Séance du 30 mars 1999
SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Remplacement d'un juge titulaire à la Cour de justice de la République
(p.
1
).
3.
Questions orales sans débat
(p.
2
).
FINANCEMENT DES STRUCTURES D'AIDE À DOMICILE (p. 3 )
Question de M. Philippe Richert. - Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle ; M. Philippe Richert.
CONDITIONS DE TRAVAIL ET SANTÉ PUBLIQUE (p. 4 )
Question de Mme Marie-Claude Beaudeau. - Mmes Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle ; Marie-Claude Beaudeau.
FISCALITÉ DES ASSOCIATIONS (p. 5 )
Question de M. Serge Franchis. - Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme ; M. Serge Franchis.
BAISSE DE LA TVA SUR LES ACTIVITÉS DE TOURISME (p. 6 )
Question de M. Georges Mouly. - Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme ; M. Georges Mouly.
CONDITIONS D'OCTROI
DES INDEMNITÉS COMPENSATRICES DE HANDICAPS NATURELS
LORS D'UNE MISE EN PENSION DES ANIMAUX (p.
7
)
Question de M. Auguste Cazalet. - Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme ; M. Auguste Cazalet.
INSCRIPTION DE LA RN 21 AU SCHÉMA NATIONAL
DE SERVICES COLLECTIFS DES TRANSPORTS (p.
8
)
Question de M. Bernard Cazeau. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Bernard Cazeau.
DÉSENCLAVEMENT AUTOROUTIER ET FERROVIAIRE
DES HAUTES-ALPES (p.
9
)
Question de M. Marcel Lesbros. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Marcel Lesbros.
TRAVAUX DE CONTOURNEMENT
DE LA COMMUNE DE SAINT-ANDRÉ-DE-SANGONIS (p.
10
)
Question de M. Gérard Delfau. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Gérard Delfau.
CONSÉQUENCES DE LA MISE EN SERVICE
DE LA LIGNE À GRANDE VITESSE MÉDITERRANÉE
SUR LA DESSERTE FERROVIAIRE DE L'ARDÈCHE (p.
11
)
Question de M. Michel Teston. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Michel Teston.
DÉSIGNATION DU CONCESSIONNAIRE
DE L'AUTOROUTE A 19 (p.
12
)
Question de M. Paul Masson. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Paul Masson.
AVENIR DU TGV MÉDITERRANÉE (p. 13 )
Question de M. René Marquès. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; René Marquès.
ÉVOLUTION DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL (p. 14 )
Question de Mme Hélène Luc. - M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; Mme Hélène Luc.
FINANCEMENT DES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS COMMUNAUX (p. 15 )
Question de M. André Vallet. - MM. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; André Vallet.
CONSÉQUENCES DE L'INTÉGRATION
DE L'ÉCOLE D'INGÉNIEURS DE TOURS
AU SEIN DE L'UNIVERSITÉ FRANÇOIS-RABELAIS (p.
16
)
Question de M. Dominique Leclerc. - MM. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ; Dominique Leclerc.
IMMATRICULATION DES DEUX-ROUES (p. 17 )
Question de M. Michel Esneu. - MM. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur ; Michel Esneu.
TRAVAUX DE CONSOLIDATION DE BERGES
SUR LE DOMAINE PUBLIC COMMUNAL (p.
18
)
Question de M. Xavier Darcos. - MM. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur ; Xavier Darcos.
FONCTIONNEMENT DU COMITÉ D'INFORMATION
ET DE LIAISON DU PARC DE SAINT-CLOUD (p.
19
)
Question de M. Denis Badré. - Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication ; M. Denis Badré.
Suspension et reprise de la séance (p. 20 )
PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
4.
Commission mixte paritaire
(p.
21
).
5.
Aménagement et développement durable du territoire. -
Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p.
22
).
Article 19 (suite) (p. 23 )
Amendement n° 55 de la commission et sous-amendement n° 321 rectifié (précédemment adopté) de M. Belot ; amendements n°s 161 rectifié, 166 rectifié, 180, 167 rectifié de M. Vasselle, 124 rectifié, 125 rectifié de M. Arnaud, 176 rectifié, 177 rectifié de M. Braye, 134 rectifié, 132 de M. Hérisson, 310 de M. Dussaut, 308 de M. Bellanger, 316 rectifié, 309 de M. Cazeau et 311 de M. Trémel. - MM. Alain Vasselle, Philippe Arnaud, Patrick Lassourd, Pierre Hérisson, Mme Yolande Boyer, MM. Jacques Bellanger, Pierre-Yvon Trémel, Bernard Cazeau, Gérard Larcher, rapporteur de la commission spéciale ; Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement ; MM. Claude Belot, rapporteur de la commission spéciale ; Jean-Pierre Raffarin. - Retrait de l'amendement n° 161 rectifié ; adoption de l'amendement n° 55, modifié par le sous-amendement n° 321 rectifié, rédigeant l'article, les autres amendements devenant sans objet.
Article 20 (p. 24 )
M. Jean-Pierre Plancade, Mme Odette Terrade.
Amendements n°s 237 rectifié de M. Hoeffel et 252 rectifié de Mme Bardou. - M.
Michel Souplet, Mme Janine Bardou, M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le
ministre, MM. Jacques Bellanger, Alain Vasselle, Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale. - Adoption de l'amendement n° 237
rectifié, l'amendement n° 252 rectifié devenant sans objet.
Amendement n° 198 rectifié de M. François. - MM. Philippe François, Gérard
Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Alain Vasselle. - Adoption.
Amendements n°s 56 de la commission et 126 rectifié de M. Arnaud. - MM. Gérard
Larcher, rapporteur ; Philippe Arnaud, Mme le ministre. - Retrait de
l'amendement n° 56 ; adoption de l'amendement n° 126 rectifié.
Amendement n° 183 de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, Gérard Larcher,
rapporteur ; Mme le ministre. - Retrait.
Amendements identiques n°s 57 de la commission et 184 de M. Vasselle. - MM.
Gérard Larcher, rapporteur ; Alain Vasselle, Mme le ministre, M. Jacques
Bellanger. - Retrait de l'amendement n° 184 ; adoption de l'amendement n°
57.
Amendements n°s 58 de la commission et 317 rectifié de M. Trémel. - MM. Gérard
Larcher, rapporteur ; Pierre-Yvon Trémel, Mme le ministre. - Adoption de
l'amendement n° 58, l'amendement n° 317 rectifié devenant sans objet.
Amendements identiques n°s 59 de la commission et 290 de M. Le Cam ; amendement
n° 199 rectifié de M. François. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Pierre
Lefebvre, Philippe François, Mme le ministre. - Adoption des amendements n°s 59
et 290, l'amendement n° 199 rectifié devenant sans objet.
Amendement n° 60 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le
ministre. - Adoption.
Amendement n° 254 rectifié
bis
de Mme Bardou. - Mme Janine Bardou, M.
Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendements identiques n°s 61 de la commission et 291 de M. Le Cam. - M. Gérard
Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 62 de la commission. - M. Charles Revet, rapporteur de la
commission spéciale ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendements identiques n°s 63 de la commission et 292 de M. Le Cam ;
amendements n°s 211 rectifié de M. Joyandet, 238 rectifié de M. Hoeffel et 253
rectifié de Mme Bardou. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Jacques Oudin,
Philippe Arnaud, Mmes Janine Bardou, Mme le ministre. - Adoption des
amendements n°s 63 et 292, les autres amendements devenant sans objet.
Amendement n° 64 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le
ministre. - Adoption.
Vote de l'article réservé.
Article additionnel après l'article 20 (p. 25 )
Amendement n° 293 de M. Le Cam. - MM. Pierre Lefebvre, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Rejet.
Article 20 bis (p. 26 )
Amendement n° 65 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Article 20 ter (p. 27 )
Amendements n°s 286 de M. Le Cam et 66 de la commission. - MM. Gérard Le Cam,
Charles Revet, rapporteur ; Mme le ministre, M. Jacques Bellanger. - Rejet de
l'amendement n° 286 ; adoption de l'amendement n° 66.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 20 ter (p. 28 )
Amendement n° 67 de la commission. - M. Charles Revet, rapporteur ; Mme le ministre, M. Jacques Bellanger. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 21 (p. 29 )
Amendement n° 68 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Article 22 (p. 30 )
M. Gérard Le Cam.
Amendement n° 188 rectifié de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, Gérard
Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 294 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, Gérard Larcher, rapporteur
; Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 189 rectifié
bis
de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle,
Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 312 de M. Bellanger. - MM. Jacques Bellanger, Gérard Larcher,
rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 318 rectifié
ter
de M. Domeizel. - MM. Claude Domeizel,
Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Gérard Delfau. - Adoption.
Suspension et reprise de la séance (p. 31 )
PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
M. le président.
Amendement n° 69 rectifié de la commission et sous-amendements n°s 221
rectifié, 234 rectifié de Mme Bardou et 326 de M. Vasselle ; amendements n°s
295, 297 de M. Le Cam et 263 de M. Mouly. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme
Janine Bardou, MM. Alain Vasselle, Gérard Le Cam, Bernard Joly, Mme le
ministre, MM. Charles Revet, Jacques Bellanger. - Retrait du sous-amendement n°
326 ; adoption des sous-amendements n°s 221 rectifié, 234 rectifié et de
l'amendement n° 69 rectifié, modifié, les autres amendements devenant sans
objet.
Amendement n° 296 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, Gérard Larcher, rapporteur
; Mme le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 22 (p. 32 )
Amendement n° 70 de la commission et sous-amendement n° 330 rectifié de M. Vasselle. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Alain Vasselle, Mme le ministre, MM. le président de la commission, Jean-Pierre Raffarin. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié insérant un article additionnel.
Article 22
bis.
- Adoption (p.
33
)
Article 22
ter
(p.
34
)
Amendement n° 71 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 22 quater (p. 35 )
Amendements n°s 72 et 73 de la commission. - M. Gérard Larcher, rapporteur ;
Mme le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendements n°s 74 de la commission et 191 de M. Vasselle. - MM. Gérard
Larcher, rapporteur ; Alain Vasselle, Mme le ministre. - Retrait de
l'amendement n° 191 ; adoption de l'amendement n° 74.
Adoption de l'article modifié.
Article 23 (p. 36 )
Amendements n°s 75 de la commission et 222 rectifié de Mme Bardou. - M. Gérard Larcher, rapporteur ; Mmes Janine Bardou, le ministre, MM. Charles Revet, Jean-Pierre Raffarin, Louis Moinard, Jacques Bellanger. - Retrait de l'amendement n° 222 rectifié ; adoption de l'amendement n° 75 rédigeant l'article.
Article additionnel après l'article 23 (p. 37 )
Amendement n° 298 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, Gérard Larcher, rapporteur ; Mme le ministre, M. Jean-Pierre Raffarin. - Rejet.
Article 24 (p. 38 )
Amendement n° 76 de la commission et sous-amendement n° 327 rectifié de M.
Vasselle. - MM. Gérard Larcher, rapporteur ; Alain Vasselle, Mmes le ministre,
Marie-Claude Beaudeau, MM. Jean-Pierre Raffarin, Jacques Bellanger. - Adoption
du sous-amendement et de l'amendement modifié rédigeant l'article.
Renvoi de la suite de la discussion.
6.
Texte soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution
(p.
39
).
7.
Ordre du jour
(p.
40
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE,
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à neuf heures trente-cinq.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
REMPLACEMENT D'UN JUGE TITULAIRE
A` LA COUR DE JUSTICE DE LA RÉPUBLIQUE
M. le président.
Je vous rappelle que M. François Autain a adressé à M. le président du Sénat
sa démission de ses fonctions de juge titulaire à la Cour de justice de la
République.
En application de l'article 6, deuxième alinéa, de la loi organique n° 93-1252
du 23 novembre 1993, M. Claude Saunier, qui était suppléant de M. Autain,
devient juge titulaire.
En application du troisième alinéa du même article, il sera procédé
ultérieurement à l'élection d'un juge suppléant, en remplacement de M. Saunier.
3
QUESTIONS ORALES SANS DÉBAT
M. le président.
L'ordre du jour appelle les réponses à des questions orales sans débat.
FINANCEMENT DES STRUCTURES D'AIDE A` DOMICILE
M. le président.
La parole est à M. Richert, auteur de la question n° 341, adressée à Mme le
ministre de l'emploi et de la solidarité.
M. Philippe Richert.
Madame le secrétaire d'Etat, ma question concerne la situation difficile des
structures d'aide à domicile des personnes âgées.
Par cette question orale, j'ai voulu attirer l'attention de Mme le ministre de
l'emploi et de la solidarité sur les engagements que le Gouvernement a pris à
l'Assemblée nationale le 20 mai dernier, lors de la discussion du projet de loi
portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, et qui
concernent les structures d'aide à domicile, débat que nous avons d'ailleurs
repris au Sénat.
En effet, le Gouvernement s'était engagé à aider les structures d'aide à
domicile en difficultés financières en 1998. A ce jour, il semble bien que ces
engagements n'ont pas été suivis d'effet.
Aussi, je souhaiterais savoir si Mme Aubry envisage des réunions de
concertation réunissant les différents partenaires intéressés. De même, dans
quel délai et avec quels moyens Mme le ministre pense-t-elle pouvoir répondre
aux engagements pris par le secrétaire d'Etat au budget devant l'Assemblée
nationale le 20 mai dernier et quelles seront les modalités concrètes et
pratiques d'octroi de ces aides ?
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Monsieur le sénateur, comme vous le savez, le Gouvernement a pris, ces
derniers mois, les mesures qui s'imposaient pour aider les associations gérant
des services d'aide ménagère, qu'il s'agisse de l'exonération totale des
charges patronales de sécurité sociale, qui a été votée dans le cadre de la loi
de financement de la sécurité sociale de 1999, ou bien de l'aide exceptionnelle
de 30 millions de francs qui a été dégagée pour les associations qui nous
avaient alertés sur leurs difficultés en 1998. Cette aide exceptionnelle est
actuellement en cours de paiement aux associations, qui en sont informées.
Par ailleurs, Mme Aubry a demandé à la caisse nationale d'assurance vieillesse
de lui faire rapidement des propositions permettant d'assurer à l'avenir le bon
fonctionnement de ce secteur. Pourrait notamment être étudié le principe de
taux différenciés, ou toute autre forme de tarification reposant sur des
critères objectifs. Cette réflexion devra être menée en étroite concertation
avec les fédérations d'organismes de ce secteur pour prendre effectivement en
compte non seulement le coût horaire réel de l'aide ménagère à domicile, mais
aussi les situations locales et la qualité du service rendu aux personnes âgées
en perte d'autonomie.
La situation actuelle confirme la nécessité d'une rénovation des méthodes de
gestion de l'aide ménagère et d'une harmonisation du niveau des prestations
offertes par les différents régimes de retraite. C'est un chantier important
car l'aide ménagère est essentielle pour permettre aux personnes âgées qui
perdent leur autonomie de rester, comme elles le souhaitent, à leur domicile. A
cet égard, le Gouvernement compte bien sur la mission que M. le Premier
ministre a confiée à Mme Paulette Guinchard-Kunstler, député du Doubs, qui a
déjà rencontré beaucoup d'associations, pour nous aider à améliorer la qualité
des prestations fournies, notamment par une meilleure formation et une plus
grande professionnalisation des intervenants à domicile.
M. Philippe Richert.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert.
Madame le secrétaire d'Etat, je vous remercie des précisions que vous venez de
m'apporter. Pour autant, elles n'apaisent pas totalement mes interrogations et
mes craintes.
En effet, vous venez de le rappeler, le Gouvernement a pris un certain nombre
de dispositions. Vous avez annoncé, notamment, que l'aide exceptionnelle de 30
millions de francs était en cours de répartition. Je connais la situation d'un
certain nombre d'associations : elles n'ont pas encore vu ces crédits abonder
leur trésorerie, qui est très sérieusement mise à mal.
Mais, en corollaire de cette aide exceptionnelle, il est prévu de réduire de
quelque 7 francs le prix de journée pris en charge par les caisses
d'allocations familiales. En conséquence, les associations en question
resteront toujours dans une situation financière difficile. Par exemple, d'ici
à la fin de l'année, la structure du département du Bas-Rhin risque de
connaître un déficit de l'ordre de 5 millions de francs.
Les mesures qui viennent d'être prises vont, une nouvelle fois, déstabiliser
ces associations puisque, par la décision de la CAF - permise par le
Gouvernement -, puisqu'il a donné son autorisation -, tous les effets des
mesures qui avaient été au préalable annoncées par le ministre du budget ont
été purement et simplement annulés.
Je tiens à attirer l'attention du Gouvernement sur la situation très précaire
de ces associations. Nous ne pouvons pas, une fois encore, attendre un nouveau
rapport et des mois, voire des années, avant que n'entrent en application les
mesures qui sont demandées. Il faut absolument, et très rapidement - j'insiste
sur ce point - faire le nécessaire pour éviter que l'augmentation de la charge
laissée aux associations ne se répercute sur les personnes âgées elles-mêmes :
ce serait un comble si, demain, les personnes âgées qui bénéficient d'une aide
à domicile devaient supporter une charge supplémentaire de 7 francs par jour !
CONDITIONS DE TRAVAIL ET SANTÉ PUBLIQUE
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau, auteur de la question n° 441, adressée à Mme le
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Madame le secrétaire d'Etat, le 16 juillet 1998, j'avais fait part à Mme
Aubry, au moyen d'une question écrite, de notre inquiétude de constater une
progression régulière du nombre de maladies et de troubles professionnels et,
partant de la nécessité de mener une action publique dans les domaines de la
santé en général et de la sécurité au travail en particulier.
Je suis étonnée, madame la secrétaire d'Etat, qu'à ce jour aucune réponse ne
m'ait été apportée, ce qui me conduit à poser cette question orale huit mois
après. Je vous remercie de venir ce matin exprimer la réponse du Gouvernement
mais, très courtoisement, j'observe que ma question n'a trait ni aux droits des
femmes ni à la formation professionnelle : il s'agit de santé publique,
problème national !
De quoi s'agit-il ?
Le nombre d'accidents du travail déclarés progresse de 2,5 %, celui des
accidents mortels de 7 %. Le nombre de maladies professionnelles reconnues est
en croissance. Le nombre de cas de troubles musculo-squelettiques est passé de
4 704 en 1995 à 6 183 en 1996. Les chiffres de 1997 et 1998 ne sont pas encore
publiés. Pourquoi ?
Les pathologies liées à l'amiante creusent la tombe de milliers de salariés
dans un contexte reconnu de sous-déclaration des accidents du travail et des
maladies professionnelles. Comme vous le savez, le rapport de M. Deniel, que
vous connaissez, l'affirme.
Dans un cadre social, l'écart se creuse entre ce qui est connu des effets
pathologiques et ce qui est reconnu dans la législation de prévention et de
réparation des atteintes liées au travail. Je sais aussi que vous avez eu
connaissance du rapport de Mme Thébaud-Mony.
M. Jospin, lors du conseil supérieur de la prévention des risques
professionnels, le 25 février dernier, a semblé manifester la volonté de
définir une véritable politique de connaissance des risques et de veille
sanitaire.
D'ailleurs, même le patronat s'inquiète. Il vient ainsi de décider d'examiner
le fonctionnement du système français de prévention des risques. La rédaction
d'un rapport parlementaire a été confiée par M. le Premier minister à Mme
Grezulka et à M. Aschiéri. Le rapport, qui a été rendu en novembre 1998, remet
en question l'organisation, le rôle et les missions des institutions
officiellement chargées des risques professionnels.
Madame la secrétaire d'Etat, je ne suis pas la seule à m'inquiéter de cette
situation grave et évolutive, qui met en danger la vie des salariés au travail.
Je suis d'ailleurs surprise - et je l'avais fait savoir à M. Kouchner - que les
états généraux de la santé n'aient pas retenu initialement ce thème de
réflexion, qui, comme vous le savez, a été ajouté
in extremis.
Le 8 avril prochain, j'organiserai ici même, avec mes amis du Sénat, de
l'Assemblée nationale et du Parlement européen, une rencontre
interdisciplinaire sur le thème de la santé et du travail. Cette rencontre
présente un intérêt évident, et l'importance du rôle des pouvoirs publics dans
ce domaine est plus qu'évidente.
Aussi, je vous invite, madame la secrétaire d'Etat, à y participer. Vous
pourrez, j'en suis persuadée, prendre la mesure de l'émotion des milieux
médicaux, syndicaux et patronaux, même si ces derniers portent une lourde
responsabilité dans l'évolution dramatique de la situation.
En conclusion, je voudrais vous demander s'il existe des solutions et quels
sont les organismes compétents.
L'Institut national de recherche et de sécurité, à qui a été confiée en 1968
une mission de recherche, a pris la suite d'un organisme créé à la Libération,
au moment où, en s'appuyant sur les valeurs et l'enthousiasme de cette époque,
le bonheur des hommes était vu sous un angle conquérant, c'est cet organisme
qui est chargé de la recherche, de l'information, de la formation sur les
risques professionnels.
Nous nous posons la question de savoir si le Gouvernement apprécie comme il
convient l'importance de cet institut.
Nous pensons que son financement doit être fondamentalement assuré et
développé dans le cadre du fond accidents du travail et maladies
professionnelles, qui est, vous le savez, financé par les entreprises, avec des
objectifs plus précis et complets, dans le sens d'une véritable prise en compte
de la demande sociale des salariés dans le domaine de la protection de la santé
au travail.
Que pense faire le Gouvernement pour aller dans cette voie ?
Nous nous permettons de lui suggérer de prévoir une modification substantielle
du conseil d'administration de l'INRS, en attribuant une majorité de sièges aux
représentants des salariés et en prévoyant une représentation élue des agents
de l'institut, lesquels ne siègent pas actuellement.
Nous pensons également que la commission scientifique de cet organisme doit
être réformée, pour assurer une véritable indépendance aux chercheurs et
supprimer la censure patronale qui s'y exerce.
Vous le voyez, financement, gestion démocratique, ambition scientifique nous
semblent être les points sur lesquels doivent porter les modifications dans le
cadre d'une campagne énergique en faveur d'un renouveau de l'action de soins et
de prévention des maladies professionnelles.
M. le président.
Puis-je me permettre de rappeler que chaque intervention doit contenir une
seule question et que chaque orateur devrait se limiter à trois minutes pour
formuler sa question... et non pas six minutes, comme cela vient d'être le cas,
madame le sénateur.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Madame la sénatrice, sur un ton aussi courtois que le vôtre, permettez-moi de
dire que, membre de ce Gouvernement, j'ai dû apprendre le caractère collégial
de cet exercice et apprendre à m'exprimer sur des sujets qui, à l'évidence,
dépassent le strict champ de mes compétences.
La seule chose dont je puis témoigner, vous le savez pertinemment, c'est que
la réponse qui vous est faite est d'abord visée par la ministre de tutelle.
C'est donc en son nom que je me permets de vous la communiquer.
Votre intervention, madame la sénatrice, pose dans toute sa portée la question
de la reconnaissance, de la réparation et de la prévention des accidents du
travail et des maladies professionnelles. Il s'agit pour le Gouvernement, et
pour la ministre de l'emploi et de la solidarité tout particulièrement, d'une
priorité.
Le nombre des accidents du travail avec arrêt a augmenté de 2,4 % en 1997
après cinq années de baisse régulière. Le nombre des maladies professionnelles
reconnues en 1996, dernières données communiquées par la CNAM, s'est élevé à 13
278 parmi lesquelles les affections péri-articulaires et les pathologies liées
à l'amiante constituent les maladies les plus fréquentes.
Ces chiffres sont doublement préoccupants. D'une part, ils représentent une
hausse sensible par rapport aux années précédentes ; d'autre part, ils ne
rendent pas compte de la réalité de l'ensemble des maladies susceptibles d'être
rapportées à une origine professionnelle.
Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité tient à rappeler, à cet égard,
qu'à la suite notamment du rapport établi par M. Deniel l'an dernier le
Gouvernement a pris un certain nombre de mesures.
En premier lieu, il s'agit de mesures destinées à améliorer la reconnaissance
des maladies professionnelles, notamment le report de la prescription au jour
de la reconnaissance de l'origine professionnelle par un médecin, ainsi que
l'encadrement des conditions dans lesquelles les caisses d'assurance maladie
peuvent contester une demande de réparation.
En second lieu, plusieurs tableaux de maladies professionnelles ont été
révisés et complétés au regard de l'évolution des connaissances scientifiques
et médicales, et de nouveaux tableaux ont été créés pour les lombalgies
professionnelles.
En outre, des affections qui ne figurent pas dans les tableaux existants
peuvent également être reconnues comme des pathologies professionnelles, donner
lieu à indemnisation à ce titre et fonder une meilleure connaissance des
risques.
Enfin, la mise en place de l'Institut de veille sanitaire va donner une
nouvelle impulsion au développement de l'épidémiologie, notamment dans le
domaine de la santé au travail.
En ce qui concerne la tarification, il est clair que les conséquences
financières des accidents du travail et des maladies professionnelles doivent
être imputées à la branche « accidents du travail » de la sécurité sociale.
C'est, comme vous l'indiquez, une question de principe et une démarche
cohérente pour inciter les employeurs à la prévention.
Vous avez évoqué, enfin, l'Institut national de recherche et de sécurité.
L'INRS doit avoir une place incontestée parmi les organismes experts. Il en
détient le potentiel humain, scientifique et technique. Mais il faut que les
choix et la validation des études soient transparents et incontestables sur le
plan scientifique.
Par ailleurs, le cadre des relations de l'INRS avec la CNAM et les ministères
compétents doit être clarifié aux plans juridique et opérationnel. Une mission
de l'inspection générale des affaires sociales est en cours pour éclairer Mme
Martine Aubry et M. Bernard Kouchner sur ces questions.
Permettez-moi enfin d'évoquer l'initiative récente des partenaires sociaux
relative à l'examen du système français de prévention, de manière à rechercher
et à proposer les évolutions et les adaptations qu'il appelle. Il faut se
réjouir de cette initiative, car il est essentiel que les partenaires sociaux
marquent, par leurs travaux, leur volonté d'agir aussi dans ce domaine,
notamment sur le terrain de l'entreprise.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole.
M. le président.
Madame Beaudeau, je vous demande de répondre brièvement à Mme le secrétaire
d'Etat.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je veux vous remercier, madame la secrétaire d'Etat, de votre réponse. Je
connaissais les mesures adoptées par le Gouvernement, mesures qui ne sont pas
négligeables et que les salariés, leurs associations et leurs syndicats
considèrent comme importantes. Je vous donne donc acte qu'effectivement des
choses ont été faites.
Je crains cependant que votre réponse de ce matin ne reste imprécise et un peu
trop au niveau de l'intention.
Vous avez rendu hommage aux salariés et à l'Institut national de recherche et
de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles. Le financement de cet institut doit être assuré par les
entreprises et non par l'impôt, de façon que les employeurs soient contraints
de réduire les risques dans l'entreprise et incités à la prévention. Il faut en
effet traiter cette question en amont.
Par ailleurs, les victimes doivent avoir une place prépondérante dans la
gestion de la réparation-prévention.
Le fonctionnement actuel de l'Institut national de recherche et de sécurité ne
permet pas de répondre à la demande des salariés concernant la santé et la
prévention dans l'entreprise. Or seuls les salariés, leurs représentants et les
agents de cet institut peuvent peser avec efficacité sur les orientations des
entreprises.
Vous partagez avec nous, je crois, l'idée selon laquelle ce n'est pas sans les
salariés que l'on garantira leur droit aux soins et, au-delà, le droit à la
santé et au travail.
FISCALITÉ DES ASSOCIATIONS
M. le président.
La parole est à M. Franchis, auteur de la question n° 458, adressée à M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Serge Franchis.
Ma question, qui s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie, porte sur la position des associations intermédiaires à l'égard de
la taxe sur la valeur ajoutée et de l'impôt sur les sociétés, dans l'hypothèse
où celles-ci créeraient des filiales commerciales.
En effet, les restrictions apportées par la loi du 29 juillet 1998 à
l'exercice des missions jusque-là dévolues aux associations intermédiaires,
d'une part, et la nouvelle réglementation sur les emplois familiaux, d'autre
part, conduisent à la suppression de plusieurs centaines d'emplois permanents
et professionnalisés qui, année après année, ont été créés dans notre pays par
ces associations.
Pour leur permettre de poursuivre leurs actions en faveur des plus démunis,
actions conduites avec un succès reconnu, et pour maintenir l'activité d'un
certain nombre de leurs salariés, des associations intermédiaires
souhaiteraient participer à la création d'entreprises d'intérim d'insertion.
Ces initiatives se heurtent, semble-t-il, au principe selon lequel une
association est assujettie aux mêmes obligations fiscales que ses filiales
commerciales. Si ces conditions sont confirmées, je demande à M. le ministre
d'examiner la marge de manoeuvre d'une association intermédiaire lui permettant
de faire un apport en capital à une entreprise d'intérim d'insertion. En effet,
une telle association ne pourrait pas supporter une fiscalité de droit commun.
Les salariés, quant à eux, ne disposent pas de fonds pour constituer le capital
de l'entreprise.
Il y va cependant de la pérennité de structures sociales qui, dans les
circonstances actuelles, apportent une utile contribution à la lutte contre les
exclusions.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Michelle Demessine,
secrétaire d'Etat au tourisme.
Monsieur le sénateur, vous avez appelé
l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
sur le régime fiscal applicable aux associations intermédiaires, notamment
lorsque celles-ci participent à la création de filiales commerciales sous forme
d'entreprises d'intérim, d'insertion par exemple.
M. le ministre, qui est retenu ce matin, m'a demandé de vous répondre en son
nom.
Sous réserve que leur gestion conserve un caractère désintéressé, les
associations intermédiaires conventionnées, visées à l'article L. 322-4-16-3 du
code du travail bénéficient d'un régime fiscal favorable au regard tant de
l'impôt sur les sociétés que de la taxe sur la valeur ajoutée.
En effet, ces associations ne sont redevables que de l'impôt sur les sociétés
aux taux réduits prévu en faveur des organismes sans but lucratif qui ne
réalisent pas d'activité lucrative, et les prestations qu'elles réalisent sont
exonérées de taxe sur la valeur ajoutée.
La création de filiales commerciales par une association intermédiaire demeure
sans incidence sur le régime fiscal décrit précédemment, sous réserve que cette
association demeure conventionnée, ce qui serait le cas pour la création de
filiales d'intérim d'insertion.
J'espère, monsieur le sénateur, avoir répondu à votre question et écarté les
inquiétudes qui pouvaient être les vôtres.
M. Serge Franchis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis.
Madame la secrétaire d'Etat, je vous remercie pour les précisions très claires
et très précises que vous avez apportées. Il semble bien, à vous entendre, que
les associations intermédiaires seront mises à l'abri de toute difficulté
d'ordre fiscal.
BAISSE DE LA TVA SUR LES ACTIVITÉS DE TOURISME
M. le président.
La parole est à M. Mouly, auteur de la question n° 477, adressée à M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Georges Mouly.
Madame la secrétaire d'Etat, la requête formulée par le secteur de la
restauration en matière de baisse de la taxe sur la valeur ajoutée est bien
connue ; elle ne date pas d'aujourd'hui. Sur le terrain, en tant que
responsable, depuis des années, du comité départemental du tourisme, j'ai
entendu exprimer maintes fois cette préoccupation.
La restauration - bien évidemment, ce n'est pas à vous que je l'apprendrai,
madame la secrétaire d'Etat - est partie prenante de l'activité touristique,
dont je me réjouis, en votre présence, de souligner l'importance pour notre
économie, la France étant en effet la première destination touristique.
Comment ne pas relayer, par ailleurs, le sentiment d'injustice éprouvé devant
la différence du taux appliqué selon qu'il s'agit de restauration normale ou de
restauration rapide ?
Pour justifier cette différence, on avance parfois la nécessité d'aider les
moins favorisés, les jeunes, les étudiants, etc. Comment ne pas être sensible à
cet argument ? Mais est-il fondé ? L'engouement pour les « MacDo » trouve-t-il
là sa justification ? Rien n'est moins sûr à mes yeux.
En tout cas, sait-on suffisamment que 50 % des repas servis dans les
restaurants ont un prix inférieur à 50 francs ?
La possibilité ouverte récemment par le projet de directive européenne
pourrait conduire, selon moi, à prévoir l'application d'un taux de TVA, non pas
de 5,5 %, mais de 14 %, par exemple, qualifié de « eurocompatible », à toutes
les formes de restauration. Ainsi, l'Etat n'aurait pas à subir de pertes
significatives.
La proposition de directive prévoit que l'application d'un taux réduit
pourrait revêtir un caractère expérimental. Mais je n'insiste pas sur ce point,
car je sais bien qu'il serait difficile de revenir en arrière.
Quoi qu'il en soit, les professionnels estiment qu'une telle diminution de la
TVA pourrait conduire à la création d'au moins 10 000 emplois. Cette
perspective de création d'emplois ne saurait laisser indifférent.
Cela me conduit à demander quelle autre forme pourrait prendre une baisse des
charges en faveur des métiers de la restauration.
On peut certes invoquer le coût pour l'Etat de telles mesures, mais il existe
bien d'autres emplois dont le coût est élevé. En l'occurrence, ce n'est pas une
critique que je formule, madame la secrétaire d'Etat, c'est un constat.
En tout cas, l'Espagne, la Grèce, le Portugal, sérieux concurrents pour la
France, où le tourisme tient la place que vous savez, appliquent depuis
longtemps à la restauration un taux réduit de TVA.
Je sais que la proposition de directive ne cite pas nommément la restauration.
Mais je sais aussi que la question que je pose aujourd'hui l'a été également
sous une forme ou sous une autre par des élus de tous bords politiques. En tout
état de cause, elle mérite d'être étudiée, parce que l'emploi est en jeu.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Michelle Demessine,
secrétaire d'Etat au tourisme.
Monsieur le sénateur, M. le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie m'a prié de vous demander d'excuser
son absence et m'a demandé de vous présenter la réponse à la question que vous
avez posée, ce que je fais bien volontiers.
La législation applicable en matière de taxe sur la valeur ajoutée ne permet
pas d'appliquer un taux réduit de taxe sur la valeur ajoutée aux biens et
services, autres que ceux qui sont visés à l'annexe H de la sixième directive
TVA, qui n'en bénéficiaient pas au 1er janvier 1991.
Cette analyse a été confirmée par la commission, qui a indiqué que la France
ne pouvait pas appliquer un taux réduit de taxe sur la valeur ajoutée au
secteur de la restauration. Telle est la réponse que l'on peut apporter à
l'argument que vous avez invoqué, selon lequel certains pays européens
appliqueraient un taux réduit de TVA.
Certes, à la suite de l'intervention du Gouvernement, la Commission a adopté,
le 17 février 1999, une proposition de directive relative à la baisse du taux
de la taxe sur la valeur ajoutée pour les services à forte intensité de
main-d'oeuvre. Mais les exemples que cite la Commission dans cette proposition
de directive ne comprennent pas la restauration.
En outre il ne faut pas oublier que cette proposition de directive, qui devra
être adoptée par l'ensemble des Etats membres pour être applicable, subordonne
l'application de chaque expérimentation de baisse du taux de la taxe sur la
valeur ajoutée à un accord préalable de la Commission et des représentants des
quinze Etats membres.
Par ailleurs, il est difficile de savoir si une baisse du taux de la TVA pour
la restauration revêtirait un caractère redistributif et agirait sur l'emploi
et l'investissement.
Enfin, les choix fiscaux du Gouvernement dépendront de ses marges budgétaires,
qui ne sont pas encore connues.
M. Georges Mouly.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mouly.
M. Georges Mouly.
Je vous remercie de votre réponse, madame la secrétaire d'Etat. Mais, chacun
le sait - vous l'avez d'ailleurs rappelé - la proposition de directive concerne
les services à forte intensité de main-d'oeuvre. C'est parce que j'ai
conscience que la restauration est et pourrait être davantage encore employeur
de main-d'oeuvre que je me suis permis de vous poser cette question.
Au demeurant, comme vous l'avez dit, la directive ne cite que des exemples.
Or, je pense que cette série d'exemples n'est qu'indicative.
En tout cas, je regrette que la situation soit figée de ce point de vue, et ce
pour une unique raison, sur laquelle je me permets d'insister, madame la
secrétaire d'Etat : la création d'emplois est en cause !
CONDITIONS D'OCTROI DES INDEMNITÉS
COMPENSATOIRES DE HANDICAPS NATURELS
LORS D'UNE MISE EN PENSION DES ANIMAUX
M. le président.
La parole est à M. Cazalet, auteur de la question n° 466, adressée à M. le
ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Auguste Cazalet.
Madame la secrétaire d'Etat, je souhaite attirer votre attention sur la
situation d'un certain nombre d'exploitants agricoles installés sur les
vingt-deux communes du département des Pyrénées-Atlantiques qui ne bénéficient
pas d'un classement particulier au titre des indemnités compensatoires de
handicaps naturels, les ICHN, et qui, pendant la période de transhumance
d'hiver, avaient l'habitude de prendre des bêtes en pension ou de louer tout ou
partie de leurs terres à des bergers.
En période hivernale, en effet, la venue, avec leurs bêtes, des bergers
allocataires d'indemnités montagne ou haute montagne au titre des classements
d'été constitue pour ces agriculteurs un complément de revenu non
négligeable.
Cela fonctionnait bien jusqu'à la publication de la circulaire n° 7053 du 16
décembre 1996 reprenant l'ensemble de la procédure relative aux indemnités
compensatoires de handicaps naturels.
Si plus de 20 % des animaux sont mis en pension dans une autre zone que celle
de la résidence du siège et des superficies de l'exploitation, l'indemnité est
désormais calculée au taux de classement de la zone la moins défavorisée.
Mise en oeuvre en 1997, cette disposition est passée relativement
inaperçue.
Mais la diminution des dotations perçues au titre des ICHN a conduit
progressivement les bergers à changer leurs habitudes, privant ainsi des
exploitants agricoles d'un revenu qui leur permettait bien opportunément de «
joindre les deux bouts ».
Pour certains agriculteurs, cette baisse de revenu est d'autant plus injuste
qu'ils travaillent souvent des terres accidentées et ne reçoivent aucune
aide.
Je souhaiterais savoir, madame la secrétaire d'Etat, si, pour les vingt-deux
communes concernées par cette question, et dont je tiens à votre disposition la
liste établie par la direction départementale de l'agriculture des
Pyrénées-Atlantiques, un assouplissement des dispositions de la circulaire de
1996 ne pourrait pas être envisagé.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Michelle Demessine,
secrétaire d'Etat au tourisme.
Monsieur le sénateur, M. Glavany, ministre
de l'agriculture et de la pêche, qui ne peut être présent aujourd'hui, vous
prie de l'excuser. Il m'a demandé d'apporter la réponse suivante à votre
question.
Aux termes de la législation communautaire, les indemnités compensatoires de
handicaps naturels ont pour finalité d'assurer le maintien d'un minimum de
population agricole dans les zones défavorisées, en compensant, par le biais de
leur attribution des handicaps d'ordre climatique, topographique ou
économique.
En particulier, l'indemnité spéciale de montagne participe au maintien
d'agriculteurs dans cette zone, ce qui est bénéfique à la pérennité des
activités et services, ainsi qu'à l'entretien de l'espace.
Son bénéfice est soumis à des conditions liées à des contraintes propres à la
résidence de l'exploitation, au siège, au pourcentage de la surface agricole
utile en zone défavorisée et à la localisation des animaux. Ces règles
découlent à la fois de la réglementation communautaire et du code rural. Elles
sont adaptées, autant que faire se peut, aux conditions locales de
l'agriculture.
Pour donner droit à ces ICHN, les animaux doivent être maintenus en zone
défavorisée pendant la période de référence : février et mars. Cette règle, qui
avait fait l'objet d'une application éloignée du droit - ce que nous a reproché
la Commission européenne - a été rappelée dans la circulaire à laquelle vous
faites référence. C'est ainsi que le montant attribué par unité de gros bétail
sera celui de la zone la moins défavorisée dans laquelle se situe le siège, la
résidence, la surface ou les animaux. Il n'est pas possible d'y déroger, sauf à
encourir des risques de refus d'apurement des comptes.
M. Auguste Cazalet.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Cazalet.
M. Auguste Cazalet.
Madame la secrétaire d'Etat, je vous remercie de votre réponse. Mais je sais
qu'il s'agit d'une question assez complexe et, comme vous n'êtes pas le
ministre de l'agriculture, je ne souhaite pas vous importuner. J'interviendrai
donc de nouveau auprès de M. Glavany.
INSCRIPTION DE LA RN 21 AU SCHÉMA NATIONAL
DE SERVICES COLLECTIFS DES TRANSPORTS
M. le président.
La parole est à M. Cazeau, auteur de la question n° 459, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Bernard Cazeau.
Monsieur le secrétaire d'Etat, alors que se préparent les futurs contrats de
plan Etat-région, je tiens à attirer votre attention sur un dossier
d'aménagement routier essentiel au désenclavement et au développement
économique de cinq départements du grand Sud-Ouest.
Il s'agit de l'aménagement de la RN 21, qui assure la liaison entre Limoges,
Périgueux, Bergerac, Agen et l'Espagne, via le Somport.
Les cinq départements concernés - Haute-Vienne, Dordogne. Lot-et-Garonne, Gers
et Hautes-Pyrénées - sont rassemblés, à cet effet, au sein de l'association
Euro-Sud et ont déjà obtenu, en 1996, l'inscription de cet axe au schéma
routier transeuropéen.
Mais il est indispensable d'aller plus loin, il faut que des engagements plus
précis soient pris pour l'aménagement et la modernisation d'un itinéraire qui,
d'une part, constitue pour ces départements un axe nord-sud structurant et qui,
d'autre part, pourrait être une solution de délestage pour l'autoroute A 10 et
l'autoroute A 20.
Je vous demande donc de bien vouloir m'apporter des précisions sur la position
du Gouvernement quant aux deux revendications qui vous ont déjà été présentées
à ce propos.
En effet, nous souhaitons, tout d'abord, que la RN 21 soit aménagée selon le
principe d'un axe routier concédé à péage, dit à spécifications techniques
simplifiées, ce que l'on nomme plus communément « autoroute allégée », et que
cet aménagement soit inscrit au schéma de services collectifs des
transports.
Dans cette perspective, il conviendrait que les futurs contrats de plan passés
avec les régions Aquitaine et Limousin, prennent en compte de premiers
aménagements significatifs : en particulier, la déviation d'Aixe-sur-Vienne
ainsi que la réalisation des aménagements prévus entre Périgueux et Bergerac,
d'une part, Bergerac et Agen, d'autre part.
Il s'agit là de choix cruciaux, et les attentes des élus, des acteurs du monde
socio-économique comme de l'ensemble de la population du département sont très
fortes. Nous comptons sur la détermination de M. Gayssot pour imposer ces choix
stratégiques.
M. Xavier Darcos.
Très bien !
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Monsieur Cazeau, je vous prie d'excuser M.
Jean-Claude Gayssot, qui est aujourd'hui en déplacement officiel en Hongrie et
qui m'a chargé de vous communiquer les éléments de réponse qu'il avait préparés
à votre intention.
Vous souhaitez, monsieur Cazeau, que la route nationale 21 soit aménagée en
autoroute allégée concédée et que cet aménagement soit inscrit au schéma
national de services collectifs des transports.
Des travaux s'imposent effectivement sur la RN 21, qui supporte d'ores et déjà
des trafics importants, notamment au niveau de certaines agglomérations, comme
celle de Périgueux, dans votre département.
Faut-il prévoir une autoroute allégée ou faut-il progressivement aménager
cette route nationale ? Faut-il concéder une infrastructure nouvelle à péage,
en prévoyant vraisemblablement l'apport d'une importante subvention
d'équilibre, puisque c'est aujourd'hui la règle, ou faut-il financer
l'intégralité du projet par des crédits publics ? Toutes ces questions méritent
à l'évidence d'être posées, et les différentes hypothèses doivent être
comparées et discutées.
Le cadre approprié pour mener ce type de débat est bien celui de l'élaboration
des schémas de services de transports, voyageurs et marchandises, et M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement m'a fait savoir qu'il
était tout à fait favorable à ce que la question de l'aménagement de la RN 21
soit examinée dans l'optique de la préparation des schémas de services de
transports, en région Aquitaine notamment.
Il attendra, bien entendu, de connaître le résultat de cette concertation pour
donner sa position sur le parti d'aménagement qu'il convient d'adopter
concernant cette route nationale.
Cette réflexion de planification n'empêche pas d'envisager dès à présent de
réaliser des travaux sur la RN 21, qui peuvent être inscrits au 12e Plan, et M.
Gayssot est également tout à fait d'accord avec vous, monsieur le sénateur,
pour dire que certains travaux sont en effet indispensables, quelle que soit la
nature de l'aménagement qui sera retenu, à terme, pour la RN 21.
Il souhaite, de façon très claire, que ces travaux concernent au premier chef
des opérations de sécurité, sans négliger des opérations de capacité sur les
sections où la circulation est la plus dense.
M. Bernard Cazeau.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Cazeau.
M. Bernard Cazeau.
Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat.
Sur les deux points que j'avais soulevés, un certain nombre d'éléments
positifs m'ont été communiqués.
Les élus des cinq départements concernés sont très solidaires et nous allons
rester en relation pour réfléchir plus avant sur la méthode qu'il convient de
suivre. Mais, dès à présent, notre préférence va plutôt à la solution d'une
autoroute allégée, sachant que le financement sera plus facile à trouver.
DÉSENCLAVEMENT AUTOROUTIER ET FERROVIAIRE
DES HAUTES-ALPES
M. le président.
La parole est à M. Lesbros, auteur de la question n° 462, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Marcel Lesbros.
Je suis très heureux, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous soyez amené à
répondre à ma question, même si celle-ci était adressée à M. Gayssot, d'abord
parce que vous êtes un Alpin, ensuite parce que vous connaissez parfaitement ce
dossier pour l'avoir étudié lorsque vous étiez ministre de l'équipement, dans
le gouvernement de M. Rocard.
Cette question a trait à deux problèmes essentiels pour les Hautes-Alpes :
l'autoroute A 51, entre Sisteron et Grenoble ; la percée alpine ferroviaire
sous le mont Genèvre, entre Briançon et Turin, un grand projet auquel tout le
Sud-Est est très attaché.
En ce qui concerne l'autoroute A 51, les études ont été arrêtées par M.
Gayssot il y a environ un an. Les populations sont actuellement très inquiètes,
car des rumeurs circulent quant au devenir de cette autoroute. Je souhaiterais
donc savoir ce qu'il en est exactement, étant entendu que l'autoroute ne
saurait s'arrêter en cul-de-sac à La Saulce, commune dont je suis maire : elle
doit absolument continuer vers La Bâtie-Neuve pour rejoindre la route nationale
94.
Une décision à cet égard s'impose, et elle doit intervenir rapidement puisque
l'inauguration du tronçon entre Sisteron et La Saulce, qui est en voie
d'achèvement, est prévue pour la fin du mois de juin 1999. Avec l'ensemble des
populations alpines, nous attendons de M. Gayssot qu'il nous apporte une
réponse susceptible d'apporter tous les apaisements souhaitables.
Nous voulons précisément savoir s'il est envisagé de prolonger l'A 51 d'une
dizaine de kilomètres jusqu'à La Bâtie-Neuve, permettant ainsi de desservir les
stations des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Cela éviterait bien
des embouteillages à Tallard et à Gap, en particulier en fin de semaine.
Quant à ma question sur la percée alpine ferroviaire sous le mont Genèvre,
elle revêt aujourd'hui un douloureux caractère d'actualité, après la
catastrophe qui s'est produite dans le tunnel du Mont-Blanc.
Cette infrastructure, qui a déjà fait l'objet d'études, permettrait de relier
les régions alpines françaises à la grande région de Turin et Milan. Peut-on
espérer que les études seront poursuivies et qu'une décision d'intention sera
prise à cet égard ?
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Monsieur le sénateur, dès le mois de juin
1997, M. Jean-Claude Gayssot a pris la décision de surseoir au lancement de
l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la section de
l'autoroute A 51 entre le col du Fau et La Saulce.
Il apparaissait, en effet, à l'époque que tous les partis d'aménagement
raisonnablement envisageables pour cette infrastructure n'avaient pas fait
l'objet d'études de même niveau et que la stratégie d'aménagement de cet axe
méritait d'être replacée dans la problématique plus générale des transports
dans le massif alpin. Dans cette optique, une mission a été confiée à M.
Brossier, ingénieur général des ponts et chaussées.
Les conclusions de cette mission, rendues publiques en mai 1998, ont permis de
relancer les études sur le tracé de la section passant par Lus-La Croix-Haute
selon trois options : projet autoroutier en tracé neuf, aménagement autoroutier
de la route nationale 75, aménagement de la RN 75 en route express à deux fois
deux voies et quelques variantes au niveau des conditions d'exploitation
envisageables.
Ces études sont en cours ; elles sont menées au même niveau que celles du
tracé par l'est de Gap.
L'ensemble de ces réflexions sera soumis à la concertation au second semestre
1999, ce qui doit permettre d'arrêter un parti d'aménagement pour la liaison
avant la fin de cette année.
Par ailleurs, monsieur le sénateur, vous avez appelé l'attention de M. Gayssot
sur l'intérêt d'un prolongement autoroutier entre La Saulce et La
Bâtie-Neuve.
Le ministre de l'équipement m'a chargé de vous rappeler que le dossier de
voirie d'agglomération de Gap était relancé, dans le souci d'assurer une bonne
desserte de cette ville et du Briançonnais à partir de l'autoroute A 51, quel
que soit le tracé retenu.
Le choix des aménagements nécessaires sera, lui aussi, arrêté à la fin de
1999, c'est-à-dire en même temps que la décision relative à l'autoroute A
51.
En ce qui concerne la percée ferroviaire Briançon-Turin sous le mont Genèvre,
il convient de rappeler que, lors du dernier sommet franco-italien de Florence,
les gouvernements ont réaffirmé leur ambition de transférer sur le fer une part
croissante du trafic de marchandises transalpin.
Ils ont décidé de faire porter leurs efforts sur l'amélioration de la ligne
existante Dijon-Modane-Turin pour le court terme et, pour le long terme, sur le
projet de nouveau tunnel entre Saint-Jean-de-Maurienne et la vallée de Suse.
Depuis que vous avez déposé votre question, monsieur le sénateur, est survenu
le tragique événement qui endeuille la vallée de Chamonix et qui a conduit à
refaire le point sur la réalité des trafics de fret.
L'an dernier, 784 200 poids lourds ont emprunté le tunnel du Fréjus et 776 600
celui du Mont-Blanc, c'est-à-dire près de vingt fois le nombre des poids lourds
qui passent par Briançon.
Ces données chiffrées incontestables rendent forcément prioritaire l'axe qui a
été choisi par les gouvernements français et italien par rapport à ce que
pourrait être un tunnel sous le mont Genèvre.
Le tracé en question, retenu par les deux gouvernements, devrait également,
grâce à l'électrification de la ligne Valence-Grenoble-Montmélian, récupérer
une partie du trafic venant du sud. C'est sur ce projet que le Gouvernement
concentrera d'abord ses moyens.
Dans une perspective à plus long terme, la faisabilité du projet de percée
ferroviaire sous le mont Genèvre pourra être examinée par la nouvelle
commission intergouvernementale chargée des liaisons franco-italiennes dans les
Alpes du sud.
Monsieur le sénateur, tels sont les éléments de réponse que je pouvais
apporter, au nom de M. Gayssot, à votre question.
M. Marcel Lesbros.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Lesbros.
M. Marcel Lesbros.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je tiens à vous remercier des informations
particulièrement précises que vous avez bien voulu nous apporter à un moment
où, je le répète, les populations alpines s'inquiètent du devenir de la liaison
autoroutière entre Sisteron et Grenoble.
J'ai noté que, avant la fin de l'année, des études plus poussées seraient
réalisées et qu'une décision serait prise.
Je me permets de vous indiquer que la liaison allant jusqu'à La Saulce sera
ouverte au mois de juin. Ce qui est urgent, c'est l'amélioration de la desserte
de Gap ; cela suppose de prolonger l'autoroute sur environ 10 kilomètres,
jusqu'à la Bâtie Neuve, en vue de supprimer les embouteillages qu'on constate
chaque fin de semaine à Tallard et à Gap. Cette solution est d'ailleurs
préconisée par l'administration.
En outre, ce prolongement assurerait une meilleure desserte des Hautes-Alpes
et des Alpes de Haute-Provence, notamment de la vallée d'Ubaye.
Je me permets donc de vous demander, monsieur le secrétaire d'Etat, de
favoriser la recherche d'une solution à ce problème. Vous mesurez certainement
à quel point une décision positive serait appréciée par les populations.
Il ne m'appartient pas de donner des conseils à M. le ministre de
l'équipement, mais je souhaite vivement que, lorsqu'il viendra inaugurer - avec
vous-même, monsieur le secrétaire d'Etat, je l'espère - au mois de juin, le
tronçon Sisteron-La Saulce, il puisse nous annoncer une telle décision.
S'agissant de la percée alpine, je vous remercie de la réponse précise que
vous avez bien voulu m'apporter. Il s'agit d'un projet à long terme. C'est
pourquoi, comme vous l'avez vous-même souligné, il convient d'abord d'améliorer
la situation actuelle avant d'examiner la possibilité d'entreprendre la percée
sous le mont Genèvre, qui est toutefois indispensable, voire vitale pour la
région alpine et pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Je comprends
néanmoins fort bien que cette décision ne puisse intervenir qu'après une large
concertation internationale.
TRAVAUX DE CONTOURNEMENT
DE LA COMMUNE DE SAINT-ANDRÉ-DE-SANGONIS
M. le président.
La parole est à M. Delfau, auteur de la question n° 464, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Gérard Delfau.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je voudrais, par votre intermédiaire, attirer
l'attention de M. Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du
logement, sur l'urgence absolue de financer les travaux de contournement de la
commune dont je suis maire, Saint-André-de-Sangonis, sur le parcours de
l'autoroute A 750, entre Ceyras et La Taillade.
En effet, la traversée de Saint-André-de-Sangonis est le dernier chaînon
autoroutier manquant entre le Massif central et la capitale régionale, et cette
situation provoque, en fin de semaine et durant l'été, des bouchons et des
accidents en série, en raison de la densité du trafic liée à la présence de
l'agglomération montpelliéraine, à quelque trente kilomètres, et des plages du
littoral.
Par ailleurs, la déclaration d'utilité publique est sur le point d'être lancée
et tous les obstacles sont désormais aplanis : seul manque l'arbitrage
financier des pouvoirs publics.
Il faut, enfin, noter que la décision de construction du viaduc de Millau,
d'ici à 2003, créera un effet de thrombose. La situation, qui est déjà très
difficile dès le dimanche après-midi, deviendrait inextricable si ce
contournement n'était pas réalisé. Voilà autant de raisons qui ne permettent
plus de différer la décision politique soit dans le cadre du contrat de plan
Etat-région, soit hors contrat, ce qui est possible puisque l'autoroute A 75,
dont l'autoroute A 750 n'est que le prolongement, a été financée ainsi.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Monsieur le sénateur, la déviation de
Saint-André-de-Sangonis s'inscrit dans le cadre de la future autoroute A 750
appelée à relier Montpellier à l'autoroute A 75 qui joindra bientôt
Clermont-Ferrand et Béziers. Cette liaison a d'ores et déjà fait l'objet d'un
certain nombre d'aménagements dans le 11e Plan.
En particulier, la déviation de Saint-Paul-Bel-Air, financée conjointement par
l'Etat et ses partenaires régionaux et départementaux dans le contrat entre
l'Etat et la région au titre du 11e Plan, a été ouverte à la circulation en
1997.
L'aménagement des dernières sections de cette liaison, comprenant la déviation
à deux fois deux voies de Saint-André-de-Sangonis et la mise aux normes
autoroutières des sections déjà aménagées à deux fois deux voies entre la route
départementale 32 et le Mas-d'Alhen, d'une part, et Bel-Air et Juvignac-Ouest,
d'autre part, a donné lieu à l'établissement d'un avant-projet sommaire
d'itinéraire aujourd'hui en cours d'instruction par les services concernés du
ministère de l'équipement, des transports et du logement.
Son approbation permettra alors au préfet d'ouvrir l'enquête préalable à la
déclaration d'utilité publique des travaux correspondants et au classement en
autoroute de l'ensemble de la section comprise entre Ceyras et Juvignac-Ouest.
Cette enquête devrait intervenir d'ici à la fin de l'année 1999.
C'est dans le cadre de la préparation du prochain contrat Etat-région que
l'Etat et la région aborderont la question de la programmation des travaux à
réaliser sur cette liaison, en particulier la déviation de
Saint-André-de-Sangonis sur laquelle vous avez attiré l'attention.
M. Gérard Delfau.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie des éléments d'information que
vous m'avez donnés et que je vais communiquer à la population concernée.
Toutefois, ils ne sont pas suffisants, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, l'enquête d'utilité publique, initialement annoncée comme devant
commencer à la fin de l'année dernière, a été différée au début du mois de
mars, voire à la fin de l'année d'après les éléments de réponse que je viens
d'entendre.
Voilà exactement trois ans que cette enquête doit démarrer et ce tronçon ne
pose strictement aucun problème de quelque ordre que ce soit. J'y vois, je vous
le dis avec franchise, une façon habile de différer une décision dont je
maintiens qu'elle est urgente.
En outre, cette décision doit être prise maintenant dans le cadre du contrat
de plan Etat-région ou hors contrat car, nous le savons bien, les arbitrages
financiers avec Bercy interviendront dans les deux ou trois mois à venir.
Après, il sera trop tard !
Permettez-moi de vous livrer quelques éléments d'appréciation. Le coût actuel
de l'ensemble des travaux à achever se situent,
grosso modo,
autour de
400 millions de francs, soit environ 40 % de la ligne budgétaire « routes » du
11e contrat de plan. Il s'agit là d'une première difficulté puisque, bien
évidemment, d'autres dossiers devront être financés dans le prochain
contrat.
Par ailleurs, ce chantier, classé urgent par les services de l'Etat à tous les
niveaux, risque pourtant de passer en deuxième position, car il est en
concurrence avec un autre tronçon dans le Gard. Je ne veux pas entrer dans une
quelconque contestation avec mes collègues élus d'un département voisin. C'est
pourquoi je dis que l'arbitrage doit se faire aujourd'hui soit dans le cadre du
contrat de plan - mais, dans ce cas, la ligne budgétaire « routes » devrait
être très importante - soit hors contrat de plan, comme pour l'autoroute A
750.
J'insiste sur le fait que le viaduc de Millau, dont les travaux vont
commencer, sera terminé en 2003. C'est exactement le temps nécessaire, compte
tenu des délais administratifs et réglementaires, pour réaliser le
contournement de Saint-André-de-Sangonis.
Si nous n'arrivions pas à arracher aux pouvoirs publics la décision qui
s'impose, la circulation autour de ma commune, à partir de 2002 ou de 2003,
serait complètement paralysée une partie de l'année avec toutes les
conséquences qui en découlent pour la population. Dès aujourd'hui, aux heures
de pointe, des conducteurs indisciplinés quittent la route nationale, entrent
dans les lotissements, et ne respectent même pas les sens interdits, d'où une
insécurité permanente. Qu'en sera-t-il après la mise en service du viaduc de
Millau ?
J'ai été très patient. Voilà trois ans que j'attends qu'une décision soit
prise. Je voulais dire à M. Gayssot qui, au demeurant, connaît bien notre
département, et en qui j'ai la plus grande confiance, que ses services doivent
maintenant comprendre que différer n'est pas décider et que décider en
politique a un prix. Ce prix doit se situer au niveau des arbitrages financiers
que vous êtes en train d'effectuer au sein du Gouvernement à propos de la
région Languedoc-Roussillon.
CONSÉQUENCES DE LA MISE EN SERVICE
DE LA LIGNE À GRANDE VITESSE MÉDITERRANÉE
SUR LA DESSERTE FERROVIAIRE DE L'ARDÈCHE
M. le président.
La parole est à M. Teston, auteur de la question n° 473, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Michel Teston.
Monsieur le secrétaire d'Etat, j'attire votre attention sur les conséquences
de la mise en service de la ligne à grande vitesse Méditerranée sur la desserte
ferroviaire de l'Ardèche.
Si la réalisation de cette grande infrastructure ferroviaire contribuera à
favoriser les échanges entre le nord et le sud de l'Europe, elle risque de se
traduire aussi par une dégradation de l'accès au réseau ferroviaire pour les
Ardéchois, tout particulièrement ceux du sud du département.
La question se pose d'ailleurs dans les mêmes termes pour les habitants du sud
de la Drôme et, dans une moindre mesure, pour les habitants du nord de
Vaucluse.
En effet, s'il est prévu en gare de Montélimar et de Valence-Ville le maintien
de quatre aller-retour quotidiens par TGV pour Paris, il n'en est pas de même
des autres relations assurées actuellement sans rupture de charge par les
trains à grande vitesse et/ou des trains « grandes lignes » avec Marseille,
Nice, Montpellier et Toulouse, d'une part, et Lyon, Dijon, Metz et Strasbourg,
d'autre part.
La suppression de ces relations directes, si elle était confirmée, serait
particulièrement pénalisante pour les habitants du sud de la région Rhône-Alpes
qui devraient supporter jusqu'à deux ruptures de charge sur les relations que
je viens de citer.
Lors d'une visite que M. Gayssot a bien voulu effectuer en Ardèche au mois
d'août 1998, je lui ai fait part de cette préoccupation. Il l'a d'ailleurs
entendue puisque, à sa demande, des réunions de concertation ont été organisées
par le préfet de la région Rhône-Alpes, dont deux concernent l'Ardèche et la
Drôme. Il n'en demeure pas moins que, lors de ces réunions, aucune réponse
précise n'a encore pu nous être donnée.
Aussi, je souhaite connaître les dispositions que le Gouvernement envisage de
prendre pour permettre à l'Ardèche, déjà pénalisée par l'absence de trains
voyageurs sur son territoire, de conserver au moins le même niveau de service
qu'actuellement, après la mise en service de la ligne à grande vitesse
Méditerranée, laquelle devrait intervenir, à ma connaissance, en avril 2001.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Monsieur le sénateur, M. Gayssot, qui,
comme vous le soulignez, s'est rendu récemment en Ardèche, est particulièrement
sensible aux conditions de desserte ferroviaire de la vallée du Rhône,
notamment des deux départements de la Drôme et de l'Ardèche.
Il est bien entendu essentiel, à ses yeux, que les autorités responsables des
transports locaux, départementaux et urbains soient pleinement associées à
cette démarche, de telle sorte que les décisions puissent tenir compte des
meilleures possibilités susceptibles d'être offertes par l'ensemble des modes
de transport collectif pour parvenir à bien valoriser l'investissement du TGV
Méditerranée, au service de l'ensemble des usagers. Il s'agit donc des
relations non seulement avec l'Ile-de-France, mais aussi avec le sud ou l'est
de la France.
Comme vous l'avez relevé, monsieur le sénateur, le dossier d'enquête publique
du projet TGV prévoit que l'actuelle ligne Paris-Lyon-Marseille continuera
d'être desservie au sud de Valence par quatre TGV quotidiens dans chaque sens
qui, comme aujourd'hui, desserviront la gare de Montélimar. Cela permettra
d'assurer des relations directes vers Paris et l'Ile-de-France.
Il est prévu que l'arrivée du TGV-Méditerranée donne lieu à une recomposition
d'ensemble de l'offre de transports ferroviaires, notamment des TER, sur l'axe
rhodanien.
Dans cette perspective, des réflexions ont déjà été engagées en 1998 avec la
région Rhône-Alpes afin d'établir un diagnostic. La SNCF poursuit actuellement
la même démarche avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Telles sont aujourd'hui les dispositions prises, en liaison avec les autorités
organisatrices des transports régionaux, en vue de dégager les meilleures
solutions d'adaptation des dessertes ferroviaires. Sur ces bases, la SNCF
présentera ses premières propositions dans le courant de cette année. C'est
donc à ce moment-là, monsieur le sénateur, que pourront être précisées les
conclusions de la concertation engagée à votre demande, après la venue en
Ardèche, en août dernier, de M. Jean-Claude Gayssot, qui connaît, je puis vous
l'assurer, votre action en faveur d'une meilleure desserte de votre
département.
M. Michel Teston.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Teston.
M. Michel Teston.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie de votre réponse. J'ai bien
noté le souci du Gouvernement de ne pas isoler davantage l'Ardèche du réseau
ferroviaire voyageurs. Cela dit, quelles que soient les bonnes intentions
affichées, s'agissant en particulier du partenariat à mettre en oeuvre entre
les deux régions que vous avez citées et la SNCF pour créer les conditions
d'une desserte TER, il n'en demeure pas moins que la desserte ferroviaire de
l'Ardèche rique de se dégrader avec la mise en service de la ligne à grande
vitesse Méditerranée.
J'ai, vous vous en doutez, examiné ce dossier avec attention. On peut
effectivement considérer que, depuis Valence-Ville et Montélimar, les relations
avec Paris, Lyon et Marseille continueront à s'effectuer sans rupture de
charge. En revanche, les relations avec Nice, Montpellier et Toulouse
connaîtront très vraisemblement une rupture de charge en gare d'Avignon-Ville.
Il en sera de même en gare de Lyon - Part-Dieu pour les relations avec Dijon,
Metz et Strasbourg.
Quant à l'accès au futur réseau ferroviaire à grande vitesse en direction du
Languedoc-Roussillon, de Midi-Pyrénées, de l'Aquitaine et de la Catalogne, il
se traduira, monsieur le secrétaire d'Etat, par deux ruptures de charge : l'une
en gare d'Avignon-Ville et l'autre en gare d'Avignon-Courtine.
En effet, le choix qui a été fait précédemment et qui ne semble pas avoir été
remis en cause consiste bien à ne pas relier par une courte section de ligne à
voie unique la future gare TGV d'Avignon-Courtine à la ligne classique
Avignon-Arles-Marseille. Il faudra donc prendre l'autobus pour relier la gare
d'Avignon-Courtine à la gare d'Avignon-Ville ou inversement.
DÉSIGNATION DU CONCESSIONNAIRE
DE L'AUTOROUTE A 19
M. le président.
La parole est à M. Masson, auteur de la question n° 456, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Paul Masson.
Comme M. Jean-Claude Gayssot le sait bien, il existe un vrai problème de
circulation routière dans le nord du Loiret, et ce depuis longtemps.
En effet, pour éviter Paris, tous les trafics en provenance de la côte
atlantique et qui vont vers l'Allemagne centrale, et vice versa, passent
actuellement par Orléans et empruntent une route nationale très ancienne, la RN
60, vers Montargis. Or, vers l'Ouest, à partir d'Orléans jusqu'à la côte, le
réseau autoroutier est remarquable et vers l'Est, à partir de Courtenay et en
direction de l'Allemagne, le réseau est non moins remarquable.
Il y a là un chaînon manquant. On s'en est aperçu depuis longtemps, monsieur
le secrétaire d'Etat. En effet, voilà maintenant environ dix ans, le Président
de la République lui-même, François Mitterrand, avait tranché pour déterminer
le tracé qui devait être retenu pour l'A 19. Depuis, rien ne s'est passé, sauf
tout de même, à la diligence de M. Gayssot l'année dernière - je saisi
l'occasion pour l'en remercier encore - une déclaration d'utilité publique, qui
reconnaît enfin le tracé nord, le plus court, le moins onéreux et celui qui
respecte le mieux l'environnement puisque la forêt d'Orléans est protégée.
Or le trafic s'accroît chaque année, et les poids lourds sont de plus en plus
nombreux à emprunter la RN 60. Il en résulte une croissance inexorable du
nombre des accidents mortels, et les statistiques sont à cet égard effroyables,
monsieur le secrétaire d'Etat. Il faut mettre un terme à cette évolution
exponentielle. Les pouvoirs publics locaux ainsi que les élus, à l'exception
d'une frange assez marginalisée d'entre eux, sont favorables à la mise en place
de ce dispositif et à l'engagement des procédures qui font suite à la
déclaration d'utilité publique, lesquelles doivent mener à la réalisation, dans
les meilleurs délais, de ce maillon manquant.
Cela est indispensable à l'aménagement de la grande région parisienne. En
effet, comme nous le savons, la Francilienne elle-même sera saturée dans cinq
ans, et, quand on étudie la carte, on constate que le seul tracé qui respecte
l'environnement et qui puisse être exploitable au sud de la Francilienne et
avant la Loire, c'est bien celui de l'autoroute A 19.
Par conséquent, ma question, qui s'adresse à M. Gayssot, sera simple. On dit,
dans le département, que le concessionnaire de ce projet - une candidature a
été déposée - sera prochainement désigné. Je voudrais savoir si cette
information, qui serait une nouvelle heureuse, est véridique.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je serais content de vous entendre sur ce
point.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Monsieur le sénateur, comme vous venez de
le dire, l'autoroute A 19 Artenay-Courtenay a été déclarée d'utilité publique
le 21 août dernier.
Simultanément à l'engagement de la procédure de déclaration d'utilité
publique, la concession de ce projet avait fait l'objet d'un avis de publicité
aux échelons européen et national le 5 juin 1996. Un seul candidat, la SAPRR,
la Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône, s'est proposé en janvier 1997.
Or, vous le savez, monsieur le sénateur, le contexte juridique communautaire
et français des concessions autoroutières a beaucoup évolué dans la dernière
période.
La directive européenne « Travaux » implique désormais la réalisation de
conditions nouvelles, destinées à assurer la mise en concurrence des candidats
et la transparence des procédures. Le Conseil d'Etat a confirmé l'intégration
de ces nouvelles règles dans le droit national. M. Jean-Claude Gayssot a
d'ailleurs évoqué à plusieurs reprises ces questions devant les assemblées
parlementaires et leurs commissions.
Par conséquent, et pour en revenir plus précisément à l'autoroute A 19,
l'offre de la SAPRR a dû faire l'objet d'un examen très approfondi afin de
déterminer si la procédure pouvait être valablement poursuivie ou s'il
convenait de lancer un nouvel appel d'offres européen permettant de garantir la
meilleure conformité aux règles aujourd'hui en vigueur.
Les prévisions de trafic et les propositions techniques retenues par la
société ont été jugées recevables par les services concernés du ministère de
l'équipement, des transports et du logement.
En revanche, les dernières analyses des experts juridiques interrogés
indiquent que l'attribution de la concession de l'A 19 à la SAPRR dans les
conditions de la consultation en cours serait très fragile au regard de
l'application des dispositions du droit européen.
Dans ces conditions, le ministre de l'équipement, des transports et du
logement considère qu'il est indispensable de lancer un nouvel avis de
publicité pour la mise en concession de l'A 19, afin d'assurer toute sécurité
juridique à la future concession. Il m'a chargé de vous donner l'assurance que
ses services font le nécessaire pour que cet avis soit lancé très
prochainement.
M. Paul Masson.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Masson.
M. Paul Masson.
Je vous remercie monsieur le secrétaire d'Etat, des informations que vous
venez de me transmettre, avec votre courtoisie et votre précision habituelles,
et j'y suis sensible.
Toutefois, l'information que vous venez de délivrer, monsieur le secrétaire
d'Etat, n'est pas tout à fait celle que j'espérais, encore que les choses aient
filtré localement. Je vous demande donc de faire part à M. Gayssot - et vous
savez être un interprète efficace - du souci qui est le nôtre, à savoir que les
choses ne traînent plus à cet égard.
Indépendamment des accidents mortels, qui sont très traumatisants pour les
usagers de la RN 60 - nous savons ce que cela signifie - se développe un
phénomène économique bien connu de blocage des transactions autour du tracé de
l'A 19. Nous assistons à une surenchère effroyable sur les prix des terres
agricoles. En effet, dans certaines offres le prix proposé est le double de
l'évaluation effectuée par les Domaines.
Par ailleurs, dans les milieux économiques dynamiques de Montargis, de
Pithiviers et d'Orléans, on s'inquiète de l'incertitude dans laquelle nous nous
trouvons du fait des aléas juridiques résultant d'une interprétation
bruxelloise un peu plus rigide qu'auparavant.
J'ai bien noté, monsieur le secrétaire d'Etat, ce que M. Gayssot vous a prié
de me dire, à savoir, si j'ai bien compris, qu'un nouvel avis de publicité
serait lancé très prochainement. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vais
transmettre cette information à l'échelon départemental, où elle est attendue
avec beaucoup d'intérêt.
J'ai bien noté également que les propositions de la SAPRR était recevables
tant sur le plan technique que sur le plan des prévisions de trafic. Ces deux
informations me sont très précieuses. Je vous en remercie, monsieur le
secrétaire d'Etat.
AVENIR DU TGV MÉDITERRANÉE
M. le président.
La parole est à M. Marquès, auteur de la question n° 475, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. René Marquès.
Je souhaiterais attirer l'attention de M. Jean-Claude Gayssot sur un problème
qui intéresse tout le sud de la France puisqu'il concerne l'avenir du TGV
Méditerranée.
Le groupement européen d'intérêt économique Sud Europe Méditerranée, qui s'est
réuni le 21 janvier dernier et qui comprend, outre les représentants des Etats
français et espagnol, les techniciens de la SNCF et de la RENFE - les chemins
de fer espagnols - et des collectivités régionales concernées -
Languedoc-Roussillon et Catalogne - a fait le point sur l'évolution du dossier
TGV Méditerranée.
En 1985, voilà bientôt quinze ans, les premières analyses géologiques étaient
réalisées sur l'emplacement du futur tunnel pyrénéen d'une longueur de huit
kilomètres, qui assure la jonction entre la France et l'Espagne.
Depuis, de nombreuses études ont été réalisées sur le coût des
investissements, de l'exploitation et sur les prévisions de recettes,
s'agissant, bien sûr, de la zone comprise entre la frontière espagnole et
Montpellier.
La mission TGV, créée par l'Etat voilà quelques années, est en contact avec
les élus locaux mais ne peut définir un calendrier approximatif reposant sur
des éléments fiables. En 1986, aux termes des prévisions, la réalisation du TGV
Méditerranée était programmée pour l'an 2000, c'est-à-dire l'année
prochaine.
Au fil du temps, et à l'instar du TGV Est, qui ne sera opérationnel qu'en
2005-2006 alors que ce dossier est très avancé, on peut supposer que la
réalisation ne sera effective qu'en 2015 pour la section
Montpellier-Perpignan.
En effet, dans la mesure où les sections Barcelone-Perpignan, d'une part, et
Nîmes-Montpellier, d'autre part, seraient terminées en 2005, le contournement
préalable de Nîmes et de Montpellier semble prioritaire ; le Gouvernement l'a
récemment rappelé.
Il faut également noter que la déclaration d'utilité publique est pratiquement
réalisée en Espagne alors qu'il n'en est rien en France ; or un délai minimal
de deux ans est nécessaire.
En conséquence, le TGV Méditerranée verra-t-il le jour et à quel horizon
Barcelone sera-t-elle, conformément aux prévisions, à quarante-cinq minutes de
Perpignan ?
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Monsieur le sénateur, comme M. Jean-Claude
Gayssot l'a rappelé lors de sa conférence de presse du 8 février dernier,
consacrée aux perspectives retenues par le Gouvernement en matière
d'investissements ferroviaires à l'horizon 2010, le Gouvernement a confirmé sa
volonté, d'une part, de poursuivre un programme maîtrisé de lignes à grande
vitesse et, d'autre part, de promouvoir simultanément une modernisation et une
mise en valeur du réseau existant, tant pour développer les transports
collectifs de voyageurs que pour favoriser l'essor du fret ferroviaire.
La réalisation complète du TGV Languedoc-Roussillon, qui vous préoccupe,
nécessite, vous le savez, d'importants concours publics. Elle doit, par
conséquent, être phasée, en tenant compte des priorités.
A ce titre, il convient, en premier lieu, de souligner que les travaux en
cours sur le TGV Méditerranée permettront dès la mi-2001, soit dans à peine un
peu plus de deux ans, un gain de temps de plus d'une heure sur la liaison
ferroviaire entre la région Languedoc-Roussillon et l'Ile-de-France, les
régions nord de notre pays et, bien sûr, l'Europe du nord.
En ce qui concerne les liaisons avec l'Espagne, en particulier avec la
Catalogne, la commission intergouvernementale chargée de préparer la
réalisation de la section internationale Perpignan-Figueras a engagé ses
travaux en décembre 1998, au lendemain du sommet de La Rochelle.
Le ministre de l'équipement, des transports et du logement souhaite que les
conclusions de cette commission permettent, en accord avec nos partenaires
espagnols, d'engager rapidement les travaux en vue d'une mise en service du
tronçon Perpignan-Barcelone à l'horizon prévu.
Il a également rendu publiques les propositions que lui ont présentées Réseau
ferré de France - RFF - et la SNCF concernant les contournements ferroviaires
TGV et fret de Nîmes et de Montpellier. Ces propositions nourriront les débats
qui vont s'engager avec les collectivités concernées, tant pour l'élaboration
des schémas de services qu'en termes de programmation pour la période des
prochains contrats de plan.
La réalisation du tronçon compris entre le sud de Montpellier et Perpignan
devra s'intégrer ensuite dans le cadre d'une nécessaire programmation
d'ensemble des grands projets ferroviaires nationaux, notamment en matière de
financement. Les priorités devront être hiérarchisées en tenant le plus grand
compte des conditions locales de saturation du réseau.
Afin de préparer les décisions concernant ce tronçon, il convient en premier
lieu d'avoir l'assurance que la solution actuellement envisagée répond bien aux
besoins des voyageurs, mais également à ceux des circulations de fret, à moyen
et plus long terme, de l'axe ferroviaire languedocien vers l'Espagne.
Le ministre de l'équipement, des transports et du logement a demandé à RFF
d'apporter rapidement les réponses nécessaires sur ce point afin, dans un
premier temps, d'éclaircir les décisions nécessaires en matière de maîtrise
foncière.
Telles sont les indications, monsieur le sénateur, que je pouvais apporter en
réponse à vos questions, de la part de M. Jean-Claude Gayssot.
M. René Marquès.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Marquès.
M. René Marquès.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie de votre franchise. En effet,
vous nous avez présenté un développement très clair, mais, qu'il s'agisse des
délais ou des difficultés que vous avez évoqués concernant le financement et
les problèmes inhérents à toute jonction internationale, nous ne savons pas
exactement quelles sont, de part et d'autre, les volontés.
Nous avons quand même une certitude : comme vous l'avez confirmé, nous allons
gagner, à l'horizon 2001, une heure de trajet sur les onze heures que
représente la liaison Perpignan-Paris par le chemin de fer actuel, selon le
moment de la journée.
Monsieur le secrétaire d'Etat, nous le savons tous, la situation économique de
la région Languedoc-Roussillon est très alarmante : nous connaissons un taux de
chômage de 20 %, l'un des plus élevés de France.
Par ailleurs, à l'heure actuelle, 40 % du fret espagnol d'exportation vers
l'Europe passe par l'autoroute A 9, alors même que l'on sait que cet ouvrage ne
peut pas être surdimensionné avec une troisième voie à cause des viaducs qu'il
comporte, ouvrages dont la réalisation a été extrêmement coûteuse.
Nous savons également que la part actuelle du rail représente 5 % du fret
espagnol et, selon toute hypothèse, même en cas d'augmentation de ce fret, elle
ne représentera, dans les années 2010, que 3 % du montant du trafic, sauf, bien
entendu, lorsque le TGV sera réalisé et que le ferroutage, auquel il me semble
que vous ayez apporté toute votre attention, aura été mis en place.
Monsieur le secrétaire d'Etat, au-delà de l'intérêt qu'il présente sur un plan
psychologique - il est attendu depuis longtemps - le TGV Méditerranée présente
un intérêt économique considérable pour les régions du sud de la France.
ÉVOLUTION DE L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL
M. le président.
La parole est à Mme Luc, auteur de la question n° 429, adressée à M. le
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Mme Hélène Luc.
Monsieur le ministre, dans les messages télévisés diffusés actuellement sur
l'enseignement professionnel, Aimé Jacquet exprime l'apport original de cette
formation, en rappelant trois de ses acquis : un diplôme, un métier, un
emploi.
Cette formule s'inscrit pleinement dans la question que je pose aujourd'hui,
qui s'appuie sur les analyses, avis et propositions émises dans le rapport du
budget de l'enseignement technique que j'ai présenté à notre assemblée au nom
de la commission des affaires culturelles, devant vous, monsieur le ministre,
le 27 novembre dernier.
La question-clé qui demeure compte tenu du caractère positif de l'enseignement
professionnel, enseignement dont ont déjà bénéficié des centaines de milliers
de jeunes et qui s'est adapté à des évolutions technologiques et pédagogiques
très importantes, est celle-ci : comment faire réellement de cet enseignement
une voie pleine et entière de réussite ?
Cette réussite est nécessaire en termes d'orientation et d'affectation, de
telle sorte que les élèves qui s'y engagent ne le fassent pas par échec ou par
défaut, mais par choix positif. Trop de jeunes, à chaque rentrée - j'en
témoigne pour le Val-de-Marne et même pour l'ensemble de l'académie de Créteil,
notamment en Seine-Saint-Denis - n'ont pas, en dépit du dispositif SOS rentrée,
d'affectation, ou n'en ont pas dans la section choisie par manque de places ou
de création dans des spécialités pourtant souvent porteuses.
La question de ce qui se passe en amont de la formation est importante.
Cette réussite est aussi nécessaire en termes de contenu pour permettre à cet
enseignement d'assurer à la fois la qualification et la poursuite d'études par
un équilibre entre la formation générale et professionnelle, cette dernière
ayant obligation d'intégrer toutes les mutations technologiques et de
développer toutes les synergies et alternances souhaitables avec les acteurs de
la vie économique.
Des propositions d'évolution sont formulées dans la charte des lycées.
Celle-ci inclut, je le souligne ici, un volet social concernant un statut et
des aides financières pour les lycéens professionnels, souvent issus de
familles aux bas revenus.
Cet ensemble est soumis à la concertation. Quelles informations, monsieur le
ministre, pouvez-vous me donner à ce sujet ?
Enfin cette réussite est nécessaire en termes d'insertion professionnelle, ce
qui appelle l'adaptation permanente de l'enseignement professionnel aux
mutations des emplois et des métiers.
Comment le conseil national « éducation - économie - emploi », qui a été
annoncé, va-t-il y contribuer ? Comment envisagez-vous de faire évoluer
l'équilibre et la cohérence des filières entre elles et le développement des
passerelles pour permettre à de nombreux jeunes de s'adapter en cours de
carrière ou de poursuivre leur formation au mieux de leurs talents ?
Tel est, monsieur le ministre, brossé à grands traits, le rappel des questions
importantes concernant l'amélioration de la qualité - et les moyens
correspondants qui doivent en résulter - pour cet ordre d'enseignement.
Celui-ci ne doit pas être minoré dans les préoccupations de la nation vis-à-vis
de son système éducatif, bien au contraire, car c'est une voie qui doit être
traitée à égale dignité par rapport aux autres.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, ainsi que le
soulignait Mme Luc dans son rapport pour avis sur les crédits de l'enseignement
technique pour 1999, j'ai effectivement la volonté de faire de l'enseignement
professionnel la priorité des priorités en ce qui concerne l'enseignement
secondaire.
Comme elle, j'estime que cet enseignement est une voie exceptionnelle de
réussite. Il a vocation à assurer une insertion professionnelle de qualité tout
en permettant la poursuite d'études, si nécessaire, et une adaptation continue
à l'emploi.
La voie professionnelle est une voie de formation à égale dignité avec la voie
générale et la voie technologique et le service public de l'enseignement
professionnel constitue la référence majeure de ce secteur.
L'enseignement professionnel dispose aujourd'hui d'un potentiel considérable.
Il est constitué de 1 800 lycées professionnels, dont l'équipement est de
grande qualité la plupart du temps, grâce à l'investissement des régions.
Ces établissements accueillent 708 400 élèves, dont 45 % de filles, et
l'enseignement y est dispensé par 53 200 professeurs de lycées
professionnels.
Les effectifs de l'enseignement professionnel continuent à croître, pas assez
vite toutefois. Son offre de formation est extrêmement variée et efficace sur
le plan de l'insertion. Je rappelle - c'est assez intéressant - que, en
1997-1998, 350 diplômes différents ont été préparés par plus de 538 000 élèves
en CAP et en BEP, dont 163 881 en baccalauréat professionnel.
Cinq ans après la sortie du système éducatif, seuls 6 % des brevetés ou des
titulaires d'un baccalauréat professionnel sont au chômage. Il s'agit donc
d'une voie exceptionnelle d'insertion.
L'enseignement professionnel doit être revalorisé, mieux connu et sans doute
aussi un peu rénové, afin que les meilleures initiatives soient étendues à
l'ensemble de l'enseignement professionnel. Personnellement, je compte sur
l'ensemble de la représentation nationale, des élus, des professionnels, pour
contribuer à cette rénovation et à cette reconnaissance de l'enseignement
professionnel, qui est sans doute l'une des meilleures parties de notre
enseignement.
Comme vous le savez, à la suite d'une table ronde animée par le recteur
Marois, a été définie une charte de l'enseignement professionnel. Evidemment,
personne n'en parle puisqu'un consensus général s'est dégagé : les syndicats,
le MEDEF, la CGPME, tout le monde est d'accord sur cette charte. Mais inutile
de vous dire que le sujet n'a fait que trois lignes dans les journaux, alors
que, s'il y avait eu une bataille acharnée, on ne parlerait que de cela !
Cette charte est fondée sur le principe d'une intégration de la formation
générale et de la formation professionnelle et d'une intégration généralisée
des périodes en entreprise, l'ensemble faisant l'objet d'un contrat de
dimension pédagogique.
C'est le lycée professionnel qui met en oeuvre l'enseignement intégré, en
partenariat avec les professions.
Une rénovation des diplômes a été entreprise avec, notamment, la mise en place
systématique de la validation diplômante des acquis professionnels, qui
permettra véritablement d'organiser un va-et-vient entre l'école et
l'entreprise et, et surtout, de susciter l'espoir tout au long de la vie.
Par ailleurs, nous avons entamé une réflexion - vous l'avez évoquée - sur le
statut des élèves des lycées professionnels puisque la plupart d'entre eux ont
un âge qui fait qu'ils sont déjà insérés dans la société et qu'ils ont parfois
une famille.
Enfin, nous avons lancé une campagne - vous y avez également fait allusion - à
laquelle l'ancien entraîneur de l'équipe de France de football a apporté
gratuitement son concours.
La mission E 3 - éducation, emploi, économie - qui va être mise en place, et
qui n'est pas un simple conseil, va permettre l'adaptation de l'offre de
formation à l'environnement économique. Cette adaptation, qui, malheureusement,
n'a pas été réalisée jusqu'à présent, ne sera pleinement efficace que lorsque
nous aurons mis en place des processus de déconcentration, avec la vie des
bassins de formation et des bassins d'éducation, car l'éducation nationale
continue d'être un mille-feuille sans cohérence verticale.
Aujourd'hui, l'enseignement professionnel - j'insiste sur ce point - ne manque
pas de moyens, même si c'est l'enseignement type pour lequel on ne cesse d'en
demander davantage. Ce dont il manque, en réalité, c'est d'une reconnaissance
pleine et entière de la part de l'ensemble du pays. Il souffre de
l'intellectualisme parisien, qui veut que tout ce qui touche aux professions,
aux métiers industriels, ne soit pas reconnu. C'est là une difficulté propre à
tous les pays latins puisque, vous le savez, le parlement italien débat en ce
moment même d'une loi destinée à faire démarrer l'enseignement
professionnel.
Nous devrions probablement pouvoir attirer dans l'enseignement professionnel
un tiers des élèves, voire plus. Il conviendra toutefois de veiller à ne pas
trop privilégier l'enseignement professionnel du tertiaire, qui, s'il est une
bonne chose dans certains secteurs, pose de petits problèmes d'insertion dans
d'autres. Il faudra également veiller à ce que l'insertion dans le tissu local
soit bien assurée.
De ce point de vue, la collaboration avec les élus est absolument
indispensable. C'est pourquoi il y aura, dans chaque académie, des conseils de
l'enseignement professionnel, avec un délégué et des élus, de façon à assurer
une meilleure intégration.
Nous avons un instrument qui est meilleur que celui de nos principaux
concurrents. A nous de le valoriser.
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre.
Vous avez exprimé des positions qui traduisaient une volonté de faire évoluer
positivement l'enseignement professionnel pour le rendre toujours mieux à même
de former efficacement les lycéens qui s'y destinent.
Aussi, vous comprendrez qu'avec les élèves, les enseignants et les familles
nous en attendions avec impatience les premières traductions, et ce dès la
prochaine rentrée.
Vous venez de parler des sections qui ne mènent pas toujours à une profession.
C'est vrai, il faut remédier à cette lacune, mais je préfère encore un jeune
dans une section qu'il a demandée et qui ne forme pas nécessairement à un
métier, qui reste donc à l'école, qui fait quelque chose, à un jeune dans la
rue.
J'insiste pour que des décisions concrètes soient prises dès la prochaine
rentrée scolaire. Des régulations devront être opérées. Il faudra créer, en
nombre suffisant et avec les capacités attendues, les nouvelles sections
nécessaires. Autrement dit, c'est dès maintenant que les recteurs doivent
s'occuper de cette question.
D'ici là, une concertation avec tous les partenaires concernés devra être
conduite, afin que les nouveaux projets recueillent l'adhésion et l'engagement
de tous. Il y va de la réussite de l'enseignement professionnel.
Vous avez dit, monsieur le ministre, que cet enseignement professionnel
manquait non pas de moyens mais de reconnaissance. S'il est essentiel, c'est
vrai, qu'il soit reconnu comme une voie à part entière de la réussite scolaire,
il convient tout de même - je suis moins optimiste que vous - qu'il soit doté
de moyens supplémentaires.
Je me réjouis de la création des conseils d'enseignement de la formation
professionnelle départementaux. Je vous demanderai, le moment venu, monsieur le
ministre, de déterminer comment vous pouvez informer le Sénat, ou du moins sa
commission des affaires culturelles, sur vos projets et sur leur concrétisation.
FINANCEMENT DES ÉQUIPEMENTS
SPORTIFS COMMUNAUX
M. le président.
La parole est à M. Vallet, auteur de la question n° 454, adressée à M. le
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. André Vallet.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ma question
porte sur le problème de l'utilisation des installations sportives communales
par les élèves des lycées et collèges.
Vous n'ignorez pas que le coût de cette utilisation est parfois supporté
presque exclusivement par les communes et que, dans certaines régions, les
départements et la région ont accepté de signer un conventionnement avec les
communes.
La loi du 22 juillet 1983 précise, dans son article 14, la charge respective
des collèges et des lycées, et énonce que ce sont les départements et les
régions qui doivent supporter les frais inhérents à l'utilisation des
installations. Ce texte n'est toutefois pas appliqué. La circulaire
interministérielle du 9 mars 1992 a confirmé l'interprétation de la loi et
invité à un conventionnement entre les diverses collectivités territoriales,
mais cette invite reste souvent lettre morte.
Dans mon département des Bouches-du-Rhône, dans ma région Provence-Alpes-Côte
d'Azur, il n'y a pas de conventionnement, monsieur le ministre.
Le 10 janvier 1984, une commune avait demandé au Conseil d'Etat de trancher ce
différend. L'arrêt du Conseil d'Etat est très clair : départements et régions
doivent - ce n'est donc plus une invite - participer aux frais de
fonctionnement des équipements sportifs.
Les difficultés proviennent, c'est évident, de la non-application de la loi
par un certain nombre de collectivités territoriales.
Une seule question, monsieur le ministre : allez-vous, une fois pour toutes,
faire appliquer les textes et exiger qu'un conventionnement soit imposé aux
départements et régions qui, aujourd'hui, s'en affranchissent ?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, l'éducation physique
et sportive constitue, en vertu de la loi d'orientation sur l'éducation du 10
juillet 1989, un enseignement obligatoire pour tous les élèves des collèges et
des lycées.
Depuis les lois de décentralisation de 1982 et 1983, il incombe aux
départements et aux régions d'offrir aux élèves des établissements scolaires
dont ils ont reçu la charge un accès approprié à des équipements sportifs,
indispensables à l'enseignement de cette discipline. Ces équipements ne sont
généralement pas intégrés aux établissements, qui ne disposent pas, le plus
souvent, de vestiaires équipés de sanitaires nécessaires à la pratique de
l'éducation physique et sportive. De ce fait, l'accès à des équipements
extérieurs, généralement propriétés des communes, est une nécessité.
La circulaire interministérielle du 9 mars 1992, prise en application des lois
de décentralisation, a fixé dans ses principes les règles de mise en oeuvre de
l'éducation physique et sportive dans les relations avec les collectivités
propriétaires d'équipements sportifs.
Il est exact que des difficultés demeurent. En effet, les collectivités,
propriétaires des équipements, souhaitent de plus en plus faire payer
l'utilisation des équipements au juste coût.
De plus, la liberté de choix laissée aux enseignants de collèges et lycées par
les programmes d'éducation physique et sportive peut conduire à des projets
éducatifs d'établissements nécessitant des équipements sportifs dont
l'utilisation peut être plus ou moins coûteuse.
En outre, le Conseil d'Etat, dans son arrêt du 10 janvier 1994, s'il a rappelé
que l'article 14 de la loi du 22 juillet 1983 a eu pour effet de conférer un
caractère obligatoire aux dépenses correspondant aux charges transférées aux
départements et aux régions, au nombre desquelles figure la mise à disposition
des élèves des intallations sportives nécessaires à l'éducation physique et
sportive, n'a pas fixé pour autant l'étendue de cette obligation.
Par ailleurs, dans son arrêt du 3 septembre 1997, le Conseil d'Etat a
également rappelé que le conseil d'administration de l'établissement ne pouvait
donner son accord à une convention avec une commune propriétaire d'équipements
sportifs ayant pour effet de mettre à la charge de l'établissement des dépenses
non prévues à son budget et excédant la limite des ressources dont il
dispose.
Il ressort de l'ensemble de ces dispositions que les moyens fournis par la
collectivité de rattachement à un établissement du second degré pour
l'utilisation des équipements sportifs nécessaires à l'enseignement de
l'éducation physique et sportive doivent correspondre au coût induit par le
projet pédagogique élaboré par l'équipe de l'établissement en conformité avec
les exigences des programmes.
Il convient, pour résoudre l'ensemble de ces difficultés - et je veillerai à
ce que l'éducation nationale y contribue pleinement - d'inciter les équipes
d'établissements du second degré, sans intervenir sur le bien-fondé de leurs
orientations pédagogiques, à faire le choix d'activités physiques dont les
équipements nécessaires sont disponibles dans un espace aussi proche que
possible ; de faire en sorte que la transparence en matière de calcul des coûts
d'utilisation des équipements soit clairement affichée et que les
établissements scolaires et les collectivités de rattachement utilisateurs
soient informés de ces coûts ; d'inciter à la passation de conventions
tripartites pour l'utilisation d'équipements pour l'éducation physique et
sportive impliquant l'établissement scolaire utilisateur, la collectivité de
rattachement et la collectivité propriétaire ou gestionnaire de ces
équipements.
Enfin, à terme, l'intégration, dans tous les établissements du second degré,
d'équipements de vestiaires et de sanitaires adaptés serait de nature à
permettre la pratique d'activités physiques dans des conditions convenables au
sein même des établissements et de réduire ainsi, de façon significative, le
coût de cet enseignement.
M. Nicolas About.
A terme... A très long terme...
Pour l'instant, ce sont les communes qui supportent les coûts.
M. André Vallet.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Vallet.
M. André Vallet.
Monsieur le ministre, permettez-moi de vous dire que je suis quelque peu déçu
par votre réponse.
M. Nicolas About.
Ah oui !
M. André Vallet.
Je vous ai posé une question d'ordre financier et vous me répondez
pédagogie.
Je sais bien que l'éducation physique est une obligation dans notre
enseignement ; je sais bien qu'aucune commune ne peut empêcher un établissement
scolaire d'utiliser ses installations pour permettre le déroulement des cours
d'éducation physique et sportive.
Mais la question que je vous ai posée, et qui est pour l'instant sans réponse,
est la suivante : doit-on exiger des départements et des régions la signature
d'une convention avec les communes pour rembourser à ces dernières les frais
inhérents à l'utilisation des installations ?
Ne réduisez pas, monsieur le ministre, le problème des installations sportives
à celui des vestiaires. Les vestiaires, ce n'est rien, et ce n'est pas parce
que vous allez construire des vestiaires dans les établissements que vous aurez
réglé le problème !
Le problème, ce sont les piscines, les stades, les gymnases, équipements qui
ont un coût très élevé et qui, dans certaines communes, dont la mienne, sont
utilisés à 70 % du temps par les élèves des lycées et collèges.
Monsieur le ministre, puisque la loi le prévoit, j'aimerais que, plutôt que
d'inciter, vous exigiez des présidents de conseils généraux et régionaux qu'ils
participent aux financements.
CONSÉQUENCES DE L'INTÉGRATION
DE L'ÉCOLE D'INGÉNIEURS DE TOURS
AU SEIN DE L'UNIVERSITÉ FRANÇOIS-RABELAIS
M. le président.
La parole est à M. Leclerc, auteur de la question n° 471, adressée à M. le
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Dominique Leclerc.
Ce matin, monsieur le ministre, je vous interrogerai sur un problème très
précis et ponctuel qui se pose dans mon département.
A la prochaine rentrée de septembre, il est prévu que l'école d'ingénieurs de
Tours, l'EIT, intègre l'université François-Rabelais de cette même ville.
Cette fusion entraînera évidemment un changement de statut immédiat de cet
établissement, ce qui n'est pas sans poser des problèmes pour le personnel
contractuel de droit privé de l'association en charge de la gestion de cette
école, association dénommée AGEIT.
Son personnel, qui s'est inquiété du sort qui allait lui être réservé, s'est
vu répondre jusqu'à ce jour par vos services qu'il ne pourrait pas bénéficier
de mesures exceptionnelles d'intégration au sein de l'université en raison du
principe de recrutement par voie de concours des fonctionnaires. Il en résulte
que douze à quinze personnes vont être licenciées et se retrouveront au
chômage.
Je ne peux me satisfaire d'une telle solution pour plusieurs raisons, et j'ose
espérer, monsieur le ministre, que vous partagez mon sentiment.
En premier lieu, si ces personnes devaient être licenciées en raison de ce
principe, cela signifierait que les actes du Gouvernement sont en contradiction
avec ses déclarations relatives à la lutte contre le chômage.
En deuxième lieu, ne rien faire pour ces personnes, c'est reconnaître qu'il il
y a deux poids deux mesures. En effet, tout laissera croire que la puissance
publique qui intègre une activité privée peut impunément se soustraire aux
contraintes qu'elle impose à un repreneur privé placé dans une situation
identique.
Par ailleurs, comment expliquer à ces personnes que, dans des cas semblables,
vous acceptez dans certains endroits des solutions dérogatoires alors qu'en
d'autres lieux vous les refusez ? Je pense notamment à la solution retenue lors
de l'intégration de l'école d'ingénieurs de Mulhouse.
En troisième lieu, et cette raison n'est pas la moindre, j'évoquerai la
situation financière de cette association. En effet, en cas de licenciement de
la totalité du personnel, l'AGEIT ne pourrait faire face à l'ensemble des
indemnités de licenciement et des mesures d'accompagnement sans être confrontée
à des risques financiers importants.
Aussi, monsieur le ministre, face à cette impasse, ne pouvez-vous envisager de
mettre en oeuvre une solution spécifique qui permettrait de préserver l'emploi
de ces personnes et d'assurer la continuité des services rendus aux étudiants
?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
L'école d'ingénieurs de Tours, l'EIT, école privée reconnue par l'Etat, forme
depuis 1987 environ 200 élèves ingénieurs par an, dans le cadre d'une
convention passée avec l'université de Tours, qui met à sa disposition quinze
emplois d'enseignants-chercheurs.
Le désengagement financier de la ville de Tours et un manque de rigueur dans
la gestion de l'école ont placé l'EIT dans une situation de déficit croissant :
environ 1 million de francs en 1997. De ce fait, les conseils d'administration
de l'université de Tours et de l'EIT ont accepté en juin et juillet derniers
l'intégration de l'EIT au sein de l'université, avec effet au 1er septembre
1999. Un décret d'intégration devrait être pris à cet effet, dans les formes
prévues par l'article 33 de la loi de 1984 sur l'enseignement supérieur.
Un problème se pose en revanche, comme vous l'avez souligné, pour les
personnels ingénieurs, administratifs et techniques gérés par l'AGEIT. Il
s'agit en effet de salariés de droit privé qui ne peuvent être intégrés
directement dans des corps de fonctionnaires.
Pour aider au règlement de ce problème, trois emplois IATOS, ingénieurs,
administratifs, techniciens, ouvriers de service, réservés à cette opération
ont été créés sur le budget de 1999. Ces emplois s'ajoutent aux cinq créations
déjà allouées à l'université de Tours. Les personnels de l'EIT qui remplissent
les conditions pour se présenter aux concours correspondants pourront être
candidats à ces emplois.
Parallèlement, une aide financière sera apportée à l'université pour faciliter
l'intégration de l'école. Il s'agit là d'un effort important qui devrait
permettre de réaliser cette opération dans les meilleures conditions, tant pour
les personnels que pour l'école elle-même.
M. Dominique Leclerc.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Leclerc.
M. Dominique Leclerc.
Monsieur le ministre, je vous ai écouté avec attention et je souscris
totalement à l'historique que vous avez dressé et qui a amené l'EIT à intégrer
l'université de Tours.
Ce matin, je vous interroge sur la situation des quinze personnes employées
par l'AGEIT et qui vont perdre leur emploi.
Vous avez dit que, suite à la création de trois emplois IATOS, sur ces quinze
personnes, il en resterait une douzaine. On ne peut pas rester indifférent au
sort de ces douze personnes bien que, vous l'avez souligné, vous ayez fait un
effort énorme pour aider l'université à intégrer l'EIT. J'ai participé à cette
discussion, j'en ai donc été le témoin.
Je crois qu'une solution peut être trouvée à travers cette association, qui
existe toujours, et dont la vocation est précisément de gérer l'ensemble de ces
personnels. Cette solution consisterait à permettre à cette association de
signer avec l'université de Tours une convention de mise à disposition du
personnel restant.
Evidemment, cette association, l'AGEIT, s'interdirait tout recrutement
nouveau, modifierait son objet social et la composition de son conseil
d'administration et recevrait de l'université la rémunération de son personnel,
celle-ci étant elle-même couverte par le ministère.
Cette solution, qui serait mise en oeuvre jusqu'au terme de la vie
professionnelle des douze personnes restantes, ne constitue pas un précédent
puisqu'elle a déjà été adoptée, notamment pour les personnels recrutés au sein
des tribunaux de commerce en 1987, à cette différence près, c'est vrai, que le
personnel avait le choix entre l'intégration au sein de la collectivité
départementale ou du corps des greffiers.
Monsieur le ministre, il existe une petite chance de prendre en compte ces
douze personnes restantes ; j'ose espérer que cette chance sera saisie.
IMMATRICULATION DES DEUX-ROUES
M. le président.
La parole est à M. Esneu, auteur de la question n° 460, adressée à M. le
ministre de l'intérieur.
M. Michel Esneu.
Monsieur le ministre, c'est pour des raisons de sécurité et d'ordre public que
je m'adresse à vous.
Nos villes moyennes, et certainement aussi les grandes, connaissent et
subissent un nombre croissant de perturbations largement générées par la
prolifération des véhicules deux-roues à moteur d'une puissance inférieure à
cinquante centimètres cubes. En effet, les conducteurs dotés de ces véhicules
non immatriculés ne sont pas identifiables. Ils se livrent pour la plupart à
des comportements hautement répréhensibles. Ils roulent au-delà des cinquante
kilomètres/heure instaurés en ville, empruntent des sens interdits, roulent sur
les trottoirs, font du gymkhana sans qu'aucun policier puisse les
interpeller.
Les règles élémentaires du comportement social sont ainsi quotidiennement
bafouées et la sécurité de nos compatriotes, des piétons en particulier, se
trouve de plus en plus menacée.
Il nous apparaît indispensable de généraliser l'obligation d'une
immatriculation de tous les véhicules à moteur à deux roues, notamment ceux de
type
Booster,
sinon toute une catégorie de personnes restera dans
l'impunité et nous courons le risque d'une amplification d'un phénomène
d'incivilité.
Ne considérez-vous pas, monsieur le ministre, qu'il serait opportun de prendre
des mesures en ce sens ?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement,
ministre de l'intérieur.
Monsieur le sénateur, les observations que vous
venez de faire sont fondées.
Depuis plusieurs années, de multiples infractions à la réglementation des
cyclomoteurs ont conduit les pouvoirs publics à engager une réflexion
d'ensemble sur les différents moyens permettant de résoudre ce problème.
A cet égard, le comité interministériel de la sécurité routière du 26 novembre
1997 a décidé de rendre obligatoire l'immatriculation des cyclomoteurs qui, aux
termes de l'article R 188 du code de la route, sont des véhicules à deux ou
trois roues équipés d'un moteur d'une cylindrée ne dépassant pas cinquante
centimètres cubes. La mesure devrait être mise en oeuvre au début de l'année
prochaine.
Cette décision, qui rejoint parfaitement votre préoccupation, monsieur le
sénateur, répond à un double objectif d'identification et de responsabilisation
des conducteurs de ces véhicules. D'une part, l'immatriculation entraînera
systématiquement l'association d'un nom à une carte grise permettant
d'identifier à la fois le véhicule et le détenteur du titre. D'autre part, la
décision de soumettre les cyclomoteurs à immatriculation doit contribuer à une
plus grande responsabilisation des jeunes conducteurs dont le véhicule sera
enregistré dans un fichier informatique et, de ce fait, à une limitation des
infractions constatées.
Ma réponse devrait vous satisfaire pleinement. Sur ce problème, dont nous
avons déjà eu à nous préoccuper, une décision est intervenue. Elle sera
maintenant suivie d'application à bref délai.
M. Michel Esneu.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Esneu.
M. Michel Esneu.
Monsieur le ministre, votre réponse me satisfait pleinement car il nous paraît
indispensable de sensibiliser les plus jeunes au respect des règlements. En
effet, quand des mauvaises habitudes sont prises, il est très difficile ensuite
de remonter le courant.
TRAVAUX DE CONSOLIDATION DE BERGES
SUR LE DOMAINE PUBLIC COMMUNAL
M. le président.
La parole est à M. Darcos, auteur de la question n° 455, adressée à M. le
ministre de l'intérieur.
M. Xavier Darcos.
Monsieur le ministre, ma question porte sur un point particulier, que je me
permettrai d'élargir à un problème plus général.
Le point particulier est celui-ci : la commune de Lamothe-Montravel, en
Dordogne, rencontre depuis des années des difficultés inextricables pour
protéger ses berges des éboulements d'une rive de la Dordogne. Des habitations
voisines sont menacées d'écroulement.
Or la responsabilité de la commune est engagée. En effet, en vertu de
l'article 33 d'une loi très ancienne - elle remonte au 16 septembre 1807 - les
travaux de réparation incombent à la commune : « Lorsqu'il s'agira de
construire des digues à la mer, ou contre des fleuves, rivières ou torrents
navigables ou non navigables, la nécessité en sera constatée par le
Gouvernement et la dépense supportée par les propriétés protégées, dans la
proportion de leur intérêt aux travaux, sauf dans les cas où le Gouvernement
croirait utile et juste d'accorder des secours sur les fonds publics. »
Nous sommes là au coeur du problème. Le financement des travaux de réparation
incombant à la commune de Lamothe-Montravel comporte trois postes :
consolidation des berges, cheminement le long de la rivière et aménagement
paysager, ce qui, pour vingt mètres carrés, représente plus de 800 000
francs.
Si nous nous limitons aux travaux de consolidation des berges, c'est-à-dire
aux travaux de sécurité les plus urgents, je souhaiterais savoir, monsieur le
ministre, comment une commune de 1 096 habitants, dont le budget est de 4
millions de francs, peut réaliser le financement de tels travaux.
C'est pourquoi, monsieur le ministre, je vous demande s'il vous est possible
d'accorder à la commune de Lamothe-Montravel, pour l'exercice 1999, une
dotation globale d'équipement suffisante afin de lui permettre de procéder aux
travaux de consolidation des berges situées sur l'emprise de son domaine public
communal.
Au-delà de cet exemple particulier, mon propos porte sur une question de
fond.
Il existe depuis plus d'un siècle, depuis l'arrêt Blanco du tribunal des
conflits de 1873, un régime de responsabilité administrative fondé soit sur la
faute de service, soit sur l'absence de faute, ce qui est plus protecteur pour
les victimes, je le reconnais. Or, à côté de ce mode de responsabilité,
s'intensifie une responsabilité pénale des élus locaux qui permet aux victimes
de se retourner contre l'homme et non plus contre la collectivité dans le cadre
de ses activités d'intérêt général.
J'estime tout à fait anormal que des élus locaux, le plus souvent engagés dans
la vie publique par dévouement et par seul souci de l'intérêt général,
subissent une mise en cause systématique, ou soient cloués au pilori dans des
différends résultant de problèmes dont ils n'ont pas la maîtrise.
N'est-il pas consternant, monsieur le ministre, pour citer un exemple quasi
anecdotique, que la responsabilité pénale d'un maire puisse se trouver engagée
pour défaut de signalisation ou d'entretien de la voirie communale, sous
prétexte que trois crapauds qui se sont hasardés sur un chemin communal ont
fait tomber un usager, qui s'est blessé sur une chaussée rendue glissante ?
Je souhaiterais donc savoir, monsieur le ministre, si vous envisagez
d'actualiser la loi de 1807 sur les travaux publics communaux, laquelle est
inapplicable pour la commune de Lamothe-Montravel.
Je souhaiterais aussi que vous me précisiez - au cas où, par exemple, une
maison s'éboulerait dans la Dordogne - quelle protection juridique peut être
apportée au maire de cette commune s'il n'obtient pas les crédits qu'il réclame
auprès du préfet de la Dordogne, et ce malgré plusieurs rappels ou
interventions datant de 1996. La question mérite aussi d'être posée sur un plan
plus général, je le répète.
Je souhaiterais enfin que l'on puisse dissocier la responsabilité politique de
la responsabilité pénale. La question doit être examinée de toute urgence
devant le Parlement, par respect non seulement à l'égard de Mme le maire de
Lamothe-Montravel, mais aussi à l'égard de ces nombreux maires dont la tâche
devient impossible et qui doivent porter la terre sur leurs épaules en
percevant, dans des milliers de communes rurales, moins de 3 000 francs
d'indemnités par mois.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement,
ministre de l'intérieur.
Monsieur le sénateur, vous venez d'appeler mon
attention sur les difficultés financières que rencontre la commune de
Lamothe-Montravel pour consolider les berges de la Dordogne, situées sur le
domaine public communal et qui se sont effondrées à la suite d'inondations
violentes. Au-delà, vous soulevez des problèmes de principe plus généraux.
Je vous répondrai, d'abord, sur le financement et, ensuite, sur la
responsabilité juridique.
S'agissant du financement, conformément à la législation en vigueur -
l'article 33 de la loi du 16 septembre 1807 - le financement des travaux de
défense contre les inondations d'origine fluviale ou maritime est à la charge
des propriétaires riverains, dans la proportion de leur intérêt aux travaux,
que les cours d'eau soient domaniaux ou non. La somme en cause s'élève à 800
000 francs.
Quand l'intérêt général ou l'urgence le justifie, les dispositions de la loi
du 3 janvier 1992 sur l'eau - c'est l'article 31 - précisent que les
collectivités territoriales et leurs groupements, ainsi que les syndicats
mixtes prévus par l'article L. 5721-2 du code général des collectivités
territoriales sont habilités à entreprendre « l'étude, l'exécution et
l'exploitation de tous travaux, ouvrages ou installations visant notamment la
défense contre les inondations et contre la mer » par application de la
procédure définie aux articles L. 151-36 à L. 151-40 du nouveau code rural. En
l'occurrence, la commune concernée compte 1 000 habitants, comme vous venez de
le rappeler.
Eu égard au coût souvent élevé de ces travaux, la mise en place d'une
coopération intercommunale semble souhaitable pour faire face à ces
investissements.
Les principes définis dans les textes que je viens de citer ont été rappelés à
plusieurs reprises et confirmés lors de la mise en oeuvre du programme décennal
de prévention des inondations adopté par le comité interministériel du 24
janvier 1994.
Les travaux concernant l'effondrement des berges, s'ils sont réalisés par la
commune, peuvent être éligibles à la dotation globale d'équipement des communes
s'agissant de la partie navigable du fleuve, les travaux sur berges des cours
d'eau domaniaux non navigables ou non domaniaux relevant, pour leur part, des
subventions du ministère de l'environnement.
La dotation globale d'équipement étant une dotation dont la gestion est
déconcentrée, il revient à la commission d'élus prévue à l'article L. 2334-35
du code général des collectivités territoriales de fixer chaque année les
catégories d'opérations prioritaires ainsi que, dans des limites fixées par
décret, les taux minimal et maximal de subvention applicables à chacune
d'elles. Les choix effectués par la commission d'élus relèvent de sa seule
compétence.
La commune pourra, par ailleurs, sous réserve des conditions générales
d'éligibilité, bénéficier d'une attribution au titre du FCTVA pour les dépenses
d'investissement qu'elle effectuerait sur les berges en cause.
Je suis très attentif aux problèmes que vous venez de me soumettre concernant
la commune de Lamothe-Montravel. Mais, au-delà de cette commune qui vous est
chère, vous posez le problème, plus général, de la responsabilité juridique.
Le défaut d'entretien des berges peut en effet entraîner la mise en cause de
la responsabilité civile de la commune. La mise en cause de la responsabilité
pénale du maire, en vertu des dispositions de l'article 121-3 du code pénal,
suppose, quant à elle, que le maire n'ait pas accompli les diligences requises
pour informer les utilisateurs des berges des dangers éventuels qu'ils peuvent
encourir. L'article L. 2123-34 du code général des collectivités territoriales
reprend ces dispositions.
Ma réponse est simple, monsieur le sénateur : une signalisation adaptée peut
éventuellement permettre au maire de faire face aux obligations que la loi lui
confère.
S'agissant de la commune de Lamothe-Montravel qui vous est chère qui est
située sur une partie de la Dordogne classée dans la nomenclature des voies
navigables du domaine public fluvial, les travaux de protection des berges
incombent normalement aux riverains, les missions de Voies navigables de France
ne portant que sur la réalisation des travaux nécessaires au maintien de la
navigation et au libre écoulement des eaux.
M. Xavier Darcos.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Darcos.
M. Xavier Darcos.
La commune de Lamothe-Montravel a fait plusieurs fois appel aux diverses
instances que vous avez signalées et n'a pas obtenu, pour l'instant, de
contributions financières suffisantes pour assumer les réparations des
berges.
Par ailleurs, en ce qui concerne la responsabilité pénale du maire, M. le
procureur de la République de Bergerac a bien signifié que si un éboulement se
produisait et qu'une maison s'écroulait, même si le maire avait annoncé ces
risques, aucune possibilité juridique ne permettait d'empêcher que les
propriétaires ne se retournent contre la commune. On comprend donc que Mme le
maire de Lamothe-Montravel reste tout à fait inquiète.
FONCTIONNEMENT DU COMITÉ D'INFORMATION
ET DE LIAISON DU PARC DE SAINT-CLOUD
M. le président.
La parole est à M. Badré, auteur de la question n° 449, adressée à Mme le
ministre de la culture et de la communication.
M. Denis Badré.
Madame la ministre, « le patrimoine est au coeur de chacun », dites-vous - et
nous sommes évidemment d'accord sur ce point -, ce qui peut vouloir dire que,
lorsque ce patrimoine est public, donc géré par vos services, ces derniers
doivent comprendre et accepter, voire se réjouir que nos concitoyens s'y
intéressent.
Je m'exprime ici au nom des maires des sept communes directement riveraines du
parc de Saint-Cloud, lesquelles regroupent 200 000 habitants visiteurs ou
admirateurs de ce prestigieux « monument historique ».
Ce joyau de notre patrimoine doit être absolument protégé, même si ce n'est
pas toujours facile compte tenu de la diversité des attentes qu'il suscite dans
une région très urbanisée.
Madame la ministre, vos services ont compris l'importance de leur mission,
qu'ils remplissent avec soin, compétence et dévouement. Je dois cependant
rappeler que, quel que soit l'attachement compréhensible qui les lie à notre
parc, ils ne peuvent le gérer sans nous.
Le domaine de Saint-Cloud, tout en conservant son caractère royal, relève du
bien commun. Les élus des communes voisines sont donc directement
intéressés.
J'ajoute, de manière très pratique, que nous entendons les réactions de nos
concitoyens. Ceux-ci aiment « leur » parc de façon souvent passionnelle. Nous
pouvons communiquer leurs motifs d'incompréhension ou leurs souhaits aux
autorités du parc, et nous pouvons aussi expliquer à nos concitoyens les
décisions prises concernant l'aménagement ou la gestion du domaine. Notre
implication devrait donc intéresser au premier chef vos services, et nous
souhaitons parallèlement instaurer une étroite concertation avec ceux-ci.
Je tiens à réaffirmer très clairement que nous sommes les premiers concernés
par la protection du parc. Les administrateurs passent, nous restons. Nous
sommes capables non seulement de comprendre les contraintes qu'implique cette
protection, mais aussi de les imaginer ou d'en demander le respect.
Inversement, aucune protection ne peut se concevoir contre les riverains, sauf
à faire le choix, impensable, de fermer le parc.
Nous avons été entendus lorsque nous avons très naturellement demandé à votre
prédécesseur d'institutionnaliser un « comité d'information et de liaison du
parc », organe permanent de concertation entre vos services et les maires des
communes riveraines.
Malgré nos demandes réitérées, ce comité n'a plus été réuni depuis l'automne
1997. Après une nouvelle relance infructueuse début décembre, je me suis donc
la mort dans l'âme résigné à vous alerter. Depuis, madame la ministre, notre
comité a été convoqué pour le mois de mai. Est-ce l'effet de l'annonce de ma
question ? Est-ce une coïncidence ? Je ne sais ! Mais j'en suis heureux.
Je veux simplement y voir une première marque de l'intérêt que vous portez à
ce comité. Je tiens ici à vous en remercier, madame la ministre, et je vous
demande simplement aujourd'hui de me confirmer que cette réunion ne restera pas
unique et que le comité va vraiment reprendre vie.
Dix-huit mois d'interruption de son activité ont en effet démontré, par
défaut, combien il est utile. En l'absence de réunions régulières, trop de
questions restent en suspens, ce qui n'est bon pour personne, même si ce sont
toujours les maires et non les responsables du parc qui se retrouvent en
première ligne. C'est toujours nous que nos concitoyens viennent interroger,
jamais les autorités responsables du parc.
Je citerai simplement quelques-unes de ces questions.
Ainsi, les problèmes de circulation automobile dans le parc ont toujours été
mieux traités lorsque nous en avons parlé. L'organisation de la fête foraine
actuelle a posé quelques problèmes. Des difficultés opposent le parc et
l'institut Pasteur à Marnes-la-Coquette. D'irritants litiges de voisinage
subsistent entre les habitants de la Sente du Nord, sur Sèvres et
Ville-d'Avray, et vos services. Je pourrais citer bien d'autres exemples.
En tant que maire de Ville-d'Avray, enfin, je n'oublie pas que c'est au sein
de notre comité qu'a été bâti le programme de restauration de nos étangs,
programme annoncé et décrit par vos services sur un panneau d'information
implanté sur place en 1997. Ce panneau prévoit une tranche de travaux de
sécurité à mise en oeuvre immédiate et une réhabilitation de l'ensemble à
lancer en 1998. Nous sommes en 1998, et rien n'a été engagé... sinon, un peu,
la crédibilité de vos services.
Il s'agit bien toujours du parc et de notre sujet puisque les étangs ont été
conçus par Philippe d'Orléans, qui était d'ailleurs le propriétaire du château,
comme réservoir pour les grandes eaux du parc. Ce sont donc vos services qui
continuent à les suivre avec une grande et belle ambition : remettre l'ensemble
en fonctionnement comme au xviiie siècle, dans un souci de respect absolu du
patrimoine.
Je salue ce souci, mais du temps a passé. Un recyclage de l'eau doit permettre
aujourd'hui, sans offenser la mémoire du duc, de disposer de grandes eaux plus
fréquentes, pour le bonheur de tous et sans pour autant compromettre le niveau
des étangs. Quant aux étangs, qui sont très fréquentés aujourd'hui, ils ont vu
leur valeur patrimoniale considérablement enrichie depuis leur création.
Ils ont inspiré Corot, et l'on parle aujourd'hui des étangs de Corot et non
pas des étangs de Philippe d'Orléans ! Ce peintre les a immortalisés, et c'est
un grand bonheur pour moi de retrouver, dans quelque musée du monde où je me
rende, les étangs de ma commune !
Monet, Chopin, Debussy, Musset et bien d'autres ont également été inspirés par
ces étangs. Ils ne peuvent évidemment plus être considérés seulement comme un
château d'eau !
« Le patrimoine au coeur de chacun », disiez-vous, madame la ministre. Ma
question est simple : quand réaliserez-vous ces travaux, urgents et attendus
par tous, aux étangs de Ville-d'Avray ?
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Trautmann,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le sénateur, vous
m'interrogez sur le fonctionnement du comité d'information et de liaison du
parc de Saint-Cloud. Celui-ci a été créé le 20 septembre 1996 sur l'initiative
du directeur du patrimoine et il regroupe l'ensemble des élus concernés :
conseil régional d'Ile-de-France, conseil général des Hauts-de-Seine et
plusieurs communes. L'Etat fait également partie de ce comité d'information et
de liaison, puisqu'il est propriétaire du domaine national, ainsi que la caisse
nationale des monuments historiques et des sites, qui en est gestionnaire.
Ce comité a pour but, je le rappelle, de favoriser l'information et la
concertation entre l'Etat, la caisse nationale des monuments historiques et des
sites et les élus pour les questions relatives au domaine national.
Il a ainsi pu examiner, au cours des réunions du 5 novembre 1996, des 17
février, 23 juin et 27 octobre 1997, les conséquences du classement parmi les
monuments historiques de l'ensemble du domaine en 1994, sa gestion par la
caisse nationale, la réhabilitation des réseaux hydrauliques du domaine
national dans leur état d'origine - plutôt que leur remplacement par des
systèmes contemporains automatisés - la mise en place d'un schéma directeur
d'aménagement, le plan de gestion du patrimoine arboré, diverses études de
restauration, la surveillance du domaine, les tarifs d'accès pour les
automobiles et la question des concessions de restauration du parc.
A sa création, le comité a été présenté comme une structure informelle sans
périodicité fixe. Si le principe de deux réunions par an avait alors été
évoqué, il reste évident que ces réunions ne sont provoquées, dans l'esprit de
ceux qui en ont été les initiateurs, que si des informations ou projets
nouveaux concernant la plupart des intervenants doivent être présentés.
Tel n'ayant pas été le cas en 1998, le comité n'a pas été réuni. Néanmoins,
les élus concernés par des projets particuliers ont été tenus régulièrement
informés par les services de l'Etat et par l'administration du domaine national
dans le cadre de rapports bilatéraux, qui ne sont évidemment pas annulés du
fait de l'existence du comité d'information et de liaison.
Vous avez évoqué cette convocation pour une prochaine réunion ; je puis vous
confirmer, monsieur le sénateur, qu'une réunion du comité de liaison sera
organisée d'ici au mois de juin prochain, en l'occurrence au mois de mai.
Concernant plus spécifiquement la question de la restauration des berges des
étangs de Ville-d'Avray, réservoir du domaine national et patrimoine paysager
insigne pour lequel la commune de Ville-d'Avray manifeste un très vif intérêt,
un programme de réhabilitation a été élaboré par M. Pierre-Antoire Gatier,
architecte en chef des monuments historiques en charge du domaine national.
Vous avez été tenu régulièrement informé de l'évolution de ce dossier par M.
l'administrateur du domaine national. Ce programme, qui a pris un certain
retard du fait de la complexité des solutions à mettre en oeuvre pour assurer
la stabilité des berges, sera financé dès 1999, pour un montant de 4 millions
de francs. La phase opérationnelle sera donc engagée cette année.
Je voulais vous rassurer sur le respect des engagements qui ont été pris,
ainsi que sur la suite donnée aux études qui ont été engagées et qui ont fait
l'objet de concertation au sein du comité de liaison et de formation.
Par ailleurs, j'estime que, même si les projets n'avancent pas, cette
structure mérite d'être réunie au moins une fois par an pour faire le point et
s'assurer que la même vision de l'évolution des projets est partagée par
l'ensemble des partenaires.
M. Denis Badré.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré.
Je vous remercie, madame la ministre, d'avoir bien voulu confirmer l'intérêt
que vous portez au bon fonctionnement du comité d'information et de liaison du
parc de Saint-Cloud.
De conception originale, ce comité doit fonctionner de manière exemplaire.
Vous indiquez qu'il vous paraissait sain qu'il se réunisse au moins une fois
par an, je pense que c'est indispensable. La liste des questions en suspens que
je citais tout à l'heure le confirme. Si cela implique un petit effort de la
part de vos services, ils doivent pouvoir le faire. Nous sommes, quant à nous,
les maires, représentants des collectivités territoriales, d'une bonne volonté
sans limites à cet égard, tant nous mesurons et les difficultés de la
protection du parc et la nécessité de l'ouvrir au public dans des conditions
satisfaisantes.
Nous savons bien que c'est difficile, car c'est à nous que le public s'adresse
chaque fois qu'il rencontre un problème ou chaque fois que le parc n'est pas
suffisamment protégé, d'ailleurs. C'est toujours nous qui sommes en première
ligne !
Que les responsables du parc prennent cela en compte et considèrent que nous
sommes pour eux des partenaires, des alliés, et non pas des adversaires ou
quelques Iroquois qui viendraient s'occuper de ce qui ne les regarde pas !
Je vous suis également reconnaissant des instructions que vous avez pu donner
concernant la réhabilitation de nos étangs. Elle est urgente. Il s'agit là
aussi d'une opération sensible à divers titres, vous le rappeliez.
Vous avez repris les thèses de vos services, selon lesquelles le système
hydraulique doit être remis en place dans son état d'origine. Pour ma part, je
pense que, si le duc d'Orléans revenait parmi nous aujourd'hui, il utiliserait
les techniques modernes et ne se contenterait pas de tout remettre en état.
Nous n'offensons donc pas sa mémoire en pompant l'eau dans les étangs, en la
faisant transiter dans le parc et, une fois qu'elle est arrivée dans le parc,
en la recyclant. Je suis un spécialiste, et cela me paraît techniquement
facile.
Nous avons essayé de convaincre vos services, qui n'ont pas tous les mêmes
capacités dans les techniques hydrauliques. J'espère que le temps qui passe
servira au moins à les conduire à nous écouter un peu mieux.
Compte tenu du caractère prestigieux des étangs, on ne peut tolérer ni
médiocrité ni retard.
La qualité du projet préparé par vos services est évidente. Mais il ne faut
plus attendre pour le réaliser. Vous confirmez que les travaux vont pouvoir
être engagés ; j'en suis heureux.
Madame la ministre, en ce qui concerne tant la gestion du parc que la
rénovation des étangs, il s'agit de la valorisation de notre patrimoine, à
laquelle nous sommes tous très attachés.
Il s'agit aussi de la vie dans une région urbaine qui veut rester liée à la
culture, et nous faisons tout pour pouvoir apporter un plus à la population de
cette région en la matière.
Il s'agit enfin, et j'y suis très sensible, de l'image de vos services et de
celle de l'Etat. Nous avons, vous et nous, les moyens de servir cette image
dans les meilleures conditions possible. Nous ne pouvons nous dérober devant
ces exigences.
M. le président.
Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons
interrompre nos travaux : nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures cinq, est reprise à seize heures cinq,
sous la présidence de M. Guy Allouche.)
PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
4
COMMISSION MIXTE PARITAIRE
M. le président.
M. le président a reçu de M. le Premier ministre la lettre suivante :
« Monsieur le président,
« Conformément à l'article 45, alinéa 2, de la Constitution, j'ai l'honneur de
vous faire connaître que j'ai décidé de provoquer la réunion d'une commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en
discussion du projet de loi portant diverses mesures relatives à la sécurité
routière.
« Je vous serais obligé de bien vouloir, en conséquence, inviter le Sénat à
désigner ses représentants au sein de cette commission.
« J'adresse ce jour, à M. le président de l'Assemblée nationale, une demande
tendant aux mêmes fins.
« Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma haute
considération.
«
Signé :
Lionel JOSPIN »
Il sera procédé à la nomination des représentants du Sénat à cette commission
mixte paritaire selon les modalités prévues par l'article 12 du règlement.
5
AMÉNAGEMENT ET DÉVELOPPEMENT
DURABLE DU TERRITOIRE
Suite de la discussion
d'un projet de loi déclaré d'urgence
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 203,
1998-1999) d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, adopté par
l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence. [Rapport n° 272
(1998-1999).]
Dans la discussion des articles, nous avons abordé l'examen de l'article
19.
Article 19
(suite)
M. le président.
Je rappelle les termes de l'article 19 :
« Art. 19. - I. - L'intitulé du titre II de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
précitée est ainsi rédigé : "De l'organisation et du développement des
territoires".
« II. - L'article 22 de la même loi est ainsi rédigé :
«
Art. 22
. - Lorsqu'un territoire présente une cohésion géographique,
culturelle, économique ou sociale, il peut être reconnu, à l'initiative de
communes ou de leurs groupements et après avis conforme de la ou des
conférences régionales de l'aménagement et du développement du territoire
intéressées et après avis de la ou des commissions départementales de la
coopération intercommunale compétentes, comme ayant vocation à former un pays.
Si le territoire du pays recouvre une partie du périmètre d'un parc naturel
régional ou si le territoire d'un parc naturel régional recouvre une partie du
territoire d'un pays et qu'il ne peut être procédé à l'harmonisation de
périmètres, la reconnaissance de la dernière entité constituée nécessite la
définition préalable, par convention passée entre les parties concernées, des
missions respectives confiées aux organismes de gestion du parc naturel
régional et du pays sur les parties communes. La charte du pays et les actions
qui en procèdent doivent être, sur les parties communes, compatibles avec les
orientations de protection, de mise en valeur et de développement définies par
la charte du parc naturel régional en application de l'article L. 244-1 du code
rural. Après avis du ou des préfets de département compétents et des conseils
généraux et régionaux concernés, le ou les préfets de région arrêtent le
périmètre d'étude du pays. Les pays constatés à la date de la publication de la
loi n° du précitée ne sont pas modifiés. Une commune membre d'un
pays constaté et d'un établissement public de coopération intercommunale peut
concilier cette double appartenance si les missions qu'elle partage dans le
pays ne recoupent pas les compétences de l'établissement public de coopération
intercommunale auquel elle appartient. Les modalités de cette double
appartenance sont précisées par une convention entre la commune, le pays et
l'établissement public de coopération intercommunale. Les communes ou leurs
groupements peuvent prendre l'initiative de proposer une modification du
périmètre du pays. Cette modification intervient dans les formes prévues au
présent alinéa. Il ne peut être reconnu de pays dont le périmètre coïncide
exactement avec celui d'un parc naturel régional.
« Dès que le préfet de région a arrêté le périmètre d'étude du pays, les
communes, ainsi que leurs groupements ayant des compétences en matière
d'aménagement et de développement économique, élaborent une charte de pays en
association avec le ou les départements et la ou les régions intéressés.
Celle-ci exprime le projet commun de développement durable du territoire
concerné selon les recommandations de l'article 28 relatif aux agendas 21
locaux du programme "Actions 21" adopté par la communauté internationale à Rio
de Janeiro en 1992 et les orientations fondamentales de l'organisation spatiale
qui en découlent, ainsi que les mesures permettant leur mise en oeuvre ; elle
vise à renforcer les solidarités réciproques entre la ville et l'espace rural.
La charte est adoptée par les communes et les groupements mentionnés
ci-dessus.
« Un conseil de développement composé de représentants des milieux
économiques, sociaux, culturels et associatifs est créé par des délibérations
concordantes des communes et des groupements mentionnés à l'alinéa précédent.
Le conseil de développement s'organise librement. Il est associé à
l'élaboration de la charte de pays. Il peut être consulté sur toute question
relative à l'aménagement et au développement du pays. Le conseil de
développement est informé au moins une fois par an de l'avancement des actions
engagées par les maîtres d'ouvrage pour la mise en oeuvre du projet de
développement du pays. Il peut être associé à l'évaluation de la portée de ces
actions.
« Lorsque la charte de pays a été adoptée, le ou les préfets de région, après
avis conforme des conférences régionales de l'aménagement et du développement
du territoire intéressées, après avis de la ou des commissions départementales
de la coopération intercommunale compétentes et après avis du ou des préfets de
département compétents et des conseils généraux et régionaux concernés,
arrêtent le périmètre définitif du pays.
« En vue de conclure avec l'Etat et la ou les régions un contrat particulier
en application du ou des contrats de plan Etat-régions, les communes et les
groupements de communes qui constituent le pays devront, pour assurer
l'exécution et le suivi du contrat, soit créer un groupement d'intérêt public
de développement local, soit se constituer en syndicat mixte sauf si le pays
est préalablement organisé sous la forme d'un ou plusieurs établissements
publics de coopération intercommunale intégrant l'ensemble des communes
inscrites dans son périmètre. Le groupement d'intérêt public de développement
local qui peut être créé, au sein du pays, est doté de la personnalité morale
et de l'autonomie financière. Il peut être constitué entre plusieurs personnes
morales de droit public et de droit privé comportant au moins une personne
morale de droit public pour exercer les activités d'études, d'animation ou de
gestion nécessaires à la mise en oeuvre des projets économiques, sociaux,
environnementaux, culturels et touristiques d'intérêt collectif prévus par la
charte du pays. La convention par laquelle il est créé doit être approuvée par
l'autorité administrative chargée d'arrêter le périmètre du pays. Ce
groupement, qui gère des fonds publics, obéit aux règles de la comptabilité
publique. Ce contrat porte sur les principales politiques qui concourent au
développement durable du pays.
« L'Etat coordonne, dans le cadre du pays, son action en faveur du
développement territorial avec celle des collectivités territoriales et de
leurs groupements.
« Lorsque la charte de pays vise en priorité à préserver et requalifier le
patrimoine paysager et culturel et à conforter les espaces agricoles et
forestiers de territoires soumis à une forte pression d'urbanisation et
d'artificialisation, le pays peut être classé par arrêté préfectoral, sur
proposition du ou des conseils régionaux, en "espace régional de reconquête
paysagère". Dans ce cas, les documents d'urbanisme des collectivités ayant
adopté la charte de pays doivent être compatibles avec les orientations
fondamentales de l'organisation spatiale exprimées par cette charte.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du
présent article. »
L'ensemble des amendements à cet article fait l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 55, présenté par la commission spéciale, a déjà été défendu
par M. Larcher, rapporteur.
Je rappelle que cet amendement tend à rédiger comme suit l'article 19 :
« I. - L'intitulé du titre II de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée
est ainsi rédigé : "Des pays et des agglomérations".
« II. - L'article 22 de la même loi est ainsi rédigé :
«
Art. 22.
- I. - Lorsqu'un territoire présente une cohésion
géographique, culturelle, économique ou sociale, la ou les commissions
départementales de la coopération intercommunale, à la demande des communes et
groupements de communes concernés, constatent, après avis du ou des conseils
généraux et du ou des présidents de conseil régional, qu'il peut former un
pays.
« L'autorité administrative publie la liste et le périmètre des pays.
« Si le périmètre du pays recouvre une partie de l'espace d'un parc naturel
régional ou si le territoire d'un parc naturel régional recouvre une partie du
périmètre d'un pays et qu'il ne peut être procédé à l'harmonisation des
périmètres, la constatation du pays ou le classement du parc naturel régional
est subordonné à la conclusion préalable d'une convention entre, d'une part,
les collectivités territoriales et les groupements composant le pays et,
d'autre part, l'organisme de gestion du parc naturel régional, qui définit les
modalités selon lesquelles les projets qui concernent les parties communes sont
mis en oeuvre. Il ne peut être constaté de pays dont le périmètre coïncide
exactement avec celui d'un parc naturel régional.
« Les pays constatés à la date de publication de la loi n° du
ne sont pas modifiés.
« Le périmètre du pays est révisé dans les formes prévues aux deux premiers
alinéas.
« II. - Dès que le périmètre du pays a été publié, les communes, ainsi que
leurs groupements ayant des compétences en matière d'aménagement et de
développement économique, élaborent une charte de pays en association avec le
ou les départements et régions intéressés et en concertation avec les acteurs
concernés. Celle-ci exprime le projet commun de développement durable du
territoire concerné et les orientations fondamentales de l'organisation
spatiale qui en découlent, ainsi que les mesures permettant leur mise en oeuvre
; elle exprime la communauté d'intérêts économiques et sociaux ainsi que, le
cas échéant, les solidarités réciproques entre la ville et l'espace rural. La
charte est adoptée par les communes et les groupements mentionnés ci-dessus.
« III. - En vue de conclure avec l'Etat et la ou les régions un contrat en
application du ou des contrats de plan Etat-régions, les collectivités ou
groupements qui forment le pays devront, pour assurer l'exécution et le suivi
du contrat, se constituer en syndicat mixte, sauf si le pays, n'associant pas
d'autres collectivités, est préalablement organisé sous la forme d'un ou
plusieurs établissements publics de coopération intercommunale intégrant
l'ensemble des communes inscrites dans son périmètre. Ce contrat porte sur les
principales politiques qui concourent au développement durable du pays.
« IV. - L'Etat coordonne, dans le cadre du pays, son action en faveur du
développement territorial avec celle des collectivités territoriales et de
leurs groupements.
« V. - Il est tenu compte de l'existence des pays pour l'organisation des
services de l'Etat.
« VI. - Lorsque la charte de pays vise notamment à préserver et à requalifier
le patrimoine paysager et culturel et à conforter les espaces agricoles et
forestiers de territoires soumis à une forte pression foncière, le pays peut
constituer un terroir urbain et paysager dans les conditions fixées par
l'article L. 244-3 du code rural. »
Je rappelle également que le Sénat a déjà procédé à l'examen des
sous-amendements qui affectaient cet amendement et que, parmi ceux-ci, a seul
été adopté le sous-amendement n° 321 rectifié, présenté par M. Belot et les
membres du groupe de l'Union centriste, ayant pour objet de compléter le
deuxième alinéa du texte présenté par le II de l'amendement n° 55 pour
l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 par une phrase ainsi rédigée
: « Les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre
agissant pour le compte d'un pays ne comprenant pas de communauté
d'agglomération sont éligibles à la dotation de développement rural sans
condition de seuil de population. »
Les autres sous-amendements ont été soit repoussés, soit retirés.
Nous allons maintenant procéder à l'examen des autres amendements qui font
l'objet de la discussion commune.
Pour la commodité du débat, je les appellerai successivement.
Par amendement n° 161 rectifié, M. Vasselle propose, dans la première phrase
du premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22
de la loi du 4 février 1995, de supprimer les mots : « et après avis conforme
de la ou des conférences régionales de l'aménagement et du développement du
territoire intéressés et ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Pour être d'emblée agréable à Mme le ministre et à M. le rapporteur, je retire
cet amendement.
(Sourires.)
M. Gérard Larcher,
rapporteur de la commission spéciale.
Merci, monsieur Vasselle !
M. Alain Vasselle.
Mais je ne ferai pas nécessairement subir le même sort à mes amendements
suivants.
(Nouveaux sourires.)
M. le président.
L'amendement n° 161 rectifié est retiré.
Par amendement n° 124 rectifié, MM. Arnaud, Jarlier, Herment, Deneux, Souplet,
Moinard, Nogrix, Hoeffel, Louis Mercier et Hérisson proposent, dans la première
phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour
l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, de supprimer le mot : «
conforme ».
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud.
Il s'agit de faire en sorte que les avis donnés par les conférences régionales
et les conférences départementales soient des avis simples et non pas des avis
conformes.
M. le président.
Par amendement n° 125 rectifié, MM. Arnaud, Jarlier, Herment, Deneux, Souplet,
Moinard, Nogrix, Hoeffel, Louis Mercier et Hérisson proposent, dans la première
phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour
l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les mots : « de la ou
des conférences régionales de l'aménagement et du développement du territoire
intéressées », d'insérer les mots : « et de la ou des commissions
départementales de coopération intercommunale intéressées ».
La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud.
Dans le texte de la loi d'orientation de 1995, la compétence pour constater
qu'un territoire présentant une cohérence géographique, culturelle, économique
ou sociale pouvait former un pays appartenait à la commission départementale de
coopération intercommunale. Le préfet arrêtait ensuite le périmètre du pays.
Dans l'article 19 du projet de loi, c'est la conférence régionale
d'aménagement et de développement du territoire qui constate qu'un territoire
peut former un pays. Le préfet de région arrête, après avis du préfet du
département concerné, le périmètre du pays.
L'échelon départemental, au plus proche des réalités concrètes des zones
rurales fragiles, serait donc le seul à ne pas donner un avis sur la formation
du pays en question !
Il convient, selon nous, que la commission départementale de coopération
intercommunale, composée d'élus départementaux et communaux, continue à émettre
un avis.
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 133 rectifié est présenté par M. Hérisson.
L'amendement n° 262 rectifié
bis,
est déposé par MM. Othily, Girod et
Payet.
Tous deux tendent :
I. - Après la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le II de
l'article 19 pour l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, à insérer
la phrase suivante : « Le périmètre d'un pays ne peut recouvrir tout ou partie
du périmètre d'un parc naturel régional classé selon l'article L. 244-1 du code
rural ».
II. - Au début de la seconde phrase du même alinéa, à ajouter le mot : «
Toutefois, ».
L'amendement n° 133 rectifié est-il soutenu ?...
L'amendement n° 262 rectifié
bis
est-il soutenu ?...
Par amendement n° 176 rectifié, MM. Braye, Emin et Lassourd proposent, après
la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de l'article
19 pour l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, d'insérer quatre
phrases ainsi rédigées : « Structure d'études, de planification et de
contractualisation, le pays rassemble tous les acteurs de ce territoire. Sa
mission est limitée à l'élaboration d'une charte de développement durable et au
suivi de son application. Par conséquent, le pays a une durée de vie limitée à
cet objet. Lorsque chacun des maîtres d'ouvrage a réalisé les actions pour
lesquelles ils s'étaient engagés, la portée de la mise en oeuvre du projet de
développement et la pertinence du périmètre du pays donnent lieu à une
évaluation. »
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Cet amendement vise à éviter l'émergence d'un nouvel échelon territorial qui
se superposerait inutilement aux échelons existants. Il convient donc de fixer
précisément dans la loi des missions du pays. Celles-ci doivent être encadrées
par des compétences limitées pour la structure porteuse et par une durée de vie
limitée à son objet, garantie d'un périmètre évolutif.
M. le président.
Par amendement n° 134 rectifié, M. Hérisson propose, dans la deuxième phrase
du premier alinéa du II du texte présenté par l'article 19 pour l'article 22 de
la loi du 4 février 1995, de remplacer le mot : « nécessite » par les mots : «
est subordonnée à ».
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson.
L'expression « est subordonnée à » est juridiquement plus précise que le mot «
nécessite ».
M. le président.
Par amendement n° 132, M. Hérisson propose de rédiger comme suit la cinquième
phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour
l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 : « Les pays constatés dont
la charte a été approuvée par l'ensemble des communes ou leurs groupements à la
date de la publication de la loi n° du précitée ne sont pas modifiés. »
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson.
Seuls les pays dont les communes et leurs groupements ont déjà négocié et
adopté la charte sont pérennisés par la loi. S'il en allait autrement, ce
serait au détriment de la concertation organisée sur le territoire prévue par
la nouvelle loi.
M. le président.
Par amendement n° 177 rectifié, MM. Braye, Emin et Lassourd proposent de
supprimer les sixième et septième phrases du premier alinéa du texte présenté
par le II de l'article 19 pour l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février
1995.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Il s'agit d'un amendement de cohérence. Les dispositions prévoyant une
articulation entre « missions » du pays et « compétences » des établissements
publics de coopération intercommunale sont devenues sans objet et leur maintien
serait source de confusion. Il convient donc de les supprimer.
M. le président.
Par amendement n° 178 rectifié, MM. Braye et Emin proposent de compléter
in
fine
la dernière phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de
l'article 19 pour l'article 22 de la loi du 4 février 1995 par les mots
suivants : « ou d'un seul établissement public de coopération intercommunale à
fiscalité propre ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 179 rectifié, MM. Braye et Emin proposent de compléter
in
fine
le premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour
l'article 22 de la loi du 4 février 1995 par la phrase suivante : « Le
périmètre du pays doit respecter celui des établissements publics de
coopération intercommunale à fiscalité propre de ce territoire. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 310, Mme Boyer, MM. Dussaut, Vezinhet, Journet, Le Pensec et
les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, dans la
première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par le II de l'article 19
pour l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les mots : «
élaborent une charte de pays », les mots : « en prenant en compte les
dynamiques locales déjà organisées et porteuses de projets notamment en matière
de développement touristique, et ».
La parole est à Mme Yolande Boyer.
Mme Yolande Boyer.
Cet amendement tend à faire prendre en compte les pays d'accueil touristique.
J'ai déjà eu l'occasion, au cours de la discussion générale, d'évoquer ce
sujet, non seulement parce que je préside l'un de ces pays dans ma région, la
Bretagne, mais surtout en raison de la force qu'ils représentent en termes
d'économie touristique.
Je rappelle que les pays d'accueil touristique sont aujourd'hui en France au
nombre de 180, qu'ils concernent 6 500 communes et 6 millions d'habitants.
Le texte fixe des règles de « cohabitation » entre les parcs naturels
régionaux et les nouveaux pays.
Il me paraît important de ne pas oublier les pays d'accueil touristique, à la
fois parce qu'il est, à mes yeux, légitime que le législateur reconnaisse ainsi
le travail effectué conjointement par les élus et par les professionnels et
parce que, tout simplement, depuis une vingtaine d'années, ces pays ont
contribué au développement et à l'aménagement du territoire.
A ne pas prévoir une telle reconnaissance, on risquerait de casser une
dynamique, celle de projets existants, qui est tout à fait semblable à celle
que vous nous proposez, madame la ministre, dans le cadre de la mise en place
des pays.
Il faudra réfléchir à la manière de préserver ces structures lorsqu'elles ne
correspondent pas au nouveau périmètre des pays et considérer que ces pays
d'accueil représentent un périmètre pertinent pour la promotion et le
développement touristique, en fonction desquels, d'ailleurs, dans le cadre XIe
Plan, ils ont conclu des contrats.
Il me paraît indispensable que le travail accompli par ces structures et, plus
largement, les dynamiques locales porteuses de projets, soient pris en compte
lors de l'élaboration des chartes de pays.
Tel est le sens de notre amendement.
M. le président.
Par amendement n° 166 rectifié, M. Vasselle propose, dans la deuxième phrase
du deuxième alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article
22 de la loi du 4 février 1995, de supprimer les mots : « selon les
recommandations de l'article 28 relatif aux agendas 21 locaux du programme
"Actions 21" adopté par la communauté internationale à Rio de Janeiro en 1992
et les orientations fondamentales de l'organisation spatiale qui en découlent,
ainsi que les mesures permettant leur mise en oeuvre ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Cet amendement, comme tous ceux qui viennent d'être examinés et ceux qui vont
suivre n'aura plus d'objet lorsque le Sénat aura, sans nul doute, voté
l'amendement n° 55 de la commission. Puisque nous nous plions à cet exercice
auquel la Haute Assemblée est habituée, je défendrai donc mon amendement, qui
sera d'ailleurs satisfait par la nouvelle rédaction de l'article 22 de la loi
du 4 février 1995 proposée M. le rapporteur.
L'amendement n° 166 rectifié tend donc à supprimer la référence à la
communauté internationale de Rio de Janeiro, qui, à mon avis, n'a pas du tout
sa place dans un projet de loi sur l'aménagement du territoire comme celui que
nous examinons. M. le rapporteur, tout comme la commission spéciale, l'a
d'ailleurs très bien compris.
Je ne doute pas de l'approbation que recueillera cet amendement, qui sera de
toute façon satisfait par celui de la commission.
M. le président.
Par amendement n° 308, MM. Bellanger et Piras, les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent, après le deuxième alinéa du texte présenté
par le II de l'article 19 pour l'article 22 de la loi n° 95-115 du 4 février
1995, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Les communes ou leurs groupements situés dans le périmètre d'étude du pays,
qui ont engagé un projet commun de développement durable du territoire peuvent
bénéficier d'un dispositif d'appui et d'accompagnement, permettant la prise en
charge par l'Etat d'une partie des frais liés aux études et à l'ingénierie de
projet. »
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Afin d'encourager et de faciliter le montage de projets de développement dans
le cadre des pays et conformément aux décisions arrêtées lors du CIADT du 15
décembre 1998, cet amendement tend à ouvrir la possibilité de prise en charge
par l'Etat d'une partie des frais liés aux études et à l'ingénierie de projet.
Il s'agit plus particulièrement d'aider les pays qui se trouvent dans des
territoires ruraux en difficulté ou qui recouvrent des territoires à la fois
urbains et ruraux.
M. le président.
Par amendement n° 180, M. Vasselle propose de supprimer le troisième alinéa du
texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22 de la loi n° 95-115
du 4 février 1995.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Cet amendement est satisfait par l'amendement n° 55.
Il n'y a pas lieu d'alourdir le fonctionnement des pays. Rien n'interdit aux
élus de consulter tous les acteurs de la vie économique, culturelle et
associative. Il n'est point nécessaire de créer un conseil de développement.
Je me suis entretenu de cette question avec M. Boyer, qui avait déposé un
amendement tendant à rétablir cette disposition. Nous connaissons la position
du Gouvernement ainsi que celle de la commission.
M. le président.
Par amendement n° 316 rectifié, M. Trémel propose de rédiger comme suit le
troisième alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22
de la loi du 4 février 1995 :
« Dès que le préfet de région a arrêté le périmètre d'étude du pays, les
communes et groupements de communes mentionnés à l'alinéa précédent créent un
conseil de développement composé de représentants des milieux économiques,
sociaux, culturels et associatifs. Le conseil de développement s'organise
librement. Il est associé à l'élaboration de la charte de pays. Il est consulté
sur toute question relative à l'aménagement et au développement du pays. Le
conseil de développement est régulièrement informé de l'avancement des actions
engagées par les maîtres d'ouvrage pour la mise en oeuvre du projet de
développement du pays. Il est associé à l'évaluation de la portée des actions.
»
La parole est à M. Trémel.
M. Pierre-Yvon Trémel.
S'agissant des conseils de développement, j'ai apprécié l'argumentation
développée par M. Boyer la semaine dernière.
Espace de projets, le pays est aussi un espace à la fois de mobilisation des
acteurs et de concertation entre les élus et tous les acteurs socio-économiques
et associatifs qui veulent défendre un projet de territoire.
Cet amendement vise donc à préciser le rôle des conseils de développement.
M. le président.
Par amendement n° 167 rectifié, M. Vasselle propose, dans le quatrième alinéa
du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22 de la loi du 4
février 1995, de supprimer les mots : « après avis conforme des conférences
régionales de l'aménagement et du développement du territoire intéressées,
».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
En cas d'adoption de l'amendement n° 55, cet amendement tendant à supprimer la
référence à l'avis conforme de la conférence régionale n'aura plus d'objet.
Je note d'ailleurs que M. le rapporteur n'a pas prévu cette référence dans la
nouvelle rédaction de l'article 22.
M. le président.
Par amendement n° 309, MM. Cazeau, Peyronnet et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent de compléter
in fine
le quatrième
alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995 par deux phrases ainsi rédigées : « En outre,
lorsque le périmètre d'étude du pays dépasse les limites d'un seul département
ou d'une seule région, l'avis conforme des conseils généraux et conseils
régionaux concernés est requis. Ces avis sont réputés favorables s'ils ne sont
pas intervenus dans un délai de deux mois à compter de la saisine. »
La parole est à M. Cazeau.
M. Bernard Cazeau.
Le pays, tel qu'il est défini par le projet de loi, doit permettre la
constitution de territoires pertinents pour bâtir des projets de développement
cohérents. Ils ne doivent en aucun cas conduire à déstabiliser des territoires
existants déjà bien organisés. Or, ce risque nous paraît exister lorsque le
territoire du pays envisagé chevauche plusieurs départements, voire plusieurs
régions. Dans ce cas, il paraît opportun de requérir, avant que le périmètre
définitif du pays soit arrêté, non pas un simple avis mais un avis conforme.
M. le président.
Par amendement n° 181 rectifié, MM. Braye et Emin proposent, après le
quatrième alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22
de la loi du 4 février 1995, d'insérer un alinéa rédigé comme suit :
« L'Etat et la ou les régions peuvent alors conclure avec la personne morale
qui représente le pays un contrat-cadre particulier en application du ou des
contrats de plan Etat-région. Ce contrat-cadre porte sur les principales
politiques publiques qui concourent au développement durable du pays. Il est
composé d'une ensemble indissociable et cohérent de contrats particuliers. Ces
contrats particuliers sont cosignés par les parties signataires du
contrat-cadre et par les EPCI à fiscalité propre ou les communes qui en sont
membres, qui s'engagent directement dans chacun de ces contrats. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 182 rectifié, MM. Braye et Emin proposent de supprimer le
cinquième alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22
de la loi du 4 février 1995.
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 311, MM. Trémel, Bellanger et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent, à la fin de la première phrase du cinquième
alinéa du texte présenté par le II de l'article 19 pour l'article 22 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer les mots : « intégrant l'ensemble des
communes inscrites dans son périmètre » par les mots : « intégrant 80 % des
communes regroupant au moins 80 % de la population, regroupées en un ou
plusieurs établissements publics de coopération intercommunale inscrites dans
son périmètre ».
La parole est à M. Trémel.
M. Pierre-Yvon Trémel.
L'article 19 du projet de loi et l'amendement n° 55 de la commission spéciale
disposent que, lorsque le pays est précédemment organisé sous la forme d'un ou
de plusieurs EPCI, il n'est pas nécessaire que les communes ou leurs
groupements se constituent en GIP ou en syndicat mixte pour pouvoir
contractualiser dans le cadre des contrats de plan Etat-région.
Tenant compte des situations que nous rencontrons sur le terrain, où il existe
de nombreuses formes d'EPCI, dont le fonctionnement peut quelquefois être
entravé par l'opposition d'une seule commune - dans un cas que je connais, il
s'agit d'une commune de moins de 200 habitants - nous proposons, par cet
amendement, d'assouplir cette règle en instaurant une majorité qualifiée, à
savoir 80 % des communes regroupant au moins 80 % de la population.
En effet, l'une des conditions de la réussite simultanée et coordonnée du
couple formé par l'intercommunalité et le pays réside dans le libre choix des
moyens les plus adaptés à la réalité des pays. Or, le succès d'une telle
dynamique collective ne peut être l'otage d'une seule commune isolée, qui, si
elle venait à faire défaut, risquerait de paralyser l'ensemble de la démarche
et interdirait dès lors à tout pays de contractualiser.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'ensemble de ces amendements, à
l'exception de l'amendement n° 55, qu'elle a elle-même déposé ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur de la commission spéciale.
S'agissant de l'amendement n° 124
rectifié, la commission spéciale ayant supprimé la procédure de reconnaissance
des pays qui prévoyait l'avis de la conférence régionale de l'aménagement et du
développement du territoire, la CRADT, la préoccupation de M. Arnaud est
satisfaite.
Sur l'amendement n° 125 rectifié, il en est de même. La commission spéciale a
rétabli la procédure de constatation ; c'est le principe essentiel par rapport
au texte qui nous vient de l'Assemblée nationale. Nous estimons donc que cet
amendement est satisfait par notre rédaction que nous avons la faiblesse de
préférer.
(Sourires.)
Sur l'amendement n° 176 rectifié, la commission spéciale a partagé la
préoccupation des auteurs de l'amendement qui est d'éviter l'émergence d'un
nouvel échelon, souci également exprimé par M. Braye. Cependant, nous
souhaitons éviter d'alourdir le dispositif. C'est pourquoi nous préférons notre
rédaction de l'article, qui nous paraît mieux répondre à cette
préoccupation.
L'amendement n° 134 rectifié est également satisfait par la rédaction que nous
proposons et que nous préférons donc.
S'agissant de l'amendement n° 132, la commission spéciale a prévu que les pays
constatés à la date de la publication de la loi ne seront pas modifiés. La
préoccupation des auteurs de l'amendement est donc satisfaite.
Sur l'amendement n° 177 rectifié, la nouvelle rédaction proposée par la
commission spéciale répond à la préoccupation des auteurs de l'amendement, nos
collègues MM. Lassourd, Braye et Emin.
En ce qui concerne l'amendement n° 310, nous partageons, naturellement, la
préoccupation de ses auteurs, car nous connaissons l'importance du rôle que
jouent les pays d'accueil touristiques. Toutefois, son objet nous paraît être
satisfait par la rédaction que nous proposons. En effet, le développement
touristique constitue à l'évidence un aspect important du projet commun de
développement ; le signifier nous contraindrait à une longue énumération.
Le projet commun de développement inclut naturellement la dimension
touristique, comme tous les autres projets de développement. La commission est
donc défavorable à l'amendement n° 310.
L'amendement n° 166 rectifié nous paraît, lui aussi, satisfait - vous l'avez
d'ailleurs souligné vous-même, monsieur Vasselle - par la rédaction de notre
amendement. Si nous faisons référence à la conférence de Rio dès le début de
notre texte et à la définition de la durabilité selon Bruntland, la clause de
rendez-vous pourra évoluer au fil du temps, car je ne doute pas que de
nombreuses conférences se tiendront sur ce sujet.
Ayant supprimé la procédure de périmètre d'étude et ayant souhaité que le pays
émerge de la volonté des élus et non du crayon du préfet, la commission est
défavorable à l'amendement n° 308, qui prévoit une éventuelle participation de
l'Etat. Nos positions divergent donc sur le fond.
L'amendement n° 180 de M. Vasselle est satisfait. Nous ne souhaitons pas que
le conseil de développement soit inscrit dans le projet de loi mais nous ne
sommes pas opposés à son émergence. M. Raffarin a souligné, à cet égard, la
diversité de l'organisation des pays. Nous avons déjà eu ce débat.
Nous sommes également défavorables à l'amendement n° 316 rectifié.
L'avis conforme des CRADT étant supprimé, monsieur Vasselle, la commission ne
peut être favorable à l'amendement n° 167 rectifié tel qu'il est rédigé. La
commission a rétabli une procédure de constatation, dont j'ai cru comprendre
que vous partagiez le principe.
L'amendement n° 309 est contraire à la position de la commission spéciale, qui
a suprimé le périmètre d'étude. Ma réponse est donc similaire à celle que j'ai
faite tout à l'heure à propos de l'amendement M. Bellanger.
S'agissant du problème des 80 %, monsieur Trémel, l'amendement n° 311 nous
paraît compliquer la procédure. En effet, la commission a souhaité que
l'organisation des pays en EPCI intègre l'ensemble des communes inscrites dans
le périmètre. Le pays pourra donc être organisé sous la forme d'un seul ou de
plusieurs EPCI, ce qui constitue un élément de souplesse. Nous avons déjà
évoqué ce principe, qui relève aussi des préoccupations de notre collègue M.
Daniel Hoeffel. Ce n'est qu'à défaut d'une telle organisation ou si d'autres
collectivités sont associées au pays que le recours au syndicat mixte deviendra
nécessaire.
La commission spéciale a, par ailleurs, supprimé le recours au GIP dans un
souci de sécurité juridique, après avoir, notamment, entendu le directeur
général des collectivités locales, qui nous a mis en garde quant à l'insécurité
juridique du GIP à l'occasion de son audition devant la commission spéciale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble de ces amendements ?
Peut-être pourriez-vous, madame la ministre, rappeler également l'avis du
Gouvernement sur l'amendement n° 55, qui a été présenté la semaine dernière,
afin de rafraîchir la mémoire de nos collègues.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je serai
très brève sur ce point, monsieur le président, car j'ai longuement argumenté
la semaine dernière sur l'amendement n° 55...
M. Charles Revet.
C'est vrai !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Trop
longuement peut-être...
M. Charles Revet.
Mais non !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je ne vous
infligerai pas de redites.
Le Gouvernement avait émis un avis défavorable sur l'amendement n° 55.
Il est également hostile à l'amendement n° 124 rectifié. L'Etat tient au
partenariat ; un simple avis n'aurait guère de conséquences et renverrait au
seul représentant de l'Etat la possibilité de ne pas reconnaître un projet de
territoire non pertinent. J'ai cru comprendre que tel n'était pas ce que
souhaitaient les sénateurs.
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 125 rectifié, qui
paraît sans objet puisque le texte, tel qu'il est voté par l'Assemblée
nationale et tel qu'il demeure, me semble-t-il, dans l'amendement n° 55,
précise déjà que l'avis des CDCI sera demandé.
S'agissant de l'amendement n° 176 rectifié, le Gouvernement émet un avis
défavorable. En effet il considère que cet amendement tend à alourdir le texte
et à circonscrire à l'excès la définition du pays.
En ce qui concerne l'amendement n° 134 rectifié, je m'en remets à la sagesse
du Sénat. En effet, cette préoccupation, d'ailleurs reprise dans l'amendement
n° 55, avait été exprimée à l'Assemblée nationale par un certain nombre de
députés.
Quant à l'amendement n° 132, le Gouvernement émet un avis favorable, monsieur
Hérisson,...
Plusieurs sénateurs du RPR et de l'Union centriste.
Oh !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
... à la
surprise générale. Mais, je vous rassure, votre réputation n'en souffrira
pas.
(Sourires.)
Le Gouvernement est également favorable à l'amendement n° 177 rectifié,
présenté par M. Braye.
Plusieurs sénateurs du RPR.
Oh !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Vous le
constatez, je suis pleine de bonne volonté, mais je vais être privée de ce
mouvement de générosité par l'amendement n° 55.
Le Gouvernement, qui a déjà exprimé sa volonté de ne pas casser la dynamique
des pays d'accueil touristiques, émet un avis favorable sur l'amendement n°
310.
En revanche, il est défavorable à l'amendement n° 166 rectifié, bien que, à
l'Assemblée nationale, j'aie fait part de ma perplexité devant la rédaction de
l'amendement qui avait été adopté. Certes, il me semblait intéressant de faire
référence à la démarche des agendas 21 locaux dans notre droit positif, mais la
formule retenue manquait de solidité juridique.
S'agissant de l'amendement n° 308, le Gouvernement émet un avis favorable.
L'ingénierie de projets au sein des territoires est l'une des conditions
sine qua non
de la réussite des pays. Il me paraît intéressant de le
reconnaître.
En revanche, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 180. Les pays
doivent servir de cadre privilégié à la consultation et à la participation de
représentants de la société civile. Je m'en suis longuement expliqué la semaine
dernière. Le conseil de développement est un outil essentiel en la matière.
J'en viens à l'amendement n° 316 rectifié.
Le Gouvernement considère que les propositions qu'il contient sont de nature à
préciser le rôle du conseil de développement et à renforcer son implication.
Toutefois, il ne souhaite pas que soit exigée l'approbation de la charte de
pays par le conseil de développement. Ce dernier est certes une instance de
conseil régulièrement associée à la vie du pays et à ses projets, mais il ne
paraît pas souhaitable de lui donner un pouvoir de veto sur la charte ; il
convient de maintenir son rôle de lieu de participation et d'échanges,
fédérateur d'une pluralité d'acteurs, et non organe délibératif. Donc, le
Gouvernement émet un avis défavorable.
Il est également défavorable à l'amendement n° 167 rectifié pour des motifs
que j'ai détaillés la semaine dernière.
S'agissant de l'amendement n° 309, le Gouvernement considère que les avis des
conseils régionaux et généraux ne peuvent en aucun cas être des avis de
conformité : il s'ensuivrait une tutelle de collectivités sur d'autres
collectivités, notamment les communes et leurs groupements. C'est pourquoi le
Gouvernement a prévu de demander l'avis de conformité à une instance
ad
hoc
, la conférence régionale de l'aménagement et du dévelopement du
territoire, au sein de laquelle des représentants des conseils régionaux et
généraux concernés pourront exprimer leur point de vue. Le Gouvernement émet
donc un avis défavorable.
Enfin, l'amendement n° 311, présenté par M. Trémel, m'a paru, je l'avoue, très
complexe et susceptible de susciter des difficultés dans les comptabilités. Par
ailleurs, nous souhaitons limiter le nombre d'interlocuteurs habilités à signer
un contrat de pays. Aussi, nous tenons beaucoup à l'organisation des pays en
syndicats mixtes ou en groupements d'intérêt public. Le Gouvernement émet donc
un avis défavorable.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Monsieur le président, madame le ministre, mes chers
collègues, dans la nuit de jeudi à vendredi, à la fin de nos débats, Mme le
ministre a tenté, en se fondant sur un dictionnaire Larousse, d'opposer les «
terroirs urbains et paysagers » et les « espaces régionaux de reconquête
paysagère ». J'ai passé mon week-end à tenter d'éclairer ce point. D'ailleurs,
je me suis souvenu, pour m'intéresser à la politique de la ville, que M.
Jean-Pierre Sueur, dans son rapport, attire notre attention sur les termes qui
stigmatisent les territoires.
Je me suis donc reporté à trois autres dictionnaires :
Le Littré,
le
dictionnaire de la langue du xixe et du xxe siècle des éditions du CNRS, et
Le Robert,
tome 9. Ces dictionnaires donnent tous une définition
concordante avec celle du dictionnaire de l'Académie française, laquelle a
examiné ce terme en 1935.
La définition du mot « terroir » est la suivante : « Par extension, et
familièrement, le pays d'origine, le pays où l'on a vécu, le pays où l'on vit.
» En somme, c'est ce que l'INSEE et la DATAR appellent des « territoires vécus
», expression que j'ai vue dans des rapports récents de la DATAR devant le
Conseil national pour l'aménagement et le développement du territoire, et qui
recouvrent ce que vous qualifiez, vous, madame le ministre, de territoires de
projets. Voilà pourquoi le mot « terroir » me paraît adapté.
Je conclurai par une citation de Corneille, un excellent auteur, tirée de
Cinna,
acte II, scène 1 :
« MAXIME, JE VOUS FAIS GOUVERNEUR DE SICILE,
« ALLEZ DONNER MES LOIS À CE TERROIR FERTILE,
SONGEZ QUE C'EST POUR MOI QUE VOUS GOUVERNEREZ,
« ET QUE JE RÉPONDRAI DE CE QUE VOUS FEREZ. »
Vous le constatez, le mot « terroir » n'a pas été pris au détour d'un rapport
; il s'inscrit bien dans la tradition de notre langue et dans sa permanence.
Telles sont les précisions que je souhaitais apporter au Sénat.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 55.
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, M. le
rapporteur vient de dire que, s'agissant des pays, nous avons une différence
fondamentale, et je le crois. En effet, par l'amendement n° 55, la commission
propose une réécriture totale de l'article traitant des pays. Cette nouvelle
rédaction ne nous satisfait absolument pas sur un certain nombre de points qui
nous semblent cruciaux.
Tout d'abord, nous ne souscrivons pas aux critiques formulées par M. le
rapporteur sur le texte résultant des travaux de l'Assemblée nationale. Cet
article, n'en déplaise à la majorité sénatoriale, se situe bien dans le
droit-fil de l'article 22 de la loi de 1995 qui avait donné une base
législative aux pays. Il ne fait que le renforcer, lui donner du corps, des
moyens opérationnels pour mieux porter les projets d'aménagement du
territoire.
Il y a bien entendu des différences, mais la philosophie reste la même. Le
pays continue bien d'être un espace de projets, porté par des initiatives
locales, par les femmes et par les hommes du terrain. Il n'est pas imposé d'en
haut. Il n'est pas, comme on veut nous le faire croire, une nouvelle structure
administrative. Le pays se constate toujours, mais il est vrai avec quelques
garde-fous afin d'éviter la constitution de pays que je qualifierai « de
convenance ».
M. Alain Vasselle.
On fait tout de même des syndicats mixtes !
M. Jacques Bellanger.
L'arrêté du préfet ne fait que traduire la pertinence du territoire et le
consensus dont il fait l'objet. A nos yeux, la multiplicité des avis rendus
avant l'arrêt définitif du périmètre du pays est une assurance de l'adhésion de
tous au pays, une assurance démocratique. En ce sens, le texte de l'Assemblée
nationale me paraît plus soucieux de consensus que le vôtre. Le retour à la
procédure de reconnaissance des pays prévue par la loi Pasqua nous semble un
pas en arrière sur le plan démocratique. Nous regrettons que vous proposiez de
supprimer ces différentes consultations.
Nous regrettons aussi que vous refusiez à la CRADT un rôle clé en ce domaine.
Nous le regrettons doublement. Tout d'abord parce que l'échelon régional est,
en matière d'aménagement du territoire, le bon niveau d'intervention ; je le
répète : nous ne voulons pas remettre en jeu les compétences des régions et des
départements. Ensuite, parce que la CRADT constitue un lieu d'expression
ouvert, qui rassemble l'ensemble des acteurs de l'aménagement du territoire.
Plus largement, nous constatons que le Sénat, fidèle aux positions qu'il
adopte sur ce texte depuis le début de la discussion, refuse en fait tout ce
qui facilite le fonctionnement démocratique de la vie locale et, plus
précisément, tout approfondissement de la démocratie participative.
(Protestations sur plusieurs travées du RPR.)
Le point culminant est sa
proposition visant à supprimer les conseils de développement, qui, il est vrai
; a failli être repoussée. J'admire M. le rapporteur : il est d'accord sur le
principe, mais il supprime lesdits conseils. Nous avons besoin de mobiliser
toutes les énergies, celles des élus locaux bien sûr, mais aussi celles des
socio-professionnels. Pour rassembler ces énergies, encore faut-il être capable
de les reconnaître !
Enfin, nous regrettons que le Sénat propose d'enlever tous les éléments de
souplesse introduits par l'Assemblée nationale, ainsi que toutes les
propositions permettant de prendre en compte la diversité des situations
locales. Je pensais que ce souci aurait pu être partagé par notre Haute
Assemblée, si informée des problèmes rencontrés par les élus locaux pour
soutenir des initiatives locales.
Je pense plus particulièrement au GIP, ou encore au recours à la convention
pour régler les différentes situations de chevauchement territorial. Je pense
aussi à la distinction faite entre périmètre d'étude et périmètre définitif.
Cette distinction correspond à une demande forte des acteurs locaux du
développement durable. Je regrette que la commission ait aussi supprimé la
possibilité de double appartenance pour une commune.
Pour conclure, au-delà des définitions qu'on nous livre à coups de
dictionnaires, je m'interroge, comme Mme la ministre, sur la signification de
l'expression « terroirs urbains et paysagers ». Je crois qu'elle n'est guère
parlante. Sur le fond, je ne suis pas sûr qu'il soit nécessaire de créer une
catégorie à part de pays, « les pays de terroirs urbains et paysagers », même
si nous devons porter aux zones périurbaines une attention plus grande que
celle que nous leur avons portée jusqu'à présent.
Dans ces conditions, le groupe socialiste votera contre cet amendement, car il
s'agit d'un point de fond de ce projet de loi d'orientation pour l'aménagement
et le développement durable du territoire.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur les travées du
groupe communiste, Répubicain et Citoyen.)
M. Claude Belot,
rapporteur de la commissison spéciale.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Belot, rapporteur.
M. Claude Belot,
rapporteur.
Madame le ministre, vous avez eu raison de proposer cet
article 19. En effet, il s'agit d'un dispositif novateur et fort du projet de
loi qui nous est soumis.
Aux yeux de la commission, cet article est un élément clé. Aussi, nous devons
nous efforcer de l'améliorer, car nous sommes le Sénat et parce que siègent
dans cette enceinte pratiquement toutes les têtes de réseau des élus locaux qui
appliqueront votre loi sur le terrain, et ce avec bonne volonté et dans
l'allégresse, et non avec mauvaise volonté et dans l'échec.
M. Pierre Hérisson.
Le Sénat, c'est le bon sens !
M. Claude Belot,
rapporteur.
Dans un premier temps, en commission spéciale, quelques-uns
de nos collègues, un peu grincheux, se sont opposés à la création des pays au
motif que ceux-ci vont à l'encontre des départements. Nous avons su les
convaincre. En séance publique, pas un sénateur n'a dit qu'il était contre le
principe des pays. Dans le cadre de la mission qui est la nôtre et bien que
nous sachions que nous n'avons jamais le dernier mot, nous avons tout de même
essayé d'améliorer le texte, en faisant appel à l'intelligence, à la raison.
C'est l'esprit dans lequel nous avons travaillé.
(M. Philippe François applaudit.)
M. Claude Belot,
rapporteur.
Madame le ministre, vous ne vous êtes pas heurtée à un Sénat
hostile, une commission qui a refusé de comprendre. Aussi, la commission a tout
de même été un peu surprise de vous voir émettre un avis défavorable sur la
quasi-totalité des amendements, à l'exception de celui qui a été présenté par
M. Hérisson.
(Exclamations sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains
et Indépendants.)
M. Henri de Raincourt.
C'est louche !
(Sourires.)
M. Claude Belot,
rapporteur.
Jeudi dernier, j'installais avec le président du conseil
général de la Gironde un syndicat mixte interdépartemental. La date de cet
événement important avait été arrêtée depuis longtemps, et je n'ai donc pu
défendre moi-même le sous-amendement n° 321 rectifié. Or, j'ai été étonné de la
réponse que vous avez apportée sur ce texte, madame le ministre ! Contrairement
à ce que vous avez affirmé, cet amendement a été présenté non pas pour des
raisons d'opportunité, pour favoriser telle ou telle communauté de communes,
pour grapiller un peu d'argent - il est déjà versé ! - mais simplement pour
permettre aux pays de fonctionner. Contrairement à ce que vous avez indiqué,
les territoires concernés sont éligibles à la dotation de développement rural.
Mais ils la perçoivent en créant un territoire artificiel : au lieu de se
grouper en une seule communauté de communes, ils saucissonnent le territoire en
plusieurs communautés de communes, en fonction des seuils en vigueur.
Cette solution a cependant un inconvénient : l'organisation de trois débats
d'orientation budgétaire et l'existence de trois secrétariats. De grâce, madame
le ministre ! Si vous voulez que le texte dont nous discutons ait un avenir -
c'est à mon avis ce qui inspire tout ministre, d'autant plus que vous avez
consacré beaucoup de temps à préparer ce projet de loi, ce qui vous honore -
faites en sorte qu'il se traduise dans les actes !
Par conséquent, nous, les praticiens de l'intercommunalité que nous sommes
tous ici et qui avons souvent depuis bien longtemps les mains dans le cambouis,
ne voulons qu'une chose : que les pays réussissent.
S'agissant des pays, je ferai un peu de philosophie, si vous le permettez : le
mot « pays » vient du latin
pagus
, qui, dans la Gaule romaine, était une
petite ville située au milieu de la campagne, jouant un rôle de défense et un
rôle tertiaire.
Puis la cohérence a été assurée par le système nobiliaire, au travers des
châtellenies, auxquelles se sont substituées en toute souveraineté, à la
Révolution - grande rupture et grande date de l'histoire de France - les
communes. C'est de là que date l'émiettement communal, qui constitue l'une des
grandes faiblesses des campagnes françaises.
Depuis, nous essayons de rendre vivante l'intercommunalité. En 1975, un
mouvement avait été engagé par le ministre de l'intérieur de l'époque, M.
Michel Poniatowski, et, avec M. Jean François-Poncet et d'autres, j'avais
travaillé en ce sens. Nous avons ensuite vécu avec ardeur et espoir la loi
Pasqua. Aujourd'hui, nous discutons de la future loi Voynet, dont nous espérons
qu'elle nous permettra de disposer d'un système fonctionnant efficacement.
Mais je vous demande instamment de considérer, madame le ministre, que, dans
ce débat, le Sénat est inspiré par le seul souci de notre réussite commune.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Nous avons l'expérience depuis un certain temps déjà, dans notre région, d'une
« commission des exécutifs », dont les fonctions rejoignent celles qui sont
attribuées par le projet de loi à la commission régionale d'aménagement du
territoire.
C'est pour moi l'occasion de saluer, avec Claude Belot et les élus de
Poitou-Charentes, la mémoire de Michel Crépeau, qui participait à ces
conférences avec loyauté et compétence et qui était un partenaire de qualité.
Nous avons vécu avec lui la politique contractuelle. S'il n'était pas facile
d'aboutir un contrat, ce dernier était ensuite respecté.
Monsieur Bellanger, les régions sont certes compétentes en matière
d'aménagement du territoire. Mais c'est précisément parce qu'elles sont
compétentes à cet égard que les pays doivent être définis avec l'accord des
départements et à l'échelon de ces derniers.
Si une compétence d'aménagement du territoire est exercée par la région sur
un territoire défini au plan régional, il en résultera inévitablement un
conflit entre le département et la région.
L'amendement n° 55 vise à ce que les gens travaillent ensemble et n'opposent
pas leurs pouvoirs. La décentralisation, en effet, n'est pas une somme de
pouvoirs ; c'est une somme de responsabilités.
Moi qui suis attaché au fait régional, à la compétence d'aménagement du
territoire de la région, je souhaite que le pays soit reconnu à l'échelon du
département, car c'est dans ce cadre qu'il trouvera sa cohérence locale.
Ensuite, avec le département et la région, en fonction des politiques que
chacun définira et qu'ils élaboreront ensemble, nous travaillerons à
l'émergence de pays grâce à votre projet de loi et grâce à la trilogie «
schéma-contrats-projets ».
C'est la raison pour laquelle, monsieur Bellanger, ce n'est pas du tout
contradictoire. Ne croyons pas que, dans notre système de décentralisation
complexe, aujourd'hui, une responsabilité, un pouvoir puisse s'imposer contre
les autres. En jouant les cartes les uns contre les autres, on bloque le
dispositif. C'est la raison pour laquelle la proposition présentée dans cet
amendement est, me semble-t-il, raisonnable.
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
J'ai bien entendu notre collègue Jean-Pierre Raffarin. Comme lui, je considère
impossible qu'un pays puisse se créer contre la volonté du département ; mais
il me semblerait tout aussi scandaleux qu'un département, comme cela peut
arriver, bloque la constitution d'un pays. C'est donc vrai dans les deux
sens.
M. Hilaire Flandre.
Mais un préfet pourra ?
M. Jacques Bellanger.
Il ne faut pas privilégier l'un par rapport à l'autre, et c'est ce à quoi
conduit votre amendement.
(Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants et du
RPR.)
M. Hilaire Flandre.
Il ne l'a pas bien lu !
M. Henri de Raincourt.
C'est incroyable !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 55, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 19 est ainsi rédigé, et les autres amendements n'ont
plus d'objet.
Article 20
M. le président.
« Art. 20. - L'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est
ainsi rédigé :
«
Art. 23
. - Dans une aire urbaine comptant au moins 50 000 habitants
et dont une commune centre compte plus de 15 000 habitants, le ou les
établissements publics de coopération intercommunale compétents en matière
d'aménagement et de développement économique, s'il en existe, et les communes
de l'aire urbaine qui ne sont pas membres de ces établissements publics mais
souhaitent s'associer au projet, élaborent un projet d'agglomération. Ce projet
détermine d'une part, les orientations que se fixe l'agglomération en matière
de développement économique et de cohésion sociale, d'aménagement et
d'urbanisme, de transport et de logement, de politique de la ville, de
politique de l'environnement et de gestion des ressources naturelles, selon les
recommandations de l'article 28 relatif aux agendas 21 locaux du programme
"Actions 21" adopté par la communauté internationale à Rio de Janeiro en 1992,
d'autre part, les mesures permettant de mettre en oeuvre ces orientations.
« Un conseil de développement composé de représentants des milieux
économiques, sociaux, culturels et associatifs est créé par des délibérations
concordantes des communes et des groupements ci-dessus mentionnés. Le conseil
de développement s'organise librement. Il est consulté sur l'élaboration du
projet d'agglomération. Il peut être consulté sur toute question relative à
l'agglomération, notamment l'aménagement et le développement de celle-ci.
« Lors de la contractualisation, les agglomérations devront s'être constituées
en syndicat mixte ou en établissement public de coopération intercommunale, en
préfiguration de la communauté d'agglomération à constituer.
« L'Etat et la ou les régions peuvent conclure avec le ou les établissements
publics et les communes mentionnés au premier alinéa un contrat particulier en
application du ou des contrats de plan Etat-régions.
« Lorsqu'un pays comprend une agglomération éligible à un contrat particulier,
la continuité et la complémentarité entre le contrat de pays et le contrat
d'agglomération sont précisées par voie de convention entre les parties
concernées.
« Le contrat contient un volet foncier. Il précise, le cas échéant, les
conditions de création d'un établissement public foncier.
« Par ce contrat, les collectivités et les établissements publics intéressés
s'engagent, si elles ne l'étaient pas lors de sa signature, à se regrouper,
avant son échéance, au sein d'un établissement public de coopération
intercommunale à taxe professionnelle unique d'au moins 50 000 habitants et
comprenant une commune centre de plus de 15 000 habitants. Cet établissement
est seul habilité à engager l'agglomération lors du renouvellement du
contrat.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du
présent article, notamment la durée du contrat particulier. »
Sur l'article, la parole est à M. Plancade.
M. Jean-Pierre Plancade.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous avons
bien compris le sens de cet article 20, qui vise à l'évidence à instaurer une
politique extrêmement déterminée en matière d'organisation commune des
collectivités locales situées sur une même aire urbaine.
En effet, cet article prévoit l'élaboration d'un projet d'agglomération par la
mise en place provisoire d'un syndicat mixte où pourront se regrouper des
communautés de communes existantes, ainsi que d'autres communes qui
souhaiteraient s'associer à cette démarche.
Si nous avons bien compris le fond et la forme, nous avons besoin, madame la
ministre, d'entendre, en quelque sorte, le discours de la méthode. C'est
pourquoi je souhaite que vous nous apportiez quelques précisions
supplémentaires sur cet article.
Ma première question porte sur le premier alinéa de l'article 20, qui prévoit
que les EPCI, les communes membres de cette aire urbaine élaborent un projet
d'agglomération. S'agit-il, madame la ministre, d'une obligation ?
Ma deuxième question concerne la fusion de la totalité de ces communes dans un
même établissement public de coopération intercommunale au terme du contrat de
plan, avec instauration d'une taxe professionnelle unique. Que se passera-t-il
si une ou plusieurs communes refusent, six ans après, de fusionner dans cet
ensemble ?
De surcroît, nous semble-t-il, il existe, une difficulté pour les communes
déjà regroupées dans un EPCI. En effet, les termes de leur adhésion à la
communauté de communes, de ville ou au district ne portaient pas, à l'époque,
sur la fusion ultérieure du district ou de la commune dans un ensemble
unique.
Est-il juridiquement possible de laisser aux seuls membres du conseil de
communauté le choix de décider pour les communes, alors même que leur adhésion
à un établissement public s'est faite sur des compétences précises, non
comprise, justement, celle d'autoriser cet établissement à se transformer en
une nouvelle structure ?
Ne pensez-vous pas, au contraire, que le district ou la communauté de ville ou
de communes n'a pas vocation à le faire de son propre chef, et que la décision
finale incombe uniquement aux communes qui sont à l'origine de la définition
des délégations ?
Par ailleurs, je souhaiterais recueillir votre avis, madame la ministre, sur
l'absolue nécessité de regrouper les communes situées sur une même aire
urbaine. Je prendrai comme exemple la Haute-Garonne, où l'aire urbaine au sens
strict regroupe deux cent cinquante-cinq communes. Si l'on admet que ces
dernières souhaitent adhérer à un projet d'agglomération, comment cela
fonctionnera-t-il plus tard au sein d'un établissement unique ?
Un rapide calcul nous montre qu'il faudrait un conseil de communauté composé
de six cents à huit cents élus pour l'exemple haut-garonnais. On peut également
se poser la question pour les communautés de communes d'Aix-en-Provence et de
Marseille, qui seraient alors gérées par un conseil de communauté d'un peu plus
de trois cents élus.
Pouvez-vous, madame la ministre, nous indiquer quelle serait la méthode à
suivre et nous définir précisément la notion de périmètre pertinent ?
Enfin, n'envisagez-vous pas un peu plus de souplesse qu'une définition
strictement administrative et juridique d'une agglomération ? Ne serait-il pas
plus réaliste de prendre en compte les réalités économiques et sociales, mais
aussi les pratiques publiques de ces communes ? En effet, dans tous nos
départements et dans nos agglomérations, nos collectivités ont déjà appris à
travailler ensemble. Ne pensez-vous pas que l'Etat pourrait poursuivre
l'objectif affiché dans la loi en s'appuyant sur l'expérience déjà acquise
localement dès lors, bien entendu, que ces collectivités ont clairement affiché
leur volonté de s'engager dans une démarche intercommunale absolument
indispensable même si cette dernière ne correspond pas au périmètre envisagé
par l'Etat ?
Je sais bien, madame la ministre, que certaines de ces interrogations relèvent
davantage du ministère de votre collègue Jean-Pierre Chevènement, mais
j'aimerais quand même entendre votre avis.
M. le président.
Sur l'article, la parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, c'est à vrai
dire sans grande surprise que nous avons constaté que la commission spéciale
nous proposait de procéder à quelques corrections du texte présenté par
l'article 20 pour réécrire l'article 23 de la loi de 1995.
Ainsi, la commission spéciale conçoit fort bien que les communes et
groupements d'une aire urbaine se mettent en quelque sorte d'accord autour
d'objectifs communs, ce qui constitue déjà un progrès par rapport à certaines
pratiques antérieures.
On pourrait d'ailleurs résumer ainsi la filiation des propositions de la
commission spéciale.
Nous aurions d'abord le développement urbain que nous avons connu dans les
années soixante, fait de décisions arbitraires, d'implantations massives de
ZUP, mal desservies, mal conçues, situées à la périphérie des centres-villes
historiques, que ces zones contribuaient d'ailleurs à vider d'une partie de
leur population.
L'aggravation de la crise économique dans le courant des années soixante-dix a
provoqué l'amorce d'un changement d'orientation ; mais il convient ici de
souligner que la mise en place de mesures comme le conventionnement ou l'aide
personnalisée au logement ont engendré un processus plus ou moins consciemment
accepté de séparation géographique des quartiers aisés et de secteurs plus en
difficulté.
La loi du marché et la pression constante sur l'emploi ont conduit nombre de
secteurs urbains dans des difficultés particulièrement importantes que
certaines mesures, notamment entre 1993 et 1997, n'ont pas vraiment
résolues.
Que l'on ne se le cache pas : l'un des obstacles les plus importants posés à
un développement urbain harmonieux depuis plus de quarante ans a été
l'insuffisance de démocratie dans les orientations et les choix !
Quand on s'interroge, par exemple, sur la présence des services publics dans
les quartiers, on peut aussi s'interroger sur ce que l'on a déployé comme
arguties technocratiques pour justifier de leur absence auprès des habitants et
de leurs élus.
Je connais des quartiers d'habitat social de 10 000 ou 12 000 habitants,
c'est-à-dire l'équivalent d'une petite ville de province, avec tout ce que cela
implique, qui ont été privés de bureau de poste pendant vingt-cinq ans !
Il est des villes de banlieue de 40 000 habitants qui sont restées longtemps
dépourvues de commissariat de police...
On pourrait ainsi multiplier les exemples.
Toujours est-il que, si la commission spéciale préfère renvoyer au débat sur
l'intercommunalité la question du développement des communautés
d'agglomération, elle ne peut supporter que soit mis en place un conseil de
développement favorisant l'intervention citoyenne des habitants de
l'agglomération.
Même si ce conseil ne peut avoir qu'un rôle consultatif, son existence est
bien évidemment difficile à supporter pour ceux qui demeurent peu familiarisés
avec la dialectique subtile de la consultation des citoyens et demeurent
convaincus que la légitimité née de l'élection à une fonction publique se
suffit à elle-même pour déterminer de la validité de choix d'aménagement.
Nous ne voterons donc pas les amendements de la commission spéciale portant
sur cet article 20.
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 237 rectifié, MM. Hoeffel, Jarlier, Herment, Souplet et les
membres du groupe de l'Union centriste proposent, dans la première phrase du
premier alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer les mots : « comptant au moins 50 000
habitants et dont une commune centre compte plus de 15 000 habitants » par les
mots : « formant un ensemble de population au sens de l'article L. 5216-1 du
code général des collectivités territoriales ».
Par amendement n° 252 rectifié, Mme Bardou, MM. Jean Boyer, Cléach, Ambroise
Dupont, Emin, Emorine, Grillot, Mme Heinis, MM. Nachbar, Pépin, Pintat,
Poirieux et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent,
dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 20
pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer les mots
: « comptant au moins 50 000 habitants et dont une commune centre compte plus
de 15 000 habitants » par les mots : « satisfaisant les critères démographiques
définis par la loi relative à l'organisation urbaine et à la simplification de
la coopération intercommunale n° ????? du ???? en vue de constituer une
communauté d'agglomération ».
La parole est à M. Souplet, pour présenter l'amendement n° 237 rectifié.
M. Michel Souplet.
Cet amendement est extrêmement important. En effet, si l'on tient compte du
critère de population retenu dans le projet de loi, certains départements se
verront dans l'impossibilité de créer des communautés d'agglomération.
L'appréciation de la communauté d'agglomération doit se faire de manière plus
souple et ne pas se fonder uniquement sur le nombre d'habitants. Il convient de
prendre en compte la capacité d'une commune et de son agglomération à être un
point de rééquilibrage du territoire et de structuration des services offerts à
la population environnante.
Par ailleurs, il semble prématuré de fixer les seuils des communautés
d'agglomération avant même l'examen du projet de loi relatif au renforcement et
à la simplification de la coopération intercommunale, qui doit précisément les
définir.
Cet amendement me paraît constituer un lien entre le texte dont nous discutons
aujourd'hui et le projet de M. Chevènement que nous examinerons la séance
prochaine sur la coopération intercommunale.
M. le président.
La parole est à Mme Bardou, pour défendre l'amendement n° 252 rectifié.
Mme Janine Bardou.
Cet amendement va dans le sens de celui que vient de défendre notre collègue
M. Souplet.
Il est proposé de renvoyer la définition des seuils de population de la
communauté d'agglomération, prématurément précisés aux premier et septième
alinéas du présent article, au projet de loi sur l'intercommunalité qui sera
examiné par le Sénat la semaine prochaine.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 237 rectifié et 252
rectifié ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je voudrais tout d'abord dire, pour avoir écouté avec
attention M. Plancade et Mme Terrade, que nous comprenons leurs préoccupations
quant à la cohérence du présent projet de loi par rapport au texte de M.
Chevènement. C'est d'ailleurs ce qui va nous amener à donner un avis favorable
à l'amendement n° 237 rectifié, présenté par notre collègue M. Souplet, que
nous préférons, je le dis d'emblée, à l'amendement n° 252 rectifié de Mme
Bardou.
La commission reconnaît qu'il est nécessaire de permettre une meilleure
organisation des agglomérations. Sans me livrer à un très long développement
sur le sujet, je rappelle que, dans le cadre de la préparation du schéma
national d'aménagement et de développement du territoire, nous avons été un
certain nombre, dont le président François-Poncet, à commettre des avis sur la
nécessité de l'émergence de l'agglomération.
Le désordre urbain des agglomérations contemporaines vient, pour partie - et
cela rejoint le problème des terroirs urbains et paysagers - de ce que les
opportunités foncières sont apparues non plus à l'intérieur d'un périmètre
étanche et dans la logique originelle de la ville, mais le long et à proximité
du réseau de transports, notamment routiers, puis des canaux au XIXe siècle au
début du XXe siècle, et des voies ferrées.
C'est désormais souvent la capacité d'un réseau de transport multimodal à
tarif péréqué qui dessine, de fait, le périmètre d'une agglomération, ou qui
devrait le dessiner.
Le présent projet de loi peut contribuer utilement à fixer les grands
objectifs de l'agglomération en vue d'en assurer la cohérence et le
développement équilibré. Pour autant, il nous semble que cet objectif doit être
poursuivi en ménageant la possibilité d'une évolution progressive en fonction
de l'appréciation des acteurs locaux que sont, pardonnez-moi de vous le
rappeler, les acteurs économiques et associatifs.
J'ai retravaillé ce dossier ce week-end, pour rechercher dans quel esprit les
conseils économiques et sociaux régionaux avaient été mis en place. Ils sont
bien, en effet, le lieu de cette association.
Je regrette, pour ma part, que nous ayons inventé des seuils. C'est pourquoi
la commission a été favorable à l'amendement présenté par M. Souplet, pour que
cette notion de seuil ne soit pas une sorte de frontière artificielle.
Enfin, s'agissant des relations entre les pays et les agglomérations, nous
souhaitons éviter toute forme d'opposition entre les deux. Voilà pourquoi, sur
ce sujet, un certain nombre des avis émis par la commission spéciale viseront,
une fois de plus, à éviter cette opposition stérile entre le concept
d'agglomération et celui de pays : il faut, au contraire, développer la
complémentarité.
La commission est donc favorable à l'amendement n° 237 rectifié et, de fait,
au moins dans son esprit, à l'amendement n° 252 rectifié ; mais elle préfère,
je le répète, le premier de ces deux amendements.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je
souhaiterais revenir sur le concept d'agglomération.
Vous l'aurez compris, l'agglomération, telle que vous aurez à la définir de
façon plus précise dans le projet de loi que défendra devant vous, dès la
semaine prochaine, Jean-Pierre Chevènement, n'est pas tout à fait traitée de la
même façon dans le projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le
développemennt durable du territoire.
Dans le projet de loi de Jean-Pierre Chevènement, vous aurez à définir de
manière précise l'agglomération, son périmètre, ses compétences, ses outils
financiers, les modalités de la participation des citoyens. Ici, il s'agit de
préciser la contribution de l'agglomération à la dynamique des territoires et
les conditions de la contractualisation avec l'Etat et les régions.
Evidemment, au moment où le présent projet de loi d'orientation a été déposé
sur le bureau de l'Assemblée nationale, après son examen par le conseil des
ministres, nous avons été amenés à anticiper quelque peu sur la présentation du
projet de loi de Jean-Pierre Chevènement, parce que nous ne savions pas que
nous pourrions présenter ces deux projets de loi de façon étroitement
connexe.
C'est ainsi que nous avions prévu une indication de volume pour
l'agglomération, en proposant le seuil de 50 000 habitants avec l'idée d'une
ville-centre d'au moins 15 000 habitants. Nous avons évidement travaillé en
étroite concertation avec Jean-Pierre Chevènement, et c'est bien ce seuil qui a
été retenu par l'Assemblée nationale lors de l'examen du projet de loi sur
l'intercommunalité en première lecture.
Il n'y a donc aucune incohérence entre ces deux textes : ici, ce n'est pas
tant à la définition de l'agglomération que je me suis attachée qu'aux
conditions dans lesquelles elle pourra contractualiser avec l'Etat dans ce
domaine aussi fondamental pour l'avenir qu'est la politique de la ville dans sa
triple dimension urbanistique, sociale et d'aménagement du territoire.
Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas, pour ma part, à me résigner à l'idée
qu'un maire puisse décider d'implanter des lotissements dans sa commune sans
prendre en compte les flux qu'ils sont susceptibles de générer pour les
communes qui lui sont juxtaposées,...
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
C'est bien ce que j'ai dit !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
...
notamment en termes de transports urbains. Mais je pense aussi à la politique
du logement, à l'urbanisme, à l'environnement, à la gestion des espaces,
etc.
Nous sommes donc ici en train de travailler à la définition d'un outil de
dynamisation de l'intercommunalité, ce qui explique à la fois l'exigence
d'intégration fiscale avec la taxe professionnelle unique, les compétences
étendues des agglomérations, mais aussi la reconnaissance des efforts fournis
par les animateurs de ces agglomérations avec une DGF de 250 francs par
habitant.
Nous sommes également en train de travailler à l'élaboration de projets de
territoire. Nous avons souhaité que cette démarche ne diffère guère de celle
des pays. En effet, je suis très sensible à votre préoccupation d'éviter une
discrimination entre, d'un côté, les projets des pauvres dans un pays et, de
l'autre, les projets des riches dans une agglomération. Si les démarches de
territoire sont certes variées en fonction des caractéristiques de ces
territoires, elles sont néanmoins à peu près parallèles.
Projet d'agglomération, conseil de développement pour l'agglomération et
précisions quant aux conditions de la contractualisation : nous sommes bien ici
en train de travailler avec des agglomérations qui font un effort
d'organisation marqué.
La contractualisation pourrait avoir lieu avec des établissements publics de
coopération intercommunale à taxe professionnelle unique, ce qui demande du
temps. C'est pourquoi nous avons également prévu que ces contrats de pays ou
d'agglomération puissent être conclus jusqu'en 2003, pour laisser aux
partenaires locaux le soin de monter leur projet de territoire de la façon la
plus cohérente et la plus rigoureuse possible.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, il faut plus de trois mois ou de six mois
pour monter un projet de territoire : il faut plutôt dix-huit mois ou deux ans
si l'on veut être sûr d'avoir bien pensé le projet, les modalités du
fonctionnement et l'association des acteurs locaux du territoire.
L'amendement n° 237 rectifié de MM. Hoeffel et Souplet vise à supprimer toute
référence à des seuils minimaux de population. Vous comprendrez que le
Gouvernement, soucieux de la cohérence avec le projet de loi sur l'organisation
urbaine et la simplification intercommunale, y soit défavorable, tout comme il
l'est à l'amendement n° 252 rectifié de Mme Bardou.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Le seuil aurait pour effet de priver un certain nombre de
départements de la possibilité de créer un concept d'agglomération autour des
communes chefs-lieux de département.
On voit bien les effets pervers des seuils par rapport à la réalité de
l'agglomération ! Voilà pourquoi, mes chers collègues, nous regrettons toujours
l'instauration de seuils, car ils ne correspondent pas à la réalité de la
diversité nationale.
Les renvoyer au texte de M. Chevènement permettra d'ouvrir un large débat à
leur sujet. C'est pourquoi je pense que la proposition faite par notre collègue
M. Souplet dans son amendement, à la préparation duquel notre collègue Daniel
Hoeffel a pris une large part, est fondée : elle pose un principe tout à fait
essentiel pour que le concept d'agglomération n'appartienne pas à une partie du
territoire seulement.
Naturellement, le problème ne se posera pas en Ile-de-France ou dans le bassin
parisien,...
M. Philippe François.
Notamment !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
... mais il se posera ailleurs.
Voilà pourquoi j'attire l'attention du Sénat, qui se préoccupe de l'ensemble
du territoire, pour qu'il n'introduise pas une sorte de discrimination négative
envers les territoires les moins denses.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.).
M. Alain Vasselle.
Parfait !
M. Philippe François.
Bravo !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le rapporteur, vous venez de mettre en évidence ce que je craignais : vous
portez vous-même un avis négatif, pessimiste, sur les dynamiques de pays, en
considérant que ne pas avoir d'agglomération dans un département mais avoir
seulement des pays serait finalement moins bien, moins attractif, moins
séduisant.
M. Alain Vasselle.
Cela ne rapportera pas beaucoup !
M. Hilaire Flandre.
Cela fera moins de sous !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Absolument !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je vis
dans le Jura, département qui comporte deux villes de 25 000 habitants. Or
aucune de ces deux villes ne connaît de problèmes comparables à ceux que vous
connaissez dans les Yvelines, par exemple. En effet, nous n'avons pas de
problèmes de réseaux de transports urbains, de mixité de l'habitat, puisque
nous avons élaboré depuis longtemps des plans locaux de l'habitat en étroit
partenariat entre les collectivités. Nous ne pouvons nous mentir à nous-mêmes !
Comment faire croire que nos communes pourraient un jour être des
agglomérations avec des populations aussi réduites ?
En revanche, nous ne nous sentons pas du tout dévalorisés à l'idée de
travailler à des projets de pays, parce que nous savons que le développement
économique de ce territoire et la coopération de ses acteurs seront idéalement
menés dans le cadre du contrat de pays. Franchement, et je voudrais vous en
convaincre, ce texte n'a pas pour objet d'imposer un premier choix qui serait
l'agglomération et un second choix qui serait le pays : nous avons le souci de
proposer des projets de territoire adaptés aux situations que vous connaissez
et qui sont extraordinairement hétérogènes d'un point à l'autre du territoire
national.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Pardonnez-moi, madame le ministre, mais il y a d'un côté 250
francs et de l'autre 150 francs !
M. Alain Vasselle.
Absolument !
M. Philippe François.
Exactement !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Si c'est cela le principe d'égalité, nous préférons renvoyer
cette discussion au débat sur l'intercommunalité pour qu'il n'y ait pas une
seconde discrimation !
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le rapporteur, si nous continuons de la sorte, je crains que nous n'allions pas
voir ensemble le match France-Arménie demain soir !
(Sourires.)
Nous assumons cela ?... Nous allons l'assumer !
M. Hilaire Flandre.
Ça s'enregistre !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous regarderons le match sur cassette, tous les deux !
(Nouveaux sourires.)
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Vous
l'aurez compris - mais cela va peut-être encore mieux en le disant -
l'attractivité de la DGF pour les agglomérations est liée, d'une part, à la
nécessité que nous avons ressentie de dynamiser l'intercommmunalité dans les
zones urbaines, qui n'ont pas fait d'excès en la matière jusqu'à présent ;
d'autre part, elle est liée au fait que les agglomérations vont avoir à assumer
des investissements extraordinairement coûteux. Je pense, par exemple, aux
réseaux de transports urbains, que les pays ont rarement à mettre en place.
C'est ainsi qu'à Dôle je ne suis pas demandeuse d'un métro, mais je sais, en
revanche, que nous aurons à financer des projet de tramways, des réseaux de bus
à l'échelle de l'agglomération, et que ce n'est évidemment pas la même échelle
de coût.
On est simplement en train de travailler sur la base du principe de réalité et
non de désigner les bons et les mauvais projets sur la base d'une
discrimination financière.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Mais enfin, il y a les réalités !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 237 rectifié.
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Sur le vote de cet amendement nous serons prudents, car ses auteurs mettent
effectivement le doigt sur un point important.
Il ne nous paraît pas possible, tant dans le projet relatif au renforcement et
à la simplification de la coopération intercommunale que dans le présent
projet, de priver des possibilités offertes certains départements pour lesquels
l'effet de seuil jouerait.
Faut-il, dès lors, prévoir des définitions différentes dans les deux projets ?
Cela nous semble quelque peu délicat.
M. Hilaire Flandre.
Ça fait désordre !
M. Jacques Bellanger.
C'est, en tout cas, difficile à comprendre. Certes, ce n'est pas la même
chose, mais ne compliquons pas à souhait !
M. Hilaire Flandre.
Ne donnons pas le même nom !
M. Jacques Bellanger.
Ce qui nous anime, c'est le souci de l'efficacité.
En l'instant, nous nous abstiendrons, avec l'espoir qu'aussi bien ici, au
cours des débats qui vont s'ouvrir sur l'intercommunalité, qu'à l'Assemblée
nationale, qui va se saisir de nouveau du présent projet, un débat sur le fond
s'instaure et que nous parvenions ensemble à une position commune.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle
Pour ma part, je me réjouis du consensus qui semble s'instaurer sur cet
amendement, même si M. Bellanger ne va pas jusqu'au bout de sa logique, en se
réfugiant dans l'abstention.
Madame le ministre, permettez-moi d'ajouter une remarque aux propos très
pertinents de M. le rapporteur.
J'ai moi-même déposé, avec mon collègue M. Joyandet, un amendement - il sera
satisfait si celui-ci est adopté - visant les départements qui, n'ayant pas de
villes importantes, ne pourraient donc pas bénéficier des dispositifs prévus
tant dans votre projet que dans celui qui est relatif à l'intercommunalité.
Il y a une incohérence, que vous-même avez implicitement reconnue en disant
que vous n'imaginiez pas, au départ, que le texte de M. Chevènement serait
examiné immédiatement après le vôtre.
En définitive, je me demande s'il y a eu un véritable dialogue, au sein du
Gouvernement, entre le ministre de l'intérieur et le ministre de l'aménagement
du territoire. En effet, si tel avait été le cas, nous n'aurions pas à examiner
deux textes successifs.
Les dispositions prévues dans le projet de M. Chevènement, et qui visent à
accorder 250 francs de DGF par habitant dans les communautés d'agglomération
mais au plus 150 francs par habitant dans les communautés de communes, vont
créer d'importantes distorsions sur le territoire. Cela va léser les
départements qui ne possèdent pas d'agglomération dépassant le seuil prévu pour
bénéficier du dispositif des communautés d'agglomération.
Pour ma part je préfère, comme l'a dit M. Gérard Larcher, que l'Etat accorde
un soutien comparable aux communautés d'agglomération et aux communautés de
communes ou aux pays.
C'est vrai, madame le ministre - vous avez pris l'exemple des tramways, des
métros - les communautés d'agglomération auront à réaliser des investissements
beaucoup plus lourds. Toutefois, j'imagine assez mal que ce type
d'investissements, qui sont tout de même rares dans notre pays, se multiplient
à l'infini dans toutes les communautés d'agglomération, dans toutes les
communautés urbaines de 50 000 habitants comptant au moins une commune de 15
000 habitants !
De plus, en tout état de cause, celles qui se lancent dans un tel
investissement ne s'y lancent pas seules. Elles le font toujours en
partenariat, au moins avec l'Etat.
Enfin, n'oublions pas que ces agglomérations ont la chance de bénéficier de
revenus, au travers de la taxe professionnelle, qui n'ont rien à voir avec les
revenus des commautés de communes ou des pays. Comparons ce qui est comparable
!
En accentuant la distorsion entre les pays et les communautés d'agglomération
au moyen de concours financiers de l'Etat et de dispositions fiscales, on
creuse le fossé qui existe entre le milieu rural et le milieu urbain. C'est une
erreur fondamentale. La loi Pasqua avait veillé à une bonne complémentarité du
milieu rural et du milieu urbain. Avec votre proposition de loi et celle de M.
Chevènement, j'ai bien peur que nous n'aboutissions au résultat inverse.
Voilà pourquoi les considérations qu'a développées M. le rapporteur me
paraissent tout à fait fondées.
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission spéciale.
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
Je tiens à faire deux
observations.
Madame la ministre, je viens de vous entendre dire que les charges des
communautés urbaines dépassaient, et de loin, celles des communes rurales.
Sachez que ce n'est pas du tout ainsi que l'on ressent les choses à la base
!
Je rappelle qu'il y a toute une série d'investissements qui coûtent beaucoup
plus cher dans l'espace rural que dans l'espace urbain. Je pense notamment à
tout ce qui est fluide. Notre collègue Alain Vasselle a eu raison de dire
qu'avant d'équiper les agglomérations de 50 000 habitants d'un tramway il
coulerait pas mal d'eau sous les ponts - du moins je le souhaite ! Mais pensez
aux kilomètres de chemins ruraux que nos communes se désespèrent de ne pouvoir
entretenir !
M. Alain Vasselle.
Et l'assainissement !
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
Pensez à tout ce qui se fait sur la
distance ! Cela coûte infiniment plus cher que ce qui se fait en hauteur,
chacun le sait !
M. Alain Vasselle.
Tout à fait !
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
Par conséquent, dire que les
communes urbaines ont besoin de plus de moyens pour réaliser leurs
investissements ne correspond pas à la réalité,...
M. Philippe François.
Exactement !
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
... en tout cas pas à celle que je
vis depuis une trentaine d'années.
Telle est la première observation que je voulais faire.
Ma seconde observation consiste à reconnaître que nombre de communautés
urbaines qui devraient exister n'existent pas en raison de « bisbilles »
locales et qu'une incitation financière peut favoriser leur création. Je ferai
simplement remarquer, d'abord, que ces bisbilles existent aussi entre les
communes rurales !
Et si l'argument de l'incitation est plus valable, je veux toutefois dire à
quoi cela conduit, pour le vivre : certaines agglomérations qui sont loin de
faire 50 000 habitants font une retape d'enfer pour arriver à tout prix à ce
seuil de façon totalement artificielle. Cela n'a plus rien à voir avec une
agglomération. On propose alors des vice-présidences à tous les maires, avec
une petite rémunération en fin de mois. Tout cela est grotesque, mes chers
collègues.
Par conséquent, ce seuil ne tient pas la route. Qu'on ne s'étonne donc pas si
ce projet de loi passe pour un projet hostile à l'espace rural. C'est en tout
cas comme cela qu'il sera compris, et à juste titre, car c'est ce qu'il sera
dans les faits.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains Indépendants.)
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Connaissant votre attachement au monde rural et aux élus qui l'incarnent,
monsieur le président de la commission spéciale, croyez bien que je n'aurais
jamais osé dire la moitié de ce que vous avez dit à propos des élus ruraux dans
votre intervention.
En effet, vous avez semblé décrire les élus comme étant avant tout soucieux
d'obtenir des vice-présidences ou de se répartir de la DGF. Ce n'est évidemment
pas le souci de ceux qui s'engagent dans des projets de pays ou dans des
projets d'agglomération.
D'ailleurs, la démarche projetée nous garantira que l'on ne fera pas de
l'intercommunalité d'opportunité, qu'il s'agisse d'élaborer des projets de pays
ou des projets d'agglomération, de mettre en place des conseils de
développement de pays ou des conseils de développement d'agglomération.
L'idée-force, c'est bien le projet reconnu par l'Etat et par les régions dans
le cadre des contrats de plan et encouragé financièrement à la mesure de ce
qu'il coûte.
Je me permets, monsieur le président de la commission, avec le respect que je
dois au monde rural, de signaler que, statistiquement, les efforts fiscaux en
milieu rural sont inférieurs d'un tiers à ce qu'ils sont en milieu urbain, même
avec un potentiel fiscal inférieur.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
On pourrait débattre éternellement des efforts consentis par les uns et
par les autres et des coûts assumés par les uns et par les autres.
M. Hilaire Flandre.
Seul un technocrate peut parler ainsi !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je ne
doute pas que cela intéressera beaucoup M. le ministre de l'intérieur.
M. Charles Revet,
rapporteur de la commission spéciale.
Il faut comparer ce qui est
comparable !
M. Hilaire Flandre.
Cette différence est normale : on ne bénéficie pas des mêmes services en
milieu rural et en ville !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je n'en
suis pas si sûre. je ne pense pas, par exemple, en ce qui concerne la politique
de la ville et la contribution à la réparation de la fracture sociale, que la
plupart des villes qui sont engagées dans des projets, dans des contrats de
ville, aient à rougir des efforts fournis.
Encore une fois, on pourrait en discuter très longuement ; je ne doute pas que
vous le ferez avec M. le ministre de l'intérieur, la semaine prochaine !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 237 rectifié, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 252 rectifié n'a plus l'objet.
Par amendement n° 198 rectifié, MM. François, Lassourd et Vasselle proposent,
dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 20
pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer le mot :
« élaborent » par les mots : « peuvent élaborer »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Je regrette que Mme le ministre n'ait pas répondu, tout à l'heure, à la
question de notre collègue Jean-Pierre Plancade. En effet, je suis sûr que, à
la suite de cette réponse, M. Plancade et son groupe auraient adhéré encore
davantage à l'amendement que je défends maintenant et qui a trait à la liberté
et à l'indépendance des communes.
L'article 20 du projet de loi fait obligation aux établissements publics de
coopération intercommunale compétents en matière d'aménagement et de
développement économique, ainsi qu'aux communes de l'agglomération qui n'en
sont pas membres, d'élaborer un projet d'agglomération qui devra porter sur les
problèmes spécifiques de l'agglomération.
Ce dispositif incarne une conception de l'organisation territoriale qui oppose
une zone urbaine créatrice de richesse à une aire rurale perçue comme un espace
à protéger plutôt que comme un véritable espace économique.
Cette conception de l'aménagement et du développement du territoire, qui
serait nouvelle, risquerait, bien sûr, de donner naissance à des fractures
territoriales graves de conséquences si les moyens financiers n'étaient pas
judicieusement répartis, on vient de le dire.
En vertu d'un principe de la loi constitutionnelle, les collectivités locales
sont soumises à libre administration. Or, en l'espèce, on porte atteinte à
cette libre administration des communes.
C'est pourquoi, j'invite le Sénat à voter massivement cet amendement.
M. Alain Vasselle.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je souhaite revenir sur les propos que nous avons échangés il
y a un instant.
L'objectif premier est, naturellement, d'éviter toute opposition entre pays et
agglomérations.
M. Alain Vasselle.
Très bien !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Bien plus, il faut plutôt une complémentarité entre le
concept d'agglomération et celui de pays. Il n'y a pas, madame la ministre, de
concept majeur et de concept mineur.
Voilà pourquoi, si l'on supprimait le seuil, dans la perspective d'un
dispositif qui prévoirait une dotation égale, les préoccupations de notre
collègue Philippe François disparaîtraient d'elles-mêmes.
Voilà pourquoi aussi nous souhaitons que ce débat sur la tentation - je ne
sais pas si c'est la tentation de saint Antoine, celle de Flaubert ou une autre
- d'agglomérations qui, comme l'a dit M. François-Poncet, auraient tendance à
attirer vers elles des éléments constitutifs de pays pour atteindre la barre
fatidique des 50 000 habitants, soit ouvert dans le cadre de l'examen du projet
de loi sur l'intercommunalité.
Nous comprenons et partageons votre préoccupation, monsieur François, mais
nous vous renvoyons au texte qui sera rapporté la semaine prochaine par notre
collègue Daniel Hoeffel.
La commission émet, si je puis dire, un avis de sagesse défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Le
Gouvernement considère que l'élaboration de projets d'agglomération doit être
systématisée ; elle ne constitue pas un élément facultatif de la démarche
d'agglomération.
En conséquence, l'avis du Gouvernement est défavorable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 198 rectifié.
M. Philippe François.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Tout à l'heure, un de nos collègues a dit que nous mettions souvent « les
mains dans le cambouis », c'est vrai !
J'ai créé un district intercommunal voilà vingt-cinq ans, l'un des premiers en
France ; il regroupe, en pays particulièrement rural, quelque 15 000 habitants.
Ce district fonctionne à merveille et aucune des communes qui en font partie ne
souhaiterait le voir disparaître.
Nous sommes à trente kilomètres d'une ville de 50 000 habitants. Si l'on
appliquait le système proposé par le Gouvernement, nous serions obligés
d'envisager un projet d'agglomération avec cette ville. Nous perdrions ainsi
toute notre autonomie alors que, en nous regroupant avec des voisins, si l'on
abaissait le seuil dont on a parlé tout à l'heure, par exemple, ou si on n'en
parlait pas, ce qui serait encore mieux, nous pourrions constituer une
agglomération, ce qui irait dans un sens non pas opposé mais complémentaire à
ce que souhaite le Gouvernement. En tout cas, nous sauvegarderions une certaine
liberté, une certaine indépendance et une certaine autonomie des communes
rurales de ce pays.
En faisant référence à la situation de mon pays, je crois représenter 80 % des
élus français.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Cet amendement, que j'ai cosigné avec M. François, est simplement de pure
cohérence : il est cohérent avec la loi de 1992, il est cohérent avec la loi de
1995 et il me semble être cohérent avec la rédaction même de l'article 23 de la
loi de 1995 tel qu'il a été rédigé par le Gouvernement.
Avant d'en venir à la rédaction même de l'article 20 du projet de loi, je
tiens à lever tout de suite un faux procès - ou un mauvais procès d'intention -
qui pourrait naître, à la lecture de nos débats, en ce qui concerne l'attitude
et le comportement des élus ruraux qui seraient amenés à siéger dans des
communautés d'agglomération ou communautés de pays.
Ne faisons pas cette injure aux élus ruraux de laisser penser qu'ils iraient
siéger dans une communauté d'agglomération uniquement par appât d'une indemnité
mensuelle dont ils bénéficieraient en qualité de vice-président d'une
communauté.
Les élus ruraux sont quand même, mes chers collègues, des élus plus sérieux et
ont un sens de l'intérêt général plus profond que ce que pourraient laisser
penser de tels propos.
Je reviens à la rédaction de l'article 20 du projet de loi.
Ce texte, madame le ministre, monsieur le rapporteur, dispose ; « ... et les
communes de l'aire urbaine qui ne sont pas membres de ces établissements
publics mais souhaitent - elles expriment donc un voeu - s'associer au projet,
élaborent un projet d'agglomération ». L'élaboration du projet d'agglomération
est donc conditionnée par l'accord des communes.
Notre collègue Philippe François, par son amendement que j'ai cosigné, en
proposant de remplacer le mot « élaborent » par les mots « peuvent élaborer »,
montre bien qu'il doit s'agir d'une volonté exprimée par les communes de mener
à bien un projet d'agglomération ou de territoire. A partir du moment où elles
ont décidé de s'associer, ce n'est pas pour se regarder dans les yeux, rester
les bras ballants et attendre que cela se passe, mais bien pour mener ensemble
un projet !
L'expression « peuvent élaborer » est donc cohérente à la fois avec la
rédaction qui est proposée et avec l'ensemble des dispositions des lois de 1992
et de 1995, puisque nous souhaitons privilégier le volontariat plutôt que la
contrainte. Il s'agit d'inciter les collectivités à s'entendre et à jouer la
carte de l'intercommunalité.
Bien entendu, je voterai l'amendement de notre collègue Philippe François, que
j'ai d'ailleurs cosigné.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
J'anticiperai quelque peu le débat que nous aurons la semaine
prochaine en indiquant que la réduction des écarts de DGF entre les communautés
d'agglomération et les communautés de communes ne doit pas être fondée sur une
logique de « guichet », et ce au détriment des zones rurales.
Le texte tel qu'il a été adopté par l'Assemblée nationale fixe la DGF des
communautés d'agglomération à 250 francs et celle des communautés de communes à
150 francs. Si nous voulons avoir un levier fort, il faudra bien rétablir un
équilibre sur l'ensemble du territoire pour que la notion de communauté émerge
de manière forte.
Voilà pourquoi nous avons souhaité que ce débat soit ouvert lors de l'examen
du projet de loi sur l'intercommunalité.
M. Philippe François.
Il n'empêche qu'il faut voter cet amendement !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le rapporteur, vous ouvrez des horizons intéressants. En effet, dans une
première phase, nous avions travaillé à un montage un peu différent qui aurait
reposé non pas sur des seuils mais sur plusieurs montants de DGF en fonction du
niveau d'intégration et du poids des compétences assumées par les structures de
coopération intercommunale.
Il n'est pas interdit, évidemment, de reprendre cette discussion, qui est
extrêmement intéressante, mais qui avait paru plus complexe dans le cadre des
discussions interministérielles et au sein du Gouvernement.
Cela dit, si tel est bien le sens de votre intervention, l'idée
m'intéresse.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 198 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent fair l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 56, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale proposent de compléter
in fine
la première phrase du premier
alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115
du 4 février 1995 par les mots : « en association avec le ou les départements
intéressés ».
Par amendement n° 126 rectifié, MM. Arnaud, Jarlier, Herment, Deneux, Hoeffel
et Hérisson proposent, après le premier alinéa du texte présenté par l'article
20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, d'insérer un alinéa
ainsi rédigé :
« Le projet d'agglomération peut être élaboré en association avec le ou les
départements et la ou les régions intéressées. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 56.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Tout au long de la discussion de ce texte, nous avons suivi
une logique qui consiste à associer régions et départements.
C'est la raison pour laquelle nous proposons à M. Arnaud de transformer son
amendement n° 126 rectifié en un sous-amendement à l'amendement n° 56 de la
commission.
M. le président.
Monsieur Arnaud, souhaitez-vous répondre à l'appel de M. le rapporteur ?
M. Philippe Arnaud.
J'y suis prêt, si cela peut permettre de satisfaire à la fois les
préoccupations de la commission spéciale et les miennes.
Dans l'esprit évoqué tout à l'heure par M. Raffarin et dans la logique de
l'amendement n° 55 de la commission à l'article 19, il s'agit de bien affirmer
que le partenariat de tous les acteurs concernés doit présider à l'élaboration
de l'ensemble des rapprochements des collectivités.
L'élaboration de ces projets doit s'inscrire dans les principes fondateurs de
la décentralisation tout en respectant les missions et les financements
octroyés par les collectivités territoriales de plein exercice.
Cela intéresse au premier rang les départements et les régions. Il est donc
logique d'associer ces deux niveaux de collectivité à toute charte
d'agglomération qui comportera un certain nombre d'objectifs se traduisant par
des projets concrets à cofinancer.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
En fait, il y a deux différences entre le texte de M. Arnaud
et celui de la commission.
La première concerne la présence de la région. La seconde porte sur la
procédure : notre texte retient le mot « élaborent » alors que celui de M.
Arnaud retient l'expression : « peuvent élaborer ».
Ces deux textes sont, à l'analyse, incompatibles.
Après réflexion, monsieur le président, la commission retire son amendement n°
56 au bénéfice de l'amendement n° 126 rectifié.
M. le président.
L'amendement n° 56 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 126 rectifié ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
M. le
rapporteur me facilite la tâche : j'aurais effectivement dû donner un avis
défavorable à l'amendement n° 56 parce que l'obligation d'élaborer un projet
d'agglomération avec les départements et les régions faisait porter le risque
d'une tutelle du conseil général ou du conseil régional sur un établissement
intercommunal.
La formulation proposée dans l'amendement n° 126 rectifié est plus convenable,
me semble-t-il. Aussi le Gouvernement y est-il favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 126 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement ?
M. Jacques Bellanger.
Le groupe socialiste vote pour.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 183, M. Vasselle propose, dans la seconde phrase du premier
alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115
du 4 février 1995, après les mots : « d'aménagement et d'urbanisme, »,
d'insérer les mots : « de santé publique, ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Cet amendement a pour objet de faire figurer parmi les préoccupations
d'aménagement du territoire les questions de santé publique. M. le rapporteur
me renverra sûrement à une compétence de l'Etat et non pas à une compétence de
l'intercommunalité, il me renverra certainement aux schémas régionaux
d'organisation sanitaire, les SROS.
Je suis prêt à me rallier à l'avis de la commission. Mais je voulais attirer
l'attention à la fois du Gouvernement et de notre assemblée sur le point
suivant : à partir du moment où nous menons une politique d'aménagement du
territoire, il ne faut pas se préoccuper uniquement des questions d'urbanisme,
de voirie, de transport, de logement... il faut aussi que nous ayons sur le
territoire un bon maillage en établissements de santé et en établissements
sanitaires et sociaux pour répondre aux besoins de nos concitoyens.
Il faudrait au minimum une bonne coordination entre la réflexion engagée à
travers les schémas régionaux d'organisation sanitaire et celle qui est
conduite sur le plan de l'aménagement du territoire dans les domaines qui sont
de la compétence propre des collectivités territoriales.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous partageons naturellement la préoccupation du respect de
la santé publique à l'échelon de l'agglomération comme de l'ensemble du
territoire.
Nous avons déjà évoqué cette question au fond, à l'occasion de l'examen des
dispositions relatives au schéma directeur d'équipement et de services. A cette
occasion, le Gouvernement a d'ailleurs émis un avis favorable sur notre
amendement, qui a été voté à la quasi-unanimité de notre assemblée, même si une
mention manquait selon le groupe communiste... mention qui n'aurait pas eu de
vertu constitutionnelle !
C'est dans le cadre des SROS que cette question est traitée, après avis des
conseils régionaux, avons-nous précisé, et en liaison avec les agences
régionales de l'hospitalisation.
Que cette dimension figure dans le projet d'agglomération, rien ne s'y oppose,
mais elle devra être traitée en liaison avec l'agence régionale de
l'hospitalisation et dans le cadre du schéma régional.
Nous comprenons certes les préoccupations de l'auteur de l'amendement ; nous
le renvoyons cependant à la décision que nous avons prise sur le schéma
directeur d'équipement et de services sanitaires et nous ne pouvons pas être
favorables à l'amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Le
Gouvernement partage l'avis de la commission.
Toutefois, monsieur le rapporteur, la santé publique ne se limite pas au
système de soins.
Je rappelle donc, pour mémoire, que certains dispositifs, qui existent déjà,
ont aujourd'hui clairement pour objet la santé publique. Il en est ainsi des
plans de déplacements urbains, qui visent, en remettant la voiture à sa place,
à restaurer la qualité de l'air et veulent ainsi avoir un impact positif sur la
santé.
Je pense également aux programmes de reconquête de la qualité de l'eau, en
zones urbaines comme en zones rurales.
Je partage donc votre analyse, monsieur le rapporteur, mais je serais heureuse
que la prise en compte des questions de santé publique au sens large soit plus
marquée au moment de la discussion des grands projets d'aménagement du
territoire.
M. le président.
L'amendement n° 183 est-il maintenu, monsieur Vasselle ?
M. Alain Vasselle.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 183 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 57 est présenté par MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la
commission spéciale.
L'amendement n° 184 est déposé par M. Vasselle.
Tous deux tendent, dans la seconde phrase du premier alinéa du texte proposé
par l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, à
supprimer les mots : « , selon les recommandations de l'article 28 relatif aux
agendas 21 locaux du programme "Actions 21" adopté par la communauté
internationale à Rio de Janeiro en 1992 ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous supprimons la référence aux recommandations de la
conférence de Rio. Nous nous sommes déjà expliqués longuement sur le sujet,
lors de la définition de la durabilité. D'autres rencontres porteront sur le
développement durable et elles se tiendront dans une autre ville que Rio de
Janeiro.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 184.
M. Alain Vasselle.
Cet amendement ayant le même objet, je le retire au profit de celui de la
commission.
M. le président.
L'amendement n° 184 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 57 ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
A
l'Assemblée nationale, j'ai fait état de ma perplexité devant la formulation
quelque peu « littéraire » de ce segment de phrase !
Chacun fait implicitement référence au sommet de Rio, qui a défini pour la
première fois la notion de développement durable. Ainsi, la loi Barnier du 2
février 1995 introduisait les principes de Rio dans son article 1er, mais sans
faire référence à cette conférence.
Par une communication en conseil des ministres, le 30 avril 1997, la ministre
de l'environnement de l'époque appelait à la réalisation de schémas 21 locaux.
Cette démarche me paraît d'ailleurs extrêmement intéressante, parce qu'elle
conduit les élus locaux à appréhender le développement durable de façon très
transversale et très intégrée.
Cela étant, je m'en remets à la sagesse du Sénat sur cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 57.
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est de M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Vous venez, madame la ministre, de rappeler la discussion de la loi Barnier.
Il est en effet intéressant de s'y reporter, et vous avez parfaitement raison
de noter que l'on se référait alors, assez timidement il est vrai, aux
principes de Rio de Janeiro. Je crois d'ailleurs me souvenir que le groupe
socialiste n'y était pas pour rien, mais que, pour avoir voulu aller plus loin,
nous avions été traités de « rousseauistes ».
Je ne crois pas que la commission spéciale aille jusque-là. Mais, pour notre
part, nous sommes plutôt opposés à la suppression de cette référence.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 57, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 58, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de supprimer le deuxième alinéa du texte présenté par
l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995.
Par amendement n° 317 rectifié, M. Trémel propose de rédiger comme suit le
deuxième alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995 :
« Dès que des groupements de communes ou communes mentionnés à l'alinéa
précédent élaborent un projet d'agglomération, un conseil de développement
composé de représentants des comités de quartiers de l'agglomération, des
milieux économiques, sociaux, culturels et associatifs, est créé. Le conseil de
développement s'organise librement. Il est associé à l'élaboration du projet
d'agglomération. Il est consulté sur toute question relative à l'agglomération,
notamment le développement et l'aménagement de celle-ci. »
Par amendement n° 185, MM. Braye et Emin proposent, dans la première phrase du
deuxième alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer les mots : « est créé » par les mots
: « peut être créé ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 58.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il s'agit de ne pas inscrire dans la loi la création du
conseil du développement, disposition qui résulte de l'adoption d'un amendement
par l'Assemblée nationale et qui paraît d'autant moins justifiée - je me
permets d'insister sur ce point - que la perspective ouverte par le projet de
loi est la constitution d'une communauté d'agglomération.
Or le projet de loi relatif à la coopération intercommunale ne prévoit en
aucun cas que cette nouvelle structure doive être dotée d'un conseil
consultatif, solution qui serait, en l'état actuel du droit, tout à fait
dérogatoire au droit commun des établissements publics de coopération
intercommunale.
Rien n'interdit d'associer les acteurs socioprofessionnels aux projets
d'agglomération, je me permets d'insister sur cet aspect des choses.
M. le président.
La parole est à M. Trémel, pour présenter l'amendement n° 317 rectifié.
M. Pierre-Yvon Trémel.
Je ne reprendrai pas l'argumentaire que j'ai développé tout à l'heure
s'agissant du conseil de développement des pays. Cet amendement vise en effet à
cerner l'objet de la création des conseils de développement, cette fois dans
les agglomérations.
Je me permets d'attirer l'attention de Mme la ministre sur le fait que, dans
cet amendement rectifié, comme tout à l'heure dans l'amendement n° 316
rectifié, qui concernait le pays, je ne demande pas que le conseil de
développement soit appelé à approuver la charte de pays.
M. le président.
L'amendement n° 185 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 317 rectifié ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous nous en sommes déjà expliqué : l'avis de la commission
ne peut être favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 58 et 317 rectifié
?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
L'avis du
Gouvernement est, vous l'imaginez, exactement inverse, c'est-à-dire défavorable
à l'amendement n° 58, pour les motifs exprimés précédemment, et favorable au n°
317 rectifié.
J'en profite pour présenter mes excuses à M. Trémel. Je ne disposais pas tout
à l'heure de la version rectifiée de son amendement et c'est pour cela que je
n'avais pas constaté la suppression d'un membre de phrase qui me chiffonnait
sérieusement.
M. Pierre-Yvon Trémel.
Merci, madame la ministre.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 317 rectifié n'a plus d'objet.
M. Pierre-Yvon Trémel.
Eh oui !
M. le président.
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 59 est présenté par MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la
commission spéciale.
L'amendement n° 290 est déposé par M. Le Cam, Mme Beaudeau, M. Lefèbvre et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent à supprimer le troisième alinéa du texte proposé par
l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
précitée.
Par amendement n° 199 rectifié, MM. François, Lassourd et Vasselle proposent
de remplacer le troisième alinéa du texte présenté par l'article 20 pour
l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 par un alinéa rédigé comme
suit :
« S'il y a contractualisation, les agglomérations devront être constituées en
syndicat mixte ou en établissement public de coopération intercommunale. »
Par amendement n° 186, MM. Braye et Emin proposent, à la fin du troisième
alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115
du 4 février 1995, de remplacer les mots : « la communauté d'agglomération à
constituer » par les mots : « l'établissement public de coopération
intercommunale à taxe professionnelle unique à constituer ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 59.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous restons dans la logique qui a été la nôtre pour les pays
: nous souhaitons la souplesse. Or l'obligation de se constituer en syndicat
mixte ou en établissement public de coopération intercommunale, qui résulte
d'un amendement adopté à l'Assemblée nationale, nous semble constituer une
contrainte supplémentaire et une source de complexité. Elle pourrait dissuader
certaines collectivités intéressées de s'associer au contrat
d'agglomération.
Nous voulons conserver sa souplesse au dispositif et, reprenant ce que disait
tout à l'heure notre collègue M. Alain Vasselle, faire confiance aux acteurs
locaux pour rechercher les solutions les mieux adaptées.
Nous souhaitons donc la suppression de cette obligation.
M. le président.
La parole est à M. Lefebvre, pour défendre l'amendement n° 290.
M. Pierre Lefebvre.
Monsieur le président, vous me permettez de défendre en même temps les
amendements n°s 290, 291 et 292, puisqu'ils ont tous trois la même
signification.
L'article 20 porte sur ce que l'on peut appeler le volet « urbain » de la
démarche inter-institutionnelle conduite pour la mise en oeuvre de la politique
d'aménagement du territoire. Il participe, à notre sens, à une approche globale
de la spécificité des questions de développement des agglomérations que nous
pouvons objectivement apprécier.
L'expérience du développement urbain des dernières décennies est en effet
suffisamment parlante pour que nous essayons d'en tirer les enseignements,
notamment pour éviter que ne se produisent certains errements et certaines
erreurs.
Si l'on devait, par exemple, regarder les choses de façon rétrospective, nous
pourrions souligner qu'une part importante de l'action publique consiste
aujourd'hui à faire face aux conséquences d'un développement urbain
insuffisamment maîtrisé.
Plutôt que d'opposer un peu artificiellement villes et campagnes, nous pouvons
presque dire que si les dernières décennies ont, de façon générale, été
marquées par le dépeuplement des zones rurales, cela n'a pas pour autant
favorisé le développement harmonieux des villes, même si celles-ci jouent un
rôle de « pôle d'équilibre » sur le territoire national.
Toutes les villes ne sont pas Toulouse, Strasbourg ou Montpellier, d'autant
que le développement de la précarité n'épargne pas certains quartiers de ces
villes que l'on nous dit pourtant dynamiques. Voyez le mal de vivre qui
s'exprime dans les quartiers comme ceux du Neudort ou de La Reynerie.
Que les choses soient claires : dans son esprit général, l'article 20 du
présent projet de loi pourrait répondre à quelques-unes des préoccupations qui
nous animent.
Une véritable politique de développement urbain appelle effectivement une
approche systémique intégrant l'ensemble des paramètres, du développement des
activités économiques à la maîtrise du foncier, en passant par la relance et
l'amélioration de l'habitat ou la priorité au transport en commun.
Chacune des parties concernées doit pouvoir être largement consultée et nous
apprécions notamment l'idée de la mise en place du conseil de développement,
qui répond, pour peu qu'il relaie les pratiques de dialogue sur le terrain, à
cette exigence de démocratie dans les choix d'aménagement qui a tant manqué
dans le passé et dont on connaît l'effet.
La démarche du projet d'agglomération peut donc tout à fait se concevoir dans
ce cadre le plus démocratique possible.
Pourquoi, dès lors, faut-il l'enserrer dans la perspective obligatoire - c'est
le sens des troisième, cinquième et septième alinéas du texte proposé par cet
article 20 pour l'article 23 de la loi de 1995 - de constitution d'une
communauté d'agglomération ?
Nous aurons sans doute l'occasion, lors de l'examen du projet de loi sur
l'intercommunalité, de reparler de l'ensemble de ces questions, mais il ne nous
semble pas nécessairement adéquat de placer, de manière systématique, le projet
d'agglomération dans la perspective ainsi définie.
On peut concevoir, au demeurant, que le projet d'agglomération ne comporte pas
d'autres clauses que celles qui sont destinées à répondre aux objectifs
généraux définis au premier alinéa du nouveau texte de l'article 23.
Le fait de se mettre d'accord sur des objectifs quantifiables, nécessitant la
mise en oeuvre de tels ou tels moyens, doit-il impliquer, mécaniquement, le
regroupement des communes, l'abandon de prérogatives dévolues aux élus locaux,
la mise en oeuvre d'une fiscalité spécifique ?
Posons la question : croit-on vraiment qu'en jouant sur une taxe
professionnelle représentant au réel environ 1 % de l'activité économique on
va, dans un processus d'unification de taux, créer les conditions d'un
développement urbain harmonieux ?
Alors, oui au projet d'agglomération, oui pour répondre aux besoins de la
population de nos villes, mais non à tout ce qui peut réduire, dans les faits,
la capacité d'initiative de chacune de nos communes urbaines.
C'est le sens de ces trois amendements que nous vous invitons à adopter.
M. le président.
La parole est à M. François, pour présenter l'amendement n° 199 rectifié.
M. Philippe François.
Il s'agit là d'un amendement de coordination avec l'amendement n° 198
rectifié, qui, je le rappelle, a été adopté à une large majorité par le Sénat.
Il en est parfaitement complémentaire.
M. le président.
L'amendement n° 186 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 290 et 199 rectifié
?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Sans revenir sur les problèmes de fond évoqués par notre
collègue M. Lefebvre - nous avons déjà évoqué ces questions antérieurement -
nous pensons que l'amendement n° 290 est satisfait par l'amendement n° 59 de la
commission, même si, parfois, nos motivations peuvent être un peu différentes
!
J'ai bien entendu ce que disait notre collègue M. François ; mais l'amendement
n° 199 rectifié est contraire à la position de la commission spéciale, qui,
elle, supprime le troisième alinéa du texte proposé par l'article 20 pour
l'article 23 de la loi de 1995. La commission ne peut donc qu'émettre un avis
défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 59, 290 et 199
rectifié ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
S'agissant
des pays, le Gouvernement a accepté la démarche en deux temps proposée par les
députés lors de l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale, à savoir une
première phase plutôt de préfiguration et une seconde de consolidation et de
contractualisation.
Nous avons adopté la même démarche en ce qui concerne les agglomérations. Nous
avons souhaité laisser un peu de souplesse, au moment de la contractualisation,
en prévoyant que les agglomérations naissantes pourraient n'être constituées
qu'en syndicats mixtes, et pas forcément en établissements publics de
coopération intercommunale, au moment de la conclusion du contrat en
préfiguration de la communauté d'agglomération à constituer.
Au moment de la conclusion du contrat, ces collectivités s'engagent à se
regrouper, avant l'échéance de ce contrat, au sein des établissements publics
de coopération intercommunale à taxe professionnelle unique d'au moins 50 000
habitants avec une commune centre de plus de 15 000 habitants.
Cette démarche est remise en cause par l'amendement n° 59 de M. Gérard
Larcher. Je ne suis pas convaincue que la souplesse suggérée - l'organisation
sous forme associative ou la coopération informelle entre communes - suffise
pour passer contrat avec l'Etat et les régions. Je suis même sûre que ce n'est
pas suffisant.
Avec la suppression du troisième alinéa, les projets d'agglomération devront
être complètement aboutis, jusqu'à la conclusion d'une communauté
d'agglomération avec établissement public de coopération intercommunale, selon
des modalités qui seront définies dans le projet de loi de Jean-Pierre
Chevènement. Je regrette cette obligation introduite par l'amendement de la
commission.
C'est pourquoi je suis défavorable à l'amendement n° 59, ainsi qu'à
l'amendement n° 290, qui est identique.
Quant à l'amendement n° 199 rectifié, le Gouvernement s'est prononcé sur ce
point à l'occasion de l'examen de l'amendement n° 198 rectifié. Si j'avais le
choix entre l'amendement n° 59 de M. le rapporteur et l'amendement n° 199
rectifié de M. François, j'aurais une nette préférence pour le second !
(Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Philippe François.
Merci, madame !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je dois
dire toutefois que le concept nouveau qui a été défendu tout à l'heure par M.
le rapporteur et adopté relève de la sagesse défavorable et non de
l'enthousiasme !
M. Philippe François.
C'est quand même mieux qu'un avis défavorable !
(Sourires.)
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je voudrais simplement dire, quelle que soit l'affection que
Mme Voynet porte à M. François,...
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Jaloux ?
(Sourires.)
M. Philippe François.
C'est une question qui nous regarde !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Mme le ministre me demande si j'éprouve un sentiment
considéré comme un péché véniel, celui de jalousie. Je réponds non, car nous
avons la durée ensemble, madame le ministre !
(Sourires.)
Je comprends bien les arguments de MM. François et Vasselle, mais je
voudrais attirer leur attention.
Madame le ministre, vous étiez réservée à l'Assemblée nationale et vos
arguments étaient alors plus proches des miens ! Il est vrai que, depuis, vous
avez eu plusieurs week-ends pour travailler le sujet - c'est comme moi pour les
terroirs ! Je l'ai constaté en lisant le compte rendu des débats - j'ai le
défaut de lire de temps en temps le
Journal officiel
!
Après en avoir beaucoup débattu avec M. Vasselle en commission spéciale, je
crois vraiment qu'il faut accorder à l'agglomération la même souplesse que
celle qui a été accordée aux pays. Voilà pourquoi j'incite réellement nos
collègues MM. François et Vasselle à suivre la position de la commission
spéciale.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 59 et 290, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 199 rectifié n'a plus d'objet.
Par amendement n° 60, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent, dans le quatrième alinéa du texte présenté par l'article
20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer les
mots : « contrat particulier » par le mot : « contrat ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
J'en profite pour remercier MM. François et Vasselle du
soutien qu'ils m'ont apporté, y compris contre leur propre amendement.
(Rires sur certaines travées du RPR),
mais je crois que nous avions déjà
eu ce débat, qui est un débat important.
L'amendement n° 60 tend à supprimer, après le mot contrat, l'adjectif «
particulier », qui n'a pas de signification juridique, selon nos collègues
membres de la commission des lois, qui sont des gardiens vigilants, n'est-ce
pas, monsieur le président ? Cela montre tout l'intérêt de la diversité des
membres qui composent une commission spéciale.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Cette
expression de « contrat particulier », que l'on trouve dans la loi du 29
juillet 1982 portant réforme de la planification, est destinée à montrer que ce
contrat est signé en application du contrat de plan Etat-région.
Cela dit, le qualificatif pouvant être estimé superflu, je m'en remets à la
sagesse du Sénat sur cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 60, sur lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 254 rectifié
bis
, Mme Bardou, MM. Jean Boyer, Cléach
Ambroise Dupont, Emin, Emorine, Grillot, Mme Heinis, MM. Nachbar, Pépin,
Raffarin, Poirieux et les membres du groupe des Républicains et Indépendants
proposent de compléter
in fine
le quatrième alinéa du texte présenté par
l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 par la
phrase suivante : « La préparation de ce contrat doit donner lieu à un avis du
ou des conseils généraux pour ce qui concerne leurs compétences propres. »
La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou.
Cet amendement a pour objet de prévoir la consultation des départements lors
de la préparation du contrat particulier prévu au quatrième alinéa du présent
article lorsque ce contrat porte sur des compétences exercées par les
départements et lorsque ceux-ci sont sollicités financièrement. En effet,
l'élaboration du contrat de plan doit respecter les principes fondateurs de la
décentralisation, les missions et les financements octroyés par les
collectivités de plein exercice.
Le partenariat de tous les secteurs concernés doit présider à son
élaboration.
S'agissant des départements, il est logique, compte tenu du poids de leurs
compétences sociales et de l'action qu'ils mènent en termes de service à la
population, de chercher par ces politiques contractuelles à agir de manière
complémentaire et partenariale.
Les conseils généraux seront à nouveau sollicités pour les contrats de ville
qui constitueront le volet solidarité des contrats d'agglomération.
Il apparaît indispensable qu'ils soient donc associés et consultés de manière
globale sur les contrats particuliers qui seront signés avec les unités
d'agglomération.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
La consultation du conseil général peut être justifiée dès
lors que ses compétences sont en cause.
Etant donné que jamais, au cours de notre débat, les trois niveaux de
collectivités que constituent les régions, les départements et les communes
n'ont soulevé la moindre opposition, la commission, qui a prévu que les
départements seraient associés au projet d'agglomération, s'en remet à la
sagesse du Sénat : une sagesse favorable !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Madame la
sénatrice, dès lors que les compétences des conseils généraux sont concernées,
il apparaît évident que ces derniers seront associés à la préparation du
contrat. Mais faut-il le rappeler ?
Mon premier mouvement serait de dire qu'il est inutile d'alourdir la rédaction
du texte puisque c'est la règle commune, qu'il s'agisse ou non d'agglomération.
En effet, dans le volet du contrat de plan qui concerne le département sur son
territoire et sur ses compétences figure toujours la participation pleine et
entière de cette collectivité. Mais j'opterai pour la sagesse défavorable, car
cette formulation me paraît quelque peu redondante. De plus, c'est tellement
évident !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 254 rectifié
bis
.
Mme Janine Bardou.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou.
Même si c'est évident, il est préférable, me semble-t-il, de le préciser,
d'autant que cela ne gêne personne !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 254 rectifié
bis
, sur lequel la
commission et le Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat, une sagesse
favorable pour l'un, défavorable pour l'autre !
(Sourires.)
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
La sagesse l'a emporté, puisque l'amendement a été adopté à l'unanimité !
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 61 est présenté par MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la
commission spéciale.
L'amendement n° 291 est déposé par M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent à supprimer le cinquième alinéa du texte présenté par
l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
précitée.
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 61.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
En l'occurrence également, notre volonté est de garder sa
souplesse au dispositif. Nous proposons de supprimer l'obligation prévue par
l'Assemblée nationale de passer une convention pour assurer la « continuité »
et la « complémentarité » du contrat de pays et du contrat d'agglomération.
Comme le faisaient remarquer tout à l'heure M. François-Poncet, président de la
commission spéciale, et nos collègues MM. Vasselle et François, nous souhaitons
faire confiance aux acteurs locaux pour régler au mieux d'éventuels
chevauchements.
M. le président.
M. Lefebvre a déjà défendu l'amendement n° 291.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 61 et 291
?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
J'ai une
petite faiblesse pour la rédaction actuelle, qui précise, là encore, une
évidence. Certes, la mise en cohérence des contrats de pays et des contrats
d'agglomération ne devrait pas avoir à être précisée. Si elle l'est, c'est
qu'il s'agissait pour nous de bien réaffirmer que pays et agglomération ne
s'opposent pas, que l'on pouvait, dans certains cas, trouver des agglomérations
au sein d'un pays et, dans d'autres cas, des pays au sein d'une
agglomération.
Il fallait assurer la cohérence des deux dispositifs.
Je ne suis donc pas favorable aux amendements n°s 61 et 291.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 61 et 291, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° 62, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de compléter la seconde phrase du sixième alinéa du texte
présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février
1995 par les mots : « soumis au régime fixé par le chapitre Ier du titre II du
livre III du code de l'urbanisme ».
La parole est à M. Revet, rapporteur.
M. Charles Revet,
rapporteur de la commission spéciale.
Monsieur le président, madame le
ministre, mes chers collègues, par cet amendement, la commission spéciale
propose de préciser que les établissements publics fonciers dont le contrat
d'agglomération pourra envisager la création seront ceux qui sont soumis au
régime fixé par le chapitre Ier du titre II du livre III du code de
l'urbanisme.
Il existe, en effet, deux types d'établissements publics fonciers.
Les premiers sont les établissements publics fonciers d'Etat, qui relèvent de
l'article L. 321-1 du code de l'urbanisme. Ces établissements publics
industriels et commerciaux, EPIC, sont créés par décret à l'instar de l'agence
foncière et technique de la région parisienne ou de l'établissement public de
la Basse-Seine, l'établissement public foncier Nord - Pas-de-Calais et
l'établissement public de la métropole lorraine. Ils bénéficient de ressources
issues d'une taxe spéciale d'équipement.
Les seconds sont les établissements publics fonciers locaux, dont le régime
résulte de la loi d'orientation pour la ville du 13 juillet 1991, codifiée aux
articles L. 324-1 et suivants du code de l'urbanisme. Ces EPIC ne disposent pas
de moyens financiers. C'est pourquoi deux seulement ont été créés en huit ans.
Par conséquent, il apparaît utile de préciser que les établissements publics
fonciers visés à l'article 23 sont des établissements publics d'Etat afin
qu'ils puissent disposer de moyens financiers suffisants.
Mes chers collègues, nous savons que des restructurations lourdes devront être
effectuées dans certaines banlieues, dans certains secteurs, alors que ni les
organismes publics d'HLM ni même les villes ne pourront en assumer la charge
foncière, et ce d'autant que, quelquefois, cette charge foncière pèsera pendant
un certain nombre d'années.
Par conséquent, il est proposé que puissent être créés, dans le cadre de ces
contrats, des établissements publics fonciers d'Etat.
Madame le ministre, je voudrais revenir sur l'exemple de l'établissement
public de la Basse-Seine, qui regroupe deux régions et trois départements : la
Basse-Normandie et la Haute-Normandie, la Seine-Maritime, l'Eure et le
Calvados. Pour l'ensemble des communes de ces départements, l'intervention de
cet opérateur foncier est particulièrement précieuse : ainsi ont pu être
restructurées des friches industrielles au coeur des villes, ainsi a pu être
permise l'acquisition de terrains, dont la charge a été assurée pendant
plusieurs années. Cela a permis de soulager les finances des collectivités
locales.
Tel est l'esprit qui sous-tend l'amendement n° 62.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le sénateur, les exemples que vous avez cités ne sont pas tout à fait à
l'échelle locale : aussi bien pour la Lorraine que pour la Basse-Seine, les
enjeux concernés mobilisent lourdement les services de l'Etat ; je pense, par
exemple, au travail qui a été mené sur la Basse-Seine dans le cadre de la
directive territoriale d'aménagement, la DTA.
La proposition que vous formulez dans l'amendement n° 62 restreint la portée
du texte qui a été retenu par le Gouvernement. Elle évoque la possibilité de
créer uniquement des établissements publics fonciers d'Etat et non des
établissements publics locaux, lesquels sont aujourd'hui peu nombreux, je veux
bien le reconnaître, faute de ressources propres.
Cela étant, les enjeux de reconquête urbaine et de mixité sociale rendent plus
que nécessaire la mise en place d'instruments de maîtrise foncière permettant
des actions ciblées et fines dans les agglomérations. C'est pourquoi il me
semble nécessaire de maintenir les deux possibilités : établissements publics
fonciers d'Etat et établissements publics locaux.
J'ai bien entendu le message que vous avez délivré concernant les moyens, mais
il ne semble pas que c'est en supprimant la possibilité de faire appel à un
établissement public foncier local qu'on pourra résoudre le problème.
Les contrats de plan pourraient avoir vocation à stimuler la constitution de
tels établissements dans les agglomérations les plus prioritaires.
Je préférerais que le Sénat s'en tienne à la rédaction actuelle de
l'alinéa.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 62.
M. Charles Revet,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Revet, rapporteur.
M. Charles Revet,
rapporteur.
Madame le ministre, vous venez de le dire vous-même, en huit
ans, deux établissements publics locaux seulement ont été créés. En fait, ces
établissements n'ont pas de moyens financiers ; ils ne peuvent donc pas
intervenir.
Il paraît alors essentiel, si l'on veut conduire des opérations lourdes - ce
sera indispensable dans certains cas - de doter les agglomérations - cela peut
se limiter à l'agglomération ; c'est en fait l'Etat qui fixe le périmètre,
madame le ministre, sur demande des collectivités locales - des moyens
d'engager des politiques de restructuration.
Dans certains endroits, il faudra que la charge du foncier soit supportée
pendant plusieurs années, et ce n'est pas la ville qui pourra le faire. Bien
entendu, cela peut se faire dans le cadre du contrat de plan, mais je ne pense
pas que le contrat de plan soit le vecteur le mieux adapté. Ce peut être un
moyen d'engager une politique, mais, là, une intervention ponctuelle
s'impose.
Madame le ministre, il est indispensable de donner aux agglomérations et aux
villes les moyens de se doter des outils fonciers adaptés.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 62, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 63 est présenté par MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la
commission spéciale.
L'amendement n° 292 est déposé par M. Le Cam, Mme Beaudeau, M. Lefebvre et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent à supprimer le septième alinéa du texte proposé par
l'article 20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
précitée.
Par amendement n° 211 rectifié, MM. Joyandet, Besse, Bizet, Herment, Rufin,
Vasselle, Delevoye, Delong, Girod, Jeambrun, Jourdain, Mouly et Oudin
proposent, après les mots : « taxe professionnelle unique », de supprimer la
fin de la première phrase du septième alinéa du texte présenté par l'article 20
pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995.
Par amendement n° 238 rectifié, MM. Hoeffel, Jarlier, Herment et Souplet et
les membres du groupe de l'Union centriste proposent, dans la première phrase
du septième alinéa du texte présenté par l'article 20 pour l'article 23 de la
loi n° 95-115 du 4 février 1995, de supprimer les mots : « d'au moins 50 000
habitants et comprenant une commune centre de plus de 15 000 habitants ».
Par amendement n° 253 rectifié, Mme Bardou, MM Jean Boyer, Cléach, Ambroise
Dupont, Emin, Emorine, Grillot, Mme Heinis, MM. Nachbar, Pépin, Pintat,
Poirieux et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent, à
la fin de la première phrase du septième alinéa du texte présenté par l'article
20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, de remplacer les
mots : « d'au moins 50 000 habitants et comprenant une commune centre de plus
de 15 000 habitants » par les mots : « satisfaisant les critères démographiques
définis par la loi relative à l'organisation urbaine et à la simplification de
la coopération intercommunale n° du en vue de constituer une communauté
d'agglomération ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 63.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Cet amendement prévoit la suppression de l'obligation de
constituer un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité
propre.
Cette obligation porte sur la création d'un EPCI à taux de taxe
professionnelle unique dans les agglomérations d'au moins 50 000 habitants
comprenant une commune centre de plus de 15 000 habitants.
Nous avons déjà discuté de ce sujet, notamment des seuils.
En fait, il nous apparaît nécessaire de renvoyer le débat à la semaine
prochaine, pour qu'il soit tranché lors de l'examen du projet de loi relatif à
la coopération intercommunale. En attendant, réfléchissons bien à l'effet
terrible du seuil pour l'ensemble du territoire !
M. le président.
L'amendement n° 292 a déjà été défendu.
La parole est à M. Oudin, pour présenter l'amendement n° 211 rectifié.
M. Jacques Oudin.
Cet amendement a pour objet d'assouplir un peu le seuil fixé dans cet article,
qui est trop contraignant et qui tendrait à accentuer la désertification des
départements les plus fragiles.
Le dispositif proposé permettrait de tenir compte des charges et des
compétences des villes centres qui développent un haut niveau de services et
assurent une véritable fonction structurante dans leur département, même si
elles n'ont pas le nombre d'habitants requis.
M. le président.
La parole est à M. Arnaud, pour défendre l'amendement n° 238 rectifié.
M. Philippe Arnaud.
Comme l'a rappelé tout à l'heure M. le rapporteur, il convient de laisser au
projet de loi relatif au renforcement de la coopération intercommunale le soin
de fixer les seuils de population.
M. le président.
La parole est à Mme Bardou, pour défendre l'amendement n° 253 rectifié.
Mme Janine Bardou.
Cet amendement a également pour objet la fixation du seuil.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 211 rectifié, 238
rectifié et 253 rectifié ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je pense que les amendements de nos collègues sont satisfaits
par l'amendement de la commission, qui répond à leurs préoccupations et invite
à engager un débat approfondi la semaine prochaine.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 63 et 292,
ainsi que sur les amendements n°s 211 rectifié, 238 rectifié et 253 rectifié
?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je me suis
déjà longuement expliquée sur les deux points abordés au travers de ces cinq
amendements, sur lesquels le Gouvernement émet un avis défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 63 et 292, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, les amendements n°s 211 rectifié, 238 rectifié et 253 rectifié
n'ont plus d'objet.
Par amendement n° 64, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent, à la fin du dernier alinéa du texte présenté par l'article
20 pour l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, de supprimer les
mots : « , notamment la durée du contrat particulier ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 64, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je rappelle au Sénat que l'amendement n° 127 rectifié et le vote sur
l'ensemble de l'article 20 sont réservés jusqu'après l'examen de l'amendement
n° 192 rectifié à l'article 26.
Article additionnel après l'article 20
M. le président.
Par amendement n° 293, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 20, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 23 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, il est inséré un
article additionnel ainsi rédigé :
«
Art...
- Les départements peuvent élaborer un projet de
développement. Celui-ci définit les orientations que se fixe le département en
matière de développement économique et de cohésion sociale, d'aménagement et
d'urbanisme, de tranport, de politique de la ville, de politique de
l'environnement et de gestion des ressources naturelles. Le projet de
développement précise également les conditions de mise en oeuvre de ces
objectifs.
« L'Etat et la région peuvent conclure, avec les départements qui ont adopté
un projet de développement, un contrat particulier en application du contrat de
plan Etat/région en tenant compte des contrats de pays et d'agglomération.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du
présent article. »
La parole est à M. Lefebvre.
M. Pierre Lefebvre.
Après les articles 19 et 20, nous défendons, avec cet amendement, l'idée que
le département peut également constituer un espace pertinent dans lequel
peuvent être développés des projets de développement en coopération avec les
communes ou les groupements de communes appartenant au département.
Sans remettre en question le rôle pivot de la région dans la politique
d'aménagement du territoire, il s'agit de permettre aux départements
d'approfondir les liens qui les unissent à la région et à l'Etat au travers
d'un contrat particulier rattaché au contrat de plan Etat-région, comme il en
existera un pour les pays ou pour les communautés d'agglomération.
En effet, nul ne peut nier que les conseils généraux sont le plus souvent à
l'origine d'initiatives locales et que les communes préfèrent souvent
s'adresser directement au département plutôt qu'à la région pour mener à bien
leurs propres projets.
Au demeurant, il est de l'intérêt même des régions que les départements
puissent s'engager à leurs côtés pour élaborer et mettre en oeuvre les grandes
orientations de la politique régionale d'aménagement du territoire.
La possibilité d'une contractualisation entre les départements et les régions
sur la base d'engagements réciproques ne peut, en outre, que contribuer à
clarifier, à préciser les compétences des différentes institutions.
Enfin, il convient de sortir d'une conception de notre architecture
institutionnelle fondée sur des rapports hiérarchiques entre la région, le
département et la commune. Encourager la complémentarité entre les
collectivités locales suppose de les traiter chacune de la même façon.
Comment pourrait-on accepter, pour les communes constituées en pays ou en
agglomération, la contractualisation avec l'Etat et la région et la refuser par
ailleurs aux départements ? Cela reviendrait à réduire le rôle des départements
et des conseils généraux à une simple consultation sur les choix opérés par les
exécutifs régionaux.
Je vous demande donc, mes chers collègues, de saisir l'occasion que vous donne
cet amendement pour adresser, sans dénaturer la portée du projet de loi, un
signe positif à même de rassurer de nombreaux élus locaux, dont nous sommes.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Le premier alinéa de cet amendement ne fait que confirmer une
faculté existante.
Quand au second alinéa, il est intéressant, mais il introduit une trop grande
complexité.
La commission émet donc un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
Lefèbvre, les conseils généraux sont déjà libres, en vertu des lois de
décentralisation, de se doter d'un projet départemental déterminant la
stratégie du conseil général dans les domaines relevant de leurs
compétences.
Vous me permettrez de relever que la liste des domaines prévus par
l'amendement pour le projet départemental outrepasse notablement les
compétences des conseils généraux.
Le Gouvernement a, par ailleurs, déjà expliqué les raisons qui l'ont conduit à
vouloir organiser les contrats de plan Etat-région aux deux échelles
stratégiques de la région, d'une part, et des pays et des agglomérations,
d'autre part.
Il s'agit non d'exclure les conseils généraux des politiques contractuelles,
mais au contraire de renforcer, à travers ces contrats, la coordination entre
les différents niveaux de collectivités en permettant à chaque échelon, sur la
base de ses compétences propres, de s'inscrire dans une stratégie partagée de
développement et d'aménagement.
Pour cette raison, je suis défavorable à l'idée de contrats particuliers
signés avec les conseils généraux sur la base de stratégies propres. De tels
contrats risqueraient de contrarier ce souci de coordination et de cohérence.
Ils menaceraient l'équilibre et l'esprit des lois de décentralisation en
affaiblissant la vocation du cadre régional à constituer l'espace de référence
pour l'aménagement du territoire.
En outre, de tels contrats seraient contradictoires avec l'objectif de
clarification des compétences dont a besoin la décentralisation.
Compte tenu de l'importance des compétences qu'ils exercent et des budgets
dont ils disposent, les conseils généraux devront être des partenaires majeurs
tant du volet régional des contrats de plan que de leur volet territorial fondé
sur les pays et les agglomérations.
Il n'est donc point besoin de redéfinir la possibilité d'élaborer un projet de
développement qui excéderait de façon importante le cadre fixé par les lois de
décentralisation en ce qui concerne les compétences du département.
Le Gouvernement émet, par conséquent, un avis défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 293, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 20
bis
M. le président.
« Art. 20
bis
. - L'Etat et la région peuvent conclure avec le
département, la commune ou le groupement de communes un contrat de ville par
lequel les contractants s'engagent à mettre en oeuvre de façon concertée des
politiques territorialisées de développement solidaire et de requalification
urbaine.
« Les contrats de ville dans les agglomérations ou les pays faisant l'objet
d'un contrat tel que prévu aux articles 19 et 20 constituent le volet "cohésion
sociale et territoriale" de ces contrats.
« Ce contrat peut porter sur la politique de la ville. En ce cas, les conseils
généraux seront associés à la mise en place de ce volet "politique de la
ville", pour ce qui concerne leurs compétences, et pourront signer une
convention particulière. »
Par amendement n° 65, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de rédiger comme suit cet article :
« Les dispositions des contrats de plan Etat-régions sont précisées par des
contrats de ville auxquels les départements, les communes et leurs groupements
peuvent être parties. Un volet agricole et paysager qui prend, le cas échéant,
en compte l'existence de terroirs urbains et paysagers figure dans ces
contrats. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous souhaitons en fait clarifier le dispositif prévu par cet
article.
Dans la rédaction que nous proposons, la référence aux conseils généraux est
remplacée par la référence au département. Dès lors qu'il s'agit de passer
contrat, ce sont la région et le département, personnes morales, qui sont en
cause. Le conseil général et le conseil régional sont des assemblées
délibérantes.
Nous supprimons également la phrase selon laquelle le contrat de ville peut
porter sur la politique de la ville : par définition, celle-ci est bien l'objet
d'un tel contrat.
Enfin, madame la ministre, notre rédaction fait mention des terroirs urbains
et paysagers, que nous proposerons d'instituer par la suite. Il nous semble en
effet que, au sein de la politique de la ville, le volet agricole et le volet
paysager ne sont pas suffisamment pris en compte, alors qu'ils en sont des
éléments, notamment au regard de la meilleure insertion de certains quartiers
dans l'agglomération dont ils font en fait partie et à laquelle il s'agit de
les « recoudre ». Il y a là une dimension à prendre en considération en vue
d'assurer une harmonisation de la vie d'une agglomération.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
J'avoue ne
pas avoir gardé une mémoire extrêmement précise de ce qui s'est passé à
l'Assemblée nationale, mais je crois me souvenir que la rédaction actuelle de
cet article - qui n'est pas exempte de certaines redondances - est le résultat
de plusieurs amendements.
La rédaction initiale était centrée sur les contrats de ville et la politique
de la ville, mais les députés ont souhaité insister également sur d'autres
volets, notamment sur les politiques territorialisées de développement
solidaire et de requalification urbaine, formule à travers laquelle nous
souhaitions prendre en compte, monsieur le rapporteur, votre attente concernant
la péri-urbanisation et la dimension paysagère.
Si j'ai la faiblesse de préférer la rédaction actuelle de l'article 20
bis,
je partage votre souci, au-delà de la formule « terroirs urbains et
paysagers », dont vous avez justifié tout à l'heure la pertinence en mobilisant
jusqu'à notre littérature.
(Sourires.)
En tout cas, la rédaction actuelle de l'article n'est pas excellente, et
je pense qu'elle mérite d'être retravaillée. C'est pourquoi je m'en remets à la
sagesse du Sénat.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Ah !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 65, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 20
bis
est ainsi rédigé.
Article 20
ter
M. le président.
« Art. 20
ter
. - La deuxième phrase du premier alinéa de l'article L.
1112-4 du code général des collectivités territoriales est supprimée. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 286, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° 66, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent :
A. - Au début de cet article, d'ajouter un paragraphe ainsi rédigé :
« I. - La première phrase du premier alinéa de l'article L. 1112-4 du code
général des collectivités territoriales est complétée par les mots : "ou d'un
Etat membre de l'Union européenne". »
B. - En conséquence, de faire précéder cet article de la mention : « II. -
».
La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 286.
M. Gérard Le Cam.
Cet article soulève un certain nombre de questions.
La coopération entre collectivités locales françaises et collectivités locales
des pays de l'Union européenne - singulièrement, dans un premier temps, de nos
voisins géographiques - peut être conçue comme devant être encouragée sous
toutes les formes appropriées.
Pour autant, on ne peut laisser de côté la pratique française en matière de
service public, pratique dont il faudra bien un jour que notre assemblée
intègre toute la portée et toutes les qualités.
Même si notre pays doit faire face à des défis particuliers en termes
d'aménagement du territoire, de par son étendue, de par la diversité de ses
régions et de ses composantes, force est de constater que le développement des
services publics a permis, pour le moins, d'apporter des réponses à la majorité
des problèmes posés par ces caractéristiques.
La tradition française du service public a gagné, notamment au travers des
principes fondamentaux de péréquation tarifaire et d'égalité d'accès, une
grande capacité économique qui est un des facteurs de la croissance.
Permettez-moi de souligner ici que les retards ou les difficultés de
développement que connaissent certaines des régions de notre pays peuvent et
doivent, dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet de loi, trouver leur
pleine résolution, notamment en intégrant le retour aux principes fondateurs du
service public à la française.
Vous pourrez toujours me rétorquer que j'anticipe quelque peu sur certains
débats qui nous attendent, mais c'est pourtant bien la question des compétences
en matière de service public qui est directement posée aujourd'hui par cet
article 20
ter
du présent projet de loi.
Même si l'on peut concevoir que des réponses à certains besoins collectifs
puissent être trouvées dans le cadre de la coopération transfrontalière, ne
pensez-vous pas qu'il convient, en fait, de ne rien changer de fondamental aux
possibilités offertes actuellement par la loi, alors même que cet article 20
ter
vise à lever à peu près l'ensemble des « obstacles » qui
entraveraient le développement de la coopération transfrontalière ?
Nous ne croyons pas que la résolution de certains problèmes d'aménagement,
dans le cadre législatif actuel, en de nombreux domaines - même si la majorité
de la commission spéciale ne paraît guère attachée aux monopoles dévolus aux
exploitants publics d'un certain nombre de services publics, comme l'a montré
de manière assez éclairante la discussion de l'article 15
bis
- puisse
provenir de l'engagement des collectivités locales.
Ce que nous attendons de ce projet de loi, c'est, en quelque sorte, un
recentrage de l'action de l'Etat vers son rôle essentiel : répondre aux besoins
de la collectivité.
Nous ne croyons pas outre mesure aux vertus de solutions décentralisées qui
apparaissent bien souvent comme des pis-aller face à des problèmes non encore
résolus et que l'action publique se devrait pourtant de résoudre.
Nous vous proposons donc de supprimer cet article.
Les arguments que je viens de développer prennent toute leur valeur en regard
des propositions qui nous sont faites par la commission spéciale quant à la
réécriture de l'article 20
ter
.
M. le président.
La parole est à M. Revet, rapporteur, pour donner l'avis de la commission sur
l'amendement n° 286 et pour défendre l'amendement n° 66.
M. Charles Revet,
rapporteur.
La commission spéciale a choisi d'inscrire l'aménagement du
territoire dans une perspective résolument européenne. L'article 20
ter
est une composante de cette bonne insertion de l'espace français au sein de
l'Union.
Introduit par un « amendement Vert » à l'assemblée nationale, cet article
prolonge une réflexion que nous avions menée dans le cadre de la loi
Pasqua-Hoeffel et qui avait conduit à l'adoption du texte soumis à notre
examen.
Il s'agit, dans le respect des engagements internationaux de la France, des
compétences des collectivités territoriales et de la souveraineté nationale, de
développer, de façon étroitement encadrée par l'article L. 1112-4 du code
général des collectivités territoriales, un outil juridique de coopération
transfrontalière entre les collectivités locales des différents Etats
européens.
La commission spéciale souhaite le maintien de cet article, tout en proposant
par ailleurs d'élargir le champ d'application du dispositif à tous les Etats
membres de l'Union européenne.
La commission émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 286.
L'article 20
ter
élargit les possibilités de coopération
transfrontalière entre collectivités locales, possibilités qui ont été mises en
place en application de la loi Pasqua-Hoeffel.
L'amendement n° 66 prévoit d'aller plus loin en accordant aux collectivités
françaises la possibilité d'adhérer à des organismes publics de droit étranger
de tous les Etats membres de l'Union européenne, et non plus seulement des
Etats européens frontaliers.
Cette possibilité est strictement encadrée : elle est limitée au champ de
compétences des collectivités locales ; elle doit respecter les engagements
internationaux de la France tout comme les prérogatives de souveraineté de
l'Etat.
Un décret en Conseil d'Etat est nécessaire pour autoriser cette participation
à un organisme public de droit étranger, participation qui ne peut, de par la
loi, excéder 50 % du capital ou des charges.
Cette participation donne lieu à la conclusion d'une convention entre les
différentes collectivités qui est transmise au préfet et donne lieu au contrôle
de légalité.
Enfin, les comptes doivent être certifiés par un commissaire aux comptes et
annexés, avec le rapport annuel d'activité, au budget des collectivités locales
concernées.
De plus, il est interdit aux collectivités de passer directement une
convention avec un Etat étranger.
Cet amendement devrait faciliter la mise en place de conventions entre des
collectivités et des organismes de part et d'autre des frontières.
Elu de Seine-Maritime, je suis bien placé pour savoir ce que sont les
difficultés de la liaison trans-Manche. Ainsi, en relation avec nos partenaires
de l'East Sussex et du Sud de l'Angleterre, nous réfléchissons aux dispositions
que nous pourrions prendre pour accentuer notre partenariat. Cet amendement
vise à faciliter la mise en place de telles dispositions.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 286 et 66 ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Il me faut
faire une sorte de
mea culpa
en ce qui concerne l'article 20
bis.
En effet, je me suis exprimée tout à l'heure de façon un peu hâtive.
J'ai souvenir du débat qui a eu lieu à l'Assemblée nationale. La mention
expresse de la politique de la ville ne visait pas à préciser - ce qui est bien
normal tant cela paraît évident - qu'un contrat de ville peut comporter un
volet relatif à la « politique de la ville ». Il s'agissait surtout de préciser
que les conseils généraux seraient associés à la mise en place de ce volet pour
ce qui concernait leurs compétences.
Je constate que la formulation que vous venez d'adopter supprime toute
référence à la politique de la ville et à la contribution des départements à la
définition de cette politique. Il me paraît donc nécessaire d'attirer votre
attention sur ce point, voire d'y revenir ultérieurement. En effet, y compris
pour les défenseurs des départements que vous êtes, cela semble peut-être en
dessous de la ligne de flottaison.
(Sourires.)
M. Charles Revet,
rapporteur.
C'est le trans-Manche !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Mais nous
savons nager !
(Nouveaux sourires.)
J'en viens aux amendements n°s 286 et 66.
S'agissant du premier, M. Le Cam a abondamment expliqué les raisons pour
lesquelles il souhaitait supprimer l'article 20
ter.
Or, cet article me
semble correspondre au nécessaire développement de la coopération autour
d'intérêts communs. Ces participations, qui sont limitées aux domaines de
compétences des collectivités, sont encadrées par les traités et les
engagements internationaux de la France. Le Gouvernement est donc défavorable à
cet amendement.
En revanche, l'ajout proposé par l'amendement n° 66 me semble aller dans le
sens de l'assouplissement introduit par l'article 20
ter
et accroître
les perspectives de coopération. Le Gouvernement y est donc favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 286, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 66, accepté par le Gouvernement.
M. Jacques Bellanger.
Le groupe socialiste vote pour.
Mme Odette Terrade.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 20
ter,
ainsi modifié.
(L'article 20
ter
est adopté.)
Article additionnel après l'article 20
ter
M. le président.
Par amendement n° 67, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, propose d'insérer, après l'article 20
ter,
un article
additionnel ainsi rédigé :
« Les deux derniers alinéas de l'article L. 1522-1 du code général des
collectivités territoriales sont ainsi rédigés :
« Sous réserve de la conclusion d'un accord préalable entre les Etats
concernés, des collectivités territoriales étrangères peuvent participer au
capital de sociétés d'économie mixte locales dont l'objet est d'intérêt commun.
Cet accord préalable doit prévoir des conditions de réciprocité au profit des
collectivités territoriales françaises.
« Les collectivités territoriales étrangères qui participent au capital des
sociétés d'économie mixte locales sont au nombre de collectivités ou
groupements visés au 2° du présent article qui doivent détenir plus de la
moitié du capital des sociétés et des voix dans leurs organes délibérants. »
La parole est à M. Revet, rapporteur.
M. Charles Revet,
rapporteur.
Les dispositions que nous venons d'adopter et qui permettent
aux collectivités ou aux organismes français de s'investir à l'extérieur
doivent également s'appliquer aux collectivités territoriales étrangères qui
souhaitent s'investir en France.
Par conséquent, cet amendement vise, par réciprocité, à favoriser la
coopération transfrontalière en permettant aux collectivités territoriales
étrangères de participer au capital des sociétés d'économie mixte locale de
droit français dans des conditions plus satisfaisantes qu'actuellement.
En effet, l'article L. 1522-1 du code général des collectivités territoriales
qui organise les modalités de participation des collectivités étrangères au
capital des sociétés d'économie mixte locales françaises dispose que, sous
réserve d'un accord préalable entre les Etats concernés, les collectivités
territoriales étrangères peuvent participer au capital des sociétés d'économie
mixte locales dont l'objet est d'exploiter des services publics d'intérêt
commun.
Dans ce cas, leur participation n'est toutefois pas assimilée à celle des
communes, des départements, des régions et de leurs groupements qui doit, en
vertu de l'article L. 1522-1, représenter plus de la moitié du capital.
Par cet amendement, nous proposons d'assouplir ce cadre juridique en prenant
en compte la participation des collectivités territoriales étrangères au même
titre que celle des collectivités locales françaises, en rendant possible le
recours à de telles structures non seulement pour l'exploitation des services
publics d'intérêt commun, mais également pour l'ensemble des activités
d'intérêt général communes aux partenaires, pour l'investissement comme pour
l'exploitation, ce qui correspondrait davantage à la réalité des actions de
coopération transfrontalières en cours ou en projet.
J'ai suffisamment expliqué tout à l'heure les raisons qui militaient pour
laisser aux collectivités territoriales françaises la possibilité de s'investir
à l'extérieur. Cet amendement tend à instaurer la réciprocité. C'est la raison
pour laquelle je vous propose de l'adopter.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Nous ne
sommes nullement défavorables à la réciprocité, monsieur le rapporteur.
Toutefois, j'ai noté que l'amendement n° 67 autoriserait des collectivités
territoriales étrangères à participer au capital des SEM, dans lesquelles elles
seraient majoritaires, voire le seul actionnaire public. Elles bénéficieraient
ainsi de possibilités d'intervention beaucoup plus importantes, notamment dans
le domaine de l'urbanisme, que les collectivités locales françaises puisque ces
dernières, aux termes de l'article L. 1112-4 du code général des collectivités
territoriales, peuvent participer au capital d'un organisme étranger dans la
limite de 50 % du capital ou des charges de cet organisme, après autorisation
délivrée par décret en Conseil d'Etat.
Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet
amendement.
M. Charles Revet
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Revet, rapporteur.
M. Charles Revet,
rapporteur.
Peut-être me suis-je mal exprimé, madame le ministre.
Par essence, une société d'économie mixte est mixte. Son capital appartient
pour partie à des personnes publiques et pour partie à des personnes
privées.
Les dispositions qui sont proposées dans cet amendement n'autorisent pas des
collectivités territoriales étrangères à devenir majoritaires puisqu'elles font
partie des collectivités ou groupements qui ne peuvent pas détenir plus de la
moitié du capital.
Je ne sais pas si cette petite mise au point vous conduit à modifier l'avis du
Gouvernement, mais je précise bien qu'une collectivité territoriale étrangère
ne peut en aucun cas devenir majoritaire dans le capital d'une société
d'économie mixte.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 67.
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Nous serions favorables au principe, mais nous prenons en compte les
objections du Gouvernement. Il faut examiner un peu plus attentivement les
conditions dans lesquelles les collectivités territoriales étrangères peuvent
participer au capital de sociétés d'économie mixte locales.
Aussi, dans l'état actuel des choses, nous voterons contre cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 67, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 20
ter
.
Article 21
M. le président.
« Art. 21. - L'article 24 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est
ainsi rédigé :
«
Art. 24
. - Lorsque la charte d'un parc naturel régional est
approuvée, l'Etat et la ou les régions peuvent conclure avec l'organisme de
gestion du parc un contrat particulier en application du contrat de plan
Etat-régions.
« L'Etat coordonne, dans le cadre du parc, son action en faveur du
développement territorial avec celle des collectivités territoriales et de
leurs groupements. »
Par amendement n° 68, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de rédiger comme suit cet article :
« I. - L'article 24 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est
abrogé.
« II. - Après la deuxième phrase du quatrième alinéa de l'article L. 244-1 du
code rural, il est inséré une phrase ainsi rédigée :
« L'Etat et la ou les régions adhérant à la charte peuvent conclure avec
l'organisme de gestion du parc un contrat en application du contrat de plan
Etat-régions. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous continuons notre promenade à travers la France. Après
les pays et les agglomérations, nous voici dans les parcs naturels régionaux,
qui représentent 10 % du territoire français, 60 départements et plus de 3 000
communes.
Ces parcs constituent un élément important d'une politique de protection de
l'environnement et des paysages, mais un certain nombre de celles et de ceux
qui en réclament l'ouverture un peu partout sur le territoire oublient parfois
qu'ils constituent également un outil de protection patrimoniale et de
développement économique. En effet, cet outil vise non pas à recroqueviller le
territoire sur lui-même en le protégeant, mais à assurer la valorisation du
patrimoine et des paysages, permettant ainsi de retrouver une dynamique et un
développement économiques. Les élus participent à la gestion des parcs.
Un parc est d'abord un outil pour l'espace rural. Il a une forte valeur
patrominale ajoutée, mais il connaît aussi certaines difficultés.
Voilà qui nous amène, madame le ministre, à ouvrir un débat.
J'ai siégé, à une époque, dans une assemblée beaucoup plus modeste, puisqu'il
s'agit d'un conseil régional, où je fus rapporteur pour la création du parc
naturel de la Haute Vallée de Chevreuse. Il fallait prendre garde à ne pas
détourner cet outil au seul profit des secteurs péri-urbains en oubliant qu'il
est d'abord destiné à promouvoir la dynamique de l'espace rural.
Chacun connaît la politique de la protection patrimoniale et la politique de
la protection paysagère. La politique d'éducation en matière d'environnement
est un élément fort non seulement pour les habitants du parc, mais aussi pour
ses visiteurs. En 1994, une étude de la Caisse des dépôts et consignations
avait démontré que ces parcs avaient permis de créer 5 500 emplois directs ou
indirects.
La politique des parcs naturels régionaux s'apprécie aujourd'hui de manière
très positive. Voilà pourquoi nous y sommes attachés. Pour autant, elle ne doit
pas être détournée de son objet.
La politique de protection patrimoniale et celle de mise en valeur de
l'environnement sont des éléments très importants au même titre que la
politique d'éducation en matière d'environnement ou que la politique de
développement. La commission spéciale a donc souhaité les mettre en permanence
sur le même plan afin d'éviter d'opposer les espaces naturels et les
territoires ruraux.
L'article 21 autorise les organismes de gestion des parcs naturels régionaux à
conclure avec l'Etat et la ou les régions concernées un contrat particulier en
application du contrat de plan Etat-région. Nous avons approuvé ces
dispositions.
Je rappelle que nous avons réservé tout à l'heure un petit sort juridique au
mot « particulier » car il n'a pas de valeur normative, même s'il existe dans
le contrat de plan. Nous savons cependant que la loi annexée au contrat de plan
a une valeur non pas normative mais politique puisque nous l'avons évoquée dans
le cadre du schéma de synthèse.
Par ailleurs, la commission a souhaité ne pas disperser les mesures
applicables aux parcs naturels régionaux dans plusieurs textes.
Mes chers collègues, nous vous proposons donc, d'une part, d'insérer le
premier alinéa de cet article dans l'article L. 244-1 du code rural qui définit
les relations entre les parcs naturels, les régions et l'Etat et, d'autre part,
de supprimer le second alinéa de cet article qui est redondant avec les
dispositions précitées de l'article L. 244-1.
Telle est la position de la commission spéciale, qui est attachée aux
trente-sept parcs, qui seront bientôt au nombre de trente-neuf.
Je rappelle à cet égard, car la question de leur capacité à contracter peut se
poser, que seuls deux parcs sont encore constitués en association. A l'occasion
de la révision de leur charte, ils devront passer du statut associatif, qui est
le fruit de l'histoire, à un statut de syndicat mixte.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je serai
brève sur l'amendement n° 68 : j'y suis favorable.
Venons-en au coeur de l'argumentaire de M. le rapporteur. J'apprécie bien
évidemment son plaidoyer en faveur des parcs naturels régionaux non seulement
en tant que ministre exerçant la tutelle de ces parcs, mais aussi et surtout en
tant qu'actrice du développement local. Je suis en effet convaincue qu'ils ont
beaucoup fait pour convaincre de l'utilité des dynamiques de territoire et
qu'ils ont finalement servi d'exemples très attrayants à ceux qui sont
aujourd'hui porteurs de projets de pays.
Si la première génération de chartes portait assez lourdement la marque du
souci du maintien des activités traditionnelles et de la protection des
espaces, leur renouvellement, après une période de dix ans, a souvent été
l'occasion d'insister davantage sur la dimension économique et sur la
diversification des activités, qu'elles soient agricoles, artisanales,
commerciales, touristiques, et j'en passe.
Nous sommes donc là dans une démarche de réconciliation de la protection et de
la production, de l'écologie et de l'économie. Vous comprendrez donc que cette
démarche soit extrêmement séduisante pour moi.
J'ai noté quelque chose de drôle dans votre argumentation, monsieur Larcher.
En effet, vous avez relevé que l'évolution du statut des outils de gestion des
parcs était le fruit de l'histoire. Je regrette, pour ma part, que votre
position ait été tout autre pour les projets de pays. Il aurait été possible de
passer en toute simplicité d'une formule très souple, la formule associative,
au moment de la préfiguration des pays, à une formule plus exigeante, au moment
où l'on s'engage, si j'ose dire, pour une deuxième génération de contrats. Vous
défendez cette idée, arguments à l'appui pour les PNR, mais vous ne l'avez pas
prévue pour les pays, et je vous en veux !
(Sourires.)
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Pour que Mme la ministre m'en veuille, c'est qu'il est né
entre nous une affection tout au long de ce débat : c'est notre première scène
!
(Sourires.)
Reprenant la formule d'un auteur célèbre, je dirai simplement que, pour chaque
chose, il faut laisser du temps au temps. Voilà pourquoi, sans doute dans une
décennie, nous ferons pour les pays ce que nous sommes en train de faire pour
les parcs naturels nationaux, qui ont trente-cinq ans.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Ils ont
fêté leurs trente ans l'année dernière !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 68, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 21 est ainsi rédigé.
Article 22
M. le président.
« Art. 22. - I. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 29 de
la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée, après le mot : "plan", sont
insérés les mots : "ou les cahiers des charges lorsqu'ils sont approuvés par
décret".
« I
bis.
- Le cinquième alinéa de l'article 29 de la même loi est
remplacé par un II ainsi rédigé :
« II. - Les établissements et organismes publics ainsi que les entreprises
nationales placées sous la tutelle de l'Etat ou celles dont il est actionnaire
et chargés d'un service public, et disposant d'un réseau en contact avec le
public, dont la liste est fixée par le décret mentionné au dernier alinéa, qui
n'ont pas conclu de contrat de plan, de contrat de service public ou qui ne
disposent pas de cahier des charges approuvé par décret, établissent un plan
triennal global, intercommunal et pluriannuel, d'organisation de leurs services
dans chaque département. Ce plan est approuvé par le représentant de l'Etat
dans le département après examen de la commission départementale d'organisation
et de modernisation des services publics. Chaque premier plan sera présenté
dans un délai d'un an après la publication de la présente loi. Le plan est
révisé selon les mêmes formes, tous les trois ans.
« Toute décision de réorganisation ou de suppression d'un service aux usagers
non conforme aux objectifs fixés dans le plan global, intercommunal et
pluriannuel, d'organisation mentionné fait l'objet d'une étude d'impact
conformément aux dispositions fixées aux deuxième, troisième et quatrième
alinéas du I.
« Un décret en Conseil d'Etat fixera les modalités d'application du présent
paragraphe. »
« II. - Après l'article 29 de la même loi, il est inséré un article 29-1 ainsi
rédigé :
«
Art. 29-1
. - En vue d'apporter une réponse améliorée aux attentes des
usagers concernant l'accessibilité et la proximité des services publics sur le
territoire en milieu urbain et rural, l'Etat et ses établissements publics, les
collectivités territoriales et leurs établissements publics, les organismes de
sécurité sociale et les autres organismes chargés d'une mission de service
public peuvent mettre, par convention, des moyens en commun pour assurer
l'accessibilité et la qualité des services publics sur le territoire et les
rapprocher des citoyens.
« A cette fin, les organismes visés au premier alinéa peuvent, lorsqu'au moins
une personne morale de droit public est partie à la convention, constituer des
maisons des services publics offrant aux usagers un accès simple, en un lieu
unique, à plusieurs services publics. Les collectivités locales peuvent
également apporter par convention leur concours au fonctionnement des services
publics par la mise à disposition de locaux ou par la mise à dispositions de
personnels dans les conditions prévues par l'article 62 de la loi n° 84-53 du
26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction
publique territoriale.
« La convention intervient dans le cadre du schéma départemental
d'organisation et d'amélioration des services publics mentionnés à l'article
28, ou des contrats d'objectifs, contrats de service public ou cahiers des
charges mentionnés à l'article 29. Elle définit notamment le cadre géographique
des activités exercées en commun par les parties, les missions qui seront
assurées dans ce cadre, les conditions dans lesquelles les personnels relevant
des personnes morales qui y participent exercent leurs fonctions et les
modalités financières et matérielles d'exécution de la convention. »
Sur l'article, la parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam.
Les questions relatives à l'aménagement du territoire ne peuvent totalement
être objectivement appréhendées sans une réflexion sur la place et le rôle des
services publics dans le cadre de la vie économique et sociale du pays.
Avec cet article 22, nous sommes au coeur du sujet et en situation de nous
demander, en particulier, quelles évolutions ont doit inscrire dans ce domaine
de la présence des services publics pour concourir à atteindre les objectifs de
développement durable que prévoit le présent projet de loi.
Dans les faits, la discussion que nous avons aujourd'hui pourrait paraître
redondante avec celle qui vient d'être menée sur le projet de loi Zuccarelli
relatif aux droits des citoyens dans leurs relations avec l'administration,
d'autant qu'il porte, singulièrement, sur la question de la mise en place des
maisons de services publics.
Une telle démarche se conçoit toutefois à l'aune de plusieurs réflexions.
La présence des services publics a un caractère assez fortement structurant,
que ce soit dans les zones rurales ou dans les zone urbaines.
Nous avons, dans le passé, eu des débats suffisamment importants sur ces
sujets pour en être convaincus.
Les missions de service public assumées par les grands exploitants publics ou
par les grandes administrations de l'Etat, voire par les institutions
financières spécialisées, sont en effet, selon nous, au coeur de la
connaissance des réalités économiques et sociales des territoires et
permettent, en particulier, de disposer d'outils d'évaluation des relations que
telle ou telle région du pays entretient avec son environnement plus ou moins
proche.
Elles sont aujourd'hui conditionnées le plus souvent à travers la démarche des
contrats de plan, démarche qui, nous semble-t-il, pourrait, à elle seule,
mériter une réflexion plus approfondie.
Il conviendrait, en particulier, de s'interroger sur la portée des objectifs
assignés aux grandes entreprises publiques et aux services déconcentrés des
administrations d'Etat, comme aux moyens qui sont mis en oeuvre pour atteindre
ces objectifs.
Le débat sur la loi de 1995 avait notamment mis en évidence les limites posées
à l'atteinte des objectifs fixés à Gaz de France et à Electricité de France
dans la mise en oeuvre de la démarche contractuelle, limites induites en
particulier par le problème de la mobilisation effective de leur capacité
d'autofinancement pour ces objectifs.
Je ne reviendrai pas trop longuement sur cette question, vous me permettrez
cependant de souligner que dès lors que l'activité d'un grand exploitant public
permet de dégager une importante capacité d'autofinancement de ses
investissements, et notamment de ceux qui sont inscrits dans le cadre de la
démarche contractuelle, il n'est pas de bonne politique de procéder à une
confiscation de cette manne financière pour satisfaire d'autres impératifs que
la dépense publique engagée par l'Etat s'avérerait incapable de prendre en
compte.
S'agissant de l'article 22 du présent projet de loi, force est de constater
que,
a priori
, il n'est pas satisfaisant, pas plus cependant que ne
l'était l'article 29 de la loi de 1995 portant, notamment, sur le moratoire des
fermetures de services publics en milieu rural.
En l'occurrence, ce qui doit guider notre débat, c'est, de manière
incontestable, le fait que les services publics, et singulièrement les services
postaux auxquels on pense naturellement, ont un caractère structurant dans le
paysage économique et social, dans l'aménagement du territoire et que leur
absence ou leur présence insuffisante génère de nouveaux retards de
développement.
Que l'on nous comprenne bien : il n'est pas question, pour nous, de faire en
sorte qu'existe dans chacun de nos départements une université de plein
exercice, mais il n'en demeure pas moins que les impératifs de l'aménagement du
territoire et les objectifs bien compris de qualité de service nécessitent, par
exemple, un développement, et pas seulement un maintien, de la présence des
services postaux.
Cela suscite d'ailleurs d'autres questions, en particulier celles de la
négociation des contrats de plan, des créations d'emploi induites par cette
démarche contractuelle, de la consultation et de l'association des usagers aux
décisions portant sur les services publics, et pas uniquement dans le cadre de
la commission départementale de réorganisation, ainsi que la question du sens
que l'on donne en ces matières à la dépense publique.
Nous y reviendrons lors de la discussion des amendements portant sur le
présent article.
M. le président.
Par amendement n° 188 rectifié, M. Vasselle propose, dans la première phrase
du premier alinéa du texte présenté par le paragraphe I
bis
de l'article
22 pour le II de l'article 29 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les
mots : « établissent un plan », d'insérer les mots : « au moins ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Nous avons eu un débat sur ce point au sein de la commission. Le texte proposé
pour le paragraphe II de l'article 29 de la loi du 4 février 1995 prévoit la
possibilité d'établir un plan triennal global, intercommunal et pluriannuel.
Dans un premier temps, il m'a paru superfétatoire de viser une période
triennale puis de préciser que le plan est pluriannuel. Pour ma part, je
souhaitais faire disparaître le mot « triennal » pour donner plus de souplesse
au dispositif et permettre aux parties contractantes de définir la durée
pendant laquelle jouerait le contrat.
Après discussion en commission, nous sommes convenus de retenir une période au
moins triennale - la durée du contrat serait donc au minimum de trois ans -
mais elle ne serait pas limitative. Cela donnerait la souplesse que je
souhaitais apporter au dispositif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
L'article 22 est relatif aux services publics. En fait, il
organise la sortie du moratoire décidé en 1993, par le biais de deux
dispositifs.
Tout d'abord, il prévoit l'organisation des suppressions de services à travers
le plan global pour les entreprises publiques qui n'ont pas conclu de contrat
avec l'Etat. Ce dispositif a d'ailleurs été proposé au cours du débat à
l'Assemblée nationale, alors que les députés avaient manifesté leur inquiétude
et une espèce d'appétit auquel il a fallu répondre. Il s'agit de la création
des maisons de services publics. Je rappelle que ce concept a été imaginé par
M. Dominique Perben, alors ministre de la fonction publique, de la réforme de
l'Etat et de la décentralisation.
La sortie du moratoire ne doit pas se traduire par un transfert de charges non
compensé pour les collectivités. C'est pourquoi, s'agissant de la discussion
relative aux maisons des services publics, la commission renvoie, pour
l'approfondissement d'un certain nombre d'aspects, au projet de loi
Zuccarelli.
Cela étant dit, elle émet un avis favorable sur l'amendement n° 188 rectifié.
Il convient, en effet, de préciser que le plan doit être au moins triennal.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Vous vous
en souvenez, la loi du 4 février 1995 avait consacré deux articles généraux à
la question des services publics.
D'abord, l'article 28, qui élargissait à l'ensemble des départements français
les dispositions de la « loi montagne » concernant les commissions
départementales d'organisation des services publics et les schémas
départementaux d'organisation et d'amélioration des services.
Ensuite, l'article 29, qui instituait le principe d'une prise en compte des
objectifs d'aménagement du territoire par les établissements, organismes et
entreprises publics dans leur mission de service public. Cet article 29
instituait aussi, de fait, un mécanisme de régulation, permettant d'accompagner
la modernisation, c'est-à-dire la réorganisation - suppression, des services
publics délivrés par ces établissements.
Ce dispositif avait été conçu notamment dans la perspective d'une sortie du
moratoire, qui, M. le rapporteur ne l'a pas souligné, concernait exclusivement
les communes de moins de 2 000 habitants, et non les bourgs centre et les
petites villes.
Le dispositif prévu n'a pas bien fonctionné. En effet, si dans la plupart des
départements les commissions départementales ont été installées et si elles
ont, conformément aux instructions reçues, achevé l'analyse des besoins des
usagers, seulement une vingtaine de départements ont arrêté la totalité de leur
schéma.
Le dispositif de sortie du moratoire n'a pas pu être mis en oeuvre. En effet,
les 400 établissements visés n'ont pas tous, loin s'en faut, vocation à signer
un contrat de plan ou de service public. Trois contrats ont été signés : EDF,
Gaz de France et, plus récemment, La Poste. Par ailleurs, le décret
d'application de l'article n'a jamais pu être publié, les projets de décret
ayant tous été rejetés par le Conseil d'Etat car ils ne répondaient pas à la
définition qui en était donnée dans la loi.
Le dispositif qui vous est soumis permet de sortir d'une situation de blocage
qui ne pouvait servir éternellement de politique. Il offre toutes les garanties
pour que l'évolution nécessaire des services publics sur le territoire ne se
fasse pas au détriment des zones les plus fragiles. Encore faut-il que nous
acceptions de prendre en compte l'évolution des besoins de nos concitoyens, la
modification de leur comportement et les évolutions technologiques qui sont en
mesure d'offrir des solutions nouvelles à la satisfaction de ces besoins.
Je vous propose de compléter le dispositif pour que nous disposions d'un
véritable système de régulation de la réorganisation des services.
La suppression du décret d'application pour l'article 29 rend immédiatement
applicable le dispositif prévu pour les entreprises, organismes et
établissements sous contrats.
Est prévue la « transcription » dans la loi des décisions prises par le
Gouvernement lors du CIADT, avec extension du dispositif aux établissements,
organismes et entreprises qui ne signeront pas de contrat ou qui ne
disposeraient pas de cahier des charges approuvé par décret.
Enfin, la modification du décret du 10 mai 1982 permet de soumettre les
décisions des administrations au contrôle du représentant de l'Etat dans le
département.
Je ne m'appesantirai pas sur la modernisation des « terminaux de l'Etat »,
avec la concrétisation du principe de la polyvalence dans les maisons de
services publics, et sur la possibilité donnée aux collectivités locales d'agir
de façon renouvelée dans l'organisation de ces services. Je ne répéterai pas en
cet instant l'intervention que j'ai faite ici même au mois de décembre dernier
et au cours de laquelle j'avais repris à mon compte une partie des remarques
que vous aviez formulées sur la nécessité de ne pas transférer des charges sur
de petites collectivités qui auraient eu à payer pour des services qui sont
garantis dans des zones plus favorisées.
J'en viens à l'amendement n° 188 rectifié de M. Vasselle.
Il me semblait que le plan d'organisation était, par son principe même,
pluriannuel. Une durée de trois ans permet à la fois une certaine anticipation
et une appréhension réaliste des évolutions en cours. Sur ce point, je m'en
remets à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 188 rectifié, accepté par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 294, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent, dans le quatrième alinéa de
l'article 22, de remplacer le mot : « fait » par les mots : « doit faire ».
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam.
Cet amendement vise, d'une certaine façon, à expliciter l'orientation que nous
avons souhaité imprimer à l'ensemble des amendements que nous avons présentés
sur l'article 22.
La procédure de mise en oeuvre du service public se place sous une double
orientation : d'une part, une démarche contractuelle entre l'Etat et les
exploitants ou organismes de missions de service public, qui, compte tenu des
impératifs de qualité de service, d'égal accès au service et de péréquation
tarifaire, tend à faciliter la mise en oeuvre de ces missions ; d'autre part,
les maisons de services publics, qui sont également créées en relation avec les
collectivités locales, à travers des objectifs quantifiables, appréciés tant
par les élus que par la commission départementale d'organisation et de
modernisation des services publics.
Cependant, compte tenu de la rédaction actuelle de cet alinéa de l'article, on
peut se demander si un certain nombre d'entorses ne pourront pas être faites
aux principes qui ont été ainsi définis par la loi, sans que les élus locaux
soient nécessairement associés à toute la démarche de réorganisation.
Notre amendement vise donc à rendre impérative la consultation de la
commission départementale dans les cas d'espèce où se produiraient de telles
remises en cause de l'organisation des services publics.
Tel est le sens de cet amendement que je vous invite à adopter, mes chers
collègues.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Cette question des études d'impact recoupe des préoccupations
de la commission spéciale et a fait l'objet de débats au sein de cette
dernière. Nous verrons aussi, tout à l'heure, à travers d'autres amendements,
les possibilités de recours.
La commission est favorable au caractère systématique de l'étude d'impact,
caractère renforcé par l'adjonction du mot « doit ».
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Le
Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Je rappelle le caractère impératif du présent de l'indicatif : dire que
l'étude d'impact « est » systématique signifie qu'elle doit l'être.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 294, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 189 rectifié, M. Vasselle propose, après les mots : « fait
l'objet d'une », de rédiger comme suit la fin du deuxième alinéa du texte
présenté par le paragraphe I
bis
de cet article pour le II de l'article
29 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 : « consultation préalable des
collectivités territoriales sur le territoire desquelles se trouve
l'implantation des services ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Monsieur le rapporteur, je vais vous compliquer la tâche et vous demande par
avance de m'en excuser.
L'amendement n° 189, avant toute rectification, visait à ce que tout projet de
disparition ou de fermeture d'un service non conforme au plan fasse l'objet
d'une concertation préalable avec les collectivités locales suivie d'un avis
conforme de la commune et du conseil général.
Lors de l'examen de cet amendement par la commission spéciale, les membres de
cette dernière ont à l'unanimité conditionné l'adoption de cet amendement à une
seule rectification : que l'avis soit simple et non pas conforme.
Or, l'amendement n° 189 rectifié qui a été distribué comporte une erreur, dans
la mesure où a été omise la dernière phrase de mon amendement initial, phrase
qui faisait référence à l'étude d'impact.
Je souhaite donc rectifier
bis
mon amendement n° 189 rectifié pour en
revenir à la rédaction initiale à l'exception du mot « conforme », rédaction
qui a fait l'objet d'un avis favorable de la commission spéciale.
Le texte de cet amendement est donc le suivant : « concertation préalable avec
les collectivités territoriales sur le territoire desquelles se trouve
l'implantation des services. L'avis de la commune et du conseil général doit
être requis après réalisation d'une étude d'impact. »
Cette rédaction permet de reprendre les termes de la loi qui fait référence à
l'étude d'impact et de s'assurer que l'avis des collectivités sera pris à la
fois avant toute décision de fermeture et au moment de la réalisation de
l'étude d'impact.
M. le président.
Ce sera donc l'amendement n° 189 rectifié
bis
.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
La commission, au sein de laquelle s'est engagé un débat
important sur cette question, a estimé, peut-être un peu vite, que la mention
de la consultation était nécessaire. En fait, on peut considérer cette mesure
comme satisfaite puisque le texte actuellement en vigueur stipule que « les
conseils municipaux des communes concernées, les conseils des groupements de
communes concernés et les conseillers généraux des cantons concernés sont
consultés lors de l'élaboration de l'étude d'impact. »
M. Vasselle nous propose qu'une nouvelle consultation intervienne après
l'étude d'impact. La commission émet donc un avis de sagesse favorable sur
l'amendement n° 189 rectifié
bis.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
Vasselle, je suis maintenant un peu moins inquiète que je ne l'étais au vu de
l'amendement n° 189 rectifié ! En effet, la démarche proposée par le
Gouvernement est une démarche de réelle concertation locale et de prise en
compte approfondie des spécificités et des besoins du territoire concerné.
La procédure d'étude d'impact ne comprend pas seulement une vague note rédigée
par un service d'Etat ; elle comporte une analyse détaillée de l'état du
service rendu, une analyse des effets directs et indirects de la réorganisation
projetée, pas seulement pour le service mais également pour les activités sur
le territoire, une analyse comparée des différentes solutions envisageables,
des mesures substitutives, des mesures de compensation.
C'est une démarche qui doit être menée en collaboration étroite avec les
collectivités territoriales concernées, les communes, les groupements de
communes, les conseillers généraux des cantons concernés.
C'est donc une procédure très complète qui permet d'apprécier les conditions
d'accès au service et l'impact sur l'économie locale induit par un projet de
réorganisation ou de suppression.
Vous l'aurez compris, votre proposition initiale, qui prévoyait la simple
consultation des collectivités locales, me paraissait insuffisante par rapport
à ce dispositif complet. S'il s'agit, dans votre amendement n° 189 rectifié
bis
, de préciser que l'avis de la commune et du conseil général doit
être à nouveau sollicité après l'étude d'impact, je n'y vois pas
d'inconvénient, bien que ce dispositif soit extrêmement lourd et précis. Le
Gouvernement s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. Philippe François.
Une sagesse positive, j'espère !
M. le président.
Avant de passer au vote, je vais donner lecture de la rédaction proposée par
M. Vasselle pour la fin du deuxième alinéa du texte proposé par le paragraphe I
bis
de l'article 22 pour le II de l'article 29 de la loi n° 95-115 du 4
février 1995 : « concertation préalable avec les collectivités territoriales
sur le territoire desquelles se trouve l'implantation des services. L'avis de
la commune et du conseil général doit être requis après réalisation d'une étude
d'impact. »
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le président, pourriez-vous donner lecture de tout le deuxième alinéa, tel
qu'il serait rédigé si l'amendement n° 189 rectifié
bis
était adopté ?
Je ne suis pas persuadée, en effet, que cette rédaction soit cohérente.
M. le président.
Cette rédaction serait la suivante, madame le ministre :
« Toute décision de réorganisation ou de suppression d'un service aux usagers
non conforme aux objectifs fixés dans le plan global, intercommunal et
pluriannuel, d'organisation mentionné doit faire l'objet d'une concertation
préalable avec les collectivités territoriales sur le territoire desquelles se
trouve l'implantation des services. L'avis de la commune et du conseil général
doit être requis après réalisation d'une étude d'impact. »
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le président, il me semble que l'idée-force de cet alinéa est bien l'étude
d'impact. Or, le fait de préciser qu'à tous les stades - avant l'étude d'impact
et après celle-ci - les conseils généraux et les maires des communes sont
associés et consultés affaiblit singulièrement l'idée-force, qui est cette
démarche d'étude d'impact avec une évaluation de l'ensemble des impacts. Dans
la rédaction qui résulterait de l'adoption de l'amendement n° 189 rectifié
bis,
l'étude d'impact n'apparaît que comme une conséquence marginale de
la consultation des conseils généraux et des maires.
Par conséquent, si la formulation devait rester en l'état, le Gouvernement
émettrait alors un avis défavorable.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je précise que l'amendement n° 189 rectifié
bis
prévoit tout d'abord une consultation lors de l'élaboration de l'étude
d'impact ; puis, après la réalisation de l'étude d'impact, l'avis de la commune
et du conseil général est requis. C'est pourquoi la sagesse de la commission
est de plus en plus favorable, monsieur le président.
M. Alain Vasselle.
Tout à fait !
Merci, monsieur le rapporteur !
M. le président.
Monsieur le rapporteur, l'étude d'impact n'est-elle pas d'abord l'objet d'une
concertation ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Si, monsieur le président, mais cela ne change pas le texte
!
M. le président.
Si ! L'amendement n° 294 de M. Le Cam portait sur l'étude d'impact. Et
l'amendement n° 189 rectifié
bis
de M. Vasselle a pour objet la
concertation préalable, suivie d'une étude d'impact.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il y a une double concertation !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 189 rectifié
bis,
repoussé par le
Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Il conviendra de veiller à la rédaction finale...
Par amendement n° 312, MM. Bellanger, Piras et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le I
bis
de
l'article 22, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« Le même article est complété par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« Les procédures définies aux deuxième, troisième et quatrième alinéas du I
sont applicables dès lors qu'il est envisagé simultanément la suppression de
plus d'un service public sur le territoire d'une même commune, de services
publics dans plusieurs communes d'un groupement, ou dès lors que la suppression
d'un service public est envisagée simultanément dans au moins deux communes
limitrophes. »
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Les mesures proposées par ce texte, par le projet de loi relatif aux droits
des citoyens dans leurs relations avec l'administration ainsi que celles qui
ont été décidées lors du CIADT du 15 décembre dernier constituent, sans aucun
doute, une avancée pour moderniser nos services publics et pour répondre aux
attentes des usagers.
Nous nous félicitons en particulier de constater que le Gouvernement s'est
préoccupé de la question de la présence des services publics sur l'ensemble du
territoire, ce qui n'avait pas été le cas jusqu'alors. Nous croyons que le
moratoire sur la fermeture des services publics décidé en 1993 n'a pas toujours
été à la hauteur des attentes de nos concitoyens.
Tout d'abord, ce moratoire a été partiellement factice : chacun sait qu'il a
été transgressé, du fait notamment de l'autonomie de gestion des entreprises
publiques ; par ailleurs, il ne concernait que les zones rurales, laissant de
côté la question de la présence des services publics dans les quartiers en
difficulté.
Nous nous félicitons aussi de voir que le Gouvernement a décidé de s'attaquer
à la nature et donc à la qualité des services rendus aux usagers. Je pense plus
particulièrement à la reconnaissance législative des maisons de services
publics, ou encore aux mesures permettant l'accès aux services administratifs
par les technologies de l'information.
S'agisssant de la présence des services publics sur le territoire, le projet
de loi prévoit un mécanisme de régulation transparent et démocratique en cas de
projets de réorganisation ou de suppression d'un service public contraires aux
objectifs d'aménagement du territoire fixés par les contrats de plan, cahiers
des charges ou projets globaux des entreprises ou organismes publics. Ce
système repose sur une étude d'impact, une large concertation sur le plan
local, un pouvoir suspensif du préfet en cas de désaccord entre les différentes
parties concernées.
Je note cependant que ce système ne couvre pas tous les services publics, et
notamment pas les services dits « régaliens ». Mais sur ce point, vous avez
annoncé, madame la ministre, une modification prochaine du décret du 10 mai
1982.
Je note aussi qu'il ne couvre pas non plus les cas où il est envisagé de
supprimer, simultanément, plusieurs services publics sur un même territoire,
indépendamment du statut juridique de ces services publics. Pourtant, ces
projets de suppression de plusieurs services publics, par exemple un bureau de
poste et une gendarmerie ou un commissariat de police sur un même territoire,
peuvent bien souvent avoir des conséquences dramatiques, en termes sociaux et
économiques, sur le plan local.
Lors du CIADT du 15 décembre dernier, le Gouvernement a décidé de prendre en
considération ce type de situation. Il a notamment insisté sur la nécessité,
pour les pouvoirs publics, d'avoir une meilleure vision d'ensemble de ce qui se
fait ou se prépare en matière de carte des services publics.
Cet amendement tend donc à donner une valeur législative à cet engagement. Il
propose l'application du dispositif décrit précédemment dans trois cas :
suppression simultanée de plus d'un service public sur le territoire d'une même
commune, comme l'a déjà proposé le CIADT du 15 décembre ; suppression
simultanée d'un service public dans au moins deux communes limitrophes ;
suppression simultanée de services publics dans plusieurs communes d'un même
groupement de communes.
Ces deux derniers cas n'ont pas été envisagés lors du CIADT traitant des
services publics. Ils tiennent compte de la nécessité de penser l'aménagement
du territoire au-delà du périmètre de la commune, sur un territoire cohérent,
plus large, parce qu'il est souvent un territoire de projet.
Cet amendement, nous l'avons conçu comme un dispositif d'alerte, une mesure de
dissuasion, pour obliger les différentes administrations, les différents
ministères à travailler ensemble, à veiller à la cohérence de leurs décisions
et pour que chaque ministère suive d'un peu plus près les décisions que
prennent les entreprises publiques qui sont sous leur tutelle.
Il n'a pas pour objet de figer toute réorganisation de services publics sur le
territoire. Nous ne sommes pas favorables au
statu quo.
Ce que nous
voulons, c'est de la cohérence et de la concertation pour mieux répondre aux
besoins des populations.
M. Gérard Delfau.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je l'évoquais tout à l'heure, les procédures de recours en
cas de fermeture d'un service public assuré par un établissement public ou par
une entreprise publique ont fait partie des préoccupations que nous avons
partagées les uns et les autres au cours des travaux préparatoires de la
commission spéciale, notamment lorsqu'il y a cumul de suppressions de services
publics.
Cette procédure repose sur trois principes.
Tout d'abord, la suppression envisagée d'un service public déclenche une étude
d'impact accompagnée d'une consultation des collectivités territoriales. A cet
égard, nous devrons sans doute examiner d'un peu plus près la rédaction que
nous avons adoptée à l'instant, même si l'esprit doit en être préservé
scrupuleusement.
Ensuite, l'étude d'impact est communiquée au représentant de l'Etat, qui peut
demander des mesures d'accompagnement.
Enfin, en cas de désaccord entre l'organisme assurant le service public et le
représentant de l'Etat, celui-ci peut saisir le ministre de tutelle pour
arbitrage, principe que nous avions d'ailleurs prévu dans la loi Pasqua.
Cette procédure pourrait s'appliquer dans trois cas : lorsque plusieurs
services publics sont supprimés simultanément sur le territoire d'une même
commune, lorsqu'un service public est supprimé simultanément dans au moins deux
communes limitrophes, lorsque plusieurs services publics sont supprimés dans
plusieurs communes d'un même groupement de communes.
Si l'amendement n° 312 présente une certaine complexité, les arguments
techniques doivent en l'espèce céder le pas, nous semble-t-il, à la nécessité
politique d'encadrer strictement l'éventuelle suppression ou l'éventuel
redéploiement d'un service public, notamment dans le secteur rural, mais aussi
dans certains secteurs urbains connaissant de grandes difficultés.
Ce dispositif représente, aux yeux de la commission spéciale, une arme
dissuasive contre d'éventuelles tentations d'abandon du territoire, qu'il soit
urbain ou rural.
Nous sommes donc favorables à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
Bellanger, la démarche que vous proposez me paraît extrêmement intéressante.
Toutefois, nous étions convenus, lors du CIADT du 15 décembre dernier, qu'elle
devrait être menée dans les zones de revitalisation rurale. Il est ainsi
précisé, à l'article 26 du projet de loi, que ces zones constituent le
territoire de référence pour l'organisation des services rendus aux usagers.
Cela dit, la démarche que vous proposez est une démarche de bon sens et
appelle de la part du Gouvernement un peu plus qu'une sagesse favorable : je
suis favorable à cet amendement. (Très bien ! sur les travées socialistes.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 312, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 318 rectifié
bis
, M. Domeizel et les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le paragraphe I
bis
de l'article 22, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Afin de favoriser le développement des maisons de services publics ou
lorsque des collectivités territoriales apportent par convention leur concours
au fonctionnement de services publics, l'Etat rembourse aux collectivités
territoriales concernées tout ou partie des rémunérations et des charges
directes ou indirectes liées à la mise à disposition de personnels et de
locaux, dès lors que ces services publics sont situés dans des zones de
revitalisation rurale ou dans des zones urbaines sensibles, telles que définies
à l'article 42 de la présente loi. »
La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel.
La présence des services publics sur les territoires en difficulté, qu'ils
soient ruraux ou urbains, constitue un impératif tout à la fois économique et
social.
L'implication des collectivités locales, si elle est nécessaire, notamment
pour permettre la création de maisons de services publics ou le maintien d'un
service public grâce à la mise à disposition de locaux ou de personnels, ne
doit pas conduire à un désengagement de l'Etat de ces zones qui, souvent,
cumulent les handicaps.
Je note avec satisfaction que M. Zuccarelli s'est engagé à ce que la mise en
place des maisons de services publics ne se traduise pas, pour les
collectivités locales, par des coûts supplémentaires et je vous remercie,
madame la ministre, d'avoir rappelé cet engagement la semaine dernière, en
réponse à différents orateurs dans la discussion générale. Mais, vous le savez,
deux précautions valent mieux qu'une ! D'où cet amendement.
C'est ainsi que nous proposons d'ouvrir la possibilité d'un remboursement par
l'Etat de tout ou partie des charges entraînées par la mise à disposition de
personnels ou de locaux par des collectivités locales, soit pour mettre en
place une maison de service public, soit tout simplement pour permettre le
fonctionnement d'un service public.
Je pense tout particulièrement aux agences postales communales, tant il est
difficile de maintenir sur l'ensemble du territoire un bon maillage postal,
très coûteux pour La Poste. M. le rapporteur ne me démentira pas, puisqu'il en
a estimé le coût à 3,2 milliards de francs par an dans un rapport qu'il a
publié sur ce sujet en octobre 1997.
Je sais par ailleurs que La Poste à l'obligation, aux termes de la loi du 2
juillet 1990, d'équilibrer ses comptes.
De ces deux constats je tire un troisième : le maintien de La Poste, notamment
dans les petites communes, est lié à l'engagement financier des collectivités
locales.
Vous le comprendrez, je ne fais pas partie de ceux qui considèrent qu'il
appartient à l'Etat de prendre en charge dans sa totalité le coût de la
présence de ces services publics, mais je ne suis pas non plus favorable au
statu quo
et j'approuve tout à fait le dispositif mis en place par le
contrat de plan pour définir les conditions de la présence postale sur le
territoire.
En défendant cet amendement, je veux simplement poser un principe : il faut
que chaque acteur soit pleinement responsable. Les élus locaux, en partenariat
avec les organismes publics, doivent mettre en oeuvre des solutions innovantes
en vue de maintenir la présence des services publics, mais je considère aussi
que l'Etat doit être le garant de l'intérêt général et que ses décisions
doivent concourir à un développement durable et solidaire des territoires.
Je crois que le dispositif que nous proposons est raisonnable. Il est encadré,
puisqu'il est applicable dans les seules zones de revitalisation rurale et dans
les zones urbaines sensibles, et le remboursement peut être partiel.
Cet amendement va aussi dans le sens de ce que souhaite le Gouvernement,
puisque nous y encourageons la création de maisons de services publics.
Concertation, contractualisation et compensation, c'est en ces termes que le
Gouvernement a défini sa ligne d'action en matière de services publics lors du
CIADT du 15 décembre dernier. Je pense que cet amendement s'inscrit absolument
dans cette démarche !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Répondant tout à l'heure à notre collègue M. Vasselle,
j'évoquais le principe selon lequel les collectivités locales ne doivent pas
être appelées à compenser financièrement le maintien des services publics sur
le territoire.
La commission spéciale est favorable au présent amendement, sous réserve d'une
modification rédactionnelle tendant à rétablir une cohérence avec le projet de
loi de M. Zuccarelli et avec notre propre amendement n° 69 rectifié, qui sera
appelé tout à l'heure, et qui vise à substituer la notion de maison « des »
services publics, figurant dans le projet de loi de M. Zuccarelli, à la notion
de maison « de » services publics.
Je tiens à ce que chacun mesure bien le coût du seul service postal sur le
territoire et l'incapacité pour les collectivités locales de le compenser : il
est compris entre 3 et 4 milliards de francs. Pour 1997, la coût de cette
participation à l'aménagement du territoire, à la fois urbain et rural, s'élève
ainsi à 3,7 milliards de francs.
Je rappelle que le service financier de La Poste, notamment dans les
territoires urbains en difficulté, coûte à cette dernière entre 300 et 600
millions de francs. La Poste est en effet l'unique guichet bancaire pour les
plus démunis, et ceux qui n'ont plus d'autre accès à ce genre de service le
trouvent grâce à La Poste.
Cette mission tout à fait essentielle doit être soulignée, car la
préoccupation d'aménagement du territoire et de maintien du service public est
aussi bien urbaine que rurale. Mais il faut en mesurer le coût, qu'il est
impossible de faire assumer, par une sorte de transfert déguisé, par les
collectivités les plus démunies, celles qui connaissent le plus de difficultés
étant celles qui devraient compenser. Ce serait une discrimination négative qui
irait à l'inverse de notre démarche d'aménagement et de développement du
territoire.
Voilà pourquoi, sous réserve de sa rectification, nous émettons un avis
favorable à l'amendement qu'a défendu M. Domeizel.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Cela concerne aussi le terroir urbain...
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
... et paysager !
(Sourires.)
M. le président.
Monsieur Domeizel, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens
que suggère M. le rapporteur ?
M. Claude Domeizel.
Bien sûr, monsieur le président !
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 318 rectifié
ter.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Nous
entamons là une série d'amendements consacrés à un véritable problème, celui de
la compensation.
Vous l'aurez compris, le Gouvernement a souhaité ici mettre en place et
accompagner une démarche de modernisation des services publics qui ne se
traduise pas par la résignation à des restructurations et à des suppressions de
services, mais qui permette d'améliorer la qualité des services rendus aux
usagers, qu'ils soient quotidiens ou plus spécifiques.
Il a également souhaité accompagner le développement de nouvelles pratiques et
de nouveaux métiers pour répondre à de nouveaux besoins exprimés par les
citoyens et il a enfin souhaité que les services publics contribuent comme ils
le doivent à la qualification de tous les territoires dans leur spécificité.
L'article 22, amendé de façon significative par l'Assemblée nationale, propose
à cette fin un double mécanisme : parfaire les dispositifs de planification
territoriale que doivent élaborer les établissements et organismes publics
ainsi que les entreprises nationales chargées d'un service public, et instituer
une procédure conventionnelle susceptible d'offrir aux différents acteurs
locaux un cadre souple, propre à la modernisation et à l'innovation en matière
de services publics.
La procédure conventionnelle s'impose. Gage de souplesse et d'efficacité, elle
est particulièrement adaptée à la diversité des situations locales, que ce soit
au regard de la pertinence du cadre géographique, des missions à remplir ou
encore des conditions d'exercice par les personnels. En raison de l'échelle
considérée - il est ici traité d'une échelle très locale - et des nécessaires
ajustements locaux pour les questions de services aux usagers, rien n'est
possible sans l'initiative des acteurs concernés et sans l'élaboration de
projets de développement avec eux et à leur service.
C'est pourquoi il ne me semble pas possible d'introduire un mécanisme
financier ou fiscal automatique tel que le proposent une série
d'amendements.
L'Etat ne peut afficher
a priori
des compensations dans le cadre de
conventions auxquelles il n'est pas nécessairement partie prenante, d'autant
que certaines sont déjà encadrées par des dispositifs originaux au sein des
contrats de services publics.
Vous avez, l'un et l'autre, monsieur Domeizel, monsieur le rapporteur, donné
l'exemple de La Poste, et ce n'est pas par hasard. Il serait relativement
déraisonnable que l'Etat prenne l'engagement de compenser, quoi qu'il arrive,
les conséquences des décisions prises de façon unilatérale par La Poste ou par
des acteurs locaux.
L'intervention peut comporter une dimension financière, mais elle ne se réduit
pas à cela. Elle doit consister en une stratégie d'accompagnement d'ensemble,
telle que l'a bien décrite, notamment, le dernier comité interministériel
d'aménagement du territoire du 15 décembre 1998 : interventions du fonds
national d'aménagement et de développement du territoire, le FNADT, crédits
d'aide au logement pour gérer la désaffection d'une emprise publique,
enveloppes spécifiques déléguées aux préfets pour favoriser l'installation dans
les anciens locaux de nouvelles activités économiques, etc.
On n'est donc pas seulement en train de réfléchir à la façon de rendre le
service après une restructuration ou une suppression ; on appréhende l'ensemble
des effets de la restructuration sur le territoire concerné, parmi lesquels
figurent, bien évidemment, les conditions dans lesquelles sera rendu le
service.
Je tiens à ce que ces questions fassent l'objet d'un traitement tout à fait
spécifique dans le cadre des prochains contrats de plan Etat-régions, au sein
du volet territorial.
S'agissant de l'amendement n° 318 rectifié
ter
, il me semble difficile
de retenir un dispositif législatif qui conduirait à un système de
remboursement automatique pour une participation que les collectivités
détermineraient librement.
S'il est nécessaire de rappeler que c'est à l'Etat d'accompagner ces démarches
de modernisation et de qualification territoriale, la procédure doit être
contractuelle et associer l'Etat, l'établissement public concerné et les
collectivités, selon des modalités qui tiendront compte des spécificités du
territoire concerné.
Par conséquent, malgré l'intérêt de la problématique traitée, le Gouvernement
émet un avis défavorable sur l'amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 318 rectifié
ter
.
M. Gérard Delfau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau.
Nous abordons là, effectivement, un sujet difficile.
S'agissant de La Poste, voilà à peu près vingt ans que les élus locaux
s'évertuent - parfois sans y parvenir - à refuser des transferts de charges,
transferts de charges qui atteignent d'ailleurs les communes les plus petites,
s'agissant tout particulièrement des agences postales c'est-à-dire celles qui,
en règle générale, sont sans ressources.
On aboutit à ce paradoxe que j'ai souvent déconcé : si l'on habite une
capitale, nationale ou régionale, La Poste fournit les équipements et les
agents de la fonction publique ; si l'on habite une commune moyenne, La Poste
fait financer pour partie les équipements contre un loyer plus ou moins
important, mais elle fournit les agents ; et si l'on habite dans une petite
commune, c'est le contribuable local qui doit payer et l'équipement et, d'une
certaine façon, au moins pour partie, l'agent.
C'est là une inégalité choquante dont le Parlement, et tout particulièrement
le Sénat, s'est souvent saisi et que nous n'avons jamais pu remettre en
question.
Pour que les choses soient bien claires, je répéterai, après l'avoir dit en
d'autres lieux, que ce n'est pas le contrat de plan signé l'an passé entre
l'Etat et La Poste qui peut donner à cette dernière les moyens de mettre fin à
cette situation.
Après avoir énoncé le problème, j'en viens à la question de fond en ce qui
concerne, pour l'instant, La Poste, me réservant d'en terminer sur l'équilibre
général de l'article et de l'amendement.
Comme l'a dit notre collègue Claude Dumeizel en présentant l'amendement, nous
sommes, aujourd'hui, tout particulièrement, confrontés à une contradiction : il
faut mettre fin à l'inégalité choquante entre les communes que j'évoquais voilà
un instant et, dans le même temps, permettre à La Poste d'équilibrer ses
charges puisque, depuis 1990, elle le doit. Et tout cela dans un contexte qui
n'a pas encore été évoqué dans cette assemblée, qui devrait pourtant nous
préoccuper et qui est le suivant.
Il y a eu, ces trois ou quatre dernières années - M. le rapporteur le sait
bien - des concentrations et des rachats très importants de postes, notamment
européennes.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Absolument !
M. Gérard Delfau.
Pour mémoire, la poste allemande a consacré, en 1998, entre 30 et 60 milliards
de francs à des rachats, y compris d'opérateurs privés français.
La poste néerlandaise, privatisée, vous le savez, a commencé voilà déjà cinq
ou six ans. Il semble - on ne sait pas exactement - qu'elle ait consacré entre
10 et 20 milliards de francs à des rachats.
Le plus étonnant est la position de la Grande-Bretagne. Le gouvernement
britannique a en effet annoncé - je dis bien « annoncé » - qu'il allait mettre
10 milliards de francs à la disposition de
Royal Mail.
Comme s'il n'y
avait pas d'autorité à Bruxelles ! Car aucun commissaire européen ne s'en est
offusqué.
M. Philippe François.
Très juste !
M. Gérard Delfau.
Dans le même temps, je rappelle pour que l'on voie bien la gravité de la
situation, que La Poste est autorisée, cette année, à investir, sur ses fonds
propres, 4,4 milliards de francs.
En fait, les gouvernements successifs n'ont pas pris leurs responsabilités. De
ce point de vue, en son temps, j'avais eu le courage de dénoncer la décision
deM. Balladur concernant le moratoire, en disant que c'était une mauvaise
décision, qui ne pouvait que figer la situation et différer les problèmes.
Et parce que ces responsabilités n'ont pas été prises, apparaît aujourd'hui le
risque de la fin des services réservés. Même si ce n'est pas joué - la
Commission européenne a cela dans ses projets, et la directive lui en donne la
possibilité - il y aura la pression des autres opérateurs postaux, publics ou
privés, notamment européens.
Bien évidemment - c'est là que je voulais en venir - La Poste est donc
normalement tentée de transférer une partie de son coût sur les collectivités
locales, et ce, finalement, avec le consentement tacite et implicite des
pouvoirs publics.
M. le président.
Veuillez conclure, monsieur Delfau.
M. Gérard Delfau.
C'est la raison pour laquelle cet amendement, certes un peu couperet, qui, au
fond, préserve plus qu'il ne bâtit, reçoit en tout cas mon approbation.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 318 rectifié
ter,
accepté par la
commission et repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Mes chers collègues, compte tenu de l'heure, nous allons interrompre nos
travaux ; nous les reprendrons à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures cinquante-cinq, est reprise à
vingt-deux heures, sous la présidence de M. Jean Faure.)
PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président
M. le président.
La séance est reprise.
Nous poursuivons l'examen du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et
le développement durable du territoire.
J'informe le Sénat que la commission spéciale m'a fait connaître qu'elle a
d'ores et déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le
Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de
proposer un texte sur les dispositions du projet de loi restant en
discussion.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai
réglementaire.
Dans la discussion des articles nous en sommes parvenus, au sein de l'article
22, à l'examen de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 69 rectifié, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la
commission spéciale, proposent de rédiger comme suit le texte présenté par le
II de l'article 22 pour l'article 29-1 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
:
«
Art. 29-1.
- A défaut de conclusion d'une convention de maison des
services publics, après avis des collectivités locales concernées, et lorsque
cela est strictement nécessaire au maintien de son activité en milieu rural, un
établissement public ou tout autre organisme chargé d'une mission de service
public peut, par convention, mettre des moyens en commun avec une entreprise
afin d'assurer l'accessibilité et la qualité du service public sur le
territoire. »
Cet amendement est assorti de trois sous-amendements.
Les deux premiers sont présentés par Mme Bardou, MM. Althapé, Barnier, Besse,
Faure, Ferrand, Hérisson, Jarlier, Michel Mercier, Ostermann et Jourdain.
Le sous-amendement n° 221 rectifié tend à compléter le texte proposé par
l'amendement n° 69 rectifié pour l'article 29-1 de la loi n° 95-115 du 4
février 1995 par une phrase ainsi rédigée : « Dès lors qu'une commune située
dans une zone de revitalisation rurale et éligible à la seconde fraction de la
dotation de solidarité rurale apporte un tel concours, cet engagement est pris
en considération dans l'attribution de la dotation qui lui revient. »
Le sous-amendement n° 234 rectifié vise à compléter le texte proposé par
l'amendement n° 69 rectifié pour l'article 29-1 de la loi n° 95-115 du 4
février 1995, par une phrase ainsi rédigée : « La mise à disposition de
personnels par les collectivités locales peut donner lieu à la constitution de
groupements d'employeurs auxquels peuvent adhérer tout ou partie des organismes
parties à la convention. »
Le sous-amendement n° 326, présenté par M. Vasselle, a pour objet de compléter
le texte proposé par l'amendement n° 69 rectifié pour l'article 29-1 de la loi
n° 95-115 du 4 février 1995, par une phrase ainsi rédigée : « Concernant les
mises à disposition de personnels de la fonction publique auprès d'une
entreprise, l'activité de ces derniers s'exercera dans les conditions définies
à l'article 25, alinéa 1, de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 dont les
dispositions dérogatoires sont prévues par le décret du 29 octobre 1936. »
Par amendement n° 218 rectifié, MM. Oudin et Ostermann proposent, au début du
premier alinéa du texte présenté par le II de l'article 22 pour l'article 29-1
de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, d'ajouter les mots : « A condition de ne
pas porter atteinte au strict respect d'une concurrence loyale entre
entreprises publiques et privées et sans que les contrats induisent une charge
supplémentaire pour les collectivités locales et ».
Par amendement n° 295, M. Le Cam, Mme Beaudeau, M. Lefebvre et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le premier
alinéa du texte présenté par le II de l'article 22 pour l'article 29-1 de la
loi n° 95-115 du 4 février 1995, par la phrase suivante : « Ce dispositif ne
doit pas conduire à réduire les moyens publics mis en oeuvre, notamment en
emplois. »
Par amendement n° 190, MM. Braye et Emin proposent, au début de la seconde
phrase du troisième alinéa du II de l'article 22, après les mots : « Les
collectivités locales », d'insérer les mots : « ou leurs groupements ».
Par amendement n° 297, M. Le Cam, Mme Beaudeau et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent, au début de la première phrase du
troisième alinéa du texte présenté par le II de l'article 22 pour l'article
29-1 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après les mots : « La convention
intervient », d'insérer les mots : « après avis de la commission départementale
d'organisation et de modernisation des services publics ».
Par amendement n° 263, MM. Mouly et Joly proposent de rédiger comme suit le
début de la seconde phrase du dernier alinéa du texte présenté par le II de
l'article 22 pour l'article 29-1 de la loi du 4 février 1995 : « Dans le cadre
géographique du bassin de vie où seront exercées les activités en commun par
les parties, elle définit les missions... ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 69
rectifié.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
J'ai déjà évoqué le fond de cet amendement tout à l'heure.
Nous ne souhaitons pas porter atteinte à l'économie des dispositions réglant le
statut des maisons des services publics prévues dans le projet de loi relatif
aux droits des citoyens dans leurs relations avec l'administration.
Cet amendement permet à un établissement public, quand il n'est pas possible
de créer une maison des services publics, de mettre en commun des moyens avec
des entreprises privées pour assurer le maintien des services publics,
notamment postaux, en milieu rural.
Nous avons interrogé le secrétaire d'Etat chargé de l'industrie, des postes et
télécommunications sur ce sujet. Il ne s'agit pas de généraliser ce système,
car nous savons que cela peut poser un certain nombre de problèmes.
Quelques pays européens expérimentent déjà ce système et, de fait, dans notre
pays, en un certain nombre de lieux, des « multiples-ruraux », notamment, se
sont vu confier des responsabilités en l'absence d'autre solution.
C'est donc après avoir épuisé toutes les autres solutions qu'un établissement
public pourra, par convention, mettre des moyens en commun avec une entreprise
afin d'assurer l'accessibilité et la qualité du service public sur le
territoire.
Nous avons volontairement fait figurer dans le texte les mots « accessibilité
» et « qualité » ; l'accessibilité, c'est la garantie que le service public
existe sur le territoire ; la qualité signifie qu'il ne peut pas s'agir d'un
service public au rabais.
La mise en oeuvre de cette procédure est strictement encadrée puisque nous
précisions dans notre texte : « lorsque cela est strictement nécessaire au
maintien de son activité en milieu rural... » et : « à défaut de conclusion
d'une convention des maisons de services publics ».
Il y a des réalités vécues sur le terrain. Il est parfois difficile
psychologiquement d'appréhender un tel texte, mais le Sénat est aussi une
assemblée pragmatique, qui doit prendre en compte les réalités du territoire
telles qu'elles sont.
M. le président.
La parole est à Mme Bardou, pour défendre les sous-amendements n°s 221
rectifié et 234 rectifié.
Mme Janine Bardou.
Le sous-amendement n° 221 rectifié vise à contribuer à la réussite de la
politique de contractualisation relative au développement des maisons des
services publics sur l'ensemble du territoire, et notamment dans les zones
rurales les plus défavorisées.
En effet, la possibilité juridique pour les collectivités d'apporter leur
concours ne peut être effective que si ces dernières disposent de moyens
a
minima
pour y prétendre. A cet égard, le territoire national n'est pas
uniforme et les zones de revitalisation rurales sont précisément celles où les
collectivités locales disposent des potentiels fiscaux les plus faibles.
Dans la mesure où l'engagement d'une commune dans la contractualisation de
type maison des services publics est susceptible d'être une charge récurrente,
il importe d'identifier la bonification de dotation de fonctionnement à même de
servir de vecteur. Cette dotation apparaît être la fraction péréquation de la
dotation de solidarité rurale, ce qui serait le mieux adapté.
La mise en oeuvre concrète des modalités de la modification nécessaire de
l'article L. 2334-22 du code général des collectivités territoriales
interviendra à cet effet dans le cadre de la loi relative au renforcement et à
la simplification de la coopération intercommunale. Il s'agit donc également
d'un sous-amendement de compensation, comme l'a indiqué tout à l'heure Mme la
ministre.
Quant au sous amendement n° 234 rectifié, son objet est un peu différent. Il
vise à autoriser, dans le cadre des conventions de maison des services publics,
la création entre les organismes signataires de groupements d'employeurs.
Cela permettrait notamment aux collectivités qui ne disposent pas des moyens
de financer totalement la mise à disposition des personnels nécessaires au
fonctionnement d'une maison de services publics d'en partager la charge
salariale, ou bien de transformer en poste à travail complet des emplois à
temps partiel utilisés dans ce cadre.
Cette formule innovante pourrait également être un moyen d'expérimenter, dans
certaines situations, la mixité public-privé des groupements d'employeurs, en
cas de participation de personnes morales de droit privé à la convention.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 326.
M. Alain Vasselle.
Ce sous-amendement a pour objet de préciser les conditions dans lesquelles
s'appliqueront les dispositions de l'article 29-1 de la loi du 4 février 1995
tel qu'il a été rédigé sur l'initiative de nos trois rapporteurs, MM. Larcher,
Belot et Revet, au nom de la commission spéciale.
Je tiens d'abord à me féliciter de cette heureuse initiative de la commission
spéciale et de son rapporteur, M. Larcher, car il existe effectivement sur
l'ensemble du territoire des lieux relativement retirés où il n'est pas évident
d'obtenir, d'une manière pérenne, le maintien du service public.
On a fait référence tout à l'heure, à l'occasion de l'examen de divers
amendements, à la nécessité de maintenir notamment le service postal. On voit
souvent La Poste se transformer en agence postale et, une fois cette
transformation opérée, il arrive un moment où la fréquentation conduit la
direction, considérant que l'agence postale n'a plus de raison d'être, à
envisager sa suppression. A partir de là, il n'y a plus aucune solution de
substitution.
La maison des services publics est l'une des réponses.
Mais il est des cas de figure dans lesquels la maison des services publics ne
pourra pas se constituer. Il faudra bien faire face à cette hypothèse.
Tel est l'objet de l'amendement de la commission, qui précise qu'« à défaut de
conclusion d'une convention de maison des services publics, après avis des
collectivités locales concernées, et lorsque cela est strictement nécessaire »
- le service public sur le plan local doit être absolument vital pour ce
territoire - « au maintien de son activité en milieu rural, un établissement
public peut, par convention, mettre des moyens en commun avec une entreprise »
- entreprise de statut privé - « afin d'assurer l'accessibilité et la qualité
du service public sur le territoire ».
Le service public pourra donc être assuré par une entreprise privée, avec des
moyens mis en commun par l'établissement public et par l'entreprise privée. Les
moyens sont non seulement des moyens matériels, techniques, financiers, mais
également des moyens en personnel.
Or vous savez, mes chers collègues, que la loi sur la fonction publique
territoriale ne permet pas aujourd'hui, sauf cas dérogatoire prévu par décret -
article 25 de la loi -, à un agent de la fonction publique de cumuler une
activité dans le public avec une activité dans le privé.
Dans nos petites communes rurales, il arrive fréquemment que nos secrétaires
de mairie, qui exercent souvent un emploi à temps partiel, éprouvent les pires
difficultés pour arriver à un temps plein. Pour ce faire, il existe quelques
solutions dans le domaine public mais elle sont plus nombreuses dans le domaine
privé.
Les communes rurales rencontrent des difficultés pour recruter des agents à
temps partiel - j'ai moi-même été confronté à cette situation - alors que, en
autorisant le cumul, à temps partiel, d'un emploi dans le privé et d'un emploi
dans le public, on apporterait une réponse aux attentes des communes.
Mon souhait est donc de donner, dans le cadre de la convention conclue entre
un établissement public et une entreprise privée - celle-ci peut être un
commerce local, l'épicerie ou le « multiple-rural » du secteur - la possibilité
de bénéficier du concours de l'agent sans statut de la fonction publique,
territoriale ou d'Etat. Mais, pour cela, encore faut-il que le statut de la
fonction publique le lui permette. Le seul moyen d'y parvenir serait de
recourir à des dispositions dérogatoires telles qu'elles sont prévues par
l'article 35.
Il y a une question d'interprétation du texte. Certains disent que c'est non
pas à l'article 25 qu'il faut se référer, mais à un autre article, qui traite
des mises à disposition. Cependant, à l'analyse des textes, on constate que les
mises à disposition ne concernent que les établissements publics ou des
établissements privés qui ont une activité publique. Elles ne visent pas les
établissements à caractère privé.
Il faudrait donc une disposition législative, à tout le moins un décret qui
s'appuie sur des dispositions législatives, qui permette cette situation
dérogatoire au statut de la fonction publique, de même nature que l'amendement
que nous avons adopté ici, au Sénat, lors de l'examen du projet de loi
d'orientation agricole.
Je ne sais pas, d'ailleurs, quel sort a connu cet amendement à l'Assemblée
nationale.
Nous avions alors prévu qu'une personne qui exerce une activité agricole
puisse exercer en même temps une activité au profit d'une collectivité
locale.
C'est ni plus ni moins ce que je propose à travers mon sous-amendement.
Si sa rédaction actuelle n'est pas satisfaisante, je suis prêt à m'en remettre
aux suggestions de M. le rapporteur pour trouver une rédaction qui permette de
satisfaire les objectifs que je viens d'exposer.
M. le président.
L'amendement n° 218 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 295.
M. Gérard Le Cam.
L'amendement n° 295 porte sur une des questions fondamentales posées par
l'article 22 du projet de loi : la mise en place des maisons de services
publics doit-elle conduire à développer une sorte de fonction publique au petit
pied qui, avant même de répondre à un objectif de satisfaction des besoins de
la population, se positionne dans une démarche d'économie de moyens ?
On pourra toujours nous rétorquer que l'économie est destinée précisément à
gérer la rareté. Mais force est de constater d'abord qu'il nous semble
aujourd'hui déterminant de permettre qu'une relation véritablement citoyenne
s'instaure entre les populations et les services publics, une relation qui
rende palpable la démarche publique à chacun des habitants de notre pays.
On comprend toujours mieux pourquoi il faut participer à la charge publique
quand on a concrètement une illustration par la présence de tel ou tel service
public.
Avec cet amendement, nous sommes d'ailleurs en totale conformité avec une
démarche constante de la Haute Assemblée depuis de longues années.
Aucun d'entre nous n'est évidemment un partisan forcené de la suppression de
services publics dans les zones urbaines ou les zones rurales du pays.
Pour autant, les discussions que nous pouvons mener lors de la discussion du
budget nous amènent souvent à constater que certains font preuve d'un certain
acharnement à réduire la dépense publique.
Cette contradiction fondamentale, souvent résolue par le jeu du « faisons des
économies, mais plutôt chez les autres que chez moi », ne peut à notre sens
trouver de meilleure illustration que dans la série des amendements émanant des
collègues de la majorité sénatoriale, qui tendent à s'accommoder d'une
situation que nous ne pouvons tolérer.
Nous avons indiqué, lors de la discussion sur l'article, qu'il y avait un
principe intangible à respecter : celui du caractère structurant des services
publics dans l'aménagement du territoire.
La présence d'un bureau de poste, d'une gare, d'une caserne de gendarmerie,
d'un établissement scolaire, dans certains cas d'un établissement médico-social
ou hospitalier polyvalent, sont autant d'éléments facilitant cette
structuration de l'espace et un aménagement équilibré du territoire.
Nous devons faire en sorte que le service public se développe et permette, par
sa présence même, de répondre aux exigences du développement durable.
M. le président.
L'amendement n° 190 est-il soutenu ?
La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 297.
M. Gérard Le Cam.
Cet amendement se situe dans le droit-fil de nos positions fondamentales en
matière de développement et d'organisation des services publics. Il prévoit
tout simplement, en effet, de permettre que la commission départementale
d'organisation et de modernisation des services publics soit consultée sur les
conventions passées entre l'Etat et les établissements et services publics.
Cette démarche est naturelle. En effet, de par sa composition, la commission
peut appréhender concrètement les besoins locaux ou localisés, donc les prendre
en compte pour la mise en oeuvre de la politique d'organisation des services
publics.
La participation des usagers et de leurs représentants constitue d'ailleurs,
de notre point de vue, l'un des facteurs les plus importants du développement
et du maintien des services publics, comme elle tend à favoriser une adéquation
plus précise entre les besoins collectifs et les réponses apportées.
Elle est donc indissociable de la démarche plus générale d'organisation des
services publics sur l'ensemble du territoire. Elle est par ailleurs
susceptible, de notre point de vue, de redonner à la notion de service public à
la française une validité particulière permettant de faire pièce aux fausses
solutions que l'on nous propose ici et là.
M. le président.
La parole est à M. Joly, pour défendre l'amendement n° 263.
M. Bernard Joly.
Les « points publics » sont désormais des « maisons des services publics » qui
assurent la présence permanente d'un espace de médiation et de communication.
Dans ces maisons, on peut trouver un service adapté aux demandes et des
réponses pragmatiques. L'originalité de ces structures est d'avoir un caractère
évolutif, fonctionnel, souple et polyvalent.
Le choix de leur implantation est primordial, notamment à la suite du comité
interministériel d'aménagement du territoire du 15 décembre dernier. En effet,
M. le Premier ministre a alors annoncé la fin du moratoire de fermeture des
services publics en milieu rural, décidé en 1993, et la mise en place d'un
nouveau dispositif de pilotage, sous l'égide des préfets et des commissions
départementales d'organisation et de modernisation des services publics, en
tenant compte des mouvements de population.
S'il convient que les citoyens soient traités avec égalité, il ne faut pas se
fonder sur la seule notion de proximité en milieu rural, qui, sous prétexte de
rapprocher l'administration des usagers, inciterait à recourir à des solutions
de sauvetage donnant l'illusion d'une plus grande présence et d'une meilleure
accessibilité des services. Il faut prendre garde à ne pas juxtaposer les
permanences il faut au contraire implanter des structures d'accueil, de
direction, d'animation et de coordination des actions partenariales.
Une implantation se détermine en fonction d'une zone d'influence, qui doit
être propre à chaque site ; mais elle doit se fonder sur une référence
nationale, afin de respecter l'équité et la conformité avec la mission définie.
L'écueil de la prolifération doit être évité. Le bassin de vie constitue une
référence nationale adaptée à chaque entité englobant une zone suffisamment
étendue.
M. le président.
Quel est l'avis de la commision sur les sous-amendements n°s 221 rectifié, 234
rectifié et 326, ainsi que sur les amendements n°s 295, 297 et 263 ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Tout d'abord, le sous-amendement n° 221 rectifié, présenté
par Mme Bardou, précise que, lorsqu'une commune participe, avec une entreprise,
à une convention prévoyant une mise en commun des moyens pour des activités de
service public, qu'elle est située dans une zone de revitalisation rurale et
qu'elle est éligible à la seconde fraction de la dotation de solidarité rurale,
elle bénéficie d'une majoration de cette dotation.
Ce sous-amendement résout le problème de la compensation financière. Par
ailleurs, il s'insère parfaitement dans le texte de la commission spéciale.
Toutefois, pour des raisons techniques, il m'est difficile de lui donner un
avis favorable.
En effet, les règles d'attribution de la dotation de solidarité rurale, telles
qu'elles sont énoncées aux articles L. 2334-21 et L. 2334-22 du code général
des collectivités territoriales, reposent sur trois critères : la population,
l'écart de potentiel fiscal et l'effort fiscal.
La prise en compte de l'effort de financement des maisons des services publics
ou d'une convention du type de celle qui est prévue par la commission spéciale
nécessiterait l'examen des comptes de la commune, lesquels ne sont parfois
disponibles qu'avec un décalage de deux ans. Ce critère présenterait donc le
risque d'être très complexe et soulèverait un problème de cohérence.
Nous partageons la préoccupation des auteurs du sous-amendement n° 221
rectifié. Son approche est très intéressante, mais, en l'état, elle ne peut
trouver sa place dans ce projetde loi.
Le dispositif proposé mérite d'être approfondi, notamment quant aux critères
afférents à la dotation de solidarité rurale, le cadre budgétaire pouvant,
selon nous, être une approche intéressante.
En l'état, nous n'avons pu émettre un avis favorable sur ce sous-amendement,
je le répète ; nous en avons d'ailleurs parlé en commission spéciale avec Mme
Bardou.
Le sous-amendement n° 234 rectifié traite des groupements d'employeurs, qui
ont été créés par la loi du 25 juillet 1985 relative à la montagne - Mme Bardou
et plusieurs de nos collègues ont attiré sans cesse l'attention de la
commission spéciale sur ce point - qui a été modifiée à plusieurs reprises pour
permettre aux entreprises de moins de 300 salariés et relevant de la même
convention collective de créer un groupement, selon l'article 127-1 du code du
travail, « dans le but exclusif de mettre à la disposition de leurs membres les
salariés liés à ce groupement par un contrat de travail ».
La formule du groupement d'employeurs semble donc bien correspondre aux
maisons des services publics. Pourtant, un certain nombre d'interrogations
demeurent.
Tout d'abord, le statut des maisons des services publics doit être inscrit
dans le projet de loi relatif aux droits des citoyens dans leurs relations avec
l'administration ; c'est d'ailleurs sans doute là que devrait se situer ce
sous-amendement.
Ce texte, qui a été adopté en première lecture par notre assemblée le 10 mars
dernier, comprend déjà des dispositions relatives aux personnels. Aujourd'hui,
le problème serait de procéder à des ajouts, au risque de se contredire.
Par ailleurs, je relève que le rapport Praderie sur les groupements
d'employeurs, qui a été demandé par Mme Aubry, a souligné un certain nombre de
limites de cette structure. Ainsi, nous savons qu'il existe un risque de passif
social pour les différents partenaires, une collectivité locale pouvant être
amenée à supporter la charge occasionnée par la défection de l'un des membres
du groupement. En effet, les employeurs sont solidaires.
Les groupements d'employeurs peuvent donc constituer une solution, mais leur
cadre juridique mériterait d'être clarifié par rapport aux dispositions de la
loi du 25 juillet 1985.
Il existe cependant d'autres voies. Nous en avons d'ailleurs exploité une le
11 mars dernier, à l'occasion de l'examen de la proposition de loi de notre
collègue M. André Jourdain : il s'agit de multisalariat.
Tout cela nous a amenés à souhaiter une réflexion supplémentaire et à émettre
un avis de « sagesse prudentielle » à propos de la proposition intéressante qui
nous est faite ici. C'est une nouvelle conception sans doute, monsieur le
président, mais nous ne pouvons pas émettre un avis favorable en l'état, pour
des raisons de prudence.
M. le président.
Nous connaissions déjà beaucoup de formulations de la sagesse, en voici une
nouvelle !
(Sourires.)
M. Charles Revet,
rapporteur.
On en a inventé deux, aujourd'hui !
(Nouveaux sourires.)
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Le sous-amendement n° 326 de M. Vasselle vise à compléter
l'amendement n° 69 rectifié de la commission spéciale en prévoyant que les
mises à disposition de personnels de la fonction publique auprès d'une
entreprise s'effectueraient dans les conditions prévues à l'article 25, alinéa
1, de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 dont les dispositions dérogatoires
sont prévues par le décret du 29 octobre 1936.
L'alinéa 1 de l'article 25 de la loi de 1983 dispose que les fonctionnaires
consacrent l'intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leurs
sont confiées. Ils ne peuvent exercer à titre professionnel une activité privée
lucrative de quelque nature que ce soit.
Les conditions dans lesquelles il peut être exceptionnellement dérogé à cette
interdiction sont fixées par décret en Conseil d'Etat. A cet égard, le décret
d'octobre 1936 est relatif au cumul de retraites, de rémunérations et de
fonctions.
La commission spéciale s'est donc interrogée sur la nécessité d'aborder la
question des mises à disposition de personnels titulaires de la fonction
publique. Dans son esprit, la mise en commun des moyens évoquée dans la
nouvelle rédaction de l'article 29-1 concerne avant tout les moyens financiers
ou matériels.
La mise en commun de personnels, si elle devait être envisagée, concernerait
surtout des personnels contractuels, et non des fonctionnaires. Et, pour ces
personnels contractuels, nous savons que certaines réalités font que certains
d'entre eux sont parfois salariés dans des entreprises à proximité de la
fonction contractuelle qu'ils exercent.
Enfin, la référence à la mise à disposition de fonctionnaires relève plus
d'une référence à la loi du 11 janvier 1984 - vous l'avez évoqué, monsieur
Vasselle - qu'à celle du 13 juillet 1983.
Pour toutes ces raisons, notre collègue le sait bien, nous avons été, là
aussi, extrêmement prudents et nous n'avons pas pu émettre un avis favorable,
même si le problème se pose et mérite d'être posé.
Nous nous sommes d'ailleurs interrogés sur le rapport Schwartz qui a été remis
au Gouvernement et qui traite de la carrière des agents territoriaux, car, la
plupart du temps, ce sont des agents territoriaux qui sont placés dans cette
alternative. Ce rapport, qui parle beaucoup de recrutement, de formation et de
déroulement de carrière, n'évoque pas cette possibilité. Ce n'est sans doute
pas la mission première qui lui avait été confiée ; il n'empêche que ce rapport
ne prévoit auucune ouverture de cette nature.
Enfin, il est un exemple que je tiens à citer : celui de La Poste.
Le concept de « réseaux associés » permet à La Poste de confier la vente de
produits postaux à des entreprises. Le contenu de l'offre, l'organisation de sa
diffusion, ainsi que les conditions de rémunération font l'objet d'une
convention entre La Poste et ses partenaires.
Ainsi, La Poste a signé 1 300 conventions avec des débitants de tabac pour la
vente de produits prêts à poster. Elle a également signé des conventions avec
des petits commerces ruraux pour certaines prestations postales liées au dépôt
du courrier. D'autres partenariats ont été trouvés : les Relais H, qui sont
implantés dans les gares SNCF, ou certains réseaux de distribution d'essence,
tels ceux des compagnies Total, Mobil ou Shell.
C'est dire que, aujourd'hui, les frontières sont devenues floues. Elles jouent
dans le sens entreprises publiques - entreprises privées et leurs salariés,
mais elles ne jouent pas encore dans l'autre sens. Il y a là une réflexion de
fond à conduire.
Ceux qui imaginent que les frontières sont hermétiques se trompent.
Vous soulevez là un problème qui est réel ; il se pose dans un sens, mais il
se posera encore dans un autre sens, du fonctionnaire ou du contractuel
territorial vers l'entreprise !
L'amendement n° 295 de nos collègues du groupe communiste républicain et
citoyen a pour objet de prévoir que les maisons des services publics ne devront
pas avoir pour conséquence une réduction des moyens publics mis en oeuvre,
notamment en emplois.
Cet amendement nous paraît contraire à l'objet même des maisons des services
publics, qui est d'assurer d'abord un service de qualité, compte tenu des
réorganisations des services qui peuvent entraîner des redéploiements et des
déplacements de personnel ou des réaffectations de locaux.
Imaginez que l'on va réorganiser les services publics en figeant tout, sur le
plan tant des locaux que du positionnement géographique des personnels, c'est
tourner le dos à la dynamique du service public sur le territoire.
Par ailleurs, votre commission spéciale a récrit l'article 22 de telle manière
que, techniquement, l'amendement ne peut plus se rattacher au texte. Mais c'est
sur le fond plus que sur la forme que nous sommes défavorable à cet
amendement.
L'amendement n° 297, des mêmes auteurs, récrit le II de l'article 22 de telle
manière qu'il ne peut plus se rattacher au texte. Nous avons évoqué ce point
avec nos collègues.
A propos de l'amendement n° 263, j'ai pu mesurer combien notre collègue M.
Joly était attaché à la conception de service public. Cela l'a d'ailleurs
conduit, voilà quelques mois, au sein de la commission supérieure du service
public des postes et télécommunications, à l'occasion du contrat de plan
d'objectif et de progrès entre La Poste et l'Etat, à manifester de manière
forte et significative, face à l'absence de réponse du ministre, son désaccord
avec ce qu'il considérait comme une non-prise en compte de ses préoccupation
relatives au service public sur le territoire.
Mon cher collègue, cet amendement a pour objet de prendre le bassin de vie
comme une circonscription de référence pour l'établissement des maisons des
services publics.
Naturellement, le bassin de vie est une réalité. Mais la commission spéciale
a hésité à institutionnaliser une structure dont le mérite nous paraît être la
souplesse, comme c'est celui tant des pays que des agglomérations.
Nous avons le sentiment que le fait de cantonner les maisons des services
publics sur un territoire géographique bien précis, celui du bassin de vie,
constituerait une fermeture plus qu'une ouverture, même si cette notion de «
bassin de vie » est une réalité.
La commission a donc adopté une autre rédaction du paragraphe II de l'article
22, à laquelle, sur un plan purement rédactionnel, votre amendement se
rattacherait difficelement.
Par conséquent, même si nous partageons votre préoccupation, nous ne pouvons
qu'être défavorables à cet amendement n° 263.
Monsieur le président, telles sont les positions prises par la commission
spéciale à l'égard de ces sous-amendements et amendements.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur ces différents amendements et
sous-amendements ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
L'amendement n° 69 rectifié présenté par M. le rapporteur supprime trois
alinéas prévus pour apporter une réponse améliorée sur l'accessibilité et la
proximité des services, au motif que ces alinéas seraient redondants avec un
autre texte législatif en cours d'examen.
C'est pourtant, me semble-t-il, le propre d'une loi d'orientation que
d'intégrer, à des fins de cohérence, des dispositifs en devenir qui n'ont pas
encore été examinés par l'Assemblée nationale et qui ne le seront pas avant la
réunion de la commission mixte paritaire.
Compte tenu du calendrier parlementaire, c'est une raison, me semble-t-il,
pour adopter d'ores et déjà les mesures proposées dans ce texte.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement n° 69 rectifié.
Il est également défavorable au sous-amendement n° 221 rectifié.
La dotation de solidarité rurale est une dotation globale libre d'emploi qui
est fondée sur des critères objectifs et non contractuels, que votre rapporteur
vient de rappeler. Ce n'est pas une subvention. Elle a pour vocation de
permettre de faire face aux difficultés des collectivités. Son montant total
est stable.
Souhaiter qu'il soit tenu compte, pour la dotation de solidarité rurale, des
engagements pris par les collectivités dans la mise en place de maisons de
services publics reviendrait à diminuer la dotation des autres communes, qui
n'auront pas la chance d'avoir une maison de services publics ou qui
conserveront simplement leurs services.
M. le rapporteur a insisté sur la difficulté qu'il y aurait à introduire un
critère supplémentaire qui est difficilement quantifiable et dont l'effet ne
serait pas réparti de façon homogène sur l'ensemble des communes éligibles à la
dotation de solidarité rurale.
Cette idée, qui est bonne, étant en fait extrêmement difficile à mettre en
oeuvre de façon équitable, ne peut de ce fait, me semble-t-il, être retenue.
Le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 234 rectifié, qui aurait
pu - je ferai d'ailleurs la même remarque à propos du sous-amendement n° 326,
être utilement présenté lors de l'examen du projet de loi sur les droits des
citoyens auprès des administrations de M. Emile Zuccarelli, puisqu'il concerne
plus la dimension statutaire des personnels dans la fonction publique que
l'impact territorial des mesures projetées.
Le Gouvernement s'attache à résorber les emplois précaires au sein des
administrations publiques. La proposition ouvre la possibilité d'une
substitution d'emplois privés à des emplois statutaires. On a vu que c'était
parfois déjà le cas.
Je ne trouve pas complètement scandaleux le fait que l'on puisse confier, par
exemple, à un épicier ou à une station-service le soin de vendre des timbres ou
des enveloppes préaffranchies. Mais tout cela doit donner lieu à une réflexion
complète et approfondie avec le ministre de la fonction publique, de la réforme
de l'Etat et de la décentralisation pour éviter de remettre en cause des
principes de la fonction publique territoriale et ne pas compliquer la
responsabilité des collectivités impliquées dans l'activité d'une structure de
droit privé.
Je ne méconnais pas du tout les besoins de mutualisation, en termes de
personnels, souhaités notamment par les petites et moyennes communes. Il existe
déjà des dispositifs législatifs qui sont peut-être insuffisamment exploités.
Je pense à la possibilité, ouverte par la loi du 26 janvier 1984, de recruter
sur des emplois à temps non complet des fonctionnaires qui pourront cumuler
plusieurs emplois de ce type auprès de différentes collectivités. Je pense
également aux possibilités, offertes par l'article 25 de cette même loi, de
recourir à des centres de gestion qui peuvent mettre à disposition, auprès
d'une ou plusieurs collectivités ou établissements, des fonctionnaires pour un
service à temps non complet.
Le Gouvernement est également défavorable au sous-amendement n° 326, qui,
peut-être davantage encore que le sous-amendement n° 234 rectifié, relève
décidément d'une loi que le Sénat vient d'examiner voilà quelques jours à
peine. De plus, la disposition proposée participe d'une logique de
privatisation des services publics à laquelle le Gouvernement est tout à fait
hostile.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 295 de M. Le Cam.
Le dispositif des maisons de services publics a bien pour fonction de
permettre le redéploiement des services sur le territoire. L'idée est
d'ailleurs non pas de réduire les services, mais plutôt de faire en sorte
qu'ils soient adaptés aux nouvelles configurations du territoire, dont chacun
connaît les densités très inégales, et de prendre en compte les nouvelles
formes de mobilité et les nouveaux besoins exprimés par nos concitoyens.
Les expérimentations menées en la matière permettent de conclure que ces
maisons ne constituent pas une simple forme résiduelle d'organisation des
services. Elles permettent de développer de nouvelles pratiques de contact avec
le public et de services aux usagers, ce que vous avez qualifié de démarche
citoyenne, axées notamment sur les fonctions de médiation, de maintien et de
développement du lien social.
Il ne paraît guère possible de figer localement le contenu et les formes
nécessairement diverses de ce redéploiement.
En revanche, le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 297, dans lequel
il est prévu, conformément à l'article 28 de la loi du 4 février 1995 et au
décret relatif à la commission départementale d'organisation et de
modernisation des services publics et au schéma départemental d'organisation et
d'amélioration des services publics, que la commission est associée à
l'élaboration du schéma, sur lequel elle rend un avis.
Toutefois, les engagements contractuels qui constituent le volet « action » du
schéma font l'objet d'une information de la commission ; celle-ci n'est pas
systématiquement consultée. L'amendement vise donc à combler cette lacune.
Avec l'amendement n° 263, le souci de M. Joly se traduirait, dans les faits,
par des décisions qui seraient très en retrait de ce qu'il espère garantir
grâce au dépôt de cet amendement.
En effet, dans certains cas, il est prévisible que le bassin de vie pourra
être un canton rural ou une commune ; dans d'autres cas, on travaillera plutôt,
parce que l'on sera dans des zones densément peuplées, à l'échelle d'un
quartier.
Il me semble donc extrêmement dangereux de prédéterminer le cadre géographique
en arrêtant un concept vague, qui donne plutôt l'impression que l'on travaille
au-delà de l'échelle d'un quartier. On pourrait, paradoxalement, mettre en
cause la pérennité de certains services, qui seraient menacés par le choix
d'une échelle de services supérieure à ce qu'attendent les citoyens et à ce
qu'impose la densité de la population.
Monsieur Joly, cette idée intéressante étant formulée d'une façon un peu
ambiguë et, somme toute, un peu dangereuse, peut-être accepteriez-vous de
retirer cet amendement... qui montre que l'enfer est parfois pavé de bonnes
intentions.
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 221 rectifié.
Mme Janine Bardou.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Bardou.
Mme Janine Bardou.
Je comprends très bien que ce sous-amendement serait difficile à mettre en
oeuvre. Toutefois, je regrette infinement que les zones de revitalisation
rurale ne puissent jamais obtenir une dotation complémentaire, pour des raisons
de critères ou autres...
Finalement, ce sont toujours les petites communes qui manquent de moyens qui
finissent par payer les services publics. J'estime que cela est extrêmement
regrettable.
M. Philippe Arnaud.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 221 rectifié, repoussé par la
commission et par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 234 rectifié, repoussé par le
Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 326.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
J'ai entendu les remarques qui ont été formulées sur ce sous-amendement à la
fois par M. le rapporteur et par Mme le ministre. Je souhaite relever deux
points de leur argumentation.
Tout d'abord, la référence aux contractuels ne m'apparaît pas, en la
circonstance, une bonne référence. C'est méconnaître le statut de la fonction
publique.
Le contractuel appartient à la fonction publique, qu'il bénéficie de
dispositions dérogatoires ou d'un statut de titulaire, et son statut est
reconnu dans la fonction publique.
Si le statut de contractuel existe, c'est parce qu'un certain nombre de
métiers ne sont pas encore reconnus par la fonction publique. Et comme ces
métiers n'existent pas, bien évidemment, ceux qui les exercent ne peuvent pas
bénéficier du statut de la fonction publique. C'est dans l'attente de la
création de ce statut que ces agents - et ils sont nombreux dans les structures
intercommunales - se trouvent dans cette situation. Cela vaut également pour le
domaine de l'animation.
Par conséquent, dans la plupart des cas, les établissements publics visés
seront ceux qui emploient des fonctionnaires de l'Etat. Or, dans la fonction
publique d'Etat, les contractuels, vous le savez, ne sont pas légion, en
particulier ceux qui sont concernés en la circonstance.
La faculté ouverte ne pourrait donc pas s'appliquer et, de toute façon, elle
tombe sous le coup de l'article 25 de la loi du 13 juillet 1983, ou bien de la
loi de 1995.
J'en viens à ma seconde observation.
Le dispositif proposé tendrait, avez-vous dit, madame le ministre, à
privatiser les services publics. Pas du tout ! Il s'agit simplement de prévoir,
par des mesures législatives ou réglementaires, la possibilité, pour un agent
de la fonction publique, de cumuler son activité avec une activité privée.
Actuellement, les textes ne le permettent pas, sauf disposition dérogatoire
prévue par décret. Voilà ce que je propose, ni plus ni moins.
La rédaction proposée par la commission, a dit M. le rapporteur, ne visait pas
la mise à disposition de personnel. Elle ne prévoyait que la mise en commun de
moyens financiers. Si tel est bien l'interprétation restrictive qui est donnée
à la mise en commun des moyens, mon sous-amendement n'a pas de raison d'être.
Mais il en a une si, en revanche, est visée une éventuelle mise à disposition
de personnels.
J'ai bien noté la remarque que vous avez formulée. Il existe, dites-vous, des
conventions liant des commerçants - je pense aux stations Total - qui assument
des missions pour des établissements publics, mais avec leurs propres moyens en
personnels, sans profiter de ceux des établissements publics mis à leur
disposition ou détachés dans leur service.
Je voulais simplement, par le dépôt de mon sous-amendement, obtenir des
précisions. Si vous confirmez mon interprétation, je le retire. Dans le cas
contraire, je pense que mon sous-amendement a sa raison d'être et il faudrait
profiter de la commission mixte paritaire pour trouver une rédaction qui prenne
en compter la situation de ces agents.
M. Philippe François.
Très bien !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le sénateur, ce débat me semble très confus. En effet, il s'agit, dites-vous,
de permettre à des agents de la fonction publique occupant un emploi à temps
partiel d'exercer une activité dans le secteur privé. Ce n'est pas ce que
prévoit le sous-amendement, qui vise à permettre la mise à disposition d'agents
de la fonction publique auprès d'entreprises. Il ne précise même pas si ces
dernières remplissent des missions de service public. La confusion est donc
totale.
Par ailleurs, je le répète, je ne pense pas qu'un sous-amendement de ce type
puisse s'insérer dans un projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire qui est débattu une ou deux semaines après que vous
avez examiné, avec le ministre de la fonction publique, un texte qui traitait
précisément de ce type de questions.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je répondrai à la deuxième préoccupation exprimée par M.
Vasselle : dans notre esprit, il s'agit de la mise en commun de moyens
matériels et financiers.
Lorsque j'ai évoqué les contractuels, je pensais aux contractuels de droit
privé ; pardonnez-moi d'avoir été imprécis.
Je rappelle que La Poste emploie 5 000 emplois-jeunes. Cette réalité, qui ne
peut pas être ignorée, ne va pas sans soulever des interrogations et des
difficultés.
M. le président.
Le sous-amendement n° 326 est-il maintenu, monsieur Vasselle ?
M. Alain Vasselle.
Je le retire, en m'appuyant sur les précisions apportées par M. le rapporteur
et non sur les déclarations de Mme le ministre.
M. Marcel Charmant.
Nous nous en serions doutés !
M. le président.
Le sous-amendement n° 326 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 69 rectifié.
M. Charles Revet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet.
Madame la ministre, pourriez-vous nous expliquer quelle est la recette ? Tout
au long de nos débats, nous avons parlé de la revitalisation du milieu rural,
dont la prise en compte est l'objet même de ce projet de loi. Elle passe, comme
nous l'avons dit, par le maintien des services publics.
Nous savons que l'on a tendance à demander à La Poste d'équilibrer son budget.
Tout naturellement, celle-ci n'est pas tentée de maintenir de fait des services
déficitaires. Telle pourrait être la norme, mais ce n'est pas ce qui se
fait.
Vous avez indiqué, madame la ministre, qu'aucune dotation complémentaire ne
pouvait être allouée, mêmesi l'excellent sous-amendement n° 221 rectifié de Mme
Bardou était adopté, et vous vous y êtes opposée.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
La
commission aussi !
M. Charles Revet.
Vous avez refusé tout à l'heure un amendement de nos collègues socialistes qui
proposait une compensation par des dotations de l'Etat. La commission spéciale
vous propose une solution qui ne coûte rien à l'Etat, qui maintient un service
en milieu rural, qui génère de l'activité, et vous vous y opposez aussi.
Dès lors, comment fait-on ? Comment concrétiser cette volonté manifestée tout
au long de nos débats, de revitaliser le milieu rural, de maintenir des
services publics ?
Lorsque l'on vous propose d'autres solutions, parce que des mécanismes de
dotations ou de compensation ne sont pas possibles, vous les refusez. Alors, je
le répète, comment fait-on ? Je voudrais bien que vous nous l'indiquiez.
Le dispositif proposé par la commission existe déjà, madame le ministre, et il
marche ! Si vous le voulez, nous vous emmènerons sur le terrain, où vous
constaterez qu'il apporte un service nettement meilleur que dans d'autres
secteurs.
Expliquez-nous, sinon, comment il faut faire !
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Nous sommes absolument hostiles à l'amendement n° 69 rectifié, et ce pour des
raisons de fond. Il paraît anodin, à première vue, et va, nous dit-on, amener
plein de choses, mais il en enlève d'autres, et pose un certain nombre de
problèmes.
Tout d'abord, ce dispositif n'est pas tout simple. Il s'agit de supprimer non
pas dix lignes mais un certain nombre de paragraphes proposés par l'Assemblée
nationale qui traitaient de l'organisation des maisons des services publics.
Ces paragraphes disparaissent. Peut-être les retrouvera-t-on dans un autre
texte mais, en attendant, on les supprime, et l'on parle très peu de cette
suppression.
Par ailleurs, je m'interroge, car je suis curieux. On parle du milieu rural.
Mais qu'en est-il du milieu urbain ? Des problèmes de service public se posent
aussi en milieu urbain. Or, ils ne sont pas mentionnés.
Ensuite, ce dispositif est juridiquement un peu flou. Vous nous dites que cela
marche très bien. Or, j'ai entendu tout à l'heure M. le rapporteur souligner
les dangers pour les élus d'un certain nombre de mesures qui pourraient être
l'occasion d'une mise en cause de leur responsabilité. On pénètre là dans une
zone à la limite du secteur privé et du secteur public. Je ne suis pas sûr
qu'il ne puisse pas y avoir des responsabilités accrues !
Enfin, cet amendement est curieux sur deux points. J'ai l'impression que plus
on concède le service public à des entreprises privées, plus on veut le
défendre. A la limite, il n'y a plus de service public ; il y a un service
privé qui est chargé d'assumer ces missions.
Cela pourrait marcher. Tel est votre raisonnement.
Mais le problème peut être abordé dans l'autre sens. Ainsi, un bureau de poste
pourrait, après tout, conclure un accord avec une banque privée pour accorder
des prêts personnels, par exemple, ce que vous aviez totalement refusé dans le
cadre de la loi postale.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Mais non !
M. Jacques Bellanger.
Je sais bien que M. le rapporteur sera hostile à cette lecture, mais, après
tout, pourquoi pas ? Pensez-vous que le service public ne peut pas le faire ?
Nous verrons bien !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
M. le rapporteur ne résiste pas à la tentation que j'avais moi-même de vous
répondre sur un point, monsieur Bellanger, et je sais très bien ce qu'il va
vous dire !
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Ma première tentation est d'évoquer le débat que nous avions
eu ici en 1990 lors de l'examen de la loi relative à l'organisation du service
public de la poste et des télécommunications. M. Faure en avait été le
rapporteur et j'avais présidé les travaux préparatoires.
Quand nous avons proposé de faire jouer un tel rôle à l'opérateur public, M.
Poncelet, présent parmi nous ce soir, présidait la commission des finances,
souvenez-vous, mes chers collègues, de l'émotion qui s'est emparée du ministre
du budget de l'époque, notre cher collègue Michel Charasse. Nous avons alors
été « renvoyés dans nos buts » d'une manière extrêmement ferme, au point que
j'avais cru entendre un porte-parole de l'organisme représentant l'ensemble des
banques en France !
La deuxième préoccupation qui est la mienne est de ne pas confondre service
public, statut de l'entreprise et statut des personnels ; non que nous voulions
porter atteinte à ces statuts, mais cette confusion qui est entretenue en
France empêche de faire évoluer le concept de service public.
France Télécom ne remplit-elle pas ses missions de service public depuis que
l'entreprise est une société anonyme ?
M. Bernard Piras.
Pas toujours !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Pardonnez-moi...
M. Bernard Piras.
Avec des insuffisances.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Elle le fait mieux, la plupart du temps, qu'un certain nombre
d'entreprises ayant un statut public, et sur ce sujet nous pourrions comparer
nos expériences.
Il faudra bien que, tous ensemble, nous évoluions car, de toute façon, les
changements nous seront imposés de l'extérieur.
M. Georges Gruillot.
Absolument !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
M. Gérard Delfau a expliqué les enjeux de la messagerie, qui
représente déjà 25 % du marché postal, qui est le seul créneau sur lequel les
entreprises dégagent réellement des bénéfices. Notre entreprise, a-t-il dit, a
perdu 50 % du marché de la messagerie alors que, pendant ce temps, les
entreprises nationales et internationales enregistrent une croissance à deux
chiffres. Ne faut-il pas nous poser la question de l'évolution de l'entreprise,
de son statut ?
M. Philippe François.
Absolument !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
J'entendais M. Gérard Delfau évoquer les 30 milliards de
francs que
Deutsche Post Ag
a investis dans ce secteur dans la seule
année 1998, les 15 milliards de francs que
TNT Group
, l'ancienne poste
néerlandaise, a investis dans la même année. Quant à nous, nous avons investi
moins de 600 millions de francs...
M. Alain Vasselle.
Eh oui !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
... alors que les enjeux sont extraordinaires.
Si nous voulons financer une poste dynamique, qui s'adapte aux réalités, qui
ne fasse pas un service public
a minima,
il faudra bien que notre
entreprise publique - je souhaite qu'elle reste majoritairement publique -
devienne plus forte sur le marché international pour rendre les services dont
aura besoin demain le territoire.
Une entreprise en Haute-Loire qui a besoin d'une messagerie rapide a le droit
de pouvoir recourir à une entreprise aussi performante que les entreprises qui
écrèment les grands secteurs et les grands pôles d'activités.
Tel est, mes chers collègues, le véritable enjeu. Pourquoi nous réfugier
derrière nos paravents de carton ? Il faut regarder l'avenir. Si l'on veut
aménager et développer le territoire, il ne faut pas s'abriter derrière les
paravents des statuts d'entreprises ou des personnels, qui sont certes
respectables mais qui n'ont rien à voir en la matière.
Le service public n'a pas vocation non plus à être immobile. Voilà pourquoi
nous avons donné rendez-vous en l'an 2000, pour les télécommunications. Voilà
pourquoi je souhaiterais que le service public postal ait des objectifs en
termes de croissance.
Tel est, mes chers collègues, l'enjeu de l'aménagement et du développement
dynamique du territoire, avec des services publics dynamiques.
M. Alain Vasselle.
Très bien !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Cessons d'avoir peur les uns des autres. Voilà pourquoi
copier sur ce qui marche en Allemagne, ce qui a permis à ce pays, comme le
démontre l'étude que nous avons menée, d'augmenter de 40 % les horaires sur le
territoire rural à travers 6 000 points qui font l'objet d'accords entre des
entreprises et qui permettent aux « multiples-ruraux » de tenir, ce n'est pas
une révolution telle qu'elle mette à bas le service public.
M. Charles Revet.
C'est même le moyen de le maintenir !
M. Alain Vasselle.
Très bien !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Cessons d'avoir peur de l'avenir, bâtissons-le avec un
service public dynamique !
(Bravo ! et applaudissements sur les travées du
RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
M. Alain Vasselle.
Excellente intervention !
M. Gérard Le Cam.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam.
Avec maintes précautions, la commission spéciale nous invite en quelque sorte
à faire entrer le loup dans la bergerie du service public.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Philippe François.
Ringard !
M. Gérard Le Cam.
A chacun sa conception !
Cet amendement n° 69 rectifié illustre assez clairement la conception profonde
de l'aménagement du territoire qui, en fait, anime la majorité de notre
assemblée.
Si on suit la commission spéciale, la mise en place des maisons de services
publics devrait naturellement conduire à faire de certaines zones rurales
reculées et difficiles d'accès - j'exagère à peine - des lieux
d'expérimentation de la concession de service public au secteur privé.
Cela appelle un certain nombre de remarques.
Première remarque : les services publics concentrés dans une maison de
services publics, telle qu'elle peut aujourd'hui être conçue, procèdent le plus
souvent d'un monopole d'exploitation public, même si cette définition ne nous
satisfait pas, de ce que la Commission européenne appelle le « service
universel ».
On nous invite donc, avec cet amendement n° 69 rectifié, à nous placer en
dehors du cadre, pourtant peu satisfaisant, défini par la notion de service
universel, à faire en quelque sorte sous-traiter - il s'agit de cela quand on
passe convention avec une entreprise de droit privé - une activité
naturellement dévolue à un exploitant public.
Que les choses soient claires : si la procédure contractuelle de mise en place
des schémas d'organisation des services publics ou celle de création des
maisons de service public s'avèrent insuffisantes pour répondre à l'ensemble
des problèmes posés, il faut alors les repenser et s'assurer de la prise en
compte effective des besoins dans ces démarches.
Seconde remarque : le conventionnement entre un exploitant public ou une
administration doit-il et peut-il se concevoir à fonds perdus ?
Dès lors qu'une entreprise de droit privé exerce une activité, elle ne songe
pas, bien sûr, à répondre aux critères fondamentaux du service public -
péréquation tarifaire, égalité d'accès, par exemple - mais elle pense d'abord à
dégager une certaine marge financière.
MM. Bernard Piras et Roland Courteau.
Très bien !
M. Gérard Le Cam.
On peut même se demander si les raisons économiques naturellement invoquées
pour qu'un exploitant public ne soit pas présent sur le terrain dans certains
cas disparaîtraient comme par enchantement dans le cas d'une convention avec
une entreprise privée.
Comme certains pensent plus vite, vous nous permettrez donc de trouver un peu
exagéré de recourir aux voies et moyens définis, par exemple, par le
sous-amendement n° 234 rectifié, qui semble nous inviter à faire faire la même
chose à des agents de droit public « national », à des agents sous statut de la
fonction publique territoriale et à des agents placés sous régime de droit
privé et, au mieux, sous une convention collective de branche, quand elle
existe.
En l'occurrence, que veut-on prouver ? Que la seule voie pour permettre la
faisabilité économique de l'implantation des services publics résiderait dans
la course aux économies salariales et à la liquidation des garanties
statutaires des salariés assurant une mission de service public.
Vous nous permettrez de ne pas suivre la commission spéciale - tout comme nous
avons voté contre les sous-amendements qui ont été rattachés à l'amendement n°
69 rectifié par leurs auteurs -, dans cette voie pour le moins périlleuse.
Parce que cet amendement est profondément contraire à la notion même de service
public et parce qu'il prévoit une fausse solution pour un vrai problème, nous
ne le voterons pas.
Mme Marie-Claude Beaudeau et M. Roland Courteau.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 69 rectifié, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, les amendements n°s 295, 297 et 263 n'ont plus d'objet.
Par amendement n° 296, M. Le Cam, Mme Beaudeau, M. Lefebvre et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent :
I. - De compléter le texte présenté par le paragraphe II de l'article 22 pour
l'article 29-1 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 par un paragraphe
additionnel ainsi rédigé :
« ... - Pour compenser les charges résultant pour les collectivités locales de
l'application des dispositions de l'article 29-1 de la loi n° 95-115 du 4
février 1995 précitée, la dotation globale de fonctionnement définie à
l'article L. 2334-1 du code général des collectivités territoriales est relevée
à due concurrence. »
II. - Pour compenser les pertes de recettes résultant du paragraphe I
ci-dessus, de compléter
in fine
cet article par un paragraphe ainsi
rédigé :
« ... - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant pour l'Etat de la
compensation des charges découlant de la mise en place des maisons de services
publics est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam.
Cet amendement pose à son tour, après l'amendement n° 318 rectifié
bis
,
la question de la compensation des charges imputées aux budgets des
collectivités locales, communes ou groupements, par la mise en place des
maisons de services publics.
Se pose initialement la question de savoir si les maisons de services publics
seront développées tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines.
De la réponse à cette question, d'ailleurs affirmative de notre point de vue,
découle naturellement le fait de choisir la ressource publique la plus adaptée
pour faire face aux dépenses de fonctionnement de ces maisons de services
publics.
Ce ne peut être la seule dotation de solidarité rurale comme la seule dotation
de solidarité urbaine, les insuffisances de développement du service public
touchant autant les terroirs ruraux que les quartiers urbains.
La meilleure ressource à solliciter est donc naturellement la dotation globale
de fonctionnement dans son ensemble, ressource la plus directement lisible et,
par conséquent, la plus indiquée pour assurer le fonctionnement des maisons de
services publics.
On peut d'ailleurs améliorer notre amendement en plaçant la majoration de DGF
que nous demandons hors l'enveloppe du contrat de croissance et de solidarité
dont nous avons débattu lors de la discussion du projet de loi de finances pour
1999.
En tout état de cause, nous proposons à notre assemblée de retenir cet
amendement, même si nous sommes assez profondément convaincus que le service
public, sous sa forme traditionnelle, n'a pas encore épuisé toutes ses
possibilités pour répondre aux besoins collectifs.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Cet amendement vise à compenser les charges résultant de la
mise en place des maisons de services publics, par un relèvement de la dotation
globale de fonctionnement.
Dans son esprit, cet amendement est proche de l'amendement n° 318 rectifié
bis.
Ce dernier a la préférence de la commission spéciale parce qu'il
laisse au Gouvernement le choix des moyens de la compensation et parce qu'il a
été rectifié pour tenir compte des modifications apportées par la commission
spéciale à la rédaction de l'article 22, et ce à la différence de l'amendement
n° 296.
Nous partageons votre préoccupation, mon cher collègue, mais nous pensons y
répondre mieux d'une autre manière. Aussi, nous ne pouvons donc qu'émettre un
avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
J'ai dit
tout à l'heure combien je trouvais difficile d'imaginer que l'Etat puisse être
amené à compenser sans discuter les conséquences de décisions prises par des
tiers, qu'il s'agisse d'entreprises publiques ou de collectivités locales.
La démarche proposée est une démarche contractuelle, fondée sur des
conventions conclues entre les services publics engagés dans ces maisons de
services publics et les collectivités locales. Il s'agit de dispositifs
souples, qui ont l'avantage de ne pas coûter cher aux collectivités locales ou
aux entreprises tout en permettant de mutualiser des moyens, d'être plus futés,
plus intelligents, plus polyvalents, et de rendre un meilleur service par une
mobilisation des entreprises chargées de missions de service public.
On a cité tout à l'heure l'exemple d'épiciers pouvant être amenés à vendre des
timbres. J'avoue que je ne verrais pas d'inconvénient à ce que des agents dotés
d'un statut solide et stable, des agents des collectivités territoriales, par
exemple, exercent des missions de façon plus mobile, plus polyvalente et plus
riche dans ces maisons de services publics, sans alourdir pour autant la charge
pour la collectivité, qu'il s'agisse des communes concernées ou de l'Etat.
Au cours de l'examen de l'article 22, on a fait assaut de bons sentiments à de
nombreuses reprises. Aussi, je le répète : je trouve difficile de tenir un
discours sur la stabilisation ou la réduction du nombre de fonctionnaires,
qu'il s'agisse de fonctionnaires d'Etat ou de fonctionnaires territoriaux, avec
tout ce que cela suppose parfois de dérapages, à longueur de colonnes dans les
journaux, sur les privilèges des fonctionnaires, et, dans le même temps, de
dire qu'il faut diminuer les impôts, désendetter la France, rationaliser
l'activité des entreprises publiques... et j'en passe.
Il faut tenir un discours clair. Le redéploiement des moyens sur le territoire
répond à une logique économique, mais aussi à une logique sociale : il s'agit
de répondre aux attentes des citoyens, qui sont singulièrement différentes de
ce qu'elles pouvaient être dans le passé. Les maisons de services publics, qui
assurent une grande variété de services rendus par des fonctionnaires
polyvalents, bien formés, avec tout ce que cela suppose en termes de formation
initiale, mais aussi de mobilité au sein des entreprises concernées au cours de
leur carrière, constituent une façon de répondre aux attentes de nos
concitoyens sans tomber dans des discours démagogiques et caricaturaux.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 296, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22, modifié.
(L'article 22 est adopté.)
Article additionnel après l'article 22
M. le président.
Par amendement n° 70, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent d'insérer, après l'article 22, un article additionnel ainsi
rédigé :
« Lorsque, pour l'exercice de leurs compétences relatives à l'aménagement du
territoire et au développement économique, les collectivités territoriales et
leurs groupements décident de mener des actions communes dans des conditions
fixées par une convention, cette convention désigne pour chacune des actions
envisagées l'une de ces collectivités ou l'un de ces groupements pour en
coordonner la programmation et l'exécution.
« La convention peut charger la collectivité ou le groupement chef de file
d'exercer pour le compte des parties à la convention les missions du maître
d'ouvrage au sens de la loi n° 85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise
d'ouvrage et à ses rapports avec la maîtrise d'oeuvre privée et d'en assumer
les droits et obligations. Un cahier des charges annexé à la convention peut,
en outre, définir les moyens communs de fonctionnement nécessaires à la
réalisation de ces actions.
« Sauf stipulation contraire, pour des actions communes à la région et au
département : la région est la collectivité chef de file pour la programmation
et l'exécution des actions d'intérêt régional ; le département est la
collectivité chef de file des actions relatives au développement local et à la
promotion des solidarités réciproques entre la ville et l'espace rural. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 330, présenté par M.
Vasselle, et tendant, dans le troisième alinéa du texte proposé par
l'amendement n° 70 pour insérer un article additionnel après l'article 22,
après les mots : « le département », à insérer les mots : « ou le groupement
».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 70.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Le temps serait couvert au Sénat lors de l'examen des
rapports entre les trois niveaux de collectivités que sont les communes, les
départements et les régions, avaient annoncé certains. Or, vous l'avez constaté
depuis le début de notre discussion, il n'en est rien. En effet, depuis
longtemps, le Sénat a su faire de ces trois niveaux de collectivités une
complémentarité.
Aujourd'hui, nous souhaitons lui donner une traduction législative, notamment
à travers la notion de « collectivité chef de file ».
Pour ce faire, la commission spéciale a beaucoup apporté dans la réflexion
préparatoire. Puisque le président du Sénat est présent, je précise que la
commission spéciale, si elle demeure une procédure exceptionnelle, permet
parfois de faire se rencontrer des talents, des sensibilités et expériences
complémentaires. En l'occurrence, ces expériences complémentaires, sous
l'autorité du président François-Poncet, ont résulté de la présence des
rapporteurs MM. Revet et Belot, mais aussi des présidents Raffarin, Puech et
Delevoye, qui ont participé à nos travaux, les éclairant et leur apportant
cette dimension. Cela nous a permis de poser les fondements législatifs d'un
principe que nous avions souhaité et inscrit en décembre 1994, mais qui n'avait
pas encore trouvé de traduction législative.
Le présent amendement vise donc à fixer le principe de la collectivité chef de
file pour des actions communes à plusieurs collectivités ou groupements, qui
sont arrêtées par voie de convention pour l'exercice des compétences en matière
d'aménagement du territoire et de développement économique. L'amendement tend à
préciser le rôle qui sera dévolu à la collectivité chef de file, à savoir
assurer la coordination de la programmation et l'exécution de ces actions.
En outre, les parties à la convention pourront décider de lui confier les
responsabilités du maître d'ouvrage. Un cahier des charges annexé à la
convention pourra définir les moyens communs de fonctionnement nécessaires à la
réalisation desdites actions.
Par ailleurs, l'amendement a pour objet de désigner, pour les actions communes
à la région et au département, la collectivité qui sera chef de file : la
région pour les actions d'intérêt régional que constituent notamment les
grandes infrastructures ; le département pour le développement local, mais
aussi pour le lien entre la ville et le territoire rural.
Les parties à la convention auront la faculté, en fonction des réalités
locales, faites de ces diversités que nous revendiquons comme une réalité de la
vie dans nos territoires, de désigner un autre chef de file ; c'est la clause
de stipulation contraire qui fait l'objet de l'accord.
A travers ces principes ainsi posés s'écrivent mieux l'action complémentaire
entre régions et départements et les rapports avec les communes et les
groupements de communes. J'y vois un pas en avant important, qui a été le fruit
du travail de la commission spéciale. Permettez-moi, monsieur le président,
d'en remercier l'ensemble de ses membres, qui proposent ainsi au Sénat une
avancée législative fondamentale sans bouleverser les compétences telles
qu'elles ont été définies à travers leurs textes fondateurs.
En outre, le principe selon lequel il n'y a pas de supériorité d'une
collectivité par rapport à une autre est totalement respecté dans la rédaction
que nous vous proposons, mes chers collègues.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 330.
M. Alain Vasselle.
Si j'approuve bien entendu l'amendement n° 70 - je l'ai d'ailleurs indiqué en
commission spéciale - j'éprouve cependant, comme vient de le dire M. Larcher,
une préoccupation concernant les groupements de communes. En effet, le premier
alinéa de l'amendement n° 70 fait référence aux collectivités territoriales et
à leurs groupements ; le deuxième alinéa fait référence à la collectivité ou au
groupement chef de file ; mais le dernier alinéa est réducteur par rapport au
rôle que pourraient jouer les groupements en qualité de chef de file puisque
seuls le département et la région y sont visés.
C'est la raison pour laquelle j'ai éprouvé le besoin de déposer un
sous-amendement pour ajouter, dans ce dernier alinéa, les mots « ou le
groupement ». Toutefois, je souhaite rectifier mon sous-amendement : afin que
ce dernier soit totalement cohérent avec la rédaction de l'amendement, je
propose la rédaction suivante :
« Sauf stipulation contraire pour des actions communes à la région et au
département et au groupement : la région est la collectivité chef de file pour
la programmation et l'exécution des actions d'intérêt régional ; le département
ou le groupement est la collectivité chef de file des actions relatives au
développement local et à la promotion des solidarités réciproques entre la
ville et l'espace rural. »
Nous avons prévu que les pays pourraient être signataires des contrats de plan
; par conséquent, au travers des pays, les groupements de communes pourraient
l'être, puisqu'il a été prévu dans la loi que les groupements de communes
pouvaient se constituer en syndicats mixtes pour signer le contrat de plan. Le
groupement peut donc, pour certaines compétences ou pour certaines dépenses,
devenir le chef de file de l'action qu'il y aurait lieu de mener dans le cadre
du contrat de plan. Cela ne doit pas être systématiquement le département ou la
région, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'une compétence du groupement ou des
communes.
Il m'est donc apparu utile de compléter à cette fin l'amendement de la
commission, lequel, sous cette réserve, me paraît tout à fait pertinent.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 330 rectifié, présenté par M.
Vasselle et visant, dans le troisième alinéa du texte proposé par l'amendement
n° 70 pour insérer un article additionnel après l'article 22, après les mots :
« et au département », à insérer les mots : « et au groupement », et, après les
mots : « le département », à insérer les mots : « ou le groupement ».
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Comme nous l'avons évoqué en commission spéciale, aux travaux
de laquelle Alain Vasselle a largement participé, le troisième alinéa du texte
proposé par la commission spéciale désigne une collectivité chef de file pour
les seules actions communes à la région et au département. Nous n'avons visé ni
les communes ni les groupements, et ce en plein accord d'ailleurs avec notre
collègue qui a la responsabilité de présider l'association des maires de
France. Dans ces conditions, les groupements de communes ou les communes ne
sont pas concernés directement.
Cependant, dans les autres cas, il appartiendra à la convention de désigner le
chef de file qui pourra être éventuellement un groupement de communes.
C'est pourquoi, en l'état actuel du texte et soucieuse de l'équilibre de ce
dernier, la commission ne peut émettre un avis favorable sur ce
sous-amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 70 et sur le
sous-amendement n° 330 rectifié ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
La loi du
4 février 1995 prévoit, dans son article 65, l'élaboration d'une nouvelle loi
sur la répartition des compétences, chargée de réviser la loi du 7 janvier 1983
et de définir « les conditions dans lesquelles une collectivité pourra assumer
le rôle de chef de file pour l'exercice d'une compétence ou d'un groupe de
compétences relevant de plusieurs collectivités territoriales ».
La notion de chef de file offre une piste de réflexion intéressante évoquée
dans plusieurs rapports consacrés à la décentralisation. Elle s'inspire de
l'idée que, sur un certain nombre de sujets complexes, une coordination
interinstitutionnelle est nécessaire, compte tenu de la fragmentation des
compétences entre collectivités. Selon cette proposition, la collectivité chef
de file pourrait se voir reconnaître un rôle d'impulsion, d'animation, voire
d'exercice de compétence pour le compte d'autrui.
Pour autant, la notion de chef de file ne s'est jamais réellement imposée en
droit français parce qu'elle risque soit d'entraîner une logique de tutelle
d'une collectivité sur d'autres si elle est imposée, soit d'encourager les
collectivités à aliéner leurs compétences si toute liberté leur est donnée de
désigner le chef de file à partir de conventions à géométrie variable.
Les principes de non-tutelle et d'inaliénabilité des compétences restreignent
par conséquent les possibilités d'application de cette notion.
Par ailleurs, je rappelle que, dans sa séance du 26 janvier 1994 consacrée à
l'examen de la loi d'orientation, le Conseil constitutionnel a considéré non
conforme à la Constitution un alinéa de l'article 65 précisant que, « jusqu'à
la date d'entrée en vigueur de la loi, les collectivités territoriales pourront
par convention désigner l'une d'entre elles comme chef de file pour l'exercice
d'une compétence ou d'un groupe de compétences relevant de plusieurs
collectivités territoriales ». Cette décision était motivée par le fait qu'il
appartient au seul législateur, en vertu de l'article 34 de la Constitution, de
déterminer les principes de libre administration des collectivités, de leurs
compétences et de leurs ressources. Par conséquent, expliquait le Conseil
constitutionnel, le législateur ne saurait renvoyer à une convention conclue
entre des collectivités territoriales le soin de désigner l'une d'entre elles
comme chef de file. Il doit donc préalablement désigner la collectivité chef de
file selon les champs de compétences traités.
A cet égard, je dois dire que l'amendement n° 70 tend, sur la forme et la
procédure prévues, à respecter les principes de la décentralisation dès lors
qu'il identifie les champs de compétences concernés - l'aménagement du
territoire, le développement économique - qu'il définit les cas où régions et
départements pourraient être chef de file, qu'il précise que ce rôle de chef de
file serait restreint à un programme d'action précis défini par voie de
convention et par un cahier des charges, le cas échéant.
Ce n'est donc pas pour ce motif que le Gouvernement entend s'opposer à
l'amendement dans la mesure où il cherche à faire du département le chef de
file en matière de développement local et d'organisation des solidarités entre
espaces urbains et ruraux.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 70 tout simplement parce que
ce texte est contraire à l'esprit du projet de loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire.
L'extension des prérogatives du département dans les deux domaines visés -
l'aménagement du territoire et le développement économique - n'est pas de
nature à clarifier les compétences. On peut remarquer que seules les
compétences majeures de la région sont ici concernées pour la mise en oeuvre de
ce dispositif, qui semble jouer à sens unique. On assiste à une sorte de
démembrement des compétences de la région invitée à partager ses deux
compétences fondamentales avec d'autres alors que rien n'est dit sur les
modalités de travail en commun pour des compétences qui seraient davantage dans
le champ des départements ou des groupements de communes.
D'ailleurs, la formulation actuelle ne résout qu'imparfaitement les problèmes
auxquels on est confronté dans la « vraie vie », si je peux dire. Le
sous-amendement n° 330 rectifié l'illustre bien puisque, loin de simplifier la
répartition des tâches entre le département et les groupements de communes, il
met ces derniers en concurrence sur les quelques fonctions disputées aux
régions.
Je voudrais dire aussi ma perplexité à l'idée de devoir traiter de groupements
de communes sans préciser quel serait leur statut : SIVOM, syndicat mixte,
district, EPCI ? On ne le sait. Il me semble que ce n'est pas tout à fait
conforme au souci de simplification que vous aviez manifesté lors de mon
audition par la commission spéciale et depuis. Il me semble que la notion de
chef de file reste intéressante ; elle pourrait être utilement approfondie pour
faciliter la coordination interinstitutionnelle. Mais une telle introduction
dans notre droit doit faire l'objet d'un débat approfondi et d'une véritable
loi sur la répartition des compétences, comme cela est prévu à l'article 65 de
la loi du 4 février 1995.
Je ne suis pas favorable, en revanche, à la méthode qui consiste à introduire
cette notion au détour d'un amendement, et pour aller dans une direction tout à
fait contraire à l'esprit du projet de loi.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 70 et sur le
sous-amendement n° 330 rectifié.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher,
rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je voudrais, avant que ne s'engage sans doute le débat,
apporter une précision : naturellement, nous avons été sensibles aux
dispositions déclarées non conformes à la Constitution.
Je voudrais rappeler que, aujourd'hui, à la différence d'ailleurs de notre
intention de 1994, nous visons des actions communes librement engagées, à
compétences inchangées, par les collectivités, dans un cadre conventionnel. Par
conséquent - et c'est là la différence par rapport au texte de décembre 1994 -
l'amendement ne vise pas les compétences ou groupes de compétences communes à
plusieurs collectivités. Voilà pour l'aspect constitutionnel.
Mais à vous entendre, madame le ministre, j'ai eu le sentiment que vous
n'aviez pas réglé ce que, pour notre part, nous avons résolu depuis un certain
temps, à savoir l'équilibre entre région, département et commune. J'ai cru à
certains moments, moi qui ne suis pas membre d'un conseil général, que les
départements trouvaient peu de place dans les préoccupations du Gouvernement.
Nous, nous considérons que nous avons besoin de ces niveaux pour l'aménagement
et le développement durable du territoire. Nous avons donc balayé ces
difficultés dans la mesure où nous savons qu'il s'agit de coordination. Et
c'est de la complémentarité entre ces niveaux de collectivités que naîtra une
véritable politique d'aménagement et de développement du territoire sur le plan
tant de la région que de chacune des collectivités.
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission spéciale.
M. Jean François-Poncet,
président de la commission spéciale.
Nous abordons un point dont chacun
sent bien qu'il est primordial. J'avoue être stupéfait par l'attitude négative
de Mme le ministre, attitude qui traduit un conservatisme que je trouve tout à
fait étonnant dans un domaine où chacun sait qu'il faut avancer et où chacun
sait également que, si l'on n'avance pas, c'est parce qu'il est impossible,
depuis des années, de mettre d'accord départements et régions.
Alors que nous y parvenons, que nous faisons un pas en avant, voilà que le
Gouvernement nous dit : « Stop ! Et nous restons donc plantés dans la confusion
!
Revenons une seconde en arrière. Dans certains domaines, la répartition des
compétences entre départements et régions est claire et s'applique sans aucun
problème. Je pense, par exemple, aux lycées et à la formation professionnelle,
qui relèvent de la compétence des régions, aux collèges et à l'aide sociale,
qui ressortissent à celle des départements, et je pourrais continuer cette
énumération.
Mais il est un domaine totalement partagé : celui qui concerne l'économie, le
développement. A certains égards, c'est le principal, car qui dit développement
dit emploi.
Nous savons bien que toutes nos collectivités, qu'elles soient communales,
départementales ou régionales - je n'ai pas besoin de parler de l'Etat - ne
peuvent pas rester l'arme au pied devant l'attente des populations ! Par
conséquent, toutes interviennent.
Le problème est de savoir s'il faut laisser ces compétences totalement
partagées s'exercer sans tenter d'établir un peu d'ordre. C'est cet ordre que
la commission vous propose, mes chers collègues.
Naturellement, nous aurions pu être beaucoup plus audacieux et proposer
carrément une répartition des compétences dans le domaine économique. Nous
aurions pu, par exemple, conformément à certaines propositions étudiées en 1994
et en 1995, balayer les financements croisés, répartir - il faudrait évidemment
en arriver là - les recettes fiscales de façon très claire, la taxe
professionnelle cessant d'être partagée.
Nous sommes finalement arrivés à la conclusion que, si nous voulions sortir de
l'immobilisme, faire un pas en avant, le mieux était de ne pas toucher à la
répartition des compétences - nous n'y touchons pas - de ne pas éliminer les
financements croisés car, s'ils sont, c'est vrai, source de complication, ils
présentent l'avantage d'obliger les collectivités à coopérer.
Par conséquent, dans ce domaine vital, il y a une concertation, il y a une
coopération. Rares sont aujourd'hui les dossiers financés sans la participation
commune de la région, du département et de l'Europe, voire, parfois, quand il a
un peu d'argent, de l'Etat. Voilà ce qui se passe !
A partir du moment où l'on ne touche pas aux compétences, où l'on maintient
les financements croisés pour des raisons de coordination, est-il impossible
d'avancer ? Nous avons pensé que nous le pouvions à travers cette notion de
chef de file.
Dans le texte qui vous est proposé par la commission spéciale, il est prévu à
la fois que les collectivités sont libres de désigner ce chef de file et que ce
qui relève du développement local, de l'espace rural, des relations entre les
villes moyennes et la campagne, relève du département, tandis que les problèmes
régionaux relèvent du conseil régional. C'est d'ailleurs, pour l'essentiel, ce
qui se passe, et la disposition proposée colle à la réalité : c'est le
département qui est le plus proche des préoccupations de développement local et
rural, alors que certaines compétences - les infrastructures, l'université -
relèvent de la région.
Avec beaucoup de prudence, nous faisons un pas en avant, car nous ne pouvons
toujours attendre la loi de répartition des compétences qui était prévue en
1995. Même s'il nous propose trois projets de loi, le Gouvernement fait-il
aujourd'hui un seul pas en avant dans la répartition des compétences ? Aucun
!
Alors, de grâce ! que le Gouvernement ne nous empêche pas d'avancer. Nous
avons réussi ce miracle de mettre d'accord les régions, les départements, les
communes. Qu'on nous laisse avancer, que l'on ne nous empêche pas de
progresser, c'est tout ce que nous demandons !
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées du RDSE, du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 330 rectifié.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin.
J'exprimerai un avis réservé sur ce sous-amendement.
Ce débat est très important puisque, M. le rapporteur l'a dit tout à l'heure,
il concerne la répartition des rôles spécifiques des départements et des
régions.
Introduire les groupements à cet endroit du projet de loi me paraît compliquer
la réflexion.
Cela étant, madame la ministre, comme je l'ai dit à plusieurs reprises, j'ai
de la sympathie pour votre texte. En effet, vous privilégiez le contrat en tant
qu'outil d'aménagement du territoire. Vous prévoyez ainsi en amont des contrats
et des schémas pour assurer une cohérence, tandis que vous prévoyez en aval une
logique de projet.
Je suis personnellement d'accord avec ce qui a été dit des pays et des
agglomérations afin d'améliorer le texte. Mais qu'est-ce qu'un contrat ? C'est
la confiance plus que la hiérarchie, c'est-à-dire que l'on se met autour de la
table et que l'on établit des relations de confiance.
Comme M. le président François-Poncet vient de le dire, deux grandes logiques
prévalent en matière de compétences. L'une est la logique de la segmentation,
de la répartition, du « qui fait quoi », l'autre est la logique du partage : on
se met autour de la table, on développe tous ensemble un projet dans une
matière donnée, on met en commun les compétences de chacun.
Certes, l'inconvénient du contrat, c'est le manque de lisibilité : très
souvent, quand on accuse les financements croisés, c'est parce que l'on ne sait
pas très bien qui est responsable. Mais cette lisibilité existe déjà avec
l'attribution à l'un des partenaires de la maîtrise d'ouvrage ! Ainsi, à
l'occasion de la mise en place du plan Université 2000, la maîtrise d'ouvrage a
été attribuée non pas à celui qui avait la meilleure compétence sur le sujet,
mais au plus proche du terrain. Ainsi, le département de la Charente-Maritime a
obtenu la maîtrise d'ouvrage de l'université de La Rochelle, dans le cadre du
plan Université 2000, parce qu'il était le mieux placé pour veiller, au nom de
tous les partenaires, à la bonne fin du chantier. Cette idée n'est pas si
révolutionnaire que cela !
Le texte que nous proposons est souple. Nous disons : « sauf stipulation
contraire ». Comme l'objectif est de mettre les gens d'accord, il ne s'agit pas
d'imposer !
La règle générale est que la région s'occupe de ce qui est régional - ce n'est
tout de même pas bouleversant - tandis que le département s'occupe du local et
de l'articulation entre ville et campagne. C'est une logique locale que nous
connaissons bien ! Je ne crois pas, madame la ministre, qu'il s'agisse là de
bâtir une hiérarchie : il s'agit simplement d'organiser le contrat.
Je défends, dans votre texte, cette logique du contrat, mais je souhaite que
le contrat soit lisible, et donc qu'il y ait un chef de file.
J'irai même plus loin : en ce qui concerne ma propre région, pour le prochain
contrat de plan, je souhaite - et je le proposerai - que, pour chacun des
articles du contrat, soit désigné un chef de file. Ainsi, nous saurons qui
informera les autres du bon déroulement des affaires.
Vous semblez inquiète, madame la ministre, car vous pensez que cette
proposition amputerait la région de ses compétences. Très franchement, je ne le
crois pas, parce que je crois que la région n'a pas d'avenir contre le
département. Certes, elle peut organiser un rapport de forces pour bloquer le
processus, mais tout le monde peut tout bloquer en permanence ! C'est bien
pourquoi, au demeurant, nous avons voulu surmonter la logique des blocages pour
jouer la logique de la cohérence : si la région s'occupe de ce qui est
régional, il est clair qu'elle sera complètement dans ses compétences ; dès
qu'un dossier aura une dimension régionale, la région aura légitimité à
intervenir, mais elle le fera en accord avec les uns et les autres.
C'est la raison pour laquelle, voulant faire du « Voynet plus que Voynet », si
vous me le permettez, je pense que, dans la logique de ce projet de loi, la
notion de chef de file est cohérente car elle rend l'organisation du contrat
efficace et lisible.
Franchement, dans cette bataille, alors que nous avons évité la guerre entre
les collectivités territoriales et que, en matière d'aménagement du territoire,
les territoires dévitalisés sont condamnés, la seule logique qui compte est la
fertilité : il faut forcer les partenaires à s'entendre pour agir et bâtir, et
non pas organiser les égoïsmes.
L'adversaire de la décentralisation, c'est l'esprit féodal !
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste.)
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Je pourrais faire mienne l'argumentation qui a été développée par MM. Gérard
Larcher, Jean François-Poncet et Jean-Pierre Raffarin, mais en l'étendant aux
groupements de communes.
Je ne sais pas s'il est besoin de faire une explication de texte ou de
procéder à une analyse de l'amendement n° 70, mais, à la fois dans le premier
et dans le deuxième alinéa, sont visés les collectivités territoriales et leurs
groupements. C'est ainsi que le deuxième alinéa prévoit notamment que « la
convention peut charger la collectivité ou le groupement chef de file... » Par
conséquent, les groupements sont bien visés !
C'est la raison pour laquelle, en toute cohérence et en toute logique, il
m'apparaît souhaitable que les groupements soient également visés dans le
dernier alinéa de l'amendement.
Tel est l'objet du sous-amendement n° 330 rectifié. Il s'agit, en effet, d'une
négociation qui sera menée par voie conventionnelle entre la région, le
département ou le groupement pour savoir qui sera chef de file.
La cohérence veut que l'on aille jusqu'au bout du raisonnement et que le
partenariat entre les différentes collectivités territoriales soit complet. Le
fait de ne laisser que le département et la région décider de la collectivité
chef de file et de ne pas mettre le groupement à égalité dans le cadre des
conventions et des discussions, c'est vraiment placer les communes et les
groupements de communes en situation de tutelle à l'égard des autres
collectivités territoriales !
Par conséquent, si l'on veut, je le répète, être cohérent jusqu'au bout, il
faut adopter les dispositions que je vous propose. C'est la raison pour
laquelle je maintiens mon sous-amendement, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 330 rectifié, repoussé par la
commission et par le Gouvernement.
(Après une première épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le
Sénat, par assis et levé, adopte le sous-amendement.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 70, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 22.
Article 22
bis
M. le président.
« Art. 22
bis.
- Le sixième alinéa de l'article 7 de la loi n° 85-30 du
9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne est
ainsi rédigé :
« Il est informé au moyen d'un rapport annuel, établi par le préfet désigné
pour assurer la coordination dans le massif, des décisions d'attribution des
crédits inscrits dans la section locale à gestion déconcentrée du Fonds
national d'aménagement et de développement du territoire et correspondant à des
projets situés en zone de montagne. » -
(Adopté.)
Article 22
ter
M. le président.
« Art. 22
ter.
- Après le deuxième alinéa de l'article 33 de la loi n°
95-115 du 4 février 1995 précitée, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Il est périodiquement fait état au Conseil national de l'aménagement et du
développement du territoire, défini à l'article 3, des décisions d'attribution
des crédits de ce fonds. »
Par amendement n° 71, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de cohérence rédactionnelle : il a
paru préférable à la commission spéciale de faire figurer les disposition de
l'article 22
ter
au sein de l'article 4 du présent projet de loi, qui
traite des missions du Conseil national de l'aménagement et du développement du
territoire.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 71, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 22
ter
est supprimé.
Article 22
quater
M. le président.
« Article 22
quater.
- Après le deuxième alinéa de l'article 33 de la
loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée, sont insérés deux alinéas ainsi
rédigés :
« Les décisions d'attribution des crédits inscrits dans la section locale à
gestion déconcentrée sont communiquées par le préfet de région aux présidents
des conseils régionaux et des conseils généraux intéressés.
« Le préfet de région adresse, chaque année, au président du conseil régional
un rapport sur les conditions d'exécution de ces décisions. »
Je suis saisi de deux amendements, présentés par MM. Larcher, Belot et Revet,
au nom de la commission spéciale.
Le premier, n° 72, a pour objet de remplacer, dans le deuxième alinéa de cet
article, les mots : « préfet de région » par les mots : « représentant de
l'Etat dans la région ».
Le second, n° 73, tend, au début du dernier alinéa de l'article 22
quater
, à remplacer les mots : « Le préfet de région » par les mots : «
Le représentant de l'Etat dans la région ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il s'agit de deux amendements de précision rédactionnelle :
la formulation « représentant de l'Etat dans la région » est en effet celle qui
figure dans l'ensemble du texte de la loi de 1995.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 72 et 73 ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Avis
favorable sur ces deux amendements.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 72, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 73, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 74, MM Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent, dans le dernier alinéa de l'article 22
quater,
de
remplacer les mots : « au président du conseil régional » par les mots : « aux
présidents du conseil régional et des conseils généraux intéressés ».
Par amendement n° 191, M. Vasselle propose d'insérer, dans le second alinéa du
texte présenté par l'article 22
quater
pour être inséré après le
deuxième alinéa de l'article 33 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, après
les mots : « au président du conseil régional », les mots : « et à celui du
conseil général ».
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 74.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de cohérence et de précision
rédactionnelle.
Il est en effet prévu, au premier alinéa du texte proposé par cet article, que
les décisions d'attribution seront communiquées aux présidents des conseils
régionaux et aux présidents des conseils généraux intéressés.
Il apparaît donc nécessaire, par souci de cohérence, de rendre également les
présidents de conseils généraux intéressés, et non uniquement le président du
conseil régional, destinataires du rapport annuel portant sur les conditions
d'exécution des décisions que devra établir le représentant de l'Etat dans la
région.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle, pour présenter l'amendement n° 191.
M. Alain Vasselle.
Cet amendement ayant le même objet que celui de la commission, nous le
retirons à son profit.
M. le président.
L'amendement n° 191 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 74 ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 74, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 22
quater,
modifié.
(L'article 22
quater
est adopté.)
Article 23
M. le président.
« Art. 23. - Après l'article 38 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
précitée, il est inséré un article 38-1 ainsi rédigé :
«
Art. 38-1
. - Le Fonds de gestion des milieux naturels contribue au
financement des projets d'intérêt collectif concourant à la protection, à la
réhabilitation ou à la gestion des milieux et habitats naturels.
« Sa mise en oeuvre prend en compte les orientations du schéma de services
collectifs des espaces naturels et ruraux. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 75, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de rédiger comme suit cet article :
« I. - L'article L. 112-16 du code rural est aini rédigé :
«
Art. L. 112-16.
Le fonds de gestion des territoires ruraux et des
espaces naturels contribue au financement de tout projet d'intérêt collectif
concourant à la gestion, à l'entretien, à la réhabilitation et la protection
des territoires ruraux et des espaces naturels.
« Ce fonds regroupe les crédits consacrés à la gestion de l'espace rural et
aux milieux naturels.
« Sa mise en oeuvre s'inscrit dans le cadre d'orientations générales
pluriannuelles arrêtées au niveau de chaque département, en cohérence avec le
schéma directeur des territoires ruraux et des espaces naturels, par le
représentant de l'Etat en association avec le président du conseil général,
après consultation d'une commission associant des représentants des services de
l'Etat, des élus, des associations de protection de la nature, de la profession
agricole et des autres acteurs économiques. »
« II. L'article L. 112-17 du code rural est abrogé. »
Par amendement n° 222 rectifié, Mme Bardou, MM. Althapé, Barnier, Besse,
Faure, Ferrand, Hérisson, Jarlier, Michel Mercier, Ostermannn et Jourdain
proposent de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par
l'article 23 pour l'article 38-1 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 :
« Le fonds de gestion des milieux naturels et ruraux contribue au financement
des projets d'intérêt collectif concourant à l'entretien ou à la réhabilitation
des espaces ruraux ainsi qu'à la protection ou à la réhabilitation des milieux
et habitats naturels. »
La parole est à M. Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 75.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Nous abordons la question du fonds de gestion des milieux
naturels, qui est en quelque sorte le volet financier du schéma directeur des
territoires ruraux et des espaces naturels, tel qu'il ressort de nos travaux à
l'article 18.
Je rappelle que le Sénat a adopté, à l'article 18, une nouvelle rédaction de
ce schéma, qui tend à souligner la complémentarité entre la protection de
l'environnement et le développement, notamment économique, des territoires
ruraux, eux-mêmes conjugués avec les espaces naturels.
Dans cet esprit, l'amendement n° 75 tend à fusionner le fonds de gestion de
l'espace rural et le fonds de gestion des milieux naturels.
La loi du 4 février 1995 a en effet créé, je le rappelle, un fonds de gestion
de l'espace rural, le FGER, dont l'objectif est le financement de projets
concourant à l'entretien et à la réhabilitation de l'espace rural. Pour la
première fois depuis sa création, ce fonds n'a pas été doté dans le budget du
ministère de l'agriculture inscrit dans la loi de finances de 1999. Les crédits
ont été transférés pour financer les contrats territoriaux d'exploitation.
La même loi de finances a créé, au sein du budget du ministère de
l'environnement, un fonds de gestion des milieux naturels, le FGMN, destiné à
assurer le financement de projets tendant à la préservation des milieux
naturels et de la diversité écologique.
L'article 23 du projet de loi dispose que ce fonds aura vocation à prendre en
compte le schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux. La
commission spéciale en a déduit que ce fonds avait également vocation à
financer des projets concourant à l'entretien et à la réhabilitation du
territoire et de l'espace rural.
Le FGER et le FGMN concourent, en définitive, à un même objectif de
valorisation et de protection des territoires ruraux et des espaces naturels,
et ont vocation à prendre en compte le même schéma directeur des territoires
ruraux et des espaces naturels.
C'est pourquoi la commission spéciale, dans la logique qui l'a conduite,
depuis le début de l'examen du texte, à conjuguer aménagement et développement
du territoire rural, d'une part, et protection et mise en valeur des espaces
naturels, d'autre part, propose, par cet amendement, de fusionner les deux
fonds.
Rappelons-nous que le fonds de gestion de l'espace rural avait été imaginé et
soutenu, notamment, par les jeunes agriculteurs, qui y voyaient une fonction,
un rôle et une place pour l'agriculture dans le développement du territoire et
des espaces ruraux comme dans la protection des milieux naturels.
M. le président.
La parole est à Mme Bardou, pour défendre l'amendement n° 222 rectifié.
Mme Janine Bardou.
Cet amendement étant satisfait par celui de la commission, nous le
retirons.
M. le président.
L'amendement n° 222 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 75 ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
J'ai eu
l'occasion de dire à de nombreuses reprises combien j'étais convaincue que l'on
pouvait, dans l'écrasante majorité des zones rurales, concilier les enjeux liés
à la protection et les enjeux liés au développement économique.
En revanche, j'en ai fait le constat, un outil directement « fléché » non pas
sur le monde rural dans sa diversité mais sur l'agriculture a, en général,
comme tendance lourde celle de n'être plus disponible très rapidement pour ce
qui relève de la protection des espaces les plus sensibles.
Je pense ici à la zone centrale des parcs nationaux, à la prise en compte des
contraintes liées à la présence de grands prédateurs ou à l'accompagnement de
la directive « habitat » de Natura 2000.
C'est pourquoi nous avons souhaité identifier un fonds, avec des moyens qui
resteront sans doute modestes dans cette phase où les cahiers d'objectif des
sites Natura 2000 ne sont pas encore élaborés, pour financer ces actions liées
à la protection des milieux qui ne sont jamais financées malgré les sommes
considérables qui sont affectées aux zones rurales dans le domaine agricole et
dans le domaine du développement rural.
Je souhaite que ce fonds de gestion des milieux naturels individualisé,
destiné à protéger des espaces sensibles et des espaces qui demandent une
rémunération décente des contraintes acceptées par leurs gestionnaires, ne
connaisse pas le sort de fonds qui affichaient une vocation rurale large et
qui, en fait, n'ont plus été utilisés que par une partie très restreinte du
monde agricole.
L'expérience du fonds de gestion de l'espace rural et des mesures
agri-environnementales nous aura donc servi.
Il s'agit, aujourd'hui, d'identifier un fonds de gestion des milieux naturels
qui devrait, me semble-t-il, dans les années à venir, être géré de façon
centrale.
En effet, l'administration ne s'est pas encore fait une jurisprudence sur ces
questions. Nous sommes seulement dans une phase de montée en puissance d'un
certain nombre de ces politiques, à laquelle sont associés de très nombreux
utilisateurs et de très nombreux gestionnaires des espaces ruraux. Je pense
notamment à tous les partenaires qui sont associés au sein du comité national
de suivi Natura 2000.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larché, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je souhaite informer notre assemblée sur la consommation des
crédits.
En effet, 55 % des crédits avaient une vocation non strictement agricole. En
outre, 35 % des projets ont contribué à l'entretien et à la réhabilitation
d'espaces, notamment d'espaces atteints par la déprise agricole ; certains ont
concerné la réhabilitation des milieux humides.
Du point de vue de la répartition spatiale sur le territoire, la moitié des
projets ont intéressé des zones défavorisées, notamment celles où l'on pratique
l'élevage et la polyculture.
Voilà pourquoi la fusion des deux fonds nous semble être un élément qui vous
permettra, madame le ministre, de mener à bien ce projet qui est le vôtre
d'allier la protection des espaces naturels et le développement des territoires
ruraux.
J'ajoute que, même si les crédits consommés en 1996 et 1997 - je ne parle pas
de 1995 - ont été un peu inférieurs à 200 millions de francs, ils l'ont été
pour rémunérer la réalisation de travaux effectués à 70 % soit par des
agriculteurs soit par des coopératives d'utilisation en commun de matériel
agricole, les CUMA. Dans certains territoires, c'est un complément de revenu à
ne pas négliger.
Voilà pourquoi ce que nous proposons nous semble à la fois équilibré et
nécessaire pour le territoire rural et l'espace naturel.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
Larcher, ne faites pas semblant ! Vous savez très bien que le fonds de gestion
de l'espace rural était fait pour mener les actions que vous avez énumérées. Je
constate d'ailleurs que l'on n'a pas changé la logique, lourde en matière
agricole.
Vous parlez de réhabilitation des milieux humides. Il y a de bonnes façons de
réhabiliter les milieux humides : pour arrêter de détruire le Marais poitevin,
par exemple, il faudrait que l'on puisse avoir un financement des pratiques
agricoles extensives qui soit au moins comparable à celui qui permet le
retournement des prairies et la culture du maïs dans des zones qui ne méritent
pas cela.
Pensez-vous vraiment que l'utilisation du fonds de gestion de l'espace rural
par les agriculteurs pour les seules missions de gestion des milieux n'a pas
été détournée de son objectif ?
A cet égard, je peux vous donner quelques exemples extrêmement éclairants.
Ainsi, le fonds de gestion de l'espace rural a notamment été utilisé pour
replanter des cyprès autour des cimetières. Certes, les cyprès ont été plantés
par de jeunes agriculteurs ! Etait-ce pour autant une mission de gestion de
l'espace rural ? Je ne le crois pas.
Nous avons absolument besoin d'un outil de gestion des milieux sensibles pour
rémunérer dignement les contraintes subies et les efforts consentis par les
gestionnaires d'espaces naturels, qui sont parfois des agriculteurs, parfois
des associations de chasseurs, parfois des associations de protection de
l'environnement, parfois des conservatoires d'espaces naturels, parfois des
parcs nationaux.
Il est hors de question de renouveler l'erreur qui a été commise par le passé,
de faire en sorte que ce fonds fusionné profite à une seule catégorie de
gestionnaires de l'espace rural.
D'ailleurs, pour en avoir discuté avec les syndicats agricoles, je puis vous
dire que cette fusion a fait et fait l'objet d'une vive opposition des
professions agricoles.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il faut clarifier le débat : nous ne revenons pas au texte de
décembre 1994 ; nous proposons une fusion qui doit permettre de concourir à la
gestion, à l'entretien, à la réhabilitation et à la protection des territoires
ruraux et des espaces naturels.
Madame le ministre, en 1994, j'ai commis un rapport de mission parlementaire,
remis au Gouvernement, sur le patrimoine rural, notamment le patrimoine rural
vivant.
Implanter des vaches de race
Scottish,
c'est-à-dire des vaches qui, en
pâturant, réhabilitent le marais Vernier, dans la Basse-Seine, ou implanter
demain, parce que vous nous y aurez aidés, de la vache parthenaise dans le
Marais poitevin, où elle pourra vivre parce qu'elle a des sabots plus larges,
et donc pâturer, et donc renouveler les roselières
(Applaudissements sur les
travées du RPR et des Républicains et Indépendants),
tout cela fait partie
de nos préoccupations.
S'agissant de l'espace naturel Nord - Pas-de-Calais, le mouton Boulonnais
continue à pâturer l'herbe rase, empêchant ainsi l'effondrement des falaises du
Boulonnais.
Madame le ministre, dans ce domaine, personne n'a le monopole de la
préoccupation écologique.
(Très bien ! sur les travées du RPR.)
Cette préoccupation, nous l'avons les uns et les autres plus ou moins
chevillée au corps ; nous la partageons avec vous.
On ne saurait résumer l'utilisation du fonds de gestion de l'espace rural à
des pratiques agricoles détruisant le milieu. Et si des cyprès ont été plantés
autour des cimetières, qu'ils reposent en paix !
(Sourires.)
Car il nous faut aussi, dans le même temps, traiter les fonds de vallée. M.
Bellanger le sait bien, le grand échec du parc naturel de la Haute Vallée de
Chevreuse, ce sont les fonds de vallées abandonnés par l'agriculture et pour
lesquels nous n'avons pas su mettre en place une gestion de l'espace rural et
du milieu naturel qui corresponde à la réalité de ces milieux.
Voilà pourquoi, sur ces sujets, il m'apparaît que nous pouvons être d'accord.
La fusion des deux fonds répond à notre commune préoccupation s'agissant du
territoire.
Les milieux humides peuvent encore avoir des vocations économiques,...
M. Charles Revet.
Tout à fait !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
... avec un temps de retour lent. La marais Vernier ne peut
être traité autrement que par le pâturage, qui est un moyen de gérer l'espace
rural tout en assurant l'équilibre biologique et l'équilibre humain, en ce
qu'il procure des revenus à une population qui est ainsi maintenue sur le
territoire.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. Charles Revet.
Merci pour le marais Vernier !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
Larcher, nous n'allons pas nous battre pour savoir quelles espèces de vaches
sont les plus à même d'entretenir des zones humides ou des pâturages
intéressants du point de vue de la biodiversité !
Soyons clairs : ce dont je me plains, c'est non pas de ne pas connaître les
espèces de vaches adaptées à l'entretien du Marais poitevin, mais de ne pas
être en mesure, aujourd'hui, de rivaliser avec un système de primes agricoles
qui prévoit 3 000 francs par hectare pour celui qui choisit de retourner les
zones humides et 300 francs pour celui qui choisit de faire pâturer ses vaches
aux larges sabots !
M. Charles Revet.
Cela, c'est la politique agricole, madame le ministre !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je propose
que les sénateurs aillent jusqu'au bout de leur démarche, qu'ils accompagnent
les efforts du Gouvernement en faveur d'une réorientation des aides agricoles
prenant en compte les facteurs d'écoconditionnalité, qu'ils acceptent le
plafonnement des aides aux grandes exploitations, qu'ils acceptent la
modulation de ces aides.
(M. Alain Vasselle s'exclame.)
M. Bernard Piras.
M. Alain Vasselle n'est pas d'accord !
(Sourires sur les travées socialistes.)
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Ainsi,
nous irons doucement vers une politique agricole commune permettant de mettre
en échec la logique d'intensification et de productivisme qui fait tant de mal
au milieu que vous prétendez protéger.
M. Alain Vasselle.
Mais non !
M. Charles Revet,
Rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Revet,
rapporteur.
M. Charles Revet,
rapporteur.
Madame le ministre, je souscris tout à fait aux propos que
vous venez de tenir.
En Seine-Maritime, l'été dernier, 80 000 familles se sont trouvées privées
d'eau pendant des dizaines de jours à cause de pollutions qui se sont
infiltrées très rapidement dans un sous-sol crayeux.
Effectivement, les primes incitent à retourner des prairies pour pratiquer
d'autres cultures. Il faut revoir le système des primes et aider davantage
certaines productions, l'herbe par exemple. D'ailleurs, le conseil général de
la Seine-Maritime a tout récemment voté une motion en ce sens.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
J'ai honte
de faire perdre du temps à l'honorable assemblée...
MM. Gérard Larcher et Alain Vasselle,
rapporteur,
Mais non !
M. Charles Revet.
Nous ne perdons pas de temps !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
... mais
j'ignorais un petit détail que vous nous avez caché, monsieur Larcher ! En
effet, il vient de m'être précisé que les
Highland Cattles
du marais
Vernier sont des troupeaux publics créés par le parc naturel régional de
Bretonne, ...
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Effectivement !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
... tout
comme d'ailleurs un troupeau que vous avez évoqué dans le Boulonnais.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Absolument !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je
constate effectivement qu'on est relativement loin de pouvoir mobiliser des
éleveurs privés sur des politiques de ce type dans l'état actuel des primes qui
leur sont octroyées pour ces pratiques extensives protectrices des espaces.
M. Charles Revet.
Venez voir dans le parc de Bretonne !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, le rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Madame le ministre, je vous adresserai l'annuaire des
éleveurs de moutons boulonnais ! Vous verrez que les éleveurs privés sont
nombreux et que les deux troupeaux publics ont été les initiateurs d'autres
troupeaux qui existent aujourd'hui sur le territoire. Par ailleurs, nous avons
chez nous un élevage expérimental d'aurochs. Comme aurait dit Brassens : «
Corne d'aurock » à Rambouillet !
(Sourires.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 75.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je voudrais dire, avec M. Moinard et quelques autres collègues, que nous avons
pris note des propos encourageants pour l'avenir du Marais poitevin. Nous
sommes persuadés que, dans la négociation des contrats de plan qui s'ouvre,
l'Etat sera au rendez-vous de la mobilisation pour sauver cette cathédrale de
la nature !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Le
Gouvernement n'a pas 30 000 francs par hectare à y mettre !
M. Louis Moinard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Moinard.
M. Louis Moinard.
Je suis, moi aussi, proche du Marais poitevin. Je veux conforter ce que vient
de dire M. Raffarin : les collectivités locales s'emploient, par des OGAF,
opérations groupées d'aménagement foncier, à maintenir un certain réseau à la
fois hydraulique et de pâturage pour les animaux. Je pense que le fonds de
l'espace rural pourrait y contribuer. Nous devons tous nous préoccuper de
l'environnement, mais l'écologie, c'est l'art de gérer le développement et non
de figer le passé !
(M. François applaudit.)
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Devant une certaine « divagation » de nos débats, le groupe socialiste
appuiera la position du Gouvernement.
M. Charles Revet.
On ne divague pas !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Ce sont
les vaches qui divaguent, pas les débats !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 75, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 23 est ainsi rédigé.
Article additionnel après l'article 23
M. le président.
Par amendement n° 298, M. Le Cam, Mme Beaudeau, M. Lefebvre et les membres du
groupe communiste républicain et citoyens proposent d'insérer, après l'article
23, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 38 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, il est inséré un
article additionnel ainsi rédigé :
«
Art. ...
- Dans un délai d'un an à partir de la promulgation de la
loi n° du d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire, et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, le
Gouvernement présentera un rapport étudiant la possibilité de mise en place de
fonds régionaux pour l'emploi et le développement en vue de favoriser le
développement de l'emploi, de l'activité économique et de la solidarité des
entreprises avec leur territoire d'implantation. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam.
Cet amendement n° 298 vient se substituer aux dispositions de l'article 1er,
que la commission spéciale a jugé utile de supprimer.
La position adoptée par la commission spéciale appelle d'ailleurs, à notre
sens, un certain nombre d'oservations.
Sans revenir de façon trop longue sur le débat que nous avons eu à l'article
1er, vous me permettrez simplement de rappeler que la commission spéciale, en
supprimant l'alinéa que nous proposons ici de transformer en article
additionnel après l'article 23, a supprimé une disposition adoptée par
l'Assemblée nationale à l'unanimité, et bonifiée, soit dit en pasant, par un
sous-amendement de M. Ollier, ancien rapporteur de la loi Pasqua à l'Assemblée
nationale.
Nous demandons donc que soit étudiée la question de la mise en place de fonds
régionaux pour l'emploi et le développement. La dimension développement de
l'activité et de l'emploi n'est-elle pas déterminante dans le cadre d'une
politique d'aménagement du territoire qui ne peut raisonnablement réussir sans
une affectation judicieuse de moyens financiers en faveur de ce développement
?
Notre pays a une certaine expérience - c'est le moins que l'on puisse dire -
des mesures financières incitatives pour l'emploi et la formation.
Pour autant, à la lecture de nos débats et dans l'attente des résultats du
trente-troisième recensement, peut-on dire que cette expérience est porteuse de
résultats en termes de rééquilibrage de l'occupation du territoire national, de
relance de l'activité économique dans les zones rurales ou urbaines définies
comme prioritaires par la politique d'aménagement du territoire ?
Soyons clairs : les incitations fiscales diverses, portant sur la taxe
professionnelle, l'impôt sur les sociétés, ou les mesures d'allégement ou
d'exonération de cotisations sociales, de même que les mesures de soutien aux
investissements en capital suffisent-ils à donner un contenu à la politique
d'aménagement du territoire et à lui permettre d'atteindre les objectifs
qu'elle se fixe ?
C'est à la lumière de cette expérience que nous souhaitons, dans un premier
temps, la rédaction du rapport sur la mise en place des fonds régionaux.
La pertinence de l'échelon régional en matière de gestion de tels fonds est
évidemment liée au fait que ce sont les régions qui sont aujourd'hui au premier
rang pour décider des schémas de formation et d'apprentissage.
S'agissant du développement économique
stricto sensu,
et même si cela
peut déplaire un peu à la commission spéciale, nous estimons que c'est au
travers du rapport entretenu entre le fonds régional et les collectivités
locales et les entreprises « à la base » que nous pourrons prévoir l'allocation
la plus judicieuse des moyens disponibles.
Concernant cette question de l'alimentation des ressources des fonds
régionaux, nous proposons
a priori
que soient éventuellement centralisés
dans ces fonds des ressources aujourd'hui mobilisées par les réductions de
cotisations sociales ou de fiscalité locale et/ou nationale et, éventuellement,
d'autres ressources issues de lignes budgétaires aujourd'hui « éclatées » dans
des départements divers, par exemple dans le budget du commerce et de
l'artisanat.
Quant aux affectations éventuelles de ressources, nous estimons pour notre
part qu'il convient de les prévoir en faveur des entreprises, individuelles ou
PME, qui sont assez largement exclues aujourd'hui d'un accès équitable au
crédit bancaire. Si l'on considère que les petites et moyennes entreprises sont
un maillon indispensable du développement durable du territoire et de la
dynamique de ce développement, on ne peut que souscrire aux propositions que
nous faisons.
C'est donc sous le bénéfice de ces observations que nous vous invitons à
adopter cet amendement qui, je le rappelle, a été adopté à l'unanimité à
l'Assemblée nationale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
La commission ne peut qu'être défavorable à cet amendement eu
égard au volet économique qu'elle a souhaité introduire dans le projet de loi
et dont nous débattrons sans aucun doute demain.
En effet, si nous prenons l'exemple des fonds communs de proximité, de la mise
en réseau des entreprises, de la transmission des entreprises dans les zones
d'aménagement du territoire, il ne s'agit pas uniquement d'exonérations
fiscales.
Plus que des pétitions de principe, il importe de disposer, au travers du
présent projet de loi, de véritables leviers économiques. Telle est la position
de la commission, qui a bien une préoccupation de développement économique.
Comme le disait M. François-Poncet en évoquant la notion de collectivité chef
de file sur l'aspect plus particulier du développement économique, ce qui est
vital, pour un certain nombre de territoires, c'est le développement de
l'emploi, le maintien des populations actives, des familles, ou leur retour.
C'est cela, le développement du territoire !
M. Charles Revet.
Tout à fait !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
J'ai eu
l'occasion de dire quelques mots sur le sujet lorsque nous avons examiné
l'amendement n° 265 qui a été déposé sur l'article 1er. Il s'agit ici de
présenter un rapport qui étudie la possibilité de mettre en place des fonds
régionaux pour l'emploi et le développement. La formulation est très prudente
et l'idée est intéressante.
Qu'il s'agisse de « territorialiser » des aides à l'emploi, de mobiliser
davantage les possibilités du fonds national de développement des entreprises,
de mobiliser l'épargne régionale, de concevoir des outils permettant de
mobiliser les entreprises existantes, qu'il s'agisse de réformer la doctrine
d'utilisation du fonds national d'aménagement et de développement du territoire
dans sa section locale, la démarche n'est pas très éloignée de celle que vous
avez développée et qui fera l'objet d'un certain nombre d'amendements que nous
examinerons demain.
Je considère pour ma part que l'accompagnement, par des outils économiques
adaptés, des dynamiques de développement économique local est un élément tout à
fait essentiel d'une reconquête du territoire.
C'est pourquoi le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 298, présenté
par M. Le Cam.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 298.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est de M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin.
L'idée est certes intéressante, mais elle est imprécise. Il existe beaucoup de
fonds régionaux : une région d'importance moyenne compte aujourd'hui souvent
plus d'une quinzaine de fonds d'intervention. Ils sont accompagnés de
procédures d'aide, de sorte que, très souvent, dans une région, il y a 300 ou
400 formes d'interventions diverses et variées. Tout cela est donc déjà très
complexe.
En fait, ce dont nous avons besoin en ce domaine, c'est plus d'outils
opérationnels - sur le capital-risques, sur le capital développement, sur les
fonds d'amorçage, sur le soutien à l'innovation - que de fonds globaux.
C'est pourquoi cette idée, si elle n'est pas mauvaise, ne va pas assez loin
pour répondre aujourd'hui à la demande des territoires, qui ont besoin d'outils
adaptés pour mener des actions précises en faveur du développement économique
et de l'emploi.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Voilà encore un rapport de plus ! Nous, nous proposons des
dispositifs. Les rapports, nous en connaissons le destin...
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 298, repoussé par la commission et accepté
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 24
M. le président.
« Art. 24. - L'article 39 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 précitée est
abrogé. »
Par amendement n° 76, MM. Larcher, Belot et Revet, au nom de la commission
spéciale, proposent de rédiger comme suit cet article :
« I. - L'intitulé du chapitre Ier du titre V de la loi n° 95-115 du 4 février
1995 précitée est ainsi rédigé :
« De la région d'Ile-de-France et du Bassin parisien ».
« II. - L'article 39 de la même loi est ainsi rédigé :
«
Art. 39
- Le schéma directeur du Bassin parisien coordonne les
dispositions relatives à l'aménagement du territoire des régions Ile-de-France,
Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Haute-Normandie et Picardie.
« Il est élaboré par les régions en association avec l'Etat.
« Il assure la cohérence du schéma directeur de la région Ile-de-France et des
schémas régionaux d'aménagement et de développement du territoire.
« Il prévoit, le cas échéant, l'édiction de directives territoriales
d'aménagement.
« Il assure la continuité, la cohérence et le développement des réseaux de
transports routier, ferré, aérien, fluvial et maritime.
« Il organise la mise en réseaux des établissements d'enseignement supérieur
et de recherche.
« Il favorise le développement économique, social et culturel des pôles
urbains appelés à structurer l'urbanisation du Bassin parisien.
« Il veille à la préservation des territoires ruraux et des espaces naturels
situés entre les territoires urbains de l'agglomération parisienne et les pôles
urbains de son pourtour. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 327 rectifié, présenté par
M. Vasselle et tendant à compléter le texte proposé par le paragraphe II de
l'amendement n° 76 pour l'article 39 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995, par
un alinéa ainsi rédigé :
« L'Etat et les régions précitées peuvent mettre des moyens en commun afin
d'assurer la mise en oeuvre du schéma directeur du Bassin parisien. »
La parole est à M. Gérard Larcher, rapporteur, pour présenter l'amendement n°
76.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il s'agit par cet amendement d'établir un schéma directeur du
Bassin parisien, schéma qui concerne l'Ile-de-France et les cinq régions qui
lui sont contiguës.
Ce schéma directeur, élaboré par les régions, en association avec l'Etat, doit
assurer la cohérence du développement et de l'aménagement du territoire dans
l'ensemble du Bassin parisien.
C'est un débat que nous avons eu en commission spéciale parce que le schéma
directeur de la région d'Ile-de-France est de portées juridiques
différentes.
M. Jacques Bellanger.
Eh oui !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Il peut prévoir, le cas échéant, l'édiction de directives
territoriales d'aménagement.
Je suis allé voir ce qu'en pensait la région, d'Ile-de-France dans la
préparation du contrat de plan, notamment pour une concertation sur des
orientations stratégiques.
M. Huchon lui-même appelle de ses voeux la coopération entre les territoires,
qui doit prendre le pas sur la concurrence, et ce d'autant plus que, dans un
rapport - un de plus ! - élaboré par le ministère de l'équipement, des
transports et du logement, sur les directives territoriales d'aménagement
portant bilan sur six sites expérimentaux...
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Vous voyez bien que les rapports servent à quelque chose !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
... il est écrit qu'il serait essentiel de réserver à
l'avenir les DTA à des sites présentant des enjeux nationaux importants, comme
les grands pôles et axes de developpement participant de manière directe à
l'armature nationale du territoire des grandes aires métropolitaines - et, avec
la région Ile-de-France, nous y sommes ! - les principaux axes de transit en
espaces géographiquement contraints, les zones de forte pression
démographique...
C'est pourquoi, dans l'ensemble de ces documents d'orientation du conseil
régional...
M. Bernard Piras.
Il faut lire l'ensemble ! Vous sortez ces extraits de leur contexte !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
On pourra revenir sur ce point, et je tiens naturellement
toutes ces pièces à votre disposition.
Il est nécessaire, notamment dans la prévision des directives territoriales
d'aménagement et à la lumière de ce que nous avons entendu en commission
spéciale de la part, par exemple, du préfet de la région d'Ile-de-France, M.
Duport, de parvenir à la cohérence.
Madame le ministre, vous savez bien ce qui se passe aux franges d'une grande
région comme la nôtre, au sud de la région picarde, par exemple, qu'évoquait M.
Vasselle, au nord de la région Centre, ou à la limite de notre région, dans le
département de l'Eure-et-Loir. Nous assistons au transfert d'un certain nombre
d'habitants dans ces territoires, d'où la nécessité d'une cohérence, d'une
cohésion, pour éviter la « consommation » des territoires et un développement
en tache d'huile autour des transports collectifs péréqués.
Comme nous l'a dit M. le préfet de région, la prolongation des dispositifs
portant péréquation de transport - je pense notamment à la carte orange -
au-delà des limites mêmes de l'Ile-de-France ne ferait qu'accentuer des
phénomènes de « métropolisation » le long des axes de transports collectifs et
aggraverait les migrations alternantes entre habitat et travail, contre
lesquelles nous souhaitons lutter.
Voilà pourquoi nous pensons qu'il faut une cohésion et une cohérence durables,
notamment dans le bassin parisien.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle, pour défendre le sous-amendement n° 327
rectifié.
M. Alain Vasselle.
Après le brillant exposé de M. le rapporteur de la commission spéciale, je
dirai que l'amendement n° 76 prévoit un certain nombre de missions et d'actions
à la charge d'un schéma directeur du grand Bassin parisien, auquel j'adhère
tout à fait, ce qui revient à inscrire dans la loi un certain nombre d'actions
qui sont déjà assumées, dans le cadre d'une entente interrégionale, par la
région d'Ile-de-France avec les régions périphériques.
Dans ce cadre, d'ailleurs, l'ensemble des régions, avec le concours de l'Etat,
ont décidé de mettre en commun des moyens pour mener à bien un certain nombre
de projets ou d'actions structurantes.
Il m'a cependant semblé qu'une omission avait été commise dans la rédaction de
l'amendement n° 76 et qu'il était nécessaire de faire référence aux moyens que
rassembleraient les différents partenaires pour mener à bien ces missions.
C'est la raison pour laquelle je propose par ce sous-amendement qu'il y soit
fait référence en ces termes : « L'Etat et les régions précitées peuvent mettre
des moyens en commun afin d'assurer la mise en oeuvre du schéma directeur du
Bassin parisien. »
J'espère que ce complément ne contrariera pas M. le rapporteur ni M. le
président de la commission spéciale, qu'ils y trouveront au contraire un
intérêt et que ce sous-amendement recevra un avis favorable.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Mais, naturellement, monsieur Vasselle, notre avis est
favorable... car votre sous-amendement complète utilement l'amendement de la
commission spéciale en prévoyant la possibilité pour l'Etat et les régions de
mettre des moyens en commun pour assurer la mise en oeuvre du schéma directeur
du Bassin parisien.
M. Alain Vasselle.
Je vous remercie, monsieur le rapporteur.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 76 et le sous-amendement
n° 327 rectifié ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le rapporteur, vous avez dressé la liste d'un certain nombre des travaux qui
ont été faits pour essayer de résoudre les problèmes que nous connaissons à
l'échelle du Grand Bassin parisien, vous avez cité un certain nombre de
rapports qui n'ont jamais, me semble-t-il, abouti à la formulation de
propositions qui soient complètement satisfaisantes.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Ils sont récents !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le rapporteur, votre démonstration, qui me paraît tout à fait exacte pour le
Bassin parisien, pourrait certainement s'appliquer également à la Côte d'Azur,
à la région lyonnaise ou à d'autres portions du territoire sur lesquelles
coexistent des enjeux extrêmement forts qui supposent la mise en commun des
approches et des analyses des différentes collectivités territoriales.
M. Philippe François.
Pourquoi pas ?
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Il me
semble que votre proposition est difficile à mettre en oeuvre. En effet, comme
vous l'avez vous-même souligné, le schéma de l'Ile-de-France a un caractère
prescriptif, ce qui n'est pas le cas des autres schémas régionaux, et la
coexistence de ces différentes démarches risque d'engendrer une certaine
complexité.
Il me semble que les grands enjeux que vous avez cités quant aux transports, à
l'enseignement supérieur et à la recherche, au développement des pôles urbains,
relèvent d'ores et déjà, pour l'essentiel, de la vocation des schémas de
services collectifs.
Nous pourrions peut-être insister davantage encore sur le souci de cohérence
interrégionale qui doit être assurée au moment de la collecte des projets des
régions. Peut-être un temps supplémentaire pourrait-il être accordé, sous la
houlette du préfet de région, pour s'assurer d'un échange à propos de ces
schémas régionaux.
En termes d'instruments réglementaires, il me semble que nous sommes également
richement pourvus. Je pense, notamment, à l'instauration des directives
territoriales d'aménagement, les DTA, sur les périmètres qui sont porteurs
d'enjeux fort en termes d'aménagement, ces directives pouvant ultérieurement se
décliner en schémas directeurs.
L'article 5
bis
que nous avons adopté offre, dans sa rédaction
actuelle, toute latitude aux régions pour organiser la cohérence de leurs
politiques respectives, et je crois bien me souvenir qu'au moment où nous en
avons débattu, la semaine dernière, nous avions cité l'exemple du Grand Bassin
parisien et de la nécessaire intensification de la coopération entre ses
régions.
Je ne pense donc pas qu'il soit nécessaire de prévoir, comme vous le faites
dans l'amendement n° 76, monsieur le rapporteur, un schéma directeur du Bassin
parisien qui couvre une portion aussi importante du territoire national et qui
concerne des régions qui, pour certaines, ont une portion de leur territoire à
l'intérieur du Bassin parisien mais qui excèdent très largement cet
enjeu-là.
Pour me résumer, et sans reprendre tous les éléments que contient la longue
note fournie par mes services, j'émets un avis défavorable sur l'amendement n°
76.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Le document que j'ai cité est le rapport de préparation du
contrat de plan pour la région d'Ile-de-France. A la page 59, figure une carte
préparée conjointement par les services de l'Etat et de l'institut
d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Ile-de-France, que je vous invite à
consulter et qui démontre bien que l'agglomération morphologique et le bassin
économique ont depuis longtemps dépassé les limites de la région
d'Ile-de-France.
De ce fait être dans l'incapacité d'élaborer un schéma qui sera la base des
directives territoriales d'aménagement du territoire, c'est - pardonnez-moi, de
le dire, madame le ministre - manquer singulièrement de courage, d'autant que
les besoins sont exprimés, connus et très divers, nous le savons tous. Il
serait, à titre d'exemple, utile de maintenir une trame verte, une trame
agricole.
Il n'est que de voir les dégâts le long de la vallée de la Seine en direction
de l'Eure, notamment, pour comprendre que nous avons besoin de cohérence.
Madame le ministre, vous avez eu raison de le dire, la région PACA, elle
aussi, aurait besoin d'un schéma de secteur propre. Mais l'interrégionalité,
elle est prévue dans le projet de loi, et rien n'empêche les régions de rendre
cohérents leurs schémas d'aménagement régionaux.
Je précise que la mise en place de tels dispositifs dépasse tous les clivages
et que les régions, par-delà leur sensibilité politique, se sont déjà engagées
dans cette voie de la cohérence.
Pardonnez maintenant au Francilien que je suis de parler de ce qu'il voit à
moins de 25 kilomètres de Rambouillet : nous sommes en train de faire un PDD
péri-urbain sur 65 communes ; or, dans le même temps, le territoire au sud de
l'Ile-de-France est en train de s'appauvrir en raison de l'absence de
développement économique.
Nous avons besoin de cohésion, c'est évident, mes chers collègues, y compris
pour conduire une politique de la ville qui passe par une répartition et par
une redistribution des conditions de l'habitat, pour éviter l'enfermement de
certaines populations. Cela aussi passe par un schéma cohérent.
M. Alain Vasselle.
Tout cela est très pertinent !
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je demande
la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet,
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Monsieur
le rapporteur, nous sommes d'accord sur le constat. Mais tel qu'il est rédigé,
le projet de loi permet ce travail entre les régions et confie à l'Etat la
responsabilité d'animer la réflexion interrégionale.
Si on doit affirmer l'absolue nécessité d'un schéma-directeur pour le Grand
Bassin parisien, il faut sans doute aussi le faire pour d'autres portions du
territoire national où les enjeux sont aussi lourds. En disant cela, je pense
aux enjeux d'aménagement sur le littoral méditerranéen, dans les régions
Provence-Alpes - Côte d'Azur et Languedoc-Roussillon. Les enjeux y sont en
effet aussi complexes et aussi lourds en termes de restructuration
industrielle, de pression touristique, de vieillissement du parc immobilier, de
concentration des flux de transports, d'activité économique, de desserte
énergétique, etc. On pourrait citer encore d'autres exemples.
Je ne suis pourtant pas convaincue qu'il soit raisonnable d'élaborer un schéma
à l'échelle d'une portion aussi importante du territoire national en faisant
coexister des parcelles du territoire sur lesquelles la planification a un
poids juridique fort et d'autres qui relèveraient plutôt de la bonne volonté
des acteurs régionaux.
La préoccupation est juste, mais la proposition n'est pas complète.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
C'est parce qu'il y avait cette dualité qu'il fallait
présenter un autre dispositif.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 327 rectifié, accepté par la commission
et repoussé par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 76.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le rapporteur, avec cet amendement, vous souhaitez « élargir »
l'Ile-de-France pour définir un Bassin parisien se dotant d'un schéma directeur
et mettant en place une coordination de certaines régions avec la Bourgogne, le
Centre, la Champagne, les Ardennes, la Haute-Normandie et la Picardie.
Nous estimons que cette proposition manque de bon sens, de réalisme même. En
effet, l'Ile-de-France, c'est 18,9 % de la population française, 29,3 % du PIB,
c'est aussi la moitié des espaces agricoles.
Avec ses 750 000 salariés, l'Ile-de-France occupe le premier rang sur le plan
industriel et économique dans notre pays, mais c'est aussi une grande métropole
européenne.
En étendant le territoire à quatre régions importantes supplémentaires pour
constituer un Grand Bassin parisien doté d'un schéma directeur, vous réunissez
pratiquement la moitié du potentiel français, et ce dans tous les domaines.
Il est évident dès lors que cette super région se développera cette fois au
détriment d'autres.
M. Philippe François.
Pas forcément ! Vos propos sont arbitraires !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Ce développement s'opérera dans un ensemble qui certes présente une unité
géographique, mais qui aux plans économique et social ne possédera que des
caractères fort dissemblables, éloignés, voire dépourvus de tout point
commun.
Alors même que la philosophie du projet de loi d'orientation visée à favoriser
les potentialités de chaque région, en réalisant le Grand Bassin parisien vous
sacrifierez des territoires entiers.
Je vous rappelle, par ailleurs, monsieur le rapporteur, que la stratégie de
l'Etat consiste à faire renaître près d'un quart du territoire francilien vers
une requalification. Il s'agit de ces fameux territoires qui seraient à la
limite de basculer dans la pauvreté, selon le plan de préparation du contrat
Etat-région.
Monsieur le rapporteur, votre proposition n'est-elle pas susceptible
d'accentuer le recul de régions trop lointaines ou trop faibles par rapport à
ce Grand Bassin parisien ? Ces régions, elles ont perdu d'avance !
M. Philippe François.
Je ne vois pas le rapport !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je ne vois pas très bien ce qu'ont en commun les Nivernais, les Picards, les
Ardennais, les Orléanais, les Normands ! Je me demande d'ailleurs s'ils ont été
consultés. Mais j'en doute.
C'est bien au sein de leur région qu'ils peuvent trouver les formes de leur
développement et non en devenant un « appendice » au grand Paris ; un appendice
qui sera vite oublié.
Voilà pourquoi nous voterons contre l'amendement n° 76, comme nous avons voté
contre le sous-amendement n° 327 rectifié, que nous trouvons plus grave
encore.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Raffarin.
M. Jean-Pierre Raffarin.
Mon explication de vote est un message adressé à M. le rapporteur sous la
forme d'une inquiétude et d'une suggestion.
Mon inquiétude est suscitée par la création, autour de l'Ile-de-France, d'un
premier cercle de régions directement branché sur le coeur du pays. Nous
craignons la constitution d'une mise en réseau à caractère hiérarchique autour
de l'Ile-de-France.
Pourquoi l'université d'Orléans ne serait-elle pas autant tournée vers
l'université de Poitiers que vers l'université de Paris VII ? Il est des points
qu'il convient vraiment d'éclaircir. Je suis un décentralisateur, et je sais
que les régions ont souhaité participer à ce type d'approche. Je me soumets
donc tout à fait à leur choix.
Je souhaite vraiment appeler à la vigilance s'agissant de ce grand espace, qui
doit non pas être organisé en un seul réseau, mais rester ouvert sur
l'extérieur. Je pense qu'il y a donc là quelque chose à définir.
J'en viens à ma suggestion.
Monsieur le rapporteur, chaque région de France a besoin de son contrat avec
l'Ile-de-France, chacune ayant sa propre dialectique avec la région capitale,
et cela aussi bien pour les transports ferroviaires que pour le transport
aérien, pour les échanges universitaires ou économiques. Il faut donc bien
veiller à ce que la région capitale puisse nouer un dialogue avec chacune des
régions, et ne pas limiter ce dialogue aux seules régions situées à proximité
du Bassin parisien.
M. Jacques Bellanger.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bellanger.
M. Jacques Bellanger.
Cet amendement n° 76 pose un certain nombre de problèmes.
D'abord, on a parlé de courage. Oui, il faut du courage pour adopter ce «
super-schéma directeur ». Il en eût fallu aussi pour adopter le premier schéma
directeur de la région parisienne, qui - monsieur le rapporteur, vous avez
oublié de le dire - est unanimement reconnu comme peu brillant, y compris par
le préfet de région !
Je suis assez sensible à l'argument de mon collègue M. Raffarin : c'est à
l'Etat qu'il appartiendra de donner une cohérence aux différents schémas de
transport - voyageurs, marchandises... - car la région parisienne a une
influence qui s'étend bien au-delà de ses propres limites géographiques.
Par ailleurs, notre collègue M. Vasselle le rappelait, cette concertation
s'établit en partie naturellement entre les régions. Sans vouloir reprendre un
argument que j'ai souvent entendu ici, puisque je ne le partage pas toujours,
pourquoi légiférer sur des pratiques existantes et libres ?
Nous savons que les régions voisines ont été consultées, y compris lors des
derniers schémas directeurs, car il est vrai qu'une coordination plus ou moins
forte est nécessaire.
Quand une ligne de TGV est créée, nous le savons tous, finalement, ce n'est
pas seulement l'entreprise qui s'en va, mais c'est aussi le personnel. Et
parfois il s'en va très loin, au-delà même du cadre que vous prévoyez !
Par conséquent, je suis assez sceptique sur cet « ultra plan » qui
regrouperait la moitié du potentiel économique français dans un même schéma
directeur. En tout cas, si quelqu'un doit être le garant de cette cohérence,
c'est l'Etat, c'est là son rôle !
Nous voterons contre l'amendement n° 76, mais je suis très heureux d'apprendre
que mon collègue M. Larcher commence à approuver les orientations présentées
par Jean Husson pour les futurs contrats de plan. C'est un progrès dans nos
discussions !
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Larcher, rapporteur.
M. Gérard Larcher,
rapporteur.
Monsieur Bellanger, il est un peu facile de faire ce genre de
numéro aux alentours de zéro heure trente !
En effet, mon cher collègue, nous ne pouvons pas être toujours contre ou
toujours pour les propositions qui sont faites, sous prétexte que nous ne
soutenons pas la majorité régionale ! Nous avons du bon sens et des réalités
s'imposent à nous, quelles que soient nos sensibilités politiques ! Vouloir
réduire, j'allais dire dans un mouvement de pendule, nos décisions sous
prétexte que nous serions de l'autre côté du cadran n'a pas de sens !
Je le dis extrêmement tranquillement et sérieusement : ce n'est pas un schéma
de transport qui permettra de redonner au Bassin parisien une force qui soit
non seulement centripète, mais aussi polycentrique et un peu centrifuge. Cela
passe par le développement économique. Si nous n'organisons pas ensemble le
processus, nous continuerons à jouer les aimants les uns par rapport aux autres
et non pas la complémentarité.
Notre proposition de schéma directeur tend à répondre à cette préoccupation.
Il faut avoir le courage de dire qu'il est des problèmes que, ni les uns ni les
autres aujourd'hui, nous n'avons eu la capacité de résoudre. Telle est la
réalité !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 76, repoussé par le
Gouvernement.
(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par
assis et levé, adopte l'amendement.)
M. le président.
En conséquence, l'article 24 est ainsi rédigé.
Mes chers collègues, compte tenu de l'heure, il y a lieu de renvoyer la suite
de la discussion de ce projet de loi d'orientation à la prochaine séance.
6
TEXTE SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION
M. le président.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution : proposition
de règlement (CE) du Conseil concernant la conclusion de l'accord sous forme
d'échange de lettres modifiant l'accord sous forme d'échange de lettres entre
la Communauté européenne et la Bulgarie, relatif à l'établissement réciproque
de contingents tarifaires pour certains vins, et modifiant le règlement (CE) n°
933/95, portant ouverture et mode de gestion de contingents tarifaires
communautaires pour certains vins.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1237 et distribué.
7
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au mercredi 31 mars 1999, à quinze heures et, éventuellement, le soir
:
Suite de la discussion du projet de loi (n° 203, 1998-1999) d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire et portant modification
de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire, adopté par l'Assemblée nationale, après
déclaration d'urgence.
Rapport (n° 272, 1998-1999) de MM. Gérard Larcher, Claude Belot et Charles
Revet, fait au nom de la commission spéciale.
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
Délai limite pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale
(n° 220, 1998-1999) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : le
mercredi 31 mars 1999, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : reporté au mercredi 31 mars 1999,
à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée le mercredi 31 mars 1999, à zéro heure quarante.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Trafic routier dans le Loiret
504.
- 26 mars 1999. -
M. Paul Masson
demande à
M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement
de bien vouloir lui préciser les dispositions qui seront prises pour que soit
assuré, dans les meilleures conditions de sécurité, le trafic entre l'est du
département du Loiret et Orléans, compte tenu de l'incertitude sur la
désignation du concessionnaire pour la A 19 et de l'état actuel dans lequel se
trouve la RN 60.
Responsabilité pénale des élus
505. - 30 mars 1999. - M. Georges Mouly attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur le problème posé par la réflexion engagée par le ministère de l'éducation nationale en vue de proposer une réforme de la loi en matière de responsabilité pour faits de nature involontaire. A cet effet, un groupe de travail, réunissant les syndicats, les fédérations de parents d'élèves et les services du ministère de la justice, est chargé de faire des propositions. N'ont pas été conviés cependant à participer à ce groupe de travail les élus. En conséquence, il lui demande de quelle manière il entend faire en sorte que les élus locaux, pourtant concernés au premier chef comme cela a été bien souligné lors du dernier congrès des maires de France, soient associés à cette réflexion.