QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Avenir des écoles privées
sous contrat d'ingénieurs en agriculture
1.
- 18 juin 1997. -
M. Jean-Paul Delevoye
appelle l'attention de
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche
sur le devenir des écoles privées sous contrat d'ingénieurs en agriculture. Ces
établissements dispensent un enseignement reconnu et de haut niveau et forment
des spécialistes indispensables à une agriculture moderne et compétitive. A ce
titre, et depuis 1984, ils sont détenteurs d'une mission de service public dans
le cadre de l'enseignement supérieur. Le coût moyen annuel de formation d'un
étudiant s'élève à 43 000 francs, soit la moitié du coût constaté dans les
établissements publics. Ce montant a d'ailleurs été reconnu par le ministère de
l'agriculture comme un besoin incompressible de ces écoles au titre de leur
fonctionnement. Malgré des négociations ininterrompues, la période du second
contrat quinquennal (1993-1997) n'a pas permis le déblocage du dossier du
financement des écoles privées d'ingénieurs en agriculture, à tel point que
leur avenir n'est plus assuré. Pourtant, l'effort demandé à l'Etat est de
l'ordre de 50 millions de francs, alors même que la formation des élèves dans
les écoles publiques coûterait 200 millions de francs. Pire, un reliquat de
crédits dus à ces établissements de 7,4 millions de francs, qui pourrait
utilement être versé en 1997, reste bloqué. L'année 1998 sera la première du
nouveau contrat quinquennal (1998-2002) et il est indispensable qu'une solution
pérenne soit trouvée avant cette échéance pluriannuelle. Il souhaite que M. le
ministre puisse s'engager sur cette base et lui indiquer l'état actuel
d'évolution du dossier.
Organisation de la distribution de lait
dans les écoles
2.
- 18 juin 1997. -
M. Jean-Paul Delevoye
appelle l'attention de
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche
sur les conditions financières de la distribution du lait dans les écoles, qui
concerne en principe 7 à 8 millions d'enfants pour un budget de 200 millions en
1997. Il s'agit d'une pratique ancienne en France (environ 40 ans) dont le
financement a été pour partie transféré à la communauté économique européenne
il y a une vingtaine d'années. Ainsi, le budget national n'est-il sollicité
qu'à hauteur de 7 à 8 millions de francs pour 1997. Cette distribution de lait
revêt une très grande importance à une époque où la malnutrition enfantine est
un phénomène en croissance. Or, les municipalités sont confrontées depuis
quelques années à une augmentation de l'effort financier qui leur est demandé
pour cette distribution, en raison de l'accroissement de l'écart entre le prix
du lait et le niveau d'intervention de l'Office national interprofessionnel du
lait et des produits laitiers (ONILAIT). Certaines se voient donc contraintes
de diminuer les quantités globales de lait distribuées, voire à renoncer à
toute distribution, ce qui est pour le moins fâcheux. Cela est dû à la
suppression, en application de la réforme de la politique agricole commune, de
la taxe de coresponsabilité (règlement n° 1029/93 du 27 avril 1993). La
communauté économique européenne a alors décidé une économie de l'ordre de 50 %
sur le programme de distribution du lait à l'école, dès lors que cette taxe
intervenait à hauteur de 75 % dans le financement de celui-ci. Dans le même
temps, le niveau de la subvention nationale a
juin 1997. -
M. Jean-Paul Delevoye
appelle l'attention
M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la
décentralisation
sur les très lourdes - et parfois insupportables - conséquences financières
pour les collectivités locales de l'entrée en application d'un certain nombre
de normes européennes applicables, à titre d'exemple, aux aires de jeux
municipales, aux équipements sportifs, aux marchés de comestibles, ou encore
aux feux tricolores. A chaque fois, les collectivités doivent adapter,
remplacer, moderniser - même lorsque les équipements concernés sont eux-mêmes
récents - dans des délais assez courts, c'est-à-dire un ou deux exercices
budgétaires. De surcroît, les collectivités ne sont pas consultées avant
l'entrée en vigueur de ces normes, ni associées aux conditions de mises en
oeuvre de celles-ci. Cette situation ne peut perdurer en l'état, et doit
absolument faire l'objet d'une véritable concertation qui devrait commencer
sans délai. Elle devrait porter à la fois sur la création d'une instance de
consultation entre le Gouvernement et les associations d'élus qui serait saisie
immédiatement de toute nouvelle directive européenne concernant les
collectivités locales, et sur les normes en cours d'application sur les aires
de jeux, qui posent des problèmes particulièrement sérieux à nombre de
communes. Il souhaite connaître les perspectives de l'action gouvernementale en
ce domaine.
Conséquences en Dordogne de la limitation de la croissance
des effectifs de l'enseignement agricole et rural
4.
- 18 juin 1997. -
M. Gérard Fayolle
appelle l'attention de
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche
sur les conséquences pour l'avenir du monde rural de la limitation des
effectifs de l'enseignement agricole et plus particulièrement de l'enseignement
technique dispensé par les maisons familiales rurales. L'enseignement agricole
et notamment les maisons familiales rurales enregistrent de remarquables succès
en Dordogne. Leurs résultats aux examens tout comme leur taux d'insertion
professionnelle sont tout à fait satisfaisants. Le ministère de l'agriculture
souhaitait, en raison d'impératifs bugétaires, limiter à 2 % la croissance des
effectifs de l'enseignement agricole et rural. Cette exigence, si elle se
confirmait, risquerait d'aboutir à des résultats contraires aux objectifs
visés. En effet, en Dordogne, les activités autres que la production agricole,
auxquelles préparent les maisons familiales rurales - l'agritourisme, les
services aux personnes, l'artisanat -, sont particulièrement importantes. Si
l'on considère que sauver la ruralité c'est permettre aux jeunes de rester dans
le milieu rural et d'y exercer une activité, ne convient-il pas d'envisager les
prochaines rentrées sous un autre angle que celui des seuls impératifs
budgétaires et des réductions d'effectifs dans l'enseignement agricole et rural
? Ne vaudrait-il pas mieux considérer les enjeux économiques d'une région en
matière d'emplois ?
Statut des psychologues scolaires
5.
- 18 juin 1997. -
M. René-Pierre Signé
appelle l'attention de
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie
sur les problèmes que rencontrent les psychologues scolaires dont l'identité
professionnelle n'est pas clairement définie. Ces psychologues ont pour mission
d'apporter un appui aux élèves du premier degré. Ils font partie intégrante des
équipes pédagogiques. A leur formation initiale de niveau universitaire, la loi
n° 85-772 du 25 juillet 1985 ajoute l'exigence d'une expérience pédagogique
préalable à leur recrutement. Actuellement, ils sont assimilés à des
enseignants avec les mêmes salaires et des évolutions de carrière identiques.
Ils sont inspectés, comme les instituteurs, par des fonctionnaires de formation
pédagogique ou administrative. C'est une situation étonnante au regard de la
loi de 1985 qui protège le titre de psychologue. Dans un souci d'affirmation
professionnelle, ils souhaitent l'élaboration négociée d'un texte leur
conférant statutairement une fonction spécifique, dans le premier degré,
accessible à l'issue d'une formation sanctionnée par un diplôme de 3e cycle en
psychologie. Ce statut protégerait l'usage de leur titre, garantirait aux
enfants, à leur familles ainsi qu'aux différents partenaires les services de
professionnels dotés de missions, dans le respect de la déontologie et de
l'éthique, et établirait une distinction entre celui qui enseigne et celui qui
analyse une situation pour tenter d'y apporter une solution. Il lui demande de
lui indiquer quelles mesures pourront être prises pour que ces personnels de
l'éducation nationale bénéficient de la reconnaissance qu'ils méritent.
Conséquences de la régularisation de la situation
des étrangers en situation irrégulière
6.
- 18 juin 1997. -
M. Christian Demuynck
attire l'attention de
M. le ministre de l'intérieur
sur les conséquences de l'annonce de la régularisation de plusieurs dizaines de
milliers d'étrangers en situation irrégulère. Le chiffre de 10 à 20 000 a été
avancé par le Gouvernement. Selon les leaders du mouvement des sans-papiers,
près de 100 000 personnes seraient concernées. Quoi qu'il en soit, après ces
régularisations, il y en aura de nouvelles car on trouvera toujours des
ressortissants étrangers à régulariser ou d'autres qui arriveront. Cette
décision va conforter à l'étranger l'idée que la France est à nouveau ouverte à
l'immigration sauvage, les clandestins espérant pouvoir obtenir plus facilement
un titre de séjour. Ces mesures auront pour conséquence une hausse de
l'immigration irrégulière et un développement des réseaux d'acheminement des
clandestins. Enfin, elles provoqueront un afflux supplémentaire de demandes de
logements et d'emplois. On peut légitimement se demander qui sera en mesure de
subvenir à ces besoins locatifs et comment sera supportée socialement et
économiquement cette affluence supplémentaire de candidats sur le marché de
l'emploi. Il lui demande quel sera le coût pour la collectivité de toutes ces
régularisations ainsi que le nombre précis de régularisations présentes et à
venir prévues par le Gouvernement.
Assujettissement des travailleurs frontaliers
à la contribution pour le remboursement de la dette sociale
7.
- 18 juin 1997. -
M. Pierre Hérisson
appelle l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur l'assujettissement des travailleurs frontaliers à la contribution pour le
remboursement de la dette sociale (CRDS). En application de l'article 7, alinéa
1 de la convention franco-suisse du 3 juillet 1975, les frontaliers travaillant
en Suisse sont obligatoirement couverts par le régime suisse de sécurité
sociale. Après avoir décidé de suspendre l'assujetissement des frontaliers à la
contribution sociale généralisée (CSG), le Gouvernement les a assujettis, par
ordonnance du 25 janvier 1996, à une nouvelle contribution sociale, la CRDS. La
Commission européenne, ayant été saisie sur ce point, a confirmé qu'il
s'agissait là encore d'une « véritable cotisation sociale », qui ne pouvait en
aucun cas être applicable aux frontaliers des pays tiers. La CRDS a été créée
dans l'unique but de combler le déficit de la sécurité sociale, ce qui lui
confère indéniablement son caractère de cotisation sociale, quand bien même
cette dernière serait affectée à un organisme ne redistribuant pas directement
de prestations sociales. En conséquence, il lui demande quelles mesures le
Gouvernement entend rapidement prendre pour corriger cette erreur manifeste,
car il n'est pas raisonnable de demander aux frontaliers de participer
solidairement au remboursement d'un déficit auquel ils n'ont, en fait ou en
droit, jamais participé.
Prise en compte des résidents helvétiques en France
pour le calcul de la DGF
8. - 18 juin 1997. - M. Pierre Hérisson appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'installation des citoyens helvétiques dans les communes frontalières. Si ceux-ci ont la possibilité d'acquérir une résidence en France, elle ne peut être occupée qu'à titre secondaire. Or, la plupart de ces résidents les occupent à titre principal. Ces citoyens helvétiques, bien que représentant des consommateurs potentiels qui paient leurs impôts locaux, ne sont pas totalement comptabilisés dans le recensement de la population pour le calcul de la dotation globale de fonctionnement des communes. Une résidence secondaire ne compte que pour un habitant, quel que soit le nombre d'occupants. Ces résidents ne donnent pas lieu non plus à la perception au bénéfice de la commune de la part du Fonds de rétrocession genevois. Cet état de fait pourrait conduire à terme à un sérieux déséquilibre financier pour les communes qui doivent malgré tout construire des équipements publics en rapport avec leur population réelle. En conséquence, il lui demande bien vouloir lui préciser les mesures qui seront mises en oeuvre pour que les communes frontalières bénéficient d'une DGF et du Fonds de rétrocession genevois en rapport avec un décompte total d'habitants résidant dans ces communes.