Alors que la France fait face en ce mois de juin 2022 à une vague de chaleur particulièrement précoce et intense, le Sénat a lancé une mission d’information conjointe sur les moyens de prévenir le risque incendie et de lutter contre la propagation de feux extrêmes dans un contexte où le changement climatique augmente leur fréquence dans le monde.
Les deux commissions ont, dans ce cadre, organisé mercredi 15 juin une table ronde consacrée à ces enjeux, autour de représentants des sylviculteurs, des sapeurs‑pompiers de France et de l’Inrae.
Chercheur à l’Inrae sur la modélisation des feux de forêt, François Pimont rappelle que "les périodes de risques et les zones concernées vont inévitablement s’étendre dans les années à venir. La prévention est d’autant plus importante que l’on ne constate pas d’amélioration de nos performances sur les feux déjà partis". Soulignant l’importance du triptyque prévention, prévision et lutte, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs‑pompiers de France a indiqué que l’homme est à l’origine de 95 % des feux. Il a rappelé "la valeur de l’intervention des pompiers, le "sauvé" se chiffrant en centaines de millions" tout en regrettant qu’"aujourd’hui les moyens humains et financiers ne sont pas à la hauteur des enjeux !". Ancien secrétaire général du Syndicat des sylviculteurs du Sud‑Ouest, François Pinaudeau a quant à lui insisté sur le fait que "les techniques opérationnelles de prévention et de lutte sont connues : le sujet est donc bien la priorisation politique".
Selon Pascal Martin, "comme l’ont notamment mis en lumière les récents travaux du GIEC, le changement climatique, combiné à la déprise agricole et à l’urbanisation croissante, expose le territoire national à une augmentation du risque incendie". Jean Bacci indique que "les feux, historiquement contenus en France et concentrés dans le Sud du pays, pourraient se diffuser au Nord ; leur ampleur et leur intensité pourraient s’accroître, au point de faire craindre l’arrivée en France de feux extrêmes particulièrement difficiles à maîtriser, comme l’ont récemment expérimenté l’Australie ou les États‑Unis". Olivier Rietmann observe que "davantage de campagnes de sensibilisation seront nécessaires pour faire évoluer le comportement des usagers et les pratiques des professionnels face à cette menace grandissante". Pour Anne‑Catherine Loisier, "l’objectif de cette mission est de formuler des propositions législatives et surtout territoriales pour renforcer notre stratégie de prévention du risque d’incendie et de mobiliser les acteurs locaux".
Les rapporteurs se déplaceront le 11 juillet prochain dans la plaine des Maures, un an après l’incendie particulièrement dévastateur ayant touché le massif. La mission rendra ses conclusions en juillet.
La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable est présidée par La commission des affaires économiques est présidée par Mme Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines). MM. Jean Bacci et Pascal Martin, Mme Anne-Catherine Loisier et M. Olivier Rietmann sont rapporteurs de la mission de contrôle relative à la prévention et à la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie. La page consacrée à la mission d’information est consultable en ligne sur le site du Sénat. |
Chloé HUMPICH / Philippe PEJO
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