QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Fiscalité des carburants et lutte contre la pollution
41.
- 26 septembre 1997. -
Mme Danièle Pourtaud
rappelle à
M. le secrétaire d'Etat à l'industrie
que le projet de loi de finances pour 1998 prévoit que la taxe intérieure sur
les produits pétroliers sera uniformément relevée de huit centimes le litre,
quel que soit le carburant, essence ou gazole. L'arbitrage qui a été récemment
rendu n'a donc pas tenu compte des inquiétudes légitimes suscitées par la
responsabilité du gazole dans la pollution atmosphérique et les conséquences de
celle-ci sur la santé publique. Les rapports se succèdent qui établissent
clairement la gravité du risque sanitaire que fait courir le gazole. Dans les
grandes villes, le nombre annuel de décès prématurés attribuables à la
pollution d'origine automobile est estimé autour de huit cent soixante-dix pour
la mortalité associée aux particules. Par ailleurs, pour Paris et la petite
couronne, les chercheurs ont évalué à hauteur de un milliard de francs par an
le coût médico-social lié aux particules fines essentiellement produites par
les moteurs Diesel. Aujourd'hui, près d'une voiture sur deux vendue en France
est désormais équipée d'un moteur diesel. Le régime de taxation privilégié dont
bénéficie le diesel par rapport aux autres carburants n'est certainement pas
étranger à ce succès. Un rééquilibrage de la fiscalité au profit des carburants
les moins polluants, dès le budget 1998, serait un signe fort pour les
Français, et notamment les Parisiens qui jugent que la lutte contre la
pollution est une priorité. Après les pics de pollution enregistrés en
particulier à Paris cet été et dans le courant du mois de septembre où le seuil
symbolique du niveau deux fut plusieurs fois atteint, elle considère que ce
serait une erreur de sous-estimer à la fois la réalité des risques que nous
courons à continuer d'encourager le diesel et l'ampleur de la prise de
conscience des Français quant à ce problème majeur dans les grandes métropoles.
Elle lui demande de préciser la politique du Gouvernement dans ce domaine et en
particulier de dire si, à défaut de taxer le diesel, le Gouvernement envisage
d'aider au développement des carburants non polluants.
Politique en faveur de l'emploi
42.
- 26 septembre 1997. -
M. Jean Bizet
attire l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur l'inquiétude de nombreux chefs d'entreprise soucieux du montant des charges
afférentes aux plus bas salaires. Ces industriels voudraient voir appliquer les
dispositions du « plan textile » à l'ensemble des industries de main-d'oeuvre,
seule solution, à leur avis, pour permettre la création d'emplois dans la
conjoncture de plus en plus ouverte à l'international. Il n'ignore pas les
efforts qui ont été faits par le gouvernement précédent, efforts qui auront
permis de réduire de 13 % le coût du travail rémunéré au niveau du salaire
minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), en diminuant les charges sur
les bas salaires. Il lui semble important de poursuivre en ce sens afin
d'inciter les chefs d'entreprise à favoriser une politique de recrutement
capable de générer des emplois à long terme et se demande si l'on ne pourrait
pas imaginer adapter cette mesure au projet de création de trois cent cinquante
mille emplois dans le secteur privé. Il lui demande si cette décision ne
permettrait pas d'affirmer que le souhait du Gouvernement est bien de favoriser
l'emploi tout en respectant la logique économique la plus élémentaire.
Distribution de produits d'assurance dommages par La Poste
43.
- 26 septembre 1997. -
M. Philippe Marini
appelle l'attention de
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
sur l'extrême émotion suscitée chez les professionnels de l'assurance par
l'annonce de négociations entre La Poste et un groupe d'assurance pour la
distribution de produits d'assurance dommages par celle-ci. En effet, le marché
de l'assurance de dommages des particuliers, c'est-à-dire pour l'essentiel,
l'assurance automobile et le multirisques habitation est un marché saturé
puisque son développement est conditionné par celui du parc automobile et de
l'immobilier. L'irruption de La Poste sur ce marché n'apporterait donc aucune
création de valeur et se traduirait par un simple transfert. Celui-ci se ferait
au détriment des agents généraux d'assurance et des autres réseaux distribuant
de l'assurance. Il en résulterait des destructions d'emplois en grand nombre,
en particulier chez les agents généraux en zones rurales ou semi-rurales. Or
les assurés français bénéficient d'ores et déjà de l'offre de produits et de la
distribution la plus complète et la plus diverse qui existe en Europe puisqu'à
côté des agents généraux d'assurance interviennent le courtage, les «
bancassureurs », les mutuelles sans intermédiare et les sociétés de vente
directe. Le transfert issu de l'accord envisagé entraînerait donc une grave
déstabilisation du marché. De plus, la distribution de La Poste de produits
d'assurance de dommages aggraverait davantage encore les distorsions de
concurrence contre lesquelles la profession de l'assurance mais aussi d'autres
professions du secteur concurrentiel ne cessent de s'élever. Ces distorsions de
concurrence ont donné lieu à une instance dès 1990, confirmée par un récent
pourvoi en avril 1997 auprès de la Cour de justice européenne. Il est à noter
d'ailleurs que dans nombre de pays européens, les services financiers
distribués par La Poste ont fait l'objet d'une filialisation qui assure la
transparence du système. En effet, les règles européennes exigent que les
conditions d'accès au réseau postal doivent être transparentes, publiées dans
les forums appropriés et proposées sur une base non discriminatoire. Une
réponse à une question écrite, publiée au
Journal officiel
le 28 août
1997, faisait état de la volonté du Gouvernement de procéder à un examen
attentif de cette question : « Il sera notamment tenu compte de la
compatibilité du projet avec les règles du droit de la concurrence, de
considérations de nature prudentielle, du souci d'équilibre du marché de
l'assurance dommages ». En conséquence, il lui demande quels sont les résultats
de cet examen et les actions qu'il entend mener dans ce domaine.
Conditions particulières de mise en oeuvre
de la prestation spécifique dépendance
pour les malvoyants
44.
- 26 septembre 1997. -
M. Philippe Marini
appelle l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur la vive émotion suscitée par la mise en application de la nouvelle
prestation spécifique dépendance chez les personnes de plus de soixante ans
souffrant de déficience visuelle ou de cécité. En effet, ces personnes
recevaient, jusqu'à la création de la prestation spécifique dépendance,
l'allocation compensatrice de tierce personne (ACTP). Or les dispositions
contenues dans la loi n° 94-43 du 18 janvier 1994 relative à la santé publique
et à la protection sociale concernant le contrôle de l'usage de l'ACTP et dans
les décrets d'application n°s 97-426 et 97-427 du 28 avril 1997 de la loi
créant une prestation spécifique dépendance au profit de certaines catégories
de personnes âgées traitent globalement l'ensemble des personnes handicapées
sans tenir compte de la spécificité des besoins des personnes handicapées de la
vue. Il est pourtant évident que les aveugles et les malvoyants profonds n'ont
pas tous le même type de dépendance, même après soixante ans, que les personnes
du quatrième âge, désorientées ou grabataires. Ils ont à faire face durant
toute leur vie à une grave déficience sensorielle qui rend difficile leur vie
quotidienne, affective et sociale. Si le montant de l'ACTP ou de la prestation
spécifique dépendance est entièrement affecté à la rémunération d'une aide
ménagère, cela prive les déficients visuels d'autres services pour lesquels le
plus souvent l'aide ménagère n'offre pas suffisamment de garanties de
compétence et de confidentialité, tels que, par exemple, la lecture et
l'écriture du courrier, la surveillance du compte bancaire ou le règlement des
factures. Ainsi, et par manque de moyens financiers, les déficients visuels
renonceraient à certains services complémentaires comme l'usage très fréquent
du téléphone, du taxi ou le recours habituel à des professionnels pour de
petites interventions que tout voyant effectuerait lui-même. Celles-ci, dont la
nécessité est liée directement au déficit visuel sont des demandes de
confiance, de compétence et d'équipements, dont les fréquences et les durées
sont très variables, qui ne peuvent manifestement être couvertes par une
prestation en nature. En conséquence, il lui demande si elle envisage à court
terme de réexaminer les décrets d'application des deux lois suvisées afin que
les déficients visuels de tout âge conservent s'ils le souhaitent leur
allocation compensatrice pour tierce personne et ne soient pas concernés par la
prestation spécifique dépendance ; que le contrôle de l'effectivité de l'ACTP
ne s'exerce que sur 60 % du montant, les 40 % restants étant forfaitairement
attribués à la rémunération des aides diversifiées ; que les aveugles complets,
quel que soit leur âge, continuent d'être dispensés de justifier de
l'effectivité de l'aide d'une tierce personne.
Intégration des candidats
admis au CAPES de mathématiques
45.
- 29 septembre 1997. -
Mme Nicole Borvo
attire l'attention de
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie
sur le fait que le nombre de postes offerts au CAPES de mathématiques a subi
une forte baisse, soit 1 154 en 1997 contre 2 000 en 1996. Le jury du concours
a jugé aptes à enseigner 1 154 candidats auxquels il a ajouté 230 personnes. Il
a ainsi reconnu les compétences de 1 384 candidats. Les capacités des 230 admis
sur la liste complémentaire semblent remises en cause dans la mesure où le
ministère ne semble pas prêt à les intégrer dans leur totalité. Pour contribuer
à une amélioration de l'enseignement dont le Gouvernement fait un de ses
objectifs prioritaires, elle lui demande ce qu'il compte faire pour réintégrer
la totalité des candidats admis sur la liste complémentaire.
Organisation des sessions du Parlement européen
46.
- 30 septembre 1997. -
M. Yann Gaillard
appelle l'attention de
M. le ministre délégué chargé des affaires européennes
sur la violation, par le Parlement européen, de la décision du Conseil européen
de 1992 fixant le siège du Parlement européen à Strasbourg et prévoyant
l'organisation de douze sessions plénières par an dans la capitale de l'Alsace,
et de sessions additionnelles à Bruxelles. Il lui demande de bien vouloir lui
préciser quelle action il envisage de prendre pour faire respecter la décision
du Conseil européen de 1992.
Situation des retraités agricoles
47.
- 30 septembre 1997. -
M. Philippe Madrelle
appelle l'attention de
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche
sur la situation des retraitées agricoles conjointes qui doivent se contenter
d'une retraite de 1 400 francs par mois pour une moyenne de cinquante années de
travail. Il lui rappelle que ces agricultrices ont souvent commencé à
travailler dès l'adolescence pour aider leurs parents à relever les
exploitations. Dans la période des années soixante, les agriculteurs ont dû
investir pour acheter les terres, construire les bâtiments agricoles et
acquérir du matériel agricole. Il souligne que tous ces efforts ont permis au
secteur agroalimentaire de réaliser d'énormes profits et qu'aujourd'hui les
terres et les bâtiments agricoles ne représentent plus aucune valeur, faute de
repreneur. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui préciser les
mesures qu'il compte prendre afin que les retraitées agricoles conjointes
d'exploitant puissent bénéficier d'une retraite agricole égale au moins à 75 %
du salaire minimum interprofessionnel de croissance.
Création d'un site de stockage d'anciennes munitions
48.
- 30 septembre 1997. -
M. Jacques Legendre
attire l'attention de
M. le ministre de l'intérieur
sur l'émotion créée dans le Cambrésis par l'annonce le 16 septembre dernier de
son projet de création d'un site de stockage d'anciennes munitions de guerre
sur l'aérodrome militaire désaffecté de Cambra-Niergnies. Il ne s'agit pas
d'une contestation du bien-fondé du ramassage et de la collecte des anciennes
munitions de guerre. L'Etat est dans son rôle en réorganisant celle-ci. Mais
l'ancien aérodrome militaire de Cambrai-Niergnies représente un ensemble
foncier de près de 200 hectares que l'armée de l'air avait entrepris de
revendre à la communauté de villes de Cambrai et à la chambre de commerce. Un
projet de réutilisation en faveur des sports de l'air, d'un centre
d'expériences et de recherches universitaires et d'implantations industrielles
était en cours d'élaboration. L'installation d'un dépôt de vieilles munitions,
même limité à 5 tonnes, stérilisera 30 hectares et dissuadera les investisseurs
éventuels de s'installer à proximité. Et c'est donc toute la zone, essentielle
pour l'avenir de l'agglomération, qui se trouvera lourdement pénalisée. Il
demande donc à M. le ministre de l'intérieur, qui est aussi maire et peut
comprendre l'émoi des collectivités locales et de la population, de renoncer en
ce lieu à une implantation inacceptable et de faire rechercher ailleurs, dans
l'arrondissement de Cambrai ou dans un autre arrondissement, sur un terrain
militaire ou sur une friche industrielle spécialisée dans les installations
classées, l'installation de ce dépôt d'anciennes munitions.