Séance du 12 juin 1998
SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Lutte contre les exclusions.
- Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p.
1
).
CHAPITRE III DU TITRE IER. - ACCÈS AUX SOINS.
Article additionnel avant l'article 36 (p.
2
)
Amendement n° 86 de la commission. - MM. Bernard Seillier, rapporteur de la commission des affaires sociales ; Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé ; Mme Marie-Madeleine Dieulangard, M. Serge Lagauche. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 36 (p. 3 )
Amendement n° 87 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. -
Retrait.
Adoption de l'article.
Articles additionnels après l'article 36 (p. 4 )
Amendements n°s 358 rectifié et 359 de Mme Borvo. - Mme Nicole Borvo, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet de l'amendement n° 358 rectifié ; retrait de l'amendement n° 359.
Article 36
bis.
- Adoption (p.
5
)
Article 36
ter
(p.
6
)
Amendement n° 88 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 36 quater (p. 7 )
Mme Nicole Borvo.
Amendement n° 89 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat,
Alain Gournac, Mmes Dinah Derycke, Nicole Borvo. - Adoption par scrutin
public.
Adoption de l'article modifié.
Article 37 (p. 8 )
Amendement n° 470 de M. Autain. - Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. le
rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° 406 rectifié de M. Gournac. - MM. Alain Gournac, le rapporteur,
le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 444 de M. Darniche. - MM. Hubert Durand-Chastel, le rapporteur,
le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.
Article 37 bis (p. 9 )
Amendement n° 90 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. -
Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel avant l'article 38 (p. 10 )
Amendement n° 309 rectifié de Mme Cerisier-ben Guiga. - Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Hubert Durand-Chastel, Jacques Habert. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 38 (p. 11 )
Mme Nicole Borvo, M. le secrétaire d'Etat.
Adoption de l'article.
Article additionnel après l'article 38 (p. 12 )
Amendement n° 471 de Mme Dieulangard. - Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Articles 38
bis
et 38
ter.
- Adoption (p.
13
)
Article 39 (p.
14
)
Amendement n° 310 de Mme Derycke. - Mme Dinah Derycke, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 472 de M. Autain. - Mme Dinah Derycke, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 360 de Mme Borvo. - Mme Nicole Borvo, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.
Article 39 bis (p. 15 )
Amendement n° 91 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Jean Chérioux. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
CHAPITRE IV DU TITRE IER. - EXERCICE DE LA CITOYENNETÉ.
Articles 40 A et 40 B. - Adoption (p.
16
)
Article 40 C (p.
17
)
Amendement n° 244 de M. Oudin, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 520 du Gouvernement ; amendement n° 92 de la commission. - MM. Jacques Oudin, rapporteur pour avis de la commission des finances : le secrétaire d'Etat, le rapporteur. - Retrait de l'amendement n° 92 ; adoption du sous-amendement n° 520 et de l'amendement n° 244 modifié rédigeant l'article.
Article additionnel avant l'article 40 (p. 18 )
Amendement n° 296 de M. Hyest. - MM. Philippe Richert, le rapporteur, Paul Girod, rapporteur pour avis de la commission des lois. - Retrait.
Article 40 (p. 19 )
Amendements n°s 149 à 152 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption des
quatre amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 40 (p. 20 )
Amendement n° 312 de Mme Cerisier-ben Guiga. - Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Article 41. - Adoption (p.
21
)
Article 41
bis
(p.
22
)
Amendement n° 153 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article.
CHAPITRE V DU TITRE II. - ÉDUCATION ET CULTURE
Article 74 (p.
23
)
Mme Hélène Luc, M. le secrétaire d'Etat, Mme Danièle Pourtaud.
Amendement n° 112 de M. Richert, rapporteur pour avis. - MM. Philippe Richert,
rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles ; le rapporteur,
le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 409 rectifié de Mme Pourtaud. - Mme Danièle Pourtaud, MM. le
rapporteur, Philippe Richert, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. -
Adoption.
Amendement n° 94 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. -
Adoption.
Amendements n°s 410 de Mme Pourtaud, 113 de M. Richert, rapporteur pour avis,
et sous-amendement n° 390 de Mme Luc ; amendement n° 95 de la commission. - Mme
Danièle Pourtaud, MM. Philippe Richert, rapporteur pour avis ; Jack Ralite, le
rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait de l'amendement n° 95 ; rejet de
l'amendement n° 410 ; adoption du sous-amendement n° 390 et de l'amendement n°
113 modifié.
Amendement n° 114 rectifié
bis
de M. Richert, rapporteur pour avis, et
sous-amendements n°s 382 rectifié
bis
et 383 rectifié
bis
de M.
Renar ; amendements n°s 411 de M. Lagauche et 412 de Mme Pourtaud. - MM.
Philippe Richert, rapporteur pour avis ; Jack Ralite, Serge Lagauche, Mme
Danièle Pourtaud, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet des
sous-amendements n°s 382 rectifié
bis
et 383 rectifié
bis
;
adoption de l'amendement n° 114 rectifié
bis
, les amendements n°s 411 et
412 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.
M. le président.
Suspension et reprise de la séance
(p.
24
)
Article additionnel après l'article 74 (p.
25
)
Amendement n° 320 de Mme Derycke. - Mme Dinah Derycke, MM. le rapporteur, Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 75 (p. 26 )
Amendement n° 384 de Mme Luc. - Mme Hélène Luc, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° 115 de M. Richert, rapporteur pour avis. - MM. Philippe Richert,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 413 de M. Sérusclat. - MM. Serge Lagauche, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 414 de M. Lagauche. - MM. Serge Lagauche, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 75 (p. 27 )
Amendement n° 116 de M. Richert, rapporteur pour avis. - MM. Philippe Richert,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 117 de M. Richert, rapporteur pour avis. - MM. Philippe Richert,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Mme Hélène Luc, M.
Serge Lagauche. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement insérant un
article additionnel.
Article 75 bis (p. 28 )
Amendements n°s 96 rectifié bis de la commission, 118 de M. Richert, rapporteur pour avis, 415 de M. Sérusclat et 385 de Mme Luc. - MM. le rapporteur, Philippe Richert, rapporteur pour avis, Serge Lagauche, Mme Hélène Luc, M. le secrétaire d'Etat. - Retrait de l'amendement n° 118 ; adoption de l'amendement n° 96 rectifié bis rédigeant l'article, les amendements n°s 415 et 385 devenant sans objet.
Articles additionnels après l'article 75 bis (p. 29 )
Amendement n° 321 de Mme Cerisier-ben Guiga. - Mme Monique Cerisier-ben Guiga,
MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Jacques Habert. - Adoption de
l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 386 de Mme Luc. - MM. Guy Fischer, le rapporteur, le secrétaire
d'Etat. - Rejet.
Article 76 (p. 30 )
MM. le rapporteur, Philippe Richert, rapporteur pour avis.
Amendement n° 97 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat,
Mme Hélène Luc, M. Serge Lagauche. - Adoption, par scrutin public, de
l'amendement supprimant l'article.
Article 77 (p. 31 )
Amendement n° 98 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Articles additionnels après l'article 77 (p. 32 )
Amendements n°s 99 à 101 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat, Serge Lagauche, Jean Clouet. - Adoption des amendements
insérant trois articles additionnels.
Amendement n° 387 de Mme Luc. - Mme Hélène Luc, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° 388 de M. Renar. - Mme Hélène Luc, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendements n°s 389 et 391 de Mme Luc. - Mme Hélène Luc, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat, Jacques Oudin, au nom de la commission des finances. -
Irrecevabilité des deux amendements.
Article 78 (p. 33 )
Amendement n° 392 de M. Renar. - Mme Nicole Borvo, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 119 de M. Richert, rapporteur pour avis. - Rejet.
Adoption de l'article.
Division additionnelle après l'article 78 (p. 34 )
Amendement n° 450 de M. Darniche. - MM. André Maman, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article additionnel avant l'article 78 bis (p. 35 )
Amendement n° 102 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Mme Hélène Luc. - Adoption de l'amendement insérant un article addi-tionnel.
Article 78 bis (p. 36 )
Amendement n° 393 de Mme Luc. - Mme Hélène Luc, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 451 rectifié de M. Darniche. - MM. André Maman, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat, Mme Hélène Luc, M. Jacques Habert. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 78 bis (p. 37 )
Amendement n° 452 de M. Darniche. - MM. André Maman, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
CHAPITRE II DU TITRE IER. - ACCÈS AU LOGEMENT
(suite)
Article 33
(suite)
(p.
38
)
Article L. 441-2-1 du code de la construction
et de l'habitation
(p.
39
)
Amendement n° 80 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. -
Adoption.
Amendement n° 227 de M. Braun, rapporteur pour avis. - MM. Gérard Braun,
rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques ; le rapporteur,
le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article L. 441-2-1-1 du code précité (p. 40 )
Amendements identiques n°s 81 de la commission et 228 de M. Braun, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, Gérard Braun, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Adoption des amendements supprimant l'article du code.
Article L. 441-2-2 du code précité (p. 41 )
Amendement n° 357 rectifié de Mme Terrade. - MM. Guy Fischer, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 229 de M. Braun, rapporteur pour avis. - MM. Gérard Braun,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption par
scrutin public.
Amendement n° 459 de M. Vezinhet. - Mme Danièle Pourtaud, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Rejet.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article L. 441-2-3 du code précité. - Adoption
(p.
42
)
Article L. 441-2-4 du code précité
(p.
43
)
Amendements n°s 460 de M. Vezinhet et 230 de M. Braun, rapporteur pour avis. -
Mme Danièle Pourtaud, MM. Gérard Braun, rapporteur pour avis ; le rapporteur,
le secrétaire d'Etat. - Retrait de l'amendement n° 230 ; adoption de
l'amendement n° 460.
Amendement n° 461 rectifié de M. Charzat. - MM. Michel Charzat, le rapporteur,
le secrétaire d'Etat, Jean Chérioux. - Rejet.
Adoption de l'article du code, modifié.
Article L. 441-2-5 du code précité. - Adoption (p. 44 )
Amendement n° 82 de la commission. - MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. -
Adoption.
Amendements n°s 272 rectifié de M. Descours et 490 de M. Larifla. - MM. Paul
Girod, Dominique Larifla, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de
l'amendement n° 272 rectifié, l'amendement n° 490 devenant sans objet.
Adoption de l'article 33 modifié.
Articles additionnels après l'article 33 (p. 45 )
Amendements n°s 273 rectifié de M. Descours et 489 rectifié de M. Larifla. -
Adoption de l'amendement n° 273 rectifié insérant un article additionnel,
l'amendement n° 489 rectifié devenant sans objet.
Amendements n°s 462 à 464 de M. Vezinhet. - Mme Danièle Pourtaud, MM. le
rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait des trois amendements.
Article 33
bis.
- Adoption (p.
46
)
Article 33
ter
(p.
47
)
Amendements identiques n°s 83 de la commission et 231 de M. Braun, rapporteur
pour avis. - MM. le rapporteur, Edmond Lauret, rapporteur pour avis de la
commission des affaires économiques, en remplacement de M. Gérard Braun ; le
secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 33 ter (p. 48 )
Amendement n° 465 de M. Charzat. - MM. Michel Charzat, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat, Jean Chérioux. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Amendement n° 469 de M. Vezinhet. - MM. Serge Lagauche, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 34. - Adoption (p.
49
)
Article 34
bis
(p.
50
)
Amendements identiques n°s 84 de la commission et 232 de M. Braun, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, Edmond Lauret, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat, Mme Odette Terrade, M. Serge Lagauche. - Adoption, par scrutin public, des deux amendements supprimant l'article.
Article 34 ter (p. 51 )
Amendements identiques n°s 85 de la commission et 233 de M. Braun, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur, Edmond Lauret ; le secrétaire d'Etat, Serge Lagauche, Guy Fischer. - Adoption, par scrutin public, des deux amendements supprimant l'article.
Article 35 (p. 52 )
Amendement n° 491 de M. Larifla. - MM. Dominique Larifla, le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 35 (p. 53 )
Amendement n° 435 de M. Lauret. - MM. Edmond Lauret, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
CHAPITRE II DU TITRE II. - SAISIE IMMOBILIÈRE
Article 53 A (p.
54
)
Amendement n° 519 du Gouvernement et sous-amendement n° 521 de Mme Terrade. - M. le secrétaire d'Etat, Mme Odette Terrade, MM. le rapporteur, Paul Girod, rapporteur pour avis. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié rédigeant l'article.
Article 53 (p. 55 )
Amendement n° 177 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement supprimant l'article.
Article additionnel après l'article 53 (p. 56 )
Amendement n° 500 rectifié du Gouvernement. - M. le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 54 (p. 57 )
Amendement n° 178 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 55 (p. 58 )
Amendement n° 179 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 56 (p. 59 )
Amendement n° 180 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 56 (p. 60 )
Amendement n° 367 de Mme Terrade. - Mme Nicole Borvo, MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 57 (p. 61 )
Amendement n° 181 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 57 bis (p. 62 )
Amendement n° 245 de M. Oudin, rapporteur pour avis. - MM. Jacques Oudin, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
CHAPITRE III DU TITRE II. - MAINTIEN DANS LE LOGEMENT
Article 58 (p.
63
)
Mme Danièle Pourtaud, M. le secrétaire d'Etat. - Amendements n°s 368 et 369
rectifié de Mme Terrade. - MM. Guy Fischer, le rapporteur, le secrétaire
d'Etat. - Retrait des deux amendements.
Adoption de l'article.
Suspension et reprise de la séance
(p.
64
)
Article 59 (p.
65
)
Amendements n°s 182 rectifié
bis
de M. Girod, rapporteur pour avis, et
501 du Gouvernement. - MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le secrétaire
d'Etat. - Adoption de l'amendement n° 182 rectifié
bis,
l'amendement n°
501 devenant sans objet.
Amendements n°s 183 rectifié de M. Girod, rapporteur pour avis, et 502 du
Gouvernement. - MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. -
Adoption de l'amendement n° 183 rectifié, l'amendement n° 502 devenant sans
objet.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels avant l'article 60 (p. 66 )
Amendements n°s 370 et 371 de Mme Terrade. - Mme Odette Terrade, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait des deux amendements.
Article 60 (p. 67 )
Amendements n°s 274 rectifié et 275 rectifié de M. Descours. - MM. Paul Girod,
le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Retrait des deux amendements.
Adoption de l'article.
Article additionnel après l'article 60 (p. 68 )
Amendement n° 407 rectifié de M. Gournac. - MM. Philippe de Gaulle, le rapporteur, le secrétaire d'Etat, Serge Lagauche, Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires sociales. - Retrait.
Article 61 (p. 69 )
Amendements n°s 184 à 186 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption des
trois amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article 61 bis (p. 70 )
Amendement n° 187 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 62 (p. 71 )
Amendements n°s 188 rectifié
bis
de M. Girod, rapporteur pour avis, 372
de Mme Terrade et 466 de Mme Dieulangard. - MM. Paul Girod, rapporteur pour
avis ; Guy Fischer, Mme Dinah Derycke, MM. le rapporteur, le secrétaire d'Etat,
le président de la commission. - Retrait de l'amendement n° 372 ; adoption de
l'amendement n° 188 rectifié
bis,
l'amendement n° 466 devenant sans
objet.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 62 (p. 72 )
Amendement n° 334 rectifié bis de M. Ostermann. - MM. Philippe de Gaulle, Paul Girod, rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 62 bis (p. 73 )
Amendement n° 235 rectifié de M. Hoeffel, repris par la commission. - MM. le
rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 63. - Adoption (p.
74
)
Article 63
bis
(p.
75
)
Amendement n° 189 rectifié de M. Paul Girod, rapporteur pour avis, et
sous-amendements n°s 507 à 509 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait des trois sous-amendements ; adoption de
l'amendement.
Adoption de l'article modifié.
Article 64 (p. 76 )
M. Jack Ralite.
Amendement n° 373 rectifié
bis
de M. Ralite. - MM. Jack Ralite, le
rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 503 du Gouvernement. - MM. le secrétaire d'Etat, le rapporteur. -
Adoption.
Amendement n° 374 de M. Ralite. - MM. Jack Ralite, le rapporteur, le secrétaire
d'Etat. - Retrait.Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 64 (p. 77 )
Amendement n° 375 de M. Ralite. - MM. Jack Ralite, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Article 65 (p. 78 )
Amendement n° 190 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 66 (p. 79 )
Amendement n° 276 rectifié de M. Descours. - MM. Paul Girod, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 376 de Mme Terrade. - Mme Odette Terrade, MM. le rapporteur, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.
Article 67 (p. 80 )
M. Jack Ralite.
Adoption de l'article.
CHAPITRE IER DU TITRE II. - SURENDETTEMENT
Article additionnel avant l'article 42 (p.
81
)
Amendements identiques n°s 154 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 252 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - M. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le rapporteur Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat. - Adoption des deux amendements insérant un article additionnel.
Article additionnel après l'article 42 (priorité) (p. 82 )
Demande de priorité. - M. le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - La
priorité est ordonnée.
Amendement n° 510 rectifié de la commission. - M. le rapporteur, Mme le
secrétaire d'Etat, M. Paul Loridant, rapporteur pour avis de la commission des
finances. - Retrait.
Article 42 (p. 83 )
Mme Odette Terrade.
Amendements n°s 156 rectifié
(priorité)
de M. Girod, rapporteur pour
avis, 253 de M. Paul Loridant, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 271
de M. Charasse ; amendements n°s 291 rectifié
bis
de M. Hyest, 313 de
Mme Derycke et 361 de Mme Terrade ; amendements identiques n°s 254 de M.
Loridant, rapporteur pour avis, 293 de M. Hyest et 314 de Mme Derycke ;
amendement n° 155 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le rapporteur.
Suspension et reprise de la séance (p. 84 )
Amendement n° 156 rectifié
bis
de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM.
Paul Girod, rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat, M.
Paul Loridant, rapporteur pour avis ; Mme Dinah Derycke. - Retrait du
sous-amendement n° 271 et des amendements n°s 253, 291 rectifié
bis,
313, 361 et 155 ; adoption des amendements n°s 156 rectifié
bis,
254,
293 et 314.
Adoption de l'article modifié.
Article 43 (p. 85 )
Amendement n° 157 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 43 bis (p. 86 )
Amendement n° 158 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article additionnel avant l'article 44 (p. 87 )
Amendement n° 297 rectifié de M. Loridant. - MM. Paul Loridant, le rapporteur, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 44 (p. 88 )
Amendement n° 315 de Mme Derycke. - Mme Dinah Derycke, M. le rapporteur, Mme le
secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendements identiques n°s 159 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 255 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant, rapporteur pour avis ; le
rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Amendements n°s 362 de Mme Terrade et 316 de Mme Derycke. - Mmes Odette
Terrade, Dinah Derycke, M. le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait
des deux amendements.
Amendement n° 160 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 44 (p. 89 )
Amendement n° 363 de Mme Terrade. - Mme Hélène Luc, M. Paul Girod, rapporteur pour avis ; Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 45 (p. 90 )
Amendements n°s 364 de Mme Terrade et 445 de M. Darniche. - Mme Odette Terrade,
MM. Jacques Habert, Paul Loridant, rapporteur pour avis. - Retrait des deux
amendements.
Adoption de l'article.
Article 46 (p. 91 )
Amendements identiques n°s 161 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 256 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le
rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 46 (p. 92 )
Amendement n° 317 de Mme Derycke. - Mme Dinah Derycke, M. le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 47 (p. 93 )
Amendements identiques n°s 162 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 257 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant, rapporteur pour avis ; le
rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Amendements identiques n°s 163 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 258 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - Adoption des deux amendements.
Amendements identiques n°s 164 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 259 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le
rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article 48 (p. 94 )
Amendements identiques n°s 165 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 260 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant, rapporteur pour avis ; le
rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 261 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mmes le secrétaire d'Etat, Dinah Derycke.
- Adoption.
Amendement n° 408 de Mme Derycke. - Mme Dinah Derycke, M. le rapporteur, Mme le
secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendements n°s 167 et 168 de M. Girod, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des
deux amendements.
Amendement n° 262 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 420 de Mme Derycke. - Retrait.
Amendement n° 263 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant,
rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 169 de M. Girod, rapporteur pour avis. - Adoption.
Amendements identiques n°s 170 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 264 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 48 (p. 95 )
Amendement n° 265 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant, rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 49 (p. 96 )
Amendements identiques n°s 171 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 266 de M.
Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Girod, rapporteur pour avis ; le
rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Article 50. - Adoption (p.
97
)
Article 51 (p.
98
)
Amendement n° 298 de M. Loridant. - MM. Paul Loridant, le rapporteur, Mme le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendements n°s 365 de Mme Terrade, 172 de M. Girod, rapporteur pour avis, et
299 de M. Loridant. - Mme Odette Terrade, MM. Paul Girod, rapporteur pour avis
; Paul Loridant, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet de l'amendement n° 365 ;
adoption des amendements n°s 172 et 299.
Amendement n° 366 de Mme Terrade. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 51 (p. 99 )
Amendement n° 446 de M. Darniche. - MM. Jacques Habert, le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 51 bis (p. 100 )
Amendements identiques n°s 173 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 267 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant, rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements supprimant l'article.
Article 51 ter (p. 101 )
Amendements identiques n°s 174 de M. Girod, rapporteur pour avis, et 268 de M. Loridant, rapporteur pour avis. - MM. Paul Loridant, rapporteur pour avis ; le rapporteur, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption des deux amendements supprimant l'article.
Articles 52 et 52
bis.
- Adoption (p.
102
)
Article 52
ter
(p.
103
)
Amendement n° 175 rectifié de M. Girod, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 512 du Gouvernement. - M. Paul Girod, rapporteur ; Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié rédigeant l'article.
Article 52 quater (p. 104 )
Amendement n° 176 de M. Girod, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 513
du Gouvernement. - M. Paul Girod, rapporteur ; Mme le secrétaire d'Etat, M. le
rapporteur. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié rédigeant
l'article.
Renvoi de la suite de la discussion.
3.
Dépôt d'une proposition de loi organique
(p.
105
).
4.
Dépôt d'une proposition d'acte communautaire
(p.
106
).
5.
Ordre du jour
(p.
107
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à neuf heures trente.)1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
LUTTE CONTRE LES EXCLUSIONS
Suite de la discussion d'un projet de loi
déclaré d'urgence
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 445,
1997-1998), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence,
d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions. [Rapport n° 450
(1997-1998), avis n° 472 (1997-1998) avis n° 471 (1997-1998), avis n° 478
(1997-1998) avis n° 473 (1997-1998).]
Le Sénat a précédemment décidé de reprendre la discussion au chapitre III du
titre Ier, relatif à l'accès aux soins.
Chapitre III
Accès aux soins
Article additionnel avant l'article 36
M. le président.
Par amendement n° 86, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, avant l'article 36, un article additionnel ainsi
rédigé :
« Au 1er janvier 1999, tous les résidents bénéficieront d'une couverture
maladie universelle dans des conditions définies par la loi. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur de la commission des affaires sociales.
La commission des
affaires sociales vous propose, mes chers collègues, d'adopter un article
additionnel prévoyant qu'au 1er janvier 1999 tous les résidents bénéficieront
d'une couverture maladie.
Le financement de la couverture maladie universelle est inclus dans les
annonces gouvernementales au titre du présent projet de loi ; malheureusement,
cette mesure, qui constituerait le meilleur moyen de pallier les difficultés
d'ordre juridique et financier rencontrées par les personnes en situation de
précarité pour accéder au système de santé, ne figure pas dans ce texte.
La mise en oeuvre de cette mesure est urgente et il convient qu'elle soit
effective dans un délai raisonnable, à savoir au début de l'année prochaine.
Le présent amendement engage le Gouvernement sur une date d'entrée en vigueur,
nullement sur les modalités de mise en oeuvre, qu'il appartiendra à la loi de
définir.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat à la santé.
Monsieur le rapporteur, à l'occasion de la
présentation du programme de prévention et de lutte contre les exclusions, le
Gouvernement a indiqué qu'il présenterait un projet de loi sur ce sujet à
l'automne.
Fixer aujourd'hui la date du 1er janvier 1999 signifierait que le Gouvernement
anticipe sur les conclusions de la mission conduite par un parlementaire, M.
Jean-Claude Boulard, et sur la concertation qu'il conviendra, bien évidemment,
de mener avec les partenaires directement intéressés par cette réforme.
Vous le savez, monsieur le rapporteur - je répète ici ce que j'ai dit devant
l'Assemblée nationale - sur ce dossier comme sur les autres, le Gouvernement
préfère adopter la démarche constat-proposition-concertation-décision-examen
par le Parlement.
En ce qui concerne la première étape, M. Boulard doit avoir le temps de mener
à bien sa réflexion ; ses conclusions nous seront transmises avant la fin de
l'été. Fixer une date par amendement anticipe tout simplement le débat qui aura
lieu, je vous l'assure, à l'automne.
En conséquence, monsieur le rapporteur, je vous demande de bien vouloir
retirer votre amendement, faute de quoi le Gouvernement s'y opposerait,
simplement parce que nous souhaitons que le débat ait lieu rapidement, mais en
temps et en heure.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission, par cet amendement, ne définit pas le contenu
de la couverture médicale universelle, mais elle donne l'assurance aux
personnes défavorisées qu'à partir du 1er janvier prochain quelque chose
d'important changera en leur faveur.
Si nous sommes conduits à adopter cette position, c'est parce que, dans le
programme de prévention et de lutte contre les exclusions, le Gouvernement a
d'ores et déjà inscrit une somme de 5 milliards de francs à titre prévisionnel,
ce qui montre qu'il a quand même déjà une idée, indépendamment des précisions
qui seront apportées par le rapport de M. Boulard, sur la mise en place du
dispositif. Il nous semble donc que cette date du 1er janvier 1999 doit pouvoir
être tenue.
Le Parlement - et le Sénat, en ce qui le concerne - sera prêt à déposer une
proposition de loi le moment venu pour proposer de réaliser cette couverture
dans les temps voulus.
Cet amendement n° 86 est d'ailleurs à rapprocher de deux autres, l'un qui
permettra aux enfants issus de milieux défavorisés de bénéficier d'une visite
médicale annuelle et gratuite à l'école, l'autre qui transférera à l'Etat les
compétences sanitaires des départements dans l'intérêt de la santé publique.
Ces trois amendements donnent son véritable contenu au volet « accès aux soins
» du projet de loi.
Il me semble qu'il ne s'agit pas d'un engagement insurmontable, mais ce
dispositif doit être considéré comme un signe important à destination des
personnes très défavorisées.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 86.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Cet amendement a pour objet d'indiquer dans la loi que l'instauration de la
couverture maladie universelle sera effective à compter du 1er janvier 1999.
Le programme d'action qui expose les perspectives d'intervention sous un angle
plus détaillé le précise déjà, M. le secrétaire d'Etat et M. le rapporteur
viennent de le rappeler.
Cet amendement démontre bien que, sur tous les bancs de nos assemblées et,
bien au-delà, dans le pays tout entier, une adhésion très large existe sur la
nécessité de mettre en place une couverture universelle appréhendée dans toutes
ses composantes, y compris la couverture complémentaire, afin que plus personne
ne soit privé de soins, pour des raisons financières bien sûr, mais aussi pour
des raisons administratives ou par méconnaissance des droits qui lui sont
reconnus.
Pour avoir rencontré tout récemment une assistante sociale de l'hôpital
Lariboisière, qui est l'un des centres à avoir expérimenté le dispositif des
SAS, les systèmes d'accès aux soins qui, grâce à la loi, va être étendu, je
sais que le seul passage par ces consultations a permis à près de 80 % des
patients de recouvrer leurs droits.
Les chiffres des exclus des soins ont déjà été cités depuis le début de cette
discussion. Ils sont dramatiques dans leur sécheresse, je n'y reviendrai
pas.
Je voudrais simplement évoquer la gravité de ce problème de la privation des
soins sous l'angle de l'évolution de la pauvreté en France, qui a changé de
visage entre les années soixante-dix et quatre-vingt-dix. En effet, si les
personnes âgées sont sorties d'une certaine zone de pauvreté, grâce, notamment,
aux retraites complémentaires - et je pense que les partisans d'une diminution
de la protection sociale feraient bien de tenir compte de cette donnée - ce
sont les jeunes ménages qui sont désormais des cibles, en raison
particulièrement du chômage : 5 % à 8 % des moins de quarante ans, de 11 % à 18
% des moins de trente ans vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Or, dans leur situation, les enjeux ne sont pas les mêmes, en termes de
conséquences sur les générations à venir - c'est-à-dire sur les enfants
d'aujourd'hui - que provoque cette précarité, conséquences auxquelles la
médecine scolaire peut difficilement faire face.
Ce débat sera l'occasion de rappeler l'urgence qu'il y a à renforcer dans ce
domaine l'engagement de l'Etat.
C'est près d'un Français sur quatre qui a dû renoncer à se faire soigner, d'où
l'impérative et urgente nécessité de mettre en oeuvre cette couverture
universelle afin de faire tomber le maximum d'obstacles à la démarche de
soins.
Personne, cependant, ne peut ignorer ni la complexité des négociations à mener
avec l'ensemble des partenaires, ni les profondes réformes de notre protection
sociale que cela entraînera, ni même les évolutions culturelles qu'il
conviendra d'amorcer.
Il faudra au-delà de l'accord évident sur le principe politique même de cette
couverture universelle, faire preuve d'une volonté indéfectible d'aboutir.
Le Gouvernement s'est engagé à déposer un projet de loi à l'automne prochain.
Il ne perd pas de temps, me semble-t-il !
Rappelons que cet engagement était prévu dans le programme de campagne du
candidat Chirac en 1995, et qu'en 1996 le ministre du travail et des affaires
sociales, M. Barrot, s'était engagé à mettre en place une telle assurance.
M. Alain Gournac.
Il avait raison !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Encore une fois, sur cette proposition, la détermination est requise, la
concertation s'impose - et M. Boulard s'y attelle - mais la précipitation n'est
pas de mise.
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Cette précipitation, cette volonté d'aller plus vite que le Gouvernement ne
s'inscrit pas dans la tradition de notre Haute Assemblée. Elle me paraît
suspecte.
C'est pourquoi je voterai contre l'amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 86, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 36.
Article 36
M. le président.
« Art. 36. - L'accès à la prévention et aux soins des personnes les plus
démunies constitue un objectif prioritaire de la politique de santé.
« Les programmes de santé publique mis en oeuvre par l'Etat ainsi que par les
collectivités territoriales et les organismes d'assurance maladie prennent en
compte les difficultés spécifiques des personnes les plus démunies. »
Par amendement n° 87, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« Le Gouvernement veillera, notamment dans le cadre de la préparation du
projet de loi de finances pour 1999, à doter de crédits en cohérence avec
l'objectif prioritaire affirmé au premier alinéa, les interventions sanitaires
en direction de publics prioritaires des programmes et dispositifs en faveur de
la santé des populations (articles 30 et 40 du chapitre 47-11) du budget de la
santé, de la solidarité et de la ville. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet article 36 a une portée essentiellement symbolique.
Celle-ci pourrait être perçue de manière positive si le Gouvernement, qui
propose au Parlement d'adopter cet article, menait une action en cohérence avec
les objectifs qu'il fixe. Or les crédits des interventions sanitaires en faveur
de publics prioritaires, figurant aux articles 30 et 40 du chapitre 47-11 du
budget de la santé, de la solidarité et de la ville, ont très fortement
régressé dans la loi de finances pour 1998. Ainsi, les crédits de l'article 40
de ce chapitre, qui sont destinés à la constitution de réseaux de proximité
associant accès aux soins et suivi social, à la prévention de l'hépatite B en
milieu pénitentiaire et à la périnatalité, ont régressé de 34 % par rapport aux
crédits ouverts par la loi de finances pour 1997.
Un tel décalage entre les symboles et la réalité ne saurait être accepté.
C'est pourquoi la commission des affaires sociales vous propose de compléter
cet article par un alinéa disposant qu'à l'occasion de la préparation du projet
de loi de finances pour 1999 le Gouvernement veillera à doter de crédits
suffisants les chapitres du budget de la santé destinés aux personnes
défavorisées.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
Permettez-moi cependant de vous faire remarquer - le Gouvernement ne veut pas
s'opposer systématiquement à vos propositions - que Mme Aubry vous a déjà donné
quelques explications s'agissant des moyens consacrés à la lutte contre les
exclusions en matière de santé.
Je vous rappelle également que les programmes régionaux d'accès à la
prévention et aux soins seront engagés, ce qui est logique, à partir d'une
analyse des besoins des populations qui sera réalisée dans chaque département.
En effet, les départements diffèrent les uns des autres, mesdames, messieurs
les sénateurs !
Dès 1998, 90 millions de francs seront consacrés à la mise en oeuvre de ces
programmes. A partir de 1999, un financement annuel de 250 millions de francs
permettra leur généralisation, soit, en moyenne, 10 millions de francs par
programme régional et par an. Il faudra, bien évidemment, tenir compte, dans
l'allocation de ces ressources, des différents indices de précarité selon les
régions.
Par ailleurs, l'imputation précise des crédits sera fixée dans le projet de
loi de finances pour 1999, c'est-à-dire à partir de septembre.
Le Gouvernement est, comme l'ensemble des sénateurs, soucieux de doter ces
programmes des moyens nécessaires, mais, selon lui, cela doit être retracé non
pas dans le présent projet de loi, mais dans le projet de loi de finances pour
1999.
Je suis donc défavorable, je le confirme, à cet amendement.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaitait, en fait, que le Gouvernement ouvre
ce débat, qui lui semble tout à fait essentiel. Compte tenu des précisions
apportées par M. le secrétaire d'Etat, nous retirons l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 87 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 36.
(L'article 36 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 36
M. le président.
Par amendement n° 358 rectifié, Mme Nicole Borvo, M. Guy Fischer et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après
l'article 36, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 241-1 du code du travail est complété
par une phrase ainsi rédigée : "Les salariés des associations intermédiaires,
les stagiaires de la formation professionnelle et les chômeurs inscrits à
l'ANPE bénéficient de la médecine du travail".
« II. - Le taux prévu à l'article 978 du code général des impôts relatif au
droit de timbre portant sur les opérations de bourse est relevé à due
concurrence. »
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Cet amendement, qui tend à faire bénéficier de la médecine du travail les
chômeurs inscrits à l'ANPE et les stagiaires de la formation professionnelle,
s'inscrit, naturellement, dans un souci de prévention renforcé.
Comme je l'ai déjà énoncé dans mon intervention générale, il s'agit d'oeuvrer
dans le sens d'un accès réel aux soins en faveur d'une population exclue de
plus en plus nombreuse et connaissant de plus en plus de problèmes sanitaires
et sociaux. Nombre de nos concitoyens échappent, en effet, à tout dispositif de
dépistage systématique.
Notre amendement entre dans une logique qui tente de retisser le lien social
en rendant possible pour tous un accès à la prévention.
Cette logique a, bien sûr, un coût. Nous en avons conscience. Mais la
recrudescence de certains maux, comme la tuberculose ou les manques
nutritionnels, aura, et a déjà, des conséquences infiniment plus néfastes et
coûteuses en termes de santé publique.
La France est le pays d'Europe qui fait le moins travailler ses jeunes ;
certains appartiennent déjà à la deuxième génération de chômeurs. Le taux de
pauvreté chez les moins de trente ans est parmi les plus élevés d'Europe.
Notamment chez ces jeunes, l'accès à la prévention permettrait de répertorier,
pour mieux les combattre, des affections qui sont de plus en plus graves au fur
et à mesure que l'on descend dans l'échelle sociale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Nous comprenons la motivation des auteurs de cet
amendement.
Pour autant, afin de mettre en oeuvre cette disposition, il faudrait d'abord
une concertation avec l'Union nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans
l'industrie et le commerce, l'UNEDIC, et l'Association nationale pour la
formation professionnelle des adultes, l'AFPA, car le recours à la médecine du
travail a un coût qui devra être pris en charge.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit déjà que les fonds de prévention de la
sécurité sociale seront prioritairement utilisés en faveur des plus démunis.
Pour ces raisons, la commission émet un avis défavorable sur cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je le dis avec regret, madame, je suis également
défavorable à cet amendement.
Vous souhaitez que le bénéfice de la médecine du travail puisse être étendu
aux catégories de personnes que vous visez expressément.
Les personnes mises à la disposition par les associations intermédiaires dans
le cadre de contrats de travail bénéficient de dispositions spécifiques
concernant la médecine préventive, en vertu de l'article L. 128 du code du
travail.
Je rappelle que le projet voté à l'Assemblée nationale prévoit, à ce stade,
qu'elles bénéficient d'un examen de médecine de main-d'oeuvre dans des
conditions d'accès et de financement prévues par décret.
Quant aux chômeurs inscrits à l'ANPE, ils ne sont pas compris dans le champ
d'application de la médecine du travail. Le médecin du travail effectue une
surveillance médicale en vue d'une affectation sur un poste déterminé - il est
en tout cas souhaitable qu'il le fasse et il devrait le faire. Il n'entre donc
pas dans sa compétence d'effectuer un suivi de l'aptitude générale à l'emploi,
qui est d'une tout autre nature et qui doit être fait par les médecins de
ville, les médecins hospitaliers ou autres.
En revanche, les chômeurs inscrits à l'ANPE peuvent bénéficier de visites
médicales effectuées par la médecine de main-d'oeuvre chargée de confirmer
l'aptitude physique du demandeur pour un emploi ou de faire constater une
inaptitude avant d'entamer une démarche de reconversion.
S'agissant des stagiaires de la formation professionnelle, ils sont régis par
les dispositions applicables à la formation. Selon leur statut, les stagiaires
peuvent être vus par le médecin du travail, par le médecin de l'organisme de
formation, par le médecin de main-d'oeuvre quand ils sont demandeurs
d'emploi.
Je suis désolé de ces complications inhérentes à notre dispositif, et je
comprends donc bien le sens de votre amendement. Il ne me paraît toutefois pas
souhaitable, aujourd'hui, madame le sénateur, de mobiliser la médecine du
travail pour des examens médicaux dans le cadre des actions de formation. Cette
question, qui relève du statut du stagiaire de la formation professionnelle,
sera reprise dans le projet de réforme de la formation professionnelle, sur
lequel travaille Mme Nicole Pery.
Je rappelle, au demeurant, que, dans le cadre de ses missions, le médecin du
travail est aujourd'hui amené à intervenir sur le milieu du travail et qu'il
contribue ainsi, en tout cas théoriquement, à la prévention.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 358 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 359, Mme Nicole Borvo, M. Guy Fischer et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article
36, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après la première phrase du premier alinéa de l'article L. 191 du code de la
santé publique, il est inséré une phrase ainsi rédigée : "Dans ce cadre, un
dépistage systématique du risque saturnin sera pratiqué". »
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Selon l'INSERM, 5 % des enfants de moins de six ans habitant Paris et sa
banlieue ainsi que certains départements du centre de la France dépassent le
seuil de plombémie considéré par les autorités sanitaires nationales et
internationales comme dangereux, soit 100 microgrammes par litre de sang.
D'autres zones paraissent également préoccupantes, comme le département du
Rhône et certains départements des DOM-TOM.
Une véritable politique de dépistage des enfants est donc urgente et
nécessaire.
Il faut, à cet effet, redynamiser le pilotage national des actions de
dépistage, qui existe, c'est vrai, depuis 1995. En effet, seuls quelques
départements ont entamé un dépistage en conformité avec la circulaire de la
direction générale de la santé. Le nombre d'enfants ayant bénéficié d'un
dépistage est ridiculement faible - environ 14 000 pour l'ensemble de la France
- en comparaison du nombre d'enfants potentiellement exposés de manière
excessive. De plus, aucune évaluation des performances des stratégies de
dépistage n'a été effectuée : on ne connaît pas le taux d'enfants intoxiqués
non repérés par le dépistage.
Les mesures d'urgence contre le saturnisme ne seront pleinement efficaces que
si elles sont accompagnées d'une stratégie judicieuse de dépistage, afin d'agir
le plus en amont possible.
C'est l'objet de notre amendement, qui prévoit un dépistage du risque saturnin
dans le cadre de la médecine scolaire. Celui-ci pourrait être mis en place
massivement par des procédures diverses, dont certaines, sous réserve de
validation, ne sont pas traumatisantes pour l'enfant.
En tout état de cause, il est urgent d'éradiquer ce mal d'un autre âge dans
les prochaines années, afin de ne pas avoir à le gérer encore pendant au moins
une génération. Les résultats positifs que l'on doit aux mesures de réduction
de l'utilisation d'essences plombées démontrent que c'est possible.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a émis un avis défavorable sur cet
amendement.
Si l'on est nécessairement d'accord avec son exposé des motifs, qui indique
qu'il convient de dépister le saturnisme de manière précoce, on ne peut
souscrire à un dépistage systématique. En effet, un tel dépistage serait
inutile et très coûteux.
Inutile, car le saturnisme est, par essence, une maladie liée aux conditions
de logement et qu'il est, dès lors, assez simple de cerner ses possibilités
d'existence.
Un dépistage ciblé constitue donc la meilleure formule. Je rappelle qu'un
amendement de la commission propose l'institution d'une visite médicale
annuelle dans les zones où le recours aux soins est insuffisant. Le dépistage
du saturnisme peut ainsi fort bien être réalisé de manière ciblée et
efficace.
Le dépistage systématique serait, de surcroît, très coûteux, si l'on considère
que le coût d'une plombémie est d'environ 200 francs. Mieux vaut donc utiliser
les crédits de la médecine scolaire de manière plus utile pour la santé des
enfants.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Il est également défavorable, presque pour les mêmes
raisons que la commission.
Je suis, bien évidemment, pleinement convaincu de la gravité des conséquences
humaines et sociales de la pathologie, que Mme la sénatrice a évoquées.
Aussi l'article 64 de ce projet de loi est-il consacré aux mesures d'urgence à
prendre en matière d'habitat dès qu'un cas de saturnisme est identifié ;
d'ailleurs, je vois sur ces travées un homme qui a travaillé avec nous à sa
rédaction.
L'article 64 du projet de loi intègre les dispositifs permettant de répondre à
des mesures d'urgence lorsqu'il est constaté qu'un enfant est intoxiqué et
qu'un immeuble présente un risque d'intoxication au plomb.
Tout médecin dépistant un cas chez une personne mineure doit, sous réserve de
l'accord des parents, bien entendu, en informer le médecin de la DASS, qui en
informe le préfet.
Le préfet fait réaliser un diagnostic dans l'immeuble et fait vérifier le
risque avéré d'intoxication au plomb. Il notifie son intention de faire
exécuter les travaux. Il peut se substituer au propriétaire à défaut
d'engagement sous les dix jours. Il fait ensuite procéder au contrôle des
travaux afin de vérifier que le risque d'intoxication est supprimé.
Je rappelle, par parenthèse, que les examens sont remboursés à 100 %.
Les expériences de dépistage du saturnisme infantile montrent que seuls des
dépistages ciblés, notamment sur des critères liés à l'âge du logement, bien
entendu, à son mode de confort, à son mode d'occupation, paraissent
efficaces.
C'est pourquoi une circulaire élaborée conjointement par les ministères
chargés du logement et de la santé sera prochainement diffusée pour demander
une cartographie des zones à risque. Des dépistages pourront alors être
organisés, avec l'accord parental, dans les écoles de ces zones à risque.
Cette circulaire prévoira également, si cela n'a pas déjà été fait, la
constitution d'un groupe de coordination des actions de prévention du
saturnisme, intégrant notamment les services de promotion de la santé en faveur
des élèves.
Vous le voyez, le Gouvernement est vraiment décidé à lutter contre ce qui est
sans doute la plus insupportable des pathologies de la précarité, notamment en
raison de ses séquelles neurologiques, parfois irréversibles, et parce qu'elle
peut même entraîner des décès chez les jeunes enfants.
La réponse ne nous paraît donc pas être dans un dépistage systématique,
d'abord, parce que le coût en serait énorme et, ensuite - pardonnez-moi, madame
- pour des raisons d'efficacité.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, madame Borvo ?
Mme Nicole Borvo.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 359 est retiré.
Article 36
bis
M. le président.
« Art. 36
bis
. - Le sixième alinéa du I de l'article L. 227-1 du code
de la sécurité sociale est ainsi rédigé :
« 3° Les objectifs de l'action sociale, de prévention et de lutte contre
l'exclusion ; ». - (
Adopté.
)
Article 36
ter
M. le président.
« Art. 36
ter
. - A la fin du premier alinéa du II de l'article L. 227-1
du code de la sécurité sociale, les mots : "et du médicament" sont remplacés
par les mots : ", du médicament et de la lutte contre l'exclusion en matière
d'accès aux soins". »
Par amendement n° 88, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'article 36
ter
, qui prévoit l'inclusion des
objectifs de la lutte contre l'exclusion dans la convention d'objectifs et de
gestion de la CNAM, est redondant avec l'article précédent, qui inclut les
mêmes objectifs dans toutes les conventions d'objectifs et de gestion, y
compris, donc, celle de la CNAM.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à l'infinie sagesse du
Sénat.
(Sourires.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 36
ter
est supprimé.
Article 36
quater
M. le président.
« Art. 36
quater
. Dans un délai d'un an, le Gouvernement présentera au
Parlement un rapport sur le rôle de la médecine scolaire dans la politique de
prévention et les conditions de son renforcement pour améliorer le suivi
médical des enfants scolarisés, notamment dans les zones où le recours aux
soins est insuffisant. »
Sur l'article, la parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Permettez-moi, dans cette intervention sur l'article 36
quater,
qui
prévoit dans le délai d'un an un bilan de la médecine scolaire, d'évoquer les
besoins des jeunes Parisiens en matière de santé bucco-dentaire, en particulier
depuis le licenciement des dentistes de l'Institut de prophylaxie dentaire
infantile de Paris, l'IPDI, qui ont assuré les soins dentaires de près de 6 000
enfants pour la seule année de 1996.
Le dernier rapport du CREDES montre à quel point le renoncement aux soins, en
particulier aux soins dentaires, est un phénomène de plus en plus fréquent chez
nos concitoyens - notamment chez les plus jeunes d'entre eux - frappés par la
crise économique. Ces pathologies dentaires non traitées sont - tout le monde
s'accorde à le dire - des facteurs aggravants de l'exclusion.
L'IPDI était, jusqu'au licenciement récent des dentistes qui y dispensaient
des soins, une structure unique qui permettait, après un dépistage dentaire
dans les écoles, de proposer un suivi des enfants au niveau de la prévention,
des soins, des traitements orthodontiques et, en cas de besoin, une
consultation d'orthophonie et de stomatologie.
L'IPDI dépistait jusqu'ici, chaque année, plus de 53 000 enfants, soit 90 % de
la population scolaire du secteur qui lui est dévolu, à savoir le nord-est de
Paris. Cette population représente 45 % des enfants scolarisés dans les écoles
publiques maternelles et primaires. A titre de comparaison, dans les quinze
autres arrondissements, le taux de dépistage exercé par le syndicat des
dentistes libéraux s'élève à 40 %.
A l'IPDI, l'activité des soins intégrait une dimension « prévention et
éducation » puisque chaque enfant soigné était dirigé également vers le circuit
de prophylaxie.
L'audit de la CNAM, réalisé en décembre 1992, soulignait d'ailleurs que « la
dualité de l'activité de l'IPDI est sans doute un avantage indéniable ; elle
place en effet l'établissement dans une situation unique, qui peut lui
permettre d'être un véritable laboratoire médico-sanitaire dans le domaine
dentaire ».
Pourtant la CNAM n'a jamais reconnu l'IPDI comme « site pilote », ce qui lui
aurait permis d'avoir des financements pour ses actions innovantes.
On le voit, les différents acteurs n'ont jamais voulu prendre leurs
responsabilités et ont préféré laisser se dégrader la situation.
La caisse de Paris ne s'est consacrée depuis 1991 qu'aux prestations et à la
gestion des risques, en négligeant les oeuvres de l'action sanitaire et sociale
dont fait partie cet établissement.
Les propositions d'actions avancées par le conseil d'administration de la
caisse primaire d'assurance maladie, telles que des mesures d'incitation aux
soins dentaires par la prise en charge du ticket modérateur ne permettront pas
à elles seules de régler le problème des soins.
Elles négligent le barrage culturel qui existe dans un grand nombre de
familles concernant l'importance des soins dentaires précoces, y compris pour
les dents temporaires, et l'accès aux cabinets dentaires libéraux. C'est au
service public, à l'assurance maladie et aux collectivités locales, au moyen
d'actions de prévention cohérentes, qu'il appartient de garantir la mise en
oeuvre effective des soins.
Quels sont les moyens que le Gouvernement entend dégager pour concrétiser
votre souhait, monsieur le secrétaire d'Etat, d'une meilleure santé
bucco-dentaire, à Paris comme ailleurs ?
Il faudrait organiser, de toute urgence, avec tous les acteurs concernés, une
table ronde parisienne, afin d'avoir une vision globale et médicale de l'enfant
et de sa santé bucco-dentaire. Il ne faut pas s'arrêter à une rentabilité
financière immédiate, laquelle, vous le savez, dans le cas des soins
spécialisés exclusivement réservés aux enfants, est structurellement
impossible, car il n'existe aucun cabinet libéral de pédontonie exclusive.
Je vous serais reconnaissante, Monsieur le secrétaire d'Etat, de faire tout ce
qui est en votre pouvoir pour y aboutir.
M. le président.
Par amendement n° 89, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose :
I. - Avant le premier alinéa de l'article 36
quater,
d'ajouter un
paragraphe nouveau rédigé comme suit :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 191 du code de la santé publique est
complété par une phrase ainsi rédigée :
« Cette visite est organisée annuellement au profit des élèves des écoles,
collèges et lycées situés dans des zones où le recours aux soins est
insuffisant. »
II. - En conséquence, de faire précéder le premier alinéa de cet article de la
mention : « II. - ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission juge préoccupant qu'il faille attendre encore
une année avant que soit dressé un état des lieux permettant de prendre des
mesures en faveur de la santé scolaire.
Cet état des lieux existe d'ailleurs déjà. En effet, le rapport du Haut comité
de la santé publique présenté le 30 juin 1997 à la Conférence nationale de
santé avait déjà mis l'accent sur la nécessité de renforcer les moyens de la
santé scolaire et de l'éducation à la santé.
Aussi des mesures ont-elles été annoncées le mercredi 11 mars 1998 en conseil
des ministres : généralisation de l'éducation à la santé, avec notamment vingt
heures de cours au collège ; continuité entre le bilan de santé des enfants de
quatre ans réalisé par les services de protection maternelle et infantile et
celui qui est effectué à six ans par les services de la médecine scolaire ;
visite médicale à la fin de l'école primaire dans les zones d'éducation
prioritaire, les ZEP.
A cet égard, la commission souhaiterait obtenir des précisions du Gouvernement
sur l'état de réalisation de ces mesures.
D'ores et déjà, elle présente cet amendement tendant à généraliser les bilans
de santé annuels au profit des élèves scolarisés dans des zones sanitaires
prioritaires. En effet, l'article L. 191 du code de la santé publique ne
prévoit qu'une seule visite médicale gratuite et obligatoire au profit des
enfants à l'âge de six ans.
Les établissements - écoles, collèges et lycées - choisis pour l'application
de ce dispositif sont ceux qui sont situés dans des zones où le recours aux
soins est insuffisant. La détermination des zones incombera aux préfets de
chaque département et aux directions départementales des affaires sanitaires et
sociales. C'est donc un dispositif souple et adapté au terrain - il ne concerne
pas systématiquement les ZEP - qui est préconisé par cet amendement.
Cette mesure peut constituer une première étape, dans l'attente de l'examen de
l'opportunité de sa généralisation au profit de tous les enfants scolarisés.
Mais l'état sanitaire des enfants et adolescents dans certains quartiers ou
agglomérations justifie son adoption immédiate, sans attendre au moins une
année comme le prévoit le projet de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais d'abord dire à Mme Borvo combien j'ai été
sensible à son intervention. J'ai eu l'occasion de m'exprimer à plusieurs
reprises sur la prévention des affections bucco-dentaires, dans l'Est parisien
en particulier.
Je sais que la fermeture de cet institut laisse un vide considérable ; je m'en
suis préoccupé. Théoriquement, les enfants seront dirigés vers les dentistes
des arrondissements Est de Paris ; je me demande d'ailleurs comment. J'ai donc
demandé à l'établissement ce qu'il comptait faire à ce propos.
Je vous rappelle que le Gouvernement ne peut en rien se substituer ni aux
parlementaires ni à un établissement de cette sorte. A part mes yeux pour
pleurer, je n'ai aucun moyen.
(Mme Nicole Borvo fait un signe de
dénégation.)
Non, madame le sénateur, je n'ai strictement aucun moyen ! Si
vous en connaissez, je serais heureux de les connaître. Je me préoccuperai de
ce dossier ; j'irai voir cet établissement ; je veux savoir comment le
dispositif permettra aux enfants d'accéder, sinon à la prévention, ce dont je
serais ravi, du moins aux soins lorsqu'ils en ont besoin. Hors de cela, je ne
vois pas comment je pourrais intervenir, malgré mon souci de le faire. Mais
comptez sur moi, je suivrai cette affaire. Nous allons d'ailleurs recevoir un
parlementaire de l'un des arrondissements concernés.
Cela étant, on ne peut à la fois demander au Gouvernement d'intervenir,
systématiquement, en surchargeant son budget, en même temps de maîtriser
celui-ci, et ce, en un endroit où les partenaires sociaux, la CNAM, les
établissements eux-mêmes sont libres de faire ce qu'ils veulent. C'est
peut-être malheureux, mais c'est ainsi !
J'en viens à l'amendement n° 89.
Monsieur le rapporteur, je voudrais vous rappeler que, dès 1998, un certain
nombre d'actions de santé et de suivi social en direction des enfants et des
enfants scolarisés - peut-être conviendrait-il de les renforcer, notamment dans
les ZEP - ont été menées.
Je vous rappelle également que nous avons créé 600 postes d'infirmières et
d'assistants et débloqué des moyens de vacation équivalant à 150 temps pleins
de médecins scolaires. Mais le recrutement des médecins scolaires ne se décrète
pas ; ils sont recrutés sur concours. Or leurs conditions de travail, de
rémunération et de promotion sont - c'est le moins que l'on puisse dire -
mesurés, et donc les candidats ne sont pas légion.
Avec Mme Ségolène Royal, nous nous sommes efforcés d'harmoniser le dispositif
de façon à prendre en charge les enfants au mieux des possibilités. Ce n'est
pas simple tant les cloisonnements de la profession médicale sont excessifs.
Pour les briser, il faut du temps.
Ces nouveaux postes ont essentiellement été affectés dans les zones les plus
défavorisées, c'est-à-dire les ZEP et les sites expérimentaux de lutte contre
la violence.
Au-delà de ces mesures - qui, bien sûr, étaient des mesures d'urgence - nous
avons besoin d'un rapport, qui non seulement dressera l'état des lieux - je
vous accorde qu'une part de ce dernier nous est déjà connue - mais surtout
contiendra des propositions de nature à renforcer les mesures qui ont déjà été
prises le 11 mars dernier en conseil des ministres.
A cet égard, je voudrais vous dire, monsieur le rapporteur - et là je suis
formel - que ce n'est pas forcément la multiplication des bilans de santé
systématiques qu'il faut rechercher et qui serait efficace. Je pense qu'il vaut
mieux se préoccuper précocement des problèmes de santé des enfants issus de
familles défavorisées, c'est-à-dire, je le répète, des groupes à risques, et
d'assurer leur suivi.
Il faut cibler nos prises en charge en favorisant, dans le cadre d'un travail
en réseau avec les établissements scolaires, les organismes d'assurance maladie
et les différents établissements, ainsi que les professionnels sanitaires et
sociaux des communes concernées, une prise en charge convergente.
Dans cette perspective, nous avons mis en place des dispositifs expérimentaux
dans les départements de l'Oise et de la Seine-Saint-Denis, en réponse
d'ailleurs aux préoccupations exprimées par votre collègue M. Michel Mercier,
lors de la discussion générale.
Dans l'attente des conclusions de ce rapport, le Gouvernement est défavorable
à l'amendement n° 89.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je voudrais dissiper une éventuelle mauvaise interprétation
de notre amendement.
La commission propose non pas d'organiser un dépistage ou un bilan
systématique, mais de mettre en place un dispositif souple que le préfet, en
fait la DDASS, peut parfaitement maîtriser, et ce sans recourir à un
appareillage lourd en matière de médecine scolaire.
Dès lors qu'il craint un problème sanitaire dans telle zone, tel secteur, tel
quartier, voire tel immeuble - cet amendement est d'ailleurs à relier à celui
que nous avons voté tout à l'heure sur l'approche du saturnisme - le préfet
peut très facilement, à condition que les moyens lui en soient donnés,
intervenir de manière ponctuelle dans le lieu en question.
Telle est l'importance de cet amendement dont la mise en oeuvre ne nécessite
pas des moyens extraordinaires.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 89.
M. Alain Gournac.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac.
Bien entendu, je soutiens la proposition de la commission.
Le Gouvernement a souvent exprimé son souci de la santé des enfants
scolarisés. Or nous savons très bien, monsieur le secrétaire d'Etat,
qu'aujourd'hui tout ne fonctionne pas au mieux.
Il faut faire preuve d'une grande vigilance, car tout commence à l'école ;
c'est là que le diagnostic et le bilan de santé sont nécessaires.
Bien évidemment, le groupe du RPR votera l'amendement de la commission.
Mme Dinah Derycke.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Nous sommes tous d'accord pour dire que l'école et les services de santé
scolaire sont essentiels en matière de prévention. Nous sommes tous convaincus
que c'est dès la petite enfance que doit commencer la prévention. Mais nous
savons tous que la santé scolaire est dans un triste état en France, et ce
n'est pas nouveau. Ce n'est pas non plus un phénomène que l'on découvre
aujourd'hui.
Nous savons - M. le secrétaire d'Etat l'a rappelé - qu'un important effort a
été engagé cette année pour créer des postes, notamment d'infirmières, dans le
domaine de la santé scolaire. En revanche, se pose un réel problème de
recrutement. M. le secrétaire d'Etat a évoqué de manière très pudique les
raisons pour lesquelles on ne parvenait pas à trouver des candidats aux
concours. Il faudrait peut-être revoir les conditions de promotion, de carrière
et de rémunération, faute de quoi on ne sortira jamais de cette situation. Si
un engagement de tenir compte de ces questions importantes était pris, nous
pourrions aller de l'avant.
Cet amendement nous satisferait si nous étions certains qu'il puisse être mis
en oeuvre. Mais nous savons très bien aujourd'hui qu'on se fait plaisir en le
déposant car il ne peut pas avoir d'application immédiate. C'est pourquoi nous
nous abstiendrons tout en souhaitant, bien entendu, qu'en matière de santé
scolaire un effort très important soit engagé.
Il me semble d'ailleurs qu'il faudrait revoir la rédaction de cet amendement.
En effet, il dispose : « Cette visite est organisée annuellement au profit des
élèves des écoles... ». Or l'article L. 191 du code de la santé publique
précise : « Au cours de leur sixième année, tous les enfants sont
obligatoirement soumis à une visite médicale ».
Cela étant dit, je le répète, les membres du groupe socialiste s'abstiendront,
persuadés qu'un effort sera accompli en matière de santé scolaire, comme M. le
secrétaire d'Etat l'a indiqué.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Madame Derycke, je suis prêt à accepter une proposition de
rectification, compte tenu de votre dernière observation.
Vous parlez de manque de moyens pour mettre en oeuvre la disposition que nous
préconisons. Notre intention est de faire en sorte que l'on puisse recourir à
la médecine de ville. S'il y a des blocages administratifs, il faut les faire
sauter. Notre premier souci est la santé des enfants dans les milieux
défavorisés et en situation de grande précarité.
Mme Nicole Borvo.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Bien entendu, tout le monde sait que la médecine scolaire est dégradée. Ce
n'est pas nouveau, et l'on peut s'interroger sur les politiques qui ont été
menées depuis des années en la matière et sur la difficulté de recruter, qui
tient à l'absence de revalorisation de la situation des personnels de la
médecine scolaire.
Si des efforts ont été consentis dans certains départements, les collectivités
locales, notamment les communes, en ont assumé la plus large part au cours des
dernières années.
Nous attendons du Gouvernement un engagement fort afin de clarifier la
situation, pour voir dans quelles conditions on peut reconstruire - car c'est
bien de cela qu'il s'agit - un réseau de médecine scolaire qui prenne en compte
la spécificité de cette forme de médecine sans fermer la porte à la
constitution d'un réseau en relation avec la médecine de ville. Nous ne sommes
pas nécessairement hostiles à cette option. Je souhaite que le Gouvernement
prenne des engagements sur ce point.
A mon avis, il ne s'agit pas simplement de mener des actions ponctuelles là où
les publics scolaires sont en difficulté. En effet, une médecine scolaire digne
de ce nom doit être capable de détecter les problèmes là où ils se posent et,
souvent, ces problèmes se posent même dans les zones qui ne sont pas
défavorisées.
Nous aussi, nous nous abstiendrons donc sur cet amendement, mais non parce que
nous pensons que tout va bien, au contraire.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 89, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des
affaires sociales.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
100:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 226 |
Majorité absolue des suffrages | 114 |
Pour l'adoption | 220 |
Contre | 6 |
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 36 quater , ainsi modifié.
(L'article 36 quater est adopté.)
Article 37
M. le président.
« Art. 37. - Il est établi, dans chaque région et dans la collectivité
territoriale de Corse, un programme régional pour l'accès à la prévention et
aux soins des personnes les plus démunies, dont l'élaboration et la mise en
oeuvre sont coordonnées par le préfet de région ou le préfet de Corse.
« Ce programme est établi à partir d'une analyse préalable, dans chaque
département, de la situation en matière d'accès aux soins et à la prévention
des personnes démunies.
« Il comporte des actions coordonnées de prévention et d'éducation à la santé,
de soins, de réinsertion et de suivi qui sont mises en oeuvre chaque année,
dans chaque département, pour améliorer la santé des personnes démunies, en se
fondant sur les situations locales particulières et les expériences existantes.
Il précise les conditions dans lesquelles les services de l'Etat, en
particulier les services de santé scolaire et universitaire, les collectivités
territoriales, grâce notamment aux services de protection maternelle et
infantile, les organismes de sécurité sociale, les agences régionales de
l'hospitalisation, les sociétés mutualistes, les associations, les professions
de santé, les établissements et institutions sanitaires et sociales concourent
à la mise en oeuvre de ces actions. Il s'attache à définir des actions pour
lutter contre les pathologies liées à la précarité ou à l'exclusion sous toutes
leurs formes, notamment les maladies chroniques, les dépendances à l'alcool, à
la drogue ou au tabac, les souffrances psychiques, les troubles du comportement
et les insuffisances nutritionnelles.
« Le programme régional d'accès à la prévention et aux soins est établi après
consultation d'un comité, présidé par le préfet de région ou le préfet de Corse
réunissant des représentants des services de l'Etat et de l'agence régionale de
l'hospitalisation, des collectivités territoriales, des organismes d'assurance
maladie et auquel des représentants des associations qui oeuvrent dans le
domaine de l'insertion et de la lutte contre l'exclusion peuvent être invités à
participer. Il est rendu compte chaque année de la réalisation de ce programme
à la conférence régionale de santé instituée par l'article L. 767 du code de la
santé publique. »
Par amendement n° 470, M. Autain, Mmes Derycke, Dieulangard et les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent, après la première phrase du
troisième alinéa de cet article, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « Il
prévoit des actions de formation continue des professionnels de la santé et de
l'action sociale à la connaissance concrète des situations d'exclusion et de
leurs causes, ainsi qu'à la pratique du partenariat avec les personnes qui
vivent ces situations. »
La parole est à Mme Dieulangrand.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
Cet amendement concerne la formation continue des professionnels de la santé
et de l'action sociale. Il vise à assurer que ces professionnels soient
suffisamment préparés à exercer leur métier auprès des personnes très démunies.
Il s'agit là, après la résolution de l'obstacle financier, d'un facteur clé
pour l'accès de ces dernières aux soins.
Cette préparation demande une double formation, à la connaissance du vécu des
personnes et des familles très défavorisées, d'une part, à la pratique du
partenariat avec ces personnes et ces familles, d'autre part.
Ces deux dimensions sont essentielles et indissociables. En effet, la
méconnaissance du vécu des personnes très démunies peut rendre incompréhensible
aux professionnels de santé et de l'action sociale certaines de leurs
réactions.
Des malentendus en résultent, qui peuvent aller jusqu'à bloquer l'accès aux
soins. Ainsi des personnes peuvent refuser de se faire hospitaliser parce
qu'elles craignent que leurs enfants ne leur soient retirés, ou encore parce
qu'elles n'ont pas le linge et l'équipement de toilette nécessaires pour un
séjour à l'hôpital alors qu'elles veulent pouvoir s'y présenter dignement.
Le fait que les personnes très démunies ont souvent des difficultés à exprimer
ce qu'elles pensent, faute d'instruction, à cause de la fatigue et de la
tension nerveuse que leur occasionnent leurs conditions de vie, peut conduire
les professionnels à ne pas prendre suffisamment en compte leurs aspirations, à
ne pas respecter leur droit à être informées sur leur état de santé ou sur
celui de leurs enfants, à décider à leur place.
Outre l'humiliation que les personnes ressentent dans ces situations, et qui
entame un peu plus leur confiance, les décisions prises sans elles peuvent se
révéler inadéquates ou, faute de leur adhésion, rester sans suite.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement vise à améliorer le contenu de la formation
des professionnels de santé en matière de prise en charge et d'exclusion.
L'intention est excellente mais, s'agissant de la mise en oeuvre, il ne semble
pas qu'il appartienne au préfet de déterminer le contenu de la formation
continue des professionnels de la santé et de l'action sociale.
De plus, il nous paraît que cet amendement est plutôt de nature
réglementaire.
Voilà pourquoi la commission a émis un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je suis favorable à cet amendement, même si, je le
reconnais, il n'a pas forcément sa place dans la loi et qu'il relève peut-être
du domaine réglementaire. J'estime, en effet, que les actions de prévention,
d'éducation, de réinsertion, etc., sont indispensables dans le cadre de la
formation continue des personnels de santé.
Je rappelle par ailleurs que ce n'est pas le préfet qui détermine la formation
continue, ce sont les associations. Des propositions sont présentées au
ministre, qui fixe un certain nombre de grandes lignes chaque année.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je dois préciser à M. le secrétaire d'Etat qu'il s'agit bien,
dans cet article, du programme d'accès aux soins défini par le préfet.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 470, repoussé par la commission et accepté
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 289, MM. Machet, Lorrain et Mme Bocandé proposent, dans la
deuxième phrase du troisième alinéa de l'article 37, après les mots : « agences
régionales de l'hospitalisation, » de remplacer les mots : « les sociétés
mutualistes » par les mots : « les groupements régis par le code de la
mutualité ».
Par amendement n° 406 rectifié, MM. Gournac, Vasselle, Ostermann et Doublet
proposent, dans la deuxième phrase du troisième alinéa de cet article, de
remplacer les mots : « les sociétés mutualistes » par les mots : « les
groupements régis par le code de la mutualité ».
L'amendement n° 289 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Gournac, pour défendre l'amendement n° 406 rectifié.
M. Alain Gournac.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel visant à donner à un organisme sa
dénomination véritable.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Très favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 406 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 426, Mme Bardou, MM. Bordas, de Cossé-Brissac, Trucy et de
Bourgoing proposent, dans la deuxième phrase du troisiëme alinéa de l'article
37, après les mots : « les professions de santé » d'insérer les mots : « , y
compris des secteurs pharmaceutique, optique et dentaire, ».
L'amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 282 rectifié, Mme Dusseau propose de compléter le troisième
alinéa de l'article 37 par une phrase ainsi rédigée : « Il organise l'égalité
d'accès à la prévention et aux soins des personnes détenues en milieu carcéral.
»
L'amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 444, MM. Darniche, Durand-Chastel, Habert, Maman proposent,
avant le dernier alinéa de l'article 37, d'insérer l'alinéa suivant :
« Ce programme accorde une attention plus grande au fléau sanitaire que
représente la toxicomanie. »
La parole est à M. Durand-Chastel.
M. Hubert Durand-Chastel.
La toxicomanie est un fléau sanitaire qui progresse au sein de la société
française. Il frappe d'autant plus rudement les personnes les plus démunies que
celles-ci se trouvent dans une situation de précarité peu compatible avec des
traitements nécessitant un suivi prolongé et une motivation forte. C'est la
raison pour laquelle il importe que les programmes régionaux d'accès à la
prévention et aux soins prennent tout particulièrement en compte ce tragique
phénomène qu'est la toximanie.
Je tiens à cet égard à rappeler que la lutte contre la toxicomanie s'affirme,
bien évidemment, dans son aspect international, par l'indispensable
mobilisation mondiale contre la drogue. Et le récent appel, lancé le lundi 8
juin, par M. le Président de la République, pour le développement de la
coopération internationale dans la lutte contre la drogue, lors de l'ouverture
de la session extraordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU consacrée à ce
thème était nécessaire et va dans le bon sens.
Je tiens surtout à rappeler les propos qu'a tenus M. Jacques Chirac, voilà
quelques jours, devant l'ONU, à New York, en faveur d'une « grande croisade des
nations contre la drogue » et d'une plus grande fermeté « dans le refus de la
banalisation des drogues ».
Comme lui, je suis contre la dépénalisation des drogues douces et je pense
que, dans notre pays, « nous devons dire la vérité aux jeunes. Même quand une
drogue n'induit pas par elle-même de réelle dépendance physique, elle crée le
risque d'une dépendance psychique qui n'est pas moins grave ».
Le problème quotidien de l'augmentation des prises de stupéfiants en France,
celui de l'augmentation des consommations en milieu urbain et, aujourd'hui, en
milieu rural imposent l'organisation d'un véritable débat national.
Ce débat national mérite que la loi contre les exclusions fasse ressortir tout
particulièrement la volonté du législateur de lutter contre toutes les drogues
et toutes les formes de toxicomanie. La simple allusion dans ce texte sous les
termes de « dépendances à l'alcool, à la drogue ou au tabac » ne suffit pas. Il
me paraît indispensable de souligner véritablement la prise en compte de ce
grave problème.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission est sensible au souci de M. Durand-Chastel de
réaffirmer et de souligner dans la discussion des articles l'importance de ces
problèmes. Toutefois, elle considère qu'à l'article 37 il est bien précisé que
le plan régional pour l'accès à la prévention et aux soins « s'attache à
définir des actions pour lutter contre les pathologies liées à la précarité ou
à l'exclusion sous toutes leurs formes, notamment les maladies chroniques, les
dépendances à l'alcool, à la drogue ou au tabac, les souffrances psychiques,
les troubles du comportement et les insuffisances nutritionnelles ».
Je relève d'ailleurs que ces dispositions ont été introduites par l'Assemblée
nationale.
S'il était bienvenu de souligner ce problème à ce moment du débat, je
considère que l'amendement est déjà satisfait par le projet de loi. Vous
pourriez donc peut-être, monsieur le sénateur, accepter de le retirer.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je suis sensible aux arguments de M. le rapporteur, et
j'allais vous présenter les mêmes, monsieur Durand-Chastel. Je comprends très
bien que vous ayez insisté sur la nécessaire lutte contre la toxicomanie, mais
ce point a déjà été souligné à l'article 37, et je ne crois donc pas
indispensable d'y revenir.
Je vous ai également entendu avec intérêt, monsieur le sénateur, lorsque vous
avez évoqué l'intervention de M. le Président de la République lors de la
session extraordinaire de l'assemblée générale des Nations unies. Je
l'accompagnais d'ailleurs ce jour-là, et j'ai été, comme vous, sensible à ses
propos.
L'aspect le plus intéressant de votre argumentation est encore votre appel au
débat. Je vous rappelle que celui-ci aura lieu justement mardi prochain dans
cette assemblée, et le Sénat peut s'honorer d'être à l'origine d'une telle
demande. Je suis très heureux de cette initiative, et nous débattrons donc
mardi après-midi, ce qui, je l'espère, vous donnera satisfaction.
Par conséquent, je vous invite à retirer votre amendement.
M. le président.
L'amendement n° 444 est-il maintenu, monsieur Durand-Chastel ?
M. Hubert Durand-Chastel.
Après avoir entendu les explications de M. le rapporteur et de M. le
secrétaire d'Etat, je retire mon amendement, puisqu'un débat aura lieu mardi
prochain.
M. le président.
L'amendement n° 444 est retiré.
Par amendement n° 290, MM. Machet et Lorrain, Mme Bocandé proposent, dans la
première phrase du dernier alinéa de l'article 37, après les mots : «
organismes d'assurance maladie », d'insérer les mots : « , des groupements
régis par le code de la mutualité ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 427, M. About, Mme Bardou, MM. Bordas, de Cossé-Brissac,
Trucy et de Bourgoing proposent, dans la première phrase du quatrième alinéa de
l'article 37, après les mots : « des organismes d'assurance maladie »,
d'insérer les mots : « , des professions de santé ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 37, modifié.
(L'article 37 est adopté.)
Article 37
bis
M. le président.
« Art. 37
bis
. - I. - L'article 1er de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975
relative aux institutions sociales et médico-sociales est complété par un 6°
ainsi rédigé :
« 6° Assurent des soins ambulatoires et des actions d'accompagnement social et
de réinsertion en faveur des personnes présentant une consommation d'alcool à
risque ou nocive, ou atteintes de dépendance alcoolique. »
« II. - Après le 8° de l'article 3 de la même loi, sont insérés deux alinéas
ainsi rédigés :
« 9° Centres assurant, en cure ambulatoire, des soins et des actions
d'accompagnement social et de réinsertion à l'égard des personnes présentant
une consommation d'alcool à risque ou nocive, ou atteintes de dépendance
alcoolique.
« Les missions, les conditions de fonctionnement ainsi que les modalités de
financement des centres visés au 9° sont définies par voie réglementaire. »
« III. - Après l'article L. 355-1 du code de la santé publique, il est inséré
un article L. 355-1-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 355-1-1
. - Les soins ambulatoires et les actions
d'accompagnement social et de réinsertion en faveur des personnes présentant
une consommation d'alcool à risque ou nocive, ou atteintes de dépendance
alcoolique ainsi que leurs familles sont assurés par les centres de cure
ambulatoire mentionnés au 9° de l'article 3 de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975
relative aux institutions sociales et médico-sociales. »
Par amendement n° 90, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de rédiger comme suit le texte présenté par le paragraphe III
de cet article pour l'article L. 355-1-1 du code de la santé publique :
«
Art. L. 355-1-1.
- Les centres de cure ambulatoire mentionnés au 9°
de l'article 3 de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions
sociales et médico-sociales assurent des soins ambulatoires et des actions
d'accompagnement social et de réinsertion en faveur des personnes présentant
une consommation d'alcool à risque ou atteintes de dépendance alcoolique ainsi
qu'en faveur de leur famille. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission vous propose d'adopter, pour cet article, un
amendement de portée rédactionnelle.
Il prévoit une rédaction de l'article L. 355-1-1 du code de la santé publique
de façon à ne pas laisser penser que les centres d'hygiène alimentaire et
d'alcoologie, les CHAA, ont le monopole des soins délivrés aux personnes
souffrant d'une dépendance alcoolique.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Après réflexion, le Gouvernement se déclare favorable
à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 90, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 37
bis
, ainsi modifié.
(L'article 37
bis
est adopté.)
Article additionnel avant l'article 38
M. le président.
Par amendement n° 309 rectifié, Mme Cerisier-ben Guiga et les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, avant l'article 38, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Dans chaque poste diplomatique, un programme local pour l'accès aux soins et
la prévention sanitaire des personnes immatriculées les plus démunies est
élaboré et mis en oeuvre par le Consul en collaboration avec les Comités
consulaires pour la protection et l'action sociale, CCPAS, les centres de santé
et les médecins français résidents. »
La parole est à Mme Cerisier-ben Guiga.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Cet amendement vise à établir dans les postes diplomatiques français à
l'étranger un programme local pour l'accès aux soins et à la prévention
sanitaire des personnes les plus démunies.
En préambule à la défense de cet amendement, je voudrais préciser que le
dispositif d'accès aux soins que nous proposons ici - j'insiste sur ce point -
ne coûterait rien, ou presque rien, dans la plupart des postes
diplomatiques.
En effet, il s'agit simplement de donner force de loi à une pratique de
solidarité et de bénévolat, ou de quasi-bénévolat, que les communautés
françaises mettent en place, ponctuellement ou de manière permanente, pour
aider des compatriotes démunis à se soigner.
Quels sont les publics concernés ? Evidemment pas les 10 % ou 15 % de
Français à l'étranger qui bénéficient de conditions de vie privilégiées. Non
!
Il s'agit des 180 000 Français établis au Proche-Orient, en Afrique et en
Amérique latine dont nous savons, par une étude précise réalisée pays par pays,
qu'ils n'ont absolument aucune assurance maladie.
Il s'agit aussi d'une dizaine de milliers de Français défavorisés, souvent
âgés, qui vivent aux Etats-Unis et qui, eux aussi, sont privés de toute
couverture sociale.
Il s'agit, enfin, de Français qui ne sont pas défavorisés, mais qui vivent
dans des pays dont les traditions culturelles sont très éloignées des nôtres -
je pense à l'Asie, à la Corée et au Japon, par exemple - et où les conceptions
de la maladie et des soins rendent la communication entre le médecin national
et le malade occidental quasi impossible.
Notre objectif est donc d'étendre la fonction des Comités consulaires pour la
protection et l'action sociale à l'organisation permanente d'une mise en
relation des malades démunis avec le médecin ou l'institution médicale capables
de répondre à leur demande de soins.
Ainsi, des médecins assistants techniques d'un programme de coopération
peuvent accepter de soigner bénévolement le malade démuni que lui recommande le
consulat. Il en est de même des hôpitaux militaires français dans certains pays
d'Afrique et des structures privées destinées à leur personnel expatrié mises
en place par les grandes sociétés de BTP ou d'extraction pétrolière.
Une telle structure permettrait aussi de placer dans un cadre
d'exterritorialité l'activité d'un conseil médical donné à nos compatriotes par
un médecin européen dans ces pays d'Asie, où les modalités d'exercice de la
médecine répondent mal à l'attente psychologique et médicale d'un malade
européen.
Pour toutes ces raisons, et en dépit, d'une part, de la charge excessive de
travail des postes consulaires et, d'autre part, de la faiblesse de leurs
moyens en matière d'aide sociale, mais justement parce que le dispositif
proposé sera fondé, comme il l'est actuellement dans quelques postes, sur le
bénévolat ou le quasi-bénévolat, nous souhaitons qu'un tel dispositif cesse
d'être laissé au bon vouloir des uns et des autres et prenne force de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je comprends la commission. Le Gouvernement, quant à
lui, est bien embêté, madame Cerisier-ben Guiga !
Vous avez tout à fait raison : il serait satisfaisant de prendre en charge nos
compatriotes à l'étranger qui connaissent des situations parfois difficiles sur
le plan tant de la santé publique que de leur santé personnelle.
Toutefois, sur 223 postes consulaires, on ne compte qu'une vingtaine de postes
médicaux. Je vois difficilement comment nous pourrions en créer 200
supplémentaires sans effort budgétaire !
Je vous ai bien entendue à propos du bénévolat et, pour avoir joué un rôle
dans la création de Médecins sans frontières et de Médecins du monde, je vous
suis pleinement.
Seulement le bénévolat ne peut pas figurer dans la loi ! Comment voulez-vous
que l'on inscrive dans ce projet qu'il serait légal, voire obligatoire,
d'installer un poste de bénévolat ? D'abord, si nous n'en trouvions pas, nous
serions en porte à faux. De plus, compte tenu de l'évolution du service
national qui fait qu'il y a moins de volontaires du service national actif, les
VSNA, et moins de coopérants en général, j'ai le regret de vous dire qu'il ne
serait pas réaliste d'accepter cet amendement.
Celui-ci est pourtant extrêmement justifié sur les plans de la prise en charge
des personnes et de la réduction de l'isolement de certains de nos compatriotes
qui sont dans des régions difficiles, en particulier là où la pathologie les
laisse assez désarmés. Mais, tout en comprenant le bien-fondé de ces
amendements et la nécessité de la prise en charge médicale, je ne vois pas
comment inscrire un tel dispositif dans la loi pour le moment.
M. le président.
Quel est donc, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a bien compris que les auteurs de cet
amendement sont dans leur rôle en exprimant leur souhait de défendre l'accès
aux soins des Français de l'étranger en situation difficile, mais elle a
considéré que le programme proposé par cet amendement était trop lourd, même
s'il faut nécessairement trouver une réponse à des situations difficiles.
Elle a donc émis un avis défavorable.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je veux ajouter une précision qui, peut-être, vous
satisfera, madame.
Je sais que la situation de nos compatriotes démunis n'est pas bien prise en
compte et il est vrai que nombre d'entre eux n'ont pas de couverture sociale.
Mais nous avons demandé à l'Inspection générale des affaires sociales
d'effectuer une mission afin d'étudier les modalités d'une réforme du régime
volontaire d'assurance maladie géré par la caisse des Français de
l'étranger.
Il me paraissait important de le souligner.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 309 rectifié.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Cerisier-ben Guiga.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Je remercie M. le secrétaire d'Etat d'annoncer officiellement qu'une mission
de l'Inspection générale des affaires sociales étudiera dans quelle mesure on
pourrait enfin réformer la caisse d'assurance maladie des Français de
l'étranger, afin que puissent en bénéficier un plus grand nombre de Français
résidant à l'étranger. Je rappelle qu'elle ne concerne en effet actuellement
que 35 000 personnes et leurs ayants droit. Nous sommes bien d'accord.
Mais je voudrais préciser qu'il ne s'agit absolument pas de créer des postes
médicaux supplémentaires dans les consulats. Il s'agit simplement de rendre
plus impérative, pour un consul et le comité consulaire pour la protection et
l'action sociale, l'organisation de ce type de réseau d'entraide qui n'existe
seulement que dans quelques postes, grâce à la bonne volonté du consul et au
dynamisme remarquable des membres de ces comités, parce qu'il n'y a pas
d'obligations en la matière.
Quand nous avons créé les comités consulaires pour l'emploi et la formation
professionnelle, nous nous sommes heurtés au même problème. Si nous avons fait
bénéficier de ce dispositif près de 3 000 Français à l'étranger, avec une
incidence mineure pour le budget de l'Etat, nous le devons à notre initiative.
Puis cette mesure a été introduite dans les textes réglementaires.
La demande que nous formulons n'est donc pas excessive puisqu'il s'agit
simplement de donner force de loi à des méthodes d'organisation de réseau qui
n'existent pour l'instant que dans quelques postes, mais qui pourraient être
étendues à beaucoup d'autres.
M. Hubert Durand-Chastel.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Durand-Chastel.
M. Hubert Durand-Chastel.
Je soutiens l'amendement n° 309 rectifié, qui est très important pour les
Français de l'étranger.
Il existe effectivement des comités consulaires pour la protection et l'action
sociale, mais ils ont pour objet de distribuer les crédits. Il existe également
des sociétés de bienfaisance, mais elles sont de moins en moins nombreuses à
l'étranger.
Il n'est pas nécessaire, monsieur le secrétaire d'Etat, de prévoir des postes
médicaux. Dans de nombreuses villes, des médecins français peuvent dispenser
des soins aux Français de l'étranger. Si aucun d'entre eux n'est disponible,
des médecins nationaux du pays d'accueil peuvent s'en charger.
Au Conseil supérieur des Français de l'étranger, nous demandons que ce
problème soit traité depuis un certain nombre d'années, car il est extrêmement
important pour la santé. Il ne s'agit pas de généraliser la prise en charge de
tous les soins des Français de l'étranger. Cette mesure est uniquement
envisagée dans les cas d'absolue nécessité.
M. Jacques Habert.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Je ne souhaite pas, le moins du monde, allonger le débat, d'autant que M. le
secrétaire d'Etat, Mme Cerisier-ben Guiga et M. Durand-Chastel ont bien exposé
le problème. Nous souhaitons résoudre celui-ci par le biais de cet amendement
que, mes chers collègues, je vous demande d'adopter.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a bien compris le souci qui a motivé le dépôt
de cet amendement, mais la façon de traiter le problème ne semble pas efficace.
C'est ce qui a motivé son avis défavorable.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 309 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 38.
Article 38
M. le président.
« Art. 38. - I. - Après le 6° de l'article L. 711-3 du code de la santé
publique, il est inséré un 7° ainsi rédigé :
« 7° A la lutte contre l'exclusion sociale, en relation avec les autres
professions et institutions compétentes en ce domaine, ainsi que les
associations qui oeuvrent dans le domaine de l'insertion et de la lutte contre
l'exclusion, dans une dynamique de réseaux. »
« II. - Après les mots : "continuité de ces soins", la fin du cinquième alinéa
de l'article L. 711-4 du même code est ainsi rédigée : "en s'assurant qu'à
l'issue de leur admission ou de leur hébergement, tous les patients disposent
des conditions d'existence nécessaires à la poursuite de leur traitement. A
cette fin, ils orientent les patients sortants ne disposant pas de telles
conditions d'existence vers des structures prenant en compte la précarité de
leur situation". »
Sur l'article, la parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Il est difficilement acceptable de constater qu'en France, aujourd'hui, de
nombreuses personnes voient leur santé fragilisée, voire menacée, du fait de
l'extrême précarité de leur situation.
Il est indéniable que les situations d'exclusion engendrent des dérèglements
psychologiques, que les atteintes physiques sont multiples.
Certaines maladies que l'on croyait pourtant oubliées, telles que la
tuberculose, sont en pleine recrudescence. De surcroît, les sujets qui sont les
plus fragiles et qui, normalement, devraient bénéficier d'attentions
particulières perdent en quelque sorte le réflexe des soins. Progressivement,
la précarité les a éloignés de notre système de santé.
Pour rétablir en quelque sorte une certaine égalité dans l'espérance de vie,
une véritable politique de santé, ambitieuse dans ses objectifs et importante
dans ses moyens, doit être mise en oeuvre. A mon sens, cette dernière ne peut
se contenter de faciliter l'accès aux soins par la généralisation de
l'assurance maladie universelle.
Elle nécessite aussi une amélioration du niveau des remboursements, une
extension de la dispense d'avance de frais et la suppression du forfait
hospitalier. Le Gouvernement m'a effectivement donné acte de l'importance de
cette question.
Mais, surtout, pour réussir, cette politique sanitaire en faveur des plus
démunis doit passer par l'adaptation des structures aux réalités des conditions
de vie des gens, afin de répondre par la proximité aux besoins particuliers de
chacun et de l'ensemble des Français.
Pour atteindre l'objectif de prise en charge médicale et sociale, l'hôpital
joue un rôle central. C'est vrai. Par ailleurs, pour ne pas enfermer les plus
pauvres dans des structures particulières, la diversité des réponses des moyens
d'actions devra être priviligiée.
Les textes actuellement en vigueur garantissent l'égalité tant d'accès que de
traitement. Toute personne ayant besoin de soins peut se présenter à l'hôpital,
où elle sera reçue, auscultée et où on lui prodiguera des soins.
De plus, l'évolution de l'hôpital public s'est faite par « la force des choses
», avec une forte accentuation de son rôle social.
L'article 38 du projet de loi réaffirme le rôle social du service hospitalier
en précisant quelles actions l'hôpital devra assurer pour garantir la
continuité des soins, en veillant notamment à ce que les patients disposent de
conditions d'existence suffisantes pour la poursuite de leur traitement.
Je souscris entièrement à la logique de cet article.
Toutefois, je crains que le service public hospitalier, victime de la réforme
autoritaire de M. Juppé et des dégradations précédentes, ne soit trop affaibli
pour jouer pleinement son rôle fort et pilote.
Je souhaite, monsieur le secrétaire d'Etat, que l'hôpital assume pleinement
ces missions, qu'il soit doté de moyens et de personnels à la hauteur des
besoins à satisfaire, qu'enfin il parvienne à se dégager des contraintes
comptables.
Parallèlement, je compte sur le Gouvernement pour traiter de pair le problème
de l'exclusion et celui de l'évolution nécessaire de notre système de
protection sociale.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Madame le sénateur, j'ai bien entendu votre légitime
plaidoyer. Je crois que Mme Aubry vous a déjà répondu que la prise en charge
hospitalière des publics les plus démunis comporterait, dans le cadre de la
couverture universelle que nous envisageons, à la fois le remboursement des
frais, du forfait hospitalier et l'avance d'un certain nombre de dépenses. Je
crois aussi me rappeler que vous avez exprimé votre satisfaction après son
intervention.
Répondre à toutes les revendications du secteur hospitalier, prononcées plus
ou moins légitimement au nom du malade, ce n'est pas possible, vous le savez.
Par ailleurs, en ce moment, plusieurs catégories de personnel, toutes de façon
légitime également, revendiquent pour l'amélioration de leur propre
catégorie.
J'ai toujours accepté de prendre ces revendications en considération, de les
étudier, de les discuter. J'ai toujours dit que nous essaierions de les
satisfaire peu à peu.
Dégager des moyens, qu'est-ce que cela veut dire, madame Borvo ? Les moyens,
ce sont les vôtres, les nôtres ; on ne peut pas les inventer. Vous savez que
l'assurance maladie repose sur les cotisations sociales, et même si celles-ci
sont élargies à la CSG, on ne peut pas aller au-delà de certaines dépenses.
Nous pourrions imaginer un autre système, et je suis prêt à en discuter avec
vous, mais, dans le système actuel - M. le président ne peut que m'approuver -
nous ne pouvons pas tout faire.
Je reçois chaque jour, en moyenne, trois délégations hospitalières. Chacune
parle de son hôpital comme d'un cas unique ; chaque fois, nous avons le
sentiment que leurs demandes sont très légitimes, fondées, et parfois urgentes.
Mais il n'est pas question de donner satisfaction aux trois délégations
quotidiennes : ce n'est pas possible !
La maîtrise des dépenses est indispensable si nous ne voulons pas voir
exploser notre système d'assurance.
Au demeurant, la méthode a changé : en permanence, nous entendons discuter
avec les élus et les représentants des personnels, des usagers, des médecins,
de toutes les catégories concernées.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 38.
(L'article 38 est adopté.)
Article additionnel après l'article 38
M. le président.
Par amendement n° 471, Mmes Dieulangard, Derycke et Printz, MM. Autain,
Huguet, Vezinhet et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent
d'insérer, après l'article 38, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le 6° de l'article L. 711-3 du code de la santé publique, il est
inséré un alinéa ainsi rédigé :
« ... à la formation en alcoologie du personnel médical, paramédical et social
hospitalier et non hospitalier exerçant auprès de personnes en situation de
précarité et d'exclusion. Pour assurer cette formation, il pourra s'adjoindre
le concours des associations de lutte contre l'alcoolisme. »
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard.
La consommation excessive d'alcool chez nos concitoyens est un problème majeur
de santé publique, qui devra faire l'objet d'une prise en charge volontariste
et courageuse. A cet égard, l'un de vos prédécesseurs, monsieur le secrétaire
d'Etat, a pu évaluer la dose de courage nécessaire pour intervenir en la
matière.
Ce problème n'épargne aucune catégorie de nos concitoyens, et nous ne
souhaitons pas conclure que l'exclusion et cette maladie sont irrémédiablement
liées. Toutefois, cause ou conséquence, ce problème est un facteur
particulièrement aggravant pour les personnes exclues ou en voie de
marginalisation. Il constitue un obstacle déterminant et majeur à leur
réinsertion.
Il est aujourd'hui acquis qu'une prise en charge efficace passe par une prise
en compte des difficultés liées au contexte familial et social du malade, qui
très rarement accepte de dire sa maladie, par un accompagnement dans la durée,
en particulier au sortir d'une cure de sevrage.
Or la grande majorité des acteurs sociaux, médicaux et paramédicaux qui
interviennent auprès de ces publics sont souvent désemparés, notamment parce
qu'ils ne bénéficient pas de formation spécifique en alcoologie.
Nous avons déposé un amendement afin qu'ils puissent bénéficier d'une telle
formation dans le cadre des cursus de formation initiale et de formation
continue. Cet amendement n'a pas la prétention de tout régler, évidemment. Il
peut pourtant permettre de réduire avec plus d'efficacité « cette souffrance
que l'on ne peut plus cacher », pour reprendre le titre d'un livre fort
intéressant paru récemment sur le sujet.
Le service public hospitalier nous semble le mieux à même d'assurer cette
formation. Il peut, par ailleurs, constituer le pivot d'une mise en réseau de
l'ensemble des acteurs qui travaillent auprès des plus démunis ; je pense en
particulier aux GIP, qui se donnent cette mission et qu'il convient
d'encourager, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je comprends le souci des auteurs de l'amendement. Toutefois,
celui-ci suscite quelques réserves.
D'une part, la formation des travailleurs sociaux relève de l'Etat et non de
l'hôpital : se pose donc un problème de transfert de charges Etat - assurance
maladie.
D'autre part, il ne peut être question d'organiser des formations en
alcoologie dans tous les établissements de santé publique et dans les
établissements privés participant au service public hospitalier. D'ailleurs, à
ce moment-là, pourquoi limiter cette formation à l'alcoologie et ne pas
l'étendre à la toxicomanie, au tabagisme, aux pathologies des exclus et à
toutes les pathologies sociales auxquelles nous sommes confrontés ?
La commission est donc défavorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Madame le sénateur, on ne peut pas cibler une action
sur une formation particulière, malgré la nécessité - j'ai bien compris vos
arguments - de mettre l'accent sur la formation en matière d'alcoologie et sur
la prise en charge des pathologies nées de l'alcoolisme.
Le Sénat a d'ailleurs adopté tout à l'heure un amendement relatif à la
formation dans le cadre des programmes régionaux. L'amendement n° 90, relatif
aux centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie, voté par le Sénat à
l'article 37
bis
renforce cette nécessité.
Je vous rappelle que l'article L. 711-3 du code de la santé publique prévoit
déjà, dans ses alinéas 1, 2 et 4, que le service public hospitalier concourt à
la formation initiale et continue des praticiens hospitaliers et non
hospitaliers, des sages-femmes et du personnel médical.
En conséquence, madame le sénateur, il ne me paraît pas souhaitable
d'introduire cette précision dans le projet de loi.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 471, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Articles 38
bis
et 38
ter
M. le président.
« Art. 38
bis.
- Après le 1° de l'article L. 146 du code de la santé
publique, il est inséré un 1°
bis
ainsi rédigé :
« 1°
bis
Des actions d'accompagnement psychologique et social des
femmes enceintes et des jeunes mères de famille, particulièrement les plus
démunies. » - (
Adopté.
)
« Art. 38
ter
. - Dans l'article L. 262-1 du code de la sécurité
sociale, après les mots : "action sanitaire et sociale", sont insérés les mots
: "destinées en priorité aux populations exposées au risque de précarité". » -
(
Adopté.
)
Article 39
M. le président.
« Art. 39. - Après l'article L. 711-7 du code de la santé publique, il est
inséré un article L. 711-7-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 711-7-1
. - Dans le cadre des programmes régionaux pour
l'accès à la prévention et aux soins prévus à l'article 37 de la loi n° du
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions, les établissements
publics de santé et les établissements de santé privés participant au service
public hospitalier mettent en place des permanences d'accès aux soins de santé
adaptées aux personnes en situation de précarité, visant à faciliter leur accès
au système de santé et à les accompagner dans les démarches nécessaires à la
reconnaissance de leurs droits. Ils concluent avec l'Etat des conventions
prévoyant, en cas de nécessité, la prise en charge des consultations externes,
des actes diagnostiques et thérapeutiques ainsi que des traitements qui sont
délivrés gratuitement à ces personnes. »
Par amendement n° 310, Mme Derycke, M. Autain, Mme Dieulangard et les membres
du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase du texte
présenté par l'article 39 pour l'article L. 711-7-1 à insérer dans le code de
la santé publique, après les mots : « des permanences d'accès aux soins de
santé », d'insérer les mots : « , qui comprennent notamment des permanences
d'orthogénie, ».
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Aujourd'hui, un nombre croissant de femmes, isolées ou non, se trouvent dans
une situation d'exclusion.
En effet, 41 % des familles exclues ou en grande précarité sont monoparentales
et, dans 90 % des cas, ce sont des femmes qui assument ces lourdes charges.
Par ailleurs, de plus en plus de jeunes femmes et de jeunes filles, voire de
très jeunes filles, vivent des situations d'exclusion et sont dans le plus
grand désarroi affectif et moral. Elles sont tellement perdues qu'elles se
persuadent parfois que seule la maternité leur permettra d'exister et leur
redonnera une identité. Les résultats sont souvent désastreux.
Certes, des dispositifs existent, le réseau des centres de protection
maternelle et infantile, les centres de planification familiale notamment, mais
ils ne suffisent pas à répondre à la totalité des besoins et des situations ;
je pense notamment aux jeunes femmes victimes de violences, y compris parfois
dans leur propre foyer, ou aux jeunes femmes toxicomanes.
La nouvelle mission sociale qui est confiée à l'hôpital doit prendre en compte
cette dimension.
Pour qualifier les permanences qui devraient assumer cette mission, j'ai
utilisé le terme « orthogénie ». Je n'ai pas trouvé d'autre mot. On aurait pu
décrire la totalité de leur activité, mais cela aurait été un peu long.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
En commission, nous avions proposé à ses auteurs de rectifier
l'amendement, car le terme « orthogénie », qui ne correspond pas à une
spécialité médicale, est en outre peu compréhensible pour les personnes
défavorisées qui seraient les bénéficiaires des services de ces permanences.
Je ne crois pas, personnellement, que ce terme soit appelé à un grand avenir,
surtout si on devait lui donner son sens étymologique.
Cette rectification n'ayant pas été effectuée, la commission s'en remet à la
sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
J'ai été très sensible aux arguments développés par
Mme Derycke. Le Gouvernement est donc favorable à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 310, accepté par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 472, M. Autain, Mmes Derycke et Dieulangard et les membres
du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger ainsi la dernière
phrase du texte proposé par l'article 39 pour l'article 711-7-1 du code de la
santé publique : « Ils concluent avec l'Etat et la Caisse nationale d'assurance
maladie des conventions prévoyant la prise en charge des consultations
externes, des actes diagnostiques et thérapeutiques, des traitements qui sont
délivrés gratuitement à ces personnes ainsi que de toutes les charges
supplémentaires résultant de la mise en place des permanences d'accès aux
soins. »
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Cet amendement tend à généraliser l'implantation des cellules d'accueil dans
les hôpitaux, que l'on appelle aujourd'hui les « permanences d'accès aux soins
de santé », les PASS.
Les PASS offriront des consultations de médecine générale et organiseront des
consultations sociales permettant d'accompagner les personnes démunies dans
leurs démarches. Ils proposeront des actions de dépistage et de prévention en
cas de nécessité, délivreront gratuitement des examens et des médicaments et,
depuis le vote intervenu voilà quelques instants - j'en remercie d'ailleurs mes
collègues - organiseront aussi des permanences d'orthogénie.
Un financement spécifique de 61 millions de francs par an est prévu de 1998 à
2 000. Des conventions spécifiques seront passées entre l'Etat et ces
établissements pour soutenir financièrement le développement et l'application
de ce dispositif.
L'objet de cet amendement est de généraliser ces conventions et de faire en
sorte qu'elles prennent en considération l'ensemble des charges consécutives à
cette nouvelle mission. Il n'est pas question de demander un financement
supplémentaire à l'Etat mais, comme nous connaissons tous l'étroitesse des
budgets hospitaliers et les difficultés financières que subissent les hôpitaux,
il nous a semblé indispensable de rendre ces conventions automatiques et de
faire en sorte qu'elles prennent en compte toutes les dépenses induites par
cette nouvelle mission.
En fait, cet amendement a pour objet de compléter le dispositif mis en
place.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Nous partageons le souci des auteurs de l'amendement. S'il
est légitime que l'assurance maladie finance des soins et des médicaments,
toutes les charges supplémentaires relatives à l'organisation de permanences,
c'est-à-dire en fait tout le volet social, doivent être financées par
l'Etat.
A cet égard, nous aimerions que le Gouvernement soit plus clair dans l'exposé
du financement du dispositif. En effet, le tableau de financement qui nous a
été transmis ne mentionne que les 61 millions de francs imputables sur
l'enveloppe de l'ONDAM. Quelle est la part qui reviendra à l'Etat dans le
financement de ces mesures ? J'aimerais connaître la réponse de M. le
secrétaire d'Etat sur cette question avant de donner l'avis de la commission
sur l'amendement.
M. le président.
Quel est, donc, l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement,
et ce pour une raison extrêmement simple : nous ne souhaitons pas que soient
modifiées les règles de financement prévues dans cet article, s'agissant des
PASS et des conventions.
Les conventions passées par l'Etat pour les consultations externes et la
délivrance de médicaments et d'actes diagnostiques ou thérapeutiques relèvent
de la solidarité nationale ; elles doivent donc être financées par le budget de
l'Etat.
On évalue le nombre de conventions à 300 en 1998, pour un coût maximal
potentiel de 9 millions de francs, et à 900 en l'an 2000, pour un coût maximal
potentiel de 24 millions de francs. Je vous rappelle que le coût de chaque
convention devrait se réduire après la mise en place de la couverture maladie
universelle.
A l'inverse, les permanences d'accès aux soins de santé, qui recouvrent
essentiellement des frais de personnel, permettent aux établissements de santé
de mener à bien cette mission sociale de l'hôpital que le projet de loi en
discussion leur demande d'assurer. A ce titre, elles doivent être comprises
dans le budget de ces établissements et relèvent, par conséquent, de l'objectif
national des dépenses d'assurance maladie, voté chaque année à l'automne par le
Parlement.
Le coût des PASS passera de 50 millions de francs en 1998 à 75 millions de
francs en l'an 2000.
Vous comprendrez, madame Derycke, qu'il n'est pas envisageable, pour des
raisons de transparence financière, d'imputer sur le budget de l'Etat les
charges d'une des missions de l'hôpital. C'est pourquoi je vous demande de bien
vouloir retirer votre amendement.
J'ai bien compris que vous souhaitiez voir ces missions sociales constituer,
en quelque sorte, des missions naturelles de l'hôpital. Dès lors, il faut
qu'elles soient prises en charge par le budget hospitalier.
Ainsi que je l'ai indiqué tout à l'heure à Mme Borvo, on ne peut pas en
permanence demander à l'Etat d'intervenir financièrement pour compléter ce qui
relève normalement de l'assurance maladie. On ne peut pas jouer sur une
élasticité des budgets, alors que celle-ci demeure extrêmement modérée.
Nous avons le sentiment que les PASS correspondent à une mission de santé
publique indispensable et que celle-ci deviendra naturelle pour les
hôpitaux.
Cela étant, certaines évolutions dans diverses pathologies sont susceptibles
d'engendrer des économies. Ainsi, la pérennité de ces mesures sera assurée.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je fais toute confiance à l'engagement pris par M. le
secrétaire d'Etat sur les chiffres qu'il a cités concernant le financement de
ces mesures. Toutefois, j'observe qu'il ne correspondent à aucun de ceux qui
figurent dans le programme de prévention et de lutte contre les exclusions.
Néanmoins, la commission suivra l'avis du Gouvernement sur cet amendement,
dont elle demande également le retrait.
M. le président.
Votre amendement est-il maintenu, madame Derycke ?
Mme Dinah Derycke.
Non, monsieur le président. Je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 472 est retiré.
Par amendement n° 360, Mme Nicole Borvo, M. Guy Fischer et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter le texte
présenté par l'article 39 pour l'article L. 711-7-1 à insérer dans le code de
la santé publique par un alinéa ainsi rédigé :
« Afin de mettre en place un dispositif identique de proximité pour l'accès à
la prévention et aux soins, les dispositions du présent article peuvent être
étendues aux centres de santé. Une négociation préalable comprenant les
professionnels de santé et organismes gestionnaires de centres de santé, l'Etat
et la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés, en fixera
les termes dans le cadre de la convention nationale des centres de santé. »
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Cet amendement vise à permettre à toutes les personnes en grande difficulté et
marginalisées d'accéder effectivement aux soins en étendant le conventionnement
des structures d'accueil prévu pour les hôpitaux à la médecine de ville,
c'est-à-dire aux centres de santé et aux professionnels libéraux
volontaires.
Vous le savez, en raison d'une désocialisation, comportement qui caractérise
leur état de détresse psychologique et morale, ces personnes sont souvent
réfractaires à l'accomplissement des démarches nécessaires au rétablissement de
leurs droits. Cette attitude de renoncement aggrave encore la complexité des
situations, d'autant que, dans la moitié des cas environ, les délais de
résolution sont considérablement allongés du fait de la perte des documents
personnels.
La simplification qui devrait être introduite par la future assurance maladie
universelle ne saurait, en tout état de cause, remédier à tous ces maux. De ce
fait, les consultations gratuites hospitalières vont continuer de remplir une
mission particulièrement utile. Les consultations ont aussi le grand mérite
d'amorcer ou d'accélérer la réintégration de ces malades dans leurs droits, à
l'occasion de leur demande de soins. Mais leur point faible - et je n'ai pas
entendu que les choses allaient considérablement changer - est de ne pas
répondre ou de répondre de moins en moins au besoin de proximité, c'est-à-dire
au besoin d'une prise en charge médicale plus rapide et plus large.
Cette insuffisance du dispositif explique, pour une part, qu'on rencontre dans
ces structures d'accueil hospitalières autant de pathologies évoluées, avec les
fâcheuses conséquences que l'on sait pour la santé des personnes concernées,
pour la santé publique et pour les dépenses de santé.
C'est pourquoi nous proposons d'adopter cet amendement. Bien sûr, une
négociation préalable réunissant tous les acteurs concernés fixerait les termes
de la mise en place étendue de ces structures d'accueil, dans le cadre de la
convention nationale des centres de santé.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission fait observer qu'un rapport de l'inspection
générale des affaires sociales est en cours d'élaboration, qui porte
précisément sur la législation relative aux centres de santé et sur leur
financement. Elle s'interroge donc sur l'opportunité qu'il y aurait à modifier
aujourd'hui cette législation alors que les conclusions de ce rapport sont
attendues.
Avant de se prononcer sur cet amendement, elle souhaite connaître l'avis du
Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement reconnaît qu'il est important que les
centres de santé participent à la lutte contre les exclusions. Mais il est
difficile de les mettre sur le même plan que l'hôpital, car ils ne peuvent pas
remplir les mêmes fonctions.
A l'article précédent, nous avons d'ailleurs proposé que l'hôpital, afin de
satisfaire les besoins en matière de soins de proximité, sorte lui-même de ses
murs, et cela a été adopté. Toutefois, nous n'avons arrêté aucune modalité. En
tout cas, nous souhaitons que les médecins libéraux et les médecins
hospitaliers puissent aller consulter dans les quartiers difficiles.
Mais vous n'êtes pas sans savoir que la plupart des centres de santé
rencontrent de réelles difficultés, alors même que ces centres constituent
souvent un exemple, en particulier pour la rémunération des médecins. Mon
cabinet, qui suit très attentivement le dossier des centres de santé, a eu
l'occasion de s'entretenir de ce sujet avec de nombreux parlementaires,
notamment les élus de la Seine-Saint-Denis.
Conscients de ces difficultés, nous avons confié à l'IGAS la mission
d'examiner l'ensemble des problèmes posés par les centres de santé. Ses
conclusions, qui devraient être rendues à l'automne, constitueront la base
d'une négociation globale entre le ministère de la santé, les caisses
nationales d'assurance maladie et les représentants des différents acteurs
présents dans les centres de santé.
C'est donc à partir d'une analyse claire des missions que les centres de santé
assument que, avec le Parlement, nous pourrons envisager d'adapter leurs règles
de fonctionnement à leur spécificité.
Par ailleurs, cet amendement fait référence à une convention nationale des
centres de santé qui n'existe pas.
En conséquence, madame le sénateur, tout en comprenant le souci qui vous
anime, je ne peux que vous demander de bien vouloir retirer cet amendement.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il est identique à celui du Gouvernement.
M. le président.
Madame Borvo, maintenez-vous votre amendement ?
Mme Nicole Borvo.
Je vais le retirer, monsieur le président, ayant bien entendu les propos de M.
le secrétaire d'Etat. Je souhaite néanmoins que ma proposition soit
effectivement étudiée lors des discussions qui s'engageront après que l'IGAS
aura rendu ses conclusions.
M. le président.
L'amendement n° 360 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 39, modifié.
(L'article 39 est adopté.)
Article 39
bis
M. le président.
« Art. 39
bis
. - Un rapport sera remis par le Gouvernement au Parlement
sur l'opportunité et les modalités d'un transfert de compétence des
départements vers l'Etat en matière de lutte contre la tuberculose.
« Ce rapport sera déposé dans le délai d'un an suivant la promulgation de la
présente loi. »
Par amendement n° 91, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de rédiger comme suit cet article :
« I. - Les cinquième (4°), sixième (5°) et septième (6°) alinéas de l'article
37 de la loi n° 83-663 du 22 juillet 1983 complétant la loi n° 83-8 du 7
janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les
départements, les régions et l'Etat sont supprimés.
« II. - L'article L. 50 du code de la santé publique est ainsi rédigé :
«
Art. L. 50.
- Les services de vaccination relèvent de la compétence
de l'Etat, qui en assure l'organisation ».
« III. - A la fin de l'article L. 304 du même code, les mots "du département"
sont remplacés par les mots "de l'Etat".
« IV. - Le montant de la dotation générale de décentralisation ou, à défaut,
de l'attribution du fonds de compensation de la fiscalité transférée ou du
produit des impôts affectés au département pour compenser dans les conditoins
prévues par les articles L. 1614-1 à L. 1614-4 du code général des
collectivités territoriales les charges nouvelles résultant du transfert de
compétences, est réduit d'un montant égal aux dépenses engagées au titre des I
à III ci-dessus. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Sur l'initiative de M. Patrick Devedjian, l'Assemblée
nationale a opportunément introduit cet article, qui prévoit que le
Gouvernement présentera au Parlement, dans un délai d'un an, un rapport sur les
modalités d'un transfert de compétence des départements vers l'Etat en matière
de lutte contre la tuberculose.
Nous proposons d'aller plus loin. En effet, il n'est pas contesté que
l'ensemble des compétences sanitaires des départements, à l'exception de la
protection maternelle et infantile - en raison du lien existant à cet égard
avec la compétence des départements en matière d'aide sociale à l'enfance -
devraient revenir à l'Etat.
Ces compétences sont énumérées à l'article 37 de la loi n° 83-663 du 22
juillet 1983 et aux articles L. 50 et L. 304 du code de la santé publique.
Ainsi, l'article 37 de la loi du 22 juillet 1983 relative à la répartition des
compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat dispose
que le département est responsable : du service départemental d'action sociale
; du service de l'aide sociale à l'enfance ; de la protection sanitaire de la
famille et de l'enfance ; de la lutte contre les fléaux sociaux, dans les
conditions prévues par le code de la santé publique, c'est-à-dire de la
prophylaxie de la tuberculose et des maladies vénériennes ; du dépistage
précoce des affections cancéreuses et de la surveillance après traitement des
anciens malades ; des actions de lutte contre la lèpre.
Le département, responsable de ces actions, en assure aussi le financement.
En outre, l'article L. 50 du code de la santé publique prévoit que les
services départementaux de vaccination relèvent de la compétence du conseil
général, qui en assure l'organisation.
Enfin, l'article L. 304 du même code confie aux départements les dispensaires
antivénériens.
Considérant que la prévention sanitaire constitue un élément essentiel de la
politique de santé et qu'elle ne saurait relever d'approches fractionnées en
fonction des maladies et des compétences, la commission des affaires sociales,
dans un souci de cohérence, propose de transférer à l'Etat les compétences
prévues par les 4° - lutte contre les fléaux sociaux - 5° - dépistage du cancer
- et 6° - lutte contre la lèpre - de l'article 37 de la loi n° 83-663 et les
articles L. 50 et L. 304 du code de la santé publique.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
M. le rapporteur a raison de souligner l'hétérogénéité
des domaines d'intervention des départements en matière de politique
sanitaire.
Cela nous conduit à envisager le retour à l'Etat des compétences en matière de
santé, qui avaient été conférées aux conseils généraux par la loi de
décentralisation, et en premier lieu celle qui touche à la lutte contre la
tuberculose.
Ce projet a été soumis à l'assemblée des présidents de conseils généraux,
l'APCG, qui n'y semble pas hostile.
Cependant, du fait de ses implications financières et statutaires, il est
difficile, comme le souligne l'APCG, de segmenter la remontée vers l'Etat des
compétences en question.
En première lecture, l'Assemblée nationale a voté, avec l'accord du
Gouvernement, un amendement prévoyant qu'un rapport serait remis au Parlement
sur le transfert des compétences, mais seulement en matière de lutte
antituberculeuse.
C'est pourquoi, à mon avis, il conviendrait en fait, dans le texte adopté par
l'Assemblée nationale, de remplacer les mots : « en matière de lutte contre la
tuberculose » par les mots : « en matière de santé ».
Ainsi le rapport proposé nous permettrait d'être éclairés sur l'ensemble des
transferts susceptibles d'être réalisés. Cela me paraît préférable à la
démarche consistant à segmenter en envisageant une par une les compétences
sanitaires.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La mesure que je présente par cet amendement figurait déjà,
voilà un an, dans le projet de loi de renforcement de la cohésion sociale.
Par le balayage de la loi qui régit le transfert des compétences aux
départements, je propose de reprendre toutes les dispositions concernant la
santé et de les inscrire dans le présent projet de loi. Il ne s'agit donc pas
de segmentation, bien au contraire !
Pour ce qui est des problèmes que soulève la couverture maladie universelle,
c'est un sujet indépendant. Notre amendement n'a qu'une portée sanitaire. Il me
semble urgent qu'il soit adopté, dans l'intérêt de la santé des Français sur
tout le territoire.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat à la santé.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Après les explications qui viennent d'être fournies,
je ne peux qu'être défavorable à l'amendement.
En effet, nous avons accepté, à l'Assemblée nationale, qu'un rapport soit
établi en la matière. On ne peut pas légiférer avant que le rapport nous ait
été remis ! Je proposais donc d'étendre le rapport consacré à la tuberculose à
l'ensemble des sujets qui vous préoccupent.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 91.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
J'ai le plus grand intérêt pour les études et les propositions de l'APCG.
Celle-ci représente, certes, les départements et les présidents de conseils
généraux, mais elle ne peut que formuler des suggestions. C'est au Parlement de
décider !
En ce qui concerne la proposition de M. le secrétaire d'Etat, de telles
mesures mériteraient de faire l'objet d'une navette. L'Assemblée nationale a
manifesté sa position. Il est bon que le Sénat en fasse autant !
C'est pourquoi je voterai l'amendement présenté par la commission des affaires
sociales.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 39
bis
est ainsi rédigé.
A la demande du Gouvernement, nous allons maintenant aborder l'examen du
chapitre IV du titre Ier, relatif à l'exercice de la citoyenneté.
Chapitre IV
Exercice de la citoyenneté
Articles 40 A et 40 B
M. le président.
« Art. 40 A. - Dans l'article L. 411-7 du code du travail, les mots : ", si
elles l'ont exercée au moins un an," sont supprimés. » - (
Adopté.
)
« Art. 40 B. - L'article L. 451-1 du code du travail est complété par deux
alinéas ainsi rédigés :
« Les demandeurs d'emploi peuvent participer aux stages visés au premier
alinéa du présent article dans la limite des durées de douze et dix-huit jours
par période annuelle prévues pour les salariés.
« Les travailleurs involontairement privés d'emploi continuent de bénéficier
du revenu de remplacement auquel ils ont droit pendant la durée des stages
considérés. » - (
Adopté.
)
Article 40 C
M. le président.
« Art. 40 C. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 947
bis
ainsi rédigé :
«
Art. 947
bis. - L'exonération du timbre fiscal exigé pour la
délivrance d'une carte nationale d'identité peut être accordée aux personnes
qui n'ont pas la possibilité d'apporter la preuve d'un domicile ou d'une
résidence dont elles seraient propriétaire ou occupant ou auxquelles la loi n'a
pas fixé une commune de rattachement, sur production d'une attestation
établissant le lien entre le demandeur et un organisme d'accueil figurant sur
une liste établie par le représentant de l'Etat dans le département et, à
Paris, le préfet de police. »
Sur cet article, je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet
d'une discussion commune.
Par amendement n° 244, M. Oudin, au nom de la commission des finances, propose
de rédiger comme suit cet article :
« Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 951
bis
ainsi rédigé :
«
Art. 951
bis. - Les cartes nationales d'identité délivrées aux
personnes dont les ressources ne dépassent pas le montant du revenu minimum
prévu à l'article 3 de la loi n° 88-1088 du 1er décembre 1988 relative au
revenu minimum d'insertion et qui n'ont pas la possibilité d'apporter la preuve
d'un domicile ou d'une résidence dont elles seraient propriétaires ou occupant
ou auxquelles la loi n'a pas fixé une commune de rattachement, sont exonérées
du paiement de la somme prévue par le
c
de l'article 947, sur production
d'une attestation établissant le lien entre le demandeur et un organisme
d'accueil figurant sur une liste établie par le représentant de l'Etat dans le
département et, à Paris, le préfet de police. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 520, présenté par le
Gouvernement, et tendant :
A. - Dans le texte proposé par l'amendement n° 244 pour l'article 951
bis
du code général des impôts, à remplacer les mots : « du paiement de
la somme prévue par le », par les mots : « du droit de timbre prévu au ».
B. - A compléter le texte de l'amendement n° 244 par un paragraphe ainsi
rédigé :
« II. - Les dispositions du I s'appliquent à compter du 1er septembre 1998.
»
C. - En conséquence, à faire précéder le début du texte de l'amendement n° 244
par un I.
Par amendement n° 92, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, dans le texte présenté par l'article 40 C pour l'article 947
bis
du code général des impôts, après les mots : « accordée aux
personnes », d'insérer les mots : « dont les ressources n'atteignent pas le
montant du revenu minimum prévu à l'article 3 de la loi n° 88-1088 du 1er
décembre 1988 relative au revenu minimum d'insertion et ».
La parole est à M. Oudin, rapporteur pour avis de la commission des finances,
du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, pour défendre
l'amendement n° 244.
M. Jacques Oudin,
rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
L'article que nous examinons va dans
le bon sens. En effet, le droit de timbre est souvent un élément dissuasif pour
les personnes sans domicile fixe qui souhaitent se faire délivrer une carte
d'identité.
Dans ces conditions, nous ne pouvons que l'approuver. Toutefois, par cet
amendement, nous proposons une nouvelle rédaction de l'article, afin de
préciser un certain nombre de notions.
Tout d'abord, il est nécessaire que l'exonération soit bien ciblée. Afin
d'éviter tout abus, les ressources des personnes ne devront pas dépasser le
revenu minimum d'insertion. Il semble que ce soit une mesure de bon sens.
Ensuite, la formulation actuelle de l'article 947
bis
nouveau du code
général des impôts n'accorde qu'une faculté d'exonération, dont on ne sait
d'ailleurs qui l'exercera et selon quels critères. Il vous est donc proposé de
remplacer cette faculté d'exonération par une exonération pure et simple,
conformément d'ailleurs à ce qui existe pour les cartes de séjour et les
passeports.
Enfin, il vous est suggéré d'insérer cet article dans le chapitre relatif aux
exonérations, puisque tel est l'objet, et non pas dans le chapitre relatif au
régime normal.
Telles sont les raisons qui nous conduisent à vous proposer cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a déposé un amendement n° 92 qui a pour objet
de prévoir une condition de ressources pour la mise en oeuvre de la gratuité de
la délivrance des cartes nationales d'identité.
Considérant que l'amendement de la commission des finances répond à cet
objectif, je retire l'amendement n° 92 et, par là même, j'indique que je suis
favorable à l'amendement n° 244.
M. le président.
L'amendement n° 92 est retiré.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour défendre le sous-amendement n°
520 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 244.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je rends hommage à la sagesse de M. le rapporteur. En
effet, son amendement était trop restrictif. En revanche, je suis favorable à
l'amendement n° 244 présenté par M. Oudin, c'est-à-dire à l'instauration d'un
critère de ressources afin d'éviter les dérives. Le RMI constitue le niveau
satisfaisant dans le cas considéré.
Cet amendement précise également que la gratuité sera de plein droit et ne
sera plus une faculté soumise à appréciation. Cela constitue un progrès dont je
me félicite.
Je suis donc favorable, je le répète, à cet amendement, sous réserve d'une
modification visant à indiquer que l'impôt visé au C de l'article 947 du code
général des impôts est un droit de timbre et de prévoir une entrée en vigueur
du dispositif au 1er septembre 1998, afin de permettre la mise en place des
modalités administratives d'application. Tel est l'objet du sous-amendement n°
520.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur ce sous-amendement ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission n'a pas examiné ce sous-amendement mais, à
titre personnel, après avoir consulté M. le rapporteur pour avis de la
commission des finances, j'émets un avis favorable. Je lui laisse le soin
d'exposer son argumentation.
M. Jacques Oudin,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Oudin, rapporteur pour avis.
M. Jacques Oudin,
rapporteur pour avis.
Le sous-amendement du Gouvernement nous semble tout
à fait satisfaisant. La première modification est purement rédactionnelle. La
seconde tend à porter la date d'entrée en vigueur de l'exonération au 1er
septembre 1998. Cela semble nécessaire pour s'assurer de la mise en place du
dispositif d'exonération et pour se garantir contre les abus.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 520, accepté par la commission.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 244, accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 40 C est ainsi rédigé.
Article additionnel avant l'article 40
M. le président.
Par amendement n° 296, M. Hyest et les membres du groupe de l'Union centriste
proposent d'insérer, avant l'article 40, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Les personnes ne disposant pas de domicile ou de résidence stable peuvent
faire élection de domicile auprès du service communal de domiciliation. Les
missions de ce service sont précisées par décret en Conseil d'Etat. Elles
peuvent être exercées par des centres intercommunaux ou des associations. Sous
réserve des dispositions législatives ou réglementaires en vigueur, l'élection
de domicile effectuée en application des dispositions qui précèdent vaut pour
l'examen des demandes d'allocation de RMI, d'aide médicale, de prestations
familiales, de carte nationale d'identité, d'inscription sur les listes
électorales, d'inscription des enfants dans les établissements scolaires. La
commune de domiciliation relève du seul choix du demandeur. »
La parole est à M. Richert.
M. Philippe Richert.
Cet amendement vise à contourner les difficultés liées à l'absence de domicile
et à permettre à toute personne de pouvoir se domicilier et voir, avec cette
démarche, un certain nombre de droits s'ouvrir.
Je rappelle la première phrase du texte que nous proposons : « Les personnes
ne disposant pas de domicile ou de résidence stable peuvent faire élection de
domicile auprès du service communal de domiciliation. »
Nous connaissons les grandes difficultés que rencontrent les populations qui
n'ont pas de domicile, notamment pour l'envoi de documents.
Cela est également important en matière de scolarisation des enfants, car des
familles se voient refuser l'inscription de leurs enfants à l'école au motif
qu'elles ne résident pas dans la commune, puisque leur habitat ne leur confère
pas de domicile. C'est le cas, par exemple, des familles issues du monde du
voyage et qui vivent en caravane en l'absence de logement.
La domiciliation n'en doit pas moins rester une étape vers le logement, car il
ne saurait être question de se contenter d'améliorer les conditions de vie en
l'absence de logement.
Il s'agit d'une innovation particulièrement importante que je souhaiterais
voir adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission des affaires sociales a émis un avis
défavorable sur cet amendement.
En effet, si elle comprend l'intention généreuse qui sous-tend la possibilité
de faire élection de domicile auprès du service communal de domiciliation, elle
tient à souligner que cela risque de soulever d'inextricables problèmes de
financement entre collectivités locales du point de vue de la gestion de l'aide
médicale ou de l'aide sociale en particulier.
S'agissant des cartes nationales d'identité et de l'ouverture de droits, je
laisse à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, le soin d'exprimer la position de
la commission des lois.
Pour éviter une déstabilisation du système, les auteurs de l'amendement
seraient bien inspirés de le retirer.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis de la commission des lois constitutionnelles, de
législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration
générale.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
La commission des lois a exactement le même
sentiment que M. le rapporteur. En outre, au-delà de l'aide sociale,
l'amendement comporte une série de dispositions qui vont très loin, notamment
en ce qui concerne l'inscription des enfants dans les établissements
scolaires.
Nous savons bien ce qui se passe en matière de répartition des charges d'une
commune à l'autre et quels contentieux inextricables en résultent.
L'amendement est intéressant dans son esprit et il nous faudra travailler sur
le problème soulevé, mais appliquer immédiatement les dispositions proposées me
paraît très imprudent.
Par conséquent, le retrait de l'amendement serait la meilleure solution.
M. le président.
Monsieur Richert, l'amendement n° 296 est-il maintenu ?
M. Philippe Richert.
Suite aux explications qui viennent de m'être données, je retire l'amendement,
en soulignant toutefois qu'il s'agit là, me semble-t-il, d'une question
particulièrement grave. Je souhaite que nous profitions de l'occasion qui nous
est donnée d'en débattre, car il s'agit vraiment d'un problème très épineux
pour les populations concernées.
Nous discutons de l'exclusion. Or l'absence de domiciliation est l'un des
éléments essentiels qui condamnent des gens à demeurer exclus. Je souhaiterais
donc que nous puissions, dans l'avenir, trouver une solution.
M. le président.
L'amendement n° 296 est retiré.
Article 40
M. le président.
« Art. 40. - I. - La section 1 du chapitre II du titre Ier du livre Ier du
code électoral est complétée par un article L. 15-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 15-1
. - Les citoyens qui ne peuvent fournir la preuve d'un
domicile ou d'une résidence et auxquels la loi n'a pas fixé une commune de
rattachement sont, sur leur demande, inscrits sur la liste électorale de la
commune où est situé l'organisme d'accueil agréé :
« - dont l'adresse figure depuis au moins six mois sur leur carte nationale
d'identité ;
« - ou qui leur a fourni une attestation établissant leur lien avec lui depuis
au moins six mois. »
« II. - L'article L. 18 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé
:
« Toutefois, pour les électeurs mentionnés à l'article L. 15-1, l'indication
du domicile ou de la résidence est remplacée par celle de l'adresse de
l'organisme d'accueil au titre duquel ils ont été inscrits sur la liste
électorale. »
Par amendement n° 149, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, dans le deuxième alinéa du texte présenté par le I de cet article pour
l'article L. 15-1 du code électoral, de remplacer les mots : « six mois » par
les mots : « un an ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit ici de l'inscription des personnes sans
domicile fixe sur les listes électorales d'une commune où est implantée une
association à laquelle les SDF déclarent se rattacher.
Le Gouvernement avait prévu que le rattachement à l'association devait avoir
une antériorité d'un an par rapport à l'inscription sur les listes électorales.
L'Assemblée nationale a ramené ce délai à six mois, mais la commission des lois
vous propose, mes chers collègues, de rétablir le texte dans sa rédaction
initiale.
Ce n'est pas du tout faire preuve d'une méfiance systématique, mais la
révision des listes électorales a lieu tous les ans, et fixer la durée de
rattachement à six mois risque d'amener des phénomènes de fraude et de double
inscription extrêmement difficiles à cerner.
Tout en comprenant bien le désir de stabilisation intellectuelle qui a saisi
nos collègues députés, la commission des lois a jugé plus prudent de revenir à
une domiciliation après un lien d'une année.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission des affaires sociales est globalement favorable
à tous les amendements émanant de la commission des lois sur cet article.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a exprimé sa préférence pour le délai
d'un an, mais comme, à l'Assemblée nationale, il s'en était remis à la sagesse
des députés, il réitère aujourd'hui devant la Haute Assemblée et s'en remet
donc à la sagesse des sénateurs !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 149, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 150, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, dans le troisième alinéa du texte présenté par le I de l'article 40
pour l'article L. 15-1 du code électoral, de remplacer les mots : « six mois »
par les mots : « un an ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'amendement a le même objet que le précédent.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Sagesse.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 150, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 151, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de compléter
in fine
le texte présenté par le I de l'article 40
pour l'article L. 15-1 du code électoral par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions de l'article L. 228 du présent code s'appliquent aux
électeurs inscrits au titre du présent article ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit ici d'un problème différent. C'est une
affaire un peu prudentielle qui se présentera, si vous voulez mon sentiment,
dans un nombre extraordinairement limité de cas.
Certaines associations se sont établies dans de toutes petites communes ; il
s'agit souvent d'établissements de taille importante, ce qui se comprend,
d'ailleurs, car il s'agit d'acheter un château, une ferme par exemple, et d'y
organiser toute une série de services, pour avoir des lieux d'accueil très
conviviaux et très vastes auxquels il est vraisemblable qu'un nombre important
de personnes sans domicile fixe pourront être tentées de se rattacher.
Dès lors, si nous ne prenons aucune précaution, nous pouvons nous trouver
confrontés à une inscription pure et simple de ces personnes sur les listes
électorales, situation que connaissent d'autres communes qui comptent un nombre
important de forains rattachés.
Par ailleurs, l'article 228 du code électoral prévoit que les élus dits
forains ne peuvent pas dépasser la moitié moins un de l'effectif du conseil
municipal, des dispositions diverses étant prévues suivant la taille de la
commune.
Nous vous proposons d'adopter la même disposition pour les personnes sans
domicile fixe. Sinon, nous risquons de voir se multiplier des abus de droit,
voire des manoeuvres délibérées pour déstabiliser les populations des petites
communes.
Je rappelle que c'est un peu l'une des raisons pour lesquelles un avis
défavorable avait été émis tout à l'heure sur l'amendement du groupe
centriste.
Par définition, ces personnes ne sont pas contribuables dans la commune, alors
que le conseil municipal, lui, vote les impôts communaux. Nous devons donc
faire très attention.
Voilà pourquoi il a semblé utile à la commission des lois de faire preuve de
prudence et de prévoir l'extension des mesures relatives aux conseillers
forains aux personnes sans domicile fixe inscrites sur la liste électorale par
ce dispositif.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, le Gouvernement est défavorable
à cet amendement, qui lui semble inutile. En effet, d'une part, l'ensemble des
règles d'éligibilité s'appliqueront d'elles-mêmes aux personnes sans domicile
visées à l'article L. 15-1, comme elles s'appliquent notamment aux autres
situations particulières visées aux articles L. 12 et L. 15 du code électoral -
forains ou nomades disposant d'une commune de rattachement, Français de
l'étranger, militaires et mariniers - et, d'autre part, les personnes inscrites
sur la liste électorale au titre de l'article L. 15-1 puis élues conseillers
municipaux entreront à l'évidence dans la catégorie des conseillers forains au
sens de l'article L. 228, puisque la domiciliation n'emporte pas les effets
juridiques du domicile ou de la résidence.
En revanche, le fait de prévoir expressément, comme le fait l'amendement n°
151, que certaines dispositions du code électoral relatives aux conditions
d'éligibilité sont applicables aux électeurs inscrits sur la liste électorale
au titre de l'article L. 15-1 ouvrirait la voie
a contrario
à une
argumentation selon laquelle d'autres dispositions ne le seraient pas.
Il paraît plus raisonnable de ne pas risquer de ce fait la censure du Conseil
constitutionnel qui, sur le fondement de l'article 3 de la Constitution, a
rappelé dans sa décision 146 DC du 18 novembre 1982 que le législateur ne
pouvait établir de catégories parmi les électeurs et les personnes
éligibles.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement est défavorable à cet
amendement.
M. le président.
Monsieur le rapporteur pour avis, l'amendement n° 151 est-il maintenu ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
J'ai bien écouté M. le secrétaire d'Etat. Je vais
néanmoins maintenir mon amendement et demander au Sénat de bien vouloir
l'adopter pour ouvrir la navette et pour que tous les éléments qui viennent de
nous être donnés et qui ont leur valeur figurent bien dans tous les
considérants finaux de l'adoption du projet de loi.
Cela dit, le fait même que vous veniez de me donner ces éléments, monsieur le
secrétaire d'Etat, va justifier également le maintien de l'amendement n° 152,
qui vise à mentionner le nom de l'association avec l'adresse, de façon que l'on
voie bien le caractère forain des inscriptions en question.
J'invite donc le Sénat à adopter l'amendement n° 151, malgré l'avis négatif du
Gouvernement, de façon que les choses puissent se décanter de manière plus
précise au cours de la navette.
Nous arriverons ainsi, je pense, à éviter que cette domiciliation ne provoque
des coups d'Etat au sein des conseils municipaux.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 151, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 152, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, dans le texte présenté par le II de l'article 40 pour compléter
l'article L. 18 du code électoral, après les mots : « l'indication du domicile
ou de la résidence est remplacée par celle », d'insérer les mots « du nom et
».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Dans mon esprit, cet amendement était une
conséquence de l'amendement n° 151, puisque nous appliquions l'article L. 228
du code électoral à des personnes dont l'inscription ne comportait aucun signe
distinctif du caractère particulier de leur rattachement.
Il faut se rappeler qu'il ne suffit pas de dire que l'association ayant telle
adresse, les gens domiciliés à cette adresse sont dans telle situation ; en
effet, on peut avoir à la même adresse les permanents de l'association qui,
eux, sont des électeurs au sens classique du terme.
Ce que vient de dire M. le secrétaire d'Etat ne fait que renforcer la
nécessité qu'il y a à adopter l'amendement n° 152. Il va bien falloir, en
effet, un point de repère de la catégorie des nouveaux électeurs.
C'est pourquoi cet amendement, qui vise à les repérer sur la liste électorale,
semble d'autant plus important.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
L'article L. 18 du code électoral prévoit les mentions
qui doivent figurer sur la liste électorale, à savoir les nom, prénoms,
domicile et résidence de tout électeur. L'article 40 du projet de loi vise à
ajouter un deuxième alinéa à cet article du code électoral afin de substituer,
pour les sans domicile fixe, l'adresse de l'organisme d'accueil à l'indication
du domicile ou de la résidence de l'électeur.
L'amendement n° 152 tend à adjoindre à l'adresse de l'organisme la mention de
son nom. Cette indication sur une liste qui est publique et qui est à la
disposition permanente de chaque électeur soulignerait la situation sociale
particulière des électeurs concernés et pourrait conduire, pour le moins, à les
mettre en exergue, notamment dans le bureau de vote, ce qui semble tout à fait
contraire à l'objectif de réinsertion sociale et civique que nous poursuivons
par ce projet de loi. Elle ne serait vraisemblablement pas elle-même conforme à
l'article 3 de la Constitution - et vous allez me dire, monsieur le rapporteur,
qu'il est intéressant de le souligner pour la navette - qui, ainsi que l'a
rappelé le Conseil constitutionnel dans la décision dont j'ai fait mention tout
à l'heure, fait interdiction au législateur de distinguer les catégories parmi
les électeurs.
Voilà pourquoi le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n°
152.
M. le président.
Monsieur le rapporteur pour avis, l'amendement n° 152 est-il maintenu ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je comprends bien M. le secrétaire d'Etat, mais les
propos qu'il vient de tenir sont contradictoires avec ce qu'il avait dit tout à
l'heure. C'est la raison pour laquelle je maintiens l'amendement.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Ce n'est pas contradictoire !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 152, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 40, modifié.
(L'article 40 est adopté.)
Article additionnel après l'article 40
M. le président.
Par amendement n° 312, Mme Cerisier-ben Guiga et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 40, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le droit à revenir en France et à y résider doit être effectivement garanti
par l'Etat pour tous les Français.»
La parole est à Mme Cerisier-ben Guiga.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
J'apporte cet amendement depuis une planète dans laquelle la Révolution de
1789 ne semble pas avoir réellement produit tous ses effets, et je n'évoque pas
les autres révolutions qui ont suivi dans notre pays : je veux parler des
postes diplomatiques à l'étranger.
Cet amendement vise, conformément à la philosophie de ce projet de loi, à
rendre un droit fondamental effectif pour tous les citoyens. En effet, le droit
fondamental de revenir sur le territoire national et d'y résider est dénié
fréquemment à de nombreux Français établis à l'étranger.
Que se passe-t-il dans nos consulats ? A nos compatriotes qui demandent l'aide
au rapatriement parce qu'ils sont démunis, il est répondu que « le rapatriement
n'est pas un droit mais une faveur ».
Je vais maintenant parfois employer un vocabulaire qui vous paraîtra désuet,
mais c'est celui qui est en usage dans nos postes diplomatiques. A qui cette «
faveur » est-elle octroyée ? A des « indigents » - c'est le terme en usage, je
n'y puis rien ! - dont l'insertion en France sera absolument garantie par leur
formation intellectuelle ou professionnelle jugée suffisante.
C'est donc la quadrature du cercle ! Si ce Français est devenu indigent, c'est
parce qu'il est très désarmé face aux difficultés sociales et professionnelles
qu'il rencontre dans son pays de résidence et qu'il le sera de toute évidence
encore plus en France. Comme, de plus, c'est souvent un métis, binational, au
statut social dégradé de Madagascar, de Djibouti ou d'Afrique de l'Ouest, un
rejet culturel évident renforce l'analyse négative et souvent justifiée de sa
capacité d'insertion en France.
A l'origine de ce refus d'assurer le retour en France d'un citoyen français en
détresse figure essentiellement l'incapacité d'assumer le coût financier du
rapatriement, tant pour le ministère des affaires étrangères que pour le centre
d'entraide aux rapatriés.
Le facteur aggravant est que les crédits d'aide sociale du ministère des
affaires étrangères, qui sont bloqués à 90,3 millions de francs depuis
plusieurs années - j'ai vérifié le chiffre - ne permettent plus de renouveler
les allocations à durée déterminée consenties à ces indigents, sauf si ces
derniers sont handicapés ou âgés de plus de soixante-cinq ans.
Dans nos postes diplomatiques, tout se passe comme si, en France, on
supprimait brutalement le RMI à un bénéficiaire au motif qu'il le perçoit
depuis six mois ou un an et alors même que sa situation ne s'est pas
améliorée.
La réaction des allocataires totalement privés de ressources et incapables de
trouver un emploi dans des pays où l'activité économique est quasi nulle, comme
c'est le cas à Madagascar ou à Djibouti, est de demander le rapatriement. Cela
explique l'augmentation de ce type de requête, qui est de moins en moins
satisfait.
Il est vrai que, pour des personnes qui ne sont pas adaptées à la vie dans
notre pays, une aide sociale à l'insertion serait préférable à un retour en
France. Mais nous n'avons rien pour ces Français : ni allocation veuvage, ni
allocation de parent isolé, ni allocation orphelin, encore moins de RMI !
Cette situation de détresse non secourue renforce notre détermination à
demander que le droit de revenir en France et d'y résider soit effectivement
garanti par la loi, afin de corriger une pratique administrative qui n'est pas
conforme aux principes fondamentaux de la République et qui, elle, est
malheureusement avérée.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je comprends parfaitement les préoccupations des Français de
l'étranger. Nous n'avons jamais eu pour intention, malgré certains avis que
nous sommes amenés à émettre, d'être indifférents à leur sort.
En revanche, nous nous sommes inscrits dans la philosophie de ce projet de
loi, qui est de permettre l'accès de tous aux droits de tous, sans stigmatiser
ou procéder à des discriminations positives en faveur de telle ou telle
catégorie de Français en fonction de leur situation territoriale, qu'ils soient
en France ou hors de France.
Cet amendement, qui porte sur le grave problème du rapatriement - et non pas
seulement du retour - des personnes en difficulté à l'étranger pourrait, me
semble-t-il, dans sa rédaction actuelle, soulever des difficultés au regard de
la conduite des relations internationales de la France, s'agissant notamment de
personnes frappées, à tort ou à raison, par des décisions de justice à
l'étranger.
C'est pourquoi la commission souhaiterait connaître l'avis de la commission
des lois...
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
C'est le même !
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
... et, en tout cas, être éclairée par celui du
Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement éclairera modérément !
Madame le sénateur, nous sommes là entre une logique qui appartiendrait aux
affaires sociales et une autre logique qui appartiendrait aux affaires
étrangères.
Je suis sensible, comme M. le rapporteur, à vos arguments. Mais, pour avoir
beaucoup voyagé dans des conditions difficiles, je trouve très dangereux de
prévoir une formulation aussi large, qui dépasse à l'évidence l'intention de
ses auteurs et le cadre du projet de loi relatif à la lutte contre les
exclusions.
Cette formulation est en effet susceptible d'encourager des départs à
l'étranger sans qu'ait été prévu le financement du retour, qui incomberait
alors à l'Etat, ce qui est tout de même un peu désolant, ne serait-ce qu'au
regard de l'article 40 de la Constitution. Personne, ici, ne le souhaite.
En revanche, sur le problème important que vous soulevez, nous sommes très
sensibles à la condition de nos compatriotes en difficulté à l'étranger. Je
crois que Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité a promis qu'un
rapport soit confié à une personnalité pour que nous puissions voir ensemble
dans quelles circonstances, comment et selon quelles modalités de financement,
nous pourrions faire face à ces demandes.
En attendant, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n°
312.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 312.
Mme Cerisier-ben Guiga.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
J'ai été tout à fait sensible à vos arguments, monsieur le secrétaire d'Etat.
Je comprends parfaitement que l'on s'inquiète de la capacité de financer une
règle aussi générale.
Néanmoins, il est quand même aberrant d'entendre dire que le droit a être
rapatrié vers la France est une « faveur ». Nous nous inscrivons là dans une
logique qui n'est pas du tout la logique républicaine.
Si vous saviez comment sont reçus nos malheureux compatriotes en détresse dans
nos consulats qui, certes, n'en peuvent mais, en raison d'un manque réel de
moyens ! On leur oppose une attitude paternaliste, une attitude de rejet, qui
est insupportable quand on pense aux principes de l'égalité républicaine.
M. Jean Chérioux.
C'est l'assistance généralisée !
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Quant
le Titanic
fait naufrage et qu'on est à proximité, on envoie des
bouées à ceux qui se noient ! Quand des Français sont en perdition dans des
pays eux-mêmes en perdition, la moindre des choses me paraît être de leur
lancer aussi une bouée. Il ne s'agit pas d'assistance !
Je maintiendrai cet amendement, parce que le droit de revenir dans le pays
natal est garanti par des pays beaucoup plus pauvres que la France. Ainsi, en
1945, la Finlande, dont la population était de cinq millions d'habitants, a
accueilli sans lésiner sur les moyens un million de réfugiés ! Par ailleurs, en
Israël, le droit à l'alyah est parfaitement reconnu et les moyens nécessaires
sont mis en oeuvre. Mais la France, quant à elle, ne prévoit rien, ni aide
locale ni aide au retour en France pour des Français qui n'ont pas réussi leur
expatriation et qui rencontrent les plus grandes difficultés.
Ces gens font naufrage, et nous ne leur lançons pas la bouée de secours que
l'on doit jeter à un compatriote. C'est pourquoi je tiens à témoigner et à
maintenir cet amendement.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Madame le sénateur, permettez-moi de vous dire que je
vous trouve excessive. Je comprends - les opérations de sauvetage, je m'y
connais un peu ! - le souci qui vous anime : vous voulez que soient secourus
nos compatriotes en détresse à l'étranger. Mais c'est ce qui se passe dans tous
les cas !
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Non !
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Certes, je sais quelles difficultés il y a à frapper à
la porte d'un consulat et je sais quel accueil - très variable, d'ailleurs,
suivant les postes - est réservé à nos compatriotes.
Mais vous êtes en train de demander, madame, que, quelles que soient les
modalités du voyage, le retour soit assuré. Il y a là, par rapport aux
difficultés que l'on doit affronter quand on prend une décision d'expatriation,
quelque chose d'excessif que je tiens à souligner.
Je reconnais cependant volontiers qu'il serait d'abord nécessaire que
l'accueil dans nos consultats comme dans nos ambassades, quelles que soient la
nature et les conditions de celui qui frappe à la porte, soit parfois meilleur.
Je vous l'accorde, je l'ai expérimenté moi-même.
Cela étant, vous évoquez le droit au retour en prenant des exemples qui ne
sont vraiment pas en rapport avec le texte que nous examinons. L'aventure qui
consiste - je vous le dis comme je le pense, à titre tout à fait personnel - à
aller affronter des risques à l'étranger est noble. Mais je pense que l'on doit
également concevoir qu'en cas d'échec on se rapatriera soi-même, sauf dans
certains cas très particuliers où, finalement, la France le fera.
Aussi, établir ce dispositif dans la loi serait excessif.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 312, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 41
M. le président.
« Art. 41. - Le dernier alinéa de l'article 13 de la loi n° 91-647 du 10
juillet 1991 relative à l'aide juridique est complété par deux phrases ainsi
rédigées :
« S'il n'a pas de domicile, le demandeur peut adresser sa demande au bureau
d'aide juridictionnelle établi au siège de la juridiction dans le ressort de
laquelle se trouve l'organisme d'accueil choisi par lui. Pour les besoins de la
procédure d'aide juridictionnelle, le demandeur est réputé domicilié audit
organisme d'accueil. » - (
Adopté.
)
Article 41
bis
M. le président.
« Art. 41
bis
. - Les personnes condamnées à une peine d'emprisonnement
ont droit, pendant l'exécution de leur peine, à une information sur leurs
droits sociaux de nature à faciliter leur réinsertion. »
Par amendement n° 153, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet article a été introduit à l'Assemblée nationale
et consacre le droit des personnes condamnées à une peine d'emprisonnement à
être informées sur leurs droits sociaux, de manière à faciliter leur
réinsertion.
Cette mesure ressortit strictement au domaine réglementaire. Elle fait partie,
d'ailleurs, des consignes données à tous les directeurs d'établissements
pénitentiaires. Par conséquent, il n'y a pas lieu de la faire figurer dans le
projet de loi.
C'est la raison pour laquelle la commission des lois vous propose la
suppression de cet article additionnel issu de l'Assemblée nationale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je comprends les scrupules qui animent bien légitimement la
commission des lois. Cependant, je crois que le dispositif de cet article peut
avoir un effet mobilisateur auprès des services pénitentiaires et qu'elle a sa
place dans ce projet de loi.
Cela étant, monsieur le président, je souhaiterais recueillir l'avis du
Gouvernement avant d'arrêter la position définitive de la commission des
affaires sociales.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Je considère que l'article 41
bis
est bon et je
suis défavorable à sa suppression.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
La commission des lois est toujours un peu hostile
au caractère pédagogique de certaines dispositions législatives, surtout quand
elles ne sont assorties d'aucune sanction.
Toutefois, dans la mesure où il semble y avoir consensus général, je crois
pouvoir m'autoriser à retirer l'amendement.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Merci !
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je suis très sensible au geste de M. le rapporteur pour avis
de la commission des lois et je tiens à l'en remercier très chaleureusement.
M. le président.
L'amendement n° 153 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 41
bis
.
(L'article 41
bis
est adopté.)
A la demande du Gouvernement, nous allons maintenant examiner les dispositions
du chapitre V du titre II, relatif à l'éducation et à la culture.
Chapitre V
Droit à l'égalité des chances
par l'éducation et la culture
Article 74
M. le président.
« Art. 74. - L'accès de tous à la culture, à la pratique sportive, aux
vacances et aux loisirs constitue un objectif national. Il permet de garantir
l'exercice effectif de la citoyenneté.
« La réalisation de cet objectif passe notamment par le développement de la
formation dans le secteur de l'animation et des activités périscolaires,
l'organisation d'activités sportives hors du temps scolaire et la
sensibilisation des jeunes qui fréquentent les structures de vacances et de
loisirs collectifs aux questions de société. Elle passe également par le
développement des hébergements touristiques à caractère social et familial et
l'organisation du départ en vacances des personnes rencontrant des difficultés
pour bénéficier de ce droit.
« L'Etat, les collectivités territoriales, les organismes de protection
sociale, les entreprises et les associations contribuent à la réalisation de
cet objectif.
« Ils peuvent mettre en oeuvre des programmes d'action concertés pour l'accès
aux pratiques artistiques et culturelles. Dans ce cadre, les établissements
culturels financés par l'Etat s'engagent à lutter contre les exclusions au
titre de leur mission de service public. »
Sur l'article, la parole est Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Monsieur le président, comme vous venez de l'indiquer, c'est à la demande du
Gouvernement que nous examinons maintenant ce chapitre V, modifiant ainsi
l'ordre d'examen normal des articles.
Dans ces conditions, je pensais que Mme la ministre déléguée chargée de
l'enseignement scolaire serait au banc du Gouvernement !
M. le président.
Le Gouvernement est représenté : M. Kouchner est présent.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Vous ne m'avez pas remarqué ? Je suis là !
(Sourires.)
Mme Hélène Luc.
Je comprends que M. le secrétaire d'Etat à la santé ait participé à la
discussion du chapitre relatif à la santé, mais je regrette, maintenant que
nous abordons le chapitre consacré à l'éducation et la culture, l'absence de
Mme Ségolène Royal, d'autant que nous avons déjà évoqué avec elle de nombreux
problèmes relatifs au présent texte.
Cette remarque n'est pas du tout désobligeante à votre égard, monsieur le
secrétaire d'Etat : je reconnais même que vous avez le mérite de rester parmi
nous.
M. Gérard Braun.
Il faut reporter la discussion !
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
M'autorisez-vous à vous interrompre, madame Luc ?
Mme Hélène Luc.
Je vous en prie !
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, avec l'autorisation de l'orateur.
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Mme Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de
l'enseignement scolaire et M. Claude Allègre, ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la technologie, assistent à la conférence sur
la famille.
Mme Hélène Luc.
Oui, mais moi, j'aurais souhaité leur présence ici !
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
N'ayant pas le don d'ubiquité, ils ne peuvent être à
la fois, si je puis dire, au four et au moulin ! Je suis donc là pour les
représenter, avec mes faibles capacités et mes limites, que je vous prie de
bien vouloir excuser.
(Sourires.)
M. Christian de La Malène.
Reportons le débat !
M. le président.
Veuillez poursuivre, madame Luc !
Mme Hélène Luc.
L'article 74 aurait dû venir en discussion en fin d'après-midi ou cette nuit.
De plus, j'avais beaucoup d'obligations ce matin, notamment à ma permanence, où
je devais recevoir des habitants de Choisy-le-Roi. J'ai dû reporter ces
rendez-vous, parce que le Gouvernement a modifié l'ordre du jour. Je pensais
donc que Mme la ministre chargée de l'enseignement scolaire serait présente !
Je ne peux donc, je le répète, que regretter son absence.
Mais j'en reviens, monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes
chers collègues, à l'article 74.
L'exclusion ne s'arrête pas aux portes de l'école. Le débat l'a rappelé à
plusieurs reprises, elle fragilise durablement, ses effets agissent sur toutes
les dimensions de la vie, les enfants, les jeunes sont frappés de plein fouet.
Pour eux, celle-ci a comme effet spécifique d'agir négativement sur
l'acquisition des apprentissages, des connaissances, sur le développement de
l'autonomie, des potentiels intellectuels, de la personnalité, d'obérer
gravement un avenir en construction et que la France se doit pourtant d'assurer
pour les siens et pour son propre essor.
L'exclusion prive l'enfant et le jeune de la disponibilité intellectuelle -
mais physiologique également : les deux sont liés - disponibilité si nécessaire
pour pouvoir être attentif, se concentrer, apprendre, se former.
C'est pourquoi il faut agir sur l'amélioration de cet environnement, et c'est
tout le sens des mesures sociales à prendre en termes de bourses scolaires, de
sécurité sociale, de prise en compte du quotient familial, d'allocation de
rentrée, dont les montants devraient permettre d'assurer la gratuité réelle de
l'enseignement et des activités qui s'y rattachent.
C'est tout le sens des aides qui se sont développées, et permettez-moi de
rappeler que le Val-de-Marne fut précurseur dans les aides à la restauration
scolaire qui, dans de nombreux cas - de trop nombreux cas, hélas ! - ont eu
pour effet de permettre à des enfants de bénéficier tout simplement de leur
seul vrai repas de la journée. Cela vous intéresse sans doute, monsieur le
secrétaire d'Etat à la santé !
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Oui ! Merci, madame le sénateur.
Mme Hélène Luc.
Or nous savons depuis que de nombreuses collectivités ont décidé de faire de
même, et les bourses des collèges, que le Gouvernement a rétablies, complètent
ces aides.
Pour toutes ces raisons, nous avons déposé plusieurs amendements destinés à
compléter, à améliorer et à renforcer les mesures de ce type.
Dans le système éducatif, l'exclusion est un facteur qui pèse sur la
possibilité de réussite de chaque enfant.
Ses conséquences négatives peuvent se cumuler, se développer si l'école
elle-même ne bénéficie pas d'une politique mettant en oeuvre des moyens et des
dispositifs particuliers d'envergure.
L'école peut et doit agir en son sein contre les difficultés liées à la
détresse sociale, à la grande pauvreté. C'est tout le sens de la politique
d'affectation de moyens inégalitaires pour lutter contre les inégalités. Je
vise bien entendu ici la politique des ZEP, qui doit trouver un nouveau souffle
et être dotée de moyens importants, comme l'ont rappelé M. le Premier ministre
et Mme la ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire en conclusion
des Assises nationales qui se sont tenues à Rouen en présence de 2 000 acteurs
des ZEP et auxquelles j'ai assisté en compagnie de mon ami Robert Pagès.
Malheureusement, Mme la ministre déléguée et M. le Premier ministre n'ont pas
annoncé la mise en oeuvre de moyens nouveaux en faveur de ces ZEP, et je peux
vous dire, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'une grande inquiétude règne.
Mais, pour vraiment traduire en actes concrets la volonté de démocratisation
et de lutte contre l'échec et les difficultés scolaires, il faut réellement et
significativement « donner plus à ceux qui ont le moins », selon l'expression
qui fut reprise durant plusieurs semaines par le puissant mouvement de
Seine-Saint-Denis.
Il faut en finir avec le recours à la calculette et à la règle de trois, qui
aboutit à des fermetures de classes ou à des réductions de moyens
inacceptables. Or nous n'en sommes pas encore sortis, puisque je suis saisie de
nombreuses situations où le couperet est tombé pour la rentrée prochaine dans
des ZEP. Il en est ainsi, par exemple, au collège Matisse de Choisy-le-Roi où,
parce qu'il y a trente élèves en moins, on a supprimé deux postes de
professeur, des heures d'éducation artistique et un demi-poste de
surveillant.
Les actes doivent être significatifs en termes budgétaires pour aboutir à
l'allégement des effectifs, aux dédoublements nécessaires, à
l'individualisation la plus poussée possible, clé indispensable pour retisser
un lien efficace entre l'école et les jeunes en grande difficulté.
Cela passe par une prise en charge globale et aussi préventive que possible,
dans laquelle enseignants et non-enseignants, assistants sociaux, psychologues
scolaires, rééducateurs des RASED, personnels de santé scolaire, médecins et
infirmiers, conseillers d'orientation, psychologues, conseillers d'éducation,
équipes administratives, surveillants, CDI, personnels ATOSS, puissent jouer
leur rôle d'écoute, de soutien, de référents en matière de droits et de
devoirs, de maintien de la discipline et de lutte contre la violence,
d'intercesseurs avec les familles et tous les partenaires.
C'est pourquoi, en citant toutes les compétences requises, j'ai voulu mettre
l'accent sur l'importance qu'il y a à créer des postes à la hauteur nécessaire
et à recruter des personnels pour que, partout, des équipes soient complètes et
en capacité d'assurer les suivis nécessaires.
A cet effet, nous proposons, par deux amendements, de souligner la nécessité
et la priorité des moyens correspondants ainsi que le rôle des ZEP.
J'interviendrai plus particulièrement, par une question orale, le 23 juin
prochain, sur la psychologie scolaire et, avec mes collègues du groupe
communiste républicain et citoyen, je veillerai à ce que le prochain budget de
l'éducation nationale soit véritablement porteur de ces exigences, qui sont
celles d'un pays soucieux de permettre à chaque jeune de développer pleinement
tous ses talents.
La loi sur l'exclusion doit être porteuse des conditions fortes de la réussite
de chaque enfant des familles en difficulté.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je
voudrais d'abord m'associer aux critiques de Mme Hélène Luc concernant la
représentation du Gouvernement. Ce n'est pas une critique ou une attaque contre
M. le secrétaire d'Etat à la santé, mais, c'est vrai, nous aurions aimé que Mme
Trautmann et Mme Royal puissent trouver le temps de venir participer à nos
réflexions ce matin.
Mais j'en reviens à l'article 74.
Comme le disait Jean Vilar : « La culture est le souci de ceux qui veulent
apprendre. Et qui ne le peuvent. Non pas seulement pour des raisons d'argent.
Ou de temps. En un domaine aussi vaste, illimité, il faut, pour ne pas être
désespéré, après de vains efforts, être conduit et conseillé ».
L'accès de tous à la culture est toujours malheureusement, plus de vingt ans
après, un voeu pieux.
La dernière étude de M. Olivier Donnat sur les pratiques culturelles des
Français, qui paraîtra le 24 juin prochain, démontre à quel point la
fréquentation des lieux culturels, en particulier par les moins favorisés de
nos concitoyens, reste insuffisante : seuls 16 % des Français de quinze ans et
plus se sont rendus au théâtre dans les douze derniers mois, 11 % à un concert
de musique, 7 % à un concert de jazz. Par ailleurs, si l'on examine la
fréquentation des théâtres, les catégories socio-professionnelles les plus
représentées sont les cadres et les professeurs, pour 44 %, les professions
intermédiaires, pour 21 %, les ouvriers non qualifiés et les agriculteurs ne
représentant chacun que 5 %. En outre, sur une période de cinq ans, ces
chiffres de fréquentation sont malheureusement stables, et l'écart se
creuserait encore plus entre les extrêmes de l'échelle sociale.
Face à cette situation, comme l'a déclaré Mme Catherine Trautmann le 26
février dernier, il faut réaffirmer et renforcer l'objectif de démocratisation
de la culture.
C'est là, nous semble-t-il, l'esprit de l'article 74, consacré à l'égalité des
chances dans le domaine de la culture et de l'éducation, article que les
sénateurs socialistes approuvent totalement.
La démocratisation de la culture, nous le savons, ne passe pas seulement par
les politiques tarifaires. Il est prouvé que celles-ci favorisent
prioritairement les initiés, ceux qui consomment déjà de la culture. Il existe
néanmoins des expériences réussies ; je pense à la Fête de la musique, créée en
1981, ou encore aux dimanches gratuits du Louvre, qui attirent des populations
très diversifiées. On peut d'ailleurs noter qu'après le cinéma les musées
arrivent en deuxième position en ce qui concerne les pratiques culturelles des
Français.
En outre, en tant qu'élue parisienne, je ne peux que saluer l'initiative de la
nouvelle majorité du conseil régional d'Ile-de-France, qui vient de décider de
mettre en place un chèque théâtre.
Mais, plus que jamais, nous réaffirmons que la démocratisation de la culture
passe d'abord par la formation. Les chiffres précités laissent entendre que
ceux qui n'ont pas eu la chance d'évoluer dans un milieu familial acoutumé à la
fréquentation des lieux culturels ne peuvent prendre la décision d'aller à la
rencontre de créations de l'esprit s'ils n'ont pas bénéficié d'une formation
qui leur en transmet le goût. C'et pourquoi il est indispensable que tous les
enfants bénéficient d'une formation en milieu scolaire ; c'est ce que prévoit
l'article 74.
Toutefois, toujours au vu des chiffres de fréquentation culturelle, il nous
semble important de ne pas laisser à l'écart nos concitoyens qui n'auront pas
eu cette chance dans leur jeunesse. Il faut développer les actions de
sensibilisation - rencontres avec des artistes, des responsables d'institutions
ou d'événements culturels - et d'initiation - cours d'histoire, de théâtre,
d'arts plastiques, ainsi que les pratiques en amateur. Les dispositions de
l'article 74 doivent donc être amendées dans ce sens.
J'ajoute que la culture, parce qu'elle crée du lien social, est un puissant
vecteur de réinsertion. Chaque jour, de nombreuses associations travaillent
dans les quartiers difficiles. A cet égard, je veux citer le travail
remarquable fait par le metteur en scène et auteur dramatique Armand Gatti avec
les exclus.
Je laisserai également la conclusion à Jean Vilar, qui disait : « La culture,
intimement liée à l'enseignement, reste seule à veiller sur l'être humain au
moment même où l'école l'abandonne. »
M. le président.
Par amendement n° 112, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger comme suit le début du premier alinéa de
l'article 74 : « L'égal accès de tous... »
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles.
Cet
amendement tend à compléter la rédaction du premier alinéa de l'article 74 afin
de préciser que l'objectif national est constitué par l'égal accès de tous à la
culture et aux loisirs.
Le principe d'égalité permet, comme l'ont admis les jurisprudences
constitutionnelle et administrative, au nom de l'équité, d'établir des
discriminations positives. Néanmoins, au-delà des actions concernant des
publics spécifiques ou des zones géographiques déterminées, l'accès à la
culture doit être égal pour tous.
Je souligne, par ailleurs, que cette rédaction ne constitue pas une innovation
dans la mesure où le treizième alinéa du préambule de la Constitution de 1946
proclamait déjà le principe de « l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à
l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture ».
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 112, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 409, Mme Pourtaud, MM. Lagauche, Sérusclat, Mme Derycke et
les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première
phrase du premier alinéa de l'article 74, après les mots : « L'accès de tous »,
d'insérer les mots « , tout au long de la vie, à la formation ; ».
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Dans le prolongement de mon intervention précédente, cet amendement vise à ne
pas limiter la formation aux jeunes, afin de remplir l'objectif d'un accès de
tous à la culture.
Il est clair, comme l'attestent les chiffres de l'étude d'Olivier Donnat sur
les pratiques culturelles des Français, auxquels j'ai fait référence, qu'il
faut prendre en compte toutes les générations et les situations sociales, et
non pas seulement les jeunes.
Les sénateurs socialistes valident totalement l'idée de renforcer la
possibilité d'activités artistiques et culturelles en milieu scolaire et
périscolaire, car c'est la condition nécessaire d'une fréquentation régulière
et durable des lieux culturels. Ils souhaitent cependant élargir et garantir ce
droit à tous les âges de la vie, et notamment à nos concitoyens qui, en raison
de leur entourage familial ou social, n'ont pas eu la chance de bénéficier
d'une formation dans leur jeunesse.
Rappelons d'ailleurs que le préambule de la Constitution de 1946 dispose que «
la nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à
la formation professionnelle et à la culture ».
Il s'agit là moins d'un article normatif que d'un article posant principe. Je
tiens à souligner qu'un des moyens de sa mise en oeuvre sera, dans un premier
temps, l'application de la charte des missions de service public pour le
spectacle vivant, proposée par Mme Trautmann. Cette charte insiste sur la
fonction particulière de réconciliation sociale que peuvent remplir les
artistes et les acteurs culturels envers les populations exclues pour des
raisons éducatives, économiques ou physiques.
Telles sont les raisons pour lesquelles les sénateurs socialistes proposent,
par cet amendement, un droit d'accès à la formation pour tous « tout au long de
la vie ».
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement vise à étendre à tous l'accès à la culture, à
la pratique sportive et à la formation.
L'accès à la formation comme objectif national est déjà pris en compte par la
loi de 1971 relative à la formation professionnelle, qui précise qu'elle
constitue une obligation nationale.
De surcroît, le préambule de la Constitution de 1946 dispose, dans son
treizième alinéa, que : « La nation garantit l'égal accès de l'enfant et de
l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. »
La commission des affaires sociales est donc défavorable à cette référence à
la formation dans un chapitre traitant de l'accès à la culture et à
l'éducation.
En revanche, l'amendement tend à insérer une précision, à savoir l'accès de
tous « tout au long de la vie », qui paraît utile.
La commission serait donc favorable à l'amendement si Mme Pourtaud acceptait
de supprimer les mots « de la formation ».
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
La commission des affaires culturelles n'a pas eu à
connaître de cet amendement, mais elle ne pourrait qu'être favorable au
principe qui le sous-tend.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement émet un avis favorable.
M. le président.
Madame Pourtaud, acceptez-vous de rectifier l'amendement dans le sens souhaité
par la commission ?
Mme Danièle Pourtaud.
M. le rapporteur l'a dit, le principe du droit à la formation est garanti par
la Constitution.
J'attire cependant son attention sur le fait qu'assurer la formation
professionnelle aux exclus, qui, par définition, ne sont pas entrés dans le
système productif, n'est pas quelque chose d'évident. Mon amendement ne me
semble donc pas redondant par rapport à la Constitution.
Toutefois, si le Sénat, dans sa sagesse, veut bien accepter l'amendement dans
la rédaction proposée par la commission, j'accède à la demande de M. le
rapporteur.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 409 rectifié, présenté par Mme Pourtaud,
MM. Lagauche, Sérusclat, Mme Derycke et les membres du groupe socialiste et
apparentés, et tendant, dans la première phrase du premier alinéa de l'article
74, après les mots : « L'accès de tous », à insérer les mots : « , tout au long
de la vie, ».
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je remercie Mme Pourtaud d'avoir accepté de rectifier son
amendement, sur lequel j'émets, bien sûr, un avis favorable.
M. le président.
Le Gouvernement maintient-il son avis sur cet amendement rectifié ?
M. Bernard Kouchner.
secrétaire d'Etat.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 409 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 94, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de supprimer la seconde phrase du premier alinéa de l'article
74.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cette phrase que nous voulons supprimer précise que l'accès
de tous à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux loisirs
permet de garantir l'exercice effectif de la citoyenneté. Une telle formulation
nous a semblé inadéquate.
Si l'accès de tous à la culture, à la pratique sportive, aux vacances et aux
loisirs constitue une condition nécessaire à l'insertion sociale, il ne peut
garantir, en lui-même, l'exercice effectif de la citoyenneté. Le projet de loi
comporte d'ailleurs un chapitre consacré spécifiquement à l'exercice de la
citoyenneté, qui traite principalement du droit de vote, lequel ne saurait être
mis sur le même plan que l'accès aux loisirs.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement émet un avis défavorable.
Il a accepté, à l'Assemblée nationale, l'amendement introduisant cette seconde
phrase.
L'article n'avait pas été proposé par le ministère de l'éducation nationale,
mais ce dernier s'estime néanmoins concerné.
Quant au deuxième alinéa, il donne, à notre avis, de la solidité à un article
déclaratif dont les conditions de mise en oeuvre doivent être éclairées.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 94, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 410, Mme Pourtaud, MM. Lagauche, Sérusclat, Mme Derycke et
les membres du groupe socialiste et apparentés proposent :
I. - De supprimer le deuxième alinéa de l'article 74.
II. - Après le quatrième alinéa de cet article, d'insérer un alinéa ainsi
rédigé :
« La réalisation de cet objectif passe notamment par le développement de la
formation dans le secteur de l'animation et des activités périscolaires,
l'organisation d'activités sportives hors du temps scolaire et à la
sensibilisation des jeunes qui fréquentent les structures de vacances et de
loisirs collectifs aux questions de société. Elle passe également par le
développement des hébergements touristiques à caractère social et familial et
l'organisation du départ en vacances des personnes rencontrant des difficultés
pour bénéficier de ce droit. »
Par amendement n° 113, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger ainsi le deuxième alinéa de l'article 74 :
« La réalisation de cet objectif passe notamment par le développement des
enseignements artistiques dispensés dans les établissements scolaires,
l'organisation d'activités sportives et culturelles hors du temps scolaire,
l'aide à la formation dans le secteur de l'animation et des activités
périscolaires ainsi que des actions de sensibilisation des jeunes fréquentant
les structures de vacances et de loisirs collectifs. Elle passe également par
le développement des hébergements touristiques à caractère social et familial
et l'organisation du départ en vacances des personnes en situation d'exclusion.
»
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 390, présenté par Mme Luc,
MM. Renar, Ralite et les membres du groupe communiste républicain et citoyen,
et tendant, dans la seconde phrase du texte proposé par l'amendement n° 113
pour le deuxième alinéa de l'article 74, à remplacer le mot : « hébergements »
par le mot : « structures ».
Par amendement n° 95, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, à la fin de la seconde phrase du deuxième alinéa de
l'article 74, de remplacer les mots : « rencontrant des difficultés pour
bénéficier de ce droit » par les mots : « en situation d'exclusion ».
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 410.
Mme Danièle Pourtaud.
Il s'agit d'un simple amendement rédactionnel qui, pour faciliter la lecture,
tend à modifier l'ordre des paragraphes afin de permettre une meilleure
cohérence des alinéas entre eux.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement
n° 113.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Cet amendement, outre quelques améliorations
rédactionnelles, vise à apporter une amélioration de fond, en rappelant que les
enseignements artistiques dispensés dans les établissements scolaires
contribuent, en application de la loi du 16 janvier 1988, à l'égalité d'accès à
la culture.
La commission des affaires culturelles a souvent souligné, pour le regretter,
que cette loi n'était qu'imparfaitement appliquée et que l'école avait vocation
à être le lieu privilégié de lutte contre les exclusions, en particulier dans
le domaine culturel.
M. Philippe Meirieu a évoqué devant la commission des affaires culturelles, le
13 mai dernier, les attentes des jeunes lycéens concernant l'acquisition d'une
culture commune. Il me semble essentiel de faire référence, dans cet article,
au rôle que doit jouer l'éducation nationale dans ce domaine.
M. le président.
La parole est à M. Ralite, pour défendre le sous-amendement n° 390.
M. Jack Ralite.
Il était commun de lire, il y a quelques années, que nous entrions dans l'ère
des loisirs. C'était, il est vrai, une époque où notre pays connaissait le
plein emploi et bénéficiait d'une possibilité nouvelle d'accéder au temps
libre.
Malheureusement, les effets de la crise économique pèsent aujourd'hui très
durement sur un grand nombre de nos concitoyens, notamment en matière de
tourisme et de loisirs.
Bien sûr, les explications varient. Certaines n'hésitent pas à évoquer un
changement dans les pratiques touristiques de nos compatriotes : les familles
partiraient plus souvent et moins longtemps. Soit !
De fait, la fragilité économique de certaines familles prive celles-ci du
droit élémentaire au tourisme, aux loisirs, et la notion de congés payés, pour
ces personnes en situation d'exclusion, n'a guère plus de sens.
L'article 74 du texte qui nous est proposé introduit le droit au tourisme pour
ceux que l'exclusion rejette, ce dont nous nous félicitons.
A cette fin, le ministère du tourisme, à condition de voir ses moyens
renforcés, pourrait mettre en oeuvre une politique déterminée dans la défense
de cette cause.
Cette politique ne passe pas seulement par le développement d'hébergements
touristiques adaptés. C'est pourquoi, par notre amendement, nous proposons de
remplacer le mot : « hébergements » par le mot : « structures », qui permet une
définition plus large du champ de la politique touristique à mettre en
oeuvre.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 95 et pour
donner l'avis de la commission sur les amendements n°s 410 et 113, ainsi que
sur le sous-amendement n° 390.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Notre amendement tend à améliorer la rédaction de l'article
pour rétablir la cohérence de l'ensemble.
Toutefois, nous estimons qu'il est préférable de retenir l'amendement n° 113
de la commission des affaires culturelles. Par conséquent, nous retirons
l'amendement n° 95 à son profit.
M. le président.
L'amendement n° 95 est retiré.
Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'amendement n° 410 nous paraît également satisfait, et même
au-delà, par l'amendement n° 113. Par conséquent, je suggère à ses auteurs de
le retirer, comme nous l'avons fait pour l'amendement n° 95.
La commission est, bien-sûr, très favorable à l'amendement n° 113, au profit
duquel elle a retiré le sien.
Enfin, la commission, bien qu'elle s'interroge sur la portée des modifications
qui y sont proposées, s'en remet à la sagesse du Sénat pour ce qui est du
sous-amendement n° 390.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 113
parce que, très précisément, il vise à instaurer une aide à la formation dans
le secteur de l'animation ; cet ajout ne relève ni de la logique de l'article
74 ni de ce projet de loi. Le Gouvernement préfère s'en tenir à la rédaction
adoptée par l'Assemblée nationale.
Le sous-amendement n° 390 apporte une précision rédactionnelle intéressante :
le Gouvernement l'accepte.
Le Gouvernement est également favorable à l'amendement n° 410, qui vise à
modifier l'ordre des paragraphes.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je comprends mal la position de M. le secrétaire
d'Etat : comment peut-il être favorable au sous-amendement n° 390 et
défavorable à l'amendement n° 113 alors que l'un affecte l'autre ?
Par ailleurs, je rappellerai que le programme du Gouvernement prévoit la mise
en place d'une aide à la formation d'animateurs. Nous pensons simplement que,
indépendamment des actions prévues dans le domaine parascolaire, il est
important de rappeler que le premier devoir de l'école est d'être le lieu de
lutte contre les exclusions.
Je ne vois pas en quoi le fait d'affirmer ici l'importance de la pratique
culturelle à l'école serait contradictoire avec la position du Gouvernement par
ailleurs. J'insiste donc pour que le Sénat adopte l'amendement n° 113.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 410, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 390, accepté par le Gouvernement et
pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 113, accepté par la
commission et repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 114 rectifié
bis
, M. Richert, au nom de la commission
des affaires culturelles, propose de remplacer le dernier alinéa de l'article
74 par deux alinéas ainsi rédigés :
« Ils peuvent mettre en oeuvre des programmes d'action concertés pour l'accès
aux pratiques artistiques et culturelles.
« Au titre de leur mission de service public, les établissements culturels
financés par l'Etat ont pour obligation de lutter contre les exclusions. »
Cet amendement est assorti de deux sous-amendements.
Le premier, n° 382 rectifié
bis
, présenté par MM. Renar, Ralite et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, tend, dans le second
alinéa du texte proposé par l'amendement n° 114 rectifié
bis
, après les
mots : « culturels financés », à insérer les mots : « pour partie ou
entièrement ».
Le second, n° 383 rectifié
bis,
déposé également par MM. Renar, Ralite
et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, vise à compléter
in fine
le second alinéa du texte proposé par l'amendement n° 114
rectifié
bis
par les mots : « en veillant à la mise en place des tarifs
tenant compte de la situation familiale et sociale des publics ».
Les amendements n°s 411 et 412 sont présentés par MM. Lagauche, Sérusclat,
Mmes Pourtaud, Derycke et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° 411 a pour objet de rédiger comme suit le quatrième alinéa de
l'article 74 :
« Ils peuvent mettre en oeuvre des programmes d'action concertés pour l'accès
aux pratiques artistiques, culturelles et sportives, en veillant à n'écarter
aucune forme d'expression. Dans ce cadre, les établissements financés par
l'Etat s'engagent à lutter contre les exclusions au titre de leur mission de
service public ; le cas échéant, des conventions sont passées entre l'Etat et
les collectivités territoriales pour permettre l'accès de tous à ces
établissements. »
L'amendement n° 412 tend à compléter
in fine
le dernier alinéa de
l'article 74 par une phrase ainsi rédigée :
« De même, les locaux et les équipements des établissements scolaires pourront
être mis, hors du temps scolaire, à la disposition des associations qui ont
pour vocation la formation des personnes en difficulté, en particulier pour
permettre l'accès de tous aux nouvelles technologies. »
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement
n° 114 rectifié
bis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Cet amendement vise à préciser de manière plus
explicite la façon dont la mission de service public des établissements
culturels financés par l'Etat pourra intégrer la lutte contre les
exclusions.
Sachant que, dans beaucoup de cas, les moyens que l'Etat met à la disposition
de ces structures culturelles sont très conséquents, il nous semble normal et
logique qu'en retour ces établissements participent à la lutte contre les
exclusions.
M. le président.
La parole est à M. Ralite, pour défendre les sous-amendements n°s 382 rectifié
bis
et 383 rectifié
bis
.
M. Jack Ralite.
Le sous-amendement n° 382 rectifié
bis
tend à élargir le champ
d'application de l'article 74 qui vise à permettre aux personnes en situation
d'exclusion d'accéder à la culture, à la formation et aux loisirs.
Au-delà d'une simple position de principe, l'accès à la culture du plus grand
nombre doit être une priorité fondamentale tant à l'échelon national qu'à
l'échelon local.
On sait par ailleurs l'importance et l'effort des collectivités locales dans
la mise en oeuvre des politiques culturelles.
En aucun cas, il ne s'agit pour nous de concevoir l'accès aux politiques et
aux pratiques culturelles comme un pansement social, bien au contraire.
Agir pour la culture, agir pour l'égal accès de tous, c'est dans le même temps
défendre la création culturelle et développer un autre mode d'appropriation
sociale. C'est donc bel et bien de combat pour la liberté qu'il s'agit.
Je voudrais ajouter un petit commentaire sur les deux points que je viens
d'évoquer.
Quand je parle de ne pas recourir à ces pratiques comme à un pansement social,
c'est parce que, trop souvent, on considère que si tel enfant de famille
pauvre, par exemple, accède à quelques pratiques culturelles, la question est
réglée. Or ce n'est pas, à mon avis, le chemin à prendre.
Par ailleurs, il est souvent susurré ici ou là que la pratique culturelle que
l'on propose à cet enfant doit être « à son niveau ». Ce chemin-là n'est pas
non plus le bon.
On a évoqué tout à l'heure l'expérience d'Armand Gatti. Il s'agit, en effet,
d'une expérience capitale : dans toutes les villes où il a séjourné, Armand
Gatti a toujours choisi des partenaires d'origine très modeste, et il leur a
proposé des pratiques du niveau le plus élevé. Il n'y a pas besoin de «
prêt-à-porter ».
Bien évidemment, je ne dis pas que le projet de loi traite ainsi de la
question, mais je dis qu'il faut bien préciser son environnement. On doit
traiter non pas le pauvre dans l'homme, mais l'homme dans le pauvre et un
enfant de pauvre n'est pas un pauvre enfant : il a donc besoin d'une éducation
et d'une culture « plus » et non pas « moins ». Je participe d'ailleurs demain,
à Boulogne-sur-Mer, à un colloque sur ces questions, et c'est le type
d'argumentaire que je me permettrai de développer.
J'ajoute un petit mot qui concerne une grande et grave chose : dans plusieurs
endroits de France, on constate actuellement une poussée pour développer la
sous-culture ou supprimer la culture. Je pense à des actes récents dans la
région Rhône-Alpes ou à des tentatives récentes dans la région
Languedoc-Roussillon.
Ce n'est donc pas une petite question, c'est une très grave question, et ce
que je viens d'évoquer concerne la création culturelle. Il y a là un couple à
nouer entre les créateurs et leurs partenaires, quels qu'ils soient, et c'est
sur cet aspect-là que ce sous-amendement n° 382 rectifié
bis
vise à
apporter une précision.
Le sous-amendement répond donc à cette priorité en permettant aux
établissements culturels financés par l'Etat, entièrement ou pour partie -
c'est pour élargir l'assiette, parce que celui qui reçoit une contribution de
l'Etat doit considérer cette dimension au nombre des engagements qu'il prend -
de mettre en oeuvre une politique culturelle ouverte à l'ensemble de nos
concitoyens, notamment aux plus fragiles d'entre eux.
Pour ce qui est du sous-amendement n° 383 rectifié
bis
, nous sommes
toujours dans la même démarche, qui rejoint le texte de la charte actuellement
en discussion sur les missions de service public.
La culture comme facteur d'émancipation humaine est un vecteur de liberté
individuelle. Cette donnée, qui fonde nos valeurs républicaines et
démocratiques, est toujours à réinterroger,
a fortiori
dans une période
trouble comme celle que nous vivons et qui résulte, pour une large part, des
effets des difficultés économiques que rencontrent un nombre toujours croissant
de nos concitoyens.
Il est commun de parler d'exclusion, vocable que je trouve bien passe-partout
car il désigne des réalités souvent très différentes ayant seulement en commun
les souffrances qu'elle génèrent.
Permettre l'accès de tous à la culture, à l'expression culturelle, n'est-ce
pas aussi partager cette citoyenneté qui nous est chère ?
L'oeuvre d'un Jean Vilar, pour ne citer que le plus connu de ceux qui menèrent
le combat de l'accès de tous les publics aux pratiques culturelles les plus
diverses, est à poursuivre.
Permettre aux publics en difficulté l'égal accès à la création culturelle est
bel et bien un but qu'il nous faut continuer de chercher à atteindre.
Certes, un certain nombre d'actions ont jusque-là été menées en matière de
tarifs préférentiels permettant l'accès au musée, au cinéma, au théâtre, au
concert, plus largement à l'ensemble du secteur du spectacle vivant.
Il reste néanmoins beaucoup à faire pour que la création culturelle dans notre
pays aille à la rencontre de l'ensemble des publics. L'éducation,
l'enseignement artistique, la proximité des pratiques culturelles sont des
points d'appui d'une démocratisation de l'accès à la culture.
Nous souhaitons cependant aller plus loin encore en permettant la mise en
place de tarifs adaptés à tous les publics, et notamment les plus modestes.
C'est là le sens de notre amendement que nous vous demandons de bien vouloir
adopter.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche, pour défendre l'amendement n° 411.
M. Serge Lagauche.
Le texte adopté par l'Assemblée nationale a enrichi les dispositions relatives
à l'accès à la culture mais ne s'attache pas suffisamment au développement de
l'accès au sport pour tous. Cet amendement vise donc principalement à
réaffirmer le rôle du sport dans la lutte contre les exclusions.
Les pratiques artistiques, culturelles et sportives, sous toutes leurs formes,
sont d'importants facteurs d'insertion sociale. C'est pourquoi il convient
d'accepter et de favoriser les nouvelles expressions culturelles comme les
danses urbaines ou les musiques techno, et non pas de porter un regard
d'exclusion
a priori
sur les jeunes, porteurs de projets nouveaux.
Dans une perspective plus large, l'exclusion des loisirs est surtout liée au
coût financier d'une pratique encadrée. Ainsi, pour le sport, une étude du
CREDOC révèle que 15 % des personnes interrogées déclarent avoir renoncé à
s'inscrire dans une activité sportive.
Or le sport doit davantage participer à la lutte contre la marginalisation des
populations subissant les effets de la crise sociale et économique. Il est
aussi un élément du processus de reconstruction personnelle quand cette même
marginalisation porte à une image négative de soi, pousse à négliger son corps,
à se nier.
De plus, il existe un public amateur peu enclin à fréquenter les institutions
artistiques, culturelles et sportives, mais fort demandeur de lieux
d'expression plus souples, plus libres. Là encore, l'exemple du sport est
manifeste : plus des deux tiers des Français déclarent pratiquer au moins une
discipline sportive. Or cette proportion correspond presque au double du nombre
de licenciés.
La pratique informelle, hors clubs ou institutions, constitue une source
d'épanouissement personnel et d'intégration sociale qu'il convient de
promouvoir. Le développement du « sport-loisir » correspond à une perception du
sport plus axée sur des principes de convivialité, d'autonomie et
d'indépendance que sur l'aspect sélectif et compétitif promu par les
fédérations.
Or, faute de lieux d'expression, ces pratiques libres, avec la
responsabilisation et l'esprit d'initiative qu'elles suscitent, sont
entravées.
C'est pourquoi nous devons généraliser les conventions entre Etat et
collectivités pour mettre à la disposition de ces amateurs les équipements
publics, et assurer ainsi l'expression des pratiques de loisirs informelles.
Cette ouverture concourra à l'accès de tous aux activités artistiques,
culturelles et sportives.
Enfin, cet amendement va dans le sens des mesures prises par Mme Marie-George
Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, pour le développement des
activités extrascolaires en direction des enfants et des jeunes.
L'accès aux équipements publics s'adresse, avec cet amendement, à un public
plus large englobant les adultes amateurs et complète ainsi les actions du
Gouvernement dans ce domaine.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 412.
Mme Danièle Pourtaud.
Cet amendement s'inscrit dans la logique que nous avons déjà proposée dans
l'amendement n° 409 pour le premier alinéa de l'article 74.
Il prévoit un accès, tout au long de la vie, aux différentes pratiques
éducatives et culturelles, ainsi qu'à la formation.
Nous souhaitons que l'accès de tous, qui figure dans la loi, soit effectif et,
pour ce faire, nous voulons introduire une phrase prévoyant que les
associations qui s'occupent d'exclus puissent bénéficier des locaux et du
matériel des établissements scolaires hors du temps scolaire.
Une telle disposition constituerait, nous semble-t-il, une avancée concrète
pour la mise en oeuvre du principe d'égal accès de tous.
Notre démarche s'inscrit également dans le plan gouvernemental d'entrée de la
France dans la société de l'information qui prévoit l'accès de tous les enfants
aux nouvelles technologies de l'information et de la communication grâce au
programme d'équipement des établissements scolaires mis en place conjointement
par l'Etat et les collectivités locales.
Il est en effet nécessaire que les nouvelles technologies de l'information et
de la communication ne renforcent pas les inégalités sociales.
Le Gouvernement a prévu, par exemple, des postes d'accès dans les lieux
publics avec un plan d'équipement de 1000 bureaux de poste et d'ANPE Equiper
les lieux publics est nécessaire mais pas suffisant pour garantir l'accès de
tous. C'est pourquoi nous proposons que les équipements installés dans nos
établissements scolaires puissent servir à initier tous ceux qui n'auront
jamais les moyens d'acquérir un ordinateur.
La mise en oeuvre de cette disposition devrait être facilitée par
l'affectation, prévue par le ministre de l'éducation nationale,
d'emplois-jeunes pour l'initiation aux nouvelles technologies de l'information
et de la communication dans les établissements scolaires.
Pour toutes ces raisons nous vous demandons, mes chers collègues, de bien
vouloir adopter cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 114 rectifié
bis,
les sous-amendements n°s 382 rectifié
bis
et 383 rectifié
bis
ainsi que sur les amendements n°s 411 et 412 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'amendement n° 114 rectifié
bis
vise essentiellement
à remplacer le mot « s'engagent » par les mots « ont pour obligation ». La
commission des affaires sociales n'a pas examiné la dernière mouture de cet
amendement mais, à titre personnel, j'émettrai un avis de sagesse prudente.
S'agissant des autres amendements et sous-amendements, je souhaiterais d'abord
connaître le sentiment de M. le rapporteur pour avis de la commission des
affaires culturelles.
M. le président.
Quel est donc l'avis de la commission des affaires culturelles ?
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
S'agissant du sous-amendement n° 382 rectifié
bis
, il est bien évident que, dans la mesure où l'amendement n° 114
rectifié
bis
précise que « les établissements culturels financés par
l'Etat ont pour obligation de lutter contre les exclusions », cela signifie
nécessairement qu'ils sont financés soit partiellement, soit en totalité. En
conséquence, l'amendement n° 114 rectifié
bis
répond à la préoccupation
exprimée par M. Ralite.
Le sous-amendement n° 383 rectifié
bis
précise qu'il faut veiller « à
la mise en place des tarifs tenant compte de la situation familiale et sociale
des publics ». En vérité, ce sous-amendement restreint le champ d'application
de l'amendement n° 114 rectifié
bis
puisque, dans la pratique, ce
dernier prévoit non seulement la mise en place de tarifs spécifiques
favorables, mais également d'autres formes d'action.
Je citerai l'exemple de l'action menée par M. Renar en qualité de président de
l'orchestre philharmonique de Lille. Quand il fait travailler cet orchestre
avec les écoles, il n'est alors pas question de tarifs. Il s'agit tout
simplement de pratiques nouvelles qui permettent d'intégrer les écoles. Or le
sous-amendement n° 383 rectifié
bis
exclurait des formules comme celles
qui sont expérimentées à Lille.
Il serait préférable de garder la formulation de l'amendement n° 114 rectifié
bis,
qui permet l'ensemble des expérimentations, ce texte indiquant que,
dès lors qu'elles s'exercent en direction d'un public défavorisé et des exclus,
elles seraient prises en compte.
En ce qui concerne l'amendement n° 411, il est en partie en contradiction avec
l'amendement n° 114 rectifié
bis.
De plus, la précision « en veillant à
n'écarter aucune forme d'expression » ne me paraît pas indispensable dans le
projet de loi.
De surcroît, il dispose que, « le cas échéant, des conventions sont passées
entre l'Etat et les collectivités territoriales pour permettre l'accès de tous
à ces établissements ». Or il est évident que, pour l'application de ce projet
de loi, des conventions devront être signées.
L'amendement n° 412, quant à lui, indique que « les locaux et les équipements
des établissements scolaires pourront être mis, hors du temps scolaire, à la
disposition des associations qui ont pour vocation la formation des personnes
en difficulté ». Or j'espère que la généralisation permettra non seulement que
ces équipements et ces matériels soient mis à disposition des associations qui
ont pour vocation de travailler avec les personnes en difficulté, mais encore
que des accords soient passés entre les établissements scolaires et les
associations.
Il serait regrettable de retenir cette rédaction restrictive sur la vocation
des établissements scolaires à s'ouvrir au milieu dans lequel ils se
trouvent.
Tout en comprenant parfaitement les motivations des auteurs de ces amendements
et de ces sous-amendements, je considère que l'amendement de la commission des
affaires culturelles répond aux préoccupations des uns et des autres et, à
titre personnel, j'émets un avis défavorable sur l'ensemble de ces textes.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission des affaires sociales rejoint la commission des
affaires culturelles s'agissant du sous-amendement n° 382 rectifié
bis
,
qui lui paraît inutile, ainsi que sur le sous-amendement n° 383 rectifié
bis
. Je souligne à ce propos que la modulation de tarifs, si elle est
certes un moyen évident de lutte contre les exclusions, semble perdre beaucoup
de sa portée à travers ce sous-amendement. En outre, cette dispositions relève
du domaine réglementaire.
L'amendement n° 411 est incompatible avec l'amendement n° 114 rectifié
bis
de la commission des affaires culturelles, qui a la préférence de la
commission des affaires sociales.
La commission des affaires sociales a émis un avis favorable sur l'amendement
n° 412. A titre personnel, je considère cependant que la dernière partie de la
phrase de cet amendement « en particulier pour permettre l'accès de tous aux
nouvelles technologies » est restrictive quant à la disponibilité des
équipements des établissements scolaires.
Mais, je le répète, la commission des affaires sociales a émis un avis
favorable sur l'amendement n° 412, en me faisant observer que, si un certain
nombre d'établissements scolaires sont déjà largement ouverts en pratique aux
nouvelles technologies, certains s'y refusent encore, ce qui est
regrettable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble de ces amendements et
sous-amendements ?
M. Bernard Kouchner,
secrétaire d'Etat.
S'agissant du sous-amendement n° 382 rectifié
bis,
je pense qu'il convient de s'en remettre à la sagesse du Sénat. Je
comprends bien l'intention des auteurs de ce sous-amendement qui prévoit de
commencer avec un financement partiel des projets culturels - cela paraît être
un encouragement - mais je crains que cette idée ne soit contenue dans
l'expression « déjà financés ».
Par ailleurs, si je comprends bien la proposition qui figure dans le
sous-amendement n° 383 rectifié
bis,
il me semble qu'elle est déjà prise
en compte par l'article 78 du projet de loi. Le Gouvernement y est donc
défavorable.
Quant à l'amendement n° 114 rectifié
bis,
il va dans le bon sens, dans
le sens de l'article 74, mais il serait redondant avec l'amendement n° 411,
auquel le Gouvernement est favorable si ses auteurs acceptent, après les mots «
le cas échéant, des conventions », d'insérer les mots « d'objectif passées
entre l'Etat et les collectivités territoriales ». Cette formulation plus
précise et plus restrictive me paraît préférable.
Enfin, en ce qui concerne l'amendement n° 412, le Gouvernement y est
défavorable parce que la loi n° 83-663 de décentralisation donne déjà la
possibilité aux communes de faire cela, sous réserve d'avoir reccueilli l'avis
des conseils d'administration de l'établissement et l'accord des collectivités
de rattachement. Il me paraît donc inutile.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 382 rectifié
bis,
repoussé par
la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du
Sénat.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 383 rectifié
bis
.
M. Jack Ralite.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous vous êtes référé à l'article 78 du projet
de loi qui mentionne : « Les tarifs des services publics administratifs à
caractère facultatif ». J'entends bien que cet article défend exactement la
même idée que le sous-amendement, mais, très franchement, je me demande si tous
les établissements culturels auxquels nous pensons sont bien pris en compte
avec cette rédaction.
Si vous avez raison, c'est bien. Mais je crains que ce ne soit moi qui aie
raison !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 383 rectifié
bis,
repoussé par
la commission et par le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 114 rectifié
bis
.
M. Jack Ralite.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Je voudrais revenir sur les termes « engagement » et « obligation ».
Je suis sûr que l'auteur de cet amendement en pensant « obligation » croit
qu'il est nécessaire d'employer ce terme. Toutefois, je me demande si, dans le
domaine de la culture comme
a fortiori
dans celui des arts, on peut
utiliser, comme pour l'éducation nationale, la notion d'obligation.
Je crois en effet, que, dans ce cadre-là, il vaut mieux passer par la
conviction qui implique un débat, un débat qu'il n'est pas toujours facile de
mener à bien. Evidemment, en employant le mot « obligation », on peut penser
avoir réglé la question, mais l'expérience prouve que l'application en est
complexe.
J'ai donc peur qu'en employant ce terme, qui est séduisant, on ne se prive du
travail social et culturel en profondeur, de cette tâche inouïe à mener pour
que l'engagement passe dans les faits.
Pour la culture, le mot « obligation » me choque.
Mme Hélène Luc.
Vous avez raison !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 114 rectifié
bis
, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, les amendements n°s 411 et 412 n'ont plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 74, modifié.
(l'article 74 est adopté.)
M. le président.
Avant d'interrompre nos travaux, mes chers collègues, je vous informe que le
Gouvernement, en accord avec les commissions, demande que, lors de la reprise,
à quinze heures, soient examinés, après la suite de l'ordre du jour du matin,
d'abord, la suite du chapitre II du titre 1er sur l'accès au logement - article
33 (suite) à article additionnel après l'article 35 - puis le chapitre II du
titre II relatif aux saisies immobilières - article 53 A à article 57
bis
- et, enfin, le chapitre III du titre II relatif au maintien dans le
logement - article 58 à article 67.
J'informe le Sénat que la commission des affaires sociales m'a fait connaître
qu'elle a d'ores et déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle
présentera si le Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte
paritaire en vue de proposer un texte sur le projet de loi actuellement en
cours d'examen.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai
réglementaire.
Nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze
heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures quarante-cinq, est reprise à quinze
heures.)
M. le président.
La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi d'orientation, adopté par
l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la lutte contre
les exclusions.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'examen de
l'amendement n° 285, tendant à insérer un article additionnel après l'article
74.
Article additionnel après l'article 74
M. le président.
Par amendement n° 285, Mme Dusseau propose d'insérer, après l'article 74, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Au début du premier alinéa de l'article 123-12 du code de la famille et de
l'aide sociale, les mots : "Il peut être établi" sont remplacés par les mots :
"Il est établi". »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 320, Mmes Derycke, Dieulangard, Printz, MM. Huguet,
Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent
d'insérer, après l'article 74, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 123-12 du code de la famille et de l'aide sociale est complété par
un alinéa ainsi rédigé :
« Les modalités de fonctionnement des équipements et services d'accueil des
enfants de moins de six ans doivent faciliter l'accès aux enfants de familles
rencontrant des difficultés du fait de leurs conditions de vie ou de travail,
ou en raison de la faiblesse de leurs ressources. »
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Notre amendement vise à introduire dans le code de la famille et de l'aide
sociale une disposition afin que soit prise en compte, dans les schémas
communaux ou intercommunaux de développement des services d'accueil des enfants
de moins de six ans, la nécessité d'accueillir les enfants dont les parents
rencontrent des difficultés liées à leurs conditions de vie ou de travail.
Les lieux d'accueil de la petite enfance sont doublement importants pour les
familles démunies.
D'une part, les enfants de ces familles ont parfois moins d'occasions d'éveil
et de socialisation que les autres. Leurs parents, en raison de leur histoire
passée, n'ont pas toujours acquis tout le savoir-faire éducatif à l'égard des
petits enfants et peuvent avoir besoin d'être soutenus en ce domaine ; l'accès
aux lieux d'accueil des petits enfants peut contribuer de manière importante à
compenser ces difficultés.
D'autre part, le quotidien difficile des parents exige qu'à certaines périodes
ils puissent se libérer des exigences de la garde des petits enfants : ainsi,
en cas de recherche d'un travail, de démarches administratives multiples
auxquelles ils doivent souvent faire face, de fatigue et de mauvais état de
santé résultant de leurs conditions de vie précaires.
Or les familles concernées bénéficient rarement de ces lieux.
En effet, d'abord, les coûts sont parfois trop importants. De plus ces lieux
sont, dans de nombreux cas, réservés aux enfants dont les deux parents sont
titulaires d'un emploi ; c'est notamment le cas pour l'admission en crèche.
Ensuite, ces mêmes familles n'y sont pas toujours à l'aise. Elles s'y sentent
différentes, craignent d'être jugées, redoutent qu'on n'estime qu'elles
s'occupent mal de leurs enfants et que ce jugement ne débouche sur un
signalement, voire un placement. Même si cette peur du placement des enfants
est totalement infondée, elle est malgré tout omniprésente chez les parents de
milieux très démunis, car ces derniers l'ont souvent vécue pour eux-mêmes ou
leurs proches.
Sans une démarche volontaire de prise en compte de ces difficultés de la part
de ceux qui définissent et organisent les conditions d'accueil dans ces lieux
destinés à la petite enfance, les enfants de milieux très défavorisés en
resteront majoritairement exclus. Aussi est-il essentiel que la loi donne une
impulsion pour permettre de résoudre ce problème crucial pour l'avenir des
enfants concernés et de leurs familles.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission des affaires sociales estime que cet amendement
serait plutôt de nature réglementaire et souhaiterait recueillir l'avis du
Gouvernement avant de donner sa propre position.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat au logement.
Mon collègue Claude Allègre, dont je vous
prie de bien vouloir excuser l'absence due à un empêchement à cette heure, a
étudié avec ses collaborateurs l'amendement n° 320.
Il a estimé que cette proposition apportait une utile précision au code de la
famille, s'inscrivait pleinement dans les objectifs du projet de loi et que,
dans ces conditions, il pouvait se prononcer positivement pour son adoption.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 320, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 74.
Article 75
M. le président.
« Art. 75. - I. - Il est inséré, après le deuxième alinéa de l'article 1er de
la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 d'orientation sur l'éducation, un alinéa
ainsi rédigé :
« Pour garantir ce droit, la répartition des moyens du service public de
l'éducation tient compte des différences de situations objectives, notamment en
matière économique et sociale. »
« II. - Après la deuxième phrase du cinquième alinéa de l'article 1er de la
loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée, il est inséré une phrase ainsi
rédigée :
« Ils assurent une formation à la connaissance et au respect des droits de la
personne. »
« III. - L'avant-dernier alinéa de l'article 1er de la loi n° 89-486 du 10
juillet 1989 précitée est complété par une phrase ainsi rédigée : »
« Elles visent notamment à favoriser, pendant le temps libre des élèves, leur
égal accès aux pratiques culturelles et sportives et aux nouvelles technologies
de l'information et de la communication. »
« IV. - Le premier alinéa de l'article 18 de la loi n° 89-486 du 10 juillet
1989 précitée est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Il indique également les moyens particuliers mis en oeuvre pour prendre en
charge les élèves issus des familles les plus défavorisées. »
Par amendement n° 384, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain
et citoyen proposent :
A. - Dans le texte présenté par le I de cet article pour insérer un alinéa
après le deuxième alinéa de l'article premier de la loi n° 89-486 du 10 juillet
1989, de remplacer les mots : « la répartition des moyens du service public de
l'éducation tient compte des différences de situations objectives, notamment en
matière » par les mots : « les moyens du service public d'éducation sont
renforcés au profit des élèves en grande difficulté scolaire ».
B. - Pour compenser les pertes de ressources résultant du A ci-dessus,
d'insérer après le paragraphe I un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... La perte de ressources résultant du renforcement des moyens du service
public de l'éducation nationale est compensée à due concurrence par les droits
visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
L'amendement que nous vous soumettons est au centre d'un débat qui parcourt la
communauté éducative et les parents d'élèves. Nous proposons de modifier le
deuxième alinéa du texte qui nous est présenté pour l'article 75, ce qui
permettrait de substituer à une logique de répartition des moyens une logique
de renforcement des moyens de l'éducation.
La récente mobilisation des enseignants et des parents d'élèves de la
Seine-Saint-Denis a montré que, au-delà d'une simple répartition des moyens,
l'éducation nationale avait besoin de voir ses moyens renforcés.
Si nous souhaitons construire une école de la réussite pour tous, si nous
faisons nôtre la reconnaissance de dispositifs adaptés aux populations
scolaires et aux situations rencontrées par les publics en difficulté en
certains points de notre territoire, nous devons admettre la nécessité de
renforcer de manière importante les moyens dont bénéficieront certains
établissements.
Les situations de difficultés scolaires, d'échec, d'exclusion sociale sont des
facteurs identifiables, quantifiables, qui appellent des réponses et des moyens
adaptés.
Doit-on pour cela considérer qu'une académie mieux lotie que sa voisine devra
répondre à ces besoins particuliers, autrement dit, doit-on procéder à un
redéploiement ? Nous ne le pensons pas.
A cette fin, nous vous proposons l'adoption de cet amendement, qui vise, au
risque de me répéter, à un renforcement des moyens de l'école au profit des
élèves en grande difficulté scolaire.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Une meilleure répartition des moyens est traditionnellement
plus dans la logique de la majorité sénatoriale qu'un renforcement des
moyens.
La commission des affaires sociales a donc émis un avis défavorable sur cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a écouté avec beaucoup d'attention le
plaidoyer argumenté de Mme Luc pour la défense de cet amendement dont elle est
signataire avec les membres de son groupe.
Après réflexion, le Gouvernement - et j'appelle votre attention sur ce point -
a considéré que la formulation initiale de l'article 75, en posant un principe
général, était plus large que la rédaction proposée par votre amendement, et je
vais tenter d'expliquer en quoi.
L'article 75 vise à inscrire dans la loi que la répartition des moyens ne
s'effectue pas seulement en fonction de critères purement démographiques ; elle
doit aussi tenir compte des contextes économique et social des zones
d'implantation des établissements comme de la situation des élèves eux-mêmes,
quel que soit l'endroit où ils sont scolarisés.
Madame Luc, cette idée d'une répartition véritablement inégalitaire au profit
des zones ou des familles les plus défavorisées est une idée forte qui entre
dans le projet de loi à l'article 75.
Cet article est important, car il pose un principe primordial et vraiment
novateur tendant à fonder la répartition inégalitaire des moyens du service
public pour corriger les inégalités du terrain.
De plus, cet article est attendu comme un article de principe par le milieu
éducatif lui-même.
Je souhaite, compte tenu de l'état d'esprit du Gouvernement, que je me suis
efforcé d'expliciter, que les auteurs de l'amendement n° 384 veuillent bien
considérer que leur proposition est fondamentalement satisfaite par l'article
75 du projet, dont la portée est plus large.
M. le président.
Madame Luc, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Hélène Luc.
Pardonnez-moi, monsieur le secrétaire d'Etat, mais je préfère ma formulation
parce qu'elle contient l'idée de moyens « renforcés », alors que le texte du
Gouvernement fait état de la « répartition » des moyens du service public. Or
on ne peut répartir que ce que l'on a. Il s'agit donc d'une limitation.
On le voit bien, par exemple, pour les zones d'éducation prioritaires. Je suis
persuadée que si les crédits ne sont pas augmentés, les zones d'éducation
prioritaires ne pourront pas être renforcées. C'est pourquoi je maintiens cet
amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 384, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 115, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose :
I. - De compléter le texte présenté par le paragraphe I de l'article 75 pour
compléter l'article 1er de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 par un alinéa
ainsi rédigé :
« Elle a pour objet de renforcer l'encadrement des élèves dans les écoles et
établissements d'enseignement situés dans des zones d'environnement social
défavorisé et des zones d'habitat dispersé, et de permettre de façon générale
aux élèves en difficulté de bénéficier d'actions de soutien individualisé. »
II. - En conséquence, dans le premier alinéa du paragraphe I de l'article 75,
de remplacer les mots : « un alinéa ainsi rédigé » par les mots : « deux
alinéas ainsi rédigés ».
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Cet amendement a pour objet de modifier la
formulation générale de l'article 75, qui pourrait laisser entendre que seuls
les élèves des zones d'éducation prioritaire ou des zones défavorisées
bénéficieraient du principe de discrimination positive dans la répartition des
moyens du service public de l'éducation.
Il tend à préciser les critères de répartition de ces moyens et à distinguer
l'aide globale apportée aux établissements situés dans les zones difficiles de
l'aide individualisée apportée aux élèves en difficulté, quelle que soit la
situation des établissements dont ils relèvent. En effet, si certains
établissements concentrent les difficultés, d'autres, qui n'ont pas de problème
particulier, ont cependant parmi leurs élèves certains éléments qui devraient
bénéficier d'une attention particulière.
Il ne faut jamais oublier que l'éducation dispensée dans nos établissements
scolaires ne doit pas s'adresser à un public global ; elle doit aussi tenir
compte de la situation spécifique de chaque élève.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Pour des raisons que je vais expliciter, le
Gouvernement émettra le même avis défavorable sur cet amendement que sur
l'amendement n° 384.
Comme la commission des affaires culturelles l'a bien compris, cet article, de
nature déclarative, introduit dans les principes qui guident la répartition des
moyens d'éducation, au sens large du terme, c'est-à-dire y compris les moyens
autres que l'enseignement
stricto sensu,
un principe de justice sociale,
donc de répartition inégalitaire, en ne suivant plus seulement les simples
critères démographiques.
Pour donner plus de force à cet article, qui fixe dans la loi un principe
nouveau, le ministère de l'éducation nationale n'a pas souhaité le mettre en
relation avec les dispositifs territorialisés, comme les ZEP, ou ciblés sur des
établissements.
En effet, la politique du ministère de l'éducation nationale en matière de
correction des inégalités se veut globale. Elle s'appuie aussi bien sur la mise
en oeuvre d'une politique sociale des établissements - fonds sociaux, fonds de
cantine, rétablissement des bourses des collèges - qui s'intéresse à des
situations personnelles difficiles que l'on peut rencontrer, par définition,
dans tout établissement, que sur des répartitions inégalitaires de moyens, en
faveur de zones définies plus souplement que les ZEP.
Tel est le cas des deux plans de rattrapage en faveur de la Seine-Saint-Denis
et des départements d'outre-mer annoncés par le ministère et actuellement en
cours de négociations.
Tel est le cas également des réseaux d'éducation prioritaires mis en place
dans le prolongement des ZEP.
Toute rédaction qui ferait courir le risque d'enfermer ce principe de
répartition inégalitaire dans des dispositifs préétablis en affaiblirait la
portée et l'efficacité.
Je ferai remarquer aux auteurs de l'amendement que les zones à habitat
dispersé figurent déjà comme prioritaires dans l'article 21 de la loi
d'orientation de 1989.
Le Gouvernement est donc attaché à la rédaction du projet de loi qu'il estime
plus large ; il souhaiterait en avoir convaincu la commission des affaires
culturelles et son rapporteur.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Monsieur le secrétaire d'Etat, j'ai bien compris
que le Gouvernement ne souhaite pas viser uniquement les établissements situés
en zones difficiles et que le texte s'adresse à tout élève de tout
établissement.
Or, justement, dans notre amendement, nous voulons préciser que l'action doit
se situer à un double niveau : il s'agit d'abord d'apporter un soutien aux
zones difficiles, qu'elles soient urbaines ou rurales ; il s'agit ensuite
d'attacher une importance particulière aux élèves en difficulté.
Mais je vous ferai remarquer, monsieur le secrétaire d'Etat, que, dans la
déclaration générale que vous venez de faire, vous avez été conduit
immédiatement à parler des ZEP. Cela prouve que nous avons bien présentes à
l'esprit les zones d'éducation prioritaire, même si elles sont prises dans un
sens plus large.
Je souhaite que nous ajoutions un deuxième volet pour bien faire comprendre,
sur le terrain, notamment aux inspecteur d'académie qui appliquent les textes,
que notre priorité reste les élèves.
J'ai connu personnellement, au sein d'une commission départementale de
l'éducation nationale tel haut responsable de l'éducation nationale qui, fort
de déclarations faites à Paris, mettait l'accent sur les ZEP. Il est bon de
rappeller que, certes, les ZEP font partie de nos priorités mais que nous avons
aussi à tenir compte des élèves.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
En fait, l'argumentation que j'ai développée tout à
l'heure était nuancée. J'ai voulu expliquer pourquoi le Gouvernement avait une
préférence pour son texte de base. Cela ne signifie pas qu'il soit totalement
hostile à la rédaction proposée par la commission des affaires culturelles si
la Haute Assemblée, de son côté, la préfère.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 115, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 413, MM. Sérusclat, Lagauche, Mmes Pourtaud, Derycke et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter le texte
presenté par le paragraphe II de l'article 75 pour la phrase à insérer après la
deuxième phrase du cinquième alinéa de l'article 1er de la loi du 10 juillet
1989 par les mots : « ainsi qu'à la compréhension des situations concrètes qui
y portent atteinte. »
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Tous les citoyens, enfants ou adultes, ont, à tous les niveaux, un rôle à
jouer pour faire reculer l'exclusion.
Certaines démarches vont dans ce sens.
C'est le cas lorsque des locataires, au lieu de signer une pétition pour faire
expulser une famille « qui trouble le voisinage », cherchent à établir le
dialogue entre elle et les autres locataires.
C'est aussi le cas lorsque les élèves d'une classe, sous la conduite de
l'enseignant, s'organisent pour qu'aucun d'eux ne reste en arrière.
C'est encore le cas lorsqu'un chef d'entreprise cherche à permettre l'embauche
durable et le maintien dans l'entreprise de personnels peu ou pas qualifiés.
D'autres attitudes, au contraire, contribuent à renforcer l'exclusion, comme
celle des administrés qui font pression sur leur maire pour qu'il n'accueille
pas, dans leur commune, des personnes très démunies ou pour qu'il prenne des
dispositions contre la mendicité.
Le regard porté sur les populations en grande pauvreté détermine ces attitudes
positives ou négatives. La connaissance concrète de ce que vivent les plus
démunis, de leur combat quotidien pour la survie et la dignité permet de
dépasser les préjugés, la peur ou le rejet. Il est donc essentiel que, dès leur
plus jeune âge, tous les citoyens acquièrent cette connaissance.
L'Assemblée nationale, consciente de cette nécessité, a, par un amendement à
l'article 75, complété l'article 1er de la loi d'orientation sur l'éducation de
1989, en confiant de nouvelles responsabilités aux établissements
d'enseignement en matière de « formation à la connaissance et au respect des
droits de la personne ».
Toutefois, cette rédaction ne nous semble pas suffisamment précise pour éviter
que l'éducation aux droits de l'homme ne se réduise à l'énoncé de principes,
ainsi qu'à la présentation de situations de violation de ceux-ci, telles que
l'emprisonnement pour délit d'opinion ou la torture, qui paraissent aux élèves
bien éloignées de leurs réalités et n'entrent malheureusement pas toujours dans
leurs sujets de préoccupation. Il faut, pour que cet enseignement porte, que
les élèves puissent le rattacher à leur propre expérience et prendre conscience
que tout près d'eux existent des situations d'atteinte aux droits de l'homme -
exclusion, racisme - sur lesquelles ils peuvent avoir prise.
Cette dimension très concrète de l'enseignement des droits de l'homme ne va
pas toujours de soi. Les professeurs abordant la question de l'exclusion dans
le cadre de l'enseignement des droits de l'homme sont encore très peu nombreux.
C'est pourquoi nous estimons préférable de l'inscrire dans la loi et vous
demandons de bien vouloir adopter notre amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Avant de se prononcer, la commission souhaiterait connaître
l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
En raison des fonctions que j'occupe, je suis
particulièrement sensible aux situations de voisinage qui ont été évoquées par
M. Lagauche. Je peux lui dire aussi que mon collègue M. Allègre, s'il avait été
présent, aurait eu la même réaction positive.
En effet, développer comme dimension de la citoyenneté tout ce qui peut être
favorable à une compréhension mutuelle ne peut aller que dans le sens des
préoccupations du Gouvernement.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'adjonction proposée dans cet amendement paraissait
superfétatoire à la commission, mais, compte tenu des explications de M. le
secrétaire d'Etat, elle s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 413, accepté par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 414, MM. Lagauche, Sérusclat, Mmes Pourtaud, Derycke et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le
paragraphe III de l'article 75, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Au premier alinéa de l'article 2 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989
précitée, le mot : "trois" est remplacé par le mot : "deux". »
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
L'éducation nationale contribue de manière privilégiée à la prévention des
exclusions et à la lutte contre les inégalités, parce qu'elle assure l'accès de
tous au savoir et à une formation et parce qu'elle constitue un lieu essentiel
de socialisation, au même titre que la famille.
L'école maternelle participe pleinement à la réalisation de ces objectifs par
son rôle d'éducation sociale et d'apprentissage de la vie en commun. En tant
que lieu de développement, d'éveil et de socialisation dès le plus jeune âge,
elle favorise, par la valorisation du petit enfant, une meilleure insertion
scolaire, condition
sine qua non
pour une bonne insertion sociale
future.
C'est ce qu'exprimait Mme Ségolène Royal, ministre délégué chargé de
l'enseignement scolaire, dans sa lettre adressée aux parents des enfants
scolarisés pour la première fois en école maternelle à la rentrée scolaire 1997
: « Le rôle éducatif de notre école maternelle est unanimement reconnu, et les
maîtresses et les maîtres qui y enseignent s'attachent à faire en sorte que
chaque enfant en reçoive le meilleur pour l'avenir. »
Or des expériences locales, comme celle qui est menée à l'école Paul-Gauguin
de Nantes, qui scolarise une vingtaine d'enfants de deux ans, montrent que ces
derniers ont un meilleur apprentissage du langage que ceux qui sont arrivés en
classe à trois ans. Ainsi, un accueil pédagogique de qualité multiplie, à cet
âge que tous les psychologues considèrent comme déterminant, les chances d'une
bonne insertion scolaire, facteur essentiel d'égalité des chances.
Si un effort a déjà été entrepris pour le développement de l'accès à l'école
maternelle dès l'âge de deux ans dans les zones défavorisées, au premier rang
desquelles figurent les ZEP, cet effort reste insuffisant puisque seuls 40 %
des enfants de deux ans sont scolarisés dans les ZEP, contre 30 % pour
l'ensemble du territoire.
De plus, les familles démunies, les familles défavorisées ne sont pas
l'apanage des zones géographiques elles-mêmes défavorisées. Promouvoir l'école
de l'égalité, ce n'est pas seulement prendre en compte les différences de
situations géographiques pour « donner plus à ceux qui ont moins », c'est aussi
prendre en compte les différences de situations individuelles.
Dans cette perspective, la généralisation de la scolarisation dès deux ans,
tout en restant subordonnée à la demande des parents, est un élément fort de
prévention de l'exclusion, particulièrement en direction des enfants déjà
fragilisés par un milieu familial défavorisé. Il s'agit d'agir en amont, avant
l'apparition de difficultés, afin de lutter contre le déterminisme social, à un
moment de la vie où il est avéré que les inégalités sociales et culturelles
jouent pleinement.
Cette généralisation est d'autant plus nécessaire que les familles les plus en
difficulté n'ont généralement pas accès aux crèches. En effet, en posant le
travail de la mère comme critère d'accès aux structures d'accueils, on éloigne
de fait les populations les plus en difficulté. Dans ces conditions, comment
s'investir dans une recherche d'emploi, une formation, quand on ne bénéficie
d'aucun moyen de faire garder son enfant de moins de trois ans ?
Enfin, cette mesure permettra d'éviter des fermetures de classes puisque,
actuellement, les inspections ne comptabilisent, pour l'élaboration de la carte
scolaire, que les enfants de trois ans. Cela obligera à prendre en compte dans
les effectifs les enfants ayant atteint deux ans au premier trimestre de
l'année scolaire.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a noté que, déjà, le deuxième alinéa de
l'article 2 de la loi de 1989 précise que l'accueil des enfants de deux ans est
étendu en priorité aux écoles situées dans un environnement social
défavorisé.
Par rapport à ce texte, l'amendement semble être d'une très grande ampleur.
Aussi, avant de donner l'avis de la commission, je souhaiterais connaître celui
du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je ferai d'abord observer que, sur l'ensemble de ce
texte législatif, eu égard à sa finalité, le Gouvernement n'a pas abusé de
l'invocation à l'article 40. Il reste que généraliser la pré-scolarisation à
partir de l'âge de deux ans, et non de trois ans, aurait, les auteurs de
l'amendement en sont sûrement conscients, un coût budgétaire assez
significatif.
Tout en comprenant bien le sens de la démarche proposée par M. Lagauche et ses
collègues, le Gouvernement, vu la limitation de nos capacités budgétaires,
reste attaché à une rédaction ouvrant simplement la voie à la scolarisation des
enfants de moins de trois ans, ce qui n'a tout de même pas les mêmes
implications financières.
Cela étant, vous le savez, la scolarisation de ces enfants est inscrite comme
une priorité dans les zones défavorisées, et ce depuis la loi d'orientation
pour l'éducation de 1989. C'est évidemment aux enfants issus des milieux les
plus démunis que cette scolarisation précoce apporte le plus.
En l'état actuel des moyens disponibles, si nous voulons accroître les chances
de réussite de tous les enfants, c'est bien sur les plus défavorisés que doit
être concentré l'effort.
Cette analyse, que j'exprime au nom de mon collègue Claude Allègre, devrait
convaincre les auteurs de l'amendement que, à défaut de moyens supplémentaires
substantiels, nous n'obtiendrions qu'une dilution de ceux dont nous disposons
aujourd'hui et qu'il faut concentrer sur ces enfants issus des familles les
plus démunies et vivant dans les zones géographiques les plus défavorisées.
C'est pourquoi je leur demande de bien vouloir retirer cet amendement.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
C'est bien la même inquiétude et le même souci qui ont
prévalu au sein de la commission des affaires sociales.
Le mieux est l'ennemi du bien : la législation actuelle opère déjà une
discrimination positive en faveur des enfants vivant dans un environnement
social défavorisé, et l'adoption de cet amendement aboutirait, au contraire, à
une dispersion sur l'ensemble des enfants des moyens de l'éducation nationale.
Cela risquerait donc, en fait, d'aller à l'encontre de la logique même du
projet de loi de lutte contre les exclusions.
La commission émet, par conséquent, un avis défavorable.
M. le président.
Monsieur Lagauche, l'amendement n° 414 est-il maintenu ?
M. Serge Lagauche.
J'ai bien entendu les arguments du Gouvernement, mais ce qui nous a conduits à
déposer cet amendement, c'est la différence entre les paroles et les actes que
nous constatons dans la réalité.
Ainsi, lorsque les effectifs d'enfants de trois ans diminuent dans un secteur
scolaire, on ferme les classes, au lieu d'essayer de les maintenir pour
accueillir les enfants de deux ans, et cela y compris dans les ZEP, monsieur le
secrétaire d'Etat. Pour nous, c'est inacceptable.
Nous comprenons bien que l'on ne puisse pas généraliser l'application de cette
mesure, mais nous insistons sur le fait que, en cas de baisse des effectifs des
enfants dans un secteur scolaire, plutôt que de fermer des classes, il faut
l'occasion pour accueillir les enfants de deux ans.
Nous acceptons de retirer cet amendement, mais nous resterons vigilants sur
cette question, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. le président.
L'amendement n° 414 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 75, modifié.
(L'article 75 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 75
M. le président.
Par amendement n° 116, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose d'insérer, après l'article 75, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Il est inséré, après le deuxième alinéa de l'article 14 de la loi n° 89-486
du 10 juillet 1989 précitée, deux alinéas ainsi rédigés :
« Le service du personnel enseignant des établissements d'enseignement du
second degré comporte des activités d'enseignement et des activités
d'encadrement pédagogique destinées notamment à apporter une aide personnalisée
aux élèves en difficulté.
« Une indemnité spécifique peut être accordée à ces personnels acceptant une
réduction des maxima de service hebdomadaire d'enseignement et consacrant le
nombre d'heures ainsi dégagé, majoré d'une heure, à ces activités de soutien
individualisé. »
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Il s'agit là, pour la commission des affaires
culturelles, d'un amendement particulièrement important en ce qu'il tend à
apporter une réponse au problème des élèves en difficulté.
Nous savons que les jeunes des familles socialement défavorisées ne
bénéficient pas chez eux de l'accompagnement nécessaire pour leur permettre de
faire le même parcours scolaire que les élèves qui jouissent, à l'inverse, d'un
encadrement familial favorable.
Il nous semble donc nécessaire d'organiser à l'école même ce qui,
malheureusement, fait défaut à la maison. Selon nous, les mieux placés pour
assurer un suivi et un soutien individualisés des élèves en difficulté, ce sont
les enseignants ; en vérité, ils sont même les seuls capables de le faire, car
eux seuls ont la formation adéquate, les connaissances pédagogiques et
structurelles nécessaires.
Cependant, à l'heure actuelle, ils reçoivent uniquement pour mission de
dispenser leur enseignement en classe, à un large groupe d'élèves.
La commission des affaires culturelles propose donc, suivant en cela la
recommandation de M. Meirieu, qu'elle a auditionné, que le service du personnel
enseignant des établissements d'enseignement du second degré comporte, outre
les activités habituelles d'enseignement, des activités d'encadrement
pédagogique, destinées notamment à apporter une aide personnalisée aux élèves
en difficulté.
Nous proposons également qu'une indemnité spécifique puisse être accordée aux
enseignants des établissements visés qui accepteront une réduction des maxima
de service hebdomadaire d'enseignement et consacreront le nombre d'heures ainsi
dégagées, majoré d'une heure, à ces activités de soutien individualisé.
Cette mesure est, je le répète, inspirée par les conclusions des travaux de M.
Meirieu, mais aussi par l'observation de ce qui se passe dans certains
établissements où beaucoup de jeunes n'ont pas à la maison l'accompagnement
nécessaire. Nous considérons que seule l'éducation nationale peut suppléer à
cette carence.
Nous savons bien, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'il est difficile, dans le
cadre d'un projet de loi sur l'exclusion, de modifier les missions de
l'éducation nationale.
Mme Hélène Luc.
C'est sûr !
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
La commission des affaires culturelles souhaite
néanmoins que ce débat fournisse l'occasion d'indiquer que les enseignants,
au-delà de leur mission d'enseignement devant les classes, doivent pouvoir
aussi consacrer du temps à l'accompagnement pédagogique des élèves.
Cet amendement doit permettre au Gouvernement de préciser sa position sur
cette question et d'amorcer le nécessaire dialogue qui doit s'opérer avec le
corps enseignant.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le travail approfondi qui a été conduit par la
commission des affaires culturelles rend solide l'argumentation qui vient
d'être développée par M. Richert, et l'on ne peut qu'y être sensible.
Je ne pourrai, cependant, accepter cet amendement, mais je vais m'efforcer
d'apporter au Sénat les précisions souhaitées quant à la position du
Gouvernement sur la question ainsi soulevée.
L'aide aux élèves en difficulté ne concerne pas les seuls enfants issus des
milieux défavorisés. Il s'agit, vous en conviendrez, d'une mission générale de
l'école à l'égard de tout élève, et il est clair que cela n'entre pas dans le
champ du texte en discussion.
Il a été fait référence aux conclusions de la consultation nationale sur les
savoirs au lycée, confiée à M. Philippe Mérieu, que votre commission a
auditionné. Mon collègue Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale,
tout en se félicitant de l'intérêt que votre commission porte à ce qu'il
considère comme l'un des axes forts de sa politique, est cependant défavorable
à cet amendement pour trois raisons.
Tout d'abord, cet amendement est prématuré : il anticipe sur un débat que le
ministre de l'éducation nationale a proposé au Parlement et qui doit porter sur
les principes généraux de l'évolution future du lycée. M. Allègre sera heureux
de s'entretenir avec les membres de votre commission des affaires culturelles,
et je vous confirme que des démarches sont entreprises pour trouver une date
très proche à cet effet.
Ensuite, cet amendement est en contradiction avec la logique de dialogue
voulue par M. Allègre.
Vous le savez, il y a un mois, intervenant à Lyon devant l'ensemble des
participants à la consultation nationale, le ministre de l'éducation nationale
a indiqué que, tout en retenant l'orientation générale du rapport de M.
Philippe Meirieu, notamment pour ce qui concerne le soutien individualisé aux
élèves, il n'arrêterait ses choix qu'après que l'ensemble des consultations
annoncées et les nécessaires discussions avec les représentants des personnels
auraient été menées.
Enfin, permettez-moi de relever une contradiction au sein même du texte de
l'amendement.
En effet, le premier alinéa prévoit une modification des obligations de tous
les enseignants, alors que le second évoque une indemnité spécifique incitative
fondée sur le volontariat.
Pour ces trois raisons, le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
Toutefois, M. Allègre me prie de vous dire qu'il a pris bonne note du travail
extrêmement sérieux qui a été accompli par la commission des affaires
culturelles du Sénat et de l'intérêt qu'elle a ainsi manifesté pour l'avenir du
lycée.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat,
des précisions que vous venez d'apporter. Je sais également gré au Gouvernement
de l'attention qu'il porte à cet amendement.
Nous tombons d'accord pour dire que l'accompagnement des élèves fragilisés,
notamment dans les établissements sensibles mais aussi dans les autres, est
l'une des priorités de l'éducation nationale, ne serait-ce que dans un souci
d'équité, afin de donner à tous nos jeunes concitoyens l'épanouissement qu'ils
sont en droit d'attendre de la société.
S'agissant de la dernière objection que vous avez soulevée, monsieur le
secrétaire d'Etat, le fait que les enseignants aient à la fois des activités
d'enseignement et des activités d'encadrement pédagogique ne me paraît pas
contradictoire avec le versement d'une indemnité spécifique, qui serait laissé
à l'appréciation du Gouvernement en fonction des situations rencontrées.
Pour le reste, je dirai que, depuis que je suis parlementaire, il m'a souvent
été donné de constater que les décisions relatives à l'évolution de
l'enseignement étaient prises en dehors du Parlement, dont les membres
apprennent par la presse ce que le ministre - et cela concerne aussi M. Allègre
- a décidé ou s'apprête à décider.
Serait-il tellement anormal que, pour une fois, ce soit le Parlement qui
définisse les orientations souhaitables en matière d'enseignement ?
Il n'est pas anormal que le Parlement non seulement soit associé, mais
également puisse parfois être le lieu de débats quant aux mesures qu'il
convient de prendre pour l'évolution des grandes institutions de notre pays, y
compris si le ministre n'a pas pris de décision définitive.
Cela dit, je vous rejoins, monsieur le secrétaire d'Etat, sur un point : il
est évident qu'une telle décision mérite que l'on prenne le temps de consulter
- plus sans doute que n'a eu la possibilité de le faire M. Meirieu - les
représentations syndicales des enseignants. Cela me paraît tout à fait logique
!
Cela étant, la navette permettrait au Gouvernement d'engager cette discussion
de fond, afin d'arrêter la rédaction définitive du texte.
Il n'en reste pas moins que le ministre s'est engagé à rencontrer les membres
de la commission et à venir s'expliquer devant le Sénat. J'ose imaginer qu'il
ira dans le sens de la commission.
Dans un esprit de bons rapports avec le Gouvernement, je suis prêt, bien que
la commission ne m'ait pas vraiment mandaté pour le faire à retirer cet
amendement, sous la réserve expresse que le ministre non seulement vienne
rencontrer les membres de la commission, mais également accepte d'engager la
discussion pour la rédaction de ce qui doit devenir le texte fondateur de
l'enseignement dans notre pays.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je suis très sensible à l'attitude adoptée par M. le
rapporteur pour avis qui, me semble-t-il, ne peut que créer des conditions
encore plus favorables pour l'échange à venir entre sa commission et le
ministre de l'éducation nationale.
Il est connu pour son franc parler ; il n'interdit pas qu'on utilise à son
égard un franc parler. La prise de position que vous avez amorcée constitue
déjà un élément de clarification de l'échange que vous aurez. Je ne doute pas
qu'il aura lieu prochainement, qu'il sera riche et intéressant.
Je vous remercie de ne pas en avoir préjugé par l'adoption prématurée d'un
texte, ne serait-ce que pour la raison que vous avez admise, celle de la
concertation nécessaire avec les syndicats d'enseignants.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Dans ces conditions, je retire l'amendement,
monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 116 est retiré.
Par amendement n° 117, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose, après l'article 75, d'insérer un article additionnel
ainsi rédigé :
« I. - La dernière phrase du deuxième alinéa de l'article 14 de la loi n°
89-486 du 10 juillet 1989 précitée est supprimée.
« II. - Il est inséré, après le deuxième alinéa du même article, un alinéa
ainsi rédigé :
« Ils participent aux actions d'insertion professionnelle des jeunes à l'issue
de la scolarité obligatoire, aux actions de formation continue des adultes et à
une politique d'éducation permanente validant les acquis professionnels tout au
long de la vie active. »
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Cet amendement a pour objet de consacrer le rôle
des enseignants en matière de formation professionnelle, déjà visé à l'article
14 de la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989, et d'en
permettre le développement. A cet effet, il tend à préciser qu'ils participent
également aux actions d'insertion professionnelle des jeunes à l'issue de la
scolarité obligatoire et, plus largement, à une politique d'éducation
permanente validant, notamment, les acquis professionnels tout au long de la
vie active, par le biais des GRETA, de la mission générale d'insertion,
développée notamment par l'article 54 de la loi quinquennale pour l'emploi et
par sa participation future au niveau du dispositif TRACE, prévue à l'article 2
du projet de loi.
L'éducation nationale participe en effet largement, par le biais de ses
établissements et de ses enseignants, aux actions d'insertion des jeunes et à
la formation permanente des adultes. Les enseignants ne sont pas simplement des
transmetteurs de savoir ; ce sont des acteurs de la vie, tout au long des
différentes étapes de formation de l'individu.
Il importait de consacrer ce rôle sur le plan législatif, en complétant
l'article 14 de la loi de 1989 qui définit leur mission. Tel est l'objet du
présent amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a porté une grande attention à cet
amendement, comme à tous les amendements de la commission des affaires
culturelles, et je peux vous indiquer les conclusions retenues.
Les missions dont il est fait état dans cet amendement, et qui figurent déjà
dans le statut de certaines catégories d'enseignants - c'est le cas, notamment,
des professeurs de lycées professionnels - prendraient force de loi pour tous,
si ce texte était adopté immédiatement et en l'état.
Certes, ces missions contribuent indéniablement à la lutte contre l'exclusion
en donnant une deuxième chance à des jeunes pour accéder à un diplôme, et en
participant à l'insertion des jeunes à l'issue de la scolarité obligatoire ou à
l'éducation permanente des adultes.
Sur le mode du volontariat, ces trois domaines concernent déjà de très
nombreux personnels de l'éducation nationale. On pense tous, en particulier,
aux enseignants qui interviennent dans les GRETA.
Ces missions figurent parmi celles qui sont inscrites dans la loi
d'orientation de 1989.
Sur ce point, le Gouvernement a un souci d'efficacité.
Faut-il relancer l'enseignement professionnel, comme Claude Allègre s'y est
engagé ? Faut-il faire des universités de nouveaux acteurs de la formation tout
au long de la vie, les ouvrir toute l'année à des publics adultes beaucoup plus
nombreux, comme elles ont commencé de le faire ?
Faut-il développer l'insertion des plus démunis sur un plan scolaire, comme le
ministère de l'éducation nationale s'y est engagé dans le cadre du programme
d'action qui accompagne cette loi ?
Bref, faut-il imposer, au risque d'échouer ? Ou bien faut-il réussir et, pour
cela, d'abord convaincre et mobiliser ?
Si cet amendement était adopté, une décision législative viendrait modifier la
mission des enseignants et leur imposerait des obligations nouvelles, sans
discussion préalable. Une telle option risque de heurter, alors qu'une autre
approche permettrait d'atteindre un objectif que le ministère de l'éducation
nationale partage totalement avec la commission des affaires culturelles de la
Haute Assemblée.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement apprécierait que le dialogue se
poursuive et que, comme précédemment, les auteurs de l'amendement renoncent à
l'anticipation en le retirant.
M. le président.
Monsieur le rapporteur pour avis, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je remercie M. le secrétaire d'Etat pour ces
précisions, qui me permettent de compléter mes explications antérieures.
Tout d'abord, il est exact qu'un certain nombre d'enseignants voient d'ores et
déjà inscrit dans leur statut le fait qu'ils sont des acteurs privilégiés de
l'insertion professionnelle et de la formation professionnelle continue. C'est
notamment le cas des professeurs de lycée professionnel mais, pour beaucoup
d'autres, cela n'est pas affirmé.
Par cet amendement, la commission des affaires culturelles ne vous propose pas
de demander demain, à tous les enseignants, de faire de la formation
professionnelle continue, en particulier de travailler au niveau des GRETA.
Elle vous propose simplement de donner aujourd'hui un sens plus profond à leur
mission et de réaffirmer le fait que les enseignants sont davantage que de
simples transmetteurs de savoir. Ils sont présents tout au long de la vie de
l'individu, je l'ai dit, tout à l'heure, pour aider nos concitoyens à mieux
s'épanouir. Il s'agit là d'une mission essentielle.
Le fait de compléter ainsi la définition des missions de l'enseignant ne doit
en aucune façon être compris comme la création d'une obligation, pour chaque
enseignant, de faire désormais de la formation professionnelle et de la
formation professionnelle continue en direction du public. Il s'agit plutôt de
reconnaître à ce personnel une place plus large que celle d'enseignant au sens
strict. Au demeurant, l'article 14, titre II, de la loi d'orientation du 10
juillet 1989, dispose, s'agissant des enseignants : « Ils participent aux
actions de formation continue des adultes. Leur formation les prépare à
l'ensemble de ces missions. »
Cela semble bien non pas être en opposition avec ce que nous réaffirmons ici,
à l'occasion de l'examen de ce projet de loi, mais, au contraire, aller dans le
même sens. Il ne s'agit pas du tout, monsieur le secrétaire d'Etat, de froisser
les enseignants, de les mettre devant un fait accompli. Il s'agit tout
simplement de rappeler le rôle fondamental qu'ils jouent dans la société, bien
au-delà de l'école.
Par conséquent, l'amendement est maintenu.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 117.
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Comment ne pas être stupéfié par le contenu de l'amendement n° 117 de la
commission des affaires culturelles ?
Confier à l'école, aux enseignants, la responsabilité de l'insertion
professionnelle, n'est-ce pas dédouaner un peu facilement ceux qui portent, au
premier chef, la responsabilité du chômage et de la crise que traverse notre
pays depuis de trop nombreuses années ?
Par ailleurs, cela est assez peu conforme aux orientations défendues
jusqu'alors par la commission, au moins dans les principes, qui, dans de
nombreux rapports relatifs aux problèmes de l'éducation, met en avant la
nécessité de faire appel à un personnel nombreux et qualifié en matière
d'orientation et d'insertion professionnelle.
Enfin, pour ce qui relève du rôle des enseignants en matière de formation des
adultes, un certain nombre de structures qui dépendent de l'éducation nationale
participent à des actions de formation et d'insertion en direction des adultes.
Il n'apparaît pas opportun de l'inscrire dans ce projet de loi relatif aux
exclusions.
Sur le fond, mon désaccord est le même que pour l'amendement précédent.
Ainsi, on ne saurait accepter que, au détour de la discussion d'un texte sur
les exclusions aux enjeux par ailleurs extrêmement importants pour des
milliers, voire des centaines de milliers de nos concitoyens, la majorité
sénatoriale modifie, sans concertation avec la communauté éducative, les
missions des professeurs.
Nous sommes donc en désaccord et sur le fond et sur la forme.
Certes, le phénomène de l'exclusion appelle un effort particulier de la part
de la communauté nationale. Je regrette, d'ailleurs, que l'ancien gouvernement
n'ait pas pris les mesures nécessaires pour favoriser la réussite scolaire de
tous les élèves. Cet effort, un grand nombre d'enseignants y participent déjà
très largement, parfois dans des conditions très difficiles.
Je vous citerai un exemple, celui du collège Matisse de Choisy-le-Roi : hier,
la jeune Sarah a lu la charte du
fairplay
au Mondial. Cet événement
s'est déroulé après des violences assez graves dans le collège. Je peux vous
dire que, pendant trois ans, les professeurs, ainsi que la documentaliste
d'ailleurs, ont effectué de nombreuses heures supplémentaires bénévoles.
Je ne doute pas que les professeurs participent davantage encore à l'effort,
pour peu qu'ils soient consultés - voire associés - sur les questions de
l'exclusion et, bien sûr, qu'on leur donne les moyens d'agir.
Plutôt que la redéfinition de services et de missions arbitrairement imposés,
ayons confiance dans leur volonté de mener leur mission au service des élèves,
de tous les élèves, d'autant que les enseignants participent déjà très
largement à l'encadrement des activités pédagogiques au sein de leur service et
qu'ils n'ont pas attendu pour le faire l'inscription de cette mission dans la
loi. Heureusement pour l'école !
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
M. le rapporteur pour avis soulève un réel problème, mais qui, effectivement,
ne peut pas être traité aussi rapidement : avant de demander aux enseignants de
s'engager aussi fortement, il faut entreprendre une concertation.
Nous comprenons également la position du Gouvernement, mais nous souhaitons
qu'il s'engage résolument dans cette voie, car il est indispensable que les
enseignants soient beaucoup plus impliqués dans la formation professionnelle et
l'avenir des jeunes. Pour cela, il faudra certainement créer de nouvelles
structures et mettre en oeuvre un certain nombre de moyens.
Nous nous abstiendrons donc, en notant tout de même qu'il est indispensable
que le Gouvernement donne très rapidement des signes clairs dans ce domaine.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je suis bien entendu très sensible aux propos que
nos collègues viennent de tenir. Mais s'ils ont bien écouté mon intervention
tout à l'heure, ils auront compris qu'il s'agit là non pas d'une modification
de l'obligation de service des enseignants ou d'un changement fondamental de
leur statut, mais tout simplement de la reconnaissance de la place qui est la
leur dans la société et de l'affirmation d'une volonté de les associer de façon
plus étroite, en fonction du rôle éminent qu'ils jouent d'ores et déjà.
La portée de ce texte est surtout déclarative. Il vise à mettre en exergue la
place privilégiée de l'enseignant, et non à lui imposer de manière abrupte des
responsabilités nouvelles. Je ne crois donc pas qu'il y ait lieu de s'en
émouvoir, et c'est d'une ouverture, d'une volonté d'association et d'une
reconnaissance d'un rôle qu'il s'agit, plutôt que d'une opposition, comme l'a
pensé Mme Luc.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 117, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste
républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
101:
Nombre de votants | 243 |
Nombre de suffrages exprimés | 235 |
Majorité absolue des suffrages | 118 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre | 16 |
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 75.
Mes chers collègues, avant d'aborder l'article suivant, je voudrais attirer votre attention sur la programmation indicative établie par accord entre le Gouvernement et les commissions.
Il reste cent soixante-sept amendements à examiner, soit, au rythme qui est le nôtre actuellement, quinze heures de débats. En poursuivant nos travaux jusqu'au début de la matinée prochaine, c'est-à-dire vers deux heures trente - je suis tout à fait prêt à présider jusqu'à cette heure avancée - nous n'examinerions qu'un peu plus de la moitié de ces amendements. Nous aurions donc encore à étudier, mardi prochain, non pas quelque cinquante amendements, comme il était prévu, mais près de cent quarante, et cela mettrait en péril le débat qui suivra la déclaration du Gouvernement relative à la politique de réduction des risques en matière de toxicomanie.
Certes, chacun est libre de s'exprimer, mais je tenais à vous apporter ces précisions sur le déroulement de nos travaux.
Article 75
bis
M. le président.
« Art. 75
bis
. - Après l'article 22 de la loi n° 89-486 du 10 juillet
1989 précitée, il est inséré un article 22
bis
ainsi rédigé :
«
Art. 22
bis
. - Le comité d'éducation à la santé et à la
citoyenneté présidé par le chef d'établissement a pour mission d'apporter un
appui aux acteurs de la lutte contre l'exclusion.
« Ce comité a pour mission de renforcer sur le terrain les liens entre les
établissements d'enseignement, les parents les plus en difficulté et les autres
acteurs de la lutte contre l'exclusion. Il promeut au sein de ces
établissements et dans leur environnement immédiat les initiatives qui
concourent à la réussite scolaire de tous. Il impulse une politique de
formation des enseignants à la connaissance des familles issues de milieux
défavorisés et au partenariat avec celles-ci. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 96 rectifié, M. Seillier, au nom de la commission des
affaires sociales, propose de rédiger comme suit cet article :
« Après l'article 21 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée, il est
inséré un article 21
bis
ainsi rédigé :
«
Art. 21
bis. - Le comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté
présidé par le chef d'établissement a pour mission d'apporter un appui aux
acteurs de la lutte contre l'exclusion.
« Ce comité a pour mission de renforcer sur le terrain les liens entre
l'établissement d'enseignement, les parents les plus en difficulté et les
autres acteurs de la lutte contre l'exclusion. Il assure, au sein de
l'établissement et dans son environnement immédiat, la promotion d'initiatives
concourant à la réussite scolaire de tous. Il favorise la mise en oeuvre d'une
politique de formation des enseignants à la connaissance des familles les plus
en difficulté et au partenariat avec celles-ci. »
Par amendement n° 118, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose :
« A. - De rédiger ainsi le premier alinéa de l'article 75
bis
:
« Après l'article 21 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée, il est
inséré un article 21
bis
ainsi rédigé : »
« B. - En conséquence, de rédiger comme suit le début du deuxième alinéa de
cet article : « Art. 21
bis. -
Le comité... »
Par amendement n° 415, MM. Sérusclat, Lagauche, Mmes Pourtaud, Derycke et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter la deuxième
phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 75
bis
pour
l'article 22
bis
de la loi du 10 juillet 1989 par les mots : « ,
notamment sous forme de soutien et d'accompagnement scolaires gratuits et
intégrant l'usage des nouvelles technologies de l'information et de la
communication. »
Par amendement n° 385, Mme Luc et les membres du groupe communiste républicain
et citoyen proposent de compléter le texte présenté par l'article 75
bis
pour l'article 22
bis
de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989
d'orientation sur l'éducation par un alinéa ainsi rédigé :
« Il veille au respect du principe de la gratuité de l'enseignement et des
activités qui s'y rattachent. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 96
rectifié.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il s'agit de corriger la rédaction de l'article pour en
renforcer la cohérence sans en modifier le fond.
L'insertion dans la loi d'orientation du 10 juin 1989 doit se faire non pas
dans le titre IV relatif aux organismes consultatifs, mais dans le titre III
relatif aux établissements d'enseignement. Le titre IV ne mentionne, en effet,
que les organismes nationaux - conseil supérieur de l'éducation, conseil
national de l'enseignement supérieur et de la recherche - ou académiques -
conseil de l'éducation nationale - alors que le comité d'éducation à la santé
et à la citoyenneté est interne à chaque établissement. Les autres
modifications sont d'ordre rédactionnel.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement
n° 118.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'insérer cet article à un autre endroit
de la loi d'orientation, après l'article 21, au lieu de le faire figurer dans
le titre IV, qui concerne les grands organismes consultatifs de l'éducation
nationale.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche, pour défendre l'amendement n° 415.
M. Serge Lagauche.
L'aide aux devoirs constitue un facteur déterminant de la réussite scolaire.
C'est en effet cette aide qui permet à un enfant de sortir de la situation
d'échec scolaire, celle dans laquelle il ne sait pas, ne comprend pas et ne
sait pas faire.
Or, en dehors de la classe, où le professeur n'a pas les moyens de dispenser
une aide personnelle et personnalisée, les parents jouent un rôle, celui de
l'aide aux devoirs : ceux qui en ont les moyens intellectuels et le temps, en
aidant directement leurs enfants, d'autres en leur faisant dispenser des cours
particuliers. Sont donc exclus de cette aide les enfants dont les familles
n'ont ni les moyens intellectuels ni les moyens financiers de les aider dans
l'accompagnement scolaire. Or, ce sont justement ces enfants-là qui, le plus
souvent, sont en situation d'échec scolaire et qui ont le plus grand besoin
d'une aide personnalisée.
L'organisation d'un soutien et d'un accompagnement scolaires gratuits, par le
biais des emploi-jeunes, par exemple, permettrait de réduire l'une des causes
de l'échec scolaire et donc d'une exclusion.
Intégrer à cet accompagnement l'usage des nouvelles technologies d'information
et de communication permettrait, en outre, de réduire un second écart : celui
qui existe entre ceux qui disposent d'un ordinateur chez eux et ceux qui n'en
ont pas, faute de moyens ou d'intérêt des parents. Or, demain, ces outils
numériques seront présents dans la vie quotidienne de chacun. Il est donc
important d'en acquérir l'usage et la maîtrise dès le plus jeune âge, afin ne
ne pas être un « illettré de l'ordinateur ».
De surcroît, le recours à ces méthodes d'apprentissage nouvelles se révèle
souvent plus attractif pour les enfants, particulièrement pour ceux qui sont en
difficulté scolaire, selon de nombreux témoignages issus d'expériences menées.
Ce recours peut constituer un facteur redonnant le goût d'apprendre, évitant la
crainte de la faute et de la honte devant celui qui enseigne, révélant des
capacités méconnues.
Il est donc important que le comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté
puisse donner une impulsion à ce type d'initiatives, qui permettra d'apporter
un soutien aux élèves en situation d'exclusion.
M. le président.
La parole est à Mme Luc, pour défendre l'amendement n° 385.
Mme Hélène Luc.
Cet amendement prévoit que le comité d'éducation à la santé et à la
citoyenneté, institué au sein des établissements scolaires, veillera au respect
du principe de la gratuité de l'enseignement et des activités qui s'y
rattachent.
En effet, le principe de la gratuité de l'école comporte un nombre de plus en
plus grand d'exceptions du fait de la place croissante des activités
périscolaires - mais qui s'en plaindrait ? - voire du fait d'une administration
scolaire ayant à faire face à un certain nombre de dépenses qui ne sont pas
prises en charge par l'éducation nationale.
De l'accès aux photocopies en passant par l'achat du livret scolaire, les
familles sont amenées à contribuer à de multiples dépenses qui ont un lien
direct avec l'école.
Cette situation ne va pas sans poser de réelles difficultés au sein des
familles en situation d'exclusion.
A cette fin, nous pensons qu'une réflexion devrait être conduite au sein des
établissements scolaires afin d'éviter que ne se produient
de facto
des
situations d'exclusion en milieu scolaire, d'une part, pour l'ensemble des
activités périscolaires mais aussi, d'autre part, pour l'accès à un certain
nombre de matériels pédagogiques qui devraient être fournis par l'école.
Pour participer à trois conseils d'administration de collèges, je puis vous
dire que de nombreux problèmes se posent. Parfois, les parents d'élèves donnent
de l'argent de la caisse des parents d'élèves pour qu'un certain nombre
d'enfants puissent participer aux voyages. Il y a aussi l'aide sociale, avec le
Fonds social des collèges. Mais parfois cela ne suffit pas et, de ce fait, un
malaise apparaît dans la classe lorsque certains élèves ne peuvent partir avec
leurs camarades.
Tel est l'objet de cet amendement, que nous vous demandons de bien vouloir
adopter, mes chers collègues.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 118, 415 et 385 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'amendement n° 415 est trop restrictif. Il semble préférable
de laisser au comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté le choix de ses
actions, plutôt que de les lui fixer de manière aussi directe et précise dans
la loi. Par conséquent, la commission émet un avis défavorable.
Elle émet également un avis défavorable sur l'amendement n° 385. En effet, les
dispositions qu'il prévoit sont inapplicables, puisque le respect du principe
de gratuité de l'enseignement ne peut être assuré par le comité d'éducation à
la santé et à la citoyenneté.
Quant à l'amendement n° 118, il est satisfait par l'amendement n° 96
rectifié.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Monsieur le président, je retirerai l'amendement n°
118 si l'amendement n° 96 rectifié est adopté.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 96 rectifié, 118, 415
et 385 ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement était favorable à l'amendement n° 118,
mais si celui-ci est effectivement considéré comme satisfait par l'amendement
n° 96 rectifié, il n'insiste pas.
Il serait favorable à l'amendement n° 415, sous réserve qu'il ne soit pas
interprété dans les établissements comme une relative marginalisation de sujets
dont la place, vous en conviendrez, est au coeur même du projet d'établissement
approuvé, comme le prévoit la loi, par le conseil d'administration au sein
duquel est représentée la communauté éducative dans son ensemble, et non à ses
marges.
Par ailleurs, le Gouvernement émet un avis favorable sur les amendements n°s
96 rectifié et 385, sous réserve que leurs auteurs acceptent une modification
d'ordre rédactionnel.
D'abord, il conviendrait de remplacer les deux dernières phrases de
l'amendement n° 96 rectifié par la phrase suivante : « En lien avec les axes du
projet d'établissement, approuvés par le conseil d'administration, il contribue
à des initiatives en matière de lutte contre l'échec scolaire, d'amélioration
des relations avec les familles, en particulier les plus démunies, de médiation
sociale et culturelle et de prévention. »
Il s'agit de bien préciser que les comités ne peuvent pas se substituer à la
politique de l'établissement inscrite dans le projet d'établissement, approuvé
par le conseil d'administration.
Si la rédaction de l'amendement n° 96 rectifié était modifiée en ce sens, afin
d'éviter les difficultés que j'ai signalées, le Gouvernement émettrait alors un
avis favorable sur ce texte.
L'amendement n° 385, défendu par Mme Luc, pose un problème un peu du même
ordre, qui incite le Gouvernement à retenir l'idée mais dans une rédaction
différente. Celle qui vous est proposée par M. le ministre de l'éducation
nationale consisterait à insérer, après le troisième alinéa de l'article 1er de
la loi de 1989, une phrase ainsi rédigée : « Les établissements veillent, dans
l'organisation des activités périscolaires à caractère facultatif, à ce que les
ressources des familles ne constituent pas un facteur discriminant entre les
élèves. »
Cette formulation me paraît bien prendre en compte la démarche de Mme Luc tout
en évitant des difficultés d'application ultérieures.
M. le président.
Monsieur le rapporteur, que pensez-vous de la suggestion de M. le secrétaire
d'Etat ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
J'y suis favorable, et je rectifie donc à nouveau
l'amendement n° 96 rectifié dans ce sens, sous réserve de substituer les mots :
« En liaison » aux mots : « En lien ».
(M. le secrétaire d'Etat fait un
signe d'assentiment.)
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 96 rectifié
bis
, présenté par M.
Bernard Seillier, au nom de la commission des affaires sociales, et tendant à
rédiger comme suit l'article 75
bis
:
« Après l'article 21 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée, il est
inséré un articles 21
bis
ainsi rédigé :
«
Art. 21
bis. - Le comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté
présidé par le chef d'établissement a pour mission d'apporter un appui aux
acteurs de la lutte contre l'exclusion.
« Ce comité a pour mission de renforcer sur le terrain les liens entre
l'établissement d'enseignement, les parents les plus en difficulté et les
autres acteurs de la lutte contre l'exclusion. En liaison avec les axes du
projet d'établissement, approuvés par le conseil d'administration, il contribue
à des initiatives en matière de lutte contre l'échec scolaire, d'amélioration
des relations avec les familles, en particulier les plus démunies, de médiation
sociale et culturelle et de prévention. »
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 96 rectifié
bis
, accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 75
bis
est ainsi rédigé.
L'amendement n° 118 est donc retiré et les amendements n°s 415 et 385 n'ont
plus d'objet.
Articles additionnels après l'article 75
bis
M. le président.
Par amendement n° 321, Mme Cerisier-ben Guiga et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 75
bis
, un
article additionnel ainsi rédigé :
« L'Etat garantit à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger les
moyens nécessaires à la scolarisation des enfants français dans les
établissements conventionnés de son réseau sur la base d'une parité de dépense
en faveur des enfants scolarisés en France et des enfants français scolarisés
dans les écoles françaises à l'étranger. »
La parole est à Mme Cerisier-ben Guiga.
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Cet amendement relatif au financement de l'Agence pour l'enseignement français
à l'étranger vise à lutter contre l'exclusion de la nationalité française,
via
l'exclusion scolaire, des enfants français éduqués à l'étranger.
Peut-être serez-vous quelque peu étonnés qu'une telle proposition soit
présentée dans ce texte, mes chers collègues. Mais nous constatons que nombre
d'enfants français nés à l'étranger perdent, de fait, la nationalité française
tout simplement parce qu'ils n'ont pas accès à la langue et à la culture
françaises.
La nationalité, telle que nous la concevons en droit français, résulte de la
filiation et de la naissance en France ; mais elle est confortée par
l'institution scolaire grâce à laquelle enfants et adolescents accèdent à la
maîtrise réelle de notre langue et acquièrent ce riche legs de souvenirs et
cette volonté de vivre ensemble par lesquels Ernest Renan définit notre
sentiment d'appartenance nationale.
Or, pour des enfants français nés et éduqués à l'étranger, c'est l'école qui
constitue le principal facteur de francisation, car les familles peinent à
transmettre l'héritage. En effet, les Français ont pour caractéristique de
s'intégrer facilement dans leur pays d'accueil, et c'est encore plus vrai pour
leurs enfants. Encore serait-il souhaitable que ces enfants ne cessent pas de
parler français, de se sentir français et, au bout du compte, d'être français.
Or, c'est le cas général en Europe et dans le continent américain.
Pour autant, ce n'est nullement la volonté des familles, qui ne renoncent à
inscrire leurs enfants à l'école française de leur pays de résidence que pour
des raisons financières. Nous constatons aussi que seuls 30 % des enfants
immatriculés dans les consulats fréquentent l'école française. Tous les autres
fréquentent l'école de leur pays de résidence. Très bien ! Mais
quid
de
leur nationalité française ?
La participation financière de l'Etat français au coût de scolarisation des
élèves dans son propre réseau d'écoles françaises à l'étranger est inférieur de
moitié au coût total de scolarisation, le reste étant à la charge financière
des familles. En outre, cette participation de l'Etat français est inférieure
de moitié par enfant au seul effort financier du ministère de l'éducation
nationale pour un enfant scolarisé en France. Ainsi, l'Etat français consent à
dépenser 12 000 francs par enfant et par an pour un enfant scolarisé à
l'étranger alors qu'il dépense 24 000 francs pour un enfant scolarisé en France
et que les collectivités territoriales ajoutent 10 000 francs. Cette
disproportion, qui nous paraît inacceptable, entraîne des effets tout à fait
dommageables en matière d'accès à la nationalité.
Je précise encore que les crédits de bourses scolaires, qui sont actuellement
d'un montant total de 200 millions de francs, profitent à des enfants dont les
parents ont des ressources très modestes et permettent ainsi, actuellement, à
environ 17 000 enfants français d'accéder à l'école française tous les ans.
Mais il n'est pas rare que les droits de scolarité pour un seul enfant
atteignent 20 % des revenus familiaux, sans ouvrir pour autant le bénéfice
d'une bourse scolaire.
Aussi, pour que les écoles françaises de l'étranger, qui appartiennent à un
réseau dépendant d'un établissement public - c'est l'Agence pour l'enseignement
français à l'étranger, qui est placée sous la tutelle du ministère des affaires
étrangères - deviennent accessibles à tous les enfants français dont les
parents souhaitent qu'ils parlent français, qu'ils aient une culture et une
formation intellectuelle françaises et qu'ils restent ainsi pleinement membres
de la communauté nationale, l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger
doit disposer, selon un principe très simple de parité, du financement
nécessaire à l'accomplissement de sa mission de service public d'éducation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement avant
de se prononcer.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Mme Aubry a déjà indiqué que ce projet de loi n'était
pas le cadre idéal pour des dispositions de ce type. Par conséquent, le
Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
Cependant, M. le ministre de l'éducation nationale m'a chargé de dire aux
auteurs de cet amendement qu'il partage au moins l'une des convictions fortes
qui fondent leur proposition : le fonctionnement de l'Agence pour
l'enseignement français à l'étranger doit en effet être amélioré. Claude
Allègre a entrepris sur ce point un travail de fond qu'il poursuivra.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Comme le Gouvernement, la commission considère que cet
amendement n'a pas sa place dans ce projet de loi.
M. le président.
Madame Cerisier-ben Guiga, l'amendement n° 321 est-il maintenu ?
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Oui, car il pourrait être repris, et je serais peut-être amenée alors à voter
un amendement que j'aurais retiré.
(Sourires.)
Je constate, une fois de plus, que le problème des Français de l'étranger que
nous sommes est d'être toujours en dehors des cadres : nous sommes en dehors
des frontières et en dehors de tous les cadres !
Au moins, je suis heureuse que M. Allègre manifeste, à l'occasion du dépôt de
cet amendement, un intérêt pour l'Agence de l'enseignement français à
l'étranger et que, semble-t-il, s'ouvre enfin un véritable intérêt de
l'éducation nationale pour les enfants français à l'étranger. C'est une
nouveauté qui intéressera beaucoup nos compatriotes installés à l'étranger.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 321.
M. Jacques Habert.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet
amendement important souligne une situation déplorable pour ce qui concerne la
participation financière de la France à l'enseignement français à
l'étranger.
Nous sommes heureux d'entendre que M. le ministre de l'éducation nationale est
prêt à s'y intéresser davantage.
Nous regrettons profondément que, au moment de la création de l'Agence pour
l'enseignement français à l'étranger, en 1990, le ministère de l'éducation
nationale, malgré un vote contraire du Sénat, ait été écarté de la tutelle, et
donc de l'aide financière au réseau des établissements d'enseignement français
à l'étranger, qui pourtant remplissent un service public. Depuis ce moment, le
problème est posé.
Nous avons constaté qu'un enfant français scolarisé à l'étranger coûte environ
moitié moins cher qu'un enfant français scolarisé en France. C'est une
situation évidemment anormale. Nous souhaiterions donc - c'est le voeu du
Conseil supérieur des Français à l'étranger et, en fait, de tous nos
compatriotes expatriés - qu'il y ait égalité à cet égard et que la France
accepte de dépenser exactement la même somme pour les enfants français
scolarisés en France et les enfants français scolarisés à l'étranger.
S'il en était ainsi, il n'y aurait plus de problèmes financiers pour
l'enseignement français à l'étranger. C'est la solution que nous préconisons
depuis longtemps et que l'on se refuse à admettre. Mais il faudra bien y venir
un jour, car il n'est pas possible de continuer comme aujourd'hui.
Actuellement, le problème n'est plus seulement de permettre aux enfants
français de suivre à l'extérieur un enseignement français ; il est aussi - et
c'est plus grave - compte tenu de la spirale de l'augmentation des frais de
scolarité, d'éviter que de jeunes Français en soient exclus. Il faut enrayer
les départs pour raisons financières enregistrés depuis deux ans dans les
établissements français à l'étranger.
Il y a là un problème essentiel, et cet amendement met fort judicieusement
l'accent sur ce problème. Nous souhaitons, par conséquent, qu'il soit pris en
compte, ne serait-ce que pour donner matière à réflexion au cours de la navette
parlementaire, afin de voir ce que peut faire l'éducation nationale, laquelle -
c'est invraisemblable et inadmissible ! - ne fait rien financièrement pour
l'enseignement français à l'étranger.
Ce sont deux ministères relativement pauvres - les affaires étrangères et la
coopération - qui s'en occupent et qui ont la tutelle de l'Agence pour
l'enseignement français à l'étranger.
Or, voilà maintenant que ces deux ministères fusionnent, et l'on constate que
les crédits risquent encore de baisser. Demain, la situation peut encore
empirer.
Le vote de cet amendement permettrait d'y réfléchir et de voir ce que l'on va
faire pour ce problème récurrent qui prend maintenant une gravité
exceptionnelle.
J'invite donc mes collègues à voter cet amendement, de manière que le
Gouvernement puisse songer à mieux faire face à ses responsabilités.
(Mme Cerisier-ben Guiga applaudit.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 321, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 75
bis
.
M. Jean Chérioux.
Nous sommes loin du problème de l'exclusion !
Mme Monique Cerisier-ben Guiga.
Mais non !
M. le président.
Par amendement n° 386, Mme Luc, MM. Renar et Ralite, les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 75
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« L'agrément de l'Etat pour le classement d'établissements scolaires en zones
d'éducation prioritaire (ZEP) ou en zones sensibles doit tenir compte
uniquement des besoins des établissements scolaires après l'analyse des
critères internes au système scolaire et des critères externes sur
l'environnement, à l'exclusion de tout autre critère. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
L'une des innovations majeures du projet de loi qui nous est soumis consiste
en l'application étendue d'un principe de discrimination positive. Cela
permettra d'ouvrir plus largement à tous, notamment à nombre de nos concitoyens
en situation de grande difficulté - en situation d'exclusion, comme il est de
coutume de le dire - l'accès des services publics adaptés.
Le dispositif des zones d'éducation prioritaire peut constituer, à ce titre,
un instrument privilégié de la lutte contre l'exclusion en milieu scolaire.
La récente mobilisation de la communauté éducative et des parents d'élèves du
département de la Seine-Saint-Denis montre l'attachement de la population à ce
dispositif en tant qu'instrument privilégié dans des situations où l'échec
scolaire va très souvent de pair avec l'exclusion.
Trop souvent, hélas ! le classement de certains établissements en zone
d'éducation prioritaire se heurte à d'énormes difficultés, notamment
budgétaires, qui viennent retarder d'autant la mise en place de mesures
adaptées sur le terrain.
Notre amendement vise tout simplement à éviter que le classement en zone
d'éducation prioritaire n'intervienne que tardivement et ne soit soumis à des
contraintes budgétaires ayant assez peu à voir avec la résolution de problèmes
d'insertion scolaire.
Ainsi, l'amendement que nous vous proposons d'adopter prévoit que l'agrément
de l'Etat pour le classement d'établissements scolaires en ZEP devra tenir
compte de leurs besoins, après analyse des critères internes au système
scolaire et des critères externes relatifs à l'environnement des
établissements, à l'exclusion de tout autre critère et principalement du
critère des moyens.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission s'est interrogée sur la définition des critères
internes et externes, et elle remercie donc notre collègue d'avoir tenté de la
clarifier.
Elle reste cependant assez sceptique sur les conséquences que l'on peut tirer
de cette définition et elle émet donc un avis défavorable sur l'amendement n°
386.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n°
386, car il ne souhaite pas faire entrer la définition des zones d'éducation
prioritaire dans une logique d'agrément, laquelle, qui plus est, serait prévue
par des dispositions législatives, en l'occurrence celles que vous soumettez à
l'adoption de la Haute Assemblée, monsieur Fischer.
Le Gouvernement est convaincu qu'il faut garder une certaine souplesse pour
agir au plus près des priorités qui s'imposent, d'autant que - vous en
conviendrez, monsieur le sénateur - ces priorités peuvent évoluer. Ainsi, la
situation démographique peut être très sensiblement modifiée par la réalisation
de telle ou telle opération, la situation économique peut être boulerversée par
la fermeture d'une entreprise importante.
S'il fallait, dans toutes ces circonstances, engager un processus pour
parvenir à un agrément de l'Etat, je crois que nous aurions là une rigidité qui
n'irait pas dans le sens du voeu que vous entendez satisfaire.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement souhaite que cet
amendement ne soit pas adopté.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 386, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 76
M. le président.
« Art. 76. - I. - Les I à V et le VIII de l'article 23 de la loi n° 94-629 du
25 juillet 1994 relative à la famille sont abrogés.
« II. - L'article L. 241-6 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié
:
« 1° Au premier alinéa, les mots : ", d'aide à la scolarité" sont supprimés
;
« 2° Le 6° est abrogé. »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'article 76 du projet de loi tend à supprimer l'aide à la
scolarité qui avait été instituée par la loi « famille » de 1994.
L'article 77, quant à lui, prévoit de la remplacer par un nouveau système de
bourse nationale des collèges.
La commission des affaires sociales vous propose d'adopter deux amendements de
suppression de ces articles. L'aide à la scolarité est, en effet, un bon
système qui a permis, en 1994, d'améliorer le système des bourses des collèges,
devenu largement obsolète.
MM. Claude Huriet et Charles de Courson, dans un rapport rédigé en 1995, ont
constaté que le « système de l'aide à la scolarité a résolu une partie des
problèmes soulevés par la bourse des collèges ».
L'aide à la scolarité a d'abord permis de distribuer des aides plus élevées à
un nombre plus important de familles. Elle a également permis une réduction
importante des coûts de gestion : la réforme s'est traduite par une économie de
trois cents postes budgétaires dans les inspections académiques, pour un
montant de 38 millions de francs.
Désormais, la Caisse nationale des allocations familiales chiffre à 100 francs
le coût moyen de gestion de chaque aide, alors qu'il était de 250 francs pour
les bourses des collèges.
L'aide à la scolarité a permis, enfin, de simplifier les démarches des
familles.
Dès lors, il semble peu raisonnable de supprimer l'aide à la scolarité pour
revenir à un système de bourses des collèges, même aménagé.
Le Gouvernement avance toutefois deux types d'arguments en faveur de son
projet de suppression de l'aide à la scolarité. Or ces arguments apparaissent
bien fragiles.
Le Gouvernement estime, en premier lieu, que l'aide à la scolarité aurait
précipité la chute de fréquentation des cantines scolaires, à cause de ses
modalités de versement.
Ce diagnostic semble néanmoins fragile, pour trois raisons.
Tout d'abord, l'impact défavorable de l'instauration de l'aide à la scolarité
sur la fréquentation des cantines n'a pas été démontré. La Cour des comptes a
ainsi noté que « la réforme a été le révélateur d'un problème qui existait bien
avant son instauration ».
Ensuite, la question n'est pas tant celle des modalités de versement des
bourses que celle de leur montant : le montant moyen de l'aide à la scolarité
est de 650 francs, alors que les frais de demi-pension s'élèvent à 2 500 francs
par an. Dès lors, quelles que soient les modalités de versement, les familles
les plus défavorisées éprouvent des difficultés à régler les frais de
restauration scolaire.
Enfin, il existe actuellement des fonds sociaux destinés à favoriser l'accès
des enfants issus des familles les plus en difficulté à la cantine. Les fonds
sociaux collégiens pour les cantines sont ainsi dotés de 470 millions de francs
de crédits.
La seconde critique formulée par le Gouvernement porte sur le champ des
bénéficiaires de l'aide à la scolarité.
Trois types d'élèves ne bénéficient pas de l'aide à la scolarité alors qu'ils
auraient pu bénéficier de la bourse des collèges : les enfants de moins de onze
ans inscrits au collège, les enfants de plus de seize ans inscrits au collège
et les enfants issus de familles ne touchant aucune des prestations versées par
la caisse d'allocations familiales.
On évalue à 90 000 le nombre d'enfants ainsi exclus du bénéfice de l'aide à la
scolarité.
Ces lacunes du système d'aide à la scolarité ne semblent pourtant pas
justifier sa suppression. Il est, en effet, possible de corriger les « effets
de champ » de l'aide à la scolarité sans remettre en cause le mécanisme. Ainsi,
la commission des affaires sociales proposera un amendement étendant aux
enfants de plus de seize ans inscrits au collège le bénéfice de l'aide à la
scolarité. Cela permettra alors à environ 60 000 des 90 000 élèves exclus de
toucher l'aide à la scolarité.
De plus, l'hypothèse d'un versement des allocations familiales ou de
l'allocation de rentrée scolaire dès le premier enfant permettrait de
réintégrer dans le champ de l'aide à la scolarité les familles ne percevant
actuellement aucune prestation versée par les caisses d'allocations
familiales.
Par ailleurs, une nouvelle réforme de l'aide à la scolarité ne ferait
qu'accroître l'opacité du système pour les familles. C'est ce que note
l'inspection générale de l'éducation nationale, dans son rapport de 1997 : « Il
n'est pas certain que la réforme du système des bourses des collèges, en dépit
des difficultés qu'elle a fait naître, doive être remise en cause. Alors que la
législation vient tout juste d'être modifiée et que les nouvelles modalités
sont encore mal intégrées dans l'esprit et la pratique des familles, un retour
à la situation antérieure ne ferait sans doute qu'accroître l'instabilité du
système et son opacité. »
La réforme de l'aide à la scolarité semble d'autant moins souhaitable que la
nouvelle bourse des collèges proposée par le Gouvernement risque de soulever
plus de problèmes qu'elle n'en résoudrait.
Ces problèmes sont de quatre ordres.
Tout d'abord, si les modalités de gestion sont simplifiées, elles restent
lourdes pour des établissements qui ont perdu l'expérience de cette gestion,
mais elles sont surtout largement déconnectées de la réalité sociale. Ainsi,
les ressources prises en compte pour le calcul de la bourse sont celles de
l'année n-2. Il y a donc une déconnexion entre l'aide versée et la situation
financière des familles.
Ensuite, le coût de gestion des bourses des collèges risque d'être supérieur à
celui de l'aide à la scolarité. On rappellera que le coût de gestion de l'aide
à la scolarité est actuellement proche de 100 francs par élève, alors que celui
de l'ancienne bourse des collèges était de 250 francs. De plus, la suppression
des bourses s'était traduite, en 1994, par une économie de trois cents postes
dans les services académiques, comme je l'ai déjà dit. Le ministère de
l'éducation nationale affirme que des redéploiements d'effectifs suffiront à
couvrir le travail supplémentaire. Une création nette d'emplois dans les
services académiques n'est cependant pas à exclure.
Par ailleurs, la nouvelle bourse des collèges risque de se traduire par une
stigmatisation supplémentaire pour les familles en difficulté. L'aide à la
scolarité était un droit : les familles n'avaient aucune démarche à accomplir
pour en bénéficier. A l'inverse, la bourse des collèges nécessite une démarche
volontaire assortie de formalités administratives pour que les familles
puissent en bénéficier.
Enfin, la nouvelle bourse des collèges cherche à corriger certains « effets de
champ » de la réforme de 1994. Elle permet ainsi, par le changement du critère
d'attribution, de réintégrer au bénéfice de la bourse les trois publics qui
avaient été exclus de l'aide à la scolarité. Au total, quelque 90 000 élèves
supplémentaires bénéficieraient de la bourse des collèges.
Cette mesure, en apparence positive, est, en réalité, inadaptée. D'une part,
il est possible d'étendre l'aide à la scolarité aux enfants de plus de seize
ans sans difficultés majeures. Cette mesure fera d'ailleurs l'objet d'un
amendement de la commission des affaires sociales. D'autre part, l'assurance
faite ce matin même par le Premier ministre d'un versement de l'allocation de
rentrée scolaire dès le premier enfant permettra d'étendre sans difficulté
l'aide à la scolarité aux enfants des familles d'un enfant : comme les caisses
d'allocations familiales devront inscrire ces familles dans leurs fichiers,
elles pourront leur verser l'aide à la scolarité. On peut donc s'interroger sur
la nécessité de réformer l'aide à la scolarité alors même que les déclarations
du Premier ministre en rendent les justifications obsolètes.
D'autre part, le changement du critère d'attribution a surtout pour effet
d'exclure du champ de la bourse les enfants de plus de onze ans inscrits en
primaire. On estime ainsi entre 80 000 et 100 000 le nombre d'enfants dont les
familles touchaient l'aide à la scolarité et qui ne toucheront pas la nouvelle
bourse. Or il est à craindre que ces enfants, très souvent en situation d'échec
scolaire, soient parmi les plus exposés au risque d'exclusion.
Il est bien évident que la commission des affaires sociales a travaillé sur ce
sujet en liaison étroite avec M. Huriet, rapporteur de la loi « famille » et
actuel président de la caisse de surveillance de la Caisse nationale
d'allocations familiales.
M. le président.
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Je vais être extrêmement bref, pour ne pas allonger
les débats.
Les deux commissions n'ont pas la même position sur ce sujet : dans la
pratique, en 1994, lorsque l'on a changé le dispositif pour instaurer l'aide à
la scolarité, c'est-à-dire des bourses gérées par les caisses d'allocations
familiales, il s'agissait de répondre aux inconvénients de l'ancien dispositif,
notamment à la lourdeur financière de gestion de ces dossiers.
Malheureusement, la situation ne s'est pas améliorée et, en réalité, l'ancien
système des bourses était plus satisfaisant.
La commission des affaires culturelles a longtemps débattu de cette question
et elle a adopté une position à l'unanimité. Elle a considéré que le niveau des
bourses servies était insuffisant - 350 francs par famille pour un revenu
annuel de 47 000 francs - et elle a estimé que l'ancien système des bourses
était préférable, sous réserve des aménagements que propose le Gouvernement,
avec une gestion par les établissements scolaires plus proche du terrain.
Malgré les améliorations que vient de rappeler M. le rapporteur, le maintien
de l'aide à la scolarité gérée par la caisse d'allocations familiales n'est pas
satisfaisant.
En résumé, la commission des affaires culturelles préfère la solution
proposée par le Gouvernement à celle que vient d'exposer M. le rapporteur au
nom de la commission des affaires sociales.
M. le président.
Par amendement n° 97, MM. Seillier et Huriet, au nom de la commission des
affaires sociales, proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je ne reprendrai pas les arguments que l'ai déjà exposés dans
mon intervention sur l'article : la commission des affaires sociales propose la
suppression de l'article 76.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Les interventions qui ont précédé l'examen de
l'amendement n° 97 ont lié - et c'est bien normal - les articles 76 et 77.
Le Gouvernement, je tiens à le dire à M. le rapporteur de la commission des
affaires sociales, partage l'analyse de M. le rapporteur pour avis de la
commission des affaires culturelles.
La solution qui a finalement été retenue tient compte de constats établis par
des parents d'élèves, des chefs d'établissement et des élus locaux. Tous ont
relevé qu'une seule et unique disposition de la loi de 1994 relative à la
famille avait suscité de réelles difficultés d'application. C'est pour résoudre
ces difficultés que l'article 77 vous est proposé. Il n'est, dans cette
affaire, nullement question d'idéologie : il ne s'agit que de prendre en compte
des problèmes vérifiés au quotidien sur le terrain, de combler des failles dans
le dispositif précédent, qu'il s'agisse des publics ou de la qualité
nutritionnelle des repas servis, bref, autant de difficultés qui ont été
analysées et qui seront traitées.
En ce qui concerne les publics en cause, M. le rapporteur de la commission des
affaires sociales a fait état de chiffres qui ne correspondent pas à ceux qui
ont été établis par le ministère de l'éducation nationale. Par exemple, les
enfants de onze ans encore scolarisés en primaire et qui bénéficiaient de
l'aide à la scolarité étaient, l'an dernier, 6 500. En revanche, les élèves de
plus de seize ans encore scolarisés en collège étaient 56 000. Nous devons donc
tenir compte de ces données quantitatives.
En résumé, mesdames, messieurs les sénateurs, la position que nous vous
proposons - et que rejoint, le Gouvernement s'en réjouit, votre commission des
affaires culturelles unanime - n'a pas d'autre objet que d'apporter une
solution à des problèmes pratiques constatés au quotidien.
Le Gouvernement souhaite donc que le Sénat repousse l'amendement n° 97 et
adopte les articles 76 et 77.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 97.
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Il n'étonnera personne que je sois résolument à la fois contre l'amendement n°
97 et contre l'amendement n° 98, qui participent du même objet.
En effet, je sais les protestations qu'a soulevées la suppression par le
Gouvernement du versement des bourses aux collèges. Des familles connaissant de
très grandes difficultés financières ont utilisé cet argent pour satisfaire
d'autres besoins familiaux, si bien qu'il n'est pas toujours resté l'argent
nécessaire pour les repas des enfants. Nous avons d'ailleurs constaté, à cette
époque, une baisse de la fréquentation dans les cantines scolaires.
Je l'ai dit tout à l'heure, le département du Val-de-Marne a beaucoup fait en
faveur des cantines scolaires. Depuis qu'il a mis en place son aide, la
fréquentation des cantines a augmenté de 38 %, ce qui prouve bien l'importance
du besoin.
Il m'a été rapporté que, dans plusieurs collèges, le lundi, les enfants
avaient besoin de manger davantage, qu'ils consommaient notamment plus de pain,
et que donc on commandait plus de repas. Cela veut bien dire qu'ils n'ont pas
très bien mangé chez eux le week-end. Ce sont là des faits qui ne peuvent pas
nous laisser indifférents.
S'il est une chose essentielle pour la santé comme pour la réussite scolaire
de l'enfant, c'est bien qu'il ait au moins un repas correct par jour.
Voilà pourquoi nous nous félicitons que le Gouvernement ait proposé le
reversement direct aux collèges.
Certes - c'est d'ailleurs un argument en faveur de la suppression de l'article
- ce reversement direct induit un léger surcroît de travail administratif.
Mais, entre le travail administratif supplémentaire et le fait que des enfants
puissent manger, mon choix est simple : je choisis le bien-être des enfants.
Il faut donc absolument conserver cette disposition intéressante du
Gouvernement, qui répond, en outre, à une demande des parents.
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
J'ai écouté attentivement M. le rapporteur. Il ne m'a pas convaincu parce que,
sur le terrain, la situation est effectivement telle qu'il est nécessaire de
revoir le dispositif, qui, pour être plus économique, n'en est pas moins
inefficace. Or, le but, c'est tout de même d'obtenir un résultat auprès des
familles et des élèves, c'est-à-dire de faire en sorte que ces derniers
puissent aller très régulièrement à la cantine !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 97, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi de deux demandes de scrutin public émanant l'une de la
commission des affaires sociales, l'autre du groupe communiste républicain et
citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
102:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 276 |
Majorité absolue des suffrages | 139 |
Pour l'adoption | 155 |
Contre | 121 |
En conséquence, l'article 76 est supprimé.
Article 77
M. le président.
« Art. 77. - Après l'article 10 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989
précitée, il est inséré un article 10-1 ainsi rédigé :
«
Art. 10-1
. - I. - Pour chaque enfant à charge inscrit dans un collège
public, un collège privé ayant passé avec l'Etat l'un des contrats prévus par
la loi n° 59-1557 du 31 décembre 1959 sur les rapports entre l'Etat et les
établissements d'enseignement privés ou dans un collège privé habilité à
recevoir des boursiers nationaux, une bourse nationale de collège est attribuée
aux familles dont les ressources ne dépassent pas un plafond variable selon le
nombre d'enfants à charge et revalorisé comme le salaire minimum de croissance
prévu par l'article L. 141-4 du code du travail.
« Le montant de la bourse, qui varie en fonction des ressources de la famille,
est fixé en pourcentage de la base mensuelle de calcul des prestations
familiales mentionnée à l'article L. 551-1 du code de la sécurité sociale.
« II. - Les bourses nationales de collège sont à la charge de l'Etat.
« La bourse de collège est servie aux familles, pour les élèves inscrits dans
un collège public, par l'établissement après déduction éventuelle des frais de
pension ou de demi-pension et, pour les élèves inscrits dans un collège privé,
par les autorités académiques.
« III. - Pour les élèves inscrits dans les établissements visés au I du
présent article, ce dispositif se substitue aux bourses nationales attribuées
aux élèves inscrits dans un collège en application de l'article 1er de la loi
n° 51-1115 du 21 septembre 1951 portant ouverture de crédits sur l'exercice
1951 (Education nationale).
« IV. - L'article 1er de la loi n° 51-1115 du 21 septembre 1951 précitée
demeure applicable aux élèves inscrits :
« 1° Dans les classes du second degré des lycées publics, des lycées privés
ayant passé avec l'Etat l'un des contrats prévus par la loi n° 59-1557 du 31
décembre 1959 précitée ou des lycées privés habilités à recevoir des boursiers
nationaux ;
« 2° Dans un établissement régional d'enseignement adapté sous réserve que
soient déduites les aides accordées au titre des exonérations éventuelles de
frais de pension et de demi-pension ;
« 3° Dans les établissements d'enseignement visés au livre VIII du code
rural.
« V. -
Supprimé
. »
Par amendement n° 98, MM. Seillier et Huriet, au nom de la commission des
affaires sociales, proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement, tout comme les deux suivants, est la
conséquence de l'adoption de l'amendement précédent.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Il a été déjà exprimé, monsieur le président : le
Gouvernement émet un avis défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 98, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 77 est supprimé.
Articles additionnels après l'article 77
M. le président.
Par amendement n° 99, MM. Seillier et Huriet, au nom de la commission des
affaires sociales, proposent d'insérer, après l'article 77, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa du paragraphe I de l'article 23 de la loi n° 94-629
du 25 juillet 1994 relative à la famille, après les mots : "jusqu'à la fin de
l'obligation scolaire", sont insérés les mots : "ou jusqu'à la fin de son
inscription dans un collège public, un collège privé ayant passé avec l'Etat
l'un des contrats prévus par la loi n° 59-1557 du 31 décembre 1959 ou dans un
collège habilité à recevoir les boursiers nationaux". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il s'agit - je l'ai dit - d'un amendement de conséquence, qui
vise à étendre le bénéfice de l'aide à la scolarité aux élèves de plus de seize
ans inscrits au collège.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement, qui s'efforce d'être cohérent,
s'oppose également à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 99, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 77.
Par amendement n° 100, MM. Seillier et Huriet, au nom de la commission des
affaires sociales, proposent d'insérer, après l'article 77, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Après le deuxième alinéa du paragraphe II de l'article 23 de la loi n°
94-629 du 25 juillet 1994 relative à la famille, il est inséré un alinéa ainsi
rédigé :
« L'aide à la scolarité est versée en trois fois, à l'exception de l'aide du
montant le plus faible, qui est versée en une seule fois. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Parmi les arguments qui avaient été avancés pour fonder le
lien, que la commission a considéré comme n'étant pas démontré, entre l'aide à
la scolarité et une baisse de la fréquentation des restaurants de collège
figurait le versement en une seule fois, en début d'année, du montant de l'aide
à la scolarité.
Cet amendement prévoit le versement en trois fois de l'aide à la scolarité, à
l'exception de l'aide du montant le plus faible, qui resterait versée en une
seule fois puisqu'elle est de l'ordre de 300 ou 400 francs.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 100, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 77.
Par amendement n° 101, MM. Seillier et Huriet, au nom de la commission des
affaires sociales, proposent d'insérer, après l'article 77, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 1er mars 1999, un rapport
sur la fréquentation des cantines scolaires. Ce rapport étudiera l'ampleur de
la baisse de fréquentation, en analysera les causes et évaluera l'impact
éventuel de la mise en place de l'aide à la scolarité en 1994 sur la
fréquentation des cantines. Ce rapport fera également le bilan du
fonctionnement du fonds social pour les cantines. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Nous préconisons la présentation au Parlement, avant le 1er
mars 1999, d'un rapport sur la fréquentation des cantines scolaires.
En effet, le fait de proposer au Sénat de mantenir le régime de l'aide à la
scolarité ne veut pas dire pour autant que nous contestons la réalité du
problème, soulevé par plusieurs orateurs, de l'alimentation des enfants issus
de familles connaissant des situations sociales difficiles.
C'est une vraie question, dont nous avons considéré qu'elle n'était pas
directement et intimement liée au problème du versement des aides à la
scolarité.
C'est pourquoi nous souhaitons qu'un rapport précis soit établi - nombre de
rumeurs circulent, qui sont certainement fondées - sur la fréquentation des
cantines scolaires. Ce rapport devra étudier l'ampleur de la baisse de
fréquentation, en analyser les causes, évaluer l'impact éventuel de la mise en
place de l'aide à la scolarité en 1994 sur la fréquentation des cantines et
faire également le bilan du fonctionnement du fonds social pour les
cantines.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable au principe du dépôt
d'un rapport faisant un bilan. Il souhaite toutefois que l'on couvre une
période un peu plus longue, de manière à avoir des références plus fiables.
A cet effet, il propose la rédaction suivante : « Le Gouvernement présentera
au Parlement, avant le 1er septembre 1999, » - c'est pour disposer des éléments
de la prochaine année scolaire -, « un rapport sur la fréquentation des
cantines scolaires depuis 1993 et son évolution, ainsi que sur le
fonctionnement des fonds sociaux ». Nous couvririons ainsi l'ensemble de la
période 1993-1999.
M. le président.
Acceptez-vous de rectifier l'amendement dans le sens souhaité par le
Gouvernement, monsieur le rapporteur ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 101 rectifié, présenté par MM. Seillier
et Huriet, au nom de la commission des affaires sociales, et tendant à insérer
après l'article 77, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 1er septembre 1999, un
rapport sur la fréquentation des cantines scolaires depuis 1993 et son
évolution ainsi que sur le fonctionnement des fonds sociaux. »
Je vais mettre aux voix cet amendement n° 101 rectifié.
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Nous constatons, au travers de cet amendement, que M. le rapporteur met
lui-même en doute les arguments qu'il avait développés pour s'opposer à la
réforme que proposait le Gouvernement.
Nous voterons, bien évidemment, cette disposition, mais après avoir constaté,
donc, que M. le rapporteur doute de ses propres arguments, alors que nous,
connaissant le terrain, nous étions loin de douter des nôtres.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je ne crois pas, dans mon exposé sur cet amendement, avoir
été en contradiction avec les arguments que j'ai précédemment avancés.
Je reconnais qu'un problème se pose. En effet, d'après les chiffres qui m'ont
été communiqués, la fréquentation des cantines et des restaurants scolaires
aurait diminué avant même la mise en place de l'aide à la scolarité. Or je
viens d'apprendre, selon d'autres sources, qui restent à vérifier, qu'au
contraire elle aurait réaugmenté de 50 000 personnes l'année dernière alors
qu'elle diminuait en moyenne de 20 000 personnes les années précédentes.
M. Claude Estier.
C'est parce qu'on a baissé le prix des repas !
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Précisément, grâce à cet amendement, nous pourrons disposer
de données fiables.
M. Jean Clouet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Clouet.
M. Jean Clouet.
Je ne cesse d'entendre parler de « cantine scolaire ». Que recouvre ce vocable
?
Jusqu'à maintenant, le mot « cantine » était réservé à l'enseignement
primaire, s'agissant des maternelles et des écoles primaires. A ma
connaissance, il n'y avait de cantines ni dans les collèges ni dans les
lycées.
Le rapport en question concernera-t-il l'enseignement scolaire depuis la
maternelle jusqu'aux classes supérieures des lycées, ou seulement
l'enseignement secondaire ? Je souhaiterais obtenir une explication.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 101 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 77.
Par amendement n° 387, Mme Luc, MM. Renar, Ralite et les membres du groupe
communiste, républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 77, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les lycéens majeurs dont les revenus familiaux ne dépassent pas le
plafond fixé, bénéficient du régime de la sécurité sociale étudiante.
« II. - Le taux du barème de l'impôt prévu à l'article 885-U du code général
des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Notre amendement vise à permettre l'accès des lycéens majeurs au régime de la
sécurité sociale étudiante.
De multiples études menées ces dernières années ont mis en avant l'état
sanitaire préoccupant d'un certain nombre de jeunes, parmi les plus démunis
notamment. Ainsi, des maladies, que l'on pensait endiguées, font à nouveau leur
apparition et frappent, notamment, les publics les plus fragiles, dont les
jeunes.
Ne peut-on pas concevoir qu'un jeune ayant eu des difficultés de parcours
durant son cursus scolaire et faisant des efforts de réintégration puisse faire
l'objet d'une attention particulière ?
Etendre aux lycéens majeurs, sous condition de ressources, l'accès au régime
de la sécurité sociale étudiante serait une marque d'attention que notre pays
porte à ceux qui souhaitent bénéficier d'une formation et permettrait de ne pas
ajouter de l'exclusion à l'exclusion.
Tel est le sens de l'amendement que nous vous proposons de bien vouloir
adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a considéré que cette proposition devait être
étudiée à l'occasion de l'examen du prochain projet de loi relatif à la
couverture maladie universelle et a donc émis un avis défavorable à son
insertion dans ce texte-ci.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission. Cet
amendement est prématuré ; vous aurez l'occasion, madame le sénateur, de le
représenter lors de la discussion du texte annoncée par Mme Aubry.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 387, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 388, M. Renar, Mme Luc, M. Ralite et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 77, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la présente loi, un
projet de loi relatif au statut de l'étudiant sera proposé au Parlement. »
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Le nombre croissant d'étudiants au sein de notre enseignement supérieur a mis
en relief les difficultés rencontrées par nombre d'entre eux dans leur vie
quotidienne : droit à la santé, droit au logement, droit aux loisirs, droit à
la culture, autant de droits pourtant essentiels à l'épanouissement de chacun,
qui, très souvent, ne sont pas satisfaits dans la communauté étudiante,
notamment parmi les étudiants les plus modestes.
L'élaboration d'un statut social étudiant attendu par la communauté étudiante,
à qui il était promis depuis longtemps, devient une priorité à laquelle nous
devons nous atteler.
Aborder les questions de l'exclusion au sein de l'enseignement supérieur
aurait pu justifier un projet de loi tant cette question devient, jour après
jour, plus pressante.
Vouloir considérer le thème de l'exclusion de manière transversale et au-delà
de l'appartenance à telle ou telle catégorie peut encore se justifier, mais
cela ne doit pas nous conduire à l'économie d'un débat important sur
l'exclusion en milieu étudiant et les moyens de l'enrayer.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaiterait d'abord connaître l'avis du
Gouvernement sur cet amendement, qui est une injonction.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le ministre de l'éducation nationale travaille dans la
concertation à l'élaboration de ce qui a été appelé un « plan social étudiant
». Il pourrait présenter au Parlement la conclusion de ses travaux avant la fin
de l'année, selon les informations qui m'ont été données par son cabinet. Il
s'agit donc d'une notion différente puisqu'il s'agit d'un plan social et non
d'un statut, et le délai sera plus bref que celui que vous avez indiqué.
En conséquence, il me semble que vous pourriez accepter de retirer votre
amendement.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, madame Luc ?
Mme Hélène Luc.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 388 est retiré.
Par amendement n° 389, Mme Luc, MM. Renar, Ralite et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 77, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Il est instauré, pour les enfants âgés de six à dix-huit ans, une obligation
scolaire avec droit au redoublement, à laquelle nul parent ne saurait déroger
et pour laquelle doit correspondre une affectation scolaire effective.
« L'affectation dans une classe maternelle est assurée pour tous les enfants
de plus de deux ans dont les parents souhaitent la scolarisation. »
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Chacun s'accorde à reconnaître les effets intégrateurs de notre système
éducatif.
Les études réalisées en milieu scolaire illustrent la corrélation que l'on
peut établir entre parcours scolaire harmonieux et scolarisation précoce.
Aujourd'hui, d'un département à l'autre, d'une académie à l'autre, il existe
de fortes disparités quant à l'âge de la scolarisation en maternelle.
J'ajouterai que l'on connaît les effets bénéfiques de la fréquentation des
crèches par les tout-petits.
Je n'évoquerai pas ici les disparités liées au nombre d'élèves par classe en
maternelle.
Notre amendement tend à consigner dans la loi la possibilité, pour les parents
qui le souhaitent, d'inscrire dès deux ans leur enfant en maternelle.
En outre, il vise à étendre au-delà de seize ans l'obligation scolaire pour
éviter que tant de jeunes quittent le système éducatif sans formation.
Alors que la scolarisation est obligatoire en France, on constate un fort taux
de déscolarisation chez les enfants âgés de dix ans à douze ans. Cette
déscolarisation entre dans les faits générateurs d'exclusion.
C'est pourquoi il convient, outre l'allongement de l'âge de la scolarité, de
réaffirmer le principe incontournable de l'obligation scolaire.
Tel est le sens de l'amendement que nous vous demandons de bien vouloir
adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaiterait au préalable connaître l'avis du
Gouvernement sur cette question.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'inquiétude des auteurs de
cet amendement quant au respect de l'obligation scolaire, au taux préoccupant
d'absentéisme, voire aux phénomènes de déscolarisation de certains jeunes.
Des mesures de responsabilisation des parents ont été annoncées récemment, à
l'occasion notamment du conseil de sécurité intérieure du 8 juin dernier.
L'éducation nationale, dans ce cadre, va prendre des dispositions nouvelles
pour éviter à tout prix le cycle de l'exclusion, au sens scolaire du terme,
dans lequel sont enfermés certains jeunes qui finissent, comme vous le savez,
hélas ! par rompre avec l'école.
Le ministre de l'éducation nationale partage donc vos préoccupations, mais il
n'en tire pas les mêmes conclusions. Pourquoi, c'est la question qu'il pose,
allonger la scolarité obligatoire alors que tant de jeunes sont en rejet de
l'institution scolaire et de ses contraintes et aspirent à faire leurs preuves
ailleurs, notamment dans l'univers professionnel ?
Le Gouvernement, dans ce contexte, préfère miser sur les solutions de prise en
charge alternative pour les jeunes les plus en rupture et, surtout, sur la
formation tout au long de la vie et sur l'aide à l'insertion par l'emploi.
Tels sont les axes qu'il retient par priorité. Pour répondre aux problèmes
posés, il y a certainement d'autres solutions plus adaptées que celles sur
lesquelles déboucherait l'amendement proposé.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission rejoint le Gouvernement : elle est défavorable
à l'amendement.
M. le président.
Madame Luc, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Hélène Luc.
Je le maintiens, monsieur le président.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je comprends bien vos propos. Mais n'est-il pas
fondamental d'accorder une plus grande importance à la réussite scolaire depuis
la maternelle jusqu'au baccalauréat, voire jusqu'à l'université ?
Dans les classes maternelles, il faudrait diminuer le nombre d'élèves. En
région parisienne, notamment, il faut supprimer les doubles niveaux. En fait,
il faut augmenter les moyens de l'éducation nationale, depuis la maternelle
jusqu'au lycée, pour qu'un plus grand nombre de jeunes aillent jusqu'au
baccalauréat.
M. Jacques Oudin,
au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin,
au nom de la commission des finances.
Je comprends l'inspiration des
auteurs de cet amendement, mais celui-ci entraîne des charges considérables
pour l'Etat : dès lors, l'article 40 de la Constitution, qu'invoque la
commission des finances, lui est applicable.
Mme Hélène Luc.
Mieux vaut cela que de construire des prisons, monsieur Oudin !
M. Jean Chérioux.
Il y a un choix à faire !
M. le président.
L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 389 n'est pas recevable.
Par amendement n° 391, Mme Luc, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 77, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'allocation de rentrée scolaire est versée aux familles ayant des
enfants scolarisés dans les établissements scolaires publics et privés sous
contrat, dès lors que le revenu des familles ne dépasse pas le plafond de
ressources fixé.
« II. - Le taux du barème de l'impôt prévu à l'article 885-U du code général
des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Notre amendement vise à étendre à tous les enfants inscrits dans les
établissements scolaires le droit à l'allocation de rentrée scolaire, dès lors
que le revenu des familles ne dépasse pas le plafond de ressources.
Aujourd'hui, l'allocation de rentrée scolaire est versée aux seuls enfants
dont les parents ont bénéficié d'une autre prestation familiale.
De fait, un certain nombre de familles, par exemple, celles ayant un seul
enfant, se trouvent donc exclues du dispositif, notamment les familles
monoparentales qui sont en nombre croissant. C'est là un paradoxe auquel il
nous faut absolument remédier. L'exclusion en effet trouve très souvent son
origine dans l'éclatement familial.
Ne pas verser une prestation familiale aux familles éclatées, c'est, d'une
certaine manière, ajouter une souffrance économique à leur souffrance familiale
et sociale.
L'amendement n° 391 vise donc à étendre l'allocation de rentrée scolaire à
l'ensemble des familles ayant des enfants scolarisés, à condition que leur
revenu ne dépasse pas un plafond de ressources.
Mes chers collègues, nous vous demandons de bien vouloir adopter cette mesure
de justice sociale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je tiens à vous faire part d'une déclaration de M. le Premier
ministre rapportée dans un journal du matin : « En outre, nous avons décidé
d'étendre le bénéfice de l'allocation de rentrée scolaire aux familles d'un
enfant qui en étaient jusque-là exclues. »
Si tel était le cas, cela changerait considérablement les conditions de
discussion de cet amendement.
Je souhaiterais donc connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement, qui a bien évidemment pris
connaissance avec attention de l'amendement n° 391, n'a pas manqué de remarquer
la coïncidence de la date de la discussion de ce texte et de la tenue de la
conférence de la famille.
A cette occasion, un certain nombre de décisions ont été annoncées, qui vont
dans le sens des préoccupations exprimées par cet amendement. Elles impliquent
des dépenses qui ont été évaluées à 3 milliards de francs, ce qui constitue
incontestablement un effort important.
Vous pourrez prendre connaissance dans le détail des conditions de mise en
oeuvre des mesures que vous proposez dans la communication finale de la
conférence, madame Luc.
Je souhaite donc que vous accédiez à ma demande, madame Luc, d'autant plus que
vous avez plaidé dans le même sens que le mouvement familial et que celui-ci a
obtenu gain de cause.
M. Jacques Oudin,
au nom de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin,
au nom de la commission des finances.
Là encore, monsieur le président,
je suis au regret, au nom de la commission des finances, d'invoquer l'article
40 de la Constitution, qui s'applique.
M. le président.
L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 391 n'est pas recevable.
Article 78
M. le président.
« Art. 78. - Les tarifs des services publics administratifs à caractère
facultatif peuvent être fixés en fonction du niveau du revenu des usagers et du
nombre de personnes vivant au foyer.
« Les droits les plus élevés ainsi fixés ne peuvent être supérieurs au coût
par usager de la prestation concernée.
« Les taux ainsi fixés ne font pas obstacle à l'égal accès de tous les usagers
au service. »
Par amendement n° 392, MM. Renar, Ralite, Mme Luc et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent :
A. - Après le premier alinéa de cet article, d'insérer un alinéa ainsi rédigé
:
« A cette fin, il est établi, au niveau national, un quotient familial servant
de base de calcul au tarif des services publics visés au premier alinéa de cet
article. »
B. - Pour compenser la perte de ressources résultant des dispositions du A
ci-dessus, d'insérer, après le dernier alinéa de cet article, un paragraphe
ainsi rédigé :
« ... - La perte de ressources résultant de l'établissement d'un quotient
familial pour le calcul des tarifs des services publics est compensée à due
concurrence par un relèvement du taux du barème de l'impôt prévu à l'article
885-U du code général des impôts. »
C. - En conséquence, de faire précéder le début du premier alinéa de cet
article de la mention : « I ».
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Le projet de loi qui nous est soumis constitue, à n'en pas douter, une avancée
sur le terrain de la discrimination positive.
Depuis plusieurs années, de nombreuses collectivités territoriales ont
institué, dans la gestion des services publics dont elles ont la charge, la
pratique des quotients familiaux, ce qui revient à adapter le prix des services
au revenu des familles.
Cette pratique a fait l'objet de multiples contentieux, jusqu'à une décision
récente du Conseil d'Etat qui valide l'application de tarifs adaptés à la
situation financière des usagers.
Nous nous réjouissons donc de l'inscription dans la loi de ce principe, que
nous défendons depuis de nombreuses années, tout en souhaitant aller plus loin
encore. Ainsi, afin d'instaurer une relative égalité territoriale dans la mise
en place de la politique des quotients familiaux, nous proposons d'instituer un
barème à l'échelon national.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a émis un avis défavorable. Elle estime en
effet qu'il est préférable de laisser les collectivités locales déterminer
elles-mêmes les critères de modulation des tarifs, d'autant que cet article
garantit un cadre général suffisant mais souple à cette modalité qui, sur le
fond, est bien évidemment souhaitable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Il est très proche de celui de la commission des
affaires sociales.
Le Gouvernement préfère retenir la formulation adoptée par l'Assemblée
nationale. Les précisions supplémentaires qui nous sont proposées relèvent non
pas du domaine législatif mais du domaine réglementaire.
Toutefois, à cette occasion, je veux confirmer aux auteurs de l'amendement que
l'article 78 reprend la jurisprudence du Conseil d'Etat à laquelle l'amendement
fait référence dans son objet et que nous sommes donc bien sur le même axe de
travail.
Monsieur le président, j'indique dès maintenant, pour ne pas avoir à reprendre
la parole, que mon propos sera identique à l'égard de l'amendement n° 119.
Mme Nicole Borvo.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Je remercie M. le secrétaire d'Etat des précisions qu'il a bien voulu apporter
et je retire l'amendement n° 392.
M. le président.
L'amendement n° 392 est retiré.
Par amendement n° 119, M. Richert, au nom de la commission des affaires
culturelles, propose de rédiger comme suit les deux derniers alinéas de
l'article 78 :
« Les tarifs ainsi fixés ne font pas obstacle à l'égal accès de tous les
usagers au service.
« Les tarifs les plus élevés ne peuvent être supérieurs au coût par usager de
la prestation concernée. »
La parole est à M. Richert, rapporteur pour avis.
M. Philippe Richert,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement préfère sa rédaction.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 119, repoussé par le Gouvernement.
(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par
assis et levé, n'adopte pas l'amendement.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 78.
(L'article 78 est adopté.)
Division additionnelle après l'article 78
M. le président.
Par amendement n° 450, MM. Darniche, Durand-Chastel, Habert et Maman proposent
d'insérer, après l'article 78, une division additionnelle ainsi rédigée : «
Chapitre. - La lutte contre l'illettrisme. »
La parole est à M. Maman.
M. André Maman.
L'illettrisme est un facteur suprême d'exclusion. Fléau réel, il empêche
l'exercice de la citoyenneté et la participation à la vie sociale. Plus que
l'argent, l'exclusion par le savoir est la pire de toute les formes
d'exclusion, de par les conséquences multiples qu'elle engendre.
Dans notre société, l'exclusion par le « non-partage » des savoirs et de la
connaissance est flagrante. Il est indispensable que cette « bataille nationale
» contre l'illettrisme figure dans le « volet de prévention » de ce texte, car
le problème doit être traité dès la petite enfance.
Le présent amendement a pour objet d'insérer, au sein du projet de loi, un
chapitre qui soit consacré exclusivement à la lutte contre l'illettrisme,
puisque, selon l'article 78
bis,
ce fléau social est érigé en une
véritable « priorité nationale ».
En effet, le projet de loi reste très insuffisant sur ce sujet, qui n'est
évoqué que sous la forme d'une déclaration de principe dénuée de toute mesure
concrète. Il ne traite de la lutte contre l'illettrisme que dans un seul de ses
quatre-vingt-deux articles, à savoir l'article 12. Or la lutte contre
l'illettrisme dépasse largement le champ de la formation professionnelle,
auquel elle est rattachée dans cet article qui, dans la pratique, ne fait de
cette lutte qu'une composante de l'éducation permanente et laisse de côté le
problème de l'illettrisme chez les jeunes, qui est pourtant si inquiétant
aujourd'hui.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement vise à insérer une division additionnelle
intitulée « La lutte contre l'illettrisme ». Cette proposition ne me semble pas
pouvoir être retenue, puisque la division ainsi créée ne comprendrait que le
seul article 78
bis.
Je souhaiterais donc que M. Maman accepte de
retirer son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de M. le rapporteur.
Je voudrais dire aux auteurs de l'amendement que le Gouvernement comprend tout
à fait leur souci de renforcer l'action publique contre l'illettrisme.
Cependant, celle-ci doit à nos yeux être organisée en associant l'ensemble des
parties prenantes pouvant exercer une action, quelle qu'elle soit, dans le
champ de la lutte contre l'illettrisme.
C'est pourquoi, lors de la première lecture du projet de loi, le Gouvernement
a accepté, au terme d'une longue discussion à l'Assemblée nationale où étaient
évoquées des préoccupations voisines de celles que vous formuliez à l'instant,
un amendement de MM. Barrot et Jacquat.
C'est cet amendement qui a créé l'article 78
bis.
Celui-ci érige en
priorité nationale la lutte contre l'illéttrisme, à laquelle doivent concourir
de façon coordonnée l'ensemble des services publics, dont le service public de
l'éducation.
L'article 78
bis
devrait, me semble-t-il, répondre aux souhaits des
auteurs de l'amendement dont nous discutons, puisque, avec cet article, ce sont
bien toutes les dimensions de la lutte contre l'illettrisme, notamment la
prévention dès la petite enfance, qui sont prises en compte par l'action
coordonnée de l'Etat.
Dans ce contexte, il ne semble pas opportun au Gouvernement de créer une
nouvelle division consacrée à la lutte contre l'illettrisme.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
J'ai oublié de souligner dans l'exposé un peu brutal de
l'avis de la commission que l'argument majeur contre cet amendement - dont je
relève l'intérêt pour la lutte contre l'illettrisme - est qu'un autre article,
l'article 12, traite de ce sujet.
M. le président.
Monsieur Maman, l'amendement n° 450 est-il maintenu ?
M. André Maman.
Après les explications de M. le secrétaire d'Etat et de M. le rapporteur, je
retire l'amendement n° 450, en espérant toutefois qu'on engagera enfin une
véritable lutte contre l'illettrisme.
Année après année, on répète que l'on va lutter contre ce fléau. Pourtant, non
seulement en France mais dans tous les pays développés, on constate que
l'illettrisme ne fait qu'augmenter.
La lutte est viciée à la base, car, plutôt que de faire tous les efforts
nécessaires, puisqu'il s'agit d'un mal national que l'on essaie d'éradiquer, on
s'endort en prenant des mesures provisoires et répétées.
Je retire donc cet amendement de mauvais coeur, car je tiens vraiment à ce
qu'on lutte tous ensemble, au-delà des clivages politiques, contre ce mal qui
est si grave pour la nation.
M. le président.
L'amendement n° 450 est retiré.
Article additionnel avant l'article 78
bis
M. le président.
Par amendement n° 102, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose d'insérer, avant l'article 78
bis
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article 54 de la loi n° 84-52 du 26 janvier 1984
sur l'enseignement supérieur est complété par la phrase suivante : "L'accès aux
fonctions de chargé d'enseignement est également ouvert aux personnes
momentanément privées d'emploi". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'article 54 de la loi n° 84-52 du 26 janvier 1984 sur
l'enseignement supérieur conditionne la nomination à la fonction de chargé
d'enseignement à l'obligation d'exercer une activité professionnelle principale
en dehors de l'enseignement. Cette disposition interdit donc toute activité
d'enseignement supérieur à titre accessoire à des professionnels dont les
capacités pédagogiques sont reconnues, dès lors qu'ils sont privés d'emploi.
Cet amendement vise à permettre l'accès aux fonctions de chargé d'enseignement
aux personnes momentanément privées d'emploi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement estime que l'amendement contient une
idée positive qu'il est prêt à retenir.
Toutefois, il a le souci de préserver le professionnalisme qui doit être celui
de tout intervenant dans l'enseignement et il souhaiterait que M. le rapporteur
de la commission des affaires sociales accepte la rédaction suivante : « En cas
de perte d'emploi, les chargés d'enseignement désignés précédemment peuvent
voir leurs fonctions d'enseignement reconduites pour une durée maximale d'un an
».
Il s'agit, pour eux, dans leurs enseignements, de faire profiter leurs élèves
de leur pratique professionnelle. On ne peut donc pas considérer qu'ils
conservent ces fonctions en cas de coupure professionnelle trop durable.
Le Gouvernement vous propose cette rédaction, qui représente une ouverture qui
n'avait jamais été acceptée. C'est une manière, semble-t-il, de mettre en
pratique une idée positive de la commission des affaires sociales.
M. le président.
Monsieur le rapporteur, acceptez-vous la proposition du Gouvernement ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je souscris à cette nouvelle rédaction, monsieur le
président.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 102 rectifié, présenté par M. Seillier,
au nom de la commission des affaires sociales, et tendant à insérer, avant
l'article 78
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article 54 de la loi n° 84-52 du 26 janvier 1984
sur l'enseignement supérieur est complété par la phrase suivante : "En cas de
perte d'emploi, les chargés d'enseignement désignés précédemment peuvent voir
leur fonction d'enseignement reconduite pour une durée maximale d'un an". »
Je vais le mettre aux voix.
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Nous ne voterons pas l'amendement n° 102 rectifié, car nous pensons qu'il faut
recruter les enseignants selon les modalités normales de recrutement et non pas
créer plusieurs sortes d'enseignants, ce qui conduirait forcément à un
abaissement de la qualité de l'enseignement. Or ce n'est pas du tout le moment
d'agir de la sorte.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 102 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 78
bis.
Article 78
bis
M. le président.
« Art. 78
bis
. - La lutte contre l'illettrisme constitue une priorité
nationale. Cette priorité est prise en compte par le service public de
l'éducation ainsi que par les personnes publiques et privées qui assurent une
mission de formation ou d'action sociale. Tous les services publics contribuent
de manière coordonnée à la lutte contre l'illettrisme dans leurs domaines
d'action respectifs. »
Par amendement n° 393, Mme Luc, MM. Renar, Ralite et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase de cet
article, après les mots : « contre l'illettrisme », d'insérer les mots : « des
jeunes en âge scolaire et des adultes ».
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Plus d'un siècle nous sépare de la loi Jules Ferry de 1882, qui rendait
l'enseignement primaire obligatoire.
Un siècle après, 10 % des enfants entrant en sixième sont considérés comme
étant en grande difficulté scolaire.
Sur 200 000 jeunes qui sortent du système éducatif sans formation, 80 000 sont
concernés par l'illettrisme.
Au total, dans notre pays, près de 2,5 millions de personnes ont des
difficultés à parler, à lire ou à écrire le français.
Près de la moitié de ces personnes sont des adultes de langue maternelle
française.
Ces quelques chiffres révèlent à eux seuls l'importance de l'illettrisme et
les exclusions qu'il génère.
Tout en reconnaissant le bien-fondé de l'inscription dans le projet de loi que
nous examinons de la question de l'illettrisme comme priorité nationale, nous
pensons qu'il nous faut aller plus loin en permettant au service public de
l'éducation nationale d'oeuvrer tout aussi bien en direction des publics d'âge
scolaire qu'en direction des adultes.
Combattre l'illettrisme, c'est permettre aux milliers de ceux qui sont rejetés
par leur langue - peut-on concevoir pire exclusion ? - de retrouver une dignité
inaccessible.
C'est rendre possible, enfin, l'accès à une réelle citoyenneté fondée sur une
culture et une langue communes.
Pour l'ensemble de ces raisons, je vous invite à adopter notre amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission n'avait pas vu,
a priori,
la nécessité
de cet amendement, mais je souhaiterais connaître la position du
Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement considère que le complément apporté
par cet amendement est utile, et il est donc favorable à l'adoption de ce
texte.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Sagesse.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 393, accepté par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 451 rectifié, MM. Darniche et Maman proposent d'insérer,
après la première phrase de l'article 78
bis
, une phrase ainsi rédigée
:
« Elle comprend la prévention dès l'enfance, la détection et la lutte contre
la dyslexie et la dysphasie, la sensibilisation des familles. »
La parole est à M. Maman.
M. André Maman.
Cet amendement a pour objet d'ériger la lutte contre l'illettrisme en une
véritable priorité nationale exercée de manière coordonnée par l'ensemble des
intervenants. Par rapport au projet initial, le présent amendement définit de
manière précise les trois axes principaux et incontournables qui constituent
les piliers d'une lutte efficace et en profondeur contre l'illettrisme en
France.
L'illettrisme a souvent pour origine une dyslexie ou une dysphasie, à savoir
le retard important et durable du langage chez l'enfant, non détectées ou mal
rééduquées. Les conséquences de la dysphasie et de la dyslexie sont accentuées
lorsqu'elles atteignent des enfants issus de milieurs défavorisés. Une
prévention accrue de l'illettrisme passe donc également par une prise en compte
précoce des troubles spécifiques d'apprentissage du langage écrit et oral.
Ce projet de loi doit par ailleurs affirmer que la prévention dès l'enfance,
par l'intermédiaire du service public de l'éducation et de la formation, ainsi
que la sensibilisation des familles constituent le point fort de cette «
bataille nationale » en ce qu'ils interviennent en « amont », et donc en phase
préventive, de ce terrible fléau social.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission avait été désolée de devoir émettre un avis
défavorable à sur dispositions introduites à l'endroit du texte concernant la
formation professionnelle des adultes. Je suis donc très heureux de voir
proposer cet amendement maintenant, car il est utile et important de détailler
ces questions qui expliquent souvent les causes de l'illettrisme.
La commission est donc favorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le point évoqué dans l'amendement que vient de
défendre avec conviction M. Maman a fait l'objet d'une longue discussion à
l'Assemblée nationale. A cette occasion, le ministre de l'éducation nationale,
forcément plus compétent que moi en cette matière, a pu largement s'exprimer.
Le point auquel nous sommes parvenus dans ce débat ne me permet pas de faire
autre chose que de le mentionner pour que, éventuellement, vous puissiez vous
reporter au
Journal officiel
.
Synthétiquement, le Gouvernement n'est pas favorable à l'adoption de cet
amendement. Il redoute en effet que sa formulation n'enferme l'action contre
l'illettrisme dans une approche trop médicalisée et trop restrictive. Aussi
souhaite-t-il que son analyse soit comprise et partagée.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 451 rectifié.
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
En vérité, je voudrais revenir sur l'amendement n° 391 relatif à l'allocation
de rentrée scolaire pour dire à M. le secrétaire d'Etat qu'il s'agissait d'une
bonne disposition et qu'on ne devrait pas opposer l'article 40 de la
Constitution à un tel amendement.
Je vous demande, monsieur le secrétaire d'Etat, d'être notre interprète au
sein du Gouvernement pour transmettre notre vif désir de voir la prime de
rentrée scolaire augmentée comme l'année dernière, c'est-à-dire triplée par
rapport à l'avant-dernière année.
M. Jean Chérioux.
C'est l'avis de la gauche plurielle !
M. Jacques Habert.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Je voudrais tout d'abord remercier notre rapporteur et la commission d'avoir
donné un avis favorable sur cet amendement dont M. Darniche est le premier
signataire. Il est, en effet, important.
Monsieur le secrétaire d'Etat, nous savons bien qu'une longue discussion a eu
lieu à l'Assemblée nationale sur ce sujet. Mais elle n'a débouché sur aucun
texte, contrairement à ce qui s'était passé plus tôt pour l'illettrisme. Par
conséquent, nous comblons là une lacune en proposant qu'un texte de quelques
lignes soit inséré.
Je suis assez d'accord avec vous, monsieur le secrétaire d'Etat, sur le fait
que cette proposition contient des termes peut-être trop techniques. Mais on
peut la rédiger autrement ; nous vous en laissons le soin.
Vous avez dit vous-même qu'il fallait faire quelque chose. On peut parler de
troubles spécifiques du langage si vous le voulez, ultérieurement ou
maintenant. Mais le plus simple, je crois, puisque tout le monde a reconnu
l'utilité de cet article, y compris le Gouvernement, serait que nous le votions
et qu'à la faveur de la navette entre l'Assemblée et le Sénat nous en
améliorions les termes si besoin est.
Mes chers collègues, j'espère vivement que, dans ces conditions, vous voterez
cet amendement 451 rectifié, afin que ce court additif figure dans le texte. Il
me paraît d'autant plus important que les troubles de langage ne sont pas
suffisamment pris en compte dans notre éducation nationale, alors qu'à
l'étranger, aux Etats-Unis notamment, on travaille sur le langage dès
l'apparition des premiers troubles, ce qui permet à des enfants d'abord exclus
des cours normaux en raison de problèmes parfois mineurs de se mettre
rapidement à niveau. J'espère donc, mes chers collègues, que nous allons tous
ensemble voter cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 451 rectifié, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 78
bis
, modifié.
(L'article 78
bis
est adopté.)
Article additionnel après l'article 78
bis
M. le président.
Par amendement n° 452, MM. Darniche, Durand-Chastel, Habert et Maman proposent
d'insérer, après l'article 78
bis,
un article additionnel ainsi rédigé
:
« Le Gouvernement présentera, avant le 1er janvier 1999, un plan quinquennal
de lutte contre l'illettrisme. »
La parole est à M. Maman.
M. André Maman.
Un projet de loi qui se limiterait à la création de structures paraîtrait
insuffisant pour éradiquer efficacement l'illettrisme dans notre pays dans les
cinq prochaines années.
Il paraît inutile de créer un « énième » comité national de lutte contre un
fléau national. C'est avant tout au ministère de l'éducation nationale, soutenu
par l'ensemble des acteurs de notre société, de s'armer en amont et, par la
prévention, de lutter efficacement, au quotidien et dans la proximité, contre
cet illettrisme qui touche déjà près de 2,3 millions d'adultes !
C'est la raison pour laquelle il est indispensable de fixer les objectifs et
les moyens financiers de cette politique dans les limites d'un plan
quinquennal.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement, qui vise à demander au Gouvernement de
présenter un plan quinquennal, étant à la limite de l'injonction, je souhaite
connaître préalablement l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement ne souhaite pas donner à son action la
forme qui est proposée par les auteurs de l'amendement. Il préfère attendre les
résultats de la mission qui a été annoncée par Mme Aubry lors des débats à
l'Assemblée nationale, qui sera confiée dans les jours qui viennent à un expert
et qui a pour objet de faire le bilan de l'action de l'Etat et des autres
acteurs de la lutte contre l'illettrisme.
Monsieur le sénateur, selon l'INSEE, qui nous renseigne de façon très globale
sur le sujet, 2,3 millions de personnes seraient concernées par l'illettrisme
en France, ce qui est évidemment énorme.
Au-delà de cette estimation statistique, le Gouvernement considère qu'il est
impératif de conduire une analyse plus poussée des caractéristiques et des
besoins des personnes concernées pour construire et adapter notre politique en
la matière.
Les pédagogies, les méthodes d'accompagnement social des organismes qui les
mettent en oeuvre jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l'illettrisme,
notamment en ce qui concerne les adultes. Il est important de recenser les
démarches et les outils pédagogiques qui ont fait leurs preuves en la matière
pour mieux les diffuser. Il est également indispensable de recenser les lieux
où ces pratiques sont utilisées.
Enfin, l'action publique semble insuffisamment coordonnée et n'a pas fait
l'objet d'une réelle évaluation à ce jour. Il est impératif d'analyser et de
repenser le rôle des différents acteurs intervenant dans ce domaine, au niveau
tant local que national, et de donner aux structures d'animation et de
coordination toute la légitimité dont elles ont besoin pour assurer leurs
fonctions.
Comme vous le voyez, monsieur le sénateur, cette mission, qui est dense et
importante, est confiée à un expert qualifié. Le Gouvernement, et tout
spécialement Mme Aubry, espèrent pouvoir, au dernier trimestre de cette année,
disposer des éléments correspondants.
Monsieur le sénateur, ce bilan devrait répondre à votre souci, car il
permettra bien évidemment d'arrêter une meilleure organisation de l'action
publique dans ce domaine essentiel.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat. En effet,
l'idée de bilan me semble liée au dispositif de ce projet de loi. J'aurai
moi-même l'occasion, lors de l'examen de l'article 82, de présenter un
amendement visant à dresser le bilan et l'évaluation de toutes les dispositions
de ce texte pour les modifier, les améliorer, voire les supprimer si elles sont
devenues obsolètes.
M. le président.
Monsieur Maman, l'amendement est-il maintenu ?
M. André Maman.
Je souhaite le maintenir, monsieur le président. Je comprends très bien ce
qu'ont dit M. le secrétaire d'Etat et M. le rapporteur, mais il me semble
important de disposer de quelques banderilles pour faire avancer les choses
plus rapidement.
(Sourires.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 452, repoussé par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Nous avons terminé l'examen du chapitre V du titre II relatif à l'éducation et
à la culture.
Mes chers collègues, à la demande du Gouvernement, nous allons maintenant
reprendre l'examen des dispositions du chapitre II du titre 1er, relatif à
l'accès au logement.
TITRE Ier
DE L'ACCÈS AUX DROITS (suite)
Chapitre II
Accès au logement (suite)
Section 3
Régime des attributions
de logements locatifs sociaux
(suite)
M. le président.
Dans ce chapitre, nous avons commencé l'examen de l'article 33.
Pour la clarté du débat, j'en rappelle les termes :
Article 33
(suite)
M. le président.
« Art. 33. - I. - Les articles L. 441-1 à L. 441-2-1 du code de la
construction et de l'habitation sont remplacés par les articles L. 441 à L.
441-2-5 ainsi rédigés :
«
Art. L. 441
. - L'attribution des logements locatifs sociaux participe
à la mise en oeuvre du droit au logement, afin de satisfaire les besoins des
personnes de ressources modestes et des personnes défavorisées.
« L'attribution des logements locatifs sociaux doit notamment prendre en
compte la diversité de la demande constatée localement ; elle doit favoriser
l'égalité des chances des demandeurs et la mixité sociale des villes et des
quartiers.
« Les collectivités territoriales concourent, en fonction de leurs
compétences, à la réalisation des objectifs mentionnés aux alinéas précédents,
notamment dans le cadre de conférences et chartes intercommunales.
« Les bailleurs sociaux attribuent les logements locatifs sociaux dans le
cadre des dispositions de la présente section.
« L'Etat veille au respect des règles d'attribution de logements sociaux.
«
Art. L. 441-1
. - Le décret en Conseil d'Etat prévu à l'article L.
441-2-5 détermine les conditions dans lesquelles les logements construits,
améliorés ou acquis et améliorés avec le concours financier de l'Etat ou
ouvrant droit à l'aide personnalisée au logement et appartenant aux organismes
d'habitations à loyer modéré ou gérés par ceux-ci sont attribués par ces
organismes. Pour l'attribution des logements, ce décret prévoit qu'il est tenu
compte notamment de la composition, du niveau de ressources et des conditions
de logement actuelles du ménage, de l'éloignement des lieux de travail et de la
proximité des équipements répondant aux besoins des demandeurs. Il fixe des
critères généraux de priorité pour l'attribution des logements, notamment au
profit de personnes mal logées, défavorisées ou rencontrant des difficultés
particulières de logement pour des raisons d'ordre financier ou tenant à leurs
conditions d'existence. Il fixe également les conditions dans lesquelles le
maire de la commune d'implantation des logements est consulté sur les principes
régissant ces attributions et sur le résultat de leur application.
« Le décret mentionné à l'alinéa précédent fixe également les limites et
conditions dans lesquelles les organismes d'habitations à loyer modéré peuvent,
en contrepartie d'un apport de terrain, d'un financement ou d'une garantie
financière, contracter des obligations de réservation pour les logements
mentionnés à l'alinéa précédent, lors d'une mise en location initiale ou
ultérieure. Lorsque ces conventions de réservation ne respectent pas les
limites prévues au présent alinéa, elles sont nulles de plein droit.
« Il détermine également les limites et conditions de réservation des
logements par le préfet au profit des personnes prioritaires, notamment mal
logées ou défavorisées.
«
Art. L. 441-1-1
. - Les conditions d'application des règles prévues à
l'article L. 441-1, notamment les critères de priorité pour l'attribution des
logements et les conditions de leur réservation au profit des personnes
prioritaires, ainsi que les modalités de l'information du préfet, des maires et
des conférences intercommunales du logement prévues à l'article L. 441-1-4
sont, pour chaque département, précisées en tenant compte de la mixité des
villes et des quartiers ainsi que, le cas échéant, des caractéristiques des
diverses parties de celui-ci, par un règlement établi par le préfet après avis
du conseil départemental de l'habitat. »
« Ce règlement tient compte des programmes locaux de l'habitat, communiqués au
conseil départemental de l'habitat, des besoins évalués par le plan
départemental d'action pour le logement des personnes défavorisées prévu à
l'article 2 de la loi n° 90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en oeuvre du
droit au logement, des accords collectifs départementaux prévus à l'article L
441-1-2 et, le cas échéant, des chartes intercommunales prévues à l'article L.
441-1-5.
« En cas d'inobservation par un organisme des règles fixées par le règlement
départemental, après épuisement des voies de conciliation et après mise en
demeure, le préfet peut, pour une durée qui ne peut excéder un an, désigner un
délégué spécial chargé de prononcer les attributions de logements au nom et
pour le compte de l'organisme, dans le respect des règles et des conventions
régulièrement signées.
«
Art. L. 441-1-2
. - Des accords nationaux sont conclus entre l'Etat et
les organisations nationales représentatives des organismes gestionnaires de
logements sociaux dans le respect des principes définis à l'article L. 441.
« Dans chaque département, le préfet conclut, tous les trois ans, après
consultation des conférences intercommunales prévues à l'article L. 441-1-4 et
du conseil départemental de l'habitat, un accord collectif avec les organismes
disposant d'un patrimoine locatif social dans le département. Cet accord
définit pour chaque organisme un engagement annuel quantifié d'attribution de
logements aux personnes cumulant des difficultés économiques et sociales et
visées dans le plan départemental d'action pour le logement des personnes
défavorisées au sens de l'article 4 de la loi n° 90-449 du 31 mai 1990
précitée. Cet engagement doit respecter la mixité sociale des villes et des
quartiers. Il tient compte des capacités d'accueil et de l'occupation sociale
des différents organismes, par secteur géographique.
« Il est précisé et complété par les dispositions des chartes prévues à
l'article L. 441-1-5. Il organise les moyens d'accompagnement et les
dispositions nécessaires à la mise en oeuvre des objectifs ainsi définis.
« Il définit des délais d'attente manifestement anormaux au regard des
circonstances locales, au-delà desquels les demandes font l'objet d'un examen
prioritaire, ainsi que les conditions de cet examen. A défaut, ces délais sont
définis par arrêté du préfet.
« Il tient compte des dispositions des protocoles d'occupation du patrimoine
social, en vigueur à la date de publication de la loi n° ... du ...
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions, dans les conditions
prévues à l'article 34 de cette loi.
«
Art. L. 441-1-3
. - Lorsqu'au terme d'un délai de six mois après qu'il
lui a été proposé par le préfet, un organisme refuse de signer l'accord
départemental, le préfet désigne à l'organisme des personnes prioritaires et
fixe le délai dans lequel celui-ci est tenu de les loger. Ces attributions
s'imputent sur ses droits à réservation. Elles sont prononcées en tenant compte
de l'état de l'occupation du patrimoine de l'organisme au regard de la
nécessaire diversité de la composition sociale de chaque quartier et de chaque
commune, après consultation des maires des communes intéressées, jusqu'à la
signature de l'accord départemental.
« Si un organisme refuse d'honorer l'engagement qu'il a pris dans le cadre
d'un tel accord, le préfet procède à un nombre d'attributions équivalent au
nombre de logements restant à attribuer en priorité aux personnes défavorisées
en vertu de cet accord, après consultation des maires des communes
intéressées.
« Si l'organisme fait obstacle à la mise en oeuvre des dispositions
précédentes, notamment en ne mettant pas le préfet en mesure d'identifier des
logements relevant de ses droits à réservation, ce dernier, après tentative de
conciliation suivie au besoin d'une mise en demeure, désigne, pour une durée
d'un an, un délégué spécial chargé de prononcer les attributions de logements
au nom et pour le compte de l'organisme, après consultation des maires des
communes concernées, dans le respect des conventions de réservation de
logements régulièrement signées.
«
Art. L. 441-1-4
. - Lorsque la situation du logement le justifie au
regard des objectifs de mixité sociale et d'accueil des personnes défavorisées,
le préfet, après consultation de la commission départementale de la coopération
intercommunale et du conseil départemental de l'habitat, délimite des bassins
d'habitat qui représentent des territoires cohérents d'intervention en matière
de politique de logement et d'urbanisme. Il tient compte pour cette
délimitation des structures de coopération intercommunale compétentes en
matière d'urbanisme et de logement créées en application des dispositions de la
cinquième partie du code général des collectivités territoriales, des
périmètres des programmes locaux de l'habitat institués en application des
articles L. 302-1 et suivants du présent code, lorsque ces derniers ont un
caractère intercommunal et, le cas échéant, des bassins d'habitat délimités par
le plan départemental d'action pour le logement des personnes défavorisées en
application des dispositions de l'article 4 de la loi n° 90-449 du 31 mai 1990
précitée. Toutefois, dans la région d'Ile-de-France, la conférence régionale
mentionnée à l'article L. 441-1-6 est également consultée pour avis sur la
délimitation de tout bassin d'habitat.
« Ceux-ci sont constitués par le territoire de plusieurs communes contiguës
dont l'une au moins comprend une ou plusieurs zones urbaines sensibles,
définies au 3 de l'article 42 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995
d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, ou a plus
de 5 000 habitants et comporte un parc de logements locatifs sociaux, tels que
définis au 2° et au 3° de l'article L. 351-2 du présent code, représentant plus
de 20 % des résidences principales au sens du II de l'article 1411 du code
général des impôts. Ils peuvent également être constitués, à la demande de la
majorité des maires concernés, par le territoire des communes agglomérées sur
lequel existent d'importants déséquilibres de peuplement.
« Les communes situées dans un bassin d'habitat ainsi délimité doivent créer
une conférence intercommunale du logement dans un délai d'un an à compter de la
publication de la loi n° ... du ... précitée.
« Lorsque le bassin d'habitat regroupe des communes situées dans des
départements différents, sa délimitation est faite par les préfets concernés,
après consultation des commissions départementales de la coopération
intercommunale et des conseils départementaux de l'habitat. Toutefois, dans la
région d'Ile-de-France, la délimitation des bassins d'habitat regroupant des
communes situées dans des départements différents relève de la compétence du
préfet de région après avis des commissions et conseils susmentionnés ainsi que
de la conférence régionale mentionnée à l'article L. 441-1-6.
« Après délimitation d'un bassin d'habitat, le ou les préfets compétents
réunissent les maires des communes concernées afin qu'ils créent la conférence
intercommunale du logement.
« La conférence du logement rassemble, outre les maires des communes et le ou
les préfets concernés, les bailleurs sociaux possédant ou gérant des logements
dans le bassin d'habitat, les représentants des associations de locataires
affiliées à une organisation siégeant à la Commission nationale de
concertation, les représentants des associations agréées dont l'un des objets
est l'insertion ou le logement des personnes défavorisées, désignés par le
préfet, et, lorsqu'ils sont titulaires de droits de réservation dans le bassin
d'habitat, les organismes collecteurs de la participation des employeurs à
l'effort de construction.
« Elle est présidée par le représentant des maires des communes intéressées
désigné par ceux-ci. Toutefois, si la conférence intercommunale du logement ne
s'est pas réunie dans le délai d'un an prévu au premier alinéa, elle est
présidée, et au besoin préalablement créée par le ou les préfets compétents.
« La conférence intercommunale délibère à la majorité de ses membres. Elle se
réunit au moins une fois par an.
«
Art. L. 441-1-5
. - Le préfet saisit la conférence intercommunale du
logement de l'accord départemental et notamment des engagements quantifiés
annuels d'attribution fixés pour chaque organisme disposant d'un patrimoine
locatif social dans le bassin d'habitat concerné. La conférence définit, compte
tenu des autres demandes de logement social, les orientations prioritaires
d'attribution propres à chaque organisme et les besoins de création d'offres
adaptées. Elle peut également émettre un avis sur le niveau des plafonds de
ressources dans le bassin d'habitat.
« Dans le cas où une conférence réunit des communes situées dans des
départements différents, elle est saisie conjointement par les préfets
concernés.
« Dans le respect des engagements quantifiés fixés annuellement à chaque
organisme en application de l'accord collectif départemental, la conférence
élabore une charte intercommunale du logement définissant la répartition de ces
objectifs quantifiés d'accueil des personnes défavorisées dans le parc de
logements locatifs sociaux du bassin d'habitat. La conférence évalue
annuellement la situation des demandes non satisfaites dans les délais et les
conditions de mise en oeuvre de la charte intercommunale du logement.
« Pour l'élaboration de la charte intercommunale du logement, la conférence
est composée comme il est dit à l'article L. 441-1-4, à l'exclusion toutefois
des maires des communes dont le territoire ne comporte pas de logements
locatifs sociaux.
« La charte est soumise à l'agrément du préfet. Celui-ci peut présenter à la
conférence des demandes motivées de modification. Lorsqu'au terme d'un délai de
six mois après la transmission prévue au premier alinéa, la conférence n'a pas
élaboré de charte intercommunale du logement ou que celle-ci n'a pas été agréée
par le préfet, les attributions de logements locatifs sociaux dans le bassin
d'habitat concerné sont prononcées selon les dispositions des articles L. 441 à
L. 441-1-2.
«
Art. L. 441-1-6
. - Pour la région d'Ile-de-France, il est créé une
conférence régionale du logement social. La conférence comprend, sous la
présidence du préfet de région, des représentants de la région et pour chacun
des départements qu'elle réunit, des représentants de l'Etat, des départements,
des communes, des bailleurs sociaux, des associations agréées dont l'un des
objets est l'insertion ou le logement des personnes défavorisées ainsi que des
organismes collecteurs de la participation des employeurs à l'effort de
construction.
« La conférence élabore, pour une durée de trois ans, un schéma d'orientation
en vue d'harmoniser les politiques du logement social et notamment les
principes de répartition et d'attribution des logements sociaux, au rang
desquels figure le principe de mixité sociale, ainsi que les aides financières
qui peuvent concourir à la solidarité pour le logement.
« Compte tenu des accords départementaux conclus en application de l'article
L. 441-1-2 et notamment des engagements quantifiés annuels, elle évalue
annuellement la mise en oeuvre du schéma d'orientation.
« Elle se réunit au moins une fois par an.
«
Art. L. 441-2
. - Il est créé, dans chaque organisme d'habitations à
loyer modéré, une commission d'attribution chargée d'attribuer nominativement
chaque logement locatif, composée de six membres qui élisent en leur sein un
président qui dispose d'une voix prépondérante.
« Il est créé dans les mêmes conditions une commission d'attribution dans
chaque société civile immobilière dont le capital est constitué majoritairement
par des fonds provenant de la participation des employeurs à l'effort de
construction et disposant de logements locatifs sociaux, pour l'attribution de
ces logements.
« En outre, le maire de la commune où sont implantés les logements attribués,
ou son représentant, est membre de droit des commissions d'attribution.
« Le préfet, ou l'un de ses représentants membre du corps préfectoral,
assiste, sur sa demande, à toute réunion de la commission d'attribution.
«
Art. L. 441-2-1
. - Les demandes d'attribution de logements sociaux
sont faites auprès de services, organismes ou personnes morales définis par
décret en Conseil d'Etat. Chaque demande fait l'objet d'un enregistrement
départemental unique. Un numéro départemental est obligatoirement communiqué au
demandeur par le service, l'organisme ou la personne morale qui a reçu la
demande dans le délai maximum d'un mois à compter du dépôt de ladite demande.
Lorsque le numéro départemental est communiqué par une personne morale autre
qu'un bailleur, l'attestation délivrée au demandeur indique l'organisme
bailleur auquel a été transmis le dossier de demande de logement. Les modalités
de transmission des dossiers de demande font l'objet d'une convention entre
cette personne morale et les bailleurs concernés.
« Ce système d'enregistrement, géré conjointement par l'Etat et les bailleurs
sociaux disposant de logements locatifs sociaux dans le département, a pour
objet de garantir les droits du demandeur et d'assurer l'examen prioritaire des
demandes qui n'ont pu être satisfaites dans les délais prévus au quatrième
alinéa de l'article L. 441-1-2.
« La durée de validité des demandes d'attribution de logements sociaux est
limitée dans des conditions définies par décret. Aucune radiation ne peut
intervenir si le demandeur n'a pas été avisé par le service, l'organisme ou la
personne morale mentionnés au premier alinéa dans un délai d'un mois précédant
celle-ci.
« Aucune attribution de logement ne peut être décidée, ni aucune candidature
examinée par une commission d'attribution si cette candidature n'est pas
préalablement pourvue d'un numéro d'enregistrement départemental. Le préfet
procède après mise en demeure à l'inscription d'office de tout demandeur qui
n'aurait pas reçu communication du numéro d'enregistrement dans le délai d'un
mois, auprès de tout bailleur susceptible d'accueillir cette demande.
« Les aides de l'Etat rattachables au logement qui serait attribué en
méconnaissance des dispositions du présent article sont remboursées en tout ou
partie dans des conditions définies par décret.
«
Art. L. 441-2-1-1 (nouveau)
. - Tout rejet d'une demande
d'attribution doit être notifié par écrit au demandeur, dans un document
exposant le ou les motifs du refus d'attribution.
«
Art. L. 441-2-2
. - Dans chaque département est créée auprès du préfet
une commission de médiation composée de deux représentants des organismes
bailleurs, d'un représentant des associations de locataires et d'un
représentant des associations agréées dont l'un des objets est l'insertion ou
le logement des personnes défavorisées, oeuvrant dans le département. Cette
commission reçoit, sur requête des demandeurs de logements locatifs sociaux
répondant aux conditions réglementaires d'accès à ces logements, toutes
réclamations relatives à l'absence d'offre de logement dans le délai fixé
conformément aux dispositions de l'article L. 441-1-2. La commission de
médiation émet un avis, peut renvoyer au comité responsable du plan
départemental d'action pour le logement des personnes défavorisées ou saisir le
préfet de cet avis qu'elle adresse aux demandeurs, aux organismes bailleurs et
aux collectivités territoriales concernés.
«
Art. L. 441-2-3
. - Le maire d'une commune sur le territoire de
laquelle sont implantés des logements locatifs sociaux ou le représentant qu'il
désigne est entendu, à sa demande, par le conseil d'administration du ou des
organismes possédant ou gérant ces logements, qu'il s'agisse d'organismes
d'habitations à loyer modéré, de sociétés civiles immobilières dont le capital
est constitué majoritairement par les fonds provenant de la participation des
employeurs à l'effort de construction ou de sociétés d'économie mixte locales
d'aménagement et de construction.
«
Art. L. 441-2-4
. - Les bailleurs sociaux rendent compte des
conditions de l'attribution des logements selon les dispositions suivantes :
« 1° Le règlement départemental prévu à l'article L. 441-1-1 définit les
modalités de l'information du préfet au titre des logements qui lui sont
réservés en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 441-1 ; les
collectivités territoriales et les conférences intercommunales du logement
prévues à l'article L. 441-1-4 bénéficient des mêmes informations, pour les
conventions qu'elles ont signées ;
« 2° Une fois par an, les bailleurs sociaux rendent compte, dans des
conditions définies à l'accord collectif départemental mentionné à l'article L.
441-1-2, des résultats atteints au regard des objectifs quantifiés prévus audit
accord et aux chartes qui en sont issues ; ce compte rendu est adressé au
préfet et, pour les parties du parc de logements locatifs sociaux qui les
concernent, aux maires des communes intéressées ainsi qu'à tous les maires du
ou des bassins d'habitat concernés, et aux conférences prévues à l'article L.
441-1-4 ;
« 3° Une fois par an, les bailleurs sociaux établissent, dans des conditions
fixées par l'accord collectif départemental mentionné à l'article L. 441-1-2,
les informations statistiques définies par le décret prévu à l'article L.
441-2-5 ; ces informations sont communiquées au préfet et, pour les parties du
parc de logements locatifs sociaux qui les concernent, aux maires des communes
intéressées et aux conférences intercommunales prévues à l'article L.
441-1-4.
« Le règlement départemental prévu à l'article L. 441-1-1 précise les
conditions dans lesquelles les bailleurs sociaux non signataires de l'accord
collectif départemental communiquent les informations énoncées ci-dessus.
« Le préfet soumet au moins une fois par an au conseil départemental de
l'habitat les principaux résultats des informations recueillies au titre du
présent article. Ces résultats peuvent être consultés par toute personne en
faisant la demande.
« Les dispositions du présent article sont applicables aux sociétés civiles
immobilières mentionnées à l'article L. 441-2, pour leur parc de logements
locatifs sociaux.
«
Art. L. 441-2-5
. - Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions
d'application de la présente section. »
« II. - Le premier alinéa de l'article L. 441-3 du même code est ainsi rédigé
:
« Les organismes d'habitations à loyer modéré peuvent exiger des locataires
des logements visés au premier alinéa de l'article L. 441-1 le paiement d'un
supplément de loyer de solidarité en sus du loyer principal et des charges
locatives dès lors qu'au cours du bail les ressources de l'ensemble des
personnes vivant au foyer excédent d'au moins 20 % les plafonds de ressources
en vigueur pour l'attribution de ces logements. Ils doivent exiger le paiement
d'un tel supplément dès lors qu'au cours du bail, le dépassement du plafond de
ressources est d'au moins 40 %. »
Dans l'examen de cet article, nous en sommes parvenus au texte proposé pour
l'article L. 441-2-1 du code de la construction et de l'habitation.
ARTICLE L. 441-2-1 DU CODE DE LA CONSTRUCTION
ET DE L'HABITATION
M. le président.
Par amendement n° 80, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose, dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté
par le I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-1 du code de la construction
et de l'habilitation, de remplacer le mot : « définis » par les mots : « dans
des conditions définies ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement tend à supprimer toute ambiguïté.
Nous souhaitons souligner que les personnes morales qui sont habilitées à
délivrer les numéros d'enregistrement ne le feront qu'après avoir pris une
convention et ne seront, en tout état de cause, jamais tenues à le faire si
elles n'en ont pas exprimé la volonté et si elles ne sentent pas que le
dispositif puisse fonctionner localement dans de bonnes conditions.
Cette disposition vise surtout à fournir des garanties aux communes.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 80, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 227, M. Braun, au nom de la commission des affaires
économiques, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par le I de
l'article 33 pour l'article L. 441-2-1 du code de la construction et de
l'habitation, de remplacer les deux dernières phrases par une phrase ainsi
rédigée : « Les modalités de transmission des dossiers de demande entre les
personnes morales autres que les bailleurs sociaux et lesdits bailleurs, ainsi
que les modalités d'information des demandeurs au sujet de cette transmission,
font l'objet d'une convention entre cette personne morale et les bailleurs
concernés, dans des conditions fixées par le décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Braun, rapporteur pour avis.
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan.
Monsieur le président, je vais être malheureusement dans l'obligation, d'ici à
quelques minutes, de quitter le Sénat pour une raison impérative. Je serai
remplacé par M. Lauret, membre de la commission des affaires économiques et du
Plan, qui défendra les amendements de la commision à ma place.
S'agissant de l'amendement n° 227, il convient de rappeler que l'accord
national signé entre l'Etat et les organismes d'HLM prévoit l'expérimentation
très prochaine du serveur d'enregistrement et que le décret d'application doit
tenir compte des résultats de cette expérimentation.
De plus, les pratiques actuelles de transmission des demandes reçues en mairie
ou à la préfecture sont très diverses. Ainsi, en Ile-de-France, ce sont plutôt
les mairies qui instruisent les demandes et certains organismes HLM ne
possèdent pas de fichier d'enregistrement alors que dans certaines autres
régions la transmission aux organismes bailleurs se fait immédiatement.
Sans chercher à remettre en cause l'objectif d'une plus grande transparence et
d'une meilleure transmission des demandes, la commission des affaires
économiques vous propose de laisser au décret le soin de préciser les modalités
de transmission des demandes afin qu'il puisse être tenu compte des premiers
résultats de l'expérimentation.
La formule proposée préserve l'avenir sans écarter la solution prévue par la
rédaction actuelle.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement et
souhaite convaincre le Sénat de ne pas l'adopter.
L'information du demandeur sur le devenir de sa demande lorsque celle-ci est
déposée auprès de personnes autres qu'un bailleur est un élément essentiel de
transparence.
De ce point de vue, une convention à laquelle le demandeur ne serait pas
partie ne lui apporterait aucune garantie. Seule la désignation du bailleur
dans l'attestation qui lui sera remise est de nature à lui donner cette
garantie.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement tient au maintien du
texte actuel.
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Braun, rapporteur pour avis.
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis.
Monsieur le secrétaire d'Etat, il ne s'agit pas de
remettre en cause la procédure envisagée, bien au contraire. Il s'agit de tenir
compte de l'expérimentation qui est en cours pour en tirer les enseignements,
de façon à aboutir à un dispositif cohérent qui rende service, au demandeur
notamment.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 227, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 441-2-1 du code
de la construction et de l'habitation.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 441-2-1-1 DU CODE DE LA CONSTRUCTION
ET DE L'HABITATION
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 81 est présenté par M. Seillier, au nom de la commission des
affaires sociales.
L'amendement n° 228 est déposé par M. Braun, au nom de la commission des
affaires économiques.
Tous deux tendent à supprimer le texte proposé par le I de l'article 33 pour
l'article L. 441-2-1-1 du code de la construction et de l'habitation.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 81.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'ensemble des organismes d'HLM se sont engagés à favoriser
un meilleur suivi par des contacts directs, des entretiens, des courriers.
L'objectif est d'apporter des informations utiles permettant au demandeur un
meilleur « pilotage » de son dossier. La loi pose des règles nouvelles qui
constituent des garanties pour les usagers : le dispositif d'enregistrement,
ainsi que la commission de médiation sont là pour mettre fin aux situations de
« non-réponse » inacceptables.
Dans ce contexte, l'obligation de motiver les refus d'attribution, outre
qu'elle est inutile, risque d'aller à l'encontre du but visé.
Pour éviter les risques de contentieux, les bailleurs s'abstiendront en effet
de présenter les dossiers « difficiles » en commission d'attribution, ou
adresseront une lettre type à caractère vague et parfaitement dépourvue
d'informations utiles. Cela n'empêchera probablement pas une explosion des
recours, mais en pure perte, car la motivation ne permettra en général pas un
réel contrôle, et le tribunal administratif, à supposer qu'il annule un refus,
n'aura pas pour autant pouvoir de loger d'office le demandeur.
Pour toutes ces raisons, la commission propose au Sénat d'adopter cet
amendement de suppression.
M. le président.
La parole est à M. Braun, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n°
228.
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis.
Cet amendement étant identique au précédent, je
fais miennes les explications de M. le rapporteur.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 81 et 228
?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 81 et 228, acceptés par le
Gouvernement.
Mme Nicole Borvo.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
M. Serge Lagauche.
Le groupe socialiste également.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, le texte proposé pour l'article L. 441-2-1-1 du code de la
construction et de l'habitation est supprimé.
ARTICLE L. 441-2-2 DU CODE DE LA CONSTRUCTION
ET DE L'HABITATION
M. le président.
Par amendement n° 357, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du
texte présenté par le I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-2 du code de la
construction et de l'habitation, de remplacer les mots : « de deux
représentants des organismes bailleurs, d'un représentant des associations de
locataires et d'un représentant » par les mots : « de quatre représentants des
organismes bailleurs, de deux représentants des associations de locataires et
de deux représentants ».
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Cet amendement vise à augmenter le nombre des membres de la commission de
médiation.
Le texte initial prévoit quatre membres, dont un représentant des locataires
et un représentant des personnes défavorisées.
Etant donné la multiplicité et la diversité des associations de défense tant
des locataires que des personnes défavorisées, il nous semble important de
permettre une représentation plus diversifiée.
Afin de respecter la parité, nous proposons de porter à quatre le nombre des
représentants de bailleurs sociaux, à deux le nombre des représentants des
associations de locataires et à deux le nombre des représentants des
association de défense des personnes défavorisées.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission est consciente du risque d'alourdissement des
commissions de médiation. Pour autant, le passage de quatre à huit membres
permettrait peut-être une heureuse diversification de leur composition, ce qui
ne leur donnerait que plus de poids et d'autorité.
Elle s'en remet donc à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Ayant entendu les arguements de M. Fischer, le
Gouvernement pourrait être favorable à l'amendement n° 357.
Cependant, il existe de très grandes disparités de situation selon les
départements et, autant un plus grand nombre de représentants peut se justifier
dans un département important, autant il peut poser problème dans les
départements ruraux.
Si les auteurs de l'amendement acceptaient que leur texte commence par les
mots : « au plus », cela signifierait que, dans les départements ruraux, il y
en aurait moins mais qu'on pourrait atteindre ce nombre dans les grands
départements.
M. le président.
Monsieur Fischer, acceptez-vous de modifier l'amendement n° 357 en ce sens
?
M. Guy Fischer.
J'en suis d'accord !
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 357 rectifié, présenté par Mme Terrade,
M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et
citoyen, et tendant, dans la première phrase du texte proposé par le paragraphe
I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-2 du code de la construction et de
l'habitation, à remplacer les mots : « de deux représentants des organismes
bailleurs, d'un représentant des associations de locataires et d'un
représentant » par les mots : « au plus de quatre représentants des organismes
bailleurs, de deux représentants des associations de locataires et de deux
représentants ».
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 357 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 328 rectifié, MM. Ostermann, Vasselle, Grignon, Doublet,
Eckenspieller, Gournac et Vinçon proposent, dans la deuxième phrase du texte
présenté par l'article 33 pour l'article L. 441-2-2 du code de la construction
et de l'habitation, après les mots : « absence d'offre de logement », d'insérer
les mots : « , à la décision de refus de la demande par la commission
d'attribution ou à toute irrégularité dans la procédure d'attribution ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 229, M. Braun, au nom de la commission des affaires
économiques, propose de rédiger comme suit la dernière phrase du texte présenté
par le paragraphe I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-2 du code de la
construction et de l'habitation : « Lorsque la commission de médiation émet un
avis formulant une demande de priorité, elle envoie cet avis au comité
responsable du plan départemental d'action pour le logement des personnes
défavorisées ou saisit le préfet de cet avis, qu'elle adresse aux demandeurs,
aux organismes bailleurs et aux collectivités territoriales concernées. »
La parole est à M. Braun, rapporteur pour avis.
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis.
Cet article institue, dans chaque département, une
commission de médiation située auprès du préfet et composée de quatre
membres.
La commission pourra être saisie par tout demandeur d'un logement social qui
n'a reçu aucune offre dans le délai fixé par l'accord collectif
départemental.
En l'état, les pouvoirs de cette commission sont très limités, pour ne pas
dire inexistants, puisqu'elle se contente d'émettre un avis sur les requêtes
qui lui sont soumises, qu'elle peut décider ou non de transmettre au préfet ou
au comité responsable du plan départemental d'action pour le logement des
personnes défavorisées.
Sans vouloir transformer cette commission de médiation en commission de
recours, il est néanmoins souhaitable de rendre plus systématiques les
procédures de transmission prévues par la loi dès lors que la commission rend
un avis concluant à une demande de priorité.
C'est pourquoi la commission des affaires économiques vous propose que, dans
cette hypothèse, l'avis de la commission soit obligatoirement transmis au
préfet ou au comité responsable du plan départemental d'action pour le logement
des personnes défavorisées.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission est favorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est sensible aux problèmes posés par
cet amendement. Mais, en toute objectivité, il pense que l'amendement n° 459,
qu'il se propose de soutenir, définit de façon plus précise le type de requête
en cause et permettrait de satisfaire la préoccupation manifestée dans
l'amendement n° 229.
Monsieur le rapporteur, en visant tout avis correspondant à une demande de
priorité, l'amendement renverrait au comité de gestion du plan départemental
d'action pour le logement des personnes défavorisées une grande majorité des
requêtes présentées.
Au contraire, la rédaction proposée dans l'amendement n° 459, plus précise,
éviterait ce type d'inconvénient.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 229, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des
affaires sociales.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
103:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 316 |
Majorité absolue des suffrages | 159 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre | 97 |
Par amendement n° 459, M. Vezinhet, Mme Derycke et les membres du groupe socialiste et apparantés proposent de compléter in fine le texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 441-2-2 du code de la construction et de l'habitation par un alinéa ainsi rédigé :
« La commisison de médiation a obligation de saisir le comité responsable du plan départemental d'action pour le logement des personnes défavorisées des réclamations mentionnées à l'alinéa précédent accompagnées de l'avis qu'elle a rendu, dès lors que le requérant est une personne défavorisée au sens de l'article 4 de la loi n° 90-449 du 31 mai 1990 précitée, en vue d'un examen prioritaire du dossier selon les conditions prévues par l'accord collectif mentionné à l'article L. 441-1-2. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. En vérité, nous n'avons pas compris pourquoi cet amendement n'avait pas été mis en discussion commune avec l'amendement n° 229, alors que, comme l'a fait remarquer M. le secrétaire d'Etat, ces deux amendements sont très proches.
Cela étant, l'amendement n° 459 prévoit une saisine plus large puisque celle-ci s'opère « dès lors que le requérant est une personne défavorisée au sens de l'article 4 de la loi n° 90-449 du 31 mai 1990 », et ce quel que soit l'avis de la commission de médiation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier, rapporteur. Cet amendement me semble redondant dans la mesure où l'amendement n° 229 a été adopté. La commission ayant émis un avis favorable sur ce dernier, elle ne peut être que défavorable à celui qu'a défendu Mme Pourtaud.
M. Gérard Braun, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Braun, rapporteur pour avis.
M. Gérard Braun, rapporteur pour avis. Il sera éventuellement possible, en commission mixte paritaire, d'élaborer un texte prenant en compte les deux amendements : celui-ci et celui qui vient d'être adopté.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement aurait lui-même souhaité que les deux amendements puissent être examinés ensemble, mais les conditions de la discussion ne l'ont pas permis.
Quoi qu'il en soit le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 459.
M. le président. Je le rappelle, pour que des amendements puissent faire l'objet d'une discussion commune, ils doivent s'appliquer au même endroit du texte. En l'occurence, ce n'était pas le cas.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 459, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 441-2-2 du code de la construction et de l'habitation.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 441-2-3 DU CODE DE LA CONSTRUCTION
ET DE L'HABITATION
M. le président.
Sur le texte proposé pour l'article L. 441-2-3 du code de la construction et
de l'habitation, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je le mets aux voix.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 441-2-4 DU CODE DE LA CONSTRUCTION
ET DE L'HABITATION
M. le président.
Par amendement n° 329 rectifié, MM. Ostermann, Vasselle, Grignon, Doublet,
Gournac et Vinçon proposent, avant le deuxième alinéa (1°) du texte présenté
par l'article 33 pour l'article L. 441-2-4 du code de la construction et de
l'habitation, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ...° Chaque réunion de la commission d'attribution fait l'objet d'un compte
rendu détaillé par logement, immédiatement diffusé au maire et au préfet. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 460, M. Vezinhet, Mme Derycke et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent de remplacer le premier alinéa du 3° du
texte présenté par le paragraphe I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-4 du
code de la construction et de l'habitation par six alinéas ainsi rédigés :
« 3° Une fois par an, les bailleurs sociaux établissent dans des conditions
fixées par l'accord collectif départemental mentionné à l'article L. 441-1-2,
des informations statistiques distinguant notamment :
«
a)
les demandes de logements qui leur ont été adressées ou
transmises,
«
b)
les logements nouvellement mis en service ou remis en
location.
«
c)
les logements restés vacants pendant plus de trois mois,
«
d)
les attributions prononcées ainsi que celles qui ont été
proposées mais refusées par les demandeurs.
« Ces informations sont communiquées au préfet et, pour les parties du parc de
logements locatifs sociaux qui les concernent, aux maires des communes
intéressées et aux conférences intercommunales prévues à l'article L. 441-1-4.
»
Par amendement n° 230, M. Braun, au nom de la commission des affaires
économiques, propose, dans le quatrième alinéa (3°) du texte présenté par le
paragraphe I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-4 du code de la
construction et de l'habitation, après les mots : « les informations
statistiques définies », d'insérer les mots : « par les accords nationaux
mentionnés à l'article L. 441-1-2 et reprises ».
La parole est à Mme Pourtaud, pour défendre l'amendement n° 460.
Mme Danièle Pourtaud.
Le texte proposé pour l'article L. 441-2-4 du code de la construction et de
l'habitation réorganise le dispositif d'information en matière de logement
social, et c'est une bonne chose.
Néanmoins, dans sa rédaction actuelle, ce texte renvoie à un décret la
définition des différentes informations statistiques que les bailleurs devront
communiquer aux préfets, aux maires et aux conférentes intercommunales.
Il nous paraît nécessaire de fixer dans la loi une liste minimale
d'informations qui devront être transmises. Cette liste n'est pas exhaustive,
c'est simplement une mesure de transparence en vue d'une meilleure
connnaissance du parc social.
M. le président.
La parole est à M. Braun, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n°
230.
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis.
L'article L. 441-2-4 réorganise et regroupe des
dispositions actuellement dispersées dans différents articles du code,
relatives aux informations que les bailleurs sociaux doivent fournir aux
préfets, aux maires, et désormais aux conférences intercommunales du
logement.
S'agissant des éléments statistiques rendant compte des résultats atteints au
regard des objectifs quantifiées à envoyer aux préfets et aux maires, je vous
propose de renvoyer expressément à l'accord national passé entre l'Etat et les
organismes d'HLM, car cet accord comporte un important volet sur la production
de statistiques.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 460 et 230 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement,
mais j'indique d'ores et déjà qu'elle a marqué une préférence pour l'amendement
n° 230.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement sur ces amendements ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n°
230.
Les accords nationaux ne peuvent engager que les organisations signataires. Or
les informations statistiques s'imposeront à l'ensemble des bailleurs sociaux,
y compris à ceux d'entre eux qui n'auront pas signé des accords nationaux ;
c'est notamment le cas des SCI et des SEM. Il n'est donc pas envisageable de
subordonner une règle générale à un document conventionnel signé avec une
fraction seulement des bailleurs, cette fraction fût-elle majoritaire.
Toutefois, je pense que le souhait de la commission des affaires économiques
est satisfait par l'amendement n° 460, dans la mesure où celui-ci propose une
énumération qui correspond effectivement aux grandes rubriques d'information
permettant de mieux appréhender, notamment, l'adéquation entre la demande et
l'offre de logements sociaux.
Le Gouvernement est donc favorable à l'amendement n° 460 et défavorable à
l'amendement n° 230.
M. le président.
Monsieur le rapporteur pour avis, l'amendement n° 230 est-il maintenu ?
M. Gérard Braun,
rapporteur pour avis.
M. le secrétaire d'Etat m'ayant convaincu, je le
retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 230 est retiré.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission sur l'amendement n° 460 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Le rapporteur pour avis de la commission des affaires
économiques ayant retiré l'amendement n° 230, l'avis favorable est reporté sur
l'amendement n° 460.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 460, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 330 rectifié, MM. Ostermann, Vasselle, Grignon, Doublet,
Gournac et Vinçon proposent, après le cinquième aliéna du texte présenté par
l'article 33 pour l'article L. 441-2-4 du code de la construction et de
l'habitation, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Un décret détermine les sanctions applicables en cas de non-respect par les
bailleurs sociaux de leur ogligation d'information. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 461, MM. Charzat, Delanoë, Estier, Mme Pourtaud et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter
in
fine
le texte présenté par le paragraphe I de l'article 33 pour l'article
L. 441-2-4 du code de la construction et de l'habitation par un alinéa ainsi
rédigé :
« ... ° Les maires des conseils d'arrondissement de Paris, Marseille et Lyon
bénéficient des mêmes informations que le maire de la commune pour les
logements situés dans le ressort du ou des arrondissements où ils sont
territorialement compétents. »
La parole est à M. Charzat.
M. Michel Charzat.
Cet amendement répond au souci d'assurer une gestion de proximité et tire
simplement la conséquence logique de la volonté d'information et de
concertation affirmée dans la « loi PLM » en faveur des structures originales
que sont les arrondissements.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Nous avons examiné précédemment un amendement de même nature
et la commission avait émis un avis défavorable. Elle réitère cet avis.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a été favorable à l'amendement de même
nature dont vient de faire état monsieur le rapporteur mais qui, il est vrai,
n'a pas été retenu par le Sénat.
Le Gouvernement l'avait regretté, car il mesure bien le rôle qui est celui de
maire d'arrondissement dans les plus grandes villes du pays. Compte tenu de
l'importance de la population concernée, ces maires d'arrondissement ont bien
droit aux mêmes égards que les maires de communes moins importantes. Dans la
mesure où le Sénat est traditionnellement très soucieux des prérogatives des
élus locaux, le Gouvernement n'a d'ailleurs pas compris le rejet de
l'amendement antérieur auquel il a été fait allusion. Il espère donc que le
Sénat voudra bien adopter celui qui lui est maintenant soumis.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 461.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Comme l'a dit M. le rapporteur, il serait effectivement assez illogique de
voter cet amendement après en avoir rejeté un de même nature.
Cela dit, je me permets de signaler à M. Charzat que son amendement comporte
une erreur. En effet, s'il existe bien des maires d'arrondissement, je n'ai
jamais entendu parler de « maires des conseils d'arrondissement ». Autrement
dit, tel qu'il est libellé, cet amendement ne peut, de toute façon, être
adopté.
M. le président.
Monsieur Charzat, sans doute souhaitez-vous tenir compte de la remarque de M.
Chérioux et rectifier votre amendement en conséquence ?...
M. Michel Charzat.
En effet, monsieur le président.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 461 rectifié, présenté par MM. Charzat,
Delanoë et Estier, Mme Pourtaud et les membres du groupe socialiste et
apparentés, et tendant à compléter
in fine
le texte proposé par le
paragraphe I de l'article 33 pour l'article L. 441-2-4 du code de la
construction et de l'habitation par un alinéa ainsi rédigé :
« Les maires d'arrondissement de Paris, Marseille et Lyon bénéficient des
mêmes informations que le maire de la commune pour les logements situés dans le
ressort du ou des arrondissements où ils sont territorialement compétents. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 461 rectifié, repoussé par la commission et
accepté par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Mme Danièle Pourtaud.
Il y avait égalité des voix !
M. le président.
Précisément, madame, en cas d'égalité des voix, l'amendement n'est pas adopté
!
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 441-2-4 du code
de la construction et de l'habitation.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 441-2-5 DU CODE DE LA CONSTRUCTION
ET DE L'HABITATION
M. le président.
Sur le texte proposé pour l'article L. 441-2-5 du code de la construction et
de l'habitation, je ne suis saisi d'aucun amendement.
Personne ne demande la parole ?...
Je le mets aux voix.
(Ce texte est adopté.)
M. le président.
Nous abordons maintenant l'examen du paragraphe II de l'article 33.
Par amendement n° 82, M. Seillier, au nom de la commission des affaires
sociales, propose :
A. - De compléter le texte proposé par le II de l'article 33 pour le premier
alinéa de l'article L. 441-3 du code de la construction et de l'habitation par
un alinéa ainsi rédigé :
« L'entrée en vigueur des dispositions de l'alinéa ci-dessus est fixée au
premier jour du troisième mois suivant la publication de la loi n° du
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions. »
B. - En conséquence, de rédiger comme suit le premier alinéa du II de
l'article 33 :
« Le premier alinéa de l'article L. 441-3 du même code est remplacé par deux
alinéas ainsi rédigés : »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Après un large débat et une concertation avec le
Gouvernement, l'Assemblée nationale a prévu que les organismes d'HLM avaient la
faculté d'instituer le surloyer dès lors que le dépassement du plafond de
ressources serait non pas de 10 % mais de 20 %, le taux de 40 % restant
inchangé.
La commission n'a pas souhaité revenir sur cette modification de la loi
Périssol qui répond aux demandes de nombreux locataires de logement HLM et
paraît de nature à faciliter la préservation de la mixité sociale dans le parc
HLM.
Toutefois, la mise en place de la réforme peut entraîner des difficultés
d'application pour les organismes d'HLM puisque le Gouvernement a annoncé la
publication prochaine d'un arrêté de revalorisation des plafonds de ressources
pour les ménages sans enfant à charge ou avec un enfant à charge : cette
revalorisation serait de 12 % pour un couple sans enfant et de 8 % pour un
couple avec enfant en Ile-de-France, de 5 % pour les deux catégories précitées
dans le reste de la France.
Afin de tenir compte de ces difficultés techniques d'application, la
commission propose de reporter au premier jour du troisième mois suivant la
publication de la loi la mise en oeuvre du nouveau régime des surloyers.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 82, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 272 rectifié, MM. Descours, Paul Girod et Braun proposent de
compléter l'article 33 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La dernière phrase du premier alinéa de l'article L. 441-9 du même
code est ainsi rédigée :
« L'organisme d'habitations à loyer modéré n'est tenu de présenter cette
demande ni aux locataires bénéficiant de l'aide personnalisée au logement
mentionnée à l'article L. 351-1, ni aux locataires bénéficiant de l'allocation
de logement prévue à l'article L. 542-1 du code de la sécurité sociale ou de
l'allocation de logement prévue à l'article L. 831-1 du code de la sécurité
sociale. »
Par amendement n° 490, M. Larifla propose de compléter l'article 33 par un
paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La dernière phrase du premier alinéa de l'article L. 441-9 du code de
la construction et de l'habitation est complétée par les mots : "ainsi qu'aux
locataires bénéficiant de l'allocation de logement prévue à l'article L. 542-1
du code de la sécurité sociale ou de l'allocation de logement prévue à
l'article L. 831-1 du même code". »
La parole est à M. Paul Girod, pour défendre l'amendement n° 272 rectifié.
M. Paul Girod.
Il s'agit d'étendre aux sociétés d'économie mixte, les SEM, les dispositions
en question.
M. le président.
La parole est à M. Larifla, pour défendre l'amendement n° 490.
M. Dominique Larifla.
Une enquête portant sur les ressources des locataires doit être réalisée
chaque année par les bailleurs sociaux afin de déterminer si les locataires
doivent s'acquitter du supplément de loyer de solidarité défini par l'article
L. 441-3 du code de la construction et de l'habitation.
L'article L. 441-9 du même code exonère les bénéficiaires de l'aide
personnalisée au logement de l'obligation de cette enquête puisque leurs
revenus les excluent obligatoirement des dépassements de plafonds de ressources
entraînant le paiement d'un supplément de loyer de solidarité.
Dans les départements d'outre-mer qui ne disposent pas de l'aide personnalisée
au logement, les locataires qui bénéficient de l'allocation logement ne sont
pas exonérés de l'enquête comme le sont les bénéficiaires de l'aide
personnalisée au logement en métropole. Or, compte tenu de leurs ressources qui
se situent en-deçà des seuils nécessitant le recours au supplément de loyer de
solidarité, ces ménages devraient être exonérés de l'enquête qui, dans leur
cas, n'a aucune utilité et dont les conséquences financières pour les bailleurs
sociaux ne sont pas négligeables.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 272 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 490 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 33, modifié.
(L'article 33 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 33
M. le président.
Je suis d'abord saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 273 rectifié, MM. Descours, Paul Girod et Braun proposent
d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du III de l'article 302
bis
ZC du code général des
impôts est ainsi rédigé :
« Les bailleurs ne sont tenus de présenter cette demande ni aux locataires
bénéficiant de l'aide personnalisée au logement mentionnée à l'article L. 351-1
du code de la construction et de l'habitation, ni aux locataires bénéficiant de
l'allocation de logement prévue à l'article L. 542-1 du code de la sécurité
sociale ou de l'allocation de logement prévue à l'article L. 831-1 du code de
la sécurité sociale. »
Par amendement n° 489 rectifié, M. Larifla propose d'insérer, après l'article
33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du III de l'article 302
bis
ZC du code général des
impôts est complété par les mots : "ainsi qu'aux locataires bénéficiant de
l'allocation de logement prévue à l'article L. 542-1 du code de la sécurité
sociale ou de l'allocation de logement prévue à l'article L. 831-1 du même
code". »
La parole est à M. Paul Girod, pour présenter l'amendement n° 273 rectifié.
M. Paul Girod.
La situation est la même que pour l'amendement n° 272 rectifié.
M. le président.
La parole est à M. Larifla, pour présenter l'amendement n° 489 rectifié.
M. Dominique Larifla.
Nous sommes effectivement dans la même situation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 273 rectifié, accepté par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33, et l'amendement n° 489 rectifié n'a plus
d'objet.
Par amendement n° 462, M. Vezinhet, Mme Derycke, M. Charzat et les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 33, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Le second alinéa de l'article L. 441-4 du code de la construction et de
l'habitation est complété
in fine
par une phrase ainsi rédigée :
« Il ne peut en outre excéder 10 % du montant du loyer principal. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
L'un des objectifs du projet de loi relatif à la lutte contre les exclusions
dans son volet « logement » est de concourir à la mixité sociale, de lutter
contre la ségrégation urbaine, dans l'ensemble des quartiers de nos villes.
L'élue parisienne que je suis salue vivement cette orientation.
Le débat à l'Assemblée nationale a mis en évidence la nécessité d'un
relèvement des plafonds de ressources pour permettre l'accès aux logements
sociaux des ménages à petits et moyens revenus qui en étaient exclus. Comme
vous vous y étiez engagé, monsieur le secrétaire d'Etat, ces plafonds viennent
donc d'être revus à la hausse. Vous avez indiqué que, désormais, 61 % des
ménages seraient éligibles au logement social, au lieu de 54 % aujourd'hui.
Les sénateurs socialistes ne peuvent que s'en féliciter. Néanmoins il n'est
pas certain que, dans une ville comme Paris, ces plafonds ne continueront pas à
pénaliser les célibataires. Cependant, là n'est pas l'essentiel de ce qui
motive cet amendement.
Favoriser l'accession d'un plus grand nombre de Français aux logements HLM est
une bonne chose. Mais maintenir dans ces ensembles une population dont les
revenus ont pu évoluer favorablement s'avère indispensable du point de vue de
l'objectif de mixité sociale. C'est pourquoi il est nécessaire de regarder de
plus près les conséquences du surloyer de solidarité. Certes, les mesures
concernant les plafonds de ressources auront pour effet d'élargir les
possibilités d'accès au logement social et, par là même, de réduire le nombre
de familles assujetties au surloyer. Néanmoins, il est un fait que le surloyer
est opaque, souvent injuste et financièrement lourd pour certains
locataires.
Tout d'abord, l'addition du surloyer, du loyer et des charges peut atteindre
des montants trop importants pour de nombreux locataires, mais aussi inciter
quelques-uns à quitter ces logements, dont nous savons bien que l'environnement
n'est pas toujours des plus attractifs, favorisant ainsi le processus de
création de ghettos.
Ensuite, le rapport sur l'application du supplément de loyer de solidarité
institué par la loi du 4 mars 1996 fait apparaître clairement que l'effort
financier pour les locataires est plus soutenu lorsque ceux-ci relèvent d'un
barème fixé par délibération exécutoire, ce qui est le cas pour les trois
quarts des bailleurs en France, et qu'il s'accroît proportionnellement avec le
niveau d'urbanisation géographique ; c'est le cas pour 96 % des bailleurs à
Paris et 93 % en proche banlieue. Alors qu'en moyenne nationale les locataires
ont eu à acquitter un surloyer moyen de 12 % du loyer principal et ont ainsi
connu une progression moyenne de leurs dépenses de logement de l'ordre de 13 %,
à Paris, le montant du surloyer représente 31 % du loyer principal et, en
proche banlieue, 26 %. Il ne s'agit là que d'une moyenne, ce qui signifie que
de nombreux organismes ont largement dépassé ce seuil.
La possibilité de mettre en oeuvre des barèmes différenciés devait permettre
aux organismes d'HLM de s'adapter aux réalités spécifiques des quartiers et de
veiller à l'exigence de mixité sociale. Il est clair qu'en Ile-de-France,
notamment à Paris, cette liberté a été mal utilisée. Ajoutons que c'est dans
cette zone qu'il y a le plus de problèmes, avec une pénurie de logements
sociaux et de logements intermédiaires, que vous connaissez, monsieur le
secrétaire d'Etat.
Il apparaît donc nécessaire de revenir à un encadrement national des
surloyers.
C'est pourquoi les sénateurs socialistes, sans remettre en cause le principe
du surloyer de solidarité, proposent, par cet amendement, le plafonnement du
surloyer à 10 % du montant du loyer principal. Cette disposition contribuerait
certainement à mieux garantir et à préserver la mixité sociale de nos
quartiers, plus particulièrement à Paris et en proche banlieue.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a émis un avis défavorable sur cet
amendement.
Bien que l'argumentaire développé par notre collègue comporte
incontestablement des éléments intéressants, les mesures présentées pourraient
vider de son sens le dispositif du supplément de loyer de solidarité tout en
étant injustes socialement.
En effet, si cet amendement était adopté, le montant relatif du surloyer
pourrait représenter une contribution proportionnellement plus importante pour
un foyer dont les revenus sont moyens que pour un autre foyer dont les revenus
seraient plus élevés. Il faut éviter ce genre de situation. C'est la raison
pour laquelle, tout en reconnaissant que des problèmes pouvaient se poser, la
commission n'a pas considéré pouvoir émettre un avis favorable sur cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
J'ai bien entendu le plaidoyer de Mme Pourtaud. Un
grand nombre des arguments qu'elle a développés sont exacts. Néanmoins, je
l'inviterai à différer la décision qu'elle nous propose de prendre. En effet,
le Gouvernement a décidé de procéder, le 1er juillet prochain, à un relèvement
des plafonds de ressources au profit des petits ménages et de supprimer la
distinction conjoint actif-conjoint inactif.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale a porté le seuil d'application possible du
supplément de loyer de solidarité de 10 % à 20 %.
J'avais indiqué à l'Assemblée nationale que ces deux dispositifs additionnés
auraient sans doute pour conséquence de retirer du champ d'application du
supplément de loyer de solidarité un tiers des ménages qui sont actuellement
concernés. Après approfondissement statistique, l'Union nationale des
fédérations d'organismes d'HLM fait état, en fait, d'un pourcentage plus élevé,
dépassant 40 %. J'avais également appelé l'attention sur le fait que, bien
évidemment, un certain nombre d'organismes parviennent à équilibrer leur
gestion en tenant compte de cette recette.
Il est vrai que le Gouvernement a pris d'autres mesures pour aider les
organismes ; je pense à l'application de la TVA à 5,5 % sur les travaux de
grosses réparations, et pas seulement sur les opérations qui bénéficient de la
PALULOS. Il vient également de prendre une mesure concernant le livret A qui
bénéficiera à l'ensemble des prêts accordés aux organismes d'HLM.
Néanmoins, si plus de 40 % des assujettis sont dispensés par l'ensemble de ces
mesures, les organismes d'HLM perdront sans doute à peu près l'équivalent de
plus de 40 % du produit du supplément de loyer de solidarité.
Il ne serait pas très convenable de ne pas expertiser toute mesure nouvelle
qui risquerait d'avoir des effets préjudiciables sur l'équilibre de la gestion
des organismes. Toutefois, sur le principe, nous allons vous donner
satisfaction, madame le sénateur.
Le Gouvernement est bien conscient que, dans le dispositif en vigueur relatif
au supplément de loyer de solidarité, il est prévu un minimum, mais pas de
maximum. C'est là que le bât blesse ! Cela crée les disparités que vous avez
évoquées.
Dans un même quartier ou une même commune, peuvent coexister plusieurs
organismes ayant des pratiques très diversifiées : on peut habiter la même rue,
deux immeubles voisins et, à revenus égaux, acquitter un supplément de loyer de
solidarité très différent. Ce n'est pas satisfaisant ! Cela ne peut pas être
compris par les intéressés.
Par conséquent, le Gouvernement prend l'engagement de dialoguer avec ses
partenaires, afin de déterminer une fourchette maximale, ce qui éviterait les
difficultés que vous avez soulignées d'une manière convaincante, madame le
sénateur. Il nous faudra sans doute quelques semaines pour parvenir à affiner
de manière concertée ce dispositif.
Je serais heureux que vous témoigniez votre confiance dans cet engagement en
acceptant de retirer cet amendement.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, madame Pourtaud ?
Mme Danièle Pourtaud.
Compte tenu de l'engagement pris par le Gouvernement d'examiner cette
question, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 462 est retiré.
Par amendement n° 463, M. Vezinhet, Mmes Derycke, Pourtaud, M. Charzat et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article
33, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 441-3 du code de la construction et de l'habitation est
complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« Sur demande motivée de la majorité des maires de la conférence
intercommunale du logement mentionnée à l'article L. 441-1-4, le ou les préfets
concernés peuvent par dérogation aux dispositions prévues au premier alinéa,
exonérer les locataires d'un immeuble ou d'un groupe d'immeubles du paiement du
supplément de loyer de solidarité. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Cet amendement s'inspire des mêmes griefs que ceux que je viens d'exposer à
propos de l'amendement n° 462.
La loi qui a instauré les surloyers a induit des effets pervers, qu'il est
tout à fait possible de déceler après une lecture attentive du rapport
récemment remis sur les surloyers. L'un de ces effets pervers vient de vous
être présenté : des surloyers peuvent atteindre jusqu'à 31 % en moyenne du
montant des loyers. L'autre effet pervers, que nous avions pointé lors de
l'examen de cette loi, est que le dispositif actuel ne permet pas de prendre
finement en compte la réalité territoriale et sociologique.
Certes, la loi a prévu des dérogations au principe du surloyer : il ne peut
pas être appliqué dans les zones de revitalisation rurale et dans les grands
ensembles et quartiers d'habitat dégradé des zones urbaines sensibles. Ces
dérogations vont de soi : quel bailleur irait appliquer un surloyer dans ces
zones, alors même qu'il ne parvient pas à y maintenir ses locataires et qu'il
doit en permanence lutter contre la vacance ?
Le dispositif d'exonération du surloyer n'est pas au point. Lors de l'examen
de la loi sur les surloyers, les députés en avaient d'ailleurs eu pleinement
conscience puisqu'ils avaient adopté un amendement mettant en place une
possibilité de dérogation sur demande de l'organisme d'HLM après avis du
conseil départemental de l'habitat pour les logements situés dans des zones en
difficulté. Une seconde délibération, à la demande du Gouvernement, avait eu
raison, malheureusement, de cet amendement.
Par l'amendement n° 463, nous vous proposons d'autoriser le préfet à déroger
au principe du surloyer pour des immeubles ou groupe d'immeubles. Ces
dérogations sont donc très ciblées. Elles visent esentiellement à éviter les
effets négatifs du zonage : d'un côté de la rue, on se trouve dans la ZUS, donc
le surloyer ne s'applique pas ; de l'autre côté, le surloyer est exigible, et
pourtant l'habitat comme l'environnement sont tout autant dégradés.
Ces dérogations ne peuvent ensuite être accordées qu'à la demande motivée de
la majorité des maires de la conférence intercommunale.
Nous avons tenu à confier ce rôle à la conférence intercommunale, d'abord
parce que nous sommes convaincus qu'il s'agit du bon échelon territorial en
matière de politique du logement et j'ajouterai de l'habitat. De plus, cette
nouvelle compétence est tout à fait complémentaire de celles que le projet de
loi lui confie déjà : définition de la répartition des objectifs d'accueil des
personnes défavorisées dans le parc social du bassin d'habitat, définition des
besoins d'offre adaptés et avis sur le niveau des plafonds de ressources.
Nous avons, enfin, voulu laisser au préfet, et à lui seul, le pouvoir
d'appréciation. Je crois que c'est le bon niveau administratif, le niveau le
plus proche du terrain.
Prévoir que cette dérogation est accordée par le ministre, comme cela avait
été initialement envisagé en 1996, aurait constitué, selon nous, une procédure
trop lourde.
Je tiens, enfin, à préciser qu'il ne s'agit pas là d'un moyen pour éviter le
paiement du surloyer. Le groupe socialiste reste favorable au principe du
surloyer avec les aménagements que nous avons évoqués lors de l'examen du
précédent amendement et avec ceux que prévoit le présent amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il pourrait être intéressant de prévoir, sous certaines
conditions, une dérogation géographique au dispositif des surloyers pour
compléter ce qui est déjà prévu pour les zones urbaines sensibles. La
commission a donc été plus sensible à l'amendement n° 463 qu'à l'amendement n°
462 et elle s'en remet à la sagesse de notre assemblée.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
En l'occurrence, le Gouvernement a la même analyse que
sur l'amendement précédent. Il n'est pas opposé à la logique d'aménagement
ciblé, et je crois qu'il l'a montré, notamment avec l'arrêté que j'ai évoqué
voilà quelques instants, qui fait varier les corrections des plafonds de
ressources de 0 % à 39 % et qui tient compte de la composition de la famille et
des zones géographiques. Bref, tout cela nécessite d'être examiné en détail.
Une telle disposition doit être, pour satisfaire au principe de traitement
équitable des locataires quel que soit leur bailleur, au minimum encadrée. Il
faut donc réfléchir à cet encadrement, le préciser, plutôt que de donner
l'occasion de disparités qui, d'une région à l'autre, ou d'une ville à l'autre,
pourraient ne pas être comprises.
Le Gouvernement considère qu'il n'a pas actuellement les éléments pour
suggérer cet encadrement. Il estime que cet amendement est quelque peu
prématuré. Aussi, souhaite-t-il son retrait.
M. le président.
Madame Pourtaud, l'amendement n° 463 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 463 est retiré.
Par amendement n° 464, M. Vezinhet, Mmes Derycke, Pourtaud, M. Charzat et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article
33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les plafonds de ressources des bénéficiaires de la législation sur les HLM
mentionnés à l'article L. 441-3 du code de la construction et de l'habitation
sont révisés annuellement en fonction du salaire minimum de croissance visé à
l'article L. 141-2 du code du travail. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Je souhaiterais tout d'abord insister sur la nécessité de prévoir une
revalorisation régulière des plafonds de ressources pour l'accession aux
logements HLM afin, notamment, d'éviter de rendre redevables du surloyer
certaines loctaires pour des raisons purement mécaniques, et non pour des
raisons de justice sociale. Lors de l'examen de la loi sur le surloyer, l'Union
des HLM avait calculé que si les plafonds de ressources avaient été normalement
actualisés, le pourcentage de locataires dépassant ces seuils, et donc
redevables du surloyer, n'aurait été que de 3 %.
C'est un enjeu d'équilibre territorial et sociologique. C'est une condition
sine qua non
pour la bonne insertion des personnes les plus démunies
dans le parc social, car c'est le seul moyen d'éviter la paupérisation et la
ghettoïsation de ce parc. Une revalorisation régulière des plafonds de
ressources est donc une nécessité, et je me félicite que le Gouvernement ait
annoncé la publication d'un arrêté prévoyant une revalorisation au 1er juillet
prochain. Mais ce n'est pas suffisant.
Par cet amendement, nous proposons de prendre le SMIC comme référence
régulière pour la révision de ces plafonds, ce qui permettra une réévaluation
légèrement supérieure, d'environ un point, à celle qui est actuellement prévue
et qui est fonction de la variation annuelle de l'indice mensuel des prix à la
consommation de l'ensemble des ménages.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission, qui a déjà eu l'occasion à plusieurs reprises
de se prononcer sur l'indexation des prestations et des allocations, a toujours
privilégié l'indexation sur le niveau des prix. C'est pourquoi elle a émis un
avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a été très attentif à l'argumentation
développée par Mme Pourtaud. Il reconnaît que le système actuel d'indexation
sur l'indice des prix aboutit mécaniquement à faire baisser légèrement - car la
hausse des salaires n'est pas très différente de la hausse des prix - chaque
année, la proportion de la population éligible au parc HLM.
Aussi, cette proposition mérite d'être intégrée dans les réflexions que le
Gouvernement conduit sur une question qui doit être bien entendu traitée en
bonne harmonie avec les priorités de la politique de la ville, car là sont bien
les objectifs.
Toutefois, le Gouvernement souhaite insister sur deux éléments.
Les mesures que nous avons évoquées, qu'il s'agisse de l'arrêté en cours de
publication avec application au 1er juillet prochain ou du relèvement du seuil
d'application du supplément de loyer de solidarité décidé par l'Assemblée
nationale, ont pour effet de porter le pourcentage de la population française
éligible à l'obtention d'un logement HLM de 55 % à presque 62 %. Ce taux est
celui que nous connaissions en 1977 quand nous faisions la moyenne des plafonds
applicables aux deux systèmes de financement, à savoir celui qui était en
vigueur avant 1977 et celui qui a été créé par la loi de janvier 1977.
On a fait en quelque sorte un rattrapage du retard pris. Pour ne pas prendre à
nouveau du retard, peut-être faudra-t-il un jour retenir une formule du type de
celle que vous suggérez.
Je souhaite aussi appeler votre attention sur un autre aspect. Une telle
disposition relève du pouvoir réglementaire, les conditions d'actualisation des
plafonds de ressources étant fixées par arrêtés, arrêtés qui n'engagent pas le
seul ministre chargé du logement.
Dans ces conditions, vous le comprenez, je ne peux accepter que ce problème,
pourtant bien posé par Mme Pourtaud, soit résolu par la voie législative.
M. le président.
Madame Pourtaud, l'amendement n° 464 est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 464 est retiré.
Article 33
bis
M. le président.
« Art. 33
bis.
- Il est inséré, dans le code de la construction et de
l'habitation, un article L. 442-6-2 ainsi rédigé :
«
Art. L. 442-6-2
. - Lors de la demande d'attribution d'un logement
social ou de la signature du bail, le bailleur ne peut réclamer au demandeur ou
preneur le paiement de frais à quelque titre que ce soit. »
-
(Adopté.)
Article 33
ter
M. le président.
« Art. 33
ter
. - I. - Il est inséré, dans le code de la construction et
de l'habitation, un article L. 442-6-3 ainsi rédigé :
«
Art. L. 442-6-3
. - Par dérogation au I de l'article 15 de la loi n°
89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant
modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986, le délai de préavis
applicable au congé donné par un locataire d'un logement mentionné à l'article
L. 441-1 qui bénéficie de l'attribution dans le parc du même bailleur d'un
autre logement mentionné au même article est ramené à un mois. »
« II. - Le deuxième alinéa de l'article L. 353-15 du même code est ainsi
rédigé :
« Par dérogation du I de l'article 15 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989
tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi n°
86-1290 du 23 décembre 1986, le délai de préavis applicable au congé donné par
un locataire d'un logement mentionné à l'article L. 353-14 qui bénéficie de
l'attribution dans le parc du même bailleur d'un autre logement mentionné au
même article est ramené à un mois. Ce délai est de deux mois si les deux
logements appartiennent à des bailleurs différents. »
« III. - Il est inséré, dans le même code, un article L. 353-19-1 ainsi rédigé
:
«
Art. L. 353-19-1
. - Par dérogation au I de l'article 15 de la loi n°
89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant
modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986, le délai de préavis
applicable au congé donné par un locataire d'un logement appartenant à une
société d'économie mixte et conventionné à l'aide personnalisée au logement en
application de l'article L. 351-2 qui bénéficie de l'attribution dans le parc
du même bailleur d'un autre logement appartenant à une société d'économie mixte
et conventionné à l'aide personnalisée au logement en application de l'article
L. 351-2 est ramené à un mois. »
« IV. - Il est inséré, dans le même code, un article L. 472-1-4 ainsi rédigé
:
«
Art. L. 472-1-4
. - Par dérogation au I de l'article 15 de la loi n°
89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant
modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986, le délai de préavis
applicable au congé donné par un locataire d'un logement mentionné à l'article
L. 472-1-2 qui bénéficie de l'attribution dans le parc du même bailleur d'un
autre logement mentionné au même article est ramené à un mois. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 83 est présenté par M. Seillier, au nom de la commission des
affaires sociales.
L'amendement n° 231 est proposé par M. Braun, au nom de la commission des
affaires économiques.
Tous deux tendent à supprimer la seconde phrase du texte présenté par le
paragraphe II de cet article pour le deuxième alinéa de l'article L. 353-15 du
code de la construction et de l'habitation.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 83.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La réduction du délai de préavis semble peu justifiable
s'agissant du passage d'un locataire d'un bailleur HLM à un autre, le bailleur
qui voit son locataire partir n'y ayant aucune part.
Cela peut d'ailleurs être injuste pour le premier bailleur. Le locataire peut,
en effet, quitter un logement situé dans un quartier peu recherché, et donc
difficile à relouer, pour aller dans un site plus recherché.
La logique de cette disposition est donc peu compréhensible. C'est pourquoi la
commission propose un amendement visant à supprimer la seconde phrase du texte
présenté par le paragraphe II de l'article 33
ter.
M. le président.
La parole est à M. Lauret, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n°
231.
M. Edmond Lauret,
en remplacement de M. Gérard Braun, rapporteur pour avis de la commission des
affaires économiques et du Plan.
S'agissant de la réduction du délai de
congé à deux mois, il convient de préciser que la loi du 21 juillet 1994,
relative à l'habitat, avait retenu cette mesure sans en préciser le champ
d'application.
Toutefois, s'il paraît justifié et acceptable pour l'organisme bailleur
d'abaisser ce délai à un mois lorsque le changement de logement intervient dans
le parc d'un même organisme, le maintien du délai de congé à deux mois lorsque
deux bailleurs sociaux différents sont concernés est irréaliste et injuste.
En effet, si le locataire, par ce changement, quitte un quartier défavorisé ou
peu recherché, le logement sera difficile à relouer et, dans ces conditions, le
premier bailleur sera injustement pénalisé.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 83 et 231
?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
La mesure visée, qui est appliquée depuis quatre ans,
comme l'a rappelé M. le rapporteur de la commission des affaires économiques,
n'a pas soulevé de difficultés particulières.
Les locataires comprendraient mal que, dans le cadre du projet de loi
d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions, on revienne sur une
disposition qui avait été adoptée pour favoriser la mobilité des locataires
dans le parc HLM.
Cette réduction du délai de préavis bénéficie certes au locataire d'un
logement social qui se voit attribuer un logement social appartenant à un autre
bailleur. Cependant, compte tenu de la demande importante de logements sociaux
dans la plupart des secteurs géographiques de notre pays, le bailleur du
logement pour lequel il est donné congé devrait pouvoir le relouer pendant ce
délai de deux mois.
C'est pourquoi le Gouvernement émet un avis défavorable sur les amendements
n°s 83 et 231.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 83 et 231, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 33
ter,
ainsi modifié.
(L'article 33
ter
est adopté.)
Articles additionnels après l'article 33
ter
M. le président.
Par amendement n° 465, MM. Charzat, Delanoë, Estier, Mme Pourtaud et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article
33
ter
, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 442-10 du code de la construction et de l'habitation est
complété
in fine
par une phrase ainsi rédigée : "Le plafond de
ressources à prendre en compte pour l'application de l'article L. 441-3 est,
pour les locataires de logements construits en application de la loi du 13
juillet 1928 précitée, supérieur de 50 % aux plafonds de ressources applicables
aux bénéficiaires de la législation sur les habitations à loyer modéré et des
nouvelles aides de l'Etat en secteur locatif. »
« II. - En conséquence, l'article 7 de la loi n° 96-162 du 4 mars 1996
relative au supplément de loyer de solidarité est abrogé. »
La parole est à M. Charzat.
M. Michel Charzat.
Le parc des ILM 28 a toujours appartenu au patrimoine immobilier social de la
ville de Paris. Ces 10 000 logements constituent, dans le cadre de la
réglementation HLM, une catégorie spécifique, avec un plafond de ressources
supérieur de 50 % au plafond de ressources HLM.
En 1987, la ville de Paris et la RIVP ont tenté, par une lecture
interprétative de la loi Méhaignerie, de changer le statut juridique de ces ILM
28 pour les faire passer dans le secteur libre.
La loi du 13 janvier 1989, en son article 5, mit fin à la dérive précédente,
en rétablissant à l'unanimité, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, les
ILM 28 de la ville de Paris dans la réglementation HLM. L'article 24 de la loi
du 31 mai 1990, dite loi Besson, réaffirma la spécificité des plafonds de
ressources de ces immeubles.
Quelques années plus tard, le bailleur, la RIVP, a inspiré l'abrogation de
l'article 24 de la loi Besson, dans le cadre de la loi du 4 mars 1996. Il
s'agit, en l'occurrence, de l'article 7, qui constitua à la fois une revanche
sur les locataires et un texte de circonstance.
En effet, la RIVP avait, passant outre la législation de 1989 et de 1990,
décidé d'appliquer des surloyers pour ces immeubles. Début 1996, après l'arrêt
du Conseil d'Etat annulant le barème de surloyer imposé par la RIVP, tous les
jugements rendus par les tribunaux d'instance condamnent la RIVP à rembourser
les locataires.
Mes chers collègues, l'amendement que les sénateurs socialistes de Paris et
moi-même vous soumettons vise à l'abrogation de l'article 7 de la loi du 4 mars
1996. Il n'a donc pour objet que le respect des droits des locataires qui, dans
leur très grande majorité, sont entrés dans les lieux sur des critères
spécifiques aux ILM 28, critères que la loi de mars 1996 a arbitrairement
supprimés, pénalisant ainsi fortement les locataires avec des surloyers ainsi
abusivement décidés.
En revanche, « l'amnistie » votée en 1996 concernant les surloyers décidés
illégalement par la RIVP ne peut être remise en cause, conformément aux
principes fondamentaux de notre Etat de droit.
Il n'en demeure pas moins que la RIVP, gestionnaire d'un parc immobilier
amorti depuis longtemps, aura ainsi économisé plus de 1 million de francs par
mois sur les non-remboursements des sommes dues aux locataires. Il serait
équitable que ces sommes importantes trouvent une destination conforme à
l'objet social de ce patrimoine qui doit assurer la mixité des habitants et le
droit au logement dans ces quartiers de Paris, dont beaucoup relèvent de la
politique de la ville.
Je ne doute pas que le Gouvernement accepte de revenir au texte de l'article
24 de la loi Besson, qui concerne une situation spécifique ne pouvant être
traitée au moyen des dispositions générales, nouvelles et positives concernant
les barèmes HLM de base.
M. Claude Estier.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
A revenu égal, la situation d'un locataire en HLM est la même
que celle du locataire d'un logement en immeuble à loyer moyen de 1928.
Il n'y a pas de raison de réinstaurer une dérogation alors que la loi de 1996
a permis de rétablir un traitement égal des locataires du parc locatif social
en matière de paiement de surloyer.
La commission a donc émis un avis défavorable sur l'amendement n° 465.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
L'attention du Gouvernement a été attirée sur ce
dossier, et j'ai bien entendu l'argumentation de M. Charzat, qui avait déjà
bien voulu entreprendre des démarches à propos de cette question, ce dont je
souhaite lui donner acte ici.
A la suite de ces démarches, le Gouvernement s'est efforcé de recueillir un
certain nombre d'éléments auprès de ses services, et les plus récemment obtenus
datent de quelques heures. Je vais donc en faire part à la Haute Assemblée.
M. Charzat a rappelé que des textes successifs avaient modifié le régime
applicable à ces logements très spécifiques dits « ILM 1928 », qui avaient été
construits dans le cadre de la législation précitée.
Il est exact qu'il fut une période au cours de laquelle les locataires de ce
parc redoutaient une sortie vers le secteur privé. Une mesure de justice
sociale a donc été prise afin de donner à ces logements le statut d'HLM, qu'ils
n'avaient pas auparavant. Mais, ainsi, ces logements ont ensuite été concernés
par toutes les mesures visant le parc HLM.
Je souhaite indiquer deux choses.
Tout d'abord, un rapport de la Cour des comptes a alerté les autorités
chargées du contrôle des patrimoines locatifs sociaux sur le fait que la
réglementation sur les plafonds de ressources pour l'accès à ces logements
n'aurait pas été convenablement respectée ni par la ville de Paris lorsqu'elle
propose des candidats ni par la régie immobilière de la ville de Paris
lorsqu'elle les accepte.
La Cour des comptes a signalé des exemples de dépassement parfois très
importants, ce qui oblige à examiner ce dossier d'assez près, avec
discernement, de manière à ne pas prendre de dispositions d'application
générale qui viendraient éventuellement amplifier les raisons des critiques
émises par la Cour des comptes.
Par ailleurs - j'en viens ainsi au second point de mon intervention - M.
Charzat a fait observer que ces immeubles construits en application de la loi
du 13 juillet 1928 remplissaient, dans certains quartiers, dans certains
arrondissements, une fonction de diversité allant dans le sens de la politique
de la ville, alors qu'on ne pouvait leur reconnaître la même qualité dans
d'autres arrondissements souffrant, au contraire, de très larges déficits en
logements locatifs sociaux.
Le Gouvernement propose donc aux auteurs de l'amendement d'ouvrir une phase de
travail, d'approfondissement, de manière à examiner attentivement le contenu du
rapport de la Cour des comptes ainsi que la réalité de la répartition de ce
parc afin de déterminer s'il est possible de trouver une mesure ciblée pouvant
convenir sans être critiquable.
Je confirme donc aux auteurs de cet amendement que nous sommes prêts à ce
travail mais qu'il nous paraît délicat en l'état, sans cet approfondissement,
d'émettre un avis favorable sur l'amendement n° 465.
M. le président.
Monsieur Charzat, l'amendement n° 465 est-il maintenu ?
M. Michel Charzat.
Je tiens à remercier M. le secrétaire d'Etat de l'attention particulière qu'il
a portée à ce problème délicat compte tenu de la spécificité des barèmes des
ILM qui, de tous temps, ont été supérieurs de 50 % aux barèmes HLM. C'est
vraiment le problème qui appelle un approfondissement, notamment s'agissant des
quartiers méritant de bénéficier d'un effort particulier afin de maintenir, de
préserver et de développer la mixité sociale.
Néanmoins, en attendant que cette réflexion puisse progresser, nous maintenons
cet amendement à titre conservatoire.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 465.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Je suis tout à fait d'accord avec les arguments présentés par M. le secrétaire
d'Etat, et je ne comprends donc pas très bien la position de nos collègues
socialistes.
Il s'agit de locaux de caractère social, qui doivent donc se voir appliquer
les règles propres aux logements sociaux, notamment en matière de plafond de
ressources et de surloyers. Je ne vois pas pourquoi le même système ne serait
pas appliqué partout. Si je comprends que notre collègue Michel Charzat
s'oppose à un éventuel passage à la liberté totale dans la mesure où ces
immeubles doivent conserver leur vocation sociale, je ne vois néanmoins pas
pourquoi on ferait une rente de situation à des gens qui ont un certain niveau
de revenus et qui bénéficient de ces logements sociaux. Généralement, mes chers
collègues, vous êtes plus égalitaires que cela !
Je suis donc assez étonné par cette position, et c'est la raison pour laquelle
je ne voterai pas votre amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 465, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33
ter.
Par amendement n° 469, M. Vezinhet, Mme Derycke et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 33
ter,
un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa de l'article L. 421-8 du code de la
construction et de l'habitation, il est inséré deux alinéas ainsi rédigés :
« Les représentants des locataires sont élus sur des listes de candidats
présentées par des associations oeuvrant dans le domaine du logement.
« Ces associations doivent être indépendantes de tout parti politique ou
organisation philosophique, confessionnelle, ethnique ou raciale et ne pas
poursuivre des intérêts collectifs qui seraient en contradiction avec les
objectifs du logement social fixés par le code de la construction et de
l'habitation, et notamment par les articles L. 411 et L. 441, ou du droit à la
ville par la loi n° 91-662 du 13 juillet 1991 d'orientation pour la ville. »
« II. - L'article L. 422-2-1 du code de la construction et de l'habitation est
complété
in fine
par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les représentants des locataires sont élus sur des listes de candidats
présentés par des associations oeuvrant dans le domaine du logement.
« Ces associations doivent être indépendantes de tout parti politique ou
organisation philosophique, confessionnelle, ethnique ou raciale et ne pas
poursuivre des intérêts collectifs qui seraient en contradiction avec les
objectifs du logement social fixés par le code de la construction et de
l'habitation, et notamment par les articles L. 411 et L. 441, ou du droit à la
ville par la loi n° 91-662 du 13 juillet 1991 d'orientation pour la ville. »
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Les élections des locataires aux conseils d'administration des HLM auront lieu
au printemps 1999 et, d'ici là, même si le projet de loi relatif à l'habitat
est déposé en janvier, il ne pourra être adopté, compte tenu du délai
nécessaire pour son examen, avant mars au plus tôt.
Il est donc urgent d'agir, faute de quoi le dispositif ne pourra
s'appliquer.
Telle est la raison du dépôt de cet amendement, qui vise à fixer un cadre
législatif définissant les conditions que doivent respecter les associations de
locataires présentant des listes à ces élections.
Il s'agit, en effet, d'un enjeu majeur de démocratie interne aux organismes
d'HLM. L'Union des HLM s'est engagée à renforcer la démocratie participative
des locataires, des habitants au sein de ces instances nationales et
locales.
Le Gouvernement et les parlementaires ont tous voulu renforcer le rôle des
associations de locataires dans les différentes structures organisant les
attributions des HLM : les associations de locataires sont représentées dans
les commissions d'attribution, comme c'est d'ailleurs déjà le cas aujourd'hui,
dans les conférences intercommunales du logement ou encore dans la commission
de médiation.
Il nous est donc apparu important que les administrateurs locataires, membres
de plein exercice des offices ou sociétés anonymes d'HLM, soient pleinement en
accord avec les objectifs de la politique du logement social, qui, aux termes
du nouvel article L. 441 du code de la construction, dispose que la
constitution, l'attribution et la gestion des logements locatifs sociaux visent
à améliorer les conditions d'habitat des personnes aux ressources modestes ou
défavorisées et que ces opérations participent à la mise en oeuvre du droit au
logement et du principe de mixité sociale.
C'est pourquoi nous vous proposons cet amendement. Pour pouvoir présenter des
candidats, les associations ne devront pas défendre des objectifs, d'une part,
discriminatoires au sens de l'article 225-1 du code pénal et, d'autre part,
totalement incompatibles avec les valeurs et les enjeux du logement social
réaffirmés dans ce projet de loi, à savoir l'égalité d'accès, une attention
particulière aux plus démunis, l'intégration, la mixité et la diversité
d'occupation sociale.
J'ajoute enfin que la disposition proposée a fait l'objet d'une démarche
commune des organisations nationales de locataires et des bailleurs sociaux.
Elle ne restreint pas l'accès à l'élection, dès lors qu'il s'agit toujours
d'élire des personnes physiques. La présentation par une association n'est pas
un obstacle, car il est très simple de déposer des statuts en vue de cette
élection.
Cet amendement aura pour effet de permettre au juge de se prononcer sur la
légalité des listes ou de l'élection de candidats dont les objectifs sont
incompatibles avec les lois et les règlements régissant le logement social.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 469, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33
ter.
Article 34
M. le président.
« Art. 34. - Il ne peut être conclu de nouveaux protocoles d'occupation du
patrimoine social, tels qu'ils étaient prévus à l'article L. 441-2 du code de
la construction et de l'habitation, après la publication de la présente loi.
Les protocoles existants à cette date cessent de produire tout effet à compter
de l'adoption définitive, dans les conditions prévues à l'article L. 441-1-5 du
code de la construction et de l'habitation, d'une charte intercommunale portant
sur le même territoire. »
- (Adopté.)
Article 34
bis
M. le président.
« Art. 34
bis
. - I. - L'article L. 302-8 du code de la construction et
de l'habitation est ainsi modifié :
« 1° Le 1° est ainsi rédigé :
« 1° Les logements locatifs sociaux au sens du 3° de l'article L. 351-2 ;
».
« 2° Après le 3° , il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« 4° Les logements-foyers dénommés résidences sociales. » ;
« 3° Le neuvième alinéa est supprimé.
« II. - Ces dispositions s'appliquent à partir du 1er janvier 1999. »
Sur cet article, je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 84 est présenté par M. Seillier, au nom de la commission des
affaires sociales.
L'amendement n° 232 est déposé par M. Braun, au nom de la commission des
affaires économiques.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 84.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La loi du 21 janvier 1995 relative à la diversité de
l'habitat avait permis de trouver un équilibre satisfaisant dans l'application
de l'obligation de construction de logements sociaux.
L'article 34
bis
revient sur cet équilibre et bouleverse la nature des
engagements mis en oeuvre par les collectivités locales : parmi les logements
sociaux décomptés au titre de la DGF, ne sont plus retenus que les logements
financés par des prêts PLA. Les logements HLM en accession à la propriété et
les logements financés en PLI ont été retirés.
Ce texte, qui s'appliquera dès le 1er janvier 1999, remet en cause les
perspectives sur lesquelles les communes concernées avaient bâti leurs
hypothèses de construction de logements sociaux.
Mais surtout, il revient sur la mesure prise en 1995 qui visait, de manière
pragmatique, à obliger à la construction de logements sociaux tout en
permettant aux communes de faciliter la mise en oeuvre de la mixité sociale.
C'est pourquoi, mes chers collègues, la commission des affaires sociales vous
invite à voter un amendement de suppression de l'article 34
bis
et à
maintenir ainsi la position qu'elle avait adoptée dans son rapport pour avis de
décembre 1994.
M. le président.
La parole est à M. Lauret, rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement
n° 232.
M. Edmond Lauret,
rapporteur pour avis.
L'amendement de la commission des affaires
économiques a le même objet que celui qui a été déposé par la commission des
affaires sociales.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 84 et 232
?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est très défavorable à ces deux
amendements. En effet, la loi d'orientation pour la ville fixait des principes
éminemment souhaitables pour éviter que ne se développe cette ségrégation
urbaine à partir de laquelle naissent toutes les tensions que l'on ne peut que
déplorer. Elle ne pouvait évidemment pas produire d'effets sur le stock de
logements. Il fallait donc du temps pour qu'elle ait des conséquences lisibles
puisqu'elle ne pouvait jouer que sur le flux des constructions nouvelles.
Or, les amendements adoptés lors de l'examen du projet de loi d'orientation
pour la ville, sur l'initiative de M. le député Carrez, ont à deux égards vidé
de sa substance ce texte : d'une part, ils ont éliminé les petites communes des
obligations que la loi d'orientation pour la ville avait créées pour toutes les
communes des agglomérations en cause, alors que ce sont souvent ces petites
communes qui, parce qu'elles ont une population moindre, ont plus de
disponibilités foncières ; d'autre part, ils ont compté comme logements sociaux
les logements en accession et les PLI, ce qui, bien évidemment, n'était pas du
tout dans l'esprit de la loi d'orientation pour la ville qui voulait corriger
la situation de ségrégation existante pour le logement locatif social.
Le Gouvernement s'est donc montré favorable au rétablissement de la loi
d'orientation pour la ville dans sa rédaction initiale. Tel était l'objet des
deux amendements que l'Assemblée nationale avait votés en première lecture.
Le Gouvernement ne peut qu'être défavorable à la suppression des deux articles
qui en résultent, d'autant que le bilan que nous avons pu tirer de
l'application de la LOV fait ressortir qu'ont été construits, dans les communes
qui avaient trop peu de logements locatifs sociaux, 28 000 logements sur la
période de sept ans qui s'est écoulée depuis l'adoption de ladite loi. On voit
bien que le correctif, s'il est intéressant, a été instillé à dose
homéopathique. Il faut donc au moins retrouver le rythme que permettait la
rédaction initiale de la LOV.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendemnts identiques n°s 84 et 232.
Mme Odette Terrade.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade.
Nous partagerons les arguments que vient d'exposer M. le secrétaire d'Etat.
L'article 34
bis
rétablit une définition du logement social prise en
compte pour les quotas de construction de logements sociaux. La modification
intervenue à l'Assemblée nationale nous semble essentielle. Depuis plusieurs
années déjà, nous oeuvrons pour la voir modifiée dans le sens proposé par le
Gouvernement.
Effectivement, la loi d'orientation sur la ville retenait les prêts locatifs
intermédiaires, les PLI, et les logements en accession à la propriété acquis à
l'aide du prêt à taux zéro. Or, tout le monde sait - mais certains ferment les
yeux - que les personnes défavorisées n'ont absolument pas la possibilité
d'accéder à ce type de logements, où les loyers de base restent élevés. Retenir
comme critère de contribution de l'ensemble des communes à la mixité sociale ce
type de logements, c'est se moquer du monde.
Vous proposez, mes chers collègues, de supprimer cet article. Cela ne nous
étonne pas. C'est dans la droite ligne des intérêts que vous avez l'habitude de
défendre.
Au-delà de la mixité sociale, c'est la diversité géographique et la
répartition des logements sociaux que vous remettez en cause.
Nous, nous sommes convaincus que les problèmes de logement des personnes en
difficulté se règlent infiniment mieux quand chaque commune prend sa part des
efforts à réaliser.
Par conséquent, nous voterons contre les amendements de suppression que vous
proposez.
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Il s'agit ni plus ni moins de supprimer un des apports majeurs de la
discussion à l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale, partant du principe que l'on ne peut travailler à une
bonne insertion par le logement des plus démunis sans par ailleurs promouvoir
la mixité sociale, c'est-à-dire la diversité, a souhaité supprimer une des
dispositions les plus critiquables de la loi, mal nommée, relative à la
diversité de l'habitat du 21 janvier 1995, qui a intégré, dans la définition du
logement social, le logement intermédiaire et le logement étudiant.
Cette mesure a permis à nombre de communes situées dans les agglomérations de
plus de 200 000 habitants de s'exonérer totalement ou en partie de leur
obligation triennale de construire des logements sociaux.
Adopter cet amendement de suppression, c'est refuser la politique de mixité
territoriale du logement, c'est conforter les égoïsmes locaux, c'est refuser
une politique de développement solidaire des territoires.
(Applaudissements
sur les travées socialistes.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 84 et 232, repoussés par le
Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des
affaires sociales.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
104:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 316 |
Majorité absolue des suffrages | 159 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre | 97 |
En conséquence, l'article 34 bis est supprimé.
Article 34
ter
M. le président.
« Art. 34
ter
. - I. - Dans le premier alinéa de l'article L. 302-5 du
code de la construction et de l'habitation, les mots : "dont la population est
au moins égale à 3 500 habitants" sont remplacés par les mots : "dont la
population est au moins égale à 1 500 habitants en Ile-de-France et 3 500
habitants dans les autres régions".
« II. - Le deuxième alinéa de l'article L. 302-8 du même code est complété par
une phrase ainsi rédigée :
« Pour les communes d'Ile-de-France comptant moins de 3 500 habitants qui ont
pris l'engagement au cours de l'année 1999, cette date est portée au 1er
janvier 2000. »
« III. - Ces dispositions s'appliquent à partir du 1er janvier 1999. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 85 est présenté par M. Seillier, au nom de la commission des
affaires sociales.
L'amendement n° 233 est déposé par M. Braun, au nom de la commission des
affaires économiques.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour exposer l'amendement n° 85.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'article 34
ter
tend à en revenir à un seuil de plus
de 1 500 habitants dans la région d'Ile-de-France - au lieu de 3 500 - pour
déterminer les communes passibles de l'obligation triennale de construction de
logements sociaux.
Compte tenu de la population de ces communes, le résultat sera de leur
appliquer des contraintes lourdes - élaboration d'un programme local de
l'habitat, financement d'un programme de construction - pour un résultat qui
sera très faible en termes de nouveaux logements construits.
En 1995, il apparaissait que, sur toute la France, la mise en oeuvre de
l'obligation triennale pour les communes de moins de 2 000 habitants ne
correspondait qu'à la construction de 200 logements sociaux supplémentaires,
soit 2 % à peine des 9 000 logements attendus du fait de la mise en oeuvre du
dispositif.
Le rapport coût administratif-avantage social ne sera donc pas
significatif.
C'est pourquoi la commission propose de supprimer cet article.
M. le président.
La parole est à M. Lauret, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n°
233.
M. Edmond Lauret,
rapporteur pour avis.
La commission des affaires économiques fait sienne
l'argumentation de la commission des affaires sociales.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur ces deux amendements ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement maintient son opposition résolue.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 85 et 233.
M. Serge Lagauche,
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Là encore, c'est une nouvelle preuve que la majorité sénatoriale refuse,
malgré ses déclarations, toute mesure en faveur de la mixité territoriale. Il
est vrai qu'il faut saluer sa constance : lors de l'examen de la loi du 21
janvier 1995, elle s'était opposée à ses propres amis, alors majoritaires à
l'Assemblée nationale, qui avaient souhaité abaisser le seuil d'application des
dispositions contraignantes de la loi aux communes de 1 500 habitants en
Ile-de-France.
Cette position est inacceptable, à l'heure où les banlieues se fissurent de
plus en plus et où la solidarité devrait être de mise. Nous voterons donc
contre ces amendements.
J'ajoute que j'aurais parfaitement pu défendre un amendement tendant à
abaisser ce seuil non seulement en Ile-de-France mais aussi en province, où les
grandes agglomérations connaissent les mêmes problèmes que la région
capitale.
J'aurais même pu proposer d'étendre aux agglomérations de plus de 100 000
habitants les dispositions de la LOV.
Parce que je suis favorable à une politique de l'habitat au niveau du bassin
d'habitat, de l'agglomération, je voterai contre ces amendements.
M. Guy Fischer.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Personne ne s'étonnera que nous soyons farouchement opposés à l'adoption de
ces deux amendements. En les déposant, la droite sénatoriale fait un pas de
plus pour freiner la mixité sociale, et cela ne nous surprend pas.
Ainsi, ce sont deux articles en faveur de la mixité sociale qui auront été
supprimés dans cette enceinte.
Cette fois, il s'agit d'abaisser de 3 500 à 1 500 le seuil au-dessus duquel la
commune est conduite à construire des logements sociaux si elle en a peu.
Cette avancée a été obtenue à l'Assemblée nationale grâce à un amendement du
Gouvernement, qui reprenait d'ailleurs une proposition du groupe communiste à
laquelle avait été opposé l'article 40 de la Constitution.
Vous comprendrez, après ces quelques explications, que nous votions résolument
contre les amendements de suppression.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 85 et 233, repoussés par le
Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des
affaires sociales.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
105:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 316 |
Majorité absolue des suffrages | 159 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre |
97 En conséquence, l'article 34 ter est supprimé. |
Section 4
Mesures relatives aux départements d'outre-mer
Article 35
M. le président.
« Art. 35. - L'article L. 472-1-2 du code de la construction et de
l'habitation est ainsi rédigé :
«
Art. L. 472-1-2.
- Les dispositions des sections 1 et 2 du chapitre
Ier du titre IV du présent livre et celles des articles L. 442-5 et L. 442-6-1
sont applicables dans les départements d'outre-mer aux sociétés d'économie
mixte constituées en application de la loi n° 46-860 du 30 avril 1946 précitée
et aux sociétés d'économie mixte locales pour les logements à usage locatif
leur appartenant et construits, acquis ou améliorés avec le concours financier
de l'Etat. »
Par amendement n° 491, M. Larifla propose, dans son texte présenté par cet
article pour l'article L. 472-1-2 du code de la construction et de
l'habitation, de remplacer les mots : « et L. 442-6-1 », par les mots : « , L.
442-6-1, L. 442-8-1, L. 442-8-2 et L. 442-8-4 ».
La parole est à M. Larifla.
M. Dominique Larifla.
Cet amendement vise à étendre aux sociétés d'économie mixte des départements
d'outre-mer les dispositions des articles L. 442-8-1, L. 442-8-2 et L. 442-8-4
du code de la construction qui sont relatives à la faculté de louer des
logements à des associations ou organismes pouvant faire de la sous-location à
titre temporaire à des personnes en difficulté ou à des personnes jeunes.
Cette disposition s'applique en effet, dans l'état actuel des textes, aux
organismes HLM des départements d'outre-mer, mais pas aux sociétés d'économie
mixte.
Or, afin de favoriser la sous-location par des associations ou des structures
agréées qui mettent en oeuvre, en accompagnement à l'accès à un logement, des
actions de réinsertion en faveur des personnes en difficulté ou favorisent le
logement des jeunes, il importe que les sociétés d'économie mixte, qui
possèdent et gèrent environ les deux tiers du parc locatif social des
départements d'outre-mer, puissent procéder à des locations de ce type.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Egalement favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 491, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 35, ainsi modifié.
(L'article 35 est adopté.)
Article additionnel après l'article 35
M. le président.
Par amendement n° 435, M. Lauret propose d'insérer, après l'article 35, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Avant le 31 décembre 1998, le Gouvernement présente un rapport au Parlement
sur les conséquences financières de la non-application dans les départements
d'outre-mer de l'aide personnalisée au logement mentionnée aux articles L.
351-1 à L. 351-18 du code de la construction et de l'habitation. »
La parole est à M. Lauret.
M. Edmond Lauret.
Les normes des logements dans les départements d'outre-mer étant aujourd'hui
plus proches que par le passé des normes métropolitaines, il est désormais
urgent d'exprimer et d'étudier les conséquences financières de la
non-application de l'APL dans ces départements.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement souhaite que cet amendement soit
retiré, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.
En effet, monsieur le sénateur, la non-application de l'aide personnalisée au
logement dans les départements d'outre-mer résulte de la non-extension à ces
départements des dispositions de la loi de 1977 portant réforme du financement
du logement.
Certes, peut-être me direz-vous qu'il y a là une pénalisation depuis vingt et
un ans, mais dans les faits il n'en est rien car, en contrepartie du dispositif
d'aide personnelle créé par la loi de 1977, il existe un système d'aide à la
pierre qui est toujours en vigueur dans les départements d'outre-mer et dont
toutes les évaluations établissent qu'il est plus favorable que le système des
aides personnelles.
Dans la mesure, monsieur le sénateur, où l'aide à la pierre ne désavantage pas
les départements d'outre-mer, le Gouvernement ne voit pas l'intérêt d'un
rapport que la loi lui imposerait.
Bien évidemment, il est tout à fait disposé à produire tous les éléments qui
sont en sa possession prouvant l'avantage que constitue le système de l'aide à
la pierre par rapport à l'aide à la personne.
M. le président.
Monsieur Lauret, votre amendement est-il maintenu ?
M. Edmond Lauret.
Compte tenu de la réponse de M. le secrétaire d'Etat, je retire mon
amendement.
M. le président.
L'amendement n° 435 est retiré.
Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des dispositions du chapitre
II du titre Ier relatives à l'accès au logement.
A la demande du Gouvernement, nous allons aborder maintenant l'examen des
dispositions du chapitre II du titre II, relatif à la saisie immobilière.
Chapitre II
Saisie immobilière et interdiction bancaire
Article 53 A
M. le président.
« Art. 53 A. - Les dispositions des articles 32 à 42 du décret du 28 février
1852 sur les sociétés de crédit foncier sont abrogées. »
Par amendement n° 519, le Gouvernement propose de rédiger comme suit cet
article :
« I. - Les deuxième et troisième alinéas de l'article 32 du décret du 28
février 1852 sur les sociétés de crédit foncier sont rédigés comme suit :
« S'il y a contestation, il est statué par le tribunal de la situation des
biens conformément à la procédure prévue par l'article 718 de l'ancien code de
procédure civile.
« Le jugement n'est pas susceptible d'appel, sauf dans les cas énoncés au
deuxième alinéa de l'article 731 de l'ancien code de procédure civile. »
« Le deuxième alinéa de l'article 36 du décret du 28 février 1852 sur les
sociétés de crédit foncier est rédigé comme suit :
« Le tribunal est saisi de la contestation par acte d'avocat à avocat. Il
statue conformément à la procédure prévue par l'article 718 de l'ancien code de
procédure civile et en dernier ressort, sauf les cas énoncés au deuxième alinéa
de l'article 731 de l'ancien code de procédure civile. »
« II. - Le cinquième alinéa de l'article 33 du décret du 28 février 1852 sur
les sociétés de crédit foncier est abrogé.
« III. - Le troisième alinéa de l'article 37 du décret du 28 février 1852 sur
les sociétés de crédit foncier est abrogé. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 521, présenté par Mme
Terrade, MM. Loridant, Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste
républicain et citoyen, tendant à rédiger comme suit le II du texte proposé par
l'amendement n° 519 :
« II. - A. - Après la première phrase du premier alinéa de l'article 33 du
décret du 28 février 1852 sur les sociétés de crédit foncier, il est inséré une
phrase ainsi rédigée :
« Toutefois, la mention prescrite par le 3° du troisième alinéa de l'article
673 précité est remplacée par l'indication que le montant de la mise à prix du
logement principal du débiteur fixé par le poursuivant peut faire l'objet d'un
dire dans les conditions prévues au premier alinéa de l'article 36. »
« B. - Le cinquième alinéa du même article est abrogé.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour défendre l'amendement n° 519.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement tend à modifier la procédure spéciale
de saisie immobilière des sociétés de crédit foncier afin de l'aligner sur le
droit commun, et ce sur les trois points suivants : la reconnaissance du droit
pour le débiteur de faire appel du jugement du tribunal statuant sur les
contestations éventuelles de la saisie ; l'ouverture de la possibilité pour le
débiteur de demander la conversion de la saisie immobilière en vente volontaire
; enfin, la reconnaissance du droit pour le débiteur de demander la remise de
l'adjudication, même dans le cas où la société de crédit foncier se fait
subroger dans les poursuites du créancier saisissant.
Cet amendement est motivé par le fait qu'il était nécessaire d'harmoniser avec
la nouvelle loi du 23 janvier 1998 renforçant la protection des personnes
surendettées en cas de saisie immobilière.
M. le président.
La parole est à Mme Terrade, pour défendre le sous-amendement n° 521.
Mme Odette Terrade.
Ce sous-amendement tend à permettre au débiteur de formuler un avis sur la
mise à prix proposée par le Crédit foncier.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 519 ainsi que sur le
sous-amendement n° 521 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission des affaires sociales s'en est largement remise
à l'avis de la commission des lois sur les articles 53 A et 53 à 57 et à celui
de la commission des finances sur l'article 57
bis
.
Lors de sa réunion consacrée à l'examen des amendements, elle a donné un avis
favorable sur l'ensemble des amendements de la commission des lois ainsi que
sur l'amendement n° 245 de la commission des finances.
Dans ces conditions, je souhaite que M. Paul Girod puisse formuler lui-même
les avis adoptés par la commission des affaires sociales sur les amendements
qui viennent compléter ou modifier le dispositif de la commission des lois en
ce qui concerne les articles 53 A à 57.
M. le président.
Quel est donc l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
La commission des lois n'a pas déposé d'amendement
de suppression de l'article 53 A, considérant que la disposition adoptée par
l'Assemblée nationale découlait de l'observation réitérée à plusieurs reprises
par la Cour de cassation ; il n'y avait donc pas lieu de s'interroger outre
mesure. M. Loridant avait adopté une position différente, partant du régime
particulier des sociétés de crédit foncier.
Quelle a été la position de la commission des lois ? Elle a estimé que si une
modification devait être apportée au texte de l'Assemblée nationale, elle
devait relever de la responsabilité gouvernementale.
La commission des lois avait donc émis un avis défavorable sur l'amendement n°
488 de M. Loridant, qui a été retiré, et qui tendait à supprimer l'article 53 A
purement et simplement.
Elle se réjouit de constater que le Gouvernement, peut-être averti, a pris
l'initiative de déposer l'amendement n° 519, sur lequel elle donne un avis
favorable.
Elle souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement sur le sous-amendement n°
521 avant de formuler le sien.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute
Assemblée sur le sous-amendement n° 521, dont l'objet est de permettre au
débiteur de formuler des dires et observations sur la mise à prix proposée, en
l'occurrence par le Crédit foncier.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
La commission émet le même avis que le
Gouvernement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 521, pour lequel la commission et le
Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 519, accepté par la
commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 53 A est ainsi rédigé.
Article 53
M. le président.
« Art. 53. - I. - Le dernier alinéa de l'article 706 du code de procédure
civile (ancien) est abrogé.
« II. - Après l'article 706 du code de procédure civile (ancien), il est
inséré un article 706-1 ainsi rédigé :
«
Art. 706-1
. - Si le montant de la mise à prix a été réévalué dans les
conditions prévues au sixième alinéa de l'article 690 et s'il n'y a pas
d'enchère, le bien est remis en vente, au prix ainsi fixé, à une audience
d'adjudication qui ne peut être éloignée de plus de trente jours.
« L'adjudication remise est annoncée quinze jours au moins à l'avance par un
avis du greffe à la porte du tribunal et, le cas échéant, par toute autre
mesure de publicité ordonnée par le juge.
« A l'audience de renvoi, le juge procède à la remise en vente sans que le
poursuivant ait à réitérer sa demande, sous réserve d'une déclaration expresse
d'abandon des poursuites.
« A défaut d'enchère lors de cette audience, le bien est adjugé d'office au
créancier poursuivant au prix mentionné au premier alinéa ci-dessus. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 177, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 333 rectifié, MM. Ostermann, Vasselle, Grignon, Doublet,
Eckenspieller, Gournac et Vinçon proposent de compléter
in fine
le texte
présenté par le paragraphe II de cet article pour l'article 706-1 du code de
procédure civile (ancien) par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, dans le cas de copropriétés en difficulté, lorsque le créancier
poursuivant est un syndicat de copropriété, si le montant de la mise à prix a
été fixé dans les conditions prévues au sixième alinéa de l'article 690 et s'il
n'y a pas eu d'enchère, le bien est immédiatement remis en vente sur baisses
successives du prix fixées par le juge le cas échéant jusqu'au montant de la
mise à prix initiale. A défaut d'adjudication, le poursuivant est déclaré
adjudicataire pour la mise à prix initiale. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre
l'amendement n° 177.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Au cours de la discussion générale, j'ai eu
l'occasion d'exposer la position de la commission des lois sur l'ensemble du
chapitre concernant la saisie immobilière et j'ai déploré le fait que le
Gouvernement ne laisse apparemment pas vivre le dispositif de la loi du 23
janvier 1998 qui prévoit un système aux termes duquel, nous semble-t-il, les
intérêts du débiteur comme ceux du créancier sont mieux protégés que par le
système que le Gouvernement nous propose.
Quel est le système actuellement en vigueur et encore inappliqué ?
Le créancier demande la saisie d'un bien, annonce le montant de sa créance et
demande la mise aux enchères à un prix correspondant à sa créance.
Le débiteur considère que ce prix est inférieur au prix réel du bien. Cela
peut parfaitement arriver car la créance peut avoir été partiellement
remboursée s'il s'agit d'un bien immobilier financé au moyen d'un prêt
bancaire. Il demande donc au juge de fixer un autre niveau de mise à prix. La
vente aux enchères sur saisie a lieu selon cette mise à prix.
Il peut arriver, pour des raisons soit arrangées - et nous en parlerons - soit
simplement d'inexistence d'acheteur potentiel, que cette mise à prix ne soit
pas couverte.
Il est prévu dans le système actuel une seconde mise aux enchères avec une
mise à prix descendante entre le prix fixé par le juge et le prix demandé par
le créancier, étant entendu que la première enchère portée dans cette formule
descendante ne vaut pas attribution automatique à l'enchérisseur puisque, à ce
moment, si le marché se crée, l'enchère repart à la hausse. En conséquence, une
personne devient attributaire à un prix découlant normalement d'une enchère
publique classique.
Le dispositif qui nous est proposé est différent : la seconde mise aux
enchères a lieu au même prix que celui qui a été fixé par le juge ; s'il n'y a
pas d'enchérisseur, le créancier se trouve être attributaire de plein droit à
ce prix, donc à un prix non accepté par lui.
Le créancier n'a plus que trois solutions. Première solution : il accepte.
Deuxième solution : il trouve quelqu'un pour se substituer à lui dans un délai
de deux mois. Troisième solution : il ne lève pas le titre de propriété deux
mois après. Dans ce dernier cas, l'enchère repart à zéro - c'est la folle
enchère - et plus personne n'est protégé, ni le débiteur ni le créancier. Il
s'agit là d'une vente parfaitement arrangée dans laquelle quelqu'un achète le «
bien pour une bouchée de pain », comme on dit familièrement.
La commission des lois ne le veut pas. Elle souhaite donc que l'on abandonne
ce dispositif qui lui semble fou et qui pourrait, par exemple, mettre une
copropriété dans une situation infernale.
Je vous rappelle que les copropriétés ont un privilège en ce qui concerne les
charges de copropriété : elles demandent la mise aux enchères du bien au niveau
des charges qu'elles veulent récupérer ; le juge fixe un autre prix
correspondant au prix de l'appartement - par exemple, 300 000 francs à
récupérer, pour un appartement d'une valeur d'un million de francs. La
copropriété se trouve en situation soit d'abandonner sa créance, soit de
rembourser 700 000 francs pour devenir acquéreur d'un bien dont elle n'a que
faire.
Ce dispositif est déjà intellectuellement insatisfaisant ; qui plus est, dans
la réalité quotidienne, il se révèlera impossible à appliquer ou terriblement
dangereux.
C'est la raison pour laquelle, sous réserve de l'adoption de l'amendement qui
viendra ultérieurement en discussion et par le biais duquel il vous sera
demandé de lutter contre la vente arrangée par modification du régime de la
publicité de ces ventes, il nous semble plus sage de s'en tenir au dispositif
actuel ainsi amélioré.
Cet amendement de suppression de l'article 53 - d'autres suivront - fait que
c'est le texte actuellement en vigueur qui sera applicable, qu'on restera sur
un système qui n'a pas vraiment été expérimenté. Nous déplorons cette
initiative tendant à adopter un nouveau dispositif qui risque de brouiller les
esprits pendant un certain temps.
M. le président.
L'amendement n° 333 rectifié est-il soutenu ?...
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 177 ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement y est défavorable n° 177.
Le mécanisme institué par la loi du 23 janvier 1998 pour permettre une
réduction progressive du montant de la mise à prix réévaluée par le juge au
montant de la mise à prix initiale en l'absence d'enchères prive d'effet cette
réévaluation.
En effet, il y a lieu de craindre que ce système n'incite les enchérisseurs à
attendre la baisse de la mise à prix pour porter les premières enchères, dans
l'espoir d'emporter le bien au meilleur prix.
Lors de l'adoption de la loi du 23 janvier 1998, j'avais eu l'honneur
d'attirer l'attention de la Haute Assemblée sur cet inconvénient et sur ce
risque et j'avais fait état du souci qu'aurait le Gouvernement de chercher à
perfectionner ce dispositif.
Aux yeux du Gouvernement, le nouvel article 706-1 du code de procédure civile
ancien remédie à cet inconvénient en prévoyant que, en l'absence d'enchère sur
la mise à prix réévaluée, le bien est remis en vente à une seconde audience,
après de nouvelles mesures de publicité.
Ce renvoi ouvre une seconde possibilité de vendre le bien à un prix supérieur
à la mise à prix fixée par le juge et de permettre un meilleur apurement du
passif, ce qui est évidemment très important.
En outre, à défaut d'enchérisseur, le créancier auquel le bien a été adjugé au
montant de la mise à prix réévaluée peut se faire substituer toute personne de
son choix. Le dispositif est donc assorti de garanties pour le créancier
poursuivant.
Il permet en définitive de concilier les droits du créancier et du débiteur en
assurant la réalisation de l'immeuble dans des conditions économiques plus
satisfaisantes.
J'ai bien entendu M. Paul Girod objecter que la loi du 23 janvier 1998 n'a pas
encore pu produire tous ses effets. Mais, comme nous avions des craintes sur
ses conséquences dès son adoption, nous avions annoncé notre souci d'améliorer
le dispositif.
Comme cette loi relative au surendettement n'a effectivement pas encore créé
de situations de fait, le Gouvernement estime qu'il serait opportun de ne pas
tarder à l'améliorer. Tel est l'objet des dispositions proposées et le
Gouvernement est donc défavorable à cet amendement de suppression.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 177, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des
lois.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
106:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 316 |
Majorité absolue des suffrages | 159 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre | 97 |
En conséquence, l'article 53 est supprimé.
Article additionnel après l'article 53
M. le président.
Par amendement n° 500 rectifié, le Gouvernement propose d'insérer, après
l'article 53, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le titre Ier du livre VI du code de la construction et de l'habitation est
complété par un chapitre VI ainsi rédigé :
Chapitre VI
Dispositions applicables en matière
de saisie immobilière du logement principal
«
Art. L. 616. -
En cas de vente sur saisie immobilière d'un immeuble
ou d'une partie d'immeubles constituant la résidence principale d'une personne
qui remplit les conditions de ressources pour l'attribution d'un logement à
loyer modéré, il est institué, au bénéfice de la commune, un droit de
préemption destiné à assurer le maintien dans les lieux du saisi. Ce droit de
préemption est exercé suivant les modalités prévues par le code de l'urbanisme
en matière de droit de préemption urbain, en cas de vente par adjudication
lorsque cette procédure est rendue obligatoire de par la loi ou le
règlement.
« La commune peut déléguer ce droit, dans les conditions définies à l'article
L. 213-3 du code de l'urbanisme, à un office public d'habitations à loyers
modérés ou office public d'aménagement et de construction. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
La vente sur saisie immobilière des logements
d'accédants à la propriété placés en situation de précarité pose des problèmes
sociaux et humains particulièrement difficiles.
Dans un certain nombre de copropriétés dégradées, des ventes qui se font
parfois à vil prix ont des conséquences dramatiques, puisque les propriétaires
en situation très difficile ne peuvent plus demeurer dans leur logement.
Devant ces drames humains, de nombreuses communes ont exprimé le souhait de
pouvoir intervenir, notamment en préemptant ces logements pour les confier à
des organismes de logements sociaux et assurer le maintien dans les lieux des
familles victimes de saisies.
Les droits de préemption institués par le code de l'urbanisme ne sont pas
adaptés à cet objectif, d'une part, parce que les ventes forcées en sont
toujours exclues et, d'autre part, parce qu'une grande partie des immeubles
concernés ne sont pas situés dans des zones où ce droit de préemption
s'appliquerait.
C'est pourquoi, compte tenu de ces situations et du souhait des collectivités
territoriales, il est proposé d'instituer un droit de préemption spécifique au
profit des communes, qui pourraient le déléguer à un office d'HLM, exactement
comme le prévoient les dispositions du code de l'urbanisme.
Ce droit de préemption s'exercera suivant les modalités définies par ledit
code pour le droit de préemption urbain et pour le droit de préemption institué
dans les zones d'aménagement différé en cas d'aliénation volontaire par
adjudication d'un bien immobilier, lorsque le recours à l'adjudication est
rendu obligatoire par la loi ou le règlement, c'est-à-dire que l'acquisition
par la commune a lieu au prix de la dernière enchère, par substitution à
l'adjudicataire.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Elle est très favorable à cet amendement.
Vous voyez, monsieur le secrétaire d'Etat, que nous ne sommes pas du tout en
désaccord sur le fond. C'est sur la forme et sur la technique employée que je
me suis permis d'intervenir voilà un instant et, si j'ai demandé un scrutin
public, c'est pour bien marquer le changement qui est intervenu sur les
problèmes de saisies immobilières.
Mais nous sommes tous d'accord sur l'objectif visé et je reconnais que cette
initiative gouvernementale est particulièrement bienvenue, car elle permet aux
communes de faire, de plein droit et sans qu'il y ait de difficulté, ce
qu'elles essayaient déjà de faire auparavant.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 500 rectifié, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 53.
Article 54
M. le président.
« Art. 54. - Après l'article 706-1 du code de procédure civile (ancien), il
est inséré un article 706-2 ainsi rédigé :
«
Art. 706-2
. - Le poursuivant déclaré adjudicataire d'office au prix
fixé par le juge en application des dispositions de l'article 706-1 peut se
faire substituer toute personne remplissant les conditions requises par la loi
pour enchérir.
« A cet effet, dans les deux mois de l'adjudication, une déclaration conjointe
de substitution est présentée par l'avocat de l'adjudicataire au greffe qui en
délivre récépissé. Cette déclaration est annexée au jugement d'adjudication aux
fins de publication.
« Par dérogation aux dispositions du deuxième alinéa de l'article 716, la
publication doit intervenir dans les deux mois qui suivent la déclaration de
substitution ou, à défaut, l'expiration du délai prévu à l'alinéa précédent.
»
Par amendement, n° 178, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement est la conséquence de la suppression
des dispositions, dont j'ai expliqué pourquoi nous les considérions comme
imprudentes, de l'article 53.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
C'est en effet un amendement de conséquence.
Même si le Gouvernement souhaitait préserver la faculté, pour le poursuivant
déclaré adjudicataire d'office, de se faire substituer un tiers, il ne peut que
reconnaître que l'article 54 n'a plus lieu d'être, l'article de rattachement de
ses dispositions n'existant plus.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 178, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 54 est supprimé.
Article 55
M. le président.
« Art. 55. - Au début du deuxième alinéa de l'article 716 du code de procédure
civile (ancien), sont insérés les mots : "Sous réserve des dispositions de
l'article 706-2,". »
Par amendement n° 179, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
C'est un amendement de coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Identique !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 179, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 55 est supprimé.
Article 56
M. le président.
« Art. 56. - I. - Il est rétabli, dans le code de procédure civile (ancien),
un article 697 ainsi rédigé :
«
Art. 697
. - L'adjudication est poursuivie après une large publicité
pour permettre l'information d'un plus grand nombre d'acquéreurs et pas
obligatoirement par le seul canal des journaux d'annonces légales.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités de cette publicité qui
devra obligatoirement conjuguer le souci d'éviter des frais inutiles au
débiteur tout en augmentant le nombre d'enchérisseurs potentiels.
« Le président du tribunal peut décider de modalités de publicité plus larges.
»
« II. - L'article 696 et les articles 698 à 700 du même code sont abrogés.
« III. - Les dispositions des I et II entreront en vigueur à la date d'entrée
en vigueur du décret mentionné au I. »
Par amendement n° 180, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de rédiger comme suit le texte présenté par le paragraphe I de cet
article pour l'article 697 rétabli dans le code de procédure civile (ancien)
:
«
Art. 697. -
L'adjudication est poursuivie après une large publicité
visant à l'information, au moindre coût, du plus grand nombre de personnes
susceptibles d'enchérir.
« Les modalités de cette publicité, ainsi que les pouvoirs du juge pour les
aménager en considération des circonstances de l'espèce, sont fixées par un
décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement répond à un souci de M. le
secrétaire d'Etat que nous partageons tout à fait : faire en sorte que les
publicités soient diffusées le plus largement possible au moment de la deuxième
enchère, de manière à explorer le marché aussi loin que possible.
L'Assemblée nationale le désirait comme nous. Cela étant, la rédaction qu'elle
a retenue n'était pas la meilleure. C'est la raison pour laquelle nous nous
sommes permis de réécrire cet article d'une manière plus juridique.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement considère que l'amendement n° 180
améliore effectivement la rédaction de l'article 697 du code de procédure
civile. Il y est donc favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 180, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 56, ainsi modifié.
(L'article 56 est adopté.)
Article additionnel après l'article 56
M. le président.
Par amendement n° 367, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article
56, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le premier alinéa de l'article 701 du code de procédure civile
(ancien), il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les frais de poursuite et de recouvrement ne peuvent être exécutés contre le
débiteur qui établit la preuve de son insolvabilité. »
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Cet amendement tend à exonérer les débiteurs insolvables des frais de
poursuite et de recouvrement en matière de saisie immobilière.
L'accumulation des frais d'huissier peut, dans certains cas, atteindre un
niveau tel que le redressement financier du débiteur peut être compromis.
Si le remboursement de la dette est réajusté selon les capacités du débiteur,
ces frais de justice sont, quant à eux, fixés et ne prennent absolument pas en
compte la situation financière du surendetté.
Or il est nécessaire d'opérer une distinction entre les diverses situations
selon l'étendue des contingences financières subies par les personnes
concernées.
Il nous paraît donc nécessaire d'apprécier le budget du débiteur dans sa
globalité, sans ignorer des frais jugés subalternes mais qui sont extrêmement
pénalisants pour toute une catégorie de personnes suredettées.
C'est pourquoi, dans les cas où le débiteur apporte la preuve de son
insolvabilité, nous proposons de lui épargner des frais superflus qui «
enfoncent » toujours davantage dans les difficultés.
Il s'agit là, selon nous, d'une mesure de justice sociale qui, bien qu'elle ne
suffise évidemment pas à elle seule à sortir le débiteur de l'exclusion, est
néanmoins nécessaire pour ne pas le condamner à un « surendettement perpétuel
ou récurrent ».
M. le président.
Quel est l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
La commission souhaiterait entendre l'avis du
Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais indiquer aux auteurs de l'amendement que
l'objectif qu'ils cherchent à atteindre est satisfait par la combinaison des
articles 701 et 714 du code de procédure civile ancien qui stipulent que c'est
l'adjudicataire qui supporte personnellement la charge des frais de poursuites
et non le débiteur.
M. le président.
Quel est, mantenant, l'avis de la commission ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Même avis que le Gouvernement.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu ?
Mme Nicole Borvo.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 367 est retiré.
Article 57
M. le président.
« Art. 57. - I. - La loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement
et à la liquidation judiciaires des entreprises est ainsi modifiée :
« 1° L'article 53 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Cette extinction vaut régularisation de l'incident de paiement au sens de
l'article 65-3 du décret du 30 octobre 1935 unifiant le droit en matière de
chèques et relatif aux cartes de paiement. » ;
« 2° Il est inséré un article 169-1 ainsi rédigé :
«
Art. 169-1
. - La clôture de la liquidation judiciaire suspend les
effets de la mesure d'interdiction d'émettre des chèques, dont le débiteur fait
l'objet au titre de l'article 65-3 du décret du 30 octobre 1935 unifiant le
droit en matière de chèques et relatif aux cartes de paiement, mise en oeuvre à
l'occasion du rejet d'un chèque émis avant le jugement d'ouverture de la
procédure.
« Si les créanciers recouvrent leur droit de poursuite individuelle, la mesure
d'interdiction reprend effet, à compter de la délivrance du titre exécutoire
visé au dernier alinéa de l'article 169. »
« II. - Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application du
présent article.
« III. - Les dispositions du 2° du I sont applicables aux seules procédures
dont la clôture interviendra après l'entrée en vigueur de la présente loi. »
Par amendement n° 181, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, au début du paragraphe III de cet article, d'ajouter un alinéa ainsi
rédigé :
« Les dispositions du 1° du I sont applicables aux seules procédures ouvertes
après l'entrée en vigueur de la présente loi. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement précise les modalités d'entrée en
vigueur des dispositions figurant au 1° du paragraphe I de l'article 57,
c'est-à-dire d'un alinéa de l'article 53 de la loi du 25 janvier 1985, relative
au redressement et à la liquidation judiciaire des entreprises.
Il s'agit de réserver le bénéfice de la levée de l'interdiction bancaire pour
les créances non déclarées à la procédure collective lorsque celle-ci n'est pas
encore ouverte à la date d'entrée en vigueur de la présente loi.
En effet, en l'absence de cette précision, nous serions confrontés à des
situations complexes que personne ne saurait exactement traiter.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement considère que cet amendement apporte
une précision utile concernant les dispositions transitoires du texte. Il y est
donc favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 181, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 57, ainsi modifié.
(L'article 57 est adopté.)
Article 57
bis
M. le président.
« Art. 57
bis
. - Le fait d'offrir ou de consentir un prêt ou un crédit
personnalisé à un mineur non émancipé est interdit. L'établissement financier
qui contrevient à cette disposition est redevable d'une amende fiscale d'un
montant égal au quintuple du montant de la créance figurant au contrat. Cette
amende est recouvrée conformément aux dispositions prévues aux articles 1724 et
1724 A du code général des impôts.
« En cas de défaut, ou d'insuffisance de paiement, les dispositions de
l'article 1727 du même code sont applicables. »
Par amendement n° 245, M. Oudin, au nom de la commission des finances, propose
de supprimer cet article.
La parole est à M. Oudin, rapporteur pour avis.
M. Jacques Oudin,
rapporteur pour avis.
Cet amendement vise à supprimer l'article 57
bis.
L'Assemblée nationale a voté une disposition qui interdit d'offrir ou de
consentir un prêt ou un crédit personnalisé à un mineur non émancipé et qui
rend l'établissement financier qui contrevient à cette disposition redevable
d'une amende fiscale d'un montant égal au quintuple du montant de la créance
figurant dans le contrat.
Votre commission des finances n'est pas favorable à cette disposition dans la
mesure où la loi encadre déjà de manière sévère l'offre de crédit aux
mineurs.
Ainsi, la loi du 28 décembre 1966, relative à l'usure, aux prêts d'argent et à
certaines opérations de démarchage et de publicité, interdit le démarchage
auprès des mineurs.
En effet, l'article 9 de la loi précitée dispose qu'« il est interdit à toute
personne de se livrer au démarchage en vue de conseiller ou d'offrir des prêts
d'argent. »
L'article 11 de cette loi précise que « les interdictions édictées aux
articles 8 et 9 du présent texte ne sont applicables ni aux banques ni aux
établissements financiers, sous réserve qu'ils agissent dans le cadre de la
réglementation qui leur est propre et qu'ils ne s'adressent qu'à des personnes
majeures ». Les mineurs en sont donc exclus.
En outre, l'article 16 de cette loi dispose que toute infraction aux
dispositions de l'article 11 sera punie d'une amende de 30 000 francs.
Par ailleurs, l'octroi de prêts aux mineurs, même s'il est autorisé, est
strictement encadré par la loi.
Ainsi, l'article 389-5 du code civil dispose : « Même d'un commun accord, les
parents ne peuvent ni vendre de gré à gré, ni apporter en société un immeuble
ou un fonds de commerce appartenant au mineur, ni contracter d'emprunt à son
nom, ni renoncer pour lui à un droit, sans l'autorisation du juge des tutelles.
»
La nécessité de l'autorisation du juge des tutelles apparaît comme une
garantie suffisante pour éviter que l'intérêt du mineur ne soit lésé.
En pratique, les prêts aux mineurs sont d'ailleurs extrêmement rares, compte
tenu de ce contexte, qu'il convenait de rappeler.
C'est pourquoi nous souhaitons supprimer l'article 57
bis,
qui est tout
à fait superfétatoire.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement veut rappeler qu'il avait émis un avis
défavorable à l'adoption de cet article qu'il estimait inutile pour les mêmes
raisons que celles qui ont été exprimées par la commission des finances, à
savoir la nullité de principe du contrat de prêt consenti à un mineur et
l'interdiction pénalement sanctionnée faite aux établissements de crédit de se
livrer à un démarchage auprès des mineurs.
Le Gouvernement ne peut donc qu'être favorable à cet amendement n° 245.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 245, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 57
bis
est supprimé.
Nous avons achevé l'examen des dispositions du chapitre II du titre II.
Mes chers collègues, à la demande de Gouvernement, nous allons aborder
maintenant l'examen des dispositions du chapitre III du titre II, relatif au
maintien dans le logement.
Chapitre III
Mesures relatives au maintien dans le logement
Section 1
Prévention des expulsions
Article 58
M. le président.
« Art. 58. - L'article 24 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 tendant à
améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi n° 86-1290 du
23 décembre 1986 est ainsi modifié :
« 1° Le deuxième alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« A peine d'irrecevabilité de la demande, l'assignation aux fins de constat de
la résiliation est notifiée à la diligence de l'huissier de justice au
représentant de l'Etat dans le département, par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception, au moins deux mois avant l'audience, afin qu'il saisisse,
en tant que de besoin, les organismes dont relèvent les aides au logement, le
fonds de solidarité pour le logement ou les services sociaux compétents.
« Le juge peut, même d'office, accorder des délais de paiement, dans les
conditions prévues aux articles 1244-1 (premier alinéa) et 1244-2 du code
civil, au locataire en situation de régler sa dette locative. » ;
« 2° L'avant-dernier alinéa est complété par les mots : "dont l'adresse est
précisée". »
Sur l'article, la parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Nous allons examiner l'article 58, qui concerne les mesures relatives au
maintien dans le logement. Je saisis cette occasion, monsieur le secrétaire
d'Etat, pour revenir sur un problème dont nous avons déjà débattu à plusieurs
reprises et qui concerne sans doute 20 000 logements à Paris et en région
parisienne. Je veux bien sûr parler des congés vente massifs des bailleurs
souvent institutionnels.
Alerté par les élus parisiens, vous avez, dès le mois de décembre dernier,
demandé un rapport à un haut fonctionnaire, puis réuni la commission nationale
de concertation.
Je crois savoir qu'un accord est en cours de finalisation entre les
représentants des bailleurs et les associations représentant les locataires.
Peut-être pourrez-vous nous confirmer la date de sa signature.
Cet accord, d'après mes informations, prévoit en particulier le maintien dans
les lieux des locataires âgés de plus de soixante-dix ans ou malades et, dans
un certain nombre d'autres cas spécifiques, tel que le départ à la retraite, la
possibilité de renouveler le bail pour trente mois.
Il prévoit, en outre, une large information des locataires, d'une part, dès
que le bailleur envisage une telle opération et, d'autre part, sur l'état exact
de l'immeuble concerné et sur les travaux éventuels à réaliser.
Il prévoit, enfin, une obligation de relogement pour les locataires qui ont un
revenu inférieur à 80 % du plafond de ressources PLI.
Toutes ces modalités sont plus favorables que la législation en vigueur. On ne
peut que se féliciter qu'un accord ait pu être trouvé. Par ailleurs, celui-ci
prévoit, d'une part, que les dispositions qu'il contient pourront être étendues
à tous les bailleurs mettant en vente plus de dix logements dans un même
ensemble immobilier et, d'autre part, plusieurs modifications législatives.
Pouvez-vous nous dire, monsieur le secrétaire d'Etat, si vous envisagez de
reprendre ces propositions dans un prochain projet de loi ?
En outre, si, par cet accord, les conditions d'achat par les locataires qui le
souhaitent et le peuvent seront améliorées, la question du maintien d'un parc
locatif intermédiaire à Paris ou en petite couronne reste posée. Vous
connaissez, monsieur le secrétaire d'Etat, la situation tendue du marché
immobilier parisien. Or les immeubles qui font l'objet de congés vente massifs
depuis deux ans étaient généralement loués nettement en dessous du prix du
marché.
Les opérations en cours risquent d'aboutir au départ de très nombreux
locataires qui ne pourront pas acheter dans les quartiers concernés ni sans
doute à Paris.
Paris continuera donc à se vider des couches moyennes et notre objectif de
mixité sociale restera lettre morte.
Dans la réponse que vous avez bien voulu me faire à la question d'actualité
que je vous posais le 5 mars dernier, vous aviez envisagé que ces appartements,
voire ces immeubles, puissent être rachetés par des bailleurs sociaux.
Pouvez-vous me dire si vous envisagez toujours cette possibilité et de quelle
manière ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Bien évidemment, j'ai été attentif aux propos de Mme
Pourtaud, qui se préoccupe depuis plusieurs mois de ce dossier. Je la remercie
d'avoir, avec quelque-uns de ses collègues parisiens, appelé mon attention sur
une situation qui était effectivement menaçante, mais que nous pouvions encore
redresser.
La nécessité de bien maîtriser le sujet m'avait amené à demander à M. Marc
Prévot, qui dirige avec compétence et efficacité la mission interministérielle
d'inspection du logement social, la MILOS, de faire un premier point.
A partir de là, il nous a semblé possible d'ouvrir avec les représentants des
propriétaires et des locataires une concertation au sein de la commission
nationale de concertation, sous l'autorité de son président, M. Zémor.
Je suis en mesure de vous dire aujourd'hui que cette concertation, dont la
paternité, si j'ose dire
(Sourires.),
vous revient en tant
qu'intervenante sur ce dossier, a eu lieu et a abouti, le mardi 9 juin, à une
réponse positive des représentants des propriétaires et des locataires à M.
Zémor, pour la signature de l'accord négocié.
Cet accord prévoit les modalités et le contenu de l'information que chaque
propriétaire aura à fournir aux locataires, à leurs associations et aux élus
locaux sur tout projet de mise en vente d'un immeuble locatif. Un certain
nombre de locataires y voient une opportunité lorsqu'ils souhaitent accéder à
la propriété.
Cet accord prévoit également les conditions permettant de faciliter la vente
aux locataires intéressés par l'acquisition de leur logement, c'est-à-dire
essentiellement des délais supplémentaires pour le montage du dossier financier
et des modes d'acquisition telles que la location-accession.
Cet accord prévoit encore le traitement des problèmes posés aux locataires qui
ne peuvent pas acquérir le logement, en prévoyant les possibilités d'offres de
relogement, voire de renouvellement du contrat de location pour les situations
sociales les plus difficiles.
Le projet prévoit enfin la possibilité, pour le locataire, de proposer un
acquéreur, parmi ses ascendants ou ses descendants, ce qui permettrait au
locataire de rester dans le logement.
Les situations de conflits ont été prises en compte et une procédure de
conciliation sera instituée.
Telles sont, madame Pourtaud, les conditions dans lesquelles cette question a
été traitée.
L'accord a prévu la communication des diagnostics et bilans techniques aux
locataires. Le chiffrage du coût des travaux a été discuté, mais les
représentants des locataires et des propriétaires sont convenus que cela posait
le problème de la diversité des devis fournis par les entreprises et du
décalage dans le temps entre le moment de la mise en vente des logements et le
moment où les travaux seraient effectués, l'immeuble étant entre temps passé
sous le régime de la copropriété.
Après l'aboutissement de cette concertation, on constate que tous les efforts
ont convergé, ceux des élus qui avaient posé le problème, relayant les
associations de locataires, comme ceux des fédérations des sociétés
propriétaires qui ont accepté la négociation.
En complément de la concertation, le travail peut se poursuivre dans le cadre
de la mission de M. Prévot pour étudier les capacités de reprise du parc de
logements locatifs par des opérateurs afin de conserver et de renforcer l'offre
d'un parc locatif privé à des prix de loyers supportables, et cela même à
Paris.
Nos dispositifs sont donc totalement convergents et nous continuons à
travailler pour que cette seconde étape nous permette d'atteindre un tel
résultat, qui sera effectivement une réponse très concrète à cette aspiration
de cette mixité sociale qui est recherchée dans les quartiers, y compris à
Paris.
Merci encore, madame Pourtaud, pour votre contribution à la bonne résolution
de ce dossier.
M. le président.
Sur l'article 58, je suis saisi de deux amendements présentés par Mme Terrade,
M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et
citoyen.
L'amendement n° 368 a pour objet :
I. - De remplacer les deux alinéas du texte présenté par cet article pour
remplacer le deuxième alinéa de l'article 24 de la loi n° 89-462 du 6 juillet
1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la
loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986 par trois alinéas ainsi rédigés :
« Le propriétaire est tenu de délivrer un commandement de payer dès lors que
les sommes dues par le locataire sont supérieures à l'équivalent de trois mois
de loyer et de charges. A peine de nullité de la clause résolutoire, le
commandement de payer doit être également adressé par le bailleur au
secrétariat du FSL, par lettre recommandée avec accusé de réception.
« A peine d'irrecevabilité de la demande, l'assignation aux fins de constat de
la résiliation est notifiée, par lettre recommandée avec accusé de réception, à
la diligence de l'huissier de justice au secrétariat du FSL et au représentant
de l'Etat dans le département. Le juge devra surseoir à statuer dans l'attente
de la décision du FSL ou de la commission de surendettement lorsque celle-ci
aura été saisie.
« Le juge peut, même d'office, accorder des délais de paiement, dans les
conditions prévues aux articles 1244-1, alinéa premier, et 1244-2 du code
civil, au locataire en situation de régler sa dette locative. »
II. - En conséquence, dans le deuxième alinéa (1°) de cet article, de
remplacer le chiffre : "deux" par le chiffre "trois".
L'amendement n° 369 rectifié vise, après le 1° de cet article, à insérer deux
alinéas ainsi rédigés : « ...° - Le quatrième alinéa est ainsi rédigé :
« La clause résolutoire est réputée ne pas avoir joué si le locataire s'est
libéré de sa dette avant le jugement ou s'il s'en est libéré dans les
conditions prévues par le juge ; lorsque surviennent des difficultés
économiques et sociales imprévues, le juge peut réviser l'échéancier de
remboursement de la dette. »
La parole est à M. Fischer, pour défendre ces deux amendements.
M. Guy Fischer.
En matière de contentieux locatifs, et s'agissant notamment des locataires de
bonne foi, il est assez évident que les méthodes aujourd'hui encore pratiquées
nécessitent d'être réexaminées.
Cet article du projet de loi porte sur la question pour le moins sensible de
la prévention des expulsions locatives par engagement de procédure de
résiliation du bail de location.
Il y est proposé en particulier que le préfet, après que les huissiers de
justice ont effectivement constaté le contentieux, soit amené à saisir dans les
délais les meilleurs les services sociaux compétents en matière de dettes
locatives, notamment les caisses d'allocations familiales, les centres
communaux d'action sociale ou le fonds de solidarité pour le logement, cela en
vue d'envisager une solution adaptée à la situation du locataire.
Pour notre part, nous souhaitons apporter à cet article deux modifications,
donc formuler deux propositions.
La première consisterait à prévoir l'automaticité de la saisine du fonds de
solidarité pour le logement du département de ressort.
Cette procédure tendrait à unifier les conditions de saisine des fonds de
solidarité pour le logement et à en améliorer encore et l'efficacité et
l'intervention. Cela mettrait à la disposition du locataire en difficulté un
outil lui permettant d'entrevoir une solution.
De surcroît, nous estimons qu'à partir du moment où le locataire se sera
libéré de sa dette locative la clause de résiliation du bail de location ne
pourra plus jouer, si tant est qu'elle ait été invoquée.
Cela éviterait aux locataires de bonne foi qui ont tout mis en oeuvre pour
trouver une solution le traumatisme de l'expulsion, c'est-à-dire, bien souvent,
le déchirement de la famille et toutes les conséquences que cela implique. De
plus, nous savons fort bien que le coût social d'une expulsion est souvent
supérieur à celui du maintien dans les lieux dans des conditions
déterminées.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite donc à adopter ces
amendements n°s 368 et 369 rectifié.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je voudrais faire une déclaration liminaire sur le volet
relatif à la prévention des expulsions, plus particulièrement sur la section 1
du chapitre III du titre II.
Sur les articles 58 à 63
bis,
la commission des affaires sociales s'en
est largement remise à l'avis de la commission des lois, à l'exclusion
toutefois de l'article 60, qui modifie le code de la sécurité sociale.
Lors de sa réunion consacrée à l'examen des amendements, elle a donné un avis
favorable sur l'ensemble des amendements que la commission des lois a déposés
sur ces articles.
Dans ces conditions, je souhaite que M. Paul Girod puisse formuler lui-même
les avis qui ont été adoptés par la commission des affaires sociales sur les
amendements qui viennent compléter ou modifier le dispositif de la commission
des lois sur les articles 58 à 63
bis,
à l'exception toutefois du seul
article 60.
M. le président.
Quel est donc l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Le dispositif proposé par l'amendement n° 368
semble d'une grande complexité. Par ailleurs, il déséquilibrerait exagérément,
au bénéfice du locataire - qui ne paie pas son loyer, il faut le rappeler - le
dispositif prévu par le projet de loi dont nous discutons.
Pour ce qui est des expulsions, la commission des lois accepte globalement la
philosophie qui sous-tend le texte du Gouvernement et qui consiste à essayer de
faire traiter le problème le plus en amont possible. Mais il ne faut pas
exagérer ! Si l'amendement était accepté, on ne traiterait plus rien du tout
!
C'est la raison pour laquelle la commission est défavorable à l'amendement n°
368, comme à l'amendement n° 369 rectifié.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 368 et 369 rectifié
?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est toujours reconnaissant aux
parlementaires de s'impliquer très fortement dans les aspects les plus
difficiles des textes législatifs. C'est, je crois, ce qu'on fait les auteurs
des amendements n°s 368 et 369 rectifié.
Je me dois de leur dire que, de son côté, le Gouvernement a eu le même souci
qu'eux.
Un dispositif a été mis au point avec le ministère de la justice. Ce travail a
été très largement éclairé par les réflexions conduites dans des instances qui
ont beaucoup réfléchi de leur côté ; je pense en particulier au haut comité
pour le logement des défavorisés.
Le souci du Gouvernement a été de trouver un dispositif qui puisse, à quelques
rarissimes exceptions près, ne plus avoir à s'appliquer en cas de bonne foi et
n'être réservé qu'aux cas de mauvaise foi ou de trouble à l'ordre public et de
voisinage, de manière que ne puisse subsister que l'aspect de sanction
légitime.
Pour arriver à cet objectif, que nous partageons, nous devons trouver des
dispositions qui puissent être applicables convenablement.
On ne peut pas impliquer les services publics, notamment les services publics
sociaux ou les gestionnaires du FSL dès la notification du commandement de
payer parce que, dans un nombre très important de cas, les commandements de
payer interviennent non pas en raison d'une difficulté sociale réelle, mais à
cause d'une négligence.
On compte statistiquement environ 500 000 commandements de payer par an alors
que ne sont notifiées que quelque 100 000 assignations en résiliation de
bail.
Il nous a semblé que, pour être efficace, il fallait intervenir au niveau de
la procédure d'assignation, où l'on se trouve très en amont. A ce stade, il n'y
a pas que le FSL qui puisse répondre. L'examen du dossier peut faire apparaître
que d'autres types d'intervention sont souhaitables.
Dans certains cas, le FSL ne sera peut-être pas au niveau. Il faudra parfois
mobiliser le contingent réservé du préfet. C'est la raison pour laquelle il est
envisagé d'intervenir, avec plus de chance d'être efficace, lors de
l'assignation, en saisissant non le comité du FSL mais le préfet, de manière
que l'ensemble des capacités d'action sociale soient mobilisées.
Bien évidemment, nous avons tous le souci que les parties agissent avec
diligence, de manière à réduire au minimum les traumatismes qui accompagnent
toujours de telles procédures.
L'important est que le juge rende sa décision après avoir reçu toutes les
informations utiles concernant la situation sociale du locataire, ce qui sera
rendu possible grâce au délai de deux mois que nous proposons d'instituer.
Je crois très sincèrement que les dispositions qui figurent dans le projet de
loi répondent à l'essentiel des objectifs visés par les deux amendements en
discussion.
Je souhaite donc vous avoir convaincus, mesdames, messieurs les sénateurs.
Je serai bien évidemment très attentif à ce que les nouvelles dispositions que
nous aurons adoptées soient mises en oeuvre avec détermination sur le terrain.
Nous nous efforcerons d'en suivre l'application, pour en mesurer les résultats
et, au besoin, vous en tenir informés. Je pense que nous constaterons vraiment
un changement radical de la situation. Tous ensemble, nous devrions pouvoir y
parvenir, et je vous remercie par avance de votre contribution.
M. le président.
Monsieur Fischer, les amendements n° 368 et 369 rectifié sont-ils maintenus
?
M. Guy Fischer.
Nous allons les retirer, monsieur le président. Je suis persuadé qu'un grand
nombre de parlementaires ici présents sont très sensibles aux conditions dans
lesquelles il est procédé, encore actuellement, à certaines expulsions. Ce
problème mérite, de toute évidence, que des efforts soient consentis par un
certain nombre d'offices, voire de particuliers. Nous pensons que les
propositions qui nous sont faites permettent de faire un grand pas en avant.
Néanmoins, je crois que nous devons être très attentifs pour que cela se
traduise dans la vie quotidienne, de telle sorte qu'un nombre important de
locataires de bonne foi ne soient pas soumis au traumatisme des expulsions.
M. le président.
Les amendements n°s 368 et 369 rectifié sont retirés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 58.
(L'article 58 est adopté.)
Le Sénat va maintenant interrompre ses travaux il les reprendra à vingt-deux
heures quinze.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt heures cinq, est reprise à vingt-deux heures
vingt-cinq.)
M. le président.
La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi d'orientation relatif à la
lutte contre les exclusions.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'examen de
l'article 59.
Article 59
M. le président.
« Art. 59. - I. - Il est inséré, dans le code de la construction et de
l'habitation, un article L. 353-15-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 353-15-1
. - Pour l'application de l'article 24 de la loi n°
89-462 du 6 juillet 1989 précitée, les organismes bailleurs, pour leurs
logements faisant l'objet d'une convention conclue en application de l'article
L. 351-2 et dont les locataires bénéficient de l'aide personnalisée au
logement, ne peuvent faire délivrer une assignation aux fins de constat de
résiliation du bail avant l'expiration d'un délai de quatre mois suivant la
saisine de la commission mentionnée à l'article L. 351-14 en vue d'assurer le
maintien du versement de l'aide personnalisée au logement. »
« II. - Dans le dernier alinéa de l'article L. 353-19 du même code, il est
inséré, après les mots : "Les dispositions de l'article L. 353-17", les mots :
"et de l'article L. 353-15-1".
« III. - Il est inséré, dans le même code, un article L. 442-6-1 ainsi rédigé
:
«
Art. L. 442-6-1
. - Pour l'application de l'article 24 de la loi n°
89-462 du 6 juillet 1989 tendant à améliorer les rapports locatifs et portant
modification de la loi n° 86-1290 du 23 décembre 1986, les organismes bailleurs
de logements dont les locataires bénéficient d'une des allocations de logement
mentionnées aux articles L. 542-1 et L. 831-1 du code de la sécurité sociale ne
peuvent faire délivrer une assignation aux fins de constat de résiliation du
bail avant l'expiration d'un délai de quatre mois suivant la saisine des
organismes payeurs desdites allocations en vue d'assurer le maintien du
versement de l'allocation de logement. »
Je suis d'abord saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 182, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, après les mots : « les locataires bénéficient de l'aide personnalisée
au logement, », de rédiger ainsi la fin du texte présenté par le paragraphe I
de cet article pour l'article L. 353-15-1 du code de la construction et de
l'habitation : « saisissent la commission mentionnée à l'article L. 351-14 en
vue d'assurer le maintien du versement de l'aide personnalisée au logement au
moins quatre mois avant l'audience. »
Par amendement n° 501, le Gouvernement propose, dans le texte présenté par le
I de cet article pour l'article L. 353-15-1 à insérer dans le code de la
construction et de l'habitation, après les mots : « en vue d'assurer »,
d'insérer les mots : « , sous réserve d'un accord sur les modalités de
l'apurement de la dette, ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour présenter
l'amendement n° 182.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'article 59 tend à modifier le déroulement de la
procédure d'expulsion pour non-paiement du loyer et des charges par les
locataires du parc social en prévoyant un délai de quatre mois entre la saisine
de la section départementale des aides publiques au logement, la SDAPL, et
l'assignation aux fins de constat de résiliation du bail.
L'amendement n° 182 fair courir ce délai de quatre mois non plus entre la
saisine de la SDAPL et l'assignation, mais entre la saisine et l'audience.
Ainsi, compte tenu des deux mois prévus pour la consultation du préfet, il
s'écoulera six mois entre le constat de la première défaillance et la date de
l'audience. Faute de la modification que je propose, ce délai serait de huit
mois, sachant que l'impayé est constaté trois mois après le début des
impayés.
Cela étant, monsieur le président, je souhaite apporter une rectification de
nature rédactionnelle à cet amendement. Il s'agit simplement de transférer le
membre de phrase : « au moins quatre mois avant l'audience » après le mot : «
saisissent »
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 182 rectifié, tendant, après les mots : «
les locataires bénéficient de l'aide personnalisée au logement, » à rédiger
ainsi la fin du texte proposé par le paragraphe I de l'article 39 pour
l'article L. 353-15-1 du code de la construction et de l'habitation : «
saisissent, au moins quatre mois avant l'audience, la commission mentionnée à
l'article L. 351-14 en vue d'assurer le maintien du versement de l'aide
personnalisée au logement. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour défendre l'amendement n° 501 et
pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 182 rectifié.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Les paragraphes I et III de l'article 59 font
obligation aux bailleurs sociaux de saisir préalablement à toute assignation,
selon le type d'aide au logement versée, soit la section départementale des
aides publiques au logement - c'est le I - soit les organismes payeurs des
allocations de logement - c'est le III - en vue d'assurer le maintien de
l'aide.
L'amendement n° 501 - et l'amendement n° 502, qui sera examiné dans quelques
instants, est de même nature - a pour objet de préciser les conditions dans
lesquelles est assuré ce maintien.
Si le maintien de l'aide personnelle au logement, qu'il s'agisse de l'APL ou
de l'AL, est effectivement l'objectif recherché afin de prévenir l'expulsion,
ce maintien ne peut être assuré sans condition. Dans le cas contraire, on
pourrait craindre une extension des situations d'impayés. C'est pourquoi
l'article L. 301-1 du code de la construction et de l'habitation prévoit que «
la politique d'aide au logement a pour objet ... d'adapter les dépenses de
logement à la situation de famille et aux ressources des occupants tout en
laissant subsister un effort de leur part ».
En cas d'impayé, les textes réglementaires prévoient en conséquence des
conditions de durée du maintien de l'aide et de mise en place d'un plan
d'apurement de la dette, avec ou sans l'aide financière de fonds sociaux.
S'agissant de l'amendement n° 182 rectifié, le Gouvernement ne pense pas
pouvoir l'accepter.
En effet, comme l'a indiqué M. Paul Girod, il vise à raccourcir la procédure
préalable à la phase judiciaire en substituant au délai de quatre mois prévu
entre le saisine de la SDAPL et l'assignation un délai de quatre mois entre
cette saisine et l'audience.
Il semble au Gouvernement que cet amendement remettrait en cause l'esprit de
la nouvelle procédure, qui vise à instaurer dans le parc social, et seulement
dans celui-ci, compte tenu de sa mission et des aides financières dont il
bénéficie, un dispositif pré-contentieux en vue de rechercher des solutions
amiables et de trouver un moyen de solvabilisation du locataire.
Le délai actuellement prévu dans le texte permet de trouver des solutions
amiables pour un nombre plus important de dossiers, ce qui allège d'autant la
tâche des tribunaux.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il est évident que l'amendement n° 501 n'aura plus
d'objet si l'amendement n° 182 rectifié est adopté. A moins que le Gouvernement
ne transforme son amendement en sous-amendement à l'amendement n° 182 rectifié.
Mais peut-être est-ce là lui demander un effort excessif, dans la mesure où il
n'approuve pas tout à fait l'esprit de l'amendement n° 182 rectifié...
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
En effet !
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Dans ce cas, monsieur le secrétaire d'Etat, c'est
moi qui irai au-devant de vous. Vous ne pourrez pas dire que je ne veux pas
collaborer !
(Sourires.)
Je rectifie donc une nouvelle fois l'amendement de la commission des lois. Il
s'agirait simplement d'ajouter
in fine
les mots : « sous réserve d'un
accord sur les modalités d'apurement de la dette ».
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 182 rectifié
bis,
présenté par M.
Paul Girod, au nom de la commission des lois, et tendant, après les mots : «
les locataires bénéficient de l'aide personnalisée au logement », à rédiger
ainsi la fin du texte proposé par le paragraphe I de l'article 59 pour
l'article L. 353-15-1 du code de la construction et de l'habitation : «
saisissent, au moins quatre mois avant l'audience, la commission mentionnée à
l'article L. 351-14 en vue d'assurer le maintien du versement de l'aide
personnalisée au logement, sous réserve d'un accord sur les modalités
d'apurement de la dette. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 182 rectifié
bis
?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Dans la mesure où le Gouvernement a manifesté, dans
l'exposé des motifs, son attachement pour ce délai afin que se déroule cette
phase précontentieuse qui, jusqu'à preuve du contraire, permet bien souvent de
trouver des solutions amiables, la situation reste inchangée malgré ce geste
dont j'ai bien apprécié l'état d'esprit qu'il témoignait mais qui ne peut
suffire à emporter mon adhésion.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je le regrette, monsieur le secrétaire d'Etat. Les
deux opérations peuvent aller de pair. Il n'est pas nécessaire d'attendre la
fin de l'une pour démarrer l'autre. Les deux peuvent commencer en même temps.
Le préfet travaille de son côté, la section départementale des aides publiques
au logement du sien. Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas travailler
parallèlement. Je maintiens donc l'amendement n° 182 rectifié
bis.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 182 rectifié
bis,
accepté par la
commission et repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 501 n'a plus d'objet.
Je suis saisi à nouveau de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 183, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, après les mots : « du code de la sécurité sociale », de rédiger ainsi
la fin du texte présenté par le paragraphe III de l'article 59 pour l'article
L. 442-6-1 du code de la construction et de l'habitation : « saisissent les
organismes payeurs desdites allocations en vue d'assurer le maintien du
versement de l'allocation de logement au moins quatre mois avant l'audience
».
Par amendement n° 502, le Gouvernement propose, dans le texte présenté par le
III de l'article 59 pour l'article L. 442-6-1 à insérer dans le code de la
construction et de l'habitation, après les mots : « en vue d'assurer »,
d'insérer les mots : « , sous réserve d'un accord sur les modalités de
l'apurement de la dette, ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour présenter
l'amendement n° 183.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je vais rectifier l'amendement, d'un seul coup
cette fois, pour faire un parallèle avec l'amendement n° 182 rectifié
bis.
La fin du texte proposé par le paragraphe III de l'article 59 pour
l'article L. 442-6-1 du code de la construction et de l'habitation se lirait
ainsi : « saisissent, au moins quatre mois avant l'audience, les organismes
payeurs desdites allocations en vue d'assurer le maintien du versement de
l'allocation de logement, sous réserve d'un accord sur les modalités de
l'apurement de la dette ».
Je fais donc le même geste vis-à-vis du Gouvernement, sans trop espérer de sa
part un geste différent de celui qu'il a fait sur l'amendement n° 182 rectifié
bis.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 183 rectifié, présenté par M. Paul
Girod, au nom de la commission des lois, et tendant, après les mots : « du code
de la sécurité sociale », à rédiger ainsi la fin du texte proposé par le
paragraphe III de l'article 59 pour l'article L. 442-6-1 du code de la
construction et de l'habitation : « saisissent, au moins quatre mois avant
l'audience, les organismes payeurs desdites allocations en vue d'assurer le
maintien du versement de l'allocation de logement, sous réserve d'un accord sur
les modalités d'apurement de la dette. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour présenter l'amendement n° 502 et
pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 183 rectifié.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais appeler l'attention de M. Paul Girod sur
le fait qu'il est difficile de connaître les dates d'audience ; établir un
compte à rebours à partir d'une date qui n'est pas précisée n'est pas très
praticable. Aussi, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n°
183 rectifié, comme il l'a fait sur l'amendement n° 182 rectifié
bis.
En ce qui concerne l'amendement n° 502, l'exposé des motifs est celui que j'ai
présenté pour l'amendement n° 501. Afin de ne pas faire perdre de temps à la
Haute Assemblée, je la prie de bien vouloir se reporter à mes explications
précédentes.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission des lois sur l'amendement n° 502 ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Ayant déjà pris en compte le souci du Gouvernement
dans l'amendement n° 183 rectifié, j'émets un avis défavorable sur l'amendement
n° 502.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 183 rectifié, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 502 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 59, modifié.
(L'article 59 est adopté.)
Articles additionnels avant l'article 60
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements présentés par Mme Terrade, M. Fischer, Mme
Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 370 a pour objet d'insérer, avant l'article 60, un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa de l'article L. 351-3-1 du code de la
construction et de l'habitation, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« L'aide personnelle au logement est versée aux ayants droit dès le premier
franc, lorsque son montant mensuel est inférieur à un seuil défini par décret,
elle est versée pour l'année et en une seule fois à l'allocataire.
« II. - Les deux dernières tranches du barème de l'IRPP sont relevées à due
concurrence. »
L'amendement n° 371 vise à insérer, avant l'article 60, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Compléter le premier alinéa de l'article L. 351-3-1 du code de la
construction et de l'habitation par deux phrases ainsi rédigées :
« Son versement ne peut être suspendu pour cause d'impayés de loyers ou de
charges lorsque le locataire est de bonne foi. La bonne foi s'apprécie en
tenant compte des difficultés économiques et sociales du locataire. »
La parole est à Mme Terrade, pour défendre ces deux amendements.
Mme Odette Terrade.
Ces deux amendements portent sur le versement de l'APL.
Actuellement, lorsque le montant de cette allocation est inférieur à 100
francs, cette dernière n'est pas versée au bénéficiaire. Or le seuil de 1 188
francs pour une année pleine porte un préjudice considérable aux familles qui
sont concernées. En effet, cette somme, qui peut sembler dérisoire, représente
en fait un manque à gagner que ces ménages vivent durement au quotidien.
Aussi, notre amendement n° 370 a pour objet de verser l'aide personnalisée au
logement dès le premier franc. Pour davantage de commodités administratives,
nous proposons qu'elle soit versée en une seule fois lorsque son montant n'est
pas très important.
Notre amendement n° 371 vise à ne pas suspendre le versement de l'APL en cas
d'impayés de loyers ou de charges lorsque le locataire est de bonne foi. La
notion de bonne foi s'appréciera en fonction des difficultés économiques et
sociales des locataires. Cet amendement constitue une mesure préventive de
l'exclusion des familles en difficulté de leur logement.
Les nombreuses associations de locataires que j'ai rencontrées ont toutes
dénoncé le dispositif qui est actuellement en vigueur, car il prive de l'APL
des ménages qui, justement, en ont le plus besoin. De plus, il fragilise les
organismes qui accueillent nombre de personnes en grandes difficultés
financières, puisque l'APL leur est directement versé.
Il s'agit de deux amendements de bon sens, pour lutter contre les exclusions.
C'est pourquoi je vous demande, mes chers collègues, de les adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Sans méconnaître l'intérêt de ces amendements, la commission
s'est interrogée au nom de l'équilibre général des finances et n'a pas été
convaincue du bien-fondé de ces propositions. Elle souhaiterait entendre le
Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Pour être légitime, le souci de Mme Terrade et de ses
collègues ne saurait faire oublier les efforts faits pour les aides au logement
: à l'actualisation s'est ajoutée, l'été dernier, une revalorisation ; ce
matin, l'actualisation du 1er juillet a été confirmée. Il faut également
souligner la décision qui a été prise afin d'harmoniser les plafonds pour le
parc privé et le parc social pour les locataires modestes, nouvel effort
significatif qui s'étalera sur trois ans.
Nous progressons, sans toutefois aller jusqu'à prévoir le financement de la
mesure que vous nous proposez.
Si cet objectif n'a pas été prioritaire, c'est pour deux raisons, en précisant
que ce seuil de non-versement est commun à l'APL et aux allocations de
logement, familiale et sociale, puisque le code de la sécurité sociale contient
la même disposition.
L'objectif, c'est d'éviter les coûts de gestion des aides quand elles sont
trop modiques. Comme vous le savez, ce même principe est appliqué par l'Etat
pour renoncer à des recettes. Ainsi, il ne perçoit pas l'impôt sur le revenu en
deçà d'un certain montant.
Par ailleurs, le seuil de 100 francs a été fixé en 1988 et n'a jamais été
réactualisé. C'est mieux, puisqu'il s'agit d'un seuil de non-versement. Il est
donc moins élevé, relativement, en 1998 que dix ans auparavant. Ensuite, nous
sommes bien en train de discuter le projet de loi d'orientation relatif à la
lutte contre les exclusions. Or, si des personnes sont concernées par ce
non-versement au motif que les droits ouverts sont modiques, c'est qu'elles
disposent de revenus plus élévés que les personnes qui bénéficient d'un montant
d'aides plus important.
Pour toutes ces raisons, cette disposition n'a pas fait l'objet d'une
priorité. Comme le représentant du Gouvernement que je suis n'est pas en mesure
de vous dire qu'il pourra la financer, il ne peut adhérer à son adoption.
M. le président.
Madame Terrade, les amendements n°s 370 et 371 sont-ils maintenus ?
Mme Odette Terrade.
J'ai entendu l'appel du Gouvernement. Nous retirons donc nos deux
amendements.
S'agissant de la suspension du versement de l'APL en cas d'impayés de loyer
alors que le locataire est de bonne foi mais connaît des difficultés
économiques et sociales, nous souhaitons que notre proposition demeure une
piste de réflexion et qu'elle soit prise en compte à un autre moment, afin
d'avancer dans le sens souhaité.
M. le président.
Les amendements n°s 370 et 371 sont retirés.
Article 60
M. le président.
« Art. 60. - I. - Les sixième, septième, huitième, neuvième et dixième alinéas
de l'article L. 553-4 du code de la sécurité sociale sont ainsi rédigés :
« L'allocation de logement prévue à l'article L. 542-1 est versée à
l'allocataire sauf dans les cas suivants où elle est versée au bailleur du
logement lorsque l'allocataire est locataire, au prêteur lorsque l'allocataire
est propriétaire :
« 1° L'allocataire est locataire d'un logement compris dans un patrimoine d'au
moins dix logements, appartenant à un organisme d'habitations à loyer modéré
mentionné à l'article L. 411-2 du code de la construction et de l'habitation ou
géré par lui, et n'ayant pas fait l'objet d'une convention en application de
l'article L. 351-2 du même code, et, dans les départements d'outre-mer,
appartenant à une société d'économie mixte constituée en application de la loi
n° 46-860 du 30 avril 1946 ou à une société d'économie mixte locale, et ayant
été construits, acquis ou améliorés avec le concours financier de l'Etat ;
« 2° L'allocataire et le bailleur ou, le cas échéant, le prêteur sont d'accord
pour un versement de l'allocation au bailleur ou au prêteur ; cette modalité de
versement ne peut être modifiée qu'avec l'accord de l'allocataire et, selon le
cas, du bailleur ou du prêteur ;
« 3° Dans des conditions fixées par décret, lorsque l'allocataire n'ayant pas
réglé ses loyers ou sa dette contractée en vue d'accéder à la propriété, le
bailleur ou le prêteur demande que l'allocation lui soit versée.
« Dès lors que l'allocation est versée au bailleur ou au prêteur, elle est
déduite, par les soins de qui reçoit le versement, du montant du loyer et des
dépenses accessoires de logement ou de celui des charges de remboursement.
Cette déduction doit être portée à la connaissance de l'allocataire. »
« II. - L'article L. 835-2 du code de la sécurité sociale est ainsi rédigé
:
«
Art. L. 835-2
. - La créance du bénéficiaire de l'allocation de
logement est incessible et insaisissable.
« L'allocation de logement est versée à l'allocataire sauf dans les cas
suivants où elle est versée au bailleur du logement lorsque l'allocataire est
locataire, au prêteur lorsque l'allocataire est propriétaire :
« 1° L'allocataire est locataire d'un logement compris dans un patrimoine d'au
moins dix logements appartenant à un organisme d'habitations à loyer modéré
mentionné à l'article L. 411-2 du code de la construction et de l'habitation ou
géré par lui, et n'ayant pas fait l'objet d' une convention en application de
l'article L. 351-2 du même code et, dans les départements d'outre-mer,
appartenant à une société d'économie mixte constituée en application de la loi
n° 46-860 du 30 avril 1946 ou à une société d'économie mixte locale, et ayant
été construits, acquis ou améliorés avec le concours financier de l'Etat ;
« 2° L'allocataire et le bailleur ou, le cas échéant, le prêteur sont d'accord
pour que l'allocation soit versée au bailleur ou au prêteur ; cette modalité de
versement ne peut être modifiée qu'avec l'accord de l'allocataire et, selon le
cas, du bailleur ou du prêteur ;
« 3° Dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, lorsque
l'allocataire n'ayant pas réglé ses loyers ou sa dette contractée en vue
d'accéder à la propriété, le bailleur ou le prêteur demande que l'allocation
lui soit versée.
« Dès lors que l'allocation est versée au bailleur ou au prêteur, elle est
déduite, par les soins de qui reçoit le versement, du montant du loyer et des
dépenses accessoires de logement ou de celui des charges de remboursement.
Cette déduction doit être portée à la connaissance de l'allocataire. »
Je suis saisi de deux amendements présentés par MM. Descours, Girod et
Braun.
L'amendement n° 274 rectifié vise, dans le deuxième alinéa (1°) du texte
présenté par le I de cet article pour remplacer les sixième à dixième alinéas
de l'article L. 553-4 du code de la sécurité sociale, après les mots : « dix
logements, appartenant », à insérer les mots : « à une société d'économie mixte
ou ».
L'amendement n° 275 rectifié tend, dans le troisième alinéa (1°) du texte
présenté par le II de l'article 60 pour l'article L. 835-2 du code de la
sécurité sociale, après les mots : « dix logements appartenant », à insérer les
mots : « à une société d'économie mixte ou ».
La parole est à M. Paul Girod, pour défendre les amendements n°s 274 rectifié
et 275 rectifié.
M. Paul Girod.
Il s'agit d'intégrer les sociétés d'économie mixte dans le dispositif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission souhaiterait entendre l'avis du
Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Ces amendements visent à faire bénéficier les sociétés
d'économie mixte, les SEM, de l'allocation logement en tiers payant. Or le
système mis en place à l'article 59, qui prévoit la saisine préalable de la
SDAPL depuis un délai de quatre mois au moins avant l'assignation, ne
s'applique qu'aux HLM conventionnées ou non, et aux SEM conventionnées.
S'agissant des SEM conventionnées, elles touchent l'APL en tiers payant.
S'agissant des SEM non conventionnées, n'étant pas comprises dans le
dispositif prévu à l'article 59, il n'est pas envisagé de leur permettre de
toucher l'allocation logement en tiers payant. Cette disposition constitue en
quelque sorte une contrepartie du délai de quatre mois mis en place et elle
est, en tout état de cause, l'outil indispensable pour la mise en oeuvre des
dispositions de l'article 59.
Ce rapport entre les deux articles empêche le bon fonctionnement de la
solution préconisée. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement émet un avis
défavorable sur ces amendements.
M. Paul Girod.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
Sensible aux arguments du Gouvernement, je retire les amendements n°s 274
rectifié et 275 rectifié, monsieur le président.
M. le président.
Les amendements n°s 274 rectifié et 275 rectifié sont retirés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 60.
(L'article 60 est adopté.)
Article additionnel après l'article 60
M. le président.
Par amendement n° 407 rectifié, MM. Gournac, Vasselle, Ostermann, Doublet et
les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après l'article 60, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La dernière phrase du premier alinéa de l'article 62 de la loi n°
91-650 du 9 juillet 1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution est
ainsi rédigée : "Toutefois aucun délai ne peut être accordé lorsque les
occupants sont des squatters, sont entrés dans les lieux par voie de fait ou ne
justifient d'aucun titre à l'origine de l'occupation."
« II. - A la fin du premier alinéa de l'article L. 613-1 du code de la
construction et de l'habitation, les mots : "sans que lesdits occupants aient à
justifier d'un titre à l'origine de l'occupation" sont remplacés par les mots :
"et à condition que les occupants aient justifié d'un titre à l'origine de
l'occupation".
« III. - Le dernier alinéa de l'article L. 613-3 du code de la construction et
de l'habitation est complété par les mots : "ou lorsque les occupants ne
justifient d'aucun titre à l'origine de l'occupation". »
La parole est à M. de Gaulle.
M. Philippe de Gaulle.
Les squatters ne pouvant être considérés comme des locataires de bonne foi,
les nouveaux délais ne doivent pas leur être applicables. De même, ils ne
doivent pas bénéficier de la trêve hivernale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Avant de se prononcer, la commission souhaiterait connaître
l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a écouté attentivement l'argumentation
développée par M. de Gaulle.
Pourtant, il souhaite que le Sénat n'adopte pas cet amendement, et je vais
essayer d'expliquer rapidement pourquoi.
La loi du 9 juillet 1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution
avait été à l'origine, je me permets de le rappeler à la Haute Assemblée, d'une
certaine émotion, manifestée par les associations caritatives et humanitaires.
En effet, elle supprimait la trêve hivernale pour les expulsions de squatters,
ce qui dérogeait à la règle prévalant pour toute mesure d'expulsion lorsqu'il y
a occupation avec titre.
Néanmoins, cette légalité nouvelle, qui représentait un durcissement,
n'excluait pas toute humanité ; ainsi, les juges, par leurs décisions
successives, ont progressivement élaboré une jurisprudence : ils ont admis à
plusieurs reprises des délais, en partant du constat de l'état de nécessité
dans lequel se trouvaient le squatter et sa famille, de la vacance du bien et
du fait qu'il n'y avait pas de trouble à l'usage dans la mesure où il n'y avait
pas d'usage.
Par conséquent, si les juges n'ont jamais considéré comme légal l'état de
squat - il ne l'est pas par définition - certaines considérations ont néanmoins
permis l'humanisation des décisions de justice.
Le Gouvernement est attaché à préserver cet aspect des choses, surtout à
l'occasion de la discussion d'un texte relatif à la lutte contre les
exclusions, et il serait heureux d'avoir, sur ce point, convaincu la Haute
Assemblée.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Compte tenu de l'argumentation développée par M. le
secrétaire d'Etat et du fait que nous examinons un projet de loi relatif à la
lutte contre les exclusions fondé sur des considérations humanitaires, je
souhaiterais que les auteurs de l'amendement n° 407 rectifié consentent à le
retirer.
M. le président.
Monsieur de Gaulle, l'amendement n° 407 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe de Gaulle.
Malheureusement, il y a des professionnels de l'occupation sans droit ni
titre. Par conséquent, l'amendement est maintenu.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Monsieur le président, la commission s'en remet, par
conséquent, à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 407 rectifié.
M. Serge Lagauche.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Je veux me féliciter de l'attitude de la commission qui, même si elle s'en
remet maintenant à la sagesse du Sénat, a, dans son premier propos, honoré
notre assemblée. Je regrette profondément, pour ma part, que cet amendement ne
soit pas retiré, car il contient une proposition tout à fait scandaleuse !
(Protestations sur les travées du RPR.)
Mme Nelly Olin.
Pas besoin de parler de scandale !
M. Jacques Habert.
Il suffit de ne pas voter l'amendement !
M. Jean-Pierre Fourcade,
président de la commission des affaires sociales.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Jean-Pierre Fourcade,
président de la commission des affaires sociales.
Je ne voterai pas
l'amendement n° 407 rectifié parce que je considère que le problème de la trêve
hivernale ne peut pas être contourné.
Je veux néanmoins dire à M. le secrétaire d'Etat que, lorsque se produisent,
dans les grandes villes, des occupations sans titre ou avec des actes de
violence, avec effraction, etc., la mobilisation des médias et l'appel à la
sensibilité publique qui s'ensuivent sont très mal ressentis par tous les gens
de bonne foi qui sont inscrits sur les fichiers des demandeurs de logement et
qui ont souvent des droits plus forts qu'un certain nombre de squatters à
entrer dans des logements sociaux.
Je trouve tout à fait dommageable que, dans un Etat dont on nous répète à
longueur de journée qu'il est « de droit », on n'ait pas à l'égard des
occupants sans titre une position plus nette.
Je comprends très bien qu'on ne puisse procéder à des expulsions pendant la
trêve hivernale, et c'est la raison pour laquelle je ne voterai pas cet
amendement.
Mais je souhaiterais, monsieur le secrétaire d'Etat, que les dispositions que
vous allez nous proposer et mettre en place ne donnent pas systématiquement
priorité, pour l'attribution des logements sociaux, qui ne sont pas très
nombreux dans la région d'Ile-de-France que je représente dans cette Haute
Assemblée, à des gens entrant dans des logements vides par effraction et par
violence. En effet, ces gens, suite à la mobilisation des médias, aux appels à
la sensibilité publique qui sont lancés et aux interventions de certaines
associations, passent, pour l'attribution des logements sociaux, devant des
personnes de bonne foi qui attendent simplement des autorités politiques de ce
pays qu'on reconnaisse leur droit à occuper un logement social et qui ne se
livrent pas à des voies de faits.
Il ne faudrait pas que, dans notre société, soient favorisés de manière
systématique ceux qui ont recours à la violence, ce qui pénalise du même coup
les gens sérieux attendant que les procédures soient exécutées de manière
convenable.
M. Jacques Habert.
Très bien !
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
A la suite de l'intervention de M. Fourcade, je veux
confirmer le début du propos que je tenais, en donnant l'avis du Gouvernement
sur l'amendement n° 407 rectifié : la loi du 9 juillet 1991 portant réforme des
procédures civiles d'exécution a supprimé la trêve hivernale pour les squatts ;
l'expulsion peut donc intervenir 365 jours par an quand les occupants sont sans
titre.
La disposition qui nous est proposée par cet amendement vise à inviter les
juridictions à revenir sur la jurisprudence qu'on leur doit depuis plusieurs
années : à plusieurs reprises en effet, devant les situations personnelles et
familiales des squatters, ces juridictions ont estimé qu'un état de nécessité
avait légitimé leur mise à l'abri même illégale et ont accepté qu'un délai soit
accordé en l'absence de solution immédiate de relogement.
S'agissant de problèmes très difficiles, j'ai tenu à aller sur place pour me
rendre compte de ce qu'il en était. J'ai pu constater que ces squatts sont
uniquement occupés par des familles que je qualifierai d'atypiques : elles le
sont par leur composition - elles ont beaucoup d'enfants - ou par tel ou tel
handicap comportemental. Or, on observe bien souvent qu'il y a là des familles
dont la durée d'inscription à un organisme d'HLM est extrêmement longue. J'ai
pu vérifier moi-même que cela pouvait s'échelonner entre dix ans et - cas
extrême - vingt-deux ans !
Il est évident qu'on est là devant le problème majeur suivant : si nos
organismes d'HLM ne satisfont pas ces demandes, c'est que, en fait, il n'ont
pas de logements adaptés à ces familles atypiques. Par conséquent, alors même
que le Parlement n'a nulle part créé une catégorie de gens inlogeables, il en
existe une de fait, dans la pratique.
Le Gouvernement a souhaité, dès la loi de finances pour 1998, ne pas se
résigner à l'existence de familles qui puissent être considérées comme
inlogeables. C'est la raison pour laquelle il a mis en place des crédits
permettant de financer cette année 10 000 prêts locatifs aidés d'intégration,
pour lesquels un effort assez significatif de la collectivité est fait : je
pense à la TVA à 5,5 %, aux prêts à taux réduit de la Caisse des dépôts et
consignations - 0,5 % de moins que les PLA - à la durée des prêts de
trente-quatre ans, mais aussi à la subvention moyenne par logement de 80 000
francs.
Parmi les dispositions qui vous ont été présentées à l'occasion de ce débat,
figure une exonération pour quinze ans de la taxe foncière sur les propriétés
bâties avec compensation, même s'il s'agit d'opérations
d'acquisition-amélioration, et ce pour que des opérations puissent se faire
dans l'habitat ancien, qui est souvent plus adapté à des familles ayant
quelques difficultés particulières.
Devant cette situation humaine tout à fait indigne de cette fin de siècle -
Mme Aubry parlait de responsabilité collective ; je m'inscris dans cette
logique et je ne mets personne en accusation - il est nécessaire, me
semble-t-il, que nous sachions qu'il existe aujourd'hui des moyens pour
constituer progressivement une offre répondant à ces besoins. Bien sûr, si tous
les représentants de la collectivité nationale, dans cette assemblée comme dans
d'autres enceintes, militaient pour une mobilisation effective de ces crédits
et leur utilisation avec discernement et à bon escient, dans une répartition
des efforts qui ne charge pas toujours les mêmes collectivités, ils feraient
progresser la cause du droit au logement en ce qu'elle touche les plus exclus
des exclus, ceux qui ont subi et subissent encore des rejets durables dans des
conditions qui ne sont pas humainement supportables.
Je vous remercie de m'avoir entendu et de m'avoir laissé donner ces précisions
; le sujet est tout de même au coeur d'une des difficultés majeures de
l'exclusion, et je me devais donc de vous communiquer tous ces éléments.
M. Philippe de Gaulle.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. de Gaulle.
M. Philippe de Gaulle.
Compte tenu de ce que vient de dire M. le secrétaire d'Etat sur la
jurisprudence et M. le président de la commission des affaires sociales, je
retire l'amendement n° 407 rectifié tendant à introduire un article additionnel
après l'article 60. J'ajoute que je ne vois pas où est le scandale !
M. le président.
L'amendement n° 407 rectifié est retiré.
M. Serge Lagauche.
Il était temps !
(Protestations sur les travées du RPR et de l'Union
centriste.)
Mme Nelly Olin.
Ça suffit ! On n'a pas de leçon à recevoir !
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Au nom de la commission des affaires sociales, je tiens à
remercier M. de Gaulle du retrait de son amendement.
Article 61
M. le président.
« Art. 61. - I. - L'article 62 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991 portant
réforme des procédures civiles d'exécution est ainsi modifié :
« 1° Il est inséré, après le deuxième alinéa, un alinéa ainsi rédigé :
« Le juge qui ordonne l'expulsion ou qui, avant la délivrance du commandement
d'avoir à libérer les locaux mentionné à l'article 61, statue sur une demande
de délais présentée sur le fondement des articles L. 613-1 et L. 613-2 du code
de la construction et de l'habitation peut, même d'office, décider que
l'ordonnance ou le jugement sera transmis, par les soins du greffe, au préfet,
en vue de la prise en compte de la demande de relogement de l'occupant dans le
cadre du plan départemental d'action pour le logement des personnes
défavorisées. » ;
« 2° Au dernier alinéa, il est inséré, après les mots : "Dès le commandement
d'avoir à libérer les locaux", les mots : "à peine de suspension du délai prévu
au premier alinéa du présent article". »
« II. - L'article L. 613-2-1 du code de la construction et de l'habitation est
ainsi rédigé :
«
Art. L. 613-2-1
. - Le juge qui ordonne l'expulsion ou qui, avant la
délivrance du commandement d'avoir à libérer les locaux mentionné à l'article
61 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991 portant réforme des procédures civiles
d'exécution, statue sur une demande de délais présentée sur le fondement des
articles L. 613-1 et L. 613-2 peut, même d'office, décider que l'ordonnance ou
le jugement sera transmis, par les soins du greffe, au préfet, en vue de la
prise en compte de la demande de relogement de l'occupant dans le cadre du plan
départemental d'action pour le logement des personnes défavorisées. »
Par amendement n° 475, M. Courtois propose d'insérer, avant le 1° du I de cet
article, deux alinéas ainsi rédigés :
« ... - Le premier et le deuxième alinéas sont remplacés par deux alinéas
ainsi rédigés :
« Si l'expulsion porte sur un local affecté à l'habitation principale de la
personne expulsée ou de tout occupant de son chef et lorsque l'expulsion aurait
pour la personne concernée des conséquences d'une exceptionnelle dureté,
notamment du fait de la période de l'année considérée ou des circonstances
atmosphériques, le juge peut accorder, sans préjudice des dispositions des
articles L. 613-1 à L. 613-5 du code de la construction et de l'habitation, un
délai d'un mois. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 184, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de compléter
in fine
le texte présenté par le 1° du paragraphe I
de l'article 61 pour l'alinéa inséré après le deuxième alinéa de l'article 62
de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991, par les mots : "prévu par la loi n°
90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en oeuvre du droit au logement".
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur.
C'est un amendement rédactionnel, qui vise à déplacer une
référence.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 184, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 185, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, à la fin du dernier alinéa (2°) du paragraphe I de l'article 61, de
remplacer les mots : "délai prévu au premier alinéa du présent article" par les
mots : "délai avant l'expiration duquel l'expulsion ne peut avoir lieu".
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
C'est un amendement rédactionnel, qui tend à éviter
un renvoi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 185, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 186, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de compléter le paragraphe I de l'article 61 par un alinéa ainsi rédigé
:
« 3° A la fin du dernier alinéa, les mots : "d'action pour le logement des
personnes défavorisées prévu par la loi n° 90-449 du 31 mai 1990 visant à la
mise en oeuvre du droit au logement" sont remplacés par les mots : "visé à
l'alinéa précédent". »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit encore d'un amendement rédactionnel de
coordination.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 186, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 61, modifié.
(L'article 61 est adopté.)
Article 61
bis
M. le président.
« Art. 61
bis
. - Dans un délai de trois mois à compter de la
publication de la présente loi, un décret en Conseil d'Etat précise les
modalités selon lesquelles l'instance est engagée sur demande formée au
secrétariat-greffe du juge de l'exécution, par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception ou par déclaration faite ou remise contre récépissé, sans
le concours d'un officier ministériel, pour l'exécution des ordonnances et
jugements autorisant l'expulsion. »
Par amendement n° 187, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'Assemblée nationale a cru bien faire en
introduisant cet article nouveau pour revenir à une saisine simplifiée du juge
de l'exécution en matière d'expulsion. Cela n'a pas paru opportun à la
commission des lois, car la technicité des voies d'exécution rend préférable
l'intervention d'un professionnel du droit à l'instauration d'une saisine
directe du juge.
Par le présent amendement, nous proposons donc de supprimer cet article 61
bis
, qui nous semble imprudent.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je suis certain qu'il n'a pas échappé à la Haute
Assemblée que le Gouvernement n'avait pas exprimé son adhésion lors de
l'examen, à l'Assemblée nationale, de l'amendement tendant à insérer un article
additionnel après l'article 61. Il n'a donc pas besoin d'être plus explicite
pour donner son sentiment.
M. Jean-Pierre Fourcade,
président de la commission des affaires sociales.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 187, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 61
bis
est supprimé.
Article 62
M. le président.
« Art. 62. - L'intitulé du chapitre III du titre Ier du livre VI du code de la
construction et de l'habitation est ainsi rédigé : "Dispositions particulières
applicables en matière d'expulsion".
« Dans ce chapitre, il est créé :
« 1° Une section 1 intitulée : "Sursis à l'exécution des décisions
d'expulsion", comportant les articles L. 613-1 à L. 613-5 ;
« 2° Une section 2 ainsi rédigée :
« Section 2
« Dispositions diverses
«
Art. L. 613-6
. - Avant d'accorder le concours de la force publique,
le préfet doit s'assurer qu'une offre d'hébergement est proposée aux personnes
expulsées. Le défaut de concours de la force publique pour ce motif ne fait pas
obstacle au droit pour le bailleur d'obtenir l'indemnisation du préjudice subi
et ce conformément à l'article 16 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991 portant
réforme des procédures civiles d'exécution. »
Sur cet article, je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet
d'une discussion commune.
Par amendement n° 188, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de rédiger comme suit le texte présenté par le 2° de cet article pour
l'article L. 613-6 du code de la construction et de l'habitation :
«
Art. L. 613-6
. - Lorsque le représentant de l'Etat dans le
département accorde le concours de la force publique, il s'assure qu'une offre
d'hébergement est proposée aux personnes expulsées. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 283 rectifié, présenté par
Mme Dusseau, et tendant, dans le texte proposé par l'amendement n° 188 pour
l'article L. 613-6, à insérer dans le code de la construction et de
l'habitation, après les mots : « offre d'hébergement, », les mots : «
respectant l'intégrité familiale, ».
Par amendement n° 372, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du
texte présenté par le 2° de l'article 62 pour l'article L. 613-6 à insérer dans
le code de la construction et de l'habitation, de remplacer les mots : «
d'hébergement » par les mots : « de relogement ».
Par amendement n° 466, Mme Dieulangard, M. Vezinhet, Mme Derycke et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase
du texte présenté par l'article 62 pour l'article L. 613-6 du code de la
construction et de l'habitation, après les mots : « offre d'hébergement »,
d'insérer les mots : « adapté qui respecte notamment l'intégrité de la famille
».
Par amendement n° 234, M. Hoeffel propose de compléter le texte présenté par
le 2° de l'article 62 pour l'article L. 613-6 à insérer dans le code de la
construction et de l'habitation par un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Le congé donné à l'occupant d'un logement de fonction ou accessoire d'un
contrat de travail, au terme de la fonction ou du contrat, ne donne pas lieu à
cette disposition suspensive. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour présenter
l'amendement n° 188.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement tend à réécrire le texte proposé par
le 2° de l'article 62 pour l'article L. 613-6 du code de la construction et de
l'habitation.
Il est préférable de ne pas faire de l'offre d'hébergement une condition de
l'octroi du concours de la force publique, ce qui reviendrait à faire obstacle
à l'exécution d'une décision de justice.
M. le président.
Le sous-amendement n° 283 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. Fischer, pour présenter l'amendement n° 372.
M. Guy Fischer.
Cet amendement porte sur la question du relogement des personnes expulsées.
Nous souhaitons que soient pris en compte les besoins des familles expulsées,
quel que soit le motif de cette résiliation de bail. Il importe, à notre sens,
d'éviter que des solutions intermédiaires, bien souvent très coûteuses,
traumatisantes pour les familles et pour le moins précaires, ne soient
proposées.
Le texte proposé pour l'article L. 613-6 du code de la construction et de
l'habitation, tel qu'il ressort des débats de l'Assemblée nationale, fait
référence à une offre d'hébergement et non à une offre de relogement.
Nous sommes inquiets de cette formulation, qui laisse entendre qu'un
relogement temporaire dans un foyer d'accueil, un hôtel social ou encore un
hôtel meublé pourrait constituer une solution acceptable.
Nous estimons, parce que la bonne foi des locataires expulsés est de plus en
plus souvent constatée, qu'une solution plus adaptée doit être trouvée,
solution qui passe par un véritable relogement dans des conditions de confort
au moins équivalentes à celles du logement repris, si ce n'est meilleures dès
lors que ce logement était insalubre ou inadapté à la situation de la
famille.
L'expérience montre que l'expulsion qui se traduit par une séparation est
psychologiquement traumatisante. Une famille disloquée, avec des enfants placés
en foyer, sera durablement marquée. De plus, le coût social pour les
collectivités territoriales et pour l'Etat sera encore plus élevé.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke, pour défendre l'amendement n° 466.
Mme Dinah Derycke.
Cet amendement de précision tend à donner davantage de corps à la réforme de
la procédure d'expulsion, prévue par le projet de loi, et dont l'objet est de
concilier légalité et humanité.
Ce que nous voulons éviter, en fait, c'est que soient proposées des solutions
d'hébergement qui répondraient, certes, aux besoins immédiats et urgents de la
famille, mais se révéleraient temporaires.
C'est pourquoi nous proposons qu'avant d'accorder le concours de la force
publique le préfet s'assure qu'une offre d'hébergement adaptée et qui respecte
l'intégrité de la famille a été faite.
J'avoue que l'expression « hébergement adapté », qui recouvre d'autres
concepts, n'est peut-être pas la plus juste. Mais, malgré nos recherches, nous
n'en avons pas trouvé de plus adaptée, si je puis dire.
J'espère, en tout cas, ne pas avoir trahi la pensée de Mme Dieulangard, qui
tiend beaucoup à ce qu'il soit bien précisé qu'il s'agit d'un hébergement
durable qui correspond aux besoins réels de la famille.
M. le président.
L'amendement n° 234 est-il soutenu ?...
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Une préoccupation majeure a été exprimée - qui
aurait dû l'être également par Mme Dusseau - à savoir le respect de l'unité de
la famille.
Voilà pourquoi je propose une première rectification du texte de l'amendement
n° 188, dont la fin se lirait ainsi : « ... il s'assure qu'une offre
d'hébergement respectant l'unité familiale est proposée aux personnes
expulsées. »
Par ailleurs, j'y adjoins un deuxième alinéa constitué du texte proposé par
l'amendement n° 234, à savoir : « Le congé donné à l'occupant d'un logement de
fonction ou accessoire d'un contrat de travail, au terme de la fonction ou du
contrat, ne donne pas lieu à cette disposition suspensive. »
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement, n° 188 rectifié, présenté par M. Paul
Girod, au nom de la commission des lois, et tendant à rédiger comme suit le
texte proposé par le 2° de l'article 62 pour l'article L. 613-6 du code de la
construction et de l'habitation :
«
Art. L. 613-6.
- Lorsque le représentant de l'Etat dans le
département accorde le concours de la force publique, il s'assure qu'une offre
d'hébergement respectant l'unité familiale est proposée aux personnes
expulsées.
« Le congé donné à l'occupant d'un logement de fonction ou accessoire d'un
contrat de travail, au terme de la fonction ou du contrat, ne donne pas lieu à
cette disposition suspensive. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 188 rectifié, 372 et
466 ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
La première rectification de l'amendement de la
commission des lois satisfait, en fait, l'amendement n° 466 - je pense que ses
auteurs en conviendront - auquel le Gouvernement était favorable.
En revanche, le Gouvernement ne peut pas être favorable à la deuxième
rectification, qui consiste à intégrer l'amendement n° 234.
En effet, que se passe-t-il dans le cas d'un logement de fonction ? Si M.
Hoeffel avait été présent, j'aurais fait appel à sa compréhension.
Les logements de fonction, on les quitte en raison d'une mutation ou d'une
mise à la retraite. Si la perte du droit à être logé intervient en cours de
carrière pour une autre raison, c'est soit pour faute professionnelle - c'est
relativement exceptionnel - soit - c'est beaucoup plus fréquent - en raison du
décès de celui qui dispose du logement de fonction. Ce problème est d'ailleurs
soulevé lors de chaque réunion des associations fédérées au sein de la
FAVEC.
En effet, les conjoints survivants, qui, bien souvent, n'ont pas d'emploi, qui
ne trouvent pas immédiatement de logement, recherchent un minimum
d'accompagnement, dans ces circonstances difficiles.
De plus, l'occupation du logement par le nouveau titulaire du poste est
généralement moins impérative, car il est rare que l'on ait recruté un SDF ! Il
s'agit le plus souvent de gens qui avaient déjà un logement ou pour lesquels on
peut prendre des dispositions transitoires.
Le Gouvernement est attaché à ce que les garanties données aux titulaires de
logements de fonction soient bien les garanties qui valent pour toutes les
résidences principales, et qu'il n'y ait donc pas de traitement différencié. En
effet, la plupart du temps, l'origine de la difficulté est sociale.
Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n° 372, et il souhaite dire
clairement pourquoi.
Son désir, au travers du dispositif qui est présenté, c'est que, dans tous les
cas de bonne foi - j'espère qu'on ne connaîtra pas d'exception - on trouve une
solution de maintien dans les lieux en rétablissant la solvabilité, et, si le
problème dépasse le cadre d'une aide temporaire pour permettre une meilleure
solvabilisation, que soit assuré le relogement.
Le Gouvernement a proposé à la représentation nationale d'instaurer ce délai
supplémentaire avant la décision de justice pour que le travail social
préalable puisse être fait.
J'ai indiqué que, dans ces conditions, l'expulsion devait rester, à nos yeux,
une expulsion sanction de la seule mauvaise foi ou de troubles apportés au
voisinage qui rendent insupportable la cohabitation.
D'une certaine façon, c'est non pas le relogement qui est de droit, y compris
face à ces comportements, mais l'hébergement, et le Gouvernement est ouvert à
l'idée d'un hébergement respectueux de l'unité familiale et pour lequel on ne
disperse pas la famille quand il y a des enfants.
Et s'il s'avérait que les choses se passent différemment, le Gouvernement
aurait toujours la possibilité d'agir puisque, vous le savez, c'est une
situation qu'il souhaite corriger.
Jusqu'à l'an dernier, en raison de la modicité des crédits affectés au fonds
de solidarité pour le logement, pour la part de l'Etat, les crédits dont
disposait le ministère de l'intérieur pour payer les loyers après refus du
concours de la force publique étaient supérieurs à ceux qui étaient destinés à
alimenter les FSL. C'est la démonstration que nous étions dans un système où le
préventif disposait de moins de moyens que n'en consommait le curatif,
c'est-à-dire un système qui ne fonctionnait pas de manière satisfaisante. Nous
voulons inverser la tendance.
Il faut donc que notre mécanisme fonctionne. Il faut que le relogement soit
quasiment la règle chaque fois qu'il y a bonne foi. Et là, nous ne sommes plus
dans le cas de figure de l'expulsion sanction.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je ne peux pas vous
suivre complètement, et ce pour deux raisons.
Premièrement, le logement de fonction est un élément de la rémunération, et
lorsque quelqu'un occupe indûment un logement de fonction il bloque, en
réalité, le recrutement du salarié suivant par l'entreprise ou par la personne
qui a un employé à domicile. Par conséquent, le problème n'est pas tout à fait
aussi simple que dans une location classique.
Deuxièmement, ce qui a, me semble-t-il, motivé très fortement M. Hoeffel,
c'est le problème des gens qui hébergent un employé de maison dans leur propre
appartement et qui se trouvent, parfois, dans l'impossibilité totale de le
faire partir.
Voilà deux considérations qui devraient permettre au Sénat de voter
l'amendement n° 188 rectifié tel que je l'ai réécrit.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 188 rectifié.
M. Guy Fischer.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Le débat sur l'hébergement et le relogement a suscité de multiples
interrogations. Il était donc bon que nous puissions l'ouvrir et l'alimenter au
sein de notre Haute Assemblée.
J'ai retenu de vos propos, monsieur le secrétaire d'Etat, que le relogement
devait, pour l'essentiel, être la règle. C'est un principe auquel nous sommes
particulièrement attachés.
Nous serons vigilants, bien entendu, parce que nous sommes quotidiennement
confrontés à la réalité dans nos grands ensembles, dans nos villes. La réponse
que vous nous avez apportée sous forme d'engagement est, à nos yeux, positive.
Convaincus que nous sommes que vous saurez faire partager vos convictions à
Mmes et MM. les préfets, nous retirons l'amendement n° 372.
M. le président.
L'amendement n° 372 est retiré.
Mme Dinah Derycke.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Je tenais beaucoup à l'adverbe « notamment » parce qu'il manifestait que
l'intégrité de la famille était vraiment la motivation première, la nécessité
absolue, mais que, d'autres considérations, par exemple financières, pouvaient
être prises en compte. Il ne suffit pas, en effet, d'offrir un hébergement qui
soit au-dessus des moyens de la famille.
J'aurais toutefois accepté la solution proposée.
En revanche, je ne peux pas souscrire à l'amendement n° 188 rectifié dès lors
que l'amendement de M. Hoeffel y est incorporé.
Personnellement, j'ai eu connaissance de situations effectivement dramatiques,
de celles que nous a décrites M. le secrétaire d'Etat, notamment des deuils
toujours durs à vivre. Songez que la personne, du jour au lendemain, souvent
sans aucune considération d'humanité, se trouve sommée de faire ses bagages dès
l'enterrement terminé. Et tout cela va très vite. Pour l'avoir vécu de près, je
sais que c'est une situation absolument abominable.
J'aurais pu voter l'amendement originel de la commission et me prononcer
contre l'amendement n° 234 mais comme ils ne font plus qu'un, je ne peux que
voter contre.
M. Jean-Pierre Fourcade,
président de la commission des affaires sociales.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Jean-Pierre Fourcade,
président de la commission des affaires sociales.
Je voudrais répondre à
M. le secrétaire d'Etat et rassurer Mme Derycke.
L'amendement de M. Hoeffel ne créé pas de situation dramatique. La position
adoptée par le Gouvernement et par Mme Derycke risque, en revanche, d'avoir des
effets pervers considérables.
En effet, nous nous situons au moment où le représentant de l'Etat accorde le
concours de la force publique, c'est-à-dire que l'on est à la fin d'une
procédure contentieuse. Si les occupants des logements de fonction savent
qu'ils se verront offrir un hébergement respectant l'unité de la famille, ils
seront poussés à engager de manière systématique une procédure contentieuse et
à ne jamais abandonner de façon normale leur logement de fonction.
C'est risquer d'ôter aux collectivités locales la possibilité de recruter des
personnels pourtant tout à fait essentiels à leur bon fonctionnement parce que,
chaque fois qu'il y aura fin du service, il y aura procédure contentieuse.
Avant que le représentant de l'Etat accorde le concours de la force publique,
des mois se seront écoulés pendant lesquels il sera impossible de recruter
quelqu'un pour pourvoir le poste devenu vacant, et ce au détriment de la
continuité du service public.
L'amendement de M. Hoeffel règle la question de façon tout à fait normale ; ne
pas accepter ses dispositions risquerait d'avoir des effets pervers et négatifs
pour l'ensemble des collectivités territoriales.
C'est la raison pour laquelle je vous demande, mes chers collègues, d'adopter
l'amendement n° 188 deux fois rectifié avec, d'une part, la prise en compte de
l'unité familiale et, d'autre part, la non-application de la disposition aux
logements de fonction.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je veux attirer l'attention de la Haute Assemblée sur
l'incohérence de l'amendement n° 188 rectifié.
Son premier alinéa, tel qu'il est maintenant rédigé, qui a l'accord du
Gouvernement, ne prévoit pas de disposition suspensive, mais précise simplement
qu'en contrepartie du concours de la force publique une offre d'hébergement
doit être proposée. En revanche, son second alinéa fait référence à « cette
disposition suspensive », laquelle, je viens de le dire, n'existe pas dans le
premier aliéna.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Monsieur le président, en espérant que cela va
entraîner l'adhésion de M. le secrétaire d'Etat, je propose de rédiger ainsi le
second alinéa de l'amendement n° 188 rectifié : « Les dispositions de l'alinéa
précédent ne sont pas applicables au congé donné à l'occupant d'un logement de
fonction ou accessoire d'un contrat de travail, au terme de la fonction ou du
contrat ». Ainsi, tout est cohérent, il n'est plus question de condition
suspensive.
Allez-vous pour autant vous précipiter dans mes bras et accepter l'amendement,
monsieur le secrétaire d'Etat ? Je n'en suis absolument pas persuadé !
(Sourires.)
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 188 rectifié
bis
, présenté par M.
Paul Girod, au nom de la commission des lois, et visant à rédiger comme suit le
texte proposé par le 2° de l'article 62 pour l'article L. 613-6 du code de la
construction et de l'habitation :
«
Art. L. 613-6. -
Lorsque le représentant de l'Etat dans le
département accorde le concours de la force publique, il s'assure qu'une offre
d'hébergement respectant l'unité familiale est proposée aux personnes
expulsées.
« Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables au congé donné à
l'occupant d'un logement de fonction ou accessoire d'un contrat de travail, au
terme de la fonction ou du contrat. »
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur pour avis, je souhaite vous
faire part de mon étonnement. Pourquoi, lorsqu'on quitte un logement de
fonction dans le cadre d'une procédure, n'aurait-on pas droit à une offre
d'hébergement ? Pourquoi cette disparité ?
Je reste défavorable à l'amendement de la commission des lois.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 188 rectifié
bis
, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 466 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 62, ainsi modifié.
(L'article 62 est adopté.)
Article additionnel après l'article 62
M. le président.
Par amendement n° 334 rectifié
bis
, MM. Ostermann, Vasselle, Grignon,
Doublet, Eckenspieller, Gournac, Vinçon et de Gaulle proposent d'insérer, après
l'article 62, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré dans le code de la construction et de l'habitation, après
l'article L. 613-5, deux articles ainsi rédigés :
«
Art. L. 613-5-1
. - Lorsqu'en application de l'article 1244-1 du code
civil, de l'article 62 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991 portant réforme
des procédures civiles d'exécution ou des articles L. 613-1 et L. 613-2 du
présent code, le juge accorde des délais aux occupants d'un local d'habitation
dont l'expulsion a été ordonnée judiciairement, le propriétaire est indemnisé
par l'Etat dans les conditions suivantes :
« L'indemnité est due pendant les délais accordés par le juge et au plus tard
jusqu'à la date à laquelle le propriétaire retrouve la libre disposition des
locaux.
« Le montant de l'indemnité est égal au dernier loyer pratiqué, auquel
s'ajoute celui des charges locatives, et dont se déduisent les versements faits
par les occupants.
«
Art. L. 613-5-2.
- Lorsque l'Etat refuse d'accorder le concours de la
force publique à l'expulsion des occupants d'un local à usage d'habitation, la
réparation mentionnée à l'article 16 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991
portant réforme des procédures civiles d'exécution prend, sans préjudice d'un
complément d'indemnisation accordé par les juridictions compétentes, la forme
de l'indemnisation suivante :
« L'indemnité est due pendant la durée du refus du concours de la force
publique et au plus tard à la date à laquelle le propriétaire retrouve la libre
disposition des locaux.
« Le montant de l'indemnité est égal au dernier loyer pratiqué à la date de
résiliation du contrat de location, auquel s'ajoute celui des charges
locatives, et dont se déduisent les versements faits par les occupants.
« II. - Les dispositions du présent article entrent en vigueur à compter du
1er janvier 1999.
« III. - Les charges résultant pour l'Etat de l'application du présent article
sont compensées par le relèvement à due concurrence des droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts ainsi que par la création
d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du code général des
impôts. »
La parole est à M. de Gaulle.
M. Philippe de Gaulle.
Cet amendement vise à prévoir une indemnité pour les propriétaires lésés par
les délais supplémentaires accordés aux locataires insolvables pour se
maintenir dans les lieux, introduits aux articles 58 - procédure de résiliation
de plein droit des baux d'habitation - et 62 - recours à la force publique en
matière d'expulsion - du projet de loi.
Il est, en effet, tout à fait inacceptable de transférer sur le propriétaire
la charge du logement des personnes en difficulté. Droit au logement et droit
de propriété sont complémentaires et non concurrents car, sans propriétaires,
point d'offre locative.
Or, faute de pouvoir obtenir de leur logement les revenus qui leur reviennent,
les Français risquent de se détourner de cet investissement au risque de
prolonger l'insuffisance de l'offre de logements sur le marché.
En outre, s'ils n'ont plus l'assurance que la loi sera appliquée efficacement,
les propriétaires vont prendre, et prennent déjà, des précautions
supplémentaires, en demandant, par exemple, des cautions et dépôts de garantie
plus élevés, rendant ainsi l'accès au logement plus difficile. L'excès de
protection risque donc de se retourner contre ceux qu'elle est censée
protéger.
Le groupe du RPR, concernant cet article additionnel, se rangera à l'avis de
la commission.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
M. de Gaulle a tout dit dans la dernière phrase de
son exposé. Le dispositif ne doit pas se retourner contre les gens qu'il est
censé protéger.
Cela dit, la commission des lois souhaiterait connaître l'avis du
Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
J'indique aux auteurs de l'amendement que le préjudice
causé au propriétaire par le maintien de l'ancien locataire dans les lieux est
aujourd'hui réparé par une indemnité d'occupation fixée par le juge et égale au
préjudice réellement subi, étant précisé que celui-ci est au minimum équivalent
au montant du loyer éventuellement majoré.
Le dispositif de l'amendement n'aurait pour effet que de priver le juge de
toute liberté dans l'estimation du préjudice subi ; mais comme il existe un
plancher qui est le montant du loyer, cela ne pourrait qu'être préjudiciable
aux intérêts du bailleur.
Sur ce point, les auteurs de l'amendement ont donc déjà satisfaction.
S'agissant de l'indemnisation par l'Etat du refus du concours de la force
publique, l'article L. 613-5-2 du code de la construction et de l'habitation
qui est proposé ne ferait que codifier le droit positif et la pratique des
juges administratifs.
Pour toutes ces raisons - M. Girod aura retenu l'explication - le Gouvernement
est défavorable à l'amendement. Le texte en vigueur protège mieux les intérêts
du bailleur que ne le ferait le texte qui est proposé.
M. le président.
Quel est donc, maintenant, l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
M. le secrétaire d'Etat a raison sur ce point
précis, mais il faut que nous soyons tous bien convaincus du fait que ce texte
ne doit pas aboutir à l'inverse de l'effet recherché, c'est-à-dire qu'il ne
doit pas faire disparaître l'offre locative du marché.
Cela étant, je demande à M. de Gaulle de bien vouloir accepter de retirer cet
amendement.
M. le président.
Monsieur de Gaulle, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe de Gaulle.
Je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 334 rectifié
bis
est retiré.
Article 62
bis
M. le président.
« Art. 62
bis
. - La section 3 du chapitre II de la loi n° 91-650 du 9
juillet 1991 précitée est complétée par un article 21-1 ainsi rédigé :
«
Art. 21-1
. - Les dispositions des articles 20 et 21 ne s'appliquent
pas en matière d'expulsion. Toutefois, l'huissier de justice chargé de
l'exécution de la mesure d'expulsion peut procéder comme il est dit à l'article
21 pour constater que la personne expulsée et les occupants de son chef ont
volontairement libéré les locaux postérieurement à la signification du
commandement prévu à l'article 61. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 419, MM. Peyreffitte, Vinçon et Doublet proposent de
supprimer cet article.
Par amendement n° 235, M. Hoeffel propose de compléter la première phrase du
texte présenté par cet article pour l'article 21-1 de la loi n° 91-650 du 9
juillet 1991 par les mots : « sauf s'il s'agit d'un logement de fonction ou
accessoire au contrat de travail ».
L'amendement n° 419 est-il soutenu ?...
L'amendement n° 235 est-il soutenu ?...
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je le reprends.
M. le président.
Il portera le n° 235 rectifié.
Vous avez la parole, monsieur le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement
n° 188 rectifié
bis
qui a été adopté tout à l'heure.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Pour les raisons déjà développées, le Gouvernement est
défavorable à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 235 rectifié, repoussé par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 62
bis
, ainsi modifié.
(L'article 62
bis
est adopté.)
Article 63
M. le président.
« Art. 63. - Une charte pour la prévention de l'expulsion est élaborée dans
chaque département avec l'ensemble des partenaires concernés dans un délai de
deux ans à compter de la promulgation de la présente loi. »
- (Adopté.)
Article 63
bis
M. le président.
« Art. 63
bis
. - I. - Il est inséré, dans le code de la construction
et de l'habitation, un article L. 442-6-4 ainsi rédigé :
«
Art. L. 442-6-4
. - En cas de non-respect de l'obligation prévue au
troisième alinéa (b) de l'article 7 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989
précitée, il peut être attribué au locataire un nouveau logement correspondant
à ses besoins et à ses possibilités. La résiliation du bail ne peut être
demandée au juge par le bailleur, dès lors que l'occupation du nouveau logement
et la libération de l'ancien logement sont intervenues. »
« II. - Le dernier alinéa de l'article L. 613-1 du code de la construction et
de l'habitation est complété par les mots : « ainsi que lorsque la procédure
d'attribution d'un nouveau logement effectuée en application de l'article L.
442-6-4 n'a pas été suivie d'effet du fait du locataire ».
« III. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 62 de la loi
n° 91-650 du 9 juillet 1991 précitée, après les mots : « voie de fait », sont
insérés les mots : « ou lorsque la procédure d'attribution d'un nouveau
logement effectuée en application de l'article L. 442-6-4 du code de la
construction et de l'habitation n'a pas été suivie d'effet du fait du
locataire. »
Par amendement n° 189 rectifié, M. Paul Girod, au nom de la commission des
lois, propose :
A. - De rédiger comme suit le I de cet article :
« I. - Il est inséré, dans le code de la construction et de l'habitation, un
article L. 442-4-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 442-4-1.
- En cas de non-respect de l'obligation prévue au
troisième alinéa
b)
de l'article 7 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989
tendant à améliorer les rapports locatifs et portant modification de la loi n°
86-1290 du 23 décembre 1986, et mise en demeure de se conformer à cette
obligation restée infructueuse, il peut être adressé au locataire une offre de
relogement correspondant à ses besoins et à ses possibilités, nonobstant les
plafonds de ressources prévus à l'article L. 441-1.
« En cas de refus du locataire ou, en l'absence de réponse de sa part, à
l'expiration d'un délai d'un mois à compter de l'envoi de l'offre par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception, le bailleur peut saisir le juge
aux fins de résiliation du bail.
B. - En conséquence, aux paragraphes II et III de cet article, de remplacer la
référence : « L. 442-6-4 » par la référence : « L. 442-4-1 ».
Cet amendement est assorti de trois sous-amendements, présentés par le
Gouvernement.
Le sous-amendement n° 507 a pour objet de compléter le premier alinéa du texte
proposé par l'amendement n° 189 pour l'article L. 442-4-1 du code de la
construction et de l'habitation par les mots : « nonobstant les plafonds de
ressources prévus à l'article L. 441-1 ».
Le sous-amendement n° 508 tend, après les mots : « avec demande d'avis de
réception », à rédiger comme suit la fin du deuxième alinéa du texte proposé
par l'amendement n° 189 pour l'article L. 442-4-1 du code de la construction et
de l'habitation : « le bailleur peut saisir le juge aux fins de résiliation du
bail ».
Enfin, le sous-amendement n° 509 vise à supprimer le troisième alinéa du texte
proposé par l'amendement n° 189 pour l'article L. 442-4-1 du code de la
construction et de l'habitation.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre
l'amendement n° 189 rectifié.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Nous sommes dans le cas d'un locataire qui crée des
troubles de voisinage. Le Gouvernement avait prévu son transfert dans un autre
logement. Nous proposons que ce transfert comporte une intervention du juge, ce
que le Gouvernement ne souhaitait pas. Il avait d'ailleurs déposé trois
sous-amendements que nous avons tranquillement intégrés dans l'amendement
d'origine n° 189, qui est donc devenu l'amendement n° 189 rectifié, ce qui
devrait satisfaire M. le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Effectivement, monsieur le président, l'amendement n°
189 rectifié reprend les trois sous-amendements que le Gouvernement avait
déposés. Je les retire donc, et j'émets un avis favorable sur l'amendement n°
189 rectifié.
M. le président.
Les sous-amendements n°s 507, 508 et 509 sont retirés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 189 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 63
bis,
ainsi modifié.
(L'article 63
bis
est adopté.)
Section 2
Amélioration des conditions de vie et d'habitat
Article 64
M. le président.
« Art. 64. - Le chapitre IV du titre Ier du livre Ier du code de la santé
publique est ainsi modifié :
« 1° Il est créé une section 1, intitulée : "Dispositions générales", qui
comprend les articles L. 26 à L. 32 ;
« 2° Il est créé une section 2 ainsi rédigée :
« Section 2
« Mesures d'urgence contre le saturnisme
«
Art. L. 32-1
. - Tout médecin qui dépiste un cas de saturnisme chez
une personne mineure doit, après information de la ou des personnes exerçant
l'autorité parentale, le porter à la connaissance du médecin du service de
l'Etat dans le département compétent en matière sanitaire et sociale, sous pli
confidentiel. Ce médecin informe le représentant de l'Etat dans le département
de l'existence d'un cas de saturnisme dans l'immeuble ou la partie d'immeuble
habité ou fréquenté régulièrement par ce mineur. Le préfet fait immédiatement
procéder par ses propres services ou par un opérateur agréé à un diagnostic sur
cet immeuble, ou partie d'immeuble, afin de déterminer s'il existe un risque
d'intoxication au plomb des occupants. Il procède de même lorsqu'un risque
d'intoxication au plomb pour les occupants d'un immeuble ou partie d'immeuble
est porté à sa connaissance.
«
Art. L. 32-2
. - 1° Dans le cas où le diagnostic auquel il a été
procédé dans les conditions mentionnées à l'article L. 32-1 se révèle positif,
ou dans celui où on dispose d'un diagnostic de même portée, préalablement
établi en une autre circonstance dans les mêmes conditions que précédemment, le
préfet en informe le médecin du service de l'Etat dans le département compétent
en matière sanitaire et sociale. Celui-ci invite les familles de l'immeuble
ayant des enfants mineurs à adresser ceux-ci en consultation à leur médecin
traitant, à un médecin hospitalier ou à un médecin de prévention. Le préfet
notifie en outre au propriétaire, ou au syndicat des copropriétaires, son
intention de faire exécuter sur l'immeuble incriminé, à leurs frais, pour
supprimer le risque constaté, les travaux nécessaires, dont il précise la
nature, après avis des services ou de l'opérateur mentionné à l'article L.
32-1.
« 2° Dans un délai de dix jours à compter de la notification de la décision du
préfet, le propriétaire ou le syndicat des copropriétaires peut soit contester
la nature des travaux envisagés, soit faire connaître au préfet son engagement
de procéder à ceux ci dans un délai d'un mois à compter de la notification.
« 3° Dans le premier cas, le président du tribunal de grande instance ou son
délégué statue en la forme du référé. Sa décision est, de droit, exécutoire à
titre provisoire.
« 4° A défaut soit de contestation soit d'engagement du propriétaire ou du
syndicat des copropriétaires dans un délai de dix jours à compter de la
notification, le préfet fait exécuter les travaux nécessaires à leurs frais.
«
Art. L. 32-3
. - Si le propriétaire ou le syndicat des copropriétaires
s'est engagé à réaliser les travaux, le préfet procède, un mois après la
notification de sa décision, à un contrôle des lieux, afin de vérifier que le
risque d'intoxication au plomb est supprimé. Si ce risque subsiste, le préfet
procède comme indiqué au 4° de l'article L. 32-2.
« A l'issue des travaux, le préfet fait procéder à un contrôle des locaux,
afin de vérifier que le risque d'intoxication est supprimé.
«
Art. L. 32-4
. - Si la réalisation des travaux mentionnés aux articles
L. 32-2 et L. 32-3 nécessite la libération temporaire des locaux, le préfet
prend les dispositions nécessaires pour assurer l'hébergement provisoire des
occupants.
« Le coût de réalisation de travaux et, le cas échéant, le coût de
l'hébergement provisoire des occupants sont mis à la charge du propriétaire. La
créance est recouvrée comme en matière de contributions directes.
« En cas de refus d'accès aux locaux opposé par le locataire ou le
propriétaire aux personnes chargées de procéder au diagnostic, d'effectuer le
contrôle des lieux ou de réaliser les travaux, le préfet saisit le président du
tribunal de grande instance qui, statuant en la forme du référé, fixe les
modalités d'entrée dans les lieux.
« Le préfet peut agréer des opérateurs pour réaliser les diagnostics et
contrôles prévus dans la présente section et pour faire réaliser les
travaux.
« Les conditions d'application de la présente section, en particulier les
modalités de détermination du risque d'intoxication au plomb et celles
auxquelles doivent satisfaire les travaux prescrits pour supprimer ce risque,
sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Sur l'article, la parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Avec le saturnisme, nous arrivons dans ce débat à une question que je connais
bien en tant que maire d'Aubervilliers, non que la situation dans cette ville
soit plus préoccupante qu'ailleurs en ce domaine, mais, à Aubervilliers, nous
avons sans doute mieux étudié ce problème pour mieux le combattre.
Ainsi, en 1996 et en 1997, nous avons dépisté ou suivi 1 218 enfants dont 331
avait une plombémie supérieure à 150 microgrammes par millilitre, seuil
d'intoxication déjà considérable ; 178 étaient passés par le stade III ou IV,
c'est-à-dire à des stades avancés de la maladie. Plusieurs dizaines d'enfants
sont régulièrement hospitalisés pour des cures pénibles, douloureuses. Nous
estimons qu'entre 6 600 et 7 500 logements de notre commune sont contaminés à
des degrés divers. Vous voyez le nombre d'enfants concernés. Ces chiffres sont
durs, mais au moins les connaissons-nous.
Mais ne nous trompons pas, l'enjeu est national.
En effet, premièrement, en beaucoup d'endroits existe un habitat du même type
non étudié. Deuxièmement, il est insupportable que l'avenir de milliers
d'enfants, connus ou inconnus, soit obscurci par les conséquences de cette
intoxication. Enfin, troisièmement, il nous faut prendre à bras-le-corps cette
pathologie, car c'est choisir d'affronter la question de l'avenir et de la
place des classes sociales les plus défavorisées au sein de la communauté
nationale.
Certes, à Aubervilliers, nous avons engagé des moyens considérables pour
combattre le saturnisme. Nous représentons le quart du dépistage en
Ile-de-France ; deux infirmières, deux techniciens, un emploi-jeune se
consacrent au saturnisme. Nous avons mis en place un système de dépistage dit
systématique. Dans plus de 1 000 bâtiments, toutes les familles exposées au
plomb se sont vu proposer un suivi des enfants. Dans le même temps, nous avons
engagé des actions de décontamination et nous sommes intervenus de manière
innovante, malgré quelques grincements de dents, lors de toutes les
transactions immobilières.
Plus de 234 ventes immobilières ont été concernées. Nous avons traité 62
logements et nous sommes intervenus ponctuellement sur 22. Nous avons aussi
relogé 19 familles. La ville a acquis plus de 490 logements anciens dégradés,
dont 180 ont été retirés de la location et murés.
Précisons que l'ANAH, non seulement n'intervient pas à un niveau suffisant,
puisque le saturnisme s'accroît, mais n'intervient plus dès que l'OPHLM devient
propriétaire.
Mais, monsieur le secrétaire d'Etat, au regard des chiffres, de la gravité de
la maladie, du fait qu'elle touche essentiellement des enfants, nous nous
heurtons, à Aubervilliers comme dans les autres communes concernées, à des
limites que j'ai eu l'occasion de vous exposer lors de votre venue, si
intéressante, avec M. Bernard Kouchner.
Le projet de loi dont nous discutons aujourd'hui les fait certes reculer -
notamment grâce aux mesures arrêtées pour lutter contre le saturnisme - mais il
prend encore insuffisamment en compte le problème de santé publique du
saturnisme au niveau où il se pose dans les communes où vit la population la
plus pauvre et la plus exclue de notre pays.
Pourquoi ce qui a été possible pour l'amiante ne le serait-il pas pour une
pathologie grave qui touche les enfants et dont on mesure encore mal l'ampleur
à l'échelle de leur vie personnelle et à l'échelle du pays ?
Il est des raccourcis et des simplifications qui n'ont pas lieu d'être.
Monsieur le secrétaire d'Etat, l'expérience récente de la France dans le
domaine des épidémies montre que les mauvais choix d'inspiration comptable
faits au détriment de la santé blessent, et pour longtemps, des femmes, des
hommes innombrables, et posent un problème de conscience.
Je souhaite donc que la représentation nationale ne laisse pas échapper cet
instant où se décide son engagement contre le saturnisme, d'autant plus
qu'actuellement court le bruit - j'espère qu'il ne s'agit que d'un bruit -
selon lequel les crédits de dépistage diminueraient.
Il faut, me semble-t-il, rendre obligatoire le diagnostic « plomb » lors de
toute transaction immobilière. Il faut interdire, comme en matière
d'insalubrité publique, le passage en copropriété d'un bâtiment plombé. Il faut
donner aux pouvoirs publics, particulièrement aux maires, dans le cadre de la
police sanitaire, les moyens réglementaires et financiers de se substituer aux
propriétaires défaillants.
En outre, il faut pouvoir reloger les familles intoxiquées. Nous savons tous
que le parc social des communes les plus touchées, même s'il est important -
c'est le cas de la ville dont je suis maire - ne dispose pas d'un volant
suffisant de grands logements. Il est donc nécessaire d'envisager et
d'organiser une solidarité d'accueil incluant des villes non touchées par cette
épidémie.
Enfin, monsieur le secrétaire d'Etat, la loi devrait, à mon avis, permettre
que les travaux de décontamination soient accélérés.
M. le président.
Par amendement n° 373 rectifié, M. Ralite, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo
et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de
compléter
in fine
le texte présenté par le 2° de l'article 64 pour la
section 2 du chapitre IV du titre 1er du livre I du code de la santé publique
par les articles suivants :
«
Art. L... -
Par convention entre le préfet et le président du conseil
général, le préfet peut désigner le médecin-directeur du service départemental
de PMI comme médecin chargé de recevoir les déclarations prévues à l'article L.
32-1, en lieu et place du médecin du service de l'Etat. Le médecin-directeur du
service départemental de PMI informe alors le représentant de l'Etat, comme
prévu à l'article L. 32-1. Il prend les mesures d'information des familles
prévues à l'article L. 32-2, 1er alinéa.
« Dans les départements au sein desquels il n'existe pas de convention entre
le préfet et le président du conseil général, le médecin des services de l'Etat
qui reçoit la déclaration prévue à l'article L. 32-1 en informe immédiatement
le médecin-directeur du service départemental de PMI.
« Un décret en conseil d'Etat prévoit l'application des dispositions de
l'article L. 32-1 et du présent article dans les départements où existe un
système de surveillance du saturnisme infantile conforme aux arrêtés
ministériels.
«
Art. L... -
Dans les communes qui disposent d'un service communal
d'hygiène et de santé, le préfet peut passer convention avec le maire afin que
celui-ci exerce au nom de l'Etat les mesures de diagnostic - article L. 32-1 -,
d'injonction - article L. 32-2 -, de contrôle - article L. 32-3 -, de
réalisation d'office des travaux et d'hébergement provisoire des occupants -
article L. 32-4.
« En cas de réalisation de travaux d'office, et, le cas échéant, après
obtention du jugement du président du tribunal de grande instance, le maire
notifie au préfet les sommes nécessaires à la réalisation des travaux d'office
et éventuellement à l'hébergement provisoire des occupants, ainsi que la liste
des propriétaires ou copropriétaires. Le préfet met ces sommes à disposition du
maire, qui fait réaliser les travaux. Le préfet procède au recouvrement de la
créance à l'encontre du propriétaire ou du syndicat de propriétaires, comme en
matière de contributions directes.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe d'une part les conditions dans lesquelles
la délégation du préfet au maire peut être réalisée et contrôlée - équipement
technique du SCHS et réalisation d'un rapport annuel -, ainsi que les
conditions de compensation financière de cette délégation. »
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
La question du saturnisme, dont tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il
s'agit d'une maladie d'un autre âge qui ne devrait même pas faire l'objet d'un
débat à l'occasion de la discussion de ce projet de loi, implique que des
initiatives particulières soient prises pour y porter remède.
Nous devons donc prendre en compte la diversité des intervenants en matière de
prévention sanitaire.
Ainsi, l'article 64 du projet de loi nous invite à faire en sorte que les
médecins dépistant des cas ou des risques de saturnisme infantile en
avertissent les services préfectoraux.
Chacun appréciera cette orientation, mais elle ne doit pas nous faire oublier
que, avec la mise en oeuvre de la décentralisation, les services sociaux
départementaux se sont singulièrement développés et que certains départements
de notre pays, confrontés au problème que nous évoquons, ont pris des mesures
de renforcement de leur politique de prévention sanitaire.
De même, les services d'hygiène et de santé de certaines communes sont très
développés.
Nous proposons donc, par cet amendement, de faire en sorte qu'au-delà de la
saisine de la DASS-Etat les médecins dépistants puissent également informer de
leurs constats les services départementaux de la protection maternelle et
infantile, et substituer éventuellement ce signalement à celui qui est opéré
auprès de services préfectoraux.
Nous proposons aussi, là où il y a un service d'hygiène et de santé solide,
que le préfet puisse y recourir, via le maire, pour exercer des mesures de
diagnostic, d'injonction, de contrôle et de réalisation d'office des travaux et
d'hébergement provisoire des occupants.
Je vous invite donc, mes chers collègues, à adopter cet amendement dont la
motivation essentielle est de favoriser la prise en charge la plus efficace,
parce que la plus diversifiée, des situations révélées par le constat de
saturnisme.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je n'ai pas eu le temps de prendre connaissance de
l'amendement n° 373 rectifié et j'espère qu'il ne modifie pas de manière
substantielle l'amendement n° 373. C'est en effet sur ce dernier que la
commission a rendu son avis.
J'ai bien entendu l'argumentation de M. Ralite, qui est tout à fait
convaincante sur le fond.
Toutefois, la commission considère que le régime des déclarations des maladies
à l'autorité sanitaire est en voie d'être réformé dans le cadre de la
proposition de loi sur la veille et la sécurité sanitaires, notamment avec
l'amendement de M. Autain à l'article 1er
ter.
Il lui semble préférable qu'un organisme tel que l'institut de veille
sanitaire recueille et centralise les informations relatives au saturnisme, ce
qui n'empêche pas le médecin dépistant de prévenir la PMI.
Sans contester l'analyse et les observations de M. Ralite sur le fond, la
commission a donc émis un avis défavorable sur l'amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, j'ai quelque difficulté à
répondre, car j'ai à peine eu le temps de lire cet amendement n° 373
rectifié.
Le Gouvernement était favorable à l'amendement n° 373 qui aurait pu, dans des
circonstances humainement moins lourdes, être traité juridiquement de façon
valable suivant la voie habituelle, celle du règlement. Mais nous avons bien
compris que M. le sénateur-maire d'Aubervilliers voulait donner une certaine
solennité à cet engagement en optant pour la forme législative.
Le Gouvernement était favorable à l'amendement n° 373 à la condition, très
marginale, que son auteur accepte d'évoquer non le médecin-directeur du service
départemental de la PMI, qui n'est pas un poste officiel et qui n'existe pas
dans tous les départements, mais le médecin responsable du service
départemental de PMI. La situation dont il parle est certainement celle du
département qu'il connaît bien, mais nous avons le souci que la disposition
soit applicable dans tous les départements de France, et sans créer une
nouvelle fonction.
L'amendement n° 373 rectifié apporte des compléments très substantiels à
l'amendement initialement déposé.
Tout d'abord, il évoque le cas où il n'existe pas de convention entre le
préfet et le président du conseil général et il renvoie à un décret en Conseil
d'Etat l'application des dispositions du présent article dans les départements
où existe un système de surveillance du saturnisme infantile conforme aux
arrêtés ministériels.
Ces précisions ne sont sans doute pas irrecevables, mais elles mériteraient
quelque expertise.
Ensuite, la partie concernant les communes pourrait être allégée, car les
dispositions relatives à la réalisation de travaux d'office relève du domaine
réglementaire.
Si M. Ralite voulait bien tenir compte des conditions dans lesquelles nous
débattons de ce dossier essentiel, et qui lui tient très légitimement à coeur,
il me paraîtrait plus sage que nous nous prononcions sur l'amendement n° 373
avant sa rectification, quitte à affiner sa rédaction ultérieurement.
M. le président.
Monsieur Ralite, acceptez-vous la suggestion de M. le secrétaire d'Etat ?
M. Jack Ralite.
Je suis d'accord avec la philosophie qui sous-tend l'intervention de M. le
secrétaire d'Etat. En effet, l'amendement original contient l'ensemble du
dispositif et je conçois que, le correctif étant intervenu un peu tard, il
faille procéder à une étude afin de déterminer ce qui relève du réglement.
Mon souci était de donner aux préfets des possibilités de rendre plus
efficace, dans ce domaine, l'intervention soit, au plan départemental, via le
conseil général, du médecin du service de la protection maternelle et infantile
- mais j'accepte, dans la première mouture de l'amendement, une modalité de
rédaction différente, parce qu'elle est très pertinente - soit, à l'échelon des
villes, du service d'hygiène.
Cela dit, on pourra sans doute approfondir le sujet ultérieurement.
J'en reviens donc à la rédaction initiale de mon amendement, modifiée comme
vous l'avez souhaité, monsieur le secrétaire d'Etat, et j'espère que ce texte
aura un avenir heureux.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 373 rectifié
bis,
présenté par M.
Ralite, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste
républicain et citoyen, et visant, après la première phrase du premier alinéa
du texte présenté par l'article 64 pour l'article L. 32-1 à insérer dans le
code de la santé publique, deux phrases ainsi rédigées : par convention entre
le préfet et le président du conseil général, le médecin responsable du service
départemental de la protection maternelle et infantile peut être chargé de
recueillir, en lieu et place des services de l'Etat, la déclaration du médecin
dépistant. Dans tous les cas, le médecin responsable du service départemental
de PMI est informé par le médecin recevant la déclaration de l'existence de
celle-ci. »
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Puisque M. Ralite en revient à la rédaction initiale de son
amendement, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 373 rectifié
bis,
accepté par le
Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 503, le Gouvernement propose, dans le texte présenté par
l'article 64 pour l'article L. 32-1 à insérer dans le code de la santé
publique, après les mots : « lorsqu'un risque », d'insérer le mot : « notoire
».
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a déposé cet amendement afin de rendre
opérant le dispositif proposé pour lutter efficacement contre le saturnisme.
Si nous ne précisions pas par l'adjectif : « notoire » que sont visés les
immeubles qui présentent effectivement un danger, nous serions amenés à mettre
en oeuvre ces expertises pour 8 millions de logements, c'est-à-dire pour les
immeubles construits avant 1948, avant donc l'interdiction de la peinture au
plomb.
Mais, pour la plupart de ces immeubles, qui ont toujours fait l'objet d'un
entretien convenable, le risque est inexistant, puisque l'absence de
dégradation du bâti fait que ces peintures anciennes ne sont pas accessibles
aux enfants en très bas âge.
Si nous imposions cette formalité à tous les immeubles, y compris à ceux qui
ne présentent pas de signes de dégradation justifiant un tel contrôle, notre
dispositif serait complètement inapplicable ou, à tout le moins, perdrait
beaucoup de son efficacité. Or le souci de la représentation nationale est
bien, je pense, de donner à ce dispositif un maximum d'efficacité. Je souhaite
donc que la Haute Assemblée adopte cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La position de la commission est conforme à l'analyse du
Gouvernement : elle est favorable à cet amendement qui facilitera l'application
efficace de la loi.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 503, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 374, M. Ralite, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, après le
troisième alinéa du texte présenté par l'article 64 pour l'article L. 32-4 à
insérer dans le code de la santé publique, d'insérer un alinéa ainsi rédigé
:
« Aucune transaction immobilière ne peut avoir lieu sur un logement dont le
diagnostic, visé par les articles L. 32-1 et L. 32-2, a révélé qu'il présentait
un risque d'intoxication. Il en va de même pour les logements et lots de
copropriétés pour lesquels un diagnostic a révélé ce risque dans les parties
communes accessibles. Cette interdiction s'applique dès la notification
préfectorale prévue à l'article L. 32-2. Elle cesse de plein droit dès lors
qu'un contrôle, tel que prévu à l'article L. 32-3, confirme la suppression du
risque d'intoxication. Lorsqu'une promesse de vente a été signée préalablement,
cette promesse est réputée caduque durant la même période. »
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
L'article 64 est marqué par une volonté politique forte de traiter le
saturnisme comme une urgence sanitaire, d'engager l'Etat à agir résolument à la
source, c'est-à-dire au niveau du logement, et enfin de solliciter, voire de
contraindre les propriétaires récalcitrants.
Nous avons là une rupture claire par rapport aux stratégies d'évitement des
gouvernements précédents.
En revanche, les questions liées à la prise en compte du saturnisme sur le
marché immobilier ne sont pas abordées dans ce texte.
En effet, intervenir dans ce sens bouscule le droit de propriété sans rivage.
Cependant, l'ampleur du problème de santé publique que pose le saturnisme,
comme je l'ai exposé précédemment, nous conduit à proposer une solution afin
d'éviter toute transmission immobilière d'un bien « plombé ».
L'amendement n° 374 vise ainsi à suspendre le droit de vendre ou de louer un
bien immobilier révélant un risque d'intoxication au plomb tant que les travaux
de remise aux normes de salubrité n'ont pas été effectués par le propriétaire
du logement ou de l'immeuble.
Cet amendement nous semble particulièrement important. Il répond aux
difficultés juridiques de mise en place du certificat de salubrité que nos
collègues de l'Assemblée nationale ont défendu et permet de contraindre de
façon certaine les propriétaires peu soucieux du bien-être et de la santé de
leurs locataires à réaliser les travaux.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
On comprend l'intention des auteurs, mais pourquoi interdire
la vente d'un appartement ou d'un immeuble si le nouveau propriétaire veut
construire un logement neuf ou faire les travaux nécessaires pour que
l'appartement ne présente plus de risques ?
La proposition faite dans cet amendement ne semble pas susceptible de dénouer
la situation qui est critiquée. C'est pourquoi la commission a émis un avis
défavorable, même si elle se rend bien compte que le problème est très sérieux
dans ce type d'appartements. A ce propos, nous souhaitons que le Gouvernement
nous explique comment l'acquéreur d'un bien immobilier pourrait être prévenu du
risque d'intoxication au plomb.
La commission a une position claire et nette : il ne serait pas bon qu'un
propriétaire puisse vendre un appartement dangereux sans prévenir personne.
J'ai retenu de l'intervention de M. Ralite sa suggestion de faire établir un
diagnostic « plomb » à l'occasion des transactions immobilières dans les zones
ou les immeubles à risques. Y aurait-il là une piste ? Je souhaiterais
connaître l'avis du Gouvernement sur ce point.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement souhaite assurer les auteurs de
l'amendement qu'il comprend bien leurs intentions et que, bien évidemment, il
les respecte scrupuleusement. Néanmoins, il se doit d'appeler leur attention
sur le fait que cette proposition risque à la fois de se révéler inefficace et
d'avoir un effet contraire à l'objectif recherché.
Elle serait inefficace, car la mise en place du dispositif proposé, lequel va
du diagnostic aux travaux, se fera dans un laps de temps qui ne peut pas
dépasser trois mois. C'est très court !
Cette mesure serait contraire à l'objectif recherché, car elle risque de
bloquer des opérations. Or certaines de ces opérations peuvent justement avoir
pour objet de résoudre le problème posé, à savoir la réalisation des travaux
nécessaires que les propriétaires de logements présentant un risque de
contamination n'auraient pas les moyens d'entreprendre.
Voilà pourquoi le Gouvernement fait une lecture critique du dispositif
proposé.
Toutefois, je le dis aussi bien à M. le rapporteur qu'à M. Ralite, le
Gouvernement est tout à fait favorable à la recherche d'une solution passant
par l'information des acquéreurs d'un immeuble ou d'un logement lorsque les
travaux ont été prescrits à la suite du diagnostic réalisé en application de la
présente loi.
Le droit de la publicité foncière permet de répondre à une telle exigence
d'information. En effet, l'article 36 du décret du 4 janvier 1955 et l'article
73 du décret du 14 octobre 1955 prévoient la publicité, aux fins d'information
des usagers, des limitations administratives au droit de propriété. Sur la base
de ces textes - c'est un engagement que je prends devant vous, mesdames,
messieurs les sénateurs - il sera démandé au préfet de publier au fichier
immobilier les arrêtés pris en application de la présente loi, cela afin de
répondre aux préoccupations des auteurs de l'amendement et à la question posée
par M. le rapporteur.
M. le président.
Monsieur Ralite, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jack Ralite.
Nous avons rédigé l'amendement que je viens de présenter à partir d'une
expérience concrète. Il ne résulte donc pas seulement d'une étude effectuée par
des élus d'Aubervilliers, ni même du département. Des fonctionnaires ont
également participé à sa rédaction et, quand vous êtes venu, vous les avez
rencontrés ; ils ont une connaissance très fine du sujet. C'est donc sur le
fondement de leur expérience que nous avons abouti à ce texte.
L'esprit des propos que vous venez de tenir et l'engagement de procéder à une
publicité sont un premier pas. Certes, il faudra aller plus loin, mais, pour
l'heure, je retire l'amendement.
J'ajoute que, lors de ma petite intervention préliminaire à l'occasion de
l'anniversaire de la création de l'ANAH, j'ai dit qu'il s'agissait d'un
merveilleux outil, mais j'ai tout de même fait valoir que, pour le saturnisme
il n'était pas tenu compte du surcoût. Aussi, comment faire dans une
collectivité locale quand des propriétaires qui ne spéculent pas n'ont tout
simplement pas les moyens d'effectuer des réparations ? Cela vous étonne
peut-être de m'entendre parler ainsi, mais de tels propriétaires existent !
Puisque la puissance publique se substitue à la puissance privée, et avec son
accord d'ailleurs, l'ANAH n'en peut mais ! Elle n'a plus droit, la puissance
publique, à l'aide dont le propriétaire privé pouvait bénéficier.
Alors, s'agissant du premier volet, vous avez fort bien exprimé la situation
et j'adhère à vos propos. Mais, s'agissant du second, il faudra traiter la
question. Peut-être la discussion du projet de loi sur l'habitat nous
permettra-t-elle d'aller plus loin ?
Si je m'autorise à parler avec force, c'est parce que nous avons, je vous l'ai
dit, décortiqué le problème du saturnisme à Aubervilliers. Les villes voisines
ne sont pas allées si loin - elles en conviennent - certains arrondissements de
Paris non plus. Mais ils savent bien qu'il s'agit du même problème et que c'est
vraiment une plaie qui frappe même les gamins ! L'un d'eux est mort dans notre
ville. Cela vous marque pour longtemps, pour ne pas dire pour toujours !
Toutefois, compte tenu de l'esprit dans lequel vous vous êtes exprimé,
monsieur le secrétaire d'Etat, je retire cet amendement.
M. le président.
L'amendement n° 374 est retiré.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Je ferai une double et brève réponse à M. Ralite.
La proposition du Gouvernement est directement inspirée par le souci des
auteurs de l'amendement que M. Ralite a accepté de retirer : vous en êtes donc
l'inspirateur, monsieur le sénateur.
Vous avez parlé de l'ANAH. Une décision récente de cette instance a bien porté
sur la prise en charge des travaux supplémentaires liés au saturnisme. Mes
services m'ont indiqué que celle-ci s'élèverait à 70 %. Cela devrait, me
semble-t-il, alléger considérablement la facture des propriétaires
concernés.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 64, modifié.
(L'article 64 est adopté.)
Article additionnel après l'article 64
M. le président.
Par amendement n° 375, M. Ralite, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, après l'article
64, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans les départements au sein desquels il existe une ou plusieurs communes
ou arrondissements, dans le cas des communes de Paris, Lyon, Marseille
présentant une proportion élevée d'enfants touchés par la saturnisme, il est
créé une section à la conférence prévue à l'article L. 441-1 du code de la
construction et de l'habitation, chargée des relogements d'urgence, qu'ils
soient dus à une intoxication ou à un risque d'intoxication.
« Le préfet, président de cette section, propose la candidature des familles
concernées aux bailleurs sociaux. Afin que l'ensemble des bailleurs et des
communes contribue à la solidarité envers les familles touchées par le
saturnisme, la répartition des propositions de candidatures doit impérativement
veiller à la mixité sociale des ensembles immobiliers des quartiers et des
villes. »
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Cet amendement tire les conséquences logiques de la nouvelle orientation qui
préside à la lutte contre le développement de cette affection qu'est le
saturnisme.
Il s'agit, en l'occurrence, de faire en sorte que le cas des familles frappées
par ce mal soit pris en compte de manière prioritaire par la politique
d'attribution de logements des organismes bailleurs.
Cette priorité est, pour notre part, caractérisée dans notre amendement par la
constitution, au sein de la conférence intercommunale du logement, d'une
section spécialisée chargée notamment d'instruire les demandes de relogement de
ces familles.
On connaît les nombreuses conséquences désastreuses pour la santé infantile
d'une exposition massive : troubles du comportement, épilepsie, cécité,
paralysie des membres inférieurs, etc.
Même une exposition à faible dose - nous en avons discuté avec la section de
l'INSERM qui étudie ces questions - peut avoir de nombreuses conséquences
néfastes : perte de QI de quatre à quinze points, baisse des facultés verbales,
perceptivomotrices, pour n'en évoquer que quelques-unes.
Il s'agit, par ailleurs, comme nous l'avons précisé dans le second alinéa de
cet amendement, de faire en sorte que les relogements considérés puissent
participer de la démarche de mixité sociale aujourd'hui mise en exergue dans le
cadre de la politique du logement.
Nous n'oublions pas que, très souvent, ceux qui sont victimes du saturnisme,
sous sa forme la plus grave, subissent par ailleurs de nombreux autres
problèmes : de précarité, de chômage.
Le souci de veiller à une mixité sociale en cas de relogement des familles
victimes du saturnisme correspond à une volonté de ne pas s'arrêter au seul
traitement sanitaire. La mettre en oeuvre, c'est aussi contribuer à l'inversion
du processus d'exclusion dont ces familles sontvictimes.
De plus, la prise en charge des personnes exposées au risque saturnin doit
être un devoir national. C'est pourquoi, lorsqu'une commune ou un
arrondissement compte un grand nombre d'immeubles contenant du plomb, il est
nécessaire de prévoir le relogement des familles dans d'autres villes. Ainsi,
si un organisme doit reloger de nombreux ménages, le préfet doit solliciter
d'autres bailleurs, afin de garantir un appartement respectant les normes
sanitaires et la constitution de la famille.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à
adopter cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il a semblé à la commission que cet amendement était
satisfait par la législation en vigueur. L'article 4 de la loi que M. le
secrétaire d'Etat a des raisons personnelles de bien connaître spécifie que les
personnes exposées au risque de saturnisme sont déjà prioritaires pour
l'attribution des logements sociaux - personnes logées dans des habitations
insalubres, précaires ou de fortune.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
J'ajoute que les dispositions qui seront prises impliqueront forcément une
mobilisation. Une vraie campagne sera conduite et donc une volonté de mobiliser
toutes les capacités nécessaires pour concourir à l'objectif décidé
s'exprimera.
M. le rapporteur a rappelé ce qu'il était possible de faire aujourd'hui. Il y
a aussi les publics prioritaires des plans départementaux pour le logement des
personnes défavorisées. Les familles et les enfants exposés au risque saturnin
sont bien évidemment compris dans ces publics prioritaires. Par ailleurs, des
accords départementaux sont prévus avec les organismes d'HLM. Ce sont les
dispositions de l'article L. 441-1-2 du code de la construction et de
l'habitation que doivent ensuite décliner concrètement les conférences
intercommunales prévues à l'article L. 411-1-5 du même code.
Il semble donc au Gouvernement qu'à l'occasion des campagnes qui seront
organisées pour mettre en application ce nouveau dispositif tous ces éléments
seront bien portés à la connaissance des préfets. C'est d'ailleurs par eux que
ces mobilisations pourront intervenir, que ce soit directement au titre de
leurs contingents réservés, de leurs possibilités d'action sur les moyens des
plans départementaux pour le logement des défavorisés ou à l'occasion de leurs
relations avec les organismes bailleurs.
Le souci légitime qui est le vôtre, monsieur le sénateur, c'est que tout cela
fonctionne mieux et, bien évidemment, il n'y aurait pas de cohérence avec
l'adoption de ce dispositif si, dans le même temps, des rappels très pressants
n'étaient pas faits dans le sens de la mobilisation de ces dispositions.
Voilà, monsieur le sénateur, ce que je souhaitais vous répondre pour vous
indiquer que, bien évidemment, le Gouvernement partage complètement
l'inspiration de l'amendement n° 375 et qu'il en tiendra compte dans les
directives qu'il donnera pour le bon fonctionnement du dispositif s'il est
adopté.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 375.
M. Jack Ralite.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
A Aubervilliers, je connais bien les textes évoqués tant par M. le secrétaire
d'Etat que par M. le président de la commission. Nous les suivons même avec
vigilance et, franchement, on ne peut pas se plaindre de ne pas être soutenu
par les préfets, le préfet actuel comme celui qui l'a précédé. Mais
l'expérience prouve que ce soutien est parfaitement inefficace. En effet,
s'agissant du saturnisme, jamais, depuis que je suis maire, je n'ai obtenu de
relogement extérieur !
Il me semble que c'est un peu comme construire ou non des logements sociaux.
Il y a des villes qui se paient le droit de ne pas en construire. Se payer de
la morale, quel monde ! Dans le cas du saturnisme, il y en a qui se paient de
refuser, malgré la loi !
L'objet de notre amendement est de dire : il y a des textes qui ne sont pas
appliqués, nous allons vous obliger à les appliquer. A l'instar du code de la
route, c'est un instrument non pas de coercition mais de liberté : on est libre
de conduire mais que d'accidents il y aurait sans le code de la route ! Eh
bien, en matière de logements, on est libre, mais que d'accidents de santé il y
aura si l'on n'observe pas de code ! Ce code doit donc être appliqué et, me
semble-t-il, indépendamment de toute volonté gouvernementale.
En l'espèce, je connais suffisamment M. le secrétaire d'Etat pour savoir que
cette volonté, il la manifestera dans les temps qui viennent : je lui fais
confiance.
Cela dit, je tiens à maintenir cet amendement. Il faut qu'il soit inscrit
quelque part qu'il y a une solidarité intercommunale, une solidarité
régionale.
J'ai entre les mains un petit document sur les neuf villes qui entourent la
mienne. Je sais qu'elles ont un coeur gros comme çà, mais cela ne résoudra pas
le problème parce que, compte tenu de l'inertie générale, elles sont submergées
par les demandes de relogement impossibles à satisfaire. Nous sommes plus en
état d'urgence. Cet amendement vise à nous en faire sortir.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 375, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 65
M. le président.
« Art. 65. - I. - L'article 225-16 du code pénal est complété par un 3° ainsi
rédigé :
« 3° La confiscation du fonds de commerce destiné à l'hébergement de personnes
et ayant servi à commettre l'infraction prévue à l'article 225-14. »
« II. - L'article 225-19 du même code est complété par un 5° ainsi rédigé :
« 5° La confiscation du fonds de commerce destiné à l'hébergement de personnes
et ayant servi à commettre l'infraction prévue à l'article 225-14. »
« III. - L'article 34 de la loi du 17 mars 1909 relative à la vente et au
nantissement des fonds de commerce est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "utilisé pour la prostitution" sont
supprimés et les mots : "en application des articles 225-22 du code pénal" sont
remplacés par les mots : "en application des articles 225-16, 225-19 et 225-22
du code pénal" ;
« 2° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« Les sûretés inscrites après la date de la mention de l'engagement des
poursuites pour l'une des infractions visées au premier alinéa sont nulles de
plein droit, sauf décision contraire du tribunal. »
« IV. - Dans le code de la construction et de l'habitation, il est inséré un
article L. 651-10 ainsi rédigé :
«
Art. L. 651-10
. - I. - Lorsqu'à l'occasion de poursuites exercées sur
le fondement de l'article 225-14 du code pénal il est avéré que la continuation
de l'exploitation d'un établissement d'hébergement des personnes est contraire
aux prescriptions du règlement sanitaire départemental ou est susceptible de
porter atteinte à la dignité humaine ou à la santé publique, l'autorité
administrative compétente peut saisir sur requête le président du tribunal de
grande instance ou le magistrat du siège délégué par lui, aux fins de faire
désigner un administrateur provisoire pour toute la durée de la procédure ; les
organismes intervenant dans le domaine de l'insertion par le logement agréés
par le préfet peuvent être désignés en qualité d'administrateur provisoire.
« II. - Le ministère public porte à la connaissance du propriétaire de
l'immeuble et du propriétaire du fonds dans lequel est exploité l'établissement
visé au I l'engagement des poursuites ainsi que les décisions de désignation
d'un administrateur provisoire ou de confiscation intervenues. Il fait
mentionner la décision de confiscation au registre du commerce et des sociétés
et aux registres sur lesquels sont inscrites les sûretés. Les modalités
d'application de cette information sont déterminées par décret en Conseil
d'Etat.
« III. - Lorsque la personne titulaire de la licence de débit de boissons ou
de restaurant ou propriétaire du fonds de commerce dans lequel est exploité un
établissement visé au I n'est pas poursuivie, les peines complémentaires
prévues aux articles 225-16 (2° et 3°) et 225-19 (3° et 5°) du code pénal ne
peuvent être prononcées, par décision spéciale et motivée, que s'il est établi
que cette personne a été citée à la diligence du ministère public avec
indication de la nature des poursuites exercées et de la possibilité pour le
tribunal de prononcer ces peines. Cette personne peut présenter ou faire
présenter par un avocat ses observations à l'audience. Si elle use de cette
faculté, elle peut interjeter appel de la décision prononçant l'une de ces
peines complémentaires.
« IV. - La décision qui prononce la confiscation du fonds de commerce entraîne
le transfert à l'Etat de la propriété du fonds confisqué et emporte subrogation
de l'Etat dans tous les droits du propriétaire du fonds. »
Par amendement n° 190, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, dans le paragraphe I du texte présenté par le IV de cet article pour
l'article L. 651-10 du code de la construction et de l'habitation, après les
mots : « les organismes intervenant dans le domaine de l'insertion par le
logement agréés », d'insérer les mots : « à cette fin ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
C'est un amendement qui s'inspire de la maxime
selon laquelle ce qui va sans dire va mieux en le disant. C'est ce que nous
essayons de faire, en précisant un point très particulier.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 190, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 65, ainsi modifié.
(L'article 65 est adopté.)
Article 66
M. le président.
« Art. 66. - I. - L'article L. 353-20 du code de la construction et de
l'habitation est ainsi rédigé :
«
Art. L. 353-20
. - Nonobstant toutes dispositions ou stipulations
contraires, les bailleurs autres que les organismes d'habitations à loyer
modéré mentionnés à l'article L. 353-14 peuvent louer les logements régis par
une convention conclue en application de l'article L. 351-2 aux centres
communaux d'action sociale, aux organismes et associations mentionnés au
premier alinéa de l'article L. 442-8-1 et aux associations ou établissements
publics mentionnés à l'article L. 442-8-4.
« Les sous-locataires sont assimilés aux locataires, dans la mesure et dans
les conditions prévues par le présent article.
« Les sous-locataires sont assimilés à des locataires pour bénéficier de
l'aide personnalisée au logement prévue par l'article L. 351-1.
« Les dispositions de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 précitée sont
applicables au contrat de sous-location dans les conditions prévues au III de
l'article 40 de cette loi.
« Les dispositions des conventions mentionnées à l'article L. 351-2 prévues
aux huitième, neuvième, dixième et onzième alinéas de l'article L. 353-2
s'appliquent aux contrats de sous-location.
« Toutefois les locataires peuvent donner congé à tout moment à leurs
sous-locataires :
« 1° Occupant un logement au titre du premier alinéa de l'article L. 442-8-1
après le refus d'une offre de relogement définitif correspondant à leurs
besoins et leurs possibilités ;
« 2° Occupant un logement au titre de l'article L. 442-8-4 dès lors qu'ils ne
répondent plus aux conditions pour être logés par ces personnes morales telles
que précisées dans le contrat de sous-location. »
« II. - L'article L. 442-8-1 du même code est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, après le mot : "sous-louer", sont insérés les mots :
"meublés ou non meublés" ;
« 2° Le troisième alinéa est supprimé.
« III. - L'article L. 442-8-2 du même code est ainsi rédigé :
«
Art. L. 442-8-2
. - Les sous-locataires sont assimilés aux locataires,
dans la mesure et dans les conditions prévues par le présent article.
« Les sous-locataires mentionnés à l'article L. 442-8-1 sont assimilés à des
locataires pour bénéficier des allocations de logement visées aux articles L.
542-1 et L. 831-1 du code de la sécurité sociale et de l'aide personnalisée au
logement prévue par l'article L. 351-1 du présent code.
« Les dispositions de la loi n° 89 462 du 6 juillet 1989 précitée sont
applicables au contrat de sous-location dans les conditions prévues au I et au
III de l'article 40 de cette loi.
« Les dispositions des articles L. 441-3 à L. 442-5 ainsi que celles relatives
au niveau de ressources prévues à l'article L. 441-1 du présent code, et les
dispositions des chapitres 1er et VI du titre Ier, des articles 74 et 75, et du
premier alinéa de l'article 78 de la loi n° 48-1360 du 1er septembre 1948 sont
applicables aux contrats de sous-location des logements loués dans les
conditions mentionnées au premier alinéa de l'article L. 442-8-1, pendant la
durée du contrat de location principal. A tout moment, les sous-locataires
perdent le bénéfice du droit au maintien dans les lieux après le refus d'une
offre de relogement définitif correspondant à leurs besoins et à leurs
possibilités.
« Les dispositions des articles L. 442-1 à L. 442-6 ne sont pas applicables
aux contrats de sous-location conclus en application du deuxième alinéa de
l'article L. 442-8-1. »
Par amendement n° 276 rectifié, MM. Descours, Paul Girod et Braun proposent de
rédiger comme suit les sixième, septième et huitième alinéas du texte présenté
par cet article pour l'article L. 353-20 du code de la construction et de
l'habitation :
« Toutefois les centres communaux d'action sociale et les organismes et
associations mentionnés au premier alinéa de l'article L. 442-8-1 peuvent
donner congé à tout moment à leurs sous-locataires après le refus d'une offre
de relogement définitif correspondant à leurs besoins et à leurs
possibilités.
« Toutefois les associations ou établissements publics mentionnés à l'article
L. 442-8-4 peuvent donner congé à tout moment à leurs sous-locataires dès lors
qu'ils ne répondent plus aux conditions pour être logés par ces personnes
morales telles que précisées dans le contrat de sous-location.
« Les sous-locations peuvent être effectuées meublées ou non meublées. »
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
En effet, les articles L. 442-8-1 et L. 442-8-4 du code de la construction et
de l'habitation ne sont applicables qu'aux organismes d'HLM.
Afin d'aligner les dispositions relatives à la sous-location des logements
conventionnés sur celles qui sont envisagées pour la sous-location de logements
HLM, il est proposé de modifier la rédaction de l'article L. 353-20 du code de
la construction et de l'habitation, en tenant compte du fait que les
dispositions des articles L. 442-8-1 et L. 442-8-4 du code de la construction
et de l'habitation ne sont pas applicables à l'ensemble des logements
conventionnés.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 276 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 376, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le septième alinéa du
texte présenté par le I de l'article 66 pour l'article L. 353-20 du code de la
construction et de l'habitation, après le mot : « refus », d'insérer les mots :
« sans motif légitime et sérieux ».
La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade.
Cet amendement concerne l'offre de relogement. Il apporte une précision
nécessaire. En effet, la personne bénéficiant d'une proposition de relogement
ne doit pas être pénalisée par rapport à un autre demandeur de logement. Si le
nouvel appartement qui lui est proposé ne répond à ses besoins ou ne respecte
pas les normes sanitaires, il doit pouvoir le refuser.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Il est prévu, dans cet article 66, que les locataires peuvent
donner congé à tout moment à leurs sous-locataires, notamment lorsque ceux-ci
ont refusé une offre de relogement définitif correspondant à leurs besoins et à
leurs possibilités. Il offre donc un certain nombre de garanties.
Si l'on introduit la possibilité d'un refus pour « motif légitime et sérieux
», on risque de fausser tout le dispositif à l'avantage des sous-locataires de
mauvaise foi.
C'est pourquoi la commission ne peut donner un avis favorable sur cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement aurait été très heureux de pouvoir
conclure la discussion du volet "logement" de ce projet de loi par un avis
favorable, d'autant qu'il s'agit d'un amendement présenté par un membre de
cette Haute Assemblée qui s'est impliquée, avec beaucoup de compétence, de
ténacité et de courtoisie dans le débat. Il aurait aimé lui en manifester sa
reconnaissance.
Au demeurant, il appelle l'attention des rédacteurs de l'amendement sur le
fait que la sous-location d'un logement conventionné est par nature temporaire
et doit s'inscrire dans un parcours résidentiel.
Il appartient donc à l'association locataire de proposer aux sous-locataires
des logements définitifs au fur et à mesure qu'elle peut mobiliser des
opportunités. Il se trouve que le bénéficiaire peut refuser le logement proposé
s'il ne correspond pas à ses besoins et possibilités.
En ajoutant d'autres motifs de refus, on exposerait les associations à
endosser la réputation de ne pas gérer avec la mobilité promise les logements
dont elles auraient la maîtrise, ce qui compromettrait ou, pour le moins,
compliquerait pas mal leur action.
Dans la mesure où, d'ores et déjà, existe cette possibilité de refuser le
nouveau logement, je pense que l'amendement est satisfait au fond même s'il
n'est pas retenu dans sa lettre.
M. le président.
Madame Terrade, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Odette Terrade.
Monsieur le président, j'ai entendu l'appel du Gouvernement et, pour bien
terminer ces deux rudes journées de débat sur une question aussi importante que
celle du logement, notre groupe retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 376 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 66, modifié.
(L'article 66 est adopté.)
Article 67
M. le président.
« Art. 67. - I. - Dans le titre III du livre VI du code de la construction et
de l'habitation, le chapitre unique devient le chapitre 1er, intitulé :
"Dispositions générales".
« II. - Il est créé, au même titre, un chapitre II ainsi rédigé :
« Chapitre II
« Mesures relatives à la protection
des occupants de certains meublés
«
Art. L. 632-1
. - Toute personne qui loue un logement meublé à un
bailleur louant habituellement plus de quatre logements meublés, que la
location s'accompagne ou non de prestations secondaires, a droit à
l'établissement d'un contrat écrit d'une durée d'un an dès lors que le logement
loué constitue sa résidence principale. A l'expiration de ce contrat, le bail
est tacitement reconduit pour un an sous réserve des dispositions suivantes.
« Le bailleur qui souhaite, à l'expiration du contrat, en modifier les
conditions doit informer le locataire avec un préavis de trois mois. Si le
locataire accepte les nouvelles conditions, le contrat est renouvelé pour un
an.
« Le bailleur qui ne souhaite pas renouveler le contrat doit informer le
locataire en respectant le même préavis et motiver son refus de renouvellement
du bail.
« Lorsque le bailleur est titulaire d'un bail commercial venant à expiration
ou lorsque la cessation d'activité est prévue, le contrat peut être d'une durée
inférieure à un an et doit mentionner les raisons et événements
justificatifs.
« Toutefois, si le bail commercial est renouvelé ou si l'activité est
poursuivie, la durée du contrat est portée à un an.
« Le locataire peut résilier le contrat à tout moment sous réserve du respect
d'un préavis d'un mois.
«
Art. L. 632-2
. - Lorsque le bailleur, propriétaire ou gérant du fonds
doit, pour quelque motif que ce soit, cesser son activité, il en informe les
locataires titulaires du contrat mentionné à l'article L. 632-1 trois mois au
moins avant la date à laquelle la cessation d'activité est prévue. Sauf cas de
force majeure ou de mise en oeuvre de la procédure de redressement judiciaire
prévue par la loi n° 85-98 du 25 janvier 1985, la cessation d'activité ne peut
avoir lieu avant l'expiration des contrats en cours de validité ou avant le
relogement des locataires titulaires desdits contrats. Si, en dépit de la
cessation d'activité du bailleur, les locaux gardent leur destination première,
le contrat de bail est tacitement reconduit. Si, en revanche, la cessation
d'activité est due à une opération d'urbanisme ou d'aménagement, les occupants
doivent être relogés aux frais de l'opérateur dans les conditions prévues aux
articles L. 314-1 et L. 314-2 du code de l'urbanisme.
«
Art. L. 632-3
. - Les dispositions du présent chapitre ne s'appliquent
pas aux logements-foyers ni aux logements faisant l'objet d'une convention avec
l'Etat portant sur leurs conditions d'occupation et leurs modalités
d'attribution. »
Sur l'article, la parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite.
Je tiens juste à formuler une remarque très brève sur cet article.
Le fait d'habiter un hôtel meublé ne relève pas d'un choix, c'est souvent une
obligation, et l'on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'un vrai logement !
Ma ville compte 65 hôtels meublés, ce qui représente à peu près 1 000 chambres
et près de 2 000 habitants ; je dois dire que les visites qu'on y fait
fréquemment sont éloquentes !
Cet article 67 ébauche un début de statut pour les hôtels meublés, alors qu'il
n'en existait pas jusqu'à présent ; c'est un progrès que je n'hésite pas à
qualifier de très important.
Je crois qu'il faudra aller plus loin dans l'avenir, mais il s'agit déjà d'un
texte intéressant. Puisqu'un texte sur l'habitat nous sera présenté
prochainement, je souhaite que cette question des hôtels meublés soit
approfondie à cette occasion.
Je voudrais maintenant évoquer une petite aventure qui m'est arrivée récemment
et dont j'ai appris, ce soir, qu'elle se terminait heureusement.
Il existe dans ma commune un hôtel meublé, sis au 70, rue du Landy, dont le
propriétaire, quelles que soient les décisions préfectorales, n'a jamais
entrepris de travaux, et ce malgré les visites fréquentes des services sociaux,
des services d'hygiène et de sécurité et du service technique de la ville.
Voilà quelque temps, une fillette est tombée du troisième étage et s'est
tuée.
Suite à cette tragédie, la famille quitte l'hôtel en question, et, le jour de
son départ, je viens, avec un artisan, faire murer la chambre. Les travaux
n'ayant toujours pas été affectués, on mure de temps en temps une chambre, puis
une autre : nous en sommes à dix-sept ! C'est parfaitement illégal, mais je
fais partie de ceux qui pensent qu'il y a émergence de droits pour les gens qui
n'ont pas de droits, et il s'agit là d'un droit fondamental.
Cette affaire est venue en justice - je vous en avais d'ailleurs parlé - et le
tribunal administratif a dit que je n'avais pas le droit de murer les chambres
- je m'y attendais - mais il n'a quand même pas félicité le propriétaire.
Cela dit, le propriétaire pouvait démurer. Or ce soir, en référé devant le
tribunal de grande instance du département, où j'avais porté l'affaire, le juge
vient de décider que j'avais raison de murer ces chambres, et aux frais du
propriétaire ! Donc, il ne faut jamais désespérer de la loi ni de la justice.
Mais il a fallu plus d'un an d'archarnement pour en arriver là !
Et dans ces villes comme la mienne, qui n'est pas une ville maudite, un «
monde à part », mais qui connaît simplement les drames de la société avec plus
d'acuité qu'ailleurs et donc aussi avec plus d'aptitude à trouver des
solutions, c'est ce que l'ont vit quotidiennement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 67.
(L'article 67 est adopté.)
M. le président.
Nous avons terminé l'examen des dispositions du chapitre III du titre II
relatif au maintien dans le logement.
Mes chers collègues, à la demande du Gouvernement, nous allons aborder
maintenant l'examen des dispositions du chapitre Ier du titre II, relatif au
surendettement.
Chapitre Ier
Procédure de traitement
des situations de surendettement
Article additionnel avant l'article 42
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° 154, est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
Le second, n° 252, est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à insérer, avant l'article 42, un article additionnel ainsi
rédigé :
« L'article L. 321-1 du code de la consommation est complété par un alinéa
ainsi rédigé :
« 3° soit d'intervenir, pour le compte du débiteur, sous quelque forme que ce
soit, pour les besoins de la procédure de surendettement devant la commission.
»
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour présenter
l'amendement n° 154.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
J'indique d'emblée que cet amendement fait partie
de toute une série d'amendements identiques émanant et de la commission des
lois et de la commission des finances.
Nous sommes convenus, M. Loridant et moi-même, de les exposer en
alternance.
L'article additionnel que nous proposons d'insérer avant l'article 42 vise à
prévoir qu'en aucun cas une personne ne pourra se faire payer pour assister un
débiteur devant la commission de surendettement, en dehors bien entendu de
l'aide juridictionnelle dont il pourra bénéficier pour se faire assister d'un
avocat.
Il s'agit de faire en sorte que personne ne puisse profiter de la situation de
détresse d'un surendetté pour recevoir à ses dépens des honoraires ou réaliser
des transactions de caractère commercial qui ne feraient qu'aggraver sa
situation, et ce, bien souvent, sans aucune espèce d'apport positif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 154 et 252
?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur ces amendements identiques ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à
l'artisanat.
Avis favorable. Nous souhaitons exclure les officines de la
gestion des dettes et laisser à la personne concernée la liberté de choisir si
elle veut ou non un avocat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 154 et 252, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 42.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je souhaiterais que l'amendement n° 510 rectifié soit examiné
en priorité avant l'examen de l'article 42.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
La priorité est ordonnée.
Article additionnel après l'article 42
(priorité)
M. le président.
Par amendement n° 510 rectifié, M. Seillier, au nom de la commission des
affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 42, un article
additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 331-3 du code de la consommation est complété,
in fine
,
par un alinéa ainsi rédigé :
« Avec l'accord du demandeur, les services sociaux du département sont, en
tant que de besoin, tenus informés des propositions et des recommandations de
la commission. Le fonds de solidarité pour le logement est également tenu
informé, dans les mêmes conditions, si le surendettement est dû, pour tout ou
pour partie, à des impayés de loyers ou à l'accession à la propriété. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je souhaiterais prendre brièvement la parole afin d'exposer
globalement la position de la commission des affaires sociales sur la question
de la composition de la commission de surendettement et gagner ainsi du temps
sur l'examen des différents amendements relatifs à l'article 42.
La commission des affaires sociales s'en est largement remise, pour l'examen
du volet surendettement du projet de loi, à la commission des lois et à la
commission des finances. Elle s'est réjouie de pouvoir donner un avis favorable
sur les amendements identiques ou communs de ces deux commissions.
Malheureusement, elle s'est trouvée devoir arbitrer entre ces deux commissions
lorsqu'elles avaient des positions contraires. Elle a essayé de le faire avec
tact et mesure.
Telle est la situation à propos de la composition de la commission de
surendettement.
Les deux commissions pour avis ont une préoccupation commune qui est également
celle de la commission des affaires sociales : d'une part, faire en sorte que
le traitement du surendettement et l'environnement social du demandeur ne
s'ignorent pas, d'autre part, ne pas impliquer le département et ses services
sociaux dans le traitement même du surendettement.
En résumé, il convient de proscrire l'utilisation de l'action sociale et des
finances du département pour traiter les questions de surendettement. Il
s'agit, en revanche, de constater que certains dossiers soumis à la commission
de surendettement ne relèvent guère de la compétence de celle-ci ou encore que
les personnes susceptibles d'avoir eu recours à la procédure de surendettement
peuvent par ailleurs trouver une aide utile auprès des services sociaux du
département, voire des fonds de solidarité pour le logement, comme d'ailleurs
auprès d'autres organismes sociaux.
Partant de cette préoccupation commune, la commission des lois et la
commission des finances ont pourtant opté pour des solutions opposées : la
commission des lois souhaite la présence d'un représentant du fonds de
solidarité logement et celle, avec voix seulement consultative, d'un
représentant des services sociaux du département ; la commission des finances
ne souhaite pas la présence du FSL mais souhaite celle d'un représentant des
services sociaux avec voix délibérative.
Ces solutions divergentes soulignent la difficulté de la question, au point
que M. Charasse a souhaité sous-amender l'amendement de la commission des
finances pour préciser que la présence d'un représentant des services sociaux
ne saurait entraîner des charges supplémentaires pour le département.
Partant de ces positions contraires, la commission des affaires sociales a
considéré qu'il était finalement prudent de laisser les services du département
comme le FSL - cofinancé, comme on le sait, par l'Etat et les départements -
totalement en dehors de la commission de surendettement, afin de lever toute
ambiguïté, d'éviter toute confusion des genres et de prévenir toute dérive.
Aussi a-t-elle été conduite, d'une part, à souhaiter le retrait des
amendements tendant à inclure un représentant des services sociaux du
département, quelle que soit la nature de sa voix, et, d'autre part, à émettre
un avis favorable sur les amendements supprimant la présence d'un représentant
du FSL.
En revanche, par l'amendement n° 510 rectifié, elle propose d'organiser, en
tant que de besoin, une information des services sociaux et du FSL.
Cet amendement vise à assurer une meilleure coordination entre la commission
de surendettement, les services sociaux du département et, le cas échéant, le
FSL. Cette coordination est, en effet, actuellement très insuffisante, comme
l'a souligné une enquête de l'ODAS de janvier 1997.
Or le passage devant une commission de surendettement peut permettre de
détecter des personnes en situation difficile, relevant normalement des
services sociaux mais jusque-là ingorées de ceux-ci.
C'est pourquoi cet amendement prévoit que les services sociaux et,
éventuellement, le FSL sont tenus informés des propositions et recommandations
de la commission.
Cette coordination reste cependant souple et protectrice des personnes. D'une
part, la transmission des informations n'est pas systématique ; elle
n'intervient qu'en tant que de besoin. D'autre part, elle est soumise à
l'accord de la personne surendettée, afin de respecter le principe de secret
énoncé à l'article L. 331-11 du code de la consommation.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Il me semble difficile d'accepter cet amendement en
l'état. Le système me paraît en effet extrêmement compliqué dans la mesure où
la commission est obligée de soumettre cette transmission d'information à
l'accord du demandeur.
Dans nos débats en commission, nous avions bien dit les uns et les autres
qu'il était important que les services sociaux soient tenus informés des
situations pour pouvoir intervenir. Or, en fait, aux termes de l'amendement,
c'est le demandeur qui décide s'il a besoin ou non d'un suivi social ou d'une
intervention.
Je comprends ce qui vous a conduit à retenir cette rédaction, monsieur le
rapporteur, mais je ne vois pas comment les commissions de surendettement
pourront appliquer cette disposition.
Il me semblerait plus simple de décider qu'un représentant des services
sociaux est présent et qu'il peut intervenir.
Certes, le président du conseil général ne peut guère être enclin à soumettre
à son assemblée des mesures pouvant se traduire par des dépenses
supplémentaires. Mais ce ne devait pas être le cas, dans notre esprit.
Pour ces différentes raisons, j'émets un avis défavorable.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Le rapporteur de la commission des affaires
sociales a attiré l'attention de la Haute Assemblée sur la divergence
d'appréciation qui existe entre la commission des lois et la commission des
finances.
En vérité, cette divergence d'appréciation porte essentiellement sur le fait
que le représentant des services sociaux, désigné par le président du conseil
général, devrait avoir, selon l'une, voix délibérative, selon l'autre, voix
consultative.
La commission des finances préfère lui donner une voix délibérative, car il ne
lui paraît pas concevable que celui qui est en fait le représentant du conseil
général ne puisse pas participer à la décision.
La commission des finances est néanmoins prête à se rallier à la proposition
de M. Paul Girod, ce qui pourrait peut-être faciliter nos débats.
Je signale, en tant que coauteur, avec notre collègue M. Hyest, d'un rapport
sur le fonctionnement des commissions de surendettement, que nous avions bien
noté l'absolue nécessité d'instaurer un suivi social des personnes qui étaient
passées devant la commission de surendettement, afin que ces dernières puissent
plus facilement résoudre leurs problèmes.
Je regrette, monsieur le rapporteur, que votre proposition ne tende pas à
resserrer les liens avec les services sociaux.
C'est pourquoi, au nom de la commission des finances, je préfère me rallier à
la proposition de la commission des lois.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'objectif de la commission des affaires sociales est clair :
il s'agit d'avoir un système simple, efficace, pratique, qui n'entraîne pas
l'implication des services sociaux sur un terrain où elle n'est pas
compétente.
Je remercie M. Loridant de son intervention, qui permet de clarifier la
situation.
Si le fait de ne pas avoir de représentation du FSL et de prévoir un
représentant des services du conseil général doté d'une voix consultative ou,
mieux encore, comme simple observateur peut résoudre le problème complexe, je
le reconnais, de la transmission en tant que de besoin des conclusions de la
commission de surendettement aux services sociaux du département ou au FSL, je
retire cet amendement, étant entendu que je me rallierai tout à l'heure à la
proposition de la commission des lois.
M. le président.
L'amendement n° 510 rectifié est retiré.
Article 42
M. le président.
« Art. 42. - Le deuxième alinéa de l'article L. 331-1 du code de la
consommation est ainsi rédigé :
« Elle comprend le représentant de l'Etat dans le département, président, le
trésorier-payeur général, vice-président, le directeur des services fiscaux.
Chacune de ces personnes peut se faire représenter, par un seul et même
délégué, dans des conditions fixées par décret. La commission comprend
également le représentant local de la Banque de France, qui en assure le
secrétariat, ainsi que trois personnalités choisies par le représentant de
l'Etat dans le département, la première sur proposition de l'Association
française des établissements de crédit et des entreprises d'investissement, la
deuxième sur proposition des associations familiales ou de consommateurs, la
troisième sur proposition du fonds de solidarité pour le logement parmi les
représentants des locataires ou, à défaut, un membre du conseil départemental
de la consommation représentant les locataires. »
Sur l'article, la parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade.
Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen se réjouissent que
le surendettement soit traité dans ce projet de loi de lutte contre les
exclusions.
Chacun veut bien reconnaître aujourd'hui que le phénomène de surendettement a
profondément changé de nature. L'avènement d'un « surendettement passif », lié
à la baisse tendancielle des ressources des ménages depuis vingt ans a provoqué
une accélération des procédures de traitement du surendettement par les
commissions instituées par la loi du 31 décembre 1989.
Selon nous, c'est davantage l'ampleur du phénomène qui a révélé à tous cet
aspect qualitatif du surendettement, pourtant repérable dès 1989.
A ce propos, je rappellerai ici ce que disait notre collègue Charles Lederman
à cette même tribune, lors du débat sur la loi Neiertz : « Incontestablement,
la cause première, la cause essentielle du surendettement des ménages réside
dans la baisse globale et constante du pouvoir d'achat des salariés au cours
des dix dernières années. » Cela apparaît aujourd'hui comme une évidence, et
tous les rapports en font état.
L'accroissement d'un chômage structurel, la virulence de la crise économique,
les choix budgétaires opérés par les gouvernements successifs n'ont fait que
favoriser le recours au crédit, d'une part, et amenuiser les capacités
financières des ménages, d'autre part.
A qui profite le surendettement ? Essentiellement aux établissements bancaires
et autres organismes de crédit à la consommation qui prospèrent sur la
précarisation de personnes financièrement fragilisées et désorientées.
Il est donc difficile, selon nous, de s'attaquer au surendettement sans, au
préalable, engager une réforme profonde du système bancaire dans son ensemble
et sans donner plus de pouvoir d'achat aux salariés de ce pays.
Le texte ne nous paraît pas prendre en compte la nécessaire prévention du
surendettement. Nous souhaitons insister sur cette dimension préventive en
proposant de plafonner les taux d'intérêt applicables aux opérations de
location avec option d'achat sur les biens de consommation courante. Il s'agit
de placer des garde-fous contre certaines pratiques perverses qui consistent à
leurrer les consommateurs les plus démunis.
Par ailleurs, nous proposons d'exonérer les débiteurs insolvables des frais de
justice en cas de saisie immobilière.
La situation de surendettement doit en effet être appréciée en intégrant des
frais qui, pour être jugés subalternes, n'en grèvent pas moins gravement les
budgets.
Certaines revendications anciennes des associations de consommateurs se voient
satisfaites dans ce texte.
Je pense tout d'abord à la définition du « reste à vivre ». C'est une notion
que l'Assemblée nationale a considérablement améliorée, en fixant un plancher
de ressources égal au RMI. Désormais, c'est le montant des mensualités de
remboursement qui sera subordonné à ce seuil, les ressources nécessaires pour
vivre dignement n'étant plus considérées comme un résidu.
D'autre part, la mise en place d'un moratoire des dettes sur une période de
trois ans au plus, pouvant déboucher sur une réduction, voire un effacement de
la dette correspond aux attentes des ménages englués dans les procédures de
surendettement. C'est en effet la seule possibilité, dans certains cas, de
redonner aux personnes concernées de nouvelles perspectives de vie.
Enfin, la discussion générale l'a montré, des divergences existent sur la
pertinence de la décision de l'Assemblée nationale tendant à inclure les dettes
fiscales et parafiscales dans le champ des mesures recommandées.
Je souscris à l'argument de notre collègue et ami Paul Loridant lorsqu'il met
en avant le risque d'une confusion dangereuse entre dettes privées et dettes
fiscales.
J'ai également été très sensible à l'argumentation développée mardi par Mme
Lebranchu. Les trois dispositions que vous avez rappelées, madame la secrétaire
d'Etat, répondent, en partie, à nos inquiétudes.
Toutefois, je ne peux m'empêcher de me mettre à la place de la personne
surendettée qui bénéfice d'un plan de redressement. Que deviendra son « reste à
vivre » si l'ensemble de ses dettes n'est pas pris en compte ? Le risque est
grand, alors, de voir ce minimum vital se transformer en un acquis virtuel. Or
le texte que nous discutons doit impérativement améliorer concrètement la vie
extrêmement dure des plus démunis de nos concitoyens.
De plus, la personne surendettée est-elle toujours en mesure d'accomplir de
nouvelles démarches, cette fois-ci en direction des administrations ? La
recherche d'une simplification des procédures doit être présente dans l'esprit
du législateur.
Enfin, notre groupe a déposé plusieurs amendements tendant à protéger le
débiteur, avec le souci constant de le placer sur un pied d'égalité avec le
créancier devant la commission.
C'est donc avec un esprit constructif que nous abordons ce volet «
surendettement », afin de permettre aux ménages surendettés de sortir
définitivement de la spirale de l'exclusion.
M. Paul Girod
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Puisque nous parvenons à un accord entre la
commission des affaires sociales, la commission des finances et la commission
des lois sur la présence, avec voix consultative, au sein de la commission de
surendettement, d'un représentant des services sociaux du département désigné
par le président du conseil général, ce que prévoit l'amendement n° 156, je
demande que celui-ci soit examiné en priorité.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur cette demande de priorité ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Louis Besson,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
La priorité est ordonnée.
Dans ces conditions, je vais également appeler, en discussion commune avec
l'amendement n° 156, les quatre amendements qui portent sur la première phase
du texte proposé par l'article 42 pour le deuxième alinéa de l'article L. 331-1
du code de la consommation.
Par amendement n° 156, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de compléter le texte présenté par l'article 42 pour l'article L. 331-1
du code de la consommation par un alinéa ainsi rédigé :
« Siège également au sein de la commission, avec voix consultative, un
représentant des services sociaux du département désigné par le président du
conseil général. »
Par amendement n° 253, M. Loridant, au nom de la commission des finances,
propose, dans la première phrase du texte présenté par l'article 42 pour le
deuxième alinéa de l'article L. 331-1 du code de la consommation, après le mot
: « vice-président, », d'insérer les mots : « un représentant qualifié des
services du département nommé par le président du conseil général, avec voix
délibérative, ».
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement, n° 271, présenté par M.
Charasse et tendant à compléter le texte présenté par l'amendement n° 253 pour
insérer des dispositions dans la première phrase du deuxième alinéa de
l'article L. 331-1 du code de la consommation par les mots : « sans qu'il
puisse résulter de cette participation des charges supplémentaires obligatoires
pour les collectivités locales et les organismes sociaux qui en dépendent. »
Par amendement n° 291 rectifié
bis
, M. Hyest et les membres du groupe
de l'Union centriste proposent, dans la première phrase du texte présenté par
l'article 42 pour le deuxième alinéa de l'article L. 331-1 du code de la
consommation, après le mot : « vice-président, », d'insérer les mots : « un
représentant des services sociaux du département nommé par le président du
conseil général, avec voix délibérative, »
Par amendement n° 313, Mmes Dérycke, Dieulangard, Printz, MM. Huguet,
Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent,
dans la première phrase du texte présenté par l'article 42 pour le deuxième
alinéa de l'article L. 331-1 du code de la consommation, après le mot : «
vice-président, », d'insérer les mots : « un représentant des services sociaux
du département nommé par le président du conseil général, avec voix
consultative, »
Par amendement n° 361, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du
texte présenté par l'article 42 pour le deuxième alinéa de l'article L. 331-1
du code de la consommation, après les mots : « vice-président, », d'insérer les
mots : « un représentant des services sociaux du département nommé par le
président du conseil général, avec voix délibérante, »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour présenter
l'amendement n° 156.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Monsieur le président, je souhaite rectifier cet
amendement.
Le texte de l'alinéa proposé serait le suivant : « Est présent également en
observateur au sein de la commission un représentant des services sociaux du
département désigné par le président du conseil général. »
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement, n° 156 rectifié, présenté par M. Paul
Girod, au nom de la commission des lois, et tendant à compléter le texte
proposé par l'article 42 pour l'article L. 331-1 du code de la consommation par
un alinéa ainsi rédigé :
« Est présent également en observateur au sein de la commission un
représentant des services sociaux du département désigné par le président du
conseil général. »
Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je voudrais attirer l'attention sur deux points.
D'abord, bien souvent, un surendetté est passé, en le sachant ou sans le
savoir, à côté de possibilités de se dégager de sa situation. Or ce n'est
certainement pas le représentant de la succursale de la Banque de France qui
est le mieux informé à cet égard. Par conséquent, il ne nous semble pas
ridicule qu'un représentant des service sociaux du département puisse informer
la commission qu'il existe éventuellement d'autres moyens que la procédure du
surendettement.
Ensuite, deuxième aspect des choses, il pourra être nécessaire de mettre en
place un suivi, madame le secrétaire d'Etat. On sera alors obligé d'obtenir
l'accord du surendetté, car tous les membres de la commission sont tenus au
secret professionnel, qu'ils soient présents à titre d'observateur ou qu'ils
aient voix délibérative.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Absolument !
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'accord du surendetté sera nécessaire pour que
l'on puisse diffuser à l'extérieur les renseignements correspondant à ce qui se
sera passé au sein de la commission.
Dans le même temps, il est hors de question d'envisager que les finances
départementales puissent être en quoi que ce soit concernées par les
conclusions de la commission de surendettement. Il est également hors de
question que, parce qu'ils auront une voix même seulement consultative, comme
je l'avais un instant envisagé, les services sociaux du département, et par
conséquent le conseil général, se trouvent engagés dans la solution du problème
soumis à la commission de surendettement.
La disposition que je propose répond à ce double souci, à savoir le repérage
de la solution sociale possible, avec, éventuellement, un suivi social et la
protection des finances départementales.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Nous progressons vers une solution plus satisfaisante. Nous
pourrions d'ailleurs affiner encore la rédaction en précisant qu'un
représentant des services sociaux est invité à participer aux travaux de la
commission.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Oui !
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Ainsi, il sera libre de venir ou de ne pas venir.
Par ailleurs, il conviendrait de prendre en compte le sous-amendement n°
271...
M. le président.
Messieurs les rapporteurs, je vous propose d'interrompre nos travaux quelques
instants, afin que vous élaboriez un texte, ce qui nous permettra de débattre
dans la clarté.
(MM. les rapporteurs font un signe d'assentiment.)
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue le samedi 13 juin 1998 à zéro heure trente, est reprise
à zéro heure trente-cinq.)
M. le président.
La séance est reprise.
Je suis saisi d'un amendement n° 156 rectifié
bis
, présenté par M. Paul
Girod, au nom de la commission des lois, et tendant à compléter le texte
présenté par l'article 42 pour l'article L. 331-1 du code de la consommation
par un alinéa ainsi rédigé :
« Peut participer également en observateur aux travaux de la commission un
représentant des services sociaux du département désigné par le président du
conseil général sans qu'il puisse résulter de cette participation des charges
supplémentaires obligatoires pour les collectivités locales et les organismes
sociaux qui en dépendent. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement a été élaboré en concertation avec
les rapporteurs des deux autres commissions
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 156 rectifié
bis
?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cette rédaction me comble, monsieur le président.
(Sourires.)
En conséquence, je demande à leurs auteurs de bien vouloir
retirer l'amendement n° 253, le sous-amendement n° 271 et les amendements n°s
291 rectifié
bis,
313 et 361, au profit de l'amendement n° 156 rectifié
bis.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 156 rectifié
bis
?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est lui aussi comblé, et il remercie
la Haute Assemblée et MM. les rapporteurs. En effet, nous répondons exactement
au souci qui avait animé le Gouvernement au moment de la rédaction du texte,
puisqu'il s'agissait de répondre à des voeux émis largement par des services
sociaux départementaux, lesquels souhaitaient pouvoir être informés. Nous
approuvons donc tout à fait la rédaction proposée.
M. le président.
L'amendement n° 253 est-il maintenu ?
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 253 est retiré et le sous-amendement n° 271 n'a plus
d'objet.
Monsieur Tui, l'amendement n° 291 rectifié
bis
est-il maintenu ?
M. Basile Tui.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 291 rectifié
bis
est retiré.
Qu'en est-il de l'amendement n° 313 ?
Mme Dinah Derycke.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 313 est retiré.
Et l'amendement n° 361 ?
Mme Odette Terrade.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 361 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 156 rectifié
bis
.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Je me réjouis de l'accord intervenu sur ce
texte.
Si je reprends la parole, c'est simplement pour que l'on comprenne bien
l'intention du législateur. Il s'agit bien, pour moi comme pour mon collègue M.
Jean-Jacques Hyest, d'insister auprès des services sociaux du département et,
d'ailleurs, des autres services sociaux, afin que, une fois que les plans de
surendettement ont été élaborés et que les personnes repartent dans leurs
communes, elles ne soient pas laissées à l'abandon.
Il n'est pas du rôle de la Banque de France, qui aura élaboré ce plan, de
suivre socialement les personnes qui en bénéficient. Or, nous avons bien
relevé, avec mon collègue Jean-Jacques Hyest, qu'il est nécessaire, si l'on
veut que ces plans réussissent et que les personnes se réinsèrent, qu'un réel
travail social soit effectué.
J'insiste, notre intention est bien de faire en sorte que, bien sûr avec
l'accord des personnes concernées, puisqu'il s'agit de respecter les libertés
individuelles, ces personnes soient bien suivies par les services sociaux afin
qu'elles aient les meilleures chances de se réinsérer dans notre société.
Mme Dinah Derycke.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Nous avons donné notre accord à la nouvelle rédaction proposée parce qu'elle
reprend dans l'esprit, là aussi, ce que nous souhaitions, puisque nous voulions
la présence effective d'un représentant du président du conseil général avec
voix consultative, mais dans l'esprit qui vient d'être dit par M. Loridant. Est
repris également le sous-amendement de notre collègue Michel Charasse.
C'est pourquoi nous voterons cette nouvelle rédaction.
M. Basile Tui.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Tui.
M. Basile Tui.
Nous nous rallions aux déclarations de M. Loridant et nous voterons donc cet
amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 156 rectifié
bis
, accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° 254 est présenté par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
L'amendement n° 293 est proposé par M. Hyest et les membres du groupe de
l'Union centriste.
L'amendement n° 314 est présenté par Mmes Derycke, Dieulangard, Printz et MM.
Huguet, Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés.
Tous trois tendent, dans la dernière phrase du texte proposé par l'article 42
pour le deuxième alinéa de l'article L. 331-1 du code de la consommation :
A. - A remplacer le chiffre « trois » par le chiffre « deux » ;
B. - A supprimer les mots : « , la troisième sur proposition du fonds de
solidarité pour le logement parmi les représentants des locataires ou, à
défaut, un membre du conseil départemental de la consommation représentant les
locataires ».
Par amendement n° 155, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, à la fin de la dernière phrase du texte présenté par l'article 42 pour
l'article L. 331-1 du code de la consommation, de supprimer les mots : « parmi
les représentants des locataires ou, à défaut, un membre du conseil
départemental de la consommation représentant les locataires ».
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'amendement n° 156 rectifié
bis
ayant été
adopté, je retire l'amendement n° 155 au profit de l'amendement n° 254.
M. le président.
L'amendement n° 155 est retiré.
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement
n° 254.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
L'Assemblée nationale a estimé que la composition
actuelle de la commission de surendettement ne permettait pas d'assurer le lien
nécessaire avec les organismes chargés du logement, et notamment les
représentants des locataires. Elle a donc ajouté une troisième personnalité
choisie par le représentant de l'Etat dans le département sur proposition du
fonds de solidarité pour le logement parmi les représentants des locataires ou,
à défaut, un membre du conseil départemental de la consommation représentant
les locataires.
La commission des finances estime que cette présence n'est pas forcément utile
puisque, fort heureusement, les surendettés ne sont pas tous des exclus qui
éprouvent de grandes difficultés pour se loger. En outre, cette présence risque
d'alourdir les prises de décision de la commission de surendettement.
C'est pourquoi nous proposons, par cet amendement, de ne pas retenir le
représentant du FSL comme membre de la commission de surendettement.
M. le président.
La parole est à M. Tui, pour défendre l'amendement n° 293.
M. Basile Tui.
C'est le même motif, monsieur le président.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke, pour défendre l'amendement n° 314.
Mme Dinah Derycke.
Même motif, monsieur le président !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 254, 293
et 314 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
C'est un retour au texte initial : avis favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 254, 293 et 314.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 42, modifié.
(L'article 42 est adopté.)
Article 43
M. le président.
« Art. 43. - L'article L. 331-2 du code de la consommation est complété par un
alinéa ainsi rédigé :
« Le montant des remboursements résultant de l'application des articles L.
331-6 ou L. 331-7 est fixé, dans des conditions précisées par décret, par
référence à la quotité saisissable du salaire telle qu'elle résulte de
l'article L. 145-2 du code du travail, de manière à ce qu'une partie des
ressources nécessaire aux dépenses courantes du ménage lui soit réservée par
priorité. Cette part de ressources, qui ne peut être inférieure à un montant
égal au revenu minimum d'insertion dont disposerait le ménage est mentionnée
dans le plan conventionnel de redressement prévu à l'article L. 331-6 ou dans
les recommandations prévues aux articles L. 331-7 et L. 331-7-1. »
Par amendement n° 157, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de rédiger comme suit le texte présenté par cet article pour compléter
l'article L. 331-2 du code de la consommation :
« La part des ressources nécessaires aux dépenses courantes du débiteur,
évaluée et réservée par priorité par la commission, ne peut être inférieure à
la différence entre l'ensemble de ses ressources et le montant de la quotité
saisissable fixé par le barème prévu pour l'application de l'article L. 145-2
du code du travail, dans des conditions précisées par décret. Cette part des
ressources est mentionnée dans le plan conventionnel de redressement prévu à
l'article L. 331-6 ou dans les recommandations prévues aux articles L. 331-7 et
L. 331-7-1. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement vise à redéfinir le « reste à vivre
», c'est-à-dire les sommes disponibles pour la famille, en dehors des sommes
consacrées aux remboursements.
L'Assemblée nationale avait visé deux caractéristiques : d'une part, la
quotité non saisissable aux termes du code du travail et, d'autre part, le
RMI.
Le fait de mettre le RMI noir sur blanc dans le dispositif peut, à la limite,
être une sorte de pousse au crime pour ceux qui en bénéficie et qui sont sûrs
qu'on ne leur prendra jamais rien, dans la mesure où le RMI est garanti. Soit
dit entre nous, les quantités non saisissables découlant du code du travail
sont souvent supérieures au RMI.
C'est la raison pour laquelle il semble plus judicieux d'adopter cette
disposition, qui était d'ailleurs la rédaction initiale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 157, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 43, ainsi modifié.
(L'article 43 est adopté.)
Article 43
bis
M. le président.
« Art. 43
bis
. - Après la première phrase du dernier alinéa de
l'article L. 145-2 du code du travail, il est inséré une phrase ainsi rédigée
:
« Il est en outre tenu compte d'une fraction insaisissable, égale au montant
de ressources dont disposerait le salarié s'il ne percevait que le revenu
minimum d'insertion. »
Par amendement n° 158, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec
l'amendement précédent.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 158, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 43
bis
est supprimé.
Article additionnel avant l'article 44
M. le président.
Par amendement n° 297 rectifié, MM. Loridant et Hyest proposent d'insérer,
avant l'article 44, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le deuxième alinéa de l'article L. 331-3 du code de la consommation,
il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Tout débiteur ayant déjà saisi la commission de surendettement et ayant
refusé le plan proposé ne peut redéposer un dossier dans un délai de trois ans
sauf changement significatif de sa situation. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Cet amendement, que j'ai cosigné avec M. Hyest, émane donc des deux
rapporteurs qui ont travaillé sur le surendettement.
Il vise à mettre fin à une pratique mal quantifiée et cependant loin d'être
négligeable, qui consiste, pour un débiteur, à déposer un dossier auprès des
commissions sans avoir l'intention de donner son accord pour la conclusion du
plan amiable. Il s'agit, pour le débiteur, de gagner du temps vis-à-vis des
créanciers, notamment en obtenant la suspension des procédures d'exécution.
Or, cette pratique, que nous avons, hélas ! constatée, constitue un
détournement de la procédure. En outre, ce sont souvent les dossiers qui posent
le plus de problèmes aux secrétariats des commissions de surendettement, qui
doivent donc investir beaucoup de temps à la constitution d'un dossier dont ils
savent souvent qu'il n'aboutira à aucune solution négociée.
Afin d'éviter l'encombrement des commissions de surendettement et de dissuader
des débiteurs de mauvaise foi de déposer plusieurs dossiers successifs, cet
amendement vise donc à interdire aux débiteurs ayant déjà saisi la commission
de surendettement et ayant refusé le plan proposé de pouvoir redéposer un
dossier, sauf changement significatif de situation.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Ce texte vise à permettre à la commission d'écarter la
demande d'un débiteur qui l'aurait déjà saisie mais qui aurait refusé le plan
proposé.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement
intéressant.
M. le président.
Je tiens à signaler à la Haute Assemblée que notre collègue Jean-Jacques Hyest
est en mission officielle en Nouvelle-Calédonie et qu'il ne peut donc
participer à nos travaux cette nuit.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 297 rectifié, accepté par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Mme Odette Terrade.
Le groupe communiste vote contre.
M. Serge Lagauche.
Le groupe socialiste s'abstient.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 44.
Article 44
M. le président.
« Art. 44. - I. - Le quatrième alinéa de l'article L. 331-3 du code de la
consommation est ainsi rédigé :
« Le débiteur est entendu à sa demande par la commission. Celle-ci peut
également entendre toute personne dont l'audition lui paraît utile, sous
réserve que celle-ci intervienne à titre gratuit. »
« II. - Après le cinquième alinéa du même article, il est inséré deux alinéas
ainsi rédigés :
« Après avoir été informés par la commission de l'état du passif déclaré par
le débiteur, les créanciers disposent d'un délai de trente jours pour fournir,
en cas de désaccord sur cet état, les justifications de leurs créances en
principal, intérêts et accessoires. A défaut, la créance est prise en compte
par la commission au vu des seuls éléments fournis par le débiteur.
« Les créanciers doivent alors indiquer si les créances en cause ont donné
lieu à une caution et si celle-ci a été actionnée. »
Par amendement n° 315, Mmes Derycke, Dieulangard, Printz, MM. Huguet,
Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent,
avant le paragraphe I de cet article, d'ajouter un paragraphe nouveau ainsi
rédigé :
« ... - La seconde phrase du deuxième alinéa de l'article L. 331-3 du code de
la consommation est ainsi rédigée :
« Celui-ci est tenu de lui déclarer les éléments actifs de son patrimoine
ainsi que l'identité de ses créanciers pour que la commission puisse établir
les éléments passifs. »
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Les associations présentes au sein des commissions de surendettement ont
démontré la nécessité d'une vérification systématique des créances dues par les
surendettés.
De l'analyse de 182 jugements statuant sur contestations de recommandations
émises par 34 commissions de surendettement, entre 1996 et 1997, il est
ressorti la nécessité d'une vérification systématique des créances.
En effet, cette étude a apporté la preuve irréfutable de l'existence d'un
risque sérieux de présence de sommes indues dans les recommandations et
a
fortiori
dans les plans des débiteurs surendettés.
Dans le texte actuel, inchangé par le projet de loi, les commissions de
surendettement devront se fonder sur les déclarations du débiteur afin de
dresser l'état du passif, sauf contestation dûment justifiée de la part du
débiteur dans un délai de 30 jours.
Or, les surendettés sont souvent dans l'incapacité de retrouver les pièces
leur permettant de reconstituer leurs versements, d'établir à un instant précis
le montant exact des sommes restant dues à tel ou tel créancier et de calculer
exactement ces sommes. L'enjeu financier de la vérification des créances peut
être pourtant majeur.
Pour remédier à cet état de fait, nous proposons de prévoir que la commission
sollicite du débiteur l'identité de ses créanciers et exige de ces derniers la
communication des pièces justifiant le bien-fondé de la créance.
Je rappelle que la loi de 1985, modifiée en 1994, sur le règlement des
procédures collectives respecte le même schéma.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement vise à ce que le débiteur déclare à la
commission l'état de son patrimoine et l'identité de ses créanciers.
Une telle disposition a semblé inutile à la commission des affaires sociales
puisque la commission de surendettement dispose déjà des moyens suffisants pour
établir le passif du débiteur : possibilité d'audition, possibilité de publier
un appel aux créanciers.
Elle a donc émis un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Il est difficile pour le Gouvernement de donner un
avis sur cet amendement. Celui-ci nous semble redondant par rapport à la
seconde phrase du troisième alinéa de l'article L. 331-3 du code de la
consommation qui permet d'avoir connaissance à la fois de l'actif et du passif.
Si l'on considérait que cet amendement apporte une précision supplémentaire
concernant l'identité des créanciers, il se concevrait peut-être. Mais,
honnêtement, je ne comprends pas bien la motivation qui le sous-tend. Je m'en
remets donc à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président.
L'amendement n° 315 est-il maintenu, madame Derycke ?
Mme Dinah Derycke.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 315, repoussé par la commission et pour
lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Toujours sur l'article 44, je suis maintenant saisi de deux amendements
identiques.
L'amendement n° 159 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 255 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent, à la fin de la seconde phrase du texte proposé par le
paragraphe I de l'article 44 pour le quatrième alinéa de l'article L. 331-3 du
code de la consommation, à supprimer les mots : « sous réserve que celle-ci
intervienne à titre gratuit ».
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Cet amendement vise à supprimer la référence à la
gratuité de l'audition de toute personne dont le témoignage peut paraître utile
à la commission de surendettement.
Afin de pouvoir élaborer un plan de redressement, la commission doit connaître
exactement la situation financière des débiteurs. Aussi, elle dresse l'état de
leur endettement à partir du dossier qu'ils ont déposé auprès de la Banque de
France.
Toutefois, la commission peut quelquefois avoir besoin de renseignements
supplémentaires qu'elle peut obtenir soit des créanciers, soit du travailleur
social qui suit le débiteur, soit encore - mais cette liste n'est pas
exhaustive - du débiteur lui-même.
Le quatrième alinéa de l'article L. 331-3 dispose ainsi que la commission «
peut entendre toutes les personnes dont l'audition lui paraît utile ».
A cet égard, l'Assemblée nationale a voté une disposition qui précise que
toutes les auditions se font à titre gratuit. Elle a ainsi voulu éviter que la
situation du débiteur ne soit encore aggravée par la nécessité de payer la
personne choisie par lui pour l'accompagner.
Or, si l'intention de l'Assemblée nationale est louable, cette disposition se
révèle soit inutile, soit dangereuse.
Elle est inutile à chaque fois que la commission entend un travailleur social,
un établissement de crédit ou encore le débiteur lui-même, puisqu'il ne
viendrait pas à l'idée de ces derniers de se faire rémunérer.
En outre, elle est dangereuse dans la mesure où elle empêche et le débiteur et
les créanciers de rémunérer la personne de leur choix pour se faire représenter
devant la commission. En pratique, cela signifie que la plupart des avocats
refuseront d'intervenir, ce qui se retournera non seulement contre les
créanciers, mais également contre les débiteurs que cette disposition est
censée protéger.
C'est pourquoi, en accord avec la commission des lois, je vous propose de
supprimer cette disposition.
Mes chers collègues, au demeurant, je vous rappelle que nous avons voté, avant
l'article 42, un amendement qui nous paraît répondre à la préoccupation qui
avait été affichée par l'Assemblée nationale. Nous vous invitons donc à voter
les amendements identiques n°s 159 et 255.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s 159 et 255
?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement retient en particulier le dernier
argument : le Sénat, au début de cette séance, a adopté les amendements
identiques n°s 154 et 152, qui répondent déjà à cette préoccupation.
Par conséquent, le Gouvernement émet un avis favorable sur les amendements
identiques n°s 159 et 255.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 159 et 255, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 362, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo, MM. Minetti,
Lefebvre, Pagès, Duffour, Dérian, Mmes Beaudeau, Bidard-Reydet, MM. Renar,
Bécart, Mme Luc, M. Ralite, proposent de rédiger comme suit le premier alinéa
du texte présenté par le paragraphe II de l'article 44 pour être inséré après
le cinquième alinéa de l'article L. 331-3 du code de la consommation :
« Après avoir été informés par la commission de l'état du passif déclaré par
le débiteur, les créanciers doivent fournir dans un délai de trente jour les
justifications de leurs créances en principal, intérêts et accessoires. »
Par amendement n° 316, Mmes Derycke, Dieulangard, Printz, MM. Huguet,
Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent ;
dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le paragraphe
II de l'article 44 pour insérer deux alinéas après le cinquième alinéa de
l'article L. 331-3 du code de la consommation, de remplacer les mots : « trente
jours » par les mots : « vingt jours ».
La parole est à Mme Terrade, pour défendre l'amendement n° 362.
Mme Odette Terrade.
L'amendement que nous vous soumettons vise à rendre obligatoire pour le
créancier les justifications de ses créances devant la commission de
surendettement.
L'article 44, tel qu'il est rédigé, considère cette procédure comme une
possibilité offerte au créancier seulement dans l'éventualité d'un désaccord
sur l'état de la dette.
Or, pour que la commission dispose, en toutes circonstances, de l'ensemble des
éléments lui permettant d'édifier un plan amiable qui soit juste et équitable,
il nous paraît légitime que les deux parties, débiteur et créancier, soient en
mesure de déclarer le montant de la dette en cause.
En effet, le débiteur, bien qu'il soit de bonne foi, peut avoir des
difficultés à dresser l'inventaire de son passif, eu égard à la complexité et à
la diversité de la gestion des crédits auquel il a pu avoir recours.
Dans l'hypothèse où le débiteur, malgré sa bonne foi, sous-évalue le niveau de
son endettement devant la commission, le créancier peut contester et opposer sa
propre évaluation de la dette.
En revanche, si le débiteur a malencontreusement surévalué l'état de son
passif, le créancier n'aura aucun intérêt à contester la parole du débiteur.
Dans le cas présent, le plan amiable aura abouti, certes, mais sera
objectivement défavorable au débiteur.
C'est pourquoi nous préconisons que l'état du passif, d'un côté, et l'état des
créances, de l'autre, puissent être confrontés l'un et l'autre devant la
commission dans un souci de justice.
Par ailleurs, il ne nous paraît pas fortuit de contraindre les créanciers à
justifier de leurs créances. Cela ne peut que contribuer à responsabiliser
davantage certains établissements de crédit.
J'ai bien conscience que cet amendement aura pour conséquence d'alourdir la
procédure là où il serait nécessaire d'introduire plus de souplesse.
Cela nous paraît pourtant indispensable pour conforter la crédibilité des
décisions de la commission et pour traiter de la même façon débiteurs et
créanciers.
C'est pourquoi nous vous proposons d'adopter cet amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Derycke, pour défendre l'amendement n° 316.
Mme Dinah Derycke.
Afin de réduire efficacement les délais de procédure sans toutefois léser
chacune des parties, l'amendement n° 316 vise à ramener le délai de
contestation des créanciers à vingt jours, ce qui aurait par ailleurs pour
conséquence d'harmoniser ce délai avec le délai de contestation des
débiteurs.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 362 et 316 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'amendement n° 362 vise à rendre obligatoire pour le
créancier la justification de ses créances.
La rédaction actuelle du projet de loi nous paraît préférable : elle prévoit
que les créanciers disposent d'un délai de trente jours pour justifier de leurs
créances en cas de désaccord. A défaut, la créance est prise en compte au seul
vu des éléments fournis par le débiteur. Cela nous semble suffisant, et la
commission émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 362.
Elle est également défavorable à l'amendement n° 316. Le débat en première
lecture à l'Assemblée nationale a déjà fait baisser ce délai de quarante-cinq à
trente jours.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Si le Gouvernement comprend le souci des auteurs de
l'amendement n° 362, il considère néanmoins qu'il faut aussi prendre en compte
la façon dont travaillent les commissions de surendettement.
Une discussion est intervenue sur ce point à l'Assemblée nationale. Il a été
estimé que la demande de pièces supplémentaires de ce type, en phase amiable,
alourdirait la procédure.
Par conséquent, le Gouvernement, pour des raisons d'efficacité et de respect
de la phase amiable de la commission de surendettement, émet un avis
défavorable sur l'amendement n° 362.
J'en viens à l'amendement n° 316. Le Gouvernement avait proposé, dans le
projet de loi initial, un délai de quarante-cinq jours, que l'Assemblée
nationale a ramené à trente jours. Compte tenu de la difficulté qu'il y a à
fournir les pièces, de l'ensemble des démarches à accomplir et des avis sur ce
point des commissions de surendettement, le délai de trente jours paraît
raisonnable. Le Gouvernement préférerait en rester là. Il émet donc un avis
défavorable sur l'amendement n° 316.
M. le président.
Madame Terrade, l'amendement n° 362 est-il maintenu ?
Mme Odette Terrade.
Je suis sensible à l'argument de Mme la secrétaire d'Etat, que j'avais
moi-même évoqué dans mon intervention : cette disposition risquerait d'alourdir
la procédure.
Dans le même temps, les arguments avancés par rapport au créancier sont aussi
à prendre en compte.
Mais dans le souci d'une mise en oeuvre rapide de cette loi, je retire cet
amendement.
M. le président.
L'amendement n° 362 est retiré.
Madame Derycke, l'amendement n° 316 est-il maintenu ?
Mme Dinah Derycke.
Je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 316 est retiré.
Par amendement n° 160, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose, dans le second alinéa du texte présenté par le II de l'article 44 pour
être inséré après le cinquième alinéa de l'article L. 331-3 du code de la
consommation de remplacer les mots : « doivent alors indiquer » par le mot : «
indiquent ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement purement rédactionnel.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 160, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 44, modifié.
(L'article 44 est adopté.)
Article additionnel après l'article 44
M. le président.
Par amendement n° 363, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article
44, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 331-3 du code de la consommation est complété
in fine
par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Les opérations de location avec option d'achat portant sur des biens de
consommation courante sont assimilées à des opérations de crédit.
« Le taux d'intérêt qui leur est applicable ne peut dépasser le taux d'intérêt
des prêts usuraires définis à l'article L. 313-3.
« Toute infraction aux dispositions de l'alinéa précédent entraîne les
sanctions prévues à l'article L. 313-5 relatif au taux de l'usure.
« En cas de récidive, le tribunal peut prononcer la fermeture de
l'établissement pour une durée d'un mois à trois ans. »
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
L'une des critiques majeures que nous formulons à l'égard du volet
surendettement de ce projet de loi, c'est qu'il se limite à traiter les
situations des surendettés sans, au préalable, se donner suffisamment de moyens
pour prévenir ces situations.
Sans prétendre enrayer le processus de surendettement, notre amendement tend
cependant à éviter certaines pratiques scandaleuses, telles que l'affaire, bien
connue, du Crazy George's, il y a plus d'un an.
Bien évidemment, les opérations de location avec option d'achat, dans la
mesure où elles sont assimilées à des opérations de crédit, donnent un certain
nombre de garanties au client.
Le problème réside dans le niveau des taux d'intérêt proposés par les
distributeurs de ces biens de consommation courante, qui sont sans commune
mesure avec les taux pratiqués par les établissements de crédit classiques.
En outre, ces opérations sont particulièrement pernicieuses puisqu'elles
consistent à réaliser du profit en jouant sur la crédulité des familles en
situation de fragilité sociale et économique, et qui souhaitent disposer de
biens élémentaires pour vivre décemment.
Certains établissements entretiennent l'illusion monétaire et les situations
de précarité de nombreuses personnes pour réaliser ainsi des marges financières
sans fondement économique.
Notre amendement vise donc a plafonner ce taux au niveau du taux d'intérêt des
prêts usuraires, définis à l'article L. 313-3 du code de la consommation.
Ainsi, nous contribuerons à l'assainissement des conditions de location avec
option d'achat, par le renforcement de la protection des consommateurs, d'une
part, et la responsabilisation des vendeurs, d'autre part.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission des lois ?
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'insertion d'un article L. 361-3 du code de la
consommation dans ce projet constituerait un cavalier.
Par ailleurs, le premier alinéa de l'amendement est satisfait par l'article L.
311-2 dudit code.
Enfin plafonner au taux usuraire paraît tout de même quelque peu bizarre dans
la mesure où ce taux usuraire est un taux qui est déjà sanctionné et qu'on ne
peut, à l'évidence, pas dépasser.
Il serait donc sage de retirer l'amendement, d'autant que M. Loridant nous a
informés en commission qu'un texte était en préparation sur ce même sujet, et
je ne doute pas que Mme le secrétaire d'Etat pourra nous apporter quelques
informations sur ce point.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Nous avons effectivement saisi le Conseil national de
la consommation, qui doit travailler sur toutes les formes de crédits, et non
pas seulement sur celles qui nous préoccupent. Il proposera un texte qui sera
ensuite étudié et - pourquoi pas ? - soumis au Parlement.
Mon avis défavorable se fondera surtout sur le fait qu'en matière de location
avec option d'achat il n'y a pas de taux, précisément parce qu'il ne s'agit pas
d'un prêt.
Je comprends parfaitement votre souci, madame Luc, pour être passée, moi
aussi, devant des Crazy George's, mais la mesure que vous proposez serait
totalement inapplicable.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, madame Luc ?
Mme Hélène Luc.
Madame le secrétaire d'Etat, il s'agit d'un amendement important.
Un texte est en préparation, dites-vous. Nous serons très sévères et très
rigoureux lorsque nous aurons à en discuter,...
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Nous aussi !
Mme Hélène Luc.
... car ce qui s'est passé dans les magasins en question est très
préjudiciable à ceux qui sont parmi les plus pauvres et qui achètent à des
conditions telles qu'ils ne peuvent pas faire face.
Cela étant dit, je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 363 est retiré.
Article 45
M. le président.
« Art. 45. - L'article L. 331-4 du code de la consommation est ainsi rédigé
:
«
Art. L. 331-4
. - La commission informe le débiteur de l'état du
passif qu'elle a dressé. Le débiteur qui conteste cet état dispose d'un délai
de vingt jours pour demander à la commission la saisine du juge de l'exécution,
aux fins de vérification de la validité des titres de créance et du montant des
sommes réclamées, en indiquant les créances contestées et les motifs qui
justifient sa demande. La commission est tenue de faire droit à cette demande.
Passé le délai de vingt jours, le débiteur ne peut plus formuler une telle
demande. La commission informe le débiteur de ce délai.
« Même en l'absence de demande du débiteur, la commission peut, en cas de
difficultés, saisir le juge de l'exécution aux mêmes fins. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 364, Mme Terrade, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans les deuxième et
quatrième phrases du premier alinéa du texte présenté par cet article pour
l'article L. 331-4 du code de la consommation, de remplacer les mots : « vingt
jours » par les mots : « trente jours ».
Par amendement n° 445, MM. Darniche, Durand-Chastel, Habert et Maman
proposent, dans la deuxième phrase du premier alinéa du texte présenté par
l'article 45 pour l'article L. 331-4 du code de la consommation, de remplacer
le mot : « vingt » par le mot : « trente ».
La parole est à Mme Terrade, pour présenter l'amendement n° 364.
Mme Odette Terrade.
Nous proposons de prolonger de dix jours le délai dont dispose le débiteur
pour contester l'état du passif et saisir le juge de l'exécution. En cela, nous
sommes toujours fidèles à notre souci de voir le débiteur et le créancier
placés sur un pied d'égalité devant la commission.
M. le président.
La parole est à M. Habert, pour présenter l'amendement n° 445.
M. Jacques Habert.
Notre amendement a le même objet que celui que vient d'exposer Mme Terrade.
Il est tout à fait équitable, puisque les créanciers disposent d'un délai de
trente jours pour produire les justificatifs de leur créance, qu'en cas de
désaccord les débiteurs disposent d'un délai égal. Cela répond à un souci de
justice évident.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Ces deux amendements auront, en fait, l'effet
inverse de celui que souhaitent leurs auteurs, car il n'y a pas symétrie entre
la situation des débiteurs et celle des créanciers.
Si les créanciers ont effectivement un délai de trente jours pour contester
les plans et les propositions de la commission de surendettement, il est, en
revanche, de l'intérêt objectif des débiteurs que la commission agisse le plus
rapidement possible afin que les délais soient raccourcis.
Les débiteurs sont en effet, par définition, dans une situation qui est
difficile et que chaque jour qui passe aggrave. Le délai de vingt jours est
donc plus favorable aux débiteurs que le délai de trente jours.
En résumé, adopter ces amendements reviendrait à aggraver la situation des
débiteurs. La sagesse consiste donc à en rester au texte tel qu'il est issu des
travaux de l'Assemblée nationale, et c'est pourquoi aussi bien la commission
des finances que celle des affaires sociales et celle des affaires économiques
sont défavorables à ces amendements.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Je fais mienne l'argumentation de M. Loridant.
Je demande aux auteurs des amendements de bien vouloir les retirer, car leur
effet serait effectivement inverse de celui qu'ils souhaitent.
M. le président.
L'amendement n° 364 est-il maintenu, madame Terrade ?
Mme Odette Terrade.
J'ai bien compris l'argumentation qui vient d'être présentée, mais il
m'apparaît que, tant que le créancier n'a pas donné sa réponse, le plan ne peut
pas être bouclé. Pour le débiteur, il y a donc un problème, car, dans ce cas,
tous deux n'ont pas le même délai.
En fait, j'aimerais être sûre que la différence de délai entre les deux
réponses ne retarde pas la mise en oeuvre du plan.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le délai court après que le créancier a donné sa
réponse. Quand le créancier a donné sa réponse, le débiteur peut contester dès
le lendemain matin. On lui laisse un délai pour contester, mais il a déjà la
réponse du créancier.
Mme Odette Terrade.
Dans ces conditions, je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 364 est retiré.
Maintenez-vous l'amendement n° 445, monsieur Habert ?
M. Jacques Habert.
J'ai bien entendu le triple message des rapporteurs et les informations de Mme
le secrétaire d'Etat ; je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 445 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 45.
(L'article 45 est adopté.)
Article 46
M. le président.
« Art. 46. - I. - Le premier alinéa de l'article L. 331-5 du code de la
consommation est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« En cas d'urgence, la saisine du juge peut intervenir à l'initiative du
président de la commission, du délégué de ce dernier, du représentant local de
la Banque de France ou du débiteur. La commission est ensuite informée de cette
saisine. »
« II. - Les deuxième et troisième phrases du deuxième alinéa du même article
sont ainsi rédigées :
« Celle ci est acquise, sans pouvoir excéder un an, jusqu'à l'approbation du
plan conventionnel de redressement prévu à l'article L. 331-6 ou, en cas
d'échec de la conciliation, jusqu'à l'expiration du délai fixé par le décret en
Conseil d'Etat prévu à l'article L. 333-8 dont dispose le débiteur pour
demander à la commission de formuler des recommandations en application des
articles L. 331-7 et L. 331-7-1 (premier alinéa). En cas de demande formulée
dans ce délai, elle est acquise jusqu'à ce que le juge ait conféré force
exécutoire aux mesures recommandées, en application de l'article L. 332-1, ou,
s'il a été saisi en application de l'article L. 332-2, jusqu'à ce qu'il ait
statué. »
« III. - Au troisième alinéa du même article, les mots : "et selon la
procédure" sont supprimés. »
Je suis saisi de deux amendement identiques.
L'amendement n° 161 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 256 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à rédiger comme suit la première phrase du texte proposé par
le paragraphe I de l'article 46 pour compléter le premier alinéa de l'article
L. 331-5 du code de la consommation : « En cas d'urgence, la saisine du juge
peut intervenir à l'initiative du président de la commission ou du représentant
local de la Banque de France. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'Assemblée nationale avait prévu qu'en cas
d'urgence le débiteur, le préfet, le représentant du préfet et le représentant
de la Banque de France pouvaient saisir le juge aux fins de suspension des
poursuites.
Le débiteur, c'est le droit commun ; le représentant du préfet, c'est
superfétatoire ; restent le préfet et le délégué de la Banque de France, ce qui
nous semble tout à fait logique. C'est la raison pour laquelle nous avons
limité les possibilités de saisine à ces deux personnes.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 161 et 256, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 46, ainsi modifié.
(L'article 46 est adopté.)
Article additionnel après l'article 46
M. le président.
Par amendement n° 317, Mmes Derycke, Dieulangard, Printz, MM. Huguet,
Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent à
insérer, après l'article 46, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 331-6 du code de la consommation est complété
in fine
par deux alinéas ainsi rédigés :
« En tant que de besoin, le plan propose des mesures de suivi social afin
d'aider le débiteur, notamment par toutes actions d'information sur les
pratiques consuméristes, de formation à la gestion budgétaire de ses ressources
et d'accompagnement par les services de l'Etat, des collectivités territoriales
et des organismes sociaux. Ces mesures font l'objet d'un contrat entre le
débiteur et les services et organismes concernés.
« Les organisations de consommateurs peuvent être associées à l'élaboration et
à la mise en oeuvre des actions d'information et de formation. »
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Ainsi qu'il a été souligné, l'origine du surendettement depuis les années
1994-1995 a changé. La moitié des dossiers ont aujourd'hui pour fondement des
dettes de la vie quotidienne que la carence en ressources des ménages a conduit
à s'accumuler.
Les secrétariats des commissions ont donc maintenant deux types de dossiers à
gérer.
D'abord, ceux qui nécessitent un simple redressement financier à la suite d'un
surendettement d'origine dite active. Pour ceux-là, on estime qu'un simple
entretien avec les personnes concernées sur les modalités de mise en oeuvre du
plan de redressement peut suffire.
Ensuite, il y a les dossiers plus lourds, dus à une absence de ressources,
souvent liés à des difficultés non pas purement financières, et où viennent se
cumuler problèmes de santé, de logement ou familiaux, par exemple.
Il est bien évident que les secrétariats des commissions ne sont pas préparés
à assumer cette charge. Les personnels de la Banque de France, certes fort
compétents et dévoués dans leur domaine, ne sont pas informés sur l'accès aux
aides de caractère social, qu'il s'agisse d'aides financières ou d'autre nature
- j'insiste sur ces dernières. Ils ne sont pas préparés non plus à assumer le
travail délicat d'écoute sociale.
Il apparaît donc opportun d'instaurer un suivi de la mise en oeuvre des plans
et de confier ce suivi à des personnes compétentes dans ce domaine,
c'est-à-dire les travailleurs sociaux.
Comme l'indique le rapport de MM. Hyest et Loridant, l'effort demandé, dans
une majorité de cas, est long - de cinq à dix ans - et douloureux. Plus de la
moitié des surendettés estiment ne pouvoir suivre le plan qu'avec
difficulté.
Or, une fois le plan établi, ces personnes n'ont pas d'interlocuteur pour les
aider à résoudre leurs problèmes pratiques et leur apporter un soutien moral.
Dans certains cas, c'est tout un apprentissage de la gestion des ressources
budgétaires du ménage qui doit être réalisé - je pense, notamment, aux familles
en grande difficulté.
Nous proposons donc qu'un suivi social des débiteurs soit rendu possible et
soit proposé par le plan lorsque le besoin en est avéré, que ce suivi soit
variable dans ses modalités en fonction de la situation des surendettés et
qu'il soit réalisé avec le concours des services sociaux de l'Etat, des
collectivités territoriales concernées et des organismes sociaux. Cela
participera notamment à la mise en cohérence des différents partenaires de la
lutte contre l'exclusion que nous nous efforçons de mettre en place par
ailleurs.
Nous estimons également souhaitable que les associations de consommateurs
puissent être pleinement associées à l'information des personnes sur les
pratiques les plus efficaces de consommation face aux multiples tentations, aux
offres de crédits, par exemple, aux ventes forcées et autres méthodes
commerciales dures.
Nous proposons encore qu'elles puissent apporter leur expérience pour former
les familles les plus démunies à la gestion des ressources par une approche
très pragmatique de l'économie domestique.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a considéré que cet amendement était d'une
certaine manière trop large en ce qu'il risquait, précisément, d'induire ces
dérives qui étaient reprochées tout à l'heure et que l'on a cherché à éviter,
notamment au travers de l'amendement n° 156 rectifié, qui a été adopté à
l'unanimité et qui nous semble satisfaire largement l'amendement n° 317.
C'est la raison pour laquelle la commission des affaires sociales a émis un
avis défavorable sur cet amendement n° 317.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
A l'instar de M. le rapporteur, je pense également que
l'amendement n° 317
bis
est satisfait par l'amendement n° 156
rectifié.
Sur le fond, s'agissant d'associer les services sociaux, nous nous
rejoignons.
Le Conseil national de la consommation, avec l'ensemble de ses partenaires,
émettra vraisemblablement des avis sur la qualité de l'information à dispenser.
L'expérience a montré que ces avis sont de grande valeur. Je vous rappelle
d'ailleurs que le projet dont nous discutons doit beaucoup aux avis du Conseil
national de la consommation.
L'amendement n° 317 étant donc satisfait, j'en souhaite le retrait.
M. le président.
Madame Derycke, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Dinah Derycke.
L'amendement n° 156 rectifié
bis
ne satisfait pas pleinement
l'amendement que j'ai défendu, qui concerne le suivi moral, l'accompagnement
des personnes surendettées, souvent en grande difficulté.
Mais j'ai bien entendu les arguments qui ont été développés et je retire cet
amendement, sachant les énormes efforts, y compris en matière d'informations
sur la consommation, qui sont prévus. D'ailleurs, ne devrait-on pas apprendre à
consommer avant de se retrouver dans ces situations aussi dramatiques ?
M. le président.
L'amendement n° 317 est retiré.
Article 47
M. le président.
« Art. 47. - I. - Au 1° de l'article L. 331-7 du code de la consommation, les
mots : "Reporter ou" et "de report ou" sont supprimés et le mot : "cinq" est
remplacé par le mot : "huit".
« I
bis.
- Dans le 3° du même article, les mots : "reportées ou" sont
supprimés.
« II. - Aux 3° et 4° du même article, le mot : "décision" est remplacé par le
mot : "proposition".
« III. - Le 3° du même article est complété par les mots : "Quelle que soit la
durée du plan de redressement, le taux ne peut être supérieur au taux
légal".
« IV. - Dans la première phrase du 4° du même article, après les mots : "aux
établissements de crédit après la vente", sont insérés les mots : "après
imputation du prix de vente sur le capital restant dû". »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 162 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 257 est présenté par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à rédiger comme suit le paragraphe I de cet article :
« I. - Au début du deuxième alinéa (1°) de l'article L. 331-7 du code de la
consommation, les mots : "Reporter ou rééchelonner" sont remplacés par les mots
: "Rééchelonner, y compris, le cas échéant, en différant le paiement d'une
partie des dettes," et le mot : "cinq" est remplacé par le mot : "huit". »
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
L'article L. 331-7 du code de la consommation
autorise la commission, en cas d'échec de la phase amiable, à recommander des
mesures de redressement qui deviennent exécutoires lorsqu'elles ont été
homologuées par le juge.
Quatre types de dispositions peuvent être prises : le report ou le
rééchelonnement des dettes autres que fiscales, parafiscales ou envers les
organismes de sécurité sociale, l'imputation des paiements d'abord sur le
capital, la réduction des taux d'intérêt et la réduction des prêts immobiliers
en cas de vente du logement principal du débiteur.
Toutefois, afin que la phase de recommandation ne soit pas confondue avec la
nouvelle phase dite « de moratoire » introduite par le présent texte, l'article
47 du présent projet de loi dispose d'ôter à la commission de surendettement la
possibilité de reporter les dettes.
Or j'estime que cette disposition va réduire de manière dommageable la marge
de manoeuvre des commissions. En effet, il n'est pas rare que, dans leurs
recommandations, ces dernières pratiquent concomitamment le report et le
rééchelonnement de certaines dettes.
Je propose donc de rétablir la possibilité, pour les commissions, de pratiquer
les reports. Pour éviter cependant toute confusion avec les moratoires, il
propose de parler de rééchelonnement « y compris en différant le paiement d'une
partie des dettes ».
Monsieur le président, avec votre autorisation, j'indique dès maintenant que
les amendements n°s 258 et 259 sont simplement des amendements de coordination.
Vous pourrez considérer qu'ils sont défendus.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
L'argumentation qui a été développée nous rend
effectivement plus ouvert à ces amendements, même si nous avons eu, en d'autres
lieux, des débats différents, parce que les choses sont bien claires : il n'y a
plus d'ambiguïté dans la rédaction.
C'est pourquoi je m'en remettrai à la sagesse positive de la Haute Assembléee
sur ces deux amendements.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 162 et 257, acceptés par la
commission et pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du
Sénat.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 163 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 258 est présenté par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à supprimer le paragraphe I
bis
de l'article 47.
Ces amendements ont déjà été défendus.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 163 et 258, acceptés par la
commission et pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du
Sénat.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 164 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 259 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à supprimer le paragraphe III de l'article 47.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit de supprimer le plafonnement au taux
légal du taux d'intérêt applicable à ce stade, ce qui semblerait une limitation
excessive. Il faut laisser à la commission le soin d'apprécier au cas par cas.
En outre, la limitation systématique au taux légal des intérêts risquerait
d'alourdir la tâche des commissions, les débiteurs ayant intérêt à refuser le
plan amiable pour bénéficier des mesures à taux plafonné.
Nous proposons donc de supprimer cet ajout inopportun.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 164 et 259, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 47, modifié.
(L'article 47 est adopté.)
Article 48
M. le président.
« Art. 48. - I. - Après l'article L. 331-7 du code de la consommation, il est
inséré un article L. 331-7-1 ainsi rédigé :
«
Art. L. 331-7-1. -
Lorsque la commission constate l'insolvabilité du
débiteur caractérisée par l'absence de ressources ou de biens saisissables de
nature à permettre d'apurer tout ou partie de ses dettes et rendant
inapplicables les mesures prévues à l'article L. 331-7 ou si la situation de
surendettement résulte de la mise en cause d'un cautionnement consenti par le
débiteur conformément aux articles 2011 à 2020 du code civil, elle peut
recommander la suspension de l'exigibilité des créances autres qu'alimentaires
pour une durée qui ne peut excéder trois ans. Sauf proposition contraire de la
commission, la suspension de la créance entraîne la suspension du paiement des
intérêts dus à ce titre. Durant cette période, seules les sommes dues au titre
du capital sont de plein droit productives d'intérêts au taux légal.
« A l'issue de la période visée au premier alinéa, la commission réexamine la
situation du débiteur. Si cette situation le permet, elle recommande tout ou
partie des mesures prévues à l'article L. 331-7. Si le débiteur demeure
insolvable, elle recommande, par une proposition spéciale et motivée, la
réduction ou l'effacement de tout ou partie des créances autres
qu'alimentaires. Aucun nouvel effacement ou réduction ne peut intervenir, dans
une période de huit ans, pour des dettes similaires à celles qui ont donné lieu
à un effacement ou à une réduction. »
« I
bis
. - Les pertes de recettes résultant de l'avant-dernier et du
dernier alinéa du I sont compensées, à due concurrence :
« - pour les collectivités locales par une majoration de la dotation globale
de fonctionnement ;
« - pour l'Etat, pour compenser celle-ci et les pertes fiscales, par une
majoration des droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts ;
« - pour les organismes bénéficiaires du produit d'une taxe parafiscale, par
la création d'une taxe additionnelle sur les ouvrages mentionnés à l'article
522 du code général des impôts, recouvrée dans les conditions prévues à
l'article 527 du même code et affectée auxdits organismes ;
« - pour les organismes de sécurité sociale, par une majoration de la
contribution visée à l'article L. 136-7 du code de la sécurité sociale.
« II. - A l'article L. 331-8 du code de la consommation, après les mots : "de
l'article L. 331-7", sont insérés les mots : "ou de l'article L. 331-7-1". »
« III. - A l'article L. 331-9 du même code, après les mots : "de l'article L.
331-7", sont insérés les mots : "ou du premier alinéa de l'article L. 331-7-1".
»
« III
bis
. - L'article L. 331-10 du même code est complété par les mots
: " ; cette assistance ne peut être payante". »
« IV. - L'article L. 332-1 du même code est ainsi rédigé :
«
Art. L. 332-1. -
S'il n'a pas été saisi de la contestation prévue à
l'article L. 332-2, le juge de l'exécution confère force exécutoire aux mesures
recommandées par la commission en application de l'article L. 331-7 et du
premier alinéa de l'article L. 331-7-1 après en avoir vérifié la régularité, et
aux mesures recommandées par la commission en application du deuxième alinéa de
l'article L. 331-7-1 après en avoir vérifié la régularité et le bien- fondé.
»
« V. - Au premier alinéa de l'article L. 332-2 du même code, après les mots :
"de l'article L. 331-7", sont insérés les mots : "ou de l'article L. 331-7-1".
»
« VI. - Au 3° de l'article L. 333-2 du même code, après les mots : "de
l'article L. 331-7", sont insérés les mots : "ou de l'article L. 331-7-1". »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 165 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 260 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé
par le paragraphe I de cet article pour l'article L. 331-7-1 du code de la
consommation, à supprimer les mots : « ou si la situation de surendettement
résulte de la mise en cause d'un cautionnement consenti par le débiteur
conformément aux articles 2011 à 2020 du code civil ».
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Il s'agit de limiter le champ d'application du
moratoire.
Le texte proposé par le Gouvernement dispose que « lorsque la commission
constate l'insolvabilité du débiteur caractérisée par l'absence de ressources
ou de biens saisissables de nature à permetre d'apurer tout ou partie de ses
dettes, elle peut recommander la suspension de l'exigibilité des créances. »
L'Assemblée nationale a voté une disposition qui élargit le champ
d'application du moratoire aux situations de surendettement qui résultent de la
mise en cause d'un cautionnement consenti par le débiteur.
Cette mesure paraît louable dans la mesure où elle est destinée à éviter que
la personne qui s'est portée caution ne tombe elle-même, par ricochet, dans une
situation de surendettement. Pourtant, cette disposition nous paraît
inacceptable.
En effet, si l'on s'en tient à l'esprit de l'article 48, les commissions de
surendettement doivent opter pour un moratoire ou pour des recommandations en
fonction de la gravité de la situation financière du débiteur et non en
fonction de la nature du surendettement.
En outre, cette mesure risque de faire perdre aux cautions toute
signification, puisque, désormais, elles pourraient bénéficier automatiquement
d'un moratoire.
La commission des finances et la commission des lois vous proposent donc de
supprimer la disposition adoptée par l'Assemblée nationale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable à ces deux amendements
et souscrit tout à fait aux arguments développés par M. le rapporteur.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 165 et 260, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° 261, M. Loridant, au nom de la commission des finances,
propose, dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le
paragraphe I de l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la
consommation, après les mots : « les créances autres qu'alimentaires »
d'insérer les mots : « , fiscales, parafiscales ou envers les organismes de
sécurité sociale ».
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Le texte proposé par le Gouvernement dispose que «
lorsque la commission constate l'insolvabilité du débiteur caractérisée par
l'absence de ressources ou de biens saisissables de nature à permettre d'apurer
tout ou partie de ses dettes, elle peut recommander la suspension de
l'exigibilité des créances autres qu'alimentaires, fiscales, parafiscales ou
envers les organismes de sécurité sociale ».
L'Assemblée nationale a refusé d'exclure lesdites dettes et a imposé l'égalité
de traitement entre tous les créanciers.
Pourtant, la commission des finances unanime estime que cette banalisation est
non seulement inutile, mais également dangereuse et contre-productive pour les
contribuables.
Cette banalisation est inutile. En effet, l'administration fiscale dispose
d'une procédure spécifique de remise des dettes qui fonctionne bien.
Ainsi, en 1997, les dégrèvements gracieux accordés en matière d'impôts sur le
revenu et de taxe d'habitation se sont élevés à 1,1 milliard de francs.
Par ailleurs, 600 000 demandes gracieuses portant sur les impôts précités ont
été examinées par la direction générale des impôts et 70 % de ces demandes se
sont traduites par une remise gracieuse.
Le maintien des dettes fiscales en dehors de la compétence des commissions de
surendettement n'est donc pas de nature à entraver les plans de
redressement.
Cette analyse est d'ailleurs confirmée par les faits, l'endettement fiscal
représentant moins de 5 % de l'endettement global des personnes
surendettées.
En outre, la banalisation des dettes fiscales, parafiscales ou envers les
organismes de sécurité sociale est dangereuse.
En effet, la banalisation des dettes fiscales pose un problème de principe du
fait de la nature même de ces dernières, qui, contrairement aux dettes privées,
sont un dû à la société, une contribution pour le financement des services
publics, qui trouve son origine dans l'article XIII de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen.
En conséquence, je ne peux accepter que la décision de suspendre l'exigibilité
de cette contribution, voire de l'effacer, puisse être transférée à une simple
commission administrative.
Par ailleurs, je tiens à faire remarquer que le refus de la part de
l'administration fiscale d'accorder des remises s'explique souvent par le
caractère abusif des demandes, soit que le débiteur ait organisé son
insolvabilité, soit qu'il ait systématiquement négligé de payer ses impôts,
privilégiant ainsi d'autres dépenses. De tels agissements constituent une
violation du pacte social, qui, s'ils se multipliaient, risqueraient de menacer
les fondements mêmes de notre société.
Ces remarques étant faites, je comprends la volonté de l'Assemblée nationale
d'éviter qu'une éventuelle intransigeance de l'administration fiscale conduise
à l'échec des plans et empêche les débiteurs de bonne foi de sortir de leur
situation de surendettement.
C'est pourquoi je vous proposerai, au nom de la commission des finances, un
dispositif qui permet de maintenir les dettes fiscales en dehors de la
compétence des commissions, tout en obligeant les directeurs des services
fiscaux à prendre en compte les recommandations des commissions.
A cet égard, je tiens à vous rappeler que le texte proposé par le
Gouvernement, et adopté par l'Assemblée nationale, prévoit que le directeur des
services fiscaux fait désormais partie de la commission de surendettement ;
nous l'avons voté voilà quelques instants.
Cette modification de la composition de la commission a pour objet de
permettre un double échange d'informations : premièrement, en direction des
membres de la commission pour faire valoir les efforts que l'Etat consent à
propos de certains débiteurs dont les dossiers sont examinés par la commission
et pour porter à la connaissance de cet organisme les informations jugées
utiles ; deuxièmement, en direction des services fiscaux pour les informer des
difficultés rencontrées par certains débiteurs.
Enfin, je tiens à vous informer que j'ai obtenu du secrétaire d'Etat au
budget, en liaison avec Mme Lebranchu, la rédaction d'une instruction sur les
demandes gracieuses dans le cadre de la procédure de traitement du
surendettement des particuliers. La rédaction définitive de cette instruction
n'a pas encore été établie, mais j'ai cependant obtenu un avant-projet qui
précise que les décisions gracieuses seraient prises au vu des recommandations
des commissions de surendettement et que deux situations seraient distinguées,
selon que la décision de l'administration intervient avant ou après les
recommandations de la commission.
En conclusion, il apparaît donc que, grâce à ce dispositif, une obligation de
résultat pourrait être imposée aux directeurs des services fiscaux, tout en
leur laissant seule compétence pour accorder des moratoires ou des remises
gracieuses.
Je vous propose donc la suppression de la disposition votée par l'Assemblée
nationale, ce qui revient à dire que les dettes fiscales ou parafiscales envers
les organismes sociaux ne peuvent pas être remises par les commissions de
surendettement, parce qu'on ne saurait donner à une simple commission
administrative le pouvoir d'accorder des remises d'impôt.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission est favorable à cet amendement, pour les
raisons excellemment développées par le rapporteur pour avis de la commission
des finances.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable à cet amendement et
favorablement impressionné par les arguments fort pertinents de M. le
rapporteur pour avis de la commission des finances.
Le projet de circulaire devrait apaiser les craintes des parlementaires en ce
qui concerne les dettes fiscales.
Tout à l'heure, a été exprimé le souci d'éviter qu'une commission
administrative puisse générer des dépenses pour une collectivité territoriale,
voire lui imposer, des diktats. Ici, c'est un peu la même philosophie.
Banaliser les dettes fiscales serait dommageable pour l'avenir collectif. Je
reste persuadée que la présence du directeur des services fiscaux changera
fondamentalement les choses pour les personnes qui siègent en commission de
surendettement.
Le fait que la circulaire sera publiée au
Bulletin officiel des impôts
est également un gage de son respect. Elle donnera des orientations sur la
remise gracieuse et précisera l'information qui doit être donnée à la
commission, quelle que soit la décision prise par les services fiscaux. Nous
répondons ainsi au souci d'une information réciproque entre les services
fiscaux et la commission de surendettement.
Le Gouvernement est donc favorable à l'amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 261, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
M. Guy Fischer.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
Mme Dinah Derycke.
Le groupe socialiste s'abstient.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 408, Mmes Derycke, Dieulangard et Printz, MM. Huguet,
Vezinhet et Autain, les membres du groupe socialiste et apparentés proposent,
après la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le paragraphe
I de l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la consommation,
d'insérer une phrase ainsi rédigée : « La suspension de l'exigibilité des
créances fiscales, parafiscales ou envers les organismes de sécurité sociale
fait l'objet d'une négociation entre la commission, le Trésor et les organismes
de sécurité sociale. »
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
L'article 48 instaure une procédure spécifique pour remédier au surendettement
passif, c'est-à-dire pour des personnes qui ont une absence de ressources et
donc une capacité nulle de remboursement. C'est un point important, car il ne
s'agit pas de la procédure normale. Dans ce cas précis, la personne surendettée
n'a pas les moyens de payer ses dettes, quelles qu'elles soient, privées ou
publiques.
Le plan de redressement, pour être viable dans ce cas précis, doit donc
proposer des solutions pour l'ensemble des dettes. C'est l'objet de
l'incorporation dans cette procédure spécifique de l'examen par les commissions
de surendettement des dettes fiscales, parafiscales ou envers les organismes de
sécurité sociale. L'examen global de la situation de la personne surendettée
est donc tout à fait compréhensible et nécessaire. L'administration fiscale ne
peut demeurer étrangère à la procédure en cours.
Toutefois, il est vrai que cette incorporation crée un précédent dangereux,
qui pourrait être étendu, par la suite, à d'autres procédures où le privilège
du Trésor est fondamental. Surtout, la décision du juge judiciaire s'imposerait
au Trésor, ce qui constituerait, là encore, une innovation juridique
d'envergure.
Il faut donc permettre un examen global de la situation de ces personnes en
grande difficulté, tout en maintenant la décision finale pour les dettes à
l'administration fiscale.
C'est pourquoi il est primordial que les directeurs des services fiscaux
soient intégrés à la commission. C'est maintenant le cas. Il faut aller plus
loin, et associer de manière explicite l'administration fiscale ou les
organismes de sécurité sociale aux travaux de la commission et aux décisions
prises par cette dernière. Tel est l'objet de cet amendement.
Ce que nous souhaitons, c'est que s'instaure en quelque sorte une négociation
entre les services fiscaux, les services du Trésor, les organismes de sécurité
sociale et la commission de surendettement, afin d'évaluer globalement la
possibilité, ou même la nécessité, de remettre un certain nombre de dettes, y
compris des dettes fiscales.
Cet amendement vise à organiser cette consultation, et, ensuite, bien entendu,
à savoir ce que cette recommandation doit devenir, ce qui sera l'objet d'un
prochain amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'amendement n° 408 sera satisfait par l'amendement n° 265 de
la commission des finances que la commission des affaires sociales préfère.
En conséquence, je souhaiterais le retrait de l'amendement n° 408.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
Je voudrais toutefois rappeler que, dans cette procédure, s'il y a des dettes
fiscales et des dettes de sécurité sociale importantes, c'est que nous ne
sommes pas dans le cadre du surendettement des plus démunis. En effet, et
malheureusement, dirais-je, pour les plus démunis, nous n'avons pas de dettes
fiscales, puisqu'ils ne payent pas d'impôts sur le revenu, de même qu'il n'y a
pas de dettes de sécurité sociale, parce que ces familles n'ont jamais eu
d'employés de maison ou de domestiques.
Pour aller très loin dans la protection des plus démunis, nous risquons
d'ouvrir une porte à ceux qui le sont moins et qui sont dans des procédures de
surendettement actif. Par conséquent, il faut être extrêmement prudent et bien
considérer que les remises gracieuses ont été très souvent faites avant
l'arrivée des personnes en commission de surendettement.
Il s'agit de garder, en outre, pour les services fiscaux la possibilité de
traiter l'année qui suit la décision de la commission de surendettement.
L'année suivante, il y aura une nouvelle taxe d'habitation, et il faudra
encore une remise gracieuse. Or nous ne serons plus dans une procédure de
surendettement.
Il me semble donc important, comme on l'a vu à l'amendement n° 262 et comme on
le verra avec l'amendement n° 265, que l'Etat soit présent au sein de la
commission de surendettement - c'est même une grande avancée - pour informer et
dire ce qui a pu être fait et ce qui peut être fait, mais on ne peut pas aller
plus loin sans conséquences dangereuses.
Je souhaite donc que cet amendement soit retiré et que l'on s'en tienne à
l'amendement n° 262, qui a été voté, et à l'amendement n° 265, qui viendra
ultérieurement en discussion.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 408, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 167, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de rédiger comme suit la dernière phrase du premier alinéa du texte
présenté par le paragraphe I de l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code
de la consommation : « Durant cette période, seules les sommes dues au titre du
capital peuvent être productives d'intérêts, le taux applicable n'excédant pas
le taux légal. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'Assemblée nationale a prévu que seules les sommes
dues au titre du capital sont de plein droit productives d'intérêts au taux
légal.
Il nous semble plus avisé de prévoir que seul le capital peut donner lieu à
intérêt complémentaire afin qu'on ne se trouve pas dans la situation où le
système des intérêts composés fait que, parallèlement aux intérêts dus sur le
capital, les intérêts continuent à se cumuler en dehors de la dette due au
titre du capital.
Par ailleurs, il faut laisser à la commission de désendettement le soin de
proposer éventuellement un taux inférieur au taux légal si la situation
l'exige, raison pour laquelle nous avons déposé cet amendement n° 167.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable, parce qu'on laisse davantage de souplesse à la
commission de surendettement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable, parce que l'on « casse » l'inflation de la
dette.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 167, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 168, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de compléter le premier alinéa du texte présenté par le paragraphe I de
l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la consommation par une
phrase ainsi rédigée : « Si la situation du débiteur l'exige, la commission
peut recommander le report du paiement des intérêts à l'issue de cette période.
»
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Monsieur le président, cet amendement rétablit une
mention figurant dans le projet de loi initial, qui a été supprimée par
l'Assemblée nationale et qui permet à la commission de surendettement de
proposer le report du paiement des intérêts dus à l'issue de la période du
moratoire si la situation du débiteur l'exige. Je n'ai d'ailleurs pas très bien
compris pourquoi l'Assemblée nationale avait supprimé cette disposition.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 168, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 262, M. Loridant, au nom de la commission des finances,
propose de compléter la troisième phrase du second alinéa du texte présenté par
le paragraphe I de l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la
consommation par les mots : « fiscales, parafiscales ou envers les organismes
de sécurité sociale ».
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Par amendement n° 261, la Haute Assemblée vient
d'exclure du moratoire les dettes fiscales et parafiscales envers les
organismes de sécurité sociale. Par cohérence, la commission des finances
propose de les exclure des réductions et des effacements de dettes.
On pourrait donc dire qu'il s'agit d'un amendement de cohérence avec
l'amendement n° 261, adopté voilà quelques instants.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 262, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
Mme Odette Terrade.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
Mme Dinah Derycke.
Le groupe socialiste s'abstient.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 420, Mmes Derycke, Dieulangard, Printz, MM. Huguet,
Vezinhet, Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent,
après la troisième phrase du deuxième alinéa du texte présenté par le
paragraphe I de l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la
consommation, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « La réduction ou
l'effacement des créances fiscales, parafiscales ou envers les organismes de
sécurité sociale font l'objet d'une négociation entre la commission, le Trésor
et les organismes de sécurité sociale. »
La parole est à Mme Derycke.
Mme Dinah Derycke.
Il s'agit d'un amendement de conséquence, qui n'a plus d'objet. En
conséquence, je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 420 est retiré.
Par amendement n° 263, M. Loridant, au nom de la commission des finances,
propose, après la troisième phrase du second alinéa du texte présenté par le I
de l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la consommation, d'insérer
une phrase ainsi rédigée : « La réduction ou l'effacement peut être différencié
si, en équité, la situation respective des créanciers le commande. »
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Cet amendement vise à prendre en compte l'équité
dans la réduction ou l'effacement des créances.
L'article 48 prévoit qu'à l'issue du moratoire la commission réexamine la
situation du débiteur. Si cette dernière s'est améliorée, la commission peut
recommander tout ou partie des mesures prévues à l'article L. 331-7. En
revanche, si le débiteur demeure insolvable, elle peut recommander, par une
proposition spéciale et motivée, la réduction ou l'effacement des créances.
Il s'agit donc là d'une disposition d'une particulière rudesse à l'égard des
créanciers.
Le texte initial préparé par le Gouvernement prévoyait cependant la
possibilité de tenir compte, pour la réduction et l'effacement, de la situation
respective des créanciers lorsque l'équité le commandait.
En effet, les conséquences de ces mesures seront tout à fait différentes selon
qu'il s'agit d'un établissement de crédit qui a provisionné une créance
douteuse ou d'un bailleur privé pour qui les loyers représentent un complément
de revenu indispensable.
Dans l'agitation qui a régné à l'Assemblée nationale lorsque cet article 48 a
été examiné, cette dernière a supprimé sans raison apparente la disposition que
je viens de décrire. La commission des finances du Sénat vous propose donc, par
ma voix, mes chers collègues, de la rétablir.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement constitue un retour au texte initial du
Gouvernement et, de plus, protège les personnes, donc les petits propriétaires
bailleurs dont la créance serait la seule ressource, ce qui arrive. Le
Gouvernement ne peut donc que l'approuver.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 263, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 169, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de rédiger comme suit la dernière phrase du second alinéa du texte
proposé par l'article 48 pour l'article L. 331-7-1 du code de la consommation :
« Aucune nouvelle réduction ou nouvel effacement ne peut intervenir pour des
dettes contractées au cours des huit années suivantes. »
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel qui supprime
la notion de dette similaire introduite par l'Assemblée nationale, notion qui
est totalement dépourvue de signification.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 169, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Toujours sur l'article 48, je suis maintenant saisi de deux amendements
identiques.
L'amendement n° 170 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 264 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à supprimer le paragraphe III
bis
de l'article 48.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Il s'agit d'un amendement de coordination puisque
nous avons prévu, dès avant le premier article sur le surendettement, que
l'assistance devait être gratuite.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu.
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 170 et 264, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 48, modifié.
(L'article 48 est adopté.)
Article additionnel après l'article 48
M. le président.
Par amendement n° 265, M. Loridant, au nom de la commission des finances,
propose d'insérer, après l'article 48, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa (1°) de l'article L. 247 du livre des procédures fiscales
est complété par les dispositions suivantes : "ces remises totales ou
partielles sont également prises au vu des recommandations de la commission
visée à l'article L. 331-1 du code de la consommation ;". »
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Cet article additionnel vise à renforcer le lien
entre les recommandations des commissions de surendettement et les accords de
remises consenties par les directeurs des services fiscaux. Ce texte devrait
donner satisfaction à Mme Derycke.
L'Assemblée nationale a voté un dispositif qui autorise la commission de
surendettement à suspendre l'exigibilité des créances fiscales, parafiscales ou
envers les organismes de sécurité sociale et, le cas échéant, à réduire ou à
effacer les créances précitées. Votre rapporteur vous a fait part de son
opposition sur ce point et la Haute Assemblée a supprimé cette disposition.
Pour autant, il est conscient que certains directeurs des services fiscaux
peuvent se montrer réticents à accorder des remises, alors même que ces
dernières conditionnent le succès du plan de redressement.
Il n'est pourtant pas souhaitable de remettre en cause le monopole de
l'administration fiscale et le privilège du Trésor.
En effet, cette dernière connaît le passé fiscal des débiteurs et, très
souvent, sa réticence à accorder une remise est liée à l'existence d'un risque
de fraude.
Toutefois, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, votre rapporteur s'est
attaché à concevoir un dispositif qui renforce le lien entre les
recommandations des commissions de surendettement, d'une part, et les accords
de remises par les directeurs des services fiscaux, d'autre part.
Ainsi, le présent article additionnel se propose de compléter l'article L. 247
du livre des procédures fiscales afin que les remises totales ou partielles
soient également prises au vu des décisions ou des recommandations des
commissions de surendettement.
La présence du directeur des services fiscaux au sein de ces dernières devrait
compléter le dispositif proposé afin d'en assurer l'efficacité.
C'est pourquoi, au nom de la commission des finances, nous invitons la Haute
Assemblée à adopter le présent amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
C'est cette meilleure coordination entre la commission de
surendettement et les services fiscaux qui conduit la commission des affaires
sociales à émettre un avis favorable sur cet amendement n° 265.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable à cet amendement,
d'autant que, dans le nouveau dispositif qui va être commandé par
l'instruction, trois mesures sont prises : le directeur des services fiscaux
fait désormais partie de la commission de traitement du surendettement, les
décisions gracieuses sont prises par les services fiscaux au vu des
recommandations des commissions de surendettement et, enfin, la commission de
surendettement est informée des décisions de remise prononcées par les services
fiscaux.
Par conséquent, l'article L. 247 du livre des procédures fiscales prévoit
désormais que, dans l'examen des demandes gracieuses, l'administration se
détermine en prenant en compte les recommandations de la commission chaque fois
qu'une procédure devant cet organisme est ouverte parallèlement à celle qui est
engagée devant l'administration.
Avec ce dispositif, nous répondons, je crois, au souci de la représentation
nationale.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 265, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 48.
Article 49
M. le président.
« Art. 49. - L'article L. 332-3 du code de la consommation est ainsi rédigé
:
«
Art. L. 332-3
. - Le juge saisi de la contestation prévue à l'article
L. 332-2 prend tout ou partie des mesures définies à l'article L. 331-7 ou à
l'article L. 331-7-1. Dans tous les cas, la part des ressources nécessaires aux
dépenses courantes du ménage est déterminée comme il est dit au deuxième alinéa
de l'article L. 331-2. Elle est mentionnée dans la décision. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 171 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 266 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent, dans la première phrase du texte proposé par cet article
pour l'article L. 332-3 du code de la consommation, à remplacer les mots : « à
l'article L. 331-7 ou à l'article L. 331-7-1 » par les mots : « soit à
l'article L. 331-7, soit à l'article L. 331-7-1 ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'article 49 tel qu'il arrive de l'Assemblée
nationale - mais ce n'est pas la faute de l'Assemblée nationale, c'est
malheureusement celle du Gouvernement - peut prêter à confusion.
Le juge est saisi de recommandations qui ressortent soit de l'article L.
331-7, soit de l'article L. 331-7-1. Dans un cas, il y a un apurement et, dans
l'autre, un moratoire, et éventuellement un effacement. Dans la mesure où il
est écrit « ou dans la décision du juge », on pourrait penser qu'il est
possible de procéder à une partie de l'un, à une partie de l'autre,
c'est-à-dire de faire en quelque sorte son marché. Il paraît plus judicieux
d'écrire qu'il se réfère soit à l'un soit à l'autre, mais pas aux deux.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable, avec les excuses du Gouvernement, monsieur
le rapporteur.
(Sourires.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 171 et 266, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 49, ainsi modifié.
(L'article 49 est adopté.)
Article 50
M. le président.
« Art. 50. - Il est inséré, dans le code de la consommation, un article L.
332-4 ainsi rédigé :
«
Art. L. 332-4
. - L'effacement d'une créance en application de
l'article L. 332-1 ou de l'article L. 332-2 vaut régularisation de l'incident
de paiement au sens de l'article 65-3 du décret du 30 octobre 1935 unifiant le
droit en matière de chèques et relatif aux cartes de paiement. » -
(
Adopté.
)
Article 51
M. le président.
« Art. 51. - I. - Le troisième alinéa de l'article L. 333-4 du code de la
consommation est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque la commission instituée à l'article L. 331-1 a vérifié que le
débiteur qui l'a saisie se trouve dans la situation visée à l'article L. 331-2,
elle en informe la Banque de France aux fins d'inscription au fichier institué
au premier alinéa du présent article. La même obligation pèse sur le greffe du
juge de l'exécution lorsque, sur recours de l'intéressé en application du
deuxième alinéa de l'article L. 331-3, la situation visée à l'article L. 331-2
est reconnue par ce juge.
« Le fichier recense les mesures du plan conventionnel de redressement
mentionnées à l'article L. 331-6. Ces mesures sont communiquées à la Banque de
France par la commission. L'inscription est conservée pendant toute la durée de
l'exécution du plan conventionnel.
« Le fichier recense également les mesures prises en vertu des articles L.
331-7 et L. 331-7-1 qui sont communiquées à la Banque de France par le greffe
du juge de l'exécution. S'agissant des mesures définies à l'article L. 331-7 et
au premier alinéa de l'article L. 331-7-1, l'inscription est conservée pendant
toute la durée d'exécution de ces mesures. S'agissant des mesures définies au
deuxième alinéa de l'article L. 331-7-1, la durée d'inscription est fixée à
huit ans. »
« II. - A l'article L. 333-6 du même code, le mot : "article" est remplacé par
le mot : "chapitre". »
Par amendement n° 298, MM. Loridant et Hyest proposent de rédiger ainsi le
début de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de cet
article pour remplacer le troisième alinéa de l'article L. 333-4 du code de la
consommation :
« Dès que le débiteur a déposé son dossier auprès de la Commission, celle-ci
en informe la Banque de France... »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Mon collègue Jean-Jacques Hyest et moi-même attachons un grand intérêt à cet
amendement, car il correspond à une dérive que nous avions signalée lorsque
nous avions rédigé le rapport sur les commissions de surendettement et leur
fonctionnement.
Cet amendement vise à inscrire au fichier des incidents de crédit aux
particuliers les débiteurs dès qu'ils ont déposé leur dossier devant la
commission. En effet, le dépôt d'un dossier est un acte volontaire sur
l'initiative du débiteur, qui reconnaît par ce geste son état de
surendettement.
En outre, la pratique montre que c'est justement entre le dépôt du dossier et
le moment où celui-ci est déclaré recevable par les commissions de
surendettement que les débiteurs sont le plus aux abois et ont tendance à
aggraver leur surendettement, de telle sorte que leur situation financière peut
être irrémédiablement compromise.
Enfin, les délais entre le moment du dépôt du dossier et la déclaration de
recevabilité ont, hélas ! compte tenu du nombre de dossiers, tendance à
augmenter. L'inscription du débiteur au FICP dès le dépôt de son dossier auprès
des commissions de surendettement apparaît donc nécessaire.
Mon collègue Jean-Jacques Hyest et moi-même vous invitons, mes chers
collègues, à adopter cet amendement. Grâce à cette disposition, le débiteur
sera inscrit au fichier de la Banque de France et sera moins tenté d'aggraver
son cas. De plus, les banques ou les établissements financiers qui lui
consentiraient des prêts pourraient être considérés par les commissions de
surendettement comme étant dans leur tort.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Cet amendement pose le problème de la date d'inscription du
débiteur au fichier des incidents de crédit aux particuliers.
Le projet de loi prévoit que l'inscription interviendra dès que le dossier
sera déclaré recevable par la commission. L'amendement vise à avancer cette
date au moment du dépôt du dossier. C'était, notons-le, la proposition du
groupe de travail de MM. Hyest et Loridant.
Les deux dispositions répondent à une même volonté de prévenir les manoeuvres
dilatoires en dissuadant les débiteurs mal intentionnés d'encombrer les
commissions. La solution présentée par l'amendement est plus dissuasive, mais
elle exigera des manipulations supplémentaires pour la Banque de France. En
effet, si le dossier est jugé irrecevable, l'inscription au fichier des
incidents de crédit aux particuliers devra être levée.
C'est pourquoi la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement est délicat.
En le défendant, M. Loridant affirme que le dépôt du dossier est un acte
volontaire. Si c'est un acte volontaire, et c'est le cas, on voit mal
l'intéressé contracter un emprunt supplémentaire dès le lendemain. Comment
penser qu'il puisse à la fois déposer un dossier de surendettement, en toute
conscience, si je puis dire, de sa situation, et, presque simultanément,
demander un emprunt ?
Nous avons effectivement un doute à cet égard, monsieur Loridant, sachant
qu'aux termes de la disposition proposée c'est l'organisme préteur qui aurait
l'entière responsabilité de cet emprunt.
Cette mesure risque de conduire en commission de surendettement des personnes
qui ne devraient pas y venir. Très honnêtement, tout en comprenant les
motivations de votre proposition due au « crédit magasin » qui pourrait être
souscrit dans les deux jours qui suivent le dépôt du dossier, je ne souhaite
pas que l'on puisse déposer un dossier avec l'intention d'emprunter. Cela nous
mettrait dans une situation extrêmement difficile. De plus, en cas de
contentieux, il ne sera pas facile de justifier de la date du dépôt.
Par conséquent, je demande que cet amendement soit retiré.
M. le président.
Monsieur le rapporteur pour avis, maintenez-vous l'amendement n° 298 ?
M. Paul Loridant.
Madame le secrétaire d'Etat, j'ai bien entendu vos remarques.
Si nous avons fait cette proposition, je vous le dis clairement, c'est parce
qu'un certain nombre de directeurs de succursales de la Banque de France ont
souhaité que nous le fassions.
Ils ont, en effet, constaté que des personnes aux abois déposaient
effectivement un dossier. De surcroît, c'est entre le moment où le dossier est
déposé et celui où il est déclaré irrecevable que certains créanciers se
manifestent de façon beaucoup plus volontariste, contraignant ainsi les
personnes concernées à souscrire de nouveaux emprunts.
Monsieur le rapporteur, l'inscription est effectuée par terminal. Il est donc
évident que si, après dépôt du dossier, ce dernier était déclaré irrecevable,
l'inscription pourrait être rayée de façon quasi automatique ; je ne vois donc
pas où est la difficulté. Toutefois, sensible à votre souci de ne pas créer de
nouveaux contentieux, madame la secrétaire d'Etat, je retire cet amendement.
S'il apparaissait, à l'expérience, qu'il faille revenir sur ce point,
peut-être pourrions-nous envisager une modification à l'occasion d'un prochain
projet. En attendant, je me rallie à votre thèse, madame la secrétaire
d'Etat.
M. le président.
L'amendement n° 298 est retiré.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° 365, Mme Terrade, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau,
Bidard-Reydet, MM Bécart, Derian, Duffour, Lefebvre, Mme Luc, MM. Minetti,
Pagès, Ralite et Renar proposent de supprimer le troisième alinéa du paragraphe
I de l'article 51.
Les deux suivants sont identiques.
L'amendement n° 172 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 299 est présenté par MM. Loridant et Hyest.
Tous deux tendent à compléter la deuxième phrase du troisième alinéa du texte
présenté par le paragraphe I de ce même article pour remplacer le troisième
alinéa de l'article L. 333-4 du code de la consommation par les mots : « sans
pouvoir excéder huit ans ».
La prole est à Mme Terrade, pour défendre l'amendement n° 365.
Mme Odette Terrade.
Mon argumentation vaudra également pour l'amenement n° 366, monsieur le
président.
Le groupe communiste républicain et citoyen est réticent à toute idée de
fichier. Celui-ci conduirait, selon nous, à culpabiliser le débiteur, alors
que, chacun le reconnaît aujourd'hui, la situation de surendettement est
davantage le fait du chômage et de la baisse du pouvoir d'achat que d'un
recours irresponsable aux crédits.
De plus, il est à craindre que toute personne surendettée hésite à faire appel
aux commissions de surendettement, sachant qu'elles seront, le cas échéant,
inscrites au fichier des incidents de crédits aux particuliers, le FICP.
Ce fichier est prétendûment destiné à responsabiliser les prêteurs, désormais
informés des difficultés rencontrées par le débiteur.
Un établissement de crédit qui aura offert un prêt à une personne surendettée
ne pourra plus prétendre qu'il ignorait la situation de celle-ci au moment de
l'opération.
Or, selon le rapport de nos collègues MM. Hyest et Loridant - page 84 pour
être précise - « l'expérience montre que, malgré la loi Neiertz, la preuve que
le prêteur avait une connaissance exacte de la situation de l'emprunteur et
qu'il a néanmoins pris un risque inconsidéré méritant sanction est très
difficile à établir.
Par conséquent, il serait plus opportun de s'appuyer sur d'autres modalités,
plus efficaces, pour responsabiliser le prêteur sans stigmatiser inutilement le
débiteur ; je pense notamment à une meilleure application et au renforcement
des sanctions à l'encontre des banques ayant fait preuve de laxisme.
A défaut, nous estimons qu'il est inutile d'alourdir ce fichier de
renseignements supplémentaires tels que les mesures des plans conventionnels,
les recommandations ou la réduction totale ou partielle des dettes.
Le fichier des incidents de crédits aux particuliers sera-t-il plus efficace à
l'égard des prêteurs avec ce complément d'information ? J'en doute !
Telle est la raison d'être de nos deux amendements n°s 365 et 366, que nous
vous invitons à adopter.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour présenter
l'amendement n° 172, qui est le deux centième amendement, que nous examinons
depuis ce matin !
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Monsieur le président, j'ai l'honneur de vous
féliciter, car vous avez bien résisté depuis ce matin, et même depuis hier
soir, puisque cela fait pratiquement vingt-quatre heures que vous occupez le
fauteuil de la présidence !
Il faut que le Sénat se rende bien compte de l'effort que vous faites !
Mme Odette Terrade.
Nous aussi, nous étions là !
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Oui, mais présider n'est pas simple et j'en sais
quelque chose ! On n'a pas une seule seconde de répit...
Mme Hélène Luc.
Mme Terrade est restée tout le temps, elle aussi !
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
Cet amendement prévoit que l'inscription au fichier
des incidents de paiement est limitée à huit ans.
Il serait tout de même dommage que ceux qui acceptent de faire un effort sur
un plan conventionnel soient plus maltraités que les débiteurs surendettés
astreints à la mise en oeuvre de mesures recommandées ou ceux qui bénéficient
de mesures d'effacement.
M. le président.
La parole est à M. Loridant, pour défendre l'amendement n° 299.
M. Paul Loridant.
Il s'agit d'un amendement que j'ai déposé en mon nom personnel avec M. Hyest
et qui n'a pas été présenté à la commission des finances.
Le présent projet de loi prévoit une durée de huit ans pour l'inscription des
débiteurs au fichier des incidents de paiement par suite de l'effacement ou de
la réduction de tout ou partie de leurs dettes.
Pour éviter que les débiteurs se conformant à un plan de redressement ne
soient moins bien traités que ceux qui voient leurs dettes effacées, la
commission des lois a proposé un amendement qui limite l'inscription des
mesures du plan de redressement à huit ans.
Je vous propose, avec notre collègue M. Jean-Jacques Hyest, de compléter le
dispositif en prévoyant que les recommandations proposées par la commission, en
cas d'échec du plan amiable, ainsi que la recommandation de moratoire ne
puissent pas être inscrites au fichier des incidents de paiement pour une durée
supérieure à huit ans.
Il y a donc, monsieur le président, complémentarité et non pas similitude
entre mon amendement et celui de la commission des lois.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission préfère le dispositif résultant de
l'articulation des amendements n°s 172 et 299, auxquels elle est favorable.
Elle est par conséquent défavorable à l'amendement n° 365.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement trouve l'argumentation excellente. Il
est donc favorable aux amendements n°s 172 et 299. En revanche, il est
défavorable à l'amendement n° 365.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 365, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 172 et 299, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° 366, Mme Terrade, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau,
Bidard-Reydet, MM. Bécart, Derian, Duffour, Lefebvre, Mme Luc, MM. Minetti,
Pagès, Ralite et Renar proposent de supprimer le dernier alinéa du I de
l'article 51.
Cet amendement a déjà été défendu.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Défavorable, pour les raisons qui ont été exposées à propos
de l'amendement n° 365.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
L'amendement n° 366 est-il maintenu, madame Terrade ?
Mme Odette Terrade.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 366, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 51, modifié.
(L'article 51 est adopté.)
Article additionnel après l'article 51
M. le président.
Par amendement n° 446, MM. Darniche, Durand-Chastel, Habert et Maman proposent
d'insérer, après l'article 51, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans l'article L. 122-8 du code de la consommation, les mots : "pour lui
faire souscrire, par le moyen de visites à domicile" sont remplacés par les
mots : ", enfreignant les dispositions visées à l'article premier du décret n°
68-259 du 15 mars 1968, pour lui faire souscrire, par des visites à domicile ou
par toute sollicitation directe ou indirecte, au moyen de la téléprospection
téléphonique, informatique ou télévisuelle,". »
La parole à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Cet amendement se rapporte à l'article L. 122-8 du code de la consommation.
Celui-ci concerne la prévention dans le domaine des crédits et prévoit des
mesures, notamment contre les visites à domicile.
Nous avons pensé élargir le champ d'application de cet article car, à l'heure
actuelle, en plus du démarchage à domicile, il existe toutes sortes de formes
de prospection, notamment par le téléphone, par l'informatique, par la
télévision, etc. Nous proposons donc de mentionner dans la loi ces nouveaux
moyens technologiques, de manière à donner à notre effort de prévention toute
son importance, en l'appliquant à toutes les modalités selon lesquelles cette
prospection s'exerce.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Si le principe énoncé est bon, la commission a toutefois
estimé préférable d'attendre, dès lors qu'elle a appris de la bouche de Mme le
secrétaire d'Etat, qu'un projet de loi serait prochainement déposé. Par
conséquent, elle a émis un avis défavorable sur l'amendement n° 446.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement comprend la motivation des auteurs de
l'amendement, mais, indépendamment du dépôt annoncé d'un prochain texte, il ne
peut pas accepter cet amendement tel qu'il est rédigé.
En effet, il limite le dispositif au démarchage financier. Dès lors, si un
démarcheur vend une encyclopédie à une personne illettrée, il ne pourra plus
être poursuivi pour abus de faiblesse.
L'intention qui a motivé le dépôt de cet amendement est bonne, mais l'effet de
celui-ci serait contraire au but recherché. C'est pourquoi le Gouvernement y
est défavorable.
M. le président.
Monsieur Habert, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jacques Habert.
Je ne suis pas très convaincu par cet argument mais, si Mme le secrétaire
d'Etat m'assure, comme M. le rapporteur, qu'un projet de loi sera vraiment
déposé sur ce problème qui est bien réel, je veux bien attendre.
M. le président.
L'amendement n° 446 est retiré.
Article 51
bis
M. le président.
« Art. 51
bis
. - Un décret fixe les tarifs applicables aux huissiers
de justice dès lors que la procédure concerne un ménage dont la commission de
surendettement a vérifié qu'il se trouve dans la situation définie à l'article
L. 331-2 du code de la consommation. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° 173, est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
Le second, n° 267, est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis, pour défendre ces deux
amendements.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Cet amendement, commun à la commission des lois et
à la commission des finances, vise à supprimer l'article 51
bis
, tel
qu'il est issu des travaux de l'Assemblée nationale.
En effet, croyant que les tarifs des huissiers avaient été libérés par un
décret du 12 décembre 1996, l'Assemblée nationale a adopté une disposition
prévoyant qu'un décret fixe les tarifs applicables aux huissiers de justice dès
lors que la procédure concerne un ménage dont la commission a reconnu le
caractère surendetté.
Il s'agissait de lutter - l'intention était bonne - contre le gonflement des
tarifs des huissiers.
Or, contrairement à ce qu'ont cru nos collègues députés, lesdits tarifs n'ont
jamais été libérés et restent fixés par décret.
La mesure s'avère donc inutile, et c'est pourquoi nous proposons de supprimer
cet article.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
La commission a été convaincue par la logique de ces
arguments : avis favorable !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Même avis.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 173 et 267, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'article 51
bis
est supprimé.
Article 51
ter
M. le président.
« Art. 51
ter
- I. - L'article 302
bis
Y du code général des
impôts est abrogé.
« II. - Le chapitre XII du titre II de la première partie du livre Ier du code
général des impôts est abrogé.
« III. - Les pertes de recettes sont compensées par une majoration des droits
visés à l'article 527 du code général des impôts. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 174 est présenté par M. Paul Girod, au nom de la commission
des lois.
L'amendement n° 268 est déposé par M. Loridant, au nom de la commission des
finances.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. Loridant, rapporteur pour avis, pour présenter ces deux
amendements.
M. Paul Loridant,
rapporteur pour avis.
Ces amendements, communs à la commission des
finances et à la commission des lois, visent à rétablir la taxe sur les actes
d'huissier qui a été remplacée à l'Assemblée nationale par une autre taxe
parafiscale.
L'Assemblée nationale a voté une disposition abrogeant l'article 302
bis
Y du code général des impôts, qui soumet les actes de justice à une taxe
forfaitaire de 60 francs.
Cette mesure, qui a reçu un avis défavorable de la part du Gouvernement et qui
a un coût de 360 millions de francs, a dû être gagée. Ainsi, la perte de
recettes qui en résulte devrait être compensée par une majoration à due
concurrence des droits visés à l'article 527 du code général des impôts relatif
aux droits spécifiques perçus sur les ouvrages en or, en platine ou en
argent.
La commission des finances n'est pas favorable à cette mesure qui, lors de
l'examen du présent projet de loi à l'Assemblée nationale, constituait un
amendement d'appel destiné à sensibiliser le Gouvernement à l'importance de
certains frais d'huissier qui contribuent à compromettre davantage la situation
financière du débiteur.
Toutefois, l'objet de cet amendement ne justifie pas son intégration dans le
présent projet de loi.
En outre, cette mesure entraîne un transfert de charges inopportun entre le
redevable de la taxe sur les actes d'huissier et le redevable des droits perçus
sur les ouvrages en or, en platine ou en argent.
En effet, la taxe sur les huissiers ne représente que 60 francs, ce qui
constitue une somme limitée eu égard au montant global des frais d'huissier.
En revanche, le droit perçu sur les ouvrages en or, platine et argent, qui
représente déjà une somme significative, serait multiplié par trois.
Ce gage n'apparaît donc pas réaliste à la commission des finances.
Elle n'est pas favorable à cette modification de la charge respective de la
taxe à seule fin d'adopter une mesure dont l'unique objectif nous paraît être
un effet d'annonce.
C'est pourquoi, au nom de la commission des finances et avec l'appui de la
commission des lois, nous proposons de supprimer la disposition votée par
l'Assemblée nationale.
J'ajoute que la taxe en question a fait l'objet d'un vote spécifique dans une
loi de finances et correspondait à des engagements réciproques très précis
entre la Haute Assemblée et le ministre des finances de l'époque.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Favorable. Le Gouvernement a été impressionné par la
qualité de l'argumentaire.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n° 174 et 268, acceptés par la
commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'article 51
ter
est supprimé.
Articles 52 et 52
bis
M. le président.
« Art. 52. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du
présent chapitre.
« Les procédures en cours à la date d'entrée en vigueur de ce décret sont
poursuivies conformément aux dispositions du présent chapitre. Toutefois, les
dispositions du sixième alinéa de l'article L. 331-3 et du premier alinéa de
l'article L. 331-4 du code de la consommation, issues respectivement du II de
l'article 44 et de l'article 45 de la présente loi, ne sont pas applicables à
ces procédures lorsque la commission a déjà dressé l'état d'endettement du
débiteur en application du troisième alinéa de l'article L. 331-3 de ce code. »
- (
Adopté.
)
« Art. 52
bis
. - Le troisième alinéa de l'article L. 331-3 du code de
la consommation est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Lorsque la commission constate que le remboursement d'une ou plusieurs
dettes du débiteur principal est garanti par un cautionnement, elle informe la
caution de l'ouverture de la procédure. La caution peut faire connaître par
écrit à la commission ses observations. » - (
Adopté.
)
Article 52
ter
M. le président.
« Art. 52
ter
. - Le dernier alinéa de l'article 2013 du code civil est
complété par une phrase ainsi rédigée :
« A peine de nullité, le contrat de cautionnement comporte mention du montant
maximum à l'égard de la personne cautionnée pour lequel il est consenti, y
compris les accessoires ou les frais mentionnés à l'article 2016. »
Par amendement n° 175 rectifié, M. Paul Girod, au nom de la commission des
lois, propose de rédiger comme suit cet article :
« Il est créé,
in fine
du livre III du code de la consommation, un
titre IV ainsi rédigé :
« Titre IV
« Cautionnement
«
Article L. 341-1.
- Sans préjudice de dispositions particulières,
toute personne physique qui s'est portée caution est informée par le créancier
professionnel de la défaillance du débiteur principal dès le premier incident
de paiement non régularisé dans les quinze jours de l'exigibilité de ce
paiement. Si le créancier ne se conforme pas à cette obligation, la caution ne
saurait être tenue au paiement des pénalités ou intérêts de retard échus entre
la date de ce premier incident et celle à laquelle elle en a été informée. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 512, présenté par le
Gouvernement, et visant, dans la première phrase du texte proposé par
l'amendement n° 175 pour l'article 111-4 du code de la consommation, à
remplacer les mots : « les quinze jours » par les mots : « le mois ».
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis, pour défendre
l'amendement n° 175 rectifié.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'article 52
ter
, introduit par l'Assemblée
nationale, tend à sanctionner par la nullité de plein droit l'absence de
mention, dans le contrat de cautionnement, du montant maximum pour lequel ce
cautionnement est consenti. Ce dispositif paraît non pertinent et dangereux :
il s'appliquerait, en effet, à l'ensemble des contrats de cautionnement
consentis à titre gratuit ou onéreux et engageant une personne physique comme
une personne morale. Il pourrait provoquer la disparition du cautionnement «
familial ».
A la place de ce dispositif qui tend à modifier le code civil - car c'est bien
de cela qu'il s'agit - le présent amendement propose d'instaurer, pour prévenir
la survenance de situations de surendettement « par ricochet » dues à la mise
en oeuvre d'un cautionnement, un mécanisme obligeant le créancier à informer la
caution, personne physique, dès la première défaillance caractérisée du
débiteur principal. Ce nouveau dispositif a vocation à bénéficier à toutes les
personnes physiques s'étant portées caution d'une obligation principale
contractée entre un particulier et un professionnel. Je sais que le
Gouvernement souhaite allonger de quinze jours le délai que nous avons prévu ;
la commission des lois y est favorable.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat, pour défendre le sous-amendement n°
512 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 175 rectifié.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le sous-amendement n° 512 a pour objet de prendre en
compte le cas d'un créancier qui serait absent pour congés pendant trois
semaines, par exemple. Dès lors, il ne pourrait plus poursuivre le débiteur
défaillant. Je pense donc qu'un délai d'un mois serait préférable.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 512, accepté par la commission.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement ainsi modifié, n° 175 rectifié accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 52
ter
est ainsi rédigé.
Article 52
quater
M. le président.
« Article 52
quater.
- « L'article 2024 du code civil est complété par
une phrase ainsi rédigée :
« En toute hypothèse, le montant des dettes résultant du cautionnement ne peut
avoir pour effet de priver la personne physique qui s'est portée caution d'un
minimum de ressources fixé à l'article L. 331-2 du code de la consommation.
»
Par amendement n° 176, M. Paul Girod, au nom de la commission des lois,
propose de rédiger comme suit cet article :
« Après le deuxième alinéa du II de l'article 47 de la loi n° 94-126 du 11
février 1994 relative à l'initiative et à l'entreprise individuelle, il est
inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le cautionnement est consenti par une personne physique pour
garantir une dette professionnelle d'un entrepreneur individuel ou d'une
entreprise constituée sous forme de société, le créancier informe la caution de
la défaillance du débiteur principal dès le premier incident de paiement non
régularisé dans les quinze jours de l'exigibilité de ce paiement. A défaut, la
caution ne saurait être tenue au paiement des pénalités ou intérêts de retard
échus entre la date de ce premier incident et celle à laquelle elle en a été
informée. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 513, présenté par le
Gouvernement, et tendant, dans la première phrase du texte proposé par
l'amendement n° 176 pour être inséré après le deuxième alinéa du II de
l'article 47 de la loi du 11 février 1994, à remplacer les mots : "les quinze
jours" par les mots : "le mois".
La parole est à M. Paul Girod, rapporteur pour avis.
M. Paul Girod,
rapporteur pour avis.
L'article 52
quater
introduit par l'Assemblée nationale tend à modifier l'article 2024 du code
civil pour prévoir que la mise en oeuvre d'un cautionnement ne pourra avoir
pour effet de priver la caution, personne physique, d'un minimum de ressources
équivalent au "reste à vivre". Cette disposition paraît inutile car la caution
surendettée bénéficiera du même traitement devant la commission que n'importe
quel débiteur surendetté.
Le présent amendement substitue à ce dispositif un mécanisme de prévention
pour rendre obligatoire l'information de la personne physique qui s'est portée
caution d'une créance professionnelle consentie à un entrepreneur individuel ou
à une entreprise constituée sous forme de société, dès la première défaillance
caractérisée du débiteur principal.
Le Gouvernement souhaite, là encore, que le délai de quinze jours soit porté à
un mois. La commission en est d'accord.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat, pour défendre le sous-amendement n°
513 et pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 176.
Mme Marylise Lebranchu,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement propose la même modification qu'à
l'amendement précédent.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 176 et le sous-amendement
n° 513 ?
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 513, accepté par la commission.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 176 accepté par la commission
et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 52
quater
est ainsi rédigé.
Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des dispositions relatives au
surendettement, nous allons donc interrompre nos travaux.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
3
DÉPÔT D'UNE PROPOSITION
DE LOI ORGANIQUE
M. le président.
J'ai reçu de Mme Hélène Luc, MM. Michel Duffour, Robert Pagès, Mme
Marie-Claude Beaudeau, M. Jean-Luc Bécart, Mmes Danielle Bidard-Reydet, Nicole
Borvo, MM. Jean Derian, Guy Fischer, Pierre Lefebvre, Paul Loridant, MM. Louis
Minetti, Jack Ralite, Ivan Renar, Mme Odette Terrade et M. Paul Vergès, une
proposition de loi organique tendant à abaisser l'âge d'éligibilité des
sénateurs.
La proposition de loi organique sera imprimée sous le numéro 496, distribuée
et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de
la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions
prévues par le règlement.
4
DÉPÔT D'UNE PROPOSITION
D'ACTE COMMUNAUTAIRE
M. le président.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la proposition d'acte communautaire
suivante, soumise au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article
88-4 de la Constitution :
- proposition de règlement (CE) du Conseil modifiant le règlement (CEE,
Euratom, CECA) n° 259/68 fixant le statut des fonctionnaires des Communautés
européennes ainsi que le régime applicable aux autres agents de ces
Communautés.
Cette proposition d'acte communautaire sera imprimée sous le numéro E-1098 et
distribuée.
5
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au mardi 16 juin 1998, à neuf heures trente, à seize heures et le soir
:
1. Suite de la discussion du projet de loi (n° 445, 1997-1998), adopté par
l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la
lutte contre les exclusions.
Rapport (n° 450, 1997-1998) de M. Bernard Seillier, fait au nom de la
commission des affaires sociales.
Avis (n° 472, 1997-1998) de M. Philippe Richert, fait au nom de la commission
des affaires culturelles ;
Avis (n° 471, 1997-1998) de M. Gérard Braun, fait au nom de la commission des
affaires économiques et du Plan ;
Avis (n° 478, 1997-1998) de MM. Jacques Oudin et Paul Loridant, fait au nom de
la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques
de la nation ;
Avis (n° 473, 1997-1998) de M. Paul Girod, fait au nom de la commission des
lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale.
Aucun amendement n'est plus recevable.
2. Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, relative à la politique de
réduction des risques en matière de toxicomanie.
Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : lundi 15 juin
1998, à dix-sept heures.
Délais limites pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements
Projet de loi relatif aux alternatives aux poursuites et renforçant
l'efficacité de la procédure pénale (n° 434, 1997-1998).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mardi 16 juin 1998, à dix-sept heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 16 juin 1998, à dix-sept
heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée à deux heures dix.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du vendredi 12 juin 1998
SCRUTIN (n° 100)
sur l'amendement n° 89, présenté par M. Bernard Seillier au nom de la
commission des affaires sociales, tendant à compléter l'article 36
quater
du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (médecine
scolaire).
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 225 |
Pour : | 219 |
Contre : | 6 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Abstentions :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
92.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Abstentions :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
44.
Abstention :
1. _ M. Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin, Mme Joëlle
Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
Abstentions
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Jacques Larché
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 226 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 114 |
Pour l'adoption : | 220 |
Contre : | 6 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 101)
sur l'amendement n° 117, présenté par M. Philippe Richert au nom de la
commission des affaires culturelles, tendant à insérer un article additionnel
après l'article 75 sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après
déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions
(participation des enseignants aux actions d'insertion des jeunes et à
l'éducation permanente).
Nombre de votants : | 242 |
Nombre de suffrages exprimés : | 234 |
Pour : | 218 |
Contre : | 16 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Abstentions :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André
Boyer, Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
92.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
N'ont pas pris part au vote :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
43.
Abstentions :
2. _ MM. Jean Clouet et Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Danielle Bidard-Reydet
Nicole Borvo
Jean Derian
Michel Duffour
Guy Fischer
Pierre Lefebvre
Paul Loridant
Hélène Luc
Louis Minetti
Robert Pagès
Jack Ralite
Ivan Renar
Odette Terrade
Paul Vergès
Abstentions
MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Jean Clouet, Yvon
Collin, Mme Joëlle Dusseau, MM. Jacques Larché et Robert-Paul Vigouroux.
N'ont pas pris part au vote
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Marcel Bony
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Paul Raoult
René Régnault
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 243 |
Nombre de suffrages exprimés : | 235 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 118 |
Pour l'adoption : | 219 |
Contre : | 16 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 102)
sur l'amendement n° 97, présenté par M. Bernard Seillier et M. Claude Huriet au
nom de la commission des affaires sociales, tendant à supprimer l'article 76 du
projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (Art. 23 de la loi n°
94-629 du 25 juillet 1994 relative à la famille, suppression de l'aide à la
scolarité).
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 278 |
Pour : | 157 |
Contre : | 121 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
76.
Contre :
16. _ MM. Honoré Bailet, Jean Bernard, Michel Caldaguès,
Alain Dufaut, Daniel Eckenspieller, Gérard Fayolle, Bernard Fournier, Alain
Gérard, Adrien Gouteyron, Jean-Paul Hugot, Alain Joyandet, Jacques Legendre,
Guy Lemaire, Pierre Martin, Victor Reux et Jacques Valade.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
11. _ Mme Annick Bocandé, MM. Jean-Pierre Cantegrit, Serge
Franchis, Claude Huriet, Henri Le Breton, Marcel Lesbros, Jean-Louis Lorrain,
Jacques Machet, Jean Madelain, René Marquès et Basile Tui.
Contre :
8. _ MM. Philippe Arnaud, Jean Bernadaux, Marcel Daunay,
André Diligent, André Egu, Jean-Marie Poirier, Philippe Richert et Albert
Vecten.
Abstentions :
38.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
44.
Abstention :
1. _ M. Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
José Balarello
Janine Bardou
Michel Barnier
Jean-Paul Bataille
Henri Belcour
Georges Berchet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Annick Bocandé
Christian Bonnet
James Bordas
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Charles Descours
Jacques Dominati
Michel Doublet
Xavier Dugoin
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Jean Grandon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Bernard Hugo
Claude Huriet
Roger Husson
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Lucette Michaux-Chevry
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Guy Poirieux
Christian Poncelet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Charles Revet
Henri Revol
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
André Vallet
Alain Vasselle
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
Philippe Arnaud
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Honoré Bailet
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Michel Caldaguès
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Daunay
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
André Diligent
Michel Dreyfus-Schmidt
Alain Dufaut
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Daniel Eckenspieller
André Egu
Claude Estier
Léon Fatous
Gérard Fayolle
Guy Fischer
Bernard Fournier
Aubert Garcia
Alain Gérard
Adrien Gouteyron
Claude Haut
Roger Hesling
Jean-Paul Hugot
Roland Huguet
Alain Joyandet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Jacques Legendre
Guy Lèguevaques
Guy Lemaire
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Pierre Martin
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Jean-Marie Poirier
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Victor Reux
Philippe Richert
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Jacques Valade
Albert Vecten
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstentions
Jean-Paul Amoudry
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
René Ballayer
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Daniel Bernardet
François Blaizot
Maurice Blin
André Bohl
Didier Borotra
Jean Cluzel
Marcel Deneux
André Dulait
Pierre Fauchon
Jean Faure
Jacques Genton
Francis Grignon
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Jacques Hyest
Alain Lambert
Jacques Larché
Edouard Le Jeune
Kléber Malécot
Louis Mercier
Michel Mercier
Daniel Millaud
Louis Moinard
Jean Pourchet
Jacques Rocca Serra
Michel Souplet
Xavier de Villepin
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 276 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 139 |
Pour l'adoption : | 155 |
Contre : | 121 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 103)
sur l'amendement n° 229, présenté par M. Gérard Braun au nom de la commission
des affaires économiques et du plan, à l'article 33 du projet de loi, adopté
par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à
la lutte contre les exclusions (Art. L. 441-2-2 du code de la construction et
de l'habitation, Commission de médiation).
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Pour : | 219 |
Contre : | 97 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
92.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
44.
Abstention :
1. _ M. Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstention
M. Jacques Larché.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
SCRUTIN (n° 104)
sur l'amendement n° 84, présenté par M. Bernard Seillier au nom de la
commission des affaires sociales, tendant à supprimer l'article 34
bis
du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les exclusions (Art. L.
302-8 du code de la construction et de l'habitation, obligation triennale de
construction de logements sociaux).
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Pour : | 219 |
Contre : | 97 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
92.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
44.
Abstention :
1. _ M. Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstention
M. Jacques Larché.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
SCRUTIN (n° 105)
sur les amendements n° 85, présenté par M. Bernard Seillier au nom de la
commission des affaires sociales et n° 233, présenté par M. Gérard Braun au nom
de la commission des affaires économiques et du plan, tendant à supprimer
l'article 34
ter
du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale
après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre les
exclusions (Art. L. 302-5 et L. 302-8 du code de la construction et de
l'habitation, seuil démographique pour l'obligation triennale de construction).
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Pour : | 219 |
Contre : | 97 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
92.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
44.
Abstention :
1. _ M. Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstention
M. Jacques Larché.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
SCRUTIN (n° 106)
sur l'amendement n° 177, présenté par M. Paul Girod au nom de la commission des
lois, tendant à supprimer l'article 53 du projet de loi, adopté par l'Assemblée
nationale après déclaration d'urgence, d'orientation relatif à la lutte contre
les exclusions (Art. 706-1 du code de procédure civile ancien, conditions de
remise en vente du bien immobilier après fixation de la mise à prix par le
juge).
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Pour : | 219 |
Contre : | 97 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
17.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (93) :
Pour :
92.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
44.
Abstention :
1. _ M. Jacques Larché.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jean-Paul Bataille
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
André Gaspard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Alain Lambert
Lucien Lanier
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Charles Pasqua
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Basile Tui
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstention
M. Jacques Larché.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.