Séance du 10 décembre 1998
VOLONTARIAT DANS LES CORPS
DE SAPEURS-POMPIERS
Adoption des conclusions modifiées
du rapport d'une commission
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discusion des conclusions du rapport (n° 85,
1998-1999) de M. René-Georges Laurin, fait au nom de la commission des lois
constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale sur la proposition de loi (n° 19, 1998-1999) de M.
Claude Estier et les membres du groupe socialiste et apparentés portant
modification de la loi n° 96-370 du 3 mai 1996 relative au développement du
volontariat dans les corps de sapeurs-pompiers.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. René-Georges Laurin,
rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Monsieur le
président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ai déjà eu l'occasion
de dire, tant en commission qu'ailleurs, que je n'étais pas d'accord sur la
forme qu'avait prise ce texte puisque c'est la précipitation qui explique le
dépôt d'une proposition de loi et non d'un projet de loi.
En ce qui concerne la vétérance, qui nous occupe aujourd'hui, la loi du 3 mai
1996, votée avec l'accord du Sénat, remédiait aux insuffisances de recrutement
après que l'on eut constaté une crise dans le volontariat du corps des
sapeurs-pompiers.
Cette loi a amélioré la protection sociale des volontaires et entendu
faciliter leur disponibilité en mettant en place un régime d'autorisation
d'absence et en consacrant leur droit à percevoir des vacations horaires.
Elle a, enfin, généralisé l'allocation de vétérance, destinée à marquer la
reconnaissance de la collectivité pour les services rendus au public.
La proposition de loi que nous avons à examiner porte uniquement sur
l'allocation de vétérance. Elle tend, d'une part, à en élargir les conditions
d'attribution et, d'autre part, à en réviser le financement.
Actuellement, l'allocation de vétérance est soumise à deux conditions :
premièrement, le sapeur-pompier doit avoir accompli vingt années de service ;
deuxièmement, son engagement prend fin lorsqu'il a atteint la limite d'âge de
son grade, soixante ans pour les officiers et cinquante-cinq ans pour les
autres. La limite d'âge est ramenée à quarante-cinq ans pour les personnes
atteintes d'une incapacité opérationnelle.
L'allocation de vétérance est composée de deux éléments.
Elle comprend, d'abord, une part forfaitaire, identique pour tous,
effectivement versée depuis cette année, et dont le montant a été fixé à 1
927,86 francs par an. La part forfaitaire est à la charge des collectivités et
établissements, autorités d'emploi.
Elle est constituée, ensuite, d'une part variable, modulée en fonction des
services rendus par le sapeur-pompier volontaire, suivant les critères de
calcul qui devaient être fixés par décret. Son financement est prévu, pour la
moitié au moins, par les autorités d'emploi et, pour le surplus, par les
contributions des volontaires, prélevées sur les vacations horaires.
L'absence d'accord entre les parties concernées sur la nature des services à
prendre en considération, à savoir les activités opérationnelles, l'exercice
des responsabilités ou leur durée, ainsi qu'une certaine réticence des
volontaires sur le principe même de leur participation financière à la part
variable, ont fait obstacle à la publication du décret prévu.
De ce fait, la part variable de l'allocation de vétérance ne peut pas être
versée aux personnes y ayant droit, en dépit de l'entrée en vigueur des
dispositions législatives, fixée par la loi au 1er janvier 1998.
L'article 1er de la proposition de loi assouplirait les conditions
d'attribution de cette allocation, en supprimant la condition de la poursuite
de l'engagement jusqu'à la date de la limite d'âge, tout en maintenant les
autres conditions, notamment celle de la justification de vingt années de
service, ou quinze années en cas d'incapacité opérationnelle. L'allocation
serait versée à compter de la limite d'âge.
Actuellement, le volontaire qui cesse son activité à l'âge de cinquante ans,
après trente-quatre années de service - l'engagement est possible à partir de
l'âge de seize ans - n'a pas droit à l'allocation de vétérance.
En revanche, celui qui cesse son engagement lorsqu'il a atteint la limite
d'âge - mais après vingt ans de service seulement - peut prétendre à cette
prestation.
Il en résulte ce que d'aucuns appellent une iniquité à laquelle cette
proposition de loi entend remédier.
Selon les informations qui m'ont été communiquées par le ministère de
l'intérieur, le décret d'application de la proposition de loi que nous
examinons - si elle était adoptée par le Sénat - fixerait la part variable de
l'allocation à une vacation horaire par année complète de service au-delà de la
quinzième année. Le montant de la vacation varie entre 41,92 francs pour le
sapeur et 63,06 francs pour l'officier.
Sur ces bases, l'allocation de vétérance totale - part forfaitaire plus part
variable - atteindrait en moyenne 2 700 francs par an.
Le nombre des bénéficiaires potentiels de l'extension proposée du champ des
bénéficiaires de l'allocation est évalué à trois mille par le ministère de
l'intérieur. Son coût total serait donc de 8,1 millions de francs, ce qui
paraît acceptable, compte tenu des objectifs fixés.
L'article 3 réformerait le mode de financement de l'allocation de
vétérance.
Le texte proposé supprimerait la contribution des sapeurs-pompiers
volontaires, rendant ainsi la totalité de la charge du financement de
l'allocation de vétérance aux collectivités et aux établissements, autorités
d'emploi.
Selon les évaluations du ministère de l'intérieur, la réforme proposée
entraînerait un transfert de charges évalué au total à 28 millions de
francs.
Certes, s'agissant d'une prestation destinée à marquer la reconnaissance de la
collectivité, l'absence de contribution des intéressés n'apparaîtrait pas
choquante dans son principe.
Il serait cependant regrettable, monsieur le ministre, que la totalité de
l'effort demandé repose uniquement sur les collectivités territoriales.
Vous avez laissé entendre, monsieur le ministre, le 5 novembre 1998 à
l'Assemblée nationale, que vous étiez disposé à engager une réflexion sur la
recherche de ressources extra-budgétaires pour le financement de la sécurité
civile afin de ne plus laisser une part trop importante aux collectivités
territoriales.
Je ne vous ais pas caché à plusieurs reprises qu'une réflexion de cette nature
pourrait se révéler utile. En effet, il s'agit du souci majeur de la
commission.
Dans l'immédiat, afin de rendre effective la généralisation de l'allocation de
vétérance, déjà approuvée par le Sénat, le dispositif proposé pour le
financement de cette prestation pourrait être accepté.
Enfin, la loi de 1996 avait ouvert la possibilité, pour les volontaires
bénéficiant, dans le régime antérieur, d'une allocation supérieure à celle
résultant du nouveau dispositif, de percevoir une allocation différentielle, si
les autorités d'emploi le décident.
L'article 4 reporterait du 1er janvier 1995 au 1er janvier 1998, la date à
laquelle le montant de l'ancienne prestation serait apprécié, pour
l'application de cette disposition transitoire.
Cet aménagement, motivé par le retard pris dans la mise en oeuvre de
l'allocation de vétérance, n'entraînerait aucune majoration de charge pour les
collectivités, puisqu'il s'agirait d'une faculté de maintien du niveau d'une
prestation déjà versée.
Aussi l'adaptation proposée pourrait-elle être acceptée.
Sous le bénéfice de ces observations, la commission des lois vous propose, mes
chers collègues, d'adopter la proposition de loi dans la rédaction qu'elle a
retenue.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne,
secrétaire d'Etat à l'outre-mer, ministre de l'intérieur par intérim.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, votre assemblée se
saisit aujourd'hui, en accord avec le Gouvernement, d'un texte visant à
compléter certaines dispositions relatives à l'organisation des secours dont
bénéficient nos concitoyens.
Les deux lois du 3 mai 1996, le rapporteur l'a rappelé à juste titre, ont posé
deux grands principes, d'une part, l'organisation départementale du système de
distribution des secours au niveau des hommes comme à celui des équipements et,
d'autre part, le développement du volontariat au sein des sapeurs-pompiers,
afin de promouvoir cette mixité des professionnels et des volontaires, qui a
fait ses preuves et à laquelle les Français sont attachés.
Solidairement, avec les 23 000 sapeurs-pompiers professionnels, les 200 000
sapeurs-pompiers volontaires de notre pays sont indispensables au bon
fonctionnement des services d'incendie et de secours. Ils prennent largement
leur part du lourd tribut payé chaque année par les sapeurs-pompiers tombés en
service pour secourir nos concitoyens : sur seize sapeurs-pompiers décédés
depuis le début de cette année, dix étaient des volontaires.
La nation leur doit sa reconnaissance. Nous devons en ce qui nous concerne
faciliter les conditions de développement du volontariat et permettre à ce
vivier de se renouveler.
C'est le sens des principes qu'a posés la loi du 3 mai 1996, en affirmant le
droit à la disponibilité du volontaire dans le cadre de conventions avec leurs
employeurs, l'obligation de formation initiale et de perfectionnement, le droit
à percevoir des vacations pour des missions qu'ils assurent et une allocation
de vétérance à la fin de leur engagement.
La proposition de loi déposée sur le bureau de la Haute Assemblée vise à
parfaire la mise en oeuvre de ce dernier principe. La loi du 3 mai 1996 a
disposé que tout volontaire pouvait percevoir l'allocation de vétérance, au
terme de son engagement, lorsqu'il atteint la limite de son grade et s'il a
effectué au moins vingt ans de service.
Le financement de cette allocation, divisée en une part forfaitaire et une
part variable, était laissé, pour la part forfaitaire, à la charge des
collectivités locales et des établissements publics concernés, et partagé, pour
la part variable, entre ces mêmes collectivités et établissements et les
sapeurs-pompiers volontaires.
Il est apparu que la loi avait fixé, voilà deux ans, des conditions très
contraignantes ayant notamment pour effet de restreindre fortement le nombre
des bénéficiaires, et également de les obliger à prolonger leur engagement
jusqu'à l'âge de cinquante-cinq voire soixante ans, ce qui peut présenter des
risques importants.
Dans ces conditions, il est apparu, à l'Etat comme aux élus, nécessaire de
corriger ces règles.
La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui vise ainsi à dissocier la
durée d'activité de vingt ans de l'obligation d'exercice jusqu'à l'âge limite.
La durée de service exigée est maintenue à vingt ans, mais peut être réduite à
quinze ans en cas d'incapacité opérationnelle reconnue.
Par ailleurs, les critères de calcul de la part variable seront définis par
décret. Le financement des deux parts sera désormais intégralement assuré par
les collectivités locales et les établissements publics.
S'ajoute une dernière clarification visant à permettre aux bénéficiaires,
avant le 1er janvier 1998, d'allocations d'un montant supérieur à la part
forfaitaire de continuer à percevoir ce montant, sous la réserve que les
collectivités concernées acceptent d'assumer financièrement cette
différence.
Les incidences financières des dispositions ont été rappelées par M.
René-Georges Laurin. Elles sont de l'ordre de 36 millions de francs, soit 8
millions de francs du fait de l'extension du nombre de bénéficiaires et 28
millions de francs à la charge des collectivités et établissements publics pour
financer intégralement la part variable.
Votre assemblée a, par ailleurs, été saisie d'un amendement relatif aux
modalités de fonctionnement des conseils d'administration des services
départementaux d'incendie et de secours, les SDIS.
Je rappelle que la départementalisation des services départementaux d'incendie
et de secours a abouti à la création, dans chaque département, d'un
établissement public doté de ses institutions propres, notamment de son conseil
d'administration, et chargé de définir la politique de couverture des risques
et l'acquisition des équipements correspondants. Des textes réglementaires ont
précisé, au cours des deux dernières années, les modalités d'organisation de
ces services départementaux ainsi que le cadre indemnitaire des
sapeurs-pompiers professionnels.
Reste à déterminer, et c'est l'objet de l'amendement déposé devant la Haute
Assemblée, certaines modalités de fonctionnement des conseils d'administration
des services départementaux d'incendie et de secours. Il s'agit, d'abord, dans
le silence à cet égard de la loi du 3 mai 1996, de prévoir la possibilité
d'indemniser, au titre de leurs fonctions, les présidents et vice-présidents
des conseils d'administration. Le principe en étant fixé, il appartiendra
ensuite au pouvoir réglementaire de déterminer, par décret en Conseil d'Etat,
les référentiels qui permettront le calcul des indemnités en fonction de
diverses hypothèses qui sont actuellement à l'étude.
D'autres dispositions visent à assurer, au profit des vice-présidents, la
continuité de l'exécutif de l'établissement public en cas d'absence ou
d'empêchement du président. Il s'agit, enfin, de faciliter le fonctionnement
administratif et financier des services départementaux d'incendie et de secours
en augmentant le nombre d'agents susceptibles de bénéficier d'une délégation de
signature.
La proposition de loi et les amendements qui vous sont ainsi soumis
recueillent l'accord du Gouvernement. Recevant en juin dernier l'ensemble des
présidents des conseils d'administration des services départementaux d'incendie
et de secours, M. Jean-Pierre Chevènement avait eu l'occasion de leur dire
combien il était favorable à leurs demandes et qu'il s'emploierait à les faire
aboutir.
J'ai moi-même reçu, il y a quelques semaines, une délégation des présidents
des conseils d'administration des SDIS - M. Bimbenet en faisait partie - qui
m'ont renouvelé leur demande.
Je souhaite que la Haute Assemblée donne à cette demande sa traduction
législative et permette ainsi à l'ensemble des services d'incendie et de
secours, et donc à l'ensemble des sapeurs-pompiers, de mieux assumer leur
difficile mission au service de la protection de nos concitoyens.
(Applaudissements.)
M. le président.
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la loi du 3
mai 1996 relative au développement du volontariat dans le corps des
sapeurs-pompiers volontaires a consacré la reconnaissance de la nation aux
sapeurs-pompiers volontaires qui constituent, en dehors des grandes
agglomérations, l'ossature essentielle des services départementaux d'incendie
et de secours.
L'allocation de vétérance est un élément important de cette reconnaissance.
Mais au-delà l'objectif est évident, il s'agit, d'une part, d'encourager le
volontariat et, d'autre part, de fidéliser et de récompenser les
sapeurs-pompiers volontaires les plus actifs.
Cette loi a permis de mettre fin à une situation qui se caractérisait par une
extrême hétérogénéité et d'harmoniser le montant et les conditions de versement
de l'allocation de vétérance.
Cette loi a également permis de reconnaître la mission des sapeurs-pompiers
volontaires, de prendre en compte les services rendus par ces hommes qui
bénéficient de la reconnaissance et de l'admiration de nos concitoyens.
Rappelons que, chaque année, M. le rapporteur l'a souligné, une vingtaine de
sapeurs-pompiers volontaires paient de leur vie leur dévouement envers leurs
concitoyens et le service rendu à la nation.
La proposition de loi que nous avons déposée reflète l'esprit qui a présidé à
l'instauration de l'allocation de vétérance, en tire les conclusions logiques
et tente de remédier aux difficultés qui sont apparues lors de sa mise en
oeuvre.
Ce dispositif prévoit le droit pour tout sapeur-pompier volontaire de
percevoir une allocation de vétérance, dès lors que son engagement prend fin à
la limite d'âge de son grade et qu'il a effectué au moins vingt années de
service. Mais trois difficultés sont apparues.
Tout d'abord, l'obligation de répondre à des conditions de limite d'âge et de
durée de service s'est révélée injuste. Elle a, en effet, pour conséquence
d'écarter les sapeurs-pompiers volontaires qui ont mis fin à leur activité
avant la limite d'âge mais qui avaient cependant accompli vingt ans ou plus de
service.
Ainsi, un jeune homme qui a intégré le corps des sapeurs-pompiers volontaires
à seize ans et qui a terminé officier est tenu de servir, s'il veut pouvoir
prétendre à une allocation de vétérance, de seize à soixante ans, soit durant
quarante-quatre ans.
Cela n'était d'ailleurs pas passé inaperçu lors du vote de la loi, plusieurs
de nos collègues ayant attiré l'attention sur ces questions. Mais ils n'avaient
pas été suivis à l'époque, essentiellement pour des raisons financières.
J'en reviens à la deuxième difficulté. Les règles du cofinancement de la part
variable entre les collectivités locales, les établissements publics de
coopération intercommunale, d'une part, et les sapeurs-pompiers volontaires,
d'autres part, se sont révélées financement très difficiles, voire impossibles
à mettre en oeuvre.
Ce serait la conséquence du défaut de publication du décret d'application
devant fixer les critères de calcul, mais aussi de l'absence d'accord entre les
parties concernées sur la définition des services accomplis, ainsi que de la
réticence des sapeurs-pompiers volontaires à apporter leur propre contribution.
On peut cependant comprendre les raisons de leur réticence, puisqu'il s'agit,
en fait, d'une allocation destinée à marquer la reconnaissance de la
collectivité pour services rendus !
La troisième difficulté a trait au retard pris pour l'application de cette
loi, qui pénalise les sapeurs-pompiers volontaires remplissant les conditions
exigées entre le 1er janvier 1995 et le 1er janvier 1998.
Il convient donc de corriger les règles fixées par la loi du 3 mai 1996, afin
que les sapeurs-pompiers volontaires ayant cessé leur activité avant la date
d'entrée en vigueur de la loi perçoivent la part forfaitaire de cette
allocation s'ils remplissent les conditions requises.
Mais, ceux qui bénéficient au 1er janvier 1995 d'une allocation de vétérance
supérieure à celle qui résultait de la loi du 3 mai 1996 peuvent percevoir, en
outre, une somme égale à la différence entre ces deux montants, si les
autorités d'emploi le décident.
Les solutions apportées par la présente proposition de loi ont été
parfaitement exposées par M. le rapporteur ; il n'est pas utile de les
développer.
Il s'agit d'étendre le champ d'application du droit à la perception de
l'allocation de vétérance à tout sapeur-pompier volontaire dès lors qu'il a
accompli vingt ans de service et d'abaisser à quinze ans la durée minimale de
service pour ceux qui seraient victimes d'une incapacité opérationnelle
médicalement reconnue. La limite d'âge serait donc une condition non plus
d'attribution, mais de versement. En outre, il n'y aurait plus d'allocation de
vétérance maximale, celle-ci étant à l'avenir fixée en application de critères
de calcul définis par décret en Conseil d'Etat.
Mais la suppression de l'allocation de vétérance maximale pose problème pour
la réversion aux veuves et aux enfants mineurs.
M. René-Georges Laurin,
rapporteur.
Un amendement du Gouvernement a été déposé !
Mme Dinah Derycke.
Des explications nous seront données à l'occasion de l'examen de cet
amendement.
Mon souhait est que ni les veuves, ni les enfants mineurs ne soient pénalisés
par une disposition que, par mégarde, nous n'aurions pas parfaitement
étudiée.
Cette proposition de loi tend également à simplifier les modalités de calcul
de la part variable et à supprimer la contribution apportée par les
sapeurs-pompiers volontaires.
Enfin, ce texte permet aux sapeurs-pompiers volontaires qui percevaient, avant
le 1er janvier 1998, une allocation supérieure à la part forfaitaire de
percevoir la même somme si les collectivités et les établissements publics de
coopération intercommunale concernés le décident.
Il s'agit d'un texte de toilettage qui s'inscrit dans la démarche retenue en
1996 et que nous avons approuvée.
Ces dispositions sont, selon nous, de nature à inciter un engagement plus fort
dans cette carrière et dans le bénévolat. Elles permettent d'aller plus loin
dans la reconnaissance, la gratitude et le respect dus aux sapeurs-pompiers
volontaires.
Certes, ces mesures ont un coût qui a été rappelé par M. le ministre, mais qui
n'est pas exorbitant au regard des services rendus et de l'importance des
missions remplies.
L'objectif de la loi du 6 mai 1996 était de mettre un terme à la désaffection
à l'égard du volontariat et de remédier, en particulier dans les petites
communes, à la difficulté de recruter des jeunes.
Les présentes dispositions vont dans le bon sens. Ce texte nous semble donc
réaliste et équitable.
Le groupe socialiste a déposé des amendements.
Le premier vise à permettre au président du conseil d'administration des
services départementaux d'incendie et de secours d'opérer des délégations de
signature afin de faciliter, bien entendu, l'administration et la gestion de
ces services.
Le deuxième amendement tend à réparer une autre injustice, en proposant la
mise en place d'un régime indemnitaire pour les présidents et les
vice-présidents de conseils d'administration des SDIS.
En effet, la loi du 3 mai 1996 relative à l'organisation de ces services
départementaux est muette sur l'indemnisation du président et du vice-président
de cet organisme. Pourtant, les élus chargés de l'exécutif doivent être de plus
en plus disponibles et la responsabilité qui pèse sur eux est de plus en plus
lourde, notamment en raison de l'importance des budgets.
La seule possibilité offerte aujourd'hui aux élus des conseils
d'administration est de bénéficier, ce qui est le moins qu'on puisse faire, du
remboursement des frais de déplacement et de séjour liés à l'exercice de leur
fonction.
Les présidents et les vice-présidents d'établissements publics de coopération
intercommunale - syndicats de communes, districts, communautés de communes,
communautés de villes, communautés urbaines, etc. - bénéficient d'une indemnité
de fonction, en application de l'article 19 de la loi du 2 février 1992,
relative aux conditions d'exercice des mandats locaux.
C'est ainsi que le président d'un syndicat de communes qui gère une piscine
dont dépendent sept ou huit maîtres-nageurs, deux agents techniques et un agent
administratif, peut percevoir des indemnités.
En conséquence, le troisième amendement que nous avons déposé tend à fixer un
régime indemnitaire pour les présidents et les vice-présidents de SDIS, selon
les modalités prévues par décret en Conseil d'Etat.
Mais cette question ne concerne pas les seuls conseils d'administration de
SDIS. En effet, de nombreux établissements publics locaux présentent les mêmes
caractéristiques. Je pense notamment aux offices publics communaux,
départementaux ou interdépartementaux d'HLM, aux centres communaux d'action
sociale de villes importantes ou à certains syndicats mixtes.
Les fonctions de président et de vice-président ne sont pas indemnisées dans
ces cas-là alors que le travail demandé et les responsabilités sont importants.
C'est pourquoi nous demandons leur indemnisation afin de leur permettre
d'exercer pleinement leur mandat, sans déléguer excessivement à leurs
administrations.
Il me semble que nous pourrions parvenir à un accord qui permettrait de régler
ces questions à la grande satisfaction de tous, des élus bien sûr, mais aussi
et surtout des sapeurs-pompiers bénévoles. Cela en vaut la peine :il s'agit de
la sécurité de nos concitoyens.
(Applaudissements.)
M. le président.
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la loi du 3
mai 1996 relative au développement du volontariat dans le corps des
sapeurs-pompiers a permis une reconnaissance juridique de l'existence des
pompiers volontaires, qui s'est traduite, notamment, par l'aménagement d'une
disponibilité pour la formation et les interventions.
Ce texte a reconnu par ailleurs les services rendus par les sapeurs-pompiers
volontaires par le droit de percevoir des vacations horaires et par le
versement d'une allocation de vétérance.
A l'époque, mon groupe, par la voix de M. Robert Pagès, s'était abstenu sur
l'ensemble du projet de loi en déclarant : « Ce texte a rendu possibles
quelques avancées non négligeables en ce qui concerne l'allocation de vétérance
et grâce aux dispositions que nous venons d'adopter pour les veuves et les
salariés agricoles. Néanmoins, par rapport, à l'immense service rendu par les
sapeurs-pompiers volontaires, nous devons reconnaître que le texte reste bien
en deçà de ce qu'il aurait dû être. Rien n'a été prévu concernant les tâches de
prévention ou la participation financière de l'Etat. »
Si la loi de 1996 a permis de remédier aux disparités dans le versement de
l'allocation de vétérance et d'unifier les conditions de son financement, ce
qui est favorable aux sapeurs-pompiers volontaires, nous avions considéré,
toutefois, qu'il n'était pas normal d'en faire supporter le coût aux
collectivités locales.
En effet, considérant qu'il s'agissait d'un désengagement de l'Etat au
détriment des collectivités locales, nous avions déposé un amendement, qui n'a
pas été adopté, prévoyant la participation financière de l'Etat pour financer
l'allocation de vétérance. Telle est toujours notre opinion en la matière.
C'est pourquoi nous défendrons tout à l'heure un amendement dans ce même
esprit.
Dans les faits, alors qu'une partie de plus en plus importante des risques est
liée aux politiques générales - transport, urbanisme, extension des friches,
allongement des parcours pour accéder aux hôpitaux - l'Etat ne participe que
très peu au financement des secours.
La part de l'Etat en la matière est généralement inférieure à 3 %, le reste,
soit 97 %, se répartit entre les conseils généraux et les communes, dans des
proportions qui peuvent être très variables d'un département à l'autre. Et la
part des communes est presque toujours supérieure à celle du conseil
général.
Mes chers collègues, tant que cette question du financement ne sera pas
traitée en profondeur, on ne réglera pas les problèmes auxquels les services
d'incendie et de secours, les communes et les départements doivent faire face,
qu'il s'agisse des investissements, du paiement des salaires des
professionnels, des vacations horaires et de l'allocation de vétérance des
volontaires.
Concernant cette allocation de vétérance, qui se compose d'une part
forfaitaire et d'une part variable, il s'est révélé en pratique que cette
dernière n'a jamais été versée, faute d'accord entre les parties pour son
calcul.
Le décret n'a jamais été publié : seule la part forfaitaire de cette
allocation était donc versée.
La présente proposition de loi tend à remédier à cette situation.
L'article 1er assouplit les conditions d'attribution de l'allocation de
vétérance attribuée aux sapeurs-pompiers volontaires pour ne retenir que la
seule condition des vingt années de services.
Cette disposition devrait bénéficier à 3 000 bénévoles et entraîner une
augmentation des charges des collectivités et établissements concernés évaluée
à 8,1 millions de francs par an par rapport à la loi de 1996.
L'article 3 supprime la contribution des volontaires au financement pour la
part variable de l'allocation vétérance, qui sera désormais supportée par les
collectivités territoriales et établissements publics, autorités d'emploi des
pompiers volontaires.
Si la suppression de la contribution des sapeurs-pompiers volontaires au
financement de la part variable ne nous choque pas au niveau du principe même -
le but étant de marquer la reconnaissance de la collectivité pour les services
rendus - l'on peut regretter, en revanche, que le dispositif ainsi proposé ne
comporte toujours pas de participation financière de la part de l'Etat.
Il se limite à un nouveau transfert de charges vers les collectivités
concernées, même si le coût ainsi engendré se limite à 28 millions de
francs.
L'article 4 reporte au 1er janvier 1998 le versement d'une prestation
différentielle pour les sapeurs-pompiers volontaires qui bénéficient d'une
allocation supérieure à celle qui est instituée par la loi.
Si, sur le fond, nous émettons quelques réserves concernant le financement des
présentes dispositions, en revanche, sur la forme, nous considérons que ces
dispositions amélioreront la situation des sapeurs-pompiers volontaires et leur
assureront une meilleure reconnaissance.
Toutefois, du sort de notre amendement dépendra notre vote final.
Monsieur le ministre, permettez-moi de vous poser une question concernant la
réorganisation du service départemental d'incendie et de secours, telle qu'elle
découle de la loi du 3 mai 1996.
Mon attention a été attirée en effet, comme celle de l'ensemble de mes
collègues, sur les plans local et national, sur le problème de l'indemnisation
des présidents et vice-présidents des services d'incendie et de secours, qui
n'a pas été prévue dans cette loi.
Comme l'a rappelé Mme Derycke il y a un instant, ceux-ci se trouvent dans une
situation difficile au regard des responsabilités qui leur incombent et de la
grande disponibilité que la loi exige de leur part.
Cette question fait l'objet de plusieurs amendements, quoique l'on puisse
s'interroger sur l'opportunité d'en parler à l'occasion de cette proposition de
loi relative au volontariat dans le corps des sapeurs-pompiers.
M. René-Georges Laurin,
rapporteur.
J'en suis bien d'accord.
M. Jean-Jack Queyranne,
secrétaire d'Etat à l'outre-mer, ministre de l'intérieur par intérim.
C'est vrai.
M. Robert Bret.
Nous allons cependant les examiner.
Monsieur le ministre, pouvez-vous en conséquence nous apporter quelques
éléments de réponses à ce sujet ?
Je terminerai, en attirant l'attention du Gouvernement sur le dossier des
marins-pompiers de Marseille, dont la charge est assurée en totalité par la
seule ville de Marseille, vous le savez.
Monsieur le ministre, la professionnalisation des armées va entraîner pour
cette commune un coût supplémentaire de 21 millions de francs.
Les Marseillais, très attachés à leur bataillon de marins-pompiers,
singularité de l'histoire de cette ville et de ses rapports avec l'Etat, ne
comprennent pas l'absence de participation financière de l'Etat, comme c'est le
cas pour les pompiers de Paris. Si l'Etat pouvait regarder ce dossier de plus
près, les Marseillais en seraient ravis.
M. René-Georges Laurin,
rapporteur.
Il n'y a pas que les Marseillais ; tout le monde serait ravi
!
M. le président.
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, voilà une
proposition de loi apparemment utile puisqu'elle remédie essentiellement à une
imperfection de la loi sur le développement du volontariat dans le corps des
sapeurs-pompiers, qui privait de nombreux vétérans d'une allocation méritée
lorsqu'ils mettaient fin à leur engagement avant la limite d'âge.
C'est également une proposition de loi apparemment nécessaire, monsieur le
ministre, parce que les textes d'application de ladite loi se font attendre.
Cela ne concerne pas seulement le calcul de la part variable de l'allocation de
vétérance : à ma connaissance, mais je peux me tromper, le dispositif
d'encouragement à l'embauche de sapeurs-pompiers volontaires par des
entreprises privées, sous forme d'une réduction de leur prime d'assurance et
qui exigeait la signature d'une convention, n'est pas encore en application.
L'allocation de vétérance doit rester une disposition incitative au
développement du volontariat chez les sapeurs-pompiers, dont nous connaissons
tous le dévouement et l'efficacité, notamment mais pas exclusivement, en zone
rurale.
Je n'évoquerai donc pas, monsieur le rapporteur, la question de la
constitutionnalité de ce projet de loi - il s'agit bien d'un projet de loi
camouflé - je ferai simplement remarquer que l'amendement n° 8 rectifié, qui ne
concerne en rien les sapeurs-pompiers, n'a rien à voir avec ce texte et qu'il
est manifestement anticonstitutionnel puisqu'il accroît la charge publique.
M. René-Georges Laurin,
rapporteur.
La commission l'a refusé.
M. Yves Fréville.
Très bien !
Les dispositions de cette proposition de loi ne sont cependant pas toutes
aussi justifiées les unes que les autres.
J'approuve pleinement la suppression de la disposition quelque peu absurde qui
interdisait aux sapeurs-pompiers ayant plus de vingt ans de service de
bénéficier de l'allocation de vétérance s'ils n'étaient pas encore en activité
à cinquante-cinq ans, à soixante ans pour les officiers.
Cependant, dans mon département d'Ille-et-Vilaine, j'ai calculé que 16 % des
sapeurs-pompiers, soit 152 sur 935, satisfaisaient à ces nouvelles conditions
et auraient, de ce fait, droit à l'allocation de vétérance, ce qui coûterait
aux SDIS environ 300 000 francs.
Je me suis livré à un petit calcul en extrapolant ces chiffres à la France
entière. Selon mes estimations, cela coûterait aux SDIS non pas 8 millions de
francs, mais au moins 20 millions à 25 millions de francs, soit trois fois les
chiffres donnés par le ministère de l'intérieur.
Je formulerai une deuxième remarque, portant sur le décret de modulation de la
part variable. Celle-ci, selon les termes de la proposition de loi, doit tenir
compte des services accomplis par les sapeurs-pompiers suivant des critères
définis par décret. J'approuve notre excellent rapporteur de ne pas vouloir les
figer dans la loi.
Cette modulation me paraîtrait bien modeste, monsieur le ministre, si elle ne
tenait compte que du grade et du nombre des années de service. Il me semble
nécessaire de prendre en compte d'autres éléments constitutifs de l'activité
réelle des sapeurs-pompiers.
Doit-on assimiler l'activité du sapeur-pompier d'un petit corps de première
intervention, qui est appelé cinquante fois par an, au travail accompli par le
volontaire d'un centre de secours en zone touristique, celui de Cancale par
exemple - je choisis des noms qui évoquent quelque chose...
(Sourires.)
- où le nombre d'interventions est de 1 000 ou celui de
Dinard, où le nombre d'interventions atteint 1 300 ?
Ne pas vouloir tenir compte de cette disparité aboutirait à défavoriser ceux
qui se dévouent à la collectivité dans les centres de secours ayant une forte
activité.
Ne pas donner certains avantages à ces sapeurs-pompiers reviendrait
indirectement à dire qu'il faudra bien, un jour, affecter des sapeurs-pompiers
professionnels dans tous ces centres de secours et ne plus utiliser les
capacités de volontariat que nous y rencontrons encore.
Ma troisième remarque portera sur la suppression de toute contribution de la
part des sapeurs-pompiers volontaires.
Ce qui est en cause, à mon sens, ce n'est pas le transfert de charges, assez
modeste, supporté par les collectivités locales, c'est plutôt la question de
principe que cela pose. En effet, je ne pense pas qu'il soit tout à fait
souhaitable d'abandonner toute référence à un système de répartition au profit
d'une totale prise en charge par les collectivités locales. Une participation,
à concurrence de 25 % au maximum comme cela était prévu, aurait pu jouer le
rôle utile de « ticket modérateur ».
Ne pas prévoir cette participation, c'est en outre se priver de l'instrument
d'évaluation qui permettrait d'estimer quelle a été, au cours de sa vie active,
la participation du sapeur-pompier volontaire. C'est un peu regrettable.
En guise de conclusion, je souhaiterais dire, mes chers collègues, mon
inquiétude quant au financement de ces mesures qui, ajouté à celui de beaucoup
d'autres, retombe, via le SDIS, sur nos communes et nos départements.
Certes, le transfert total paraît modeste : 28 millions de francs, disait M.
le rapporteur. J'ai expliqué pourquoi ce chiffre me paraissait sous-estimé,
mais, de plus, il va augmenter très rapidement, notamment en ce qui concerne la
part variable.
En effet, celle-ci n'est accordée qu'au flux des nouveaux bénéficiaires, et
pas au stock existant, qui bénéficie de la part fixe au 1er janvier 1998. Or,
bien entendu, en 1999, ce flux concernera deux années de nouveaux
bénéficiaires. Chaque année, il y aura une augmentation considérable, de telle
sorte que, à moins que l'on ne me démente, et je suis tout prêt à accepter la
critique, nous arriverons très vite à un coût non pas de 30 millions de francs,
mais de 100 millions de francs pour cet ensemble de mesures. Or cette mesure
supplémentaire s'ajoute à toutes celles qui ont été évoquées, comme les 5 % de
régime indemnitaire supplémentaire ou les mesures réglementaires qui induisent
de nouveaux contrats d'entretien.
L'Etat, cela a été dit, ne prend pas sa juste part de cet effort en faveur de
la sécurité.
Enfin, je ne crois pas - et là je m'exprime vraiment à titre personnel ; j'ai
même l'impression de clamer dans le désert
(sourires) -
que le problème
du financement du SDIS pourra continuellement être résolu par le recours au
contingent.
En effet, j'ai toujours dit que le SDIS devrait être financé par une ligne
supplémentaire. Pour quelle raison ? Et là je m'adresse au ministre de
l'intérieur, qui aura à défendre le projet de loi sur l'intercommunalité, qui
devrait encourager le développement des communautés d'agglomérations, qui
seront financées par la taxe professionnelle unique.
Monsieur le ministre, je voudrais vous rendre conscient de l'absurdité du
système auquel nous allons aboutir.
Dans mon département, un peu pilote, 500 000 sur 800 000 habitants connaissent
déjà le régime de la taxe professionnelle d'agglomération.
Considérons le district de Rennes, qui a la compétence en matière d'incendie :
il comprend 300 000 habitants qui contribuent actuellement au financement de
l'allocation de vétérance. Mais qui paiera les suppléments ? Uniquement les
entreprises, puisque le district bénéficie de la taxe professionnelle
d'agglomération.
Considérons sept communautés de communes, rurales pour l'essentiel, qui sont
soumises à la taxe professionnelle d'agglomération. Là, la compétence est à
l'échelon communal. Qui va payer ? Uniquement les ménages. En effet, il n'est
plus question, à cet échelon, de faire payer les entreprises, puisque c'est à
l'échelon communal que l'impôt est perçu.
Enfin, considérons un dernier groupe de 300 000 habitants soumis au régime
habituel des communes, qui sont financées à la fois par les entreprises, par le
biais de la taxe professionnelle, et par les ménages.
Dans ce cas, les dépenses de sécurité seront financées à la fois par les
ménages et par les entreprises.
On ne peut pourtant pas avoir un système où ce sont tantôt les entreprises
seules, tantôt les ménages seuls, et tantôt les entreprises et les ménages qui
paient ! Il faudra bien, un jour, le simplifier !
Cette remarque n'a pas d'application immédiate dans la loi mais, monsieur le
ministre, je tenais à montrer que ces problèmes existent et qu'il faudra bien
les résoudre. Or la seule façon d'y parvenir sera d'instituer une fiscalité
spécifique aux SDIS.
Je voterai cette proposition de loi mais j'espère, monsieur le ministre, que
vous prendrez en considération nos observations concernant, d'une part,
l'accroissement des charges des SDIS et, d'autre part, la nécessité de mieux
témoigner notre reconnaissance aux vétérans pour les services qu'ils ont
rendus.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Bimbenet.
M. Jacques Bimbenet.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la
proposition de loi que nous examinons aujourd'hui est un complément de la loi
du 3 mai 1996 relative au développement du volontariat dans les corps de
sapeurs-pompiers.
Le titre II de cette loi traite des vacations horaires et son article 12, de
l'allocation de vétérance. Celle-ci, qui existait depuis de nombreuses années,
a été ainsi rendue obligatoire.
L'allocation de vétérance est due lorsque l'engagement du sapeur-pompier
volontaire prend fin parce qu'il atteint la limite d'âge de son grade, après
avoir effectué au moins vingt ans de service, cette limite d'âge étant ramenée
à quarante-cinq ans en cas d'incapacité opérationnelle reconnue
médicalement.
Le montant de l'allocation ainsi définie ne représente que la première part,
qui est forfaitaire. Peut s'y ajouter une seconde part, qui est variable.
Le calcul de cette seconde part, prévue par la loi du 3 mai 1996, s'est révélé
trop compliqué, et le décret qui devait en fixer les modalités n'a jamais été
publié.
C'est pourquoi, lors de l'une des réunions que nous avons régulièrement avec
le ministère de l'intérieur - réunions auxquelles je participe maintenant comme
représentant de l'association des présidents de conseil d'administration des
SDIS - j'ai été amené à présenter un rapport sur ce problème de l'allocation de
vétérance. Je suis heureux de constater que la présente proposition de loi
reprend pratiquement l'intégralité des conclusions de ce rapport, y compris en
ce qui concerne l'allocation de réversion aux ayants droit, veuves ou enfants
mineurs. Je vous remercie d'ailleurs, monsieur le ministre, de l'amendement que
le Gouvernement a déposé à ce sujet.
Aux termes de cette proposition de loi, il n'est plus nécessaire que les
volontaires atteignent la limite d'âge de leur grade pour percevoir
l'allocation de vétérance, mais ceux qui auront toutefois accompli plus de
vingt années bénéficieront d'un supplément. C'est précisément ce supplément qui
devient la part variable, assise sur le nombre d'années de service supérieur à
vingt ans, durée ramenée à quinze ans en cas d'incapacité opérationnelle.
Par ce nouveau texte, il s'agit donc de rendre possible l'application d'un
article de la loi adoptée il y a deux ans et de respecter ainsi l'engagement
que nous avions pris le 3 mai 1996 : reconnaître la valeur de l'action de
celles et ceux qui, pendant vingt ans et plus, se dévouent pour venir au
secours des personnes et des biens, les « récompenser » pour cette action, en
quelque sorte.
Cela dit, lorsque l'on sait qu'une telle allocation s'élève au maximum à 3 200
francs par an, après trente ans ou trente-cinq ans de service, on comprend
qu'il s'agit là d'une récompense plus morale que matérielle.
Les 205 000 sapeurs-pompiers volontaires qui, alliés aux 29 000
professionnels, permettent de garantir la sécurité civile auxquels nos
concitoyens aspirent et dont les maires, responsables de la sécurié dans leur
commune, ont besoin, méritent bien ce modeste témoignage de reconnaissance.
Je vous remercie, mes chers collègues de l'appui que vous apportez à cette
proposition, car les occasions que nous avons de marquer notre gratitude aux
sapeurs-pompiers volontaires sont bien peu fréquentes.
J'ai déposé plusieurs amendements sur ce texte, non pour en modifier
l'essence, mais, notamment, pour permettre aux présidents de SDIS de donner
certaines délégations de signature aux vice-présidents, aux directeurs de SDIS,
aux responsables des affaires administratives et financières, aux chefs de
groupement et du service de santé et de secours médical.
Je vous proposerai aussi de préciser que des indemnités pourront être
accordées aux présidents de SDIS, comme cela se fait dans la plupart des
syndicats intercommunaux.
Je m'en expliquerai plus amplement lors de la présentation de ces
amendements.
Je conclurai mon intervention en regrettant - mais soyez persuadés que je n'en
garde vraiment aucune rancoeur - de ne pas avoir été l'un des signataires de
cette proposition de loi. L'ancien officier de sapeur-pompier volontaire que je
suis est néanmoins heureux d'y avoir été associé en étant intervenu dans ce
débat !
(Applaudissements.)
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il est
évident que tous les élus sont attachés au développement du volontariat. En
effet, si ces 200 000 volontaires n'étaient pas là, il ne serait pas possible
d'assurer la sécurité des biens et des personnes dans notre pays !
Cela ne veut pas dire du tout que certaines collectivités, notamment dans les
grandes agglomérations, ne sont pas amenées à recruter des professionnels.
Ainsi, dans les villes nouvelles, mais aussi dans d'autres secteurs, force est
de recruter des professionnels parce que, dans la journée, il n'y a personne,
ou presque, et il ne peut donc y avoir de volontaires pour prodiguer les
secours.
La loi de 1996, même si elle n'a pas été complètement mise en oeuvre, permet
de développer le volontariat. Certes, dans certains départements, la création
des observatoires ne va pas assez vite, la signature des conventions avec les
entreprises marque le pas. Monsieur le ministre, pourquoi ne pas dire aux
préfets - je l'ai fait dans mon département - que les services de l'Etat
devraient donner l'exemple ? L'ensemble des collectivités publiques devraient
d'ailleurs donner l'exemple ! Car on ne peut demander aux entreprises privées
de consentir un effort que l'on ne consent pas soi-même !
Des efforts sont accomplis en matière de formation. Si nous voulons que les
volontaires puissent exercer véritablement leur mission, il faut développer la
formation, et la loi de 1996 le permet, au moins potentiellement.
Pour ce qui concerne l'indemnité de vétérance, je dirai que les 1 000
sapeurs-pompiers volontaires de Seine-et-Marne qui en bénéficient ne se
posaient pas vraiment de problèmes métaphysiques puisque nous leur versons une
indemnité bien supérieure à celle qui est autorisée, même avec la part
variable.
En fait, les sapeurs-pompiers exercent bien souvent leur volontariat pendant
vingt ou vingt-cinq ans. Par la suite, ils peuvent connaître des changements
dans leur situation familiale ou être obligés, par exemple, de déménager. Ce
n'est pas obligatoirement de seize ans à cinquante-cinq ans que l'on est
sapeur-pompier !
Comme le disait Yves Fréville, les coûts vont augmenter progressivement, ne
serait-ce qu'en raison de l'allongement de la durée de vie, chez les
sapeurs-pompiers volontaire comme chez tous les Français, et c'est tant mieux.
Figurez-vous que nous avons fêté la semaine dernière, en Seine-et-Marne, le
centenaire d'un sapeur-pompier volontaire. N'est-ce pas extraordinaire ?
M. Robert Bret.
Montait-il encore à l'échelle ?
(Sourires.)
M. Jean-Jacques Hyest.
Il marchait encore très bien ! De surcroît, il avait fait la guerre de
1914-1918. Il n'a d'ailleurs pas eu la Légion d'honneur. Sans doute un oubli
!
Pour ce qui est de la part variable, l'augmentation restera modérée, la durée
moyenne de service n'étant pas, selon moi, aussi importante qu'on le dit. C'est
surtout sur la part fixe que portera l'augmentation, et cela dans
l'immédiat.
Mais il faut, monsieur le ministre, que les autres dispositions de la loi de
1996 soient mises en oeuvre.
Il est impératif de favoriser le volontariat. C'est indispensable pour le pays
mais c'est aussi très utile pour les jeunes dans la mesure où la conscription
est supprimée.
Le service de sapeur-pompier volontaire est, en effet, une excellente école de
civisme, on le constate à l'évidence sur le terrain. C'est en outre un facteur
de promotion sociale. Je connais personnellement des cas de jeunes gens qui
n'étaient pas pourvus de toutes les chances de faire un bon départ dans la vie
mais qui, ayant suivi une bonne formation en tant que sapeur-pompier
volontaire, sont devenus ensuite professionnels. Dans certains départements, on
favorise ce cheminement. C'est une preuve de plus de la nécessité de favoriser
le volontariat.
Que peut-on faire pour corriger ou aménager les dispositions de la loi de 1996
dont la mise en oeuvre se fait parfois avec difficulté ?
Le problème est réel mais je dois dire que certaines des propositions qui nous
sont soumises n'emportent pas mon adhésion. Ainsi, je regrette que ne soient
pas visés les établissements publics locaux pour le cumul des indemnités.
Si je ne suis pas défavorable à la délégation de signature au vice-président
ou au directeur - cela figure déjà dans la loi - je ne suis pas d'accord sur
les autres délégations de signature. Nous le savons, certains veulent instituer
une fonction de secrétaire général. Il ne faut pas entrer dans cette voie.
Pour ce qui concerne la disposition générale, sachant que le Parlement est
saisi d'un texte concernant - j'allais dire « le cumul des mandats» , mais il
est interdit d'utiliser cette expression dans cet hémicycle !
(Sourires)
- la compatibilité entre certains mandats, je pense qu'elle y trouverait mieux
sa place que dans celui-ci, dont l'objet est strictement le volontariat chez
les sapeurs-pompiers.
M. Yves Fréville.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Article 1er