Lors de sa réunion du 25 juin 2015, la commission des affaires européennes du Sénat, présidée par M. Jean BIZET (Les Républicains – Manche), a examiné le rapport présenté par M. Simon SUTOUR (Socialiste et Républicain – Gard) sur la situation politique et économique en Grèce et les négociations qu’elle mène avec ses créanciers en vue de l’octroi d’une nouvelle aide financière. Ce rapport fait suite au déplacement du rapporteur à Athènes du 8 au 12 juin dernier. Il a été actualisé pour tenir compte du résultat du référendum du 5 juillet.
Le rapport souligne qu’un éventuel accord sur une nouvelle ligne de financement ne résoudra pas tous les problèmes de la Grèce, loin s’en faut. Il doit quoi qu’il en soit être conditionné à la mise en place de réformes d’envergure visant l’organisation de l’État et la fiscalité et favorisant le développement de secteurs clés comme le tourisme, où les capacités du pays sont clairement sous-exploitées.
En ce qui concerne la restructuration de la dette, prévue par l’eurogroupe depuis novembre 2012, il s’agit d’aller plus loin que la simple réduction des taux d’intérêt ou l’allongement de la maturité des prêts. L’idée de certificats d’investissements, détaillée dans le rapport, permettrait de relier remboursement de la dette et croissance, l’un n’excluant plus l’autre.
Pour le rapporteur, les premiers résultats positifs qu’a pu afficher l’économie grecque en 2014 sont aujourd’hui gommés par la menace, faute d’accord avec ses bailleurs de fonds (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), d’un défaut du pays et d’une sortie de la zone euro. L’avènement, à l’issue des élections législatives du 25 janvier 2015, d’une majorité parlementaire et d’un gouvernement hostiles au mémorandum d’accord signé en 2012 puis le référendum du 5 juillet dernier ont contribué à rendre cette hypothèse possible.
Contrairement aux autres pays placés sous programmes d’assistance financière, tels l’Irlande et le Portugal, la Grèce semble dans l’incapacité de sortir du cercle vicieux initié par l’absence de réformes. Il existe pourtant une aspiration profonde au changement de la part de la population grecque, dont l’attachement à l’euro ne se dément pas, cinq ans après le déclenchement d’une crise sans précédent, marquée par un appauvrissement inédit. La lenteur des négociations, l’absence de progrès réel comme les postures successives du gouvernement grec ont contribué à banaliser le risque de défaut de la Grèce et l’hypothèse d’une sortie de la zone euro – sans pour autant que ne soient véritablement évaluées les conséquences d’une telle option tant pour l’économie grecque, qui devrait faire face à un chaos sans précédent, que pour le projet politique qu’est censée être la monnaie unique.
Sophie de MAISTRE
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