Trois mois après le début de la crise sanitaire, la commission de la culture déplore des lenteurs dans la mise en place d’une réponse véritablement adaptée aux besoins et aux enjeux du secteur de la création artistique et culturelle. "Les secteurs du spectacle vivant et des arts visuels sont en grand danger, faisant planer de fortes menaces sur l’emploi, les artistes, l’accès à la culture, la diversité artistique et le dynamisme et le rayonnement des territoires", a souligné Catherine Morin-Desailly (UC ‑ Seine-Maritime), présidente de la commission. Malgré les promesses faites par le Président de la République le 6 mai au monde de la culture, les sénateurs constatent que beaucoup de mesures tardent encore à trouver leur traduction, parmi lesquelles le décret adaptant les droits des intermittents.

À la veille du mois de juillet, où la saison culturelle bat habituellement son plein, les membres du groupe de travail "Création" animé par Sylvie Robert (SOCR - Ille-et-Vilaine), soulignent que les acteurs culturels restent dans l’attente d’une plus grande visibilité concernant les conditions d’organisation des festivals de moins de 5 000 habitants cet été et de réouverture des établissements à compter de septembre prochain, afin de limiter leurs pertes financières et adapter leur programmation.

Si beaucoup d’acteurs culturels ont pu bénéficier des mesures d’urgence, transversales et sectorielles, les membres de la commission estiment que plusieurs adaptations restent encore nécessaires pour permettre à tous d’y accéder. Les nombreuses spécificités du secteur de la création, liées à la grande diversité de ses acteurs, rendent la tâche particulièrement compliquée. Quant aux dispositions prévues dans le troisième projet de loi de finances pour 2020, elles permettront, au mieux, d’amorcer la relance, sans pour autant suffire. L’année 2021 restera encore très difficile pour le secteur de la création, justifiant des mesures dans le cadre du projet de loi de finances pour 2021.

Sur la base des travaux du groupe de travail, la commission a formulé 23 recommandations pour "aider ce secteur fragile, mais à haute valeur ajoutée, à surmonter cette crise, pour qu’il puisse plus que jamais à l’avenir continuer à transmettre ce qui donne du sens à nos existences", selon Sylvie Robert. Ces propositions visent notamment à parfaire les dispositifs d’aide et à renforcer la concertation entre l’État, les acteurs culturels et les collectivités territoriales, qui se sont montrées au rendez-vous à l’occasion de cette crise. La commission appelle notamment à la signature de nouveaux "pactes culturels" entre l’État et les collectivités territoriales.

Tout en manifestant leur souhait que cette crise soit l’occasion de renforcer l’éducation artistique et culturelle, les sénateurs ont, comme Catherine Morin-Desailly l’avait précisé à l’occasion de l’audition du ministre de la culture le 16 avril dernier, une nouvelle fois insisté sur l’importance d’accorder une vigilance particulière au statut des artistes-auteurs, à la structuration de la filière des arts visuels ainsi qu’à la situation des conservatoires dont le fonctionnement a été terriblement affecté par la crise sanitaire.

La synthèse des travaux du groupe de travail est disponible sur le site du Sénat : http://www.senat.fr/commission/cult/index.html.

Les recommandations du groupe de travail sur les conséquences de l'épidémie de covid-19 dans le domaine de la création (PDF - 240 Ko)

La commission de la culture, de l’éducation et de la communication est présidée par
Catherine MORIN-DESAILLY
(UC - Seine-Maritime).

Le groupe de travail, animé par Sylvie Robert (SOCR - Ille-et-Vilaine), est composé de Maryvonne Blondin (SOCR - Finistère), Françoise Laborde (RDSE - Haute-Garonne), Jean-Raymond Hugonet (LR - Essonne), Vivette Lopez (LR - Gard) et Sonia de la Provôté (UC - Calvados).

L'activité du Sénat se déroule dans le strict respect des conditions sanitaires dictées par la nécessité d'enrayer la pandémie du COVID-19.

Jean-Christian LABIALLE
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