Réunie le 16 novembre 2011, la commission des affaires européennes a adopté le rapport de M. Jean-François Humbert (UMP – Doubs) sur la situation économique et financière en Italie, suite à son déplacement dans ce pays les 2 et 3 novembre derniers.
La dégradation de la position italienne sur les marchés s’inscrit dans un contexte marqué par les difficultés de la zone euro à mettre en place des réponses adaptées à l’ampleur de la crise de la dette, comme en témoignent les débats encore en cours, malgré les sommets du 21 juillet et du 26 octobre, sur les modalités de démultiplication des moyens du Fonds européen de stabilité financière.
La hausse des taux italiens contraste avec la valeur des fondamentaux économiques du pays et la rigueur budgétaire dont elle a fait preuve ces deux dernières années. Au-delà du problème de sa dette, qui représente 120 % du PIB mais qui apparaît pour de nombreuses raisons soutenable, c’est bien la gestion politique de l’adaptation du pays à la crise de la dette qui est visée par les investisseurs. Les différents plans de rigueur adoptés depuis juin 2010 sont jugés incomplets. L’absence de réelle ambition en matière de relance de la croissance est, notamment, relevée.
La crise italienne constitue, à cet égard, un précédent dans le sens où les marchés ne stigmatisent plus les failles d’un modèle économique, comme en Irlande, au Portugal, en Espagne ou en Grèce, mais condamnent l’absence de crédibilité des politiques de rigueur et de relance adoptées par un gouvernement et un parlement. Une telle pression a débouché sur l’annonce de la démission du président du Conseil, sans que celle-ci ne suffisse in fine à tempérer les inquiétudes des investisseurs.
Cette démission intervient après celle du Premier ministre grec et l’organisation d’élections anticipées en Irlande, au Portugal et en Espagne qui ont débouché sur un renversement de la majorité en place. La crise de la dette souveraine a conduit, de fait, à une crise politique au sein de chacun des pays confrontés à des problèmes de refinancement sur les marchés. Ces événements traduisent un écart croissant entre les populations et les gouvernements obligés de répondre à la crise par des politiques de rigueur. Par delà, c’est l’ensemble du projet monétaire européen qui semble affecté par une crise de confiance, l’euro étant désormais synonyme de moins-disant social et d’austérité.
La contagion à l’Italie de la crise de la dette, irrationnelle à certains égards, est un danger pour la zone euro. Certes, la zone euro a renforcé le 26 octobre ses moyens d’intervention. Les réponses qu’elle a tenté d’apporter au risque de crise de liquidités s’avèrent, néanmoins, à l’heure actuelle, encore suffisamment imprécises pour juguler définitivement le problème de la dette souveraine. La zone euro ne gagnera la bataille de la crédibilité qu’en anticipant les réactions des marchés, c'est-à-dire en se dotant des instruments capables de prévenir une dérive des comptes ou de la dette dans un des États membres mais aussi en repensant les règles en matière de solidarité financière entre les pays de manière à assurer à la zone une stabilité durable. Faute d’une telle évolution, le débat artificiel sur son éclatement continuera à prospérer.
Sophie de Maistre
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