Séance du 20 décembre 1999







M. le président. « Art. 10. - Pour l'exercice 1999, le produit, hors taxe sur la valeur ajoutée, de la taxe dénommée "redevance pour droit d'usage des appareils récepteurs de télévision" est réparti entre les organismes du secteur public de la communication audiovisuelle de la manière suivante :

« Institut national de l'audiovisuel 420,5
« France 2 2 623,0
« France 3 3 603,0
« Société nationale de radiodiffusion et de télévision d'outre-mer 1 162,7
« Radio France 2 652,2
« Radio France international 175,4
« Société européenne de programmes de télévision : la SEPT-Arte 1 039,7
« Société de télévision du savoir, de la formation et de l'emploi : La Cinquième

782,0

« Total 12 458,5 »


Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 33, M. Marini, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le tableau de répartition des crédits :

« Institut national de l'audiovisuel 435,5
« France 2 2 653,0
« France 3 3 628,0
« Société nationale de radiodiffusion et de télévision d'outre-mer 1 182,7
« Radio France 2 697,2
« Radio France international 200,4
« Société européenne de programmes de télévision : la SEPT-Arte 1 059,7
« Société de télévision du savoir, de la formation et de l'emploi : La Cinquième

802,0

« Total 12 658,5 »


Par amendement n° 15, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger ainsi le tableau de répartition de la taxe figurant à l'article 10 :

« Institut national de l'audiovisuel 425,5
« France 2 2 698,0
« France 3 3 633,0
« Société nationale de radiodiffusion et de télévision d'outre-mer 1 162,7
« Radio France 2 697,2
« Radio France international 175,4
« Société européenne de programmes de télévision : la SEPT-Arte 1 047,5
« Société de télévision du savoir, de la formation et de l'emploi : La Cinquième

786,5

« Total 12 625,8 »


La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n° 33.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet article est significatif puisqu'il vise à répartir non plus les plus-values fiscales mais les plus-values de redevance, et, comme l'année dernière, les sommes dont il s'agit sont affectées au financement des organismes du secteur public de la communication audiovisuelle.
Par symétrie avec le débat que nous avons eu sur les plus-values fiscales, la question se pose d'abord de savoir quel est le bon niveau à prendre en considération. De ce point de vue, se fiant aux éléments qui lui ont été communiqués par les services de l'Etat, la commission considère que, pour respecter le principe de sincérité, il est nécessaire d'aller un peu plus loin dans l'exercice de répartition.
Alors que le Gouvernement avait réparti initialement 137,8 millions de francs et que l'Assemblée nationale avait, par amendement, décidé de répartir 70 millions de francs de plus, nous proposons, nous, au vu des indications qui nous ont été communiquées sur les rentrées de redevance, de répartir 200 millions de francs supplémentaires, dont les affectations, ligne par ligne, figurent à la page 78 de mon rapport écrit, dans lequel j'ai également abordé quelques questions de droit budgétaire sur lesquelles on me permettra de passer de manière allusive, même si elle n'en sont pas moins significatives.
Il semble, monsieur le ministre, que ces dotations supplémentaires doivent être prises en considération au vu des projets d'entreprise des différentes entités de l'audiovisuel public.
En début d'après-midi, nous évoquions l'Agence France-presse. Là, il s'agit d'autres entreprises publiques du secteur de l'information et de la communication, et le Sénat est particulièrement sensible aux besoins d'investissements de certaines d'entre elles.
Les excédents de redevance peuvent légitimement contribuer au financement de programmes permettant, par exemple, la numérisation des données en matière de radio, qu'il s'agisse de Radio France ou des autres stations publiques concernées.
De même, eu égard à la position de la France à l'étranger, il convient de conforter Radio France internationale.
Nous n'avons garde, bien entendu, d'oublier les besoins de financement que peuvent connaître les télévisions publiques. Mais, là, le raisonnement est quelque peu différent, car, si je comprends bien, ce qu'il faut compenser, ce sont des moins-values par rapport à leurs propres prévisions en matière de recettes publicitaires. Cela s'apparente donc un peu plus - je le dis pour le déplorer - à une subvention d'exploitation qu'à une autre démarche économique.
C'est donc après avoir écouté les uns et les autres et essayé de se faire une opinion aussi fondée que possible que la commission propose la répartition qui figure dans son amendement.
M. le président. La parole est à M. Massion, pour présenter l'amendement n° 15.
M. Marc Massion. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le groupe socialiste, lors de l'examen de la loi de finances pour 2000, a présenté un amendement visant à répartir les 137,8 millions de francs d'excédents de redevance de 1998 entre Radio France - 100 millions de francs - l'INA - 10 millions de francs -, La SEPT-Arte - 17,8 millions de francs - et La Cinquième - 10 millions de francs.
La commission des finances, qui, par la voix de son rapporteur spécial, M. Belot, avait présenté un amendement de même philosophie, s'est ralliée à celui du groupe socialiste, qui octroyait davantage à Radio France. En conséquence, l'amendement du groupe socialiste a été adopté à l'unanimité.
Lors du débat sur cet amendement à la loi de finances pour 2000, le rapporteur spécial et le groupe socialiste se sont tous deux engagés à « faire un geste » pour France Télévision dans la loi de finances rectificative pour 1999 en contrepartie de l'effort consenti pour Radio France. Cette société connaît en effet une situation de déficit cumulé extrêmement préoccupante.
En deuxième lecture de la loi de finances pour 2000, l'Assemblée nationale est revenue sur le choix du Sénat en faveur de Radio France, de l'INA, d'Arte et de La Cinquième.
Par notre amendement, nous proposons d'octroyer, sur les excédents de redevance de 1999, les moyens nécessaires aux sociétés de l'audiovisuel public qui se trouvent les plus fragilisées, à savoir celles à qui nous avions déjà distribué des moyens supplémentaires par notre amendement en loi de finances pour 2000, et surtout France Télévision.
Le montant exact des excédents de redevance pour 1999 n'est pas encore officiellement connu, l'exercice 1999 n'étant pas clos ; mais l'on sait d'ores et déjà qu'il devrait s'établir autour de 400 millions de francs. Notre amendement est tout à fait réaliste et modeste, puisqu'il ne répartit que 167,3 millions de francs sur ces excédents.
Nous souhaitons ainsi donner à France Télévision les moyens de combler son déficit, estimé à au moins 200 millions de francs. La loi de finances rectificative octroie déjà, dans son article 10, 35 millions de francs à France 2 et 60 millions de francs à France 3 ; nous proposons donc de donner 75 millions de francs supplémentaires à France 2, ce qui lui donnera au total 110 millions de francs, et 30 millions à France 3, ce qui lui donnera au total 90 millions de francs.
La société a besoin de retrouver une gestion saine ; de nouvelles missions lui sont confiées : le financement du plan des 35 heures, le développement de la télévision numérique hertzienne terrestre. Enfin, il convient d'apurer le déficit de cette société avant la constitution de la holding prévue aux termes du projet de loi actuellement en navette.
Afin de permettre à Radio France d'obtenir les 100 millions de francs supplémentaires que nous souhaitons lui donner dans la loi de finances pour 2000, notre amendement sur le projet de loi de finances rectificative pour 1999 prévoit de lui attribuer 45 millions de francs en complément des 55 millions de francs que lui octroie l'article 10. La société a besoin de ces crédits pour développer son outil numérique et former ses personnels, mais aussi reprendre le développement des radios locales, suspendu depuis onze ans.
De la même façon, nous souhaitons attribuer des ressources supplémentaires à La Cinquième, à Arte et à l'INA pour financer leurs nouvelles missions. Notre amendement reprend les propositions que nous avions faites dans la loi de finances pour 2000 pour ces sociétés en tenant compte des crédits supplémentaires déjà attribués par l'article 10.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 15 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission considère que cet amendement est largement satisfait par son amendement n° 33.
M. Christian Sautter, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. C'est sûr !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 33 et 15 ?
M. Christian Sautter, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Certes, ces deux amendements partent l'un et l'autre d'une bonne intention : donner au service public les moyens de son développement. Néanmoins, l'avis du Gouvernement est défavorable car, au-delà des sommes qui ont déjà été inscrites - 70 millions de francs au titre de l'excédent prévisionnel de 1999 - au nom du principe de prudence, je ne vois pas de raison d'y ajouter soit 167,3 millions de francs d'excédent au titre de 1999, soit a fortiori - je reconnais là la bien heureuse impatience du rapporteur général - une somme de 200 millions de francs. Avant de redistribuer d'éventuels excédents, il convient d'attendre qu'ils soient avérés.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 15 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, ainsi modifié.

(L'article 10 est adopté.)

Article additionnel avant l'article 11