Lundi 8 juin après-midi, dans la dernière ligne droite avant l’examen de son rapport d’information sur "les difficultés de recrutement dans un contexte de forte évolution des métiers" (le 18 juin), la Délégation aux entreprises du Sénat - présidée par Mme Elisabeth Lamure (LR – Rhône) - a entendu Mme Misoo Yoon, directrice générale adjointe en charge de l'offre de service et M. Michaël Ohier, directeur général adjoint réseau, sur les dispositifs spécifiques mis en place par Pôle emploi, l'impact de la crise sur le service public de l'emploi et la préparation du plan de relance.

Prudence de mise : il faudra du temps pour revenir aux chiffres de l’emploi de février dernier. Les phénomènes identifiés : dégradation dans certains secteurs et rebond dans d’autres, sont à observer dans la durée : seront-ils ponctuels ou durables ? D’ici fin juin, et plus encore en septembre-octobre, les statistiques indiqueront dans quelles proportions l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi et la baisse du nombre d’offres d’emploi liés à la crise sanitaire s’aggraveront. Ceci sera bien sûr fonction de l’ampleur de la crise économique qui l’accompagne mais aussi du niveau de relocalisation des productions, des situations variables selon les territoires, etc. Des métiers pourraient rester en tension en dépit de l’évolution générale dans les secteurs de la santé, de l’informatique et des réseaux, de l’aménagement des locaux, la livraison et l’emballage, par exemple.

Les questions des co-rapporteurs, MM. Guy-Dominique Kennel (LR - Bas-Rhin) et Michel Canevet (UC – Finistère) et de Mme Lamure ont porté notamment sur la mobilisation de Pôle emploi pour accompagner les entreprises dans leurs recrutements, permettre une mise en relation directe entre employeurs et chercheurs d’emploi.

Il est ressorti des échanges que la stratégie dynamique de Pôle emploi se déploie semble-t-il avec efficacité, mais aussi avec la conscience d’axes d’amélioration dont certains sont d’ailleurs  déjà engagés :

  • Le développement du savoir-faire dans l’accompagnement des entreprises dans leurs démarches de recrutement est notable, avec un élargissement de la palette de services. Pour Guy-Dominique Kennel, "il faut davantage le faire savoir et le faire partager aux entreprises" ; ces dernières ont souvent gardé le goût amer d’incompréhensions, démarches inutiles et pertes de temps liées à de mauvaises expériences passées dans leurs relations avec le service public de l’emploi ;
  • La prospection par des conseillers de Pôle emploi des entreprises susceptibles de recruter est engagée mais doit être fortement développée;
  • L’intelligence artificielle est mise en œuvre tant pour développer les échanges et traitements de données entre organismes publics que pour mieux identifier les potentialités de recrutement des entreprises. La convergence totale des systèmes d’information reste cependant à finaliser, par exemple avec les missions locales. Pour Michel Canevet, "cet objectif est majeur, alors même que les jeunes risquent de rencontrer encore plus de difficultés à trouver du travail dans les mois à venir" ;
  • Les projets conduits avec certaines régions pour partager le diagnostic des besoins, les outils d’analyse et de formation, gagneraient à être généralisés. Pour Mme Elisabeth Lamure, "les Hauts-de-France et la Nouvelle Aquitaine en sont des illustrations très positives" ;
  • Les relations avec l’Éducation nationale restent un vaste chantier à conduire.

Pour aller plus loin, le compte rendu des représentants de Pôle emploi, lundi 8 juin à 17h00, sera mis en ligne en fin de semaine sur la page de la délégation sénatoriale aux entreprises.

L’activité du Sénat se déroule dans le strict respect des conditions sanitaires dictées par la nécessité d’enrayer la pandémie du Covid-19.

Philippe Péjo
presse@senat.fr