Auditionné au Sénat, l’ambassadeur de France à Caracas a démenti toute présence de Juan GUAIDO dans les enceintes diplomatiques françaises. Il a suggéré des pistes pour contribuer à la résolution de la crise politique vénézuélienne, dans laquelle la France s’efforce de jouer un rôle de médiation.
« Les paramètres d’une solution politique négociée sont exigeants et complexes, étant donné la gravité et l’ancienneté de la crise, l’extrême polarisation de la vie politique au Venezuela et l’absence d’alternance », a affirmé Romain NADAL, ambassadeur de France au Venezuela, lors de son audition au Sénat, ajoutant : « Face à cette crise, la France est une puissance médiatrice active, défendant une solution politique, pacifique et négociée. Cette solution passe probablement, à terme, par de nouvelles élections, libres et transparentes ». La France a une position équilibrée : les canaux de communication ne sont pas coupés avec les autorités chavistes : « La France parle à l’ensemble des parties », a indiqué l’ambassadeur.
Rappelant la situation dramatique du Venezuela, pays déchiré, qui connaît une crise économique, sociale et humanitaire de grande ampleur, Christian CAMBON (Les Républicains, Val-de-Marne), président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, a appelé à « mettre fin aux pressions inacceptables et aux mesures restrictives qui pèsent actuellement sur la représentation diplomatique française au Venezuela, au mépris de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques », alors que « la France agit, dans son rôle de médiation, pour la paix, dans le respect de ses valeurs et pour tenter de trouver une issue à la crise ».
Le Venezuela se trouve en effet dans l’impasse à de multiples titres :
- Une impasse économique: ces 6 dernières années, le pays a perdu plus de 60 % de son PIB.
- Une impasse humanitaire, avec de 7 à 9 millions de Vénézuéliens en situation d’insécurité alimentaire, selon l’ONU, une augmentation de la mortalité et des violations massives des droits de l’homme, documentées par les Nations unies. D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 5 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays depuis la fin 2015.
- Une impasse politique, alors que, d’un côté, le socle chaviste se réduit au sein de la société vénézuélienne mais que, de l’autre, l’union de l’opposition autour de Juan GUAIDO a commencé à se fissurer.
Par ailleurs, le Venezuela a pu être préservé, dans un premier temps, de la pandémie de covid-19, du fait de son isolement et de mesures de confinement strictes. Mais, alors que l’Amérique latine est devenue l’épicentre de la pandémie, la situation est de plus en plus préoccupante. Les chiffres officiels, qui font état de 2738 cas et de 23 décès, suscitent la perplexité de beaucoup d’ONG.
Dans ce contexte, la France s’efforce de venir au soutien de la société civile et des ONG, ainsi que de nos compatriotes sur place, au nombre d’environ 3500, dans des situations souvent très difficiles.
La France est, par ailleurs, active au plan international. Le choix de reconnaître Juan GUAIDO comme président par intérim correspond à celui effectué par près d’une soixantaine d’autres États ; ce choix est, en outre, cohérent avec la position exprimée par le Haut‑Représentant de l’Union européenne (UE). La France est également membre du Groupe de Contact International, lancé par l’UE, qui rassemble des États latino-américains et européens. Elle s’efforce, plus généralement, de dialoguer avec tous les acteurs susceptibles d’influer sur la situation politique vénézuélienne. À ce titre, il convient de poursuivre le dialogue avec des pays tels que la Russie, le Mexique et l’Argentine qui sont des acteurs qui comptent dans la crise et qui ont la capacité de contribuer à la solution pacifique, négociée et inclusive que la France appelle de ses vœux.
Christian CAMBON (Les Républicains, Val-de-Marne) est président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Le compte rendu de l’audition sera prochainement disponible sur le site du Sénat
L’activité du Sénat se déroule dans le strict respect des conditions sanitaires dictées par la nécessité d’enrayer la pandémie du Covid-19.
Jean-Christian LABIALLE
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