M. le président. Mme Nicole Borvo attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur le fait que le nombre de postes offerts au CAPES de mathématiques a subi une forte baisse, soit 1 154 en 1997 contre 2 000 en 1996.
Le jury du concours a jugé aptes à enseigner 1 154 candidats auxquels il a ajouté 230 personnes. Il a ainsi reconnu les compétences de 1 384 candidats.
Les capacités des 230 admis sur la liste complémentaire semblent remises en cause dans la mesure où le ministère ne semble pas prêt à les intégrer dans leur totalité.
Pour contribuer à une amélioration de l'enseignement dont le Gouvernement fait un de ses objectifs prioritaires, elle lui demande ce qu'il compte faire pour réintégrer la totalité des candidats admis sur la liste complémentaire. (N° 45.)
La parole est Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, le nombre de postes offerts au CAPES de mathématiques a subi une forte baisse entre 1996 et 1997, puisqu'il est passé de 2 000 à 1 154, ce que nous déplorons.
A l'heure actuelle, il existe des réserves de personnes compétentes puisque 133 candidats au CAPES externe de mathématiques de la session 1997 admis sur la liste complémentaire n'ont pas reçu d'affectation comme professeurs stagiaires.
Comme vous le savez, ces personnes se sont regroupées en collectif, vous ont demandé audience et se battent pour obtenir cette affectation.
Je pense que cela doit vous intéresser dans la mesure où - tout le monde l'a constaté avec satisfaction - le Gouvernement veut engager une politique dynamique pour l'emploi des jeunes et où, pour ce qui est de votre ministère, vous entendez concilier créations d'emplois et amélioration des conditions de scolarité.
De façon plus particulière, vous avez à plusieurs reprises affirmé - nous nous en félicitons - que l'éducation nationale avait besoin d'emplois qualifiés. Or, concernant le recrutement des professeurs de mathématiques que nous jugeons nécessaire, il semble que le ministère ne soit pas disposé à recruter toutes les personnes admises sur liste complémentaire, ce qui pourtant serait aisé. Cette situation est d'autant moins compréhensible que les personnes concernées ont été jugées aptes à enseigner. Quelle subtilité ! elles sont jugées aptes à enseigner, mais elles n'ont pas de poste.
Je reconnais que quelques pas ont été faits puisque l'on est passé de 230 personnes concernées à 133, quoique cette évolution ne corresponde en fait qu'à la prise en compte des désistements sur la liste principale déjà admise par le précédent gouvernement.
Il ne faudrait pas que, les semaines passant, les problèmes qui existent pour l'enseignement des mathématiques soient résolus par l'embauche de contractuels alors que des personnes déjà inscrites sur liste complémentaire peuvent tout à fait être intégrées.
J'ajoute que, pour l'année 1997, 103 postes n'ont pas été pourvus par le biais du concours interne. Or, vous le savez, les postes qui ne sont pas pourvus à l'un ou l'autre des concours, interne ou externe, peuvent être, dans la limite de 20 % des emplois à pourvoir, reportés sur l'autre concours. Il est donc tout à fait possible de reporter sur le concours externe les postes non pourvus par le concours interne.
Dans un souci de dialogue avec le monde enseignant, souci que vous partagez, monsieur le ministre, je vous demande quelles mesures vous comptez prendre pour intégrer la totalité des candidats admis sur la liste complémentaire.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Madame le sénateur, je tiens, dans un premier temps, à préciser que l'inscription sur une liste complémentaire ne vaut pas admission, même si l'ouverture d'une telle liste est de règle dans les concours de la fonction publique. A considérer comme admis les candidats inscrits sur une liste complémentaire, on finirait par admettre tous les candidats ! C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'emploi d'une expression comme « reçu-collé » ne correspond pas à la réalité.
Cela dit, nous avons décidé, comme vous le savez, de clarifier le système des remplacements et d'arrêter de nommer des maîtres auxiliaires. Nous appliquons cette décision avec beaucoup de difficultés, car des habitudes ont été prises.
Bien entendu, il existe des disciplines où l'on constate un manque d'enseignants. Mais il se trouve que, actuellement, les mathématiques n'en font pas partie ; pour l'essentiel, il s'agit de la technologie, de l'espagnol et des sciences naturelles. Or, vous en conviendrez, il est difficile de reconvertir des mathématiciens en professeurs d'espagnol.
Dans ces conditions, on peut considérer qu'il n'y a pas, aujourd'hui, un besoin particulièrement important de professeurs de mathématiques.
En vérité, le problème que vous soulevez tient à ce que mon précécesseur - je suis désolé de le mettre ainsi en cause - a brutalement décidé d'adapter les listes d'admission aux concours à une gestion prévisionnelle de l'emploi.
En trois ans, il aurait pu le faire progressivement, mais il l'a fait brutalement. Par conséquent, le nombre de postes ouverts au CAPES de mathématiques a brutalement chuté et beaucoup de candidats en ont été fort déçus.
Nous devons traiter ce problème en prenant en compte à la fois son aspect humain mais aussi la nécessité d'une gestion rigoureuse de l'éducation nationale, en fonction des besoins.
J'ai donc décidé de repousser la date limite afin d'être en mesure de satisfaire des besoins qui pourraient se faire jour, ce qui n'est pas exclu. En particulier pour renforcer l'aide particulière apportée en mathématiques dans les ZEP, des élèves stagiaires d'IUFM pourraient être affectés à de véritables postes. Mais il ne faut pas penser que cela sera fait de manière systématique ; sinon, il n'y aurait plus de gestion possible des concours.
Le Gouvernement est très soucieux, dans cette affaire comme dans d'autres, d'observer une rigueur de gestion qui n'a pas été appliquée dans l'éducation nationale pendant un certain nombre d'années et, en même temps, de tenir compte du problème des étudiants qui ont préparé un concours et à qui l'on a annoncé, en milieu d'année, que le nombre de postes avait brutalement chuté, d'où un désappointement bien compréhensible.
Je vous assure, madame le sénateur, que ce problème sera traité au plus près des intérêts des élèves, mais sans négliger ceux des mathématiciens, qui ont été déçus par une telle gestion.
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, je ne veux pas ouvrir un débat avec vous sur les besoins en professeurs de mathématiques. Pour ma part, je crois que ces besoins sont réels.
Pour traiter ce problème comme vous semblez vouloir le faire, il convient de s'inscrire en faux contre la volonté, affirmée ces dernières années, de réduire le nombre d'admis aux concours, alors que les besoins existent.
Je suis persuadée que l'effort que vous dites souhaiter consentir sera bien reçu par les intéressés.
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