Dans le cadre de son pouvoir de contrôle sur les nominations du Président de la République en application de l’article 13 de la Constitution, la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a entendu Jean‑Pierre Farandou en tant que candidat proposé aux fonctions de président‑directeur général de la société nationale SNCF.
Cette audition a été l’occasion de revenir sur le bilan de sa première année d’exercice et d’évoquer sa vision de l’avenir. Interrogé sur les conditions particulièrement difficiles dans lesquelles il a pris la tête d’un groupe aujourd’hui à la croisée des chemins, il a assuré la commission que sa conviction et ses motivations n’avaient en rien été entamées.
Les deux mutations majeures qui bousculent la SNCF ont été le premier temps fort des discussions : l’ouverture à la concurrence, qui bouleverse le secteur ferroviaire pour les voyageurs, et la crise sanitaire et les confinements, avec les difficultés financières qui en résultent. "Nous sommes en négatif cette année. Nous allons finir l’année en pertes importantes" a‑t‑il indiqué, estimant que celles‑ci pourraient avoisiner 5 milliards d’euros.
Le PDG de la SNCF, candidat à sa renomination, a évoqué les cessions d’actifs comme l’une des solutions pour compenser l’augmentation de la dette, confirmant la vente d’Ermewa. Il s’est fermement "opposé à toute idée de cession de Keolis et Geodis" en raison de leur caractère stratégique ; Geodis, logisticien de rang mondial, étant un atout pour la souveraineté de la France.
Au-delà des pertes financières à combler, la crise sanitaire et économique remet véritablement en cause le modèle économique ferroviaire qui prévalait jusqu’à présent. Comme l’a souligné le président de la commission, Jean‑François Longeot : "il existe une incertitude quant à la pérennisation des changements de comportement des usagers, qui sont nombreux à privilégier l’usage de la voiture, et dont on peut penser qu’ils seront moins nombreux, demain, à prendre le train en raison de la généralisation du télétravail. Ces évolutions sont particulièrement inquiétantes, alors que nous fêterons l’année prochaine les 40 ans du TGV ". D’après Jean‑Pierre Farandou : "Ce serait un paradoxe que la voiture se taille la part du lion en sortie de confinement".
Le fret ferroviaire représente un enjeu environnemental majeur. Pourtant, en France, il représente 9 % de parts de marché. En Autriche, c’est 35 %. Pour Jean‑Pierre Farandou, il n’est pas possible de laisser cette tendance se poursuivre et il est indispensable de créer les conditions pour que les opérateurs de fret doublent leurs parts de marché. La mission d’information relative au transport de marchandises face aux impératifs environnementaux créée au sein de la commission ne manquera pas de rechercher les leviers les plus efficaces pour développer le fret ferroviaire.
Jean‑Pierre Farandou a enfin évoqué quelques pistes d’avenir : le déploiement d’une application numérique de mobilité innovante (solutions porte‑à‑porte), le développement, avec Alstom, du train à grande vitesse du futur et, dans une logique de reconquête commerciale, une réflexion sur l’ajustement des prix (fixation d’un prix maximum en seconde classe par exemple).
La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable s’est prononcée en faveur de la nomination de Jean‑Pierre Farandou aux fonctions de président‑directeur général de la société nationale SNCF.
Jean-François Longeot (Union centriste – Doubs) est président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable. |
Juliette ELIE
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