Pendant dix mois, quatre sénatrices rapporteures - Agnès Evren, Marie-Laure Phinera-Horth, Olivia Richard et Laurence Rossignol - se sont penchées sur la situation de ces femmes invisibles, cachées par nécessité ou ignorées par un système inadapté à leurs besoins.
Le nombre de personnes sans domicile a doublé en dix ans, atteignant 330 000 en 2024, dont près de 120 000 femmes. Parmi elles, chaque soir, environ 3 000 femmes et autant d’enfants passent la nuit dehors. Pour celles qui sont hébergées dans des lieux financés par l’État, la mise à l’abri est bien souvent longue à venir et seulement temporaire, faute de places d’hébergement : certaines doivent, chaque semaine, quitter leur hébergement d’urgence, repasser par la rue, parfois pendant plusieurs jours, avant de retrouver un nouvel abri.
Toutes ces femmes sont exposées, dans la rue, à une dégradation de leur santé physique et psychique, ainsi qu’à des violences physiques et sexuelles qui s’ajoutent à celles vécues dans leur enfance, dans leur foyer ou lors de leur parcours migratoire.
La délégation formule 22 recommandations, parmi lesquelles :
- Systématiser des analyses genrées et un questionnement des violences subies, afin de définir des politiques publiques adaptées ;
- Engager la responsabilité des départements qui ne mettent pas en œuvre les contrats jeunes majeurs alors qu’une personne sans domicile née en France sur quatre est issue de l’aide sociale à l’enfance (ASE) ;
- Créer 10 000 places d’hébergement supplémentaires et transformer des nuitées hôtelières en places pérennes, avec davantage de places non mixtes pour les femmes isolées et de places adaptées à toutes les familles ;
- Faciliter l’accès des femmes sans abri aux logements sociaux, alors que tout le système de prise en charge est embolisé ;
- Impulser un effort particulier en faveur des femmes étrangères sans domicile, qui pour beaucoup travaillent et ont des enfants nés ou scolarisés en France, dans le cadre de la circulaire Valls, qui permet aux préfets de procéder à des régularisations au cas par cas ;
- Développer l’accès aux professionnels de santé, à une prise en charge des violences sexuelles et à un accompagnement pluridisciplinaire dans des accueils de jour dédiés aux femmes, centralisant services du quotidien et accompagnement ;
- Revaloriser la profession et le statut de travailleur social et renforcer les soutiens financiers pluriannuels aux associations, qui sont en première ligne dans l’accompagnement des femmes sans domicile.
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