La commission des affaires économiques constate avec inquiétude la nouvelle dégradation du solde du commerce extérieur français pour l’année 2020, qui ressort des chiffres publiés vendredi 5 février par la direction générale des douanes. Le déficit commercial de la France, qui était déjà de 57,9 milliards d’euros en 2019, atteint désormais 65,2 milliards d’euros, soit une détérioration de 12,6 % en seulement un an.
La commission note que ces chiffres portent le déficit commercial de la France à son niveau le plus élevé depuis 2012 et déplore qu’elle n’ait plus connu d’excédent depuis 2003. La France est entrée dans la crise économique liée à la Covid‑19 avec une balance commerciale déjà largement déficitaire, sans signe d’amélioration notable ces dernières années. Or, à la différence de ce qui s’était produit lors de la crise économique de 2008, qui l’avait vu regagner temporairement une partie de ses parts de marché, la France a continué d’en perdre en 2020, au‑delà des seuls effets de composition attribuables à la pandémie de Covid‑19.
Cette évolution constitue une exception parmi les principales économies de l’Union européenne. Le déficit commercial de la France, rapporté à la richesse produite sur son territoire, s’est aggravé pour atteindre 3,6 % du PIB, quand les soldes de l’Espagne et de l’Italie s’amélioraient avec respectivement un déficit de 1,3 % du PIB et un excédent de 3,8 % du PIB . Si l’Allemagne a connu, à l’instar de la France, une dégradation en 2020, elle maintient un excédent de 5,5 % du PIB.
Ces résultats sont d’autant plus alarmants que la "facture énergétique" a dans le même temps presque été divisée par deux en raison de la baisse de la consommation énergétique et de la diminution du prix des hydrocarbures.
Cette tendance favorable à la France n’a donc pas suffi à masquer la détérioration des performances de nos principaux secteurs exportateurs. Ainsi, les livraisons aéronautiques et spatiales ont chuté de 45,5 % et les exportations de produits automobiles de 18,7 %.
Moins directement affectées par la crise économique liée à la Covid‑19, les exportations du secteur agroalimentaire ont elles aussi diminué, de 4,3 % en 2020, en raison notamment de droits de douane additionnels mis en place par les États‑Unis sur les boissons à partir d’octobre 2019. Or, le secteur agroalimentaire, souvent identifié comme l’un de nos principaux postes excédentaires en matière de commerce extérieur, est déficitaire hors vins et spiritueux.
Pour Sophie Primas , présidente de la commission : "Ces mauvais résultats confirment le diagnostic de la commission sur le déficit de compétitivité des entreprises françaises et ses propositions aussi bien en faveur de la réindustrialisation de nos territoires que d’une agriculture performante. Au‑delà des nécessaires mesures de soutien d’urgence prises par le Gouvernement, on peine à voir aujourd’hui les leviers susceptibles de redresser le potentiel de croissance de la France, de conquérir de nouveaux marchés et de créer de l’emploi".
La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines). Le rapport "Remettre notre économie sur les rails : une relance verte, décentralisée et européenne" (juin 2020) de la commission des affaires économiques, ainsi que sa synthèse, sont disponibles en ligne à l’adresse suivante : http://www.senat.fr/notice-rapport/2019/r19-535-1-notice.html |
Philippe PÉJO
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