Séance du 29 juin 1999
M. le président. La parole est à M. Madrelle, auteur de la question n° 560, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Philippe Madrelle. Madame la secrétaire d'Etat, j'ai souhaité appeler l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur le véritable « blocus » économique qui guette l'agglomération bordelaise si des décisions urgentes ne sont pas prises pour assurer l'écoulement des trafics de transit.
Les études de trafic réalisées par les propres services du ministère de l'équipement démontrent que l'actuelle rocade de Bordeaux, même dans l'hypothèse d'un aménagement complet à deux fois trois voies, sera irrémédiablement saturée à l'horizon 2010. Les trafics urbains, qui s'y portent à plus de 60 %, vont passer de 1,3 million à 2 millions de déplacements à l'horizon 2010. Selon le centre d'études techniques de l'équipement du Sud-Ouest, le temps moyen de parcours des 30 kilomètres séparant l'entrée nord de l'agglomération de sa sortie sud sera, à la même date, de quatre-vingt-sept minutes.
En 1995, les relevés effectués par la direction départementale de l'équipement, de la Gironde ont fait apparaître 459 perturbations de trafic réparties sur deux cent un jours, soit plus d'un jour sur deux dans l'année. Leur durée moyenne est supérieure à une heure et 20 % d'entre elles ont duré plus d'une heure cinquante. Or l'étude effectuée par les services de l'Etat, qui est détaillée dans le dossier de concertation relatif au schéma de services de transports en Aquitaine, récemment présenté par M. le préfet de région, fait apparaître une évolution inéluctable du transport routier de fret qui, selon les hypothèses considérées, de la stagnation économique à une progression annuelle du PIB de 2,3 %, augmentera de 57 % à 100 % à l'horizon 2020. Cette même étude affirme que ces hypothèses sont fortement liées à l'environnement international et échappent ainsi, en grande partie, aux choix nationaux.
La perspective prochaine de travaux d'entretien importants sur le pont d'Aquitaine, qui vont restreindre sévèrement son usage, vont mettre en pleine lumière la fragilité de ce lien obligé de pénétration dans l'agglomération et paralyser son activité économique. Les essais de circulation qui se déroulent actuellement sur le pont d'Aquitaine sont proprement catastrophiques.
M. le maire de Bordeaux, par ailleurs préoccupé par les conséquences de la construction du tramway sur les flux de circulation à l'intérieur de l'agglomération bordelaise - qui rendra nécessaire la construction d'un nouvel ouvrage de franchissement de la Garonne à Bordeaux - a récemment pris conscience de la gravité de la menace que je dénonce depuis des années concernant les trafics de transit et la nécessité absolue de donner la priorité à la réalisation d'une infrastructure nouvelle assurant la continuité autoroutière nord-sud entre l'autoroute A 10 et l'autoroute A 63, et desservant la presqu'île d'Ambès, où devra être aménagée une puissante plate-forme intermodale afin d'assurer la distribution des trafics de fret entre la mer, le fer et la route. M. le maire de Bordeaux s'est joint à moi pour affirmer la nécessité impérative de l'inscription dans le prochain contrat de plan des études de réalisation de cette nouvelle grande infrastructure.
Je vous demande, madame le secrétaire d'Etat, de prier instamment M. le ministre de l'équipement de soutenir, au-delà des idéologies, cette initiative commune du maire de Bordeaux, président de la communauté urbaine, et du président du conseil général de Gironde, et de donner à ses services locaux toutes instructions utiles pour que soit engagée effectivement dans le 12e Plan la réalisation de cette infrastructure indispensable.
M. le président. Monsieur Madrelle, je vous demande de bien vouloir conclure.
M. Philippe Madrelle. Nous sommes convaincus que l'intérêt général commande la construction d'un tel ouvrage en aval du pont d'Aquitaine et celle d'un pont supplémentaire dans Bordeaux. Si l'on regarde vraiment les choses en face, ce sont incontestablement les deux priorités essentielles qui doivent être inscrites dans le prochain contrat de plan.
M. Gérard César. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme. Monsieur le sénateur, M. Jean-Claude Gayssot a souhaité que je vous adresse la réponse suivante.
Les rocades de Bordeaux assurent aujourd'hui, dans des conditions encore convenables, une part importante des échanges urbains en même temps que l'écoulement des trafics de transit au droit de l'agglomération.
Avec l'augmentation prévisible de ces trafics, ce système de rocades risque de ne pas être suffisant, à terme, pour remplir cette double fonction dans des conditions de fluidité satisfaisantes. L'élargissement à deux fois trois voies et le développement des transports en commun pour les relations entre le centre de l'agglomération et la périphérie permettront d'améliorer la situation et constituent la première priorité.
Une augmentation de la capacité des rocades au-delà de deux fois trois voies n'est pas envisageable. Se pose donc à terme, en Aquitaine, la question de la distribution des trafics entre les grandes infrastructures routières convergeant vers Bordeaux.
On peut effectivement envisager de délester les rocades périurbaines de l'agglomération par un contournement ouest de Bordeaux en offrant un itinéraire attractif au transit venant du nord à destination de Bayonne et au-delà.
Une autre réponse possible est un grand contournement à l'est de Bordeaux. Ce contournement permettrait de capter les trafics de la future autoroute A 89 en direction du nord et de l'ouest et offrirait un itinéraire attractif pour le transit venant du nord à destination d'Agen, de Mont-de-Marsan ou de Pau.
Du point de vue de la structuration du développement de l'aire urbaine bordelaise, les deux scénarios ont bien évidemment des conséquences différentes qu'il convient d'apprécier.
Enfin, les difficultés d'ordre environnemental sont grandes pour tous les tracés : viticulture et urbanisation à l'est, environnement naturel et franchissement de l'estuaire de la Gironde à l'ouest.
Les concertations en cours, dans le cadre de la démarche des schémas de services de transport voyageurs et marchandises, doivent permettre d'examiner l'opportunité d'une telle opération et d'éclairer le choix du parti d'aménagement qui devra être inscrit dans ces schémas qui remplaceront l'actuel schéma directeur routier national.
M. Philippe Madrelle. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Madrelle.
M. Philippe Madrelle. Envisager un contournement à l'est de Bordeaux constitue une véritable folie, d'autant que le contournement à l'ouest présenterait l'avantage de désenclaver le Médoc et de construire une plate-forme intermodale sur la presqu'île d'Ambès. Par conséquent, ce sont vraiment des rideaux de fumée !
Si l'on ne réalise pas au plus vite ce pont en aval du pont d'Aquitaine, ce qui n'empêche d'ailleurs pas la construction d'un pont à Bordeaux - les deux projets vont dans le même sens ! - la vie économique - j'insiste sur ce point - sera complètement asphyxiée au nord du département. N'oublions pas que nous avons des échanges avec près de un million d'habitants de Charente-Maritime !
Un contournement à l'est n'a aucune signification. On oublie totalement, en effet, que le Médoc est actuellement complètement enclavé et que le contournement par l'ouest le désenclaverait, car le seul passage pour le Médoc c'est le « verrou » à l'intérieur de l'agglomération bordelaise. Par conséquent, je demande que l'on examine la situation très objectivement.
M. le président. Si vous en êtes d'accord, madame le secrétaire d'Etat, nous en revenons à la question n° 555 de M. Vasselle. (Mme le secrétaire d'Etat fait un signe d'approbation.)
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