HOMMAGE SOLENNEL À ANDRÉ MALRAUX

M. le président. Mes chers collègues, la nation vient de rendre un hommage solennel à la mémoire d'André Malraux, dont les cendres ont été transférées au Panthéon. Le Sénat de la République a voulu s'associer à cet hommage. Pour cela, nous avons demandé à notre collègue Alain Peyrefitte de s'exprimer dans cet hémicycle. Membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences morales et politiques, il a siégé au Gouvernement aux côtés d'André Malraux.
Avant de lui donner la parole, je vous demande d'observer une minute de silence. (M. le ministre, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et observent une minute de silence.)
La parole est à M. Peyrefitte.
M. Alain Peyrefitte. S'adressant au Sénat, du haut de cette tribune, André Malraux s'écriait : « Les paroles du génie appartiennent à tous, et notre fonction est de les faire connaître à tous, pour que tous puissent les posséder. »
Il importe à la France que les paroles du génie si fort et si singulier de Malraux soient connues de tous, pour que tous puissent les posséder.
Tel est le sens de l'acte national accompli le 23 novembre dernier. Tel est le sens de l'hommage par lequel, monsieur le président, sur votre initiative, et avec l'approbation unanime de la conférence des présidents, le Sénat entend aujourd'hui s'associer à la « reconnaissance de la patrie ». A la fois en son nom propre, parce que notre Haute Assemblée est le lieu où débattent sereinement des hommes et des femmes qui reflètent la diversité, mais aussi l'unité, de notre pays, et au nom des collectivités territoriales de la République, dont nous assumons la représentation.
Malraux est le premier écrivain depuis Hugo et Zola, le seul avec eux dans ces deux siècles, à être admis dans le temple des Grands hommes. Pourquoi ? Beaucoup de grands écrivains, peut-être plus grands que lui, n'y accèderont jamais. Hugo y fut porté autant pour son exil volontaire à Guernesey, qui soutint l'espoir de la République, que pour Les Contemplations. Zola, autant pour J'accuse que pour les Rougon-Macquart. Malraux, autant pour l'escadrille Espana, la brigade Alsace-Lorraine et les maisons de la culture, que pour Le Musée imaginaire ou Les Voix du silence.
Le dernier titre de Malraux à notre reconnaissance, c'est d'avoir donné à tous les Français une occasion - si rare, si précieuse dans la vie d'un peuple - de se trouver unis dans une même émotion. Oui, nous avons vécu là, guidés par les voix de notre collègue Maurice Schumann puis du Président de la République, des instants d'unité nationale dont nous savons goûter le prix.
Cet homme qui a vécu tant de combats, qui a compté autant d'adversaires que de compagnons de lutte, comment a-t-il pu devenir un signe d'unité ? Alors qu'il a semblé se contredire si souvent lui-même, ce fulgurant romancier retraité à trente-six ans, cet aventurier devenu protecteur des musées, cet internationaliste devenu patriote, cet anarchiste devenu gaulliste, ce révolutionnaire devenu ministre ? Quel paradoxe !
Il est naturel qu'aujourd'hui, à cause du parfum d'héroïsme qui se dégage de cette vie, chacun soit tenté de se situer du côté des révolutionnaires de Canton, des républicains d'Espagne et des résistants des maquis, de même que chacun à sa façon fait sa révérence à de Gaulle ; mais ce serait faire insulte à chacun de ses engagements tel que Malraux les a vécus que de les noyer dans l'euphorie douceâtre d'un baiser Lamourette rétrospectif.
La raison de cette réconciliation en Malraux est ailleurs. S'il fait aujourd'hui l'unité autour de lui, c'est qu'il avait fait l'unité en lui.
En présentant à la presse La Condition humaine, que le prix Goncourt 1933 venait de rendre célèbre, le jeune Malraux s'écriait : « J'ai essayé d'exprimer la seule chose qui me tienne à coeur, en montrant quelques images de la grandeur humaine. Que ceux qui mettent leurs passions politiques avant le goût de la grandeur s'écartent de ce livre, qui n'est pas fait pour eux. »
« La grandeur ». Bien avant que de Gaulle ne parle de grandeur, Malraux exalte « la grandeur des communistes chinois jetés vivants dans la chaudière ».
Tout est dit. Dans un monde bouleversé par les guerres, hérissé de révolutions, déserté par les certitudes, divisé par les fanatismes, affronté à l'évidence de la mort, il reste à affirmer la grandeur de ceux qui se battent pour une cause qui les dépasse, de ceux qui se dépassent par ce combat.
Ainsi, dans sa recherche, exigeante et inquiète, de la grandeur de l'homme, Malraux a trouvé l'unité de sa vie. Au plus profond des meurtrissures de l'humanité, il décèle une perpétuelle reconquête de l'espoir.
C'est sur cette leçon de grandeur qu'il nous réunit.
En effet, vingt ans après qu'il nous a quittés, et alors que le siècle s'achève, nous sommes confrontés à la même angoisse. Les cieux ne se sont pas repeuplés. Les valeurs ne sont pas mieux assurées. Les interrogations n'ont pas davantage de réponses.
Malraux nous parle de notre temps, de notre condition humaine, de la condition de tous les hommes de ce siècle. A la même époque, le monde de Gide, de Mauriac, de Maurois, de Chardonne, est un monde intimiste, bourgeois et provincial. Pour Malraux, le monde ne se réduit pas à des querelles d'héritage en Gironde, à des amours platoniques avec une cousine à Cognac, ou à l'adultère d'une Mme Bovary de chef-lieu de canton. Il fait passer le grand vent d'un univers où les masses populaires se révoltent.
Mais, par le même mouvement qui nous plonge dans une tragédie planétaire, il pose le fondement de la dignité humaine, il communique une inaltérable confiance dans les hommes.
En notre temps d'imprécateurs et de procureurs, où la dérision tient lieu de pensée, Malraux se signale par une extrême générosité. D'Antigone, qui lance un « non » au visage de l'autorité, d'Antigone, héroïne du refus, il aimait par-dessus tout cette phrase, qu'il a prononcée ici même : « Je ne suis pas née pour partager la haine, mais pour partager l'amour. »
S'il nous réconcilie si aisément, s'il appartient à tous au-delà de nos pauvres divisions, c'est qu'il n'a jamais blessé une conviction, jamais insulté une valeur ; c'est qu'il a toujours voulu faire partager, non la haine, mais l'amour. L'amour de compassion pour les hommes humiliés, pour les peuples brutalisés, pour sa patrie défaite ; l'amour d'admiration pour tant d'oeuvres sublimes, tant de civilisations étrangères, tant d'accomplissements disparus - pour Jeanne d'Arc, pour ses frères de combat, pour de Gaulle, pour son pays.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans cet hémicycle, notre reconnaissance a le droit et le devoir de s'attarder un instant sur la façon dont Malraux a justement répondu à ces sollicitations de l'Histoire, à partir du moment où elles furent celles de la France blessée.
Ouvrons les Antimémoires : « Je me suis engagé dans un combat pour, disons, la justice sociale. Puis il y a eu la guerre d'Espagne et je suis allé me battre en Espagne. Puis il y a eu la guerre, la vraie. Enfin, est arrivée la défaite, et, comme beaucoup d'autres, j'ai épousé la France. » Parce qu'elle est meurtrie, humiliée. Parce qu'elle est la patrie du courage malheureux.
Avant 1940, il n'y avait que des passions, vives sans doute, mais qui ne pouvaient le retenir longtemps. L'anticolonialisme, c'est la découverte de la nation des autres, mais qui reste celle des autres. Il comprend, il partage, et même il offre sa vie. Mais il ne devient pas un révolutionnaire chinois, un nationaliste annamite, un républicain espagnol.
En quatre semaines, la France a rejoint le cortège des nations broyées. La compassion pour les humiliés et offensés a toujours été pour Malraux l'éveilleur de l'action.
Comment n'aurait-il pas rencontré de Gaulle ? Etonnant compagnonnage que le leur, sans une faille, sans une interruption pendant vingt-cinq ans ; et quels vingt-cinq ans !
Le devoir de libération accompli, comme il l'a été par Jeanne, il ne suffit pas de relever l'épée. Il faut relever le sceptre. C'est la tâche politique. Jeanne pousse le roi à Reims. Pour de Gaulle, il s'agit de fonder l'expression moderne de la légitimité, de donner à la France une République qui ne fasse pas mentir son nom : res publica.
Là-dessus, bien des chemins que la Résistance avait rapprochés se sont écartés. Les compagnons de la Libération n'ont pas été tous, loin de là, les compagnons de la fondation. Malraux aurait pu s'écarter, lui aussi. Déjà, la religion de l'art lui offrait son refuge et de Gaulle ne lui en aurait pas voulu de s'y consacrer tout entier. Mais non, Malraux va parler sur toutes les tribunes du Rassemblement du peuple français. Il en partagera tous les espoirs, et toutes les déceptions.
Auprès de De Gaulle, son engagement n'est pas seulement celui de l'orateur et de l'écrivain ; il est celui du ministre : déjà dans le gouvernement provisoire, et sans interruption du 1er juin 1958 au 28 avril 1969.
« Ministre du général de Gaulle » : ce titre, beaucoup ne peuvent s'en prévaloir qu'à la suite d'un bref épisode. Malraux fut le seul à être ministre dans tous les gouvernement de de Gaulle, et à ne l'être que dans les gouvernement de de Gaulle.
Les images de ces deux grands hommes sont inséparables. Semaine après semaine, cinquante fois par an pendant six ou sept ans, celui à qui vous avez fait l'honneur de le désigner pour prononcer cet hommage les a vus côte à côte à la table du Conseil. Je ne peux imaginer le Général au Conseil sans apercevoir Malraux assis à sa droite, tout proche, comme deux bas-reliefs sur le même médaillon.
Le plus souvent, au Conseil, Malraux écoute et se tait.
Il lui arrive, comme à chacun de nous, d'intervenir en ministre technique, pour présenter une nomination ou une réforme - sans se croire obligé de parler en homme de génie. Mais comme ce registre n'est pas vraiment le sien, il l'évite le plus possible.
Dans les « tours de table », il sait être lapidaire et va droit au but. Sur la question du référendum de 1962 en vue de l'élection populaire du Président, il balaye les incertitudes : « Votre successeur doit-il être élu par le suffrage universel ? Oui. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette réforme sera-t-elle votée par référendum ? Oui. Comment pourrait-elle l'être autrement ? » Derrière l'invocation simplificatrice de l'évidence, il y a l'angoisse tragique : « Cette réforme sera-t-elle suffisante ? Sûrement pas. Rien n'est jamais suffisant. Sinon, l'Histoire, depuis que le monde est monde, aurait eu d'autres couleurs. »
Dans ces occasions, chacun l'attendait. Mais en d'autres, il nous surprend, et surprend le Général. Evoquons-en une, parce qu'il a peut-être, ce jour-là, fait avancer quelque peu l'Histoire.
C'est au Conseil du 23 octobre 1963. Il rend compte d'un déplacement au Canada. Malraux est allé à Montréal inaugurer une exposition française. D'emblée, il dépasse son sujet : « L'immense enthousiasme qui entoure cette exposition et qui m'a accueilli n'est pas tout à fait naturel. L'état d'esprit des Canadiens français est celui d'une minorité qui veut cesser de l'être. Leur colère est si grande qu'ils ont maintenant la volonté d'être autre chose que des hommes en colère. »
Pendant qu'il parle, le Général manifeste une extraordinaire intensité d'écoute, comme porté par une musique qui lui remue l'âme.
Malraux conclut : « La France ne doit plus être seulement le passé du Canada, mais une part de son avenir. »
Quand Malraux se tait, de Gaulle reprend le motif, sobrement, à sa façon, pour le finale. Quatre ans plus tard, en criant « Vive le Québec libre » au balcon de la mairie de Montréal, il ne pourra surprendre aucun de ceux qui étaient autour de la table du Conseil, en ce jour de 1963.
Comment ne pas reconnaître Malraux dans cette démarche ? A nouveau, il est aux côtés d'un peuple qui souffre. Il cherche à ouvrir le chemin de l'espoir.
Ministre du Général, oui, mais aussi des affaires culturelles. Il l'est pour agir, sur les choses et sur les esprits.
Sans doute Malraux se heurta-t-il, comme tout ministre, à la sainte alliance des immobilismes - administratifs, féodaux et syndicaux. Ses réussites les plus éclatantes, il les obtint là où le terrain était vierge. Réformer l'Opéra ou la Comédie-Française lui fut impossible - mais lancer l'entreprise neuve des maisons de la culture, cela lui a été possible.
Un ministre de la culture ne change pas la culture. Sachant mettre l'humilité dans la grandeur, Malraux s'est contenté de faire valoir.
Faire valoir la culture, qui est patrimoine. Et c'est Paris regratté, décrassé, restitué dans l'éclat de sa pierre blanche. Ce sont les grands monuments nationaux sauvés, réparés, mis en honneur.
Mais Malraux aurait-il été lui-même s'il s'était enfermé dans le passé national ? Le patrimoine culturel est sans frontières. Il faut aller montrer la Joconde à New York, la Vénus de Milo à Tokyo, comme il faut faire venir à Paris Toutankhamon, ou le Siècle d'Or espagnol, ou les trésors de l'Iran.
Conservateur, restaurateur, éveilleur, orateur, intermédiaire : il utilisa toute la palette de l'action pour publier la culture.
Soyons attentifs à son discours sur la culture. Par exemple, quand il ouvre à Bourges la première maison de la culture, en 1964 : « Si la culture existe, ce n'est pas du tout pour que les gens s'amusent ; parce qu'ils peuvent aussi bien s'amuser, peut-être bien davantage, avec tout autre chose et même avec le pire. »
Cette exigence est ce qui donne son intérêt à des échanges parfois difficiles avec ceux qui, dans ce Palais du Luxembourg comme au Palais-Bourbon, avaient aussi leur conception de l'exigence culturelle.
Sa venue dans les deux chambres du Parlement était un événement. Notre collègue Christian Bonnet s'adressait ainsi à lui : « Monsieur le ministre, grâce à cette éloquence si passionnée et si particulière qui est l'un des aspects de votre génie, l'évocation des crédits relatifs aux affaires culturelles est chaque année le sommet de la discussion budgétaire. »
Un autre jour, Malraux avait répondu au sénateur Roger Garaudy : « Vous avez vraiment mis les choses où elles sont. En effet, il s'agit de savoir s'il y aura une jeunesse et s'il y aura une nation. Le reste, ce sont des problèmes de gens qui sortent par la porte et par la fenêtre de la Comédie-Française... Nous vous disons : ce n'est pas le prolétariat qui sauvera la jeunesse française, c'est la France. »
Les Paravents de Genet, montés à l'Odéon, furent l'occasion d'un débat de haute tenue, où s'opposèrent deux valeurs primordiales : le respect dû à la mort et le respect dû à la liberté. Notre collègue, déjà nommé, Christian Bonnet, alors député, cite, en 1966, une scène particulièrement, comment dire... fétide, qui se déroule en Algérie, en présence d'un lieutenant moribond, et il pose la question : un théâtre subventionné ne doit-il pas être, comme le ministre d'Etat l'a dit des maisons de la culture, « un lieu où les gens se rencontrent pour rencontrer ce qu'il y a de meilleur en eux » - et non « pour exploiter la pourriture ? » Malraux lui répond en invoquant l'imprudence de mesures d'interdiction qui seraient une politique de gribouille, puisqu'elles ne feraient que donner du lustre à la pièce. Mais surtout, en opposant une fin de non-recevoir qui renvoie à l'essentiel : « La liberté n'a pas toujours les mains propres, mais il faut choisir la liberté. »
Je me suis donné le plaisir de feuilleter dans le Journal officiel des débats du Sénat ceux auxquels il a participé - ils ne sont pas très nombreux, pour les raisons que chacun sait. Mais on est frappé de l'extrême franchise du ton de Malraux. Il s'explique comme dans une conversation. Son budget n'est pas à l'aise ? Son esprit est à l'aise. Sa langue n'a jamais été de bois. Il sait être simple et concret, et puis, sans prévenir, laisser s'envoler l'imagination. Et quand on le cherche, on le trouve : « Ah, monsieur le rapporteur, quand je pense à ce qui est écrit tous les matins, par les gens que nous subventionnons tous les soirs, je nous trouve un gouvernement bien débonnaire ! » (Sourires.)
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre pays a eu la chance de voir naître un homme qui a su porter tout le désarroi de ce siècle, qui en a mené bien des combats, qui en a côtoyé les illusions, qui en a connu les épreuves. Or cet homme, dans ce temps de fer et de feu, n'a jamais vacillé dans sa certitude que notre humanité était en nous une braise, que même la folie des hommes ne pourrait réussir à éteindre. Intellectuel surdoué, fruit achevé de la plus haute culture, c'est auprès des plus simples qu'il a appris l'héroïsme et qu'il est allé chercher un sens à la vie. Sa langue magnifique fait une offrande de grandeur à ceux qui sont grands sans le savoir. Le voici, dans son dernier discours, sur le parvis de Chartres, pour évoquer les femmes déportées et dire à la plus « démunie » des survivantes ce que lui murmure « la France aux yeux fermés » : « Saint François disait à la mendiante d'Assise : "Sur ton pauvre visage, que ne puis-je embrasser toute la pauvreté du monde..." Sur le tien, moi la France, j'embrasse toutes tes soeurs d'extermination. »
A travers la tragédie : la grandeur, la confiance, la petite fille Espérance. Nous en avons tant besoin, à nouveau.
Au-delà des cérémonies, puissions-nous conserver en nous, hommes et femmes en charge de la République, quelque chose de l'exigence de Malraux.
Ne redoutons pas qu'elle nous enferme. En lui, si Français, bien des hommes de par le monde ont aimé le visage ouvert et attentif de la France. Avec lui, pas plus qu'avec de Gaulle, le plus haut patriotisme ne risque de s'opposer aux autres nations : au contraire, il leur parle le langage universel de la dignité humaine.
« Mes morts, écrit-il dans les Antimémoires , sont incrustés en moi, mais je ne vais au cimetière que par devoir. » C'était le devoir de la France de placer la dépouille de Malraux dans la crypte des grands hommes. Mais c'est notre chance que sa présence demeure incrustée en nous. (M. le ministre, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent longuement.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
(La séance, suspendue à quinze heures vingt-cinq, est reprise à quinze heures trente, sous la présidence de M. Paul Girod.)