Dans un rapport novateur, adopté à l’unanimité, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, présidée par M. Jean-Pierre RAFFARIN (Les Républicains - Vienne), analyse les conséquences stratégiques de long terme du dérèglement climatique. "C’est un angle mort de notre réflexion stratégique, alors qu’il est évident que les équilibres mondiaux seront bouleversés", déclare Jean-Pierre RAFFARIN.

Le groupe de travail de la commission, composé de M. Cédric PERRIN (Les Républicains - Territoire de Belfort), Mme Leïla AICHI (Écologiste - Paris) et Mme Éliane GIRAUD (Socialiste et Républicain - Isère,) s’est focalisé sur deux exemples précis : l’élévation du niveau de la mer et l’évolution de la région arctique.

L’élévation du niveau de la mer coïncide avec une concentration croissante des populations sur les côtes. L’analyse fait ressortir la plus grande vulnérabilité des pays et des populations les plus pauvres. "La problématique des réfugiés climatiques sera massive", affirme Mme Leila AÏCHI. Une augmentation du niveau marin de 50 cm entraînerait le déplacement de 72 millions de personnes. Le nombre de déplacés environnementaux pourrait atteindre 200 millions d’ici à 2050. Le changement climatique mettra sous tension nos systèmes économiques, sociaux et politiques. Il en résultera des risques d’instabilité et de conflits. Le dérèglement climatique est "l’ultime multiplicateur de menaces", affirme la sénatrice.

L’ouverture des routes maritimes du Nord fait de l’Arctique un enjeu international. "Le réchauffement, qui est deux fois plus rapide en Arctique qu’ailleurs, pourrait conduire à l’émergence d’un nouvel espace d’échanges et d’activités économiques" estime M. Cédric PERRIN. Une banalisation de cette région, jusque-là perçue comme une périphérie, aujourd’hui appréhendée comme "une nouvelle frontière", constituerait un changement géostratégique majeur.

Pour répondre à ces évolutions, le groupe de travail propose des orientations dans le sens d’une meilleure anticipation des risques et de mesures d’adaptation. Les impacts du dérèglement climatique ne sont pas inéluctables, à condition que des décisions ambitieuses en matière d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre soient prises. C’est pourquoi la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées appelle à la mobilisation de tous les acteurs en vue de la réussite de la COP 21.

Consultation du rapport d’information :

http://www.senat.fr/notice-rapport/2015/r15-014-notice.html

Sophie de Maistre
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