DÉBAT D'ORIENTATION BUDGÉTAIRE POUR 2001 : COMMENT ÊTRE CRÉDIBLE EN EUROPE ?
MARINI (Philippe), Rapporteur général
RAPPORT D'INFORMATION 373 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 741 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION GÉNÉRALE
-
CHAPITRE PREMIER :
LA CROISSANCE EN PERSPECTIVE- I. 1998-2000, UN RYTHME DE CROISSANCE SOUTENU
- II. UNE CROISSANCE DURABLE ?
-
CHAPITRE II :
ENGAGER ENFIN UNE BAISSE
DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES -
CHAPITRE III :
LES DÉPENSES DE L'ÉTAT :
LES INTENTIONS DÉMENTIES PAR LES FAITS- I. 1998-2000 : LE DÉRAPAGE MAL DISSIMULÉ DES DÉPENSES
- II. UN PROGRAMME PLURIANNUEL DE FINANCES PUBLIQUES 2001-2003 PEU CRÉDIBLE
-
CHAPITRE IV :
UN ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES TOUJOURS PRÉCAIRE- I. AUCUN EFFORT DE RÉDUCTION DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE DANS LE COLLECTIF POUR 2000
- II. L'ÉTAT, SEULE COLLECTIVITÉ PUBLIQUE EN SITUATION DE DÉFICIT DURABLE
- III. CONFORTER LA STABILISATION DU POIDS RELATIF DE LA DETTE
- IV. REDRESSER LES COMPTES PUBLICS DURABLEMENT
-
CHAPITRE V :
LES FINANCES LOCALES ET LE BUDGET DE L'ETAT : MISE AU POINT SUR QUELQUES IDÉES REÇUES -
CHAPITRE VI :
LES FINANCES SOCIALES AU FIL DE L'EAU - EXAMEN EN COMMISSION
- A N N E X E S
-
ANNEXE N° 1 :
SYNTHÈSE DES ÉTUDES RÉALISÉES A LA DEMANDE DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES FINANCES -
ANNEXE N° 2 :
UNE RÉESTIMATION DES COMPTES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES POUR 2000 -
ANNEXE N° 3 :
SIMULATIONS D'UN RETOUR À L'ÉQUILIBRE EN 2003 - TABLEAU 4
- TABLEAU 5
- TABLEAU 5 A
- TABLEAU 5 B
- TABLEAU 5 C
- ANNEXES 187
N°
373
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 31 mai 2000
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le débat d'orientation budgétaire pour 2001 ,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Marcel Charmant, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Politique économique.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Il y a
un an, votre rapporteur général, à l'occasion du
précédent débat d'orientation budgétaire, avait
souhaité que le gouvernement passe " des intentions aux
faits ".
Le bilan tracé au terme d'une année marquée notamment
par l'épisode de la " cagnotte ", révélateur de
graves dysfonctionnements et d'une absence chronique de transparence dans le
domaine budgétaire ne va pas dans ce sens.
Après que trois ministres de l'économie se furent
succédés en moins de six mois, bon nombre des intentions
affichées ont été démenties par la
réalité et les analyses faites, tant par votre commission des
finances que par la Cour des comptes, des experts indépendants ou les
institutions européennes.
Le présent rapport, par son organisation même, permet de porter
un regard rétrospectif sur la gestion des finances publiques depuis
1998, et prospectif, puisqu'il analyse les évolutions pour
l'année 2001, jusqu'au terme de l'actuel programme pluriannuel des
finances publiques en 2003.
Cette discussion s'articule ainsi autour de l'examen de deux projets de loi et
d'un débat consécutif à une déclaration du
gouvernement sur ses orientations budgétaires pour 2001 et la
façon dont il entend se conformer au programme pluriannuel des finances
publiques.
Le projet de loi de règlement pour 1998 est l'occasion pour le
Sénat, utilement assisté en ce domaine par la Cour des comptes,
de porter un regard critique, car détaillé et précis, sur
le premier exercice budgétaire entièrement conduit par l'actuel
gouvernement.
De même, la discussion du projet de loi de finances rectificative pour
2000, annoncé quelques semaines seulement après le vote de la loi
de finances initiale, est révélatrice des intentions
réelles du gouvernement. Le surplus de recettes fiscales et non-fiscales
(51,4 milliards de francs au total) tardivement reconnu par ce dernier, mais
non encore perçu à ce jour, puisque ce sont des recettes
espérées, est ainsi affecté pour une large part
(80 %) à des baisses ponctuelles d'impôts sans grande
cohérence d'ensemble, mais également pour 20% à une
augmentation très significative de la dépense publique, sans que
le niveau affiché de déficit budgétaire ne soit en rien
modifié.
A l'occasion du débat d'orientation budgétaire pour 2001, le
gouvernement affiche un certain nombre de ses priorités.
Votre
commission des finances s'est attachée à en relever les limites
et les contradictions puisque bon nombre des préconisations se trouvent
d'ores et déjà démenties par la réalité
,
qu'il s'agisse de la maîtrise des dépenses, de la
nécessité d'une politique durable de diminution des
prélèvements obligatoires, notamment de l'imposition directe, ou
de la réduction des déficits et, partant, de celle de la dette.
Ainsi le gouvernement affiche-t-il, à l'occasion du débat
d'orientation budgétaire, "
six raisons de réduire les
déficits publics
" mais il n'en tire aucune conséquence
dans le collectif pour 2000 dont le niveau de déficit budgétaire
n'a aucunement été modifié. Il reste, de ce fait, toujours
supérieur de près de 10 milliards de francs à celui
atteint l'année dernière. Une telle contradiction ne peut que
nuire à la qualité, voire à l'intérêt, de la
discussion budgétaire, et relancer inévitablement le débat
sur la nécessité de la transparence et les limites,
imposées en l'espèce par le gouvernement.
Dès lors, face à ces " non-choix " du gouvernement qui
bénéficie d'une conjoncture économique favorable et qui,
faute de réformes structurelles, contribue à perpétuer
" l'exception française " marquée par un niveau de
prélèvements obligatoires historiquement élevé, une
absence de maîtrise de la dépense et un déficit
insuffisamment contrôlé,
votre commission des finances tient
à réaffirmer ses priorités et à les traduire en
actes dans le projet de loi de finances rectificative pour 2000.
Qu'il s'agisse de la diminution des prélèvements obligatoires,
pour laquelle une méthode sera proposée :
une baisse
massive et durable d'impôts et des cotisations sociales à hauteur
de 2,9 points de PIB d'ici 2003 qui soit centrée sur l'impôt sur
le revenu et l'allégement des cotisations sociales.
Les analyses
fournies en ce domaine par les observatoires économiques confirment, en
effet, que de telles baisses sont compatibles avec un retour à
l'équilibre des comptes publics à l'horizon 2003 et
nécessitent pour cela une réduction annuelle de 0,95% en volume
de la dépense publique. Un tel " policy-mix " apparaît
en effet à même de favoriser les créations d'emplois, tout
en améliorant la situation de nos finances publiques. Votre commission,
dans le respect des dispositions constitutionnelles et organiques qui limitent
strictement ses possibilités d'amendement, ne s'opposera donc pas aux
réductions d'impôts figurant dans le collectif 2000 tout en
estimant qu'il aurait été possible de faire mieux et d'aller plus
loin.
Qu'il s'agisse de la limitation de la progression des dépenses publiques
pour laquelle
votre commission, estimant qu'il n'est pas de bonne politique
budgétaire de financer en cours d'année des dépenses
supplémentaires par un surcroît de recettes non encore
perçues, vous proposera d'en assurer le financement par un
redéploiement portant sur les dépenses de fonctionnement des
budgets civils non-régaliens.
La marge de manoeuvre ainsi dégagée, de 10 milliards de francs,
devra être affectée à la réduction du déficit
budgétaire et donc des " impôts de demain ", avec pour
objectif de porter le montant du déficit pour 2000 à un niveau
inférieur à celui exécuté en 1999 (- 206 milliards
de francs).
Une telle attitude est en effet la seule qui soit respectueuse de l'avenir
de notre pays, le rende crédible en Europe et contribue à un
débat budgétaire, de fond, transparent et utile.
CHAPITRE PREMIER :
LA CROISSANCE EN PERSPECTIVE
La
reprise de l'activité économique esquissée en 1996 puis
confirmée à partir du deuxième trimestre de 1997 s'est
accélérée en 1998.
Faible, la décélération observée en 1999 devrait
laisser place à un rythme moyen plus soutenu en 2000, année avec
laquelle nous entrons à nouveau dans le domaine des prévisions et
donc de l'aléa.
Cet exposé général qui concerne à la fois la loi de
règlement de 1998, le projet de loi de finances rectificative pour 2000
et le débat d'orientation budgétaire pour 2001 est,
naturellement, l'occasion de revenir sur la croissance 1998-2000 en tenant
compte des années qui l'ont précédée. Il doit aussi
s'intéresser aux années à venir, 2000 bien sûr, mais
aussi la suite et, en particulier, les années 2001 à 2003
qui constituent l'horizon du programme pluriannuel des finances publiques.
Une mise en perspective de la croissance française s'impose donc pour,
à partir de données du passé et de comparaisons
internationales, tenter d'approcher de quoi demain pourrait être fait.
Accroître la transparence en matière d'information
économique
Avant d'évoquer quelques uns des aspects de l'environnement
économique de la politique des finances publiques, il convient de
regretter vivement le manque de transparence du gouvernement à
l'égard du Parlement et, finalement, de l'opinion publique en
matière d'information économique.
Ses manifestations abondent ; aussi bien devra-t-on considérer
comme de simples exemples parmi d'autres les éléments ici
mentionnés qui, tous, concernent les aspects prospectifs de la politique
budgétaire.
S'agissant du projet de loi de finances rectificative pour 2000, l'on
relèvera que, malgré une profonde révision des
hypothèses économiques sur lesquelles il repose par rapport
à celles qui avaient été posées pour
préparer la loi de finances de l'année, son exposé des
motifs ne contient aucune description détaillée des nouvelles
prévisions du gouvernement. Les " budgets économiques pour
2000 et 2001 " ne sont ainsi pas portés à la connaissance du
Parlement.
S'agissant du débat d'orientation budgétaire pour 2001, une
observation analogue s'impose malgré la diffusion de quelques
données de prévision.
Pour les années suivantes, y compris celles couvertes par le programme
de stabilité (2001-2003), aucune projection économique n'est
fournie, les documents du gouvernement se bornant à mentionner une
fourchette de prévisions que ne vient expliquer aucune
présentation formelle des résultats détaillés de
l'exercice de projection ni moins encore des hypothèses sur lesquelles
il se fonde.
Il est à tous égards judicieux de situer la politique
financière de l'Etat dans une perspective pluriannuelle
. Le
débat d'orientation budgétaire devrait être un temps fort
de cet exercice en comportant un examen des perspectives économiques,
des engagements publics dans le temps, déjà acquis ou
annoncés à l'occasion de ce débat, et de l'interaction
entre ces deux séries d'éléments. Encore faudrait-il pour
cela que le jeu des apparences fasse place à celui des
démonstrations. C'est le devoir du gouvernement qui dispose, en droit,
de l'initiative en matière financière, et, en fait, d'un
quasi-monopole sur l'information économique et financière, de
réunir les conditions d'un tel débat.
Force est de constater qu'il s'y soustrait. Il s'y soustrait par la nature des
documents qu'il diffuse spontanément. Il s'y soustrait encore lorsque
votre commission des finances le questionne afin d'obtenir les
précisions nécessaires et les documents permettant de
compléter les informations lacunaires qui sont produites, laissant sans
réponse satisfaisante les questionnaires qui lui sont adressés.
Il faut corriger de tels errements, au terme desquels le Parlement qui,
pourtant, consent chaque année les crédits indispensables
à la formation de l'expertise économique du gouvernement, se voit
privé des fruits et des moyens de celle-ci. Il s'agit là d'une
exigence élémentaire au service d'une démocratie plus
vivante.
I. 1998-2000, UN RYTHME DE CROISSANCE SOUTENU
La croissance entre 1997 et 1999
|
En volume aux prix de l'année précédente et en % |
||
|
1997 |
1998 |
1999 |
Produit intérieur brut (PIB) |
1,9 |
3,1 |
2,9 |
Importations |
6,9 |
11 |
3,6 |
Total des emplois finaux |
2,8 |
4,5 |
3,1 |
Consommation finale effective des ménages dont : |
0,5 |
3,1 |
2,2 |
- dépenses de consommation des ménages |
0,1 |
3,3 |
2,1 |
- dépenses de consommation individuelle des administrations publiques |
1,6 |
2,1 |
2,7 |
Consommation finale effective des administrations publiques |
2,9 |
- 2,7 |
2,4 |
Formation brute de capital fixe , dont |
- 0,1 |
6,3 |
7,1 |
- sociétés non financières et entreprises individuelles |
0,4 |
7,9 |
7,6 |
- ménages |
0,9 |
3,5 |
7,8 |
- administrations publiques |
- 5,5 |
2,5 |
2,5 |
Variation de stocks (en contribution au PIB) |
0 |
0,6 |
- 0,3 |
Exportations |
11,8 |
7,8 |
3,7 |
A. LA CROISSANCE RÉAMORCÉE EN 1997 ET ACCÉLÉRÉE EN 1998
En 1998, l'accélération de la croissance observée dès 1997 s'est accentuée. La croissance en volume a atteint 3,1 % contre 1,9 % l'année précédente. Elle a ainsi dépassé le niveau de la croissance potentielle de l'économie française et s'est trouvée, mais globalement seulement, en ligne avec les prévisions économiques de la loi de finances de l'année.
Ecarts
entre les prévisions économiques associées à la loi
de finances
et les résultats effectifs en 1998
La croissance pour 1998 a atteint avec 3,1 % le niveau escompté dans la loi de finances de l'année (3 %). Cependant, ses composantes ont été sensiblement différentes de ce qui était attendu.
Les prévisions sur les contributions à la croissance du PIB pour 1998
|
1998 |
Demande intérieure hors stocks |
2,1 |
dont : |
|
Consommation des ménages |
1,2 |
Consommation des administrations |
0,3 |
FBCF |
0,5 |
dont |
|
Entreprises |
0,4 |
Ménages hors EI |
0,1 |
Administrations |
0,0 |
Variations de stocks |
0,3 |
Commerce extérieur |
0,6 |
Exportations |
1,4 |
Importations |
- 0,8 |
PIB |
3,0 |
Les contributions effectives à l'évolution du PIB en 1998
|
1998 |
Dépenses de consommation finale des ménages |
1,8 |
Dépenses de consommation finale des administrations publiques |
0,0 |
Formation brute de capital fixe totale dont |
1,1 |
- Formation brute de capital fixe des sociétés non financières et entreprises individuelles |
0,8 |
- Formation brute de capital fixe des administrations publiques |
0,1 |
- Formation brute de capital fixe des sociétés financières |
0,1 |
Solde extérieur des biens et services |
- 0,5 |
Exportations de biens et services |
2,0 |
Importations de biens et services |
- 2,5 |
Variation de stocks |
0,6 |
Produit intérieur brut |
3,1 |
Source : INSEE, Comptes nationaux
Par comparaison avec les prévisions, la croissance s'est beaucoup plus
que prévu appuyée sur la demande interne tandis que
l'évolution du solde extérieur qui, en prévision, devait
l'alimenter, a en réalité exercé des effets
négatifs.
Cette recomposition de la croissance a abouti, notons-le, à une
évolution économique plus
" riche en
prélèvements obligatoires "
puisque plus riche en
" emplois taxés "
.
En 1997, la reprise était venue pour l'essentiel du commerce
extérieur, le rythme de progression des exportations atteignant
13,6 % sous l'effet du dynamisme de la demande étrangère et
d'une amélioration de la compétitivité-prix des
exportateurs. Ainsi, 1,3 des 1,9 point de croissance observée en
1997 étaient venus du commerce extérieur. Il est à noter
que sans cette contribution et sans celle des administrations publiques, 1997
aurait été une année noire pour la croissance, la
consommation des ménages et l'investissement étant restés
quasiment étales.
Le rétablissement de la demande interne en 1998 a ainsi plus
qu'opportunément pris le relais de l'extérieur pour tirer la
croissance.
La contribution du commerce extérieur à la croissance s'est en
effet révélée négative de plus de 0,5 point de
PIB en 1998. Cette évolution s'explique par un fléchissement du
rythme de croissance des exportations, mais aussi par une nette
accélération des importations. Ce dernier phénomène
rarement évoqué et, semble-t-il, lié au dynamisme
particulier de la consommation des ménages, ne constitue pas un
très bon signe quant à la capacité de l'offre domestique
à satisfaire leur demande.
Le ralentissement des exportations provoqué par la diffusion des crises
dans le monde émergent est resté modéré en moyenne
annuelle, cette circonstance conjoncturelle ayant sans doute fortement
contribué à ancrer la reprise économique dans les esprits
des agents et, ainsi, à permettre à la demande interne de
progresser.
Celle-ci s'est en effet accrue dans tous ses compartiments.
La consommation des ménages
, composante la plus importante du
PIB, s'est nettement accélérée, les ménages
réduisant considérablement leur taux d'épargne,
passé de 16,3 à 15,5 points entre 1997 et 1998. La
progression de la consommation des ménages s'est concentrée sur
les produits industriels, les achats d'automobiles progressant de 10,7 %
et ceux de biens d'équipement de plus de 18 %. Ce chiffre inusuel
traduit sans doute un effet " Coupe du monde de football " et
l'extension de l'équipement informatique français.
La demande des entreprises
s'est quant à elle traduite par un
essor des investissements encore mesuré et surtout par un comportement
de restockage massif au terme duquel les variations de stocks ont
contribué à 0,6 des 3,1 points de croissance
enregistrés en 1998.
B. APRÈS LE LÉGER FLÉCHISSEMENT DE 1999, UN ESSOR SOUTENU EN 2000 ET, SELON LE GOUVERNEMENT, EN 2001
1. Un très léger fléchissement du rythme de croissance en 1999
Selon
les résultats des comptes nationaux qui ne sont pas encore
définitifs, l'activité économique a un peu ralenti en
1999, la croissance s'élevant à 2,9 % contre 3,1 % en
1998.
Ce résultat est supérieur à celui attendu au moment de
l'élaboration du projet de loi de finances (2,7 %) et, encore bien
davantage, par rapport à la révision opérée par le
gouvernement en début d'année (2,3 %). Le gouvernement ne
manque pourtant pas de l'attribuer à l'excellence de sa politique
économique, ironisant sur les réserves de prudence qu'avaient pu
émettre plusieurs observateurs indépendants.
Or, les révisions officielles effectuées par le gouvernement ne
procédaient pas d'un autre souci que celui exprimé par ces
derniers et démontrent que la confiance dans les vertus de sa propre
politique proclamée par le gouvernement n'était pas telle que les
résultats économiques finalement enregistrés en 1999 aient
pu être à l'abri de ses propres incertitudes.
Il est d'ailleurs remarquable qu'en 1999, les ressorts de la croissance n'ont
nullement reposé sur les enchaînements imaginés par le
gouvernement comme le montrent les deux tableaux ci-après
récapitulant, le premier, les prévisions associées au
projet de loi de finances, le second, les résultats effectifs.
Principales contributions à la croissance du PIB en
1999
Prévisions
Taux de croissance annuel moyen en %
|
1999 |
Consommation des ménages |
1,6 |
Consommation des administrations |
0,3 |
Formation brute de capital fixe totale |
0,7 |
Dont : société et EI |
0,5 |
Variations de stocks |
0,0 |
Commerce extérieur |
- 0,1 |
Dont : exportations
|
1,2
|
PIB |
2,7 |
Source : Rapport économique, social et financier. Projet de loi de finances pour 1999
Contributions effectives à l'évolution du PIB, au prix de l'année précédente
|
1999 |
Dépenses de consommation finale des ménages |
1,1 |
Dépenses de consommation finale des administrations publiques |
0,6 |
Formation brute de capital fixe dont : |
1,3 |
- formation brute de capital fixe des sociétés non financières et entreprises individuelles |
0,8 |
- formation brute de capital fixe des ménages hors entreprises individuelles |
0,4 |
- formation brute de capital fixe des administrations publiques |
0,1 |
- formation brute de capital fixe des sociétés financières |
0,1 |
Solde extérieur des biens et services |
0,1 |
Exportations de biens et services |
1,0 |
Importations de biens et services |
- 0,8 |
Variation de stocks |
- 0,3 |
Produit intérieur brut |
2,9 |
Source : INSEE
,
Comptes nationaux
Le supplément de croissance observé (+ 0,2 point) s'explique
par une mauvaise prévision de la contribution du commerce
extérieur
à l'activité qui, négative en
prévision (- 0,1 point), s'est révélée
positive dans les faits (+ 0,1 point).
Le " trou d'air " n'a pas produit l'ensemble des effets
négatifs que le gouvernement en redoutait.
En effet, la contribution
du commerce extérieur à la croissance s'est redressée
dès le premier trimestre, la baisse du volume des exportations
étant significativement réduite par rapport au dernier trimestre
de 1998 tandis que celle des importations se trouvait considérablement
accentuée. Surtout, les investissements des entreprises n'ont pas
été ralentis par les anticipations sur lesquelles s'est
fondée la théorie popularisée sous le terme de " trou
d'air ". Au contraire, ils ont atteint leur rythme de croissance
trimestriel le plus fort depuis longtemps avec + 2,8 % au premier
trimestre 1999. On relèvera que si, en 1998, le commerce
extérieur avait dégagé les mêmes tendances qu'en
1999, la croissance aurait alors atteint un rythme de 3,7 %, proche de
celui escompté par le gouvernement en 2000.
A l'inverse, les composantes de la demande intérieure ont
évolué très différemment de ce qui était
prévu.
L'investissement a été beaucoup plus dynamique que dans les
prévisions, un phénomène inverse se produisant pour la
consommation des ménages, tandis que les administrations publiques ont
soutenu la croissance plus qu'escompté.
Le dynamisme de l'investissement des entreprises et des ménages a
constitué pour le premier un démenti à la théorie
du " trou d'air " et pour le second, la confirmation et
l'accentuation d'une rupture intervenue en 1998.
Il s'explique sans doute beaucoup par l'assouplissement des conditions de
crédit détaillé ci-dessous.
En revanche, la consommation des ménages a augmenté sur un rythme
très ralenti de 2,1 % en volume contre 3,3 % l'année
précédente. Ce ralentissement ne résulte que très
marginalement d'une hausse du taux d'épargne des ménages qui est
passé de 15,7 à 15,8 points. Il s'explique par un
ralentissement des gains de pouvoir d'achat de leur revenu disponible brut
passés de 2,8 à 2,2 %.
Le mouvement de désinflation qui, combiné avec la baisse du
taux d'épargne des ménages, avait soutenu leur consommation en
1998 n'a plus joué en 1999.
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Agriculture, sylviculture, pêche |
0,9 |
0,2 |
1,6 |
3,9 |
- 0,5 |
Produits de l'industrie dont : |
1,2 |
1,7 |
1,0 |
- 0,1 |
0,1 |
- Energie |
2,0 |
4,9 |
2,0 |
- 2,5 |
0,5 |
- Construction |
2,8 |
3,5 |
2,0 |
1,9 |
- 0,8 |
Services principalement marchands |
2,9 |
2,1 |
1,9 |
1,5 |
1,5 |
Ensemble |
2,0 |
1,9 |
1,4 |
0,8 |
0,8 |
On relèvera, pour finir, car c'est important pour l'avenir, que la réduction du rythme de croissance de la consommation des ménages survenue en 1999 n'a pas affecté les achats de véhicules neufs dont l'augmentation en volume, après avoir atteint 15,3 % en 1998, s'est maintenue sur le rythme élevé de 13,1 %.
2. Les années 2000-2001
Les perspectives économiques retenues par le gouvernement pour 2000 et 2001 et synthétisées ci-dessous décrivent un scénario d'accélération de l'activité durant l'année en cours suivie d'un certain freinage l'an prochain, laissant toutefois subsister un rythme soutenu de croissance.
La
prévision de croissance du gouvernement pour 2000 et 2001
(en % et en
volume)
|
2000 |
2001 |
PIB |
3,6 |
3,0 |
Demande intérieure hors stocks |
3,2 |
2,9 |
Importations |
9,5 |
6,7 |
Dépense de consommation des ménages |
2,9 |
3,4 |
Dépense de consommation finale des APU |
1,4 |
1,4 |
FBCF totale |
6,0 |
3,5 |
SNF-EI (1) |
7,2 |
5,7 |
Ménages hors EI |
6,3 |
0,6 |
Exportations |
9,2 |
6,4 |
(1) Sociétés non financières - Entrepreneurs individuels
a) 2000, une croissance plus soutenue : 3,6 %
L'accélération de la croissance en 2000, non
prévue au moment de l'élaboration du projet de loi de finances
mais qui faisait déjà consensus lors de sa discussion
parlementaire, ne résulterait pas d'une amélioration de la
position extérieure de la France plus vive qu'en 1999.
Elle proviendrait d'une hausse de la demande intérieure plus importante
qu'en 1999, dont les composantes varieraient cependant différemment que
ce qui a alors été observé.
La consommation des ménages accélérerait nettement,
atteignant un rythme moyen de 2,9 %. Par contraste, l'investissement des
entreprises s'accroîtrait un peu moins vite, de 7,2 % contre
7,6 % l'an dernier. Cependant, les comportements de stocks des entreprises
compenseraient ce ralentissement, la contribution des stocks à la
croissance permettant de gagner 0,7 point de croissance par rapport
à 1999.
b) 2001, un fléchissement sur un rythme soutenu : 3 %
Pour
l'an prochain, la prévision du gouvernement escompte une croissance de
3 % en volume, soit un fléchissement atteignant 0,6 point de
PIB.
Le scénario du gouvernement ne retient pas d'évolution
significative des effets du commerce extérieur sur l'activité.
Comme en 1999 et en 2000, l'amélioration du solde extérieur
apporterait un modeste supplément d'activité de 0,1 point de
PIB
Le fléchissement de la croissance proviendrait donc de
l'évolution de la demande intérieure et s'expliquerait
principalement par le freinage de la demande des entreprises. Les variations de
stocks ne viendraient plus soutenir l'activité, tandis que les
investissements des entreprises ralentiraient.
La consommation des ménages resterait quant à elle bien
orientée et son rythme de croissance augmenterait, revenant au niveau
observé en 1998. A l'inverse, le cycle de l'investissement global serait
accusé, à la baisse, par la stagnation des investissements des
ménages. Après avoir atteint 7,8 % et 6,3 %, en 1999 et 2000
respectivement, la croissance de l'investissement des ménages
reviendrait à 0,6 %.
c) Brève synthèse : quelques paradoxes
Comme le montre le tableau ci-dessous, les variations du cycle économique en 2000 et 2001 reposeraient entièrement sur l'investissement et les comportements de stocks des entreprises.
Les contributions à la croissance du PIB en 2000 et 2001 (en points)
|
2000 |
2001 |
Commerce extérieur |
0,1 |
0,1 |
Dépense de consommation des ménages |
1,6 |
1,8 |
Dépense de consommation finale des APU |
0,3 |
0,3 |
FBCF |
1,1 |
0,7 |
Variations de stocks et objets de valeur |
0,4 |
- |
Ceux-ci
varieraient significativement dans un sens baissier en 2001 alors que la
consommation des ménages s'accélérerait. Ce paradoxe ne
peut guère s'expliquer autrement que par des perspectives
financières moins favorables venant brider les entreprises et
l'investissement des ménages, perspectives qui ne sont pas
détaillées par les budgets économiques.
En dépit de prévisions de croissance des Etats-Unis et du Japon
nettement orientées à la baisse, et malgré une
hypothèse conventionnelle de stabilité des changes, le commerce
extérieur n'influencerait pas l'activité. De ce point de vue
également, la projection économique du gouvernement recèle
un réel contraste entre un environnement international très
évolutif - même si le scénario repose sur
l'hypothèse d'un atterrissage en douceur de l'économie
américaine - et le maintien sur une tendance stable du commerce
extérieur français et des conditions financières et
monétaires de sa croissance.
II. UNE CROISSANCE DURABLE ?
Le
raffermissement de la croissance à partir de 1997 est le résultat
de la conjonction de plusieurs facteurs au premier rang desquels figure le
desserrement des contraintes exercées par les politiques
économiques. Les besoins de rattrapage ressentis par les agents
économiques y ont également contribué d'autant que
plusieurs éléments ont pu en favoriser l'accomplissement.
La durabilité de cette croissance, toujours vulnérable à
des aléas extérieurs, dépend aussi de conditions
domestiques que, sous différents aspects, la politique du gouvernement
ne contribue pas à réunir.
A. UN RAFFERMISSEMENT DE LA CROISSANCE RÉSULTANT D'UNE CONJONCTION D'OPPORTUNITÉS
Le desserrement des politiques économiques et les besoins de rattrapage ressentis par les agents économiques sont à la source de la reprise puis de l'accélération de la croissance.
1. Le verrou d'une politique monétaire excessivement restrictive a sauté
Tous les épisodes de retournement de conjoncture à la baisse, de la fin des années 1980 jusqu'en 1995, partagent une caractéristique commune : la hausse des taux d'intérêt nominaux et réels à court terme suivie avec plus ou moins d'ampleur par celle des taux longs.
Taux d'intérêt à court terme
Pays |
1961-73 |
1974-85 |
1986-90 |
1991-95 |
1996-99 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Allemagne |
5.8 |
6.8 |
5.7 |
7.1 |
3.3 |
9.5 |
7.2 |
5.3 |
4.5 |
3.3 |
3.3 |
3.5 |
3.0 |
France |
5.7 |
11.0 |
8.7 |
8.2 |
3.5 |
10.4 |
8.6 |
5.9 |
6.6 |
3.9 |
3.5 |
3.6 |
3.0 |
Royaume-Uni |
6.8 |
11.9 |
11.9 |
7.9 |
6.5 |
9.6 |
5.9 |
5.5 |
6.7 |
6.0 |
6.8 |
7.5 |
5.5 |
Eu-15 |
5.6 |
10.8 |
9.8 |
8.9 |
4.6 |
11.2 |
8.6 |
6.7 |
7.0 |
5.4 |
4.9 |
4.7 |
3.5 |
EUR-11 |
5.2 |
10.5 |
9.1 |
8.8 |
4.1 |
11.2 |
8.8 |
6.5 |
6.8 |
5.0 |
4.4 |
4.0 |
3.0 |
USA |
4.5 |
8.6 |
7.0 |
4.6 |
5.5 |
3.5 |
3.1 |
4.7 |
6.0 |
5.5 |
5.7 |
5.5 |
5.4 |
Taux d'intérêt à long terme
Pays |
1961-73 |
1974-85 |
1986-90 |
1991-95 |
1996-99 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Allemagne |
7.2 |
8.0 |
6.8 |
7.3 |
5.2 |
8.0 |
6.4 |
6.9 |
6.8 |
6.2 |
5.7 |
4.6 |
4.5 |
France |
6.9 |
12.2 |
9.1 |
7.8 |
5.3 |
8.6 |
6.7 |
7.3 |
7.5 |
6.3 |
5.6 |
4.6 |
4.6 |
Royaume-Uni |
7.6 |
13.0 |
9.9 |
8.5 |
6.4 |
9.1 |
7.3 |
8.1 |
8.2 |
7.8 |
7.0 |
5.7 |
5.0 |
Eu-15 |
7.1 |
11.7 |
9.8 |
8.9 |
5.8 |
9.8 |
7.8 |
8.2 |
8.6 |
7.3 |
6.2 |
4.9 |
4.7 |
EUR-11 |
6.9 |
11.2 |
9.6 |
9.0 |
5.6 |
10.0 |
7.9 |
8.1 |
8.6 |
7.2 |
6.0 |
4.7 |
4.6 |
USA |
5.0 |
9.5 |
8.6 |
7.1 |
5.9 |
7.7 |
5.8 |
7.1 |
6.6 |
6.4 |
6.3 |
5.4 |
5.6 |
Le choc
de l'unification allemande, les effets asymétriques des désordres
intervenus sur les marchés de change ont conduit à des
resserrements de la politique monétaire française sans autre
motif que celui de maintenir un ancrage avec le mark.
D'autres pays ont choisi des politiques monétaires différentes
tels que les Etats-Unis et, en Europe, le Royaume-Uni ou l'Italie, qui ont
axé leur politique monétaire sur des préoccupations plus
strictement internes. Leur capacité à adopter
ultérieurement l'euro n'en a pas été affaiblie.
Le coût pour la croissance d'une politique monétaire excessivement
restrictive a été illustré par plusieurs travaux dont
celui récapitulé dans le tableau ci-après qui simule ce
qu'aurait été la croissance en Europe si les taux
d'intérêt à court terme y avaient été
maintenus à un niveau inférieur de trois points par rapport
à celui observé entre 1993 et 1995.
Une
simulation des effets d'une autre politique monétaire
pour les
années 1993 à 1995
Europe des Quinze |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
Taux
d'intérêt réel Observé
|
6,5
|
4,5
|
3,5
|
4,0
|
Inflation (%) Observée
|
4,7
|
4,1
|
3,2
|
3,0
|
Croissance (%) Observée
|
0,9
|
-
0,5
|
2,9
|
2,5
|
Solde
budgétaire (% PIB) Observé
|
-
5,2
|
-
6,5
|
-
5,7
|
-
5,2
|
Note : Simulé = simulations à l'aide du
modèle Mimosa d'une baisse de 3 points des taux d'intérêts
nominaux maintenue pendant 3 ans (1993-1995). Taux d'intérêt
à long terme et taux de change résultent des anticipations des
taux courts futurs.
Il est remarquable que la convergence des taux d'intérêt vers le
bas déclenchée en Europe par la perspective d'une réussite
de l'euro se soit également accompagnée d'une
accélération de la croissance.
Elle a favorisé plusieurs enchaînements favorables :
- l'appréciation du taux de change nominal du franc s'est interrompue,
exerçant des effets heureux sur la compétitivité ;
- les restrictions au crédit provenant de son coût ; on a
observé une reprise de l'endettement des agents privés comme le
montre le graphique ci-dessous ;
Endettement intérieur
Glissement annuel en %
- l'ajustement budgétaire s'est trouvé simplifié,
l'accélération de la croissance exerçant des effets
dynamiques sur les recettes publiques et allégeant certaines charges
dont, à hauteur d'environ 0,1 point de PIB par an, les
dépenses d'intérêt qui avaient considérablement
augmenté au début des années 1990.
Charges d'intérêt
(en % du PIB)
Pays |
1970-73 |
1974-85 |
1986-90 |
1991-95 |
1996-01 |
1997 |
1998 |
1999 (1) |
2000 (2) |
2001 (2) |
Allemagne |
1,0 |
2,1 |
2,8 |
3,2 |
3,5 |
3,7 |
3,6 |
3,5 |
3,5 |
3,4 |
Espagne |
0,3 |
0,6 |
3,8 |
4,6 |
4,2 |
4,8 |
4,4 |
3,7 |
3,5 |
3,4 |
France |
0,9 |
1,7 |
2,7 |
3,3 |
3,5 |
3,7 |
3,6 |
3,3 |
3,1 |
3,2 |
Italie |
2,0 |
5,6 |
8,5 |
11,2 |
8,0 |
9,4 |
8,1 |
6,8 |
6,4 |
6,0 |
Pays-Bas |
2,8 |
4,1 |
6,0 |
5,9 |
4,6 |
5,1 |
4,9 |
4,4 |
4,0 |
3,6 |
Royaume-Uni |
3,7 |
4,6 |
3,9 |
3,0 |
3,3 |
3,7 |
3,6 |
2,9 |
3,0 |
2,7 |
Eur.-15 |
1,7 |
3,1 |
4,7 |
5,3 |
4,6 |
5,1 |
4,7 |
4,1 |
3,9 |
3,7 |
Eur.-11 |
1,3 |
2,8 |
4,7 |
5,6 |
4,7 |
5,3 |
4,8 |
4,3 |
4,1 |
3,9 |
USA |
2,2 |
3,4 |
5,1 |
4,9 |
4,0 |
4,5 |
4,2 |
3,8 |
3,5 |
3,2 |
2. L'assainissement budgétaire entrepris jusque dans le milieu des années 1990 a levé une contrainte forte
Le
besoin de financement des administrations publiques qui atteignait 3,8 %
du PIB en 1990 en Europe s'est creusé pour s'élever à
6,1 % du PIB en 1993 à la suite de la récession mondiale
intervenue cette année-là. La reprise de l'activité en
1994, interrompue par une politique monétaire resserrée à
la suite de la crise mexicaine, fut de trop courte durée pour produire
un ajustement budgétaire significatif. Après avoir reculé
à 5,4 points de PIB en 1994, le déficit public atteignait
encore 5 % en 1995.
Les contraintes financières associées à une telle
situation et renforcées par le niveau des taux d'intérêt
ont justifié la conduite d'une politique budgétaire rigoureuse
dont les effets économiques
de court terme
se sont
révélés restrictifs.
Le recul impose de porter un jugement équitable sur cette
politique :
- elle a permis de suspendre la dégradation des conditions
financières qui s'était traduite par l'élévation
des charges d'intérêt et par le sacrifice des
générations futures du fait de la montée de la dette
publique ;
- elle a rapproché les pays européens de l'équilibre
budgétaire et donc d'une situation propice à des baisses de
prélèvement à la satisfaction des nécessités
d'un réglage conjoncturel en cas de ralentissement de la
croissance ;
- elle a favorisé la détente monétaire et
financière.
Les gouvernements d'aujourd'hui devraient savoir gré à leurs
prédécesseurs d'une gestion sans laquelle l'urgence de
l'ajustement budgétaire perdurerait dans un contexte persistant de
tensions monétaires.
3. Des besoins de rattrapage dont l'accomplissement a été facilité par certaines circonstances
La
période de croissance contrainte qu'a traversée l'économie
française s'est accompagnée d'une faible évolution des
composantes de la demande interne.
Au cours des années 1991 à 1997,
la demande des
ménages
a été en moyenne peu dynamique.
Croissance en volume de la consommation finale des ménages
(en %)
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
0,7 |
0,9 |
- 0,6 |
1,2 |
1,2 |
1,3 |
0,2 |
Croissance en volume de l'investissement des ménages
(en %)
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
- 6,9 |
- 3,7 |
- 5,2 |
4,4 |
2,1 |
0,4 |
0,6 |
Il en est allé de même pour l'investissement des entreprises .
Croissance en volume de l'investissement des entreprises
(en %)
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
- 2,3 |
1,1 |
- 7,9 |
2,1 |
2 |
0,8 |
1,3 |
Ces
évolutions n'ont pas été provoquées par une
quelconque atonie des revenus des agents. Le revenu disponible brut des
ménages s'est accru en valeur de 12,3 % entre 1993 et 1997 quand
leur consommation n'augmentait que de 8,3 %. L'épargne des
ménages a augmenté de 15,6 % quand leurs investissements ne
s'accroissaient que de 7,8 %. Quant aux entreprises, leur taux de
marge
1(
*
)
est resté globalement stable sur
la période. En fait, les agents économiques ont
privilégié un emploi de leur revenu dirigé vers
l'épargne et se sont montrés réticents à s'endetter.
L'accélération de la demande intérieure après 1997
traduit un renversement de ces comportements plus que les effets d'une
accélération des revenus.
Le taux de marge des entreprises est resté stable en moyenne en 1997,
1998 et 1999. Les gains de pouvoir d'achat du revenu disponible des
ménages observés en 1997 et en 1998 sont venus à
égalité d'une accélération des
rémunérations nominales et des effets de la désinflation.
En bref, les conditions monétaires assouplies, les perspectives d'un
ajustement budgétaire moins rigoureux, la désinflation et la
stabilité du partage de la valeur ajoutée ont créé
les conditions d'une accélération de la demande.
Les besoins de rattrapage ont ainsi pu s'exprimer.
B. UNE CROISSANCE TOUJOURS VULNÉRABLE AUX ALÉAS EXTÉRIEURS
1. Le risque américain
Depuis
maintenant de nombreuses années, les économistes évoquent
le " risque américain " qui plane sur la croissance
européenne.
Ce risque ne s'est jusqu'à présent pas réalisé, se
transformant plutôt en une chance pour la croissance. Le dynamisme de
l'économie américaine, ininterrompu depuis 1992, avec une
croissance annuelle moyenne un peu supérieure à 3,5 % en
volume jusqu'en 1999, s'est accompagné d'une très forte
augmentation des importations. Celle-ci a creusé le déficit
extérieur des Etats-Unis mais a également fortement
contribué à l'activité en Europe. Les exportations de
l'Union européenne vers les Etats-Unis ont en effet progressé sur
un rythme annuel moyen de 12 % entre 1992 et 1998 quand les importations
en provenance des Etats-Unis ne s'accroissaient que de 8,4 %.
Il n'en reste pas moins que les déséquilibres de la croissance
américaine se sont creusés et conduisent à envisager les
effets d'une résurgence inflationniste, d'une
détérioration prononcée de la position extérieure
des Etats-Unis ou encore d'un éclatement de la " bulle
financière " qui s'y est créée.
Ces perspectives ont fait l'objet de différentes simulations
réalisées par l'OCDE qui a exploré trois
scénarii
:
- une phase d'expansion-récession aux Etats-Unis ;
- un affaiblissement accusé du dollar ;
- une correction importante sur les marchés boursiers.
Le premier de ces
scénarii
correspond à celui d'un
atterrissage manqué de l'économie américaine :
l'inflation s'accroît, conduisant les autorités monétaires
à relever régulièrement les taux d'intérêt
qui atteignent 8 % en 2001 (contre 6,1 % dans le scénario de
référence) ; l'économie américaine ralentit
fortement sous l'effet de la hausse du dollar et de la correction
boursière qui en résultent ; l'impact du cycle
américain se diffuse en Europe ; après 2002 toutefois, le
desserrement de la politique monétaire favorise un retour de la
croissance.
Par rapport au compte central établi par l'OCDE, les Etats-Unis entrent
en récession en 2002 après avoir fortement ralenti l'année
précédente. La croissance européenne ne pâtit que
progressivement de la remontée des taux d'intérêt et de la
récession américaine. L'impact du choc est centré sur
l'année 2002.
Scénario de référence à moyen
terme
Pourcentages de variation par rapport à la période
précédente
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
Etats-Unis
|
3,8
|
3,1
|
2,3
|
2,0
|
3,0
|
3,4
|
3,4
|
Source : OCDE
Scénario d'expansion-récession aux Etats-Unis
Pourcentages de variation par rapport à la période
précédente
|
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
Etats-Unis
|
4,1
|
1,5
|
- 0,2
|
3,2
|
4,3
|
3,4
|
Source : OCDE
Plus
que les valeurs absolues figurant dans le tableau ci-dessus, c'est le sens des
enchaînements qu'il décrit qui doit être souligné. De
l'ampleur de la contagion des taux d'intérêt américains
dépend l'effet en Europe du choc monétaire et financier qui
surviendrait au Etats-Unis.
Cette conclusion forte est confirmée par le deuxième
scénario où un affaiblissement prononcé du dollar se
produirait : la baisse du dollar atteindrait 20 % de sa valeur au
cours de l'année N sous l'effet des inquiétudes liées
à la dégradation de la position extérieure des Etats-Unis
provoquant une chute des marchés d'actions de 25 % et une hausse de
l'inflation contrecarrée par un relèvement important des taux
d'intérêt. Le ralentissement de l'économie
américaine se produit plus tôt que dans le scénario
précédent et atteint un niveau supérieur.
Scénario d'affaiblissement du dollar des Etats-Unis
Pourcentages de variation par rapport à la période
précédente
|
Année N |
Année N+1 |
Année N+2 |
Année N+3 |
Année N+4 |
Année N+5 |
Etats-Unis
|
2,8
|
2,2
|
- 1,8
|
3,2
|
3,6
|
3,4
|
Source : OCDE
Toutefois, comme le montre le tableau ci-dessus, si la
croissance
européenne en est ralentie, elle ne connaît pas de " trou
d'air ", l'appréciation de l'euro favorisant une politique
monétaire permissive qui compense en partie les effets
défavorables de l'évolution des taux de change sur le commerce
extérieur européen.
Enfin, le scénario d'une correction importante des marchés
d'action confirme les enjeux d'une politique monétaire
appropriée. On suppose qu'une baisse de la valeur des actions
américaines de 30 % se produit au premier semestre de
l'année N, entraînant une baisse de 15 % dans les autres
pays de l'OCDE.
L'appauvrissement des agents économiques provoque une contraction de la
demande qui ralentit la croissance. Cependant, l'assouplissement de la
politique monétaire modère les effets de la correction
boursière. Très limités en Europe, ils sont plus
accusés aux Etats-Unis mais s'y estompent rapidement.
Scénario de correction sur les marchés
boursiers
Pourcentages de variation par rapport à la période
précédente
|
Année N |
Année N+1 |
Année N+2 |
Année N+3 |
Année N+4 |
Année N+5 |
Etats-Unis
|
2,6
|
1,9
|
2,3
|
3,0
|
3,1
|
3,3
|
Source : OCDE
2. Le risque européen
L'entrée dans la troisième phase de l'Union
européenne et l'adoption de l'euro se sont accompagnées d'un
transfert du lieu d'exercice de la politique monétaire de la Banque de
France vers la Banque centrale européenne (BCE) et, surtout, d'une
mutation de la politique monétaire qui, de nationale qu'elle
était, s'est européanisée.
La BCE est en effet appelée à régler ses décisions
sur des données européennes. C'est la stabilité des prix
en Europe que le Traité lui commande d'assurer. Cet objectif crée
un risque pour la France.
En effet, les écarts de conjoncture entre pays européens et en
particulier, leur divergences au regard de leur position dans le cycle ainsi
qu'au regard du niveau d'emploi de la population active, créent le
risque d'un approfondissement des divergences de performances en matière
d'inflation.
La hausse moyenne des prix en Europe, qui s'est d'ailleurs
accélérée au cours des premiers mois de l'année
2000, s'est accompagnée de résultats de plus en plus variables
par pays.
Ainsi, même à supposer que la France ne connaisse pas de tensions
inflationnistes, le risque d'un resserrement de la politique monétaire
européenne, consécutif à une dégradation des
performances moyennes, ne peut être éludé.
C. DES CONDITIONS DE DURABILITÉ NON RÉUNIES PAR LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
1. Une politique budgétaire qui ne prépare pas l'avenir
La réduction du déficit budgétaire est excessivement lente compte tenu de l'environnement conjoncturel.
Besoin
de financement
des administrations publiques (en points de PIB)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Etat
|
- 3,00
|
- 2,50
|
- 2,30
|
- 2,1/-2,2
|
Total APU |
- 2,70 |
- 1,80 |
- 1,50 |
- 1,1/- 1,3 |
Cette
politique - qui repose sur les efforts des autres administrations publiques -
comporte trois inconvénients majeurs :
- Elle est " pro-cyclique " alors que l'activité
économique est déjà soutenue par les comportements des
agents privés. Elle l'est globalement par la réduction de la
vitesse de l'ajustement budgétaire. Elle l'est dans ses composantes
fiscales par certains choix de réduction des prélèvements
obligatoires.
La baisse de la TVA sur les travaux immobiliers a ainsi pu accentuer les
phénomènes de pénurie d'où viennent
in fine
les tensions inflationnistes.
- Elle combine une absence de maîtrise des dépenses publiques avec
l'annonce de réductions de prélèvements dont, dès
lors, la pérennité ne peut être que douteuse.
- Elle ne prépare pas l'avenir et ce, de deux points de vue. En premier
lieu, ne profitant pas du rythme de croissance exceptionnelle de
l'économie pour se rapprocher de l'équilibre, elle ne crée
pas les conditions d'une mobilisation des stabilisateurs automatiques en cas de
baisse de l'activité. En second lieu, elle ne contribue pas à
constituer les provisions financières qui pouvaient favoriser le
financement des engagements de moyen et long terme de l'Etat.
Au contraire, en nourrissant la dette publique, elle expose l'Etat, en cas de
renversement des tendances économiques et monétaires à
devoir à nouveau supporter des charges financières
dérivant spontanément.
La gestion effective des finances publiques n'est en rien conforme avec le
modèle de combinaison des politiques économiques
prôné par le gouvernement dont l'environnement économique
favorise pourtant pleinement l'instauration.
Elle est de plus très éloignée dans ses résultats
des performances moyennes observées en Europe.
Capacité de financement des administrations publiques
(en % du PIB)
Pays |
1970-73 |
1974-85 |
1986-90 |
1991-95 |
1996-01 |
1997 |
1998 |
1999 (1) |
2000 (2) |
2001 (2) |
Allemagne |
0,2 |
- 2,8 |
- 1,5 |
- 3,1 |
- 1,9 |
- 2,6 |
- 1,7 |
- 1,1 |
- 1,0 |
- 1,4 |
Espagne |
0,4 |
- 2,6 |
- 4,0 |
- 5,6 |
- 2,2 |
- 3,2 |
- 2,6 |
- 1,1 |
- 0,7 |
- 0,4 |
France |
0,6 |
- 1,6 |
- 1,8 |
- 4,5 |
- 2,4 |
- 3,0 |
- 2,7 |
- 1,8 |
- 1,5 |
- 1,2 |
Italie |
- 5,4 |
- 9,6 |
- 10,8 |
- 9,1 |
- 2,8 |
- 2,7 |
- 2,8 |
- 1,9 |
- 1,5 |
- 0,8 |
Pays-Bas |
- 0,5 |
- 3,4 |
- 4,9 |
- 3,5 |
- 0,3 |
- 1,2 |
- 0,8 |
0,5 |
1,0 |
0,4 |
Royaume-Uni |
0,1 |
- 3,6 |
- 0,7 |
- 5,7 |
- 0,5 |
- 2,0 |
0,3 |
1,2 |
0,9 |
0,7 |
Eu-15 |
- 0,3 |
- 3,7 |
- 3,3 |
- 5,1 |
- 1,6 |
- 2,4 |
- 1,5 |
- 0,6 |
- 0,4 |
- 0,3 |
EUR-11 |
- 0,7 |
- 3,9 |
- 4,1 |
- 4,9 |
- 2,0 |
- 2,6 |
- 2,0 |
- 1,2 |
- 0,9 |
- 0,8 |
USA |
- 1,6 |
- 3,3 |
- 4,2 |
- 4,5 |
0,1 |
- 0,9 |
0,0 |
0,7 |
1,3 |
1,8 |
2. Des rigidités structurelles aggravées
Le
maintien d'un rythme de croissance élevé sur une période
longue suppose que le potentiel de production s'élève lui-aussi.
Sans cela, la croissance vient buter sur des insuffisances de capacités
et se traduit par une hausse du niveau des prix. L'économie
française a subi des enchaînements de ce type lors de
l'épisode de croissance de la fin des années 80.
La situation conjoncturelle réclame donc de privilégier une
politique économique dynamisant l'offre plutôt qu'une politique
économique soutenant la demande.
Ce n'est pas l'orientation qui est prise.
a) Une politique fiscale inadaptée
Comme on l'a indiqué plus haut, la politique fiscale du gouvernement est tournée vers la demande et ne comporte pas les mesures préconisées plus loin dans ce rapport susceptibles d'alléger le coût du travail et de prolonger l'enrichissement de la croissance en emplois.
b) Les craintes associées à la réduction de la durée du travail
Quant
à la politique structurelle menée par le gouvernement, sa
composante principale, la réduction de la durée du travail, est
de nature à provoquer des effets économiques
particulièrement indésirables en période d'expansion. Ses
conditions théoriques de réussite sont en effet menacées
dans leur concrétisation par le rythme soutenu de l'activité.
La première d'entre elles suppose que les capacités de production
ne soient pas entamées par la réduction des heures
travaillées. Or, le rythme des créations d'emplois naturellement
suscité par la croissance réduit la disponibilité de la
main d'oeuvre appelée à compenser la réduction du temps de
travail. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant en
France que le taux d'activité y est faible, résultat à
mettre en relation avec un taux de formation des adultes
particulièrement médiocre et un coût du travail
rigidifié par le niveau des charges sociales.
La vigueur de l'expansion pourrait, quant à elle, compromettre le
maintien de la modération des coûts salariaux unitaires qui est
pourtant une deuxième condition indispensable pour que la
réduction du temps de travail n'hypothèque pas l'équilibre
de la croissance. L'apparition de tensions inflationnistes dans certains
secteurs - le bâtiment, l'informatique, l'automobile... - est d'autant
plus susceptible d'enclencher une spirale prix-salaires que les variations de
prix qu'elle entraîne seront prises en compte à l'occasion des
négociations sur les compensations salariales ouvertes dans le cadre de
la réduction du temps de travail. Les contraintes d'embauche que
celle-ci avive vont dans le même sens. Un renchérissement du
coût unitaire du travail irait à l'encontre d'une poursuite de la
croissance :
l'inflation qu'il allumerait briderait la demande ;
il nuirait à l'ajustement de l'offre en dégradant la
situation financière des entreprises et en rationnant l'utilisation des
facteurs de production ;
il jouerait contre l'emploi.
Si la réduction de la durée du travail a exercé un effet
très favorable sur l'emploi dans les pays où elle s'est produite
sur la base des négociations collectives ou individuelles
décentralisées, son application uniforme choisie par le
gouvernement recèle au contraire des dangers particulièrement
graves dans le contexte économique actuel.
c) L'absence de mesures concrètes pour élever le potentiel d'actifs
Le
rapport déposé par le gouvernement pour le débat
d'orientation budgétaire consacre d'importants développements
à cette question.
Il rend compte de phénomènes de " trappe à
inactivité " et d'expatriations, phénomène
d'exportation qui, selon les termes mêmes du rapport, "
ne sont
pas marginaux
". Votre commission s'est montrée depuis
longtemps attentive à ces problèmes. Elle a
préconisé pour les résoudre :
de corriger les mécanismes fiscaux confiscatoires qui provoquent
l'expatriation ;
d'instaurer des régimes fiscaux favorisant l'émergence et
le développement des activités innovantes sur le territoire ;
de substituer au revenu minimum d'insertion (RMI) un vrai revenu minimal
d'activité (RMA) ;
d'alléger le coût du travail en réduisant les
cotisations-employeurs.
Sur l'ensemble de ces sujets, la politique économique du gouvernement
reste muette.
CHAPITRE II :
ENGAGER ENFIN UNE BAISSE
DES
PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES
Sous le
titre "
des prélèvements obligatoires
délibérément élevés
", votre
commission des finances notait dans son rapport pour le débat
d'orientation budgétaire 2000
2(
*
)
, que les
annonces de baisses d'impôts du gouvernement depuis 1997 avaient toujours
été démenties dans les faits, car il avait, sans le dire,
abandonné l'objectif de réduction de la pression fiscale et
sociale.
De fait, le pic historique atteint par les prélèvements
obligatoires en 1999 (45,7% du PIB) a malheureusement confirmé cette
analyse.
En 1999, 70,7 % de l'augmentation de la richesse nationale aura
été prélevé par la sphère publique
, un
chiffre exceptionnellement élevé comparé à ceux de
1998 (43,4 %) et 1997 (50,8 %).
Aujourd'hui, le gouvernement est contraint de reconnaître que la pression
fiscale est devenue insupportable pour nos concitoyens, pour l'emploi et les
entreprises qui sont le moteur de l'activité. Mais les mesures fiscales
présentées dans le collectif budgétaire pour 2000, qui ont
pour principal objectif d'effacer une partie des hausses d'impôts
enregistrées depuis 1997 sont loin de répondre aux attentes des
Français et aux besoins de l'économie.
Face à cet état de fait, votre commission des finances estime
indispensable de procéder à une réforme structurelle du
système des prélèvements obligatoires axée autour
d'une baisse de l'impôt sur le revenu mais également des
cotisations sociales.
I. DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES DEVENUS INSUPPORTABLES
A. UN PIC HISTORIQUE EN 1999
Le bilan
des hausses d'impôts sur la période 1997-2000 est impressionnant
et révélateur.
Les recettes
d'impôt sur le revenu
auront augmenté de
15,4 % en trois ans, passant de 293 milliards de francs en 1997 à
339 milliards de francs dans le collectif pour 2000
3(
*
)
. Sur la seule année 1999, la hausse du produit
de l'impôt sur le revenu s'est élevée à 9,7 %
(7,8 % hors intégration de la contribution représentative du
droit de bail), soit nettement plus que l'évolution du revenu disponible
des ménages en 1998 (4 %)
4(
*
)
. Cet
impôt a ainsi, contrairement à ce qu'a laissé penser le
gouvernement, contribué de façon significative à
l'éclosion des surcroîts d'imposition pesant sur le contribuable
mieux connus sous le nom de " cagnotte ".
Les recettes nettes
d'impôt sur les sociétés
auront
progressé de 41,5 % depuis 1997, dont une hausse de 24,4 %
pour la seule année 1999, avec un produit passant de 172 milliards de
francs en 1997 à 229 milliards de francs en 2000.
La taxe sur la valeur ajoutée
(TVA)
aura progressé
de 7 % en trois ans, passant de 626 milliards de francs à 672
milliards de francs. En 1999, la TVA nette aura progressé de 4,5 %,
pour un indicateur d'évolution des emplois taxables
pondéré de 3,8 % et des dépenses de consommation des
ménages de 2,8 % en valeur.
La taxe intérieure sur les produits pétroliers
aura
progressé de 10,8 % sur trois ans, passant de 150 milliards de
francs à 167 milliards de francs.
Ainsi, au cours des trois années passées aura bien
été enregistrée une hausse massive de tous les
impôts, au premier rang desquels l'impôt sur les
sociétés, mais également l'impôt sur le revenu,
pesant sur les ménages.
Comme le souligne l'INSEE dans sa lettre sur les comptes des administrations publiques en 1999, " la réduction du déficit résulte d'une forte hausse des prélèvements obligatoires " confortant ainsi l'exception française en matière de finances publiques.
Evolution du taux de prélèvements obligatoires depuis 1996
(en pourcentage du PIB)
Les prélèvements obligatoires en 1999
|
Recettes 1999 |
Evolution |
|
Prélèvements obligatoires... |
En milliards de francs |
En % du PIB |
99/98 (en %) |
... de l'Etat |
1.578,8 |
17,9 |
7,4 |
Taxe sur la valeur ajoutée |
673,5 |
7,6 |
4,2 |
Taxe sur les produits pétroliers |
161,2 |
1,8 |
2,6 |
Impôt sur le revenu |
302,6 |
3,5 |
9,3 |
Impôt sur les sociétés |
225,1 |
2,6 |
21,9 |
Autres (1) |
216,4 |
2,3 |
5,6 |
... des organismes divers d'administration centrale |
70,6 |
0,8 |
5,0 |
... des administrations publiques locales |
489,2 |
5,5 |
- 0,7 |
Taxe professionnelle |
133,7 |
1,5 |
- 4,2 |
Taxes foncières (propriétés bâties et non bâties) |
101,3 |
1,1 |
3,6 |
Taxe d'habitation |
64,7 |
0,7 |
5,2 |
Autres prélèvements |
189,5 |
2,2 |
- 2,1 |
... des administrations de sécurité sociale |
1.840,3 |
20,9 |
4,8 |
Contribution sociale généralisée |
354,4 |
4,0 |
5,4 |
Autres impôts |
77,3 |
0,9 |
4,0 |
Cotisations sociales (2) |
1.408,6 |
16,0 |
4,7 |
... des institutions de l'Union européenne (3) |
52,1 |
0,6 |
- 1,5 |
Total des prélèvements obligatoires |
4.031,0 |
45,7 |
5,2 |
(1)
Comprend la déduction des transferts fiscaux de l'Etat aux
collectivités locales et à la sécurité sociale et
les impôts dus non recouvrables ainsi que les autres
prélèvements (notamment la contribution représentative du
droit de bail, 9,5 milliards de francs).
(2) Déduction faite des cotisations dues non recouvrables.
(3) Les versements aux institutions de l'Union européenne comprennent,
outre les impôts retracés dans le tableau ci-dessus, un transfert
de l'Etat au titre de la " quatrième ressource ". Au total,
ces versements se sont élevés à 91,6 milliards de
francs en 1999, soit 1 % du PIB.
Sources : Comptes nationaux 1999 - base 95, INSEE, direction de la
prévision, direction générale de la comptabilité
publique
Les recettes fiscales
nettes des dégrèvements et
remboursements auront progressé de 7,6 % en 1999, soit nettement plus
vite que le PIB (+ 3,3 % en valeur).
Mais les
prélèvements sociaux
se seront également
accrus de 4,8 % avec une contribution sociale
généralisée (CSG) particulièrement dynamique
(+ 5,4 %). Ce dynamisme reflète avant tout celui de la masse
salariale du secteur privé, qui nourrit la progression des cotisations
sociales et de la CSG.
Seuls les prélèvements des administrations publiques
locales
(hormis le cas, très spécifique, des
prélèvements de l'Union européenne)
auront connu une
légère décrue
, de - 0,7 %. Toutefois, cette
diminution est principalement imputable à la réforme de la taxe
professionnelle, la baisse sensible du produit de cet impôt
(- 4,8 %) compensant la hausse des autres impôts.
B. UN PROGRAMME PLURIANNUEL NON RESPECTÉ
Selon
les comptes de l'INSEE, les prélèvements obligatoires ont atteint
45,7 % du PIB en 1999, soit 1,2 point de plus que le chiffre figurant dans
le programme de stabilité de janvier 1999 (environ 100 milliards de
francs en valeur absolue) et 0,4 point de plus que celui figurant dans le
programme de janvier 2000 (environ 36 milliards de francs).
Ainsi, le programme pluriannuel de réduction des
prélèvements obligatoire n'est non seulement pas respecté,
mais encore démenti de façon flagrante, puisqu'au lieu de
diminuer, les prélèvements augmentent depuis 1997.
Le programme pluriannuel sur les finances publiques 1997-2003 : des annonces à la réalité
|
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 (e) |
2001 |
2002 (e) |
2003 (e) |
|
Chiffres
donnés dans le programme de stabilité
|
44,9 |
44,7 |
44,5 |
- |
- |
43,7-44,0 |
|
prélèvements obligatoires |
Chiffres
donnés dans le programme de stabilité
|
- |
44,9 |
45,3 |
44,8 |
- |
- |
43,7-44,2 |
(points de PIB) |
Taux de prélèvements obligatoires réalisé |
44,9 |
44,9 |
45,7 |
? |
|
|
|
|
Ecart/ annonces de janv 99 |
0 |
+ 0,2 |
+ 1,2 |
? |
|
|
|
Comme
votre commission l'avait souligné, le programme de stabilité
publié en janvier 2000 avait retardé d'un an la baisse des
prélèvements obligatoires (de 2002 à 2003).
Le " bond " des prélèvements en 1999 contraint
aujourd'hui le gouvernement à annoncer une baisse des
prélèvements de 0,9 point de PIB (80 milliards de francs)
pour atteindre l'objectif fixé pour 2000, soit un taux de
prélèvement de 44,8 % du PIB, taux presque identique à
celui de 1997.
Toutefois, on remarquera que, lors du débat d'orientation
budgétaire à l'Assemblée nationale, le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie a promis une réduction
plus forte des prélèvements obligatoires, qu'il entend ramener de
45,7 % du PIB en 1999 à 44,7 % en 2000 puis 44,2 % en 2001. Ce
chiffre de 44,2 % n'était prévu qu'en 2003 dans le programme
pluriannuel de janvier 2000
5(
*
)
. Toutefois,
aucune mesure précise n'est encore annoncée pour 2001 afin de
traduire en actes ces intentions.
C. LES RÉVISIONS DE RECETTES ASSOCIÉES AU COLLECTIF POUR 2000
1. Une loi de finances pour 2000 manifestement insincère
Votre
rapporteur général ne reviendra pas sur l'analyse qu'il avait
longuement développée sur ce point lors de l'examen du projet de
loi de finances pour 2000, à l'automne dernier
6(
*
)
, puis lors de l'examen du projet de loi de finances
rectificative
7(
*
)
.
Il souhaite simplement rappeler que la commission des finances du Sénat
avait alors estimé que les évaluations de recettes fiscales
associées au projet de loi de finances pour 2000 n'étaient pas
sincères, car elles reposaient sur une révision des recettes de
1999 de 30 à 40 milliards de francs inférieure à la
réalité.
Pour contrer cette analyse notamment par voie de communiqué de presse,
le gouvernement avait multiplié les arguments techniques, invoquant
à plusieurs reprises des " phénomènes
calendaires " particulièrement sur l'impôt sur les
sociétés et l'impôt sur le revenu, ou la faiblesse de
l'inflation concernant les rentrées de TVA.
Déjà, votre rapporteur général relevait
"
qu'au delà des justifications techniques, les rendez-vous
politiques relatifs à la distribution des excédents fiscaux sont
déjà annoncés ".
C'est l'objet même du
projet de loi de finances rectificative pour 2000 qui est
présenté au Parlement.
2. Une transparence contrainte et inachevée
Par un
heureux hasard, la réévaluation de recettes inscrite dans le
projet de loi de finances rectificative correspond exactement au chiffrage
effectué par le rapporteur général de la commission des
finances à l'Assemblée nationale, tel qu'il figure dans son
rapport d'information publié en mars 2000 sur les premiers
éléments disponibles concernant l'exécution du budget en
1999.
Loin d'avancer un chiffre aussi précis que 51,4 milliards de francs,
votre rapporteur général se bornera à rappeler quelques
faits :
- les recettes fiscales ont été bien supérieures aux
prévisions en 1999, de plus de 30 milliards de francs et auront un
" effet base " sur 2000 ;
- selon le rapport préliminaire de la Cour des comptes portant sur
l'exécution des lois de finances pour 1999, des recettes ont
été reportées par le gouvernement de 1999 sur 2000, pour
environ 18 milliards de francs s'agissant des recettes non fiscales et 9
milliards de francs en recettes fiscales, soit au total près de 27
milliards de francs ;
- la croissance devrait être plus forte que prévue, soit 3,6 %
selon les estimations du gouvernement et rapporter ainsi 10 milliards de francs
supplémentaires.
On peut donc estimer que, compte tenu des effets de reports et de la croissance
attendue, il s'agit d'une révision
a minima
. En effet, selon une
étude
8(
*
)
réalisée à
la demande du Président de la commission des finances du Sénat,
M. Alain Lambert, par l'Observatoire français des conjoncture
économiques (OFCE), les recettes fiscales peuvent être
réévaluées de 50 milliards de francs pour 2000.
Cependant, il faudrait également tenir compte des reports de recettes
fiscales de 1999 sur 2000 (9 milliards de francs selon la Cour des
comptes). De surcroît, l'OFCE fait l'hypothèse d'une croissance
plus forte (4,2 %), qui pourrait apporter des recettes
complémentaires pour l'Etat.
D'une certaine manière,
des précautions ont été
prises afin d'anticiper une meilleure exécution budgétaire
,
qui devrait
in fine
se traduire par une amélioration du
déficit budgétaire. Dans son rapport sur le collectif
2000
9(
*
)
, M. Didier Migaud note ainsi, que
"
compte tenu de ces bonnes perspectives, on peut raisonnablement
penser que le déficit de l'Etat pour l'exercice 2000 sera, en
définitive, réduit par rapport aux prévisions du
présent projet
". M. Laurent Fabius, ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, a lui-même
évoqué un déficit réduit à 200 milliards de
francs pour 2000, lors du débat d'orientation budgétaire pour
2001 devant l'Assemblée nationale.
Enfin, votre rapporteur général tient à souligner que
le débat sur " la répartition des fruits de la
croissance " reste tronqué
, notamment du fait de la
séparation du débat budgétaire et du débat sur les
finances sociales. Comme le montre l'OFCE, le surplus de recettes
généré par la croissance s'élève à
72 milliards de francs pour l'ensemble des administrations publiques.
La réestimation du compte des administrations publiques pour 2000 : les résultats de l'étude menée par l'OFCE à la demande de la commission des finances du Sénat
•
Si la croissance s'élève en 2000 à 3,6 %, soit
l'hypothèse retenue par le gouvernement, le supplément de
recettes fiscales pour l'Etat en 2000 par rapport aux estimations de la loi de
finances initiale s'établirait à 35 milliards de francs environ,
dont :
- 24,7 milliards de francs d'effet de base, qui correspond à la
différence entre les recettes constatées en 1999 et les recettes
prévues pour 2000 au moment de la LFI 2000 ;
- 10 milliards de francs d'excédents de recettes fiscales par rapport
à la LFI 2000, imputables à une hypothèse de croissance
plus forte de 0,8 point.
Le report sur 2000 de recettes non fiscales initialement prévues pour
1999 pour un montant de 15 milliards de francs, porterait
le
supplément de recettes pour l'Etat à 50 milliards de
francs.
• Une croissance plus forte ayant une incidence sur les autres
administrations publiques,
les surplus de recettes pour l'ensemble des
administrations publiques atteindraient 72 milliards de francs en 2000
,
soit 50 milliards de francs pour l'Etat, 14 milliards de francs pour la
Sécurité sociale et 8 milliards de francs pour les
collectivités locales.
• L'hypothèse de croissance de 3,6 % pour 2000 est plus basse
que la prévision de croissance de l'OFCE, qui s'établit à
4,2 % pour 2000. Dans ces conditions,
les surplus
s'élèveraient à 92 milliards de francs,
dont 56
milliards de francs pour l'Etat, 25 milliards de francs pour la
Sécurité sociale et 11 milliards de francs pour les
collectivités locales.
• Les mesures fiscales annoncées par le gouvernement auraient un
impact positif sur l'activité, donc sur les rentrées fiscales,
et
s'autofinanceraient en partie
. Dans ces conditions, le
supplément de recettes pour l'ensemble des administrations publiques par
rapport à la LFI 2000,
après les mesures annoncées
dans le collectif budgétaire, s'élèverait à
32 milliards de francs
(pour une croissance de 3,6 %) : 4
milliards de francs pour l'Etat, 19 milliards de francs pour la
Sécurité sociale et 9 milliards de francs pour les
collectivités locales.
II. UN PROGRAMME FISCAL GOUVERNEMENTAL SANS GRANDE COHÉRENCE
A. DES ALLÉGEMENTS D'IMPÔTS HÉTÉROCLITES
Les
allégements d'impôts prévus dans le projet de loi de
finances rectificative pour 2000 sont au nombre de trois
10(
*
)
:
- une réduction de la taxe d'habitation pour un coût de 11
milliards de francs ;
- un allégement de l'impôt sur le revenu à hauteur de 11
milliards de francs (diminution d'un point de chacun des deux premiers taux
d'imposition) ;
- la baisse d'un point du taux normal de la TVA pour 18,45 milliards de francs
en 2000.
Votre commission a fait procéder à
une évaluation des
mesures fiscales
présentées dans le collectif
budgétaire. Les effets les plus marquants des mesures fiscales
annoncées, tels que les traduit le modèle de l'OFCE
11(
*
)
, sont les suivants :
- l'augmentation du revenu disponible des ménages et du taux de marge
des entreprises se traduit par une légère
accélération de la croissance en 2000 (+0,1 point de croissance)
et 2001 (+0,2 point de croissance) ;
- une baisse de 1 point du taux de TVA entraîne un ralentissement de
l'inflation de 0,2 point en 2000 et 2001 ;
- l'allégement fiscal (40 milliards de francs) en 2000 représente
0,4 % du PIB et 0,7 % (53 milliards de francs) en 2001, mais le
déficit public n'est augmenté que de 0,4 % du PIB en 2001
(35 milliards de francs), du fait de l'effet de relance des mesures (celles-ci
s'autofinancent en partie).
Cette évaluation montre que les mesures fiscales envisagées ne
concernent que les ménages et contribuent au soutien de la demande.
Pourtant le contexte actuel est déjà celui d'une bonne tenue de
la demande intérieure, alors que des doutes subsistent sur l'aptitude de
l'économie française à accroître ses
capacités de production et, en conséquence, à soutenir une
croissance soutenue sans saturation de l'offre et sans risque inflationniste.
Or l'Union européenne se caractérise par des différences
sur les fiscalités du travail, de l'épargne et des entreprises,
qui constituent des ressources délocalisables. C'est sur ce type
d'impôts qu'une réforme est nécessaire, de façon
à améliorer la compétitivité fiscale. Ni cette
contrainte, ni celle de l'harmonisation des fiscalités en Europe ne sont
prises en compte dans le programme d'allégements d'impôts
annoncé au risque d'accroître les phénomènes de
délocalisation.
Les délocalisations pour motif fiscal : l'étude de la
direction générale des impôts
Selon ses propres termes "
la direction générale des
impôts (DGI) ne dispose que d'informations partielles et donc
minorées sur les départs à l'étranger de
contribuables
".
Cependant, si "
l'analyse des données ne permet pas de conclure,
pour la généralité des contribuables, à la
prédominance des motifs fiscaux dans les décisions de
départ
", elle reconnaît que "
les
caractéristiques présentées par les contribuables
disposant d'un patrimoine élevé laissent présager
l'importance du facteur fiscal
".
L'étude de la direction générale des impôts montre
ainsi que le
" taux d'expatriation "
des hauts revenus
(0,3 %) est quatre fois plus élevé que pour la moyenne des
contribuables.
Il existe deux principaux motifs de délocalisation: la taxation
des plus-values et l'imposition du patrimoine.
En outre, les délocalisations dûes à l'impôt de
solidarité sur la fortune sont importantes et entraînent une perte
de richesse significative pour la France. "
La perte de capital par
la France peut être estimée à 13 milliards de francs
et
la perte d'impôt qui en résulte représente 140 millions de
francs par an
".
La DGI indique enfin
"
c'est en effet dans le total
constitué par l'ISF, l'IR et la taxation des plus-values (y compris
prélèvement social) qu'il faut chercher le déclencheur
éventuel de la délocalisation
". Elle précise
ainsi :
" il semble que les motifs fiscaux de
délocalisation résident notamment dans la combinaison de la
taxation des plus-values (qui peuvent être exonérées ou peu
taxées à l'étranger) et de l'imposition du
patrimoine ".
Les délocalisations pour motif fiscal résultent donc, pour
l'essentiel, de la combinaison de l'impôt sur le revenu, de l'impôt
de solidarité sur la fortune et de la taxation des plus-values.
Rappelons, en outre, qu'aux termes d'une étude commandée par la
commission des finances du Sénat à l'Observatoire français
des conjonctures économiques (OFCE), notre pays apparaît comme
l'un de ceux où la pression fiscale est la plus élevée en
Europe, en occupant, impôt par impôt, une position moyenne au
regard de cet indicateur mais en faisant usage cumulativement de toutes les
assiettes fiscales concevables en application de raisonnements plus politiques
ou budgétaires qu'économiques. La France se trouve donc en
mauvaise situation pour affronter une recrudescence éventuelle de la
concurrence fiscale
12(
*
)
.
B. DES ALLÉGEMENTS EN CONTRADICTION AVEC LES OBJECTIFS EUROPÉENS
Lors du
Conseil Ecofin du 28 février 2000, les quinze Etats membres de l'Union
européenne se sont mis d'accord
sur les objectifs auxquels devraient
répondre les baisses d'impôts
. Quatre critères sont
retenus :
- les réductions fiscales non compensées ne peuvent intervenir
que dans les Etats membres qui présentent à moyen terme des
finances publiques proches de l'équilibre ou en excédent ;
- les réductions fiscales ne doivent pas avoir d'effet
accélérateur du cycle économique (mesures
" procycliques ") ;
- les Etats doivent tenir compte du niveau global de leur dette et de leurs
futurs engagements de long terme, du fait notamment des tendances
démographiques ;
- les réductions d'impôts doivent entrer dans le cadre de
" paquets de réforme globaux " incluant par exemple les
systèmes de protection sociale.
La Commission européenne a l'intention d'appliquer ces critères
lorsqu'elle évaluera les prévisions budgétaires pour 2001
et les futurs programmes de stabilité et de convergence
actualisés.
Selon la Commission européenne en effet, "
l'idée est que
les Etats membres doivent profiter de la forte
croissance pour opérer
les réformes structurelles difficiles qui permettront une diminution
durable de la pression fiscale et non opter pour une solution de
facilité consistant dans une baisse temporaire des
impôts
. Toutefois, pour que les réductions d'impôts
puissent être permanentes, elles doivent être accompagnées
de diminution comparable des dépenses
(...) ".
L'évaluation des mesures fiscales présentées par le
gouvernement, telle que décrite plus haut, met en évidence
plusieurs contradictions avec les critères retenus pas le Conseil
Ecofin.
Outre le caractère " procyclique " des mesures
fiscales annoncées, l'absence de programme de réforme global et
de maîtrise des dépenses publiques témoignent d'une
certaine " improvisation fiscale " dénoncée en termes
généraux par la Commission européenne.
III. LA NÉCESSITÉ D'UNE POLITIQUE FISCALE VOLONTARISTE
A. LES PRÉCONISATIONS DE LA COMMISSION DES FINANCES DU SÉNAT
La
commission des finances du Sénat souhaite un véritable programme
fiscal, de caractère pluriannuel, seul en mesure de libérer
véritablement l'initiative et l'emploi.
A ce titre, le 14 mars 2000, votre président et votre rapporteur
général avaient rappelé leurs priorités :
"
plus loin, plus vite, plus fort
"
Ils souhaitent en effet que la France puisse atteindre dans les 3 ans à
venir le même niveau de prélèvements que l'Allemagne, soit
42,4 % du PIB. Pour cela une méthode s'impose : des baisses
massives et durables d'impôts et de cotisations sociales à hauteur
de 250 milliards de francs, soit le double de ce qu'annonce aujourd'hui le
gouvernement français.
Cet effort conduirait ainsi à réaliser sur 3 ans ce que le
gouvernement social-démocrate de M. Gerhard Schroëder a
décidé de mettre en oeuvre sur 5 années à
savoir 250 milliards de francs de baisse d'impôts.
Il s'agit d'une part, de corriger les hausses d'impôts
décidées depuis 1997 et d'autre part, d'entamer une
réforme structurelle de notre système de
prélèvements obligatoires.
S'agissant des ajustements à réaliser, il est indispensable de
lutter contre toutes les formes de prélèvements rampants ou de
doubles impositions qui, de façon insidieuse, accroissent la charge
fiscale pesant sur les Français. Votre commission vous avait fait
à ce titre, lors de la discussion du projet de loi de
finances 2000, un certain nombre de propositions en ce sens que
malheureusement, ni le gouvernement ni l'Assemblée nationale n'avaient
cru devoir retenir.
En outre, dans une économie ouverte et de plus en plus
mondialisée, mettre fin à l'alourdissement continuel depuis 1997
de la pression fiscale est une priorité pour nos entreprises : ce sont
elles qui tirent la croissance et qui assurent l'embellie conjoncturelle
actuelle. La suppression des mécanismes de double imposition, et du mode
de financement des 35 heures (par la contribution sociale sur les
bénéfices et la taxe générale sur les
activités polluantes) permettraient, par exemple, de restaurer la
compétitivité de nos entreprises par rapport à leurs
partenaires.
S'agissant des premières mesures structurelles applicables à
notre système de prélèvements obligatoires, la commission
des finances a préconisé deux réformes importantes. Il
s'agit d'abord de réduire le poids de l'impôt sur le revenu
acquitté par chaque contribuable. Ensuite, il faut continuer à
oeuvrer en faveur de la baisse du coût du travail peu qualifié et
notamment des charges sociales qui pèsent sur celui-ci en
étendant le champ de la ristourne dégressive sur les bas
salaires.
B. UN PROGRAMME CONFIRMÉ PAR LES EXPERTS ÉCONOMIQUES
La
commission des finances du Sénat a demandé au Centre
d'observation économique (COE) de simuler une diminution des
prélèvements obligatoires de 2,9 points de PIB à l'horizon
2003, assortie d'un retour à l'équilibre des comptes publics
à cette même date
13(
*
)
.
A ce titre, elle a demandé au COE de simuler trois modalités de
baisse des prélèvements obligatoires :
- une baisse de 1 point de TVA accompagnée d'une baisse de l'impôt
sur le revenu de 8 % environ ;
- une baisse de l'impôt sur le revenu de 8 % associée
à une baisse des cotisations sociales employeurs de l'ordre de 40
milliards de francs ;
- une baisse de 1,5 point de TVA combinée à une réduction
de l'impôt sur les bénéfices de 5 %.
Le COE a, dans un premier temps, simulé l'impact des trois
modalités de réduction des prélèvements
obligatoires sans économie sur les dépenses publiques, afin
d'apprécier l'effet " pur " sur la croissance des
réductions de prélèvements à hauteur de 2,9 points
de PIB en 4 ans.
Or il ressort de cette étude que l'impact favorable sur la croissance
de la combinaison " baisse de l'impôt sur le revenu + baisse des
cotisations sociales employeurs " apparaît nettement
supérieur à celui des deux autres combinaisons.
Réduction du taux de prélèvements
obligatoires
de 2,8 points en 4 ans
(objectif : 42,4 % du PIB en 2003)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur le revenu |
Baisses* de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales employeurs |
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur les sociétés |
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
0,2 |
1,6 |
0,3 |
3,0 |
0,2 |
1,3 |
Consommation |
0,3 |
3,3 |
0,4 |
2,5 |
0,1 |
2,2 |
Investissement privé |
0,5 |
2,7 |
0,7 |
4,4 |
0,4 |
2,4 |
Prix à la consommation |
- 0,5 |
- 2,7 |
- 0,4 |
- 8,6 |
- 0,7 |
- 4,3 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,5 |
- 0,3 |
- 2,4 |
0 |
- 0,5 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 2,3 |
- 0,6 |
- 2 |
- 0,6 |
- 2,5 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
respective des différents impôts dans le total.
Ce
scénario se traduit en effet par une augmentation du PIB de
0,3 point la première année et de 3 points la
quatrième année (soit 0,75 point de croissance
supplémentaire chaque année, contre 0,4 point dans les deux
autres scénarios). De surcroît, le taux de chômage est plus
bas de 2,4 points au bout de 4 ans (contre - 0,5 point dans les autres
scénarios).
Dans un second temps, le COE a simulé une réduction
équivalente de prélèvements obligatoires gagée par
une baisse des dépenses publiques sans dégradation du solde
public. La combinaison " baisse de l'impôt sur le revenu + baisse
des cotisations sociales employeurs " est encore la plus favorable.
Baisse
des prélèvements obligatoires (- 2,8 points
in fine
)
financée par une baisse des dépenses publiques sans
détérioration du solde public
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
- 0,3 |
0 |
- 0,2 |
1,7 |
- 0,4 |
- 0,4 |
Consommation |
0,3 |
2,6 |
0,3 |
1,8 |
0,1 |
1,5 |
Investissement privé |
- 0,6 |
0,2 |
- 0,4 |
2,4 |
- 0,8 |
- 0,3 |
Prix à la consommation |
- 0,6 |
- 3,9 |
- 0,5 |
- 9,7 |
- 0,8 |
- 5,7 |
Taux de chômage (1) |
0,1 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 2,2 |
0,1 |
- 0,1 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
Dans ce
scénario, le PIB se contracte légèrement en début
de période mais augmente sensiblement au bout de 4 ans (+ 1,7 point
contre une stabilité ou une légère baisse dans les deux
autres scénarios). Surtout, le taux de chômage se réduit de
2,2 points au bout de 4 ans, alors qu'il ne baisse que de 0,1 point dans les
autres scénarios.
Deux conclusions peuvent donc être tirées de ces
résultats :
-
une réduction des prélèvements obligatoires est
extrêmement favorable en termes de croissance et d'emploi dès lors
qu'on y intègre une baisse des cotisations sociales employeurs.
Celle-ci a en effet un impact direct sur l'emploi et le chômage
(grâce à une diminution du coût du travail), un impact
désinflationniste qui permet d'améliorer la
compétitivité et un effet accélérateur sur
l'investissement des entreprises.
-
la simulation du COE montre clairement qu'il est possible de conduire une
baisse des prélèvements obligatoires financée par une
baisse des dépenses publiques
sans détérioration du
solde public, tout en favorisant la croissance et l'emploi.
Enfin, le COE a simulé le scénario global commandé par
la commission des finances, soit une baisse des prélèvements
obligatoires de 2,9 points et une résorption du déficit
public à l'horizon 2003.
Baisse
des prélèvements obligatoires (- 2,8 points
in fine
)
financée par
une baisse des dépenses publiques et
résorption du déficit public
(2,4 points de PIB en 4
ans)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
- 0,8 |
- 1,7 |
- 0,7 |
0 |
- 0,9 |
2,1 |
Consommation |
0,2 |
1,9 |
1,2 |
1,1 |
0 |
0,8 |
Investissement privé |
- 1,7 |
- 2,2 |
- 1,5 |
- 0,4 |
- 0,3 |
- 3,1 |
Prix à la consommation |
- 0,7 |
- 5,3 |
- 0,6 |
- 10,1 |
- 0,9 |
- 7,1 |
Taux de chômage (1) |
0,2 |
- 0,3 |
- 0,1 |
- 1,8 |
0,2 |
0,3 |
Solde public (2) |
+ 0,6 |
+ 2,4 |
+ 0,6 |
+ 2,8 |
+ 0,6 |
+ 2,4 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
L'étude du COE montre clairement qu'un scénario
de
réduction des prélèvements obligatoires et de
réduction du déficit public a un impact restrictif sur
l'activité à court terme, mais neutre à l'horizon 2003,
pour autant que la réduction des prélèvements obligatoires
porte à la fois sur l'impôt sur le revenu et les cotisations
sociales employeurs. En outre, le scénario se traduirait par une baisse
du taux de chômage (-1,8 point).
Ainsi, il est possible d'assurer une politique budgétaire rigoureuse
et une réduction des prélèvements obligatoires sans
pénaliser la croissance à moyen terme.
Si la croissance actuelle se prolongeait, cette combinaison de politique
économique serait particulièrement adaptée puisqu'elle
permettrait un redressement volontariste des comptes publics (politique
contracyclique), qu'elle stimulerait la politique de l'offre et qu'elle serait
désinflationniste, créant ainsi les conditions d'une politique
monétaire accommodante (scénario de policy-mix " à
l'américaine ").
Au vu de ces résultats, votre commission des finances ne peut qu'inviter
le gouvernement à entamer une réforme structurelle de notre
système de prélèvements en privilégiant pour cela
une diminution de l'impôt sur le revenu, associé à une
baisse des cotisations sociales.
Ainsi, la baisse des prélèvements obligatoires sera-t-elle
engagée de façon durable et efficace afin que la France soit
pleinement crédible en Europe.
CHAPITRE III :
LES DÉPENSES DE L'ÉTAT :
LES
INTENTIONS DÉMENTIES PAR LES FAITS
En
introduction du rapport qu'il a déposé pour le débat
d'orientation budgétaire, le gouvernement note que la stratégie
de finances publiques qu'il s'est assignée poursuit l'objectif
" de placer la France sur un sentier de croissance durable,
équilibrée et solidaire "
, et que, pour cela, il doit
mettre en oeuvre une stratégie des finances publiques dont
" la
clef de voûte
[...]
est une évolution
maîtrisée des dépenses publiques "
.
Le gouvernement reconnaît donc explicitement que la prolongation de la
croissance doit notamment reposer sur
la maîtrise des dépenses
publiques, dont il fait apparemment un axe principal de sa politique
économique
.
Or, en dépit de ces affirmations,
les dépenses de l'Etat ne
sont pas maîtrisées depuis 1998
, alors que de leur
maîtrise dépendent la poursuite et le succès des mesures de
baisse des impôts présentées par le gouvernement.
I. 1998-2000 : LE DÉRAPAGE MAL DISSIMULÉ DES DÉPENSES
En
dépit des analyses convergentes de votre commission et de la Cour des
comptes sur l'évolution des dépenses, le gouvernement affirme que
celles-ci sont maîtrisées, et que ses engagements en la
matière sont respectés, n'hésitant pas à prendre
certaines libertés dans la présentation des chiffres, afin
d'afficher une réalité qui lui est favorable.
Pourtant, depuis 1998, aucun exercice budgétaire ne s'est traduit par la
" maîtrise des dépenses ", expression dont votre
commission ignore du reste la portée concrète.
Source : Cour des Comptes
A. PAS D'ACTION VOLONTARISTE SUR LES DÉPENSES EN 1998
Dans un
courrier en date du 9 juillet 1999, adressé au ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, le Premier président
de la Cour des comptes, M. Pierre Joxe, indiquait que, s'agissant de
l'évolution des dépenses, d'éventuels désaccords
méthodologiques ne devaient pas
" masquer
l'essentiel :
la progression rapide des dépenses du budget général en
1998
, qui s'établit à 3,6 %, au lieu de 1 % l'année
précédente. Elle est ramenée à 1,1 % - ou à
0,8 % compte tenu des " recettes de la dette " - en déduisant
les remboursements et dégrèvements d'impôts, qui ont
augmenté dans des proportions exceptionnelles et d'ailleurs non
totalement élucidées en 1998, et qui, par nature,
ne
traduisent pas d'action volontariste sur les dépenses
".
La Cour avait d'ailleurs détaillé son analyse dans son rapport
sur l'exécution des lois de finances pour 1998. Notant que les
dépenses ordinaires des services civils - qui sont les plus rigides -
avaient augmenté de 4,6 % contre 1,9 % en 1997, elle estime que cette
situation résulte d'une
" pression de tous les postes à
l'exception des dépenses d'intervention qui diminuent de 0,9
% "
.
L'évolution des dépenses de l'Etat en 1998 s'est donc traduite
par un net accroissement des dépenses de fonctionnement, en particulier
celles de personnel qui ont crû de 3,7 %, tandis que les dépenses
en capital des services civils et militaires diminuaient, respectivement de 2,1
% et de 9,3 %, contribuant ainsi pour une part importante à la
réduction du déficit de 1998.
B. UNE CROISSANCE EN VOLUME SUPÉRIEURE À 1 % EN 1999
1. Un dérapage des dépenses redouté par votre commission
L'objectif du gouvernement pour la loi de finances de 1999
consistait à afficher une progression des dépenses de 1 point en
volume.
Or, cet engagement n'a pas été tenu.
En effet, dans son
rapport préliminaire sur l'exécution des lois de finances pour
1999, la Cour des comptes note que
" les dépenses de l'Etat ont
progressé sensiblement en 1999 "
, les charges nettes du budget
général augmentant de 3,3 % en valeur et de 2,8 % en volume.
Elle conclut à ce titre que :
" c'est beaucoup plus que
ce qui était prévu (+ 1 % en volume) ".
Le dérapage des dépenses en 1999 ne constitue malheureusement pas
une surprise pour votre commission qui avait insisté sur la
quasi-impossibilité, pour le gouvernement, de respecter son engagement.
A cet égard, il convient de rappeler l'analyse développée
par votre rapporteur général dans son rapport
14(
*
)
sur la loi de finances rectificative pour 1999. En
effet,
" eu égard à ce surcroît de dépenses
par rapport aux prévisions initiales fort opportunément
optimistes du gouvernement, un effort drastique de réduction de la
dépense sera nécessaire de sa part. En l'absence de mesures,
à ce jour, cela rend dès lors plus incertain le respect par le
gouvernement de la norme de progression en volume qu'il avait
affichée "
.
2. Une analyse confortée par celle de la Cour des comptes
La
Cour des comptes a confirmé l'analyse de votre commission.
Elle valide le jugement qu'elle avait porté sur les conséquences
d'une inflation moindre que prévu. Le rapport précité
indique en effet :
" une inflation sensiblement inférieure
aux prévisions ( + 0,5 % au lieu de + 1,3 %) explique partiellement cet
écart ".
Surtout, elle insiste sur
" la progression de plusieurs
catégories de dépenses "
, qu'il s'agisse des
garanties, des dépenses de personnel ou des interventions, en
particulier, les crédits destinés aux 35 heures ou aux
emplois-jeunes.
Elle tient aussi et surtout à critiquer les méthodes
comptables retenues par le gouvernement qui tente de dissimuler cette
progression des dépenses, en rendant opaque la présentation des
informations budgétaires, dont le Parlement est le premier destinataire,
et cela de façon à respecter, en affichage, l'objectif qu'il
s'était assigné.
Ainsi, au mépris du principe d'universalité budgétaire,
a-t-il notamment exclu du calcul de la norme de progression de 1 % les
dépenses qu'il qualifie d' " exceptionnelles ", celles-ci
représentant 13 milliards de francs, soit 10 milliards de francs au
titre de la mise en jeu de la garantie de l'Etat au bénéfice de
l'UNEDIC, et 3 milliards de francs au titre de la réparation des
dégâts occasionnés par les tempêtes.
Or, toute dépense, même si elle ne peut être prévue
en loi de finances initiale, est bien une dépense que le budget de
l'Etat doit assurer. Dans son rapport précité, la Cour des
comptes estime d'ailleurs que
" les charges dites exceptionnelles et
les modifications de périmètre de l'action de l'Etat traduisent
bien pour ce dernier des dépenses supplémentaires qu'il n'y a pas
lieu de retrancher "
. En effet, une norme de progression des
dépenses doit concerner toutes celles qui influent sur le solde. A
défaut, celle-ci perd toute signification et donc tout
intérêt ce qui nuit inévitablement à la
crédibilité des informations transmises à Bruxelles au
titre du programme de stabilité.
Surtout, la Cour des comptes estime qu'il s'agit, en procédant à
des changements de présentation de
" caractère
artificiel "
, de
"
confirmer
une prévision ou
un engagement antérieur
, en recourant à des
méthodes qui varient chaque année,
selon les besoins de la
démonstration
"
.
L'engagement antérieur qu'il s'agit de confirmer est la norme de
progression des dépenses de l'Etat de 1 %.
Le gouvernement, dont la crédibilité de la politique
budgétaire, notamment au niveau communautaire, repose sur le respect de
cette norme, a néanmoins réfuté les analyses de la Cour
des comptes. Ainsi, dans une lettre en date du 9 mai 2000, adressée au
Premier président de la Cour des comptes, le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie et la secrétaire
d'Etat au budget soulignent l'existence de
" points de
désaccords méthodologiques "
. Ce courrier cite notamment
le cas des dépenses
" considérées comme
exceptionnelles par le gouvernement "
15(
*
)
.
C'est en effet ainsi que le gouvernement parvient à confirmer ses
engagements en matière de dépenses :
sont exceptionnelles
les dépenses qu'il considère comme telles
et qui, de ce fait,
sont sans impact sur le calcul de leur progression.
La démonstration,
dès lors, devient nécessairement imparable !
C. LE RENONCEMENT À LA MAÎTRISE DES DÉPENSES EN 2000
1. Un objectif initial relativement ambitieux
L'année 2000 devait constituer une étape
importante
en matière d'évolution des dépenses de l'Etat.
En effet, dans la loi de finances initiale pour 2000, le gouvernement s'est
fixé un objectif à la fois clair et relativement ambitieux eu
égard à ses engagements antérieurs, et surtout à sa
capacité à les respecter :
la stabilisation en volume des
dépenses de l'Etat.
Concrètement, cet objectif devait se traduire par une progression des
dépenses de 15 milliards de francs (17,5 milliards de francs hors
dette), égale à l'augmentation prévisionnelle des prix
hors tabac (+ 0,9 %).
Par ailleurs, le gouvernement avait mis en avant un important effort
d'économies, pour un montant de 34 milliards de francs, après 29
milliards de francs en 1998 et 31 milliards de francs en 1999. Votre rapporteur
général, dans son rapport
16(
*
)
sur
le projet de loi de finances pour 2000, avait toutefois relativisé ces
économies, qui, en réalité, ne sont que des
redéploiements de crédits, destinés à financer les
priorités du gouvernement, et souvent réalisés au moyen
d'abattements forfaitaires de crédits.
2. Un objectif abandonné de fait
Or,
le gouvernement a décidé de rompre avec son engagement d'une
stabilisation des dépenses de l'Etat en volume.
Certes, la position officielle du gouvernement n'a pas changé : le
rapport qu'il a déposé en vue du débat d'orientation
budgétaire confirme le
" cap de la maîtrise des
dépenses
[de l'État]
, qui seront stabilisées en
volume en 2000 "
.
En effet, le gouvernement a décidé de présenter un projet
de loi de finances rectificative pour 2000, dès le printemps, dont
l'objet est essentiellement de procéder à des baisses
d'impôts d'un montant de 40,6 milliards de francs, grâce
à la réévaluation des recettes de l'Etat à hauteur
de 51,4 milliards de francs au total.
Mais le gouvernement a décidé de consacrer le
complément des surplus de recettes fiscales à de nouvelles
dépenses, soit plus de 10 milliards de francs. Votre commission
estime que le financement de telles dépenses qui sont pour la plupart
légitimes, doit, comme cela devrait être la règle,
être financé par redéploiement de crédits. Elle vous
fera des propositions en ce sens.
Ces dépenses nouvelles se répartissent comme suit :
- au titre du financement des réparations des dommages
occasionnés par les différents sinistres ayant frappé la
France au cours des derniers mois de l'année 1999
, qu'il s'agisse
des inondations, du cyclone Lenny aux Antilles, de la marée noire
provoquée par le naufrage de l'Erika, ou des tempêtes :
5,46 milliards de francs
en dépenses ordinaires et
crédits de paiement, auxquels il convient d'ajouter 2,83 milliards de
francs en autorisations de programme, répartis conformément au
tableau ci-après :
- au titre du financement de dépenses à caractère
exceptionnel :
4,24 milliards de francs
, auxquels il
convient d'ajouter 1,94 milliard de francs en autorisations de programme ainsi
répartis :
Enfin,
les dépenses militaires
font l'objet d'une
ouverture
nette de 310 millions de francs en crédits de paiement
, et
d'une
annulation nette de plus de 1,2 milliard de francs en autorisations de
programme
, alors même que l'exposé des motifs du projet de loi
de finances rectificative pour 2000 mentionne la réalisation de
" divers mouvements de réallocation de moyens au sein du budget
de la défense "
.
Il convient du reste de souligner que seul le budget de la défense est
concerné par les annulations de crédits dans le cadre du projet
de loi de finances rectificative pour 2000, les budgets civils y
échappant pour leur part totalement.
Plus précisément, les crédits de paiement donnent lieu
à une ouverture de 2,7 milliards de francs et, dans le même temps,
à une annulation de 2,39 milliards de francs.
Quant aux autorisations de programme, elles font l'objet d'une ouverture de
6,87 milliards de francs pour assurer le financement de
27 hélicoptères, mais d'une annulation concomitante de
8,07 milliards de francs, soit près de 9 % des crédits
votés en loi de finances initiale.
Une fois encore, le gouvernement privilégie les dépenses de
fonctionnement au détriment des dépenses d'investissement qui,
elles, préparent l'avenir.
En effet, cette réduction importante des crédits
d'équipements en cours d'exécution 2000 suscite de vives
réserves de la part de votre commission. A l'occasion de l'examen du
budget initial pour 2000, elle avait déjà souligné que,
après l'embellie de 1999 consécutive à la " revue des
programmes ",
le niveau des crédits proposés en 2000 pour
les titres V et VI ne permettait pas que soient respectées les
dispositions de la loi de programmation.
Plus fondamentalement, le renforcement de cette tendance désormais
lourde amène vraisemblablement nos forces à devenir, aujourd'hui,
dans une proportion importante, équipées d'un matériel,
soit obsolète, soit hors d'état de fonctionner, compte tenu de
l'absence de pièces de rechange, et dont l'entretien s'avérera
nécessairement de plus en plus coûteux et difficile.
II. UN PROGRAMME PLURIANNUEL DE FINANCES PUBLIQUES 2001-2003 PEU CRÉDIBLE
A. UN PROGRAMME AMBITIEUX
Alors
que le gouvernement n'a pu tenir ses engagements passés en
matière de progression des dépenses de l'Etat, tout en niant
cependant cet état de fait, il continue d'afficher une norme de
progression identique à celle retenue par le passé.
Par ailleurs, le rapport qu'il a déposé en vue du débat
d'orientation budgétaire insiste sur les améliorations à
apporter de façon à faire de la loi de finances un document plus
sincère et plus transparent.
1. Poursuivre la " maîtrise " des dépenses
Dans son
rapport précité, le gouvernement rappelle que
" la part
des dépenses publiques dans la richesse nationale est traditionnellement
élevée en France "
. C'est pourquoi il souhaite
" diminuer la part de la dépense publique dans la richesse
nationale "
, la bonne conjoncture économique permettant
d'envisager
" une baisse de plus de deux points de ce ratio sur les
années 2000 et 2001 ".
Du reste, lors de la présentation de son programme pluriannuel de
finances publiques pour la période 2001-2003, qui est notifié
à la Commission européenne conformément aux dispositions
du Pacte de stabilité et de croissance, le gouvernement a estimé
que,
" dans la continuité du précédent programme,
la base du triangle de la politique des finances publiques est la
définition d'un objectif souhaitable d'évolution de la
dépense publique "
. S'agissant des dépenses de l'Etat,
il poursuivait :
" la norme retenue est une progression de 1 % en
volume, au total, sur les trois années 2001-2003 "
. Les
dépenses de l'Etat devraient ainsi croître en volume de 0,33 % en
2001, soit une progression nominale de 1,2 % compte tenu d'une évolution
des prix de 0,9 %.
Le gouvernement inscrit donc l'évolution pluriannuelle des
dépenses publiques dans une continuité qu'il présente
comme vertueuse.
Mais l'affichage d'une telle continuité ne peut que susciter le
scepticisme puisqu'elle repose sur des prévisions démenties par
l'exécution des années antérieures.
2. Accroître la sincérité du budget
Par
ailleurs, le gouvernement insiste avec force sur son souci
d'
" améliorer la lisibilité des finances
publiques "
. Il y consacre de longs développements dans le
corps de son rapport, tandis que l'annexe VII, intitulée
" la transparence des finances publiques "
lui est
spécifiquement destinée. Une telle insistance ne peut être
que louée, même si on peut s'étonner d'un tel souci de
" bien faire " qui ne l'engage que pour l'avenir.
Ces objectifs ont été affirmés par une circulaire du
Premier ministre du 21 février 2000 relative à
l'établissement de rapports d'activité et de comptes-rendus de
gestion budgétaire ministériels. Ces derniers seront
annexés au projet de loi de règlement, à partir de celui
portant sur le budget 1999. Il s'agit notamment de mettre l'accent sur
" l'efficacité des politiques conduites et sur les efforts faits
par les administrations pour améliorer la qualité du service
rendu à l'usager "
.
Ce même projet de loi de règlement devrait également
comporter, en annexe, le compte général de l'administration des
finances qui devrait apporter plusieurs innovations, parmi lesquelles la prise
en compte de la charge de la dette en droits constatés, l'enregistrement
des recettes fiscales en droits constatés, le changement de
méthode d'évaluation des dotations et participations de l'Etat,
ou encore la présentation d'une annexe au bilan, retraçant des
engagements de Etat.
3. De bonnes intentions sans contenu concret ?
Votre
commission prend acte de ces bonnes intentions, qu'elle approuve
évidemment sur le plan des principes, mais ne peut toutefois manquer de
s'interroger. Quelle sera leur portée concrète ? Quelle
sera, surtout, leur utilité ? Quelles conséquences le
gouvernement en tirera-t-il pour déterminer sa politique
budgétaire ?
En effet, la prise d'engagements en matière de sincérité
et de lisibilité du budget se trouve nettement amoindrie lorsqu'un
gouvernement recourt, selon les termes précités de la Cour des
comptes,
" à des méthodes qui varient chaque
année, selon les besoins de la démonstration "
. C'est
pourquoi elle estime que
" ceci confirme la nécessité de
recourir à des présentations stables et significatives du point
de vue du résultat obtenu "
.
En outre, l'ambition du gouvernement de procéder à d'importantes
rebudgétisations doit être appréciée à l'aune
de la débudgétisation opérée dans la loi de
finances pour 2000 et consistant à sortir du budget de l'Etat le montant
de la " ristourne dégressive ", soit 39,5 milliards de
francs, afin de le transférer vers un fonds spécialement
conçu pour financer les 35 heures. Dès lors, quel jugement
objectif peut-on porter sur l'efficience de la dépense de l'emploi en
France, alors que le financement de l'un de ses principaux axes, la
réduction du temps de travail, ne figure pas au budget de l'emploi,
quoique devant représenter, à terme, 110 milliards de
francs ? Au-delà des méthodes comptables retenues, c'est sur
la cohérence d'ensemble d'une telle politique qu'il convient dès
lors de s'interroger.
4. Un jugement nuancé émanant du FMI et de l'OCDE
Le
rapport précité du gouvernement cite une très instructive
étude du Fonds monétaire international (FMI), dans laquelle cette
institution financière a établi des éléments de
définition de la transparence en matière de finances publiques.
Le FMI a ainsi déterminé plusieurs critères, dont
l'accès du public à une information exhaustive et sincère,
publiée à des intervalles réguliers, ou encore un examen
contradictoire et indépendant de l'information
budgétaire
17(
*
)
.
Or, rien de tout cela n'existe vraiment en France. Le budget est un document
souvent peu lisible, sujet à de nombreuses modifications de
présentation. Par ailleurs, le gouvernement n'accorde souvent que peu de
cas à l'analyse qui peut en être faite par le Parlement, y compris
par la majorité qui le soutient, comme l'ont prouvé les
orientations prises en matière de politique autoroutière, qui
sont exactement contraires aux préconisations de la mission
d'évaluation et de contrôle de la commission des finances de
l'Assemblée nationale.
La même annexe cite également les résultats d'une
étude conduite par l'OCDE, relative aux principales exigences en
matière de transparence. Il apparaît que la France occupe une
position médiane au sein de l'OCDE. Toutefois, les questions portant sur
les éléments les plus importants reçoivent toutes une
réponse négative, et notamment
" les données sur
les performances font-elles l'objet d'un contrôle
externe ? "
, ou encore
" Existe-t-il des preuves que les
données sur les performances sont régulièrement
utilisées pour calculer les affectations
budgétaires ? "
.
La véritable maîtrise des dépenses de l'Etat ne peut
donc s'exonérer d'une réflexion approfondie sur l'efficience de
la dépense publique.
Dans ce contexte, quelle valeur peuvent revêtir ces déclarations,
lorsque le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
lui-même explique en substance que le solde budgétaire du projet
de loi de finances rectificative pour 2000, soit un déficit de 215
milliards de francs, sur lequel est amené à se prononcer le
Parlement, est obsolète avant même le vote de la loi, et que, en
réalité, ledit déficit devrait s'établir, à
la fin de l'année, aux alentours de 200 milliards de
francs ?
B. DES OBJECTIFS DIFFICILEMENT RÉALISABLES
La
véritable raison de la non-maîtrise des dépenses publiques
résulte de l'absence de réformes structurelles à
même de réduire les missions et le format de l'Etat.
La politique budgétaire du gouvernement consiste, en fait, à s'en
remettre à la bonne conjoncture économique, celle-ci facilitant
la réalisation de quelques économies mais ne permettant pas de
préparer la survenue d'un éventuel retournement conjoncturel, qui
serait lourd de conséquences pour les finances publiques.
1. Les bienfaits de la conjoncture
a) La bonne conjoncture, fondement de la politique budgétaire du gouvernement
Le
rapport qu'a déposé le gouvernement en vue du débat
d'orientation budgétaire, sur ce point, ne dissimule pas la
réalité :
la conjoncture tient lieu de politique
budgétaire et présente l'avantage, pour le gouvernement, de
n'engager aucune réflexion sur le niveau et l'efficience de la
dépense publique.
Or, cette dernière, il convient de le rappeler, atteint des niveaux
extrêmement élevés : la France est, derrière la
Suède, le pays développé dont le taux de dépenses
publiques est le plus élevé, comme le montre le tableau
ci-après :
Les économies mises en avant par le gouvernement, qui, du reste, ne s'en
cache pas, appartiennent ainsi à la catégorie des
" dividendes de la croissance " et ne sont donc le plus souvent que
des économies de constatation.
Deux exemples sont particulièrement significatifs :
- les charges d'intérêt de la dette :
le gouvernement
insiste particulièrement sur le fait que, en 1999, pour la
première fois depuis 20 ans, le poids de la dette publique dans le PIB a
diminué en France, de telle sorte que les charges d'intérêt
ont diminué de 3,4 % en 1999, soit environ 10 milliards de
francs ;
Il convient toutefois de rappeler que cette situation résulte de la
décrue des taux d'intérêt. Par ailleurs, il ne faut pas
surestimer l'impact de ces résultats, certes appréciables, au
regard du niveau d'endettement total de l'Etat, soit environ 4.300 milliards de
francs. Du reste, le service de la dette représente encore 230 milliards
de francs par an, le gouvernement notant lui-même que
" revenir
au niveau d'il y a vingt ans permettrait de diviser par trois la charge de la
dette " .
Or, que se passera-t-il en cas de remontée des taux
d'intérêt, laquelle est d'ailleurs déjà perceptible
depuis un an ? En réponse à la question posée sur ce
point par votre commission des finances, le gouvernement indique
que,
" les paiements d'intérêt sur la dette, qui
avaient été stabilisés depuis la loi de finances pour
1998, progresseraient de 5 à 7 milliards de francs dans le projet de loi
de finances pour 2001 ".
- les crédits de la politique de l'emploi :
la situation
favorable du marché du travail se traduit par de fortes créations
d'emploi et, de manière corrélative, par un recul du
chômage ;
Toutefois, les économies qui en résultent sont purement
conjoncturelles. Le " recentrage " des dispositifs de la politique de
l'emploi a permis de procéder, dans la loi de finances initiale pour
2000, à des redéploiements à hauteur d'environ 10
milliards de francs. Mais, comme le note le gouvernement,
" cette
évolution positive [la conjoncture favorable] a une incidence directe
sur la politique de l'emploi ou sur certains minima sociaux. Certains
dispositif de traitement " palliatif " du chômage ont
déjà commencé à se replier ".
b) Les limites de la facilité
Votre
commission estime difficile, voire dangereux, de donner pour seul fondement
à la politique budgétaire la bonne tenue de la conjoncture
économique.
En effet, rappelant les conséquences désastreuses de la
récession de 1993 sur les finances publiques, elle considère que
la politique budgétaire doit aussi être conduite de manière
à rendre le plus indolore possible les retournements conjoncturels qui,
parfois, peuvent se produire de façon très soudaine.
Le Pacte de stabilité et de croissance fixe notamment aux Etats membres
de l'Union économique et monétaire l'objectif à moyen
terme d'une situation budgétaire
" proche de l'équilibre
ou excédentaire "
, afin de permettre aux Etats membres
" de faire face aux fluctuations cycliques normales de
l'activité tout en maintenant le déficit public dans les limites
de la valeur de référence de 3 % du PIB "
.
Tel n'est cependant pas le cas de la France.
Les jugements portés sur sa politique budgétaire insistent tous
sur l'insuffisance de l'effort entrepris en matière de
dépenses :
-
dans son évaluation du programme de stabilité
actualisé de la France,
la Commission européenne
considère que
" le déficit des administrations publiques
pour 1999 a mieux évolué que ne le prévoyait le programme
de stabilité initial de janvier 1999, mais cela tient exclusivement au
dynamisme des recettes fiscales
[...]
.
Les dépenses publiques
en termes réels ont été supérieures aux chiffres
indiqués dans le programme de l'année dernière
, ce qui
est principalement imputable à une baisse des prix par rapport aux
prévisions, mais aussi à un nouveau dérapage des
dépenses de santé ".
La Commission estime que la
stratégie budgétaire adoptée par le gouvernement
français
" est hautement tributaire d'une correction rapide de
tout écart par rapport aux objectifs fixés "
, et, dans
ce contexte, elle
" regrette qu'il ne soit pas prévu de
compenser en 2000 ou ultérieurement la croissance excessive des
dépenses réelles en 1999 "
;
- la Banque centrale européenne
, dans son rapport
annuel
18(
*
)
, estime que, d'une manière
générale,
" les déficits continuent de se
réduire, principalement sous l'effet de la conjoncture et de la
diminution des charges de la dette "
, cette situation pouvant
parfaitement s'appliquer à la France ; elle ajoute :
" les mesures discrétionnaires d'assainissement ne semblent donc
pas avoir joué un rôle réel dans l'amélioration des
situations budgétaires structurelles en 1999 "
;
- la Cour des comptes
, enfin, dans son rapport préliminaire
précité, observe que
" en cas de retournement
conjoncturel, la position française serait d'autant plus
vulnérable que les dépenses les plus faciles à ajuster ont
déjà été fortement réduites et que la
remontée des taux d'intérêt observée actuellement
pourrait contrecarrer la modération des charges de la dette obtenue ces
dernières années "
.
2. L'absence de réformes structurelles
La
mise en oeuvre de réformes structurelles n'est ni mentionnée, ni
envisagée, par le rapport que le gouvernement a déposé en
vue du débat d'orientation budgétaire.
Il convient toutefois de relever une exception : le rapport évoque
en effet les conséquences sur les dépenses publiques de la
réforme de l'Etat dans les termes suivants :
" la
sphère publique peut dégager des gains de productivité
grâce à la diffusion des nouvelles technologies ou par une
meilleure organisation du travail. L'évolution proposée de la
dépense publique ne reflète donc pas le niveau des services
fournis, mais le coût de leur financement "
.
Ce discours, auquel votre commission ne peut que souscrire, est devenu une
simple déclaration d'intention depuis que le gouvernement, cédant
aux pressions syndicales, a décidé de retirer son projet de
réforme de l'administration fiscale, alors même qu'il est
désormais admis que le coût du système de recouvrement des
impôts est beaucoup plus élevé en France que dans les
principaux pays développés. L'administration des finances ne
dégagera donc pas de gains de productivité, dont l'existence est
pourtant reconnue par le gouvernement lui-même, et son coût pour
les contribuables ne sera pas modifié, la réduction des effectifs
qui devait accompagner la réforme ayant été
abandonnée.
Du reste, les propos du gouvernement sur l'évolution de l'emploi public
manquent de constance. Il semblait, dans un premier temps, souhaiter une
stabilisation du nombre de fonctionnaires, tout en procédant à
des redéploiements entre départements ministériels. Ainsi,
le ministère de la justice aurait vu ses effectifs s'accroître
tandis que ceux du ministère de l'économie et des finances
diminueraient.
Cette position est devenue caduque, puisque le gouvernement a renoncé
à réduire le nombre de ses agents, et décidé
d'accorder des crédits supplémentaires à certains
ministères, notamment à l'éducation nationale et à
la santé, à l'occasion du projet de loi de finances rectificative
pour 2000.
Pourtant, les dépenses de la fonction publique s'élèvent
à près de 700 milliards de francs en 2000, soit 40 % du
budget de l'Etat. Surtout, elles sont fortement dynamiques puisqu'elles ont
crû de 57 milliards de francs depuis 1997 (+ 8,9 %), sur les 78 milliards
de francs d'augmentation engendrée par les 10 principaux postes de
dépenses de l'Etat, comme le montre le tableau ci-dessous :
Source : Ministère de l'économie
Comme le note fort opportunément le gouvernement dans son rapport
précité,
" les dépenses de personnel ont
évolué depuis 10 ans à un rythme plus rapide que celui des
dépenses totales ".
Or, la gestion des personnels de l'Etat comporte d'innombrables
dysfonctionnements comme l'a montré le récent, et sur ce point,
accablant,rapport de la Cour des comptes consacré à
La
fonction publique de l'Etat
. Le gouvernement ne semble pas tirer de
conséquences de ces travaux, mais simplement en prendre acte
19(
*
)
.
Cette évolution contribue en tous cas à accroître la
rigidité de la dépense publique. Ainsi, les trois premiers postes
de dépenses représentent aujourd'hui les deux tiers du budget
général, soit 10 points de plus de plus qu'en 1990, comme le
montrent les graphiques ci-après :
Trois
postes
|
Trois
postes
|
Trois
postes
65,8 % en 2000
Cela confirme la détérioration de la structure de la dépense publique que votre commission dénonce régulièrement, en déplorant la priorité accordée par le gouvernement aux dépenses de fonctionnement plutôt qu'à celles d'investissement.
3. Dynamiser les dépenses publiques : l'exemple du RMA
Cette
gestion passive est particulièrement nette dans le domaine de l'emploi.
Le rapport du gouvernement en vue du débat d'orientation
budgétaire mentionne une augmentation, à périmètre
constant, de 8 milliards de francs des crédits de l'emploi depuis 1997,
ainsi que la réalisation d'importants redéploiements de
crédits.
Toutefois, ici encore, ces résultats ne tiennent qu'à la bonne
situation du marché du travail. Si le chômage venait à
croître de nouveau, le budget de l'emploi verrait ses dotations augmenter
fortement, et les dispositifs de la politique de l'emploi monter en charge
très rapidement.
En effet, aucune réforme structurelle n'a été entreprise,
et cela afin d'activer les dépenses d'indemnisation du chômage.
Par delà l'absence de maîtrise quantitative de la dépense,
la gestion pêche par une absence de vision prospective de celle-ci
privilégiant la qualité sur la quantité.
Dans ce cadre, votre rapporteur général a déposé,
avec le président Alain Lambert, une proposition de loi
20(
*
)
visant à créer un revenu minimum
d'activité (RMA) afin de rompre le cercle vicieux de l'assistance, et de
promouvoir l'insertion par l'activité, c'est-à-dire la reprise
d'un véritable emploi dans le secteur marchand.
Le revenu minimum d'activité (RMA)
Le RMA
comporterait deux parts :
- la première, appelée aide dégressive, correspondrait au
minimum social ou à l'allocation perçus jusqu'alors par le
bénéficiaire ;
Elle serait versée par l'Etat, ou l'UNEDIC pour l'ASS, aux entreprises
qui, à leur tour, l'utiliseraient pour rémunérer le nouvel
embauché, ce dernier tirant ainsi l'ensemble de ses ressources de son
employeur, au lieu de bénéficier d'un revenu d'assistance. Le
versement à l'entreprise serait effectué de manière
dégressive pendant trois ans. Le coût pour l'Etat ou l'UNEDIC n'en
sera donc pas alourdi : au contraire, il ira en diminuant de
manière graduelle. En outre, l'allocataire recevra ainsi la garantie que
son revenu total ne diminuera pas suite à son retour sur le
marché du travail.
- la seconde part, dénommée salaire négocié,
correspondrait au salaire proprement-dit versé au nouvel embauché
par l'entreprise ;
Son montant serait égal à la différence entre le montant
total du RMA et l'aide dégressive mentionnée ci-dessus. Il serait
donc appelé à progresser au fur et à mesure de la
diminution de la première part. Il conviendrait d'exonérer de
charges sociales le salaire négocié afin de s'inscrire dans une
logique de diminution du coût du travail, qui a démontré
son efficacité en termes de créations d'emplois.
L'ensemble, c'est-à-dire le RMA, serait ainsi versé au nouveau
salarié par son employeur. Le montant du RMA ne pourrait être
inférieur au SMIC, mais les négociations de branches pourront
librement décider de l'établir à un niveau
supérieur.
L'élément central du dispositif proposé consiste
à donner aux entreprises un rôle actif dans sa mise en oeuvre, la
proposition de loi étant conçue comme un dispositif-cadre, et non
comme un mécanisme centralisé et uniforme.
Le RMA prendrait la forme d'une convention tripartite
entre l'entreprise,
le bénéficiaire du dispositif, et l'Etat ou l'UNEDIC
lorsqu'il s'agit de l'ASS.
4. La persistance d'incertitudes
Enfin,
les conséquences budgétaires de certains choix du gouvernement
sont particulièrement lourdes pour les finances publiques, d'autant plus
que leur montée en charge est progressive.
Le plus inquiétant, toutefois, est que le coût de certains de
ces choix, potentiellement extrêmement élevé, n'est pas
connu avec précision, et fait peser une menace sur le budget de l'Etat.
Le rapporteur général de l'Assemblée nationale, M. Didier
Migaud, dans son rapport précité, exprime fort bien cette
situation, considérant que des
" contraintes pourraient
réduire les marges de manoeuvre effectives dont disposera le
gouvernement dans le budget 2001 ".
Il poursuit :
" la
montée en puissance des " grands chantiers " de la
législature
[...]
comme la dynamique intrinsèque de
certaines dépenses ou la prise en compte d'engagements de l'Etat
viennent s'imputer sur l'évolution prévue des dépenses.
Cependant, un grand nombre d'incertitudes prévalent à l'heure
actuelle
et empêchent d'évaluer de façon très
précise l'impact de ces contraintes ".
Il cite notamment, rejoignant en cela l'analyse faite depuis déjà
quelques années par votre commission, le coût des emplois-jeunes,
le financement du dispositif d'allégement des cotisations patronales de
sécurité sociale, lié à la réduction
autoritaire du temps de travail, dont
" les perspectives restent
floues "
, ou encore les dépenses de la fonction publique...
Votre commission ne cache pas son inquiétude quant à l'avenir
des 350.000 emplois-jeunes que le gouvernement a décidé,
directement ou indirectement, d'embaucher d'ici l'année 2001.
Faut-il voir en eux de futurs fonctionnaires ? Cette
éventualité n'est pas à exclure puisque l'ancien ministre
de la fonction publique avait déclaré, au début de cette
année, que certains emplois-jeunes seraient intégrés dans
la fonction publique. Cette décision serait extrêmement lourde sur
le plan budgétaire, 23 milliards de francs étant inscrits au
budget de l'emploi pour assurer le financement des emplois-jeunes.
En outre,
les conditions de prise en charge du passage aux
35 heures
ne sont pas assurées pour les années
à venir. Quand l'ensemble des entreprises seront assujetties à la
loi " dite Aubry II ", son coût s'élèvera
à 105 milliards de francs à partir de 2002. Son financement
ne l'est pas davantage pour 2000, depuis que le Conseil constitutionnel a
annulé
21(
*
)
l'article 5 de ladite loi,
privant ainsi le mécanisme échafaudé par le gouvernement
de 7 milliards de francs qui devaient provenir de la taxation des heures
supplémentaires.
Comment le gouvernement trouvera-t-il le financement
complémentaire ? Le budget de l'Etat sera-t-il mis à
contribution ?
Enfin, le coût du passage aux 35 heures dans l'ensemble de la fonction
publique reste totalement inconnu.
Votre commission estime que, en dépit des déclarations
rassurantes du gouvernement, les nombreuses questions d'ordre budgétaire
qui restent sans réponse font peser de grandes incertitudes sur
l'évolution des dépenses publiques en France.
A ce titre,
elles portent atteinte à la crédibilité de notre pays en
Europe.
CHAPITRE IV :
UN ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES TOUJOURS
PRÉCAIRE
" De nombreuses raisons militent pour une poursuite
résolue de l'effort de réduction des déficits "
indique fort justement le gouvernement dans le rapport préparatoire au
débat d'orientation budgétaire. Celui-ci présente
néanmoins dans le même temps un projet de loi de finances
rectificative pour 2000 dont le déficit s'établit à
215,3 milliards de francs et n'a donc été réduit que
de 49 millions de francs par rapport à la prévision
associée à la loi de finances initiale. Ce déficit
prévu pour 2000 reste d'ailleurs lui-même toujours
supérieur, de près de 10 milliards de francs, à celui
enregistré en 1999 (- 206 milliards de francs).
La réévaluation des recettes de 51,4 milliards de francs qui
figure dans le projet de loi de finances rectificative est en effet
affectée pour 80 % à des baisses d'impôt, pour
20 % à l'augmentation des dépenses, et pour 0,098 %
à celle du déficit !
Ce déficit budgétaire élevé contribue toujours
à expliquer le niveau important du besoin de financement des
administrations publiques puisque l'Etat est désormais la seule
collectivité publique en situation de déficit. De ce fait, sa
dette continue à croître : estimée à
4.300 milliards de francs en 1999, contre 3.700 milliards de francs
en 1996, elle devrait s'élever à près de
4.500 milliards de francs en 2000 !
Ainsi se perpétue " l'exception française "
marquée par un fort niveau de prélèvements obligatoires,
une non-maîtrise des dépenses et l'absence de réformes
structurelles. Dans ce cadre, votre commission des finances vous
présentera ses préconisations afin de mettre en oeuvre un
" policy-mix " plus ambitieux et plus efficace dont l'objectif est
d'équilibrer les comptes publics d'ici 2003.
I. AUCUN EFFORT DE RÉDUCTION DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE DANS LE COLLECTIF POUR 2000
Le collectif budgétaire pour 2000 marque une rupture nette dans l'effort de réduction du déficit budgétaire mené depuis 1993.
A. UN SOUCI CONSTANT DE RÉDUCTION DEPUIS 1993
1. L'indispensable stabilisation : 1993-1995
Entre
1990 et 1993, le niveau du déficit budgétaire a plus que
triplé, passant en exécution de 93,2 milliards de francs
à 315,6 milliards de francs.
Eu égard au contexte économique difficile de l'époque,
s'étant notamment traduit en 1993 par la première
récession de l'après-guerre, la priorité fut de stabiliser
le niveau de celui-ci. Ainsi en 1995, le déficit exécuté
s'élevait à 323 milliards de francs après avoir connu
un léger infléchissement en 1994 (- 299,1 milliards de
francs), tandis que le déficit primaire était réduit de
156,1 à 117,2 milliards de francs entre 1993 et 1995.
Evolution du déficit budgétaire et du solde primaire : 1990 - 1995
(en milliards de francs)
2. Une réduction significative entre 1995 et 1998
Chiffré à 323 milliards de francs en 1995, le déficit budgétaire a été réduit en deux ans de 55,3 milliards de francs, puis de 20,2 milliards de francs en 1998, et cela dans un contexte marqué par une reprise de la croissance (3,4 points de PIB en 1998 contre 1,2 point en 1996). Le solde primaire 22( * ) a également été réduit de moitié entre 1995 et 1997 passant de - 117,2 milliards de francs à - 45,2 milliards de francs.
Evolution du déficit budgétaire et du solde primaire : 1995 - 1998
(en milliards de francs)
B. UNE DIMINUTION FACILITÉE PAR LA CROISSANCE EN 1999
1. Un effort limité en loi de finances initiale
La loi
de finances initiale pour 1999 avait chiffré le déficit à
236,5 milliards de francs, soit une diminution de 21,3 milliards de
francs par rapport au montant fixé en loi de finances initiale pour 1998.
Votre commission avait, lors de l'examen de ce projet, relevé que
l'effort de réduction du déficit était incertain et
déploré
" un déficit globalement réduit
mais qui reste à un niveau inacceptable "
23(
*
)
.
2. Une amélioration de 2,4 milliards de francs seulement dans le projet initial de collectif budgétaire pour 1999
Lors de
l'examen du projet de loi de finances rectificative pour 1999, votre commission
s'était élevée contre les " non-choix "
opérés par le gouvernement et déploré que, dans le
projet transmis au Sénat, l'amélioration du déficit soit
très insuffisante : seuls 2,4 milliards de francs de recettes
y étaient affectés.
Elle s'était étonnée de ce que, malgré une
exécution budgétaire facilitée par la croissance, le
projet initial ait été marqué par le retour à un
déficit primaire du budget de l'Etat de près de
5,2 milliards de francs, la France renouant dans ce cadre avec une
politique de facilité qui par ailleurs détériorait,
encore, sa situation relative par rapport à ses principaux partenaires
en Europe.
3. Un aveu tardif lors des débats au Sénat
Ainsi le
gouvernement fut-il contraint lors des débats au Sénat d'aller
plus avant dans la baisse du déficit et de réduire celui-ci de
10 milliards de francs, eu égard au montant des recettes,
réévalué de 11,3 milliards de francs par voie
d'amendement gouvernemental. Le déficit voté en loi de finances
rectificative s'établissait donc à 225,9 milliards de francs.
Comme votre commission l'avait anticipé, et nonobstant les critiques du
gouvernement ou les doutes de la commission des finances de l'Assemblée
nationale
24(
*
)
, celui-ci s'est établi en
exécution à 206 milliards de francs, soit une
amélioration de 41,5 milliards de francs par rapport à
l'exécution de 1998 et de 30,5 milliards de francs par rapport au
montant figurant dans la loi de finances initiale. Ce niveau de déficit
budgétaire aurait d'ailleurs pu être réduit encore plus
significativement si le gouvernement n'avait pas, arbitrairement,
reporté de 1999 sur 2000 le prélèvement de
15,7 milliards de francs de recettes non fiscales. En cette
hypothèse, le déficit budgétaire pour 1999 aurait alors
été inférieur de plus de 35 milliards de francs par
rapport au chiffre prévu pour 2000 !
L'évolution du déficit budgétaire au cours de l'année 1999
|
|
Différence cumulée |
Loi de finances initiale pour 1999 |
- 236,5 milliards de francs |
- |
Projet de loi de finances rectificative |
- 234,1 milliards de francs |
+ 2,4 |
Loi de finances rectificative |
- 225,9 milliards de francs |
+ 10,6 |
Exécution 1999 |
- 206 milliards de francs |
+ 30,5 |
L'Etat a donc gagné un an sur son programme de réduction des déficits, comme votre commission l'avait estimé possible eu égard au dynamisme des rentrées de recettes fiscales en 1999.
C. UN ACCROISSEMENT DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE EN 2000
1. 9,3 milliards de francs de déficit supplémentaire en loi de finances initiale pour 2000 par rapport à 1999
Le solde budgétaire voté en loi de finances initiale pour 2000 s'établissait à 215,3 milliards de francs, soit un niveau supérieur de 9,3 milliards de francs à celui qui a été constaté en exécution au titre de 1999. Ce déficit supplémentaire aurait dû être significativement plus élevé si le gouvernement n'avait pas, de façon arbitraire, reporté de 1999 à 2000 le versement de plus de 15 milliards de francs de recettes non fiscales 25( * ) .
2. 0,098 % des réévaluations de recettes affectées à la baisse du déficit dans le collectif pour 2000
Le niveau de solde budgétaire fixé en loi de finances initiale n'a pas été modifié, nonobstant la réévaluation très sensible des recettes affectées par le gouvernement, en loi de finances rectificative. Le déficit n'est " amélioré " qu'à hauteur de 49 millions de francs 26( * ) . Cela signifie donc que la réévaluation des recettes effectuée par le gouvernement n'a été affectée qu'à hauteur de 0,098 % à la réduction du déficit. Or, curieusement, le rapport préparatoire au présent débat, présenté par le même gouvernement, estime que sa réduction est prioritaire : " en effet, les déficits d'aujourd'hui sont les impôts de demain " !
Un
déficit budgétaire en hausse de près de 10 milliards
de francs pour 2000
Là aussi les intentions tardent à se traduire en faits quand ces derniers ne viennent pas les contredire 27( * ) . On comprend dès lors mieux les raisons pour lesquelles le Premier ministre dans les lettres de cadrage adressées le 2 mai 2000 ait dû préciser que les plus-values de recettes supplémentaires et les marges d'exécution en dépenses qui " pourraient être dégagées d'ici la fin de l'année seront affectées à la réduction des déficits ". Bien que justifiée sur le fond, une telle position est en contradiction avec les objectifs figurant dans le collectif 2000 et, à ce titre, très peu respectueuse des droits du Parlement à une information fiable et sincère.
II. L'ÉTAT, SEULE COLLECTIVITÉ PUBLIQUE EN SITUATION DE DÉFICIT DURABLE
Depuis
la loi de finances pour 1999, ont été instaurées de
nouvelles normes relatives aux politiques des finances publiques.
Les pays membres de la zone euro doivent respecter un programme de
stabilité qui fixe des objectifs en terme de besoin ou de
capacité de financement des administrations publiques, qu'il s'agisse de
l'Etat, des régimes de sécurité sociale, des
collectivités locales ou des organismes divers d'administration centrale
(ODAC). Conformément au Pacte de stabilité et de croissance, les
pays membres de l'Union européenne doivent en effet, à terme,
tendre vers un équilibre de leurs finances publiques, voire être
en excédent. Cet objectif doit permettre aux Etats-membres de faire face
aux fluctuations conjoncturelles.
Les objectifs actuellement fixés par le programme 2001-2003 et transmis
aux autorités communautaires sont retracés dans le tableau
suivant.
Hypothèses et principaux résultats du programme
pluriannuel
de finances publiques 2001-2003
Croissance annuelle du PIB (2001-2003) |
2,5 % |
3,0 % |
||
|
1999 |
2000 |
2003 |
2003 |
Déficit public en point de PIB |
2,1 |
1,7 |
0,5 |
0,3 |
Dette publique en point de PIB |
60,3 |
59,4 |
57,7 |
57,2 |
Source : Ministère de l'économie
Cette évolution globale du déficit public recoupe
néanmoins des réalités contrastées que traduise le
tableau ci-dessous qui a été publié postérieurement
à la transmission du programme pluriannuel et intègre, à
ce titre, les résultats connus de l'exécution pour 1999.
Besoin/Capacité de financement des administrations publiques
(en points de PIB)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Etat |
- 3,0 |
- 2,5 |
- 2,3 |
- 2,1/- 2,2 |
ODAC (a) |
0,1 |
0,15 |
0,2 |
0,15 |
APUL (b) |
0,3 |
0,4 |
0,25 |
0,25 |
ASSO (c) |
- 0,1 |
0,2 |
0,4 |
0,6/0,5 |
TOTAL APU (d) |
- 2,7 |
- 1,8 |
- 1,5 |
- 1,1/- 1,3 |
(a)
Organismes divers d'administration centrale
(b) Administrations publiques locales
(c) Administrations de Sécurité sociale
(d) Administrations publiques
Source : Commission économique de la Nation (mars 2000)
A. LE " LAXISME " DE L'ÉTAT
L'amélioration relative de la situation de l'État reste en effet limitée : elle repose sur la conjoncture et non sur des réformes de structure.
1. La persistance d'un important déficit de fonctionnement
Le
surcroît de recettes résultant de la bonne conjoncture
économique continue de servir à financer des dépenses de
fonctionnement, particulièrement rigides, plus que des dépenses
d'investissement.
En effet, à structure constante, l'examen de la loi de finances pour
2000 montre que les dépenses du budget général qui
augmentent le plus sont les dépenses de fonctionnement (titre III). A
contrario, les dépenses d'équipement (titres V et VI) peuvent
même connaître une légère diminution. En outre, le
gouvernement a prévu des économies de constatation au titre de la
charge de la dette résultant de la diminution du taux
d'intérêt.
Une telle évolution n'est pas infléchie par les mesures contenues
dans le projet de loi de finances rectificative pour 2000. En effet les
crédits consacrés aux dépenses ordinaires civiles (hors
dépenses en atténuation de recettes) augmentent de
7,15 milliards de francs tandis que la variation nette des dépenses
civiles en capital n'est que de 2,6 milliards de francs
28(
*
)
.
Ainsi que cela avait été relevé lors de l'examen du projet
de loi de finances pour 2000, le déficit de fonctionnement de l'Etat
reste important et diminuera moins en 2000 que l'année
précédente, avec une réduction estimée à
20,5 milliards de francs contre 30,9 milliards de francs en 1999.
Evolution du déficit de fonctionnement
Lois de finances |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Solde de fonctionnement (en milliards de francs) |
- 115 |
- 98,8 |
- 67,9 |
- 47,4 |
Evolution (n/n-1) |
|
|
|
|
- en valeur absolue (en milliards de francs) |
|
+ 16,2 |
+ 30,9 |
+ 20,5 |
- en valeur relative |
|
- 14,1 % |
- 31,4 % |
- 30,2 % |
Source : réponse au questionnaire de la
commission
des finances
Cette persistance d'un important déficit de fonctionnement signifie donc
que le gouvernement continue de dépenser plus, mais pas mieux. Il
continue en effet à emprunter pour régler les dépenses
courantes, ce qui est critiquable, et non pour financer des dépenses
d'investissement, ce qui peut, en revanche, se concevoir.
Tableau simplifié du budget en actions de
fonctionnement
et d'investissement
Section de fonctionnement
|
Dépenses |
|
|
Recettes |
||||
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
|
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
1. Charges à caractère général |
63,1 |
64,4 |
67,1 |
|
1.
Produits de gestion courante
|
134,7 |
161,3 |
176,1 |
2. Charges de personnel |
610,7 |
652,6 |
675,9 |
|
2. Impôts et taxes (recettes fiscales) |
1.448,2 |
1.534,9 |
1.546,6 |
3. Autres charges de gestion courante |
546,5 |
567,1 |
537,0 |
|
|
|
|
|
4. Charges financières |
248,7 |
253,3 |
251,9 |
|
3. Produits financiers |
20,3 |
22,0 |
23,6 |
5. Charges exceptionnelles |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
|
4. Produits exceptionnels |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
6. Dotations aux amortissements et provisions |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
|
5.
Reprises sur amortissements
|
0,0 |
0,0 |
0,0 |
7. Reversements sur recettes |
233,1 |
248,8 |
263,1 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Déficit section de fonctionnement |
98,8 |
67,9 |
48,6 |
Total |
1.702,0 |
1.786,1 |
1.794,9 |
|
|
1.702,0 |
1.786,1 |
1.794,9 |
Section d'investissement
|
Dépenses |
|
|
Recettes |
||||
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
|
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
1. Dépenses d'investissement |
159,1 |
168,6 |
166,9 |
|
Déficit section de fonctionnement |
- 98,8 |
- 67,9 |
- 48,6 |
- Equipement civil |
78,1 |
82,6 |
84,0 |
|
|
|
|
|
- Equipement militaire |
81,0 |
86,0 |
83,0 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cessions d'immobilisations financières |
28,0 |
17,5 |
16,9 |
2. Dépenses opérations financières |
378,2 |
300,9 |
423,9 |
|
Ressources d'emprunt |
608,1 |
520,0 |
622,5 |
TOTAL |
537,3 |
469,5 |
590,9 |
|
|
537,3 |
469,5 |
590,9 |
Source : Ministère de l'Economie
2. Un déficit structurel toujours conséquent
La
persistance d'un déficit structurel important montre bien que les
charges de structure restent trop lourdes, et que l'Etat continue de vivre
" au dessus de ses moyens ".
A la différence des années précédentes,
l'évolution de la conjoncture depuis 1997 facilite le
" bouclage " du budget. Cependant le gouvernement ne semble pas en
profiter pour réduire ces charges de structure, et faire jouer au budget
un rôle contra-cyclique. Ainsi l'amélioration de 0,6 point de
PIB du déficit enregistré entre 1998 et 1999 repose pour les deux
tiers sur la conjoncture et un tiers seulement sur les réformes. De ce
fait, les prévisions du gouvernement pour 2000, qui doivent donc
être maniées avec précaution, font fort
opportunément reposer l'amélioration d'ensemble sur le
déficit structurel, ce qui n'était pas le cas des exercices
antérieurs...
La ventilation du déficit des administrations publiques depuis 1994
(en points de PIB)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Prévisions 2000 |
Déficit structurel |
- 4,6 |
- 4,0 |
- 2,6 |
- 2,2 |
- 2,0 |
- 1,8 |
- 1,5 |
Déficit conjoncturel |
- 1,1 |
- 0,9 |
- 1,5 |
-1,3 * |
- 0,9 |
- 0,5 |
- 0,5 |
*
dont 0,5 au titre de la soulte de France Telecom
Source : Rapport économique, social et financier pour 1999
En conséquence, la réduction de 0,9 point du PIB du
déficit public entre 1998 et 2000 résulte selon le gouvernement
pour une moitié, à hauteur de 0,4 point de PIB, de la diminution
de la partie conjoncturelle du déficit. Celle-ci provient du dynamisme
de l'activité qui devrait excéder, selon lui, sur ces deux
années, la croissance potentielle de l'économie.
B. L'EXCÉDENT DES AUTRES COLLECTIVITÉS PUBLIQUES
Dans son rapport préparatoire au présent débat d'orientation budgétaire, le gouvernement a présenté ainsi la situation en recourant pour cela à un euphémisme : " une situation contrastée des différents comptes publics ".
L'Etat seule collectivité publique déficitaire en 2000
(en point de PIB)
1. Les collectivités locales ont qualifié la France pour l'euro
Le redressement des finances locales engagé depuis 1992, se poursuit à un rythme régulier et leur permet avec une capacité de financement de 0,3 point de PIB en 1998 et de 0,4 point de PIB en 1999 29( * ) , de contribuer très significativement à la réduction des déficits publics. Les prévisions pour 2000 et 2001 font état d'une stabilisation de leur excédent budgétaire à un niveau représentant 0,25 point de PIB.
2. L'assainissement récent des administrations sociales
Déficitaires à hauteur de 0,1 point de PIB en
1998,
celles-ci sont excédentaires depuis 1999 pour des montants non
négligeables et croissants. Déficitaires de 9 milliards de
francs en 1998, elles ont dégagé une capacité de
financement de 15 milliards de francs en 1999 et cela pour la
première fois depuis 1991. Une partie de cette amélioration est
toutefois due à un transfert exceptionnel de l'Etat vers l'UNEDIC de
10 milliards de francs comme le rappelle l'INSEE.
Leur capacité de financement devrait croître de façon
significative entre 1999 et 2001 pour représenter, selon les
prévisions du gouvernement entre 0,5 et 0,6 point de PIB en 2001. Votre
rapporteur général s'interroge cependant sur la
réalité de la maîtrise des finances sociales ainsi
affichée et craint, en réalité, que cela ne cache une
absence de direction, laissant la Sécurité sociale évoluer
" au fil de l'eau ".
3. L'amélioration de la capacité de financement des organismes divers d'administration centrale
Celle-ci
s'est élevée à 0,1 point de PIB en 1998 et
0,15 point de PIB en 1999 et devrait connaître en 2000 et 2001 des
niveaux similaires (respectivement 0,2 et 0,15 point de PIB).
Ainsi en 1999 leur situation s'est améliorée de
5,7 milliards de francs pour s'établir à 14,3 milliards
de francs. Cette situation recouvre néanmoins des réalités
très diverses et, à ce titre, contrastées.
L'amélioration du solde de la CADES tient, de façon structurelle
à l'augmentation du produit de la CRDS, mais également, de
façon conjoncturelle à des opérations de transfert et de
liquidation d'une partie du patrimoine immobilier des caisses de
sécurité sociale.
Les structures de défaisance connaissent, elles, des évolutions
de leur solde assez heurtées : deux déficits de
3 milliards de francs en 1999 et en 2001, pour deux besoins de financement
d'un milliard de francs en 1998 et en 2000.
III. CONFORTER LA STABILISATION DU POIDS RELATIF DE LA DETTE
Dans le
programme pluriannuel 2001-2003 précité, communiqué
à votre commission en janvier 2000, les chiffres du gouvernement
faisaient état d'une progression de la dette publique, passée des
60 points de PIB en 1997 à 60,3 points de PIB en 1999.
Le gouvernement indiquait, alors, sa volonté de faire baisser ce ratio,
l'objectif étant d'atteindre 59,4 points en 2000, et entre 57,2 et
57,7 points d'ici 2003.
Cette stabilisation relative de l'ensemble du poids de la dette publique dans
le PIB est rendue possible par le retour, entamé depuis 1993 et
concrétisé pour la première fois en 1999, à un
excédent primaire de l'Etat. Elle repose également sur les
efforts de désendettement des collectivités locales.
Elle reste néanmoins fragile et à confirmer. Ainsi les
résultats de l'exécution budgétaire pour 1999, plus
favorables que prévus, mais connus postérieurement à la
transmission du programme pluri-annuel ont permis au gouvernement d'anticiper
d'une année ce mouvement de stabilisation de l'ensemble de la dette
publique.
Cette situation repose toujours sur le retour de l'Etat à un
excédent primaire sur lequel pèsent de lourdes contraintes et il
convient, s'agissant de la dette de l'Etat,
stricto sensu
, de souligner
que sa part dans le PIB n'est toujours pas stabilisée. C'est pour cela
que le gouvernement indique viser un solde primaire positif d' "
une
cinquantaine de milliards de francs en 2001, permettant de progresser vers un
objectif de stabilisation de la dette de l'Etat en proportion de la richesse
nationale
".
A. LE RETOUR TARDIF À UN EXCÉDENT PRIMAIRE DE L'ÉTAT
Après avoir très fortement chuté de 1990
à 1993, passant de + 30,9 milliards de francs à -
156,1 milliards de francs, le solde primaire de l'Etat s'est très
sensiblement réduit entre 1993 et 1997 pour s'établir à
- 45,2 milliards de francs et devenir excédentaire en 1999.
L'amélioration réelle des finances publiques françaises
correspond donc, s'agissant de l'Etat, à un retour en 1999 à une
situation d'excédent primaire, et cela pour la première fois
depuis 1991. Cette situation a cependant évolué :
chiffré en loi de finances initiale à + 0,6 milliard de
francs, le solde primaire était déficitaire dans le projet de loi
de finances rectificative pour 1999 (- 5,2 milliards de francs) ainsi que
votre rapporteur général avait tenu à le souligner, pour
le déplorer.
Néanmoins, eu égard aux conditions dans lesquelles le budget pour
1999 a été exécuté, l'excédent primaire
s'est élevé à 21,7 milliards de francs soit un
montant identique à celui prévu en loi de finances initiale pour
2000. On peut dès lors regretter qu'un effort supplémentaire
n'ait pas encore été entrepris en ce sens.
En effet, comme le rappelle fort opportunément le rapport
économique, social et financier joint au projet de loi de finances pour
2000, "
la croissance de cet excédent est indispensable à
la réduction du poids de la dette publique dans le PIB ".
Solde primaire du budget de l'Etat
(en milliards de francs)
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
LFI
2000
|
A.- Montant du solde en exécution |
- 131,7 |
- 226,3 |
- 315,6 |
- 299,1 |
- 323,0 |
- 295,4 |
- 267,7 |
- 247,5 |
- 206,6 |
- 215,4 |
B - Charge nette de la dette |
137,5 |
157,1 |
159,5 |
185,6 |
205,8 |
219,5 |
223,5 |
231,9 |
227,7 |
235 |
C - Solde primaire (A + B) |
+ 5,8 |
- 69,2 |
- 156,1 |
- 113,5 |
- 117,2 |
- 75,9 |
- 45,2 |
- 19,5 |
+ 21,7 |
+ 19,6 |
Source : Ministère de l'économie
B. LES CONTRAINTES PESANT SUR LA DETTE DE L'ETAT
1. Une charge de la dette dépendante du niveau des taux d'intérêt
La
stabilisation de la charge de la dette publique en francs constants dans le
budget de l'État a permis au gouvernement de financer ses
priorités tout en contrôlant la progression d'ensemble des
dépenses.
Cette stabilisation a été rendue possible par la baisse des taux
d'intérêt occasionnant des gains de financement non
négligeables pour celui-ci, et générant autant
" d'économies de constatation ". Ainsi, en 1999,
" l'effet taux " a contribué pour 10,8 milliards de
francs à l'allégement de cette charge, soit près de la
moitié de l'allègement total.
Cette situation risque néanmoins de ne pas se prolonger, comme le
reconnaît d'ailleurs le gouvernement, dans la mesure où le taux
apparent de la dette, inférieur à 6 %, est désormais
proche du taux de marché : "
les charges de la dette ne
pourront à l'avenir être contenues qu'à la condition que le
solde primaire soit durablement croissant
". Elle a conduit le Premier
ministre dans la lettre de cadrage du 2 mai 2000 à préciser que
"
compte tenu du niveau des taux d'intérêt, et de son
incidence sur la charge de la dette, je retiens pour 2001, un objectif de
croissance des dépenses de l'Etat de 0,3 % en volume ".
Selon les informations obtenues par votre rapporteur général,
pour 2001, les charges nettes devraient progresser de 5 à
7 milliards de francs en fonction des anticipations des taux.
Impact d'un relèvement des taux d'intérêt (courts et longs) de deux points
a)
L'endettement à court terme (BTF)
L'encours actuel des BTF est d'environ 250 milliards de francs. Compte
tenu du rythme de décentralisation des fonds des CCP (76 milliards
de francs seront décentralisés en 2000) et du calendrier de
trésorerie, l'encours moyen prévisible sur l'ensemble de
l'année 2000 peut être évalué à
300 milliards de francs environ. Un relèvement des taux courts de
deux points représenterait donc une charge supplémentaire en
année pleine d'environ 6 milliards de francs.
Pour l'année 2001, la poursuite de la décentralisation des fonds
des CCP devrait encore accroître l'encours de BTF qui est
évalué à 360 milliards de francs environ.
Un
relèvement des taux courts de deux points représenterait donc une
charge brute supplémentaire pour le budget 2001 d'environ
7,2 milliards de francs.
b) Endettement à moyen et long terme (BTAN et OAT)
Un relèvement des taux de deux points n'aurait pas de conséquence
budgétaire notable en 2000. En effet, pour les nouvelles lignes de BTAN
et d'OAT émises en 2000, l'augmentation des charges
représentées par le paiement des intérêts
échus pour la première année est compensée par les
recettes supplémentaires liées aux intérêts courus.
Ce raisonnement peut également être appliqué aux
émissions nouvelles pour 2001.
En revanche, un tel relèvement pour les émissions nouvelles de
l'année 2000 aurait un impact négatif en 2001 puisque les
charges supplémentaires représentées par le paiement des
intérêts échus pour la deuxième année ne
seront plus compensées. Le montant des émissions à moyen
et long terme prévues en 2000 est d'environ 590 milliards de
francs.
Un relèvement de deux points des taux au début de
l'année 2000 aurait ainsi alourdi la charge de la dette pour 2001
d'environ 11,8 milliards de francs.
Source : réponse au questionnaire de la commission des
finances
2. La progression de l'encours de la dette de l'Etat
Même si le poids de l'ensemble de la dette publique dans
le
PIB a diminué en 1999, pour la première fois depuis
20 ans
30(
*
)
, le stock de dette publique
continue à croître en valeur absolue. L'ensemble de la dette
publique s'élève ainsi en 1999 à 5.179,7 milliards de
francs
31(
*
)
. Elle devrait progresser de
près de 350 milliards de francs d'ici 2001
32(
*
)
.
S'agissant de la dette de l'Etat,
stricto sensu
, la situation est moins
favorable. Le gouvernement n'envisage pas en effet la stabilisation de son
poids en proportion de la richesse nationale avant 2001-2002. Par ailleurs,
l'encours de cette dette continue de progresser très significativement.
L'encours de la dette de l'Etat : + 200 milliards
de
francs en 2000
Ainsi,
selon les chiffres communiqués par le gouvernement, l'encours de la
dette négociable devrait s'élever à 3.951,6 milliards
de francs en 1999 (+ 7,5 %) et à 4.181 milliards de
francs en 2000 (+ 5,80 % soit 229,1 milliards
supplémentaires). Au total la dette de l'État représentait
à la fin de 1999, 4.300 milliards de francs et elle devrait
s'élever à près de 4.500 milliards de francs à
la fin de cette année.
Par voie de conséquence le recours de l'Etat à l'emprunt
progressera en l'an 2000 de près de 100 milliards de francs,
passant de 520 milliards de francs à 622 milliards de francs
dans le budget 2000 tandis que les remboursements s'élèveront
à 407 milliards de francs contre 283,4 milliards de francs en
1999.
C. UN HORS-BILAN INSUFFISAMMENT CHIFFRÉ
1. De nombreux engagements hors-bilan
Il faut
en effet ajouter à la dette actuelle les engagements
" hors-bilan " de l'Etat, qui pour une part sont conditionnels (les
garanties accordées aux établissements publics, aux
crédits à l'exportation, à certaines formes
d'épargne etc...) et pour d'autres sont certains (les structures de
défaisance, les primes d'épargne-logement, ou les charges de
remboursement de la dette de Réseau ferré de France). Il faut
également, et surtout, intégrer les engagements en assurance
vieillesse et en assurance maladie liés au vieillissement de la
population.
A ce titre, la question du coût des pensions de la fonction publique
illustre le problème budgétaire majeur auquel l'État sera
confronté dans un avenir finalement très proche : celui du
" hors-bilan ", ou de la " dette publique invisible ".
Si la structure et l'évolution du bilan de l'Etat peuvent être
appréhendées et contrôlées de façon
objective, le " hors-bilan ", faisait quant à lui, l'objet
jusqu'à présent, d'une grande imprécision, empêchant
les citoyens de connaître précisément la situation
financière exacte de l'État
33(
*
)
.
2. Des chiffrages épars et peu précis
En
effet, le gouvernement apprécie actuellement le " hors-bilan "
d'une manière extrêmement restrictive, ne s'en tenant qu'à
une simple définition juridique
34(
*
)
.
Au 31 décembre 1998, cette dette inscrite " hors-bilan "
s'élevait à 311,54 milliards de francs
, soit
263,23 milliards de francs d'emprunts intérieurs, et 48,31
milliards de francs d'emprunts extérieurs.
Or ces chiffres ne
recouvrent pas toute la dette garantie implicitement.
En effet, dans une
réponse à une question écrite
35(
*
)
, le gouvernement estimait pour 1997 à
439,19 milliards de francs
la dette financière nette des
entreprises nationales et des groupes publics.
De plus, les réalités que ce " hors-bilan " recouvre
sont très disparates, et souvent difficiles à quantifier
précisément.
Au-delà de la question des retraites
évoquée ci-dessus, quelques chiffres sont riches d'enseignements
sur l'ampleur des besoins de financement.
Ainsi, le coût des structures de défaisance
représenterait-il 2 points de PIB
36(
*
)
et
les garanties de l'Etat pour les prêts au logement
représenteraient 2 à 4 % de PIB. Enfin, selon la Cour des
comptes, les provisions pour le démantèlement des centrales
nucléaires peuvent être chiffrées à 102 milliards de
francs. Or à la fin de 1997, les provisions inscrites s'élevaient
à 40,8 milliards de francs.
De même, selon un chiffrage réalisé en 1993 par l'OCDE, le
montant de la " dette publique invisible " de la France serait de
216 % du PIB de 1990, contre 157 % pour l'Allemagne, 156 % pour
le Royaume-Uni, et 89 % pour les États-Unis.
3. Un progrès tardif et limité
L'annexe
au Compte général de l'administration des finances pour 1999
présente un premier progrès qui reste cependant limité. Ce
document qui retrace l'ensemble des dépenses et recettes de l'Etat
contient également des informations sur le bilan et le compte de l'Etat.
Il présente ainsi, pour la première fois, une vue
" synthétique " des engagements en annexe au bilan de l'Etat,
ainsi qu'une description et une valorisation des immobilisations ainsi que des
dotations et participations de l'Etat.
Cette présentation demeure limitée puisque, par exemple, les
engagements de l'Etat en matière de retraite ne sont pas
chiffrés ! Des progrès restent donc à accomplir afin
de doter l'Etat d'une véritable comptabilité patrimoniale.
IV. REDRESSER LES COMPTES PUBLICS DURABLEMENT
A. DES DÉFICITS PUBLICS TOUJOURS SUPÉRIEURS A LA MOYENNE DE LA ZONE EURO
Ce constat s'applique tant à la composante structurelle des déficits publics qu'à leur niveau global. Il a été encore récemment rappelé par la Cour des Comptes dans son rapport préliminaire sur l'exécution des lois de finances pour 1999 : s'agissant du déficit " au sein de l'Union européenne, la position de la France en matière budgétaire n'est pas parmi les meilleures. L'exécution du budget de l'Etat en 1999 aurait pu se solder par un déficit inférieur. Le déficit reste à un niveau élevé " .
1. Un déficit structurel supérieur de 0,8 point de PIB à la moyenne de la zone euro
Ainsi
que devait le reconnaître le gouvernement
37(
*
)
, le déficit structurel des administrations
publiques françaises a été faiblement réduit entre
1997 et 1999 passant de - 2,2 points de PIB à - 1,8 point de
PIB. Il entend par ailleurs le faire diminuer de 0,3 point d'ici 2000. Or,
c'est de la réduction du niveau du déficit structurel qui
reflète concrètement l'ampleur des réformes de fond mises
en oeuvre que dépend l'assainissement durable des finances publiques
françaises.
De ce fait, la France continue de connaître un niveau de déficit
structurel supérieur à celui de la zone euro, comme le montre le
tableau ci-après.
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Solde structurel de la zone euro |
- 1,6 |
- 1,6 |
- 1,3 |
- 1,2 |
Solde structurel de la France |
-1,9 |
- 2,4 |
- 2,2 |
-2,0 |
Ecart France/zone euro |
+ 0,3 |
+ 0,8 |
+ 0,9 |
+ 0,8 |
Source : OCDE. Perspectives économiques, juin
1999
Selon les chiffres de l'OCDE
38(
*
)
, le
déficit structurel de la France excède en effet sur la
période de 1997 à 2000 de 0,3 à 0,9 point de PIB
celui de la zone euro, de sorte qu'en 1999 mais également en 2000, la
France connaîtra le niveau de déficit structurel le plus
élevé de toute l'Union européenne, ainsi que cela ressort
du tableau suivant.
On doit également relever, pour le déplorer, que cet écart
entre la France et la zone euro ne s'est pas réduit depuis 1998 mais se
maintient à des niveaux élevés, de près de
0,8 point de PIB.
Des déficits structurels supérieurs à la moyenne européenne
(en point de PIB)
2. Les déficits publics parmi les plus élevés
Certes,
la France s'inscrit depuis 1997 dans le mouvement général de
réduction des déficits publics rendu nécessaire par la
mise en place des critères de convergence. Ces déficits demeurent
néanmoins parmi les plus élevés de l'Union
européenne, et sensiblement plus importants que ceux de ses principaux
partenaires
39(
*
)
.
Comme le montre en effet le tableau, ci-dessous, la France connaissait en 1999
l'un des niveaux de déficit public les plus importants des principaux
pays européens, juste derrière l'Italie, avec un niveau de
1,8 point de PIB.
Capacité ou besoin de financement des administrations publiques
(en points de PIB)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Zone euro |
- 4,3 |
- 2,6 |
- 2,0 |
- 1,2 |
France |
- 4,2 |
- 3,0 |
- 2,7 |
- 1,8 |
Italie |
- 7,1 |
- 2,7 |
- 2,8 |
- 1,9 |
Allemagne |
- 3,4 |
- 2,6 |
- 1,7 |
- 1,2 |
Pays-Bas |
- 1,8 |
- 1,2 |
- 0,8 |
0,5 |
Belgique |
- 3,7 |
- 2,0 |
- 1,0 |
- 0,9 |
Espagne |
- 5,0 |
- 3,2 |
- 2,6 |
- 1,1 |
Source : Banque centrale européenne, rapport
annuel
1999
Ce constat demeure valable pour les années à venir, la France
continuant de connaître des niveaux élevés de
déficit public ainsi que cela ressort des programmes de stabilité
actualisés des différents Etats-membres.
Évolution du déficit public : 2000-2003
(en points de PIB)
Source : Programmes de stabilité actualisés des Etats membres en 1998-1999
B. UN JUGEMENT CRITIQUE DES INSTITUTIONS EUROPÉENNES SUR " L'EXCEPTION FRANÇAISE "
Qu'il s'agisse de la Commission européenne ou de la Banque centrale européenne (BCE), celles-ci critiquent la voie retenue par la France pour réduire son déficit public et consistant à tirer profit d'une conjoncture favorable sans entamer les réformes de structure seules en mesure de réduire le poids des dépenses publiques et ainsi de diminuer durablement, tant le montant du déficit que l'encours de la dette.
1. Les conclusions du Conseil européen des 23-24 mars 2000 : assainissement, qualité et viabilité des finances publiques
Rappelant l'opportunité que constitue aujourd'hui pour
les
pays européens la croissance, le Conseil de Lisbonne a souhaité
que se poursuive plus avant le mouvement d'assainissement des finances
publiques.
A ce titre, il a préconisé que soient réorientées
les dépenses publiques, réduite la pression fiscale qui
pèse sur le travail et que soit mieux pris en compte le vieillissement
des populations afin d'assurer la viabilité à long terme des
finances publiques.
2. L'évaluation du programme de stabilité par la Commission
Le 8 mars 2000, la Commission européenne se prononçait sur le programme pluriannuel 2001-2003 de la France et rappelait que la réduction du déficit public en 1999 tenait " exclusivement au dynamisme des recettes fiscales, en particulier celles provenant des impôts directs dans la mesure où les normes de progression de la dépense n'avaient pas été respectées " . Elle indiquait dans le cas " où la marge de manoeuvre budgétaire [serait] plus importante, ....[qu']il conviendrait d'en profiter pour réduire le déficit public plus rapidement ". Cette position était réaffirmée un mois plus tard par la Commission, lors de la présentation des prévisions économiques et témoigne de sa préoccupation face à l'orientation actuellement prise par la politique budgétaire française. Par ailleurs, le 24 mai 2000, M. Pedro Solbes, lors de la remise du premier rapport sur les finances publiques de l'UEM, rappelait que " le défi à long terme consiste dans une réduction durable de la dette et de la pression fiscale ". Une telle voie permet en effet d'éviter une orientation budgétaire procyclique et de trouver un bon équilibre entre les réductions des déficits et les baisses d'impôts.
3. La Banque centrale européenne : une critique à peine voilée de " l'exception française "
Dans son rapport annuel sur 1999, la BCE soulignait que " l'assainissement des structures budgétaires s'est poursuivi modestement en 1999 " et déplorait, implicitement la voie retenue par la France où " les déficits continuent de se réduire principalement sous l'effet de la conjoncture et de la diminution des charges de la dette ". De la même façon, dans son rapport de mars 2000, elle rappelait que " les gouvernements devraient mieux expliquer que tout surplus de croissance du PIB réel par rapport à ce qui était prévu 40( * ) doit être mis à profit pour accélérer l'assainissement budgétaire ".
C. POUR UN " POLICY-MIX " PLUS AMBITIEUX ET EFFICACE
Soucieuse de contribuer à la qualité du
débat
parlementaire, votre commission des finances a demandé au Centre
d'observation économique (COE) de simuler une diminution des
prélèvements obligatoires de 2,9 points de PIB assortie d'un
retour à l'équilibre des comptes publics à l'horizon
2003
41(
*
)
. Il serait pour cela nécessaire
de réduire les dépenses publiques de 3,8 % en quatre ans,
soit une baisse annuelle de 0,95 % en volume.
Les principaux résultats de cette étude montrent s'agissant de la
réduction des prélèvements que les voies les plus
favorables à la croissance et à l'emploi consistent à
réduire le poids de l'impôt sur le revenu et à baisser les
cotisations sociales et que celles-ci peuvent être combinées avec
l'objectif de retour à l'équilibre des comptes publics :
"
il est possible d'assurer une politique budgétaire rigoureuse
et une réduction des prélèvements obligatoires, sans
pénaliser la croissance à moyen terme
".
Un tel " policy-mix " serait particulièrement adapté
à la conjoncture actuelle puisqu'il ne pénaliserait pas la
croissance à moyen terme, permettrait un redressement volontariste des
comptes publics, stimulerait la dynamique de l'offre et serait
anti-inflationniste, contribuant ainsi à maintenir les conditions d'une
politique monétaire favorable à l'activité.
CHAPITRE V :
LES FINANCES LOCALES ET LE BUDGET DE L'ETAT :
MISE AU POINT SUR QUELQUES IDÉES REÇUES
Dans son
rapport pour le présent débat d'orientation budgétaire, le
gouvernement évoque par deux fois les collectivités locales :
Il note, d'une part, que "
depuis trois ans, la progression des
dépenses de l'Etat a été inférieure à celle
des régimes sociaux et des collectivités locales
".
D'autre part, il remarque que les transferts de l'Etat aux administrations
publiques locales "
augmentent plus vite que la dynamique
générale des dépenses
".
Ces deux points méritent d'être examinés de manière
plus attentive.
I. DES COLLECTIVITÉS MOINS VERTUEUSES QUE L'ÉTAT ?
En soulignant que " depuis trois ans, la progression des dépenses de l'Etat a été inférieure à celle des régimes sociaux et des collectivités locales ", le gouvernement laisse entendre que les collectivités locales feraient preuve de moins de rigueur que l'Etat en matière d'évolution de leurs dépenses.
A. UNE AFFIRMATION À VÉRIFIER
L'idée selon laquelle les dépenses des
collectivités locales augmenteraient plus vite que celles de l'Etat, si
elle n'est pas forcément fausse, n'est pas avérée en
l'état actuel des données disponibles. Dans son rapport pour le
présent débat d'orientation budgétaire, le gouvernement
indique que, en volume, les dépenses de l'Etat ont progressé de
1,7 % entre 1993 et 1997, et celle des collectivités locales de 1,2 %,
soit 0,5 % de moins.
Pour les années 1998 et 1999, les comparaisons sont difficiles à
établir car les comptes administratifs des collectivités locales
pour 1999 ne sont pas encore disponibles. Il semblerait cependant que, pour
1998 au moins, les résultats ne soient pas aussi unilatéralement
à l'avantage de l'Etat ainsi que cela ressort du tableau
ci-dessous :
Comparaison des charges du budget général et des dépenses totales des collectivités locales (communes, départements, régions)
(en %)
|
1998 |
1999 |
Charges du budget général* |
+ 3,6 |
+ 3,3 |
Dépenses totales des collectivités locales** |
+ 3 |
+ 5,3 |
Source : Rapport préliminaire de la Cour des
comptes
sur l'exécution des lois de finances pour 1999
Source : Les collectivités locales en chiffres, DGCL, 1999
B. PAS DE " DÉRAPAGE " DE LA DÉPENSE LOCALE
L'augmentation des dépenses des collectivités
locales
provient surtout de la mise en oeuvre de décisions de l'Etat, qui
s'imposent aux collectivités sans que celles-ci aient leur mot à
dire.
Dans son rapport au Parlement de 1999, la commission consultative sur
l'évaluation des charges établit une typologie des charges
nouvelles imposées aux collectivités locales, et fournit des
exemples parlants : la mise en oeuvre de la loi du 12 juillet 1992 sur la
gestion des déchets se traduit par un coût financier de
60 milliards de francs pour les investissements, "
sans compter
les coûts d'élimination des déchets
" ; la
loi sur l'eau du 3 janvier 1992 entraîne une charge supplémentaire
de 75,2 milliards de francs pour les collectivités locales ; le
protocole salarial dans la fonction publique du 10 février 1998 a
entraîné une augmentation en trois ans de 9,5 milliards de francs
des dépenses de personnel des collectivités locales ; les
revalorisations du montant du revenu minimum d'insertion ou du plafond de
ressources pour bénéficier de certaines prestations d'aide
sociale se traduisent mécaniquement par un accroissement des
dépenses départements ;
Les décisions de l'Etat en matière de rémunération
des personnels, et notamment le protocole salarial du 10 février 1998,
contribuent à remettre en cause les efforts réalisés par
les collectivités locales depuis le milieu des années 90 en
matière de maîtrise des dépenses de fonctionnement. Le
graphique ci-dessous montre que les collectivités tentent de
préserver les acquis de leur assainissement financier en
réduisant le poids de leurs dépenses de fonctionnement autres que
les rémunérations :
Evolution de la part (en %) des différentes
composantes
des dépenses de fonctionnement (hors emprunt)
Données chiffrées : Les collectivités locales en chiffres, DGCL, 1999 ; les données relatives aux années 1998 et 1999 proviennent des budgets primitifs
Par ailleurs, depuis 1997, les dépenses d'investissement des collectivités locales ont recommencé à augmenter, alors qu'elles diminuaient depuis 1993. L'accroissement de l'effort d'investissement des collectivités locales ne doit pas être interprété comme du laxisme budgétaire, compte tenu de la part prépondérante de l'investissement local dans l'investissement public total et de ses effets d'entraînement sur le niveau du produit intérieur brut. La vigueur, relative cependant, de l'investissement local, vient compenser l'atonie de l'effort d'équipement de l'Etat, dont le taux de consommation des crédits d'investissement a encore baissé en 1999, comme le souligne une nouvelle fois la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1999.
C. UNE CONTRIBUTION POSITIVE DES COLLECTIVITÉS LOCALES AU SOLDE DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
En
matière de recettes, les collectivités locales font preuve de
modération fiscale. Selon la Cour des comptes, l'augmentation de 0,8
point du taux de prélèvement obligatoire au cours de l'exercice
1999 (contre un objectif initial de baisse de 0,2 point) se répartit
entre une augmentation de 1,2 point pour l'Etat, de 0,4 point pour les
organismes divers d'administration centrale, une augmentation de 0,5 point pour
la sécurité sociale et une baisse de 0,2 point pour les
administrations publiques locales.
Malgré l'augmentation de leurs dépenses et la stabilisation de
leur pression fiscale, les collectivités locales continuent d'afficher
un excédent budgétaire, dont la Cour des comptes relève
qu'il s'est encore accru en 1999, pour s'établir 34,6 milliards de
francs contre 27,2 milliards de francs en 1998. En 1999, le déficit de
l'Etat s'établissait à 206 milliards de francs. En outre, il
convient de rappeler que les collectivités locales n'ont pas le droit de
financer par emprunt leurs dépenses de fonctionnement, alors que, dans
la loi de finances initiale pour 2000, l'Etat affichait un déficit de
fonctionnement d'environ 50 milliards de francs. De manière
générale, les règles comptables applicables aux
collectivités sont plus rigides que celles de l'Etat qui, selon la Cour
des comptes, se permet "
des facilités comptables exorbitantes
des règles communément admises
".
Outre qu'elles sont en excédent budgétaire, les
collectivités locales se désendettent également depuis
1997. Le rapport sur les comptes de la nation de l'année 1998,
annexé au projet de loi de finances pour 2000, indique en effet que,
"
entre 1980 et 1998, l'Etat a contribué pour plus de 80 %
à la progression du ratio d'endettement public en termes de points de
PIB
". Il constate en revanche que
" les administrations
locales gardent un endettement relativement stable en part de PIB, ce qui
réduit leur poids dans l'endettement public de 26 % à
12 %
".
Au vu de ces éléments, et contrairement à ce que laisse
entendre le gouvernement dans son rapport, il est difficile de conclure que les
collectivités locales sont moins vertueuses que l'Etat dans leur gestion
de l'argent des contribuables.
II. DES COLLECTIVITÉS LOCALES TROP COÛTEUSES POUR L'ÉTAT ?
En
soulignant que "
les transferts de l'Etat vers les administrations
publiques locales
(...)
augmentent plus vite que la dynamique des
dépenses de l'Etat
", le gouvernement sous-entend l'idée
que le financement des collectivités locales constituerait une charge
budgétaire telle pour le budget de l'Etat qu'elle l'empêcherait
d'améliorer ses performances en matière de maîtrise de ses
dépenses.
Il est vrai que l'Etat doit améliorer ses performances en matière
de maîtrise de ses dépenses
42(
*
)
.
Il est également vrai que les concours financiers de l'Etat aux
collectivités locales augmentent plus vite que l'ensemble des charges du
budget général. Les charges du budget général ont
augmenté de 3,6 % entre 1998 et 1999, tandis que les dotations de
l'Etat aux collectivités locales ont progressé de
4,5 %
43(
*
)
. En tenant compte des
compensations d'exonération fiscales, les concours de l'Etat ont
progressé de 12,3 %, et de 10,3 % en prenant également
en compte les dégrèvements de fiscalité locale pris en
charge par l'Etat.
Pour autant, il est difficile de déduire de l'évolution des
concours financiers de l'Etat que les collectivités locales font partie
des postes de dépense dont il conviendrait d'endiguer le
dérapage, pour deux raisons :
A. DES MODALITÉS D'EVOLUTION DES DOTATIONS DE L'ÉTAT DÉFAVORABLES AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
Les
dotations de l'Etat évoluent en fonction de taux d'indexation
fixés par la loi, dans des conditions qui ne sont pas forcément
à l'avantage des collectivités locales :
- le taux d'indexation le plus répandu est celui de la dotation globale
de fonctionnement (DGF), qui est déterminé en prenant en compte
l'évolution des prix et 50 % du taux de croissance du PIB. Cet
indice détermine notamment l'évolution de la DGF et celle de la
dotation générale de décentralisation. Or, le coût
des charges de fonctionnement des collectivités locales, ainsi que celui
des charges transférées, est souvent supérieur à
l'indice de la DGF. Par exemple, en 1998, en 1999 et en 2000, le coût
pour les collectivités locales de l'accord salarial dans la fonction
publique du 10 février 1998 a été supérieur
à l'augmentation du montant total de la DGF inscrit dans la loi de
finances.
Coût de l'accord salarial du 10 février
1998
et augmentation de la DGF en 1998, 1999 et 2000
(en milliards de francs)
Source : lois de finances, " jaune " sur les rémunérations dans la fonction publique annexé au projet de loi de finances pour 1999
En
matière de compensation des charges transférées, le ratio
" coût des compétences transférées/ressources
transférées " s'élevait à 0,89 pour les
départements et à 0,66 pour les régions en 1996,
dernière année connue ;
- les subventions d'équipement de l'Etat aux collectivités
locales, évoluent en fonction du taux d'évolution de la formation
brute de capital fixe des administrations publiques. En cas de réduction
de l'effort d'investissement des administrations publiques, l'augmentation du
montant des subventions est ralentie ;
- les dotations de l'Etat aux fonds nationaux de péréquation
de taxe professionnelle (FNPTP et FNP) sont indexées sur
l'évolution des recettes fiscales nettes de l'Etat. Ce mode d'indexation
présente l'inconvénient de subordonner l'évolution des
dotations aux modifications dans le périmètre du budget de
l'Etat. En 2000, par exemple, le taux de progression des recettes fiscales de
l'Etat a été calculé après transfert à la
sécurité sociale de près de 40 milliards de francs,
ce qui a conduit à réduire le montant des dotations de l'Etat au
FNP et au FNPTP ;
-
depuis 1996, l'évolution du montant des dotations de l'Etat
aux collectivités locales est plafonnée
, conformément
aux mécanismes de l'enveloppe normée.
Les lois de finances pour 1996, puis pour 1999, ont déterminé le
taux de progression plafond de l'ensemble des dotations qui composent
l'enveloppe normée. Ce plafond était le taux d'évolution
des prix de 1996 à 1998. Il est maintenant déterminé en
fonction d'un indice qui prend en compte l'évolution des prix et une
fraction du taux de croissance du produit intérieur brut (20 % en 1999,
25 % en 2000 et 33 % en 2001). Si l'évolution spontanée
des dotations qui composent l'enveloppe est supérieure au taux de
progression des dotations qui composent l'enveloppe, la dotation de
compensation de la taxe professionnelle (DCTP) joue le rôle de variable
d'ajustement et son montant diminue
44(
*
)
. Ainsi,
alors que les recettes de l'Etat ont une élasticité au PIB
supérieure à 1, l'évolution des recettes des
collectivités locales qui viennent de l'Etat évoluent en fonction
d'un taux qui prend en compte, au mieux, un tiers de la croissance du PIB.
Envisager une dérive des dotations de l'Etat aux collectivités
locales semble particulièrement incongru alors que, au contraire, le
mécanisme de l'enveloppe normée s'est révélé
depuis 1996 être un instrument particulièrement efficace, pour
l'Etat, de réduction des crédits en faveur des
collectivités locales.
B. UNE AUGMENTATION DES CONCOURS DE L'ÉTAT SURTOUT DUE AU REMPLACEMENT DE LA FISCALITÉ LOCALE PAR DES DOTATIONS
L'augmentation des concours financiers de l'Etat aux
collectivités locales s'explique en réalité par les
orientations du gouvernement en matière de fiscalité locale.
L'augmentation du poids des transferts de l'Etat aux collectivités
locales s'explique par celle des compensations de suppressions d'impôts
locaux. Entre 1998 et 1999, les concours de l'Etat (hors
dégrèvements) ont augmenté de 24,1 milliards de francs. Au
sein de ces crédits, 7,5 milliards de francs ont
représenté une augmentation des dotations de l'Etat aux
collectivités locales et 16,6 milliards
45(
*
)
correspondent au remplacement d'une ressource fiscale
des collectivités locales par une dotation budgétaire.
Entre 1999 et 2000, et avant l'entrée en vigueur de la suppression de la
part régionale de la taxe d'habitation prévue par le projet de
loi de finances rectificative pour 2000, les concours de l'Etat (hors
dégrèvements) ont augmenté de 15,7 milliards de
francs
46(
*
)
, répartis en une augmentation
de 4,7 milliards de francs des dotations et une progression de 10,9
milliards de francs des compensations d'exonération fiscales, donc du
remplacement d'anciennes ressources fiscales par des crédits
budgétaires.
L'augmentation des concours de l'Etat aux collectivités locales ne doit
donc pas être considérée comme la manifestation d'un
soutien financier accru en faveur des collectivités locales mais comme
la conséquence de la politique du gouvernement consistant à
remplacer la fiscalité locale par des dotations budgétaires qui,
sur le long terme, se traduisent d'ailleurs par un manque à gagner pour
les collectivités locales.
Part de l'augmentation des nouvelles compensations d'exonérations
fiscales dans l'augmentation des concours de l'Etat aux collectivités
locales (hors dégrèvements)
1999 |
2000 |
68,8 |
71,2 % |
Source : lois de finances
Répartition de l'augmentation des concours de l'Etat
aux
collectivités en 2000
C. UNE NOUVELLE ÉTAPE DU PROCESSUS DE RECENTRALISATION DES FINANCES LOCALES ?
La
dénonciation par l'Etat du coût budgétaire des
collectivités locales marque une nouvelle étape du processus de
recentralisation des finances locales.
Depuis 1997, les atteintes à l'autonomie financière des
collectivités locales se sont multipliées. Elles ne constituent
pas des opérations désordonnées mais s'inscrivent dans un
processus de recentralisation des finances locales.
Cette stratégie de l'Etat repose sur l'idée que les gestionnaires
locaux sont " d'incorrigibles dépensiers " et que, dans le
cadre de ses engagements européens en matière de déficits,
la France ne peut pas courir le risque de voir ses performances remises en
cause par les dérapages des élus locaux.
Même si cette hypothèse ne repose sur aucune
réalité, elle sert de fondement à la stratégie
actuelle de l'Etat, qui consiste à rendre les ressources des
collectivités locales de plus en plus dépendantes de
décisions de l'Etat car, en contrôlant les recettes locales,
l'Etat s'imagine pouvoir contrôler également le niveau des
dépenses des collectivités locales.
C'est ainsi que, depuis 1997, l'assiette de la taxe professionnelle a
été amputée d'un tiers, les collectivités ont perdu
la faculté de voter les taux des droits de mutation à titre
onéreux, les régions ne perçoivent plus cet impôt
et, bientôt, ne percevront plus non plus la taxe d'habitation.
Ces évolutions aboutissent à accroître les dépenses
de l'Etat dans des proportions considérables. En 2000, l'Etat consacre
près de 23 milliards de francs à la compensation de la
réforme de la taxe professionnelle, environ 13 milliards de francs
à la réforme des droits de mutation et 5 milliards de francs
à la compensation de la suppression de la part régionale de la
taxe d'habitation. Aucune de ces dépenses n'aurait été
nécessaire si l'Etat avait choisi de réduire ses propres
impôts au lieu de toucher aux impôts locaux.
Ainsi,
après accru son influence sur les dépenses des
collectivités locales en contrôlant une part accrue de leurs
recettes, l'Etat dénonce désormais le coût
budgétaire des collectivités locales, comme pour préparer
le terrain à une réduction du montant de ses transferts en
direction des collectivités locales.
CHAPITRE VI :
LES FINANCES SOCIALES AU FIL DE L'EAU
L'annonce du retour comptable à l'équilibre du
régime général de la sécurité sociale en
1999 (200 millions de francs) et d'un excédent important en 2000 (5
milliards de francs), les discussions autour des perspectives favorables de
l'Unedic, les bonnes rentrées de CRDS, tout cela donne l'apparence d'une
maîtrise complète et efficace des finances sociales par le
gouvernement. Ainsi, le solde positif des administrations de
sécurité sociale contribuera dès cette année
à afficher, dans le cadre du programme pluriannuel de finances
publiques, un niveau de déficit public compatible avec les engagements
européens de la France.
Il convient cependant de s'interroger sur la réalité de cette
maîtrise apparente et, surtout, sur la manière dont les
résultats d'aujourd'hui préparent l'avenir.
C'est à
l'aune du niveau global de prélèvements affectés à
la protection sociale et du rythme d'évolution des dépenses
sociales qu'il convient de porter un jugement sur l'état des finances
sociales françaises.
Or, force est de constater que l'analyse détaillée des
évolutions récentes révèle une coupable
réalité :
l'absence de direction de nos finances
sociales, qui paraissent voguer au gré des vents de la croissance
économique et des évolutions démographiques
,
plutôt que de profiter du temps ainsi gagné pour assurer les
réparations qui permettront au navire de subir sans dommage les
tempêtes à venir.
I. DÉPENSES ET RECETTES EN CONSTANTE PROGRESSION
A. LE REDRESSEMENT DES SOLDES DES FINANCES SOCIALES
1. Un équilibre comptable du régime général ...
Déficitaire depuis 1985, le régime général de la Sécurité sociale devrait présenter un léger excédent de 235 millions de francs en 1999, après un déficit de 16,5 milliards de francs en 1998. La Commission des comptes de la Sécurité sociale a revu ses estimations à la hausse puisqu'elle annonçait en septembre 1999 un déficit de 4 milliards de francs. Elle prévoit pour 2000 un excédent d'environ 5 milliards de francs (cet excédent prévisionnel, initialement de 13,5 milliards de francs, a été ramené à 5 milliards de francs après affectation de 8,5 milliards de francs au Fonds de réserve pour les retraites).
Evolution du solde du régime général
(en milliards de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999* |
2000** |
Maladie |
- 35,4 |
- 14,4 |
- 15,9 |
- 9, 3 |
- 1,2 |
Accidents du travail |
0,2 |
0,3 |
1,6 |
1 |
1 |
Vieillesse |
- 7,9 |
- 5,2 |
- 0,2 |
3,7 |
0,7 |
Famille |
- 9,6 |
- 14,5 |
- 1,9 |
4,8 |
4,5 |
Régime général |
- 53,2 |
- 33,8 |
- 16,4 |
0,2 |
5 |
Source : CCSS mai 2000
* estimation
** prévisions
Pour 2000, le nouveau compte présenté par la Commission retient
des hypothèses économiques plus favorables qu'en septembre. Ainsi
la croissance du PIB serait de 3,6 % au lieu de 2,8 %, la
prévision de hausse des prix à la consommation est relevée
de 0,3 point pour atteindre 1,3 %. Enfin la croissance de la masse
salariale atteindrait 5,2 % au lieu de 4 % initialement
prévue. Les comptes 2000 retiennent également une révision
à la hausse des dépenses d'assurance-maladie, celle-ci se
poursuivant à un rythme soutenu. Finalement le rythme de croissance des
dépenses restera élevé en 2000 ( + 3,2 %),
à peine inférieur à celui des recettes (+ 3,6 %).
2. ... qui se répercute sur le solde des administrations de Sécurité sociale (ASSO)
Le solde
des administrations de Sécurité sociale (ASSO) s'est
amélioré depuis 1998, passant d'un besoin de financement de
l'ordre de 0,1 % du PIB à une capacité de financement de
0,2 % du PIB en 1999, de 0,4 % en 2000 et une prévision de
0,5- 0,6 point de PIB en 2001.
Au sens de la comptabilité nationale, les transferts de l'Etat au profit
des ASSO s'élèvent à 192 milliards de francs en 1999.
L'Etat prend en charge des dépenses de solidarité versées
par des ASSO (Allocation Adultes Handicapés, 25 milliards de francs
en 1999). Il finance certaines dépenses de sécurité
sociale (BAPSA pour 27 milliards de francs, fonds de compensation des
organismes de sécurité sociale pour 19 milliards de francs).
Il compense des allégements de cotisations sociales (notamment la
réduction dégressive des cotisations patronales sur les bas
salaires, 38,4 milliards de francs, jusqu'en 1999). Exceptionnellement,
l'Etat a supporté la charge de 10 milliards de francs au titre de
la dette obligataire de l'UNEDIC.
Les administrations de sécurité sociale ont donc poursuivi leur
redressement pour des raisons essentiellement conjoncturelles (croissance de
l'emploi notamment). Comme le souligne le gouvernement dans son rapport
d'orientation budgétaire, "
l'amélioration du
marché du travail induit d'importants surcroîts de recettes pour
les administrations de sécurité sociale, l'essentiel de leurs
ressources fiscales et sociales étant assis sur les revenus du
travail ".
Le redressement comptable des administrations de sécurité sociale
concerne l'ensemble des régimes : le régime
général, les régimes d'assurance chômage (en raison
de la sensible diminution du chômage), les régimes
complémentaires (notamment l'ARRCO), les accords conclus en 1996 ayant
permis d'asseoir la maîtrise de leurs dépenses.
B. LA POURSUITE DE LA HAUSSE DES PRÉLÈVEMENTS SOCIAUX
Les prélèvements obligatoires en faveur des régimes sociaux constituent la première source de prélèvements avec 20,9 % du PIB en 1999 et plus de 1.840 milliards de francs de recettes. Ils sont ainsi progressé de 4,8 % en un an.
Les prélèvements obligatoires des administrations de sécurité sociale en 1999
|
en milliards de francs |
en % du PIB |
Evolution 1999 / 1998 (en %) |
CSG |
354,4 |
4 |
5,4 |
Autres impôts |
77,3 |
0,9 |
4 |
Cotisations sociales (*) |
1.408,6 |
16 |
4,7 |
Total |
1.840,3 |
20,9 |
4,8 |
(*)
déduction faite des cotisations dues non recouvrables
Source : INSEE
La tendance est à la hausse continue des prélèvements
obligatoires sociaux depuis 1997. Ils seront ainsi passés en quatre ans
de 20,5 % à 21,2 % du PIB.
Prélèvements obligatoires des administrations de sécurité sociale
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
en milliards de francs |
1.627 |
1.681 |
1.756 |
1.840 |
1.957 |
évolution |
- |
+ 3,33 % |
+ 4,46 % |
+ 4,78 % |
+ 6,35 % |
en % du PIB |
20,5 % |
20,5 % |
20,6 % |
20,9 % |
21,2 % |
Source : réponse au questionnaire de la
commission
des finances
Ce dynamisme des prélèvements sociaux ne saurait s'interrompre
puisque l'Etat a transféré aux administrations de
sécurité sociale en 2000 un certain nombre de nouvelles
ressources fiscales pour faire face à différentes réformes
comme la couverture maladie universelle (CMU) ou les 35 heures : plus des
trois-quarts des droits sur les tabacs, la taxe générale sur les
activités polluantes (TGAP), la cotisation sociale sur les
bénéfices des sociétés, la contribution des
organismes de protection complémentaire.
Les recettes fiscales affectées à la sécurité
sociale sont ainsi passées de 250,1 milliards de francs en 1997 à
546,1 milliards de francs en 2000, principalement en raison de la substitution
de la CSG à la majorité des cotisations maladie, mais aussi des
transferts successifs.
Recettes fiscales de l'Etat affectées à la
sécurité sociale
(en milliards de francs)
|
1997 |
1998 |
estimation 1999 |
estimation 2000 |
CSG |
149,6 |
318,6 |
356,5 |
371,3 |
CRDS |
25,5 |
26,7 |
27,7 |
28,9 |
Prélèvement 2 % sur les revenus du capital |
4 |
9 |
10,7 |
11,3 |
Contribution sociale de solidarité sur les sociétés |
15,5 |
16,3 |
17,2 |
17,9 |
Alcools |
18,8 |
19,1 |
18,9 |
19,2 |
Tabacs |
2,3 |
3,9 |
4,4 |
47,8 |
TGAP |
- |
- |
- |
3,3 |
CSB |
- |
- |
- |
4,3 |
Taxe sur les primes d'assurance automobile |
5,8 |
5,7 |
5,8 |
6 |
Taxes dues par les laboratoires et distributeurs pharmaceutiques |
1,9 |
2,7 |
4,2 |
4,9 |
Taxe sur les contributions patronales au financement de la prévoyance complémentaire |
1,8 |
2,7 |
2,8 |
2,8 |
Taxes BAPSA |
24,5 |
25,9 |
27,1 |
28 |
Divers |
0,6 |
0,5 |
0,5 |
0,5 |
Total |
250,1 |
431,2 |
475,9 |
546,1 |
Evolution |
- |
+ 72,4 % |
+ 10,4 % |
+ 14,8 % |
Source : réponse au questionnaire de la
commission
des finances
Ces estimations restent partielles puisque par exemple elles ne prennent pas en
compte le prélèvement instauré pour le financement de la
CMU sur le chiffre d'affaire des organismes de protection complémentaire
maladie, ou bien qu'ils minorent les recettes de la CRDS pour 1999 de
500 millions de francs.
Parallèlement, les recettes du régime général vont
poursuivre leur progression liée au dynamisme des bases et à la
croissance économique.
Recettes du régime général (en milliards de francs)
|
1998 |
1999 |
2000 |
Recettes |
1.236,2 |
1.293,6 |
1.342,3 |
Evolution |
+ 4,4 % |
+ 4,6 % |
+ 3,8 % |
Dont impôts et taxes (y compris CSG) |
253,2 |
284 |
302 |
Evolution |
- |
+ 12,1 % |
+ 6,3 % |
Source : CCSS mai 2000
La volonté du gouvernement de diminuer les prélèvements
obligatoires ne se traduira donc pas dans les prélèvements
sociaux, révélant une nouvelle fois un dessaisissement de l'Etat
et l'absence de maîtrise des finances sociales.
C. LE MAINTIEN D'INQUIÉTANTES DISPARITÉS ENTRE BRANCHES
La
branche maladie
reste largement déficitaire avec -
9,3 milliards de francs en 1999, ramené à -1,2 milliard de
francs en 2000 après avoir connu un déficit de
-15,9 milliards de francs en 1998. Ce résultat est certes un peu
meilleur que prévu, puisque, en septembre dernier, la Commission des
Comptes de la sécurité sociale avait estimé que le
déficit de la branche maladie atteindrait 12 milliards de francs,
mais la branche maladie reste la seule à ne pas renouer avec les
excédents cette année. Les dépenses maladie ont, en effet,
à nouveau excédé de 11,6 milliards de francs (+ 2,9 %)
l'enveloppe votée par le Parlement.
La progression des dépenses maladie a été ralentie par la
baisse des dépenses administratives et de gestion, et le
phénomène conjoncturel qu'ont constitué le 31
décembre 1999 et l'engorgement des caisses, qui a reporté des
dossiers de remboursement sur le début de l'année 2000.
L'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM), voté
en décembre 1999 par le Parlement, devrait être
dépassé de 3,5 milliards de francs en 2000. La Commission
des comptes a jugé "
difficile à tenir "
l'objectif de 658,3 milliards de francs fixé par le Parlement
pour 2000, retenant l'hypothèse d'un dépassement de
3,5 milliards de francs pour le seul régime des salariés. Le
surcroît de dépenses de 1999 s'est concentré sur les soins
de ville (+ 12,8 milliards de francs), alors que les dépenses
des hôpitaux publics, cliniques et établissements
médico-sociaux sont restées "
relativement
modérées
" selon le gouvernement.
Trois postes constituent des sujets de préoccupation : les
indemnités journalières (+ 6 % en 1999), qui augmentent
mécaniquement avec le nombre d'emplois ; les dispositifs
médicaux qui augmentent de 19,3 % en 1999 ; les
médicaments (+ 6,3 % en 1999 après + 8,1 % en 1998).
La
branche accidents du travail
, traditionnellement excédentaire,
devrait présenter une situation comparable en 1999 et 2000 : un
milliard de francs.
La
branche vieillesse,
après avoir été
déficitaire (- 224 millions de francs en 1998),
bénéficie d'un excédent en 1999 de 3,7 milliards de
francs, hors versement de 5 milliards au fonds de réserve des
retraites, et devrait le voir ramener à 699 millions de francs en
2000. Une situation "
favorable "
qui s'explique, selon la
Commission des comptes, par la seule arrivée des
générations creuses de la guerre à la retraite.
La
branche famille
bénéficie d'un solde positif de
4,8 milliards de francs en 1999, après un déficit de l'ordre
de 1,9 milliard de francs en 1998, et devrait conserver un excédent
en 2000 mais légèrement inférieur :
+ 4,5 milliards de francs. Les versements de prestations, dont
beaucoup sont sous condition de ressources, ont en effet été un
peu moins importants, probablement en raison de la meilleure situation
économique. Ce chiffre ne tient toutefois pas compte du coût des
mesures qui seront annoncées lors de la Conférence de la famille
le 15 juin prochain, lesquelles devraient porter sur les aides à la
garde d'enfant et les aides au logement.
Au total, la branche maladie demeure le véritable " point
faible " du régime de sécurité sociale, tandis que la
branche vieillesse risque dans l'avenir de voir sa situation se dégrader
à nouveau et fortement, en l'absence de réformes. Au total, les
perspectives des finances sociales ne sont peut-être pas aussi bonnes que
la simple analyse des soldes pourrait le laisser penser.
II. DE SOMBRES PERSPECTIVES
A. UN FRAGILE ÉQUILIBRE
1. La conjonction de facteurs favorables pour 1999 et 2000
a) La croissance retrouvée...
La bonne
tenue de la croissance économique permet à la
Sécurité sociale de bénéficier, comme l'Etat, de
recettes en hausse.
Ce fut le cas pour 1999, puisque la Commission des Comptes de la
Sécurité sociale de septembre 1999 a relevé à la
hausse les prévisions de recettes et que celles-ci le furent encore par
la commission des comptes de mai 2000. La masse salariale de 1999 pourrait
avoir augmenté de 4,1 % contre 3,7 % attendus en septembre dernier.
Le phénomène s'est accentué en 2000. Comme l'écrit
le secrétaire général de la Commission des comptes de la
Sécurité sociale dans son rapport de mai 2000 :
" les recettes bénéficient de la bonne conjoncture
économique. Avec une hypothèse de croissance du PIB
désormais fixée à 3,6 % en volume, en 2000, la progression
de la masse salariale du secteur privé est estimée à 5,4 %
(y compris emplois-jeunes) soit un point de plus qu'il n'était attendu
à la rentrée de 1999. Ceci correspond à un
supplément de recettes d'environ 9 milliards pour le régime
général ".
Cette progression de la masse salariale est liée à la hausse des
salaires plus forte que prévue (2,5 % contre 2,3 %) et, surtout,
à la reprise de l'emploi salarié (2,65 % contre 1,7 %).
Ces surplus liés à la croissance économique pourraient
d'ailleurs augmenter au long de l'année, comme le reconnaît la
Commission des Comptes :
" l'hypothèse retenue dans le
compte doit être considérée comme prudente "
.
Toute réévaluation des recettes ne devra cependant pas servir
à cacher un dérapage des dépenses.
b) ...utilisée en partie pour de nouvelles dépenses
L'année 1999 a été marquée par l'utilisation des très forts surplus de recettes afin de couvrir les surplus de dépenses non anticipés.
Les
surplus de recettes et dépenses du régime général
pour 1999
(en milliards de francs)
|
Estimations mai 1999 |
Estimations septembre 2000 |
Ecart |
Recettes |
1.253,3 |
1.293,7 |
+ 40,4 |
Dépenses |
1.258,5 |
1.293,4 |
+ 34,9 |
Solde |
- 5,2 |
+ 0,3 |
+ 5,5 |
Source : CCSS
Le surplus de recettes lié à l'accélération de la
croissance s'élèvera donc en 1999 à 40,4 milliards de
francs, qui correspondent à l'écart positif entre la
prévision d'évolution de la masse salariale et de la croissance
économique de mai 1999 et celle de mai 2000.
Or, dans le même temps, le solde attendu du régime
général de Sécurité sociale ne
s'améliorerait que de 5,5 milliards de francs (déficit attendu de
5,2 milliards de francs en mai 1999)
Cela signifie que 34,9 milliards de francs de recettes supplémentaires
ont été utilisés pour financer un dérapage des
dépenses
De même que pour l'Etat, on peut donc constater que les surplus de
recettes dont bénéficie la Sécurité sociale en 2000
serviront aux sept huitièmes à financer de nouvelles
dépenses.
2. Le dynamisme de la sphère des finances sociales
Le
gouvernement a opéré de profondes modifications dans le
système de recettes des finances sociales depuis 1997 :
• en augmentant la substitution de la CSG aux cotisations maladie ;
• en opérant des transferts d'impositions de l'Etat vers les
finances sociales ;
• en multipliant les organismes dotés de missions
particulières et de ressources propres.
Le fruit de ces différentes réformes s'observe aujourd'hui
où le régime général mais aussi le bloc des
finances sociales en général connaissent un très fort
dynamisme de leurs recettes : 4,7 % de hausse en 1997, 4,4 % en
1998, 4,6 % en 1999 et 3,8 % de hausse en 2000 pour le seul
régime général, soit un rythme de progression à
chaque fois supérieur à celui de la croissance économique.
La hausse des prélèvements obligatoires sociaux explique le
redressement comptable du régime général
47(
*
)
. Ce dernier ne peut en aucun cas être
considéré comme vertueux puisqu'il repose entièrement sur
des hausses de recettes qui cherchent tant bien que mal à suivre la
dynamique des dépenses.
Le gouvernement aura réussi, en matière sociale, à
créer un mécanisme de prélèvement aligné en
période de croissance sur le mécanisme d'évolution des
dépenses. Il a échoué à maîtriser les
dépenses de même qu'il échouerait en cas de retournement de
la croissance à faire face aux chutes de recettes.
Au régime général, il convient d'ajouter les
différents fonds créés pour assumer des missions
particulières, comme le fonds de financement de la couverture maladie
universelle, financé par subvention de l'Etat et
prélèvement obligatoire sur les assurances et les mutuelles, le
fonds de réserve pour les retraites, le fonds de financement de la
réforme des cotisations (FOREC) bénéficiaire de 40
milliards de francs de droits sur les tabacs mais aussi de la taxe
générale sur les activités polluantes, ou encore le fonds
d'indemnisation des victimes de l'amiante, qui perçoit 200 millions de
francs de droits sur les tabacs et une subvention. Ceci explique la progression
très rapide de la sphère sociale dans les finances publiques et
atténue quelque peu, par des débudgétisations et
transferts de ressources, les efforts de compression de la sphère de
l'Etat.
Et cette évolution n'est pas favorable à l'Etat qui voit fuir la
ressource fiscale, mais aussi croître sans cesse les transferts vers les
administrations de sécurité sociale. Le gouvernement le
reconnaît lui-même dans le rapport sur le débat
d'orientation budgétaire : ces transferts représentaient en
1999 10 % des dépenses de l'Etat et croissaient à un rythme
de 7 % en volume.
3. Le nécessaire respect des décisions des partenaires sociaux
Il
convient également de rappeler que l'agrégat des administrations
de sécurité sociale (ASSO) utilisé pour le débat
d'orientation budgétaire et la transmission à la Commission
européenne du programme pluriannuel de finances publiques ne recouvre
pas, loin s'en faut, le seul régime général, mais aussi
les régimes complémentaires d'assurance maladie et vieillesse, le
régime d'indemnisation du chômage et les régimes
spéciaux non inclus dans le régime général.
Or si une partie dépend en effet des décisions de l'Etat, une
large part lui échappe et reste aux mains des partenaires sociaux qui
sont engagés dans démarche très ambitieuse de
redéfinition des relations sociales dans la Nation.
Le retour à l'équilibre des finances sociales ne peut bien
sûr prendre en considération les résultats de ces travaux
mais il ne faudrait pas préjuger des décisions des partenaires
sociaux dont plusieurs pourront influencer les finances sociales.
B. UN TRIOMPHALISME DÉPLACÉ
1. Le poids de la dette présente et à venir
Il peut
sembler quelque peu déplacé de crier victoire alors que les
régimes sociaux sont confrontés à deux dettes, d'ampleur
différente mais qui pèsent sur les finances sociales, l'une
aujourd'hui et encore pour près de quinze ans, l'autre dans un avenir
qui se rapproche sans cesse.
La dette d'hier, c'est celle de la CADES. Elle supporte une double dette :
208 milliards de francs inscrits à son bilan et 84,7 milliards de francs
de dettes envers l'Etat soit encore 292,7 milliards de francs à
rembourser. A cet effet, les Français ont payé en 1999 plus de 28
milliards de francs au titre de la contribution au remboursement de la dette
sociale.
La dette à venir, ce sont les retraites. Sans reprendre des chiffres
trop connus, il convient de rappeler que les système français de
retraite est condamné à se réformer et que cette
réforme aura un coût qui viendra gravement altérer nos
finances publiques faute de maîtrise d'autres postes de dépenses
comme l'assurance maladie, et de baisse des prélèvements
obligatoires sociaux.
2. " L'arlésienne " de la maîtrise des dépenses d'assurance maladie
Dans le
rapport sur le débat d'orientation budgétaire, le gouvernement
indique que
" outre le surplus de recettes, l'amélioration des
comptes résulterait de manière importante de la modération
des dépenses de prestations, au premier rang desquelles les
dépenses de maladie. Ces dernières évolueraient pour 2000
en ligne avec l'objectif national des dépenses d'assurance maladie
fixé en loi de financement de la sécurité sociale (2,4 %
en valeur) et respecteraient en 2001 l'objectif défini de par le
programme pluriannuel de finances publiques (1,5 % en volume) ".
Les derniers résultats de la Commission des comptes de la
sécurité sociale viennent ébranler ces prévisions.
Ainsi, ils reconnaissent d'ores et déjà que la prévision
de l'ONDAM est erronée et que sa réévaluation semble
également optimiste. Les prévisions de
" dépenses
doivent être relevées pour tenir compte notamment de
l'accélération des dépenses d'assurance maladie
enregistrée au cours des derniers mois. Pour l'ensemble de
l'année, l'hypothèse retenue dans la prévision est que les
dépenses du régime général sur le champ de l'ONDAM
seraient supérieures de 3,5 milliards de francs à l'objectif
initial. Cette hypothèse suppose un ralentissement sensible des
dépenses dans la suite de l'année par rapport aux tendances les
plus récentes. (...) En termes de dépenses remboursées, la
superposition des phénomènes rend l'objectif de la loi de
financement 2000 difficile à tenir. (...) Au vu des tendances
récentes, même si elles sont difficiles à
interpréter, le risque principal est bien celui d'un dépassement
de l'hypothèse retenue dans ce compte
[c'est à dire
majorée de 3,5 milliards de francs pour l'ONDAM] pour les
dépenses d'assurance maladie. "
Par ailleurs, la Commission a
pris acte du dépassement prévu de 11,6 milliards de francs de
l'ONDAM en 1999, en hausse de 2,9 % par rapport à 1998.
En fin de compte, les dépenses maladie continuent à croître
plus vite que prévu par le programme pluriannuel, et elles ne
respecteraient les nouveaux objectifs, déjà trop
élevés, qu'au prix d'un renversement des tendances en oeuvre. On
ne voit cependant guère quel renversement pourrait s'opérer sans
réformes fortes et courageuses dont rien n'indique, faute de loi de
financement rectificative, qu'elles interviendront rapidement.
3. Les incertitudes financières des décisions gouvernementales
D'autres
éléments d'incertitude pèsent sur l'évolution des
finances sociales et leur capacité à respecter le programme
pluriannuel des finances publiques.
La première source d'incertitude reste le financement de la
réforme des cotisations sociales et du passage aux 35 heures. Le Conseil
constitutionnel a en effet annulé une des taxes mises en place pour
compléter le plan de financement, privant les administrations de
Sécurité sociale, par le biais du FOREC, de plus de 7 milliards
de francs de recettes qu'il conviendra bien de trouver. De ce point de vue
là aussi, l'absence de loi de financement rectificative paraît
difficilement explicable ainsi que l'a remarqué le Président de
la République lors de la promulgation de la loi du financement
censurée en janvier dernier.
Parallèlement, la bonne santé financière de l'assurance
chômage (UNEDIC), contribue très largement au solde positif des
finances sociales en dégageant un excédent prévisionnel de
plus de 6 milliards de francs en 2000 et de près de 10 milliards de
francs en 2001. Or les discussions en cours entre patronat et syndicats, mais
aussi entre partenaires sociaux et Etat, risquent de mettre à mal cet
excédent : que toutes ces discussions conduisent à une
baisse des taux de cotisations, à une hausse des dépenses ou
à des transferts de charges de l'Etat vers l'UNEDIC, le solde s'en
retrouvera altéré et la stratégie européenne du
gouvernement en matière de finances publiques aussi.
Par ailleurs, le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre une
réforme de la Prestation spécifique dépendance qui se
traduira nécessairement par de dépenses supplémentaires
dont on peut se demander si elles sont prises en compte dans le programme
pluriannuel.
Enfin, les relations entre l'Etat et la Caisse nationale des allocations
familiales manquent de clarté puisque le collectif budgétaire ne
fait pas figurer les 5,5 milliards de francs promis par l'Etat à la CNAF
pour financer la majoration de l'allocation de rentrée scolaire.
Il
ne faudrait pas que les bons résultats de la branche famille soient
utilisés par l'Etat pour revenir sur ses engagements et fragiliser
l'équilibre de la sécurité sociale.
Aussi les incertitudes ne manquent-elles pas sur les finances sociales et sur
le respect des engagements européens de la France en la
matière.
C. L'ATTENTE DE RÉFORMES COURAGEUSES
1. " L'hydre " des retraites
En matière de retraites, alors que les rapports et études se multiplient depuis vingt ans comme en témoigne le tableau ci-dessous, le gouvernement ne brille pas par sa précipitation.
Les retraites : vingt ans de rapports
Voici
les principaux rapports publiés depuis vingt ans sur le thème des
retraites :
• 1980 : rapport de Robert Lion ;
• 1983 : rapport de Jean-Pierre Sueur
• 1985 ; rapport de Maurice Ragot pour le Conseil économique
et social (CES) ;
• 1987 : rapport de Philippe Seguin ;
• 1988 : rapport d'Yvon Chotard ;
• 1989 : rapport de René Teulade pour le Xème
plan ;
• 1990 : rapport de Denis Kessler pour la Fédération
française des sociétés d'assurance ;
• 1991 : Livre blanc de Michel Rocard et Claude Evin ; rapports
de Bernard Chevalier pour le Plan et le CES ;
• 1992 : rapport Cottave ;
• 1992 : rapport de Bernard Brunhes ;
• 1994 : rapports de l'Inspection générale des
affaires sociales et de Jean-Pierre Thomas ;
• 1995 rapport du Plan ;
• 1996 : rapport de Charles de Courson ;
• 1997 : audit des finances publiques de MM. Bonnet et Nasse ;
• 1998 : rapports de Laurent Caussat, François Morin, Olivier
Davanne (Conseil d'analyse économique), de Jérôme Cahuzac,
de Jean-Baptiste de Foucauld ;
• 1999 : rapports de René Teulade, de la Fondation
Copernic, de Jean-Michel Charpin, de Dominique Taddéi ;
• 2000 : rapports de René Teulade et de Marisol Touraine...
Source :
Les Echos
du 15 avril 2000
Cependant, en dehors même de la légitime et forte
inquiétude qui commence à se faire jour chez les Français
sur l'avenir de leurs retraites, il devient urgent pour l'état de nos
finances publiques de tracer une voie pavée de décisions
précises, et non plus de travaux d'attente.
Or les annonces du gouvernement en février 2000 ont
consisté : à confirmer la création du Fonds de
réserve pour les retraites (FRR) dont on attend, plus d'un an
après sa création, de connaître avec précision le
mode de gestion ; à mettre en place un Conseil d'orientation sur
les retraites qui semble tenir de la bonne conscience eu égard à
l'urgence des problèmes ; à affirmer des principes sans y
adjoindre de décisions.
Celles-ci se font attendre : qu'il s'agisse des différences entre
les régimes privés et publics, de l'âge de départ en
retraite, des modes supplémentaires de constitution volontaire d'une
épargne retraite, sur aucun des points essentiels le gouvernement n'a
apporté de réponse, alors que chacun a une traduction
financière. Il ne faut pas se laisser abuser par l'équilibre de
la branche vieillesse du régime général qui n'est qu'un
répit.
2. Le système de santé aux abonnés absents
En
matière de santé également, les vraies réformes se
font attendre. Le gouvernement se contente de gérer la hausse constante
des dépenses, voire d'y contribuer, par exemple en accordant aux
hôpitaux publics 10 milliards de francs.
Or cette passivité face à la hausse des dépenses ne
constitue pas une politique. Les 10 milliards de francs de l'hôpital
public (dans l'attente d'une somme équivalente pour les cliniques) iront
dans leur très grande majorité à des dépenses de
personnel au lieu d'accompagner les efforts nécessaires et attendus pour
adapter les structures hospitalières aux enjeux sanitaires
d'aujourd'hui.
Cette remarque vaut encore plus pour les dépenses de santé. Il ne
faut pas se contenter d'un solde, d'ailleurs encore largement
déficitaire, mais réfléchir à l'utilisation de
l'argent public. Correspond-elle aux besoins de Français d'aujourd'hui
et prépare-t-elle bien l'avenir ? Si l'industrie pharmaceutique
sait prendre en compte les évolutions sanitaires, alors peut-être
que le rythme très élevé de progression de ses
dépenses n'est pas injustifié. A l'inverse, s'interroge-t-elle
assez sur le service rendu, la place des médicaments dits
génériques ? Il en va de même d'autres domaines comme
l'évolution de la démographie médicale, les bonnes
pratiques, les attentes en matière de soins dentaires et optiques, les
nouvelles maladies.
Préparer l'avenir ce n'est pas octroyer une rallonge aux dépenses
de personnel de l'hôpital public et constater les dépassements de
l'ONDAM. Les Français attendent autre chose. Nos finances publiques
aussi.
*
La
stratégie des finances publiques est la même pour l'Etat et les
finances sociales.
Elle part du double constat d'une progression sans précédent des
prélèvements obligatoires et d'un rythme trop élevé
de hausse des dépenses. Elle aboutit à la conclusion simple que
la meilleure manière d'équilibrer les soldes sans poursuivre dans
la voie de la hausse des prélèvements, réside dans la
maîtrise des dépenses et la lisibilité de l'action.
Force est de constater que sur aucun de ces points les finances sociales ne
peuvent donner satisfaction : prélèvements toujours
élevés, dépenses en hausse constante, absence de
réforme.
Le solde prend alors une importance relative dans la mesure où il ne
peut en aucun cas apparaître comme le fruit d'une politique saine et
volontaire mais comme la bonne nouvelle d'une croissance retrouvée et de
recettes à l'unisson.
Il n'y a certainement pas de politique du gouvernement en matière de
finances sociales. Elles semblent être en complète liberté
et évoluer au fil de l'eau.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie dans la matinée du mercredi 31 mai 2000,
sous
la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission
a procédé à l'
examen
du
rapport
de
M. Philippe Marini, rapporteur général,
sur
le
débat d'orientation budgétaire pour 2001.
Le président
Alain Lambert
a tout d'abord expliqué que
l'examen du rapport du rapporteur général pour le débat
d'orientation budgétaire serait l'occasion de mettre en perspective la
politique budgétaire du gouvernement de 1998 à 2003, et qu'il
servirait de discussion générale au projet de loi de finances
rectificative pour 2000 et au projet de loi de règlement 1998.
Puis, procédant à l'aide d'une vidéo-projection,
M.
Philippe Marini, rapporteur général,
a expliqué qu'il
existait un décalage significatif entre les bonnes intentions
exprimées par le Gouvernement dans le débat d'orientation
budgétaire, les réalisations du projet de loi de règlement
1998 et les mesures figurant au projet de loi de finances rectificative pour
2000. Il a rappelé le constat sévère de la Cour des
comptes sur la gestion de l'exercice 1998, et il a indiqué que le projet
de loi de finances rectificative prévoyait un déficit de
215 milliards de francs, supérieur au déficit
constaté fin 1999. Il a ajouté que 10 milliards de francs de
crédits nouveaux étaient ouverts pour 2000, alors que le
Gouvernement aurait pu procéder à des redéploiements.
Concernant l'évolution des finances publiques sur la période
1998-2003, il a rappelé que les prélèvements obligatoires
n'avaient cessé d'augmenter, pour atteindre 45,7 % du PIB en 1999,
que les dépenses publiques ne diminuaient pas et que le déficit
était insuffisamment réduit. Or, la croissance est favorable
puisqu'elle a atteint 3,1 % en volume en 1998, 2,9 % en 1999, et
qu'elle devrait atteindre 3,6 % en 2000 et 3 % en 2001. Il a
énuméré les facteurs explicatifs de cette croissance,
à savoir un contexte international porteur, tiré par le dynamisme
économique des Etats-Unis, l'assainissement budgétaire acquis en
1997, le desserrement de la politique monétaire et la dévaluation
de fait de l'euro, enfin la poursuite de la désinflation. Cependant, des
aléas existent, qui pourraient affecter notre économie : un
affaiblissement de la croissance aux Etats-Unis, une hausse des taux
d'intérêt en Europe pour lutter contre une résurgence de
l'inflation, un ralentissement de la demande intérieure, ou encore les
effets de mesures structurelles comme la mise en place de la réduction
du temps de travail à 35 heures, ou l'absence de mise en oeuvre
d'une réforme des retraites.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ensuite
détaillé le volet " recettes " du collectif
budgétaire pour 2000. Il a expliqué que le surcroît de
recettes fiscales, soit 51,7 milliards de francs, serait affecté
pour 80 % à la diminution des impôts, pour 20 % à
des dépenses supplémentaires et pour une part
infinitésimale à la réduction du déficit
budgétaire. Les recettes fiscales sont réévaluées
de 35,7 milliards de francs dont 24,7 milliards de francs
correspondant au " rebasage " consécutif à la hausse
des recettes 1999, et 11 milliards de francs s'expliquant par le
surcroît de croissance attendu. Enfin, il faut ajouter
15,4 milliards de francs de recettes non fiscales qui n'ont pas
été perçues en 1999 et seront rattachées à
l'exercice 2000.
M. Philippe Marini, rapporteur général,
a ensuite
rappelé que malgré les mesures proposées dans le collectif
budgétaire pour 2000, le rendement des principaux impôts,
particulièrement de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur
les sociétés, aura considérablement augmenté sur la
période 1997-2000 conduisant à une hausse historique des
prélèvements obligatoires. Il a rappelé les
préconisations de la commission des finances en matière de
recettes : baisser les prélèvements obligatoires de
2,9 points de PIB d'ici 2003 pour rejoindre le taux de
prélèvements de l'Allemagne ; équilibrer les comptes
publics ; diminuer l'impôt sur le revenu et les cotisations
sociales. Il a indiqué que ces préconisations étaient
validées par les études réalisées à la
demande du président de la commission par l'Observatoire français
des conjonctures économiques (OFCE), et le Centre d'observation
économique (COE).
S'agissant des dépenses,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a rappelé les écarts entre les
promesses du Gouvernement et ses réalisations. La part des
dépenses publiques dans le produit intérieur brut a en effet
progressé de 3,7 % en 1998 et 2,8 % en 1999 selon la Cour des
comptes, alors que le Gouvernement prévoyait une stabilisation pour 1998
et une hausse de 1 % en 1999. Par ailleurs, les dépenses de la
France sont supérieures à celles de nos principaux partenaires
européens, en pourcentage du PIB, et cet écart s'est accru depuis
1997.
Il a ensuite rappelé les préconisations de la commission en
matière de dépenses, à savoir une transparence des
documents budgétaires, le financement des dépenses prioritaires
par redéploiement, et l'affectation des 10 milliards de francs de
recettes correspondantes à la réduction du déficit, afin
de le ramener à 205,4 milliards de francs, soit un niveau
légèrement inférieur à celui de 1999. A ce titre,
il a rappelé que l'Etat serait la seule collectivité publique en
déficit en 2000, les organismes divers d'organisation centrale, les
collectivités locales et les organismes de sécurité
sociale devant être en excédent.
S'agissant du déficit,
M. Philippe Marini, rapporteur
général,
a expliqué que les efforts de la France
étaient insuffisants depuis 1997, puisque le déficit structurel
se réduisait notablement moins rapidement que chez nos partenaires
européens. Concernant les finances locales, il a rappelé que
l'augmentation des concours de l'Etat résultait pour un quart seulement
de l'accroissement des dotations, et pour les trois quarts restants de la
compensation des allégements d'impôts locaux. S'agissant des
finances sociales, il a regretté que l'accroissement des recettes soit
s'accompagne d'une hausse des dépenses, les régimes sociaux
étant ainsi vulnérables à tout retournement de la
conjoncture.
Pour conclure, il a rappelé les préoccupations de la commission
des finances quant à l'amélioration de la transparence
budgétaire et la réforme du cadre trop rigide et obsolète
de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959. Il a enfin invité le
Gouvernement à engager de véritables réformes de structure
concernant le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie, la gestion des effectifs de fonction publique et les
régimes de retraites.
M. Jacques Oudin, rapporteur
pour avis
des projets de loi de
financement de la sécurité sociale,
a indiqué que les
finances sociales se présentaient sous une apparence favorable
grâce au retour à l'équilibre comptable de la
sécurité sociale en 1999, à la perspective d'un
excédent en 2000, aux bonnes rentrées de la contribution pour le
remboursement de la dette sociale (CRDS) et aux discussions menées entre
partenaires sociaux sur la " refondation sociale ". Il a toutefois
insisté sur le fait qu'il était nécessaire de
dépasser cette simple apparence et d'analyser dans l'évolution
actuelle des finances sociales la manière dont les résultats
d'aujourd'hui préparaient l'avenir. Il a estimé qu'il convenait
de mener cette réflexion à l'aune de trois critères :
le niveau global des prélèvements affectés à la
sécurité sociale, le rythme d'évolution des
dépenses, et les réformes en cours pour adapter le système
social aux défis qui se présenteront à lui.
Or,
M. Jacques Oudin
a constaté que sur aucun de ces points, le
bilan n'était satisfaisant. Il a d'abord noté la constante
progression des dépenses et des recettes. Après le déficit
de 16,5 milliards de francs en 1998, le régime
général de sécurité sociale reviendrait tout juste
à l'équilibre en 2000, alors que la prévision de septembre
1999 tablait sur un déficit de 4 milliards de francs. Ce retour
à l'équilibre explique en partie le solde
légèrement positif du compte des administrations de
sécurité sociale qui dégagerait un excédent de
0,4 % en 2000. Il a noté que chacune des branches présentait
des résultats différents. La branche maladie reste largement
déficitaire, à hauteur de plus de 9 milliards de francs. En
1999, l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (ONDAM) a
été dépassé de 11,6 milliards de francs. Pour
2000, ce dépassement s'élève déjà à
3,5 milliards de francs, la commission des comptes de la
sécurité sociale reconnaissant " difficile à
tenir " l'objectif voté par le Parlement. La branche accidents du
travail dégagera un excédent de 1 milliard de francs, dont
la récurrence permet de s'interroger sur le niveau de cotisations
acquittées par les entreprises. Quant à la branche retraite, elle
devrait bénéficier d'un excédent de 700 millions de
francs en 2000 après un versement de 5 milliards de francs au fonds
de réserve pour les retraites, la commission des comptes soulignant que
cette situation favorable s'explique par la seule arrivée de
générations creuses à l'âge de la retraite. La
branche famille, enfin, bénéficie d'un solde positif de
4,8 milliards de francs en 1999, qu'elle devrait conserver en 2000
après un déficit de 2 milliards de francs en 1998.
M. Jacques Oudin
a indiqué que les prélèvements
sociaux obligatoires s'élevaient à 20,9 % du PIB, en hausse
de 4,8 % entre 1998 et 1999. Ce dynamisme devrait se poursuivre en 2000
puisque l'Etat a transféré plus de 60 milliards de francs
d'impôts et taxes pour le financement des 35 heures.
Afin de mieux apprécier ces résultats,
M. Jacques Oudin
a
fait trois remarques. Il a d'abord souligné la fragilité de
l'équilibre de la sécurité sociale. En effet, cet
équilibre résulte de toute évidence de la parfaite tenue
des recettes dans un contexte de forte croissance économique et de
nouveaux prélèvements obligatoires. Ainsi, les surplus servent
automatiquement à financer les dérapages de dépenses. En
1999, les 9 milliards de francs de surplus de la croissance ont ainsi
servi aux dépenses supplémentaires de l'assurance maladie,
à hauteur de 5 milliards de francs. Cette fragilité
réside également dans le dynamisme de la sphère des
finances sociales, soit plus de 4 % de hausse des recettes et des
dépenses chaque année depuis 1997. Par ailleurs, l'Etat
transfère sans cesse à des fonds particuliers des missions
précises avec des ressources correspondantes, le plus souvent
budgétaires, comme ce fut le cas pour les 35 heures.
M. Jacques Oudin
a ensuite nuancé le triomphalisme du
Gouvernement en matière sociale. Il a notamment rappelé que la
caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES) devait encore rembourser
300 milliards de francs. Il a ajouté que se profilait à
l'horizon une dette bien plus importante encore, celle des régimes de
retraite. Il a enfin insisté sur l'absence de maîtrise des
dépenses d'assurance maladie. Le rapport que le Gouvernement a
déposé en vue du débat d'orientation budgétaire
fonde le respect des objectifs en matière de finances sociales sur des
hypothèses minimales d'évolution des dépenses d'assurance
maladie. Moins de quatre semaines plus tard, la commission des comptes de la
sécurité sociale a mis à mal cette prévision en
reconnaissant que les dépenses maladie augmenteraient plus vite que le
rythme actuel qui dépasse déjà les prévisions du
programme pluriannuel de finances publiques.
M. Jacques Oudin, rapporteur pour avis des projets de loi de financement de
la sécurité sociale,
a mis en évidence certaines
perspectives difficiles. Il a d'abord rappelé que le Gouvernement
n'avait pas financé une partie des mesures qu'il avait
décidées : il manque ainsi 7 milliards de francs pour
assurer le financement des 35 heures ; l'Etat a une dette de
5,5 milliards de francs à l'égard de la branche famille,
l'inscription de ces crédits n'apparaissant nulle part ; l'Etat
compte sur les 10 milliards de francs d'excédents de l'UNEDIC pour
respecter les engagements qu'il a pris dans le programme pluriannuel, tout en
envisageant d'augmenter les charges de l'assurance-chômage en raison de
la bonne santé financière de celle-ci. En matière
d'assurance maladie, il a considéré que le Gouvernement avait
décidé pour seule réforme une dépense
supplémentaire de 10 milliards de francs pour le personnel des
hôpitaux publics, sans engager la moindre restructuration ni
résorption des inégalités régionales. En outre, les
cliniques se retrouvent dans une situation très délicate
puisqu'elles ne peuvent recruter de personnel ni supporter les charges
liées aux 35 heures, qui ne s'appliquent pas à
l'hôpital public, et doivent parfois fermer leurs portes alors même
qu'elles sont souvent moins chères et plus efficaces que les
hôpitaux. Enfin, il a estimé que l'absence de décisions en
matière de retraites était extrêmement préoccupante.
Malgré la publication de 30 rapports en vingt ans et les annonces
solennelles du Premier ministre, en mars dernier, aucune décision n'a
été prise, à l'exception de l'installation d'un conseil
d'orientation des retraites chargé de réfléchir sur une
matière dans laquelle les réflexions manquent bien moins que les
actions.
M. Jacques Oudin
a conclu que le retour à l'équilibre
était purement comptable et qu'il ne reposait sur aucune politique
volontariste et courageuse. Il a considéré que les
négociations engagées par les partenaires sociaux dans le cadre
de la " refondation sociale " constituaient un travail urgent et
essentiel pour l'avenir du système de protection sociale.
Un large débat s'est ensuite engagé.
M. Philippe Adnot
a indiqué que l'augmentation des
prélèvements obligatoires concernait particulièrement le
secteur de l'environnement puisque le produit de la taxe générale
sur le activités polluantes a été doublé dans la
loi de finances pour 2000, tandis que l'énergie devrait faire l'objet
d'une taxation supplémentaire l'an prochain, pour un gain de
9 milliards de francs. Il a estimé qu'il ne fallait plus utiliser
le mot " cagnotte " mais parler plutôt de " recettes
cachées ", leur montant devant d'ailleurs probablement être
plus important qu'annoncé. Il a noté que l'encours de la dette
continuait de croître puisque chaque déficit représente un
nouvel emprunt. Il a insisté sur la nécessité de
présenter le taux d'autofinancement de l'Etat, constatant que,
actuellement, les investissements étaient inférieurs aux emprunts
contractés. En matière de fiscalité locale, il a
noté l'augmentation des concours de l'Etat qui représentent
autant de recettes, mais aussi l'absence de compensation intégrale de la
baisse d'impôts locaux décidée par le Gouvernement. En
matière sociale, enfin, il a souhaité obtenir
l'échéancier de remboursement de la dette de la CADES.
M. Marc Massion
a considéré que le rapporteur
général avait essentiellement axé son propos sur
d'éventuelles craintes à venir en minorant la nette
amélioration de la situation économique, celle de l'emploi en
particulier. Il a souligné l'attitude paradoxale de la majorité
sénatoriale en matière de dépenses, le rapporteur
général réclamant une diminution de leur niveau tandis que
la plupart des rapporteurs spéciaux souhaiteraient voir les
crédits dont ils ont la charge augmenter.
M. Roland du Luart
a lui aussi estimé qu'il ne fallait plus
parler de " cagnotte " mais de recettes supplémentaires. Il
s'est interrogé sur la nécessité, pour le Sénat,
d'afficher un déficit budgétaire pour 2000 inférieur
à 200 milliards de francs, soit le niveau annoncé par le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie pour la fin de
l'année. Enfin, il s'est élevé contre la forte
augmentation du prix des carburants qui résulterait, selon lui, de
l'effet mécanique des taxes.
M. Paul Loridant
a jugé que la présentation faite par le
rapporteur général manquait d'objectivité, la dynamique
économique actuelle n'étant pas prise en considération. Il
a ajouté qu'il y aurait vraisemblablement davantage de recettes que
prévu, ce surplus, comme l'a annoncé le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, devant alors être
affecté à la baisse du déficit budgétaire. Il s'est
enfin élevé contre les affirmations de M. Jacques Oudin selon
lesquelles le secteur hospitalier ne connaissait aucune restructuration,
estimant, quant à lui, que les hôpitaux, au sein des conseils
d'administration dans lesquels il siège, faisaient l'objet d'importantes
réformes.
M. Maurice Blin
a fait part de ses inquiétudes sur
l'évolution des crédits militaires au sein du collectif pour
2000. Il a expliqué que la préférence accordée par
le Gouvernement aux dépenses de fonctionnement par rapport à
celles d'investissement portaient atteinte à l'emploi de haut niveau. Il
a souligné que les opérations extérieures se multipliaient
alors que les crédits qui leur sont alloués sont
sous-évalués. La situation est identique pour le financement des
missions de service public confiées à l'armée telles que
le plan ORSEC mis en place à la suite de la tempête de
décembre 1999, pour 20 millions de francs, ou le plan POLMAR
décidé suite au naufrage de l'Erika, pour 130 millions de
francs. Il a également insisté sur la sous-évaluation du
prix du baril de pétrole dans la détermination des crédits
destinés à l'achat de carburants, à tel point que
l'armée de l'air devrait cesser tout vol après le 1
er
octobre. Il a souligné le coût croissant de l'entretien des
matériels vieillissants alors que les crédits destinés
à ce poste diminuent dans le collectif. Il a expliqué que la
commande globale de 27 hélicoptères NH 90 se
traduisait par l'ouverture de 6,7 milliards de francs dans le collectif,
le coût de cette opération étant estimé à
l'origine à 8 milliards de francs. En outre, les crédits du
titre V diminuent de 2,4 milliards de francs par rapport à la
loi de finances initiale pour 2000, en particulier en ce qui concerne
l'équipement relatif à la sécurité nationale. Il a
ainsi dénoncé la contradiction dans laquelle se trouvent les
armées, c'est-à-dire la nécessité de consentir des
sacrifices afin de financer des équipements nouveaux. Il a enfin
observé, pour le regretter, que seul le budget militaire voyait ses
crédits diminuer dans le projet de collectif pour 2000.
M. Alain Lambert, président
, après avoir observé
qu'il était difficile d'astreindre la commission des finances à
une exigence de vérité à laquelle le ministre
lui-même ne serait pas tenu, a souhaité connaître
l'équivalent en francs courants de la différence de niveau de
dépenses publiques dans la richesse nationale entre la France et la
moyenne des pays de l'Union européenne, qui atteint 4 points de PIB.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, a rappelé
que le projet de loi de finances rectificative pour 2000 prévoyait une
réévaluation des recettes de près de 52 milliards de
francs et retenait un objectif de solde de 215 milliards de francs. Il a
également indiqué que, en présentant ce projet de loi
à l'Assemblée nationale, le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie avait annoncé un déficit d'environ
200 milliards de francs pour la fin de l'année. En relevant cette
contradiction, il a souligné qu'il était tenu à la
prudence et qu'il ne pouvait prévoir le montant de recettes non encore
perçues. Le seul moyen qui, dans le cadre de l'ordonnance organique de
1959, reste à la disposition de la commission est celui d'un
redéploiement des dépenses permettant de gager les ouvertures de
crédits de 10 milliards de francs décidées par le
Gouvernement, ce qui lui permet de ramener le solde à 205 milliards
de francs. Il a précisé que si de nouveaux surplus de recettes
apparaissaient en fin d'année, le Gouvernement pourrait alors indiquer
comment il entend les utiliser, ajoutant que la commission dépendait des
informations communiquées par le pouvoir exécutif.
Il a indiqué que le niveau élevé des dépenses
publiques en France se traduisait par un montant supérieur de
352 milliards de francs à ce qu'il serait si la France se situait
dans la moyenne européenne. Il a rappelé que, lors de l'examen du
projet de loi de finances initiale pour 2000, il avait dénoncé le
financement par emprunt de 50 milliards de francs de crédits de
fonctionnement, et a estimé que l'emprunt devrait financer uniquement
les investissements. A cet égard, il a rappelé qu'en Allemagne la
règle interdisant de financer les dépenses de fonctionnement par
le recours à l'emprunt avait valeur constitutionnelle. Il a
considéré que l'expression " cagnotte " n'était
certes pas fondée en droit, cette terminologie étant
approximative et empruntée au vocabulaire journalistique, mais qu'elle
était désormais utilisée fréquemment et qu'elle
avait pour avantage d'être comprise par tous.
M. Jacques Oudin
a estimé que la véritable rigueur
budgétaire consisterait à affecter les surplus de recettes
à la réduction du déficit budgétaire et au
désendettement.
M. Bernard Angels
a jugé que, en fin d'année, le
Gouvernement procéderait soit à une nouvelle
réévaluation de recettes, soit à une réduction des
dépenses, l'objectif étant d'atteindre en fin d'exercice un solde
budgétaire inférieur à 200 milliards de francs.
M. Philippe Marini, rapporteur général
, a
considéré que le problème de la transparence du
système d'information publique serait traité dans le cadre de la
mission pour laquelle la commission avait demandé les
prérogatives des commissions d'enquête. Quant au collectif, il
doit se limiter à mesurer des éléments certains et il ne
serait pas raisonnable de prendre en compte des recettes non encore
perçues. Il a souscrit aux propos tenus sur le niveau trop
élevé des taxes pesant sur les carburants, mais a rappelé
que leur réduction par voie d'amendement se traduirait par une
diminution des recettes du budget de l'Etat. Enfin, il a déploré
la " situation scandaleuse " à laquelle sont confrontés
les budgets militaires, et s'est dit " choqué " des
manipulations budgétaires auxquelles s'est livré le Gouvernement
dans le cadre de l'achat de 27 hélicoptères NH 90,
cette décision étant présentée comme nouvelle alors
qu'il ne s'agit que d'une simple confirmation de commande antérieure et
que les crédits d'équipement ne cessent de diminuer.
A N N E X E S
ANNEXE N° 1 :
SYNTHÈSE DES ÉTUDES
RÉALISÉES A LA DEMANDE DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES
FINANCES
ÉTUDES RÉALISÉES À LA DEMANDE DU
PRÉSIDENT DE
LA COMMISSION DES FINANCES
SYNTHÈSE
Les
simulations budgétaires et fiscales, réalisées à la
demande de M. le Président de la Commission des Finances dans
la perspective du débat d'orientation budgétaire pour 2001 sont
présentées ci-après. Elles portent sur les trois points
suivants :
1. Une réestimation du compte des administrations publiques pour
2000
.
2. Une évaluation de l'impact des mesures de réduction
d'impôts contenues dans le collectif budgétaire
(diminution de
l'impôt sur le revenu, de la taxe d'habitation et de la TVA).
3. Une simulation d'une diminution des prélèvements
obligatoires de 2,9 points de PIB à l'horizon 2003
, assortie
d'un retour à l'équilibre des comptes publics à cette date.
Ces travaux menés en liaison avec le Service des Études du
Sénat ont été réalisés par deux organismes
d'analyse économique :
- l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)
pour ce qui concerne les points 1 et 2 ;
- le Centre d'Observation économique (COE) de la Chambre de Commerce et
d'Industrie de Paris pour le point 3.
Les résultats ont été obtenus à l'aide de
modèles macroéconomiques :
e-mod.fr
pour l'OFCE et
OEF
(
Oxford Economic Forecasting
) pour le COE.
En introduction, il faut rappeler que les modèles
macroéconomiques ne sont pas des outils parfaitement adaptés pour
conduire une analyse fine des finances publiques.
Concernant l'impact d'un supplément de croissance sur les recettes
fiscales, ils ne permettent notamment pas de faire un diagnostic
précis
impôt par impôt, du fait du manque
d'
informations
sur les bases fiscales. Les résultats sont ainsi
obtenus à partir d'approximations des bases fiscales par des
agrégats
macroéconomiques
.
Par ailleurs, le cadre d'analyse des modèles macroéconomiques est
celui de la
comptabilité nationale
et diffère sensiblement
de celui de la
comptabilité publique
qui définit les
règles de présentation des documents budgétaires.
Sur le fond, les modèles macroéconomiques sont construits sur des
fondements néo-keynésiens, dans lesquels les effets de
demande
, et donc de la demande publique, sur l'activité sont
prédominants
, au moins à
court terme
. Il faut
néanmoins souligner que le modèle OEF, qui a servi à
réaliser des estimations sur une politique à moyen terme
volontariste de réduction des dépenses publiques et des
prélèvements obligatoires compatible avec un retour à
l'équilibre des comptes publics, est, parmi les modèles
disponibles, celui qui privilégie le plus les effets d'
offre
et
les comportements que l'on peut approximativement qualifier de
" néo-ricardiens " (c'est-à-dire des comportements dans
lesquels les agents privés peuvent réagir de manière moins
négative à une réduction des dépenses publiques ou
du déficit que dans le cadre d'analyse keynésien habituel).
Malgré ces réserves et ces limites, il faut rappeler l'apport des
modèles macroéconomiques à une réflexion sur les
finances publiques :
- ils sont un outil indispensable pour évaluer l'incidence de la
croissance
sur les
recettes
, ce qui est précisément
l'objet du débat actuel sur la " cagnotte fiscale " ;
- ils offrent un
cadre
comptable
cohérent
qui permet de
répondre en dynamique (c'est-à-dire en tenant compte des
relations complexes entre croissance et finances publiques
48(
*
)
) à diverses questions de politique
économique : quel est le montant de la réduction des
dépenses publiques nécessaire pour parvenir à un objectif
de réduction des prélèvements obligatoires donné et
à un équilibre des comptes publics ? Quel peut en être
l'impact sur la croissance et l'emploi ? (cf. point 3)... ;
- enfin, les simulations fiscales réalisées à l'aide des
modèles macroéconomiques délivrent quelques messages sur
les modalités de
réduction des prélèvements
obligatoires
qui peuvent paraître les plus
favorables
à
la croissance.
1. Une réestimation du compte des administrations publiques pour
2000
Cinq conclusions principales se dégagent de l'étude menée
par l'OFCE sur ce point (cf.
annexe n° 2
) :
1.1.
Si la croissance s'élève en 2000 à 3,6 %,
qui est l'hypothèse désormais retenue par le Gouvernement, le
supplément
de
recettes fiscales
pour l'
Etat
en 2000
par rapport aux estimations de la loi de finances initiale (LFI) pour 2000,
s'établirait selon l'OFCE à
35 milliards de francs
environ, soit un résultat qui se décomposerait en :
-
24,7 milliards de francs
d'" effet de base ", qui
correspond à la différence entre les recettes constatées
en 1999 et les recettes prévues pour 2000 au moment de la LFI 2000 ;
-
10 milliards
de francs
d'excédents de recettes
fiscales par rapport à la LFI 2000, imputables à une
hypothèse de croissance plus forte de 0,8 point.
(On peut toutefois observer que le calcul de l'OFCE ne prend pas en compte les
reports
de recettes fiscales de 1999 sur 2000 qui, selon la Cour des
Comptes, représentent 9 milliards de francs environ).
1.2.
Le report sur 2000 de
recettes non fiscales
initialement
prévues pour 1999, pour un montant de
15 milliards de
francs
, porterait le supplément de
recettes totales
(" cagnotte ") pour 2000 par rapport à la LFI 2000 à
50 milliards de francs
, soit une évaluation identique
à celle du Gouvernement.
(L'OFCE a retenu une évaluation des recettes non fiscales
reportées de 1999 sur 2000 très proche de celle du Gouvernement.
Il faut noter que la Cour des Comptes en estime le montant à
18 milliards de francs, même si elle considère ce chiffre
comme "
un ordre de grandeur plutôt qu'une mesure
précise
").
1.3.
Une croissance plus forte à une incidence non seulement sur
les recettes de l'Etat mais aussi sur celles des
autres administrations
publiques
(Sécurité sociale et collectivités locales
notamment).
Ainsi, avec une croissance de 3,6 %, les recettes de la
Sécurité sociale seraient plus fortes que prévu de
14 milliards de francs, celles des collectivités locales de
8 milliards de francs.
La " cagnotte " au sens le plus large (c'est-à-dire pour
l'ensemble des administrations publiques) serait ainsi de
72 milliards
de francs en 2000
: 50 milliards pour l'Etat
+ 14 milliards pour la Sécurité sociale
+ 8 milliards pour les collectivités locales.
(
Rappel
: la prise en compte de reports éventuels de
recettes fiscales de 1999 sur 2000 ou une évaluation plus forte des
reports de recettes non fiscales (cf. supra) se traduirait évidemment
par une estimation supérieure du montant total de la cagnotte).
50 milliards de francs étant " consommés " dans
les mesures annoncées par le Premier ministre, la réduction du
déficit public en 2000 par rapport à l'objectif affiché
par le Gouvernement (1,8 % du PIB) serait ainsi de 22 milliards de
francs, soit 0,3 % du PIB, portant le déficit global des
administrations publiques en 2000 à 1,5 % du PIB.
1.4.
L'hypothèse de croissance de 3,6 % en 2000 est plus
basse que les prévisions d'autres organismes : l'OFCE affiche ainsi
une prévision de croissance de 4,2 % en 2000.
Sous cette hypothèse de croissance de 4,2 %, la cagnotte
s'établirait à
92 milliards de francs
(contre
72 milliards sous l'hypothèse de croissance à 3,6 %),
se décomposant en :
- 56 milliards de recettes supplémentaires pour l'Etat ;
- 25 milliards pour la Sécurité sociale ;
- 11 milliards pour les collectivités locales.
Sans mesures nouvelles, cette croissance plus forte permettrait une
réduction supplémentaire du déficit public de 0,25 %
du PIB.
1.5.
Selon l'OFCE, les mesures de " redistribution " de la
cagnotte annoncées par le Premier ministre auraient un impact positif
sur l'activité, donc sur les rentrées fiscales, et
s'autofinanceraient en partie
49(
*
)
.
Dans ces conditions, le supplément de recettes pour l'ensemble des
administrations publiques par rapport à la LFI 2000,
après les
mesures annoncées dans le collectif budgétaire
,
s'élèverait à
32 milliards de francs
(pour une
croissance de 3,6 %) :
- 4 milliards pour l'Etat ;
- 19 milliards pour la Sécurité sociale ;
- 9 milliards pour les collectivités locales.
2. Evaluation de l'impact des mesures nouvelles de baisse des
impôts
Les mesures nouvelles de baisse des impôts annoncées par le
Premier ministre comportent un allégement de la taxe d'habitation
(11 milliards de francs), de l'impôt sur le revenu
(11 milliards de francs) et une baisse du taux normal de la TVA (soit une
perte de recettes de 18 milliards en 2000 et de 31 milliards en
année pleine).
L'OFCE a cherché à évaluer l'impact macroéconomique
de ces mesures
50(
*
)
.
Les résultats les plus significatifs de cette simulation sont
résumés ci-après, suivis de quelques commentaires.
2.1.
Les effets les plus marquants des
mesures fiscales
annoncées, tels que les traduit le modèle de l'OFCE, sont les
suivants :
- l'augmentation du revenu disponible des ménages et du taux de marge
des entreprises se traduit par une légère
accélération de la croissance
en 2000
(+ 0,1 point de croissance) et 2001 (+ 0,2 point de
croissance) ;
- une baisse de 1 point du taux de la TVA entraîne un
ralentissement de l'inflation
de 0,2 point en 2000 et 2001 ;
- l'allégement fiscal (40 milliards) en 2000 représente
0,4 % du PIB et 0,7 % (53 milliards) en 2001, mais le
déficit public n'est augmenté que de 0,4 % du PIB en 2001
(35 milliards), du fait de l'effet de relance des mesures (celles-ci
s'autofinancent en partie).
2.2. Commentaires
2.2.1.
Les résultats obtenus par l'OFCE
rejoignent
d'autres évaluations réalisées hors-modèle (par
REXECODE ou la CDC par exemple).
2.2.2.
Une orientation délibérément expansionniste
de la politique budgétaire se justifie-t-elle en période de
croissance soutenue ? Une politique budgétaire
contra-cyclique
(qui correspond à une réduction plus
marquée du déficit public que celle résultant de l'effet
spontané de la croissance) répondrait au souci de constituer des
" réserves " pour les périodes de ralentissement
conjoncturel. Elle serait propice également à une détente
à moyen terme de la politique monétaire (initiant une
"
policy-mix
" à l'américaine, tel que le
souhaitait M. Strauss-Kahn), favorisant ainsi la prolongation du cycle de
croissance dans lequel l'économie française s'est engagée.
2.2.3.
Les mesures fiscales envisagées ne concernent que les
ménages et sont favorables au soutien de la
demande
. Pourtant, le
contexte actuel est déjà celui d'une bonne tenue de la demande
intérieure, alors que des doutes subsistent sur l'aptitude de
l'économie française à accroître ses
capacités de production et, en conséquence, à soutenir une
croissance soutenue sans saturation de l'
offre
et sans
risque
inflationniste
. Des mesures de soutien de l'offre, favorables à
l'investissement des entreprises, n'auraient-elles pas été plus
opportunes ?
2.2.4.
L'Union européenne se caractérise par des
différences sur les fiscalités du travail, de l'épargne et
des entreprises, qui constituent des ressources délocalisables. C'est
sur ce type d'impôts qu'une réforme est nécessaire, de
façon à améliorer la
compétitivité
fiscale
(cf. les baisses d'impôts décidées en
Allemagne). Ni cette contrainte, ni celle de l'
harmonisation
des
fiscalités en Europe ne sont prises en compte dans le programme
d'allégements d'impôts annoncé.
2.2.5.
Une période de croissance est favorable à la mise
en oeuvre d'une réforme d'ensemble de la fiscalité, dans la
mesure où tous les agents, grâce au surplus de recettes, peuvent y
être " gagnants ". Des mesures ponctuelles comme celles qui
viennent d'être annoncées ne prennent pas en compte cette
opportunité.
3. Une simulation d'une diminution des prélèvements
obligatoires de 2,9 points de PIB à l'horizon 2003, assortie d'un
retour à l'équilibre des comptes publics à cette date.
3.1. Présentation des hypothèses de la simulation
3.1.1.
Le COE a élaboré, à l'aide du modèle
OEF
51(
*
)
, un scénario de politique
économique comportant un double objectif :
- une
réduction
de 2,9 points en quatre ans des
prélèvements obligatoires (P.O.)
, ramenant le taux de P.O.
à 42,8 % en 2003
52(
*
)
. Cette baisse
est conçue de manière linéaire et progressive (soit
0,7 point par an environ) ;
- un retour à l'
équilibre
des comptes publics à
l'horizon 2003.
3.1.2.
Le scénario est fondé sur une hypothèse de
croissance de 3,6 % en 2000 (soit la prévision du Gouvernement) et
de 2,7 % par an sur la période 2001-2003, soit un
rythme
intermédiaire
entre les deux hypothèses alternatives
(2,5 % et 3 %) du
programme pluriannuel
de finances publiques
transmis par le Gouvernement aux autorités communautaires en janvier
dernier.
3.1.3.
A ce stade, on peut souligner que le scénario
demandé par la Commission des Finances s'écarte donc sensiblement
de celui du programme pluriannuel des finances publiques sur deux points :
- la réduction des P.O. visée à l'horizon 2003 dans le
scénario demandé par la Commission des Finances est de
2,9 points
contre
1,35 point
dans le programme
pluriannuel des finances publiques (pour une hypothèse de croissance de
2,7 % par an entre 2001 et 2003) ;
- ce scénario vise également un retour à
l'équilibre des comptes publics à l'horizon 2003 alors que le
programme du Gouvernement affiche un déficit public, à cette
date, équivalent à 0,4 % du PIB (toujours pour une
croissance de 2,7 % par an entre 2001 et 2003).
Le scénario élaboré par le COE à la demande de la
Commission des Finances est donc nettement plus
volontariste
en termes
de réduction durable des P.O. et de rigueur budgétaire que le
programme pluriannuel.
3.1.4
Compte tenu de l'importance de la réduction des P.O.
simulée et des masses concernées (une baisse de 0,7 point de
PIB des PO représente une masse de 65 milliards de francs courants,
soit, par exemple, près de 2 points de TVA ou 20 % de
l'impôt sur le revenu), le COE a
combiné
trois
modalités de baisse des P.O. :
- une baisse de 1 point de la
TVA
accompagnée d'une baisse
de l'
impôt sur le revenu
de 8 % environ ;
- une baisse de l'
impôt sur le revenu
de 8 % associée
à une baisse des
cotisations sociales employeurs
de l'ordre de
40 milliards de francs ;
- une baisse de 1,5 point de la TVA combinée à une
réduction de l'impôt sur les bénéfices de 5 %.
3.2. Principaux résultats
L'ensemble des simulations réalisées par le COE sont
présentées dans l'annexe n° 3. Les résultats qui
paraissent les plus significatifs sont présentés ci-après.
3.2.1. Les modalités de réduction des P.O. les plus favorables
à la croissance et l'emploi
Dans un souci d'illustration, l'exercice réalisé par le C.O.E. a,
dans un premier temps, simulé l'impact des trois modalités de
réduction des P.O. sans économie sur les dépenses
publiques, autrement dit sans contrainte
a priori
sur le déficit
global des administrations publiques. Cette simulation permet
d'apprécier l'effet " pur " sur la croissance des
réductions de P.O. à hauteur de 2,9 points de PIB en
4 ans.
Comme le montre le
tableau n° 1
ci-après, l'impact
favorable
sur la croissance de la combinaison baisse de l'impôt sur
le revenu (- 8 %) et baisse des cotisations sociales employeurs
(40 milliards de francs) est nettement supérieur à celui des
deux autres combinaisons.
Le scénario " réduction de l'impôt sur le revenu +
baisses des cotisations sociales employeurs " se traduit par une
augmentation du PIB de 0,3 point la première année et de
3 points la quatrième année (soit
0,75 point
de
croissance supplémentaire chaque année contre
0,4 point
dans les deux autres scénarios de réduction
des P.O.).
De plus, dans ce scénario, le taux de chômage est plus bas de
2,4 points au bout de 4 ans (contre - 0,5 point dans les deux
autres scénarios).
Réduction du taux de prélèvements
obligatoires de 2,8 points en 4 ans
(objectif : 42,4 %
du PIB en 2003
)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur le revenu |
Baisses* de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales employeurs |
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur les sociétés |
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
0,2 |
1,6 |
0,3 |
3,0 |
0,2 |
1,3 |
Consommation |
0,3 |
3,3 |
0,4 |
2,5 |
0,1 |
2,2 |
Investissement privé |
0,5 |
2,7 |
0,7 |
4,4 |
0,4 |
2,4 |
Prix à la consommation |
- 0,5 |
- 2,7 |
- 0,4 |
- 8,6 |
- 0,7 |
- 4,3 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,5 |
- 0,3 |
- 2,4 |
0 |
- 0,5 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 2,3 |
- 0,6 |
- 2 |
- 0,6 |
- 2,5 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF.
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
respective des différents impôts dans le total.
Dans un
second temps, le COE a simulé une réduction équivalente
des P.O., " gagée " par une baisse des dépenses
publiques, c'est-à-dire
sans dégradation
du solde public.
On retrouve dans le
tableau n° 2
ci-dessous l'impact plus favorable
de la combinaison " réduction de l'impôt sur le revenu +
baisse des cotisations sociales employeurs " par rapport aux deux autres
combinaisons.
Dans ce scénario en effet, le PIB se contracte légèrement
en début de période mais
augmente
sensiblement au bout de
4 ans (+ 1,7 point contre une stabilité ou une
légère baisse dans les deux autres modalités
étudiées).
Surtout, le taux de
chômage
se réduit de
2,2 points
au bout de 4 ans (alors qu'il ne baisse que de
0,1 point dans les autres scénarios).
Baisse
des prélèvements obligatoires (- 2,8 points
IN
FINE
)
financée par une baisse des dépenses publiques sans
détérioration du solde public
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
- 0,3 |
0 |
- 0,2 |
1,7 |
- 0,4 |
- 0,4 |
Consommation |
0,3 |
2,6 |
0,3 |
1,8 |
0,1 |
1,5 |
Investissement privé |
- 0,6 |
0,2 |
- 0,4 |
2,4 |
- 0,8 |
- 0,3 |
Prix à la consommation |
- 0,6 |
- 3,9 |
- 0,5 |
- 9,7 |
- 0,8 |
- 5,7 |
Taux de chômage (1) |
0,1 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 2,2 |
0,1 |
- 0,1 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
(1) Ecarts
en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF.
Trois
conclusions peuvent être tirées des résultats réunis
dans le tableau ci-dessus :
- Une réduction des P.O. devient
extrêmement favorable
en
termes de croissance et d'emploi dès lors qu'on y intègre une
baisse des cotisations sociales employeurs
. Celle-ci a en effet un
impact direct sur l'emploi et le chômage (grâce à la
diminution du coût du travail), un impact désinflationniste qui
permet d'améliorer la
compétitivité
et un effet
accélérateur sur l'
investissement
des entreprises.
Dans une période de reprise de la croissance, où
l'économie française est confrontée à un haut
niveau de chômage structurel (lié au coût des travailleurs
non qualifiés), à des risques de tensions salariales et
inflationnistes et à une interrogation sur la capacité de l'offre
productive à répondre à l'amélioration de la
demande,
l'intérêt d'un scénario de réduction des
P.O. intégrant une baisse des cotisations sociales employeurs n'en est
que renforcé
.
- Il apparaît possible, selon le modèle, de conduire une baisse
des P.O. financée par une baisse des dépenses publiques et sans
détérioration du solde public,
tout en favorisant la
croissance et l'emploi
.
- Ces résultats sont renforcés si l'on nuance, en
parallèle, les effets négatifs qui ressortent des simulations
d'une baisse des dépenses publiques. Il existe, en effet,
plus
d'arguments en faveur
de l'atténuation de ces effets négatifs
(tels qu'ils sont mis en évidence par le modèle) que des
critiques à l'encontre
de l'impact positif sur l'activité
d'une baisse des P.O.
3.2.2. L'impact d'une réduction des P.O. de 2,9 points et d'une
résorption du déficit public à l'horizon 2003.
Dans un troisième temps, le COE a simulé le scénario
global commandé par la Commission des Finances qui se caractérise
par une baisse des P.O. de 2,9 points et une résorption du
déficit public à l'horizon 2003.
Le modèle OEF montre clairement (cf.
tableau n° 3
ci-dessous) qu'un scénario de réduction des P.O. et de
résorption du déficit public a certes un impact restrictif sur
l'activité à
court terme
, mais
neutre
à
l'horizon 2003, pour autant que la réduction des P.O. porte
à
la fois sur l'impôt sur le revenu et les cotisations sociales employeurs
(dans les deux autres modalités de réduction des P.O.,
l'impact est nettement restrictif à l'horizon 2003). En outre, le
scénario se traduirait par une baisse du taux de chômage (-
1,8 point).
Autrement dit, un message essentiel de la simulation est qu'il est possible
d'assurer une politique budgétaire rigoureuse et une réduction
des P.O. sans
pénaliser
la croissance à
moyen
terme
. Si la croissance actuelle se prolongeait, cette combinaison de
politique économique serait particulièrement adaptée
puisqu'elle permettrait un redressement volontariste des comptes publics
(politique
contracyclique
), qu'elle stimulerait la dynamique de l'offre
et qu'elle serait désinflationniste, créant ainsi les conditions
d'une politique monétaire accommodante (scénario de
policy
mix
" à l'américaine ").
Baisse
des prélèvements obligatoires (- 2,8 points
IN
FINE
)
une baisse des dépenses publiques et résorption du
déficit public
(2,4 points de PIB en 4 ans)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1ère année |
4ème année |
1ère année |
4ème année |
PIB |
- 0,8 |
- 1,7 |
- 0,7 |
0 |
- 0,9 |
2,1 |
Consommation |
0,2 |
1,9 |
1,2 |
1,1 |
0 |
0,8 |
Investissement privé |
- 1,7 |
- 2,2 |
- 1,5 |
- 0,4 |
- 0,3 |
- 3,1 |
Prix à la consommation |
- 0,7 |
- 5,3 |
- 0,6 |
- 10,1 |
- 0,9 |
- 7,1 |
Taux de chômage (1) |
0,2 |
- 0,3 |
- 0,1 |
- 1,8 |
0,2 |
0,3 |
Solde public (2) |
+ 0,6 |
+ 2,4 |
+ 0,6 |
+ 2,8 |
+ 0,6 |
+ 2,4 |
(1)
Ecarts en points.
(2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF.
3.2.3. Réduction des P.O. de 2,9 points de PIB et résorption
du déficit public : quel impact sur l'évolution des
dépenses publiques ?
Comme cela a été souligné en introduction, un
modèle macroéconomique offre un cadre comptable global
cohérent : l'évolution des finances publiques y est
compatible avec celle de la croissance d'une part ; les évolutions
des dépenses publiques, de prélèvements obligatoires et de
solde public y sont cohérentes entre elles, d'autre part.
Les simulations réalisées par le COE permettent ainsi de montrer
la réduction
nécessaire
pour conduire conjointement une
politique de réduction des P.O. et de résorption du
déficit.
Le résultat peut être donné en prenant comme indicateur
soit le ratio dépenses publiques / PIB, soit l'évolution en
volume des dépenses publiques.
Seuls les résultats du
scénario II
de réduction des
P.O. (réduction de l'impôt sur le revenu et baisse des cotisations
sociales employeurs) sont présentés ci-après, dans la
mesure où ils paraissent les plus intéressants.
Selon le modèle OEF, pour une croissance de 2,7 % par an de 2001
à 2003 (et de 3,6 % en 2000), une
réduction
des
dépenses de l'ensemble des administrations publiques de 3,8 % en
quatre ans (2000-2003), soit une baisse d'un peu moins de
1 % par an en
volume
(0,95 % précisément), permettrait à la
fois de réduire les P.O. au niveau souhaité et de résorber
le déficit public.
La diminution des dépenses publiques ainsi compatible avec la baisse des
P.O. et la résorption du déficit se traduirait
in fine
par
une réduction de
5 points
du ratio dépenses publiques
/ PIB.
Ces résultats peuvent être comparés au programme
pluriannuel de finances publiques présenté par le
Gouvernement :
- celui-ci retient comme hypothèse une augmentation de 1,3 % par an
en volume des dépenses des administrations publiques sur la
période 2001-2003 se décomposant en :
+ 0,3 % par an pour les dépenses de l'Etat,
+ 2 % par an pour les dépenses des administrations publiques locales,
+ 1,6 % par an pour le pouvoir d'achat des prestations-vieillesse,
+ 1,5 % pour le pouvoir d'achat des prestations-maladie.
Pour ce qui concerne les dépenses de l'Etat, il faut préciser que
le taux d'augmentation de 0,3 % par an en volume est exprimé au
sens de la
comptabilité publique
. Exprimée au sens de la
Comptabilité nationale
, l'augmentation en volume est de
1,8 % par an en moyenne (cf. Note bleue de Bercy n° 180, 1 au 15
avril 2000) ;
- le scénario du programme pluriannuel de finances publiques affiche une
réduction de la part des dépenses publiques de 3,1 points
(pour une croissance de 2,7 % par an).
Il va de soi que le scénario demandé par la Commission des Finances qui aboutit à une résorption du déficit public, se traduirait par une baisse du ratio dette publique/ PIB. Il paraît toutefois difficile d'en évaluer le montant à partir du modèle OEF pour des raisons techniques 53( * ) .
ANNEXE N° 2 :
UNE RÉESTIMATION DES COMPTES DES
ADMINISTRATIONS PUBLIQUES POUR 2000
UNE
RÉESTIMATION DES COMPTES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES POUR 2000
(Etude réalisée par l'OFCE)
1. L'effet de base : le surplus de recettes fiscales en 1999
TABLEAU 1 : Recettes fiscales nettes en 1999
(en milliards de FF)
LFI 1999 (1) |
1534.9 |
Révisé1999* (2) |
1540.9 |
Exécution 1999 (3) |
1565.6 |
Cagnotte 1999 (3 - 1) |
30.7 |
Effet de base (3 - 2) |
24.7 |
* Recettes fiscales nettes de 1999 telles qu'elle sont évaluées en
loi de finances initiale pour 2000.
L' " effet de base " correspond à la
différence entre les recettes fiscales réalisées en 1999
et les recettes fiscales qui étaient prévues pour 1999 au moment
de la loi de finances initiales pour 2000. Pour l'Etat, on dispose des
données précises : l'effet de base est connu. Il vaut un peu
moins de 25 milliards.
Pour les autres administrations, on ne dispose pas de données
précises agrégées concernant les hypothèses
gouvernementales au moment où est présentée la loi de
finances. Le rapport Migaud de l'Assemblée Nationale évalue les
prélèvements obligatoires en points de PIB. Compte tenu de
l'approximation, l'erreur de prévision des prélèvements de
1999 ne peut être établie qu'avec une marge d'erreur de 4
milliards de FF. Les recettes induites par l'effet de base
grosso modo
nulles pour les Administrations de Sécurité sociale (ASS, -2
milliards) et pour les Administrations publiques locales (APUL, + 4
milliards).
TABLEAU 2 : Estimation de l'effet de base pour les ASS et les APUL
|
Prévision 1999 en LFI 2000 |
Réalisation 1999 |
Effet de base (en MdFs) |
PIB |
8816 |
8833 |
|
Prélèvements obligatoires |
En points de PIB |
En points de PIB |
En milliards de FF |
Administrations de Sécurité sociale |
20.9 |
20.83 |
-2 |
Administrations publiques locales |
5.5 |
5.54 |
4 |
2. L'impact de la croissance sur les ressources des administrations publiques
TABLEAU 3 : Influence de la croissance sur les recettes des administrations
(en milliards de FF)
Ecart de croissance (en points de pib) |
1 |
0.8 |
1.4 |
Etat |
12 |
10 |
16 |
Administrations de Sécurité sociale |
20 |
16 |
27 |
Administrations publiques locales |
5 |
4 |
7 |
Administrations publiques |
37 |
30 |
51 |
La
croissance en 2000 sera plus forte que celle prévue au moment de la LFI
pour 2000. Si la croissance s'établit à 3,6 % en volume, soit 0,8
point de plus que prévu l'excédent de recettes pourrait atteindre
environ 10 milliards pour l'Etat
54(
*
)
. Une
partie des recettes de l'Etat ne dépend pas du niveau d'activité
de l'année en cours, ce qui limite l'impact de la croissance sur les
rentrées fiscales. C'est particulièrement le cas en ce qui
concerne les rentrées d'impôt sur les sociétés et
d'impôt sur le revenu qui sont proportionnelles aux bases imposables de
l'année antérieure. Précisons que les recettes
d'impôt sur les sociétés sont particulièrement
difficile à anticiper compte tenu des nombreux mécanismes de
gestions fiscales (amortissements, provisions, reports déficitaires...).
Les administrations de Sécurité sociale vont également
fortement bénéficier du regain de croissance : les surplus
de recettes pourrait atteindre 16 milliards du fait, essentiellement, du
dynamisme des cotisations sociales et de la CSG salaires, qui sont directement
proportionnels à l'activité économique et à
l'emploi.
L'OFCE prévoit pour 2000 une croissance de 4,2 % du PIB. Si tel est le
cas, les marges seront plus importantes : 16 milliards pour l'Etat au lieu
de 10 et 51 milliards pour l'ensemble des administrations.
Le niveau d'inflation a également une influence sur les recettes et les
dépenses. L'effet est difficile à évaluer avec
précision et il est faible
55(
*
)
. Pour
2000, le gouvernement n'a pas modifié son hypothèse d'inflation
(augmentation des prix à la consommation de 1,3 %). Seule la
révision en volume de la croissance aura donc un effet sur les marges
budgétaires.
3. La cagnotte 2000
La réduction des prestations versées par l'Unedic est assez
négligeable. Elle est de l'ordre de 700 millions de francs pour une
croissance passant de 2,8 % à 3,6 % soit 0,01 points de PIB. On
considère que les autres dépenses sont exogènes.
TABLEAU 4 : Evaluation de la cagnotte pour une croissance de 3,6 %
|
effet de base |
effet croissance |
Recettes non fiscales |
Total |
|
|
en MdFs |
en MdFs |
en MdFs |
en MdFs |
en pts de PIB |
Etat |
25 |
10 |
15 |
50 |
0.5 |
Administrations de Sécurité sociale |
-2 |
16 |
|
14 |
0.2 |
Administrations publiques locales |
4 |
4 |
|
8 |
0.1 |
Total administrations publiques |
27 |
30 |
15 |
72 |
0.8 |
TABLEAU 5 : Evaluation de la cagnotte pour une croissance de 4,2 %
|
Effet de base |
Effet croissance |
Recettes non fiscales |
Total |
|
|
en MdFs |
en MdFs |
en MdFs |
en MdFs |
en pts de PIB |
Etat |
25 |
16 |
15 |
56 |
0.6 |
Administrations de Sécurité sociale |
-2 |
27 |
|
25 |
0.3 |
Administrations publiques locales |
4 |
7 |
|
11 |
0.1 |
Total administrations publiques |
27 |
51 |
15 |
92 |
1.0 |
La
" cagnotte " annoncée par le gouvernement en ce qui concerne
l'Etat apparaît donc
grosso modo
réaliste compte tenu de
l'hypothèse de croissance.
4. Impact de la politique économique
TABLEAU 6 : Déficit des administrations publiques (en points de PIB)
Hypothèse de croissance |
3.6 |
4.2 |
LFI 2000 |
1.8 |
1.8 |
Cagnotte 2000 |
0.8 |
1.1 |
Déficit " spontané " |
1.0 |
0.7 |
Utilisation de la cagnotte de l'Etat |
-0.5 |
-0.5 |
Autofinancement |
0.1 |
0.1 |
Déficit prévisible |
1.4 |
1.1 |
Si les
surplus fiscaux avaient été entièrement affectés
à la réduction du déficit des administrations publiques,
le déficit des administrations publiques aurait été
ramené à 1 % du PIB avec une croissance de 3,6 % et à 0,7
point de pib si la croissance atteingnait 4,2 % du pib.
Le gouvernement a décidé d'affecter la cagnotte anticipée
de l'Etat (51 milliards) à la réduction des
prélèvements obligatoires (41 milliards) et à
l'augmentation des dépenses (11 milliards). Cela représente 0,5
point de PIB. Pourtant le solde des administrations publiques ne se
détériorera pas d'autant car ces mesures devraient avoir un effet
positif sur l'activité qui stimulerait les rentrées fiscales et
sociales. On estime que le solde des administrations publiques ne se
détériorera que de 0,4 % du PIB, ce qui signifierait que
les
mesures s'autofinanceraient à hauteur de 20 % environ.
Finalement,
le déficit des administrations atteindrait 1,4 points de PIB si ce
dernier augmente de 3,6 % et de 1.1 % du PIB si la croissance atteint
4,2 %.
Compte tenu de l'auto financement partiel de la mesure de relance, la cagnotte
après les mesures annoncées dans le collectif budgétaire
devrait être supérieure à 30 milliards si la
croissance s'élève à 3,6 % et pourrait être
supérieure à 50 milliards si la croissance est conforme
à celle prévue par l'OFCE (cf. tableau 7).
TABLEAU 7 : Cagnotte fiscale par administration (en milliards de FF)
Taux de croissance du PIB |
3.6 |
4.2 |
Etat |
4 |
10 |
Administrations de Sécurité sociale |
19 |
30 |
Administrations publiques locales |
9 |
12 |
Administrations publiques |
32 |
52 |
ANNEXE N° 3 :
SIMULATIONS D'UN RETOUR À
L'ÉQUILIBRE EN 2003
9 mai 2000
LA BAISSE DES DEPENSES PUBLIQUES POUR ASSURER UNE REDUCTION DURABLE DES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES
Des évaluations macro-économiques
Marie-Claire MARCHESI
A. STÉPHANE ROUDET
SOMMAIRE
LA
BAISSE DES DEPENSES PUBLIQUES POUR ASSURER UNE REDUCTION DURABLE DES
PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES 161
I.
La baisse des prélèvements obligatoires : quels
leviers faut-il privilégier ?
164
(a) A. Des effets variables sur la croissance et le solde public en fonction du type de prélèvements 164
Tableau 1
Effets comparés d'une baisse des prélèvements obligatoires
opérée à travers différents types de
fiscalité
(b) B Réduire le taux de prélèvements obligatoires de 3 points à l'horizon de 2003 167
Tableau 2
Réduction du taux de prélèvements obligatoires de 2,8
points en 4 ans
Tableau 2 A
Réductions de la TVA et de l'impôt sur le revenu
Tableau 2 B
Réductions de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales
à la charge des employeurs
Tableau 2 C
Réductions de la TVA et de l'impôt sur les sociétés
Tableau 3
Réduction du taux de prélèvements obligatoires de 1,3
point en 4 ans
II. La baisse des dépenses publiques : un instrument
indispensable pour réduire les prélèvements obligatoires
sans compromettre l'assainissement budgétaire
175
(c) A. La baisse isolée des dépenses publiques réduit le revenu national 175
TABLEAU 4
Effets comparés d'une baisse des dépenses publiques opérée à travers différents types de dépenses de l'Etat
(a) B. Des scénarios globaux de baisse des dépenses publiques accompagnant une réduction durable des prélèvements obligatoires 178
TABLEAU 5
Scénarios globaux
Baisse des prélèvements obligatoires (- 2,8 points in fine)
financée par une baisse des dépenses publiques sans
détérioration du solde public
TABLEAU 5 A
Scénario global I
Baisses de l'impôt sur le revenu et de la TVA financées par une
baisse des dépenses publiques (sans détérioration du solde
public)
TABLEAU 5 B
Scénario II
Baisses de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales employeurs
financées par une baisse des dépenses publiques sans
détérioration du solde public)
TABLEAU 5 C
Scénario III
Baisses de la TVA et de l'impôt sur les bénéfices des
sociétés financées par une baisse des dépenses
publiques sans détérioration du solde public
1. III. La résorption complète du déficit public à l'horizon de 2003 184
Tableau 6
Réduction du déficit public de 2,4 points en 4 ans
ANNEXES 187
I. ANNEXE 1
II. BAISSE DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES (1 % DE PIB) PAR TYPES
DE FISCALITÉ
Annexe 2
Réduction du taux de prélèvements obligatoires de 1,3
point en 4 ans
Annexe 3
Baisse des dépenses publiques (1 % de PIB maintenu sur 4 ans) par types
de dépenses
Annexe 4
Le modèle multinational OEF
NB : Les numéros de page correspondent à celles du
présent rapport.
LA BAISSE DES DEPENSES PUBLIQUES POUR ASSURER UNE
REDUCTION DURABLE DES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES
Des évaluations macro-économiques
Le
programme pluriannuel de finances publiques (2001-2003) présenté
par le Gouvernement français à la Commission européenne en
janvier 2000 propose une réduction notable du taux de
prélèvements obligatoires à l'horizon de la fin de
l'année 2003. Cette décision, qui marque une rupture dans la
tendance qui s'était imposée à l'alourdissement de la
pression fiscale en France, a pris effet dès le début de
l'année 2000 avec la baisse de la TVA et celle de l'impôt sur le
revenu. Si l'on conduit une comparaison au niveau international, on constate,
en effet, que le taux de prélèvements obligatoires en France se
situe au-dessus de la moyenne de l'Union Européenne.
Cette situation correspondant à un niveau, lui aussi plus
élevé, de la dépense publique pourrait être
justifiée par l'existence d'un service public à la
rentabilité au-dessus de la moyenne et pour lequel les agents
privés auraient révélé leur consentement à
payer ? La relation n'est pas clairement avérée ce qui
encourage les critiques à l'égard du déséquilibre
présumé entre secteur public et privé, qui
s'accompagnerait d'un phénomène d'éviction au
détriment de la sphère marchande. Si l'on s'en tient à une
vision comptable et si l'on admet qu'une baisse des prélèvements
obligatoires est souhaitable et bénéfique, alors il
apparaît justifié de lui associer un ralentissement des
dépenses publiques. Cela est d'autant plus évident qu'en
parallèle, et bien que des perspectives de croissance potentielle plus
élevée permettent d'envisager des marges de manoeuvre plus
importantes, la réduction du déficit public demeure une
priorité à moyen terme. L'arbitrage, sur le plan
macro-économique, se situe, alors, entre les gains procurés par
une baisse de la pression fiscale et ceux supposés provenir des
dépenses publiques.
Cette étude propose d'explorer des scénarios dans lesquels une
action vigoureuse serait menée sur les prélèvements
obligatoires dans le sens d'une réduction plus massive que celle
envisagée par le Gouvernement ce qui, par ailleurs, constituerait en soi
un levier supplémentaire de soutien à la croissance tendancielle
et par conséquent, de résorption du déficit. Après
avoir montré les bénéfices d'une telle évolution,
les scénarios proposent l'évaluation de son coût en
matière budgétaire, une fois enregistrés les effets
positifs dus au développement de la demande intérieure et du
commerce extérieur. L'étape suivante consiste alors à
mesurer l'effort nécessaire en termes de dépenses qui rende
soutenable le scénario cumulant à la fois la baisse des
prélèvements obligatoires et la poursuite de l'assainissement
budgétaire.
Pour répondre à la demande spécifique de la Commission des
Finances du Sénat, nous élaborons dans un premier temps un
scénario macroéconomique dans lequel le taux de
prélèvements obligatoires serait réduit de près de
3 points en quatre années. Si l'on se réfère au taux
prévalant en début de période, soit 45,3 %, celui de
l'année 1999, cette réduction conduirait au taux de 42,4 % du PIB
en 2003, préconisé par le Sénat. La baisse est
envisagée de façon progressive et linéaire sur la
période.
Les enseignements d'un tel exercice, essentiellement relatifs aux
répercussions macroéconomiques d'une baisse de la pression
fiscale, mettent en évidence les bénéfices de celle-ci
pour la croissance et l'emploi. Ils soulignent également la
résorption partielle du coût budgétaire implicite à
une telle action. Plusieurs options de mise en oeuvre de cette baisse sont
envisagées car le choix des prélèvements affectés
n'est pas sans incidence sur le résultat macroéconomique
d'ensemble. Ainsi, nous proposons l'articulation entre des réductions
opérées sur différents types d'imposition :
q une baisse de la TVA accompagnée d'une baisse de l'impôt sur le
revenu
q une baisse de l'impôt sur le revenu associée à un
allègement des cotisations sociales à la charge des employeurs
q une baisse de la TVA conjuguée à une réduction de
l'impôt sur les bénéfices des sociétés.
Dans un premier temps, aucune contrainte n'est imposée sur le solde
budgétaire afin d'observer les gains spontanés résultant
d'un rythme de croissance accru. Afin de situer la proposition du Sénat
relativement à celle du Gouvernement, nous effectuons un scénario
portant précisément sur les conséquences d'un accentuation
du mouvement de baisse des prélèvements obligatoires
jusqu'à 42,4 % du PIB plutôt que 43,7 %, cible retenue
dans la programmation des Finances Publiques pour 2003 (dans le cas le plus
favorable d'une croissance tendancielle de 3 % par an). L'écart est
donc de 1,3 point. Les mêmes options que précédemment
sont traitées dans ce cas.
Dans une seconde partie, cette étude propose l'analyse des
conséquences macro-économiques d'une baisse des dépenses
publiques en envisageant différentes modalités d'économies
(dépenses de fonctionnement, transferts aux agents privés,
combinaison des deux) mais en se limitant aux dépenses de l'Etat alors
que le programme triennal des finances publiques vise toutes les
administrations publiques.
Enfin, la partie finale propose un scénario global dans lequel la baisse
du taux de prélèvements obligatoires préconisée par
le Sénat (soit une baisse de 2,9 points sur 4 ans) est financée
intégralement par des économies budgétaires. Cette
hypothèse suppose par conséquent que le solde public ne soit pas
dégradé une fois le bouclage macro-économique
réalisé.
Enfin, indépendamment, nous fournissons une évaluation des
conséquences macro-économiques d'une baisse des dépenses
qui permettrait une amélioration du solde public de 2,4 points de
PIB
56(
*
)
. Cette estimation permet de
répondre aux interrogations qui portent sur l'effort
supplémentaire spécifique qu'il faudrait envisager si l'ambition
était de réduire simultanément le taux de
prélèvements obligatoires et le déficit public
jusqu'à sa complète disparition.
Afin d'aider à l'analyse des conséquences macroéconomiques
des diverses décisions préconisées, nous proposons en
référence des estimations portant sur les effets d'un même
choc (1 % du PIB nominal) imposé aux différentes composantes des
recettes et des dépenses des administrations publiques (dans le cas des
dépenses, seules celles de l'Etat sont prises en considération).
Ces différentes évaluations sont réalisées avec un
modèle macroéconomique multinational (OEF), que nous faisons
fonctionner dans son ensemble. Bien que les hypothèses soient
concentrées sur l'économie française, ce choix se justifie
par l'intérêt d'obtenir les répercussions en termes de
compétitivité et de croissance découlant des mesures de
politique économique prises isolement (choc asymétrique). De
plus, il permet de fournir des éléments sur l'orientation de la
politique monétaire d'accompagnement, cette dernière étant
définie à partir de critères européens (inflation
et écarts à la croissance potentielle dans la zone euro).
La fiscalité dans le modèle occupe une place que l'on peut
a
priori
qualifier de marginale car reposant pour l'essentiel sur des
critères comptables. Elle est, en effet, active dans
l'établissement des comptes d'agents mais il n'existe pas de
sensibilité propre des comportements aux variables fiscales hormis dans
le cas de l'impôt sur les sociétés dont, paradoxalement,
les variations ne provoquent pas d'impacts macro-économiques sensibles.
En revanche, l'endettement public à travers son influence sur la
formation des taux d'intérêt nominaux de long terme
57(
*
)
et son intervention, bien qu'indirecte, dans la
richesse financière des ménages, est déterminant pour
certains comportements et enchaînements.
Afin de mieux cerner le rôle joué par les différents types
de prélèvements, il est intéressant de les répartir
en trois catégories, en fonction de l'influence qu'ils peuvent
opérer sur le bouclage macro-économique dans le
modèle :
1) le premier type englobe les impôts agissant directement sur la
formation des revenus des agents sans qu'ils aient pour autant
systématiquement une influence propre sur les composantes de la demande.
Parmi ceux-ci, on peut, en fonction de ce critère, distinguer
l'impôt sur le revenu des ménages de l'impôt sur les
bénéfices des sociétés. L'impôt sur le
revenu dont les variations se traduisent par des évolutions de revenu
disponible brut n'est pas affecté d'une propension à consommer
spécifique (une baisse de l'impôt sur le revenu est strictement
équivalente à une hausse de salaires de la même amplitude).
Suivant la même logique, les cotisations sociales à la charge des
salariés peuvent être assimilées dans le modèle
à l'impôt sur le revenu. L'impôt sur le
bénéfice des sociétés, quant à lui,
participe à l'évaluation de la profitabilité du capital
qui, elle-même, détermine le niveau d'investissement mais
seulement à moyen terme ce qui explique la sensibilité
relativement faible du modèle à toute modification de la
fiscalité pesant sur les entreprises.
2) dans la seconde catégorie, on trouve les impôts indirects,
essentiellement la TVA, importante par sa masse mais aussi par le rôle
qu'elle est amenée à jouer sur la formation des prix et des
salaires et, par répercussion, sur l'ensemble des grandes composantes
macro-économiques (ne se limitant pas exclusivement à la
consommation).
4) enfin, une troisième catégorie se rapporte aux cotisations
sociales à la charge des employeurs, qui outre leur importance dans le
partage de la valeur ajoutée, occupent dans le modèle une place
déterminante. En effet, en faisant varier le coût du travail (et
son coût relatif lorsque l'on raisonne au niveau international), les
évolutions de charges sociales influencent la formation des prix et par
conséquent, l'ensemble de la sphère nominale ce qui se traduit
par des modifications de pouvoir d'achat et des gains de
compétitivité-prix. De plus, le modèle retient
l'hypothèse d'un impact direct du coût du travail sur
l'emploi
58(
*
)
. Dès lors, tout changement
allant dans le sens d'un allègement de charges sociales provoque une
amélioration de l'emploi ayant à la fois cette origine directe et
une seconde, indirecte, à travers les conséquences du processus
désinflationniste qu'occasionne la baisse du coût du travail et
les surplus de croissance qui en résultent.
La distinction des dépenses publiques par catégories en fonction
de leurs rôles respectifs dans la dynamique macroéconomique est
plus simple, d'autant plus que l'on se limite aux dépenses de l'Etat en
laissant de côté, en particulier, les administrations de
sécurité sociale. Parmi les dépenses de l'Etat, on
distingue principalement la consommation publique, les transferts aux agents
privés et les intérêts versés au titre de la dette.
Ces derniers sont, bien entendu, sensibles aux modifications du contexte
macro-économique qui produisent des conditions monétaires et
financières différentes et font aussi varier le niveau
d'endettement de l'Etat. Leur évolution sera donc davantage une
résultante du scénario global en particulier lorsque la politique
monétaire est endogène (ce qui est le cas avec le modèle
OEF). La fonction de réaction de la Banque centrale peut
néanmoins être neutralisée afin d'imposer une conduite de
politique monétaire différente.
La consommation publique intègre les dépenses de fonctionnement,
lesquelles sont principalement visées dans un programme
d'économies budgétaires. Elle est une composante sensible puisque
sa variation modifie directement le PIB. Ainsi, toute action restrictive sur la
dépense publique se traduit à court terme par une croissance
économique diminuée (effet " keynésien "
traditionnel). A moyen terme, en revanche, la dynamique des prix
intégrant la rétroaction de certains effets d'offre (coût
du travail, profitabilité, tensions sur la production, etc.) et la
politique monétaire répondant aux tensions nominales et
réelles, peuvent atténuer ces effets " purs " de
demande. Néanmoins, les chocs imposés dans le cadre de cette
étude sont circonscrits à l'économie française ce
qui réduit la portée de l'effet stabilisateur de la politique
monétaire (définie au niveau européen).
Dans le cas des transferts aux agents, le choc opéré sur les
dépenses publiques n'est que partiellement transmis à la
sphère productive et donc au PIB. Lors d'une intervention sur le revenu
des agents, l'impact final sur l'activité dépend, en effet, de la
propension à consommer (et par complémentarité de la
propension à épargner) le revenu affecté.
I.
La baisse des prélèvements obligatoires : quels
leviers faut-il privilégier ?
A.
Des effets variables sur la croissance et le solde public en fonction du
type de prélèvements.
La baisse des prélèvements obligatoires, quelle que soit son
origine, a des effets bénéfiques sur la croissance car elle
améliore les revenus des acteurs économiques et, donc, le revenu
national. En contrepartie, la situation financière de l'Etat peut
être détériorée dans des proportions qui
dépendront précisément des conséquences positives
occasionnées par la baisse de la pression fiscale. En retour,
l'alourdissement de l'endettement public altère ces répercussions
positives en provoquant des tensions sur les conditions de financement de
l'économie.
Lorsque l'on cherche à évaluer les conséquences d'une
baisse des prélèvements obligatoires, il est indispensable de
raisonner par types de fiscalité car, en dehors du poids variable
occupé par chaque impôt au sein des recettes fiscales, leurs
rôles sur le plan macro-économique ne sont pas assimilables.
Le
tableau 1
propose l'évaluation des réponses
macro-économiques à des chocs fiscaux de nature différente
mais d'ampleur comparable en termes de PIB (1 % de PIB nominal). Les tableaux
1.A, 1.B, 1.C, 1.D présentent les simulations individuellement en annexe
1.
Il ressort clairement de cette comparaison que la baisse des cotisations
sociales employeurs apparaît comme le levier le plus
bénéfique à moyen terme, à la fois pour
l'activité et pour l'emploi. De plus, et par voie de conséquence,
la détérioration du solde public à supporter en fin de
période n'est que partielle par rapport à l'effort engagé
(-0,4 % PIB). Les effets désinflationnistes massifs, si on les compare
aux résultats se référant aux autres types d'impôts,
se traduisent en effet par des gains de compétitivité-prix qui
stimulent le commerce extérieur et par des suppléments de
consommation. Ces derniers sont également encouragés par un
marché du travail en nette amélioration. L'emploi est en effet
sensible à la baisse du coût du travail initié par
l'allègement des charges sociales et réagit dans un
deuxième temps au rythme de croissance accru. Le comportement plus
dynamique des entreprises ne se limite pas à l'emploi. Le stock de
capital est alimenté par des flux d'investissement en progression.
A court terme, l'avantage présenté par la baisse des charges
sociales est moins évident. La baisse de l'impôt sur le revenu qui
assure une consommation plus soutenue ou celle de la TVA qui se traduit par des
effets désinflationnistes tout aussi notables conduisent en effet
à un surplus de croissance identique bien que reposant sur des
dynamiques différentes (entre elles et par rapport à celle
alimentée par la baisse des cotisations sociales). Les ressorts de ces
dynamiques sont précisément à l'origine des
résultats plus médiocres obtenus sur la croissance à moyen
terme. Le scénario de baisse de l'impôt sur les
sociétés suscite peu de commentaires car les effets mis en
évidence par le modèle OEF sont tous de faible amplitude.
L'impact sur l'investissement est le plus substantiel, en relation avec la
mesure de politique économique mise en oeuvre, mais il reste faible par
rapport aux autres scénarios dans lesquels la croissance est davantage
soutenue.
EFFETS COMPARÉS D'UNE BAISSE DES PRÉLÈVEMENTS
OBLIGATOIRES OPÉRÉE À TRAVERS DIFFÉRENTS TYPES DE
FISCALITÉ
(CHOC
ÉQUIVALENT À 1 % DE PIB
EX ANTE
MAINTENU SUR 4 ANS)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisse de la TVA |
Baisse de l'impôt sur le revenu |
Baisse de l'impôt sur les sociétés |
Baisse des cotisations sociales employeurs |
||||
|
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
PIB |
0,3 |
0,8 |
0,4 |
0,7 |
0 |
0,1 |
0,4 |
1,8 |
Consommation
|
0,2
|
1,7
|
0,7
|
1,8
|
0
|
0,1
|
0,3
|
0,6
|
Prix
à la consommation
|
- 1,3
|
- 2,2
|
0
|
0,6
|
0
|
0
|
- 0,8
|
- 7,8
|
Taux d'intérêt nominal de court terme (1) |
- 0,5 |
0,2 |
0,1 |
0,2 |
0 |
0 |
- 0,5 |
- 0,8 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,1 |
- 0,1 |
0 |
0 |
- 0,5 |
- 1,4 |
Balance courante (2) |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,2 |
- 0,6 |
0 |
- 0,1 |
0 |
0,8 |
Solde public (2) |
- 0,9 |
- 0,8 |
- 0,9 |
- 0,8 |
- 1,0 |
- 1,0 |
- 0,7 |
- 0,4 |
(1) Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
Le scénario de baisse des charges sociales se distingue sur trois
points :
(i) une baisse du taux de chômage significative ;
(ii) une dynamique de moyen terme de la demande intérieure fondée
davantage sur l'investissement s'opposant, dès lors, aux dynamiques des
scénarios de baisse de la TVA et de l'impôt sur le revenu pour
lesquelles la consommation reste la composante prédominante, à
court comme à moyen terme. Le rythme de croissance supérieur
explique, en majorité, les divergences observées sur
l'investissement. Par ailleurs, les gains de compétitivité-prix
entretenus par la baisse du coût du travail occasionnent des
évolutions de commerce extérieur sans comparaison avec celles
apparaissant dans les autres scénarios (le volume des exportations est
de près de 6 % supérieur à celui du compte de
référence), y compris celui de baisse de la TVA dans lequel les
exportations bénéficient également de variations de prix
favorables (respectivement, + 0,7 %) ;
(iii) une formation des salaires et des prix alimentant des effets
désinflationnistes persistants et plus importants que ceux qui
ressortent du scénario de baisse de la TVA dans lequel une action
directe sur les prix est intégrée. La baisse du coût du
travail participe à la formation des prix à différents
stades, agissant initialement sur les prix à la production, elle se
transmet ensuite aux prix à la consommation puis aux prix du PIB. Dans
un deuxième temps, les salaires nominaux sont indexés sur les
prix à la consommation à court terme et sur les prix du PIB
à long terme. La spirale désinflationniste initiée par la
baisse des cotisations sociales est donc diffusée et entretenue. Dans le
cas de la TVA, ce sont les prix à la consommation qui
bénéficient directement de la baisse. Celle-ci influence,
à court terme, les salaires nominaux et ce n'est que par la suite que le
prix du PIB est affecté. Ainsi, l'impact désinflationniste global
est inférieur. Il en ressort une progression des salaires réels
qui affecte l'emploi.
B.
Réduire le taux de prélèvements obligatoires de 3
points à l'horizon de 2003
La Commission des Finances du Sénat souhaite explorer les voies qui
permettraient de conduire une action plus vigoureuse que celle proposée
par le Gouvernement en matière de prélèvements
obligatoires. Pour répondre à cette demande, un scénario
mettant en oeuvre une réduction progressive et linéaire du taux
de prélèvements obligatoires (intégrant à la fois
l'évolution de la masse des prélèvements et celle du PIB
en valeur) de 2,8 points sur 4 ans, soit 0,7 point de PIB par année, est
analysé. La cible visée en 2003 se situe donc, par rapport au
niveau de 1995, à 42,4 % soit plus d'un point en dessous de l'objectif
affiché par le programme triennal de finances publiques. Cette
évaluation permettra, par conséquent, d'estimer le coût
budgétaire de cet effort supplémentaire et d'en commenter ses
répercussions macro-économiques.
Si une telle configuration devait prendre forme, elle passerait par la
combinaison de différentes baisses d'impôt compte tenu de
l'importance des masses concernées. En effet, la première
année, la baisse de 0,7 point de prélèvements obligatoires
représente
ex ante
une masse de plus de 65 milliards de francs
courants. Ce sont près de deux points de TVA ou encore une baisse de
l'impôt sur le revenu des ménages (IRPP)
59(
*
)
de près de 20 %.
C'est pourquoi, nous proposons, dans le cadre de cette étude, trois
modalités différentes pour atteindre l'objectif final en
2003 :
q une baisse de la TVA accompagnée d'une baisse de l'impôt sur
le revenu. Les pondérations appliquées à chacun des
impôts correspondent à leurs poids relatifs soit dans ce cas,
respectivement 55 % et 45 %. Ainsi, la première année, le choc
correspondrait approximativement à une baisse d'un point du taux de TVA
et une baisse de près de 4 % de l'impôt sur le revenu.
q une baisse de l'impôt sur le revenu associée à un
allègement des cotisations sociales à la charge des employeurs.
Suivant les mêmes principes, la baisse de l'impôt sur le revenu
approcherait 4 % en valeur la première année tandis que les
allègements de cotisations sociales à la charge des employeurs
seraient de l'ordre de 40 milliards de francs.
q une baisse de la TVA combinée à une réduction de
l'impôt sur les bénéfices des sociétés. Ici,
la réduction du taux de TVA serait de plus d'un point et demi et
l'impôt sur les bénéfices des sociétés
enregistrerait une baisse de plus de 5 %.
Le
tableau 2
présente les principaux résultats relatifs
à ces différentes modalités. Les résultats sont
repris de façon détaillée dans les tableaux 2.A, 2.B et
2.C.
RÉDUCTION DU TAUX DE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES DE 2,8 POINTS EN 4 ANS
TABLEAU N° 2
(OBJECTIF : 42,4 % DU PIB EN 2003)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur le revenu |
Baisses * de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales employeurs |
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur les sociétés |
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
PIB |
0,2 |
1,6 |
0,3 |
3,0 |
0,2 |
1,3 |
Consommation
|
0,3
|
3,3
|
0,4
|
2,5
|
0,1
|
2,2
|
Prix
à la consommation
|
- 0,5
|
- 2,7
|
- 0,4
|
- 8,6
|
- 0,7
|
- 4,3
|
Taux
d'intérêt nominal de court terme (1)
|
- 0,2
|
0,2
|
- 0,2
|
- 1,2
|
- 0,3
|
0
|
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,5 |
- 0,3 |
- 2,4 |
0 |
- 0,5 |
Balance courante (2) |
- 0,1 |
- 0,8 |
- 0,1 |
0,3 |
0 |
- 0,5 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 2,3 |
- 0,6 |
- 2 |
- 0,6 |
- 2,5 |
(1) Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
relative de chacun des impôts dans le total.
RÉDUCTIONS DE LA TVA ET DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
TABLEAU N° 2 A
(LE TAUX DE PRÉLÈVEMENT OBLIGATOIRE EST RÉDUIT DE 0,7 POINT PAR AN)
(1) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,2 |
0,6 |
1,0 |
1,6 |
Consommation |
0,3 |
1,0 |
2,1 |
3,3 |
Investissement privé non résidentiel |
0,5 |
1,1 |
2,0 |
2,7 |
Exportations |
0,2 |
0,5 |
0,7 |
1,0 |
Importations |
0,6 |
1,4 |
2,6 |
4,0 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,5 |
Prix à la consommation |
- 0,5 |
- 1,2 |
- 1,9 |
- 2,7 |
Salaires nominaux |
0 |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Taux de change contre $ * |
0,3 |
0,2 |
0 |
- 0,1 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,2 |
- 0,1 |
0,1 |
0,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,1 |
0 |
0,1 |
0,2 |
Balance courante (2) |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,5 |
- 0,8 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 1,2 |
- 1,7 |
- 2,3 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,7 |
- 1,4 |
- 2,1 |
- 2,8 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
RÉDUCTIONS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET DES COTISATIONS
SOCIALES À LA CHARGE DES EMPLOYEURS
TABLEAU N° 2 B
(LE TAUX DE PRÉLÈVEMENT OBLIGATOIRE EST RÉDUIT DE 0,7 POINT PAR AN)
(2) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,3 |
0,9 |
1,8 |
3,0 |
Consommation |
0,4 |
0,9 |
1,7 |
2,5 |
Investissement privé non résidentiel |
0,7 |
1,6 |
2,9 |
4,4 |
Exportations |
0,6 |
1,8 |
3,8 |
7,2 |
Importations |
0,7 |
1,8 |
3,2 |
5,2 |
Taux de chômage (1) |
- 0,3 |
- 0,8 |
- 1,5 |
- 2,4 |
Prix à la consommation |
- 0,4 |
- 1,8 |
- 4,4 |
- 8,6 |
Salaires nominaux |
- 0,1 |
- 1,0 |
- 3,2 |
- 7,4 |
Taux de change contre $ * |
0,4 |
0,6 |
0,7 |
0,8 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,8 |
- 1,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,6 |
Balance courante (2) |
- 0,1 |
- 0,1 |
0 |
0,3 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 1,1 |
- 1,6 |
- 2,0 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,7 |
- 1,4 |
- 2,1 |
- 2,8 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
RÉDUCTIONS DE LA TVA ET DE L'IMPÔT SUR LES
SOCIÉTÉS
TABLEAU N° 2 C
(LE TAUX DE PRÉLÈVEMENT OBLIGATOIRE EST RÉDUIT DE 0,7 POINT PAR AN)
(3) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,2 |
0,4 |
0,8 |
1,3 |
Consommation |
0,1 |
0,5 |
1,3 |
2,2 |
Investissement privé non résidentiel |
0,4 |
0,9 |
1,7 |
2,4 |
Exportations |
0,3 |
0,6 |
1,0 |
1,4 |
Importations |
0,4 |
1,0 |
1,9 |
3,0 |
Taux de chômage (1) |
0 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,5 |
Prix à la consommation |
- 0,7 |
- 1,8 |
- 3,0 |
- 4,3 |
Salaires nominaux |
0 |
- 0,4 |
- 0,8 |
- 1,2 |
Taux de change contre $ * |
0,6 |
0,5 |
0,3 |
0,2 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,3 |
- 0,2 |
- 0,1 |
0 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,1 |
- 0,1 |
0 |
0,1 |
Balance courante (2) |
0 |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,5 |
Solde public (2) |
- 0,6 |
- 1,3 |
- 1,9 |
- 2,5 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,7 |
- 1,4 |
- 2,1 |
- 2,8 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux de change est exprimé à l'incertain (une dépréciation de la monnaie se traduit par un écart variantiel positif)
Bien que
le choc imposé soit d'une ampleur différente - la masse de
réductions est moins importante sur la première année et,
en revanche, beaucoup plus élevée en fin de période - les
principaux enseignements retenus de la comparaison précédente
(cf. I.A) restent, ici, valables.
Quelle que soit la modalité adoptée, la moindre pression fiscale
assure des suppléments d'activité qui, au total, permettent de
réduire en partie le coût budgétaire initialement
engagé, y compris dans le cas le moins favorable, celui conjuguant les
baisses de TVA et d'impôt sur les sociétés. Dans ce dernier
cas, l'investissement n'est pas plus stimulé que dans les deux autres
hypothèses malgré l'amélioration relative de la
profitabilité car les variations de l'activité sont ici
inférieures. En effet, la contribution des variations du PIB à la
croissance de l'investissement (effet accélérateur) est
supérieure à celle des variations de la profitabilité.
Comme précédemment, la modalité de baisse qui
apparaît la plus efficace, si l'on retient les critères de
croissance, d'emploi et de solde public, est celle qui intègre un
allègement des charges sociales. Le PIB se situe, en fin de
période, 3 % au-dessus de son niveau du compte de
référence, le taux de chômage est réduit de plus de
deux points tandis que le solde public n'est altéré qu'à
hauteur de 70 % par rapport à la dégradation initiale
imposée par la baisse du taux de prélèvements
obligatoires. Outre les suppléments de recettes
générés par une activité plus soutenue, le solde
est amélioré par la contraction des prestations sociales qui
découle de la baisse du chômage mais aussi par celle des charges
d'intérêt qu'autorise la détente maintenue sur le moyen
terme des taux d'intérêt à court et à long terme
(c'est le seul scénario à proposer une détente des taux
sur le moyen terme). Cette combinaison cumule les bénéfices en
termes de consommation (provenant de la baisse de l'impôt sur le revenu),
d'investissement (effet accélérateur) mais aussi de commerce
extérieur puisque la baisse du coût du travail procure des gains
de compétitivité-prix importants. Ainsi, en dépit d'une
demande intérieure en progression, la balance courante enregistre une
amélioration en fin de période, ce qui contraste avec les autres
scénarios affichant une dégradation.
Malgré la détente de la politique monétaire
suscitée par la baisse relative des prix à la consommation, les
mouvements de taux nominaux ne suivent pas dans l'intégralité
ceux des prix (la politique monétaire est définie au niveau
européen et les prix en France diminuent beaucoup plus que dans les
autres pays de la zone euro). Dès lors, ces nouvelles conditions
monétaires et financières ne stimulent pas la demande car les
taux réels augmentent.
Le
tableau 3
propose une évaluation des conséquences se
rapportant à la proposition spécifique du Sénat
relativement à celle du programme triennal de finances publiques (cf.
annexe 2 pour les scénarios détaillés).
L'intérêt de cette estimation est de montrer les
suppléments de croissance obtenus en accentuant la baisse du taux de
prélèvements obligatoires. Le gain est significatif puisqu'il est
compris entre 0,6 % et 1,3 % de PIB en volume la quatrième année.
Le chômage est, quant à lui en baisse, entre - 0,2 et - 1,1 point.
La dégradation du solde public est en fin de période, comme
précédemment, inférieure à l'effort engagé
initialement.
RÉDUCTION DU TAUX DE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES DE 1,3 POINT EN 4 ANS
TABLEAU N° 3
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur le revenu |
Baisses* de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales employeurs |
Baisses* de la TVA et de l'impôt sur les sociétés |
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
PIB |
0,1 |
0,7 |
0,2 |
1,3 |
0,1 |
0,6 |
Consommation
|
0,2
|
1,5
|
0,2
|
1,2
|
0,1
|
1,0
|
Prix
|
- 0,2
|
- 1,2
|
- 0,2
|
- 4,0
|
- 0,3
|
- 2,0
|
Taux
d'intérêt nominal de court terme (1)
|
- 0,1
|
0,1
|
- 0,1
|
- 0,5
|
- 0,1
|
0
|
Taux de chômage (1) |
0 |
- 0,2 |
- 0,1 |
- 1,1 |
0 |
- 0,2 |
Balance courante (2) |
0 |
- 0,4 |
0 |
0,1 |
0 |
- 0,2 |
Solde public (2) |
- 0,3 |
- 1,1 |
- 0,3 |
- 0,9 |
- 0,3 |
- 1,2 |
(1) Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
relative de chacun des impôts dans le total.
II. La baisse des dépenses publiques : un instrument
indispensable pour réduire le taux de prélèvements
obligatoires sans compromettre l'assainissement budgétaire
Cette seconde partie analyse les conséquences d'une baisse des
dépenses publiques concentrée sur les dépenses de l'Etat.
L'objectif final est d'évaluer les économies budgétaires
indispensables à la mise en place de la réduction de la pression
fiscale et para-fiscale sans détérioration du solde public.
La section précédente a permis d'identifier le coût
budgétaire
ex post
(une fois le bouclage macro-économique
réalisé) de chacune des modalités envisagées. Par
conséquent, nous considérons, comme hypothèse de
départ, que ce coût doit être annulé par une baisse
adéquate des dépenses publiques.
A.
La baisse isolée des dépenses publiques réduit le
revenu national
Avant de présenter les scénarios globaux intégrant
à la fois les hypothèses de baisses des
prélèvements obligatoires (équivalentes à 2,9
points de PIB sur 4 ans) et celles de dépenses publiques
correspondantes, nous proposons des simulations de référence
permettant d'appréhender les répercussions
macro-économiques de la réduction des dépenses de l'Etat.
L'évaluation est faite sur les mêmes principes que ceux retenus
pour la baisse des prélèvements, c'est-à-dire un choc
équivalent à 1 % du PIB nominal
ex ante
maintenu sur 4 ans
et concernant deux types de dépenses, la consommation publique excluant
la masse salariale et les subventions aux agents privés. Les simulations
détaillées sont présentées en annexe 3.
EFFETS
COMPARÉS D'UNE BAISSE DES DÉPENSES PUBLIQUES OPÉRÉE
À TRAVERS DIFFÉRENTS TYPES DE DÉPENSES DE L'ETAT
TABLEAU N° 4
(CHOC
ÉQUIVALENT À 1 % DU PIB
EX ANTE
MAINTENU SUR 4 ANS)
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Baisse de la consommation publique (a) |
Baisse des subventions (b) aux agents privés |
Combinaisons des deux types (c) |
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
PIB |
- 0,9 |
- 0,7 |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,7 |
- 0,6 |
Consommation
|
- 0,1
|
- 0,4
|
- 0,1
|
- 0,3
|
- 0,1
|
- 0,4
|
Prix
à la consommation
|
- 0,1
|
- 1,7
|
0
|
- 0,1
|
- 0,1
|
- 0,9
|
Taux
d'intérêt nominal de court terme (1)
|
- 0,3
|
- 0,2
|
0
|
0
|
- 0,2
|
- 0,2
|
Taux de chômage (1) |
0,2 |
0,2 |
0 |
0 |
0,2 |
0,1 |
Balance courante (2) |
0,5 |
0,7 |
0 |
0,1 |
0,4 |
0,6 |
Solde public (2) |
0,8 |
0,9 |
0,9 |
0,9 |
0,8 |
0,9 |
(1) Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
respective des différents impôts dans le total des recettes
fiscales.
(a)
hors masse salariale.
(b) subventions aux entreprises.
(c) les pondérations correspondent aux parts relatives occupées
par chaque type de dépenses dans le total.
La
première option considérée, une baisse de la consommation
publique, produit des effets fortement restrictifs à court terme. Ce
résultat " standard " adossé au mécanisme du
multiplicateur keynésien est sans surprise. Toute action sur la
consommation publique, composante du PIB, l'affecte directement. Puis, l'effet
multiplicateur sur la demande intérieure diffuse l'impact plus
largement. L'investissement est touché de manière plus sensible
et aussi plus rapide que la consommation (ce qui va à l'encontre de
l'idée selon laquelle, en atténuant les effets d'éviction,
la baisse des dépenses publiques pourrait se traduire par un surplus
d'investissement privé). Le seul canal par lequel la diminution du poids
de l'endettement public opère un impact sur le privé est celui
des taux d'intérêt dont la détente est permise par
l'ajustement budgétaire découlant de la compression des
dépenses.
Il faut toutefois préciser que la politique monétaire
d'accompagnement est définie au niveau de la zone euro. Ce sont donc les
évolutions de l'inflation dans la zone qui détermine les actions
sur les taux. Dès lors, on voit bien qu'une politique budgétaire
isolée ne peut être aussi bénéfique qu'une
concertation des interventions au niveau européen. Si cette
dernière était envisagée, la détente des conditions
de financement de l'économie serait bien supérieure et
stabiliserait alors l'environnement économique en contrecarrant les
effets restrictifs de la politique budgétaire. Les seules pertes
à envisager se situeraient au niveau de la balance courante car les
gains de compétitivité-prix vis-à-vis des partenaires
européens seraient moindres.
Malgré la rétroaction des conditions de l'offre, par la boucle
prix-salaires et par les répercussions de la baisse de l'endettement
public sur les conditions de financement de l'économie, la demande
continue de jouer un rôle décisif dans ce type de configuration.
Néanmoins, en fin de période, les évolutions nominales et
financières conduisent à une atténuation du choc initial
sur le PIB et à une amélioration des ratios de solde public (peu
affecté au total par le ralentissement de l'activité) et de dette
publique. La contraction de la demande favorise, en revanche, la position
extérieure.
Dans le cas des subventions aux entreprises, le choc opéré sur
les dépenses publiques n'est que très partiellement transmis
à la sphère productive et donc au PIB. Les subventions aux
entreprises participent à la formation des profits ( sur le plan
comptable, dans le modèle, elles sont une composante de l'EBE) et, par
cette voie indirecte, influencent l'investissement. Cependant, la
prédominance des effets de l'activité sur ceux des composantes
financières dans l'explication des fluctuations et du niveau de
l'investissement conduit, pour ces évaluations, à des
résultats macro-économiques peu perceptibles.
L'amélioration des ratios de solde et de dette publics apparaît,
dans ces conditions, extrêmement peu coûteuse sur le plan
macro-économique. La place et le volume occupés par les
subventions dans le budget de l'Etat limitent néanmoins la portée
de cet instrument. Un choc de 1 % de PIB nominal en 2000 réduit en effet
de moitié le total des subventions versées (en 2000, les
subventions sont évaluées à près de 185 milliards
de francs courants. Les économies prévues sur ce poste dans la
loi de finances 2000 sont de 19 milliards soit 2/3 du total des
économies prévues pour cette année
60(
*
)
).
Le contraste important entre les conséquences obtenues dans chacun des
deux cas étudiés ci-dessus a conforté le choix qui
consiste à retenir un scénario dans lequel les deux types
d'économies sont associés. Il en ressort une modération de
l'effet
a priori
plus brutal occasionné par une baisse de la
consommation publique, dont l'intensité est souvent discutée.
B.
Des scénarios globaux de baisse des dépenses publiques
accompagnant une réduction durable des prélèvements
obligatoires.
Pour conclure ces analyses, nous proposons d'évaluer des
scénarios globaux ayant l'ambition de traduire les trajectoires
possibles des dépenses et des prélèvements avec
l'idée d'atteindre deux objectifs :
(i) la réduction du taux de prélèvements obligatoires de
près de 3 points en 4 ans, soit à l'horizon de la fin 2003 ;
(ii) la stabilisation du solde public par une baisse appropriée des
dépenses de l'Etat.
Le
tableau 5
regroupe les principaux résultats obtenus dans le
cadre de trois scénarios formés sur la base des modalités
retenues dans la première partie de l'étude concernant la
réduction des prélèvements obligatoires (cf.
tableau
2
). Aux hypothèses qui portaient sur les différents types de
fiscalité, nous associons les hypothèses de baisse des
dépenses publiques qui permettent de financer la réduction du
taux de prélèvements obligatoires sans altérer la
situation financière de l'Etat. L'option retenue est celle d'une
combinaison entre une baisse de la consommation publique (80 %) et une baisse
des subventions aux entreprises (20 %). Ainsi, le raisonnement tient compte des
répercussions du bouclage macroéconomique et ne se limite pas
à retenir un transfert des dépenses vers les recettes dans des
proportions
a priori
équivalentes. Les baisses de
dépenses (par rapport au compte de référence et en termes
nominaux) sont comprises en fin de période entre 2,8 et 3,1 % du PIB
pour un résultat sur le taux de prélèvements de 2,9 % du
PIB
in fine.
Les différences d'amplitude en fonction des scénarios proviennent
essentiellement des effets contrastés produits par les
différentes baisses de fiscalité sur le PIB et le solde public.
Les différents scénarios de baisse de dépenses ne se
distinguent pas les uns des autres par de fortes variations du solde public
(relativement à son niveau de référence).
SCÉNARIOS GLOBAUX
TABLEAU N° 5
BAISSE
DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES (-2,8 POINTS
IN FINE
)
FINANCÉE
PAR UNE BAISSE DES DÉPENSES
**
PUBLIQUES SANS
DÉTERIORATION DU SOLDE PUBLIC
Ecarts variantiels (en %) sauf (1) et (2)
|
Scénario I
|
Scénario II
|
Scénario III
|
|||
|
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
1 ère année |
4 ème année |
PIB |
- 0,3 |
0 |
- 0,2 |
1,7 |
- 0,4 |
- 0,4 |
Consommation
|
0,3
|
2,6
|
0,3
|
1,8
|
0,1
|
1,5
|
Prix
à la consommation
|
- 0,6
|
- 3,9
|
- 0,5
|
-9,7
|
- 0,8
|
- 5,7
|
Taux
d'intérêt nominal de court terme (1)
|
- 0,3
|
- 0,3
|
- 0,4
|
- 1,6
|
- 0,4
|
- 0,6
|
Taux de chômage (1) |
0,1 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 2,2 |
0,1 |
- 0,1 |
Balance courante (2) |
0,2 |
0,5 |
0,2 |
1,5 |
0,3 |
1,0 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
(1) Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Les pondérations appliquées correspondent à l'importance
relative de chacun des impôts dans le total.
** Baisses
de la consommation publique (hors masse salariale) et des subventions aux
entreprises.
SCÉNARIO GLOBAL I
TABLEAU N° 5 A
BAISSES
DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET DE LA TVA FINANCÉES
PAR UNE BAISSE DES DÉPENSES
**
PUBLIQUES SANS
DÉTERIORATION DU SOLDE PUBLIC
(4) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,3 |
- 0,5 |
- 0,2 |
0 |
Consommation |
0,3 |
0,7 |
1,6 |
2,6 |
Investissement privé non résidentiel |
- 0,6 |
- 0,9 |
- 0,1 |
0,2 |
Exportations |
0,1 |
0,4 |
0,9 |
1,3 |
Importations |
- 0,9 |
- 1,5 |
- 0,9 |
- 0,6 |
Taux de chômage (1) |
0,1 |
0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Prix à la consommation |
- 0,6 |
- 1,5 |
- 2,7 |
- 3,9 |
Salaires nominaux |
- 0,2 |
- 0,8 |
- 1,4 |
- 2,1 |
Taux de change contre $ * |
0,7 |
0,8 |
0,6 |
0,6 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,3 |
- 0,4 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Balance courante (2) |
0,2 |
0,4 |
0,4 |
0,5 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,7 |
- 1,4 |
- 2,1 |
- 2,7 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
** Baisses de la consommation publique (hors masse salariale) et des
subventions aux entreprises.
SCÉNARIO GLOBAL II
BAISSES DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET DES COTISATIONS SOCIALES EMPLOYEURS
FINANCÉES
PAR UNE BAISSE DES DÉPENSES
**
PUBLIQUES SANS
DÉTERIORATION DU SOLDE PUBLIC
(5) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,2 |
0 |
0,6 |
1,7 |
Consommation |
0,3 |
0,7 |
1,2 |
1,8 |
Investissement privé non résidentiel |
- 0,4 |
- 0,2 |
0,9 |
2,4 |
Exportations |
0,5 |
1,7 |
4,0 |
7,6 |
Importations |
- 0,8 |
- 0,9 |
0 |
1,3 |
Taux de chômage (1) |
- 0,2 |
- 0,6 |
- 1,3 |
- 2,2 |
Prix à la consommation |
- 0,5 |
- 2,1 |
- 5,1 |
- 9,7 |
Salaires nominaux |
- 0,2 |
- 1,5 |
- 4,3 |
- 9,0 |
Taux de change contre $ * |
0,7 |
1,1 |
1,2 |
1,4 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,4 |
- 0,8 |
- 1,1 |
- 1,6 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,6 |
- 0,9 |
Balance courante (2) |
0,2 |
0,6 |
0,9 |
1,5 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,7 |
- 1,4 |
- 2,1 |
- 2,8 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
** Baisses de la consommation publique (hors masse salariale) et des
subventions aux entreprises.
SCÉNARIO GLOBAL III
TABLEAU N° 5 C
BAISSES
DE LA TVA ET DE L'IMPÔT SUR LES BÉNÉFICES DES
SOCIÉTÉS FINANCÉES
PAR UNE BAISSE DES DÉPENSES
**
PUBLIQUES SANS
DÉTERIORATION DU SOLDE PUBLIC
(6) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,4 |
- 0,7 |
- 0,5 |
- 0,4 |
Consommation |
0,1 |
0,2 |
0,8 |
1,5 |
Investissement privé non résidentiel |
- 0,8 |
- 1,4 |
- 0,7 |
- 0,3 |
Exportations |
0,2 |
0,5 |
1,1 |
1,8 |
Importations |
- 1,1 |
- 2,3 |
- 2,0 |
- 2,0 |
Taux de chômage (1) |
0,1 |
0,1 |
0 |
- 0,1 |
Prix à la consommation |
- 0,8 |
- 2,1 |
- 3,8 |
- 5,7 |
Salaires nominaux |
- 0,2 |
- 1,1 |
- 2 |
- 3,1 |
Taux de change contre $ * |
0,9 |
1,1 |
1,0 |
1,0 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,4 |
- 0,6 |
- 0,6 |
- 0,6 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Balance courante (2) |
0,3 |
0,6 |
0,8 |
1 |
Solde public (2) |
- 0,1 |
0 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,7 |
- 1,5 |
- 2,2 |
- 2,8 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
** Baisses de la consommation publique (hors masse salariale) et des
subventions aux entreprises.
Plusieurs conclusions peuvent être dressées
à
partir de la comparaison des résultats réunis dans le tableau
5 :
(i) sur le court terme, un effort doit être consenti en termes de revenu
national quelle que soit l'option envisagée. Les trois scénarios
se rejoignent sur ce point qui concerne la prédominance, dans un premier
temps, des retombées négatives de la contraction de la
consommation publique. La perte d'activité affecte cependant de
manière contrastée les différentes composantes de la
demande intérieure. La consommation, malgré une situation de
l'emploi dégradé (excepté dans le scénario II), est
soutenue par des mesures fiscales favorables (que ce soit l'impôt sur le
revenu ou la TVA) et des évolutions de salaires réels qui ne
s'ajustent que progressivement au ralentissement des prix. L'investissement, en
revanche, souffre directement de la réduction des
débouchés et ne bénéficie pas d'une baisse de la
pression fiscale aussi significative. La dynamique des prix et des salaires
est, elle aussi, très proche d'un scénario à l'autre.
(ii) en revanche, à moyen terme, la distinction entre les trois
scénarios apparaît clairement, aussi bien sur l'intensité
des mouvements que sur la dynamique à l'oeuvre. Le scénario II
reste, sans conteste, le plus favorable que l'on se réfère aux
résultats sur le PIB, le chômage ou encore le commerce
extérieur. Quelles que soient les modalités envisagées, la
consommation des ménages connaît des évolutions qui la
situent dans tous les cas au-dessus de son niveau du compte de
référence. La baisse de l'impôt sur le revenu
cumulée à celle de la TVA lui est, néanmoins, la plus
favorable. Les mouvements observés sur l'investissement sont, quant
à eux, plus diversifiés. Seul le scénario II fournit un
contexte résolument propice à l'investissement grâce aux
substantiels suppléments d'activité. Par opposition, le
scénario III est le seul à afficher un retrait de
l'investissement à moyen terme alors qu'il intègre une mesure
fiscale dirigée en sa faveur. Un processus désinflationniste
émerge dans toutes les configurations mais avec des amplitudes
variables. L'ajustement des salaires nominaux est différent en fonction
des scénarios car la formation des prix n'est pas affectée au
même niveau (cf. partie I.A). Dès lors, la boucle prix-salaires
conduit dans les cas I et III à des évolutions de salaires
réels positives qui pèsent sur l'emploi. Enfin, ce contexte
désinflationniste étant favorisé par des mesures de
politique économique nationale, on observe une déconnexion entre
la formation des prix et celle des taux d'intérêt, basée
sur des critères européens, qui ne suivent qu'en partie les
mouvements de l'inflation interne. De ce fait, les taux réels se situent
à des niveaux supérieurs à ceux du compte de
référence ce qui opère une pression négative sur la
demande.
En conclusion, il apparaît possible de financer une baisse des
prélèvements obligatoires par une baisse des dépenses
publiques sans entraîner de détérioration des comptes
publics. Au départ, les économies budgétaires sont plus
que proportionnelles à la réduction souhaitée de la
fiscalité du fait des répercussions négatives
qu'entraîne la contraction de la consommation publique sur le PIB et donc
sur les recettes des administrations publiques. À moyen terme, en
revanche, les effets bénéfiques d'une baisse de la pression
fiscale dominent (le taux de chômage est toujours en retrait) sauf dans
le cas d'une baisse de l'impôt sur les bénéfices des
sociétés où les effets sur le PIB sont simplement
atténués. Ce résultat est renforcé si l'on nuance,
en parallèle, les effets négatifs qui ressortent des simulations
sur les dépenses publiques. Il existe, en effet, plus d'arguments en
faveur de l'atténuation possible de ces effets négatifs que de
critiques à l'encontre de l'impact positif sur l'activité d'une
baisse de la fiscalité, hormis celles ayant trait à
l'intensité de la propension à dépenser les gains
retirés d'une réduction d'impôt. Les effets sur l'emploi
sont toujours positifs bien que faibles dans les scénarios où les
mesures de politique économique ne visent pas volontairement le
chômage. Le scénario III qui intègre ce type de mesure fait
apparaître simultanément un déploiement de
l'investissement. La prédominance des perspectives d'activité
(effet accélérateur) s'affirme encore et ceci, malgré des
effets de substitution défavorables au capital car l'évolution de
son coût relatif souffre à la fois de la baisse du coût du
travail et de la hausse des taux d'intérêt réels.
Les effets bénéfiques peuvent aussi se concentrer sur une
composante spécifique du PIB sans le faire évoluer globalement.
Le scénario I illustre ce cas de figure dans lequel les mesures
conjointes de baisse de la consommation publique (qui contribue
négativement à l'évolution du PIB et explique en partie la
stagnation de celui-ci en fin de période malgré l'augmentation
des autres composantes) et de baisse de la fiscalité visant
a
priori
la consommation privée conduisent effectivement à une
demande des ménages plus dynamique sans que pour autant la croissance
globale soit modifiée. Dans la même optique, on peut relever les
performances supérieures du scénario III par rapport au
scénario I sur la balance courante. Les exportations, favorisées
par de meilleures conditions de compétitivité-prix, se situent
à un niveau supérieur de 1,8 % à celui du compte de
référence contre 1,3 % dans le scénario I. En
parallèle, les importations sont en retrait de 2 % alors que dans
le scénario I, le recul n'est que de 0,6 % du fait du dynamisme de
la demande intérieure.
III. La résorption complète du déficit public
à l'horizon de 2003
Cette dernière simulation propose une évaluation de la baisse des
dépenses publiques nécessaire pour annuler progressivement le
déficit public. Nous partons d'un déficit de l'ordre de
2,4 % du PIB en début d'année 2000 (ce qui est
désormais supérieur au déficit estimé pour 1999
soit 2,1 %) et imposons sa résorption graduelle sur quatre années
c'est-à-dire à l'horizon de la fin de l'année 2003
(l'évaluation se fait sur le ratio rapportant le solde public au PIB,
elle tient compte du bouclage macro-économique). La baisse est de
l'ordre de 0,6 point de PIB par an ce qui est proche de l'évolution
observée de 1997 à 2000 (si l'on considère le
déficit public calculé hors soulte France Telecom)
L'estimation présentée dans le
tableau 6
montre l'effort
à consentir en termes de revenu national pour atteindre l'assainissement
budgétaire proposé. On remarque, cependant, que le retrait du PIB
en fin de période est proportionnellement moins important que celui du
déficit public. Les effets désinflationnistes occasionnés
par le ralentissement du rythme de croissance amoindrissent, à moyen
terme, l'impact négatif de la réduction des dépenses
publiques. Ici, les salaires réels diminuent et les taux
d'intérêt réels également. L'effet négatif
sur l'investissement privé est donc atténué tandis que les
exportations se développent grâce à des évolutions
de prix plus compétitives. La dépréciation de la monnaie
nationale, consécutive à la baisse des taux
d'intérêt, accentue ces dernières.
Cette dernière partie permet de compléter les enseignements issus
de la section précédente. Elle souligne en particulier l'effort
notable qu'il faudrait accomplir sur le plan des dépenses publiques pour
pouvoir tout à la fois réduire les prélèvements
obligatoires dans les proportions envisagées ci-dessus et annuler le
déficit public dans un temps limité à quatre
années. Les effets positifs que provoque la baisse de la pression
fiscale ne sont pas assez expansifs pour compenser les effets restrictifs de la
baisse des dépenses publiques.
Mais l'assainissement budgétaire pourrait aussi être
facilité par une dynamique de croissance plus soutenue occasionnant des
recettes fiscales plus amples bien que les taux de fiscalité soient
réduits.
Cependant, une approximation sommaire - car n'identifiant pas isolément
les différents ressorts de la croissance - de l'effet produit par un
supplément de PIB de l'ordre de 1 % en volume maintenu sur quatre
années (le taux de croissance serait supérieur d'un point la
première année puis la différence en niveau sur le PIB
serait maintenue), conduit à une baisse du déficit public de 0,4
point de PIB en fin de période, ce qui est loin d'être comparable
à l'hypothèse retenue précédemment.
Une deuxième évaluation consistant à imposer cette fois-ci
un taux de croissance tendanciel durablement plus élevé (+ 0,4
point par an de 2001 à 2003 en partant d'un choc de + 1 % en 2000)
conduit, en fin de période, à une baisse de l'ordre d'un point de
PIB, bien plus significative mais encore éloignée de la cible
évoquée ci-dessus
61(
*
)
. Il
resterait, par conséquent, un effort à réaliser sur le
plan des dépenses publiques.
RÉDUCTION DU DÉFICIT PUBLIC
(- 2,4 POINTS EN 4 ANS)
(7) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,5 |
- 1,0 |
- 1,4 |
- 1,7 |
Consommation |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,5 |
- 0,7 |
Investissement privé non résidentiel |
- 1,1 |
- 1,9 |
- 2,4 |
- 2,8 |
Exportations |
- 0,1 |
- 0,1 |
0,1 |
0,4 |
Importations |
- 1,4 |
- 2,7 |
- 3,9 |
- 4,9 |
Taux de chômage (1) |
0,1 |
0,2 |
0,3 |
0,4 |
Prix à la consommation |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,7 |
- 1,4 |
Salaires nominaux |
- 0,2 |
- 0,6 |
- 1,2 |
- 2,0 |
Taux de change contre $ * |
0,3 |
0,5 |
0,7 |
0,8 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,5 |
- 0,6 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,4 |
Balance courante (2) |
0,3 |
0,6 |
1,0 |
1,4 |
Solde public (2) |
0,6 |
1,1 |
1,7 |
2,4 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux de change est exprimé à l'incertain (une dépréciation de la monnaie se traduit par un écart variantiel positif)
ANNEXES
ANNEXE
1 : Baisse des prélèvements obligatoires (1 % de PIB) par
types de fiscalité
ANNEXE 2 : Réduction du taux de prélèvements
obligatoires de 1,3 point en 4 ans
ANNEXE 3 : Baisse des dépenses publiques (1 % de IB maintenu sur 4
ans) par types de dépenses
ANNEXE 1
Baisse des prélèvements obligatoires (1 % de PIB) par types de
fiscalité
BAISSE
DE LA TVA
(1 % DE PIB
EX ANTE
MAINTENU SUR 4 ANS)
TABLEAU N° 1 A
(8) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,3 |
0,4 |
0,7 |
0,8 |
Consommation |
0,2 |
0,7 |
1,4 |
1,7 |
Investissement privé non résidentiel |
0,7 |
0,8 |
1,3 |
1,2 |
Exportations |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,7 |
Importations |
0,7 |
1,0 |
1,7 |
1,9 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,2 |
Prix à la consommation |
- 1,3 |
- 1,9 |
- 2,2 |
- 2,2 |
Salaires nominaux |
- 0,1 |
- 0,7 |
- 0,6 |
- 0,6 |
Taux de change contre $ * |
1,0 |
- 0,1 |
- 0,4 |
- 0,2 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,5 |
0,1 |
0,3 |
0,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,2 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
Balance courante (2) |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Solde public (2) |
- 0,9 |
- 0,9 |
- 0,8 |
- 0,8 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 1,0 |
- 1,1 |
- 1,0 |
- 0,9 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux de change est exprimé à l'incertain (une dépréciation de la monnaie se traduit par un écart variantiel positif)
TABLEAU N° 1 B
BAISSE
DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
(1 % DE PIB
EX ANTE
MAINTENU SUR 4 ANS)
(9)
(10) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,4 |
0,6 |
0,6 |
0,7 |
Consommation |
0,7 |
1,3 |
1,6 |
1,8 |
Investissement privé non résidentiel |
0,8 |
1,1 |
1,0 |
0,9 |
Exportations |
0,1 |
0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Importations |
1,0 |
1,6 |
1,8 |
1,8 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Prix à la consommation |
0 |
0,1 |
0,3 |
0,6 |
Salaires nominaux |
0,1 |
0,3 |
0,6 |
0,8 |
Taux de change contre $ * |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
Balance courante (2) |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,5 |
- 0,6 |
Solde public (2) |
- 0,9 |
- 0,8 |
- 0,8 |
- 0,8 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
-1,0 |
- 0 ,9 |
- 0,9 |
- 0,9 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
BAISSE DES COTISATIONS SOCIALES À LA CHARGE DES EMPLOYEURS
(1 % DE PIB
EX ANTE
MAINTENU SUR 4 ANS)
TABLEAU N° 1 C
(11) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,4 |
0,7 |
1,2 |
1,8 |
Consommation |
0,3 |
0,3 |
0,5 |
0,6 |
Investissement privé non résidentiel |
0,9 |
1,2 |
1,6 |
2,2 |
Exportations |
1,1 |
2,1 |
3,7 |
5,7 |
Importations |
0,8 |
1,1 |
1,7 |
2,3 |
Taux de chômage (1) |
- 0,5 |
- 0,9 |
- 1,2 |
- 1,4 |
Prix à la consommation |
- 0,8 |
- 2,6 |
- 5,0 |
- 7,8 |
Salaires nominaux |
- 0,2 |
- 1,8 |
- 4,4 |
- 7,5 |
Taux de change contre $ * |
0,7 |
0,5 |
0,4 |
0,2 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,5 |
- 0,5 |
- 0,7 |
- 0,8 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,4 |
Balance courante (2) |
0 |
0,2 |
0,4 |
0,8 |
Solde public (2) |
- 0,7 |
- 0,6 |
- 0,5 |
- 0,4 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,8 |
- 0,7 |
- 0,7 |
- 0,7 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
BAISSE DE L'IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS
TABLEAU N° 1 D
(1 % DE PIB EX ANTE MAINTENU SUR 4 ANS)
(12) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0 |
0 |
0,1 |
0,1 |
Consommation |
0 |
0 |
0,1 |
0,1 |
Investissement privé non résidentiel |
0,1 |
0,3 |
0,5 |
0,6 |
Exportations |
0 |
0 |
0 |
0 |
Importations |
0 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
Taux de chômage (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Prix à la consommation |
0 |
0 |
0 |
0 |
Salaires nominaux |
0 |
0 |
0 |
0,1 |
Taux de change contre $ * |
0 |
0 |
0 |
0 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Balance courante (2) |
0 |
0 |
0 |
- 0,1 |
Solde public (2) |
- 1,0 |
- 1,1 |
- 1,1 |
- 1,1 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 1,0 |
- 1,0 |
- 1,0 |
- 1,0 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux de change est exprimé à l'incertain (une dépréciation de la monnaie se traduit par un écart variantiel positif)
ANNEXE 2
b) Réduction du taux de prélèvements obligatoires de 1,3 point en 4 ans
RÉDUCTIONS DE LA TVA ET DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
TABLEAU N° 3 A
(LE TAUX DE PRÉLÈVEMENT OBLIGATOIRE EST PROGRESSIVEMENT RÉDUIT DE 1,3 POINT EN 4 ANS)
(1) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,1 |
0,3 |
0,5 |
0,7 |
Consommation |
0,2 |
0,5 |
0,9 |
1,5 |
Investissement privé non résidentiel |
0,2 |
0,5 |
0,9 |
1,2 |
Exportations |
0,1 |
0,2 |
0,3 |
0,4 |
Importations |
0,3 |
0,7 |
1,2 |
1,8 |
Taux de chômage (1) |
0 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Prix à la consommation |
- 0,2 |
- 0,6 |
- 0,9 |
- 1,2 |
Salaires nominaux |
0 |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Taux de change contre $ * |
0,2 |
0,1 |
0 |
- 0,1 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,1 |
0 |
0 |
0,1 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
0 |
0 |
0 |
0,1 |
Balance courante (2) |
0 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,4 |
Solde public (2) |
- 0,3 |
- 0,6 |
- 0,8 |
- 1,1 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,3 |
- 0,7 |
- 1,0 |
- 1,3 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
RÉDUCTIONS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU ET DES COTISATIONS
SOCIALES À LA CHARGE DES EMPLOYEURS
(LE TAUX DE PRÉLÈVEMENT OBLIGATOIRE EST PROGRESSIVEMENT
RÉDUIT DE 1,3 POINT EN 4 ANS)
TABLEAU N° 3 B
(2) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,2 |
0,4 |
0,8 |
1,3 |
Consommation |
0,2 |
0,4 |
0,8 |
1,2 |
Investissement privé non résidentiel |
0,3 |
0,8 |
1,3 |
2,0 |
Exportations |
0,3 |
0,8 |
1,7 |
3,1 |
Importations |
0,3 |
0,8 |
1,5 |
2,3 |
Taux de chômage (1) |
- 0,1 |
- 0,4 |
- 0,7 |
- 1,1 |
Prix à la consommation |
- 0,2 |
- 0,8 |
- 2,1 |
- 4,0 |
Salaires nominaux |
0 |
- 0,4 |
- 1,4 |
- 3,2 |
Taux de change contre $ * |
0,2 |
0,3 |
0,3 |
0,3 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,5 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Balance courante (2) |
0 |
0 |
0 |
0,1 |
Solde public (2) |
- 0,3 |
- 0,5 |
- 0,7 |
- 0,9 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,3 |
- 0,6 |
- 0,9 |
- 1,2 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
RÉDUCTIONS DE LA TVA ET DE L'IMPÔT SUR LES
SOCIÉTÉS
TABLEAU N° 3 C
(LE TAUX DE PRÉLÈVEMENT OBLIGATOIRE EST PROGRESSIVEMENT RÉDUIT DE 1,3 POINT EN 4 ANS)
(3) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
0,1 |
0,2 |
0,4 |
0,6 |
Consommation |
0,1 |
0,2 |
0,6 |
1,0 |
Investissement privé non résidentiel |
0,2 |
0,4 |
0,8 |
1,1 |
Exportations |
0,1 |
0,3 |
0,5 |
0,6 |
Importations |
0,2 |
0,4 |
0,9 |
1,3 |
Taux de chômage (1) |
0 |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Prix à la consommation |
- 0,3 |
- 0,8 |
- 1,4 |
- 2 |
Salaires nominaux |
0 |
- 0,2 |
- 0,4 |
- 0,5 |
Taux de change contre $ * |
0,3 |
0,3 |
0,2 |
0,1 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,1 |
- 0,1 |
0 |
0 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,1 |
- 0,1 |
0 |
0 |
Balance courante (2) |
0 |
0 |
- 0,1 |
- 0,2 |
Solde public (2) |
- 0,3 |
- 0,6 |
- 0,9 |
- 1,2 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,3 |
- 0,7 |
- 1 |
- 1,3 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux de change est exprimé à l'incertain (une dépréciation de la monnaie se traduit par un écart variantiel positif)
ANNEXE 3
Baisse des dépenses publiques (1 % de PIB maintenu sur 4 ans)
par
types de dépenses
BAISSE DE LA CONSOMMATION PUBLIQUE **
TABLEAU N° 4 A
(1 % DE PIB EX ANTE MAINTENU SUR 4 ANS)
(4) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,9 |
- 0,8 |
- 0,7 |
- 0,7 |
Consommation |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,4 |
Investissement privé non résidentiel |
- 1,8 |
- 1,5 |
- 0,9 |
- 0,8 |
Exportations |
- 0,2 |
0,1 |
0,3 |
0,4 |
Importations |
- 2,4 |
- 2,3 |
- 2,0 |
- 2,0 |
Taux de chômage (1) |
0,2 |
0,2 |
0,1 |
0,2 |
Prix à la consommation |
- 0,1 |
- 0,4 |
- 0,8 |
- 1,1 |
Salaires nominaux |
- 0,3 |
- 0,8 |
- 1,0 |
- 1,4 |
Taux de change contre $ * |
0,5 |
0,5 |
0,3 |
0,3 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Balance courante (2) |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,7 |
Solde public (2) |
0,8 |
0,8 |
0,8 |
0,9 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
0,1 |
0 |
0 |
0,1 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
** hors masse salariale
RÉDUCTION DES SUBVENTIONS AUX ENTREPRISES
TABLEAU N° 4 B
(1 % DE PIB EX ANTE MAINTENU SUR 4 ANS)
(5) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Consommation |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Investissement privé non résidentiel |
- 0,1 |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Exportations |
0 |
0 |
0 |
0 |
Importations |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Taux de chômage (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Prix à la consommation |
0 |
0 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Salaires nominaux |
0 |
- 0,1 |
- 0,1 |
- 0,2 |
Taux de change contre $ * |
0 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
Balance courante (2) |
0 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
Solde public (2) |
0,9 |
0,9 |
0,9 |
0,9 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,2 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
REDUCTION DE LA CONSOMMATION PUBLIQUE
**
ET DES SUBVENTIONS AUX
ENTREPRISES
TABLEAU N° 4 C
(- 1 % DE PIB EX ANTE MAINTENU SUR 4 ANS)
(6) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
PIB |
- 0,7 |
- 0,7 |
- 0,6 |
- 0,6 |
Consommation |
- 0,1 |
- 0,3 |
- 0,3 |
- 0,4 |
Investissement privé non résidentiel |
- 1,5 |
- 1,2 |
- 0,8 |
- 0,6 |
Exportations |
- 0,2 |
0,1 |
0,2 |
0,3 |
Importations |
- 2 |
- 1,9 |
- 1,7 |
- 1,6 |
Taux de chômage (1) |
0,2 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
Prix à la consommation |
- 0,1 |
- 0,4 |
- 0,6 |
- 0,9 |
Salaires nominaux |
- 0,2 |
- 0,6 |
- 0,9 |
- 1,2 |
Taux de change contre $ * |
0,4 |
0,4 |
0,2 |
0,3 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
- 0,2 |
- 0,3 |
- 0,2 |
- 0,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
- 0,2 |
- 0,2 |
- 0,1 |
- 0,1 |
Balance courante (2) |
0,4 |
0,5 |
0,5 |
0,6 |
Solde public (2) |
0,8 |
0,8 |
0,9 |
0,9 |
Taux de prélèvements obligatoires (1) |
0,1 |
0 |
0 |
0 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Le taux
de change est exprimé à l'incertain (une
dépréciation de la monnaie se traduit par un écart
variantiel positif)
** hors masse salariale
ANNEXE 4
Le modèle multinational OEF
LE MODÈLE MULTINATIONAL OEF
Le
modèle multinational macroéconométrique OEF, de
fréquence trimestrielle, comprend 22 modèles nationaux et 6
zones géographiques (couvrant 52 pays). Bien entendu, une
hiérarchie existe dans le traitement détaillé des pays.
Les principales économies industrialisées (Etats-Unis, Japon,
Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) donnent lieu à des
modèles "volumineux" et plus performants (250 variables) que les petits
pays européens ou certains pays émergents (150 variables).
D'autre part, certaines régions du monde sont traitées en bloc et
avec une précision sommaire.
L'approche "globalisante" des modèles multinationaux se traduit par une
structure théorique similaire à la plupart des modèles
nationaux qui les composent. C'est le cas du modèle OEF. Les
spécificités nationales transparaissent alors essentiellement
à travers les valeurs des coefficients estimés dans chacune des
équations de comportement.
Sur le plan méthodologique, l'approche économétrique
correspond à la nouvelle génération de modèles
macro-économiques puisqu'elle est basée sur l'existence et la
mise en évidence de relations de cointégration entre les
principales composantes économiques dans le long terme. Techniquement,
cela se traduit par la présence de modèles à correction
d'erreur dans la majorité des équations du modèle.
Pour l'interprétation économique, cette architecture technique
n'est pas sans importance. Elle permet d'appréhender à la fois la
dynamique de court terme et le comportement de long terme des principales
variables analysées, la première étant corrigée
systématiquement afin d'assurer l'équilibre de moyen-long terme
du modèle. Le qualificatif "long" doit être nuancé car pour
un modèle trimestriel comme l'est OEF, l'ajustement au long terme peut
être réalisé en l'espace de quelques années (dont le
nombre est inférieur à 5 ans, notamment). Cette structure
technique répond ainsi doublement aux exigences du contenu
théorique puisque les expressions de long terme ont aussi la
propriété d'intégrer des déterminants
reflétant des comportements d'offre, souvent absents dans les
générations précédentes de modèles
macro-économiques néo-keynésiens.
Outre la globalisation géographique, la quasi-totalité des
variables économiques sont endogénéisées.
Le traitement des taux d'intérêt et des taux de change est, sur ce
plan, un exemple déterminant. La politique monétaire est
endogène dans le modèle multinational, conduire des variantes
à politique inchangée suppose donc que l'on neutralise un certain
nombre d'équations.
La formalisation des variables financières s'étend au-delà
des taux d'intérêt et de change. Elle couvre, en effet, mais de
façon plus sommaire, les déterminants directeurs de
marchés financiers. Ainsi, le marché des actions et leur prix ne
sont pas exogènes dans le modèle. La demande de monnaie est
également déterminée par le bouclage
macro-économique multinational.
Ces choix de développement ont des conséquences sur l'ensemble du
modèle car, ces variables financières sont présentes dans
les comportements économiques centraux : approche en Q de Tobin pour
l'investissement des entreprises ; influence de la richesse financière
dans le comportement de consommation et bien entendu, présence des taux
d'intérêt courts et/ou longs dans un grand nombre
d'équations pour expliquer à la fois l'équilibre de
moyen-long terme et la dynamique de court terme.
La transmission des chocs financiers internes et/ou externes conditionne donc,
de manière significative, à côté de la transmission
des chocs en volume, les résultats du modèle. Dans ces domaines,
la prédominance de l'économie américaine et allemande
(pour l'Europe) apparaît clairement.
La dernière version du modèle OEF (début 1999)
intègre la modélisation de la zone euro (11 pays). Cela se
traduit par l'existence de variables "zone euro" résultant simplement de
l'agrégation pondérée de variables calculées par
les différents modèles nationaux. Mais surtout, les
spécifications concernant la politique monétaire ont
été modifiées. Ainsi, le taux d'intérêt
à court terme pour la zone euro est déterminé dans le
modèle allemand par une fonction de réaction de la BCE
basée prioritairement sur une cible d'inflation (2 %) et, de
façon marginale, sur une cible de croissance potentielle (2,5 % pour
l'ensemble de la zone).
Un taux de change euro/dollar est formalisé à partir des
différentiels de taux d'intérêt et d'inflation par rapport
aux Etats-Unis et d'une prime de risque fonction de la balance courante. Il est
décliné à l'ensemble de la zone. Aucune autonomie
nationale n'est donc plus autorisée.
1
Rapport de l'excédent brut
d'exploitation des entreprises/leur valeur ajoutée.
2
" Le débat d'orientation budgétaire pour l'an
2000 : des intentions aux faits ". Rapport n°437 (1998-1999).
3
On notera que la mesure d'allégement de l'impôt sur
le revenu pour 11 milliards de francs contenue dans le collectif 2000
n'empêche pas une révision à la hausse du produit de cet
impôt pour 2000.
4
A ce titre, on pourra s'étonner qu'en réponse
à une question de votre rapporteur général, le
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie indique
que les recettes d'impôt sur le revenu n'auront progressé que de
4,6 % en 1999, à législation constante, " compte tenu
des incidences budgétaires de dispositions législatives
adoptées précédemment ". Les mesures citées,
dont l'abaissement du seuil de plafonnement du quotient familial et du seuil de
cession des valeurs mobilières ne peuvent être assimilées
à de simples changements de périmètre !
5
Cette accélération du programme pluriannuel est
confirmée par les réponses écrites du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie aux questions de votre
rapporteur : " les mesures annoncées par le gouvernement (...)
devraient permettre de réduite fortement le taux de
prélèvements obligatoires, de près d'un point de PIB. Il
serait ainsi ramené à un niveau très
légèrement inférieur à celui estimé pour la
programmation pluriannuelle. En 2001, il continuerait à se
réduire plus rapidement que dans le programme triennal. "
6
Rapport général n°89 (1999-2000) sur le projet
de loi de finances pour 2000. Tome I, pages 91 à 96.
7
Rapport général n°144 (1999-2000) sur le projet
de loi de finances rectificative pour 1999. Tome I, pages 25 à 32.
8
Cette étude figure en annexe au présent rapport.
9
Rapport n° 2387, XIème législature.
10
Hors la mesure concernant l'aménagement des remboursements
aux transporteurs routiers au titre de la TIPP pour 200 millions de francs.
11
Les résultats de ces simulations sont
présentés en annexe.
12
Sur ce point, on se reportera utilement au rapport de votre
commission " La concurrence fiscale en Europe : une contribution au
débat ", n° 483 (1998-1999).
13
L'ensemble de ces analyses figure en annexe au présent
rapport.
14
Rapport n° 144 (1999-2000), Tome I, page 44.
15
En outre, par un communiqué du 15 mai 2000, le
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a, de
nouveau, démenti les analyses de la Cour des comptes, estimant que
celle-ci avait " retenu une convention de calcul différente de
celle habituellement utilisée pour comparer les engagements pris par le
gouvernement dans la loi de finances et les résultats de
l'exécution budgétaire ".
16
Rapport n° 89 (1999-2000), Tome I, page 177.
17
Une telle préoccupation rejoint par ailleurs celle de
votre commission qui travaille actuellement sur cette question, en liaison avec
la délégation du Sénat pour la planification.
18
Rapport annuel 1999 de la Banque centrale européenne, mars
2000, pages 39 à 42.
19
Ainsi, le ministre de la fonction publique et de la
réforme de l'Etat, M. Michel Sapin, a récemment
déclaré que l'on ne savait
"
même pas combien
de personnes travaillaient pour l'Etat
"
!
20
Proposition de loi n° 317 (1999-2000).
21
Décision 99-423 DC du 13 janvier 2000.
22
Le solde primaire correspond à la différence entre
les recettes et les dépenses (hors prise en compte de la charge de la
dette sous forme d'intérêts). Lorsque ce solde devient
excédentaire, cela signifie que l'Etat n'emprunte plus pour financer les
intérêts de sa dette.
23
In Rapport général, tome I, n° 66
(1998-1999), pages 42 et suivantes.
24
On se félicitera ainsi de ce que l'analyse faite
dès l'automne 1999 par votre commission ait été
confortée par le très détaillé, quoique tardif,
rapport d'information que le rapporteur général de la commission
des finances de l'Assemblée nationale a consacré en mars 2000
à l'exécution du budget de 1999.
25
La Cour des Comptes dans son rapport sur l'exécution des
lois de finances pour 1999 en estime même le montant à
18 milliards de francs même si elle considère ce chiffre
comme " un ordre de grandeur plus qu'une mesure précise ".
Elle indique par ailleurs que près de 9 milliards de francs de
recettes fiscales ont été reportés d'un exercice vers
l'autre.
26
Cette situation n'a été que tout à fait
marginalement modifiée à l'issue de l'examen par
l'Assemblée nationale : le déficit y est en effet
" amélioré " de 15 millions de francs.
27
Dans la présentation faite par le ministre de
l'économie le 15 mars 2000, sur les comptes publics 1999 et les
perspectives pour 2000, devant les commissions des finances des deux
assemblées, celui-ci indiquait même, s'agissant de l'utilisation
des " marges de manoeuvre ", que si la " première
orientation " était la baisse des impôts, la deuxième
consistait en " la baisse du déficit ". On ne peut que
déplorer l'abandon de cette orientation entre le 15 mars et le
26 avril, jour du dépôt du projet de loi de finances
rectificative à l'Assemblée nationale.
28
S'agissant des dépenses militaires, la variation nette
n'est que de 310 millions de francs : 2,7 milliards de francs de
crédits sont ouverts pour les dépenses ordinaires et
2,4 milliards de francs de crédits de paiement sont annulés
pour les dépenses en capital.
29
Soit respectivement 27,2 milliards de francs et
34,7 milliards de francs.
30
Exprimée en base 95, la dette publique est passée
de 59,5 en 1998 à 58,7 points de PIB en 1999. Néanmoins ainsi
qu'a tenu à le souligner l'INSEE cette réduction résulte
" d'éléments exceptionnels ", tels que la diminution de
la trésorerie de l'Etat fin 1999 par rapport à fin 1998, ou le
désendettement des structures de défaisance.
31
Dette publique brute consolidée nominale, dite b.c.n.
32
Source : réponse au questionnaire de la commission
des finances.
33
Cette situation, avait été dénoncée
par le groupe de travail constitué à l'initiative, et sous la
présidence de M. Laurent Fabius, sur l'efficacité de la
dépense publique et le contrôle parlementaire : l'Etat
pratiquant " une politique de provisionnement minimal, alors que le
principe de sincérité budgétaire milite pour
qu'apparaissent, à la lecture du bilan de l'Etat, les causes
d'éventuels déséquilibres futurs ".
34
Il ne prend en compte que la notion de dette garantie par l'Etat
inscrite aux sous-comptes 801 (emprunts intérieurs) et 802 (emprunts
extérieurs) de la comptabilité de l'Etat, qui est publiée
chaque année au compte de la dette publique.
35
In JO Questions Sénat, 29 juillet 1999, page 2576.
36
Il convient de relever que l'accroissement, dans la nouvelle
base 1995 du montant de la dette publique au sens de Maastricht, qui est de
60,3 % du PIB en 1998, est dû à l'intégration des
structures de défaisance publiques, dont EPFR et CDR, dans le secteur
des ODAC.
37
In Rapport économique, social et financier pour 1999 -
page 145.
38
Eu égard aux méthodes de calcul retenues, les
évaluations en valeur absolue retenues par l'OCDE diffèrent de
celles du gouvernement. L'appréciation relative du niveau des
déficits structurels et de leur variation implique cependant,
nécessairement, une approche comparatiste, reposant sur des
méthodes communes d'appréciation que seule l'OCDE semble en
état de mettre en oeuvre.
39
Ce que souligne d'ailleurs le rapporteur général
à l'Assemblée nationale dans son rapport sur le collectif
1999 : " on remarquera que le rythme d'assainissement prévu
pour la France en 1999 et 2000 est nettement plus rapide que la moyenne
communautaire ou de la zone euro
, même si le déficit public
français reste à un niveau moyen relativement plus
élevé "
.
40
On doit rappeler que le gouvernement français a ainsi
révisé à la hausse sa prévision de croissance pour
2000 : de 2,6 à 3 % en loi de finances initiale pour 2000,
celle-ci est désormais en collectif pour 2000 de 3,4 à 3,8 %.
41
Ces simulations sont détaillées en annexe au
présent rapport.
42
Dans son rapport préliminaire sur l'exécution des
lois de finances pour 1999, la Cour des comptes considère que " si
l'augmentation en volume des dépenses devait se poursuivre à ce
rythme, le succès des efforts de maîtrise des dépenses
affichés dans le programme pluriannuel des finances publiques se
trouverait compromis ".
43
En ne tenant pas compte de la " DGD-Formation
professionnelle ", qui est une dotation un peu particulière
inscrite au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité,
les dotations de l'Etat ont augmenté de 2,9%.
44
Le montant de la DCTP est ainsi passé de
19,1 milliards de francs en 1995 à 11,8 milliards de francs en
2000.
45
Ce chiffre tient compte de la compensation de la baisse des
droits de mutation des départements.
46
Ce chiffre ne tient pas compte de la recentralisation de la
compétence d'aide sociale des départements dans le cadre de la
CMU , qui se traduit par une baisse de 9,1 milliards de francs de la
dotation générale de décentralisation (DGD). La
compensation de la baisse des droits de mutation des départements, qui
est intégrée à la DGD, est prise en compte dans les
compensations. En " brut ", c'est-à-dire sans neutralisation
de l'effet CMU et en maintenant la compensation de la baisse des droits de
mutation dans la DGD, l'augmentation des concours de l'Etat
s'élève à 9.555 millions de francs, répartis
en une diminution de 136 millions de francs du montant des dotations de
l'Etat et une augmentation de 9.691 millions de francs des compensations.
47
Cette remarque vaut pour l'ensemble de l'agrégat comptable
des administrations de Sécurité sociale. Dans le rapport sur le
débat d'orientation budgétaire, le gouvernement le
reconnaît : " le redressement des comptes sociaux se poursuivra
en 2000 et 2001, après un retour à l'équilibre en 1999, la
première fois depuis 1991. Le dynamisme des recettes en constitue le
principal moteur ".
48
La croissance économique a un effet sur les recettes
fiscales et, inversement, la politique budgétaire a un impact sur la
croissance.
49
A hauteur de 20 % environ : les mesures de relance
représentant
0,5 % du PIB
n'entraîneraient,
après prise en compte de leur impact sur la croissance, qu'une
augmentation de
0,4 % du PIB
du déficit public.
50
L'OFCE avait engagé cette étude avant que la
Commission des Finances ne projette de la lui commander. Cet organisme en a
ainsi gardé la propriété intellectuelle et toute
liberté dans la présentation et le commentaire des
résultats. Elle fera l'objet d'une publication ultérieure par ses
soins.
51
OEF est un modèle
multinationa
l, qui
présente en cela l'avantage d'intégrer les conséquences
d'une modification de la politique budgétaire pour nos partenaires et
les effets que l'économie française peut en attendre en retour.
52
La demande de la Commission des Finances portait sur une
réduction à 42,4 % du taux de P.O. en 2003. Cependant, au
moment où le COE a réalisé cet exercice, le taux de P.O.
pour 1999 était estimé à 45,3 %. Pour parvenir
à un taux de 42,4 %, la baisse nécessaire pour 1999
était bien de 2,9 points. Les comptes nationaux provisoires qui
viennent d'être publiés évaluent le taux de P.O. pour 1999
à 45,7 % : cet effet de base différent explique
l'écart entre la simulation réalisée par le COE et la
demande de la Commission des Finances.
53
Essentiellement en raison de l'impact désinflationniste
très marqué de la mesure de réduction des cotisations
sociales employeurs qui se traduit au numérateur par une forte
minoration du PIB en valeur, laquelle perturbe fortement
l'interprétation de l'évolution du ratio dette/PIB.
54 Nous ne sommes pas en mesure de faire un diagnostique précis
impôt par impôt, du fait du manque d'information sur les bases
fiscales. Les résultats sont obtenus à partir d'approximations
des bases fiscales par des agrégats macro économiques.
55
Le niveau d'inflation a une influence sur les recettes, par
exemple en ce qui concerne la TVA ou les recettes de cotisations sociales. Mais
une partie des recettes est indépendante du niveau d'inflation. C'est le
cas de l'is et de l'irpp. Une inflation plus forte que prévue induit
donc des recettes supérieures, mais moins que proportionnellement.
On peut tenir le même raisonnement en ce qui concerne les
dépenses. Si l'objectif de dépenses est déterminé
en volume, les enveloppes sont fixées en valeur. La régulation
budgétaire permet certes d'adapter une partie des dépenses
à l'évolution des prix. Mais l'inflation a pour
conséquence une diminution des dépenses en volume. Finalement,
une inflation plus forte a plutôt tendance à améliorer
modérément le solde des administrations publiques.
56
Estimation du déficit de administrations publiques en 1999
au moment de l'élaboration des hypothèses.
57
Une amélioration du déficit fait baisser les taux
tandis qu'un accroissement de la dette relève leur niveau à moyen
terme.
58
ce qui apparaît en accord avec les constats relatifs aux
effets sur l'emploi de l'allégement des charges sociales sur les bas
salaires. Bien que le modèle ne différencie pas le travail
qualifié du travail non qualifié, on peut accepter
l'hypothèse d'une sensibilité de l'emploi au coût du
travail qui reflèterait cet effet structurel et qui se traduirait ici
par un impact sur l'emploi global.
59
L'IRPP ne représente qu'une partie de l'impôt sur le
revenu et le patrimoine des ménages figurant en recettes du compte des
administrations publiques en comptabilité nationale (plus de 650
milliards en 1998).
60
Cette opération correspond au transfert des baisses de
charges sociales patronales. Cependant, elle s'inscrit aussi dans une tendance
à la baisse des subventions directes.
61
L'estimation est susceptible de varier en fonction de la
dynamique de croissance à l'oeuvre, tous les revenus n'étant pas
affectés par le même multiplicateur de recettes
fiscales.