Alors que le gestionnaire du réseau public de transport d’électricité, RTE, a placé la France "en situation de vigilance particulière" sur le plan de notre sécurité d’approvisionnement cet hiver, en raison d’"une disponibilité historiquement basse du parc nucléaire", la commission des affaires économiques tire à nouveau la sonnette d’alarme.
La commission estime que l’activation par RTE du "signal rouge" vendredi dernier, par lequel les Français ont été incités "à réduire leur consommation d’électricité en appliquant des éco‑gestes […] afin d’éviter des coupures d’électricité", aurait pu être évitée si ses préconisations avait été appliquées.
Dès le 7 juin dernier, observant l’impact inédit de la crise de la Covid‑19 sur le secteur de l’énergie, la commission a en effet formulé des préconisations pour garantir notre sécurité d’approvisionnement : l’intensification des appels d’offres en matière d’effacements de consommation, le rehaussement du chèque énergie à l’attention des ménages en situation de précarité énergétique, le renforcement des dispositifs de soutien à la rénovation énergétique, notamment en matière de régulation et de programmation.
Défendues depuis lors, à chaque exercice budgétaire, ces préconisations de bon sens n’ont pas prospéré au‑delà du Sénat ; le risque de black‑out énergétique identifié par RTE, particulièrement élevé en février et mars prochains et dans le Grand Ouest, rend aujourd’hui urgente leur mise en œuvre.
Au‑delà de ces mesures d’urgence, la commission juge que la sécurité d’approvisionnement passe par un soutien réaffirmé à la filière nucléaire. Avec la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, en mars et en juin derniers, le Gouvernement a privé la France d’une puissance de 1,8 gigawatt, l’équivalent de 1 800 éoliennes ou de 15 centrales thermiques[1], nous rendant plus dépendants aux importations d’électricité y compris d’origine fossile. Cette situation qui risque de perdurer jusqu’en 2023 va accroître notre empreinte climatique.
Pour Daniel Gremillet, rapporteur pour avis sur les crédits "Énergie", "il est dommage que le Sénat n’ait pas été entendu par le Gouvernement. Nous avions dénoncé le manque d’évaluation des fermetures des 4 centrales à charbon d’ici 2022 et des 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035, dès l’examen de la loi Énergie‑Climat. Nous avions appelé à aider les ménages à maîtriser leur consommation d’énergie, en faisant adopter par le Sénat une revalorisation significative du chèque énergie, dès le déclenchement de la crise de la Covid‑19".
Pour Sophie Primas, présidente de la commission, "la ministre de la transition écologique a indiqué en novembre à notre commission qu’il fallait "diversifier notre mix électrique afin d’être moins à la merci de ce type d’aléas". Elle se trompe : c’est au contraire l’énergie nucléaire qui constitue le garant de notre sécurité d’approvisionnement. Faute d’un soutien suffisant à cette filière, ce sont aujourd’hui des centrales thermiques, de surcroît étrangères, qui tournent à plein régime, non des panneaux solaires ou des éoliennes, soumis aux aléas météorologiques ! Nous n’avons pas fini d’en payer les conséquences ! Le Gouvernement doit réagir !".
[1] De respectivement 1 mégawatt ou 150 mégawatts.
La commission des affaires économiques est présidée par Sophie Primas (Les Républicains - Yvelines). |
Philippe PÉJO
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