"La Géorgie se trouve à un moment où l’histoire bascule", a déclaré hier Jean-François Rapin devant la commission des affaires européennes du Sénat, à laquelle il rendait compte la mission qu’il a effectuée dans ce pays du 28 avril au 1er mai avec ses collègues André Reichardt, Gisèle Jourda et François Bonneau, ainsi que Philippe Tabarot, président délégué du groupe d’amitié France-Géorgie du Sénat. "Après avoir rencontré d’abord des représentants de la société civile puis les plus hautes autorités politiques de Géorgie, nous ressentons profondément que le peuple géorgien veut être un acteur déterminant de son histoire", a-t-il ajouté.

Jean-François Rapin est revenu sur les échanges que la délégation sénatoriale a pu avoir avec le président du Parlement et le Premier ministre géorgiens sur la loi visant "les organisations poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère", qu’ils ont tous deux présentée comme inspirée de la proposition de loi en cours d’examen au Parlement français. En réponse, la délégation sénatoriale a souligné les différences entre ces deux textes, alerté sur le fait que la loi géorgienne risquait de museler abusivement la société civile et fait valoir le travail transpartisan en cours au Sénat sur les outils de lutte contre les ingérences étrangères. Jean-François Rapin a salué la position courageuse de la Présidente de la République géorgienne, Salomé Zourabichvili, que la délégation a également rencontrée et qui entend opposer son véto à cette loi, véto dont elle anticipe que l’effet sera annihilé par un vote à la majorité simple du Parlement mais qui a valeur symbolique.

Sur place, la délégation a été témoin de manifestations grandissantes d’opposants au projet de loi, mais aussi de contre-manifestations donnant lieu à un discours populiste du pouvoir en place, dont elle relève le double langage puisqu’il dénonce le "parti global de la guerre" tout en proclamant sa volonté de faire entrer la Géorgie dans l’Union européenne, comme le souhaitent 80 % de la population.

"La crise actuelle est aussi une occasion à saisir pour remettre les choses à plat et repartir sur de nouvelles bases", selon André Reichardt, qui a rappelé la "pression géopolitique" que subit la Géorgie, dont 20 % du territoire est occupé par la Russie.

La délégation sénatoriale a en effet pu observer  la "frontiérisation" qu’opèrent les forces armées russes à la limite administrative entre l’Ossétie du Sud et le reste du territoire géorgien, à 40 km environ de Tbilissi, au mépris de l’accord de cessez-le-feu de 2008, conclu "grâce à l’engagement de Nicolas Sarkozy", a souligné André Reichardt. Le rôle de la mission de surveillance qu’exerce l’Union européenne (UE) sur cette ligne est "limité et symbolique mais à ce titre essentiel", a-t-il affirmé.

Gisèle Jourda a conclu en appelant à un "réveil européen" de la Géorgie, sans lequel celle-ci s’éloignerait de la concrétisation de sa candidature à l’UE. Elle a plaidé pour qu’une mission d’observation électorale soit organisée en amont des élections législatives prévues en Géorgie le 26 octobre prochain et que des parlementaires français y participent. "Ni miracle, ni mirage, il revient au peuple géorgien et à ses autorités élues d’écrire un nouveau récit européen qui préserve la paix sans fermer la porte aux perspectives d’adhésion à moyen terme à l’UE" a-t-elle conclu, en souhaitant dans l’intervalle un renouveau du partenariat de l’UE avec ce pays.


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