Séance du 24 juin 1998
SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Rappel au règlement
(p.
1
).
MM. Philippe François, le président.
3.
Conseil supérieur de la magistrature.
- Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi constitutionnelle (p.
2
).
Article 1er (p. 3 )
MM. Michel Dreyfus-Schmidt, le président.
Amendement n° 3 de la commission et sous-amendements n°s 9 rectifié de M.
Ceccaldi-Raynaud et 8 rectifié de M. Charasse ; amendement n° 1 rectifié
bis
de M. Millaud. - MM. Charles Jolibois, rapporteur de la commission
des lois ; Charles Ceccaldi-Raynaud, Michel Charasse, Daniel Millaud, Mme
Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice ; MM. Robert
Badinter, Hubert Haenel, Patrice Gélard, Michel Dreyfus-Schmidt, Pierre
Fauchon, Jacques Larché, président de la commission des lois ; Philippe Marini,
Robert Pagès, Guy Allouche. - Retrait de l'amendement n° 1 rectifié
bis
; adoption, par scrutin public, du sous-amendement n° 9 rectifié ; retrait du
sous-amendement n° 8 rectifié ; adoption de l'amendement n° 3 modifié rédigeant
l'article.
Article 2 (p. 4 )
Amendement n° 4 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le garde des sceaux. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Vote sur l'ensemble (p. 5 )
MM. Robert Pagès, Philippe de Bourgoing, Patrice Gélard.
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
MM. Robert Badinter, Jean-Jacques Hyest.
Adoption, par un scrutin public à la tribune, du projet de loi
constitutionnelle.
4.
Communication relative à une proposition d'acte communautaire
(p.
6
).
5.
Dépôt de rapports
(p.
7
).
6.
Ordre du jour
(p.
8
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. JACQUES VALADE
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à quinze heures cinq.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
RAPPEL AU RÈGLEMENT
M. Philippe François.
Monsieur le président, je demande la parole pour un rappel au règlement fondé
sur l'article 36, alinéa 3, de notre règlement.
M. le président.
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Mon rappel au règlement porte sur les déclarations de Mme le ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement à l'issue de l'examen, puis
du vote par l'Assemblée nationale de la proposition de loi relative aux dates
d'ouverture anticipée et de clôture de la chasse aux oiseaux migrateurs.
En effet, alors que ce texte a été adopté ici même à l'unanimité, le 15
janvier 1998, à la suite de son inscription à l'ordre du jour établi en
application de l'article 48, alinéa 3, de la Constitution, et, à l'Assemblée
nationale, par une très large majorité, jeudi dernier, Mme le ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement a déclaré qu'elle « estimait
ne pas avoir dit son dernier mot » et a assuré que « les chasseurs pouvaient
s'attendre à quelques surprises ».
En outre, Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement
a assuré qu'elle ne signerait pas les décrets d'application relatifs à ce
texte.
M. Jean Chérioux.
C'est scandaleux !
M. Philippe François.
En conséquence, monsieur le président, je vous demande de bien vouloir
proposer au Premier ministre de venir donner au Sénat une explication claire et
précise sur les récentes déclarations d'un membre de son gouvernement, afin que
l'on sache si le vote souverain du Parlement est et doit être respecté.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, et des Républicains
et Indépendants, ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste et du
RDSE).
M. le président.
Monsieur le sénateur, je vous donne acte de votre rappel au règlement. Ainsi
que vous m'y invitez, je demanderai à M. le président du Sénat d'intervenir
auprès de M. le Premier ministre afin d'obtenir de lui les explications et les
éclaircissements que vous souhaitez.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
C'est le traité qui est souverain ! Le traité l'emporte sur la loi !
M. Jean Chérioux.
Le Parlement est souverain, et c'est une affaire regrettable !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Pas du tout ! Le traité l'emporte sur la loi : c'est dans la Constitution !
M. Jean Chérioux.
En tout cas nous, nous avons voté ! A l'égard du Gouvernement, c'est le
Parlement qui compte !
3
CONSEIL SUPÉRIEUR
DE LA MAGISTRATURE
Suite de la discussion
et adoption d'un projet de loi constitutionnelle
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi
constitutionnelle (n° 476, 1997-1998), adopté par l'Assemblée nationale,
relatif au Conseil supérieur de la magistrature. [Rapport n° 511
(1997-1998).]
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 1er.
Article 1er
M. le président.
« Art. 1er. - L'article 65 de la Constitution est ainsi rédigé :
«
Art. 65
. - Le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le
Président de la République. Le ministre de la justice en est le vice-président
de droit. Il peut suppléer le Président de la République.
« Le Conseil supérieur de la magistrature comprend, outre le Président de la
République et le ministre de la justice, dix magistrats du siège et du parquet
élus, un conseiller d'Etat désigné par le Conseil d'Etat et dix personnalités
n'appartenant ni à l'ordre judiciaire ni au Parlement. Le Président de la
République, le Président de l'Assemblée nationale, le Président du Sénat
désignent chacun deux personnalités. Deux personnalités sont désignées par le
président du Conseil économique et social en dehors de celui-ci. Le
vice-président du Conseil d'Etat, le premier président de la Cour de cassation
et le premier président de la Cour des comptes désignent conjointement deux
personnalités.
« Le Conseil supérieur de la magistrature fait des propositions pour les
nominations des magistrats du siège à la Cour de cassation, des premiers
présidents des cours d'appel et des présidents des tribunaux de grande
instance. Les autres magistrats du siège et les magistrats du parquet sont
nommés sur son avis conforme.
« Le Conseil supérieur de la magistrature statue comme conseil de discipline
des magistrats. Il est alors présidé par le premier président de la Cour de
cassation ou par le procureur général près ladite Cour, selon qu'il statue à
l'égard d'un magistrat du siège ou d'un magistrat du parquet.
« Une loi organique détermine les conditions d'application du présent article.
»
Sur l'article, la parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Monsieur le président, je prends la parole sur cet article car l'amendement n°
3, que nous allons bientôt examiner, tend à le rédiger entièrement.
Or, cet article couvre plusieurs problèmes : la composition du Conseil
supérieur de la magistrature, le nombre de formations - une ou deux - et,
enfin, le problème de savoir comment les magistrats du parquet ou du siège sont
nommés ou désignés, avec le concours - tout le monde est d'accord sur ce point
- du Conseil supérieur de la magistrature.
Il serait bon, pour que le débat soit complet, qu'une discussion puisse
intervenir sur chacun de ces points et que le Sénat se prononce par un vote par
division afin de se déterminer sur chaque problème. On imagine mal, en effet,
qu'il y ait un vote bloqué et que ce soit à prendre ou à laisser !
Telle est la demande que je présente avant que nous discutions de l'article
1er.
M. le président.
Monsieur Dreyfus-Schmidt, vous êtes trop expérimenté en matière de débats
parlementaires pour ne pas savoir que les divers amendements pouvant faire
l'objet d'une discussion commune déposés sur l'article 1er vont être présentés
par leurs auteurs et qu'ils donneront l'occasion à chacun de s'exprimer. Nous
verrons ensuite.
Mais la remarque que vous avez formulée est pleine de bon sens, et je vous en
donne bien volontiers acte.
Sur l'article 1er, je suis donc saisi de deux amendements qui peuvent faire
l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 3, M. Jolibois, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit cet article :
« L'article 65 de la Constitution est ainsi rédigé :
«
Art. 65
. - Le Conseil supérieur de la magistrature est présidé par le
Président de la République. Le ministre de la justice en est le vice-président
de droit. Il peut suppléer le Président de la République.
« Le Conseil supérieur de la magistrature comprend, outre le Président de la
République et le ministre de la justice, cinq magistrats du siège et cinq
magistrats du parquet élus, un conseiller d'Etat désigné par le Conseil d'Etat
et dix personnalités n'appartenant ni au Parlement ni à l'ordre judiciaire ni à
l'ordre administratif. Le Président de la République, le président de
l'Assemblée nationale et le président du Sénat désignent chacun deux
personnalités. Le vice-président du Conseil d'Etat, le premier président de la
Cour de cassation et le premier président de la Cour des comptes désignent
conjointement quatre personnalités.
« La formation compétente à l'égard des magistrats du siège est composée,
outre le Président de la République et le ministre de la justice, des cinq
magistrats du siège et de l'un des magistrats du parquet, du conseiller d'Etat
et de six des personnalités.
« La formation compétente à l'égard des magistrats du parquet est composée,
outre le Président de la République et le ministre de la justice, des cinq
magistrats du parquet et de l'un des magistrats du siège, du conseiller d'Etat
et de six des personnalités.
« La formation du Conseil supérieur de la magistrature compétente à l'égard
des magistrats du siège fait des propositions pour les nominations des
magistrats du siège à la Cour de cassation, des premiers présidents des cours
d'appel et des présidents des tribunaux de grande instance, des tribunaux
supérieurs d'appel et des tribunaux de première instance. Les autres magistrats
du siège sont nommés sur son avis conforme.
« Les magistrats du parquet sont nommés sur l'avis conforme de la formation du
Conseil supérieur de la magistrature compétente à l'égard des magistrats du
parquet.
« La formation compétente à l'égard des magistrats du siège et la formation
compétente à l'égard des magistrats du parquet statuent respectivement comme
conseil de discipline des magistrats du siège et des magistrats du parquet.
Elles sont alors présidées respectivement par le premier président de la Cour
de cassation et par le procureur général près ladite Cour.
« Le Conseil supérieur de la magistrature se réunit en formation plénière pour
répondre aux demandes d'avis formulées par le Président de la République.
« Une loi organique détermine les conditions d'application du présent article.
»
Cet amendement est assorti de deux sous-amendements.
Le sous-amendement n° 9 rectifié, présenté par MM. Ceccaldi-Raynaud et Gélard,
tend à compléter
in fine
le sixième alinéa du texte proposé par
l'amendement n° 3 pour l'article 65 de la Constitution par les mots : « , à
l'exception des procureurs généraux ».
Le sous-amendement n° 8 rectifié, présenté par M. Charasse, vise à compléter
le dernier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 3 pour l'article 65 de
la Constitution par les mots suivants : « et notamment celles dans lesquelles
le garde des sceaux et tous justiciables y ayant intérêt saisissent le Conseil
supérieur de la magistrature siégeant en formation disciplinaire ».
Par amendement n° 1 rectifié
bis,
M. Millaud propose de compléter la
première phrase du troisième alinéa du texte proposé par l'article 1er pour
l'article 65 de la Constitution par les mots : « , de première instance et de
tribunal supérieur d'appel ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 3.
M. Charles Jolibois,
rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
L'amendement n° 3, qui est l'amendement essentiel proposé par la commission des
lois sur ce projet de loi, tend effectivement à une réécriture de l'article
1er. Il comporte, à la vérité, quatre points fondamentaux, sur lesquels j'ai
d'ailleurs axé mon intervention dans la discussion générale.
Cet amendement, je le souligne, ne modifie pas ce qui a été décidé concernant
les magistrats du siège et ne change rien au fait que le Conseil supérieur de
la magistrature est présidé par le Président de la République, le ministre de
la justice en étant le vice-président et pouvant suppléer ce dernier.
Le premier point qui a été abordé par les uns et les autres dans la discussion
générale et sur lequel Mme le garde des sceaux a répondu concerne le maintien
de deux formations spécifiques respectivement compétentes à l'égard des
magistrats du siège et des magistrats du parquet.
Le système proposé par la commission des lois tend à réaffirmer l'unicité de
la magistrature par la consécration dans la Constitution d'une formation
plénière du Conseil supérieur de la magistrature et à maintenir deux formations
spécifiques respectivement compétentes à l'égard des magistrats du siège et des
magistrats du parquet.
Cela se justifie par la différence de nature entre les fonctions du siège et
les fonctions du parquet - les métiers de magistrat du siège et de magistrat du
parquet sont en effet profondément différents - mais également par la nécessité
de marquer tant l'indépendance du parquet par rapport au Gouvernement que
l'indépendance du siège par rapport au parquet.
Le maintien de deux formations distinctes pour le siège et pour le parquet
présenterait un deuxième avantage : il permettrait d'assurer une représentation
des magistrats adaptée à la nature des fonctions concernées et d'éviter que la
représentation du parquet ne se trouve excessivement réduite, ce qui serait un
véritable inconvénient, surtout dans la formation disciplinaire.
La formation plénière proposée par l'amendement n° 3 est composée de
vingt-trois membres au total, comme le prévoit le projet de loi : dix
magistrats élus, dont cinq magistrats du siège et cinq magistrats du parquet,
dix personnalités extérieures, un conseiller d'Etat, le garde des sceaux et le
Président de la République. Les membres extérieurs à la magistrature seront
donc plus nombreux que les magistrats pour consacrer l'ouverture nécessaire que
la commission des lois a acceptée en contrepartie du renforcement de
l'indépendance, et ce pour éviter les risques de corporatisme.
Quant aux formations spécialisées, elles compteront chacune quinze membres au
total : cinq magistrats de la fonction concernée plus un de l'autre - la
formation du parquet comportera donc un magistrat du siège et vice versa - et
six personnalités extérieures, qui viendront s'ajouter au conseiller d'Etat, au
garde des sceaux et au Président de la République.
L'avantage de ce dispositif, c'est que chaque formation sera composée d'une
majorité de non-magistrats, mais les magistrats ne seront pas pour autant
écrasés en nombre. Ils auront donc encore la parole sur deux points essentiels
: la discipline, ainsi que la gestion des carrières.
Enfin, cet amendement tend à modifier les modalités de désignation des
personnalités extérieures.
La commission propose ainsi de supprimer la désignation de deux personnalités
par le président du Conseil économique et social. Nous nous sommes en effet
interrogés sur la légitimité d'une telle désignation : les compétences exercées
par le Conseil économique et social n'ont pas de lien direct avec la
magistrature, et son président n'est pas issu du suffrage universel.
Nous vous proposons donc un autre mode de désignation, sans que l'on puisse
nous reprocher une quelconque arrière-pensée à l'encontre de cet organisme si
utile qu'est le Conseil économique et social. Ainsi, nous préférons accroître
le nombre des personnalités désignées conjointement par les trois présidents
des plus hautes juridictions françaises, qui jouent un rôle éminent dans notre
organisation juridictionnelle.
Avec le système que nous vous proposons d'adopter, le Président de la
République, le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat
désigneraient chacun deux personnalités, tout comme le prévoit le projet de
loi, alors que le vice-président du Conseil d'Etat, le Premier président de la
Cour de cassation et le Premier président de la Cour des comptes désigneraient
conjointement quatre personnalités, au lieu de deux dans le projet de loi.
Du point de vue de la commission des lois, l'avantage de cette répartition est
d'établir un certain équilibre entre les membres qui seront désignés par des
autorités issues du suffrage universel et ceux qui le seront par des autorités
juridictionnelles.
La commission a souhaité préciser, en outre, que les personnalités ainsi
désignées ne pourront en aucun cas être des magistrats, même honoraires, qu'il
s'agisse de magistrats administratifs, financiers ou judiciaires.
La commission des lois souhaite également l'extension du pouvoir de
proposition du Conseil supérieur de la magistrature aux nominations des
présidents de certaines juridictions d'outre-mer - tribunaux supérieurs d'appel
et tribunaux de première instance - afin d'aligner leur régime de nomination
sur celui de leurs collègues qui président des juridictions équivalentes en
métropole.
Il s'agit là de reprendre une proposition de loi de notre excellent collègue
M. Millaud, qui a souhaité combler, sur ce point, une lacune de notre
Constitution.
Enfin, j'en arrive au dernier point : nous avons tous estimé, à la commission
des lois, qu'il était nécessaire, puisque nous en consacrons la
constitutionnalité, de dire à quoi servirait la formation plénière.
Après une longue discussion, nous avons estimé qu'il était utile de rappeler
que nous n'étions pas favorables à la pratique de l'autosaisine, qui non
seulement n'était pas explicitement prévue par la Constitution, mais comportait
en outre des risques de dérive qui ont été suffisamment expliqués au cours de
la discussion générale pour qu'il soit nécessaire d'y revenir en détail.
Il convient, en outre, d'encadrer la compétence d'avis, sans toutefois
l'interdire dans la mesure où elle correspond parfaitement à l'esprit de
l'article 64 de la Constitution, qui confie au Président de la République la
mission éminente d'être le garant de l'indépendance de l'autorité
judiciaire.
Les avis, selon nous, devraient être limités à des questions générales
intéressant le statut des magistrats, à l'exclusion des affaires particulières.
En effet, si l'on pouvait demander des avis sur des affaires particulières, il
y aurait un risque d'interférence avec les compétences disciplinaires que vous
avez reconnues au CSM pour les magistrats du siège, mais aussi pour les
magistrats du parquet. L'amendement de la commission précise donc que le
Conseil se réunit en formation plénière pour répondre aux demandes d'avis
formulées par le Président de la République.
J'en ai terminé, monsieur le président, pour l'exposé global de cet
amendement, et j'attends la décision qui sera prise en ce qui concerne son
vote, puisque celle-ci ne m'appartient pas.
M. le président.
La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud, pour présenter le sous-amendement n° 9
rectifié.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Avant de présenter ce sous-amendement, je voudrais d'abord expliquer dans quel
esprit je l'ai déposé.
La réforme dont nous débattons a été souhaitée par le Président de la
République, M. Jacques Chirac. Or, pour le groupe du RPR, si M. Jacques Chirac
est le président de tous les Français, il est aussi, pour nous, le premier et
le plus illustre des gaullistes. En conséquence, mon sous-amendement n'a
d'autre objet que d'essayer d'améliorer, si je le puis, un texte qui a été
souhaité au plus haut niveau de l'Etat. Il ne s'agit pas pour moi de le
combattre ! J'espère même que ce sous-amendement permettra à des collègues qui
sont par principe hostiles à ce projet de réfléchir plus longuement à leur
position.
Pour en revenir au sous-amendement lui-même après ces explications
préliminaires - qui ne sont pas tout à fait inutiles pour le groupe du RPR,
mais pour lui seul, et je m'en excuse auprès de nos collègues qui, dans cet
hémicycle, n'appartiennent pas à ce groupe - je souhaite introduire, dans
l'amendement n° 3 de M. le rapporteur, une exception pour les procureurs
généraux.
J'ai reçu, comme sans doute un certain nombre d'entre vous, l'avis du barreau
de Paris sur le texte que nous sommes en train d'examiner : le barreau estime
que l'indépendance du parquet serait mieux assurée par d'autres voies que
celles qui nous sont proposées dans le présent projet de loi.
J'observe que ce projet, tout comme l'amendement n° 3, opère des distinctions.
Ainsi, les présidents de cour d'appel font l'objet d'une exception, alors que
tous les autres magistrats seront nommés sur avis conforme. De la sorte, le
dernier substitut de tribunal de Corte - je ne peux pas trouver d'exemple situé
plus bas dans la hiérarchie - relèvera de l'avis conforme du CSM, comme le
procureur général de Paris. Je considère qu'il y a là quelque chose
d'anormal.
Au demeurant, la Cour européenne de justice n'a-t-elle pas condamné la France
au motif qu'elle n'aurait pas suffisamment séparé les deux fonctions de
magistrat du parquet et de magistrat du siège ? Il est vrai que, les magistrats
du parquet conservant le droit de juger de l'opportunité, ils ne sont pas
seulement des accusateurs : de ce point de vue, ils sont également des
juges.
Par conséquent, j'estime que les procureurs généraux devraient être nommés en
conseil des ministres, comme autrefois. Une nomination à ce niveau est
d'ailleurs un honneur, et toute la hiérarchie du parquet sera ainsi investie de
la légitimité que conférera le pouvoir politique à ces magistrats.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président.
La parole est à M. Charasse, pour défendre le sous-amendement n° 8
rectifié.
M. Michel Charasse.
Il s'agit de compléter le texte de l'amendement n° 3, qui renvoie à la loi
organique les conditions d'application de l'article 65 de la Constitution, en
précisant que ladite loi organique pourra fixer les conditions dans lesquelles
le garde des sceaux et tous justiciables y ayant intérêt peuvent saisir le
Conseil supérieur de la magistrature siégeant en formation disciplinaire.
M. le président.
La parole est à M. Millaud, pour défendre l'amendement n° 1 rectifié
bis
.
M. Daniel Millaud.
Si j'ai déposé cet amendement, c'est parce que, avec mes collègues Simon
Loueckhote, représentant la Nouvelle-Calédonie, et Marcel Henry, représentant
Mayotte, nous avions été saisis par des magistrats qui tenaient à nous signaler
certaines anomalies dans leur régime de nomination.
Nous avions donc déposé une proposition de loi constitutionnelle, et je
remercie le rapporteur de la commission des lois, notre ami M. Jolibois, d'en
avoir tenu compte dans son amendement.
Dans ces conditions, je retire l'amendement n° 1 rectifié
bis
.
M. le président.
L'amendement n° 1 rectifié
bis
est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 9 rectifié et 8
rectifié ?
M. Charles Jolibois,
rapporteur.
Le sous-amendement n° 9 rectifié correspond à une position
que l'on pouvait envisager. Les procureurs généraux n'ont-ils pas une place
particulière dans notre tradition juridique puisqu'ils sont nommés en conseil
des ministres ? Par conséquent, lorsque j'ai vu poindre ce sous-amendement, il
ne m'a pas causé une très grande surprise.
Il faut souligner que ce sous-amendement ne bouleverse pas l'équilibre du
travail réalisé par la commission. Il crée une exception, mais il ne détruit
pas l'architecture du dispositif proposé en laissant à la loi organique le soin
de fixer la manière dont seraient désignés les procureurs généraux.
A titre personnel, je dirai que si, à cet instant, ce sous-amendement devait
permettre une union plus large sur un texte d'une telle importance, puisque son
objet est la justice de notre pays, il devrait faire son chemin.
Quant au rapporteur que je suis, il ne peut que se taire puisque la commission
des lois n'a pas examiné ce sous-amendement.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Vous ne parlez donc pas comme rapporteur !
M. Charles Jolibois,
rapporteur.
Je l'ai bien dit !
M. Alain Gournac.
Quelqu'un parlait au même moment !
M. André Boyer.
Il y en a qui parlent beaucoup trop !
(Sourires.)
M. Charles Jolibois,
rapporteur.
Quant au sous-amendement n° 8 rectifié, présenté par notre
excellent collègue M. Charasse, et qui tend à permettre à tous les justiciables
y ayant intérêt ou estimant y avoir un intérêt à saisir le CSM en matière
disciplinaire, si j'en comprends la motivation, il n'a toutefois pas sa place
dans la Constitution. M. Charasse aura tout le temps qu'il voudra, plus tard,
lorsque le Sénat examinera la loi organique, de poser cette question.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 3 ainsi que sur les
sous-amendements n°s 9 rectifié et 8 rectifié ?
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux, ministre de la justice.
L'amendement n° 3 vise à
apporter quatre modifications au texte voté par l'Assemblée nationale : il
modifie les modalités de nomination des personnalités extérieures à la
magistrature ; il en revient à la situation actuelle pour ce qui est des deux
formations - l'une du parquet, l'autre du siège - au sein du Conseil supérieur
de la magistrature, alors que le Gouvernement propose d'unifier en une
formation unique ; il apporte une précision concernant les juridictions des
territoires d'outre-mer ; enfin, il introduit dans la Constitution la demande
d'avis qui peut être formulée par le Président de la République.
S'agissant, tout d'abord, des modalités de nomination des personnalités
extérieures à la magistrature, la commission propose, d'une part, que ne puisse
pas être désigné, en qualité de personnalité extérieure, un membre de l'ordre
administratif et, d'autre part, que l'on supprime la désignation des deux
personnalités par le président du Conseil économique et social, ces deux
personnalités devant être désormais, si l'on suit la commission, désignées par
les trois présidents des plus hautes juridictions françaises.
Sur le premier point, le projet se borne à reprendre l'incompatibilité
traditionnelle entre la qualité de membre extérieur et celle de magistrat de
l'ordre judiciaire ; c'est ce qui existait déjà en 1958 dans la loi organique
relative au Conseil supérieur de la magistrature. Cette incompatibilité se
justifie par la nécessité de respecter l'équilibre prévu par le constituant
entre représentants de l'ordre judiciaire et personnalités extérieures.
L'étendre aux magistrats de l'ordre administratif est possible. Je m'en remets
donc, sur ce premier point, à la sagesse du Sénat.
Sur le second point, je tiens à rappeler que le Conseil économique et social,
organe reconnu par la Constitution, représente les forces vives de la nation et
qu'à ce titre les personnalités désignées par son président pourraient apporter
un regard extérieur et une contribution particulièrement utiles aux travaux du
Conseil supérieur de la magistrature.
S'agissant de la question des deux formations au lieu d'une - c'est la
deuxième modification - j'ai déjà souligné, hier, dans la discussion générale,
à plusieurs reprises, que le choix du Gouvernement était celui de l'affirmation
de l'unité du corps judiciaire, dont tous les membres sont magistrats, qu'ils
soient du parquet ou du siège, et doivent bénéficier désormais de garanties
similaires en matière de nomination et en matière disciplinaire. Cela, vous ne
le remettez pas en cause, c'est vrai, puisque vous acceptez les propositions du
Gouvernement sur ce point.
Cette unification comporte des garanties statutaires, qui parachèvent la
réforme constitutionnelle de 1993, et conduit, du point de vue du Gouvernement,
sur le plan des principes, à réunifier le Conseil supérieur de la magistrature
en une seule formation. Cela paraît être la conséquence logique de ce principe
d'unité de la magistrature que la commission des lois, je l'ai dit, ne remet
d'ailleurs pas en cause.
La proposition du Gouvernement résulte d'abord de l'expérience qui s'est
développée au sein du Conseil supérieur de la magistrature puisque ce dernier,
ces quatre dernières années, a fait présider la commission du siège par un
membre du parquet et, inversement, la commission du parquet par un magistrat du
siège. La doctrine de mouvement des magistrats est largement commune aux
formations du siège et du parquet, et la pratique actuelle des réunions
plénières est bien destinée à harmoniser les positions des deux formations.
Par ailleurs, le Gouvernement part de l'idée que la gestion d'un corps unique
se fait mieux dans le cadre d'une formation unique du Conseil supérieur de la
magistrature.
Enfin, cette formation unique tient mieux compte de l'unification des règles
disciplinaires. Elle illustre mieux, nous semble-t-il, ce principe qui nous est
commun de l'unité de la magistrature.
Ma troisième série d'observations portera sur la nomination des présidents de
tribunal de première instance et de tribunal supérieur d'appel.
La commission propose de préciser dans la Constitution qu'entrent également
dans le champ du pouvoir de proposition du Conseil supérieur de la magistrature
les emplois de président de tribunal de première instance et de tribunal
supérieur d'appel.
Cet objectif, je dois le dire, est déjà atteint dans le cadre des dispositions
actuelles de la Constitution. En effet, le Conseil supérieur de la magistrature
considère d'ores et déjà, en dépit de la rédaction du cinquième alinéa de
l'article 65 de la Constitution, qui ne vise que le président du tribunal de
grande instance, qu'entrent également dans le champ de son pouvoir de
proposition les emplois de président de tribunal de première instance et de
tribunal supérieur d'appel.
Compte tenu de la coutume constitutionnelle existante, il ne me paraît donc
pas nécessaire de modifier l'article 65 de la Constitution sur ce point. Mais
si le Sénat et l'Assemblée nationale souhaitent en effet une précision sur le
champ du pouvoir de proposition du Conseil supérieur de la magistrature - j'ai
compris que c'était la proposition commune de MM. Millaud et Jolibois -
celle-ci pourra être apportée par la future loi organique sur le Conseil
supérieur de la magistrature, qui devra intervenir à l'issue de la révision
constitutionnelle.
Ma dernière observation portera sur l'introduction dans la Constitution de la
possibilité pour le Président de la République de demander un avis au Conseil
supérieur de la magistrature.
Je rappelle, à cet égard, que c'est la loi organique du 5 février 1994 qui,
dans son article 20, prévoit les missions d'information auprès des juridictions
de l'ordre judiciaire et l'établissement d'un rapport d'activité.
Le Président de la République, président du Conseil supérieur de la
magistrature, peut le saisir pour avis ; il l'a d'ailleurs fait dans le passé.
Le Conseil supérieur de la magistrature lui-même a pu donner au Président de la
République et au garde des sceaux des avis sur la réforme de la justice. Il me
semble donc que l'équilibre actuel est satisfaisant et n'appelle pas de
remarque particulière dans la Constitution.
Voilà les observations qui font que le Gouvernement est défavorable à
l'amendement n° 3.
S'agissant du sous-amendement n° 9 rectifié, je dirai d'emblée que le
Gouvernement y est défavorable pour des raisons à la fois politiques et
techniques.
Sur le plan politique, ce sous-amendement fait un sort particulier, comme l'a
très bien expliqué M. Ceccaldi-Raynaud, à la nomination des procureurs
généraux. De ce fait, il rompt la cohérence de l'ensemble de la réforme, qui,
précisément, veut soumettre à l'avis conforme du Conseil supérieur de la
magistrature la nomination de l'ensemble des procureurs, quel que soit leur
grade.
L'exigence d'un avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature pour la
nomination de l'ensemble des magistrats du parquet, sans exception, me paraît
être en effet la seule qui soit de nature à écarter le soupçon d'intervention
de l'exécutif dans ce domaine.
Je dirai à M. Ceccaldi-Raynaud que, en termes d'indépendance et de garantie de
l'indépendance des magistrats du parquet sur les affaires individuelles, je ne
fais pas de différence entre le substitut de Corte et le procureur général de
Paris.
Je souligne, par ailleurs, que la commission présidée par le Premier président
Truche, commission installée par M. le Président de la République au mois de
janvier 1997, a estimé ne pas devoir « faire une place à part aux procureurs
généraux, le rôle plus important qu'elle souhaite leur voir tenir devant avoir
pour conséquence des garanties de nomination ».
Je vous ai dit hier, lors de la discussion générale, que le Gouvernement,
suivant en cela l'avis de la commission Truche, souhaite en effet que les
procureurs généraux jouent un rôle plus important, notamment dans l'application
des directives de politique générale, et que, par conséquent, il est
particulièrement important de leur donner des garanties qui soient égales à
celles des autres magistrats du parquet.
En second lieu, ce sous-amendement soulève des difficultés d'ordre technique.
En effet, les modalité de nomination des procureurs généraux demeureraient,
s'il était adopté, en tout état de cause indéterminées. Qui nomme ? Sur
proposition de qui ? Avec ou sans avis consultatif ? Une modification de la
Constitution laissant subsister autant d'imprécisions me paraît bien hasardeuse
!
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement est défavorable au
sous-amendement n° 9 rectifié.
Sur le sous-amendement n° 8 rectifié, présenté par M. Charasse, je redirai
simplement, ici, qu'il faut à la fois concilier la responsabilité renforcée des
magistrats, qui est en effet le corollaire des garanties statutaires accrues,
et la protection de ces magistrats, qui peuvent être insultés, agressés ou
menacés - j'en ai, malheureusement, plusieurs exemples.
La proposition que le Gouvernement soumettra au Parlement ne permettra pas la
saisine directe du Conseil supérieur de la magistrature par le justiciable, car
on ne saurait permettre à n'importe quelle personne de mettre en mouvement
l'action disciplinaire, aux yeux du Gouvernement. Une telle saisine directe
pourrait être de nature à déstabiliser les magistrats et être utilisée à cette
fin dans des procédures importantes, comme celles qui concernent le
terrorisme.
Je proposerai donc, dans l'un des deux projets de loi organique, qu'une
commission régionale ou nationale - la décision n'est pas encore prise - comme
le proposait la commission Truche, puisse filtrer ces réclamations des
citoyens.
J'ajoute que l'inspection générale des services judiciaires jouera aussi son
rôle traditionnel d'expertise et de garantie avant la saisine du Conseil
supérieur de la magistrature lui-même.
Je souhaite donc un système dans lequel il y ait, en effet, plus de
responsabilités, mais je ne peux pas accepter une saisine directe sans
filtrage. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement s'oppose au
sous-amendement n° 8 rectifié.
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 9 rectifié.
M. Robert Badinter.
Je demande la parole contre le sous-amendement.
M. le président.
La parole est à M. Badinter.
M. Robert Badinter.
Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, si le
président du groupe socialiste du Sénat a demandé un scrutin public sur le
sous-amendement n° 9 rectifié, c'est parce que son auteur est trop fin
parlementaire et trop expérimenté, et son cosignataire trop fin
constitutionnaliste, pour ne pas avoir mesuré que le sort qui lui sera fait
entraînera en réalité soit le rejet, soit l'adoption du texte.
Pourquoi ? Parce que la nomination des procureurs généraux est au coeur de la
réforme.
Aujourd'hui, quelle est la situation ? Les procureurs généraux sont nommés en
conseil des ministres - ainsi que nous l'avons souvent rappelé - ce qui,
certainement, est honorable, mais aussi symbolique. En effet, qui nomme-t-on en
conseil des ministres ? Chacun le sait : les plus hauts responsables de la
fonction publique, notamment les préfets dont chacun connaît l'expérience et
reconnaît le rôle dans la République, mais dont chacun sait aussi qu'ils sont
les agents premiers du Gouvernement.
Cette procédure de nomination a ainsi pour caractéristique de signifier, en
quelque sorte, tant aux yeux de l'opinion publique que du corps des magistrats
tout entier, la dépendance de la carrière des magistrats du parquet à l'égard
de la volonté politique.
Or c'est exactement cela qu'il s'agit de réformer. C'est précisément pour que
tout le monde soit convaincu que ces hauts magistrats ne verront ni leur
avancement ni leur carrière dépendre du Gouvernement que, aux termes de la
réforme qui nous est présentée, les procureurs généraux - je prends sciemment
en cet instant leur cas particulier - non seulement ne seront plus nommés en
conseil des ministres, mais seront nommés sur avis conforme du Conseil
supérieur de la magistrature.
Bien sûr, certains pourront me demander en quoi cela est essentiel. Ai-je
besoin de vous rappeler, mes chers collègues, qu'une des origines profondes de
cette réforme a été le tumulte suscité, au cours de l'été 1996, par certaines
nominations de procureurs généraux qui ont été décidées contre l'avis du
Conseil supérieur de la magistrature ?
Je n'ai pas besoin non plus de rappeler à mes collègues, en particulier à ceux
qui ont présenté ce sous-amendement, qu'il n'y a pas de responsabilité et,
au-delà de la responsabilité, de pouvoir plus grand au sein des parquets que
celui des procureurs généraux.
Je n'ai pas besoin enfin de rappeler à mes collègues de la majorité
sénatoriale que, dans les projets de réforme qui sont annoncés et qui
correspondent à ce que nombre d'entre eux attendent, à savoir une structuration
plus forte du parquet, les procureurs généraux verront leurs pouvoirs encore
renforcés. En conséquence, si vous souhaitez qu'ils continuent à être nommés en
conseil des ministres, sans même un avis conforme du Conseil supérieur de la
magistrature, vous détruisez la réforme qui est proposée. C'est pourquoi je
disais que nous sommes là au coeur du débat.
Je note au passage, monsieur Ceccaldi-Raynaud, que vous ne prévoyez même pas
une exception pour le procureur général près la Cour de cassation qui, que je
sache, lui, joue un rôle particulier. Il continuerait à être nommé en conseil
des ministres ; je ne suis pas certain que ce soit la meilleure consécration de
l'indépendance qu'à juste titre il revendique.
Nous sommes donc au coeur du débat : si l'on considère que les magistrats du
parquet, et d'abord les chefs de parquets, n'ont pas à bénéficier des garanties
que tous les autres magistrats du parquet ont, dans ce cas, on va dans votre
sens et il n'y a plus de réforme, car les procureurs généraux, chefs de
parquets généraux qui sont dans leur ressort les premiers à conduire l'action
publique, demeurent à la merci du Gouvernement en ce qui concerne leur
nomination.
On peut faire ce choix, mais il implique l'abandon de la réforme et de la
revendication que les carrières - je ne parle pas de l'exercice de l'action
publique, la chose est plus complexe - des magistrats du parquet, au niveau le
plus élevé, ne soient plus dans la main du pouvoir politique.
En votant ce sous-amendement, croyez-moi, vous ne renforcerez pas l'autorité
de la magistrature ; vous maintiendrez au sein de notre société la suspicion
qu'elle éprouve quant aux raisons qui animent l'action publique. En bref, vous
tuerez la réforme !
C'est la raison pour laquelle nous demandons le rejet de ce sous-amendement
par scrutin public.
(Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Hubert Haenel.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Haenel.
M. Hubert Haenel.
Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, je
souhaite recadrer un peu le problème.
Hier, l'une de mes vingt questions portait sur le statut des procureurs
généraux. Je me demandais ce qu'il adviendrait de la nomination des procureurs
généraux, sachant qu'une seule modification de la loi organique, en 1992, a
suffi - j'y reviendrai - pour que ceux-ci soient nommés en conseil des
ministres. Or, la réforme qui nous est proposée supprime implicitement cette
possibilité.
Peut-on envisager de faire dépendre une nomination en conseil des ministres
d'un avis du Conseil supérieur de la magistrature ? Je pensais que non. Sur
cette question, je n'ai pas obtenu de réponse, et je le regrette.
Le sous-amendement n° 9 rectifié a au moins le mérite, vous en conviendrez, de
poser clairement le problème, d'aller jusqu'au bout de la logique et d'apporter
une réponse. L'ambiguïté n'a pas été levée, mais elle méritait de l'être.
Revenons un instant sur la nomination des procureurs généraux en conseil des
ministres. Cette disposition a été introduite en 1992 sur l'initiative
conjointe du garde des sceaux de l'époque, M. Henri Nallet, et de la commission
des lois du Sénat dont j'étais le rapporteur. Nous étions d'accord sur ce
point. Nous souhaitions que les procureurs généraux de province soient nommés à
un niveau identique et avec la même solennité que les préfets et les recteurs
car, déjà, les premiers présidents étaient nommés par un conseil « supérieur »,
si j'ose dire, puisqu'il était présidé systématiquement par le Président de la
République. Ainsi, la réforme de 1992, loin d'amoindrir leur statut, tendait à
le valoriser.
En outre, si la réforme est adoptée en l'état, nous serons confrontés à un
autre problème. Nous allons, en effet, introduire un déséquilibre entre les
procédures de nomination des chefs de cour et de juridiction. Les premiers
présidents et les présidents des tribunaux de grande instance seront nommés en
« grand conseil », présidé par le Président de la République. Leurs homologues
du parquet, les procureurs généraux et les procureurs de la République, seront
nommés selon une procédure que je qualifierai de « rang inférieur », sur simple
avis rendu à l'occasion d'un « petit conseil » tenu quai Branly dans une annexe
de l'Elysée et présidé par le garde des sceaux.
Est-ce souhaitable ? J'ai indiqué qu'une solution pourrait peut-être être
trouvée au cours de la navette, car il faut qu'il y ait une navette sur ce
point. Après tout, on réforme la Constitution, et ce point mérite réflexion. Je
regrette d'ailleurs qu'à aucun moment, à l'Assemblée nationale, on ait osé
soulever le problème ; peut-être, d'ailleurs, ne l'a-t-on pas vu...
J'avais donc soulevé ce problème hier, mais personne ne s'y est intéressé.
Aujourd'hui, il est évoqué sous la forme d'un sous-amendement déposé par deux
de nos collègues. Il pourrait très bien être résolu en prévoyant que les
procureurs généraux sont nommés en grand Conseil supérieur de la magistrature,
sous la présidence du Président de la République.
Convenons-en, cette question mérite que l'on s'y arrête un instant, que
l'Assemblée nationale prenne le temps d'y réfléchir et nous donne son avis.
Cela nous laisse toutes les portes ouvertes pour trouver la solution finale.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Ceccaldi-Raynaud.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
L'intervention précédente me dispenserait d'intervenir à mon tour, mais je
souhaite répondre à M. Badinter, avec tout le respect qui est dû à sa personne,
à sa carrière et à sa culture.
Je constate que M. Badinter a répondu à une question que se posait Mme le
garde des sceaux. Après le dépôt de mon sous-amendement, Mme le ministre a
observé que l'on ne sait plus dans quelles conditions sont nommés les
procureurs généraux. M. Badinter a rétorqué qu'ils sont désignés selon les
modalités actuelles, et il a raison. Il n'y a donc pas de vide juridique.
La modification que nous proposons remet-elle en cause l'architecture générale
du projet de loi constitutionnelle ? M. Badinter l'affirme ; je réponds par la
négative. Certes, s'agissant de l'indépendance du parquet, il y a bien égalité
entre le substitut de Corte et le procureur général de Paris. Ce n'est pas sur
ce plan que je me place ; je me place sur celui de la légitimité.
Dans la mesure, monsieur Badinter, où les pouvoirs des procureurs généraux
sont accrus, leur légitimité doit elle aussi être accrue. Or cette légitimité
leur est conférée non pas par une nomination par le Conseil supérieur de la
magistrature mais par le pouvoir politique.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants,
ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste.)
M. Patrice Gélard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Gélard.
M. Patrice Gélard.
Presque tout a été dit par les deux orateurs qui m'ont précédé. Je voudrais
simplement ajouter que ce sous-amendement ne modifie pas l'économie générale du
texte. Certes, une modification profonde est proposée, mais en l'occurrence
seuls vingt-quatre procureurs généraux sont concernés.
Je reviens sur un argument de fond déjà évoqué par M. Haenel. Au niveau d'une
juridiction, d'une cour d'appel, le procureur général et le premier président
sont quasiment sur un rang d'égalité. On peut donc difficilement imaginer que
l'un soit nommé différemment de l'autre ; on peut difficilement imaginer que
l'un soit nommé en conseil des ministres et l'autre pas. Il faut respecter un
minimum de parallélisme des formes et c'est la raison pour laquelle je me suis
rallié au sous-amendement déposé par notre collègue M. Ceccaldi-Raynaud.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants,
ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste.)
MM. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Je souhaite expliquer mon vote et, subsidiairement, faire un rappel au
règlement.
On nous a dit que les procureurs généraux continueraient à exercer un pouvoir
hiérarchique - et tout le monde en est d'accord, semble-t-il, en l'état actuel
des choses - sur les procureurs. En d'autres termes, si le sous-amendement n° 9
rectifié est adopté, cela signifie que les procureurs généraux seront choisis
par l'exécutif et qu'ils pourront donner aux procureurs l'ordre d'étouffer une
affaire.
(Protestations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
Un sénateur du RPR.
Où est la victime ?
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
C'est très exactement ce que le pays ne veut plus !
(Protestations sur les
travées du RPR.)
Si vous voulez continuer, lorsque, éventuellement, vous reviendrez au pouvoir,
à faire ce que vous avez fait hier, votez le sous-amendement !
(Vives
protestations sur les mêmes travées.)
M. le président.
Monsieur Dreyfus-Schmidt, je vous prie de bien vouloir traiter du sujet et de
ne pas vous livrer à des commentaires !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Mais je traite directement du sujet !
M. Charles Pasqua m'a dit hier que la pratique actuelle n'était pas récente et
que cela s'était toujours fait. Je lui ai répondu que, si c'était vrai, ce
serait une raison supplémentaire d'y mettre un terme.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
M. Pasqua n'a même pas pris la parole hier !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Or, et j'en arrive maintenant à mon rappel au règlement, ce sous-amendent
ruine complètement la philosophie du texte ainsi que celle de l'amendement de
la commission.
Cet amendement n° 3 dispose : « Les magistrats du parquet sont nommés sur
l'avis conforme de la formation du Conseil supérieur de la magistrature
compétente à l'égard des magistrats du parquet. » C'est clair, net et précis.
Mais le sous-amendement n° 9 rectifié tend exactement au contraire.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Non !
M. Charles Jolibois,
rapporteur.
Mais non !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Mais si, puisque le sous-amendement est ainsi rédigé : « à l'exception des
procureurs généraux ».
M. Jean Chérioux.
C'est l'exception qui confirme la règle !
M. Charles Jolibois,
rapporteur.
C'est une exception !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Donc, pour les procureurs généraux, on appliquerait un dispositif contraire à
celui qui figure dans l'amendement.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Oui !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Or, le règlement du Sénat dispose dans son article 48, alinéa 3 : « Les
sous-amendements ne sont recevables que s'ils n'ont pas pour effet de
contredire le sens des amendements auxquels ils s'appliquent. »
C'est dire que nous assistons à une manoeuvre de quelques-uns. Je sais bien
que ce n'est pas le fait de tous.
M. Alain Gournac.
Ah !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
En effet, je n'ignore pas que nombreux sont ceux, dans cet hémicycle, qui
savent que le texte qui nous est soumis était souhaité par le Président de la
République, celui-ci estimant même que, de toute façon, « les procureurs
n'obéissent plus ».
Beaucoup ici savent que, à l'Assemblée nationale, c'est à la demande du
Président de la République que la majorité des membres de la minorité a voté le
texte présenté par le Gouvernement.
Or, aujourd'hui, certains d'entre vous veulent lui tourner le dos. Le scrutin
public qui a été demandé démontrera lesquels parmi vous sont sensibles à
l'appel du Président de la République...
M. Philippe Marini.
Rejoignez-nous, cher collègue !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
... et lesquels ne le sont pas !
(Vives protestations sur les travées du RPR ainsi que sur celles des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
Monsieur le sénateur, votre raisonnement est peut-être fascinant, mais il ne
semble pas partagé par l'ensemble de nos collègues.
M. Alain Gournac.
Pas du tout !
M. Robert Badinter.
Je demande la parole pour explication de vote.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
M. le président.
La parole est à M. Badinter.
M. Robert Badinter.
Je n'ai pas besoin de rappeler qu'une chose est d'intervenir au nom de son
groupe sur un amendement, et qu'autre chose est d'intervenir pour explication
de vote.
M. le président.
C'est la raison pour laquelle je vous ai donné la parole !
M. Robert Badinter.
Certes, mais je m'adresse à quelques parlementaires, pourtant expérimentés,
que j'ai entendus protester.
A propos d'une question essentielle, celle de la légitimité, je tiens à
rappeler - en demandant à la poignée de ceux qui étaient hier dans l'hémicycle
de m'en excuser - que jamais la légitimité de la magistrature - les procureurs
généraux en font partie, et à un rang éminent - n'a eu comme origine la
signature d'un décret de nomination par le Président de la République ou la
nomination en conseil des ministres. Cette légitimité ne procède pas du
Gouvernement, je tiens à le rappeler.
En réalité, la légitimité de la magistrature procède du respect des principes
constitutionnels selon lesquels, en France, la magistrature est gardienne de la
liberté individuelle et le Président de la République le garant de
l'indépendance de l'autorité judiciaire.
Cela signifie que, lorsque l'on parle de légitimité de la magistrature - et
c'est pour cela que le principe d'indépendance doit prévaloir - ce n'est jamais
en fonction de l'intérêt de la carrière des magistrats eux-mêmes, ce n'est
jamais dans une vision corporatiste, c'est toujours dans l'intérêt de tous les
justiciables et des libertés individuelles, que la magistrature a précisément
pour fonction de garantir.
Or, s'agissant des procureurs généraux et des procureurs, je n'ai pas besoin
de rappeler quelle est l'étendue de leurs pouvoirs en matière de libertés
individuelles dans notre système actuel de procédure pénale, qu'il s'agisse de
garde à vue, d'enquête préliminaire ou de flagrance, ou encore de l'opportunité
des poursuites.
Chacun mesure à cet instant que les parquets assument une mission quasi
juridictionnelle.
Toutes ces raisons commandent de façon impérieuse, dans l'intérêt des
justiciables eux-mêmes, que les magistrats du siège et les magistrats du
parquet échappent jusqu'au soupçon d'être dévoués aux intérêts du pouvoir
politique.
C'est la raison pour laquelle, monsieur Ceccaldi-Raynaud, la nomination en
conseil des ministres ne serait pas une source de légitimité accrue, elle
entamerait même et fortement, cette légitimité.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Pierre Fauchon.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fauchon.
M. Pierre Fauchon.
Je tiens à présenter quelques réflexions sur le vote que nous allons
émettre.
Je dirai d'abord à notre collègue M. Dreyfus-Schmidt que je le trouve
singulièrement malvenu d'évoquer ce qui a pu se passer hier.
M. Alain Gournac.
Très malvenu !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Tiens, tiens !
M. Pierre Fauchon.
Oui, très malvenu !
M. Pierre Fauchon.
Monsieur Dreyfus-Schmidt, s'il y a eu hier, il y a eu aussi avant-hier. Tout
au long de cette période, qui a été fort longue, il s'est passé bien des
choses, dont il n'y a pas lieu d'être fier dans vos rangs pas plus que nous
devons l'être dans les nôtres, pour ce qui s'est passé hier.
J'ajoute que si quelqu'un est entré dans la voie d'une véritable indépendance
de la magistrature par une réforme profonde du Conseil supérieur de la
magistrature, c'est M. Balladur et son gouvernement, en 1993.
(Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR. -
Rires sur les travées socialistes.)
Avant, on attendait ; on attendait depuis des lustres ! Et supportait
fort bien cet état dans lequel...
(Vives exclamations sur les travées
socialistes.)
Il n'y a pas de quoi rire ! Vous devriez plutôt vous interroger sur les
raisons qui ont fait que, pendant si longtemps, on a différé cette réforme du
Conseil supérieur de la magistrature.
(Nouvelles exclamations sur les mêmes
travées.)
Si une question se pose en ce qui concerne le passé, c'est celle-ci : pourquoi
a-t-il fallu attendre 1993 ? J'attends votre réponse !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR
et des Républicains et Indépendants.)
Je dirai maintenant, afin de dépassionner quelque peu le débat, que nous
sommes en première lecture et que, si la navette existe, c'est bien pour que la
réflexion chemine. Il s'agit, non pas de bloquer la discussion, mais de faire
avancer à un rythme raisonnable la réflexion des uns et des autres.
Monsieur Badinter, vous avez dit voilà un instant qu'avec ce sous-amendement
n° 9 rectifié on allait ruiner toute la réforme. Quant à M. Dreyfus-Schmidt,
avec sa hardiesse coutumière, il a invoqué un article du règlement selon lequel
ce sous-amendement allait détruire l'amendement.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
J'ai fait un rappel au règlement, nuance !
M. Pierre Fauchon.
Je vous prie de croire, mes chers collègues, qu'on peut imaginer un système
dans lequel l'ensemble des membres du parquet seraient nommés après avis
conforme du Conseil supérieur de la magistrature et où les procureurs généraux
ne le seraient pas.
Ce système produirait certains effets. Je reconnais qu'on peut considérer que
cela déséquilibrerait le texte, d'une certaine manière, voire d'une manière
importante. Certes, mais cela ne le ruinerait pas !
Il résulterait en effet du dispositif qui va peut-être être voté un système
dans lequel l'ensemble des procureurs acquerraient l'indépendance.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Et le pouvoir hiérarchique, qu'en faites-vous ?
M. Pierre Fauchon.
Monsieur Dreyfus-Schmidt, vous savez très bien que nous sommes un certain
nombre, sur toutes les travées, à penser, pour employer une expression simple,
qu'il n'est pas raisonnable de « laisser la bride sur le cou » au parquet et au
ministère public, et que l'Etat de droit exclut l'idée selon laquelle chaque
détenteur du ministère public choisit librement ce qu'il y a lieu de faire ou
ce qu'il n'y a pas lieu de faire pour l'application de la loi.
M. Charles Descours.
Bien sûr !
M. Pierre Fauchon.
Cela non plus, vous ne pouvez pas l'ignorer !
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
Or il s'agit d'une grave question !
M. Peyrrefitte a fort bien indiqué tout à l'heure - il a plus qualité que moi
pour le dire - dans quelle dérive nous risquerions de sombrer le jour où nous
nous apercevrions que tel ou tel texte - relatif notamment à l'immigration, aux
entraves à la loi sur l'interruption volontaire de grossesse ou à la sécurité -
serait interprété différemment d'un parquet à un autre : ce ne serait plus dès
lors vérité ou erreur au-delà ou en deçà des Pyrénées, mais vérité ou erreur
au-delà ou en deçà de la Loire ou du Rhône.
De ce fait, un certain nombre d'entre nous ont le droit de penser qu'il est
bon de retenir le système hiérarchique pour les procureurs généraux, de manière
à maintenir une certaine armature. C'est d'autant plus légitime que, eux,
précisément, n'accomplissent pas ces actes qui permettent d'assimiler un
procureur à un juge.
Ce n'est tout de même pas eux qui surveillent les gardes à vue ! Ce n'est pas
eux qui décident de l'opportunité des poursuites ! Dans la pratique, sur le
terrain, ce sont en effet les procureurs - dont le statut n'est pas en cause
ici - qui le font.
En réalité, les procureurs généraux n'effectuent plus, pratiquement, que les
tâches de gestion générale du parquet. C'est la raison pour laquelle un certain
nombre d'entre nous peuvent légitimement souhaiter qu'ils continuent d'être
nommés comme cela est proposé dans le sous-amendement n° 9 rectifié.
Je ne tranche pas la question ! Je reconnais en effet qu'il faut éviter
d'instaurer un système qui risquerait de déséquilibrer l'ensemble.
On peut y réfléchir, mais il faut admettre que cette idée se défend, qu'elle
n'est pas du tout incohérente étant donné les précautions que nous avons prises
et que nous avons presque tous défendues à cette tribune, hier, selon
lesquelles le ministère public doit conserver sa cohérence, son
organisation.
Est-ce le bon moyen ? Nous le croyons ; en tout cas, nous le croyons dans
l'immédiat. C'est dans cet esprit-là que la plupart des membres de mon groupe
voteront ce sous-amendement.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et
Indépendants, et du RPR.)
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, comme
mes amis du groupe socialiste,...
Un sénateur du RPR.
Pour une fois !
M. Michel Charasse.
... je ne peux que souhaiter que, dans cette affaire, le texte qui sortira des
débats du Sénat ait une certaine cohérence, qu'on choisisse une solution ou
qu'on en choisisse une autre.
Je rappellerai d'abord à M. Fauchon - c'est une parenthèse, car cela n'a rien
à voir avec ce que je vais dire par la suite - que la loi constitutionnelle de
1993 avait été présentée par le Président de la République de l'époque et
qu'elle était très largement tirée des projets de loi qu'il avait déposés le 10
mars 1993.
M. Philippe Marini.
Bien tardivement !
M. Jacques Larché,
président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Nous avons
attendu un certain temps !
M. Michel Charasse.
Par ailleurs, le sous-amendement n° 9 rectifié de M. Ceccaldi-Raynaud pose un
problème préoccupant, surtout après ce qu'a indiqué M. Dreyfus-Schmidt.
En effet, selon le texte de l'article 65 de la Constitution tel qu'il est
proposé par la commission des lois, le Conseil supérieur de la magistrature
émet un avis, qui s'impose, lors de la nomination de tous les membres du
parquet.
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Avec le sous-amendement, il s'agit d'une
exception.
M. Michel Charasse.
Monsieur Larché, pour le moment, je ne parle que de l'article 65 de la
Constitution !
Quant au sous-amendement n° 9 rectifié de M. Ceccaldi-Raynaud, il modifie la
procédure de nomination puisqu'il précise : « à l'exception des procureurs
généraux ». Mais ce sous-amendement en dit trop ou pas assez.
En effet, soit, première solution, les procureurs généraux continueront à être
nommés en conseil des ministres, mais sur avis conforme du Conseil supérieur de
la magistrature comme le précisera la loi organique. Dans ce cas, on reste dans
la cohérence du texte de l'article 65 de la Constitution.
Soit, seconde solution, les procureurs généraux ne seront plus nommés sur avis
conforme...
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Ils ne sont pas nommés sur avis conforme !
M. Michel Charasse.
Monsieur le président de la commission des lois, je m'en tiens au texte de
l'amendement n° 3 de la commission qui prévoit l'avis conforme du Conseil
supérieur de la magistrature pour l'ensemble des parquetiers, le
sous-amendement n° 9 rectifié, et lui seul, faisant une exception pour les
procureurs généraux.
Dans une telle configuration, il n'est pas interdit que la loi organique
prévoie que les procureurs généraux seront nommés après avis conforme du
Conseil supérieur de la magistrature par le conseil des ministres, les autres
procureurs relevant du décret simple.
Mais j'en reviens à la seconde solution : s'il n'y a pas d'avis conforme du
Conseil supérieur de la magistrature pour la nomination des procureurs
généraux, ce sera tout à fait incohérent.
Ce qui me gêne dans cette affaire, dont je comprends bien les raisons par
ailleurs, c'est qu'en fait - et c'est en cela que le rappel au règlement de M.
Dreyfus-Schmidt n'est pas vain - compte tenu du fait que les procureurs
généraux continueront à exercer un pouvoir hiérarchique sur les procureurs, on
ne voit plus vraiment quel est l'intérêt de l'avis conforme du Conseil
supérieur de la magistrature lors de la nomination de ces derniers puisque les
conséquences de cet avis pourront être annulées en quelque sorte par les ondes
de la hiérarchie.
M. Jean-Jacques Hyest.
Attendez !
M. Michel Charasse.
Dans ces conditions, je pose la question suivante à M. Ceccaldi-Raynaud : dans
votre esprit, cela veut-il dire que, compte tenu de l'importance et du rang des
procureurs généraux, vous souhaitez qu'ils soient toujours nommés en conseil
des ministres mais sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature,
comme le prévoira la loi organique, dans la logique et la cohérence de
l'article 65 de la Constitution, ou souhaitez-vous qu'ils soient nommés en
conseil des ministres, librement, comme c'est le cas aujourd'hui, sans tenir
compte de l'avis du Conseil supérieur de la magistrature ?
Et c'est là, monsieur le président, que se place la question posée par M.
Dreyfus-Schmidt : l'article 48, troisième alinéa, de notre règlement,
s'applique-t-il ou ne s'applique-t-il pas ?
(Applaudissements sur les
travées socialistes.)
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Je ne pensais pas que l'on opposerait à une
proposition particulièrement importante des arguties de procédure !
Je ferai simplement remarquer que la suggestion de notre collègue Charles
Ceccaldi-Raynaud est la transposition pure et simple de la rédaction en vigueur
de l'article 65 de la Constitution : les magistrats du parquet sont nommés
après avis simple du Conseil supérieur de la magistrature.
Je me permets de rappeler l'avant-dernier alinéa de l'article 65 que l'on va
modifier : « La formation du Conseil supérieur de la magistrature compétente à
l'égard des magistrats du parquet donne son avis » - maintenant nous disons
nomme sur avis conforme - « pour les nominations concernant les magistrats du
parquet, à l'exception des emplois auxquels il est pourvu en Conseil des
ministres ».
Le sous-amendement reste dans la même logique.
M. Alain Gournac.
Voilà !
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Lorsque l'on a voté la réforme du CSM en
1993, vous avez rappelé, cher ami Michel Charasse, que c'était une proposition
du Président de la République, nous l'avons tous enregistré ; mais enfin, elle
traînait depuis 1981 !
(Applaudissements sur les travées des Républicains et
Indépendants et du R.P.R.).
M. Jean Chérioux.
Il aura fallu attendre douze ans !
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Il aura fallu un certain temps pour qu'elle
vienne en discussion ! Vous avez au moins pris le temps de la réflexion !
M. Michel Charasse.
Le 10 mars 1993 !
M. Jacques Larché,
président de la commission.
C'est bien de réflechir, mais vous auriez pu
réfléchir à beaucoup d'autres sujets !
La formation du Conseil supérieur de la magistrature était donc compétente
pour donner des avis, et on exceptait déjà du champ de cette compétence les
emplois auxquels il est pourvu en conseil des ministres. La proposition de M.
Ceccaldi-Raynaud ne vise pas à autre chose...
M. Jean Chérioux.
Très bien !
M. Jacques Larché,
président de la commission...
qu'à de transposer ce système dans celui
par lequel, désormais, la formation du Conseil supérieur de la magistrature
doit donner un avis conforme. Si j'ai bien compris ce que souhaite M.
Ceccaldi-Raynaud il s'agit de dire qu'il y a avis conforme pour les magistrats
du parquet, sauf pour ceux qui sont nommés en conseil des ministres.
M. Jean Chérioux.
Et voilà !
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Citons quand même quelques statistiques : je
ne suis pas sûr de mon chiffre, à l'unité près, mais il y a 1 374 parquetiers.
Ils vont être nommés après avis conforme à l'exception des 36 procureurs
généraux, qui seront nommés en conseil des ministres. Voilà !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Les patrons !
M. Jacques Larché,
président de la commission.
Peut-être avons-nous un sens particulier de
l'autorité hiérarchique !
M. Hubert Haenel.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
Vous avez déjà parlé sur cet amendement, monsieur Haenel.
M. Hubert Haenel.
J'ai parlé pour l'amendement.
(Sourires.)
M. le président.
Il n'est possible d'intervenir que contre l'amendement. Donc, vous avez déjà
expliqué votre vote
M. Hubert Haenel.
M. Badinter a eu droit à une faveur !
M. le président.
Pas du tout ! M. Badinter est le seul orateur qui a été autorisé à prendre la
parole contre l'amendement et il est ensuite intervenu pour explication de
vote.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Apprenez le règlement !
M. le président.
A propos de règlement, monsieur Dreyfus-Schmidt, la recevabilité de ce
sous-amendement n° 9 rectifié donné lieu tout à l'heure à un rappel au
règlement et a été évoquée par M. Michel Charasse.
Je considère d'abord que ce sous-amendement est recevable - c'est le président
de séance qui prend ce genre de décision.
De plus, mon cher collègue, il ressort de la troisième ligne de l'alinéa 4 de
l'article 48 de notre règlement que, dans les cas litigieux, la question de la
recevabilité des amendements ou sous-amendements ne peut être évoquée qu'avant
la discussion des amendements.
La discussion ayant commencé, on ne peut donc pas évoquer l'irrecevabilité du
sous-amendement n° 9 rectifié.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Soumise au vote du Sénat, pas évoquée !
M. le président.
Mes chers collègues, je crois que M. Dreyfus-Schmidt a dit « dont acte », donc
n'en parlons plus...
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour exlication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Madame le garde des sceaux, mes chers collègues, d'excellents arguments ont
été avancés. Je ne saurais donc intervenir sur le fond, car tout a été dit.
Une chose est claire : nous allons très probablement adopter l'amendement n° 3
de la commission des lois et, ce faisant, le texte que nous précisons est
quelque peu différent de celui qui a été retenu par l'Assemblée nationale.
Quant au sous-amendement n° 9 rectifié, il permet d'aborder une question
centrale qui, quoi que nous ait dit M. Badinter, me paraît être une question de
légitimité de l'autorité judiciaire.
Il est extrêmement opportun de poser une telle question. La navette que nous
allons avoir nous permettra de l'approfondir et de rechercher la bonne solution
pour faire évoluer notre Constitution.
De ce point de vue, il est donc utile, me semble-t-il, que nous suivions la
proposition de notre collègue M. Ceccaldi-Raynaud et que nous votions le
sous-amendement n° 9 rectifié. Pour ma part, je me prononcerai dans ce sens.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le garde des sceaux.
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, je voudrais simplement faire quelques mises au point pour bien
clarifier ce qui relève du fond de ce qui relève de la forme dans cette
discussion.
Ce dont nous discutons actuellement, ce n'est pas de l'amendement n° 3 de la
commission des lois, qui ne comporte pas de modification relative aux
procureurs généraux par rapport au projet du Gouvernement. Ce dont nous
discutons, c'est d'un sous-amendement n° 9 rectifié à l'amendement n° 3 de la
commission des lois, qui comprend une modification concernant la nomination des
procureurs généraux.
M. Alain Gournac.
Très bien !
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Je comprends d'ailleurs qu'il règne une certaine
confusion dans certains esprits qui n'ont peut-être pas tout suivi...
(Exclamations sur les travées du RPR.)
D'autant qu'on est un peu dans le flou sur certaines positions ! Mais
cela regarde naturellement les uns et les autres.
M. Charles de Cuttoli.
Le flou est maintenant dissipé !
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Je voudrais maintenant rappeler quelques éléments quant
au fond pour que chacun soit bien conscient de la portée de la décision qu'il
va prendre.
Actuellement, les procureurs généraux sont nommés par décret en conseil des
ministres, c'est-à-dire à la discrétion du Gouvernement. Il s'agit donc non pas
d'une question de forme, mais d'une question de fond : le Gouvernement peut les
nommer et les dénommer, comme il le fait pour les directeurs d'administration
centrale ou les préfets.
Ce que le Gouvernement propose dans son projet de loi, c'est que, désormais,
la nomination des procureurs généraux ne soit plus à la discrétion du
Gouvernement, mais qu'elle soit soumise à un avis conforme préalable du Conseil
supérieur de la magistrature, et ce afin de garantir leur indépendance. Il ne
s'agit donc pas d'un problème de symbolique ! Je dis cela pour M. Haenel - et
non pas pour M. Pasqua - qui, dans son discours, m'a semblé mélanger les
problèmes de fond et les problèmes de symbolique.
(M. Haenel fait un signe de dénégation. - Exclamations sur les travées du
RPR.)
M. le président.
Veuillez laisser Mme le garde des sceaux s'exprimer, mes chers collègues !
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Je disais donc qu'il ne s'agit pas d'un problème de
symbolique ou de niveau de signature. C'est un problème de fond, et je ne
voudrais pas laisser planer la moindre ambiguïté sur ce point. Voter le
sous-amendement n° 9 rectifié, c'est faire le choix de ne pas donner aux
procureurs généraux les garanties statutaires de leur indépendance.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes.)
Par
conséquent, c'est contraire à la proposition contenue dans le projet de loi
constitutionnelle qui vous est soumis par le Gouvernement avec l'approbation du
Président de la République.
M. Gélard a évoqué le nécessaire parallélisme entre la nomination des
procureurs généraux et celle des premiers présidents. Il pense que les premiers
présidents des cours d'appel sont nommés par décret en conseil des ministres :
c'est faux. Ces derniers ne sont pas nommés en conseil des ministres. Ils le
sont, comme les autres magistrats, par décret du Président de la République,
cosigné par le Premier ministre et le garde des sceaux, sur proposition du
Conseil supérieur de la magistrature...
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Sans avis conforme !
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Oui, parce qu'il y a deux procédures.
Ces propositions sont présentées au Président de la République lors de la
réunion du Conseil supérieur de la magistrature.
J'en viens maintenant aux remarques faites par M. Fauchon pour remettre les
choses en perspective sur l'évolution s'est produite.
Avant 1992, les procureurs généraux étaient nommés discrétionnairement par
décret du Président de la République, cosigné par le Premier ministre et le
garde des sceaux, sans aucune espèce d'avis, pas même du conseil des
ministres.
En 1992, on instaure la nomination en conseil des ministres pour élargir la
consultation sur la nomination des procureurs généraux. La réforme proposée par
le Gouvernement prévoit une procédure solennelle faisant intervenir un
organisme constitutionnel qui est le Conseil supérieur de la magistrature.
M. Fauchon a présenté des remarques sur l'application de la politique pénale
qui ont trait non pas à ce projet de loi constitutionnelle, mais au projet de
loi dont nous avons déjà parlé souvent ici et qui est relatif aux relations
entre la Chancellerie et le parquet.
La question de la nomination des procureurs généraux, qui nous occupe ici et
qui est traitée dans le projet de loi constitutionnelle, ne peut pas être
considérée indépendamment du rôle que ceux-ci joueront dans le futur système et
qui n'est pas le même qu'aujourd'hui. Ils exerceront des prérogatives beaucoup
plus importantes dans un lien en effet hiérarchique qui sera beaucoup plus net.
Je vous le précise ici : les magistrats du parquet seront placés sous la
direction et sous le contrôle de leur chef hiérarchique ; le procureur général
animera et coordonnera la mise en oeuvre, par chaque procureur de la République
de son ressort, des directives de politique générale ; il s'assurera de leur
application, procédera à l'évaluation de celles-ci et pourra enjoindre aux
procureurs d'engager des poursuites ou de saisir des juridictions des
réquisitions qu'ils jugent opportunes. Dès lors que les procureurs généraux
acquièrent ce pouvoir, il est indispensable, si l'on veut vraiment - mais le
voulez-vous vraiment ? - que les magistrats du parquets soient indépendants du
pouvoir politique dans les affaires individuelles, qu'ils ne soient plus nommés
par le pouvoir politique en conseil des ministres.
(Applaudissements sur les
travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen
ainsi que sur les travées du RDSE.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 9 rectifié, repoussé par le
Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe socialiste.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
109:
Nombre de votants | 316 |
Nombre de suffrages exprimés | 316 |
Majorité absolue des suffrages | 159 |
Pour l'adoption | 202 |
Contre | 114 |
Le Sénat a adopté. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 8 rectifié.
M. Michel Charasse. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Compte tenu des explications qui ont été données à propos de la saisine du conseil de discipline, à la fois par le rapporteur de la commission et par Mme le garde des sceaux - bien entendu, madame, il faut prévoir un filtrage : on ne peut pas laisser n'importe qui déposer tous les quatre matins, à tout propos, des requêtes devant le Conseil supérieur de la magistrature - et dans la mesure où nous reviendrons sur ce point lors de la discussion du projet de loi organique, je retire mon sous-amendement.
Plusieurs sénateurs du RPR. Très bien !
M. le président. Le sous-amendement n° 8 rectifié est retiré.
Avant de mettre aux voix l'amendement n° 3, je précise que je suis saisi d'une demande de vote par division émanant de M. Dreyfus-Schmidt.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur cette demande ?
M. Charles Jolibois, rapporteur. Elle n'y voit aucun inconvénient, monsieur le président.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Compte tenu du vote qui vient d'intervenir, je renonce à la demande de vote par division.
M. Charles Pasqua. Je suis fasciné par l'agilité d'esprit de M. Dreyfus-Schmidt !
M. le président. Je vais donc mettre aux voix l'amendement n° 3.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. L'amendement n° 3 rectifié pose, nous l'avons dit, plusieurs problèmes. La commission en est parfaitement consciente puisqu'elle vient de dire qu'elle ne s'opposait pas au vote par division. Nous sommes en désaccord complet avec le sous-amendement qui vient d'être adopté. En conséquence, bien évidemment, nous voterons contre l'amendement n° 3.
Cela ne m'empêchera pas de présenter quelques explications, puisque ce débat va sans doute se poursuivre, en ce qui concerne tout d'abord la composition du Conseil.
Je dois dire à titre personnel que, si la composition proposée dans l'amendement ne me satisfait pas - en effet, je n'approuve pas la nomination par les présidents d'assemblée, en particulier parce que cela donne un avantage constant au Sénat (Protestations sur les travées du RPR. -)... C'est vrai !
M. Jean Chérioux. Une telle affirmation est indigne d'un sénateur ! Si vous pensez cela, il faut quitter le Sénat !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. ... je trouve néanmoins que cette composition, en ce qui concerne les personnalités, est préférable à celle qui nous était soumise initialement (M. Gélard applaudit) puisque les membres de la commission des lois, à l'unanimité, ont estimé que le président du Conseil économique et social n'a en tout cas pas à participer à cette désignation.
En revanche, nous ne comprenons pas pourquoi les magistrats du parquet devraient être en aussi grand nombre que les magistrats du siège alors qu'ils sont infiniment moins nombreux dans les juridictions. D'autre part, puisqu'ils sont les uns et les autres des magistrats, il n'y a pas de raison que le Conseil supérieur de la magistrature ne statue pas en une seule formation. En particulier, sur le plan disciplinaire, la faute d'un procureur doit être jugée de la même manière que celle d'un magistrat du siège et donc par la même formation, fût-elle réduite ; si l'on considère que vingt et un ou vingt-trois membres, c'est trop.
Par ailleurs, rien n'est dit sur le mode d'élection de ces magistrats. Cinq du siège et cinq du parquet, cela permet-il d'obtenir une proportionnelle dans chaque formation, s'il y en a deux ? Je n'en suis pas sûr et j'aimerais bien recevoir une réponse à cette question.
La présence du garde des sceaux qui propose les nominations et qui participe aux discussions sur ces propositions nous a toujours paru curieuse.
Nous estimons aussi qu'il ne devrait même pas y avoir de propositions du Gouvernement pour l'ensemble des magistrats du siège et qu'ils devraient être nommés directement par le CSM.
S'agissant des magistrats du parquet, la situation est tout de même différente. A cet égard, vous ne pouvez passer votre temps à dire, à la fois, qu'ils sont les uns et les autres des magistrats et qu'en conséquence il faut les traiter tous de la même manière, mais qu'ayant des fonctions différentes, il faut les traiter différemment. Il faut choisir. A défaut de quoi, vous pouvez faire tout et le contraire de tout.
Evidemment, nous l'avons souligné au cours du débat qui vient d'avoir lieu, pour que les procureurs généraux ne soient plus aux ordres, pour qu'ils bénéficient d'une certaine indépendance, il faut qu'ils soient nommés et révoqués non sur la seule initiative de l'exécutif mais sur avis conforme du CSM. Or vous venez de voter le contraire. Je suis sûr que c'est une manière de rappeler que le Sénat est là et que son accord est nécessaire pour une réforme constitutionnelle - cela, nous le savions - mais que vous ne pensez pas vous-mêmes que ce que vous venez de faire est sérieux (Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.),...
M. Jean Chérioux. Gardez les leçons pour vous !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. ... ou alors, politiquement, prenez vos responsabilités !
M. Jean Chérioux. On n'a pas besoin de vous pour le faire !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Les Françaises et les Français sauront que vous voulez que les poursuites soient à la disposition de l'exécutif et qu'il soit possible d'étouffer les affaires.
M. Jean Chérioux. Beau sophisme !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. J'ajoute que vous réduisez la formation plénière à la portion congrue, c'est-à-dire que vous refusez l'inévitable : la possibilité pour les membres du Conseil supérieur de la magistrature de se réunir s'ils l'estiment nécessaire, par exemple pour dégager la philosophie de ce que doivent être ses propositions de nomination et se concerter pour préparer le nécessaire rapport annuel.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Ce n'est pas une question de philosophie !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Voilà toutes les raisons pour lesquelles nous voterons contre l'amendement n° 3.
M. Patrice Gélard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gélard.
M. Patrice Gélard. Tout d'abord, je souhaiterais suggérer à M. le rapporteur d'améliorer le texte de l'amendement en substituant, au deuxième alinéa du texte proposé pour l'article 65, aux mots : « dix personnalités n'appartenant ni au Parlement, ni à l'ordre judiciaire, ni à l'ordre administratif » les mots : « dix personnalités n'appartenant ni au Parlement, ni aux juridictions de l'ordre judiciaire, administratif ou financier ».
En effet, avec la rédaction actuelle, on exclut tous les fonctionnaires de la possibilité d'être membres du Conseil supérieur de la magistrature alors que les membres de la Cour des comptes ou des chambres régionales des comptes peuvent en faire partie.
Quoi qu'il en soit, je voterai bien évidemment l'amendement n° 3, tout en regrettant quelque peu que la nomination des personnalités extérieures ne se réfère pas à une tradition constitutionnelle française qui fait, par exemple, qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel et au Conseil constitutionnel siègent trois personnalités désignées par les plus hautes autorités de l'Etat - en dehors du Premier ministre, bien évidemment - que sont le Président de la République, le président du Sénat et le président de l'Assemblée nationale.
Je regrette aussi que, parmi les plus hautes juridictions, on ait quelque peut oublié le Conseil constitutionnel, qui est aussi une haute juridiction.
M. Charles Jolibois, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Charles Jolibois, rapporteur. Monsieur Gélard, je comprends très bien votre objection. Vous craignez que la mention de l'ordre administratif dans les exclusions n'écarte tous les fonctionnaires. Telle n'est certainement pas notre intention.
Cependant, nous avons eu du mal à trouver la bonne rédaction parce que nous voulions écarter les magistrats honoraires. Il faudrait peut-être écrire : « ni aux juridictions de l'ordre judiciaire et de l'ordre administratif... ».
Plusieurs sénateurs du RPR et des Républicains et Indépendants. Et financier !
M. le président. Monsieur le rapporteur, mes chers collègues, pardonnez-moi, cette mise au point relève du travail de commission. De toute façon la navette nous donnera l'occasion de trouver la bonne formule.
M. Robert Pagès. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pagès.
M. Robert Pagès. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je ne vous étonnerai pas en disant que les sénateurs communistes ne voteront pas l'amendement n° 3...
M. Alain Gournac. Tant mieux !
M. Robert Pagès. ... et ce pour diverses raisons, dont la principale est le vote par la majorité sénatoriale du sous-amendement n° 9 rectifié de notre collègue M. Ceccaldi-Raynaud.
Il est évident que l'adoption de ce sous-amendement dénature totalement le fond même de la réforme envisagée, et je plains M. le Président de la République d'avoir à souffrir un vote qui va sans doute le surprendre.
M. Jean Chérioux. C'est trop gentil à vous !
M. Robert Pagès. Cela dit, notre refus de l'amendement n° 3 tient également à notre profond attachement à l'unité effective de la magistrature. Mme la ministre a exposé clairement à plusieurs reprises combien cette unité était garante d'une meilleure indépendance de la justice.
Nous y sommes donc très attachés. Or, même s'il peut être réuni en formation plénière, il n'en reste pas moins que sont ainsi mises en place deux formations distinctes. Cela nous semble constituer, au moins en germe, une attaque importante contre cette unicité effective que nous souhaitons.
Je souhaite ajouter - mais j'aurai l'occasion d'y revenir lors des explications de vote sur l'ensemble du projet de loi - que nous ne sommes pas favorables non plus à l'élection des personnalités qui composent le CSM. Nous souhaitons, en effet, que ces personnalités soient désignées par l'Assemblée nationale et le Sénat, en respectant les diverses sensibilités.
Nous n'avons pas été suivis sur ce point, ni dans le projet de loi, ni dans le texte proposé par la commission. Par conséquent, vous ne vous étonnerez pas que nous maintenions notre opposition.
Il en est de même en ce qui concerne la présidence du CSM, assurée par le Président de la République, et sa vice-présidence, assurée par le garde des sceaux.
Pour ces différentes raisons, les sénateurs communistes voteront contre l'amendement n° 3.
M. Hubert Haenel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Haenel.
M. Hubert Haenel. Les débats d'hier soir et de cet après-midi, notamment le débat sur cet amendement n° 3, ont permis d'aborder des questions fondamentales. Mais pourquoi tous ces débats n'ont-ils pas d'issue ? Je l'ai dit hier, parce que nous ne sommes sans doute pas allés suffisamment au fond des choses, et le ton même de nos échanges en témoigne.
Dès lors, monsieur Dreyfus-Schmidt, vous qui êtes un orfèvre en matière de justice, ne faites pas de procès d'intention sur les votes des uns et des autres.
Le texte n'est pas mûr. L'Assemblée nationale n'en a pas poussé l'examen assez loin. Une navette est donc nécessaire. Il faut au moins encore une lecture à l'Assemblée nationale et une lecture au Sénat. C'est seulement après que, les uns et les autres, nous pourrons nous déterminer définitivement.
Aujourd'hui, je vote sans hésiter l'amendement n° 3 de la commission des lois et je demande à mes collègues de la minorité sénatoriale de ne pas se livrer à des interprétations abusives sur le sens d'un tel vote. Le seul vrai vote, c'est celui que nous émettrons à Versailles.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. S'il y a un Congrès !
M. Hubert Haenel. J'espère qu'il y en aura un !
M. Guy Allouche. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Allouche.
M. Guy Allouche. Depuis le début de ce débat, aussi bien en commission qu'en séance publique, je me suis tenu au silence, écoutant les arguments des uns et des autres, afin d'essayer de me forger l'opinion la plus juste possible.
Il est quasiment acquis que l'amendement n° 3 va être voté par la majorité sénatoriale, après avoir été modifié par le sous-amendement n° 9 rectifié.
Mes chers collègues, j'espère que chacun en a pleinement conscience, c'est le coeur même du dispositif de la réforme qui a été ainsi touché, et Mme le garde des sceaux l'a parfaitement rappelé, puisque l'un des objectifs essentiels de ce texte est de garantir l'indépendance de la magistrature, notamment celle des magistrats du parquet.
J'ai presque envie de dire que je me réjouis de voir la majorité sénatoriale adopter cette attitude. En effet, chers collègues, si vous espérez gêner le Gouvernement en agissant ainsi, vous vous trompez, j'en ai la conviction profonde.
Vous semblez oublier que ce n'est pas l'un des nôtres qui est à l'Elysée. Vous semblez oublier que c'est l'un des vôtres qui a souhaité cette réforme. Vous semblez oublier aussi que, à l'Assemblée nationale, cette réforme a été adoptée non seulement par la majorité actuelle mais aussi par une très large partie de l'opposition, sur consigne venue de l'Elysée. (Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Jean Chérioux. Noius sommes majeurs ! Nous faisons ce que nous voulons !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Nous ne sommes plus sous Mitterrand !
M. le président. Monsieur Allouche, ne vous laissez pas troubler !
M. Guy Allouche. Le Sénat est libre de prendre les décisions qu'il veut. (Ah ! sur les travées du RPR).
M. Jean Chérioux. Merci beaucoup !
M. Guy Allouche. Mais j'espère que vous êtes pleinement conscients de l'acte que vous allez accomplir.
M. Charles Pasqua. En voilà assez !
M. Jean Chérioux. Redescendez sur terre, monsieur Allouche !
M. Jean-Pierre Schosteck. Comme si nous ne savions pas ce que nous faisons !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. Serions-nous frappés de démence ?
M. le président. Seul M. Allouche a la parole !
M. Guy Allouche. Car il ne fait aucun doute que ce qui sera retenu à l'extérieur de cette enceinte,...
M. Jean Chérioux. C'est une menace !
M. Guy Allouche. ... à partir du moment où le vote aura été émis, c'est non seulement que la majorité sénatoriale ne suit pas le Gouvernement - ça, ce n'est pas une surprise - mais que quelqu'un se trouve mis en difficulté, ce quelqu'un n'étant pas le chef du Gouvernement mais un autre, qui occupe d'autres fonctions.
M. Joseph Ostermann. Mais non !
M. Charles Ceccaldi-Raynaud. C'est du chantage !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 3, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 1er est ainsi rédigé.
Article 2
M. le président.
« Art. 2. - Jusqu'à sa première réunion dans la composition issue de la
présente loi constitutionnelle, le Conseil supérieur de la magistrature exerce
les compétences qui lui sont conférées par l'article 65 de la Constitution dans
sa rédaction antérieure à la présente loi constitutionnelle. »
Par amendement n° 4, M. Jolibois, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit cet article :
« I. - L'article 90 de la Constitution est rétabli dans la rédaction suivante
:
«
Art. 90.
- Jusqu'à sa première réunion dans la composition issue de
la loi constitutionnelle n° du , le Conseil supérieur de la
magistrature exerce les compétences qui lui sont conférées par l'article 65 de
la Constitution dans sa rédaction issue de la loi constitutionnelle n° 93-952
du 27 juillet 1993. »
« II. - L'article 90 de la Constitution est abrogé à la date de la première
réunion du Conseil supérieur de la magistrature dans la composition issue de la
présente loi. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Charles Jolibois,
rapporteur.
L'article 2 est une disposition transitoire permettant au
Conseil supérieur de la magistrature de poursuivre sa mission en exerçant ses
compétences actuelles jusqu'à sa première réunion dans sa nouvelle
composition.
La rédaction que nous proposons pour cet article tend à intégrer cette
disposition transitoire dans le corps même de la Constitution tout en prévoyant
que celle-ci s'en trouvera automatiquement « nettoyée » dès la première réunion
du Conseil supérieur de la magistrature dans la composition issue de la
présente loi, de telle façon que le Parlement n'ait pas à abroger une
disposition devenue inutile à l'occasion d'une révision ultérieure de la
Constitution.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Elisabeth Guigou,
garde des sceaux.
Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 4, qui
est de caractère technique.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 2 est ainsi rédigé.
Vote sur l'ensemble
M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi constitutionnelle, je
donne la parole à M. Pagès, pour explication de vote.
M. Robert Pagès.
Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, au
terme de ce débat, je confirme que les sénateurs communistes regrettent
vivement l'adoption de l'amendement n° 3 de la commission des lois, sous-amendé
par le sous-amendement n° 9 rectifié de M. Ceccaldi-Raynaud, qui modifie
substantiellement la teneur de la réforme.
Nous avons, pour notre part, défendu la mise en place d'un Conseil supérieur
de la magistrature réunifié, démocratique et pluraliste, tant dans sa
composition que dans ses attributions.
M. Hilaire Flandre.
Comme à Moscou !
M. Robert Pagès.
Le texte gouvernemental marquait à nos yeux un progrès par rapport à la
situation actuelle, même s'il n'allait pas aussi loin que nous l'aurions
souhaité dans la logique d'indépendance des magistrats. Il est clair que nous
ne pourrons pas voter le projet tel qu'il ressort des travaux du Sénat.
En réalité, la position arrêtée par la majorité sénatoriale de droite risque
soit d'entraîner un retard dans l'adoption définitive de la réforme, voire de
la compromettre, soit encore, si un terrain d'entente était trouvé au cours de
la navette, comme semble le souhaiter le président Larché, de marquer un net
recul au regard de l'impartialité et de l'indépendance de la justice.
Un tel raisonnement augure mal les réformes à venir en matière de procédure
pénale, de présomption d'innocence, d'instruction, de relations entre parquet
et Chancellerie, etc.
Nous regrettons profondément de n'avoir pas réussi, au Sénat, à faire avancer
ce qu'attendent nos concitoyens : une justice efficace, une justice impartiale,
une justice pour tous.
(Applaudissements sur les travées du groupe
communiste républicain et citoyen ainsi que sur les travées
socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. de Bourgoing.
M. Philippe de Bourgoing.
M'exprimant au nom d'un groupe qui a le plaisir et l'honneur de compter dans
ses rangs le rapporteur de ce texte, je n'étonnerai personne en disant que les
sénateurs du groupe des Républicains et Indépendants suivront sans hésitation
les conclusions de la commission des lois.
M. le président.
La parole est à M. le doyen Gélard.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Est-ce le doyen du Sénat ?
(Sourires.)
M. Patrice Gélard.
Non, pas du Sénat ! Pas encore !
(Nouveaux sourires.)
M. le président.
Il y a un nombre limité de doyens dans cette enceinte. C'est la raison pour
laquelle je me suis permis de donner ainsi la parole à M. Gélard.
M. Patrice Gélard.
La très grande majorité du groupe du RPR votera en faveur du texte tel qui
ressort de nos travaux.
Je voudrais, en cet instant, insister sur un certain nombre de points.
D'abord, le Conseil supérieur de la magistrature n'est pas une institution
secondaire. Il joue un rôle capital non seulement en France mais aussi à
l'étranger. En effet, ce qui se passe au Conseil supérieur de la magistrature
est suivi dans un très grand nombre de pays parce que le problème du statut des
magistrats comme celui de l'indépendance de la magistrature se posent partout
dans les mêmes termes et que, dans les autres pays, on ne trouve pas toujours
les bonnes solutions. Ce qui se fait ici est donc d'importance.
S'agissant de la question des procureurs - une question sur laquelle nous
devrons revenir - nous avons fait le choix de nous rallier à la solution
proposée, à savoir l'avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature pour
la nomination des procureurs.
Cela étant, nous continuons de nous demander si les procureurs sont réellement
des magistrats ou s'ils ne constituent pas une catégorie à part. Leur
appartenance à la magistrature résulte un peu de l'histoire, mais aussi un peu
des hasards.
En fait, en voulant garantir l'indépendance de la magistrature, n'avons-nous
pas quelque peu occulté le problème des liens nécessaires entre les procureurs
et le garde des sceaux et, plus largement, le Gouvernement ?
La réforme de 1993 avait représenté un indiscutable progrès. Je me permets de
rappeler au passage que, malgré des promesses remontant à 1981, ceux qui
veulent se faire aujourd'hui nos procureurs n'ont toujours fait preuve ni de
beaucoup de courage ni de beaucoup de ténacité !
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées du RPR.)
Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, le
vote d'aujourd'hui, contrairement à ce qu'a dit M. Allouche, n'est pas
définitif.
Nous avons voulu, aujourd'hui, marquer notre volonté d'ouverture. Nous ne
refusons pas le dispositif proposé par Mme le garde des sceaux ; nous l'avons
aménagé, nous l'avons quelque peu transformé, mais l'esprit essentiel demeure.
Madame le garde des sceaux, vous souhaitiez un Conseil supérieur de la
magistrature composé d'une majorité de personnalités extérieures ? Vous l'avez
! Quant à la nomination des procureurs - de la quasi-totalité des procureurs, à
l'exception de trente-deux d'entre eux - elle se fera après avis conforme du
Conseil.
Pour l'essentiel, donc, le texte que vous nous avez présenté demeure, sauf
certains points de détail sur lesquels nous l'avons amélioré. Il reste encore à
parfaire, nous vous le concédons. Nous sommes ouverts et prêts à la discussion
avec l'Assemblée nationale, lors de la navette, mais, madame le garde des
sceaux, ce qui nous inquiète le plus, sachant que, somme toute, cette réforme
du Conseil supérieur de la magistrature est assez secondaire dans la réforme de
la justice, ce sont les autres textes que nous attendons et dont nous ne
connaissons pas encore, à l'heure actuelle, la véritable économie.
La véritable réforme de la justice, ce n'est pas le Conseil supérieur de la
magistrature qui la fera ; elle viendra des autres textes, que nous attendons,
sur la présomption d'innocence, sur le rôle du juge d'instruction, sur la garde
à vue, entre autres. Tant que nous n'aurons pas eu connaissance de ces
textes-là, il nous sera extrêmement difficile de porter un jugement définitif
sur l'ensemble de la réforme en cours.
Dès lors, notre vote d'aujourd'hui n'est en aucun cas un engagement pour celui
que nous émettrons en deuxième lecture et,
a fortiori,
au congrès.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste.)
(M. René Monory remplace M. Jacques Valade au fauteuil de la présidence.)
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
M. le président.
La parole est à M. Badinter.
M. Robert Badinter.
Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, quand
se sont achevés les travaux de la commission des lois, je ne le dissimulerai
pas, j'étais, pour ma part, plutôt optimiste. Je me disais que cette révision
constitutionnelle concernant une institution qui n'est pas, comme le doyen
Gélard a raison de le rappeler, une petite institution dans la République,
nécessitait un accord entre les deux chambres, et que nous n'en étions pas très
loin. En effet, si les adjonctions de la commission des lois pouvaient poser
quelques problèmes, elles ne constituaient certainement pas un obstacle majeur.
Quant à savoir s'il fallait une ou deux formations - problème, en effet,
important - je pensais que l'on pourrait trouver un accommodement, d'autant
que, si l'on choisissait la formation unique, celle-ci, inévitablement, se
diviserait en sections de travail.
Pour ce qui est du pouvoir de convocation du Conseil aux fins d'avis, dans la
version initiale qui nous avait été soumise, seul le Président de la République
en disposait. A mon sens, les modes de convocation relèvent plutôt d'une loi
organique mais, très franchement, si une majorité des membres du Conseil
supérieur de la magistrature demandaient au Président de la République de
réunir une instance dont il est le président, il ne pourrait certainement pas
refuser. Cela ne me paraissait donc pas d'une extrême importance ou de nature à
susciter l'opposition irréductible des deux chambres.
En ce qui concerne la composition du Conseil, maintenant, le projet de loi,
tel que modifié par la commission des lois, m'apparaissait meilleur que le
texte élaboré par l'Assemblée nationale.
Moyennant donc quelques efforts, et nous allions en faire, je voyais déjà la
question réglée.
Endormis dans cet optimisme constitutionnel, nous nous sommes brusquement
réveillés avec l'invention de M. Ceccaldi-Raynaud, la trouvaille, l'oursin dans
le potage ! Le sous-amendement n° 9 rectifié, qu'il a défendu, comme M. Gélard,
avec talent, aboutit à créer précisément l'irréparable et je ne vois pas
comment on pourra surmonter ce qui est désormais avant tout une contradiction
majeure.
A cet instant, je demande à chacun de s'interroger. Le parquet est et doit
demeurer un organe hiérarchisé. Les garanties ? Nous savons ce qu'elles sont
quand il s'agit de l'indépendance des magistrats : elles résident précisément
dans le pouvoir plus ou moins grand d'intervention du Conseil supérieur de la
magistrature. Vous avez adopté, chers collègues, une disposition par laquelle
les substituts et les procureurs de la République, qui sont chefs du parquet de
leur tribunal, chez eux, mais pas dans le ressort de la cour d'appel, vont,
eux, bénéficier d'une garantie, au reste tout à fait souhaitable, et que nous
avons adoptée d'ailleurs tout comme vous, qui est l'avis conforme du Conseil
supérieur de la magistrature, alors que vous avez refusé d'octroyer cette même
garantie à leurs supérieurs, à ceux qui sont au sommet de l'échelle
hiérarchique !
Vous avez donc garanti la condition des subordonnés, les procureurs, mieux que
celle des procureurs généraux. Dans un système hiérarchique dont M. Peyrefitte
a rappelé hier avec beaucoup d'éloquence les avantages, une pareille condition
est, permettez-moi de le dire, pour le moins paradoxale. Si vous pensez que
cela renforcera l'autorité - si importante - des procureurs généraux sur les
procureurs de la République, qui seront dorénavant nommés, eux, avec la double
légitimité résultant du choix du Gouvernement et du Conseil supérieur de la
magistrature, vous faites erreur. Votre vote aboutira exactement au résultat
inverse et vous aurez introduit, au sein du parquet, une dissociation dans la
hiérarchie qui ne manquera pas de se faire sentir. C'est un paradoxe, mais
aussi un mauvais choix.
En ce qui concerne l'avenir de la réforme, ne nous leurrons pas. J'ai évoqué
les évidentes possibilités d'accord au cours de la navette. Avec un tel oursin,
ce n'est plus possible. Comme l'a fait remarquer avec beaucoup de fermeté et de
talent Mme le garde des sceaux, nous sommes au coeur de la réforme, puisque les
projets de loi à venir, qui sont relatifs à l'organisation du parquet, non
seulement confirmeront mais renforceront les pouvoirs des procureurs
généraux.
Par conséquent, sauf à démentir complètement ce dispositif - j'ignore ce
qu'est le for intérieur du Président de la République à ce sujet, mais il n'a
pas à être mis en cause - ni la majorité de l'Assemblée nationale ni le
Gouvernement ne céderont sur ce point.
A voir l'unanime enthousiasme avec lequel la majorité du Sénat a adopté ce
sous-amendement, je me dis qu'il sera bien difficile de trouver un point
d'accord sur une question aussi capitale. Voilà pourquoi je suis pessimiste.
Mais je ne voudrais pas que nous abordions ce vote sur une note trop grave.
Aussi permettez-moi, mes chers collègues, de vous rappeler une anecdote
admirable, dont l'auteur est, à coup sûr, l'un des plus grands hommes d'Etat
français et un éminent sénateur, je veux dire Clemenceau. Interrogé sur ce
qu'il pensait du travail parlementaire, Clemenceau interroge à son tour son
interlocuteur : « Savez-vous ce qu'est un chameau ? » L'autre reste coi. Et
Clemenceau de fournir la réponse : « Un chameau, c'est un cheval dessiné par
une commission parlementaire ! » Vous remplacez « commission parlementaire »
par « Sénat », et vous avez, mesdames, messieurs, d'un cheval fait un chameau !
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Alain Gournac.
Il a été plus brillant !
M. Charles Pasqua.
Ce n'est pas terrible !
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
A l'issue de ce débat, je m'étonne qu'il n'y ait eu encore personne pour dire
que notre pays compte beaucoup de magistrats indépendants et qui font
remarquablement leur métier, qu'ils soient substituts, procureurs de la
République, procureurs généraux ou magistrats du siège. Et ils ne se sont
certainement jamais interrogés sur la justice en termes de suspicion, quand il
ne s'agissait pas de malveillance systématique, comme nous l'avons fait par nos
débats.
M. Charles Ceccaldi-Raynaud.
Il faut le dire à M. Charasse !
M. Jean-Jacques Hyest.
Pour quelques cas, on oublierait presque que les magistrats de notre pays ont
une grande conscience professionnelle et une haute idée de la mission qu'ils
accomplissent.
Dans le passé, les courageux magistrats qui ont su résister aux influences du
pouvoir politique ont souvent eu raison, et c'est le pouvoir politique qui a eu
tort. Si des affaires ont été « loupées », c'est, bien que connues, elles n'ont
pas été jusqu'à leur terme. Je crois que le pouvoir politique a toujours eu
tort d'influencer la justice sauf, bien entendu, lorsque des raisons
supérieures l'exigeaient, auquel cas c'était et cela reste le devoir du pouvoir
politique de donner ses instructions. C'est pourquoi je reste attaché au
pouvoir hiérarchique et à la subordination qui en découle.
J'ai eu l'impression, cet après-midi, que l'on avait un peu mélangé deux
problèmes car derrière la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, il
faut considérer, bien entendu, les projets de loi organique à venir concernant
le parquet. Or, de ce point de vue, nous restons sur notre faim.
Mme le garde des sceaux a eu, hier, des propos encourageants, mais tout a été
gâté cet après-midi. Nous aimerions comprendre pourquoi les procureurs généraux
nommés sans avis conforme ne seraient plus indépendants, tandis que les autres
le seraient. Et la subordination hiérarchique ?
Le dispositif peut être encore amélioré. Le Sénat a eu le mérite de bien poser
les problèmes à l'occasion d'une réforme qui reste, malgré tout, difficile et
complexe.
Les textes constitutionnels, en permettant la navette, favorisent le dialogue
entre les deux assemblées et avec le Gouvernement.
M. Hubert Haenel.
Tout à fait !
M. Jean-Jacques Hyest.
Le Sénat aura bien travaillé, en particulier sa commission des lois, et, nous
l'espérons, au terme de la navette, le chameau redeviendra un beau cheval !
(Sourires. - Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et
des Républicains et Indépendants.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Le Sénat va procéder au vote sur l'ensemble du projet de loi
constitutionnelle.
En application de l'article 60
bis
, alinéa 1, du règlement, la
conférence des présidents a décidé qu'il serait organisé un scrutin public à la
tribune, dans les conditions fixées par l'article 56
bis
du
règlement.
Il va donc être procédé au scrutin public.
Je vais tirer au sort la lettre par laquelle commencera l'appel nominal.
(Le sort désigne la lettre T.)
M. le président.
Le scrutin sera clos quelques instants après la fin de l'appel nominal.
Le scrutin est ouvert.
Huissiers, veuillez commencer l'appel nominal.
(L'appel nominal a lieu.)
M. le président.
Le premier appel nominal est terminé. Il va être procédé à un nouvel appel
nominal.
(Le nouvel appel nominal a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter...
Le scrutin est clos.
J'invite MM. les secrétaires à procéder au dépouillement du scrutin.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
110:
Nombre de votants | 312 |
Nombre de suffrages exprimés | 308 |
Majorité absolue des suffrages | 155 |
Pour l'adoption | 213 |
Contre | 95 |
Le Sénat a adopté.
4
COMMUNICATION RELATIVE À
UNE PROPOSITION D'ACTE COMMUNAUTAIRE
M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre une communication, en date du 24 juin 1998, l'informant que la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 93/6 C.E.E. du Conseil du 15 mars 1993, sur l'adéquation des fonds propres des entreprises d'investissement et des établissements de crédit et la directive 93/22 du Conseil, du 10 mai 1993, concernant les services d'investissement dans le domaine des valeurs mobilières (E 471) est réputée non adoptée par les instances communautaires suite à l'échec de la conciliation prévue à l'article 189 B du traité sur l'Union européenne relatif à la procédure de codécision.
5
DÉPÔT DE RAPPORTS
M. le président.
J'ai reçu de M. Guy Fischer un rapport, fait au nom de la commission des
affaires sociales, sur la proposition de loi de MM. Robert Pagès, Guy Fischer,
Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Jean-Luc Bécart, Mmes Danielle Bidard-Reydet,
Nicole Borvo, MM. Jean Dérian, Michel Duffour, Pierre Lefebvre, Paul Loridant,
Mme Hélène Luc, MM. Louis Minetti, Jack Ralite, Ivan Renar et Mme Odette
Terrade tendant à accorder la retraite anticipée pour les anciens combattants
chômeurs en fin de droits, justifiant de quarante années de cotisations
diminuées du temps passé en Afrique du Nord, (n° 390, 1997-1998).
Le rapport sera imprimé sous le n° 521 et distribué.
J'ai reçu de M. Jean-Marie Girault un rapport, fait au nom de la commission
des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du
règlement et d'administration générale, sur le projet de loi constitutionnelle,
adopté par l'Assemblée nationale, relatif à la Nouvelle-Calédonie (n° 497,
1997-1998).
Le rapport sera imprimé sous le n° 522 et distribué.
6
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au jeudi 25 juin 1998 :
A neuf heures trente :
1. Discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 487, 1997-1998), adopté
avec modifications par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, instituant
une Commission consultative du secret de la défense nationale.
Rapport (n° 501, 1997-1998) de M. Nicolas About, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
2. Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, d'orientation
budgétaire.
Aucune inscription de parole dans le débat n'est plus recevable.
A quinze heures et, éventuellement, le soir :
3. Allocution du Président du Sénat.
4. Suite de l'ordre du jour du matin.
5. Discussion en troisième lecture du projet de loi (n° 498, 1997-1998),
modifié par l'Assemblée nationale, en deuxième lecture, relatif à la partie
législative du livre VI (nouveau) du code rural.
Rapport (n° 519, 1997-1998) de M. Alain Pluchet, fait au nom de la commission
des affaires économiques et du Plan.
Délais limites pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements
- Conclusions de la commission des affaires sociales (n° 500, 1997-1998) sur
la proposition de loi tendant à alléger les charges sur les bas salaires (n°
372 rectifié, 1997-1998) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 29 juin 1998, à onze
heures.
- Conclusions de la commission des affaires sociales (n° 521, 1997-1998) sur
la proposition de loi tendant à accorder la retraite anticipée pour les anciens
combattants chômeurs en fin de droits, justifiant de quarante années de
cotisations diminuées du temps passé en Afrique du Nord (n° 390, 1997-1998)
:
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 29 juin 1998, à onze
heures.
- Conclusions de la commission des affaires économiques (n° 503, 1997-1998)
sur la proposition de loi relative à la mise en oeuvre du réseau écologique
européen, dénommé Natura 2000 (n° 194, 1997-1998) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 29 juin 1998, à onze
heures.
- Conclusions de la commission des affaires culturelles (n° 504, 1997-1998)
sur la proposition de loi relative à l'obligation de scolarité (n° 391,
1996-1997) et la proposition de loi tendant à renforcer le contrôle de
l'obligation scolaire (n° 260, 1997-1998) :
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 29 juin 1998, à onze
heures.
- Projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à
la Nouvelle-Calédonie (n° 497, 1997-1998) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
lundi 29 juin 1998, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 29 juin 1998, à dix-sept
heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée à dix-huit heures.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Situation de l'usine
GEC-Alsthom de Lys-lez-Lannoy
305.
- 24 juin 1998. -
M. Dinah Derycke
appelle l'attention de
M. le secrétaire d'Etat à l'industrie
sur la situation sociale de l'usine de GEC-Alsthom Stein Industrie sise à
Lys-Lez-Lannoy, dans le département du Nord. A plusieurs reprises, un collectif
regroupant cinq parlementaires du Nord a attiré l'attention de la direction de
cette entreprise sur les inquiétudes procédant de l'annonce d'une réduction de
moitié du nombre d'heures de travail annuel. Face au développement annoncé de
l'activité de valorisation des déchets, aux résultats positifs de l'entreprise
et à la volonté affichée de la direction de développer l'emploi, un plan social
paraîtrait inacceptable. Alors qu'un mouvement de certification sociale des
entreprises tend à se développer au niveau mondial, que ces entreprises ont
intérêt à intégrer, en amont, ces thèmes dans leur stratégie globale, l'aide du
Gouvernement est nécessaire pour imposer une éthique sociale à la société
GEC-Alsthom Industrie dont l'activité est pour partie fondée sur des fonds
publics. Depuis 1993, les résultats d'exploitation de l'usine ont connu une
hausse extrêmement importante et, parallèlement, les effectifs ont été réduits
de façon drastique. L'affirmation par la direction de la mise en place d'un
pôle de valorisation des déchets autour du site, preuve s'il en fallait du
développement de l'activité du groupe, ne justifie aucunement la réduction
d'effectifs prévue. De nombreuses études récentes montrent en outre que la
gestion du personnel, et ce notamment en période de capitalisation en bourse,
est le moyen le plus pratiqué pour améliorer les résultats d'une entreprise,
méthode encouragée par les milieux financiers, en dépit ses conséquences
néfastes que cela induit souvent pour les entreprises elles-mêmes. Enfin la
direction du groupe, qui insiste dans le cadre de sa politique de communication
sur le concept d'entreprise citoyenne, a communiqué en août 1997 à chaque
parlementaire une plaquette publicitaire mettant l'accent sur sa responsabilité
sociale. Elle lui demande donc de tout mettre en oeuvre pour éviter, dans cette
région déjà sinistrée, un nouveau plan social.
ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mercredi 24 juin 1998
SCRUTIN (n° 109)
sur le sous-amendement n° 9 rectifié, présenté par MM. Charles Ceccaldi-Raynaud
et Parice Gélard, tendant à compléter l'amendement n° 3, présenté par M.
Charles Jolibois au nom de la commission des lois, à l'article 1er du projet de
loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale, relatif au Conseil
supérieur de la magistrature (nomination des procureurs généraux).
Nombre de votants : | 315 |
Nombre de suffrages exprimés : | 315 |
Pour : | 201 |
Contre : | 114 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
15.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Paul Loridant.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Contre :
23.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
91.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Jacques Valade, qui présidait la
séance, et Jacques Chaumont.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
56.
Contre :
1. _ M. Didier Borotra.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
45.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Georges Berchet
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Jacques Bimbenet
Marcel Bony
Didier Borotra
Nicole Borvo
André Boyer
Guy Cabanel
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Henri Collard
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Fernand Demilly
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Jean Francois-Poncet
Aubert Garcia
Paul Girod
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Pierre Jeambrun
Bernard Joly
Philippe Labeyrie
Pierre Laffitte
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
François Lesein
Claude Lise
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Georges Mouly
Georges Othily
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Lylian Payet
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
Jean-Marie Rausch
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Raymond Soucaret
Fernand Tardy
Odette Terrade
André Vallet
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
MM. Jacques Chaumont et Paul Loridant.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat et Jacques Valade, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 316 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 159 |
Pour l'adoption : | 202 |
Contre : | 114 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 110)
sur l'ensemble du projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée
nationale, relatif au Conseil supérieur de la magistrature.
Nombre de votants : | 311 |
Nombre de suffrages exprimés : | 307 |
Pour : | 212 |
Contre : | 95 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
15.
Abstention :
1. _ M. Paul Loridant.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
16.
Contre :
5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Mme Joëlle Dusseau et M. Georges Othily.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Yvon Collin et Robert-Paul
Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
90.
N'ont pas pris part au vote :
3. _ MM. Jacques Chaumont, Emmanuel Hamel
et Louis Souvet.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
54.
Abstentions :
3. _ MM. André Bohl, Didier Borotra et Jean-Jacques
Hyest.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
43.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Nicolas About et Jean-Marie
Girault.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Christian Bonnet
James Bordas
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Georges Othily
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
Abstentions
MM. André Bohl, Didier Borotra, Jean-Jacques Hyest et Paul Loridant.
N'ont pas pris part au vote
MM. Nicolas About, Jacques Chaumont, Yvon Collin, Jean-Marie Girault, Emmanuel
Hamel, Louis Souvet et Robert-Paul Vigouroux.
N'a pas pris part au vote
M. René Monory, président du Sénat.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 312 |
Nombre de suffrages exprimés : | 308 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 155 |
Pour l'adoption : | 213 |
Contre : | 95 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.