INFECTIONS NOSOCOMIALES : LES PROPOSITIONS DE L'OPEPS POUR AMELIORER LA QUALITE DES SOINS

Présidé, en 2006, par le sénateur Nicolas About (UC-UDF, Yvelines), l'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps), organe de réflexion et de prospective commun aux deux assemblées, a choisi cette année d'étudier les origines et les conséquences des infections nosocomiales en termes sanitaires, économiques et juridiques.

Son rapport, confié au sénateur Alain Vasselle (UMP, Oise), dresse le bilan des actions de prévention mises en œuvre depuis vingt ans pour lutter contre ces infections qui provoquent directement 4.200 décès chaque année, entraînent des séquelles fonctionnelles parfois considérables et coûtent entre 2,4 et 6 milliards d'euros à la sécurité sociale. Les combattre constitue donc un enjeu majeur pour la qualité des soins hospitaliers et la maîtrise des dépenses de santé.

L'Opeps a souhaité que l'étude soit accompagnée d'un sondage réalisé par l'Ipsos sur la perception des infections nosocomiales par les professionnels de santé et le grand public. Les résultats obtenus mettent en lumière la prise de conscience, chez les usagers, du risque infectieux à l'hôpital, alors que les praticiens sous-estiment encore la crainte que ces infections inspirent. Par ailleurs, une majorité des personnes interrogées se dit prête à aller devant la justice pour obtenir réparation si elle devait subir un dommage à l'occasion d'un acte de soin.

Le rapport propose plusieurs pistes pour intensifier la politique de lutte contre ce type d'infections, tant en amont, en renforçant le respect des normes d'hygiène et des bonnes pratiques de soins dans les établissements de santé, qu'en aval avec l'amélioration de la prise en charge des patients infectés.

L'Opeps estime, à cet égard, que les métiers de l'hygiène, peu attractifs aujourd'hui, doivent bénéficier d'une meilleure reconnaissance au sein des services hospitaliers, notamment grâce à la création d'un statut de l'infirmière hygiéniste et à l'harmonisation de la formation et de la répartition des médecins hygiénistes. Il s'agit de mettre en place, au plus près des professionnels de santé, des structures légères chargées de vérifier la stricte application des mesures de prévention, comme la désinfection systématique des mains ou l'interdiction du port de bijoux. Il est également souhaitable de développer les examens de dépistage de la présence de bactéries endogènes chez le patient - notamment des dépistages nasaux du staphylocoque doré résistant à la méthicilline - avant une opération à risque.

Le rapport constate également qu'une politique de prévention efficace ne peut faire l'économie de la promotion, après des prescripteurs comme du grand public, des pratiques de bon usage des antibiotiques pour enrayer l'évolution constatée des bactéries multirésistantes lors de la survenance d'une infection. Il faut rappeler que la prescription d'antibiotiques n'est utile qu'en cas de processus infectieux avéré, que l'accoutumance peut être évitée en utilisant les antibiotiques en rotation et que l'automédication comporte des risques.

Concernant l'amélioration de la prise en charge des patients victimes d'une infection, l'Opeps demande que la mise en place des unités spécialisées dans la prise en charge des infections ostéo-articulaires prévues par le programme national de lutte contre les infections nosocomiales 2005-2008 soit accélérée, en fixant comme priorité la formation d'équipes de soignants spécialisées en infectiologie et en chirurgie, en nombre insuffisant aujourd'hui.

Enfin, la recherche doit s'orienter vers une meilleure connaissance de l'origine des infections nosocomiales et de leurs séquelles afin d'adapter au mieux les traitements et le suivi des patients susceptibles de développer ce type de pathologies à leur sortie de l'hôpital. A cet effet, il serait utile de constituer un registre des patients porteurs de prothèses orthopédiques, permettant aux professionnels de santé de les orienter rapidement, en cas d'alerte, vers un dispositif adapté.

L'office veillera à ce que les propositions les plus pertinentes fassent l'objet d'une traduction législative dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui sera déposé à l'automne 2006.

Pour consulter l'intégralité du rapport : http://www.senat.fr/rap/r05-421/r05-421.html /rap/r05-421/r05-421.html

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