QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Réalisation du canal Seine-Nord

629. - 28 mars 1997. - M. Marcel Deneux rappelle à M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme que la réalisation du canal Seine-Nord doit permettre le désenclavement de Paris et du bassin de la Seine et offrir un débouché vers le réseau fluvial de l'Europe. Voies navigables de France a proposé un fuseau de tracé proche du canal du Nord qui constitue la solution optimale à la fois sur le plan technique, puisqu'il permet un coût d'investissement et d'exploitation le moins élevé sur le plan environnement, car il est le plus intéressant quant aux impacts sur le milieu humain, sur le patrimoine culturel et sur la faune et la flore terrestres ; sur le plan socio-économique, car il offre le transport le plus court. Enfin, sur le plan de l'aménagement urbain son insertion à proximité des villes s'effectue sans aucune difficulté, sans pour autant traverser ces villes. Malgré ces éléments en faveur du tracé passant par Péronne, proposé par Voies navigables de France, un doute subsiste chez les élus et les décideurs du département de la Somme quant à la position du Gouvernement. Aussi, il lui demande de bien vouloir préciser ses intentions et le remercie, par avance, de l'assurer du bon déroulement de ce grand projet.

Cumul d'emplois et recrutements de contractuels
dans la fonction publique territoriale

630. - 28 mars 1997. - M. Marcel Deneux signale à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation que des acteurs de la fonction publique territoriale, et plus particulièrement des présidents de centre de gestion de la fonction publique territoriale, ont attiré son attention sur les effets du cumul d'emplois dans la fonction publique. Ainsi, bien qu'occupant un poste à temps complet dans la fonction publique, ou quelquefois retraités, nombre de fonctionnaires d'Etat, de l'administration préfectorale, des finances ou encore de l'éducation nationale, occupent sous différentes formes de contrats, un emploi à temps non complet pour une durée supérieure aux cinq heures autorisées. Il a constaté que dans le département de la Somme, cela peut varier de douze à soixante-quatre heures par semaine ! Cette situation recouvre l'équivalent de 110 postes à temps complet (trente-neuf heures) dans le département avec, à la clef, des exonérations patronales de charges sociales mises en valeur lors du recrutement. Une autre conséquence de ce phénomène est le nombre croissant de jeunes diplômés, reçus aux concours, qui sont dans l'attente de postes. Enfin, il observe la vétusté et l'incohérence de la législation en vigueur : ainsi, le décret-loi du 29 octobre 1936 est toujours en vigueur et le décret de mars 1991 autorisant un cumul dans la limite de quarante-quatre heures par semaine est trop souvent bafoué. Tout en espérant avoir attiré l'attention sur ce dossier, il lui apparaît souhaitable d'engager une réflexion sur l'abandon de l'exonération des charges sociales et retraite en cas de cumul d'activité au-delà du temps complet ainsi que la limitation stricte du cumul des fonctions à hauteur de ce qui est autorisé, soit trente-neuf heures plus 15 %. Enfin, il souhaite que soit examiné également au plus tôt le dossier du recrutement d'agents contractuels dans les collectivités territoriales. Celles-ci sont quotidiennement confrontées à ce problème, devant faire face à des tâches de plus en plus spécialisées et réclamant le recrutement de personnes, jeunes le plus souvent, diplômées de l'enseignement supérieur de type troisième cycle. Il remercie le ministre de l'examen de ces multiples dossiers qui réclament un rééquilibrage et une adaptation au développement de nos collectivités territoriales.

Situation des infirmiers et infirmières
des hôpitaux psychiatriques

631. - 4 avril 1997. - M. Lucien Lanier attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale sur la situation des infirmiers et infirmières psychiatriques. Le 30 décembre 1996, le Conseil d'Etat a annulé l'arrêté du 26 octobre 1994 relatif à l'attribution du diplôme d'Etat infirmier aux personnes titulaires d'un diplôme d'infirmier de secteur psychiatrique, motivant son arrêt par la non-conformité de la formation d'infirmier psychiatrique avec les exigences des directives européennes. Un rapport a été confié sur ce sujet à un maître des requêtes au Conseil d'Etat. Il lui demande s'il serait possible de savoir quelles solutions préconisent ce rapport et quelles mesures le Gouvernement envisage de prendre, qui soient acceptables par l'ensemble des parties de la profession d'infirmière, pour répondre à la situation actuelle des infirmières psychiatriques eu égard aux stipulations européennes ainsi qu'aux impératifs de santé publique.

Statut fiscal des maisons des jeunes travailleurs

632. - 28 mars 1997. - M. Georges Mouly attire l'attention de M. le ministre délégué au budget sur la situation de l'Association pour le foyer du jeune travailleur, dont chacun reconnaît, pour l'avoir constaté sur le terrain, l'incontestable utilité. L'administration fiscale, cependant, impose depuis peu de temps à certains foyers de jeunes travailleurs d'importants redressements fiscaux. Si cette démarche ne saurait être regardée que comme morale, qu'en est-il par ailleurs et plus précisément des nouvelles charges qui seraient assignées aux maisons des jeunes travailleurs (TVA, impôts sur les sociétés, taxe professionnelle) ? Il lui demande donc de bien vouloir lui préciser exactement à quelle fiscalité sont assujettis aujourd'hui les foyers de jeunes travailleurs.

Mesures en faveur de l'emploi des jeunes

633. - 2 avril 1997. - M. Daniel Goulet appelle l'attention de Mme le ministre délégué pour l'emploi sur les modalités de mise en oeuvre des fonds arrêtés lors de la Conférence nationale pour l'emploi des jeunes et s'étonne que ces modalités d'application soient exclusivement déléguées aux préfets de départements alors que semblent exclus les conseils régionaux - pourtant déjà fortement engagés et investis dans la formation et l'insertion des jeunes. A ce propos, il rappelle la mise en oeuvre de la loi quinquennale du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle et précise l'exemple de la région Basse-Normandie qui a été une des premières à signer avec l'Etat la convention de décentralisation concertée et progressive des compétences de l'Etat. Cette loi quinquennale a donné aux régions la mission d'élaborer un plan régional de développement de formation professionnelle des jeunes ayant pour objet : « la programmation à moyen terme des réponses aux besoins de formation permettant un développement cohérent de l'ensemble des filières de formation et prenant en compte les réalités économiques régionales et les besoins des jeunes de manière à leur assurer les meilleures chances d'accès ». De plus, celle-ci a confirmé le rôle des contrats d'objectifs dont les orientations et priorités sont des composantes du plan régional pour l'emploi des jeunes. Par ailleurs, le conseil régional de Basse-Normandie, à la suite du sommet social du 21 décembre 1995, a signé un accord avec l'Etat. Les programmes fixés n'entendaient pas créer de nouvelles mesures mais plutôt renforcer l'articulation entre les dispositifs existants. A la lumière des actions régionales engagées et des prévisions financières que le fonds national de 1 milliard doit mettre à la disposition des préfets de départements, et malgré une réserve financière qui pourrait servir à accompagner des projets de rang régional, il souhaiterait connaître quelle place et surtout quel rôle seront donnés aux Conseils régionaux qui ne semblent pourtant pas avoir failli à la mission qui leur a été confiée dans le domaine de la formation et de l'insertion des jeunes.

Reconnaissance du génocide arménien de 1915

634. - 2 avril 1997. - M. René Rouquet appelle l'attention de M. le Premier ministre sur l'attente de la communauté française d'origine arménienne de voir reconnaître officiellement par le Gouvernement français le génocide perpétré en 1915 contre le peuple arménien. La non-reconnaissance de faits attestés par l'histoire est ressentie comme une blessure profonde par la communauté arménienne et conforte un négationnisme qui n'hésite plus à se montrer au grand jour. Il lui demande en conséquence de bien vouloir lui indiquer si le Gouvernement français entend reconnaître le génocide arménien.

Avenir de la filière Sciences et techniques
de laboratoire option Biologie, génie biologique

635. - 2 avril 1997. - Mme Hélène Luc tient à attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation sur la profonde injustice qui serait faite aux lycéens bacheliers de l'enseignement technique STL-BGB (Sciences et techniques de laboratoire, option Biologie, génie biologique) STL SMS (Sciences médico-sociales) si n'était pas rapportée la décision de suppression du concours spécifique qui leur est réservé pour intégrer les grandes écoles d'ingénieurs agronomes, des travaux agricoles et les écoles vétérinaires. Une telle décision, qui entraînerait également la fermeture des trois classes préparatoires TB (Technologie et biologie) aux grandes écoles réservées à ces bacheliers et implantées à Paris, Toulouse et Strasbourg, porterait un coup d'arrêt brutal à une filière d'excellence de l'enseignement technique qui a apporté la preuve de son efficacité en offrant à des dizaines de jeunes, d'origine sociale souvent non favorisée, la possibilité d'obtenir un diplôme d'ingénieur. La disparité de cette voie de promotion sociale irait complètement à l'encontre des déclarations sur la revalorisation de l'enseignement technique, déjà exprimée à plusieurs reprises, tant par le Président de la République que par le ministre de l'éducation nationale. C'est pourquoi elle lui demande, au nom des sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen qui partagent pleinement l'émotion et l'inquiétude de la communauté éducative attachée à la pérennité de cette filière, de ne remettre en cause aucun des débouchés en école d'ingénieurs proposés aux bacheliers STL, BGB et SMS, en permettant le maintien des concours spécifiques, des classes préparatoires et d'organiser au plus vite une table ronde et une concertation avec tous les partenaires concernés.

Mesures de protection en faveur des facteurs d'orgue

636. - 4 avril 1997. - M. Daniel Hoeffel appelle l'attention de M. le ministre de la culture sur la baisse de 32 % pour 1997 des crédits accordés à la restauration des orgues historiques, et sur les vives inquiétudes qui en résultent au sein de la profession des facteurs d'orgue. Alors que l'organisation des « états généraux de la facture d'orgue » en 1995 et la création du conseil des métiers d'art en 1996 avaient suscité beaucoup d'espoir, l'annonce de cette décision - sans concertation - a déclenché une vive réaction des facteurs d'orgue, qui dénoncent des méthodes déstabilisantes pour les entreprises et pour le bon déroulement des procédures d'attribution des marchés. Cette diminution d'un tiers des crédits risque par ailleurs d'entraîner la disparition de 30 % des petites entreprises spécialisées dans cette profession, ainsi que de leur savoir-faire spécifique. L'Alsace, région particulièrement riche en orgues anciens, est aussi, avec le centre de formation des apprentis d'Eschau, un pilier de la facture d'orgue, et se trouve de ce fait particulièrement frappée. Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'il compte prendre pour protéger cette profession, garante de la survie des plus beaux orgues historiques de France.

Statut des psychologues scolaires

637. - 9 avril 1997. - M. René-Pierre Signé appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation des psychologues scolaires dont l'identité professionnelle n'est pas clairement définie. Les psychologues scolaires ont pour mission d'apporter un appui aux élèves du premier degré. Ils font partie intégrante des équipes pédagogiques. A leur formation initiale de niveau universitaire, la loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 ajoute l'exigence d'une expérience pédagogique préalable à leur recrutement. Actuellement, ils sont assimilés à des enseignants avec les mêmes salaires et des évolutions de carrière identiques. Ils sont inspectés, comme les instituteurs, par des fonctionnaires de formation pédagogique ou administrative. C'est une situation étonnante au regard de la loi de 1985 qui protège le titre de psychologue. Dans un souci d'affirmation professionnelle, ils souhaitent l'élaboration négociée d'un texte leur conférant statutairement une fonction spécifique, dans le premier degré, accessible à l'issue d'une formation sanctionnée par un diplôme de 3e cycle en psychologie. Ce statut protégerait l'usage de leur titre, garantirait aux enfants, à leurs familles ainsi qu'aux différents partenaires les services de professionnels dotés de missions, dans le respect de la déontologie et de l'éthique ; et établirait une distinction entre celui qui enseigne et celui qui analyse une situation pour tenter d'y apporter une solution. Il lui demande, en conséquence, de lui indiquer quelles mesures pourront être prises pour que ces personnels de l'éducation nationale bénéficient de la reconnaissance qu'ils méritent.

Conséquences pour les trésoreries publiques
du passage à la comptabilité M.14

638. - 9 avril 1997. - M. Michel Sergent souhaite attirer l'attention de M. le ministre délégué au budget sur la situation préoccupante que connaissent depuis quelques mois les trésoreries publiques. La mise en place de la M.14 a été faite sans que les personnels (souvent trop peu nombreux) aient été formés. Pour la plupart, ils n'ont bénéficié que d'une seule journée de formation. Ainsi donc les délais de paiement s'accumulent. Les salaires des personnels communaux sont parfois payés avec retard. Tout aussi grave, les factures sont réglées au bout de deux parfois trois mois, occasionnant un préjudice réel aux entreprises, au commerce ou à l'artisanat. En conséquence, il lui demande quelles mesures il envisage pour remédier à ces problèmes rencontrés par de nombreuses communes notamment dans le département du Pas-de-Calais.

Publication du statut du cadre d'emplois
des agents territoriaux d'animation

639. - 10 avril 1997. - Mme Hélène Luc tient à attirer l'attention de M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur la nécessité de publier rapidement le décret portant statut particulier du cadre d'emplois des agents territoriaux d'animation. Ces personnels des collectivités territoriales qui remplissent des missions reconnues auprès de publics diversifiés sont dans l'attente de la reconnaissance statutaire de leur compétence, garantissant la sécurité d'emploi et un déroulement de carrière conforme à celui en vigueur dans la fonction publique. C'est pourquoi elle lui demande de l'informer sur ses intentions quant à une publication prochaine de ces textes d'application.

Retard en matière d'équipement hospitalier
dans le département du Pas-de-Calais

640. - 10 avril 1997. - M. Léon Fatous souhaite interpeller oralement M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la sécurité sociale sur le retard, en matière d'équipement hospitalier, dont souffre le département du Pas-de-Calais. En effet, il voudrait savoir où en est le réexamen du dossier de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) mobile pour les hôpitaux de Calais, Montreuil et Arras, promis par M. le ministre il y a un an.

Difficultés d'indemnisation rencontrées
par certaines victimes d'attentats

641. - 11 avril 1997. - M. Gilbert Chabroux attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les difficultés d'indemnisation rencontrées par certaines victimes d'attentats. La loi n° 86-1020 du 9 septembre 1986 relative à la lutte contre le terrorisme prévoit qu'en cas d'infractions « en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur » les victimes seront indemnisées par le fonds de garantie suivant le principe de la réparation intégrale pour l'ensemble de leurs préjudices personnels, que ceux-ci soient patrimoniaux ou corporels. Cependant, la loi se tait sur un point qui peut être essentiel pour une catégorie de victimes. En effet, si une personne peut subir, lors d'un tel acte, un préjudice corporel souvent dramatique, il peut également y avoir un préjudice matériel qui, dans certains cas, est conséquent. Ce peut être le cas notamment de propriétaires d'un véhicule assuré au tiers, soufflé par l'explosion, ou le cas de personnes qui doivent abandonner leur logement et ont à assumer les frais d'hôtel. Le législateur, considérant que les contrats d'assurance civile couvrent normalement ces dommages, a évacué cette question. Or on a pu relever un certain nombre de situations où les assurances ne prenaient pas en charge la totalité du préjudice matériel subi. C'est le cas pour sept personnes, sur les 76 victimes de l'attentat de Villeurbanne perpétré le 7 septembre 1995. Le montant du préjudice non indemnisé s'élève à 214 181 francs. La multiplication des démarches auprès de l'Etat et des compagnies d'assurances n'a pas permis d'avancer sur ce point, à l'exception de la solidarité manifestée par la municipalité de Villeurbanne et certaines assurances allant au-delà des limites des contrats initiaux. Le traumatisme subi par ces victimes d'attentas terroristes est lourd et réel. Les personnes ont le sentiment d'avoir tout perdu. L'Etat peut-il les laisser se considérer comme les payeurs innocents d'une nouvelle forme de guerre, alors que c'est indéniablement au fondement de la République que les terroristes s'attaquent ? Pouvons-nous accepter que certains de nos concitoyens soient abandonnés de la solidarité nationale ? En conséquence, il souhaiterait que la loi de 1986 fût modifiée le plus rapidement possible afin de venir en aide à ceux qui se sentent les laissés pour compte du fonds de garantie et permettre de prévenir d'éventuelles situations similaires dans l'avenir. Il souhaiterait également que le Gouvernement réexaminât la situation de ces sept victimes de l'attentat du 7 septembre 1995 et que des solutions soient trouvées pour permettre une indemnisation intégrale des préjudices qu'elles ont subis.

Bonifications pour campagne double
accordées aux anciens combattants d'Afrique du Nord

642. - 14 avril 1997. - Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le ministre délégué aux anciens combattants et victimes de guerre sur l'attribution des bénéfices de campagne double aux fonctionnaires cheminots et agents de services publics, anciens combattants en Afrique du Nord. Elle lui rappelle que, le 9 décembre 1974, la loi n° 70-144 a reconnu, dans des conditions de stricte égalité avec les combattants des conflits antérieurs, les services des anciens d'Afrique du Nord. Elle lui rappelle également que la loi du 14 avril 1924 reconnaît les bonifications pour campagne double comme un droit à réparation accordé aux anciens combattants fonctionnaires et assimilés, ce bénéfice ayant été étendu progressivement aux agents de certains services publics, tels les cheminots (décision du ministère des transports du 31 mars 1964). Elle lui demande quelles mesures il envisage pour accorder aux anciens combattants fonctionnaires cheminots et agents des services publics ayant combattu en Afrique du Nord le bénéfice de campagne double.

Situation des entreprises d'insertion par l'économique

643. - 14 avril 1997. - M. Marcel Charmant demande à M. le ministre du travail et des affaires sociales comment il concilie le rôle essentiel de l'insertion par l'économique dans le processus de lutte contre l'exclusion tel qu'il apparaît dans le projet de loi relatif à la cohésion sociale et les difficultés auxquelles se heurtent dans le même temps les entreprises d'insertion. Ainsi, dans le département de la Nièvre, plusieurs entreprises ont fait part des difficultés croissantes qu'elles rencontrent dans l'accomplissement de leur mission. En effet, l'aide publique moyenne par poste dans les entreprises d'insertion est passée de 71 000 F en 1991 à moins de 50 000 F en 1996. D'autre part, des difficultés issues du gel, au premier franc, de la ligne budgétaire votée par le Parlement pour l'insertion par l'économique étaient déjà apparues en 1996. Les entreprises ont été, pour la majorité d'entre elles, conventionnées dans le courant de l'été et les premiers crédits ne leur sont parvenus qu'en fin d'année. Cette situation n'a pas été sans leur poser d'importants problèmes de trésorerie. Cette situation de gel budgétaire se renouvelle pour 1997, les entreprises vont devoir à nouveau multiplier les démarches auprès de l'Etat pour obtenir les prestations auxquelles elles peuvent légitimement prétendre et elles seront pénalisées malgré les efforts conséquents qu'elles ont réalisés. Les entreprises d'insertion nivernaises ont réussi à se situer à un taux d'autofinancement supérieur à 80 %. Elles recrutent leurs salariés exclusivement auprès d'un public de chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RMI, en situation d'exclusion. Elles comptent, à ce jour, dans leurs effectifs pratiquement le double de salariés que de postes aidés. Aujourd'hui, chaque entreprise nivernaise restitue aux collectivités publiques un montant supérieur aux subventions reçues. Elles estiment, à juste titre, remplir leur partie du contrat. C'est pourquoi il lui demande de faire en sorte que les crédits inscrits au budget à destination des entreprises d'insertion par l'économique puissent être débloqués et les prestations versées le plus rapidement possible. Il souhaite par ailleurs que la proposition faite par le Comité national des entreprises d'insertion de signer un contrat d'objectifs avec le Gouvernement pour lutter contre l'exclusion trouve un écho favorable.