
administration jalouse de ses prérogatives et d'une avidité injustifiée.
Ainsi, la composition de la commission compétente pour donner un avis au
ministre en cas de refus de certificat est modifiée pour instaurer une parité
entre les représentants de l'Etat et les personnalités qualifiées.
La place plus importante qui devra être accordée aux représentants du marché
ou à des mécènes suscitera un dialogue sans doute fructueux sur les décisions
de refus de certificat, mais permettra également d'évoquer les modalités d'une
éventuelle acquisition, qu'il s'agisse de l'estimation de l'oeuvre ou des
financements nécessaires.
Telles sont les orientations que traduit le dispositif en sept articles que
vous propose la commission des affaires culturelles. Nous espérons que le
rapprochement qu'il doit favoriser entre les responsables de collections
publiques et les propriétaires permettra d'éviter le cas encore trop fréquent
où une offre d'achat faite par l'Etat s'achève par un contentieux ou par le
départ de l'oeuvre vers l'étranger.
Saisie pour avis, la commission des finances a déposé quatre amendements
destinés à compléter par un volet fiscal le dispositif que je viens de vous
présenter.
Ces propositions partent du constat de l'insuffisance des ressources dont
dispose l'Etat pour acquérir les oeuvres frappées d'une interdiction
d'exportation, constat que nul ne peut contester.
L'objet de ces amendements est d'encourager l'acquisition de trésors nationaux
par des propriétaires privés qui s'engageraient à en demander le classement,
lequel ouvrirait droit à des avantages fiscaux.
Assurément, cette voie ne peut pas être négligée et, à ce titre, mérite
examen.
Les dispositifs proposés reposent sur des mécanismes originaux, mais ne vont
pas sans soulever des objections techniques. Ils doivent être minutieusement
étudiés afin d'en mesurer l'impact et d'en apprécier l'efficacité. En effet, il
convient de réfléchir à l'équilibre à établir entre les impératifs de la
protection du patrimoine et l'ampleur des avantages fiscaux consentis à ce
titre.
Si le Gouvernement nous laissait entrevoir une chance de surmonter les
obstacles qui, jusqu'ici, se sont opposés à l'adoption de dispositifs fiscaux
plus favorables à la protection de notre patrimoine, nous ne pourrions que
soutenir les efforts qu'il ferait en ce sens.
La réflexion doit, enfin, s'engager sur les moyens budgétaires qu'il convient
de dégager pour conduire, en ce domaine, une politique conforme à nos
ambitions.
(Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, madame la
ministre, mes chers collègues, la proposition de loi déposée par M. Serge
Lagauche et Mme Dinah Derycke, relative à la protection des trésors nationaux,
ne pouvait laisser la commission des finances indifférente : d'abord, parce
qu'elle avait été saisie au fond de la loi du 31 décembre 1992, qui est ainsi
modifiée ; ensuite, parce que l'étude à laquelle elle s'est livrée récemment
sur l'évolution du marché de l'art en France a souligné toutes les difficultés
auxquelles notre pays doit faire face pour protéger son patrimoine dans un
marché ouvert. Cette étude a montré qu'il était urgent de réformer le système
de contrôle mis en place le 31 décembre 1992, qui a montré ses limites du point
de vue de la protection du patrimoine national.
La commission des affaires culturelles, saisie au fond, a fait des
propositions extrêmement intéressantes. Elles représentent une avancée qui
mérite d'être appuyée, mais dont l'efficacité reste tout de même limitée du
fait de l'insuffisance des moyens financiers de l'Etat.
D'où l'idée de la commission des finances, poursuivant se réflexion sur le
marché de l'art, qu'une action en amont soit entreprise afin d'inciter les
propriétaires à conserver les oeuvres sur le territoire national, ce qui peut
avoir des effets bénéfiques sans entraîner de charges excessives pour le budget
de l'Etat.
En effet, ce qui importe avant tout, c'est que les oeuvres essentielles ne
quittent pas le territoire, car on sait que, si elles restent en France, même
dans des collections privées, elles ont une bonne chance, un jour, de se
retrouver dans les collections publiques, et donc d'enrichir le patrimoine
national.
Avant la loi de 1992, était en vigueur un système d'inspiration très
régalienne fondé sur l'interdiction à l'exportation et la retenue en douane. Ce
système a laissé la place à un régime libéral, qui a
de facto
privé
l'Etat de ses moyens d'action et permis un exode de notre patrimoine. On en
voit les effets sur notre commerce extérieur puisque l'excédent des
exportations sur les importations d'oeuvres d'art atteint quelque 2 milliards
de francs par an, ce qui signifie que le patrimoine français est en train de se
vider d'une partie de ses richesses. Cela se fait, certes, au bénéfice de la
balance des comptes, mais ceci ne console pas de cela.
Au départ, l'oeuvre qualifiée de trésor national pouvait, à l'issue de la
période de trois ans, après le refus de délivrance du certificat, être soit
acquise, soit classée. Mais, vous le savez, mes chers collègues, la
jurisprudence issue de l'affaire du
Jardin à Auvers
, de Van Gogh, a
placé l'Etat devant un dilemme : soit acheter le trésor national, soit le
laisser sortir. En effet, le classement est maintenant accompagné d'une
obligation d'indemnisation presque aussi coûteuse que l'achat, sans que
l'oeuvre reste dans la propriété publique.
Cette jurisprudence Walter a complètement modifié l'équilibre du marché de
l'art et mis à mal la protection du patrimoine national.
Comment faire lorsque les crédits du fonds du patrimoine sont de 105 millions
de francs par an, auxquels on peut ajouter en moyenne de 10 à 20 millions de
francs de mécénat privé, et que l'on est confronté au risque de sortie d'une
oeuvre qui, pour prendre les deux derniers exemples, le
Jardinier
Vallier,
de Cézanne, et la
Duchesse de Montejasi et ses filles Elena et
Camilla,
de Degas, vaut autour de 200 ou 220 millions de francs ? C'est
impossible ! C'est tellement vrai que, les trois ans étant passés, les
certificats de sortie de ces deux oeuvres essentielles viennent d'être
délivrés. Cela démontre bien l'insuffisance du système actuel, même après les
améliorations apportées par la proposition de loi.
La commission des affaires culturelles s'est inspirée très justement - M. le
rapporteur a réalisé là un travail vraiment intéressant - du système anglais,
en permettant à l'Etat, en l'absence d'accord amiable avec le propriétaire,
d'acquérir l'oeuvre à un prix déterminé après une expertise contradictoire,
sauf si le propriétaire n'accepte pas l'offre, auquel cas le refus de
certificat est indéfiniment renouvelé.
Des garanties supplémentaires sont données pour l'Etat, les propriétaires et
les tiers, notamment par la publicité faite de toutes les étapes de la
procédure.
Je passe sur les apports que la commission des affaires culturelles, modifiant
légèrement la proposition de M. Lagauche, a effectués, puisque ce dernier vient
de nous les préciser.
Je note que l'assouplissement consistant à ne pas lier refus de certificat et
offre d'achat présente tout de même un double inconvénient : d'une part, il
peut aboutir, si l'offre est faite à la fin de la période de refus de
certificat, à un allongement du délai entre la décision de ne pas laisser
sortir une oeuvre et son paiement effectif en cas d'acquisition - cela peut
aller jusqu'à quatre ans ; d'autre part, il reste un risque de voir le refus de
certificat ne servir qu'à retarder la sortie des oeuvres, alors même que l'on
sait très rapidement que l'Etat n'est pas en mesure de faire une offre. Rien ne
prouve qu'une telle pratique ne donne pas lieu à contentieux à raison du
préjudice causé aux propriétaires privés.
La commission des finances a donc proposé un système limité qui se veut plus
incitatif que coercitif. A quoi bon, en effet, obliger les propriétaires à
vendre des oeuvres si l'on n'a pas les crédits pour les acheter ? D'où les
quatre mesures principales que nous proposons pour accompagner et compléter le
dispositif de la commission des affaires culturelles.
La première, c'est une exonération partielle des droits de mutation à titre
gratuit pour les oeuvres et mobiliers classés avec l'accord des propriétaires.
Il est proposé d'assortir, à compter du 1er janvier 2000, le classement de
cette exonération à raison de 50 % de leur valeur. Pourrait ainsi se créer un
marché pour des actifs partiellement défiscalisés avec le consentement de leur
propriétaire, ce qui viendrait atténuer pour les propriétaires d'oeuvres
classées la pénalisation résultant de l'interdiction d'exportation.
J'y insiste, il ne s'agit ni de créer un « Pinay » des oeuvres d'art ni
d'ouvrir une brèche considérable dans le système fiscal français, car le
classement n'est pas automatique. Il ne suffit pas qu'un propriétaire demande
le classement pour l'obtenir ; celui-ci dépend de la décision de la commission
des monuments historiques, qui est sous la haute main de l'Etat et de Mme la
ministre de la culture.
La deuxième mesure, ce serait de prévoir, à côté de l'offre de l'Etat, une
possibilité d'offre émanant du secteur privé. Nous prolongeons là la réflexion
de la commission des affaires culturelles, qui s'est inspirée de la procédure
anglaise, en l'imitant sur ce point précis. A l'instar de ce qui se passe en
Grande-Bretagne, l'autorité administrative aurait en effet la possibilité, si
elle estime ne pas avoir les moyens budgétaires de faire une offre, de
présenter une offre provenant de personnes privées, toujours aux conditions
fixées par les experts, dès lors que celles-ci s'engagent à demander le
classement et, le cas échéant, à respecter certaines obligations concernant
l'accès du public à l'oeuvre.
Toutefois, le privilège ainsi conféré à des personnes autres que l'Etat ne
saurait conduire à assimiler offres publiques et privées, au regard du report
indéfini de la délivrance du certificat. Le propriétaire doit être incité, mais
pas obligé de vendre à une personne privée. Telle est la raison pour laquelle
le refus de prendre en considération une offre émanant d'une personne autre que
l'Etat n'a pour conséquence que d'entraîner la prolongation de la validité du
refus de délivrance du certificat de la durée de validité de l'offre, soit
entre un et deux ans, et non pas indéfiniment.
Un autre de nos amendements - c'est la troisième mesure - articule le système
des lois de 1913 et de 1992, en prévoyant que les objets auxquels on a refusé
le certificat puissent, à la demande et avec le consentement de leur
propriétaire, être classés de droit, dès lors que le classement s'accompagne
d'un avantage fiscal. Il s'agit d'assurer une coordination dans les
interventions de l'Etat, car on ne comprendrait pas qu'un bien reconnu trésor
national ne puisse obtenir le classement au titre de la législation sur les
monuments historiques.
Enfin, un dernier amendement - c'est la quatrième mesure - relie le système à
celui de la dation puisque, au cas où il n'y aurait pas de mutation, dès lors
qu'il y a eu classement accepté sur la base du prix défini par les experts,
l'agrément par la commission de la dation serait de droit au prix fixé par les
experts dans le cadre de cette procédure. C'est également une question de
cohérence.
Voilà les quelques mesures d'accompagnement et d'élargissement de la réflexion
entamée très justement par la commission des affaires culturelles que nous
proposons pour doubler les possibilités de l'Etat par celles du secteur privé,
pour inciter les propriétaires à accepter le classement, voire à le demander,
dans le souci de protéger les trésors nationaux à long terme, en dehors même
des possibilités d'acquisition des collections publiques. Car, encore une fois,
ce qui compte, c'est que l'oeuvre, en tout cas quand il s'agit d'une oeuvre
essentielle, reste sur le territoire national.
(Applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la proposition
de loi qui nous est soumise sur l'initiative de nos collègues Serge Lagauche
et, paritairement, Dinah Derycke vient ajouter de manière constructive au débat
concernant le marché de l'art, inauguré par la réforme des ventes volontaires
aux enchères publiques.
Nul ne niera la nécessité qu'il y a pour notre pays de dynamiser le marché de
l'art, mis à mal depuis plusieurs décennies.
Dans le même temps, et nous y sommes très attachés, l'on doit veiller à la
protection des trésors nationaux, en permettant à la puissance publique de les
acquérir avant qu'ils ne passent nos frontières.
L'équilibre est difficile à trouver entre dynamisme du marché et protection du
patrimoine national. Nombre de facteurs participent de cette difficulté, dont
le prix du marché, parfois exorbitant, n'est pas des moindres, au regard des
efforts consentis en matière de politique d'achat d'oeuvres.
En l'état, la proposition de loi présentée par nos collègues n'a pas la
prétention de régler l'ensemble des problèmes posés, mais elle apporte des
réponses que nous pensons adaptées à la protection de notre patrimoine.
Du fait de la législation actuelle, si l'autorité administrative refuse la
délivrance d'un certificat attestant que le bien proposé à la vente n'a pas de
valeur de trésor national, le propriétaire du bien est garanti de pouvoir
sortir l'oeuvre à l'issue d'un délai de trois ans.
La proposition de loi qui nous est soumise met en place une expertise
contradictoire, la fixation contradictoire d'un prix de marché et, dès lors que
l'Etat fait une offre d'achat et que le propriétaire la récuse, un maintien «
indéfini » du refus de délivrer le certificat de non-appartenance au trésor
national.
Cette proposition, on le voit, laisse en suspens cette question du maintien
indéfini de la situation en l'état. Pour autant, n'est-ce pas une forme de
protection de l'oeuvre ?
Il en va autrement des amendements qui nous sont proposés par la commission
des finances de notre Haute Assemblée.
En effet, la logique de ces amendements est tout autre et reviendrait, si nous
les adoptions, à mettre en concurrence la puissance publique et les acquéreurs
privés, avec un assortiment d'avantages fiscaux.
Ce dispositif, qui nous éloigne de l'esprit de la loi de 1992, permettrait,
certes, un maintien sur le territoire des oeuvres, mais ce uniquement dans la
sphère des collections privées.
Nos musées actuels, la notion même de patrimoine national doivent l'essentiel
de ce qu'ils sont aujourd'hui aux pouvoirs sortant de l'ordinaire de l'Etat en
matière de protection, de sauvegarde du patrimoine.
Sans souhaiter faire obstacle au marché de l'art, utile, pour l'essentiel, aux
jeunes créateurs, peut-on dire que la spéculation du marché de l'art sur les
oeuvres « consacrées » sert l'art d'une manière générale ? Matisse, Picasso, de
Staël, Van Gogh ont-ils besoin, aujourd'hui, du marché de l'art ?
Qui mieux que la puissance publique peut assurer une parfaite conservation des
oeuvres dans l'intérêt général ?
Ces questions, on le voit, débordent très largement le contenu initial de la
proposition de loi qui nous est soumise. Les amendements proposés par la
commission des finances, quant à eux, dénaturent le contenu d'un texte à portée
d'intérêt général.
Telle est la raison pour laquelle nous sommes pour le maintien du texte en
l'état, ce qui nous permettrait de le voter des deux mains.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen.)
M. le président.
La parole est à M. Estier.
M. Claude Estier.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le groupe
socialiste se félicite que nous puissions discuter aujourd'hui d'un dispositif
moderne proposant un système équilibré, permettant de protéger les trésors
nationaux et d'enrichir les collections nationales, en respectant les
prérogatives de l'Etat et les intérêts des propriétaires.
J'ai bien entendu tout ce qui vient d'être dit et je tiens d'abord à saluer
l'excellent travail de notre rapporteur et auteur de la proposition de loi, M.
Serge Lagauche. Le nouveau dispositif issu de la proposition de loi permettra
d'octroyer un caractère pérenne, ou quasi pérenne, selon les cas, au certificat
attestant qu'un bien ne présente pas un caractère de trésor national, ce qui
apportera davantage de garanties au propriétaire d'un bien ; les dispositions
ayant trait à la fixation du prix d'un objet, pour lequel le certificat a été
refusé, par des experts représentant les deux parties, l'Etat et le
propriétaire, est également un gage d'équilibre entre les intérêts des
propriétaires et ceux de l'Etat. Ces dispositions devraient permettre de
redynamiser le marché de l'art et également de donner à l'Etat français la
possibilité de sauvegarder son patrimoine.
Cette nouvelle loi s'inscrira d'ailleurs, si elle est adoptée, dans la liste
de celles qui viendront compléter les réformes du marché de l'art déjà engagées
avec le projet de loi relatif aux ventes aux enchères publiques actuellement en
navette. Sont particulièrement attendues les réformes visant à l'harmonisation
du droit de suite et du taux de TVA à l'importation des oeuvres d'art. Pour
pouvoir assister à un réel nouveau départ du marché de l'art français, il
faudra aller jusqu'au bout de ces réformes.
Dois-je rappeler qu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale Paris occupait
encore la première place sur le marché de l'art international ? Elle arrive
aujourd'hui en troisième position, loin derrière New York et Londres, et
l'écart ne cesse de se creuser. Les causes de ce recul sont multiples mais sont
principalement liées à la très lourde fiscalité qui pèse sur le marché de l'art
français.
Les deux principaux obstacles au marché français sont indéniablement la TVA à
l'importation, très lourde, et le droit de suite.
La TVA à l'importation connaît, en France, un taux supérieur à celui en
vigueur chez la plupart de nos voisins : elle est de 5,5 % et de 20,6 % en
fonction des objets et selon des critères assez arbitraires puisque sont taxés
à 20,6 % les bijoux mais aussi certains objets d'art primitif comme les
masques, alors que les statues d'art primitif sont, pour leur part, taxées à
5,5 %. En Grande-Bretagne, le taux de TVA à l'importation est de 2,5 % et il
est nul en Suisse. Le problème de la TVA à l'importation est donc double
puisqu'il existe une disparité de taxation entre la France et certains Etats et
qu'en France les objets sont taxés différemment selon leur nature. C'est ainsi
que l'on dissuade d'éventuels vendeurs d'enrichir le patrimoine national
français d'une oeuvre achetée à l'étranger alors qu'à l'inverse il n'existe
aucune TVA à l'exportation.
Le droit de suite, instauré par la loi du 20 mai 1920 pour les ventes
d'oeuvres publiques ou en galeries, permet à un artiste ou à ses héritiers de
prélever, pendant soixante-dix ans, 3 % - ou 4 % pour les oeuvres d'une valeur
inférieure à 330 000 francs - à la charge du vendeur, sur le montant de la
vente afin de profiter de la hausse de la cote de l'artiste. Ce droit de la
propriété se justifie aisément, mais il est appliqué à des taux divers dans
onze des quinze Etats de la Communauté européenne et il n'existe ni aux
Etats-Unis, ni en Grande-Bretagne, ce qui pénalise lourdement les ventes d'art
françaises. La directive en cours d'élaboration, visant à harmoniser les taux
du droit de suite dans les différents Etats européens, devrait déjà permettre
de repartir sur des bases plus saines pour le marché français. Mais son
adoption tarde, compte tenu des intérêts divergents qui sont en jeu.
Aussi, je profite de votre présence dans cet hémicycle, madame la ministre, et
de ce débat sur le marché de l'art, pour vous demander d'user de votre
influence afin que ces deux problèmes importants qui grèvent lourdement le
marché de l'art français trouvent rapidement une solution.
Pour en revenir à la proposition de loi, j'ajouterai seulement quelques mots
sur les amendements qui ont été présentés par le rapporteur pour avis de la
commission des finances, Yann Gaillard. Certes, ils tentent de dynamiser le
marché de l'art par une série de mesures fiscales, mais je crains néanmoins que
de telles mesures ne trouvent pas leur place dans le dispositif de la
proposition de loi visant à protéger les trésors nationaux. De surcroît, elles
n'opèrent que dans un sens : celui des détenteurs de biens. Nous ne saurions
donc cautionner ces amendements et, je le dis dès maintenant, s'ils étaient
adoptés, le groupe socialiste, qui était pourtant totalement favorable à la
proposition de loi rapportée par Serge Lagauche, serait amené à s'abstenir.
Nous nous réjouissons cependant de savoir que le texte dont nous discutons à
l'instant ne restera pas lettre morte, puisque son examen à l'Assemblée
nationale est déjà fixé au 23 février prochain.
(Applaudissements sur les
travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et
citoyen.)
M. le président.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le président,
mesdames, messieurs les sénateurs, voilà quelque mois, à cette même tribune, je
soulignais, au nom du Gouvernement, l'importance d'une relance de notre marché
de l'art à l'occasion de l'examen du projet de loi sur les ventes volontaires
de meubles aux enchères publiques. Dans cette perspective, l'aménagement de la
loi du 31 décembre 1992, relative aux produits soumis à certaines restrictions
de circulation et à la complémentarité entre les services de police, de
gendarmerie et de douane s'est révélé indispensable.
L'Etat et les professionnels du marché s'accordent sur la nécessité d'offrir
plus de souplesse et de liberté aux collectionneurs et aux propriétaires
d'objets d'art, tout en permettant à l'Etat d'acquérir des oeuvres majeures
reconnues comme trésors nationaux.
La proposition de loi des sénateurs Dinah Derycke et Serge Lagauche constitue
une réponse appropriée aux difficultés rencontrées dans l'application de la loi
du 31 décembre 1992.
Je ne crois pas nécessaire d'aller au-delà des excellentes explications
données par votre rapporteur sur les dispositions envisagées, mais je tiens à
rappeler les limites de notre dispositif législatif.
Comme le soulignait le rapporteur, la loi du 31 décembre 1992 était destinée à
rendre le droit interne compatible avec la législation communautaire. Assurer
la libre circulation des marchandises tout en permettant à l'Etat de maintenir,
sur le territoire national, les oeuvres les plus importantes du patrimoine,
tels étaient les objectifs du législateur.
Le premier, à savoir la libéralisation du contrôle de la circulation des biens
culturels, a été incontestablement atteint. Le ministère de la culture et de la
communication délivre désormais quelque cinq cents certificats par mois et ne
refuse le certificat que pour une dizaine d'oeuvres ou objets d'art en moyenne
par an.
Le second objectif n'a été que partiellement réalisé. C'est ainsi que, sur les
quelque quatre-vingts « trésors nationaux » interdits de sortie, l'Etat et les
collectivités territoriales ont pu acquérir trente oeuvres qui ont rejoint les
bibliothèques et les musées de notre pays.
Je rappellerai, entre autres chefs-d'oeuvre, l'
Autoportrait
de
Jean-Baptiste Greuze acquis par le musée de Tournus en 1994, le
Saint
Jean-Baptiste dans le désert
de Georges de La Tour acquis par le
département de la Moselle en 1994, le psautier de Metz acquis par la
bibliothèque de Metz en 1996, un superbe nu de Rouault acquis pour le musée de
Villeneuve-d'Ascq en 1997, le coffret à bijoux de Marie-Antoinette acquis pour
le château de Versailles, le
Portrait de Berthe Morisot
de Manet acquis
pour le musée d'Orsay et l'émouvant ensemble d'oeuvres, de photographies et de
souvenirs de Picasso, acquis pour le musée Picasso à la vente de la succession
Dora Maar.
Ces quelques exemples montrent, et je m'en réjouis, que la procédure a profité
non seulement aux musées nationaux, mais aussi, largement, aux musées des
collectivités territoriales dont le renforcement des collections est l'une de
mes priorités.
M. Ivan Renar.
Très juste !
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
A cet égard, je rappelle
que j'ai eu l'occasion d'annoncer, lors de la première édition du Printemps des
musées, en mars dernier, des mesures pour accroître parallèlement les dépôts
d'oeuvres des musées nationaux auprès des musées des collectivités.
Malgré ces aspects incontestablement positifs, force est de constater que la
loi de 1992 comporte des faiblesses de procédure, si l'on examine sa mise en
oeuvre depuis son origine. Ces lacunes ont empêché l'Etat d'assumer de manière
totalement satisfaisante ses missions de protection du patrimoine national.
De ce point de vue, la principale carence de la législation actuelle réside
dans l'absence de procédure de négociation entre l'Etat et les propriétaires de
trésors nationaux.
En effet, la protection de cette catégorie de biens culturels, souhaitée par
le législateur français et communautaire, devient inopérante, au terme de la
durée de trois ans du refus de certificat de circulation.
Les effets de cet inconvénient majeur sont aggravés par la difficulté à
établir la valeur vénale du bien et par les conditons de fixation d'un prix par
référence au marché international accepté par les deux parties.
Il est certain que cette lacune de la loi a entraîné des pertes pour notre
patrimoine. Les trente trésors nationaux que nous avons pu acquérir sont à
mettre en regard des quatre-vingts refus de certificat prononcés.
C'est pourquoi la proposition de loi des sénateurs Dinah Dericke et Serge
Lagauche est porteuse de considérables progrès par l'instauration d'une
procédure d'acquisition, précédée par une estimation contradictoire de
l'oeuvre, présentant toutes les garanties possibles d'objectivité, par
référence aux seuls prix du marché international de l'art.
Cette solution permet d'apporter une réponse respectueuse des droits des
propriétaires aux questions jusqu'à maintenant restées pendantes depuis
l'entrée en vigueur de la loi de 1992.
Comme vous l'avez constaté, la proposition de loi comporte d'autres mesures
destinées à simplifier et à alléger les formalités administratives nécessaires
pour exporter des biens culturels.
C'est ainsi que le certificat devient permanent pour les biens culturels de
plus de cent ans d'âge et sa durée est prolongée à vingt ans pour les biens
culturels d'une ancienneté inférieure.
Par ailleurs, l'importation et l'exportation à titre temporaire sur le
territoire national de biens culturels seront libérées. Ces mesures, je le
crois vraiment, devraient favoriser le marché de l'art.
Je constate avec satisfaction que la nouvelle procédure de négociation prévue
par la proposition de loi bénéficiera non seulement à l'Etat, mais également
aux collectivités territoriales.
Enfin, je souligne que la composition de la commission consultative, chargée
d'émettre un avis sur les décisions de délivrance des certificats de
circulation, sera désormais plus équilibrée puisqu'elle sera constituée à
parité de fonctionnaires et de personnes qualifiées.
Madame la sénatrice, monsieur le sénateur, monsieur le rapporteur, la
proposition de loi devrait permettre à l'Etat de faire face à ses
responsabilités en favorisant l'acquisition des trésors nationaux par la
puissance publique sans entraver le libre jeu du marché de l'art et, par
ailleurs, simplifier les procédures pour les particuliers qui souhaitent faire
sortir leurs biens culturels du territoire.
Je voulais tout particulièrement vous remercier de cette heureuse initiative
qui, avec sagesse et mesure, tire la leçon de l'expérience acquise ces
dernières années et permettra à notre pays de se doter d'une législation en
matière de trésors nationaux à la hauteur de notre patrimoine et de sa légitime
protection.
Je ne voudrais pas conclure ces propos sans saluer le travail accompli par
votre commission, qui a apporté sur plusieurs points des modifications qui
contribuent grandement à renforcer l'efficacité du dispositif et, d'une manière
générale, à préserver l'équilibre entre les droits et intérêts de l'Etat et
ceux des propriétaires de trésors nationaux.
C'est ainsi que vous avez proposé la publication des avis de la commission, la
réduction du délai du refus de certificat ainsi qu'une clarification des
conditions de renouvellement du refus de certificat.
Bien évidemment, le Gouvernement est favorable à ces mesures qui vont toutes
dans le sens des objectifs de votre proposition de loi et c'est pourquoi je
donnerai mon accord global sur ce texte, sous réserve d'un amendement
gouvernemental qui concerne un point technique et que je présenterai lors de
l'examen des articles de la proposition de loi.
J'ai noté avec intérêt les propositions d'amendement de M. Gaillard,
rapporteur pour avis, et j'y répondrai plus longuement lors de l'examen des
articles concernés.
Monsieur le rapporteur pour avis, si je partage votre souhait de maintenir le
patrimoine dans notre pays, les moyens d'y parvenir méritent, me semble-t-il,
une réflexion approfondie sur les plans économique, juridique et fiscal. Nous
serons amenés à reprendre cette discusion sur ces sujets lors de l'examen très
prochain du projet de loi portant modification du régime des objets mobiliers
figurant dans la loi de 1913. C'est la raison pour laquelle je m'exprimerai
dans le sens d'un approfondissement de le réflexion sur les problèmes soulevés
par M. Gaillard.
J'ai également noté le souci de M. Renar de favoriser les artistes, en
particulier les jeunes artistes, et de ne pas résumer le débat sur la création
aux seuls échanges commerciaux et à leur montant.
Je tiens aussi à remercier M. Estier d'avoir souligné que cette proposition de
loi est un gage d'équilibre entre les propriétaires et l'Etat. Je puis le
rassurer, nous la prendrons en compte dans le travail que nous menons
conjointement avec mon collègue M. Sautter sur la fiscalité de l'art, travail
ardu que nous poursuivrons dans la négociation et la discussion avec nos
partenaires communautaires.
Toutes ces réflexions et propositions, monsieur le président, sont de nature à
nous aider à accroître les collections publiques sans toutefois porter atteinte
à l'initiative des partenaires privés et des créateurs.
Je me réjouis que cette proposition de loi soit examinée par le Sénat et
puisse, comme l'a dit le président Estier, être étudiée très rapidement par
l'Assemblée nationale.
Mme Cachin, la directrice des musées de France, qui est présente parmi nous,
est, elle aussi, heureuse que nous abordions la discussion de ce texte avec la
perspective d'un examen du projet de loi portant réforme des musées, texte qui
ne manquera pas d'appeler votre attention, mesdames, messieurs les sénateurs.
(Applaudissements.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Article 1er
M. le président.
« Art. 1er. - L'article 5 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 relative
aux produits soumis à certaines restrictions de circulation et à la
complémentarité entre les services de police, de gendarmerie et de douane est
ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa est ainsi rédigé :
« Ce certificat atteste à titre permanent que le bien n'a pas le caractère de
trésor national. Toutefois, pour les biens dont l'ancienneté n'excède pas cent
ans, le certificat est délivré pour une durée de vingt ans renouvelable. »
« 2° Après le deuxième alinéa, il est inséré un nouvel alinéa ainsi rédigé
:
« L'exportation des biens culturels qui ont été importés à titre temporaire
dans le territoire douanier n'est pas subordonnée à l'obtention du certificat
prévu au premier alinéa. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.
(L'article 1er est adopté.)
Article 2
M. le président.
« Art. 2. - L'article 7 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 précitée est
ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa est ainsi rédigé :
« Il est accordé aux biens culturels licitement importés dans le territoire
douanier depuis moins de cinquante ans. »
« 2° Dans la première phrase du quatrième alinéa, après le mot : "avis" est
inséré le mot : "conforme" et après les mots : "par décret en Conseil d'Etat"
sont insérés les mots "à parité" ».
Par amendement n° 5, le Gouvernement propose, au 2° de cet article, de
supprimer les mots : « après le mot : "avis" est inséré le mot : "conforme" et.
»
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
J'ai bien sûr compris les
raisons qui motivent la transformation du régime actuel de consultation pour
avis de la commission prévu à l'article 7 de la loi du 31 décembre 1992 en une
procédure d'avis conforme. Je ne puis toutefois partager cette opinion, et je
voudrais m'en expliquer devant vous.
Il s'agit, pour le Gouvernement, d'une question de principe. La formalité de
l'avis conforme conduit d'une manière générale à lier la compétence de l'Etat
et, en l'espèce, à restreindre son pouvoir de reconnaître le statut de trésors
nationaux à des biens culturels d'une valeur patrimoniale exceptionnelle.
Il est nécessaire de rappeler que cette évolution n'a pas été demandée par
l'ensemble des milieux concernés. Il n'existe, en effet, à ma connaissance,
aucun désaccord à ce sujet entre le ministère de la culture et de la
communication et les professionnels ou les particuliers intéressés.
A cet égard, je souligne que j'ai toujours suivi les avis de la commission
présidée par M. André Chandernagor et qu'il en a d'ailleurs été de même pour
mes prédécesseurs.
Vous pourriez me répondre que c'est un fait qui milite en faveur de l'avis
conforme. Mais j'estime que le pouvoir de décision doit rester, en définitive,
à l'Etat. En effet, je ne vois pas la nécessité de modifier aujourd'hui un
régime de décision ministérielle qui a parfaitement fonctionné et qui respecte
les principes traditionnels de répartition des compétences entre une commission
consultative et un ministre chargé de prendre la décision finale au nom de
l'Etat.
J'ajoute enfin que cette réforme ne m'apparaît pas souhaitable au moment même
où est envisagée par votre proposition de loi la parité de la composition de la
commission, modification que, par ailleurs, j'approuve entièrement et qui me
semble de nature à améliorer l'équilibre de sa composition.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Lagauche,
rapporteur.
Dans la logique de la modification de la composition de la
commission chargée de donner un avis au ministre en cas de refus de certificat,
la commission avait proposé une procédure : l'avis conforme.
Cette procédure tendait à renforcer l'autorité de cette commission et à
conférer plus de portée au débat qui s'y déroulait.
Cependant, cette proposition ne faisait que prendre acte de la pratique,
madame la ministre. En effet, les avis de la commission sont, à ma
connaissance, toujours suivis par les ministres.
Pour cette raison, la commission a donc décidé de s'en tenir à la rédaction
actuelle de la loi de 1992 et de donner un avis favorable sur cet
amendement.
Je me permettrai toutefois de dire quelques mots sur les critères de choix qui
doivent présider à la nomination des membres de cette commission. La parité
n'aura de sens que si siègent en qualité de personnalités qualifiées des
professionnels, experts, marchands ou historiens - choisis en dehors de
l'administration.
Par ailleurs, pourquoi ne pas prévoir, au sein des représentants de
l'administration, la représentation du ministère de l'économie et des finances
? Cela permettrait de débattre, dès le refus des certificats, des modalités
budgétaires de l'éventuelle acquisition et de la nécessité ou non de faire
appel à des fonds privés pour compléter les ressources dégagées par les
collectivités publiques.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, ainsi modifié.
(L'article 2 est adopté.)
Articles 3 et 4
M. le président.
« Art. 3. - I. - Le premier alinéa de l'article 8 de la loi n° 92-1477 du 31
décembre 1992 précitée est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Ce décret fixe le délai à l'expiration duquel le certificat est réputé
délivré. Il fixe également les conditions de publication des avis de la
commission mentionnée au quatrième alinéa de l'article 7. »
« II. - Le dernier alinéa de l'article 7 est supprimé. » -
(Adopté.)
Art. 4. - L'article 9 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 précitée est
ainsi modifié :
« 1° Dans le premier alinéa, les mots : "trois ans" sont remplacés par les
mots : "trente mois".
« 2° Le second alinéa est ainsi rédigé :
« Après ce délai, si le bien n'est pas classé en application des lois du 31
décembre 1913 ou n° 79-18 du 3 janvier 1979 précitées ou revendiqué en
application des lois du 27 septembre 1941 portant réglementation des fouilles
archéologiques et n° 89-874 du 1er décembre 1989 relative aux biens culturels
maritimes, le refus de délivrance du certificat ne peut être renouvelé que dans
les conditions prévues au sixième alinéa de l'article 9-1. » -
(Adopté.)
Articles additionnels avant l'article 5
M. le président.
Par amendement n° 1, M. Gaillard, au nom de la commission des finances,
propose d'insérer, avant l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 793 du code général des impôts est complété par un 3 ainsi
rédigé :
« 3. Les objets classés à la demande et avec le consentement de leur
propriétaire en application de l'article 16 de la loi du 31 décembre 1913 sur
les monuments historiques, à concurrence de la moitié de leur valeur, sous
réserve des dispositions de l'article 793
bis
A et du paragraphe II de
l'article 1716
bis.
»
« II. - Il est inséré, après l'article 793
bis
du même code, un article
793
bis
A ainsi rédigé :
«
Art. 793
bis
A. -
L'exonération partielle prévue au 3 de
l'article 793 est subordonnée à la condition que le bien soit resté la
propriété du défunt ou du donateur pendant 5 ans à la date de la transmission à
titre gratuit. »
« III. - Le présent article est applicable aux objets classés à compter du 1er
janvier 2000.
« IV. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des I et II ci-dessus est
compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits
prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis.
C'est l'amendement principal de la commission des
finances.
Il s'agit d'instaurer des avantages fiscaux pour les biens classés à la
demande et avec le consentement de leurs propriétaires. De ce fait, l'Etat a la
garantie qu'il n'y aura pas de recours contentieux susceptible de déclencher
une jurisprudence « Walter ».
L'avantage fiscal résiderait dans une exemption des droits de mutation et des
droits de succession à 50 % de la valeur du bien.
Il est bien clair, j'y insiste pour éviter toute ambiguïté, que la demande de
classement n'entraîne pas un classement de droit. Il revient en effet à la
commission compétente de donner un avis et au ministre de décider.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Lagauche,
rapporteur.
Comme je l'ai fait observer dans mon intervention générale,
les propositions de la commission des finances me semblent aller dans le bon
sens, et je ne peux qu'encourager la réflexion qu'elles suscitent.
L'amendement n° 1 vise à exonérer les objets classés à compter du 1er janvier
2000, à la demande ou avec le consentement de leur propriétaire, de droits de
mutation à titre gratuit à raison de 50 % de leur valeur et à la condition que
le bien soit resté la propriété du défunt ou du donateur pendant cinq ans, à la
date de la transmission à titre gratuit.
L'objectif louable de cet amendement est d'inciter les propriétaires à
demander le classement de leurs biens grâce à l'octroi d'un avantage fiscal qui
permettrait de garder sur le territoire national des oeuvres sans que l'Etat
ait besoin de les acquérir.
Cet amendement me semble cependant soulever des objections. La loi de 1913 qui
prévoit le classement, au demeurant comme d'autres textes régissent les dations
ou les donations, accorde à l'Etat la compétence d'apprécier de manière
discrétionnaire ce qui appartient ou non au patrimoine national.
Le classement entraîne, pour l'Etat, des obligations, telles que celle qui
vise à assurer la restauration lorsque les propriétaires sont dans
l'impossibilité d'y procéder eux-mêmes. Or c'est à l'Etat de décider s'il
souhaite ou non assumer ces obligations.
Au-delà de ce principe, il existe, me semble-t-il, un inconvénient à lier de
manière automatique un avantage fiscal au classement. L'administration risque
en effet de se trouver confrontée à un afflux de demandes justifiées en réalité
par la seule perspective de l'avantage fiscal.
Compte tenu de ces observations, la commission a décidé d'émettre un avis
défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Dans le dispositif
proposé, les modifications des lois de 1913 et de 1992 apparaissent comme le
corollaire de l'avantage fiscal en faveur des biens classés avec le
consentement de leurs propriétaires à compter du 1er janvier 2000. C'est
pourquoi je souhaite y répondre de manière globale.
Vos propositions, monsieur le rapporteur pour avis, me paraissent faire suite
aux conclusions de votre riche et stimulant rapport sur le marché de l'art.
Dans le cas présent, il s'agirait d'exonérer les transmissions à titre gratuit
des biens concernés à concurrence de 50 % de leur montant ou de leur ouvrir
droit automatiquement à la procédure de la dation en paiement.
Je comprends très bien l'intérêt de votre proposition, qui permettrait sans
aucun doute
a priori
d'améliorer la connaissance de notre patrimoine, de
rassurer les propriétaires et de les inciter à demander la protection.
Cela étant, je m'interroge sur le dispositif d'ensemble retenu, qui ne me
paraît pas suffisamment encadré. Nous devons en effet veiller à respecter un
équilibre entre la légitime protection du patrimoine national et l'équité
fiscale. A cet égard, les mesures proposées dans ces amendements mériteraient
une expertise plus approfondie qui n'a pas pu être effectuée compte tenu des
délais. Mais il apparaît d'ores et déjà qu'ils pourraient avoir une portée trop
large, surtout si la loi de 1913 était modifiée, comme vous le proposez par
ailleurs, monsieur le rapporteur pour avis, pour prévoir un classement de droit
des trésors nationaux en cas de refus du certificat d'expor-tation.
Le risque existe que tous les détenteurs de biens culturels ne demandent le
classement à seule fin d'obtenir l'avantage fiscal pour leurs héritiers ou
leurs donataires, alors que la cession dudit bien n'est pas réellement
envisagée, pas plus que son exportation ou sa sortie du territoire.
A cet égard, la prudence dont vous avez fait preuve en prévoyant l'obligation
d'une détention de cinq ans par le défunt ou le donateur à la date de la
transmission à titre gratuit risque d'être insuffisante pour éviter les biens
concernés en valeur refuge.
De même, votre proposition d'instituer une procédure d'agrément de droit pour
les biens classés bouleverse l'économie de la dation en paiement. J'ajoute que
ce dispositif repose actuellement sur une procédure qui a toujours donné des
résultats consensuels entre mon département ministériel et celui du ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, après avis de la commission des
dations.
Vous avez compris à mes propos, monsieur le rapporteur, monsieur le président,
que vos propositions innovantes doivent être expertisées et que des études
d'impact doivent être préalablement réalisées sur les plans juridique,
économique et fiscal. D'ailleurs, je proposerai prochainement un projet de loi
réformant la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques. Cette
question y trouvera sa place, bien entendu je m'y engage.
Dans ce contexte, je vous demande de retirer vos amendements, qui
m'apparaissent intéressants mais prématurés. A défaut, le Gouvernement y sera
défavorable.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur pour avis ?
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis.
Mme la ministre a fait masse des quatre amendements
déposés par la commission des finances, qui sont en fait assez différents.
Deux d'entre eux sont essentiels, à savoir celui dont nous discutons, qui crée
l'avantage fiscal, et le troisième, qui est relatif à la possibilité de doubler
l'offre publique d'une offre privée : ce sont les deux amendements de
principe.
En revanche, je reconnais que le deuxième amendement, qui donne le sentiment,
peut-être à cause d'une rédaction trop rapide, que le classement est de droit,
crée une ambiguïté, et je suis tout à fait prêt à le retirer. De même, le
quatrième amendement, relatif à la dation, présente, il est vrai,
l'inconvénient de bouleverser quelque peu l'économie de cette procédure et,
probablement, de heurter des susceptibilités au sein de la commission que
préside, avec beaucoup de talent, le professeur Changeux. Je suis également
disposé à retirer cet amendement.
Cela étant précisé, je souhaite que l'amendement dont nous débattons soit
maintenu, au moins à titre provisoire. A cet égard, je rappellerai à Mme la
ministre la discussion si intéressante que nous avions eue au moment de
l'examen du projet de loi sur les commissaires-priseurs.
Un certain nombre d'amendements fiscaux de ce type avaient été déposés par nos
soins à cette occasion, réduits que nous étions à nos propres moyens au sein de
la commission des finances du Sénat parce que nous n'avions pu obtenir dans les
délais l'avis des services de Bercy. Vous m'aviez alors tenu le même langage,
en disant que ce que nous faisions était bien mais pourrait être encore
amélioré et en nous demandant de retirer nos amendements pour vous laisser
élaborer un meilleur dispositif.
Nous l'avions accepté en ce qui concerne le régime de Drouot, parce que la
rédaction de l'amendement du Gouvernement nous paraissait régler le problème,
et c'est effectivement le cas.
En revanche, nous avions maintenu à titre conservatoire nos amendements
fiscaux sur les droits de mutation en cas de transfert de propriété et de
capital dans le cadre de la création des nouvelles sociétés de vente, parce que
nous n'avions qu'une promesse. Nous avions eu raison puisque, éclairé par sa
propre sagese peut-être, mais aussi à cause de la pression du Sénat, le
Gouvernement a effectivement réglé le problème de la fiscalité des professions
libérales dans leur ensemble, et pas seulement pour les commissaires-priseurs,
dans le cadre de la loi de finances rectificative.
Je souhaite par conséquent - je m'adresse au Sénat et à la majorité
sénatoriale - que nous maintenions la pression pour inciter le Gouvernement à
donner suite à ces bonnes dispositions, tant pour cet amendement que pour celui
qui viendra après l'article 5 et qui est relatif au secteur privé.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par
assis et levé, adopte l'amendement.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans la
proposition de loi, avant l'article 5.
Par amendement n° 2, M. Gaillard, au nom de la commission des finances,
propose d'insérer, avant l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 16 de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques est
complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« Le classement d'un objet mobilier pour lequel est refusé le certificat prévu
à l'article 7 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 relative aux produits
soumis à certaines restrictions de circulation et à la complémentarité entre
les services de police, de gendarmerie et de douane est de droit lorsqu'il est
demandé par son propriétaire. »
M. le rapporteur pour avis a indiqué qu'il retirait cet amendement.
Article 5
M. le président.
Art. 5. - Après l'article 9 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre 1992 précitée,
il est inséré quatre articles nouveaux ainsi rédigés :
«
Art. 9-1. -
Dans le délai prévu au premier alinéa de l'article 9,
l'autorité administrative peut, dans l'intérêt des collections publiques,
présenter au propriétaire du bien une offre d'achat. Cette offre tient compte
des prix pratiqués pour des oeuvres comparables sur le marché international.
»
« Si le propriétaire du bien n'accepte pas l'offre d'achat dans un délai de
trois mois, l'autorité administrative peut faire procéder à une expertise pour
fixer le prix du bien dans les conditions fixées aux troisième et quatrième
alinéas.
« L'autorité administrative et le propriétaire du bien désignent
respectivement un expert. En cas de carence, le tribunal compétent de l'ordre
judiciaire procède à la désignation. Ces experts rendent un rapport conjoint
dans un délai de trois mois à compter de leur désignation.
« En cas de divergences entre ces experts, le prix du bien est fixé par un
expert désigné conjointement par l'autorité administrative et le propriétaire
du bien ou, à défaut d'accord, par le tribunal compétent de l'ordre judiciaire.
Cet expert rend son rapport dans les conditions prévues au quatrième alinéa.
« L'autorité administrative peut adresser au propriétaire du bien une offre
d'achat au prix d'expertise dans un délai de deux mois à compter de la
notification du rapport d'expertise fixant le prix du bien.
« Si, dans un délai de deux mois à compter de l'offre d'achat, le propriétaire
refuse cette offre ou n'a pas fait savoir qu'il l'acceptait, le refus de
délivrance du certificat peut être renouvelé. Aucune indemnité n'est due à ce
titre.
« Si le propriétaire du bien accepte l'offre d'achat, le paiement du bien doit
intervenir dans un délai de six mois à compter de l'accord du propriétaire à
peine de résolution de la vente.
« Si un bien a fait l'objet d'une offre d'achat, son propriétaire ne peut
présenter de demande de certificat avant l'expiration du délai prévu au sixième
alinéa ou, s'il accepte l'offre d'achat, avant l'expiration du délai prévu à
l'alinéa précédent.
« En cas de renouvellement du refus de certificat, le propriétaire du bien
peut faire procéder à une expertise dans les conditions prévues aux troisième
et quatrième alinéas. Si l'autorité administrative refuse d'acquérir le bien au
prix d'expertise, le refus de délivrance ne peut être renouvelé.
« L'autorité administrative peut également procéder à l'acquisition des biens
visés au second alinéa de l'article 9 pour le compte de toute personne
publique.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent
article.
«
Art. 9-2. -
L'autorité administrative est informée de tout transfert
de propriété d'un bien culturel présentant le caractère de trésor national qui
n'est pas classé en application des lois du 31 décembre 1913 ou n° 79-18 du 3
janvier 1979 précitées ou revendiqué en application des lois du 27 septembre
1941 ou n° 89-874 du 1er décembre 1989 précitées par la personne à qui est
transféré le bien dans un délai de trois mois à compter du transfert.
«
Art. 9-3. -
Tout propriétaire qui aliène un bien culturel visé à
l'article 9-2 est tenu de faire connaître à l'acquéreur l'existence du refus de
délivrance du certificat mentionné à l'article 7 et, le cas échéant, les offres
d'achat adressées dans les conditions prévues à l'article 9-1.
«
Art. 9-4. -
Est nulle toute aliénation du bien consentie par le
propriétaire ou ses ayants cause après avoir accepté une offre d'achat adressée
par l'autorité administrative dans les conditions prévues à l'article 9-1.
« L'action en nullité se prescrit par six mois à compter du jour où l'autorité
administrative a eu connaissance de la vente. Elle ne peut être exercée que par
le ministre chargé de la culture. »
Par amendement n° 3, M. Gaillard, au nom de la commission des finances,
propose :
I. - De rédiger comme suit la première phrase du premier alinéa du texte
présenté par cet article pour l'article 9-1 de la loi n° 92-1477 du 31 décembre
1992 :
« Dans le délai prévu au premier alinéa de l'article 9, l'autorité
administrative peut, dans l'intérêt des collections publiques ou de celui de la
protection du patrimoine national en application du dixième alinéa du présent
article, présenter une offre d'achat. »
II. - En conséquence, de compléter l'avant-dernier alinéa du même texte par
les dispositions suivantes :
« , ou présenter l'offre d'une personne privée qui s'engage à demander, en cas
d'acceptation de son offre, le classement du bien au titre du troisième alinéa
de l'article 16 de la loi du 31 décembre 1913 précitée et à le rendre
accessible au public. Les offres faites en application du présent alinéa
peuvent retarder la délivrance du certificat pour leur durée de validité, qui
ne peut être inférieure à un an et supérieure à deux ans. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis.
Cet amendement a pour objet de permettre à
l'administration ou aux pouvoirs publics de susciter des offres privées, dans
le cadre des procédures de retrait de certificats, à l'image du mécanisme en
vigueur en Grande-Bretagne, le refus de l'offre ayant des conséquences beaucoup
plus limitées, puisque la délivrance du certificat n'est suspendue que pour la
durée de validité de l'offre.
Cette disposition reflète bien, selon nous, la volonté d'élargir la notion de
patrimoine national au-delà du cercle des collections publiques.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Serge Lagauche,
rapporteur.
Cet amendement vise à diversifier les moyens dont pourrait
disposer l'Etat pour conserver sur le territoire national une oeuvre majeure. A
défaut de faire une offre en son nom ou au nom d'une autre personne publique,
l'Etat pourrait présenter au propriétaire qui s'est vu refuser un certificat
l'offre d'un acquéreur privé qui s'engagerait à demander le classement,
classement qui, dans la logique des propositions de la commission des finances,
ouvrirait droit à un avantage fiscal.
Cette proposition, inspirée du dispositif britannique tend, comme les
précédentes, à permettre de conserver en France des trésors nationaux grâce à
leur acquisition par des personnes privées qui s'engageraient à ne pas les
exporter.
On peut s'interroger sur l'efficacité de ce dispositif dont l'articulation
avec le texte proposé par la commission n'est pas évidente.
En effet, dans quelles conditions s'effectuera la transaction ? Faut-il
considérer que, dans cette hypothèse, l'offre sera faite par référence au prix
du marché international ?
On voit mal un acquéreur qui prend l'engagement de demander le classement du
bien faire une offre d'achat au prix du marché international, sauf à assumer
une moins-value que ne compensera que très partiellement l'avantage fiscal
calculé au demeurant sur la valeur du bien après classement. Si, au contraire,
l'offre d'achat et l'expertise prennent en compte la dépréciation induite par
le classement, le dispositif prévoit que si le propriétaire décline l'offre de
la personne privée la délivrance du certificat peut être retardée. Cette
solution ne correspond pas à l'équilibre du dispositif proposé par la
commission.
Par ailleurs, est-il souhaitable que l'Etat joue un rôle d'intermédiaire entre
deux personnes privées ? Il est permis d'en douter.
Pour ces raisons, la commission a décidé de donner un avis défavorable à
l'adoption de cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je suis défavorable à cet
amendement n° 3, j'ai déjà évoqué les raisons qui m'amènent à m'opposer à
l'ensemble du dispositif présenté par M. Gaillard.
Par ailleurs, j'ai noté avec beaucoup d'intérêt que l'avis du Gouvernement
rejoint celui de la commission.
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis.
Après avoir répondu au Gouvernement, je voudrais
répondre à mon collègue M. Lagauche.
C'est vrai qu'il n'y a pas de comparaison entre la dépréciation due au fait
que l'on renonce aux prix plus élevés du marché international et l'avantage
fiscal. Toutefois, ce dispositif est comparable au système britannique dont
vous vous êtes vous-même inspiré. De plus, il s'agit d'acquéreurs privés qui
ont, en quelque sorte, un esprit de mécénat, de service public. Pourquoi ne pas
chercher à mobiliser des fondations ou des détenteurs de grandes fortunes qui
veulent voler au secours de la collectivité nationale pour conserver une oeuvre
d'art sur le territoire et qui acceptent par conséquent un certain sacrifice
financier ?
Mon cher collègue, l'autre partie de votre démonstration montre que vous
restez attaché, ce que je comprends d'ailleurs bien - c'est notre commune
éducation et notre commun attachement à la chose publique - à un système
régalien. Or il faut, à l'avenir, que le secteur privé participe à certaines
tâches, à certaines missions d'intérêt général, comme la protection des trésors
nationaux. C'est véritablement une question d'état d'esprit.
Vous me rétorquerez peut-être que je suis, en la matière, un libéral à l'état
sauvage, mais je crois que nous allons vers un système mixte de ce genre dans
la société de demain. Je maintiens par conséquent cet amendement, toujours dans
le même esprit, à savoir encourager le Gouvernement à engager une réflexion qui
nous permettra de progresser jusqu'au vote définitif de cette proposition de
loi.
M. Serge Lagauche,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Serge Lagauche,
rapporteur.
Autant je vous comprends lorsque vous dites que vous
maintenez deux amendements sur quatre parce que vous voulez que le Gouvernement
s'engage plus rapidement et pose le problème dans sa globalité, autant je ne
peux pas vous suivre lorsque vous prétendez régler le problème à travers les
deux amendements.
M. Yann Gaillard,
rapporteur pour avis.
Je ne le prétends pas !
M. Serge Lagauche,
rapporteur.
Non, vous ne le prétendez pas ; votre objectif est d'exercer
une pression sur le Gouvernement.
La commission - je ne le dis pas à titre personnel, mais, dans mon
intervention,
a priori,
j'en ai tenu compte - fait confiance au
Gouvernement pour accélérer la procédure et traiter effectivement le problème
au fond.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Cet amendement n° 3 a un
sens très particulier. M. Yann Gaillard y voit une transformation des relations
entre l'Etat et les particuliers. Mais permettez-moi de le dire, avec cet
amendement, l'Etat aurait un rôle d'intermédiaire dans une transaction privée,
ce qui poserait un problème de fond.
Il ne s'agit pas d'opposer une vision régalienne à une vision totalement
libérale ! Il s'agit de conserver la cohérence des compétences de l'Etat en la
matière, puisque c'est à lui qu'il revient de dire ce qui appartient aux
trésors nationaux. Il ne faut pas que l'Etat joue un rôle qui ne paraîtrait pas
totalement clair sur les plans tant juridique qu'éthique. Il faut, au
contraite, être extrêmement sûr de ce que l'on fait.
Chacun le sait, il s'agit d'un marché, ce qui n'est pas rien. J'appelle donc à
une certaine prudence, dont a d'ailleurs fait preuve votre commission. Certes,
nous devons toujours améliorer les choses, mais là il ne s'agit pas d'une
simple amélioration. Vous proposez une démarche sans précédent.
Connaissant votre enthousiasme, il s'agit d'une disposition qui est pour le
moins entreprenante, mais elle n'en est pas moins problématique pour l'Etat, je
vous le dis sincèrement. En effet, il ne faut pas mettre l'Etat en
porte-à-faux, sur le plan juridique, dans ses relations tant avec la commission
qu'avec les propriétaires, ni lui faire jouer un rôle nouveau qui
fragiliserait, en quelque sorte, la pertinence et la rigueur de sa position.
Nous devons garder un Etat sûr de son éthique.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par
assis et levé, adopte l'amendement.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, ainsi modifié.
(L'article 5 est adopté.)
Article additionnel après l'article 5
M. le président.
Par amendement n° 4, M. Gaillard, au nom de la commission des finances,
propose d'insérer, après l'article 5, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le II de l'article 1716
bis
du code général des impôts est ainsi
rédigé :
« II. - L'agrément mentionné au I est de droit pour les biens classés en
application du troisième alinéa de l'article 16 de la loi du 31 décembre 1913
sur les monuments historiques n'ayant donné lieu à aucune mutation
postérieurement à leur classement, à la condition que la valeur libératoire
proposée soit égale au prix d'expertise proposé ou non refusé par l'Etat dans
le cadre de la procédure d'acquisition prévue à l'article 9-1 de la loi n°
92-1477 du 31 décembre 1992 relative aux produits soumis à certaines
restrictions de circulation et à la complémentarité entre les services de
police, de gendarmerie et de douane. »
M. le rapporteur pour avis a indiqué qu'il retirait cet amendement.
Articles 6 et 7
M. le président.
« Art. 6. - A l'article 215
ter
du code des douanes, après les mots :
"soit des documents attestant que ces marchandises peuvent quitter le
territoire douanier en conformité avec les dispositions portant prohibition
d'exportation", sont insérés les mots : "soit tout document prouvant que ces
biens ont été importés temporairement d'un autre Etat membre de la Communauté
européenne". » -
(Adopté.)
« Art. 7. - Les dispositions de la présente loi sont applicables aux biens
culturels auxquels a été délivré le certificat prévu par l'article 5 de la loi
n° 92-1477 du 31 décembre 1992 précitée ou qui, à la date d'entrée en vigueur
de la loi, font l'objet d'un refus de certificat. » -
(Adopté.)
Vote sur l'ensemble
M. le président.
Avant de mettre aux voix les conclusions du rapport de la commission, je donne
la parole à M. Estier pour explication de vote.
M. Claude Estier.
J'ai indiqué tout à l'heure, dans la discussion générale, que nous étions
totalement favorables à la proposition de loi telle qu'elle a été rapportée par
M. Serge Lagauche et que nous étions naturellement opposés aux amendements
présentés par M. Yann Gaillard.
Certes, j'ai pris acte que M. Gaillard a retiré deux des quatre amendements
qu'il avait déposés. Mais les deux autres ayant été adoptés par la majorité
sénatoriale en dépit de l'avis défavorable de la commission des affaires
culturelles et du Gouvernement, le groupe socialiste, en fin de compte,
s'abstiendra avec beaucoup de regrets dans le vote final, car il est favorable
à la proposition de loi.
M. le président.
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Il est vrai que la nature du texte n'est plus la même. Les modifications qui
ont été apportées ne sont pas anodines. Ce n'est pas insulter M. Gaillard que
de dire qu'il applique - c'est son droit, il peut avoir l'opinion qui est la
sienne - dans le domaine des trésors nationaux et de leur éventuelle sortie du
territoire, une forme de libéralisme échevelé.
Le pire est que ce dispositif ne sera pas efficace, parce que ce ne sont pas
quelques avantages fiscaux qui freineront certains propriétaires d'oeuvres,
qu'ils veulent des liquidités ou qu'ils spéculent. Seul le secteur privé en
profitera. Voilà qui est fort préjudiciable pour nos musées qui, comme l'a fort
bien expliqué Mme le ministre, peuvent présenter au public des oeuvres d'art et
des trésors retenus en douane. C'est aussi au public que je pense en
m'abstenant, dans la mesure où ce texte n'est plus celui qui nous a
initialement été présenté.
M. le président.
La parole est à M. Hugot.
M. Jean-Paul Hugot.
Actuellement, pour empêcher la fuite des biens culturels vers l'étranger, la
France dispose de la loi de 1992 avec trois possibilités qui ont été
rappelées.
Les propositions qui nous sont faites à travers ce texte ne sont que des
aménagements juridiques limités à la loi du 31 décembre 1992.
Si la procédure d'acquisition des trésors nationaux pallie certains refus de
vente portant sur des biens relativement secondaires, elle ne résout en rien le
problème concernant les biens déclarés d'une importance majeure à l'échelle
mondiale, notamment les grands tableaux des peintres impressionnistes, évoqués
tout à l'heure en particulier par Mme la ministre.
Le nouveau dispositif ne mettra pas un terme à la menace effective de la fuite
de notre patrimoine vers l'étranger.
Le processus sera seulement retardé de quelques années. Par conséquent, cela
ne pourra qu'accentuer le déclin du marché de l'art dans notre pays.
Nous ne devons pas oublier que si, au début des années cinquante, la France
était au centre du marché de l'art, aujourd'hui les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne occupent une place de référence sur ce maché mondial
quantitativement parlant.
La seule mesure capable de changer toutes les données de ce problème, qui
n'est pas des moindres, est une défiscalisation partielle.
Saisie pour avis, la commission des finances a déposé quatre amendements
destinés à compléter par un volet fiscal le dispositif que je viens d'évoquer.
L'objectif de ces amendements est d'encourager l'acquisition de trésors
nationaux par des propriétaires privés qui s'engageraient à en demander le
classement, lequel ouvrirait droit à des avantages fiscaux. Les dispositifs
proposés reposent sur des mécanismes originaux mais ne vont pas sans soulever
des objections techniques qui ont justifié l'attitude prudente de la commission
des affaires culturelles.
Cela étant, madame la ministre, vous avez reppelé tout à l'heure que, dans la
voie ouverte par M. Gaillard, vous vous proposiez sous peu d'engager des
initiatives concernant notamment la loi de 1913. Inutile de vous dire que, si
le Gouvernement nous laissait entrevoir une chance de surmonter quelques-uns
des obstacles qui, aujourd'hui, s'opposent à la prise des mesures fiscales
nécessaires pour débloquer la situation, nous soutiendrions cet effort.
Pour l'instant, outre le travail de M. Lagauche, je voudrais saluer les
initiatives de notre collègue Yann Gaillard, le féliciter pour son excellente
contribution, qu'il s'agisse de l'analyse à laquelle il s'est livrée dans son
rapport sur le marché de l'art ou du rapport pour avis qu'il a présenté sur la
proposition de loi qui nous est actuellement soumise.
Même si elle ne va pas très loin, cette proposition de loi nous fait avancer
d'un pas. Notre groupe votera donc ce texte bien que nous soyons convaincus que
le fond du problème ne peut être résolu que grâce à la mise en oeuvre d'une
véritable volonté politique, que j'espère pouvoir déceler bientôt, dans vos
initiatives, madame la ministre. Nous devons, enfin, nous donner les moyens de
favoriser la protection de notre patrimoine national pour, ainsi, éviter son
exode.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifiées, les conclusions du rapport de la commission des
affaires culturelles sur la proposition de loi n° 444 (1998-1999).
(Ces conclusions sont adoptées.)
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons suspendre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures quinze, est reprise à dix-sept heures
vingt.)
M. le président.
La séance est reprise.
4
LIBERTÉ DE COMMUNICATION
Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 392,
1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale, modifiant la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 relative à la liberté de communication. (Rapport n° 154
[1999-2000] et avis n° 161 [1999-2000]).
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus aux amendements
tendant à insérer des articles additionnels avant l'article 26
bis.
Articles additionnels avant l'article 26
bis
M. le président.
Par amendement n° 160 rectifié, MM. Ralite, Renar, Mme Luc, les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article
26
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut autoriser à titre expérimental et
pour une durée n'excédant pas trois ans la création et le fonctionnement de
télévisions locales de proximité.
« Pour être autorisée, une télévision locale de proximité doit :
« - être constituée en association conformément à la loi du 1er juillet 1901
;
« - viser dans sa programmation l'information et l'animation locales, le
développement culturel et l'éducation permanente ;
« - comprendre au sein de sa programmation propre 50 % du temps de diffusion
de l'ensemble des programmes à l'exclusion des rediffusions.
« Dans des limites définies par décret, les télévisions locales de proximité
peuvent recevoir une subvention des collectivités territoriales.
« Les recettes publicitaires des télévisions locales de proximité ne peuvent
excéder vingt pour cent des crédits de leur budget. »
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, un certain
nombre de nos collègues se sont efforcés d'amender le texte afin d'introduire
de manière formelle l'émergence d'un nouveau secteur audiovisuel à travers le
développement des télévisions locales.
Ce dossier avance d'une certaine manière et le rapport Franceix trace un
certain nombre de pistes.
A travers cette question, plusieurs interrogations demeurent et l'exemple des
radios « libres » doit nous conduire à la plus extrême vigilance afin que, sur
ce terrain local, ne s'ouvre pas une nouvelle voie à la recherche de profits
uniquement publicitaires.
A ce titre, la question du financement de l'audiovisuel local est en l'état la
grande inconnue.
La presse quotidienne régionale y voit une nouvelle possibilité de rayonnement
; nous considérons, pour ce qui nous concerne, ce rayonnement assez limité.
La création des télévisions locales de proximité devrait être envisagée dans
le souci de permettre l'émergence d'un nouveau type de citoyenneté
audiovisuelle, si je puis dire, la production originale devrait y tenir une
place importante et les ressources publicitaires constituer une part marginale
des ressources de ces futures chaînes.
Ce sont, nous le pensons, des axes essentiels.
A ce titre, et très largement inspiré du modèle de nos voisins belges,
l'amendement que nous vous proposons d'adopter prévoit à titre expérimental la
création de télévisions locales de proximité et un certain nombre de
dispositions permettant d'éviter les dérives constatées dans le domaine
radiophonique.
Tel est le sens de cet amendement que nous vous demandons, mes chers
collègues, de bien vouloir adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur de la commission des affaires culturelles.
La commission s'est
prononcée défavorablement sur cet amendement suite à l'adoption de l'amendement
n° 117, qui institue un système permanent d'allocation de fréquences de
télévision à des associations.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 160 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Toujours avant l'article 26
bis
, je suis saisi de trois amendements qui
peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 166, MM. Hérisson, Richert et Amoudry proposent d'insérer,
avant l'article 26
bis
, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 34-3, il est inséré dans la loi n° 86-1067 du 30 septembre
1986 précitée un article additionnel ainsi rédigé :
«
Art...
- Les collectivités territoriales peuvent conclure avec une
personne morale exploitant un service local de télévision conventionné en
application de l'article 34-1 un contrat d'objectifs et de moyens définissant
des missions de service public et leurs conditions de mise en oeuvre, pour une
durée comprise entre trois et cinq années civiles. Ce contrat est annexé à la
convention prévue à l'article 34-1.
Par amendement n° 253, MM. Loridant, Ralite, Renar, Mme Luc et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article
26
bis
, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 34-3, il est inséré dans la loi du 30 septembre 1986, un
article additionnel ainsi rédigé :
«
Art...
- Les collectivités territoriales peuvent conclure avec une
personne morale exploitant un service de télévision conventionné en application
de l'article 34-1 un contrat d'objectifs et de moyens définissant des missions
de service public et leurs conditions de mise en oeuvre, pour une durée
comprise entre trois et cinq années civiles. Ce contrat est annexé à la
convention prévue à l'article 34-1 ci-dessus. »
Par amendement n° 251, MM. Loridant, Ralite, Renar, Mme Luc et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article
26
bis
, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 34-3, il est inséré dans la loi du 30 septembre 1986 un
article additionnel ainsi rédigé :
«
Art...
- Les communes ou des groupements de communes ayant établi ou
autorisé l'établissement sur le territoire d'un réseau distribuant par câble
des services de radiodiffusion peuvent confier l'exploitation du canal,
mentionné au 3° du 6e alinéa de l'article 34, à une personne morale.
« Les communes ou groupement de communes peuvent conclure avec cette personne
morale un contrat d'objectifs et de moyens définissant des missions de service
public et leurs conditions de mise en oeuvre, pour une durée comprise entre
trois et cinq années civiles. Ce contrat est annexé à la convention prévue à
l'article 34-1 ci-dessus.
« II. - Les personnes morales bénéficiant, à la date de promulgation de la
présente loi, d'une convention prévue à l'article 34-1 pour l'exploitation d'un
canal local peuvent poursuivre cette exploitation jusqu'à expiration de la
convention en cours. »
La parole est à M. Hérisson, pour défendre l'amendement n° 166.
M. Pierre Hérisson.
Il s'agit de clarifier les rapports entre les collectivités territoriales et
les services locaux du câble.
A l'heure actuelle, une disposition introduite à l'Assemblée nationale
concerne les communes et groupements de communes. Or, les télévisions locales
travaillent déjà à l'échelon du département, voire de la région. De nombreuses
collectivités territoriales participent directement ou indirectement au
financement des chaînes locales du câble établies sur leurs territoires.
Cependant, la base juridique de tels financements apparaît très fragile.
Les décisions prises à l'occasion de chacune des adoptions de budgets par les
collectivités qui souhaitent s'engager sur cette démarche seront à l'avenir
guidées par l'adoption des contrats pluriannuels.
Ces contrats donneront aux télévisions locales les moyens de programmer leurs
actions dans le temps, leur permettant ainsi de développer des actions de fond
en matière, par exemple, d'information départementale ou régionale, de soutien
à la création, de débat et d'accès public, de formation à l'audiovisuel.
M. le président.
La parole est à M. Renar, pour défendre les amendements n°s 253 et 251.
M. Ivan Renar.
Je n'ajouterai rien aux propos de notre collègue Pierre Hérisson, auxquelles
je souscris totalement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 166, 253 et 251 ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission a estimé extrêmement intéressante l'idée
développée par les amendements n°s 166 et 253 de permettre aux collectivités
locales de conclure des contrats d'objectifs et de moyens avec les exploitants
d'un service local de télévision.
Ces amendements posent cependant un problème de coordination avec le texte de
l'article 27
bis
du projet de loi. Des explications de la part de leurs
auteurs seraient sans doute nécessaires sur ce point.
Quoi qu'il en soit, la commission s'en est remis à la sagesse du Sénat.
Quant à l 'amendement n° 251, il paraît satisfait par l'article 27
bis
du projet de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur ces trois amendements ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement est
défavorable à ces amendements. Je me suis déjà exprimée sur la nécessité
d'examiner plus au fond et plus longuement les aspects du financement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 166, repoussé par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 26
bis
, et les amendements n°s 253 et 251 n'ont
plus d'objet.
Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 167 est présenté par MM. Hérisson et Richert.
L'amendement n° 252 est présenté par MM. Loridant, Ralite, Renar, Mme Luc et
les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent, avant l'article 26
bis
, à insérer un article
additionnel ainsi rédigé :
« Dans les premier et troisième alinéas de l'article 80 de la loi n° 86-1067
du 30 septembre 1986, après les mots : "les services de radiodiffusion sonore
par voie hertzienne" sont insérés les mots : "et les services locaux de
télévision par câble conventionnés en application de l'article 34-1". »
La parole est à M. Hérisson, pour défendre l'amendement n° 167.
M. Pierre Hérisson.
Il s'agit de permettre une expression locale télévisuelle diversifiée à
l'instar de celle du secteur des radios, dans l'attente d'une réforme plus
globale sur tous les supports.
Aujourd'hui, seul le fonds de soutien à l'expression radiophonique permet à
plus d'un demi-millier de radios d'initiatives locales de vivre sans tomber
dans le giron et le formatage des réseaux nationaux. Il est logique d'en
étendre le bénéfice au secteur de la télévision locale non commerciale.
M. le président.
La parole est à M. Renar, pour défendre l'amendement n° 252.
M. Ivan Renar.
Cet amendement a pour objet de permettre une expression locale télévisuelle
diversifiée sur le câble, à l'instar de ce qui se passe dans le secteur des
radios, en attente d'une réforme plus globale sur tous les supports. Il s'agit
d'étendre aux télévisions locales non commerciales le bénéfice du fonds de
soutien à l'expression radiophonique, qui permet aujourd'hui à plus d'un
demi-millier de radios d'initiatives locales de vivre sans tomber dans le giron
et le formatage des réseaux nationaux.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
En ce qui concerne l'amendement n° 167, j'attire l'attention
sur le fait que l'élargissement proposé pourrait avoir assez rapidement pour
effet de tarir le fonds de soutien à l'expression radiophonique. C'est la
raison pour laquelle la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
S'agissant de l'amendement n° 252, son dispositif paraît satisfait par
l'amendement n° 119 de la commission des finances.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement est
défavorable à ces amendements.
J'ai déjà mis en garde, à propos de l'amendement présenté par Mme Pourtaud,
contre le risque qu'il y aurait à étendre aux télévisions locales le champ
d'intervention du fonds de soutien aux radios locales. Il ne faut pas, en
effet, fragiliser les radios associatives. En tout cas, une telle suggestion
mérite un examen approfondi.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 167.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Je demande, comme le Gouvernement, que l'on n'appauvrisse pas le fonds de
soutien aux radios locales. S'il faut trouver des financements pour aider les
télévisions, il y a certainement d'autres solutions. C'est pourquoi je voterai
contre cet amendement et, bien entendu, contre l'amendement n° 252.
M. Louis de Broissia.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia.
De la même façon que je me suis opposé à un autre amendement qui tendait à
utiliser le fonds de modernisation de la presse, je m'oppose à ces deux
amendements. Ce n'est certes pas en prélevant sur le fonds de soutien aux
radios locales que l'on peut régler le problème du financement des télévisions
locales.
(M. Chérioux applaudit.)
Mme Danièle Pourtaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Nous avions nous-mêmes déposé un amendement visant à créer un fonds de soutien
à l'expression télévisuelle locale. Il nous paraît en effet essentiel que les
télévisions locales associatives soient soutenues financièrement dès lors qu'on
leur donne le droit à l'existence. Mais il nous paraît non moins essentiel de
ne pas, du même coup, appauvrir les radios associatives. Celles-ci, on l'a dit,
bénéficient d'un fonds de 100 millions à 110 millions de francs par an, ce qui,
pour 400 radios, n'est pas considérable.
Par conséquent, nous ne voterons pas cet amendement. Nous avons noté que le
Gouvernement était prêt à travailler avec le Parlement jusqu'à la présentation
du projet de loi de finances afin de trouver les modalités adéquates pour
financer les télévisions associatives.
M. Pierre Hérisson.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson.
J'ai, moi aussi, relevé l'engagement de Mme la ministre d'étudier les moyens
par lesquels pourraient être financées les télévisions locales.
Sous le bénéfice de cette promesse, je retire mon amendement.
(Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président.
L'amendement n° 167 est retiré.
Monsieur Renar, retirez-vous également votre amendeement ?
M. Ivan Renar.
Non, monsieur le président, je le maintiens.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 252, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 26
bis
M. le président.
« Art. 26
bis. _
Le Gouvernement s'engage dans un délai d'un an à
déposer devant le Parlement un rapport qui présentera les possibilités de
développement de télévisions citoyennes, de proximité.
« Ce rapport fera l'objet d'un débat au Parlement. »
- (Adopté.)
Article 27
M. le président.
« Art. 27. _ Il est inséré, dans la même loi, un article 34-2 ainsi rédigé
:
«
Art. 34-2
. _ Tout distributeur de services qui met à disposition du
public, par satellite, une offre de services de communication audiovisuelle
comportant des services de radiodiffusion sonore ou de télévision doit
effectuer une déclaration préalable auprès du Conseil supérieur de
l'audiovisuel. Cette déclaration ne peut être présentée que par une société.
« La déclaration est accompagnée d'un dossier comportant les éléments suivants
: la composition et la structure de l'offre de services, ses modalités de
commercialisation, la composition du capital de la société ainsi que tout
accord de commercialisation du système d'accès sous condition.
« Toute modification de ces éléments doit être préalablement notifiée au
Conseil supérieur de l'audiovisuel.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions dans lesquelles chaque
distributeur de services par satellite dont l'offre comporte des services ayant
fait l'objet d'une convention en application de l'article 33-1 doit assurer,
parmi ceux-ci, des proportions minimales de services en langue française, qui,
d'une part, ne sont contrôlés directement ou indirectement ni par le
distributeur, ni par l'un de ses actionnaires détenant au moins 5 % de son
capital, ni par la personne physique ou morale qui contrôle directement ou
indirectement au moins la moitié des services concernés et, d'autre part, ne
sont pas contrôlés directement ou indirectement par un distributeur de services
au sens de l'article 33-4.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel veille à ce que la composition de
l'offre, en ce qui concerne les services qu'il a conventionnés en application
de l'article 33-1, soit conforme à l'intérêt public au regard notamment de la
qualité et de la variété des services proposés, de la durée des relations
contractuelles avec les éditeurs de services et, pour les services soumis aux
obligations prévues au 5° de l'article 33, en fonction de l'importance de leur
contribution au développement de la production cinématographique et
audiovisuelle.
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, par décision motivée et dans le
mois suivant la déclaration prévue au premier alinéa ou la notification prévue
au troisième alinéa, s'opposer soit à l'exploitation d'une offre de services
par satellite, soit à une modification de la composition ou de la structure
d'une offre, s'il estime que cette offre ne satisfait pas ou ne satisferait
plus aux critères et à l'obligation prévue aux deux précédents alinéas. »
Je suis saisi de cinq amendements identiques.
L'amendement n° 113 est présenté par M. de Broissia et les membres du groupe
du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 139 est déposé par M. Laffitte.
L'amendement n° 165 est présenté par MM. Richert et Hérisson.
L'amendement n° 173 est déposé par M. Pelchat.
L'amendement n° 231 est présenté par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt,
Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous les cinq tendent, dans le deuxième alinéa du texte proposé par l'article
27 pour l'article 34-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les
mots : « ses modalités de commercialisation », à insérer les mots : « la
contribution au développement des services proposés, en particulier celle
affectée aux services en langue française ayant conclu une convention en
application de l'article 33-1, ».
La parole est à M. de Broissia, pour défendre l'amendement n° 113.
M. Louis de Broissia.
Quelles que soient nos « tribus » d'origine, nous souhaitons, par ces cinq
amendements identiques, alors que la régulation est au coeur de nos
préoccupations, permettre le contrôle par le CSA de la contribution des
distributeurs de services par satellite au développement de l'industrie des
programmes française et européenne. Il s'agit, à mon sens, d'un amendement de
coordination.
M. le président.
L'amendement n° 139 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Hérisson, pour présenter l'amendement n° 165.
M. Pierre Hérisson.
Il s'agit en effet de prévoir, à l'instar de ce qui existe pour le câble, un
contrôle par le CSA de la contribution des distributeurs de services par
satellite au développement de l'industrie des programmes française et
européenne.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat, pour défendre l'amendement n° 173.
M. Michel Pelchat.
Je fais miennes les explications de mes collègues. Je pense que ces
amendements pourraient recueillir l'unanimité au sein de notre assemblée.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud, pour présenter l'amendement n° 231.
Mme Danièle Pourtaud.
Tout en m'efforçant de ne pas abuser de la patience du Sénat, je serai un peu
moins laconique que mes collègues.
Il s'agit d'assortir la déclaration faite auprès du CSA par un distributeur de
services par satellite d'une obligation semblable à celle qui est prévue à
l'article 26 pour l'autorisation d'exploitation d'un réseau câblé.
La réglementation actuelle concernant le satellite recèle une rupture dans la
chaîne des dispositifs d'encadrement que le législateur souhaite instaurer en
faveur du développement de l'industrie des programmes française et
européenne.
Les distributeurs collectent et gèrent les ressources de la télévision
diffusée par le satellite, mais il n'existe à leur égard aucune obligation de
contribution à l'industrie de programmes semblable à celle qui pèse sur les
éditeurs de services.
Afin d'éviter que des distributeurs de services ne proposent au public que des
services établis hors de France, et qui ne seraient donc soumis à aucune
obligation en matière de soutien à la production française, la loi a prévu de
confier au Conseil supérieur de l'audiovisuel un droit de regard sur la
composition de l'offre de services.
De même, les mesures de soutien à l'industrie de programmes, pour être
complètes et cohérentes, doivent s'appliquer, sous le même contrôle du Conseil
supérieur de l'audiovisuel, à l'ensemble des acteurs de la chaîne, qui va du
producteur des oeuvres audiovisuelles au téléspectateur qui les reçoit, en
passant par l'éditeur qui établit le programme et le distributeur qui le
communique au public.
Les recettes provenant des abonnements représentent aujourd'hui globalement 75
% des ressources des services, le développement de la publicité étant handicapé
par une série de contraintes spécifiques.
La tendance à la baisse généralisée des redevances versées par les
distributeurs aux éditeurs met ces derniers dans une situation de plus en plus
difficile, du fait d'une double contrainte : des obligations d'investissements,
d'une part, un resserrement de leurs ressources, d'autre part.
Ces engagements de contribution à l'industrie de programmes, qui pèsent sur
l'amont de la chaîne des ressources, ne pourront être supportés que s'ils
pèsent également sur l'opérateur, qui, en aval, collecte ces ressources.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, dont le projet de loi renforce le droit
de regard sur la composition de l'offre des bouquets satellitaires, se verrait
ainsi confier la faculté de veiller au respect de l'obligation de contribution
des distributeurs au développement des services, cette contribution faisant
partie de l'autorisation d'exploitation qu'il délivre.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 113, 165, 173 et 231
?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
L'avis de la commission est favorable à la puissance cinq !
(Sourires.)
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Bien que ces cinq
amendements émanent de groupes différents, tout en ayant manifestement une même
vigoureuse source d'inspiration, l'avis du Gouvernement est défavorable. Je
note d'ailleurs qu'aucune des deux commissions saisies ne s'est jointe à ce
large mouvement.
Il s'agirait d'imposer aux distributeurs de services par satellite une
contribution aux chaînes thématiques. L'objectif, si je comprends bien, est de
s'assurer que les distributeurs de services puissent donner suffisamment
d'argent aux chaînes qui participent à la production de programmes.
Cette proposition soulève une première difficulté au regard des règles de
concurrence au sein de la Communauté.
En tout état de cause, le dispositif ne serait pas opératoire, dans la mesure
où il ne renvoie pas à un décret qui permettrait de l'appliquer.
D'autres questions viennent à l'esprit. S'agit-il d'une contribution
financière ? Dans l'affirmative, comment est-elle calculée ? Les auteurs de ces
amendements souhaitent-ils voir le CSA fixer le prix que les chaînes versent
aux câblo-opérateurs pour leur reprise ? Veulent-ils qu'indirectement les
opérateurs satellitaires contribuent au financement de la production ?
Bref, ces amendements soulèvent, à mon sens, plus de questions et de
difficultés qu'ils n'en résolvent.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 113, 165, 173 et 231, acceptés
par la commission et repoussés par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° 64, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, au début du quatrième alinéa du texte présenté par
l'article 27 pour l'article 34-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de
remplacer les mots : « Un décret en Conseil d'Etat » par les mots : « Une
décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
De la même manière qu'un amendement à l'article 26 a restitué
au CSA sa compétence sur la fixation des seuils des services indépendants dans
les plans de service du câble, l'amendement n° 64 vise à attribuer la même
compétence au CSA pour les bouquets du satellite.
Cette compétence s'exercera sous la forme de décision homologuée par décret en
Conseil d'Etat.
La Commission des opérations de Bourse et l'autorité de régulation des
télécommunications, l'ART, bénéficient actuellement de ce type de pouvoir, qui
apparaît comme un élément constitutif de la notion de régulation. Il est
important d'en accorder l'usage au CSA afin de conforter ce dernier dans son
rôle de régulateur, dont les opérateurs admettent de plus en plus la
nécessité.
Il s'agit donc d'un amendement qui tend à renforcer et à clarifier la fonction
de régulation du CSA.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le rapporteur,
vous suggérez ici que le CSA fixe lui-même la proportion de chaînes
indépendantes. Vous suggérerez, avec l'amendement n° 66, qu'il fixe également
la durée minimale des contrats passés entre distributeurs de service et
éditeurs de programmes et, conscient que vous empiétez ainsi sur le domaine
réglementaire, vous proposerez, par l'amendement n° 70, que ces décisions
soient « homologuées » par décret en Conseil d'Etat.
Je ne peux être favorable à ces trois amendements. En effet, puisqu'il s'agit
d'assurer une compétence réglementaire, il ne sert à rien de demander au CSA de
prendre des mesures, puis d'attendre une éventuelle homologation par décret en
Conseil d'Etat.
En la matière, je pense que le CSA doit continuer à arrêter des décisions de
pure portée individuelle à partir de principes et de critères que le
législateur et le Gouvernement auront édictés.
Au surplus, en matière de contrats de commercialisation passés entre
opérateurs privés, je ne pense pas qu'il appartienne à l'Etat d'en fixer la
durée, fût-ce la durée minimale.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 64.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Nous sommes là presque au coeur d'un débat ancien, qui concerne la compétence
des autorités indépendantes.
Lorsque le Conseil constitutionnel a accepté, voilà plusieurs années, la
création d'autorités indépendantes, il l'a fait en considérant que l'exercice
d'un certain nombre de prérogatives par ces autorités n'amputait pas
l'essentiel des pouvoirs constitutionnels. Si le Conseil supérieur de
l'audiovisuel a reçu un certain nombre d'attributions dans le domaine
réglementaire, il exerce ses compétences dans le cadre strictement fixé par la
loi, sans qu'à aucun moment il n'empiète sur des prérogatives qui ne peuvent
être que celles du pouvoir exécutif.
Je comprends bien la démarche de la commission, mais il s'agit en réalité,
au-delà d'apparences anodines, du transfert d'un pouvoir d'Etat, qui ne peut
être exercé que par l'Etat ou par une autorité politique agissant au nom de
l'Etat, c'est-à-dire le pouvoir exécutif qui agit par décret en Conseil
d'Etat.
Je dis à nos collègues de la commission des affaires culturelles que cet
amendement n° 64, à mon avis, n'est pas conforme à la Constitution et risque
fort de se trouver remis en cause. En effet, la part réservée aux chaînes
indépendantes relève au fond de l'utilisation du domaine public des ondes. Dans
une telle matière, il n'est d'autre autorité que le pouvoir exécutif qui puisse
trancher.
Voilà, monsieur le président, les raisons qui me conduiront à suivre l'avis du
Gouvernement et à ne pas voter l'amendement n° 64.
Profitant de cette intervention, je voudrais faire une brève mise au point à
la suite du débat de mercredi dernier sur le contrôle comptable et financier
des sociétés chargées de collecter les droits.
Je n'ai rien à retirer au fond de mes propos lors des échanges que j'ai eus
avec Mme le ministre, mais je reconnais que j'avais été très irrité - et je
n'étais pas le seul - par les pressions que nous avions subies les uns et les
autres, tout au long de la journée, jusque dans les couloirs de l'hémicycle, et
que le ministre a d'ailleurs dénoncées publiquement devant nous. Aussi le ton
de mes propos était-il très ferme au point que Mme Trautmann a pu croire que ma
colère était dirigée contre elle et que je mettais en doute la sincérité de ses
affirmations en ce qui concerne la transparence de la gestion des sociétés
concernées.
On m'a dit, ici et là, qu'elle en avait été froissée, pour ne pas dire
plus.
C'est pourquoi je ne veux pas attendre plus longtemps pour dire à Mme
Trautmann que l'amitié et la fidélité de mes sentiments à son égard,...
M. Jean Chérioux.
Que c'est beau !
M. Michel Charasse.
... comme le respect que je porte à ses fonctions, me conduisent à lui
demander d'accepter mes regrets si je l'ai peinée involontairement et lui
assurer que je lui garde toute ma confiance pour exercer les hautes
responsabilités qui sont les siennes.
(Très bien ! et applaudissements.)
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
J'ai bien entendu les arguments de Mme la ministre et de
notre collègue Michel Charasse. Je dois dire toutefois que le mécanisme
prévoyant l'homologation des décisions prises par le CSA que nous préconisons
est calqué sur le mécanisme applicable à la COB. Il va donc dans le sens de
l'harmonisation entre hautes autorités et il me paraît légitime de le présenter
comme un progrès pour le CSA, organe de régulation de l'audiovisuel.
M. Louis de Broissia.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia.
Les propositions de la commission sont cohérentes avec le statut d'autorité
administrative indépendante dont le législateur lui-même, monsieur Charasse, a
doté le CSA. On est certes en droit de regretter l'existence de nombreuses
autorités administratives indépendantes, mais, si le Conseil supérieur de
l'audiovisuel a réussi à acquérir une autorité morale et technique, c'est
précisément parce que ses décisions ont été prises selon le schéma même qui
s'applique aux décisions d'une autorité administrative indépendante.
Si le point de vue de Mme le ministre, selon lequel on ne peut pas adopter à
la fois les amendements n°s 64, 66 et 70 car ce dernier renvoie à un décret en
Conseil d'Etat, est tout à fait cohérent, les propos tenus par M. Charasse, à
qui je voue estime et amitié - qu'il ne voie donc pas dans mes critiques de
jugement personnel - m'ont en revanche inquiété, et c'est la raison pour
laquelle je suivrai la commission des affaires culturelles.
M. Michel Charasse a en effet dit qu'il appartenait à l'Etat de fixer les
conditions d'exercice du CSA, mais c'est au législateur, c'est-à-dire à nous,
qu'il appartient de le faire !
M. Michel Charasse.
Dans les limites de la Constitution !
M. Louis de Broissia.
Je le répète, c'est la loi qui doit fixer les conditions d'exercice du Conseil
supérieur de l'audiovisuel. Elle définit, dans nombre de ses articles, les
missions de service public, et nous confions au CSA le soin de les encadrer.
Que ses décisions soient ensuite publiées au
Journal officiel
de la
République française paraît normal, car le CSA fait partie de la République
française. En revanche, en supprimant le renvoi au décret en Conseil d'Etat
dans l'amendement n° 70, on établirait entre les trois amendements une
cohérence conforme à l'esprit dans lequel nous concevons le Conseil supérieur
de l'audiovisuel sans qu'il soit question de frapper d'indignité, comme
certains avaient voulu le faire accroire, une autre haute autorité.
(Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants).
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse,
J'ai bien écouté les propos de M. de Broissia. Mon cher collègue, le
législateur fixe le cadre de l'intervention du CSA, mais il doit le faire sous
réserve des prérogatives qui sont reconnues par la Constitution au pouvoir
exécutif et au pouvoir législatif et que le législateur ordinaire, c'est-à-dire
le législateur non constitutionnel, n'a pas le pouvoir de modifier. Or, vous
nous proposez en réalité de donner au CSA une compétence qui n'est pas
réglementaire : elle va même bien au-delà puisqu'elle touche à un choix
politique qui ne peut être opéré que par le pouvoir exécutif.
C'est une simple discussion juridique et constitutionnelle, cher ami. Si vous
aviez indiqué dans l'amendement - Mme le ministre s'y serait peut-être alors
ralliée - que le décret en Conseil d'Etat peut être pris après avis du CSA,
c'eût été un processus de consultation qui n'aurait en rien amputé les pouvoirs
constitutionnels.
Si je suis votre raisonnement, vous pourriez aussi, dans la même ligne,
proposer de transférer au CSA une partie des pouvoirs législatifs. Je sais
bien, monsieur de Broissia, qu'il est très difficile de délimiter les
attributions du CSA, organe indépendant, entre ce que je considère comme des
attributions ordinaires d'exécution et ce qui constitue des attributions qui
touchant à des choix politiques quasiment régaliens qui ne peuvent relever
d'une autorité indépendante autre que les pouvoirs émanant de la souveraineté
populaire.
C'est la raison pour laquelle je persiste à m'opposer à l'amendement n° 64
tout en regrettant qu'à cette occasion je m'oppose aussi à la position de M. de
Broissia.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Afin de confirmer l'approche que j'ai défendue dans ma
précédente intervention, j'indique que l'article 4-1 de l'ordonnance du 28
septembre 1967 dispose que la commission des opérations de bourse peut, « pour
l'exécution de sa mission, prendre des règlements concernant le fonctionnement
des marchés placés sous son contrôle ». « Les règlements sont publiés au
Journal officiel
de la République française, après homologation par arrêté
du ministre chargé de l'économie et des finances. » La question est maintenant
de savoir si les conditions de fonctionnement de la COB sont
inconstitutionnelles !
M. le président.
C'est une interrogation à laquelle d'autres répondront !
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 64, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 232, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche,
Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans le
quatrième alinéa du texte présenté par l'article 27 pour l'article 34-2 de la
loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les mots : « des services
ayant fait l'objet d'une convention en application de l'article 33-1 doit
assurer, parmi ceux-ci, des proportions minimales de services en langue
française » par les mots : « des services en langue française ayant fait
l'objet d'une convention en application de l'article 33-1 doit assurer parmi
ceux-ci une proportion d'au moins 30 % de services ».
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Notre amendement tend à préciser les modalités d'encadrement pour
l'application des dispositions relatives au nombre minimal de services
indépendants en langue française que devront comporter les bouquets
satellitaires.
Afin que lesdits services bénéficient d'une place effective dans ce type de
bouquets, nous souhaitons que les décrets qui affineront le dispositif en
fonction des caractéristiques des bouquets fixent des proportions minimales de
services indépendants d'au moins 30 %. Il s'agit d'un minimum, et il n'est pas
excessif puisque les chaînes publiques, je vous le rappelle, peuvent être
comptabilisées dans ce taux.
Une telle disposition devrait favoriser aussi l'émergence de nouveaux éditeurs
indépendants.
Quant à notre calcul, nous préférons l'effectuer par rapport à l'offre de
services en langue française et non par rapport à l'offre globale de service
francophones et non francophones, ce qui rendra le système plus efficace. Je ne
reviens pas sur la nécessité de fixer ces modalités d'application par décret,
tout a été dit !
J'ajoute que, tout comme l'Assemblée nationale, nous adhérons à l'idée
d'appréhender la proportion de services indépendants non seulement par rapport
au bouquet concerné mais aussi par rapport à l'ensemble des distributeurs de
services satellitaires.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit encore une fois de savoir si la décision appartient
au CSA ou si le législateur doit lui fixer un cadre.
En la matière, il nous apparaît que l'appréciation quantitative concernant les
services indépendants relève typiquement de la sensibilité particulière du CSA.
C'est pourquoi la commission a donné un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
J'étais défavorable à
l'adoption de cette même disposition pour les offres de services du câble, j'y
suis défavorable pour les l'offres de services par satellite.
M. le président.
Madame Pourtaud, l'amendement n° 232 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 232 est retiré.
Par amendement n° 65, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose
:
I. - Après les mots : « concernés », de supprimer la fin du quatrième alinéa
du texte présenté par l'article 27 pour l'article 34-2 de la loi n° 86-1067 du
30 septembre 1986.
II. - En conséquence, dans le même alinéa, de supprimer les mots : « , d'une
part, ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement vise à supprimer, dans le dispositif fixant,
pour un bouquet satellitaire donné, un seuil pour les services indépendants, le
critère, ajouté par l'Assemblée nationale, de l'absence de contrôle par un
autre distributeur que celui qui a la responsabilité du bouquet considéré.
L'application de ce critère ne pourrai qu'encourager la prolifération des
clauses d'exclusivité et la multiplication de chaînes thématiques à marché très
étroit. Il est préférable d'encourager la circulation entre les bouquets des
services contrôlés, directement ou non, par les dis-tributeurs.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je suis défavorable à cet
amendement. Comme je l'expliquais à propos de l'amendement n° 60, il me semble
aujourd'hui nécessaire que des dispositions soient prises afin que la forte
concurrence entre opérateurs audiovisuels ne rende pas impossible l'accès aux
marchés par des éditeurs indépendants.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 65, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 66 est présenté par M. Hugot, au nom de la commission des
affaires culturelles.
L'amendement n° 233 est déposé par Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb,
Lagauche, Weber, les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent à insérer, après le quatrième alinéa du texte proposé par
l'article 27 pour l'article 34-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, un
alinéa ainsi rédigé :
« Une décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel fixe, en fonction des
différentes catégories de services, la durée minimale des contrats passés avec
les éditeurs aux fins de mise des services à disposition du public. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 66.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
L'amendement n° 66 tend à attribuer au CSA le pouvoir de
fixer la durée minimale des contrats passés entre les distributeurs de bouquets
satellitaires et les éditeurs de services indépendants.
M. le président.
La parole est à M. Weber, pour défendre l'amendement n° 233.
M. Henri Weber.
Cet amendement vise à prévoir une durée minimale des contrats liant les
distributeurs de services sur le satellite aux éditeurs de services.
Comme l'indiquait à l'instant Mme Pourtaud, lors de l'examen des dispositions
sur les réseaux câblés, France Télécom Câble, avec Modulo, et Lyonnaise Câble,
avec les forfaits Etoiles, viennent de lancer une nouvelle formule d'abonnement
à la carte. NC Numéricâble, pour sa part, démarre sur quelques sites un test de
service à la carte. UPC a, à plusieurs reprises, annoncé son intention de
proposer prochainement ce type de service.
La généralisation de ces formules - et tout laisse penser que l'ensemble des
opérateurs du câble ainsi que ceux du satellite se convertiront progressivement
à ce système - est censée apporter une plus grande liberté de choix à l'abonné
: celui-ci peut modifier chaque mois l'offre de chaînes auxquelles il a accès
et il est supposé ne payer que les chaînes qu'il regarde.
On peut s'interroger sur la réalité de l'avantage procuré au téléspectateur,
ces différentes formules se révélant généralement plus coûteuses pour lui.
Ce système est, en revanche, inquiétant pour les chaînes thématiques, dont les
ressources restent globalement dépendantes à 75 % des abonnements.
Ces formules se caractérisent par une très grande opacité pour les chaînes car
elles n'établissent en fait aucune relation entre le prix payé par l'abonné et
la rémunération de la chaîne : le distributeur fixant unilatéralement la valeur
d'une chaîne dans un catalogue d'offres optionnelles mais groupées, sans qu'il
soit possible d'en individualiser le coût dans la facture payée par
l'abonné.
Mais la conséquence la plus grave pour les chaînes est l'absence totale de
visibilité sur leurs ressources : le nombre d'abonnés pour une chaîne donnée
est susceptible de variations d'un mois à l'autre, variations que la chaîne est
incapable de prévoir et qu'elle découvrira
a posteriori,
chaque mois,
lorsque l'opérateur le lui indiquera.
Il devient, dans ces conditions, impossible pour une chaîne d'établir un
budget prévisionnel annuel en recettes, alors que ses charges - dont ses
engagements dans la production - sont fixées annuellement, voire
pluriannuellement.
Il conviendrait donc que les contrats passés entre les distributeurs de
services et les éditeurs aient une durée minimale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur ces deux amendements ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Nous avions déjà débattu à
propos du câble de dispositions similaires et, comme pour le câble, j'estime
qu'il n'appartient pas à l'Etat - le CSA agit en effet juridiquement au nom de
l'Etat - de fixer la durée minimale des contrats de diffusion entre les chaînes
et les opérateurs satellitaires. Le CSA souhaitant, lui, intervenir dans le
cadre des modifications de l'offre, nous sommes là en présence de deux
conceptions différentes. Pour ma part, je préfère que le projet de loi aille
dans le sens de l'intervention dans le cadre des modifications de l'offre mais
sans fixer de durées minimales.
Le Gouvernement est donc défavorable à ces amendements.
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, nous retirons l'amendement n° 233.
M. le président.
L'amendement n° 233 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 66, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 67 est présenté par M. Hugot, au nom de la commission des
affaires culturelles.
L'amendement n° 193 est présenté par le Gouvernement.
Tous deux tendent à supprimer le cinquième alinéa du texte proposé par
l'article 27 pour l'article 34-2 à insérer dans la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 67.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
L'amendement n° 67 vise à supprimer un alinéa ajouté par
l'Assemblée nationale dont l'effet concret est de transformer le régime de
déclaration préalable des bouquets satellitaires en quasi-régimes
d'autorisation par la CSA.
C'est une gestion simple et évolutive qu'il faut aux services du satellite et
c'est incompatible avec le système extrêmement dirigiste mis en place par
l'Assemblée nationale.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre, pour défendre l'amendement n° 193.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Il arrive que nos esprits
se croisent, monsieur le rapporteur...
(Sourires.)
Cette disposition, introduite en première lecture à l'Assemblée nationale, ne
me paraît pas compatible avec un régime de simple déclaration préalable pour
les opérateurs satellitaires.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 67 et 193.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Je ne souhaite pas bien entendu rigidifier à l'extrême les réglementations et
les contraintes, notamment pour les diffusions par satellites, et je suis bien
d'accord avec le rapporteur sur ce point.
Je voudrais cependant attirer votre attention sur un problème. Comme le
précise l'exposé des motifs de l'amendement n° 193, et ce point a retenu mon
attention, le câble est en situation de monopole de fait puisque, dans un
secteur d'habitation donné, il n'y a, à l'évidence, qu'un seul distributeur par
câble. Mais il n'est pas le seul distributeur pour autant. Il y a aussi le
distributeur par satellite. Or, il ne serait pas bon d'imposer au satellite des
contraintes supérieures à celles qui sont actuellement les siennes, en
l'alignant ainsi sur la situation faite au câble. Mais, dans le même temps,
interdire au câble de distribuer certains programmes qui sont diffusés sur le
même secteur par satellite crée une distorsion entre les deux diffuseurs. Cela
explique peut-être aussi ce que nous voyons dans un certain nombre de communes,
à savoir la prolifération de paraboles sur les immeubles collectifs alors que
le câble est au pied de ceux-ci, car certaines chaînes sont diffusées par
satellite alors que l'on interdit au câble de les distribuer. Il y a un
problème.
Je ne m'opposerai pas à l'amendement n° 67 qui, comme l'a dit M. le
rapporteur, vise à supprimer des dispositions contraignantes. Toutefois, à
l'occasion de ce débat, je souhaite attirer l'attention du Gouvernement et de
mes collègues sur ce problème de distorsion de concurrence. La deuxième lecture
de ce projet de loi par l'Assemblée nationale étant repoussée à la fin du mois
de mars prochain, vous aurez ainsi le temps de réfléchir à cette question.
Le câble et le satellite sont complémentaires - ils l'ont toujours été - mais
aujourd'hui ils sont aussi devenus très fortement concurrents. Dans la mesure
où des services sont diffusés par satellite, on ne voit pas pour quelle raison
on refuserait à un câblo-opérateur de les distribuer lui aussi, dès lors qu'il
le souhaiterait. Or, je le répète, il existe bien aujourd'hui une distorsion de
concurrence à cet égard sur un certain nombre de secteurs. Celle-ci pourrait
sans doute être corrigée par une disposition législative. En tout cas, je
souhaite qu'il en soit ainsi lors de la deuxième lecture.
Cela étant dit, je voterai l'amendement de la commission, car, s'agissant du
câble, il faut aller dans le sens non pas de la complication mais de la
simplification. Or ce n'est pas dans ce sens que va la disposition qui a été
adoptée par l'Assemblée nationale.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 67 et 193.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° 68, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans le dernier alinéa du texte présenté par l'article 27
pour l'article 34-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, de remplacer les
mots : « le mois » par les mots : « les quinze jours ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement réduit aux quinze jours proposés par le projet
de loi initial le délai dans lequel le CSA peut s'opposer à l'exploitation ou à
la modification d'une offre de services diffusée par satellite.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
J'émets un avis
défavorable sur cet amendement, car je continue à penser qu'un délai d'un mois
est nécessaire au CSA pour se prononcer sur les modifications qui lui sont
soumises.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 68, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 69, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, après les mots : « ne satisferait », de remplacer la fin
du dernier alinéa du texte présenté par l'article 27 pour l'article 34-2 de la
loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par les mots : « à la déclaration préalable
ou aux obligations fixées en application des quatrième et cinquième alinéas.
»
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec les
amendements précédents.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable, pour la
raison que vient d'indiquer M. le rapporteur.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 69, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 70, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de compléter
in fine
le texte présenté par
l'article 27 pour l'article 34-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, par
un alinéa ainsi rédigé :
« Les décisions du Conseil supérieur de l'audiovisuel mentionnées dans le
présent article sont publiées au
Journal officiel
de la République
française après avoir été homologuées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination, qui prévoit
l'homologation par l'exécutif des décisions du CSA visées aux amendements n°s
64 et 66.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 70, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 27, modifié.
(L'article 27 est adopté.)
Article 27
bis
M. le président.
« Art. 27
bis. -
Après l'article 34-3 de la même loi, sont insérés deux
articles 34-4 et 34-5 ainsi rédigés :
«
Art. 34-4
. - Les communes ou groupements de communes ayant établi ou
autorisé l'établissement sur leur territoire d'un réseau distribuant par câble
des services de radiodiffusion peuvent confier l'exploitation du canal
mentionné au 3° de l'article 34 à une personne morale.
« Les communes ou groupements de communes peuvent conclure avec cette personne
morale un contrat d'objectifs et de moyens définissant des missions de service
public et leurs conditions de mise en oeuvre, pour une durée comprise entre
trois et cinq années civiles. Ce contrat est annexé à la convention prévue à
l'article 33-1.
«
Art. 34-5
. - Les personnes morales bénéficiant à la date de
promulgation de la loi n° du modifiant la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 relative à la liberté de communication d'une convention prévue à
l'article 33-1 pour l'exploitation d'un canal local peuvent poursuivre cette
exploitation jusqu'à expiration de la convention en cours. »
Par amendement n° 194, le Gouvernement propose, dans la première phrase du
second alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 34-4 à insérer
dans la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après les mots : « peuvent
conclure », d'insérer les mots : « , le cas échéant après avis du Conseil
supérieur de l'audiovisuel, ».
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Il s'agit de permettre aux
communes de recueillir l'avis du CSA avant de conclure avec le canal local du
câble le contrat d'objectifs et de moyens.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 194, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 27
bis
, ainsi modifié.
(L'article 27
bis
est adopté.)
Article additionnel avant l'article 28
M. le président.
Par amendement n° 71, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose d'insérer, avant l'article 28, un article additionnel
ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré, après l'article 41 de la même loi, un article 41-1 A
ainsi rédigé :
«
Art. 41-1 A
. - Nul ne peut être titulaire de deux autorisations
relatives chacune à une offre nationale de services comportant des services de
télévision diffusée par voie hertzienne terrestre, ni être simultanément
titulaire d'une autorisation relative à une offre comportant des services de
télévision diffusée par voie hertzienne terrestre et d'une autorisation
relative à une offre de services de même nature autre que nationale.
« Une personne titulaire d'une ou de plusieurs autorisations relatives chacune
à une offre de services comportant des services de télévision diffusée par voie
hertzienne terrestre autre que nationale ne peut devenir titulaire d'une
nouvelle autorisation relative à une offre de services de même nature autre que
nationale si cette autorisation devait avoir pour effet de porter à plus de six
millions d'habitants la population recensée des zones desservies par l'ensemble
des offres de services de même nature pour lesquelles elle serait titulaire
d'autorisations.
« Une personne titulaire d'une autorisation relative à une offre de services
comportant des services de télévision diffusée par voie hertzienne terrestre
dans une zone déterminée ne peut devenir titulaire d'une nouvelle autorisation
relative à une offre de services de même nature diffusée en tout ou en partie
dans la même zone.
« II. - Il est inséré, après l'article 41-2 de la même loi, un article 41-3 A
ainsi rédigé :
«
Art. 41-3 A. -
Pour l'application des articles 39, 41-1, 41-2 le
titulaire d'une autorisation relative à une offre de services comportant des
services de télévision diffusée par voie hertzienne terrestre est assimilé au
titulaire d'une autorisation relative à un service de télévision diffusé par
voie hertzienne terrestre.
« III. - L'article 41-3 de la même loi est complété par un alinéa ainsi rédigé
:
« Pour l'application du présent article, les offres de services comportant des
services de télévision diffusées par voie hertzienne terrestre sont assimilées
aux services de télévision diffusés par voie hertzienne terrestre. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'étendre aux offres de services diffusées en
numérique de terre le régime anticoncentration de la loi de 1986.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
M. le rapporteur a repris
à l'identique le dispositif anticoncentration de la loi de 1986 pour
l'appliquer tel quel au numérique de terre. Les règles actuelles devront bien
sûr être adaptées, mais je crains que le dispositif que nous devrons retenir ne
soit
in fine
plus complexe que celui-ci. Aussi, j'émets un avis
défavorable sur cet amendement.
M. le président.
personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 71, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 28.
Article 28
M. le président.
« Art. 28. _ I. _ Au premier alinéa de l'article 42 de la même loi, les mots :
"peut mettre" sont remplacés par le mot : "met" et les mots : "les titulaires
d'autorisation pour l'exploitation d'un service de communication audiovisuelle"
sont remplacés par les mots : "les éditeurs et distributeurs de services de
radiodiffusion sonore ou de télévision".
« I
bis.
_ Après les mots : "les associations familiales", la fin du
troisième alinéa du même article 42 est ainsi rédigée : "ainsi que les
associations ayant dans leur objet social la défense des intérêts des
téléspectateurs peuvent demander au Conseil supérieur de l'audiovisuel
d'engager la procédure de mise en demeure prévue au premier alinéa du présent
article".
« II. _ 1. Au premier alinéa de l'article 42-1 de la même loi, les mots : "Si
le titulaire d'une autorisation pour l'exploitation d'un service de
communication audiovisuelle ne respecte pas les obligations ci-dessus
mentionnées ou" sont remplacés par les mots : "Si un éditeur ou un distributeur
de services de radiodiffusion sonore ou de télévision".
« 2. Dans le 1° du même article, les mots : ", après mise en demeure," sont
supprimés.
« 3. Le même article est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut, en outre, prescrire, à un moment
de son choix, la suspension de la diffusion du programme pendant une durée
comprise entre une à dix minutes, assortie de l'insertion d'un communiqué dans
les formes prévues à l'article 42-4. »
« III. _ Au premier alinéa de l'article 42-2 de la même loi, les mots : "par
le service autorisé" sont supprimés.
« IV. _ L'article 42-4 de la même loi est ainsi rédigé :
«
Art. 42-4
. _ Dans tous les cas de manquement aux obligations
incombant aux éditeurs de services de radiodiffusion sonore ou de télévision,
le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut ordonner l'insertion dans les
programmes d'un communiqué dont il fixe les termes et les conditions de
diffusion. Cette décision est prononcée après que l'intéressé a été mis en
mesure de présenter ses observations dans le délai de deux jours francs et sans
que soit mise en oeuvre la procédure prévue à l'article 42-7. Le refus de se
conformer à cette décision est passible d'une sanction pécuniaire. »
« V. _ L'article 42-7 de la même loi est ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa est supprimé ;
« 2° Dans la première phrase de l'avant-dernier alinéa, les mots : "et le
rapport" sont supprimés. »
Par amendement n° 72, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans le paragraphe I de cet article, de supprimer les
mots : « les mots : "peut mettre" sont remplacés par le mot : "met" et ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement revient sur un amendement de l'Assemblée
nationale dont l'objet était d'obliger le CSA à lancer la procédure de sanction
par une mise en demeure des opérateurs pour tout manquement constaté à leur
obligations. Le CSA doit conserver la liberté d'apprécier le degré de gravité
d'un manquement justifiant éventuellement le lancement formel de la procédure
de sanction.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gourvernement émet un
avis favorable. Cet amendement, qui peut paraître rédactionnel, correspond de
fait à la suppression de l'automaticité de la mise en demeure par le CSA des
chaînes susceptibles d'être sanctionnées, dispositif impossible à mettre en
oeuvre par exemple pour des faits continus ou quotidiens et dont la conformité
à nos principes généraux du droit n'est pas assurée.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 72, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 73, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de compléter
in fine
le paragraphe I
bis
de
l'article 28 par un alinéa ainsi rédigé :
« En conséquence, dans le même alinéa, les mots : "ainsi que le Conseil
national" sont remplacés par les mots : ", le Conseil national". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 73, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 74, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer les deux derniers alinéas du II de l'article
28.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Les deux derniers alinéas du II de l'article 28 mettent en
place le système improprement dit de « l'écran noir ». L'article 42-4 de la loi
de 1986 permet déjà au CSA d'ordonner l'insertion de communiqués dans les
programmes. Ils est préférable de préciser sa rédaction plutôt que de créer de
nouvelles sanctions.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable, pour les
raisons évoquées par M. le rapporteur.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 74, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 133, M. Pelchat propose d'insérer, après le III de l'article
28, un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Il est insérer, après le premier alinéa de l'article 42-2 de la loi n°
86-1067 du 30 septembre 1986 précitée, un alinéa ainsi rédigé :
« Pour l'application du présent article sont agrégées au montant du chiffre
d'affaires l'ensemble des recettes publicitaires provenant de l'activité du
service. »
La parole est M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Il s'agit de compléter le dispositif dont dispose jusqu'à présent le CSA pour
santionner les radios en cas de non-respect des quotas de diffusion
radiophonique. A l'heure actuelle, les seules sanctions que peut appliquer le
CSA sont la suspension de la fréquence, ou sa suppression, avec tous les
problèmes que cela pose et toute la mobilisation que cela peut provoquer. Par
conséquent, je crois nécessaire de prévoir ces sanctions financières.
Nous reparlerons plus tard des radios régionales commerciales et des radios
associatives, sachant que les dispositions contenues dans le texte pour les
télévisions étaient tout à fait convenables. Nous examinerons donc
ultérieurement ce point.
Mais, pour les radios de réseau, les choses sont différentes, parce qu'elles
sont souvent financées par des régies qui créent le chiffre d'affaires, les
radios couvrant uniquement les dépenses de fonctionnement de leurs émissions et
de leur diffusion, ce qui fait que leur chiffre d'affaires est relativement
faible par rapport au chiffre d'affaires global.
Il s'agissait donc de déterminer si l'article 42-2 s'applique aux radios et si
les dispositions de celui-ci englobent également les régies. J'ai interrogé un
certain nombre de conseils juridiques, notamment ceux qui travaillent auprès du
CSA, afin de savoir si ces dispositions étaient applicables. On m'a assuré que
la rédaction actuelle englobait les régies des radios de réseau dans la
sanction financière, qui peut atteindre de 3 % à 5 % de leur chiffre d'affaires
en cas de manquements graves, ce qui est convenable. Je pense qu'il y a là une
véritable arme dans les mains du CSA pour qu'il puisse faire respecter avec
beaucoup de rigueur les quotas que nous avons décidés et que les radios doivent
donc appliquer.
Cet amendement va dans le bon sens, je pense, et la question qui était posée
est réglée par la rédaction ici proposée, à savoir que l'on peut agglomérer les
régies aux diffuseurs.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Notre collègue a fait un travail important, mais la
commission n'a pas eu le temps de s'assurer d'avoir une vue précise de la
portée pratique de cette proposition. Elle a donc émis un avis défavorable sur
cet amendement, qui pourrait tendre à augmenter dans des proportions difficiles
à préciser l'assiette à partir de laquelle peut être fixé le montant des
sanctions pécuniaires infligées aux opérateurs privés de la communication
audiovisuelle.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Pour le coup, je ne
rejoins pas l'avis de M. le rapporteur. En effet, au nom du Gouvernement, je
suis favorable à cet amendement, car je considère que cette disposition
permettra effectivement de rendre plus efficace la sanction pécuniaire.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Je vois dans les propos du Gouvernement une partie des
assurances que nous attendions. Je peux donc changer de point de vue : je suis
maintenant favorable à cet amendement.
MM. Jacques Machet et Michel Pelchat.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 133, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 75, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans la première phrase du texte présenté par le IV de
l'article 28 pour l'article 42-4 de loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, après
les mots : « les termes », d'insérer les mots : « , la durée ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement vise à préciser la rédaction actuelle de
l'article 42-4 de la loi de 1986, afin d'étendre sa portée et de rendre inutile
la mise en place du dispositif de l'écran noir.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 75, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 76 rectifié, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de remplacer la deuxième phrase du texte présenté par le
IV de l'article 28 pour l'article 42-4 de la loi du 30 décembre 1986 par deux
phrases ainsi rédigées :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel invite la société à lui présenter ses
observations en lui indiquant qu'elle bénéficie d'un délai de deux jours francs
pour ce faire, à compter de la réception de cette invitation. La décision est
alors prononcée sans que soit mise en oeuvre la procédure prévue à l'article
42-7. »
Par amendement n° 234, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche,
Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de remplacer
la deuxième phrase du texte présenté par le IV de l'article 28 pour l'article
42-4 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 par deux phrases ainsi rédigées
:
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel invite l'intéressé à lui présenter ses
observations en lui indiquant qu'il bénéficie d'un délai de deux jours francs
pour ce faire, à compter de la réception de cette invitation. La décision est
alors prononcée sans que soit mise en oeuvre la procédure prévue à l'article
42-7. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 76
rectifié.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement a été rectifié pour tenir compte de l'avis
favorable donné par la commission sur l'amendement n° 234. Nous proposons
cependant une rédaction plus précise de l'article 42-4, qui permet au CSA
d'ordonner l'insertion de communiqués dans les programmes.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 234. Celui-ci et
l'amendement de la commission sont presque identiques. En effet, le vôtre,
madame Pourtaud, prévoit que « l'intéressé » présente ses observations, alors
que celui de la commission dispose qu'il s'agit de « la société ».
Mme Danièle Pourtaud.
L'importance de cet amendement n° 234 tient au fait qu'il permet de rendre
opérationnelle une disposition visant effectivement à donner au CSA un pouvoir
de sanction. La rédaction actuelle prévoit que la société qui serait victime de
la sanction peut faire connaître ses observations au CSA, mais elle ne précise
pas le point de départ du délai qui lui est accordé pour ce faire. Afin de
rendre le dispositif opérationnel, il nous a paru nécessaire de préciser le
point de départ du délai.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Compte tenu de la rectification de l'amendement n° 76, je
demande à Mme Pourtaud de bien vouloir retirer l'amendement n° 234.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 76 rectifié et 234
?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Il n'est à mon avis pas
indifférent d'employer les termes « la société » ou « l'intéressé ». En effet,
la Haute Assemblée s'est prononcée favorablement sur la possibilité pour les
associations de créer des télévisions locales. S'il y a de nouvelles formes, il
s'agit bien d'« intéressés », ce qui permet d'ouvrir une possibilité à la fois
aux sociétés et aux associations. C'est la raison pour laquelle l'amendement n°
234 me paraît plus cohérent que l'amendement n° 76 rectifié avec l'existence
des deux cadres dans lesquels peuvent se développer les télévisions locales.
Le Gouvernement émet donc un avis favorable sur l'amendement n° 234 et demande
le retrait de l'amendement n° 76 rectifié.
M. le président.
Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 76 rectifié est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission, considérant que l'on peut effectivement, en la
matière, retenir le texte dont la portée est la plus large, retire l'amendement
n° 76 rectifié.
M. le président.
L'amendement n° 76 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 234, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 77, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de compléter
in fine
le V de l'article 28 par deux
alinéas ainsi rédigés :
« 3° Dans la première phrase de l'avant-dernier alinéa, les mots : "au
titulaire de l'autorisation" sont remplacés par les mots : "à l'éditeur ou au
distributeur du service de radiodiffusion sonore ou de télévision".
« 4° Dans le dernier alinéa de cet article, remplacer les mots : "le titulaire
de l'autorisation" par les mots : "l'éditeur ou le distributeur de services".
»
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
C'est un amendement de coordination qui tend à réparer ce qui
nous semble un oubli du projet de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 77, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 78, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de compléter
in fine
l'article 28 par un paragraphe
ainsi rédigé :
« VI. - Au début de l'article 42-8 de la même loi, les mots : "le titulaire de
l'autorisation pour l'exploitation d'un service de communication audiovisuelle"
sont remplacés par les mots : "l'éditeur ou le distributeur de services de
radiodiffusion sonore ou de télévision". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit là encore d'un amendement de coordination visant à
réparer un oubli du projet de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 78, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 28, modifié.
(L'article 28 est adopté.)
Article 28
bis
M. le président.
« Art. 28
bis
. _ I. _ Le début de l'article 48-2 de la même loi est
ainsi rédigé : "Si une société nationale de programme ou la société mentionnée
à l'article 45, pour l'exercice de la mission prévue au
a
de cet
article, ne se conforme pas aux mises en demeure qui lui ont été adressées, le
Conseil supérieur de l'audiovisuel peut prononcer à son encontre la suspension
d'une partie du programme...
(le reste sans changement)."
« II. _ Après la première phrase de l'article 48-3 de la même loi, il est
inséré une phrase ainsi rédigée :
« Cette décision est prononcée après que la société a été mise en mesure de
présenter ses observations dans le délai de deux jours francs et sans que soit
mise en oeuvre la procédure prévue à l'article 48-6. »
« III. _ Le deuxième alinéa de l'article 48-6 de la même loi ainsi que, dans
le troisième alinéa, les mots : "et le rapport" sont supprimés. »
Par amendement n° 79, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger ainsi le II de l'article 28
bis
:
« II. - Dans l'article 48-3 de la même loi, après les mots : "les termes",
sont insérés les mots : ", la durée". »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 235 rectifié, présenté par
Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du
groupe socialiste et apparentés, et tendant à compléter le texte proposé par
l'amendement n° 79 pour le II de l'article 28
bis
par deux alinéas ainsi
rédigés :
« Après la première phrase du même article, sont insérées trois phrases ainsi
rédigées :
« Le Conseil supérieur de l'audiovisuel invite la société à lui présenter ses
observations en lui indiquant qu'elle bénéficie d'un délai de deux jours francs
pour ce faire, à compter de la réception de cette invitation. La décision est
alors prononcée sans que soit mise en oeuvre la procédure prévue à l'article
48-6. Le refus de se conformer à cette décision est passible d'une sanction
pécuniaire dans les limites définies à l'article 42-2. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 79.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement vise à appliquer aux télévisions et radios
publiques la précision rédactionnelle prévue par un amendement précédent pour
la procédure qui permet au CSA de faire insérer des communiqués dans les
programmes de service privé.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre le sous-amendement n° 235
rectifié.
Mme Danièle Pourtaud.
Ce sous-amendement tend à reprendre exactement les dispositions dont nous
venons de parler ; il me semble donc inutile de le développer plus avant.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 235 rectifié ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 79 et sur le
sous-amendement n° 235 rectifié ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 235 rectifié, accepté par la commission
et par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 79, accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 28
bis,
ainsi modifié.
(L'article 28
bis
est adopté.)
Article 29
M. le président.
« Art. 29. _ I. _ Il est inséré, après le troisième alinéa de l'article 78 de
la même loi, un 3° ainsi rédigé :
« 3° Sans avoir conclu avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel la
convention prévue à l'article 33-1. »
« II. _ Il est inséré, dans la même loi, un article 78-2 ainsi rédigé :
«
Art. 78-2
. _ Le fait, pour un dirigeant de droit ou de fait d'une
entreprise distribuant par satellite une offre comportant des services de
radiodiffusion sonore ou de télévision d'exercer cette activité sans avoir
procédé à la déclaration prévue à l'article 34-2 ou de s'abstenir de porter à
la connaissance du Conseil supérieur de l'audiovisuel les modifications prévues
au troisième alinéa du même article est puni d'une amende de 500 000 francs ;
en cas de récidive, cette peine est portée à un million de francs. »
Par amendement n° 80, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose d'ajouter, avant le I de cet article, un paragraphe I A
ainsi rédigé :
« I A. - Dans le premier alinéa de l'article 78 de la même loi, après les mots
: "service de communication audiovisuelle" sont insérés les mots : "ou d'un
organisme distribuant une offre de services de communication audiovisuelle".
»
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec la mise en
place d'un régime juridique de la diffusion numérique de terre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 80.
Mme Danièle Pourtaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, nous avons dit, au début de la discussion des
amendements concernant le régime numérique terrestre, que nous nous
abstiendrions, puisque nous souhaitons pouvoir examiner l'ensemble d'un
dispositif cohérent lorsque le Gouvernement aura présenté son texte.
M. Louis de Broissia.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia.
Contrairement à la position exprimée par Mme Pourtaud, nous soutenons dès à
présent la mise en place du réseau numérique hertzien terrestre, considérant
qu'il ne faut pas attendre pour ce faire la deuxième ou la troisième lecture.
Nous disposons d'ores et déjà d'un rapport, celui de M. Hadas-Lebel, que j'ai
enfin pu obtenir : je vais passer une nuit sympathique en le lisant.
(Sourires.)
Je voterai donc les dispositions proposées par la commission, que je soutiens
jusqu'au bout.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 80, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 81, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans le second alinéa (3°) du paragraphe I de l'article
29, après les mots : « la convention prévue », d'insérer les mots : « au II de
l'article 28 ou ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
C'est également un amendement de coordination avec la
création du régime juridique de la diffusion numérique de terre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable, par
coordination.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 81, repoussé par le Gouvernement.
Mme Danièle Pourtaud.
Le groupe socialiste s'abstient.
M. Jack Ralite.
Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient également.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 82, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de compléter le texte présenté par le paragraphe II de
l'article 29 pour l'article 78-2 de la même loi par un alinéa ainsi rédigé :
« Le fait, pour le dirigeant de droit ou de fait d'un organisme distribuant
par voie hertzienne terrestre une offre de services de communication
audiovisuelle, de s'abstenir de porter à la connaissance du Conseil supérieur
de l'audiovisuel les modifications mentionnées au paragraphe IV de l'article
30-1 ou de procéder à ces modifications en dépit de l'opposition du Conseil,
est puni d'une amende de 500 000 francs ; en cas de récidive, cette peine est
portée à un million de francs. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Cet amendement vise à étendre aux distributeurs de services
en numérique de terre les dispositions pénales instituées par le projet de loi
pour sanctionner les modifications de l'offre qui seraient effectuées sans
informer le CSA ou malgré son opposition.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable, par
coordination.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 82, repoussé par le Gouvernement.
Mme Danièle Pourtaud.
Le groupe socialiste s'abstient.
M. Jack Ralite.
Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient également.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29, modifié.
(L'article 29 est adopté.)
Article 29
bis
M. le président.
« Art. 29
bis
. _ Dans la même loi, il est inséré un article 31 ainsi
rédigé :
«
Art. 31
. _ Le Conseil supérieur de l'audiovisuel autorise, après
appels à candidatures, l'usage de fréquences afférentes à la diffusion par voie
hertzienne terrestre en mode numérique.
« Les conditions d'application du présent article sont fixées par décret. »
Par amendement n° 83, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
C'est là encore un amendement de coordination avec la
création d'un régime juridique de la diffusion numérique de terre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Les députés, désireux que
les modalités de passage à la télévision numérique de terre figurent dans la
loi, ont introduit cet article.
La commission des affaires culturelles du Sénat a présenté un dispositif
d'encadrement de ce passage. Il est donc logique qu'elle souhaite la
suppression de l'article 29.
Pour ma part, je réaffirme que j'entends présenter, en deuxième lecture, un
dispositif nouveau sur le numérique hertzien terrestre. Je m'en remets donc à
la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 83.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 83, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 29
bis
est supprimé.
Article 29
ter
M. le président.
« Art. 29
ter
. _ L'article 79 de la même loi est complété par un alinéa
ainsi rédigé :
« Seront punis d'une amende de 120 000 francs les personnes physiques et les
dirigeants de droit ou de fait des personnes morales qui auront fourni des
informations inexactes dans le cadre des obligations prévues aux articles 27 et
33 de la présente loi. »
Par amendement n° 84, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Les articles 27 et 33 ne prévoient pas d'obligation
d'information mais fixent la liste des obligations qui seront imposées par
décret aux services diffusés par voie hertzienne ou distribués par le câble. Il
serait inopportun, voire inconstitutionnel, de sanctionner pénalement une
obligation d'information non expressément définie par la loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Sur cet amendement tendant
à supprimer l'infraction de fourniture d'informations inexactes au CSA par
l'ensemble des éditeurs, infraction qui est redondante avec le droit pénal, le
Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 84, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 29
ter
est supprimé.
Article additionnel après l'article 29
ter
M. le président.
Par amendement n° 134, M. Pelchat propose d'insérer, après l'article 29
ter
, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au deuxième alinéa (1°) de l'article 79 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre
1986, les mots : "aux articles 27" sont remplacés par les mots "à l'article 27,
au 2°
bis
de l'article 28 et aux articles". »
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Je me suis expliqué tout à l'heure à propos des radios de réseau. Je précise
donc simplement que l'amendement n° 34 tend à compléter les sanctions
financières pour les radios associatives et les radios commerciales régionales.
Ces sanctions, comme pour les télévisions, pourront s'échelonner de 6 000
francs à 500 000 francs, la décision du CSA dépendant des moyens des radios
devant être sanctionnées et de la gravité du non-respect des dispositions
législatives. Cet amendement vise donc à compléter celui que nous avons adopté
tout à l'heure pour deux autres catégories de radios.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement est
défavorable à cet amendement. Il est en effet opposé à la criminalisation du
non-respect des quotas radiophoniques. Vous connaissez, en la matière,
l'inévitable complexité du dispositif, qui tient à la diversité du format des
radios elles-mêmes, et que l'on ne retrouve pas pour les quotas télévisuels.
Ces quotas et leurs modulations, qui sont intégrés dans les conventions passées
entre le CSA et les radios, appellent logiquement une sanction conventionnelle.
C'est la raison pour laquelle le dispositif de sanction administrative, confié
au CSA, me semble nettement plus justifié qu'une sanction pénale.
En outre, la rédaction de cet amendement n'est pas satisfaisante ; si ce texte
était adopté, le début du deuxième alinéa de l'article 79 se lirait ainsi : «
quiconque aura méconnu des dispositions des décrets prévues à l'article 27, au
2°
bis
de l'article 28... » alors qu'il s'agit en l'espèce non pas d'un
décret mais d'une simple obligation conventionnelle.
Tels sont les motifs pour lesquels j'émets, au nom du Gouvernement, un avis
défavorable sur l'amendement n° 134.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 134.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Madame la ministre, je veux bien admettre le bien-fondé de votre observation
relative au fait qu'il s'agit non pas d'un décret, mais d'une convention signée
entre les radios et le CSA. Je pense néanmoins que la deuxième lecture devrait
permettre de rectifier ce point.
Actuellement, le CSA est complètement démuni ; il ne dispose, comme je le
faisais remarquer tout à l'heure, que de la possibilité de suspendre la
fréquence, avec les conséquences qu'une telle décision engendre. Je ne ferai
qu'évoquer, à cet égard, les cas de certaines radios associatives au cours des
deux dernières années et la disproportion entre les dérives constatées et les
sanctions de suspension de la fréquence. Le CSA reconnaît d'ailleurs lui-même
le caractère inadapté de ces sanctions et souhaite que des sanctions
pécuniaires plus adéquates que la simple suspension de fréquence soient prévues
à l'encontre des radios.
Ce principe de sanction financière - 6 000 francs à 50 000 francs - s'adapte
parfaitement bien, à mon avis, à l'ensemble des diffuseurs concernés, des
radios associatives aux radios régionales commerciales, et complète les
dispositions visant les radios de réseaux qui, elles, subiront les sanctions
financières que nous avons décidées tout à l'heure avec, d'ailleurs, votre avis
favorable, madame la ministre.
Je souhaite donc que le Sénat adopte cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 134, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 29
ter
.
TITRE IV
Dispositions diverses et transitoires
Articles additionnels avant l'article 30
M. le président.
Par amendement n° 170 rectifié, MM. Diligent, Richert, Hérisson et Branger
proposent d'insérer, avant l'article 30, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Tout produit audiovisuel, quels qu'en soient la nature, le support, la durée
et la dénomination, donne lieu pour sa réalisation, de la part de tout
employeur, à l'établissement exclusif d'un contrat de travail de réalisateur à
objet et à durée déterminés ou à durée indéterminée ; elle est rémunérée
intégralement par un salaire. »
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent.
Cet amendement, ainsi que le suivant, vise à attirer l'attention sur la
profession de réalisateur.
La réalisation est en effet, actuellement, l'un des fondements de l'industrie
cinématographique et télévisuelle. Or, le métier de réalisateur est
véritablement dans le brouillard : soixante procès ont eu lieu récemment pour
essayer de trouver une jurisprudence.
L'un des problèmes, notamment, est celui des salaires : nombre de réalisateurs
sont rémunérés sous forme de droits d'auteur et perdent ainsi le bénéfice
social qu'ils avaient auparavant. L'amendement n° 170 rectifié vise donc à ce
qu'ils soient rémunérés par le versement d'un salaire.
Le Gouvernement s'honorerait par ailleurs en engageant une concertation avec
les représentants de la profession, en déposant un rapport dans les prochains
mois en vue d'éclairer les esprits sur des difficultés qui n'avaient pas été
prévues voilà un certain nombre d'années, et en déposant un projet de loi
instaurant une convention collective nationale de cette profession. Tel est
l'objet de l'amendement n° 171 rectifié qui viendra ensuite en discussion.
Il nous faut, à mon avis, profiter de la discussion de ce projet de loi pour
éclairer une profession qui est en plein désarroi, malgré tous les mérites
qu'elle a et les services qu'elle rend.
MM. Michel Pelchat et Louis de Broissia.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commisson s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet
amendement, qui n'a manifestement pas l'ambition de créer un statut législatif
du réalisateur ni d'aboutir à l'inscription de dispositions nouvelles dans la
loi de 1986, mais qui a le grand mérite de poser devant le Parlement les
problèmes que connaît la profession de réalisateur.
Madame la ministre, il serait utile que le Gouvernement éclaire le Sénat sur
la façon dont il envisage l'avenir d'un métier qui semble confronté à de graves
problèmes, provoqués notamment par l'évolution des techniques.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je suis sensible aux
motifs du dépôt de cet amendement, qui vise à assurer aux réalisateurs une
situation juridiquement et économiquement plus favorable qu'elle ne l'est
actuellement.
Certains producteurs, jouant sur la double qualité d'auteur au sens du code de
la propriété intellectuelle et de technicien, au sens du code du travail, ont
tendance, semble-t-il, à ne pas verser le salaire que le réalisateur est en
droit d'attendre de cette seconde qualité. Ils qualifient l'ensemble de la
rémunération de « droits d'auteur », lesquels droits étant, chacun le sait,
liés aux aléas du succès.
Toutefois, il me semble que la réponse se trouve dans l'application du code du
travail, sans qu'il soit besoin d'inclure dans la loi de 1986 une nouvelle
disposition. De surcroît, la rédaction proposée me paraît contraire aux
intérêts des auteurs. En effet, il est fait mention de l'établissement exclusif
d'un contrat de travail et d'une rémunération intégrale sous forme de salaire,
ce qui pourrait être interprété comme la possibilité de ne plus faire
référence, dans les relations entre le producteur et le réalisateur, aux règles
prévues par le code de la propriété intellectuelle, qui prévoit une
rémunération liée aux recettes de l'oeuvre et à laquelle nombre de réalisateurs
ne sauraient, à juste titre, renoncer.
Je ne peux donc qu'être défavorable à cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 170 rectifié.
M. André Diligent.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent.
Madame le ministre, vos explications sont sans doute justes, et le rapport
dont je souhaite l'élaboration permettra précisément de le démontrer : toute la
lumière sera faite.
Par conséquent, nous ne risquons rien en votant cet amendement !
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Je remercie notre collègue André Diligent d'avoir déposé cet amendement car,
effectivement, la profession de réalisateur souffre d'un vrai malaise.
Certes, je ne méconnais pas le risque que Mme le ministre vient de nous
exposer : les donneurs d'ordre auront tendance à tout inclure dans la
rémunaration forfaitaire et à supprimer les droits d'auteur, ce qui, en cas de
succès, engendrera effectivement un préjudice important pour les intéressés.
Dans ces conditions, une rédaction précise devrait permettre d'éviter ce
risque tout en prévoyant une rémunération salariale au réalisateur quel que
soit le succès, quels que soient les éventuels droits ultérieurs, qu'il faut
préserver.
Je voterai donc l'amendement de M. Diligent, afin qu'une solution convenable
soit trouvée face au malaise de la profession, les réalisateurs devant pouvoir
continuer d'exercer leur travail dans notre pays.
M. Jacques Machet.
Très bien !
M. Louis de Broissia.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est M. de Broissia.
M. Louis de Broissia.
Comme M. Pelchat, je remercie notre collègue M. Diligent d'avoir déposé cet
amendement. J'avais d'ailleurs envisagé de proposer moi-même un tel dispositif,
mais je ne l'ai pas fait lorsque l'amendement de M. Diligent m'a été
transmis.
Dans la mesure où nous examinons un projet de loi sur la communication
audiovisuelle, il est tout à fait légitime que nous nous penchions sur le
malaise que connaissent les réalisateurs en France, mais aussi en Europe.
L'explication de Mme le ministre est effectivement tout à fait justifiée : le
code du travail répond en large partie à ce problème. Néanmoins, je reste un
peu sur ma faim et le rapport souhaité par M. Diligent pourrait nous éclairer
non seulement sur la question délicate des droits des auteurs, des interprètes,
des artistes, des solistes, mais aussi sur la situation exacte des
réalisateurs.
Nous avons été très largement sollicités depuis au moins une dizaine d'années
sur ce sujet. J'aimerais donc que ce rapport soit établi, tant sur le plan
français que sur le plan européen.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
La rédaction de cet
amendement n'est pas claire. En effet, dans la quatrième et dernière ligne, il
est indiqué : « elle est rémunérée intégralement par un salaire ». Je vois pas
bien à quoi ce pronom féminin se rapporte !
M. André Diligent.
C'est la parité !
(Sourires.)
M. Michel Pelchat.
A la réalisation !
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Si la réalisation est
rémunérée intégralement par un salaire, cela supprime les droits d'auteur !
M. Henri Weber.
Absolument !
M. André Diligent.
Dans ces conditions, supprimons le mot : « intégralement » !
M. Michel Pelchat.
Et écrivons : « notamment » !
M. André Diligent.
Oui ! Je rectifie mon amendement dans ce sens, monsieur le président.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 170 rectifié
bis,
présenté par
MM. Diligent, Richert, Hérisson et Branger, et tendant à insérer, avant
l'article 30, un article additionnel ainsi rédigé :
« Tous produit audiovisuel, quels qu'en soient la nature, le support, la durée
et la dénomination, donne lieu, pour sa réalisation, de la part de tout
employeur, à l'établissement exclusif d'un contrat de travail de réalisateur à
objet et à durée déterminés ou à durée indéterminée ; cette réalisation est
rémunérée notamment par un salaire. »
Quel est l'avis de la commission après cette rectification ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission ne modifie pas son avis : elle s'en remet à la
sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement demeure
défavorable à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 170 rectifié
bis
, repoussé par le
Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 30.
Par amendement n° 171 rectifié, MM. Diligent, Richert, Hérisson et Branger
proposent d'insérer, avant l'article 30, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Dans un délai de trois mois à compter de la publication de la présente loi,
le Gouvernement remettra au Parlement un rapport sur la situation des
réalisateurs et présentera un projet de loi relatif au statut du réalisateur et
instaurant une convention collective nationale de cette profession. »
M. Diligent a déjà défendu cet amendement précédemment.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission est défavorable à cet amendement. L'injonction
qui est faite au Gouvernement de déposer un projet de loi n'apparaît pas
conforme à la Constitution.
Cela étant, la commission pourrait reconsidérer sa position si M. Diligent se
contentait de demander un rapport et non le dépôt d'un projet de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je n'ignore pas que la
revendication d'un statut législatif pour la profession de réalisateur est
récurrente. J'ai déjà eu l'occasion, d'ailleurs, de me prononcer à plusieurs
reprises sur ce sujet, notamment en réponse à une question écrite en juin
1999.
Je rappelle toutefois que l'édiction d'un statut législatif au bénéfice d'une
catégorie de professionnels déterminée doit rester une procédure
exceptionnelle, motivée par la nature particulière du travail ou par des
considérations d'intérêt général.
Par ailleurs, comme je l'ai précédemment expliqué, diverses dispositions
législatives prennent déjà en compte la situation du réalisateur
audiovisuel.
S'agissant du problème de la convention collective, je rappelle que, s'il
appartient à la loi de déterminer les règles de la négociation collective et le
régime juridique des conventions qui en sont issues, la loi ne saurait aller
au-delà et instaurer une telle convention.
J'ajoute que des négociations ont été engagées entre les partenaires concernés
pour l'élaboration d'une convention nationale des techniciens de la production
audiovisuelle, qui intéresse directement les réalisateurs.
Enfin, M. le rapporteur a lui-même indiqué que cet amendement comportait une
injonction du législateur au Gouvernement, et je ne peux donc qu'y être
défavorable, ne serait-ce que pour cette dernière raison.
M. le président.
Monsieur Diligent, Mme le ministre n'a pas invoqué l'article 41 de la
Constitution, mais, si elle le faisait, je serais obligé de consulter M. le
président du Sénat, et donc de suspendre la séance dans l'attente de sa
réponse.
Dans ces conditions, acceptez-vous de rectifier votre amendement ?
M. André Diligent.
Je ne voudrais pas prolonger ce débat et mettre mes collègues dans l'embarras
!
Par conséquent, j'accepte de rectifier mon amendement.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 171 rectifié
bis,
présenté par
MM. Diligent, Richert, Hérisson et Branger, et tendant à insérer, avant
l'article 30, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai de trois mois à compter de la publication de la présente loi,
le Gouvernement remettra au Parlement un rapport sur la situation des
réalisateurs. »
Quel est l'avis de la commission compte tenu de cette rectification ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement s'en remet
à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 171 rectifié
bis,
accepté par la
commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. Michel Pelchat.
Très bien !
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 30.
(M. Guy Allouche remplace M. Paul Girod au fauteuil de la présidence.)
PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE,
vice-président
Article 30
M. le président.
« Art. 30. _ I. _ Au 1° de l'article 10 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre
1986 précitée, les mots : "aux articles 25 et 31" sont remplacés par les mots :
"aux articles 25 et 33-2".
« II. _ Au dernier alinéa de l'article 12 de la même loi, les mots :
"mentionnés aux articles 24, 25 et 31" sont remplacés par les mots : "diffusés
par voie hertzienne terrestre ou par satellite".
« III. _ L'article 24 de la même loi est abrogé.
« III
bis.
_ Dans le premier alinéa de l'article 27 de la même loi,
après les mots : "voie hertzienne terrestre", sont insérés les mots : "en mode
analogique".
« III
ter.
_ Dans le premier alinéa de l'article 28 de la même loi,
après les mots : "voie hertzienne terrestre", sont insérés les mots : "en mode
analogique".
« III
quater
. _ Dans le premier alinéa de l'article 29 de la même loi,
après les mots : "voie hertzienne terrestre", sont insérés les mots : "en mode
analogique".
« III
quinquies
. _ Dans le premier alinéa de l'article 30 de la même
loi, après les mots : "voie hertzienne terrestre", sont insérés les mots : "en
mode analogique".
« IV. _ Au premier alinéa de l'article 33-1 de la même loi, les mots : "en
application des articles 29, 30, 31 et 65" sont remplacés par les mots : "en
application des articles 29 et 30".
« V. _ A l'article 33-3 de la même loi, les mots : "à l'article 34-1" sont
remplacés par les mots : "à l'article 33-1".
« VI. _ Dans le troisième alinéa (2° ) de l'article 43 de la même loi, les
mots : "aux articles 34 et 34-1" sont remplacés par les mots : "aux articles
33-1 et 34".
« VII. _ Au premier alinéa de l'article 70 de la même loi, les mots : "en
application des articles 30, 31 et 65" sont remplacés par les mots : "en
application de l'article 30".
« VIII. _ Au deuxième alinéa de l'article 78-1 de la même loi, les mots :
"quatrième alinéa de l'article 34" sont remplacés par les mots : "sixième
alinéa de l'article 34".
« IX. _ A l'article 4 de la loi n° 96-299 du 10 avril 1996 relative aux
expérimentations dans le domaine des technologies et services de l'information,
les mots : "à l'article 34-1" sont remplacés par les mots : "à l'article
33-1".
« X. _ Au premier alinéa de l'article 5 de la loi n° 96-299 du 10 avril 1996
précitée, les mots : "aux articles 28 et 34-1" sont remplacés par les mots :
"aux articles 28 et 33-1".
« XI. _ Les articles 26 et 27 de la loi n° 89-25 du 17 janvier 1989 modifiant
la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication
sont abrogés. »
Par amendement n° 85, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer le III
bis
de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec la création
d'un régime juridique de la diffusion hertzienne de terre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable, par
coordination.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 85, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 86, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer le III
ter
de l'article 30.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit encore d'un amendement de coordination avec la
création d'un régime juridique de la diffusion hertzienne de terre.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable, par
coordination.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 86, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 87, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer le III
quater
de l'article 30.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Même objet, monsieur le président.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 87, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 88, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de supprimer le III
quinquies
de l'article 30.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit également d'un amendement de coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par le gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 89, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger ainsi le IV de l'article 30 :
« IV. - Au premier alinéa de l'article 33-1 de la même loi, les mots : "en
application des articles 29, 30, 31 et 65" sont remplacés par les mots : "en
application des articles 29, 30 et 33-2". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit encore d'un amendement de coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Cette fois-ci, le
Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 89, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 259, MM. Valade, Gouteyron, Huriet, Hugot, Collin, Gerbaud,
Nachbar et Richert proposent d'insérer, après le paragraphe VI de l'article 30,
un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... La première phrase de l'article 45-3 de la même loi est ainsi rédigée :
"Sauf opposition des organes dirigeants des sociétés de programme mentionnées à
l'article 45-2, tout distributeur de services est tenu de diffuser, à ses
frais, les programmes de La Chaîne Parlementaire.". »
La parole est à M. Gouteyron.
M. Adrien Gouteyron.
Je suis cosignataire de cet amendement avec un certain nombre de nos
collègues, dont le président Valade.
Il s'agit d'opérer une coordination entre la loi du 30 décembre 1999, qui crée
La Chaîne Parlementaire, et le présent projet de loi : l'article 25 comportant
une définition de la notion de distributeur de services, il n'est plus
nécessaire de faire figurer cette définition dans la loi de 1986.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement s'en remet
à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 259, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 90, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger ainsi le VII de l'article 30 :
« VII. - Au premier alinéa de l'article 70 de la loi du 30 septembre 1986
précitée, les mots : "en application des articles 30, 31 et 65" sont remplacés
par les mots : "en application des articles 30 et 33-2". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement s'en remet
à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 90, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 91, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger ainsi le VIII de l'article 30 :
« VIII. - Au deuxième alinéa de l'article 78-1 de la loi du 30 septembre 1986
précitée, les mots : "quatrième alinéa de l'article 34" sont remplacés par les
mots : "cinquième alinéa de l'article 34". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 30, modifié.
(L'article 30 est adopté.)
Article additionnel après l'article 30
M. le président.
Par amendement n° 236, Mme Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche,
Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, d'insérer
après l'article 30, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 22 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée est complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« Jusqu'au 30 juin 2001, le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'est pas tenu
de lancer des appels à candidatures pour les fréquences disponibles lorsque,
conformément aux dispositions du deuxième alinéa de l'article 1er, leur
attribution risquerait d'entraver les expérimentations ou la mise en place de
la diffusion numérique hertzienne terrestre. »
La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je ne voudrais pas que la rédaction de l'objet de notre amendement puisse
introduire un doute dans l'esprit de certains.
En effet, nous avons écrit : « Il convient de permettre au CSA de procéder à
un gel des fréquences disponibles afin de ne pas créer des situations acquises
interdisant l'arrivée de nouveaux entrants lors de la mise en place de la
télévision numérique hertzienne terrestre. »
Nous savons tous de quoi il s'agit : si une fréquence analogique est libérée,
le CSA se trouve dans l'obligation de faire appel à candidatures en application
d'une jurisprudence du Conseil d'Etat, mais nullement en application de la loi.
Or il est évident que le CSA doit recouvrer sa liberté et ne pas faire appel,
éventuellement, à candidatures, non pas peut-être pour une télévision locale et
associative qui ne gênerait personne en diffusant quelques heures pour une
durée de six mois, mais, par exemple, pour certains qui voudraient s'installer
dans le paysage audiovisuel sachant que le Conseil supérieur de la
magistrature...
(Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Louis de Broissia.
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Pardonnez-moi ce lapsus, mes chers collègues, mais j'ai du mal à « digérer »
la manière dont le Congrès a été décommandé lundi dernier !
(Sourires.)
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel donc devrait définir une politique
d'ensemble en attendant le numérique. En effet, à l'évidence, celui qui
détiendrait une fréquence analogique prétendrait ensuite avoir une priorité
pour obtenir une fréquence numérique. Il faut rendre au CSA la liberté qui
était la sienne et qu'est venue restreindre la décision du Conseil d'Etat que
vous connaissez.
Sachant que vous êtes de fervents partisans de la liberté d'appréciation du
Conseil supérieur de l'audiovisuel, je ne doute pas que vous réserviez à notre
amendement le succès qu'il mérite.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
L'objectif de cet amendement est de renverser la
jurisprudence du Conseil d'Etat « SARL JL Electronic » du 29 juillet 1998.
Elaborée à l'occasion des contestations touchant le gel des fréquences
affectables à la télévision analogique locale de terre, cette jurisprudence
oblige le CSA à lancer des appels à candidatures pour les fréquences vacantes
en dehors de tout plan d'ensemble.
La liberté d'action n'est cependant rendue au CSA par cet amendement que dans
l'intention de lui permettre de procéder à un gel des fréquences disponibles
afin de ne pas gêner l'arrivée de nouveaux entrants lors de la mise en place de
la télévision numérique hertzienne de terre, comme l'explique l'objet de
l'amendement n° 236.
Du fait de cet objectif restreint, cet amendement apparaît susceptible de
justifier le gel des fréquences analogiques nécessaires au lancement du projet
de déploiement d'une quinzaine de télévisions d'agglomération soutenu par la
presse quotidienne régionale, et auquel la commission des affaires culturelles
a apporté son soutien.
La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Le Gouvernement était
défavorable à cet amendement, mais la défense qui vient d'en être faite apporte
un éclairage différent.
Cela étant, même si je comprends le souci de Mme Pourtaud, qui craint que le
CSA ne soit juridiquement contraint, conformément à la jurisprudence du Conseil
d'Etat, de lancer des appels à candidatures pour des fréquences analogiques -
même dans le cas où ce serait au détriment des nécessités futures du
déploiement du numérique - tant que la planification des fréquences ne sera pas
plus avancée nous ne saurons pas si ce risque est avéré. En conséquence, cette
disposition, de nature temporaire, pourrait n'avoir aucun objet.
En outre, il paraît de mauvaise technique juridique qu'un article particulier
de la loi vienne modifier l'article 1er de cette même loi, qui a un caractère
fondamental puisqu'il détermine les limites légitimes pouvant être apportées
par le CSA à la liberté de communication. L'objectif visé devrait être atteint
par une modification directe de l'article 1er.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 236 tel qu'il est
actuellement rédigé.
M. le président.
Madame Pourtaud, votre amendement est-il rectifié ainsi que vous le suggère
Mme le ministre ?
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, après avoir entendu les remarques de Mme la ministre,
je rectifie l'amendement n° 236 afin de remplacer les mots « L'article 22 » par
les mots « Le deuxième alinéa de l'article 1er ».
Par ailleurs, je supprime les mots : « , conformément aux dispositions du
deuxième alinéa de l'article premier,... »
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 236 rectifié, présenté par Mme Pourtaud,
MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du groupe
socialiste et apparentés, et tendant à insérer, après l'article 30, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa de l'article 1er de la loi n° 86-1067 du 30 septembre
1986 précitée est complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« Jusqu'au 30 juin 2001, le Conseil supérieur de l'audiovisuel n'est pas tenu
de lancer des appels à candidatures pour les fréquences disponibles lorsque
leur attribution risquerait d'entraver les expérimentations ou la mise en place
de la diffusion numérique hertzienne terrestre. »
Quel est l'avis de la commission sur cet amendement ainsi rectifié ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Je loue l'effort d'imagination de notre collègue, mais je
crains que la réponse apportée au problème ne soit vraiment disproportionnée.
L'article 1er de la loi de 1986 pose les principes de la liberté de
communication. Je demanderai du temps pour étudier de façon approfondie toutes
les implications d'une telle évolution.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Sur la forme, je comprends
que l'objection que j'ai formulée pose des difficultés de procédure.
Sur le fond, il me paraîtrait plus raisonnable de revoir ce problème en
deuxième lecture. A défaut, je m'en remettrai à la sagesse de la Haute
Assemblée.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 236 rectifié.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Je suis contre cet amendement car celui-ci n'apporte rien au texte, et je m'en
explique.
Certes, j'ai bien compris la problématique soulevée. Effectivement, le CSA est
amené aujourd'hui à lancer des appels à candidatures pour les fréquences
analogiques disponibles, ce qui obérerait d'autant les possibilités futures
d'attribution de fréquences numériques hertziennes.
Mais le problème est que, si cet amendement est adopté, c'est la loi
actuellement en vigueur qui continuera de s'appliquer jusqu'à la publication de
la loi que nous sommes en train de discuter. Le jour où cette dernière sera
publiée, nous aurons légiféré sur le numérique et le CSA saura comment
attribuer les fréquences numériques. En conséquence, ce problème réel que vous
soulevez aujourd'hui n'existera plus, car le CSA disposera alors d'un cadre
juridique pour procéder aux attributions de fréquences numériques.
Si je comprends la préoccupation des auteurs de l'amendement, je ne voudrais
pas laisser croire à l'opinion - vous le savez, nos débats sont parfois mal
interprétés, malheureusement - que le Sénat s'est prononcé contre l'attribution
de fréquences aux télévisions locales.
Effectivement, dans certains lieux, peut-être que plusieurs fréquences
disponibles pourraient permettre d'attribuer dès aujourd'hui une fréquence
analogique à une télévision locale sans perturber pour autant demain une
distribution des fréquences hertziennes numériques. Mais l'adoption de cet
amendement pourrait être interprétée, je le répète, comme une volonté du Sénat
de s'opposer à l'attribution de fréquences analogiques à des télévisions
locales.
C'est pourquoi je ne suis pas favorable à cet amendement. D'une part, il
n'apporte rien dans l'immédiat et, d'autre part, il n'empêchera pas les
pétitionnaires de former des recours pour demander au CSA de lancer un appel à
candidatures pour les fréquences analogiques hertziennes disponibles.
La seule réponse que nous puissions apporter à ce problème - je m'adresse à
Mme le ministre - est d'arriver rapidement au terme de la procédure et à la
publication de la loi. Mais j'ai cru comprendre que ce n'était pas la voie dans
laquelle s'engageait le Gouvernement, même si cela n'est pas de votre fait,
madame le ministre, au vu de toute une série d'événements qui surgissent, et
notamment le problème d'Arte.
Personnellement, il ne me paraît pas raisonnable de reporter à la fin du mois
de mars la discussion de ce texte en deuxième lecture par l'Assemblée
nationale, et au mois d'avril l'examen par le Sénat. Et je ne parle pas de
toutes les incertitudes qui pèsent encore sur ce texte, quant à la cinquième
chaîne, au numérique hertzien qu'il faudra entièrement revoir, à la
réglementation relative à Internet, autant de questions que nous n'avons fait
qu'ébaucher et que nous devrons approfondir en deuxième lecture.
Je le répète, je comprends la préoccupation nos collègues, mais la meilleure
façon d'y répondre est d'adopter définitivement cette loi et de la publier très
rapidement.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je voudrais répondre aux objections qui nous ont été faites.
Tout d'abord, sur la forme, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Ce qui
importe, c'est que ce texte fasse l'objet de la navette afin que l'Assemblée
nationale en soit saisie. Qu'il soit rattaché à l'article 1er, comme vous
l'avez souhaité, madame la ministre, peu importe, l'essentiel est qu'il figure
dans le projet de loi.
Je voudrais maintenant réagir aux propos de notre collègue M. Pelchat. Nous
avons dit très clairement que cela ne doit pas empêcher d'accorder une
fréquence à une association, cela va de soi. Nous ne demandons pas le gel des
attributions, nous demandons la possibilité pour le CSA de ne pas accorder.
Le rapporteur a pris un exemple sur lequel je vais le suivre. Il nous a dit
que la commission avait pris position en faveur des projets du syndicat de la
presse quotidienne régionale. Je crois avoir suivi les travaux du Sénat avec
assiduité, je n'ai pas eu le sentiment que l'on ait pris cette position. Si tel
est le cas, c'est grave parce que, en tout état de cause, il faudrait éviter -
et rien dans le texte ne le permet - qu'il puisse y avoir un monopole double,
et dans la presse écrite et dans la télévision régionale. Personne ne le
souhaite, j'imagine.
Or, en certains endroits, la presse régionale jouit, en effet, d'un monopole
total. Il faut donc bien en discuter ; il faut bien qu'éventuellement des
dispositions soient prises à cet égard ; il faut que le CSA puisse en discuter
et savoir quelle politique il arrêtera. De même, je crois bien avoir reçu une
lettre assez comminatoire où il était question de « syndication de la publicité
». Cela m'effraie beaucoup car personne ne doit avoir le monopole de la
publicité, et surtout pas des groupes qui, souvent, appartiennent à des
personnes qui ont fait fortune dans l'industrie du ciment ou dans la
distribution de l'eau plutôt que dans les métiers de la presse proprement dits.
Telle est la réalité.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette question mérite un débat non
seulement ici, mais aussi au CSA. La question n'est pas de savoir si vous avez
pris position, monsieur le rapporteur, mais ce qu'en pense le CSA. Il est donc
souhaitable de lui laisser la liberté d'apprécier.
M. Michel Pelchat nous dit : de toute façon, lorsque cette loi sera votée, on
aura déjà légiféré sur le numérique, des décrets d'application seront peut-être
même prévus pour le numérique avant que tous les décrets ne soient pris sur la
liberté de communication, vous prenez donc des précautions.
Vous êtes d'accord avec nous, mais vous avez peur que les décisions ne soient
prises trop tard. Vous êtes d'accord avec nous, admettez donc l'hypothèse que
nous arrivions moins tard que vous ne le craigniez !
Je suis certain de vous avoir convaincu avec cet argument, qui me paraît fort,
et je demande au Sénat de voter l'amendement n° 236 rectifié.
M. Alain Joyandet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet.
Je ne peux pas soutenir cet amendement, mais sans doute pas exactement pour
les mêmes raisons que notre collègue M. Michel Pelchat.
Sur le fond, il me semble en effet que la quantité de fréquences disponibles
étant relativement limitée, s'il y a des possibilités de diffusion nouvelles,
il faut les encourager et non pas geler des fréquences.
Actuellement, notamment dans les régions, la demande est de plus en plus
forte. Si nous avons des fréquences à proposer, il me semble tout à fait
opportun de les attribuer, y compris si cela doit constituer un précédent pour
le numérique hertzien terrestre.
Quant à la forme, ensuite, je suis assez inquiet en ce qui concerne les
délais. L'échéance est certes fixée au mois de mars, mais elle ne sera pas
nécessairement respectée.
Ce projet de loi a déjà connu bien des soubressauts et il peut en subir encore
! Il ne faudrait pas que cette situation de gel, même partiel, se prolonge. Les
associations ont en effet besoin d'espaces de liberté supplémentaires.
Mme Danièle Pourtaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Je suis quelque peu surprise de l'ampleur que prend le débat. N'est-ce pas
accorder un excès d'honneur à cet amendement que de penser qu'il prévoit le
dispositif qui permettrait à la presse d'accéder ou de ne pas accéder à la
télévision locale et de trouver les recettes lui permettant de le faire ?
Revenons-en au texte proprement dit !
Il s'agit de rendre au CSA sa liberté, étant donné la jurisprudence actuelle
du Conseil d'Etat, pour lui permettre de rendre possible l'installation du
numérique hertzien sur l'ensemble du territoire.
En effet, vous le savez très bien, mes chers collègues, il existe des endroits
où les fréquences disponibles sont abondantes, mais il en existe aussi d'autres
où ce n'est pas le cas. Il s'agit donc non pas, comme l'a dit M. Pelchat,
d'interdire au CSA, quand il y a plusieurs fréquences, d'en attribuer et de
lancer les appels d'offres correspondants, mais de lui permettre de ne pas le
faire lorsque les fréquences ne sont pas suffisamment nombreuses, afin que,
lorsque nous ouvrirons le numérique hertzien - et je souhaite autant que vous,
mon cher collègue, que cela arrive prochainement - il reste suffisamment de
fréquences pour que les opérateurs, auxquels on demandera d'utiliser le
numérique hertzien tout en continuant à diffuser par la voie analogique - ce
qui ne libérera donc pas de fréquence - puissent diffuser en numérique
hertzien.
Je voudrais dire à notre collègue Michel Pelchat que je souhaite bien entendu,
tout comme lui, que cette loi, lorsqu'elle aura été votée, ouvre la possibilité
de commencer la diffusion par voie numérique hertzienne. Cependant, j'ai
tendance à penser que cela ne sera pas, à défaut du grand soir, le grand matin,
c'est-à-dire que cela ne se fera pas du jour au lendemain. En attendant, nous
nous trouvons donc toujours dans la même situation.
Par ailleurs, si cet amendement était voté aujourd'hui, les dispositions qu'il
prévoit ne seraient pas opérationnelles demain, mais le CSA pourrait peut-être
quand même s'appuyer sur elles parce que les débats parlementaires ne sont pas
secrets et qu'il n'est pas inhabituel que l'on prenne appui sur ces derniers
pour créer ou inverser une jurisprudence.
Je tenais à recadrer le débat parce que ce texte répond à l'attente d'un
certain nombre de parlementaires présents dans cet hémicycle. J'espère donc
qu'ils le voteront.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Après Mme Pourtaud, je
réaffirme qu'il s'agit de permettre au CSA de disposer des fréquences
nécessaires lors du passage au numérique hertzien terrestre.
Je voudrais aussi rassurer M. Pelchat. En effet, dans la communication que
j'ai présentée en conseil des ministres sur la diffusion numérique hertzienne
terrestre, j'ai indiqué qu'il était nécessaire que le CSA se fonde sur un plan
précis pour attribuer les nouvelles fréquences disponibles sur le réseau
numérique hertzien. Voilà pourquoi il convient que le CSA puisse aujourd'hui
bloquer l'attribution des fréquences.
Le CSA peut d'ores et déjà agir conformément aux souhaits exprimés par Mme
Pourtaud.
Par ailleurs, la seule discussion devant le Sénat de cet amendement permet au
CSA de justifier ses décisions.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 236 rectifié, repoussé par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 31
M. le président.
« Art. 31. _ I. _ Les éditeurs de services diffusés par satellite n'ayant pas
encore conclu une convention avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel au
titre de la distribution par câble disposent d'un délai de trois mois à compter
de la publication du décret prévu à l'article 33 de la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986 précitée dans la rédaction résultant de l'article 24 de la
présente loi pour conclure la convention prévue à l'article 33-1 de la loi n°
86-1067 du 30 septembre 1986 précitée.
« II. _ Les distributeurs de services diffusés par satellite disposent d'un
délai de trois mois à compter de la publication du décret prévu à l'article
34-2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 précitée pour effectuer la
déclaration prévue à ce même article. »
Par amendement n° 92, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, dans le II de cet article, de remplacer les mots : « du
décret prévu » par les mots : « des décisions du Conseil supérieur de
l'audiovisuel prévues ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 31, ainsi modifié.
(L'article 31 est adopté.)
Article 31
bis
M. le président.
« Art. 31
bis
. _ Après le troisième alinéa de l'article L. 421-3 du
code de l'urbanisme, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les immeubles collectifs à usage d'habitation dont la demande de permis
de construire est déposée à compter de la date d'entrée en vigueur de la loi n°
du modifiant la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la
liberté de communication, ce permis ne peut être délivré que si le
pétitionnaire s'engage à poser sur la toiture de l'immeuble projeté une antenne
collective de réception des programmes diffusés par satellite ou à raccorder
l'immeuble à un réseau distribuant par câble des services de radiodiffusion
sonore ou de télévision. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 93, M. Hugot, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, après le mot : « délivré », de rédiger comme suit la fin
du texte présenté par l'article 31
bis
pour être inséré après le
troisième alinéa de l'article L. 421-3 du code de l'urbanisme : « que si la
demande prévoit les installations techniques permettant d'assurer dans chaque
logement la réception des services de radiodiffusion sonore et de télévision
diffusés par voie hertzienne terrestre, par câble et par satellite. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 237, présenté par Mme
Pourtaud, MM. Dreyfus-Schmidt, Collomb, Lagauche, Weber et les membres du
groupe socialiste et apparentés, et tendant, à la fin du texte proposé par
l'amendement n° 93, à remplacer les mots : « par câble et satellite » par les
mots : « par câble ou par satellite ».
Par amendement n° 135, M. Pelchat propose, après les mots : « relative à la
liberté de communication », de rédiger ainsi la fin du texte présenté par
l'article 31
bis
pour compléter l'article L. 421-3 du code de
l'urbanisme : « , le permis ne peut être délivré que si le pétitionnaire a
prévu les installations techniques propres à assurer pour chaque logement la
possibilité de recevoir les services de radiodiffusion sonore ou de télévision
diffusés par voie hertzienne terrestre, par câble ou par satellite. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 93.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
L'Assemblée nationale a inséré dans le projet de loi une
disposition dont l'objet est de lutter contre la prolifération des paraboles
individuelles sur les immeubles collectifs d'habitation. Ce dispositif impose
l'établissement d'antennes paraboliques collectives dans les zones non câblées,
ce qui fera obstacle à la création de nouveaux réseaux et au déploiement de la
diffusion hertzienne terrestre numérique dont la réception ne nécessite pas la
mise en place de paraboles.
Il est donc préférable d'adopter une rédaction imposant, dans les immeubles
neufs, un système de réception collective raccordable indifféremment à une
parabole, à une antenne pour le réseau hertzien terrestre ou au réseau câblé.
Ce dispositif permet en effet de ne pas préjuger les choix des occupants des
immeubles collectifs entre les systèmes de réception des services de
communication audiovisuelle.
M. le président.
La parole est à M. Dreyfus-Schmidt, pour défendre le sous-amendement n°
237.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Nos collègues députés ont eu, comme toujours, une excellente idée !... mais il
semble tout de même que le mieux soit l'ennemi du bien.
Pour essayer d'empêcher la floraison des antennes, des paraboles, ils ont en
effet prévu que, dans la demande de permis de construire des immeubles
collectifs à usage d'habitation, le demandeur s'engage à poser sur la toiture
de l'immeuble projeté une antenne collective de réception des programmes
diffusés par satellite ou à raccorder l'immeuble à un réseau distribuant par
câble des services de radiodiffusion sonore ou de télévision.
La commission des affaires culturelles, quant à elle, est allée encore
beaucoup plus loin puisqu'elle demande que, dans chaque logement, soit assurée
la réception de services de radiodiffusion sonore et de télévision diffusés par
voie hertzienne terrestre par câble et par satellite.
Tout d'abord, il faut penser qu'il existe des zones d'ombre et nous sommes un
certain nombre à nous en préoccuper. Dans ces zones d'ombre, ce n'est peut-être
pas la peine d'engager des frais supplémentaires qui ne serviront à rien.
Il faut ensuite penser aux autres zones où il n'est sans doute pas nécesaire
d'engager des frais aussi importants.
Dans ces conditions, il paraît normal de prévoir la possibilité d'un choix, et
tel est exactement le sens du sous-amendement n° 237 du groupe socialiste.
C'est d'autant plus justifié que les installations qui existent actuellement
pour capter le satellite ne seront pas suffisantes pour recevoir de nouvelles
chaînes par satellite, et qu'il faudra faire appel à de nouvelles
installations, ce qui reviendra extrêmement cher.
Si l'idée est bonne, elle mérite d'être appronfondie. Il nous semble en tout
cas que notre proposition constitue un progrès par rapport aux suggestions de
la commission, qui en a rajouté dans la recherche du toujours plus par rapport
à une Assemblée nationale qui était déjà allée bien loin, nous semble-t-il.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat, pour présenter l'amendement n° 135.
M. Michel Pelchat.
Il faut que, parmi les contraintes imposées aux constructeurs d'immeuble,
figure la possibilité de recevoir tous les systèmes de réception collective.
Il est cependant exact que nous pouvons éviter d'installer certains
équipements dans les zones d'ombre.
Je note cependant, mes chers collègues, que si l'hertzien numérique ne doit
être reçu que par moins de 70 % de nos concitoyens, un effort exceptionnel doit
être réalisé, notamment en faveur du secteur public. Il faut dégager les moyens
pour répondre aux besoins de l'intégralité de la population. Mais je reconnais
que cela représente un effort considérable.
Quant aux opérateurs privés, ils iront, comme ils le font toujours, là où la
population est la plus importante, car ils ne vont pas investir des milliards
pour une diffusion limitée à quelques habitations, à moins qu'ils n'y trouvent
un intérêt économique. Mais c'est un autre problème !
Je le rappelais tout à l'heure à l'occasion de l'examen d'autres amendements,
il faut établir des conditions d'équité, parce qu'ils sont concurrents, entre
la diffusion par câble et la diffusion par satellite, et les moyens collectifs
de réception doivent par conséquent être intégrés tant pour l'un que pour
l'autre. Ces deux points me paraissent importants.
Tel est l'objet de l'amendement que je vous propose d'adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 237 et sur
l'amendement n° 135 ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission est favorable au sous-amendement n° 237.
Bien que l'amendement n° 135 est un objet identique, la commission ne peut y
être favorable, car il porte sur un alinéa du projet de loi que l'amendement n°
93 de la commission des affaires culturelles modifié.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 93, sur le sous-amendement
n° 237 et sur l'amendement n° 135 ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
L'amendement n° 93 tend à
favoriser la mise en place d'installations techniques collectives dans les
immeubles neufs lors de la délivrance des permis de construire.
Le sous-amendement n° 237 et l'amendement n° 135 en tendant à remplacer la
conjonction « et » par « ou », engagent moins le choix définitif de
l'installation collective.
Une mise au point est nécessaire, car plusieurs amendements comparables ont
été déposés devant l'Assemblée nationale.
Cet article 31
bis
me paraît inutile pour plusieurs raisons.
D'abord, vous savez que l'installation des antennes collectives doit, selon
l'article 34 de la loi de 1986, être autorisée par les communes. Comment
concilier cette obligation avec celle que vous voulez aujourd'hui imposer dès
la construction de l'immeuble ?
Ensuite, nous ne pouvons envisager d'imposer une solution quelconque de
réception des programmes lors de la construction d'un immeuble neuf. Le
constructeur ne peut se substituer au choix que les occupants seront
ultérieurement et légitimement amenés à faire quant aux programmes qu'ils
souhaitent recevoir. Vous savez que ce libre choix répond à un impératif de
libre réception des programmes garanti par l'article 10 de la Déclaration
européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
J'ajoute que ce qui vaut pour le choix collectif des copropriétaires ou des
locataires vaut également à titre indididuel. Je sais que nombre d'élus locaux,
au rangs desquels je suis, souhaitent limiter la prolifération des paraboles
individuelles pour des motifs esthétiques...
M. Michel Pelchat.
C'est vrai !
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
... surtout lorsque des
investissements ont été faits pour le câble.
M. Michel Pelchat.
Absolument.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je partage entièrement cet
avis. Mais nous ne devons pas perdre de vue que le juge judiciaire garantit à
tout particulier la possibilité d'installer une antenne individuelle de
réception, même lorsqu'une antenne collective est installée, si cette solution
collective ne lui offre pas les programmes qu'il souhaite recevoir. C'est bien
là que le problème se pose, en particulier lorsqu'il y a un réseau câblé.
Ainsi, un mode collectif de réception des programmes - satellite ou câble et,
demain, numérique terrestre - n'empêchera jamais nos concitoyens de recevoir
d'autres programmes par le biais d'une antenne individuelle.
Enfin, je souhaite vous rappeler que le code de la construction et de
l'habitation, en son article R. 111-14, prévoit déjà que les immeubles «
doivent être munis des dispositifs collectifs nécessaires à la distribution des
services de radiodiffusion sonore et de télévision dans les logements et des
gaines ou passages pour l'installation des câbles correspondants. Ces
dispositifs collectifs doivent permettre la fourniture des services diffusés
par voie hertzienne terrestre reçus normalement sur le site, être raccordables
à un réseau câblé et conformes aux spécifications techniques d'ensemble (...)
».
Ce dispositif me paraît suffisant et conforme, dans son objet, à ce que vous
souhaitez, à savoir que des dispositifs techniques soient prévus lors de la
construction de l'immeuble pour qu'ensuite les habitants puissent
collectivement et librement choisir un mode de réception.
Pour ces raisons, je suis défavorable à l'adoption des amendements n°s 93 et
135 ainsi qu'à celle du sous-amendement n° 237.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
Madame la ministre, faut-il prendre votre propos introductif
comme étant l'amorce, qui n'a pas abouti, d'une demande de suppression de
l'article 31
bis
du projet de loi ?
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Exactement !
M. Michel Pelchat.
Si vous supprimez cet article, nous retirons nos amendements.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Il serait en effet
souhaitable de supprimer l'article 31
bis
.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Déposez un amendement tendant à cette suppression !
M. le président.
Madame la ministre, soit vous déposez au nom du Gouvernement un amendement de
suppression, soit le Sénat modifie cet article 31
bis
.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le président, si
vous m'y autorisez, je préfère déposer oralement un amendement de suppression
de l'article 31
bis
.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 264, présenté par le Gouvernement, et
tendant à supprimer l'article 31
bis
.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission est favorable à cet amendement et elle retire
l'amendement n° 93.
M. le président.
L'amendement n° 93 est retiré.
En conséquence, le sous-amendement n° 237 n'a plus d'objet.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
L'amendement n° 135 n'ayant pour seul objet que de contrer la disposition qui
privilégie, à l'article 31
bis
, la réception par satellite, je le retire
bien volontiers au profit du vôtre, madame la ministre, puisque vous
rétablissez l'équité que nous demandions.
M. le président.
L'amendement n° 135 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 264.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Mme la ministre a clairement démontré que le mieux était en effet l'ennemi du
bien. L'Assemblée nationale voulait qu'il y ait obligatoirement ou le satellite
ou le câble. C'est ce à quoi nous revenons avec notre sous-amendement n° 237 à
l'amendement n° 93, lequel précise en plus « ou la voie hertzienne terrestre
».
Notre collègue M. Pelchat a raison, il n'y a pas lieu de favoriser les uns par
rapport aux autres, car imposer tous les systèmes de réception nuit à une
liberté première à laquelle nous tenons tous.
Espérons pour l'environnement que la technique fera des progrès et que les
paraboles seront plus petites et les antennes moins multiples. Mais nous sommes
tout à fait reconnaissants au Gouvernement de déposer un amendement tendant à
supprimer l'article 31
bis
introduit par l'Assemblée nationale et nous
espérons que l'unanimité qui se dessine au Sénat pour voter cet amendement
impressionnera suffisamment les députés pour les convaincre à leur tour.
M. Louis de Broissia.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia.
Madame la ministre, je voterai votre amendement de suppression.
Je fais observer à notre collègue M. Dreyfus-Schmidt que je n'ai pas très bien
compris son argumentation sur les zones d'ombre. Le quart-monde audiovisuel
mérite de recevoir les mêmes services. Il n'est pas question d'imposer la
réception par satellite dans les zones d'ombre et d'autres systèmes dans les
zones plus peuplées, plus urbaines. Nous votons un texte sur la liberté de
communication accessible à tous, liberté fondamentale inscrite dans la
Constitution !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Bien sûr !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 264, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 31
bis
est supprimé.
Article 32
M. le président.
« Art. 32. _ La présente loi est applicable en Nouvelle-Calédonie, dans les
territoires d'outre-mer et dans la collectivité territoriale de Mayotte. »
Par amendement n° 105, M. Flosse propose de compléter
in fine
cet
article par les mots : « , à l'exception de l'article 19 pour la Polynésie
française. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 32.
(L'article 32 est adopté.)
Article additionnel après l'article 32
M. le président.
Par amendement n° 161, MM. Ralite, Renar, Mme Luc, les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 32, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai de deux ans après la promulgation de la présente loi, le
Gouvernement présentera un rapport au Parlement sur l'état des négociations
permettant :
« - la mise en oeuvre d'une politique industrielle européenne
d'investissements pour la production de programmes audiovisuels et de
logiciels.
« - la création d'un fonds de soutien à l'exportation et à la distribution de
programmes audiovisuels européens en Europe et dans le monde.
« - la mise en place d'un fonds de garantie européen pour la création
audiovisuelle. »
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Traditionnellement, en matière de politique européenne, nous sommes appelés,
au Sénat comme à l'Assemblée nationale, à ratifier un texte qui est à prendre
ou à laisser.
S'agissant d'une question aussi importante que l'audiovisuel, et à quelques
mois de la présidence française, nous devrions pouvoir donner une indication,
bien que nous ne légiférions pas, ici, au niveau européen. C'est pourquoi, avec
mes collègues, j'ai rédigé un amendement tendant à insérer un article
additionnel qui a pour objet de demander au Gouvernement, dans un délai de deux
ans après la promulgation de la présente loi, de présenter un rapport au
Parlement sur l'état des négociations permettant la mise en oeuvre d'une
politique industrielle européenne d'investissements pour la production de
programmes audiovisuels et de logiciels ; la création d'un fonds de soutien à
l'exportation et à la distribution de programmes audiovisuels européens en
Europe et dans le monde ; la mise en place d'un fonds de garantie européen pour
la création audiovisuelle.
Je suis, comme mes collègues, très attachés à ce texte, et l'audition, hier,
par la commission des affaires culturelles de Mme Viviane Reding, commissaire
européen, a renforcé encore ce sentiment. En effet, si elle nous a fait un
exposé tout à fait intéressant qui semblait, de prime abord, aller dans le sens
de nos préoccupations, sur des problèmes concrets, certains mots ont ébréché le
sens des mots de départ.
S'agissant, par exemple, des quotas, elle nous a dit non pas qu'elle y était
favorable, mais que nous devrions faire du
lobbying
pour défendre la
position française présentée comme une position quasi exclusive. Elle a même eu
cette expression : « Ce n'est vraiment pas facile, vous devez le savoir, c'est
une question de foi ». Disons que cela ne me satisfait pas.
S'agissant des financements du programme MEDIA, elle a fait valoir une
augmentation de 30 %. Mais quand on regarde les chiffres, on constate que l'on
passe de 320 millions à 400 millions d'euros. Ce n'est vraiment pas la mer à
boire, notamment pour la réalisation des programmes, d'autant que la DG IV est
en train de mener une bataille acharnée contre les aides nationales au cinéma
par rapport aux textes européens en la matière.
S'agissant de Time Warner, qui a d'abord passé un accord avec AOL, puis qui
fait maintenant de la grosse couture avec Warner Music et EMI, je m'attendais à
ce qu'elle dise que l'Europe ferait savoir à EMI qu'elle ne trouvait pas normal
ce dernier accord. Mais non ! Mme Reding nous a demandé de réfléchir, car,
puisque ces très grands s'entendent, il fallait que les petits de chez nous en
fassent autant. Mais deux petits, cela ne fera jamais un grand, alors que trois
grands, cela fera un plus grand encore ! Or cela marche comme cela depuis des
années, et là est la vraie question !
Selon le commissaire européen, l'accord AOL - Time Warner représente 350
milliards de dollars ; l'éventuel accord Canal Plus - Lagardère ne pèsera que
12 milliards de dollars !
M. Michel Pelchat.
Tout à fait !
M. Jack Ralite.
Enfin - et cela nous ramène à la proposition de notre collègue M. Diligent sur
les réalisateurs, sous la dernière forme que l'on en a retenue, quoique le
statut ne soit pas vraiment la solution même si certains le défendent, ce que
l'on peut respecter - elle a parlé des réalisateurs en disant qu'aux USA les
oeuvres étaient commerciales, qu'en Europe c'étaient des oeuvres d'art et qu'il
faudrait bien que les réalisateurs comprennent qu'une oeuvre d'art doit être
diffusée. Cela me chiffonne profondément, pour ne pas dire plus !
Je lui ai rappelé le texte de M. Prodi, dont je donne lecture pour sa première
partie : « La force de la culture américaine est symboliquement exprimée par
les mass media. Elle est en effet considérée par certains comme capable de
constituer la référence unitaire pour l'Europe à la recherche de son âme. Il
n'y a rien de scandaleux dans cette hypothèse. »
J'aime la culture américaine, mais j'aime le bouquet total de toutes les
cultures du monde, y compris les plus minoritaires. Un tel ralliement n'est pas
conforme à la tradition pluraliste du continent auquel nous appartenons.
En tout cas, il me semble intéressant de demander que soit présenté au
Parlement un rapport sur l'état d'avancement de propositions qui ne seront que
l'épanouissement de la démarche nationale, dont on discute déjà souvent
d'ailleurs, et dont Mme le ministre dans des instances internationales a
défendu le contenu avec force dans la dernière période.
Le présent amendement me semble donc mériter non seulement une écouteattentive
mais un vote positif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Paul Hugot,
rapporteur.
La commission partage les conclusions de M. Ralite et a donné
un avis favorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
J'ai attentivement écouté
le propos de M. Ralite, en particulier sur la manière dont il interprétait les
propos de la commissaire européenne, Mme Reding.
Je pense que, dans cet amendement, monsieur le sénateur, vous faites allusion
aux programmes MEDIA, qui, de fait, couvrent l'ensemble des trois points sur
lesquels vous souhaitez avoir un rapport.
C'est, en effet, le programme MEDIA sous ses formes successives qui est
l'outil financier de la politique européenne d'aide à la production de
programmes audiovisuels, programmes institués depuis 1991, mais c'est l'année
2000 qui doit voir aboutir les négociations pour fixer le programme d'action
des années 2001 à 2006, le programme MEDIA Plus, qui a déjà été évoqué dans
notre débat, mais aussi le montant de la contribution financière prévue
aujoud'hui à 400 millions d'euros.
Les négociations portent actuellement sur les trois volets suivants.
Elles portent, premièrement, sur les aides aux formations et au développement,
qui sont des mesures en amont de la réalisation et qui ne sont pas toujours
prises en compte par les régimes d'aides nationaux.
Elles portent, deuxièmement, sur les aides à la distribution, lesquelles
doivent assurer une réelle circulation des oeuvres ; l'accent sera mis sur cet
aspect dans MEDIA Plus car, sans circulation, le dispositif d'aides serait
incomplet et inopérant.
Enfin, troisièmement, elles portent sur l'aide à l'exportation, que plusieurs
de mes collègues et moi-même avons défendue pour qu'elle soit vraiment prise en
compte dans le programme MEDIA Plus. Cette aide à l'exportation doit faciliter
la présence sur les marchés internationaux et faciliter la tâche des
mandataires commerciaux.
Pour chacun de ces volets, un effort particulier sera consenti en faveur du
développement des nouvelles technologies.
Il va de soi, évidemment, et surtout en raison de la présidence française, que
ces mesures feront l'objet d'un suivi attentif des autorités françaises. Le
Parlement sera informé en tout état de cause, et cela même avant deux ans. En
effet, le problème se posera avec le plus d'acuité au moment de l'adoption du
programme MEDIA.
J'étais plutôt défavorable à cet amendement, parce que je pensais, en tout
état de cause, être entendue par la commission des affaires culturelles du
Sénat et par celle de l'Assemblée nationale quand il s'agirait de faire état de
notre action sous la présidence française de l'Union européenne.
Cela étant, un tel compte rendu peut être fait sous une autre forme, et même
si une dizaine, voire plus, de rapports sont déjà prévus par la Haute
Assemblée, je m'en remets sur ce point à sa sagesse !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 161.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Je voudrais revenir sur deux ou trois éléments qui m'amènent à soutenir la
proposition de notre collègue Jack Ralite.
Certes, nous sommes un peu isolés en Europe dans notre défense de l'exception
culturelle, mais je me dois de rappeler, madame la ministre, que nous nous
trouvons dans une situation relativement difficile à défendre face à nos
partenaires européens. En effet, l'exception culturelle est en quelque sorte
notre rempart défensif, mais l'on sait bien que, dans les batailles de cette
nature, il faut aussi développer des offensives pour opérer des percées chez
l'adversaire. Or comment cela serait-il possible, sinon en produisant des
programmes ? C'est bien la tactique qu'ont adoptée nos principaux partenaires
européens. L'Allemagne produit près de 2 000 heures d'emissions audiovisuelles
par an, l'Angleterre 1 400 heures ; quant à nous, nous n'en sommes qu'à 550
heures !
Sur leurs ondes, que reçoivent-ils en
prime time ?
90 % de production
nationale pour l'Angleterre, 70 % pour l'Allemagne, contre 47 % pour la France
!
Evidemment, quand nous leur disons que, au nom de l'exception culturelle, il
nous faut lutter contre l'invasion de nos écrans par les Américains, ils nous
répondent : mais faites comme nous ! Consacrez le même effort financier que
nous ! Vous le savez bien, mes chers collègues, les chiffres que j'ai rappelés
tout à l'heure ne concernent que le secteur public : je ne parlais pas de
l'ensemble du paysage audiovisuel anglais ou allemand, je ne parlais que des
médias publics anglais et allemands.
Là, on ne peut que rappeler la faiblesse des ressources publiques que nous
attribuons au secteur de la télévision française. Or cette faiblesse est la
cause de la fragilité de notre défense de l'exception culturelle, exception
culturelle que je soutiens également, madame la ministre, et que je vous
remercie d'avoir soutenue, comme l'a rappelé notre collègue Jack Ralite, avec
beaucoup de vigueur, de force et de conviction. Mais, vous le voyez, voilà le
défaut de notre cuirasse.
Nous ne tiendrons pas longtemps dans cette situation : nous ne parviendrons
pas à entraîner nos partenaires européens à se solidariser avec nous si, de
notre côté, nous ne faisons pas un effort dans le domaine de la production
audiovisuelle.
Cela étant, madame la ministre, si vous avez la possibilité de déposer ce
rapport en moins de deux ans, nous ne pourrons que nous en réjouir. En effet,
s'il est écrit « deux ans » dans l'amendement, j'ai bien compris que dans
l'esprit de son auteur cela signifiait : « au plus tard dans deux ans ».
En tout cas, n'oublions pas l'effort à consentir en faveur de la production.
Il interviendra encore bien des événements dans le secteur privé. Cela doit,
certes, nous préoccuper, mais surtout renforçons le pôle public, car c'est
autour d'un pôle public fort que nous pourrons résister à l'invasion de nos
écrans et faire émerger la production nationale.
Il n'y a pas d'autre solution pour que perdure une vraie télévision française,
avec de vrais auteurs français, de vraies fictions nationales, expressions de
notre culture.
(Applaudissements sur les travées des Républicains et
Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 161, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 32.
Vote sur l'ensemble
M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M.
Machet, pour explication de vote.
M. Jacques Machet.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ce long débat
aura été salutaire. Tout le monde en est ici, je crois, convaincu.
La semaine dernière, le texte que vous nous présentiez, madame la ministre,
était loin de prendre en compte les bouleversements qui déjà secouent le
secteur de l'audiovisuel. Aujourd'hui, après l'examen de 260 amendements, il
intègre une réalité technologique que tous les acteurs de l'audiovisuel
attendaient.
Nous avons au départ, madame la ministre, regretté la timidité de votre projet
de loi, l'absence de dispositions concernant la télévision numérique hertzienne
terrestre, ainsi que le développement des télévisions locales et de
proximité.
Aujourd'hui, nous estimons que le texte a été considérablement enrichi. La
navette permettra, sur un grand nombre de nouveaux articles, d'approfondir la
réflexion.
Les travaux du Sénat auront permis de moderniser ce texte, de redonner une
identité au service public, de porter une attention particulière aux programmes
et à la production, mais aussi d'engager l'indispensable transition vers la
télévision numérique hertzienne.
Je tiens ici à saluer le travail accompli par le rapporteur de la commission
des affaires culturelles, notre collègue Jean-Paul Hugot, par son président,
par le rapporteur de la commission des finances, Claude Belot, l'orfèvre
financier, et par vous, madame la ministre, qui avez été très ferme dans la
défense de la position gouvernementale, mais cela sans perdre le sourire.
J'exprime le voeu que la deuxième lecture permette d'affiner nos positions,
d'enrichir encore le texte, afin que l'audiovisuel français puisse exister dans
un contexte mondial en pleine évolution. Il nous faut encourager le
développement de nos entreprises audiovisuelles en créant un cadre législatif
lisible et stable. Le Sénat y a largement contribué au cours de cette
discussion.
La convergence de la télévision, de l'ordinateur et du téléphone est déjà une
réalité. Elle est porteuse de formidables perspectives de croissance,
auxquelles les entreprises françaises doivent participer. Conscient de cette
situation, le Sénat vient d'y apporter un éclairage et une réflexion
indispensables.
C'est pourquoi mes collègues du groupe de l'Union centriste et moi-même
voterons le texte tel qu'amendé par le Sénat.
(Applaudissements sur les
travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, avant que mon
ami Louis de Broissia explique le vote de notre groupe, je voudrais faire
quelques réflexions personnelles à propos de la contribution, modeste, que j'ai
pu apporter à ce débat et me livrer à quelques explications.
Tout d'abord, il me semble que nous devons absolument tenter de clarifier la
situation de notre audiovisuel public ; nous devons aussi combattre les
monopoles, qu'ils soient liés aux textes ou qu'il s'agisse de monopoles de
fait, monopoles publics ou privés.
Nous devons favoriser l'accès à tous les Français, si possible sans exception,
à la culture et tout particulièrement à la culture française et européenne.
Ensuite, nous devons toujours donner la priorité à l'innovation, à la création
plutôt qu'au conservatisme ou à l'immobilisme. En tout cas, c'est dans cet
esprit que j'ai apporté personnellement une contribution à nos réflexions.
L'expérience montre que, chaque fois que des espaces de liberté et de
communication supplémentaires ont été ouverts, très vite, les vertus du
pluralisme et le développement économique conséquent ont fait oublier les
craintes qu'avaient exprimées les tenants du
statu quo.
Je tiens à remercier la commission pour le travail qu'elle a accompli, tout
particulièrement son rapporteur, notre ami Jean-Paul Hugot et son président,
Adrien Gouteyron.
Le texte qui nous est proposé me semble aller dans le sens des priorités qui
doivent être les nôtres et dont j'ai constaté qu'elles étaient souvent
partagées sur toutes les travées de notre assemblée.
Je serai particulièrement attentif sur deux points, madame la ministre.
Il s'agit, d'abord, du financement de notre audiovisuel public. Au début de
nos travaux, je n'ai absolument pas voulu dire qu'il fallait à tout prix
privatiser une partie de notre service public, et j'espère m'être bien fait
comprendre à cet égard, mais vous devez impérativement vous battre - nous vous
aiderons ! - pour qu'il obtienne plus de moyens.
Comme notre collègue M. Pelchat le disait tout à l'heure, à propos de la
création et de la production, si nous voulons que notre audiovisuel public
résiste aux grandes concentrations internationales, il faut qu'il ait des
moyens. Or je crains fort - et mes inquiétudes ont été renforcées depuis le
début de ce débat - que, dans un avenir très proche, notre audiovisuel public
n'ait pas assez d'argent.
Je prends date aujourd'hui. Si on ne lui accorde pas des moyens
supplémentaires, nous serons, dans la contrainte et la douleur, obligés de
réexaminer son périmètre.
S'agissant de cet espace de liberté nouveau qu'offre le numérique, nous
devrons être aussi attentifs, lors de la navette, à son système de
distribution.
J'ai été un peu en retrait par rapport aux dispositions que nous avons votées
sur le système de mise à disposition par bouquet et non par canal, par thème ou
par service. Mais nous devons faire preuve d'une certaine souplesse afin que le
système d'attribution de ce nouvel espace ne se contente pas de préserver des
situations acquises. Cet espace de liberté supplémentaire doit donner toute sa
chance aux nouveaux créateurs et aux nouveaux diffuseurs, sans qu'ils soient
obligés de passer par de grands groupes monopolistiques, qu'ils soient publics
ou privés.
Enfin, je remercie Mme la ministre de son attention, même si elle a pu parfois
avoir le sentiment que nous bousculions quelque peu son texte, que nous avons,
sur certains points, avec une certaine sévérité, jugé insuffisant. Je souhaite
qu'elle puisse, à l'occasion de la navette, faire en sorte que soit conservée
une grande partie de la contribution du Sénat, qui s'est toujours voulu
constructif par rapport à l'ouverture de ces nouveaux espaces de liberté.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées de RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia.
Les interventions de mes collègues MM. Machet et Joyandet me faciliteront la
tâche.
J'essaierai de vous exposer brièvement, madame le ministre, mes chers
collègues, l'opinion du RPR sur le texte tel qu'il ressort de cette discussion,
longue, fructueuse et sympathique, au cours de laquelle le Sénat a pleinement
joué son rôle.
A l'origine, nous en sommes tous conscients, ce texte a eu un parcours
législatif paradoxal : plus il fallait qu'il aille vite, plus il traînait ! Il
y avait là une application curieuse des lois cinétiques !
En fait, madame le ministre, ce texte, soit revient de très loin, soit revient
de « trop peu ».
Je me souviens - ce n'est pas le premier texte législatif relatif à
l'audiovisuel que j'aborde - que l'on avait d'abord imaginé des mesures
anti-concentrations. A l'heure où AOL, Time Warner et EMI fusionnent, la
majorité de l'Assemblée nationale a heureusement abandonné ces billevesées.
Il y a également eu une volonté très « anti-TPS ». On est revenu à des
considérations plus raisonnables.
Votre projet de loi a aussi été décrit par les journalistes - mais c'était
réducteur, j'en conviens - comme un texte simplement anti-publicité. Lors du
débat, certains ont évoqué des sondages prouvant que les Français n'aiment pas
la publicité à la télévision. Si l'on demande aux Français : « Pensez-vous que
vos hommes politiques sont honnêtes ? », ils vont répondre non. Si on leur
demande : « Payez-vous trop d'impôts ? », ils diront oui. De même, si on leur
pose la question : « Est-ce qu'il y a trop de publicité à la télévision ? »,
ils répondent évidemment oui. Tous ces sondages sont un peu « bidon ».
Nous avons abordé cette question de la publicité de façon réaliste.
Vous aviez méprisé la réalité franco-allemande d'ARTE. Au dernier moment, nous
avons réagi.
Ce texte revient donc de loin.
Ce texte revient également du « trop peu » dans lequel l'Assemblée nationale
avait voulu le cantonner. J'ai entendu un admirateur de l'Assemblée nationale,
M. Dreyfus-Schmidt, soutenir que celle-ci faisait toujours du bon travail. Moi
qui en viens, je serai simplement réaliste : nous avons tendance à considérer
qu'elle fait du bon travail quand la majorité est conforme à nos
convictions.
De toute façon, le Sénat a un travail spécifique à accomplir. C'est, je crois,
pour moi l'illustration parfaite de son rôle propre.
Ce texte revient donc de « trop peu », en particulier sur le numérique
hertzien terrestre.
Je l'ai déjà dit, on ne peut pas rédiger un code de conduite hippomobile quand
il s'agit de réglementer la conduite sur un circuit de Formule 1. Or c'est un
peu ce que l'on s'apprêtait à faire.
S'agissant de la régulation, nous tenions, au groupe du Rassemblement pour la
République, à son renforcement, à l'attribution de pouvoirs clairs au CSA, à
l'élargissement de ses missions et de ses compétences. Nous avons été amenés à
aborder le rôle d'une autorité administrative indépendante au regard de la
Constitution, et ce fut un débat utile.
Nous avons également fait revenir ce texte de loin en ce qui concerne la
convergence des médias. Nous l'avons enrichi. Les propositions faites par M.
Laffitte ont permis de bien montrer comment nous voulions lier ce texte à celui
qui traitera de la société de l'information.
Nous avons conforté largement, et là de façon très unanime, les missions de
service public, en les précisant, en les encadrant et, pour ma part, je suis
satisfait de la rédaction que nous avons adoptée sur ce point.
Nous avons encore renforcé la transposition de la directive « télévision sans
frontières », et le Sénat a apporté à cet égard une pierre intéressante.
Je me souviens du rapport demandé à mon collègue et ami Michel Françaix sur
les télévisions locales. Nous avons même abordé cette question quasi interdite,
dont on ne parlait plus !
La galanterie et les égards dus à votre personne, madame le ministre, veulent
que ce projet de loi soit appelé à devenir la « loi Trautmann ». Vous en avez
donc la maternité. Mais je crois que le Sénat en exercera dorénavant la
paternité !
(Sourires.)
J'ai entendu des propos quelque peu étranges au cours de cette discussion.
Chaque fois que l'on était embarrassé - en particulier au sein de l'opposition
sénatoriale - on évoquait la deuxième lecture. Moi, j'ai appris que, dès la
première lecture, une chambre votait un texte. Aujourd'hui, le Sénat va voter
pour ou contre un texte. C'est ce texte qui arrivera en discussion à
l'Assemblée nationale. Le groupe du RPR apportera son soutien à ce texte
largement enrichi par le Sénat. Donc, il y aura parité, maternité et
paternité.
Je voudrais, à mon tour, rendre hommage à la commission des affaires
culturelles, à son président, à son rapporteur, qui s'est beaucoup investi dans
ce dossier délicat, mais aussi à tous mes collègues grâce à qui ce débat nous a
permis d'indiquer clairement que le Sénat voulait un service public fort, une
autorité administrative indépendante exerçant une mission de service public,
des technologies maîtrisées, mises au service de la liberté de communication
et, enfin, une loi d'ouverture et non de fermeture.
C'est ce texte d'ouverture que votera le groupe du RPR.
(Applaudissements
sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je pourrais
parler une demi-heure sur ce texte de loi...
(Sourires et exclamations.)
Nous avons évoqué tant de questions au cours de ces derniers jours !
M. le président.
Monsieur Pelchat, je vous rappelle qu'une explication de vote ne doit pas
excéder cinq minutes.
(Nouveaux sourires.)
M. Michel Pelchat.
Rassurez-vous, monsieur le président, mon intervention sera plus courte que
celles de mes deux prédécesseurs, alors même que je suis le seul orateur du
groupe des Républicains et Indépendants.
Au moment de nous prononcer sur le texte que nous venons d'élaborer,
l'actualité nous montre que la plupart des dispositions retenues par notre
assemblée étaient indispensables pour l'avenir de notre paysage culturel
français.
En effet, si l'on considère le domaine musical, auquel je suis très attaché,
ces jours-ci, tous les médias ont insité sur le fait que l'année 1999 avait vu
une baisse de 4 millions d'unités des ventes d'enregistrements en France, par
rapport à 1998. Cette baisse importante est due, pour l'essentiel, nous le
savons tous, au piratage des productions sur Internet.
L'adoption de deux amendements responsabilisant les fournisseurs d'accès et
prévoyant de les sanctionner s'ils ne font pas toute diligence pour reconnaître
les mesures techniques mises en place par les utilisateurs de droits et pour
faire signer à leurs clients une charte contractuelle prévoyant la résiliation
de leur contrat en cas d'infractions répétées permettra, je l'espère, de
protéger efficacement la propriété culturelle face au développement des
nouvelles technologies. Je pense que l'actualité nous donne raison d'avoir
adopté ces deux amendements.
D'autre part, le renforcement de la présence sur nos radios musicales de
titres d'expression francophone de tous genres, depuis nos classiques jusqu'aux
jeunes talents en passant par les nouvelles productions, permettra de résister
à la concurrence de titres d'origine américaine diffusés sur Internet et autres
bouquets satellites, tout en renforçant la culture musicale et le goût des
jeunes générations pour nos créateurs et interprètes, qui sont souvent de très
grand talent.
En ce qui concerne le secteur public de l'audiovisuel, je tiens, madame la
ministre, à dire une nouvelle fois combien je suis satisfait qu'ARTE voie sa
liberté assurée et son indépendance éditoriale confirmée, garantissant ainsi la
lettre et l'esprit de la convention franco-allemande. Je souhaite à nouveau
bonne chance à ses dirigeants : qu'ils continuent de nous réjouir, nous et tous
ceux qui sont avides de culture !
En revanche, permettez-moi, madame la ministre, de continuer de m'interroger
sur vos propositions concernant La Cinquième. A ce jour, nous restons dans
l'ignorance et attendons donc avec impatience la deuxième lecture du projet de
loi.
Sachez cependant que nous ferons tout pour préserver la qualité des programmes
de cette chaîne ainsi que le montant de son financement.
La Cinquième, voulue par le Sénat - puisque ce sont nos collègues MM. Laffitte
et Trégouët qui sont à l'origine de cette chaîne - est aujourd'hui une des
fiertés du paysage audiovisuel français, et je tiens à faire savoir à
l'ensemble de son personnel combien, ici, nous sommes attentifs à son devenir
et prêts à nous battre afin qu'ils puissent continuer d'accomplir leur
mission.
Malgré tous les points positifs qui m'incitent à voter en faveur de cette loi,
je tiens à émettre ici une réserve concernant le mode de nomination du
président de France Télévision, tel qu'il a été adopté.
En effet, la modification retenue par notre assemblée, qui tend à partager le
pouvoir de nomination entre l'exécutif et le CSA - ce dernier ne détenant
d'ailleurs plus qu'un simple pouvoir de proposition - entraîne, selon moi, une
dilution de la responsabilité des différents acteurs et ne manquera pas de
soulever de nombreuses difficultés, notamment en cas d'application
d'éventuelles sanctions à l'encontre d'un président ainsi nommé.
Je souhaite donc que notre assemblée réfléchisse de nouveau à cette
disposition.
M. Claude Estier.
Très bien !
M. Michel Pelchat.
Je dirai en conclusion, madame la ministre, que le groupe des Républicains et
Indépendants et moi-même, espérant que l'essentiel des améliorations adoptées
par notre assemblée sera conservé en deuxième lecture, pensons que, comme votre
projet de loi initial, le texte issu des travaux de notre assemblée va dans la
bonne direction. C'est pourquoi nous le voterons sans hésitation.
(
Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR
et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous achevons
l'examen de ce projet de loi après de longs débats, qui ont transformé en
profondeur le texte issu de l'Assemblée nationale.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire dans la discussion générale, adapter notre
secteur audiovisuel aux grands bouleversements mondiaux qui se produisent sous
nos yeux suppose de concilier deux objectifs tout aussi fondamentaux l'un que
l'autre : d'une part, assurer aux groupes français de l'audiovisuel, publics et
privés, les moyens de défendre leur place dans la compétition internationale ;
d'autre part, garantir la liberté de choix au citoyen-téléspectateur,
c'est-à-dire préserver notre identité culturelle et assurer le pluralisme.
Il me semble, madame la ministre, que votre projet de loi s'inscrivait
pleinement dans la réalisation de cette ambition. Malheureusement, nous ne
pouvons pas en dire autant du texte tel qu'il a été modifié par la majorité
sénatoriale.
Si ce texte n'a pas été transformé autant que certains l'auraient souhaité, il
ne constitue plus, à mes yeux, un ensemble cohérent de mesures visant à
réformer en profondeur la législation s'appliquant à l'audiovisuel français.
Je tiens à redire que nous soutenons la réforme présentée par le Gouvernement,
texte dont vous avez été, madame la ministre, le principal artisan, et ce en
dépit de l'incident allemand qui vous a conduit à retirer ARTE de la
holding
lors du débat devant notre assemblée.
Cette réforme était fondée sur des principes simples : d'une part, pour
garantir l'équilibre entre le secteur privé et le secteur public dans un
univers très concurrentiel, une réforme des structures et du mode de
financement de l'audiovisuel public concrétisée par la mise en place de la
holding
et des contrats d'objectifs, ainsi que par la réduction de la
publicité sur les chaînes publiques, compensée par le remboursement intégral
des exonérations de redevance ; d'autre part, pour garantir le pluralisme, une
meilleure régulation du secteur privé concrétisée par un pouvoir
d'investigation élargi du CSA et des dispositions garantissant plus de
transparence et moins de concentration chez les opérateurs, et par une plus
grande cohérence entre les régimes du câble et du satellite.
De tout cela, il ne reste plus grand-chose après le passage du projet de loi
devant le Sénat.
Si la majorité sénatoriale, faute de combattants et de réelles convictions,
n'a pas réussi à supprimer la disposition majeure que constitue la diminution
des écrans publicitaires sur les chaînes publiques, elle a néanmoins amendé le
texte dans un sens que nous ne pouvons cautionner.
Elle l'a fait d'abord en prévoyant - sans oser pourtant le présenter comme tel
- le retour à la nomination des présidents des chaînes et des radios publiques
par l'Etat.
Faut-il encore préciser que le renforcement du secteur public et sa
crédibilité sont fondés sur son indépendance par rapport au pouvoir politique ?
La rupture du cordon ombilical est consacrée depuis 1982. Je ne perçois pas
très bien l'intérêt de la remise en cause d'un tel acquis !
Nous tenons par ailleurs à la suppression de l'exclusivité des chaînes
publiques sur TPS et à son obligation symétrique, le
must carry,
sur
toutes les plates-formes satellitaires.
Par ailleurs, il est évident que la majorité sénatoriale n'aime pas la
transparence. Les pouvoirs du CSA ont été, de manière générale, bien entamés
par le Sénat, notamment le pouvoir d'investigation qu'il s'était vu confier
pour surveiller les opérateurs privés. Ont ainsi été supprimées les
dispositions permettant au régulateur d'appréhender les marchés publics sur
lesquels les opérateurs sont partie prenante.
Par ailleurs, en procédant à la suppression des critères d'attribution des
fréquences radio, le Sénat renvoie à l'autorité administrative le soin de
reprendre les catégories déterminées dans son communiqué 34, sans plus de
cadrage pour la guider. Nous pensons au contraire que le législateur est
parfaitement dans son rôle quand il indique que, au nom de l'intérêt qu'elles
présentent pour le fonctionnement de notre démocratie, les radios associatives
et les radios généralistes doivent bénéficier de priorités.
Je ne m'attarderai pas sur d'autres dispositions surprenantes ajoutées par
notre assemblée, notamment celles qui assouplissent de façon déraisonnable le
régime d'incompatibilité des membre du CSA.
Enfin, nous ne pouvons nous satisfaire de la volonté de M. le rapporteur de
légiférer, de manière prématurée, sur le sujet du numérique hertzien terreste,
à propos duquel le Gouvernement s'était engagé à faire des propositions dès
qu'il serait en possession du rapport de M. Hadas-Lebel. A vouloir prendre le
Gouvernement de vitesse à tout prix et sans disposer de toutes les données du
problème, on en arrive à une solution mal ficelée calquant le régime juridique
applicable au satellite numérique hertzien de terre, qui ne présente évidemment
pas les mêmes caractéristiques.
Voilà pour les principaux amendements qui sont venus, à nos yeux, dénaturer le
projet de loi.
Certes, on relève quelques points positifs dans l'apport du Sénat.
S'agissant tout d'abord des télévisions associatives, même si c'est
l'amendement du rapporteur pour avis de la commission des finances, M. Belot,
qui a été retenu, je me réjouis que les associations puissent dorénavant être
autorisées à émettre selon la procédure de droit commun. Je constate néanmoins
que cet amendement, en légalisant la diffusion à la fois pour les associations
et les sociétés d'économie mixte, mélange deux types de projets sensiblement
différents. Permettez-moi de douter de la sincérité des motivations de son
auteur en ce qui concerne l'expansion des télévisions associatives à l'échelle
locale.
Il est certain que l'adoption de l'amendement du groupe socialiste visant à
accroître la durée des autorisations provisoires d'émettre sans procéder à un
appel à candidatures constitue une avancée pour les associations faisant de la
télévision scolaire ou universitaire,.
Il faudra maintenant assurer un financement pérenne à ces télévisions
associatives. Sur cette question, la balle est dans votre camp, madame la
ministre.
Par ailleurs, je suis satisfaite que, parmi les amendements significatifs que
le groupe socialiste a présentés, le Sénat en ait accepté quelques-uns - trop
rares à notre avis - comme ceux qui visent à limiter la durée de détention des
droits d'une oeuvre cinématographique ou audiovisuelle à trois ans, ou à
permettre à un éditeur de services dûment conventionné par le CSA d'être repris
dans l'offre d'un distributeur, ou encore à mieux équilibrer les rapports entre
les distributeurs de services et les chaînes thématiques qu'ils distribuent.
M. Michel Pelchat.
Monsieur le président, le temps de parole n'est-il pas de cinq minutes pour
une explication de vote ?
M. Alain Joyandet.
Si !
M. le président.
Madame Pourtaud, pourriez-vous vous rapprocher de votre conclusion, je vous
prie ?
Mme Danièle Pourtaud.
Je m'en rapproche, monsieur le président, mais je comprends l'impatience de
mes collègues, car je leur dis quelques petites vérités désagréables à entendre
!
(Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Michel Pelchat.
Nous avons eu la correction de respecter notre temps de parole, faites-en donc
autant !
Mme Danièle Pourtaud.
Je ne pourrai me contenter de ces quelques mesures éparses, surtout au regard
du grand nombre de dispositions négatives ajoutées par la majorité
sénatoriale.
Je ne crois pas que ce texte, curieusement - mais est-ce vraiment une
surprise ? - plus dirigiste à l'égard du secteur public et plus libéral pour le
secteur privé, permette mieux à notre secteur audiovisuel de relever les défis
essentiels de la concurrence désormais mondiale auxquels il est confronté. Je
pense en particulier à la nécessité de produire considérablement plus d'oeuvres
ou d'émissions françaises pour relever le défi de l'« explosion des tuyaux
».
C'est pourquoi le groupe socialiste, vous l'aurez compris, votera contre le
texte tel qu'il est issu des travaux du Sénat.
(Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
M. le président.
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Au cours de la discussion du présent projet de loi, nous avons connu des
moments d'intense confrontation, qui n'ont d'ailleurs pas été inutiles.
L'introduction du numérique, par exemple, a donné lieu à un vrai débat : rien
n'était écrit, nous nous trouvions confrontés à un problème commun que nous
avons essayé, passez-moi l'expression, de nous « coltiner ». Que nous ayons eu
ce débat constitue un petit atout qui, s'ajoutant au rapport que le
Gouvernement nous a transmis, facilitera l'approfondissement de la question et
donc le choix des mesures adéquates au moment de la deuxième lecture.
L'idée qui constamment m'anime, c'est celle de la responsabilité publique.
Incontestablement, cette notion progresse dans le monde. Par exemple, j'étais
samedi et dimanche derniers - j'en ai d'ailleurs averti Mme la ministre - à la
réunion qui s'est tenue à Rome et au cours de laquelle a été décidée la
création d'un espace consacré au cinéma latin. Outre de nombreux pays
d'Amérique latine s'y trouvaient représentés les pays de culture latine que
sont la France, l'Espagne, le Portugal et l'Italie. La nécessité d'une
coopération internationale ouverte et multipolaire a fait l'unanimité et le
texte voté à l'issue de cette réunion y insiste ; sa régulation devrait être
proposée à l'OMC après avoir été élaborée dans une autre entité internationale
pour qui marchandise et culture ne sont pas une seule et même chose.
J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer devant notre assemblée l'appel de Nouméa
pour la diversité culturelle, appel signé de Mme Tjibaou et de M. Vergès.
On peut y lire que la diversité, qui fait la richesse de la culture humaine
au-delà des frontières et à travers les siècles est menacée ; à l'heure, en
effet, de la mondialisation du marché et des échanges, l'uniformisation d'une
production de masse et des modes de vie de plus en plus soumis aux contraintes
du marché menacent les expressions multiples de la créativité humaine.
Puis, à l'issue de la table ronde des ministres de la culture à laquelle,
madame la ministre, vous avez non seulement participé, mais dont vous avez été
l'initiatrice, le texte, qui a été voté par cinquante-trois pays, reconnaît que
la culture ne saurait avoir la deuxième place par rapport à l'économie.
J'évoque enfin la coalition pour la diversité culturelle au Canada, dont les
conclusions sont de même nature et revêtent même une verdeur dont les trois
premiers textes que j'ai cités sont dépourvus. J'ai par ailleurs relevé, dans
Le Monde
d'hier, dans un dossier sur le libéralisme, la phrase suivante
: « philosophie de liberté, la théorie libérale souffre d'avoir oublié son
éthique et d'imposer un modèle unique au mépris des cultures et des Etats ».
Dans
Les Echos
, Oskar Lafontaine, l'un des leaders du socialisme
allemand, soutenait cette même thèse.
Tout cela m'amène à penser qu'un espace public est en train de se créer dans
le monde, espace qui devrait devenir une référence.
Je n'emploie pas ici le mot « libéralisme » avec agressivité. Seulement, le
libéralisme a une histoire et, en ce moment, il se caricature lui-même. Ce qui
m'a gêné dans notre débat - qui, par ailleurs, je l'ai dit, a été riche, et a
donné lieu à l'examen d'amendements intéressants venant de différents groupes -
c'est précisément que cette caricature domine et qu'elle imprègne le texte issu
de nos travaux.
Par exemple, s'agissant des missions de service public, on fait du rapport
entre l'Etat et le secteur public un rapport d'argent. Or, lorsqu'on parle de «
mission », on vise un rapport d'éthique et nous sommes dans des sociétés de
conscience.
A l'article 2, il n'est plus question de la constitution d'un pôle industriel
permettant d'intégrer les nouvelles techniques de diffusion et de production.
Cela me gêne beaucoup aussi ! Cet apport de l'Assemblée nationale m'intéressait
en effet. Dans le même temps, le rattachement de la SFP - c'est le dernier
outil qui nous reste - n'est pas acquis.
A l'article 5, les missions de recherche et de production de l'INA sont
supprimées.
A l'article 7, c'est le monopole de TDF qui disparaît.
Par un article additionnel avant l'article 20, il est prévu que seulement deux
des six multiplex envisagés pour le numérique hertzien soient attribués au
service public.
Sur l'article 26, je cite un commentaire de notre rapporteur : « dans la
rédaction résultant des amendements adoptés par l'Assemblée nationale,
l'article 26 du projet de loi soumet l'exploitation des réseaux câblés à un
régime d'économie administrée incompatible avec le contexte fortement
concurrentiel de l'économie du câble ».
En vérité, c'est ce mot « concurrence » qui ne peut gouverner le monde !
L'exception culturelle est un principe supérieur à la concurrence. La
concurrence tue toujours et, en général, elle tue le petit. Or la création est
toujours petite quand elle émerge.
Enfin, à l'article 28, il est prévu que le CSA a la liberté d'apprécier le
degré de gravité d'un manquement justifiant le lancement de la procédure de
sanction. Quand il « prend » cette liberté, le CSA, bien évidemment, apprécie
la loi, mais l'expérience récente nous montre qu'il faut être ferme : il faut
dire le droit.
Ce sont là des questions qui me travaillent l'esprit et des principes sur
lesquels il faut fonder le débat dans ce domaine si capital.
Ainsi, le 15 février, à Genève, les négociations de l'OMC vont reprendre, et,
bien évidemment, j'espère que la voix de la France, qui a tant porté à Seattle,
où Mme la ministre a défendu notre dignité nationale et notre vocation
internationale, aura le même écho. C'est possible si l'on en juge par le
dernier amendement que nous avons examiné.
M. le président.
Veuillez conclure, monsieur Ralite !
M. Jack Ralite.
Cependant, ce soir, sa voix n'a pas beaucoup d'écho
(Sourires)
et je ne
peux approuver le projet de loi qui nous est soumis dans sa forme actuelle.
A l'extérieur de notre assemblée, je vais, avec d'autres, me battre pour qu'il
s'améliore, qu'il épouse la nouvelle technologie, mais sans se laisser
maîtriser par les forces de l'argent, en oubliant les hommes et les femmes.
Un sénateur du RPR.
Les forces du mal !
M. le président.
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent.
Mon propos sera plutôt un propos incident qu'un propos véritablement lié aux
intéressants problèmes dont nous venons d'être saisis.
Permettez-moi de le dire, je suis un adversaire acharné de la censure. Je
déteste l'ordre moral : c'est, généralement, le règne des « faux-culs » -
excusez-moi, je retire le terme ! - le règne des hypocrites sur les
béni-oui-oui. Par conséquent, je ne serai jamais partisan de certaines
méthodes.
Néanmoins j'ai été épouvanté par la recrudescence ces jours-ci de certaines
scènes. Ainsi, la télévision nous a appris que trois enfants en avaient
torturé, pendant trois mois, un autre. La veille, deux enfants ont voulu
assassiner un de leur camarade en le faisant basculer du haut d'un escalier.
L'âge de la délinquance ne cesse de baisser ! Il s'agit non plus de jeunes de
quinze ou seize ans, mais d'enfants de six, de huit, de neuf ou de dix ans, âge
auquel ils sont encore plus malléables qu'à l'adolescence.
Lorsque j'ai interrogé la direction de la chaîne dont je suis membre du
conseil d'administration, il m'a été répondu textuellement, avec, à l'appui, un
rapport savant d'un grand institut de sondage, que l'influence de la
représentation de la violence sur les comportements n'a jamais pu être
démontrée. Il ne faut pas avoir eu d'enfants ! Autant j'approuve totalement les
propos de M. Ralite, autant je suis étonné de la nullité des instituts de
sondage qui peuvent livrer de tels rapports. Je vous communiquerai, madame la
ministre, ce rapport qui date de trois ans, mais depuis l'ignorance s'est
encore accentuée.
Je ne suis pas en mesure de vous proposer des dispositions précises. Je
demande simplement que, d'ici à la deuxième lecture, on se rapproche du CSA et
qu'on lui demande de prendre davantage ses responsabilités. Il s'agit non pas
de créer de nouveaux textes ou d'instaurer une censure, mais de faire prendre
conscience de ces faits et de chercher les moyens pour y parvenir car il en va
du sort d'un certain nombre de jeunes. Sur les cinq chaînes que je regarde,
j'ai compté à quatre reprises des échanges de tirs de mitraillettes et de coups
dans des parkings. Comment voulez-vous que les enfants ne soient pas tentés par
ce genre d'actions et que ces images fascinantes n'exercent pas une influence
sur leur comportement ?
Madame la ministre, voilà ce que je souhaitais vous dire, en vous demandant de
mettre à profit le temps dont vous disposez encore pour améliorer ce texte.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte.
Nous avons bien travaillé sur un texte qui était déjà bien préparé. Je
noterai, en particulier, le renforcement du financement public de la télévision
publique grâce au reversement intégral du produit de la redevance, qui est une
grande avancée.
Nous avons essayé de montrer l'attachement du Sénat à cette télévision
publique, d'affirmer l'importance de la La Cinquième, notamment de la banque
des programmes et des services, ainsi que la qualité, désormais reconnue,
d'ARTE et son indépendance.
Les débats que nous avons menés au sujet de la numérisation et de la
libération des fréquences étaient utiles. Je sais, madame la ministre, qu'ils
vous ont paru prématurés. En tout cas, il n'est pas prématuré d'évoquer ce
problème de façon que l'on puisse se faire une opinion sur cette question.
Selon moi, il est important que nous ayons pu inscrire dans ce texte que, à
partir du moment où des fréquences, bien extrêmement rare, sont libérées, il
appartient au Gouvernement de définir la part de ces fréquences qui doit
revenir à l'audiovisuel et celle qui, éventuellement, doit revenir à d'autres
services très importants tels que la télémédecine, l'éducation à distance, les
télécommunications ou la sécurité. Cela n'est que la transposition au phénomène
nouveau de la numérisation de ce qui existe dans la législation.
En revanche, il faut effectivement veiller à ne pas tuer, par une affectation
trop rapide, potentielle, l'industrie du câble et des bouquets satellitaires.
Cela pose en effet un problème car la durée du retour sur investissement est
considérable.
Par ailleurs, il est évident que nous ne savons pas ce que sera dans cinq ans
la demande nationale publique, notamment en matière de télévision de proximité
ou de télévision thématique par rapport aux différents services de télévision
ou de radio généralistes qui seront nécessaires.
Sur ce plan, vous avez raison de dire qu'il faut être prudent. Toutefois, nous
avons eu raison de lancer le débat, afin qu'il puisse être enrichi. En effet,
si nous ne l'avions pas lancé il n'aurait pas eu lieu et nous n'aurions
probablement pas une connaissance aussi claire à cet égard.
Ce texte qui, comme tous les textes, n'est pas parfait constitue une avancée.
Aussi, la majorité de mon groupe le votera avec plaisir, car les débats ont été
longs, instructifs et intéressants, comme cela a été souligné par un certain
nombre d'orateurs, qu'ils siègent à droite ou à gauche.
(Applaudissements
sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
(Le projet de loi est adopté.)
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le président, je
vous remercie de me donner la parole. Je serai concise afin de ne pas
surcharger le travail des uns et des autres et l'emploi du temps.
Je voudrais d'abord remercier le Sénat de l'accueil qu'il m'a réservé pour
l'examen de ce texte. Je vous remercie du profit que j'ai pu tirer moi-même de
nos échanges, qui ont été au-delà d'un débat formel ou d'un débat de
positionnement par rapport à l'Assemblée nationale, laquelle avait examiné ce
texte préalablement. Ce contexte est particulièrement favorable à une évolution
positive du projet.
Je voudrais remercier tout particulièrement l'ensemble du Sénat d'avoir voté à
l'unanimité la solution que j'ai proposée au Premier ministre pour ARTE. En
effet, s'agissant de cette difficulté sur laquelle nous aurions pu discuter
certainement encore longtemps, il convenait, vous l'avez compris, de régler
cette question rapidement. Je voudrais très sincèrement vous exprimer ma
reconnaissance.
Je tiens à souligner aussi - et cela concerne quelques sujets comme le
numérique et La Cinquième - la nécessité de bien rendre cohérent l'ensemble du
dispositif qui concerne l'évolution de l'autorité de régulation qu'est le CSA.
Je crois qu'avec le temps l'évolution se poursuivra, dans un contexte qui
devient plus serein.
Je voudrais rassurer d'emblée votre assemblée, en particulier M. de Broissia
qui est très inquiet sur ce point : le fait que la deuxième lecture à
l'Assemblée nationale ait lieu seulement au mois de mars ne change en rien le
calendrier général et la mise en oeuvre des dispositions que prévoient ce
texte. Celles-ci seront, je l'espère, appliquées le plus rapidement
possible.
Notre pays a besoin de dispositions claires. Ce texte est en quelque sorte le
socle permettant de travailler sur les dispositions financières,
réglementaires, économiques qui peuvent favoriser le développement de notre
activité de création et de diffusion en France et en Europe. Je suis en effet
sensible aux propos de chacun de ceux qui ont bien voulu s'exprimer dans les
explications de vote. Nous ne pouvons affirmer notre place ni être présents sur
le plan européen et international que si nous savons allier une position
politique claire - non pas un protectionnisme, mais une position offensive - à
une performance et une créativité qui nous placent au premier rang. Il s'agit
là d'un vrai défi, car nous devrons mener cette évolution pour le service
public, pour les entreprises privées, pour les producteurs, pour les radios
comme pour les télévisions. Révolution technologique, révolution ou évolution
culturelle : c'est l'histoire qui tranchera sur ce que nous vivons
aujourd'hui.
Je voudrais remercier le Sénat d'avoir permis, par ses débats, de progresser,
d'écrire une page nouvelle. Je me réjouis de revenir vers vous avec les
assurances que vous avez souhaitées et que je me suis engagée à vous apporter
lors de la deuxième lecture, qui sera positive, je le crois, tant à l'Assemblée
nationale que dans cette enceinte.
(Applaudissements.)
5
DÉPÔT D'UN PROJET DE LOI
M. le président.
J'ai reçu de M. le Premier ministre un projet de loi autorisant l'approbation
de l'instrument d'amendement à la Constitution de l'Organisation internationale
du travail.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 191, distribué et renvoyé à la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous
réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les
conditions prévues par le règlement.
6
TRANSMISSION D'UN PROJET
DE LOI ORGANIQUE
M. le président.
J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi organique,
adopté par l'Assemblée nationale, tendant à favoriser l'égal accès des femmes
et des hommes aux mandats de membre des assemblées de province et du congrès de
la Nouvelle-Calédonie, de l'assemblée de la Polynésie française et de
l'assemblée territoriale des îles Wallis et Futuna.
Le projet de loi organique sera imprimé sous le n° 193, distribué et renvoyé à
la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage
universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la
constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues
par le règlement.
7
TRANSMISSION D'UN PROJET DE LOI
M. le président.
J'ai reçu, transmis par le Premier ministre, un projet de loi, adopté par
l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, tendant à favoriser l'égal
accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions
électives.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 192, distribué et renvoyé à la
commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel,
du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution
éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le
règlement.
8
DÉPÔT DE RAPPORTS
M. le président.
J'ai reçu de M. Robert Del Picchia un rapport fait au nom de la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur :
- le projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base
de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne, relatif au champ
d'application du blanchiment de revenus dans la convention sur l'emploi de
l'informatique dans le domaine des douanes et à l'inclusion du numéro
d'immatriculation du moyen de transport dans la convention (n° 48, 1999-2000)
;
- le projet de loi autorisant la ratification de la convention établie sur la
base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne, sur l'emploi de
l'informatique dans le domaine des douanes (n° 49, 1999-2000) ;
- le projet de loi autorisant la ratification du protocole, établi sur la base
de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne, concernant
l'interprétation, à titre préjudiciel, par la Cour de justice des Communautés
européennes de la convention sur l'emploi de l'informatique dans le domaine des
douanes (n° 50, 1999-2000) ;
- le projet de loi autorisant la ratification de l'accord relatif à
l'application provisoire entre certains Etats membres de l'Union européenne de
la convention établie sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union
européenne sur l'emploi de l'informatique dans le domaine des douanes (n° 51,
1999-2000) ;
- le projet autorisant la ratification de la convention établie sur la base de
l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne, relative à l'assistance
mutuelle et à la coopération entre les administrations douanières (ensemble une
annexe) (n° 138, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 185 et distribué.
J'ai reçu de M. André Rouvière un rapport fait au nom de la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi
autorisant l'adhésion de la République française à la convention internationale
d'assistance mutuelle administrative en vue de prévenir, de rechecher et de
réprimer les infractions douanières (ensemble 11 annexes) (n° 137,
1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 186 et distribué.
J'ai reçu de M. Christian Bonnet un rapport fait au nom de la commission des
lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale sur la proposition de loi adoptée avec modifications
par l'Assemblée nationale, en deuxième lecture, instituant un défenseur des
enfants (n° 97, 1999-2000).
Le rapport sera imprimé sous le n° 187 et distribué.
J'ai reçu de M. Jean-Paul Delevoye un rapport fait au nom de la commission des
lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale sur :
- le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'accueil et à
l'habitat des gens du voyage (n° 460, 1998-1999)
- et la proposition de loi de M. Nicolas About visant à renforcer les moyens
d'expulsion du préfet et du maire, en cas d'occupation illégale de locaux
industriels, commerciaux ou professionnels par les gens du voyage (n° 78,
1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le n° 188 et distribué.
J'ai reçu de M. Francis Grignon un rapport fait au nom de la commission des
affaires économiques et du Plan sur la proposition de loi de MM. Jean-Pierre
Raffarin, Francis Grignon, Louis Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme
Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Georges Berchet, Jean Bizet,
Jean Boyer, Marcel Deneux, Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire Flandre, Jean
François-Poncet, Alain Gérard, François Gerbaud, Mme Anne Heinis, MM. Pierre
Hérisson, Rémi Herment, Jean Huchon, Patrick Lassourd, Jean-François Le Grand,
Guy Lemaire, Paul Natali, Louis Moinard, Jean Pépin, Charles Revet et Raymond
Soucaret, tendant à favoriser la création et le développement des entreprises
sur les territoires (n° 254, 1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le n° 189 et distribué. J'ai reçu de M.
Jean-François Le Grand un rapport fait au nom de la commission des affaires
économiques et du Plan sur le projet de loi portant diverses dispositions
d'adaptation au droit communautaire dans le domaine des transports (n° 484,
1998-1999).
Le rapport sera imprimé sous le n° 190 et distribué.
9
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'orde du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au jeudi 27 janvier 2000, à neuf heures trente et à quinze heures :
Discussion des conclusions du rapport (n° 177, 1999-2000) de M. Pierre
Fauchon, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de
législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale
sur sa proposition de loi (n° 9 rectifié, 1999-2000) tendant à préciser la
définition des délits non intentionnels.
Le délai limite pour le dépôt des amendements à ce texte est expiré.
Délais limite pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements
Projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit
communautaire dans le domaine des transports (n° 484, 1998-1999) :
- Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
lundi 31 janvier 2000, à dix-sept heures ;
- Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 31 janvier 2000, à
dix-sept heures.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à l'accueil et à
l'habitat des gens du voyage (n° 460, 1998-1999) :
- Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mardi 1er février 2000, à dix-sept heures ;
- Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 1er février 2000, à
dix-sept heures.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, portant création d'une
Commission nationale de déontologie de la sécurité (n° 480, 1997-1998) :
- Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mardi 1er février 2000, à dix-sept heures ;
- Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 1er février 2000, à
dix-sept heures.
Personne de deamnde la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée à vingt heures vingt-cinq.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Fermeture de services du Trésor public dans les zones rurales
706. - 26 janvier 2000. - M. Xavier Darcos attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le projet de réforme envisagé par son département ministériel, à la suite des conclusions de la mission 2003 présidée par MM. Bert et Champsaur, et dont l'objet tend à la fermeture des services du Trésor public dans les cantons ruraux. De nombreuses communes rurales de Dordogne étant particulièrement préoccupées par la suppression de ces services de proximité qui sont indispensables en termes d'aménagement du territoire, il souhaite recueillir des précisions sur sa politique mise en oeuvre pour les services déconcentrés du Trésor.