L'office national des anciens combattants : réussir sa mutation au service du monde combattant
BAUDOT (Jacques)
RAPPORT D'INFORMATION 32 (1999-2000) - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
LES ORIGINES DE L'ONAC ET SES MISSIONS- I. LA GESTION DU MONDE DES ANCIENS COMBATTANTS
- II. LES MISSIONS DE L'ONAC
-
CHAPITRE II
L'ONAC : UN ÉTABLISSEMENT PUBLIC DANS L'ATTENTE D'UN NOUVEL ÉLAN -
CHAPITRE III
LES PERSPECTIVES D'AVENIR DE L'ONAC- I. L'AVENIR PROCHE DE L'OFFICE : DES REFORMES STRUCTURELLES À METTRE EN OEUVRE
- II. L'AVENIR PLUS LOINTAIN DE L'ONAC : UNE RÉFLEXION À MENER
- CONCLUSION
- LES PROPOSITIONS
- ANNEXES
- LISTE DES ANNEXES
N° 32
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 27 octobre 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur les activités de l'Office national des anciens combattants ,
Par M.
Jacques BAUDOT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Anciens combattants et victimes de guerre. |
INTRODUCTION
Votre
rapporteur a commencé sa mission de contrôle sur l'Office national
des anciens combattants (ONAC) en octobre 1998. Plusieurs facteurs expliquent
le choix de cet établissement public comme objet de mission.
D'abord, son existence et son rôle sont mal connus.
En effet, il
existe une confusion entre les missions exercées par le
Secrétariat d'Etat aux anciens combattants et celles qui incombent
à l'Office national des anciens combattants. En outre, alors que l'ONAC
est soumis, en tant qu'établissement public, au principe d'unité
budgétaire, ses missions sont accomplies par quatre intervenants :
l'administration centrale, les services départementaux, les
écoles de rééducation professionnelle et les maisons de
retraite.
En conséquence, ce rapport a pour objet de contribuer à une
meilleure compréhension du fonctionnement de l'ONAC et de l'articulation
de ses missions avec celles des services extérieurs du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants, et des directions
interdépartementales aux anciens combattants.
Ensuite, lorsque votre rapporteur a débuté sa mission, l'Office
connaissait une situation financière difficile.
Depuis deux ans, ses
recettes courantes ne couvraient plus ses dépenses, entraînant un
déficit d'exploitation grandissant. Or, le budget de l'ONAC
dépasse 600 millions de francs, dont près de la
moitié est versée par l'Etat.
Il était donc
légitime que la commission des finances s'intéresse à la
gestion de cet établissement.
Par ailleurs, depuis le début des années 90, plusieurs rapports
avaient soulevé le caractère structurellement déficitaire
de la gestion des maisons de retraite de l'ONAC et suggéraient des
réformes d'envergure. Or, en 1998, l'Office ne paraissait pas avoir
encore arrêté une stratégie précise concernant
l'avenir de ses maisons de retraite.
Votre rapporteur a donc souhaité
se rendre compte par lui-même de l'état de ces dernières
afin, le cas échéant, de proposer des solutions.
Enfin, lorsque le principe d'installer une mission d'information a
été arrêté, la légitimité de l'ONAC
semblait remise en cause de manière diffuse.
Ainsi, peu avant la discussion de la loi de finances pour 1997, un projet de
réorganisation des services déconcentrés de l'Etat visant
à faire disparaître les services départementaux de l'Office
avait été évoqué, provoquant l'émoi parmi le
monde combattant. Depuis, les associations d'anciens combattants se montrent
particulièrement attentives à tout projet de réforme
visant l'Office ou même le Secrétariat d'Etat.
Or, peu de temps après sa prise de fonction, l'actuel Secrétaire
d'Etat, M. Jean-Pierre Masseret, lançait une réflexion sur le
devenir
de son département ministériel. Pendant plusieurs
mois, l'Office est donc resté dans l'expectative. Aussi, lorsqu'une
diminution de 5 millions de francs de la subvention du Secrétariat
d'Etat aux anciens combattants en matière d'action sociale a
été inscrite dans le projet de loi de finances pour 1998,
certains ont cru déceler une confirmation de la remise en cause de la
pérennité de l'Office.
La situation a évolué par la suite et les décisions prises
ont été favorables à l'Office national des anciens
combattants.
En effet, le secrétaire d'Etat aux anciens combattants
a très vite pris conscience du très fort attachement des
associations d'anciens combattants à l'ONAC. En outre,
l'intégration du secrétariat d'Etat aux anciens combattants au
ministère de la défense devait recevoir le consentement de ces
dernières. Or, il n'était guère probable que celles-ci
acceptent une restructuration à la fois du département
ministériel et de l'Office national des anciens combattants.
Il a
donc été décidé qu'en contrepartie de
l'intégration du Secrétariat d'Etat aux anciens combattants au
ministère de la défense, les missions et les moyens de l'Office
seraient renforcés.
Parallèlement, l'ONAC, sous l'impulsion de son ministère de
tutelle, a engagé une réflexion sur les réformes à
engager pour assumer au mieux ses nouvelles responsabilités.
Au
moment de la publication du présent rapport, de nombreuses mesures ont
déjà été prises, dont les plus importantes sont les
fermetures de cinq maisons de retraite.
Elles sont cependant loin
d'être achevées.
La période choisie pour mener cette mission s'est donc
révélée particulièrement
intéressante puisqu'elle a correspondu à l'époque
où la décision de renforcer les moyens et les missions de l'ONAC
a été prise et où ses dirigeants ont dû
définir une stratégie afin d'assainir durablement la situation
financière de ce dernier.
La complexité de l'organisation de l'Office national des anciens
combattants a conduit votre rapporteur à effectuer une série de
visites sur le terrain pour examiner le fonctionnement concret non seulement de
l'administration centrale, mais également des services
départementaux, des maisons de retraite ou des écoles de
rééducation.
Ainsi, votre rapporteur s'est entretenu avec 11 directeurs de services
départementaux, 6 directeurs de maison de retraite et
3 directeurs d'écoles de rééducation professionnelle.
Par ailleurs, il a rencontré 4 directeurs de directions
interdépartementales aux anciens combattants et
2 préfets.
Votre rapporteur s'est également rendu en
Allemagne
et en
Grande-Bretagne
pour étudier la manière dont ces deux pays
assuraient la défense des intérêts matériels et
moraux des anciens combattants.
Aussi, votre rapporteur souhaite-t-il remercier l'ensemble des intervenants
qu'il a eu l'occasion de rencontrer au cours de ses nombreuses visites et des
ses différents entretiens. Il tient à ce titre
particulièrement à saluer la collaboration et la
disponibilité des l'ensemble des personnels de l'Office national des
anciens combattants.
CHAPITRE PREMIER
LES ORIGINES DE L'ONAC ET SES MISSIONS
I. LA GESTION DU MONDE DES ANCIENS COMBATTANTS
A. UNE SPÉCIFICITÉ FRANÇAISE
1. Les origines de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre
Le terme
" Office national des anciens combattants et victimes de guerre
(ONAC) " apparaît officiellement pour la première fois dans
le décret du 17 juin 1946 incorporant dans l'Office national des
mutilés, combattants, victimes de guerre et pupilles de la Nation, les
services sociaux du ministère des prisonniers, déportés et
réfugiés.
Toutefois, la création du premier établissement
spécialisé ayant pour mission de développer auprès
de ses ressortissants une action sociale individualisée remonte à
1916. En effet, l'arrêté interministériel du
2 mars 1916 instituait un Office national des mutilés et
réformés de guerre.
Par la suite, les conséquences désastreuses de la " Grande
guerre " ont amené les gouvernements à créer un
Office national des pupilles de la Nation (loi du 29 juillet 1917), un Office
national des mutilés et réformés de guerre (loi du 2
janvier 1918), et un Office national du combattant (loi du
19 décembre 1926).
Ces différents offices ont peu à peu été
fusionnés pour devenir, en 1946, l'Office national des anciens
combattants.
2. Une organisation administrative dédoublée
Les
premières opérations militaires en 1914 (liées à la
guerre de mouvement), puis la longue guerre des tranchées, très
coûteuses en vies humaines, ont conduit à la création des
différents offices précités. Il s'agissait alors
d'apporter une aide aussi bien aux anciens combattants blessés ou
mutilés qu'à leur famille en cas de décès.
Toutefois, l'action des offices ne permettait pas d'apporter une solution
durable au sort des millions d'anciens combattants que la guerre avait rendus
invalides.
En 1919, la France comptait 39 millions d'habitants. La mobilisation a
touché plus de 20 % de la population, pratiquement 41 % des
personnes de sexe masculin et 75 % des hommes de 20 à 35 ans.
La mobilisation a porté sur 33 classes (de 1887 à 1919), les
personnes appelées les plus âgées avaient 47 ans.
Or, les pertes subies ont été à la mesure de l'importance
des forces engagées. Les personnes tuées ou disparues au feu
représentent 1.393.000 morts tandis qu'on évalue le nombre
des blessés à 3.595.000 et que 56.000 personnes furent
amputées.
La population civile souffrit également. On dénombre
110.000 victimes mortes des suites de la guerre. Le conflit a
laissé en outre 600.000 veuves et 986.000 orphelins.
Le caractère extrêmement meurtrier de ce conflit et le devoir de
reconnaissance de la Nation à l'égard des anciens combattants ont
conduit à l'adoption de la loi du 31 mars 1919 sur les pensions
d'invalidité.
Par ailleurs, était créé le 23 janvier 1920 le
ministère des anciens combattants afin de mettre en application la loi
sur les pensions.
L'ONAC aurait pu alors disparaître en tant qu'établissement
public tandis que ses missions auraient été
transférées au nouveau ministère. Telle n'a pas
été la solution retenue.
A l'époque, il a été estimé que la dualité
Ministère-ONAC favorisait une plus grande polarisation des
missions : la réparation et l'indemnisation pour le premier,
l'action sociale pour le second.
Ainsi était né le
dédoublement de l'organisation administrative des anciens combattants
qui a perduré jusqu'à nos jours.
Le
but social
de l'ONAC a été confirmé en 1946 par
l'incorporation dans l'Office des services sociaux du ministère des
prisonniers, déportés et réfugiés.
Par ailleurs, l'existence de services déconcentrés aussi bien au
ministère qu'à l'ONAC a été analysée comme
permettant une adaptation plus fine aux réalités du terrain et
une spécialisation accrue des missions : l'accueil et l'action de
proximité pour les services départementaux de l'ONAC, le
traitement administratif des dossiers et la production des prestations offertes
aux ressortissants pour les directions interdépartementales du
ministère des anciens combattants.
LE
PARTAGE DES MISSIONS ENTRE LES SERVICES DÉCONCENTRÉS
DU
MINISTÈRE ET DE L'ONAC
Le
partage des missions entre le secrétariat d'Etat aux anciens combattants
et l'ONAC n'obéit pas toujours à des critères rigoureux et
a évolué avec le temps.
Par ailleurs, dans certains domaines, leurs compétences se chevauchent.
Pour autant, la répartition des tâches entre les services
départementaux de l'ONAC et les directions interdépartementales
du secrétariat d'Etat aux anciens combattants peut être
établie de la manière suivante.
a) Les activités des directions interdépartementales aux
anciens combattants
Les directions interdépartementales exercent les missions
liées au droit à réparation et au droit de reconnaissance
consacrés par le code des pensions militaires d'invalidité,
à savoir :
- la reconnaissance du droit à pension d'invalidité ou
d'ayant-cause ;
- la reconnaissance du droit à la retraite d'ancien combattant ;
- l'attribution dans le cadre de la procédure centralisée (et le
contrôle d'attribution dans le cadre de la procédure
décentralisée) de l'ensemble des titres et cartes de victime de
guerre ;
- le droit aux soins médicaux gratuits, à l'appareillage et aux
emplois réservés ;
- l'entretien des nécropoles nationales.
b) Les activités des services départementaux de l'Office
Les services départementaux de l'Office national des anciens combattants
et victimes de guerre exécutent quatre sortes de missions :
- l'action sociale individuelle (attribution de secours et de
prêts) ;
- l'instruction des demandes de cartes et de titres ;
- l'information historique ;
- la tutelle des pupilles de la Nation.
c) Les missions conjointes des directions interdépartementales aux
anciens combattants et des services départementaux de l'ONAC
Les directions interdépartementales aux anciens combattants et les
services départementaux de l'ONAC interviennent conjointement dans
certaines missions ou procédures dont les principales sont l'instruction
des cartes et des titres, l'information historique et le fonds de
solidarité pour les anciens d'Afrique du Nord et d'Indochine.
L'instruction des cartes et des titres
Les services départementaux de l'ONAC
assurent l'instruction des
demandes de carte du combattant, de titre de reconnaissance de la Nation,
de carte de combattant volontaire et de la Résistance, de carte de
réfractaire, d'attestation de personne contrainte au travail en pays
ennemi, de carte de Patriote transféré en Allemagne (P.T.A), de
certificat d'incorporé de force dans les formations paramilitaires
allemandes (RAD, KHD) et de carte de Patriote résistant à
l'annexion de fait (P.R.A.F).
La décision d'attribution desdits titres et cartes relève de la
compétence des préfets de département.
Les directions interdépartementales
sont, elles, chargées
de l'instruction des demandes de carte de Patriote résistant à
l'occupation des départements du Rhin et de la Moselle (P.R.O), de titre
de déporté ou d'interné résistant ou politique, de
titre de prisonnier du " Viêt-minh ", de titre de victime de la
captivité en Algérie et de titre d'évadé.
La décision d'attribution desdits cartes et titres relève de la
compétence du secrétaire d'Etat, sauf exceptions prévues
expressément par les textes.
L'information historique
Le décret du 29 décembre 1985 a accordé à l'ONAC
des compétences en matière d'information historique puisqu'il a
été créé dans chaque département une
commission départementale de l'information historique pour la paix.
Celle-ci a pour but de coordonner les actions menées à
l'échelon départemental en faveur de l'information historique
pour la paix. Elle est animée, sous l'autorité du préfet
du département, par le directeur du service départemental de
l'ONAC.
Toutefois, la politique de la mémoire et de l'information historique
reste définie par la Délégation à la mémoire
et à l'information historique (DMIH). Les directeurs des services
départementaux de l'ONAC doivent donc tenir compte des orientations
définies par la DMIH pour mettre en oeuvre sur le terrain les actions
destinées à perpétuer le souvenir des conflits
contemporains. En outre, l'entretien des nécropoles relève
exclusivement des directions interdépartementales.
Le fonds de solidarité pour les anciens combattants d'Afrique du
Nord et d'Indochine
Créé par l'article 125 de la loi de finances pour 1992, le fonds
de solidarité attribue deux catégories d'allocation dont
l'instruction a été répartie entre le secrétaire
d'Etat et l'ONAC.
Ainsi, les directions interdépartementales aux anciens combattants
instruisent et traitent les dossiers d'allocation de préparation
à la retraite.
Les services départementaux de l'ONAC instruisent et liquident les
dossiers d'allocation différentielle.
B. LA GESTION PARITAIRE DE L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS
1. Au niveau central
Le code
des pensions militaires fixe le caractère juridique, les attributions,
la composition, l'organisation, le fonctionnement et le régime financier
de l'Office national des anciens combattants.
L'Office se caractérise par sa gestion paritaire puisqu'il est
administré, sous l'autorité du secrétaire d'Etat
chargé des anciens combattants, par un conseil d'administration et par
un directeur général.
Le conseil d'administration
, dont la composition a été
modifiée par le décret n° 98-311 du 28 mars 1998,
comprend 75 membres. Il est présidé par le secrétaire
d'Etat chargé des anciens combattants et est composé de
représentants :
- du Parlement ;
- des grands corps de l'Etat ;
- du Gouvernement ;
- des titulaires de distinctions honorifiques ;
- des différentes catégories de ressortissants de l'Office, parmi
lesquelles les parents d'anciens combattants, les pensionnés et les
anciens combattants et victimes de guerre.
Le conseil d'administration définit la politique générale
de l'Office national des anciens combattants. Il délibère sur le
budget, le compte financier de l'établissement, la répartition
aux associations des subventions destinées à l'action sociale,
la fixation du prix de journée d'hébergement et de séjour
des ressortissants de l'ONAC dans les établissements privés. Il
statue, en appel, sur les recours formés contre les décisions
rendues, à l'échelon départemental, en matière
d'aide aux ressortissants. D'une manière générale, il peut
être appelé à donner son avis sur les affaires qui lui sont
renvoyées soit par le secrétaire d'Etat, soit par le directeur.
Il se réunit au moins une fois par trimestre.
Le conseil d'administration élit deux vice-présidents et
désigne en son sein deux commissions de dix-sept membres :
-
la commission des affaires générales et des
finances
, appelée à étudier les questions concernant
les ressortissants, le budget, les comptes de l'Office ;
-
la commission d'action sociale
, appelée à
étudier toutes les questions intéressant les demandes de
subventions, l'hébergement, le reclassement, les pupilles de la Nation
et les orphelins de guerre.
Le conseil d'administration tient chaque année deux sessions ordinaires.
Il se réunit en outre, sur convocation de son président, chaque
fois que l'exige le fonctionnement de l'Office.
L'administration courante de l'ONAC est cependant assurée par le
directeur général de l'Office
. Celui-ci est nommé par
décret, sur proposition du secrétaire d'Etat aux anciens
combattants. Il est chargé d'assurer le fonctionnement des services et
représente l'Office en justice. Il exerce ses attributions d'ordonnateur
dans le cadre de la réglementation comptable propre aux
établissements publics nationaux à caractère
administratif.
2. Au niveau départemental
Ce
paritarisme est reproduit à l'échelon local puisque les services
départementaux de l'Office sont également administrés par
un conseil départemental et un directeur, sous l'autorité du
préfet de département.
Toutefois, le directeur n'est pas
ordonnateur secondaire.
Le conseil départemental comprend :
- le préfet qui préside ;
- le président du conseil général ;
- les maires des plus grandes villes du département ;
- le procureur de la République ;
- le trésorier-payeur-général ;
- l'officier commandant de la subdivision militaire ;
- l'inspecteur d'académie ;
- le directeur départemental du travail ;
- les directeurs des services de l'Etat et du département chargé
des affaires sanitaires et sociales ;
- le responsable départemental de l'agence pour l'emploi ;
- quarante-sept membres d'associations d'anciens combattants.
Au sein du conseil d'administration sont constituées la commission
d'action sociale et les commissions que ce dernier estime utile eu égard
aux circonstances locales.
II. LES MISSIONS DE L'ONAC
A. DES MISSIONS DIVERSES ACCOMPLIES PAR DE NOMBREUX ACTEURS
Les
missions de l'Office national des anciens combattants sont très
variées puisque, conformément à l'article D. 432 du code
des pensions militaires, il a pour objet de veiller en toute circonstance sur
les intérêts matériels et moraux de ses ressortissants
.
Cela inclut, notamment,
l'action sociale
ainsi qu'un effort particulier
d'une part en matière de
placement dans les maisons de retraite
des
ressortissants âgés
et, d'autre part, en
matière de réinsertion professionnelle.
Par ailleurs, les missions de l'Office national des anciens combattants
s'étendent également à
l'instruction de la plupart des
demandes de cartes et de titres et à l'information historique
.
Pour accomplir ces missions, plusieurs acteurs interviennent : les
services départementaux, l'administration centrale, les maisons de
retraite et les écoles de rééducation professionnelle.
1. L'action sociale
L'article D 432 du code des pensions militaires
d'invalidité définit les missions de l'Office national des
anciens combattants en matière d'action sociale.
Il dispose que :
"
L'Office national a pour objet de veiller en toute circonstance sur
les intérêts matériels et moraux de ses ressortissants.
Il a notamment pour attribution :
- de prendre ou de provoquer en leur faveur toutes mesures jugées
nécessaires ou opportunes, et plus particulièrement en
matière d'éducation, d'apprentissage, d'établissement de
rééducation professionnelle, d'aide au travail, d'aide,
d'assurance et de prévoyance sociales ;
- de diriger, de coordonner et de contrôler l'action des services
départementaux et de statuer sur les recours formés contre leurs
décisions ;
- d'utiliser, au mieux des intérêts de ses ressortissants, ses
ressources propres, les subventions de l'Etat ou le produit des fondations,
dons et legs, soit directement, soit par l'intermédiaire des services
départementaux, des associations constituées par ses
ressortissants ou des oeuvres privées qui leur viennent en aide ;
- d'assurer la liaison entre lesdites associations ou oeuvres privées et
les pouvoirs publics ;
- de donner son avis sur les projets ou propositions de loi et les projets de
décrets concernant ses ressortissants et de suivre l'application des
dispositions adoptées ;
- d'une manière générale, d'assurer à ses
ressortissants le patronage et l'aide matérielle qui leur sont dus par
la reconnaissance de la Nation ;
- d'exercer l'action sociale nécessaire en faveur des sinistrés,
réfugiés et spoliés, tant qu'ils demeurent
détenteurs de la carte attestant leur qualité
".
La solidarité apparaît donc comme le fondement et la raison
d'être de l'Office. Elle est déconcentrée au niveau des
services départementaux qui, de part leur proximité, sont les
mieux à même de connaître la situation de chaque
ressortissant
. Cette action sociale revêt deux formes
principales :
- par le biais de
l'action sociale individuelle
, l'Office essaie
d'apporter une réponse adaptée aux besoins spécifiques de
ses ressortissants ;
- à travers
l'action sociale collective
, l'Office garantit
à tous ses ressortissants des aides de toute nature prévues par
la législation de droit commun et par le code des pensions militaires
d'invalidité et des victimes de guerre.
a) L'action sociale individuelle
L'aide
sociale individuelle est d'abord une aide en espèces et en nature.
Chaque service départemental reçoit le montant de la dotation
à sa disposition en début d'année pour l'année
entière. Puis, les conseils départementaux répartissent
librement et suivant les circonstances locales les sommes allouées.
Seules trois lignes budgétaires retracent désormais les
interventions sociales individuelles :
-
secours et allocations
: il s'agit d'aides
ponctuelles aux ressortissants momentanément en difficulté, des
participations aux frais d'obsèques à l'occasion du
décès d'un ressortissant, versées aux ayants cause, des
aides aux ressortissants hospitalisés et en maison de retraite, des
prises en charge des frais d'aide ménagère et, enfin, pour les
ressortissants les plus jeunes, des aides à l'accès et au retour
à l'emploi, constituées, par exemple, par la prise en charge de
frais de formation ;
- dépenses particulières aux pupilles de la Nation et
orphelins de guerre
: elles représentent les différentes
subventions versées à des pupilles de la Nation poursuivant des
études (second degré et études supérieures) et
destinées à leur permettre de les mener à terme dans de
bonnes conditions matérielles. Ces dépenses sont financées
sur les fonds propres de l'ONAC ;
- prêts individuels de l'Office à ses
ressortissants
: ces prêts sont accordés aux
ressortissants disposant de ressources normales mais devant faire face à
des dépenses indispensables, d'un montant susceptible de
déséquilibrer leur budget. Ces prêts sont remboursables
sans intérêts et bénéficient d'un
différé d'amortissement.
Les dossiers sont instruits par les services départementaux dont les
avis sont en règle générale suivis par la commission
sociale des conseils départementaux.
Toutefois, la saisine de la commission sociale est parfois susceptible
d'entraîner des délais incompatibles avec l'urgence exceptionnelle
qu'une intervention peut éventuellement revêtir. Aussi, en cas de
nécessité absolue, le directeur départemental est
habilité à accorder une aide dont il devra rendre compte à
la prochaine réunion de la commission sociale.
En raison de la grande marge de manoeuvre laissée à chaque
commission sociale, les actions sociales retenues varient d'un
département à l'autre
.
Ainsi, certaines continuent à envoyer au moment des fêtes de fin
d'année des " colis de douceur " aux personnes
âgée hospitalisées et aux résidents des maisons de
retraite.
D'autres accordent toujours une part importante des crédits à
leur disposition au financement d'une partie des frais d'obsèques.
Les services départementaux sont cependant incités depuis
quelques années à une plus grande rigueur dans la
sélection des dossiers
. En effet,
l'élargissement de la
qualité de ressortissant de l'Office à de nouvelles
catégories et la précarisation d'une partie des ressortissants
ont accru le nombre de demandes sans que les crédits soient
augmentés proportionnellement
. Au contraire, la loi de finances pour
1998, par exemple, avait réduit la dotation de 5 millions de
francs.
En conséquence, et conformément aux orientations définies
par le conseil d'administration de l'Office, certains conseils
départementaux ont modifié leur critère d'attribution.
Ainsi, alors que l'allocation pour frais d'obsèques était
pratiquement délivrée systématiquement, désormais,
elle ne devrait être accordée qu'exceptionnellement et sous
condition de ressources.
Cette évolution évite un trop grand " saupoudrage " et
permet de concentrer l'aide sur les ressortissants qui en ont
véritablement besoin.
En outre, le vieillissement des ressortissants de l'Office a contraint ce
dernier à développer ses interventions au titre des frais d'aide
ménagère et du maintien à domicile.
L'action
sociale de l'ONAC en 1998
Les secours ordinaires et les interventions
sociales d'urgence
En 1998,
leur volume financier atteint 10.606.301 francs dont 8.685.045 francs sur
crédits d'Etat et représente 6.889 interventions (montant
moyen de 1.540 francs) dont 61,5 % en faveur des moins de 60 ans.
En ce qui concerne les secours ordinaires, la modicité des ressources,
ponctuelle ou permanente, ou la charge d'une dépense exceptionnelle sont
les deux principales raisons qui motivent l'intervention des services
départementaux.
Les difficultés financières résultent
majoritairement :
- des frais liés à l'habitat : dépenses de
loyers, frais d'emménagement et de déménagement,
règlement des factures d'énergie, achat de mobilier ;
- des frais liés aux changements de la situation familiale :
décès, divorce, séparation, frais liés aux enfants
(enfant majeur sans emploi à charge, frais de scolarité...) ;
- des dépenses de santé : les services
départementaux ont dispensé 778 aides en 1998 pour un
montant total de 2.560.490 francs. Ces dépenses concernent
essentiellement les frais d'optique, de prothèses auditives et dentaires
et les frais d'hospitalisation restant à charge, mais également
une participation aux frais d'adhésion ou de cotisation à une
mutuelle.
Les interventions sociales d'urgence apportent une réponse
financière immédiate à des situations exceptionnelles
(délivrance de bons alimentaires, de chèques de service...).
Elles peuvent également consister à rechercher un lieu
d'hébergement ou à intervenir auprès de créanciers.
Les interventions de l'Office au titre du maintien à domicile et de
l'aide ménagère poursuivent leur évolution en volume et en
montant en 1998.
Du fait de la prise en compte de leurs pensions de guerre dans les ressources
disponibles, pensionnés et veuves de guerre dépassent les seuils
fixés pour bénéficier des prises en charge de la
sécurité sociale au titre de l'aide ménagère
à domicile. L'Office est donc amené à compenser l'absence
de participation des assurances sociales. Ses interventions sont alors
sélectives et permettent de diversifier les taux de participation en
fonction des ressources.
En 1998, les services départementaux ont réalisé
1.525 interventions au titre de l'aide ménagère pour un
montant de 3.223.466 francs dont 1.805.643 francs sur crédits
d'Etat (la moyenne s'établissant à 2.114 francs par
prestataire pour l'année). La part grandissante des ressources
affectées consacrée à cette dépense en 1998 a
permis d'augmenter le nombre de ces interventions (1997 :
1.099 participations au titre de l'aide ménagère ;
1998 : 1.525 participations au titre de l'aide
ménagère).
Compte tenu du coût prohibitif de l'aide ménagère et de
l'augmentation du nombre de demandes, la recherche de formes alternatives de
maintien à domicile s'est poursuivie en 1998.
L'évolution de l'action sociale de l'Office en faveur des ressortissants
âgés s'est traduite en 1998 par une augmentation en volume et en
montant des interventions au titre du maintien à domicile
(1997 : 990.468 francs pour 651 aides ; 1998 :
1.968.357 francs pour 1.599 aides, soit une augmentation de
977.889 francs et de 948 aides).
Les services départementaux concourent au maintien à domicile des
ressortissants par différents moyens :
- la conclusion de conventions au plan local avec notamment les centres
communaux d'action sociale dont la finalité la plus fréquente est
de créer une synergie entre les activités d'entraide et des
prestations au profit des personnes âgées et/ou
dépendantes ;
- le financement partiel ou total (en fonction des ressources du demandeur
et du montant de la dépense) des frais d'interventions de prestataires
de service proposant à titre d'illustration la
télésurveillance ou la téléassistance, le portage
de repas à domicile ;
- l'octroi d'aides financières concourant aux dépenses
d'équipement ou d'amélioration de l'habitat telles que
l'aménagement d'une chambre ou de sanitaires au rez-de-chaussée
de l'habitation d'une personne âgée ou handicapée, le
remplacement ou l'équipement d'un moyen de chauffage.
Au total, 5.191.823 francs ont été utilisés sous
diverses formes pour favoriser le maintien à domicile de
3.124 anciens combattants et victimes de guerre âgés ou en
perte d'autonomie.
L'aide aux ressortissants hospitalisés
Cette
forme d'aide, d'un faible montant et qui revêt la forme de colis
distribués dans les établissements de soins ou d'accueil des
personnes âgées et/ou dépendantes, est
appréciée des ressortissants et constitue un réconfort en
raison de l'absence de famille ou d'un état de santé
précaire.
Au total, 2.964 secours ont été attribués à ce
titre, dont 98 % en faveur de ressortissants âgés de plus de
60 ans.
L'aide exceptionnelle aux ayants cause
Le
décret n° 91-24 du 4 janvier 1991 modifiant l'article
D.432 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de
guerre accorde, de plein droit, la qualité de ressortissantes de
l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre aux
" veuves de titulaires de la carte du combattant ou de
bénéficiaires du présent code ".
Les veuves d'anciens combattants, qui bénéficiaient auparavant
uniquement de l'assistance administrative des services départementaux,
sont désormais justiciables des aides financières
dispensées par l'Etablissement public sur la subvention de l'Etat et,
lorsqu'elles sont accueillies dans les maisons de retraite de l'Office, de sa
participation à leurs frais d'hébergement si elles sont
incapables, personnellement ou malgré le concours de leurs familles,
d'acquitter la totalité du prix de journée.
L'aide financière
Les
services départementaux de l'Office national ont dispensé en 1998
une aide financière à 5.934 veuves d'anciens combattants
pour un montant global de 10.614.474 francs, dont 6.032.666 francs
sur crédits d'Etat et 4.581.808 francs sur ressources
affectées.
Ainsi, 6.993.234 francs, dont 4.143.191 francs sur crédits
d'Etat et 2.790.045 francs sur ressources affectées ont
été consacrés à 1.195 veuves
âgées de moins de 60 ans et à 2.791 veuves
âgées de plus de 60 ans exposées à des
difficultés financières ponctuelles liées à
l'acquittement de frais médicaux, de factures d'énergie, de frais
résultant de la charge d'enfants ou de frais d'obsèques.
Par ailleurs, les services départementaux ont participé au
règlement des frais d'aide ménagère de
1.143 titulaires d'une pension de veuve de guerre pour un montant total de
2.417.599 francs (moyenne : 2.115 francs), dont 1.353.855 francs
sur crédits d'Etat et 1.063.744 francs sur ressources
affectées.
Enfin, 805 veuves ont bénéficié d'une participation
de l'Office aux frais concourant à leur maintien à domicile, soit
une dépense de 1.203.641 francs (moyenne : 1.495 francs),
dont 535.620 francs sur crédits d'Etat et 668.021 francs sur
ressources affectées.
Les améliorations apportées en 1997 au dispositif du fonds de
solidarité, en faveur des anciens combattants d'Afrique du nord et
d'Indochine, chômeurs de longue durée ou exerçant une
activité salariée involontairement réduite,
prévoient notamment le versement d'un capital décès aux
conjointes des bénéficiaires de l'allocation de
préparation à la retraite.
Cette mesure a concerné 111 veuves en 1998 qui ont
bénéficié d'un versement moyen de 24.901 francs.
L'accueil des veuves d'anciens combattants
dans les
maisons
de retraite de l'ONAC
En 1998,
les établissements de l'Office national ont accueilli 407 veuves,
dont 226 veuves de guerre pensionnées et 181
bénéficiaires à un autre titre du code des pensions
militaires.
164 ont été accueillies en hébergement traditionnel et 243
en section d'aide aux personnes âgées (SAPA - section
médicalisée).
Source : rapport d'activité 1998 de l'ONAC
L'action sociale des services départementaux se
heurte
cependant à une double limite.
D'une part, le montant des sommes allouées est relativement faible
.
Ainsi, en 1998, les secours ordinaires et les secours d'urgence
s'élèvent en moyenne à 1.540 francs, le montant moyen
de l'aide au maintien à domicile des personnes âgées est de
1.718 francs tandis que celui de l'aide ménagère est de
1.525 francs.
D'autre part, les services de proximité de l'Office sont de plus en
plus confrontés à des demandes structurelles, qui
dépassent les moyens financiers de ces derniers
.
En réalité, l'aide sociale individuelle que l'Office apporte
directement est destinée à compléter le dispositif
général de prévention sociale et de solidarité
nationale dont bénéficient tous les citoyens. L'Office n'a ni la
vocation ni les moyens financiers de se substituer au régime national de
protection sociale.
Toutefois, les services de proximité de l'Office doivent faire en sorte
que ledit régime soit connu des ressortissants et rendu accessible.
C'est pourquoi les services départementaux doivent également
développer un rôle d'assistance administrative.
Ainsi, ils se tiennent à la disposition des ayants droit et s'efforcent
de les aider à résoudre les difficultés les plus diverses.
Ils ont une mission d'accueil, de conseil et de médiation dans de
nombreuses démarches dont l'aboutissement n'incombe pas directement
à l'Office.
Les domaines d'intervention des services départementaux sont alors des
plus variés puisqu'ils concernent toute la législation du droit
commun : la sécurité sociale, l'aide sociale, l'admission au
bénéfice des avantages prévus pour les personnes
âgées, la recherche d'emploi, les pensions militaires
d'invalidité, le logement social, les impositions de toutes natures etc.
Pour faire face à la complexité croissante des demandes,
l'Office a adopté une double stratégie.
D'une part, 21 services départementaux ont été
dotés d'une assistante sociale.
Certes, ce chiffre reste très
en retrait par rapport aux besoins, mais il témoigne d'une prise de
conscience par l'ONAC de la nécessité de fédérer,
sur le terrain, les efforts de tous les partenaires sociaux pour tenter de
régler, au cas par cas, les problèmes existants.
Le projet de budget pour 2000 prévoit d'ailleurs la création de
15 assistantes de service social et de 3 conseillers pour la
recherche d'emploi.
D'autre part, certains services départementaux ont
développé des partenariats pour élargir les domaines dans
lesquels les ressortissants de l'ONAC sont susceptibles d'être
renseignés et accompagnés dans leurs démarches
administratives.
Ainsi, le service départemental de la Meurthe-et-Moselle a signé
deux conventions :
- l'une avec le conseil général en juin 1995 qui s'est
traduite par la mise à disposition au service départemental de
l'ONAC d'une assistante sociale huit heures par mois ;
- l'autre avec le Barreau de Nancy. Elle a pour objet de permettre
l'accès aux ressortissants de l'ONAC au conseil juridique et à
une défense de qualité selon un mode préférentiel.
Le service départemental de la Meurthe-et-Moselle a par ailleurs
développé une politique de relations publiques auprès des
élus, des organismes sociaux, mais aussi de l'ANPE, des HLM, d'EDF etc.
Il s'agissait de mieux faire connaître l'Office national des anciens
combattants afin que ce dernier soit informé de la situation d'un
ressortissant en difficulté et soit considéré comme un
partenaire naturel.
b) L'action sociale collective
L'action sociale collective mise en oeuvre par l'Office
national
des anciens combattants découle de l'application des textes
.
Les crédits à sa disposition sont parfois gérés
directement par l'administration centrale de l'ONAC.
Par exemple, lorsque des pensionnés au titre du code des pensions
militaires d'invalidité effectuent un stage de rééducation
professionnelle dans un centre de rééducation professionnelle qui
n'appartient pas à l'Office national des anciens combattants, ce dernier
doit prendre en charge les frais dudit stage. En 1998, 25 stagiaires ont
bénéficié de ce dispositif et ce, pour un montant de
1.757.374,17 francs.
De même, certaines conventions signées entre l'ONAC d'une part et
des foyers ou des maison de retraite conventionnés d'autre part
prévoient la prise en charge, par l'Office, des frais de séjour
des ressortissants âgés démunis.
Enfin, l'ONAC subventionne des associations et des groupements nationaux
d'anciens combattants et victimes de guerre qui développent une action
sociale auprès de leurs adhérents.
Dans d'autres cas, cependant, ces crédits sont
délégués.
Ainsi, les écoles de rééducation professionnelle et les
maisons de retraite appartenant à l'ONAC gèrent les
crédits mis à leur disposition pour financer les dépenses
d'animation et les dépenses sociales diverses.
De même, les crédits affectés au financement de
l'allocation différentielle sont délégués aux
préfets de département en tant qu'ordonnateurs secondaires. Sous
leur autorité, les services départementaux assument la gestion de
cette allocation.
2. L'attribution des cartes et des titres
Les
services départementaux de l'Office assurent l'instruction des demandes
de carte du combattant, de titre de reconnaissance de la Nation, de carte
de combattant volontaire et de la Résistance, de carte de
réfractaire, d'attestation de personne contrainte au travail en pays
ennemi, de carte de Patriote transféré en Allemagne (P.T.A), de
certificat d'incorporé de force dans les formations paramilitaires
allemandes (RAD, KHD) et de carte de Patriote résistant à
l'annexion de fait (P.R.A.F).
Il est intéressant de noter que les demandes de carte du combattant et
de titre de reconnaissance de la Nation représentent plus de 99 %
des demandes dont 70 % au titre de l'Afrique du Nord.
Ainsi, en 1998, les services départementaux de l'Office ont reçu
60.315 demandes de cartes d'anciens combattants, dont 45.947 de cartes
d'anciens combattants d'Afrique du Nord. Par ailleurs, ils ont
été destinataires de 54.182 demandes de titres de reconnaissance
de la Nation, dont 34.594 liées à la guerre en Afrique du
Nord.
3. L'information historique
Les
services départementaux assurent également le secrétariat
et la gestion financière des Commissions départementales de
l'information historique pour la paix
.
En conséquence, les directeurs des services départementaux se
sont vus confier, depuis 1985, la charge de mettre en oeuvre sur le terrain des
actions destinées à perpétuer le souvenir des conflits
contemporains.
Les
commissions départementales de l'information historique pour la
paix :
leur composition et leurs missions
Les
commissions départementales de l'information historique pour la paix ont
été créées par le décret du 29
décembre 1985. Il existe une commission par département.
Elle est présidée par le préfet du département et
est composée :
- du président du conseil général ;
- du délégué militaire départemental ;
- de l'inspecteur d'académie ;
- du directeur des services d'archives ;
- du directeur départemental de la jeunesse et des sports ;
- du directeur interdépartemental du secrétariat d'Etat
chargé des anciens combattants et des victimes de guerre ;
- du directeur du service départemental de l'ONAC ;
- du président de chacune des associations d'anciens combattants et
victimes de guerre du département ;
- du président de chacune des associations départementales
de jeunesse et d'éducation populaire ;
- du directeur du centre de documentation pédagogique ;
- du délégué départemental de l'association
des professeurs d'histoire et de géographie.
Sous l'autorité du président, le directeur du service
départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes
de guerre assure les fonctions de secrétaire général de la
commission. A ce titre, il est chargé de la préparation et du
suivi des travaux de cette commission.
La commission départementale se réunit une fois par an en
séance plénière sur convocation de son président.
Le président présente à la commission
départementale le programme annuel arrêté après avis
de la commission nationale. Il recueille son avis et ses propositions sur la
mise en oeuvre au plan départemental de ce programme national.
La commission départementale constitue en son sein des groupes de
travail chargés :
- des cérémonies patriotiques et commémoratives du
département,
- des actions de sensibilisation en direction de la jeunesse.
Le directeur du service départemental de l'Office national des anciens
combattants et victimes de guerre est chargé de la gestion
financière des activités de la commission départementale.
En 1998,
les crédits inscrits au budget primitif de l'ONAC s'élevaient
à 850.000 francs dont 517.523 francs
délégués aux services départementaux pour le
financement sur le terrain des actions de mémoire et d'information
historique dans le cadre des commissions départementales d'information
historique pour la paix
1(
*
)
.
Toutefois, jusqu'à l'année dernière, cette mission
était accomplie très inégalement selon les services
départementaux
. En effet, la mémoire des conflits, mais
également l'intensité du réseau d'associations d'anciens
combattants varient fortement d'un département à l'autre. En
conséquence, la motivation des membres des commissions
départementales de l'information historique pour la paix est
inégale. Certains directeurs des services départementaux de
l'Office s'investissent beaucoup dans ce domaine : des interventions
d'anciens combattants dans le établissements scolaires sont
organisées, des conférences publiques sont montées, des
expositions présentées dans le département. Mais dans
d'autres départements, l'activité des commissions reste plus
limitée.
4. La réinsertion professionnelle
L'Office
national des anciens combattants possède 10 écoles de
rééducation professionnelle à Béziers, Bordeaux,
Limoges, Lyon, Metz, le Muret, Oissel, Rennes, Roubaix et Soisy qui ont
accueilli 2.147 stagiaires en 1998.
Les écoles de rééducation professionnelle de l'ONAC
étaient destinées à l'origine à assurer la
réinsertion professionnelle des anciens combattants blessés ou
mutilés.
Toutefois, elles se sont très vite ouvertes aux handicapés
civils. Ainsi, dès 1924, les écoles ont accueilli, à
côté des infirmes de guerre, symbolisés par les
" gueules cassées ", les mutilés du travail puis,
à partir de 1946, l'ensemble des handicapés civils.
Aujourd'hui, les ressortissants de l'ONAC ne constituent qu'1 % de la
population des écoles, tandis que les stagiaires travailleurs
handicapés représentent 88,6 % de l'effectif.
Par
ailleurs, depuis 1988, à la demande des pouvoirs publics, les
écoles de rééducation professionnelles de l'ONAC
développent un programme d'accueil et de formation des enfants de
Français musulmans rapatriés.
Le recrutement concerne les 10 écoles. Toutefois, avec près de
50 % des effectifs, l'établissement de Béziers est largement
réservé à ce public spécifique. Cette situation
s'explique par le fait que cette école ne bénéficie pas de
l'agrément du ministère du travail et des affaires sociales pour
organiser la rééducation professionnelle des travailleurs
handicapés.
5. L'accueil des personnes âgées
L'Office
national des anciens combattants dispose, au
1
er
octobre 1999 de dix maisons de retraite
2(
*
)
qui sont réparties de manière
inégale sur le territoire national. Six sont situées dans le
nord du pays au sein d'une bande de territoire allant de la Bretagne aux
Ardennes, tandis que deux se trouvent dans le sud-est. Seules les maisons
d'Anse, au nord-est de Lyon, et de Barbazan, au sud de Toulouse,
échappent à ces deux zones. La façade ouest et le
sud-ouest sont, avec l'est, dépourvus de tout établissement.
Par ailleurs, les maisons de retraite sont très différentes par
leurs situations, leurs dimensions et leurs états.
Certaines sont d'anciens châteaux comme Anse, le Theil de Bretagne,
Saint-Gobain et Beaurecueil.
Une partie des maisons de retraite sont le fruit d'un don, d'un legs ou d'une
dévolution comme Bouleville, Boulogne-Billancourt
3(
*
)
et Thiais.
Les dates d'acquisition des maisons de retraite varient de 1921 pour
Beaurecueil à 1962 pour Carignan. La plupart des maisons ont cependant
été acquises dans les années vingt (Beaurecueil,
Boulogne-Billancourt, Montpellier, Saint-Gobain) et les années trente
(Montmorency, Ville Lebrun, Anse, Barbazan).
L'Office national des anciens combattants est propriétaire de huit
d'entre elles. ! Deux ne lui appartiennent pas. Ce sont :
- Boulogne-Billancourt, construite grâce à un financement de
l'ARPAH (Association pour la réadaptation des personnes
âgées handicapées) ;
- Vence, qui appartient à l'Institut de France ;
Il convient de noter que Villiers-le-Sec, dont la fermeture a
été décidée, était prêtée
à bail par le département du Calvados.
Au total, 1.257 personnes âgées sont hébergées dans
les maisons de retraite de l'Office
4(
*
)
, dont
49 % d'hommes. La moyenne d'âge est de 81 ans pour les hommes et 86
ans pour les femmes.
En outre, 27 % des résidents sont invalides et relèvent de
l'hébergement en secteur médicalisé offert en 1998 dans 11
maisons de retraite. 18 % des pensionnaires ne sont pas des ressortissants
de l'Office.
B. LE RENFORCEMENT DES MISSIONS DE L'ONAC
Au cours
des dix dernières années, l'ONAC a vu ses missions se renforcer.
D'une part, l'élargissement du nombre des ressortissants et
l'assouplissement des conditions d'attribution des cartes et titres ont accru
son activité traditionnelle.
D'autre part, la création du fonds de solidarité en faveur des
anciens combattants d'Afrique du Nord, chômeurs de longue durée
ainsi que le financement d'emplois mémoire dans les services
départementaux de l'Office ont renforcé son rôle de
défenseur des intérêts de ses ressortissants et de la
mémoire combattante.
1. L'élargissement du nombre de ses ressortissants
L'article D 432 du code des pensions militaires
d'invalidité
dresse la liste des ressortissants de l'Office national des anciens
combattants. Il s'agit :
- des invalides pensionnés de guerre ;
- des anciens combattants ;
- des combattants volontaires de la Résistance ;
- des veuves pensionnées ou qui auraient
bénéficié d'une pension militaire ou de victime civile, si
elles n'avaient pas opté pour un autre régime de pension ;
- des ascendants de militaires ou de civils morts pour la France ;
- des pupilles de la Nation et orphelins de guerre ;
- des anciens déportés et internés ;
- des patriotes proscrits et contraints à résidence
forcée en pays ennemi ou en territoire étranger occupé par
l'ennemi ;
- des réfractaires ;
- des patriotes transférés en Allemagne ;
- des victimes civiles de la guerre ;
- des personnes contraintes au travail en pays ennemi, en territoire
étranger occupé par l'ennemi ou en territoire français
annexé par l'ennemi ; des victimes de la captivité en
Algérie ; des titulaires du titre de reconnaissance de la
Nation ; des prisonniers du Viet-Minh.
Cette liste a été complétée par le décret
n° 91-24 du 4 janvier 1991 qui a accordé, de plein droit, la
qualité de ressortissant de l'Office national des anciens combattants
aux
" veuves de titulaires de la carte du combattant ou de
bénéficiaires du code des pensions militaires
d'invalidité ".
Les veuves d'anciens combattants, qui bénéficiaient auparavant
uniquement de l'assistance administrative des services départementaux,
sont désormais justiciables des aides financières
dispensées par l'ONAC sur la subvention de l'Etat et, lorsqu'elles sont
accueillies dans les maisons de retraite de l'Office, de sa participation
à leurs frais d'hébergement si elles sont incapables,
personnellement ou malgré le concours de leurs familles, d'acquitter la
totalité du prix de journée.
2. L'assouplissement des conditions d'attribution des cartes et des titres
Depuis les années 1990, les gouvernements ont
sensiblement
assoupli les conditions d'attribution des cartes et titres.
Ainsi, la loi n° 93-7 du 4 janvier 1993 a étendu l'attribution
du titre de reconnaissance de la Nation à tous ceux qui ont
participé à un conflit quels que soient le lieu de leur
engagement et la nature du commandement militaire.
Par ailleurs, les conditions d'attribution de la carte d'ancien combattant en
Afrique du Nord ont été élargies.
L'arrêté ministériel du 30 mars 1994 a permis la prise en
compte du séjour en Afrique du Nord pour l'étude des droits
à la carte du combattant.
Les deux dernières lois de finances ont réduit la période
minimale de séjour nécessaire pour la reconnaissance de
qualité d'ancien combattant. Ainsi, la durée suffisante est
passée à 18 mois, puis à 15 mois. Le projet de la loi de
finances pour 2000 prévoit d'abaisser ladite durée à 12
mois.
La modification des conditions de reconnaissance des droits et le nouveau mode
d'évaluation des points pris en compte pour les actions de combat ont
très fortement renforcé le nombre de demandes de cartes de
combattant concernant la guerre de 1939-1945, le théâtre des
opérations extérieures et l'Afrique du Nord ainsi que le nombre
de demandes de titre de reconnaissance de la Nation pour toutes les
générations du feu.
Ainsi, entre 1992 et 1995, l'activité " cartes et titres " a
globalement progressé de 70 %. Pour les titres de reconnaissance de
la Nation, elle a plus que doublé et pour les cartes d'ancien combattant
d'Afrique du Nord, elle a progressé de près de 40 % pour la
seule année 1994.
3. La création du fonds de solidarité
L'article 125 de la loi de finances pour 1992 a
créé un fonds de solidarité en faveur des anciens
combattants d'Afrique du Nord, chômeurs de longue durée,
âgés de plus de 57 ans.
Le fonds de solidarité se
compose de deux allocations non cumulables :
-
l'allocation différentielle
qui constitue un complément
de ressources spécifique. Elle assure à tout
bénéficiaire, au 1
er
janvier 1999, un
revenu
mensuel minimum garanti de 4.647 francs
pouvant, en application de
l'article 109 de la loi de finances pour 1998, être porté
à 5.640 francs dans certaines conditions.
L'allocation ne supporte aucune cotisation. En conséquence, elle n'est
pas constitutive de droits propres ou supplémentaires à ceux
de l'avantage principal qu'elle complète le cas échéant.
Les services départementaux de l'ONAC assurent la gestion de cette
allocation sous l'autorité des préfets de département,
ordonnateurs secondaires ;
-
l'allocation de préparation à la retraite
qui constitue
un revenu servi à titre principal. Elle est constitutive de droits en
matière d'assurances maladie-maternité-invalidité et
décès ainsi qu'en matière d'assurance vieillesse. A cet
égard, les périodes de versement de l'allocation de
préparation à la retraite sont validées comme
périodes assimilées à des périodes de cotisation
pour le calcul des droits à pension de vieillesse dans les
régimes de base. Les dossiers sont instruits par les directions
interdépartementales des anciens combattants, les ordonnateurs
secondaires étant les préfets de région.
Le montant de l'allocation de préparation à la retraite est
égal à 65 % d'un revenu de référence. Ce
revenu est déterminé :
- en ce qui concerne les salariés, par rapport aux bases de
cotisations à l'assurance vieillesse telles qu'elles résultent du
relevé de carrière ;
- en ce qui concerne les non salariés par rapport aux revenus
professionnels bruts retenus pour le calcul de l'impôt sur le revenu au
titre de la dernière année civile complète
d'activité professionnelle.
Le montant de l'allocation est plafonné à 7.228 francs
nets
au 1
er
janvier 1999 et ne peut être
inférieur au revenu minimum assuré par l'allocation
différentielle (4.640 francs).
L'allocation de préparation à la retraite est accessible à
ceux qui ont bénéficié depuis six mois consécutifs
de l'allocation différentielle à la date de sa demande s'ils ne
totalisent pas 160 trimestres d'assurance vieillesse et sans délai
s'ils en totalisent 160 ou plus.
L'allocation de préparation à la retraite a connu une mise en
application difficile.
Fin 1995, soit un an après sa
création, le bilan de l'allocation de préparation à la
retraite en nombre de bénéficiaires mettait en évidence un
nombre relativement faible de demandes d'attribution (1.600 dossiers en
paiement).
Cette montée en charge plus lente que prévue s'expliquait
principalement par trois causes :
-
l'absence de plancher d'allocation
, qui dissuadait les
bénéficiaires de l'allocation différentielle dont le
salaire d'activité était peu élevé d'opter en
faveur d'une allocation qui ne leur assurait pas un niveau de revenu au moins
équivalent ;
-
la non actualisation des revenus d'activité
servant de
base au calcul de l'allocation ;
- la crainte ressentie par beaucoup de ressortissants que les caisses de
retraite complémentaires ne leur appliquent un
coefficient
d'abattement
, dès lors que la liquidation de la retraite
s'effectuait avant 65 ans.
Les mesures prises en 1995 et 1996 ont progressivement permis de lever ces
blocages :
- l'article 102 de la loi de finances pour 1996 a créé
un plancher d'allocation de préparation à la retraite de
4.500 francs bruts proche de la garantie de ressources assurée par
l'allocation différentielle, complètement aligné sur
celle-ci par l'article 127 de la loi de finances pour 1997 ;
- l'arrêté interministériel du 26 avril 1996 a
créé une revalorisation de la rémunération
d'activité sur la base des coefficients utilisés par le
régime général de la sécurité sociale pour
le calcul de la retraite de base ;
-
le problème de la menace d'abattement
en matière de
retraite complémentaire a été réglé par
l'accord relatif aux retraites complémentaires signé par les
partenaires sociaux le 23 décembre 1996. Cet accord a permis
d'étendre aux anciens combattants d'Afrique du Nord
bénéficiaires de l'allocation de préparation à la
retraite le droit de faire liquider leur retraite complémentaire sans
coefficient d'abattement. Cette disposition s'entendait pour les retraites
liquidées à compter du 1
er
janvier 1997. En juin
1997, la commission paritaire de l'ARRCO a décidé de
compléter cette mesure en acceptant que les caisses relevant de l'ARRCO
procèdent à l'annulation rétroactive des droits des
titulaires de l'allocation de préparation à la retraite ayant
demandé et obtenu la liquidation de leurs droits avec abattement pour y
substituer, à compter du 1
er
janvier 1997, une retraite
liquidée sans abattement. L'AGIRC s'est alignée sur cette
démarche.
Cette nouvelle situation a entraîné une progression du nombre de
bénéficiaires de l'allocation de préparation à la
retraite, renforcée par l'effet des mesures arrêtées en loi
de finances 1997.
L'allocation différentielle a, elle, connu une évolution
inverse.
Après avoir bénéficié à 38.926 anciens
combattants à la fin du mois de mars 1998, elle a ensuite
enregistré une baisse continue du nombre de bénéficiaires
qui, soit ont opté pour l'allocation de préparation à la
retraite, soit étaient en mesure de faire valoir leurs droits à
pension de vieillesse. Au 31 juin 1999, 17.955 anciens combattants
percevaient l'allocation de préparation à la retraite.
4. Le financement " d'emplois mémoire "
Comme il
a été rappelé précédemment, l'investissement
des services départementaux en matière de la politique de la
mémoire était jusqu'à présent très
inégal.
Or, votre rapporteur avait souligné, dans son rapport d'information sur
l'utilisation des crédits affectés à la
Délégation à la mémoire et à l'information
historique
5(
*
)
, que la conservation et la
transmission de la mémoire collective constituait un véritable
enjeu. En effet, si celle-ci représente un ciment puissant pour chaque
société puisqu'elle véhicule son histoire et transmet ses
valeurs, elle est cependant fragilisée par la disparition de ses
témoins. Il s'agit donc d'un patrimoine à protéger,
à entretenir et surtout à partager, notamment avec les jeunes.
Parmi les propositions de votre rapporteur figurait la nécessité
de donner à la politique de la mémoire une vision plus globale et
à long terme, notamment en direction des jeunes, par
l'établissement de relations permanentes avec les collèges et les
lycées et l'organisation, chaque année, d'une manifestation sur
un thème lié à la mémoire des conflits.
Le secrétaire d'Etat semble s'être inspiré de ces
remarques. Ainsi, un accord-cadre a été signé le
31 juillet 1998 entre l'Etat et l'ONAC qui permet le recrutement de
96 " emplois mémoire " dans les services départementaux
de métropole de l'ONAC. Ces emplois répondent à un double
objectif
:
- d'une part,
une mission de conservation
au titre de laquelle
" l'emploi mémoire " aura pour tâche de
fédérer les initiatives locales nombreuses dans ce domaine, mais
de sources diverses (élus locaux, associations) qui méritent
d'être rassemblées et mises en perspective en vue de
l'élaboration d'une politique départementale de la mémoire
combattante ;
- d'autre part,
une mission de transmission de la mémoire
collective locale aux jeunes générations
et de
sensibilisation aux valeurs de la citoyenneté et de la solidarité.
Au 1
er
septembre 1999, 70 emplois jeunes ont été
pourvus.
C. LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS MATÉRIELS ET MORAUX DES ANCIENS COMBATTANTS À L'ÉTRANGER
Votre rapporteur au cours de ses travaux a souhaité adopter une démarche comparatiste en étudiant de manière approfondie la façon dont peuvent être défendus dans d'autres grands pays les intérêts matériels et moraux des anciens combattants. Il a, à ce titre, attentivement examiné la situation de deux grands pays : la Grande-Bretagne et l'Allemagne.
1. L'exemple de la Grande-Bretagne
a) L'absence de ministère des anciens combattants
Contrairement à la France, il n'existe par de
ministère des anciens combattants en Grande-Bretagne, qui centraliserait
la gestion de toutes les questions relatives aux anciens combattants.
Les affaires sont traitées, selon les thèmes, par plusieurs
administrations. Sont ainsi compétents le service de la
sécurité sociale et l'agence des pensions de guerre du
ministère de la défense. C'est ce dernier service qui est
chargé de déterminer l'importance du handicap pour le versement
des pensions d'invalidité.
Par ailleurs, le traitement des retraites des soldats et des décorations
est réparti entre les services de l'armée de l'air, de
l'armée de terre et de la marine.
Selon les informations obtenues par votre rapporteur,
le montant des
compensations versées en cas de préjudices subis varie fortement
selon la nature de la guerre
. Ainsi, l'indemnisation d'un dommage physique
ou moral causé en Irlande du Nord serait relativement importante, alors
qu'elle serait très réduite si le même dommage intervenait
en Bosnie.
En outre, la reconnaissance due aux anciens combattants est moins bien garantie
en Grande-Bretagne qu'en France.
Ainsi, il n'existe pas de carte d'ancien
combattant et, a fortiori, de retraite du combattant
. Seuls les anciens
soldats bénéficient d'une retraite, dont le barème est
calculé en fonction du nombre d'années passées sous les
drapeaux et du grade. Les médailles et les décorations semblent
également être distribuées avec beaucoup plus de parcimonie
qu'en France.
Le traitement matériel des demandes des anciens combattants et des
militaires de carrière a cependant été
amélioré depuis le 5 octobre 1998 avec la création
d'un numéro unique d'appel pour répondre à toutes les
questions ayant trait au monde combattant. La plupart de ces appels concernent
les pensions. Les agents chargés de réceptionner les appels les
analysent, font les recherches nécessaires et orientent, le cas
échéant, leurs interlocuteurs vers les services compétents
pour leur répondre.
b) La Royal British Legion : une personne morale au service des personnes ayant servi dans l'armée
La
British Legion, créée en 1921 par la fusion de quatre
associations et devenue la Royal British Legion en 1971, poursuit les objets
suivants :
" - promouvoir la satisfaction des besoins et l'éducation de
tous ceux qui sont susceptibles d'être membres ordinaires de la Legion
ainsi que leurs épouses, leurs enfants et leurs personnes à
charge ;
- satisfaire les besoins, garantir et protéger l'équilibre moral
et sentimental des femmes et des enfants laissés par ceux qui seraient
tombés pendant le service ;
- délivrer des souffrances, des privations et de la détresse
les épouses et les personnes à charges de ceux qui servent dans
la marine, dans l'armée de terre et dans l'armée de l'air en tant
que soldats de métier, réservistes ou auxiliaires, en raison de
l'absence de ces derniers ;
- promouvoir et défendre des programmes pour la réinsertion,
la réadaptation, la formation et l'emploi protégé de tous
ceux qui sont susceptibles d'être membres ordinaires de la Legion ainsi
que leurs épouses, leurs enfants et leurs personnes à
charge ".
Elle ne reçoit pas de subventions du Gouvernement et son
fonctionnement est entièrement financé par les cotisations de ses
700.000 adhérents
. Il existe deux sortes de cotisations :
-
une cotisation de base
, commune à tous les membres ;
son montant est de 5,5 livres par an (soit 55 francs environ) qui est
utilisé pour le fonctionnement de la Fondation ;
-
une cotisation par branche
, dont le montant est défini par
le bureau local.
Au total, la Royal British Legion dispose de 400 millions de francs, dont
170 millions de francs tirés des ventes des
" Coquelicots " financent les missions sociales.
Son organisation est assurée, d'une part, par des
bénévoles
, et, d'autre part, par un
personnel
salarié
(800 personnes au total, y compris le personnel de
maisons de retraite ; 100 salariés sont employés au
siège social).
La Royal British Legion se caractérise par une structure à trois
niveaux :
- les bureaux locaux : il en existe 3.200 au Royaume-Uni ;
- les bureaux départementaux (County Level) ;
- le Conseil national.
En outre, 86 bureaux sont recensés à l'étranger.
Il existe également
871 clubs
qui se situent parfois dans le
même immeuble. Leur chiffre d'affaires total s'élève
à 1,3 milliard de francs. Les bénéfices
réalisés sont conservés par chaque club.
Seuls les membres d'un bureau local peuvent aller dans un club. Tous les clubs
ont une franchise " Royal British Legion ". Ils doivent respecter
certains critères, notamment en matière de normes de
sécurité, de gestion et d'hygiène. Pour exercer leur
activité, il leur faut également une licence du Gouvernement
local. Ils fonctionnent sous forme de coopératives.
Le réseau des clubs est géré par la centrale de la Royal
British Legion à Londres afin de garantir la qualité de leur
gestion.
Le siège social exerce également trois sortes
d'activités.
D'une part, il
gère les adhérents
, en veillant notamment
à recruter continuellement de nouveaux membres pour compenser la
diminution du nombre des ressortissants.
D'autre part, il
coordonne les actions sociales
.
Enfin,
il est responsable de la collecte des fonds
qui permettent
à la Royal British Legion d'exécuter ses missions.
Le siège social est en charge également de la gestion de cette
fondation, des relations publiques et des ressources humaines.
Par ailleurs, la Royal British Legion propose des cours de formation pour les
gestionnaires bénévoles et organise des activités,
notamment sportives, en direction des jeunes.
Les membres de la Royal British Legion sont :
" - tout homme ou femme servant ou ayant servi en tant que soldat de
métier, réserviste ou auxiliaire dans l'armée pendant au
moins sept jours ;
- toute personne ayant servi dans la flotte de la marine marchande dans des
mers ennemies en tant que membre des forces de police civiles
alliées ;
- tout membre des sociétés d'aide volontaire qui a servi à
plein temps et en uniforme en lien direct avec les forces armées du
Royaume-Uni ;
- tout sujet britannique qui a servi au moins sept jours dans les forces
des nations alliées ou dans une organisation de résistance des
nations alliées pendant les conflits dans lesquels les forces
armées du Royaume-Uni étaient engagés ".
c) L'action sociale de la Royal British Legion
Les
actions en matière sociale reposent, en grande partie, sur le
bénévolat.
Il s'agit d'apporter une aide financière et
morale aux anciens militaires et aux anciens combattants qui vivent des
périodes difficiles. Chaque année, 305.000 cas sont
traités.
Six millions de personnes sont potentiellement concernées par cette
aide. Il s'agit de tous les hommes et les femmes ayant servi dans
l'armée britannique en tant que soldat de métier,
réserviste ou auxiliaire ou pouvant prétendre à la
qualité de membre de la Royal British Legion.
La Royal British Legion gère 7 maisons de retraite et
3 maisons de convalescence
. En raison du vieillissement de la
population, ces maisons ont de plus en plus besoin d'être
médicalisées. A long terme, la question du maintien des maisons
de retraite dans le champ des compétences de la Royal British Legion se
posera dans la mesure où elles absorbent une part grandissante des
crédits de cette fondation.
La Royal British Legion assure également la réinsertion
professionnelle de ses ressortissants
. Ses aides sont variées, elles
peuvent par exemple prendre la forme de conseils pour monter une entreprise
individuelle. De même, une école de rééducation a
été financée par l'Union européenne qui est
gérée conjointement par la Royal British Legion et le
ministère de la défense. La Royal British Legion est
également responsable de la gestion de centres de formation.
La Royal British Legion, à travers le " village de la
légion ", organise également des pélerinages sous
forme de visites de cimetières et de nécropoles à
l'étranger.
Par ailleurs, il existe un
département des pensions qui apporte une
aide juridique aux ressortissants et les représente devant les tribunaux
et les services du Gouvernement
. Ce département travaille en
collaboration avec les associations d'anciens combattants afin de mieux
être informé sur toute éventuelle modification de la
législation concernant les pensions d'invalidité.
De nombreux problèmes n'ont pas encore été résolus,
concernant notamment la surdité des anciens de l'artillerie, les
victimes de tests nucléaires et les anciens combattants ayant fait
l'objet de mauvais traitements dans les camps japonais ou à Singapour.
Il existe, au Royaume-Uni, 250 associations d'anciens combattants
,
y compris les associations de régiment. Ce chiffre est à comparer
aux 50.000 associations d'anciens combattants répertoriés en
France.
Dans la mesure où la Royal British Legion ne reçoit aucune
subvention, il lui faut financer ses actions grâce aux dons et legs qui
lui sont faits. La campagne de collecte des fonds ne concerne pas uniquement
les 700.000 adhérents de la Royal British Legion mais vise le grand
public.
60 % des actions de cette fondation sont financés par la
campagne des " Coquelicots " (poppy appeal), ce qui représente
17 millions de livres (soit 170 millions de francs).
Chaque année, 300.000 personnes se mobilisent pour mener cette
campagne à travers tout le Royaume-Uni.
Parallèlement à cette collecte de fonds traditionnelle, la Royal
British Legion développe de nouveaux moyens pour lever des fonds :
donations de la part de sociétés, legs, grandes manifestations,
loteries dans l'ensemble des clubs... Cette dernière action permet de
récolter 50.000 livres par an et a un fort potentiel de
développement puisque seulement 5 % des membres de la Royal British
Legion jouent pour l'instant.
Chaque année, une course à vélo est organisée, qui
relie Londres à Paris. En 1998, 300 personnes y ont
participé et 200.000 livres ont été ainsi
récoltées.
En 1995 le montant total des sommes recueillies s'est élevé
à 11 millions de livres (110 millions de francs). Il
était de 17 millions de livres (soit 170 millions de
francs) en 1999.
La Royal British Legion mène également une campagne active pour
attirer les jeunes. Ainsi, 30.000 publications ont été
envoyées dans les écoles.
Enfin, chaque année, celle-ci organise une grande campagne de promotion
au Royal Albert Hall. Cette manifestation est retransmise à la
télévision et constitue une action très efficace en
matière de relations publiques.
2. L'exemple de l'Allemagne
a) Le poids du passé
Le
ministère du travail et des affaires sociales est l'instance qui, au
niveau fédéral, est chargée des questions liées aux
anciens combattants (Kriegsveteranen).
Il n'existe donc pas de
ministère des anciens combattants.
Toutefois, ce sont les Länder qui gèrent les pensions. La
comptabilité distingue toujours les nouveaux des anciens Länder et,
à l'Est, le montant des prestations ne s'élève qu'à
85 % du montant des pensions versées à l'Ouest.
La réunification allemande a cependant eu un impact positif sur la
reconnaissance des victimes de guerre. En effet, jusqu'en 1989, les soldats et
ayants-cause de l'ex-RDA étaient considérés comme des
anciens criminels ayant envahi l'ancienne URSS. Ils ne
bénéficiaient donc d'aucune allocation.
Les crédits nécessaires pour le financement des pensions sont
inscrits annuellement au budget fédéral. Les calculs sont
effectués par le ministère du travail et des affaires sociales et
l'argent est conservé au Trésor (Bundeskasse). Les Länder
ont un droit de tirage sur cette caisse, correspondant à leurs besoins.
Le terme " anciens combattants " est très peu
utilisé. En effet, ces derniers ne bénéficient d'aucune
reconnaissance sociale en Allemagne. En conséquence, il n'existe ni
titre d'ancien combattant ni retraite du combattant contrairement au
système français.
En outre, depuis 1976, on ne distingue plus les causes de handicap sur le titre
qui est octroyé à chaque personne handicapée. Auparavant,
il existait la mention " handicapé de guerre "
(Kriegsbehinderte).
Il existe cependant un jour de deuil national (Volkstrauertag) au cours duquel
une gerbe est déposée.
En réalité,
les anciens combattants allemands ne
reçoivent d'indemnités qu'en tant que victimes de guerre
, au
même titre que la population civile ayant subi des blessures lors de la
deuxième guerre mondiale.
L'assistance aux victimes de guerre correspond exclusivement à une
indemnisation du sacrifice fait en terme de santé
. La loi
fédérale sur l'assistance aux victimes de guerre
(Bundesversorgungsgesetz) est fondée sur l'importance de l'atteinte
à la santé. Un ancien militaire n'ayant subi aucune atteinte
à sa santé n'a droit à aucune compensation.
Par ailleurs, n'est pas pris en compte le temps passé sous les drapeaux
s'ils étaient appelés ou militaires de carrière. En
revanche, la durée de service de guerre pour les autres
catégories d'anciens combattants est prise en compte pour le calcul de
leur retraite (un an sous les drapeaux équivaut à un an
d'activité).
A l'heure actuelle, les chiffres concernant les victimes de guerre sont les
suivants :
- 400.000 mutilés de guerre (Beschädigten) ;
- 520.000 survivants (Hinterbliebenen).
L'exposition sur les crimes de guerre de la Wehrmacht a confirmé la
persistance du malaise des Allemands vis-à-vis de leurs anciens
combattants. Cette exposition montrait que les soldats engagés dans la
seconde guerre mondiale n'ont pas été seulement des victimes,
mais également des criminels.
Toutefois, les prestations versées aux victimes de guerre constituent,
par leur montant, une véritable reconnaissance.
Ainsi, en 1998, 11,35 milliards de DM (soit près de 40 milliards de
francs), ont été consacrés aux victimes de guerre, dont
10,2 milliards dans les anciens Länder et 1,15 milliard dans les nouveaux
Länder.
La nature des aides et des prestations est liée à la
nécessité de compenser les préjudices subis en raison
d'atteintes à la santé.
Il existe deux sortes d'aides, les aides forfaitaires et les aides
calculées en fonction de leur coût réel. De plus, certaines
prestations sont soumises à des conditions de ressources.
Le nombre des bénéficiaires est en diminution constante.
Toutefois, les militaires actuels, qu'ils soient militaires de carrière,
réservistes ou appelés s'ajoutent aux bénéficiaires
actuels s'ils sont victimes de blessures en service entraînant une
pension d'invalidité.
b) Les associations d'anciens combattants en Allemagne
Les
anciens combattants sont regroupés dans plusieurs associations, qui font
partie de fédérations européennes ou mondiales
d'associations d'anciens combattants.
Leur rôle a évolué ces dernières années.
Elles ont longtemps milité pour la reconnaissance et pour la
dignité des anciens membres de la Wehrmacht. Toutefois, en l'absence de
soutien de la part et des hommes politiques et de la population, elles ont
dû prendre une certaine distance avec ces revendications.
Par ailleurs, alors qu'elles s'attachaient à l'origine à obtenir
des pouvoirs publics des dédommagements substantiels pour leurs
adhérents, elles ont modéré leurs demandes et
coopèrent désormais étroitement avec l'administration,
jouant le rôle de conseiller et de partenaire.
Toutefois, le fait le plus marquant est l'ouverture des associations
allemandes d'anciens combattants à d'autres publics, au point que ces
derniers sont devenus minoritaires.
-
•
La VdK (fédération des victimes de guerre)
Cette ouverture a été parfois la condition imposée par les alliés pour autoriser la création d'une association d'anciens combattants. C'est le cas pour la VdK (Verband der Kriegs- und Wehrdienstopfer, Behinderten und Sozialrentner Deutschlands e.V.) qui compte aujourd'hui 1,1 million de membres.
En 1945 le but premier de la VdK était d'assurer une assistance immédiate aux anciens combattants. Or, jusqu'en 1948, l'Allemagne était occupée par les quatre puissances victorieuses. Comme les Américains ont toujours refusé aux anciens combattants allemands le statut de victimes de guerre, la VdK, avant de pouvoir s'appeler la fédération des victimes de guerre, s'est nommée la fédération des handicapés physiques. A partir de 1955, elle a pris le nom de fédération des victimes de guerre et du service militaire.
La VdK est l'association qui regroupe le plus grand nombre de victimes et d'handicapés de guerre. 53 députés du Bundestag en sont également membres. Celle-ci entretient des relations importantes avec le ministère du travail et des affaires sociales.
Depuis sa création, le champ d'activité de la VdK s'est peu à peu élargi. A l'origine, elle s'occupait des victimes de guerre qui avaient des besoins d'assistance. Puis, elle a contribué à leur réinsertion professionnelle. S'est ensuite posée la question des compensations des préjudices subis par le biais d'une diminution des taxes et des impôts. Peu à peu, un nombre croissant de personnes handicapées s'est affilié à la VdK.
Par ailleurs, 50 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, la part des victimes de guerre dans cette association a fortement diminué puisqu'elle est passée de 98 % à 20 %, entraînant un changement dans la nature de la VdK.
Aujourd'hui, les adhérents de cette association se composent des victimes de guerre et du service militaire, des personnes handicapées ou victimes de maladies chroniques et des pensionnés.
La VdK a développé des services juridiques importants . Aujourd'hui, elle gagne 40 % des contentieux contre l'administration, tandis que 20 % des contentieux aboutissent à des compromis.
Pour bénéficier des services de la VdK, ses membres paient une cotisation de 7 DM (soit environ 24 francs) par mois. En revanche, ils n'ont à payer aucun frais lié aux procès.
La VdK exerce une grande influence sur l'évolution des lois, notamment lorsque la pratique révèle l'inadaptation de ces dernières. Le fonctionnement de la VdK repose sur le bénévolat .
Cette association possède :
- 14 établissements de cures et de repos ;
- 2 centres de rééducation professionnelle (Berufsforderungswerke) ;
- des ateliers pour handicapés (Werkstätte für Behindete) ;
- des crèches pour enfants.
La VdK possède également une entreprise de construction de logements.
En ce qui concerne les ressources de la VdK, celle-ci ne reçoit aucune subvention de l'Etat. Ces ressources proviennent de donations et des services qu'elle assure dans le domaine de l'assurance.
Elle entretient des relations étroites avec le ministère du travail et des affaires sociales. En tant que " lobby ", elle exerce une influence décisive sur le processus législatif, notamment lorsqu'une loi a des conséquences négatives pour une personne handicapée.
Étant une association d'utilité publique, elle ne paie pas d'impôt. En contrepartie, elle n'a pas le droit de verser d'allocation financière à ses membres . En conséquence, son activité consiste essentiellement à inciter le Gouvernement à améliorer et à développer le système d'aide et d'allocation aux personnes handicapées. Celle-ci n'est toutefois pas encore parvenue à faire voter un système d'allocation aux grands invalides aussi favorable que le dispositif français. En revanche, les ayants-cause disposent d'un très bon système d'indemnisation.
En ce qui concerne l'avenir de la VdK, celui-ci est assuré même si le nombre de victimes de guerre tend à diminuer (aujourd'hui 200.000 victimes de guerre sont membres du VdK). En effet, l'association a enregistrée 100.000 nouveaux membres depuis 2,5 ans.
• La Sozialverband Reichsbund
La Reichsbund est la plus vieille des associations sociales. Elle a été créée en 1917 pour satisfaire les revendications des soldats souhaitant bénéficier des mêmes prestations que les officiers.
Tournée à l'origine vers les victimes de guerre, elle s'est rapidement occupée des handicapés civils et des personnes âgées. Elle ne peut donc plus être considérée comme une association défendant exclusivement les intérêts des anciens combattants.
Elle compte 500.000 membres (dont seulement 30 à 40 % de victimes de guerre) et le nombre d'adhésions s'accroît chaque année.
Elle a servi de modèle à la création de la VdK. En effet, les alliés avaient interdit à toute association l'utilisation du terme Reich. La Reichsbund ne pouvait donc s'installer dans le sud de l'Allemagne. Pour palier cet inconvénient, a été créée la VdK.
Comme la VdK, la Reichsbund est une association disposant de moyens importants . Ainsi, elle possède :
- des sociétés immobilières ;
- un hôtel de 100 chambres à Berlin sur le Kufurstendam ;
- une entreprise de construction de logements à Hanovre.
Elle construit également un bâtiment à Berlin dont le coût est estimé à 30 millions de francs qui comportera des bureaux et contiendra le siège social de l'association.
La Reichsbund possède 2 centres de rééducation professionnelle qui forment les jeunes handicapés, un atelier de travail pour handicapés et des hôtels de cure dans chaque Land.
Les activités de la Reischsbund sont nombreuses. Ainsi, elle est en charge :
- de l'assistance juridique en direction de ses ressortissants ;
- de la protection de leurs droits sociaux contre une cotisation de 6 ou 7 DM par mois ;
- de la lutte pour le renforcement de la politique sociale en relation avec la 21 e commission du Bundestag (commission des affaires sociales) ;
- de la publication de chiffres et de brochures .
Ces missions ont pour objectif l'amélioration de la situation des personnes âgées et des handicapés et le renforcement de l'assistance aux victimes de guerre.
CHAPITRE II
L'ONAC : UN ÉTABLISSEMENT PUBLIC DANS L'ATTENTE D'UN
NOUVEL ÉLAN
I. LA NÉCESSITÉ DE RÉFORMER L'ONAC
Lorsque
votre rapporteur a décidé d'entreprendre une mission de
contrôle sur l'Office national des anciens combattants et victimes de
guerre en octobre 1998, la nécessité de réformer l'Office
était reconnue par tous. En effet, ce dernier se trouvait dans une
situation financière préoccupante : pour la deuxième
année consécutive, il enregistrait un déficit
d'exploitation, suscitant des interrogations sur la qualité de sa
gestion.
Pour autant, les réformes à engager dépassent l'aspect
purement financier. En effet, alors même que le secrétariat d'Etat
aux anciens combattants est en pleine restructuration, l'Office doit
également penser son avenir et redéfinir ses missions.
A. UNE DÉRIVE FINANCIÈRE INQUIÉTANTE
1. La situation financière de l'ONAC au 1er janvier 1998
Au
début de l'année 1998, la situation financière de l'ONAC
s'avérait alarmante : depuis deux ans, ses recettes courantes ne
couvraient plus ses dépenses, entraînant un déficit
d'exploitation grandissant (14,9 millions de francs en 1996 et 36,20
millions de francs en 1997).
Cette situation se traduisit par des prélèvements sur le fonds de
roulement pour financer l'exploitation, bloquant ainsi le financement des
investissements. En outre, l'ONAC risquait de ne plus respecter la règle
comptable selon laquelle le montant du fonds de roulement doit couvrir un mois
de fonctionnement courant (soit environ 45 millions de francs pour
l'ONAC).
Alors que le fonds de roulement s'élevait à 81,2 millions de
francs en 1996, il n'était plus que de 43,6 millions de francs en
1997.
2. Les causes de ces déficits
Conformément à l'article D 431 du code des
pensions
militaires, l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre
constitue un établissement public doté de la personnalité
civile et de l'autonomie financière.
Ses ressources sont constituées d'une part par la contribution de l'Etat
aux frais de fonctionnement de l'Office et la subvention d'action sociale et,
d'autre part, par des ressources propres (prix de journée des maisons de
retraite et des écoles de rééducation professionnelle,
versements du fonds social européen, etc...).
Les subventions de l'Etat sont destinées à couvrir le coût
de fonctionnement des services administratifs (l'administration centrale et des
services départementaux) de l'ONAC ainsi que l'action sociale de
l'Office. Les établissements sont réputés
équilibrer leurs dépenses par leurs recettes.
Or, la réalité est toute différente en raison du
déficit structurel des maisons de retraite. Celui-ci a pu être
longtemps compensé par un excédent du budget " services
administratifs ".
Toutefois, la diminution en 1997 et 1998 de la subvention de l'Etat à
l'ONAC combinée avec un accroissement du déficit des maisons de
retraite et l'apparition, pour les années 1996 et 1997, d'un
déséquilibre au niveau des écoles de
rééducation professionnelle ont mis un terme à
l'équilibre factice du budget de l'Office
.
a) Le déficit des maisons de retraite
Les
causes du déficit d'exploitation des maisons de retraite sont anciennes.
L'accueil des anciens combattants âgés puis des veuves de guerre
dans les maisons de retraite de l'ONAC a toujours été
considéré comme une forme de l'action sociale individuelle. Il
s'agissait de répondre à un besoin social d'environnement de
fraternité d'arme ou de réparation au regard d'une situation
personnelle précarisée.
En conséquence, la recherche de l'équilibre n'était pas
la priorité d'autant que la relative aisance financière de
l'Office permettait de prendre en charge le déficit des maisons de
retraite
.
Toutefois, ces dernières ont été peu à peu
confrontées à un alourdissement des coûts de fonctionnement
liés au vieillissement des pensionnaires.
Certes, l'Office a fait évoluer les conditions d'accueil et la
tarification. Ainsi, le besoin accru de médicalisation a amené ce
dernier à créer des
Sections d'Aide aux Personnes Agées
(SAPA)
qui permettent d'asseoir une tarification plus pertinente eu
égard au service apporté. Il a également été
créé un tarif intermédiaire intégrant les
évolutions de la dépendance pour satisfaire à la mise en
place de personnels de plus en plus qualifiés.
Toutefois, lorsque la loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux
institutions sociales et médico-sociales a institué les sections
de cure médicale financées par la sécurité sociale,
l'ONAC, afin de préserver son particularisme et de ne pas avoir de
compte à rendre aux organismes de sécurité sociale, n'a
pas jugé utile de demander des agréments auprès de la
sécurité sociale
.
Cette politique a eu trois effets pervers.
D'abord, elle a pénalisé les ressortissants dépendants
qui doivent prendre en charge le surcoût lié à leur
dépendance s'ils ont des ressources suffisantes pour acquitter le prix
de journée " SAPA " ou intermédiaire.
Ensuite, elle a conduit le conseil d'administration de l'ONAC à fixer
un prix de journée sans relation avec la réalité des
coûts.
En effet, le caractère social des maisons de retraite
de l'ONAC et le développement de la concurrence s'opposaient à
l'instauration d'un prix de journée trop élevé. Ainsi, en
1998, les recettes couvraient seulement 73 % des coûts
d'exploitation (hors investissements).
Enfin, l'ONAC prend en charge le coût de l'hébergement et de la
médicalisation de ses ressortissants impécunieux.
Or,
l'accroissement de la dépendance contraint l'ONAC à une
contribution toujours plus élevée (5,6 millions en 1998) qui
ampute d'autant les crédits pour financer les autres dépenses
d'action sociale.
Comme le constate un rapport récent
6(
*
)
,
"
si le financement de la médicalisation des
établissements de l'Office était réalisé selon les
dispositifs en vigueur pour les autres établissements
agréés, le produit annuel (à données actuelles)
serait de l'ordre de 32,5 millions de francs, à rapprocher des
35 millions de francs de déficit constaté en 1997 (qui
inclut également le déficit d'exploitation de la maison de
retraite de la Pomme à Marseille, désormais fermée).
Au
total, c'est bien l'absence du recours aux financements de droit commun qui
explique pour l'essentiel le déficit de fonctionnement des maisons de
retraite de l'Office
".
L'intervention de la loi n° 97-60 du 24 janvier 1997 (loi tendant,
dans l'attente du vote de la loi instituant une prestation autonome sur les
personnes âgées, à mieux répondre aux besoins des
personnes âgées par l'institution d'une prestation sociale
dépendance) oblige l'Office à intégrer les dispositifs de
droit commun.
En effet, cette loi prévoit que pour être en mesure de
continuer à accueillir des personnes âgées
dépendantes, les établissements devront avoir signé des
conventions tripartites établissement/assurance maladie/conseils
généraux
. Ces dispositions devaient prendre effet au
31 décembre 1998, mais l'article 129 de la
loin° 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à
la lutte contre les exclusions a prévu le recul de deux ans de la date
limite d'entrée en vigueur des modalités de la nouvelle
tarification applicable aux établissements hébergeant les
personnes âgées.
Ce nouveau dispositif a conduit l'ONAC, dans un premier temps, à
demander pour certains de ses établissements la création
de sections de cure médicale tout en envisageant de
négocier au cas par cas les futures conventions tripartites
prévues par la loi puisqu'elles remplaceront à terme les sections
de cure.
Il s'est cependant heurté à plusieurs difficultés.
Le premier obstacle a été financier.
Les agréments
relèvent des enveloppes médico-sociales gérées par
les directions départementales des affaires sanitaires et sociales
(DDASS). Or, les efforts entrepris pour réduire le déficit de
l'assurance maladie limitent considérablement les possibilités de
financement de nouveaux agréments. Au 1
er
septembre 1999, six
avis favorables ont été effectivement émis par les
comités régionaux d'organisation sanitaire et sociale (CROSS)
à l'ouverture de l47 lits de section de cure médicale. Toutefois,
seuls 44 lits sont financés.
Par ailleurs, l'ouverture de sections de cure médicale s'est
heurtée au non respect par certaines maisons de retraite des normes en
matière d'hygiène, d'accessibilité et de
sécurité.
En effet, les agréments impliquent des contreparties en matière
de personnel de soins, d'espace, de commodités. Or, le parc des
établissements de l'ONAC, à l'exception de Beaurecueil, Vence et
Boulogne, est obsolète, mal entretenu et, parfois, peu adapté
à l'accueil de personnes âgées.
Cette situation s'explique par le fait que les bâtiments abritant les
pensionnaires n'avaient pas été conçus dans cet objectif.
Ainsi, la maison de retraite de Barbazan est un ancien hôtel thermal,
tandis que Anse, le Theil de Bretagne, Saint-Gobain et Beaurecueil
étaient à l'origine des châteaux.
En outre, en raison du caractère structurellement déficitaire des
maisons de retraite, l'ONAC n'a pas été capable de dégager
les sommes nécessaires pour leur entretien et leur adaptation aux normes
de sécurité et d'habitabilité. Les sommes investies n'ont
pas toujours été utilisées de la manière la plus
rationnelle, comme en témoignent les observations de la Cour des comptes
pour la période 1989-1992.
Les observations de la Cour des Comptes sur la politique d'investissement de l'ONAC de 1989 à 1992
En
application des plans de rénovation définis, en dernier lieu, en
1989 et 1992, des chambres à deux lits ou individuelles ont
été créées en plus grand nombre et leur confort a
été amélioré. Corrélativement, la
capacité d'accueil a sensiblement diminué, passant de 1.645
à 1.153 lits entre 1980 et 1991.
Mais ces actions ont eu des effets fort différents selon les sites.
Montmorency apparaît bien comme une unité récente et, dans
l'ensemble, fonctionnelle. En revanche, Ville-Lebrun, dont la capacité
est passée de 225 à 100 lits après rénovation,
présente encore, malgré les efforts déployés
localement en matière de décoration, l'aspect d'un
établissement ancien, d'entretien difficile et souvent dépourvu
du confort moderne, ce qui justifie les études actuellement conduites en
vue d'une transformation complète de l'établissement.
Le rapport présenté au conseil d'administration le 11 avril 1991
fait état d'une superficie à rénover de 33.362
mètres carrés, soit 71 % de la superficie totale du parc
immobilier.
Il apparaît donc bien que la politique d'investissement entreprise par
l'Office n'a pas abouti à une modernisation suffisante des maisons de
retraite, ce qui tient à deux causes principales.
D'une part, l'établissement n'est pas parvenu à réunir
les fonds nécessaires à ces projets, d'autre part, les sommes
disponibles n'ont pas été utilisées au mieux.
C'est ainsi que le programme de 1989 prévoyait un montant
d'investissement de 30 millions de francs par an pendant cinq ans, compte
non tenu des participations extérieures que l'Office avait
été autorisé à rechercher, auprès des
collectivités territoriales notamment.
En fait, de 1989 à 1991, le montant des investissements (travaux neufs,
gros entretien et matériel lourds) a été de près de
59 millions de francs, soit 20 millions de francs par an seulement. C'est
pourquoi, en dépit des besoins recensés, le plan d'investissement
de 1989 a été sensiblement allégé avec l'abandon de
deux opérations importantes (12 millions de francs chacune) :
l'extension de la maison de Messimieux et la création d'une SAPA de 40
lits à Villiers-le-Sec.
Pour autant, les crédits disponibles n'ont pas été
employés au mieux.
Ils ont été affectés essentiellement à la
rénovation de la maison de Beaurecueil (29,4 millions de francs,
soit 50 % du montant total des investissements de la période
considérée) et à l'édification de 40 studios neufs
à Montmorency (15,4 millions de francs, soit 26 % du total des
crédits).
Mais il est constaté par ailleurs que le taux d'occupation du
château de Beaurecueil n'a été que de 51,55 % en 1992,
première année de sa mise en service, cette désaffection
paraissant résulter, en premier lieu, de l'isolement du site.
La création de 40 studios supplémentaires à Montmorency a
fait de cet établissement d'une capacité globale de 136 lits, la
maison de retraite la plus importante de l'ONAC, alors que dix autres
établissements de ce type au moins, situés sur le territoire de
la même commune, lui font une concurrence sévère.
Il n'est donc pas étonnant que la moitié des studios
récemment construits, soient vacants, le taux global d'occupation
à Montmorency n'ayant été que de 72 % en 1992.
Il est, en outre, relevé que la salle de balnéothérapie de
cet établissement, au demeurant trop exiguë pour fonctionner
correctement, n'a jamais été utilisée et que les
équipements de la salle de kinésithérapie, largement
dimensionnée, sont peu employés. De même, à
Ville-Lebrun, l'installation de pompes à chaleur constitue une
expérience décevante.
Sans méconnaître les difficultés de rénovation,
inhérentes à ce genre d'établissements, la Cour ne peut
que constater les erreurs commises aussi bien dans le choix d'implantation des
investissements que dans leur conception même.
Depuis 1994, l'ONAC dispose d'un état des lieux complet à travers
l'étude confiée au Centre de Recherches et d'Etudes sur la Vie
Sociale. L'ensemble des besoins alors recensés pour une
rénovation en profondeur se montait à 360 millions de francs
dont 60 millions pour résoudre les problèmes
immédiats d'hygiène et de sécurité.
L'Etat a débloqué des crédits pour les travaux urgents de
sécurité imposés par les commissions de
sécurité : 13,5 millions de francs en autorisations de
programme pour 1996, 10 millions de francs en 1998, 6,5 millions de
francs en 1999. 7,2 millions de francs sont également prévus par
le projet de loi de finances pour 2000 afin de financer les travaux à
effectuer dans les maisons de retraite
Toutefois, cet effort ne résout pas la question de l'habilité qui
conditionne la signature d'accords tripartites.
b) Le déséquilibre des écoles de rééducation professionnelle
Comme le
constate la note d'étude du contrôle général des
armées publiée le 23 octobre 1997 sur les écoles de
rééducation professionnelle, la création desdites
écoles vise à l'origine à faciliter la réinsertion
des blessés et mutilés de la première guerre mondiale.
Toutefois, l'absence de conflit a conduit les écoles à
élargir le public pouvant avoir accès aux formations qu'elles
dispensent. Désormais, les stagiaires travailleurs handicapés
représentent 88,6 % des effectifs.
Cette évolution a
bouleversé le mode de financement des écoles qui dépendent
financièrement, aujourd'hui, des contributions de la
sécurité sociale.
A l'exception de l'établissement situé à Béziers,
toutes les écoles accueillant des travailleurs handicapés doivent
présenter leurs budgets et comptes administratifs aux directions
départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) qui en
assurent le contrôle et fixent les prix de journée des
établissements.
Or, les calendriers d'établissement des budgets ne sont pas
identiques.
En ce qui concerne les écoles de rééducation
professionnelle, dès que les résultats de l'année N-1 sont
connus (en juin - juillet), les budgets prévisionnels de l'année
N +1 sont préparés et discutés entre l'Office et les
directeurs. Puis, ceux-ci doivent les présenter à leur DDASS de
rattachement avant le 1
er
novembre.
Le budget de l'Office (qui
agrège les budgets des écoles) est approuvé avant le
31 décembre selon les règles budgétaires de l'Etat.
Quant aux DDASS, elles n'approuvent définitivement les budgets des
écoles au plus tôt qu'en fin de premier trimestre de
l'année N +1, alors que l'exercice est entamé et en modifiant
parfois ce qui était prévu.
En effet, lorsque les DDASS constatent un excédent ou un déficit
dans le compte administratif de l'établissement qu'elles financent,
elles le portent respectivement en diminution ou en augmentation des charges
d'exploitation du budget prévisionnel N+2.
En outre, les caisses maladie ne financent que les frais de formation des
stagiaires orientés par la COTOREP
7(
*
)
.
Or, les écoles de l'ONAC accueillent d'autres publics, notamment des
enfants de Français musulmans, des militaires et des ayant-droit du code
des pensions militaires d'invalidité. Par ailleurs, chaque école
bénéficie d'un concours du Fonds social européen dans le
cadre des programmes spécifiques en faveur des personnes exclues du
marché du travail. Ces recettes viennent en déduction de la
participation des caisses primaires d'assurance maladie pour la fixation des
prix de journée.
Or, les versements du fonds social européen sont très
erratiques.
Ainsi, en 1996, une somme de 28 millions de francs
provenant du fonds avait été inscrite au budget, alors que seuls
18 millions de francs ont été effectivement versés
cette année là.
En effet, ces somme sont attribuées à l'Office progressivement,
en fonction de la réalisation du programme défini par ce dernier,
pour obtenir ces subventions. Ainsi, il faut attendre l'exécution de la
moitié du programme pour obtenir une avance correspondant à
40 % du total des crédits prévus pour son financement. En
conséquence, si une action est menée à l'année N,
elle sera définitivement financée au début de
l'année N + 2.
Ce décalage est encore accentué par le fait que les
crédits en provenance du fonds social européen ne sont pas
directement versés à l'ONAC. Ils sont rattachés à
l'article 10 du chapitre 46-51 du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants, intitulé " contribution du fonds social
européen aux frais de rééducation des handicapés
dans les écoles de rééducation ". Il appartient
ensuite au secrétariat de les verser à l'Office. Cette
procédure engendre parfois des retards.
Par ailleurs, contrairement à la règle d'additionnalité
des crédits des fonds structurels
8(
*
)
, les
DDASS tiennent compte des recettes tirées du fonds social
européen pour fixer leur participation financière en inscrivant
en diminution de charges le montant de ce dernier. En conséquence, les
budgets des écoles ont été surévalués.
En réalité, les écoles de rééducation ne
sont pas en déficit, mais la réglementation comptable à
laquelle est soumis l'Office en tant qu'établissement public, la
" M-9 ", qui impose l'annualité budgétaire, ne permet
pas d'appréhender la situation financière des écoles
.
D'ailleurs, les écoles de rééducation professionnelle sont
soumises, dans leurs relations avec les DDASS, à la nomenclature
" M-21 ", comme tous les établissements hospitaliers et
médico-sociaux ; cette dernière autorise de prévoir
des budgets sur 3 ans.
B. LA LÉGITIMITÉ DE L'OFFICE REMISE EN CAUSE
Alors même que l'Office traversait une crise financière, son mode de fonctionnement et son rôle étaient remis en cause.
1. Une dualité secrétariat d'Etat/ONAC devenue illisible
Comme le
rappelle un rapport récent
9(
*
)
, la
dualité secrétariat d'Etat/ONAC et l'existence de deux
réseaux de services déconcentrés devraient permettre une
adaptation plus fine aux réalités du terrain et favoriser une
plus grande polarisation des missions : l'accueil et l'action de
proximité pour les services départementaux, le traitement
administratif des dossiers et la production des prestations offertes aux
ressortissants pour les directions interdépartementales aux anciens
combattants.
Or, il n'en est rien. Le partage des missions ne s'est réalisé
ni suivant des critères juridiques clairs ni à partir de
considérations fonctionnelles, mais souvent en raison de contraintes
purement budgétaires.
Ainsi, les chevauchements de compétence entre l'Office et le
secrétariat d'Etat sont nombreux.
Par exemple, la carte d'invalidité qui ouvre droit aux réductions
tarifaires sur la SNCF et à divers avantages annexes a
été, de tous temps, délivrée par l'ONAC
après une expertise médicale organisée par les services
départementaux pour vérifier si la station debout est
pénible. En revanche, la pension d'invalidité qui la motive est
elle-même consécutive à une autre expertise médicale
plus approfondie.
Par ailleurs, l'organisation administrative du recrutement dans la fonction
publique des " emplois réservés " échoit aux
directions interdépartementales, mais les services centraux de l'Office
ont la charge de la préparation aux examens. En outre, les services
départementaux sont responsables des relations avec les Commissions
Technique d'Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP).
De même, la carte du combattant est délivrée par les
services départementaux de l'ONAC mais l'obtention de la retraite du
combattant qui en résulte est le fait des directions
interdépartementales, sur justificatif émis par l'ONAC.
Ces imbrications se sont encore renforcées au cours des
dernières années.
La création d'un outil pour le développement de la
mémoire s'est accompagnée de celle d'une structure
déconcentrée, les commissions départementales de
l'information historique pour la paix, dont la responsabilité a
été confiée aux directeurs départementaux de
l'ONAC, sans aucune articulation avec les directions
interdépartementales.
Le transfert sur l'administration centrale du secrétariat d'Etat des
fonctions de contrôle et d'évaluation du dispositif d'attribution
des cartes et titres a établi une connexion entre le secrétariat
d'Etat et les services départementaux qui court-circuite les services
centraux de l'ONAC.
Enfin, le système de cogestion mis en place pour le fonctionnement du
fonds de solidarité aboutit à une configuration où les
responsabilités respectives des services départementaux et des
directions interdépartementales ne sont pas clairement définies.
En théorie, les services départementaux de l'Office national des
anciens combattants sont instructeurs des demandes d'allocation
différentielle tandis que les directions interdépartementales
instruisent les demandes d'allocation de préparation à la
retraite. En réalité, cette répartition des
compétences n'est pas connue des anciens combattants. Ils ont donc
tendance à se rendre au service départemental de l'ONAC qui les
informe, les conseille et les aide à remplir le dossier qui est ensuite
transmis aux directions interdépartementales.
Votre rapporteur a pu constater que le réflexe des anciens
combattants et de leurs ayant-cause est de se tourner vers les services
départementaux de l'ONAC. Les directions interdépartementales
sont généralement moins connues du public
.
Cette situation s'explique par la meilleure répartition des services
déconcentrés de l'Office. Alors que ces derniers sont
présents dans tous les départements, il n'existe que 18
directions interdépartementales, qui couvrent parfois des territoires
immenses.
Or, les anciens combattants sont souvent des personnes âgées
à mobilité réduite.
La mauvaise lisibilité des compétences des services
départementaux et des directions interdépartementales est encore
aggravée par l'absence quasi-totale de coopération entre les
services déconcentrés du secrétariat d'Etat et de
l'ONAC
.
Votre rapporteur a rencontré les directeurs de quatre directions
interdépartementales et de onze services départementaux. Il a
constaté que les relations entre les représentants du
secrétariat d'Etat et ceux de l'Office constituaient un obstacle au
développement d'une coopération entre ces services.
Ce rapport de force s'explique parfois par des conflits de
personnalités, mais il est également lié à
l'absence de hiérarchie entre les deux administrations. Ainsi, les
services départementaux dépendent hiérarchiquement du
préfet de département, alors que les directions
interdépartementales agissent sous l'autorité des préfets
de région.
A cet égard, le protocole fixant les modalités de la
coopération entre le secrétariat d'Etat aux anciens combattants
et l'Office national des anciens combattants dans le cadre de la politique de
la mémoire et de l'information historique est très significatif
du souci d'éviter la subordination d'un service par un autre.
L'article 3 dispose que "
pour la mise en oeuvre de ces actions, les
directeurs départementaux de l'Office national des anciens combattants
et victimes de guerre et leurs services demeurent placés sous
l'autorité hiérarchique exclusive du directeur
général de l'établissement public
".
L'article 5 précise que "
la répartition des
compétences en matière d'information historique entre les
directions interdépartementales du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants et les services départementaux de l'Office national des
anciens combattants et victimes de guerre
ne peut avoir pour effet de les
amener à s'adresser quelque instruction ou directive que ce soit
. Il
en va ainsi, en particulier, des actions confiées en propre aux services
départementaux de l'Office national des anciens combattants et victimes
de guerre en tant que secrétaires généraux des commissions
départementales de l'information historique pour la paix
".
Par ailleurs, le mode de gestion paritaire de l'Office national des anciens
combattants aussi bien au niveau central qu'au niveau départemental
donne aux services déconcentrés une légitimité
qu'ils opposent parfois aux directions interdépartementales.
En outre, la diminution tendancielle d'activité des services
déconcentrés de l'ONAC et du secrétariat d'Etat et les
discussions sur leur avenir ont crispé les positions. Votre rapporteur a
pu constater l'inversion du rapport de force.
Lorsqu'en 1997, il a mené sa mission sur la politique du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants, l'ONAC était en
pleine crise financière et les directions interdépartementales
apparaissaient comme étant vouées, à terme, à
être les seules interlocutrices des anciens combattants.
La situation s'était inversée lorsqu'en octobre 1998, votre
rapporteur a commencé sa mission sur l'ONAC. Les directeurs des
directions interdépartementales avec lesquels il s'est entretenu se sont
montrés très désabusés, tandis que les directeurs
des services départementaux étaient confiants dans l'avenir de
leur institution, certains n'hésitant pas à réclamer
dès maintenant le transfert des tâches des directions
interdépartementales vers leurs services.
A cette époque, les choix en matière de restructuration du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants étaient
arrêtés. Ce dernier allait être intégré dans
le ministère de la défense. En revanche, l'ONAC gardait la
plénitude de ses fonctions. Le secrétaire d'Etat, M. Jean-Pierre
Masseret, avait donc tranché en faveur des services
départementaux.
En attendant, l'absence de synergie entre les services départementaux
de l'ONAC et les directions interdépartementales est contreproductive.
Votre rapporteur a relevé quelques exemples significatifs
.
En matière informatique
, il n'existe pas de système en
réseau entre les directions interdépartementales et les services
départementaux. En outre, ces derniers n'ont été
réellement informatisés qu'en 1994. En raison de
l'enchevêtrement des missions des services déconcentrés de
l'ONAC et du secrétariat d'Etat aux anciens combattants, cette situation
provoque des retards dans le traitement des dossiers et pèse sur la
fluidité des circuits.
En matière de politique de la mémoire
, alors même
que les directeurs des directions interdépartementales sont membres des
commissions départementales de l'information historique pour la paix,
ils assistent très peu aux réunions, soit parce qu'ils ne sont
pas convoqués, soit parce qu'ils ne se déplacent pas. Les
informations circulent donc très peu entre les directeurs des services
déconcentrés du secrétariat d'Etat aux anciens combattants
et de l'Office national des anciens combattants.
Votre rapporteur a par ailleurs constaté la concurrence existant en
matière de représentation de l'Etat
entre les directeurs des
services départementaux d'une part et ceux des directions
interdépartementales d'autre part. Certes, la plupart des manifestations
sont organisées au niveau du département, c'est donc le
préfet du département qui représente l'Etat et qui
sollicite, le cas échéant, le directeur du service
départemental de l'Office pour le remplacer. Toutefois, lorsque les
directeurs des directions interdépartementales sont également
présents, ils rencontrent parfois des difficultés pour faire
appliquer le protocole en leur faveur.
2. L'ambiguïté du rôle de l'ONAC
L'Office
national des anciens combattants a pour objet de veiller en toute circonstance
sur les intérêts matériels et moraux de ses ressortissants.
La gestion paritaire de l'Office aussi bien au niveau central qu'au niveau
départemental renforce encore le lien étroit entre l'Office et le
monde combattant.
Toutefois, les services de proximité de l'Office remplissent
également des missions sous l'autorité du préfet de
département lorsqu'ils instruisent les demandes de titres et de cartes
ou lorsqu'ils le représentent dans les manifestations officielles.
Or, cette dualité n'est pas facile à gérer et peut
semer la confusion sur le rôle et la place de l'ONAC.
Ainsi, votre
rapporteur a pu constater que les missions de l'ONAC étaient
perçues de manière sensiblement différente selon les
directeurs des services de proximité. Certains estiment que l'ONAC est
un service administratif à part entière. Au contraire, d'autres
se font plutôt les porte-parole des associations les plus puissantes au
conseil d'administration. Enfin, certains jouent de cette ambiguïté
pour apparaître comme les seuls interlocuteurs du monde combattant. Cette
dernière attitude est facilitée par le relatif manque
d'intérêt de certains préfets pour les questions relatives
aux anciens combattants.
L'omniprésence de certains directeurs des services de proximité
de l'Office est certes un signe de dynamisme et d'engagement pour la cause des
anciens combattants. Pour autant, cette situation n'est pas saine. Le
rôle des directions interdépartementales est
délibérément occulté. En outre, cette
ambiguïté constitue un obstacle à l'élargissement des
missions des services de proximité dans le cadre de la restructuration
du secrétariat d'Etat aux anciens combattants.
Il est à noter que la même ambiguïté a longtemps
existé au niveau central : le Secrétaire d'Etat semblait
avoir renoncé à son pouvoir de tutelle sur l'Office. En
conséquence, l'ONAC était surtout utilisé comme
" caisse de résonance " par les associations d'anciens
combattants les plus puissantes.
3. La légitimité des écoles de rééducation professionnelle
Votre
rapporteur a visité deux écoles de rééducation
professionnelle : celles de Lyon et de Muret.
A chaque fois, il a
été impressionné par la qualité et la motivation
des enseignants et par les bons résultats des écoles de
rééducation professionnelle de l'ONAC.
Par ailleurs, lors de sa visite de l'école de Béziers,
il a
été favorablement impressionné par la modernité des
outils pédagogiques à la disposition des stagiaires et par les
très bonnes conditions de travail proposées par cet
établissement.
Pourtant, si la qualité des formations et les efforts de placement des
stagiaires doivent être reconnus, la question du maintien des
écoles dans le pôle de compétence de l'Office se pose.
En effet, comme votre rapporteur l'a rappelé précédemment,
la population des stagiaires a fortement évolué. En 1998, les
stagiaires travailleurs handicapés représentaient 88,6 % de
l'effectif, alors que
les ayant droit du code des pensions militaires ne
constituaient que 1,06 % des effectifs.
Dans ces conditions, il semble légitime de se demander si l'Office
national a encore vocation à gérer les écoles de
rééducation professionnelle.
4. L'ONAC officiellement remis en cause
Les
dysfonctionnements décrits auparavant ne sont pas récents, mais
la réforme de l'ONAC apparaissait comme un sujet tabou, ce qui ne
pouvait que conduire à un certain immobilisme
.
Or, le débat sur l'avenir de l'ONAC a été lancé de
manière très abrupte peu avant la discussion de la loi de
finances pour 1997. Les parlementaires et les associations d'anciens
combattants ont été informés d'un projet de
réorganisation des services déconcentrés de l'Etat
élaboré par le commissariat à la réforme de l'Etat
et soumis par le Premier ministre à la réflexion de
préfets de région et de préfets de département.
Ce projet prévoyait d'insérer les services territoriaux tant
de l'Office que du secrétariat d'Etat aux anciens combattants dans un
pôle de compétences " affaires sociales ", étant
précisé que certaines attributions régaliennes comme
l'organisation des cérémonies ou encore la politique de la
mémoire pourraient être rattachées plus directement aux
préfectures.
Cette étude a doublement choqué le monde combattant.
D'une part, la disparition des services de proximité de l'Office au
bénéfice exclusif des anciens combattants faisait perdre à
ces derniers leur spécificité. L'action de l'Etat en leur faveur
n'était plus liée à un devoir de reconnaissance, mais
ramenée à une simple action sociale.
D'autre part, le monde combattant a été choqué qu'une
réforme les concernant puisse être élaborée à
leur insu, sans qu'ils puissent faire valoir leur point de vue.
Certes, devant l'émoi que ce projet a soulevé, il a
été vite retiré. Toutefois, il a profondément
marqué le monde combattant qui a alors pris conscience de sa relative
fragilité et de l'évolution des mentalités à son
égard.
Quelques années auparavant, il aurait
été impensable qu'un tel projet puisse seulement être
envisagé
.
Cette prise de conscience a eu deux effets contradictoires. Les associations
d'anciens combattants ont alors redoublé de vigilance pour éviter
toute nouvelle remise en cause de l'Office. Toutefois, elles ont compris qu'il
était dans leur intérêt d'accepter une évolution
concertée du secrétariat d'Etat aux anciens combattants sous
peine d'être de nouveau mises devant le fait accompli.
II. UNE RÉFORME ENGAGÉE MAIS QUI EST LOIN D'ÊTRE ACHEVÉE
Lorsque
votre rapporteur a commencé sa mission, le conseil d'administration de
l'Office, encouragé par le secrétariat d'Etat aux anciens
combattants, avait chargé son directeur général, de mettre
en oeuvre une réforme du service central et des établissements
afin de doter l'ONAC d'une gestion moderne et efficace.
Votre rapporteur a pu constater les progrès réalisés en
un an. Ainsi, des décisions courageuses ont été prises en
ce qui concerne les maisons de retraite tandis que la prise en charge par les
écoles de rééducation professionnelle de la
réinsertion des militaires de carrière justifie leur maintien
dans le champ de compétence de l'ONAC.
Toutefois, la réforme de l'Office est loin d'achevée.
A. LES ACTIONS DÉJÀ RÉALISÉES
A la fin
de l'année 1997, le conseil d'administration de l'ONAC a demandé
au directeur général d'engager une réforme de l'Office
afin de sortir de la crise financière dans laquelle il était
plongé depuis 1994 et d'améliorer la gestion de
l'établissement public.
Trois axes d'action ont alors été dégagés qui
visaient l'organisation générale, les maisons de retraite et les
écoles de rééducation professionnelle.
1. L'organisation générale
Plusieurs mesures ont d'abord été prises pour
rétablir l'équilibre budgétaire.
D'une part, des économies ont été recherchées en
matière de fonctionnement courant. Ainsi, en ce qui concerne les locaux
des services de proximité, un bilan a été dressé de
la situation de chaque service et des possibilités de relogement
à des conditions plus avantageuses.
D'autre part, l'Office national des anciens combattants a entrepris certaines
réformes visant à moderniser sa gestion.
Ainsi, un budget par " pôle de responsabilité " a
été mis en place en 1997, distinguant le service central, les
services départementaux et les établissements pour gérer
les engagements et les délégations de crédits et, en
conséquence, améliorer la transparence du budget de l'Office.
Par ailleurs, un poste de contrôleur de gestion a été
créé afin de procéder à une analyse des coûts
de chaque " pôle de responsabilité ", de définir
des indicateurs de gestion et de procéder au suivi des dépenses.
En outre, un effort de formation a été entrepris en direction des
directeurs des maisons de retraite et des écoles de
rééducation professionnelle.
Enfin, l'ONAC a lancé une politique de promotion de l'oeuvre nationale
du Bleuet de France. Cette institution regroupe les activités de
l'association du Bleuet de France et du Comité du souvenir et des
manifestations nationales. Le Bleuet trouve ses origines dans la guerre de
1914-1918. Il était fabriqué par les mutilés de guerre. Le
produit de sa vente permettait de financer des actions sociales en faveur des
anciens combattants.
Aujourd'hui, les recettes du Bleuet sont les produits des collectes et des
ventes organisées le 11 novembre et le 8 mai. Toutefois,
l'éloignement des conflits et l'urbanisation ont conduit à un
plafonnement des recettes autour de 6,5 millions de francs. Or, compte
tenu du contexte économique et social, les besoins en crédits
d'action sociale pour les anciens combattants croissent. C'est la raison pour
laquelle l'ONAC a pris des initiatives afin de renforcer la
notoriété de l'oeuvre nationale du Bleuet.
Ainsi, les plus hautes autorités de l'Etat ont été
sensibilisées et ont décidé de montrer l'exemple en
arborant le Bleuet à la boutonnière dans les
cérémonies officielles chaque 8 mai et 11 novembre.
Par ailleurs, cette oeuvre nationale a été autorisée par
décret à percevoir les produits de la vente de publications
consacrées à la promotion et à l'illustration des valeurs
civiques et morales attachées au Bleuet de France, ainsi que ceux
résultant de la commercialisation de produits portant la marque du
Bleuet de France.
2. Les maisons de retraite
Les
causes du déficit structurel des maisons de retraite
gérées par l'Office national des anciens combattants sont
connues depuis longtemps. Le rapport du centre international de recherche et
d'études de la vie sociale de 1993, la note de la Cour des comptes de
1994, la note d'étude du contrôle général des
armées de 1997 portent tous sur la gestion des maisons de retraite et
les causes de leur déficit.
Deux obstacles empêchent une gestion équilibrée des maisons
de retraite :
- les prix de journée ne couvrent pas les coûts de
fonctionnement ;
- les retards accumulés en matière d'investissement sont tels
qu'ils ne peuvent plus être comblés aujourd'hui :
360 millions de francs seraient nécessaires pour rénover
entièrement le parc des maisons de retraite de l'ONAC.
Toute stratégie visant le retour à l'équilibre financier
doit donc intégrer ces contraintes.
En conséquence, l'ONAC doit non seulement parvenir à une
gestion équilibrée de ses maisons de retraite en
bénéficiant des dispositifs de droit commun (aide sociale
départementale, forfaits soins de l'assurance maladie), mais
également dresser un état des lieux de son parc et concentrer ses
efforts sur les établissements les mieux placés
.
Ce constat n'est pas récent. Ainsi, lorsque les crédits visant
à financer des travaux de rénovation dans les maisons de retraite
avaient fait l'objet d'un arbitrage, il avait été
décidé que 20 millions de francs seraient
débloqués pour le budget 1996. En contrepartie, l'ONAC devait
s'engager à restructurer son parc. Or, aucune mesure n'a
été prise dans ce sens jusqu'à l'adoption de la loi
instituant la prestation spécifique dépendance. L'ONAC se
contentait de rechercher des financements de droit commun sans qu'aucune
réflexion officielle ne soit lancée sur l'avenir du parc des
maisons de retraite.
Avec la loi n° 97-60 du 24 janvier 1997, les maisons de retraite de
l'Office sont contraintes de s'intégrer dans les dispositifs de droit
commun et de signer les conventions tripartites prévues si elles veulent
continuer à héberger des personnes âgées
dépendantes. En outre, grâce à ces conventions, elles
n'auront plus à prendre en charge le coût de la
médicalisation et de la dépendance ainsi que l'aide sociale pour
les plus démunis.
Toutefois, pour satisfaire aux obligations réglementaires et aux
conditions nécessaires pour passer convention avec les conseils
généraux et l'autorité assurant le financement de la
médicalisation, un énorme effort d'investissement est
indispensable, qui dépasse les moyens financiers de l'Office national
des anciens combattants.
Celui-ci a donc dû se résoudre
à dresser un état des lieux sur son patrimoine immobilier et
à envisager la fermeture de certains établissements trop
vétustes
.
Une première fermeture a eu lieu en 1998 et concernait la maison de
retraite de la Pomme à Marseille. Toutefois, la rencontre de votre
rapporteur avec la responsable des maisons de retraite à l'ONAC en
octobre 1998 avait laissé penser qu'il s'agissait d'une exception.
Aucune autre fermeture n'avait alors été évoquée.
Aussi a-t-il été étonné lorsque, prévoyant
de visiter la maison de retraite de Montpellier en mars 1999, il a appris que
cette dernière était fermée. Lors de sa dernière
visite à l'administration centrale de l'Office en septembre 1999, il lui
a été fait part de trois nouvelles fermetures : Villiers le
Sec, Ville Lebrun et Bouleville.
Ces décisions soudaines de fermeture sont la résultante de
plusieurs facteurs .
D'une part, certaines commissions départementales de
sécurité avaient notifié un avis défavorable
à la poursuite de l'exploitation.
D'autre part, un rapport avait
été remis au secrétaire d'Etat aux anciens combattants le
30 mars 1999 sur la situation des maisons de retraite. Pour chaque
établissement, un examen précis de son état était
présenté et une solution suggérée.
Votre rapporteur ne peut que se féliciter de cette prise de
conscience par l'Office de l'urgence d'entreprendre une réflexion
d'ensemble sur son parc de maisons de retraite.
En effet, comme le rappelle la Cour des comptes dans sa monographie sur le
budget des anciens combattants
10(
*
)
,
" la nature immobilière de certains établissements ne
permet pas le développement de la médicalisation pour les
personnes âgées de plus en plus dépendantes ".
En
cédant ces bâtiments, l'Office pourrait affecter les ressources
ainsi dégagées à la réalisation d'investissements
dans les maisons de retraite viables.
3. Les écoles de rééducation professionnelle
Comme
votre rapporteur l'a montré précédemment, les
écoles de rééducation ne sont pas en déficit, mais
la réglementation comptable à laquelle est soumis l'Office en
tant qu'établissement public, la " M-9 ", qui impose
l'annualité budgétaire, ne permet pas d'appréhender leur
situation financière.
En conséquence, sauf à faire adopter aux écoles la
réglementation comptable à laquelle sont soumis les
établissements hospitaliers et médico-sociaux (la
" M-21 "), peu de réformes sont envisageables pour
éviter que la situation financière des écoles de
rééducation professionnelle doive être
étudiée sur trois ans.
L'Office national des anciens combattants a pris une mesure qui redonne toute
sa légitimité aux écoles de rééducation
professionnelle :
le 28 mars 1996, une convention cadre
était signée avec le ministère de la défense pour
une durée de cinq ans, permettant l'accueil des personnels de ce
ministère dans les écoles de rééducation
professionnelle
.
Ces derniers bénéficient d'une prise en charge financière
par le ministère de la défense, en matière de reconversion
professionnelle, dont la durée ne peut excéder un an.
Chaque école a dû adapter son offre de formation à ce
nouveau public. Ainsi, les équipes pédagogiques ont dû
s'engager à présenter les stagiaires à un examen de
l'Education nationale au bout d'un an au lieu de deux ans.
Sur la base des propositions faite par chaque école, une convention
entre l'ONAC et le ministère de la défense a été
signée le 14 janvier 1999.
L'objectif est d'accueillir 50 militaires
la première année.
Votre rapporteur salue cette entreprise qui devrait diminuer la
dépendance financière des écoles de
rééducation professionnelle vis-à-vis des DDASS et
renforcer leurs liens avec le monde combattant
. Il rappelle toutefois que
cette opération ne réussira que si les écoles arrivent
à développer des relations fortes avec les services du
ministère de la défense chargés de la reconversion des
militaires. Un travail important de promotion des écoles doit donc
être engagé alors même que le secteur de la
réinsertion professionnelle est soumis à une très forte
concurrence.
L'Office national des anciens combattants s'efforce également de
trouver des financements complémentaires pour l'école de
rééducation professionnelle de Béziers
.
L'école de Béziers ne bénéficie pas
d'agrément du ministère du travail et des affaires sociales pour
organiser la rééducation professionnelle des travailleurs
handicapés. C'est la raison pour laquelle cette école s'est
spécialisée dans la formation des enfants de Français
musulmans rapatriés d'une part et du personnel de l'Office d'autre part.
Elle a également diversifié son public en offrant des formations
ponctuelles au niveau local. Toutefois, la gestion de cet établissement
est devenue déficitaire (5,3 millions de francs de déficit
ont été constatés en 1998) car les sommes versées
par la délégation aux rapatriés, pour financer la
formation des enfants de Français musulmans, ne permet pas de couvrir
l'ensemble des charges de fonctionnement de l'école.
En outre, cette dépendance financière vis-à-vis de la
délégation aux rapatriés n'est pas sans
inconvénient. En effet, le nombre d'enfants de Français musulmans
rapatriés demandant une formation tend à diminuer. Ainsi, pour
l'année scolaire 1999/2000, alors qu'il existe 53 agréments,
l'école de Béziers n'a pu rassembler que 40 stagiaires.
Par ailleurs, si la convention entre l'ONAC et la délégation aux
rapatriés a été reconduite cette année pour une
formation de septembre 1999 à juin 2000 et pour une formation
qualifiante de septembre à décembre 2000, aucune convention n'est
prévue pour l'année 2001. Si d'autres sources de financement ne
sont pas trouvées, l'école sera menacée de fermeture.
L'établissement a demandé l'agrément pour accueillir 49
stagiaires handicapés dans des formations diplômantes ou
qualifiantes auprès du préfet de région. Les instances
chargées de l'instruction du dossier ont émis un avis favorable,
mais faute de crédits suffisants, la direction régionale des
affaires sanitaires et sociales refuse de donner son accord.
4. Des réformes qui s'intègrent dans la charte " un nouvel élan " pour l'ONAC
Comme
votre rapporteur l'a déjà rappelé, dès sa
nomination en tant que secrétaire d'Etat chargé des anciens
combattants, M. Jean-Pierre Masseret, a engagé, en collaboration
avec les plus grandes associations d'anciens combattants, une réflexion
sur l'avenir de son département ministériel et sa
nécessaire restructuration.
Parallèlement, l'Office national des anciens combattants s'est
engagé dans une analyse prospective sur le devenir de cet
établissement public dans un contexte en pleine évolution. Cette
réflexion a conduit à l'élaboration d'une charte
intitulée " un nouvel élan ", qui a pour ambition de
garantir le rôle central de l'Office au service du monde combattant.
Un nouvel élan pour l'ONAC
L'Office
national des anciens combattants et victimes de guerre est un
établissement public de l'Etat doté de la personnalité
civile et de l'autonomie financière.
Il est le résultat de la fusion de trois établissements
publics : l'Office national des pupilles de la nation, l'Office national
des mutilés et l'Office national du combattant.
L'Office national des anciens combattants est, depuis l'origine, le grand
service social du monde combattant. En associant, de manière paritaire,
l'administration et les organisations représentatives des anciens
combattants et victimes de guerre, il participe à la mise en oeuvre du
droit à réparation, il développe le devoir de
solidarité et le devoir de mémoire.
L'ONAC exprime la spécificité du monde combattant, son maintien
modernisé est une nécessité dans la France d'aujourd'hui
alors que les anciens combattants et victimes de guerre représentent
encore, avec l'arrivée de nouvelles catégories (opérations
en territoire étranger, victimes d'attentats terroristes) plusieurs
millions de ressortissants.
En cette fin de XXème siècle, l'ONAC inscrit son action dans un
contexte en pleine mutation.
La société, dont la majorité des classes d'âge est
née après la fin de la seconde guerre mondiale, paraît
moins sensible aux valeurs du monde combattant.
L'Etat et les collectivités publiques, qui font face à une forte
demande de solidarité, sont tentés par des solutions
globalisantes qui risquent de marginaliser l'imprescriptible droit à
réparation.
Pourtant, devant ces mutations, l'ONAC dispose d'une série d'atouts et
de moyens :
- un réseau de services de proximité adaptés au
terrain assuré par des fonctionnaires compétents ;
- un mode de gestion paritaire qui donne au monde combattant sa juste
place dans la gestion des dossiers qui le concerne ;
- une approche personnalisée du monde combattant s'accompagnant
d'un traitement particulier en faveur des ressortissants les plus
défavorisés ;
- une série d'établissements : maisons de retraite et
écoles de rééducation professionnelles qui doivent
être des outils dans une politique nouvelle ;
- un important réseau relationnel avec les préfectures, les
services de l'Etat, les collectivités territoriales, les organismes
sociaux et les associations.
Ce sont ces atouts et ces moyens qui permettront à l'ONAC de faire face
aux mutations du temps présent.
L'ONAC développera trois ensembles essentiels d'activité.
Il sera, à l'échelon départemental, la structure
d'accueil, d'écoute, de conseil et de rencontre pour l'ensemble des
ressortissants du monde combattant.
Les services départementaux seront le lieu où chaque
ressortissant sera accueilli, consulté, orienté et aidé
dans ses demandes et démarches les plus diverses à
finalité sociale, administrative, économique et culturelle.
Ils instruiront les demandes relatives à la reconnaissance des droits
des anciens combattants et victimes de guerre. Les structures de gestion
paritaire de ces droits seront remodelées et renforcées.
Un paritarisme accru assurera l'ensemble des actions de solidarité
destinées aux ressortissants (prêts, secours...).
L'Office national des anciens combattants et victimes de guerre sera
également l'instrument qui permettra d'apporter un soutien actif aux
ressortissants les plus âgés.
Les services départementaux oeuvreront, en liaison avec les services de
l'Etat et des collectivités territoriales, pour favoriser le maintien
à domicile des ressortissants concernés.
L'Etablissement public conservera la gestion d'un réseau de lits en
maisons de retraite pour ses ressortissants. Ces lits, dont le nombre devra
progressivement croître, seront répartis, soit dans des maisons
appartenant à l'ONAC, soit dans d'autres maisons dans lesquelles
l'Etablissement public aura par convention acquis la réservation
prioritaire d'une série de lits.
L'Office national des anciens combattants et victimes de guerre sera le socle
sur lequel se construiront et se diffuseront les activités de
mémoire des guerres et conflits contemporains dans les
départements.
Le service chargé, au niveau national, de la mémoire,
décidera de cette politique et les services départementaux seront
l'instrument de sa mise en oeuvre locale.
La gestion paritaire de la politique de mémoire qui s'exprime au sein
des commissions départementales pour l'information historique et pour la
paix sera renforcée dans un sens qui favorisera l'adhésion et la
participation, autour du monde combattant, des divers acteurs de la
mémoire (enseignants, animateurs de musées, responsables
d'associations culturelles...).
Les services départementaux interviendront, en étroite liaison
avec les services compétents du ministère de la défense,
pour affirmer et renforcer le lien entre l'armée et la nation.
Le lien entre l'armée et la nation est également à la base
d'une ouverture des écoles de rééducation professionnelle
aux militaires en voie de reclassement professionnel. Ces écoles
continueront à être gérées par l'ONAC.
B. UNE RÉFORME QUI EST LOIN D'ÊTRE ACHEVÉE
Votre
rapporteur se félicite des réformes engagées par l'Office.
Il regrette cependant que certaines décisions ne soient pas intervenues
plus tôt, notamment en ce qui concerne la restructuration du parc des
maisons de retraite, même s'il estime que les responsabilités sont
partagées
.
En effet, il semblerait qu'il ait fallu attendre l'arrivée du nouveau
secrétaire d'Etat aux anciens combattants pour que l'Etat exerce
véritablement son rôle de tutelle auprès de l'Office
national des anciens combattants.
Auparavant, l'Etat faisait preuve d'une grande réticence à
s'immiscer dans la gestion de l'ONAC. Cette prudence s'explique par la
très grande sensibilité des associations d'anciens combattants
à toute mesure susceptible de remettre en cause l'Office et ses
prérogatives. En conséquence, l'ONAC s'est contenté
longtemps d'être la " caisse de résonance " des
associations pour lesquelles les préoccupations d'équilibre
budgétaire ou de bonne gestion n'étaient pas prioritaires.
Toutefois, cet effacement relatif de l'Etat s'est avéré
contreproductif : les réformes n'ont pas été
engagées à temps et l'ONAC est amené aujourd'hui à
prendre des décisions irrévocables, comme la fermeture de plus
d'un tiers de ses maisons de retraite.
En outre, au-delà des réformes engagées, le pari du
renouveau de l'ONAC ne sera gagné qu'à deux conditions. Non
seulement l'Office doit sortir de son relatif isolement, mais les
mentalités doivent évoluer : alors que la tendance
était jusqu'à présent à l'attentisme, il est urgent
que l'ONAC ait une vision prospective de ses missions et de son fonctionnement.
1. La nécessité de rompre le relatif isolement de l'ONAC
Votre
rapporteur a été frappé par le relatif isolement de
l'ONAC.
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène.
D'une part, l'Office apparaît, dès sa création, comme le
défenseur des intérêts matériels et moraux des
anciens combattants. En conséquence, la défense des relations
très privilégiées qu'il entretient avec ses ressortissants
et qui fondent sa légitimité, ont longtemps poussé
l'Office à prendre ses distances par rapport aux autres administrations.
Ainsi, dans les années 70, il n'a pas jugé utile de demander
d'agrément auprès de la sécurité sociale pour les
sections de cure médicale afin de conserver son indépendance.
D'autre part, l'isolement de l'Office s'est renforcé lorsque sa
situation financière s'est dégradée. Votre rapporteur a,
à plusieurs reprises, souligné le rapport de force existant entre
le secrétaire d'Etat aux anciens combattants et l'Office national des
anciens combattants et, notamment, le souci de ce dernier d'affirmer son
rôle et ses prérogatives. Aussi, lorsque l'Office a
été confronté à des difficultés
financières et qu'à la même époque, la question de
sa pérennité était posée officieusement, une partie
de son personnel dirigeant a eu tendance à rejeter la
responsabilité des dysfonctionnements sur la lourdeur des
procédures et sur l'inadaptation de son statut.
Or, ce renfermement sur soi conduit à un certain immobilisme. Ainsi, il
est révélateur que lors de la dernière réunion du
conseil d'administration statuant sur la fermeture de certaines maisons de
retraite, les associations aient proposé des décisions plus
radicales que l'administration de l'Office.
Par ailleurs, il constitue un obstacle au rapprochement vers d'autres
administrations pour échanger des informations et comparer les
expériences.
Lors de ses visites à l'Office, votre rapporteur a eu écho des
problèmes rencontrés par l'Office pour la commercialisation du
livre " les Bleuets de l'espoir ". Or, il existe des
établissements publics administratifs, comme l'Institut
géographique national, qui exercent des activités commerciales.
L'Office aurait donc pu prendre contact avec eux pour profiter de leur
expérience et faciliter ses démarches.
De la même manière, depuis plusieurs années, l'Office peine
à individualiser les budgets et les comptes des établissements.
Or, les responsables du service central pourraient se tourner vers la direction
de la comptabilité publique pour demander une assistance technique.
Par ailleurs, le contrôle de gestion pourrait être
amélioré en coopération avec l'Agence comptable.
Or, il appartient au service central de l'ONAC de créer un réseau
d'informations et d'échanges avec non seulement les ministères de
tutelle, mais également les partenaires de l'Office et les
administrations dont certaines expériences pourraient être
imitées.
2. Le développement d'une vision stratégique
Votre
rapporteur a eu le sentiment, tout au long de sa mission, que, par le
passé, l'ONAC a très souvent attendu d'être acculé
à une réforme pour intervenir.
L'exemple le plus significatif est celui des maisons de retraite. D'abord,
l'Office a attendu le milieu des années 90 pour lancer les demandes
d'agréments. Ensuite, les mesures en matière d'investissement ont
été prises très tardivement. Enfin, la restructuration du
parc des maisons de retraite, pourtant conseillée dans de nombreux
rapports dès le début des années 90, n'est intervenue
qu'en 1998, parce que les commissions de sécurité interdisaient
la poursuite de l'activité de certains établissements devenus
dangereux pour les résidents.
Toutefois, cet attentisme se retrouve dans d'autres domaines. Ainsi, depuis des
années, le contrôleur financier demande une clarification du cadre
budgétaire et comptable dans lequel fonctionnent les
établissements. Or, même si des progrès ont
été réalisés par l'instauration d'un budget par
" pôles de responsabilité ", ces mesures sont
insuffisantes. Pourtant, l'Office va être contraint à une
meilleure transparence financière s'il veut signer les conventions
tripartites pour ses maisons de retraite.
Certes, l'élaboration de la charte " un nouvel élan "
pour l'ONAC constitue une césure puisqu'il s'agit d'un programme
d'actions pour les prochaines années qui tient compte de
l'évolution de la société et du monde combattant. Elle
traduit la prise de conscience, par les responsables de l'ONAC, de la
nécessité de projeter son action dans l'avenir et d'anticiper les
mutations prochaines du monde combattant.
Votre rapporteur espère que ce changement de mentalité sera
durable et concernera toutes les catégories de personnel de l'ONAC.
En effet, si l'Office bénéficie actuellement d'une conjoncture
favorable en raison du choix, de la part du secrétaire d'Etat,
d'arbitrer en sa faveur et aux dépens des directions
interdépartementales, cette situation risque en réalité
d'être temporaire.
De nombreux services départementaux fonctionnent déjà
aujourd'hui sous la forme de micro-structures. En conséquence,
dès qu'un poste est vacant, le service s'en trouve fortement
perturbé. Or, les demandes de cartes et de titres sont amenées
à diminuer fortement. Pourtant, une réduction des effectifs
mettrait certains services de proximité de l'Office dans
l'incapacité d'assurer la continuité du service.
Lorsque votre rapporteur a soulevé ce problème auprès des
directeurs des services départementaux qu'il a visités, la
plupart d'entre eux ont paru soit ignorer cet état de fait, soit
considérer que, le moment venu, une solution devra bien être
trouvée sachant que leur statut de fonctionnaire les protège. Or,
cet attentisme risque de placer l'ONAC dans une situation très
délicate dans quelques années.
C'est pourquoi, malgré les apparences, il est urgent pour l'Office de
réfléchir à son avenir.
CHAPITRE III
LES PERSPECTIVES D'AVENIR DE L'ONAC
Les
perspectives d'avenir de l'ONAC varient selon que l'on raisonne à court
ou à plus long terme.
L'avenir proche de l'ONAC est assuré. Au contraire, l'Office devrait
voir ses missions renforcées et ses moyens accrus. Toutefois, il est
indispensable que les réformes commencées soient poursuivies et
même accentuées.
En revanche, l'avenir plus lointain de l'Office national des anciens
combattants dépendra essentiellement de sa capacité à
anticiper les mutations structurelles du monde combattant.
I. L'AVENIR PROCHE DE L'OFFICE : DES REFORMES STRUCTURELLES À METTRE EN OEUVRE
Le
projet de réorganisation des services déconcentrés de
l'Etat élaboré par le commissariat à la réforme de
l'Etat en 1996 avait fortement ému les associations d'anciens
combattants.
Aussi, lorsque l'actuel secrétaire d'Etat a lancé le projet d'une
réforme du secrétariat d'Etat aux anciens combattants, il a
dû donner au monde combattant des garanties sur le maintien d'une
administration respectueuse de sa spécificité.
Or, les services départementaux de l'ONAC sont les mieux connus des
anciens combattants. En conséquence, il a été
décidé, en contrepartie de l'intégration du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants au ministère de la
défense, que l'Office national des anciens combattants serait non
seulement maintenu, mais que ses services de proximité seraient
renforcés pour devenir la structure d'accueil, d'écoute, de
conseil et de rencontre pour l'ensemble des ressortissants du monde combattant.
Toutefois, cette évolution ne réussira que si des réformes
structurelles sont entreprises et qu'une stratégie concentrée est
élaborée en ce qui concerne les maisons de retraite et les
écoles de rééducation professionnelle.
A. LA MODERNISATION DE LA GESTION DE L'ONAC
1. La clarification du cadre budgétaire et comptable
L'Office
a un statut d'établissement public administratif. Il est donc soumis au
principe de l'unité budgetaire. Pourtant, dans la mesure où les
missions de l'ONAC sont diverses et font intervenir de nombreux acteurs, son
budget apparaît peu transparent car il ne permet ni d'identifier les
activités de l'établissement public, ni les
responsabilités des différents intervenants.
Une clarification du cadre budgétaire et comptable s'impose donc, qui
permettra de distinguer les actions du service central, de celles des services
déconcentrés, des écoles de rééducation ou
des maisons de retraite.
Deux solutions sont envisageables.
La première viserait à créer des budgets annexes pour
les écoles de rééducation professionnelle et les maisons
de retraite.
Il s'agirait d'une évolution radicale car chaque école de
rééducation et chaque maison de retraite constituerait alors une
entité indépendante. Leurs charges et leurs produits ne seraient
pas réincorporés dans ceux de l'ONAC : elles disposeraient
de leur résultat propre et de leurs réserves qui ne figureraient
que pour mémoire dans le compte de résultat de
l'établissement.
Cette solution modifierait également la procédure d'adoption du
budget de l'ONAC car les budgets annexes sont votés de manière
distincte par le conseil d'administration.
Votre rapporteur n'est pas favorable à un tel choix. D'une part, il
nécessiterait une modification du statut de l'ONAC puisque l'instruction
codificatrice de la " M9 " dispose que "
la création
d'un budget annexe n'est possible que si elle est expressément
prévue par le texte portant organisation administrative et
financière de l'établissement.
" D'autre part, il
risquerait de rompre le lien entre l'Office d'une part, et ses maisons de
retraite ainsi que ses écoles de rééducation d'autre part,
relançant ainsi le débat sur la légitimité du
maintien de ces deux catégories d'établissements sous le
contrôle de l'ONAC.
La seconde solution consisterait à créer des services ayant
une comptabilité distincte de la comptabilité
générale de l'établissement.
Ces services seraient
dotés d'un cadre comptable complet, comprenant aussi bien les comptes de
charge et de produits que les comptes de bilan. Cette organisation aurait
l'intérêt de dégager un résultat propre pour chaque
service, même si ces derniers seraient ensuite intégrés au
résultat de l'établissement principal pour sauvegarder
l'unité budgétaire de l'établissement public. Elle
permettrait d'affiner les comptes budgétaires afin de pouvoir suivre les
recettes et les dépenses en fonction de l'origine des crédits.
Comme votre rapporteur l'a déjà rappelé, l'Office a mis en
place depuis 1997 un budget par " pôle de
responsabilité " distinguant le service central, les services
départementaux et les établissements pour gérer les
engagements et les délégations de crédits. Cette
réforme constitue une première étape destinée
à améliorer la transparence de l'Office. Toutefois, il s'agit
d'un document administratif qui n'a pas de traduction comptable. Seule une
individualisation des budgets et des comptes des établissements
permettra d'améliorer réellement la gestion de l'ONAC et,
notamment de permettre à ce dernier d'opposer sa comptabilité aux
tiers lors des négociations budgétaires.
En effet, chaque école de rééducation doit négocier
annuellement son budget avec la DDASS dont elle dépend. Or,
jusqu'à présent, il n'existe qu'un compte administratif, celui de
l'Office. Les écoles doivent donc élaborer un document qui
permette d'identifier leurs recettes et leurs dépenses. C'est pourquoi
il est souhaitable qu'un compte administratif soit établi par
établissement, qui serait opposable aux DDASS.
Les maisons de retraite vont également devoir se soumettre à
cette règle. En effet, la signature des conventions tripartites est
conditionnée par l'individualisation, dans chaque budget de maison de
retraite, des dépenses et des recettes relevant de l'hébergement,
de la dépendance et de la médicalisation.
Votre rapporteur rappelle que la création de services ayant une
comptabilité distincte de la comptabilité générale
de l'établissement est soumise à l'autorisation de la direction
de la comptabilité publique. Il souhaite donc que les responsables de
l'ONAC entrent en contact avec ladite direction non seulement pour obtenir
cette autorisation, mais également pour solliciter une aide technique
afin de mettre en place des services à comptabilité distincte.
2. Le développement du contrôle interne de gestion
Le
contrôle de gestion vise, au sein d'une organisation un peu complexe,
à permettre aux responsables d'être informés sur les
opérations engagées par l'organisme dont ils ont la charge et de
faire en sorte que l'ensemble des moyens disponibles soient mobilisés de
la manière la plus efficace pour atteindre les objectifs visés
par cet organisme.
Dans la mesure où l'ONAC exerce des activités qui, de fait, sont
largement déconcentrées et font intervenir de nombreux acteurs
(les services départementaux, les écoles de
rééducation professionnelle et les maisons de retraite), il est
indispensable d'établir un contrôle de gestion qui non seulement
autorise un suivi plus fin et précis des dépenses, mais
également permette l'analyse des coûts des missions accomplies et
l'efficacité des services.
Aujourd'hui, le service central de l'Office ne dispose pas d'outils performants
lui permettant de connaître en temps réel l'exécution du
budget. En effet, les liquidations sont effectuées par les
trésoreries générales. Les informations comptables sont
ensuite centralisées à l'Agence centrale. En définitive,
les informations parviennent au directeur du service " gestion et
logistique " de l'Office un an et trois mois plus tard en moyenne.
La lourdeur de la procédure ne permet donc aucun ajustement ponctuel
dans l'exécution du budget puisque les services compétents ne
peuvent recueillir aucune information sur une éventuelle dérive
des dépenses.
Par ailleurs, l'ONAC ne dispose d'aucun élément chiffré
sur le rendement de ses services et sur les éventuelles variations
d'activité qui peuvent exister d'un service à l'autre, à
effectif constant.
Or, toute gestion rationnelle suppose au moins la formalisation d'objectifs
(par exemple l'instruction d'un nombre déterminé de cartes
d'ancien combattant par agent) et la mise en place de tableaux de bord
permettant de suivre l'activité et la réalisation desdits
objectifs.
Ainsi, il apparaît par exemple indispensable d'élaborer un
organigramme de fonctionnement pour les maisons de retraite afin
d'établir le personnel en nombre et en qualité nécessaire
en moyenne. Grâce à ce schéma, les maisons de retraite de
l'ONAC pourront se positionner et, le cas échéant, ajuster leur
personnel
11(
*
)
.
A cet égard, le rapport dressé par le contrôle
général des armées
12(
*
)
en
octobre constatait que l'existence de résidents dépendants
imposait aux maisons de retraite de l'ONAC de satisfaire aux conditions
exprimées sous forme de ratios :
- un ratio correspondant au rapport entre le nombre total de personnel et le
nombre total de pensionnaires ;
- un ratio correspondant au rapport entre le nombre de personnels soignants et
le nombre de résidents semi-dépendants ou dépendants.
Pourtant, si ces ratios étaient globalement respectés,
"
la réalité de l'adéquation
emploi-spécialité-niveau est loin d'être optimisée.
Tel ouvrier professionnel est employé au ménage, des
spécialistes bâtiment entretiennent des espaces verts, des
aide-soignantes ne sont pas diplômées...
"
Votre rapporteur tient à souligner que de nombreux services du secteur
public appliquent déjà des indicateurs. Il peut s'agir
d'indicateurs simples, concernant par exemple les dépenses
d'énergie, de chauffage, d'électricité.
Il exhorte donc l'ONAC de développer cette technique afin de
rationaliser sa gestion aussi bien au niveau des services départementaux
qu'au niveau des maisons de retraite et des écoles de
rééducation.
L'existence d'un véritable contrôle de gestion apparaît
en outre comme la condition indispensable d'une certaine déconcentration
en matière d'exécution des dépenses.
L'article D 472 du code des pensions militaires d'invalidité dispose que
"
les dépenses et les recettes des services
départementaux sont exécutées par le directeur
général de l'Office national et par l'agent comptable. Toutefois,
certaines opérations de recettes et de dépenses dont la liste est
fixée par arrêté [...] peuvent être
exécutées par le préfet qui a qualité d'ordonnateur
secondaire et par un comptable subordonné à l'agent central. Le
préfet peut déléguer ces fonctions au chef du service
départemental
".
Dans la mesure où l'arrêté prévu n'a jamais
été adopté, les directeurs des services
départementaux ont la qualité de simples régisseurs. Or,
le renforcement de leurs pouvoirs en matière d'exécution des
dépenses leur offrirait une plus grande souplesse. Cela obligerait en
outre le service central non seulement à mettre en place une politique
de contrôle du réseau, mais également à planifier
les besoins des services déconcentrés.
Lors de ses nombreux entretiens avec les directeurs des services de
proximité, votre rapporteur a eu l'impression que les demandes de ces
derniers
13(
*
)
étaient satisfaites au
" coup par coup ", en fonction de l'insistance du directeur.
Si les directeurs des services départementaux devenaient ordonnateurs
secondaires, le service central de l'ONAC serait conduit d'une part à
engager un véritable dialogue avec ces derniers pour dresser la liste
des besoins et, d'autre part, à établir un réel budget
prévisionnel qui fixerait les priorités et déterminerait
les crédits nécessaires.
Votre rapporteur est conscient que cette proposition va à l'encontre de
la tendance à la recentralisation des dépenses
décidée par l'ONAC. En effet, l'Office estime pouvoir faire des
économies d'échelle. Il est vrai qu'en ce qui concerne la
commande de fournitures ou encore la passation d'un contrat de
téléphone, l'ONAC pourrait plus influencer les
négociations si le service central était le seul interlocuteur et
représentait l'intérêt de tous les services
départementaux.
Toutefois, cette recentralisation risque, si les besoins desdits services ne
sont pas correctement évalués, de leur imposer des solutions
inadaptées à leur situation particulière. Ainsi, un
dirigeant d'une maison de retraite s'était plaint auprès de votre
rapporteur, lors d'un de ses déplacements, d'avoir reçu un
distributeur automatique de boissons alors qu'il avait demandé des
barres d'appuis pour les salles de bain.
3. L'amélioration de la politique en matière d'investissements immobiliers
En ce
qui concerne les maisons de retraite, lors de la préparation du budget
pour 1996, le directeur général de l'Office avait alerté
le ministre des anciens combattants sur l'ampleur des travaux à
réaliser pour mettre aux normes de sécurité,
d'hygiène et d'accessibilité les 15 maisons de retraite.
Après un arbitrage positif du Premier ministre, un article 30 avait
été créé au chapitre 57-91 du budget des
anciens combattants pour la réalisation des travaux de
sécurité dans les maisons de retraite. 30 millions de francs
avaient été inscrits en autorisations de programme entre 1997 et
1999 et 26,5 millions de francs en crédits de paiement.
A défaut de créer un titre VI qui aurait permis de verser ces
crédits sous forme de subvention à l'Office, une convention entre
le maître d'oeuvre, à savoir le secrétaire d'Etat aux
anciens combattants et le mandataire, soit l'Office national des anciens
combattants avait été signée le 2 mai 1996, qui
précisait que cette dotation était intégralement
reportable tant que les dernières sommes dues au mandataire ne seraient
pas acquittées.
Or, le bilan de la réalisation de ce programme est pour le moins
mitigé. Ainsi, au 15 octobre 1999, seulement 9,94 millions de
francs ont été engagés et 5,96 millions de francs
mandatés
14(
*
)
.
Plusieurs raisons expliquent ce retard. D'une part, il a fallu au
préalable élaborer le programme des travaux et, notamment,
choisir les maisons de retraite à réhabiliter. La liste a
d'ailleurs évolué en fonction des travaux urgents à
réaliser constatés dans certaines maisons de retraite. Ainsi, un
avenant au protocole a ajouté Barbazan à la liste des cinq
établissements déjà pris en charge par le
programme
15(
*
)
. D'autre part, le lancement des
appels d'offres, ou encore le désistement de certaines entreprises, ont
ralenti l'exécution des travaux.
Toutefois, comme l'a dénoncé la Cour des comptes
16(
*
)
, le montage financier retenu a également
constitué un obstacle. La procédure a été
freinée par le fait que le véritable bénéficiaire
desdits travaux, à savoir l'ONAC, n'était pas le maître
d'oeuvre. En effet, le secrétaire d'Etat aux anciens combattants ne
semble pas avoir fait preuve d'une diligence particulière en ce qui
concerne l'ordonnancement des crédits.
L'avenant n °2 audit protocole qui met fin à ce dernier au
31 décembre 1999 et qui donne à l'Office national des
anciens combattants la qualité de maître d'ouvrage des travaux
à compter du 1
er
janvier 2000 devrait en
accélérer l'exécution.
Votre rapporteur regrette que l'ONAC n'ait pas accepté de
reconsidérer son parc de maisons de retraite avant d'engager ces travaux
de mise en sécurité. Ainsi 8,5 millions de francs ont
été engagés pour la réhabilitation de Ville Lebrun.
Or, cette maison de retraite sera fermée en 2000. Cet argent aurait donc
pu être investi plus efficacement.
Par ailleurs, le patrimoine de l'Office ne se réduit pas aux maisons de
retraite. Il lui faut également entretenir les locaux de
l'administration centrale, les écoles de rééducation
professionnelle et les locaux des services départementaux dont il est
propriétaire.
Or, votre rapporteur a constaté l'absence d'une véritable
programmation des équipements. L'ONAC semble agir " au coup par
coup ", et répondre essentiellement aux situations d'urgence.
Cette attitude est en partie liée à une méconnaissance de
l'état du parc immobilier de l'ONAC. Jusqu'à présent,
seules les maisons de retraite ont fait l'objet d'un recensement exhaustif.
Cette situation résulte également de la dégradation de la
situation financière de l'Office qui a dû puiser dans son fonds de
roulement en raison de l'apparition d'un déficit d'exploitation. Or, le
fonds de roulement sert aussi à financer les investissements.
Il est donc indispensable d'une part de dresser un état des lieux
complet afin d'évaluer les besoins de rénovation et, d'autre
part, de définir un programme pluriannuel de travaux.
Si l'Office
parvient à signer des conventions tripartites avec les conseils
généraux et l'assurance maladie, sa situation financière
s'améliorera. Il devrait alors pouvoir engager un programme
d'investissements dans de meilleures conditions.
A cet égard, selon des informations communiquées à votre
rapporteur, il apparaît que si des dotations aux amortissements sont
comptabilisées, lors de l'exécution du budget, une partie de ces
sommes ne sont pas utilisées pour la réalisation
d'investissements. En effet, depuis quatre ans, l'ONAC est contraint, soit de
puiser dans son fonds de roulement pour compenser son déficit de
gestion, soit de renoncer à certains investissements pour couvrir son
déficit de fonctionnement. Une telle situation n'est pas tenable car
elle ne fait que repousser les travaux de rénovation. Or, plus les
bâtiments se dégradent, plus le coût final de leur
réparation est élevé. Il s'agit donc à terme d'une
stratégie contreproductive.
B. LA FORMATION DU PERSONNEL
Toutefois, les réformes structurelles décrites
auparavant ne pourront être réalisées sans le
développement d'une politique active de formation du personnel dirigeant
de l'ONAC.
Votre rapporteur a été impressionné par la forte
motivation du personnel et son grand attachement à l'Office national des
anciens combattants.
Ainsi, une partie des directeurs des services départementaux, des
maisons de retraite et des écoles de rééducation
professionnelle vient d'autres administrations (comme le ministère de
l'éducation nationale, celui des finances, voire le secrétaire
d'Etat aux anciens combattants etc) ou encore de la poste. Tout d'abord
détachés pendant cinq ans, ils ont ensuite été
intégrés à l'Office national des anciens combattants. Il
s'agit alors d'un choix délibéré, qui s'explique non
seulement par des circonstances particulières qui ont pu les amener
à s'intéresser à l'Office, mais aussi par la profonde
conviction de l'utilité de ce dernier et la nécessité de
faire perdurer son action.
La motivation du personnel de l'ONAC se traduit en outre par un grand
dévouement, alors même que les conditions de travail sont parfois
difficiles.
Les relations particulières qui lient le personnel à l'Office
constituent donc une chance pour ce dernier. Toutefois, le manque de formation
de ce même personnel constitue un handicap à la mise en place
d'une gestion moderne de l'ONAC.
1. La formation des directeurs des maisons de retraite
L'étude précitée du contrôle
général de l'armée
17(
*
)
est
éclairante à cet égard puisqu'elle indique qu'en 1997,
seuls 5 directeurs étaient des fonctionnaires de catégorie A, les
autres sont de catégorie B.
En outre, "
les directeurs ne suivent pas un cursus particulier ;
issus pour la majorité d'entre eux de l'Office, ils reconnaissent
eux-mêmes ne pas avoir reçu les formations qui leur permettraient
d'assumer les fonctions de gestion voulues depuis 1993
. "
Certes, l'Office a commencé à mettre en oeuvre certaines
formations. Ainsi, au premier semestre de 1998, les directeurs ont suivi une
formation de 10 jours qui leur a permis de faire le point sur la
réglementation juridique applicable aux établissements, la
protection des personnes âgées ou les règles de management.
Cette formation devait être complétée au deuxième
semestre par un exercice pratique sur le montage et l'exécution d'un
budget d'une maison de retraite. Pour limiter le coût de la formation,
seuls les directeurs des maisons d'Ile-de-France devaient y participer et
retransmettre ensuite les conclusions de ces travaux à leurs
collègues.
Ces actions sont utiles, mais elles ne permettent pas de combler les lacunes
des directeurs des maisons de retraite de l'ONAC.
En effet, cette fonction a fortement évolué et, aujourd'hui,
les directeurs de maisons de retraite sont devenus de véritables
gestionnaires et animateurs d'équipe
. Dans les maisons de retraite
publiques, ils bénéficient d'ailleurs d'une formation initiale
à l'école de la santé publique (ENSP).
Or, la majorité des directeurs des maisons de retraite de l'ONAC n'ont
pas de qualification en matière de gestion et de comptabilité.
Votre rapporteur a, au contraire, pu parfois déceler une certaine
perplexité face à la complexité croissante des techniques
de gestion. Il a ainsi constaté que dans de nombreux
établissements, les régies d'avances n'étaient pas
utilisées.
En conséquence, les modifications qu'engendrera la réforme de
la tarification des établissements d'hébergement de personnes
âgées dépendantes sur les procédures
budgétaires risquent d'accentuer le décalage entre la
complexité de la gestion des maisons de retraite et l'insuffisante
qualification de leurs directeurs.
Comme le faisait remarquer l'étude précitée du
contrôle général des armées
18(
*
)
, "
on ne peut que s'interroger sur le
recrutement, et le temps d'exercice des directeurs et sans mettre en cause en
aucune manière le dévouement et l'efficacité des
titulaires actuels, imaginer un processus de sélection différent
appliqué le moment venu de manière progressive
".
Votre rapporteur tient à souligner que la révision du mode de
recrutement des directeurs des maisons de retraite devra également
s'accompagner d'une revalorisation de leurs traitements.
En effet,
actuellement, les rétributions ne correspondent pas toujours à la
réalité des responsabilités. Ainsi, le rapport
précité cite une maison de retraite dans laquelle la directrice
avait un salaire inférieur à celui d'une infirmière
surveillante. Il révélait également qu'en 1996, un
directeur avait perçu moins de 10.000 francs par mois primes
comprises. Si l'ONAC veut continuer à attirer du personnel de haut
niveau, il lui faudra relever significativement le montant des
émoluments.
2. Le nécessaire repyramidage du personnel de l'ONAC
A
1
er
janvier 1999, les effectifs budgétaires de l'ONAC
s'élèvent à 1.609 postes, dont 132 au service central, 669
dans les services départementaux, 399 dans les écoles de
rééducation professionnelle et 404 dans les maisons de
retraite.
Or, une partie non négligeable du personnel de l'ONAC n'est pas
qualifiée.
Deux exemples sont caractéristiques : la part des contrats emplois
solidarité et celle des " mains d'oeuvre exceptionnelle ".
Pour accomplir les missions qui lui incombent, l'Office a multiplié
les contrats " emploi solidarité ".
Ainsi,
au 1
er
janvier 1996, les contrats
" emploi solidarité " s'élevaient à 589
pour un effectif budgétaire global de 1.592. Ils représentaient
donc près de 37 % des emplois.
Depuis, ce chiffre a diminué :
au 1
er
décembre
1998
, le nombre de contrats " emploi solidarité "
s'élevait à 176 et ne représentaient plus que 11 %
des effectifs budgétaires.
Ces emplois constituent cependant toujours
20 % des effectifs des services départementaux.
Par ailleurs, l'ONAC a longtemps disposé d'une autre main-d'oeuvre
précaire dénommée " main-d'oeuvre
exceptionnelle "
(MOE) concentrée essentiellement dans les
écoles de rééducation professionnelle et dans les maisons
de retraite. Cette main-d'oeuvre a progressivement été
contractualisée.
Suite à l'adoption de la loi n ° 96-103 du 16
décembre 1996 relative à l'emploi dans la fonction publique et
à diverses mesures statutaires, l'ONAC s'est engagé à
résorber ces emplois précaires par le biais de concours annuels
jusqu'en 2000. Ainsi, en 1998, 12 agents contractuels ont été
titularisés, dont 6 dans le corps des agents administratifs et 6 dans le
corps des agents des services techniques. En 1999, 20 agents contractuels
ont été titularisés tandis que 22 nouvelles titularisation
sont prévues pour 2000.
Loi
n° 96-1093 du 16 décembre 1996
relative à l'emploi dans
la fonction publique
et à diverses mesures d'ordre
statutaire
(J.O. du 17 décembre 1996)
TITRE PREMIER
Dispositions relatives à la résorption de l'emploi
précaire
CHAPITRE PREMIER
Article premier
Par dérogation à l'article 19 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat, et pour une durée maximum de quatre ans à compter de la publication de la présente loi, peuvent être ouverts, dans des conditions définies par décrets en Conseil d'Etat, des concours réservés aux candidats remplissant les cinq conditions suivantes :
-
1. Justifier, à la date du 14 mai 1996, de la qualité
d'agent non titulaire de l'Etat ou de ses établissements d'enseignement
publics ou des établissements d'enseignement figurant sur la liste
prévue à l'article 3 de la loi n° 90-588 du
6 juillet 1990 portant création de l'Agence pour l'enseignement
français à l'étranger, recruté à titre
temporaire sur des emplois ou crédits inscrits au budget de l'Etat et
assurant des missions de service public dévolues aux agents
titulaires ;
2. Etre, à la même date, en fonction ou bénéficier d'un congé en application du décret pris sur le fondement de l'article 7 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 précitée ;
3. Exercer, à cette date, soit des fonctions du niveau de la catégorie C, soit des fonctions d'enseignement ou d'éducation en qualité de maître auxiliaire dans un établissement d'enseignement public du second degré ou dans un établissement ou un service de la jeunesse et des sports, ou d'agent non titulaire chargé d'enseignement du second degré dans un établissement d'enseignement figurant sur la liste mentionnée au 1° ; ou exercer des fonctions d'enseignement ou d'éducation en qualité d'agent contractuel dans un établissement d'enseignement agricole de même niveau ; ou assurer des fonctions d'information et d'orientation en qualité d'agent non titulaire dans les services d'information et d'orientation relevant du ministre chargé de l'éducation ;
4. Justifier, au plus tard à la date de clôture des inscriptions au concours, des titres ou diplômes requis des candidats au concours externe d'accès au corps concerné ou, pour l'accès aux corps d'enseignement des disciplines technologiques et professionnelles, des candidats au concours interne ;
5. Justifier, à la date mentionnée au 4°, d'une durée de services publics effectifs de même niveau de catégorie au moins égale à quatre ans d'équivalent temps plein au cours des huit dernières années.
Article 2
Peuvent également être ouverts selon les modalités définies à l'article premier des concours réservés aux agents emplissant les conditions fixées aux 2°, 4° et 5° de l'article premier et justifiant à la date du 14 mai 1996 de la qualité d'agent non titulaire de droit public d'un établissement public administratif, recruté à titre temporaire sur des emplois ou crédits inscrits au budget de l'Etat et assurant des missions de service public dévolues aux agents titulaires. Ces agents doivent exercer des fonctions du niveau de la catégorie C ou des fonctions d'enseignement mentionnées au 3° de l'article premier, correspondant à des emplois autres que ceux figurant sur la liste prévue au 2° de l'article 3 de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 précitée.
Article 3
Des
concours peuvent être, en tant que de besoin, ouverts dans des conditions
définies par décret en Conseil d'Etat à des candidats
autres que ceux visés aux articles premier et 2, justifiant à la
date du 14 mai 1996 de la qualité d'agent non titulaire de l'Etat
employé à titre temporaire sur des emplois ou crédits
inscrits au budget de l'Etat et remplissant les conditions mentionnées
aux 2°, 4° et 5° de l'article premier.
Cet effort de résorption des emplois précaires s'est
accompagné de l'organisation de concours sur titres d'aides-soignantes.
En 1998, 32 postes ont été ouverts et 32 candidats ont
été admis. L'ONAC s'efforce donc d'améliorer la
qualification de son personnel de catégorie C.
Toutefois, pour entreprendre les réformes structurelles
évoquées précédemment, l'Office doit renforcer son
personnel en catégorie A dans les maisons de retraite et renforcer sa
formation d'une manière générale.
A moyen terme, cela signifie donc une réduction du personnel en
quantité qui devra être compensée par un renforcement des
qualifications. La répartition des effectifs devra donc être
modifiée sensiblement par repyramidage et entraîner une diminution
du nombre des emplois de catégorie C et une augmentation des
effectifs de catégorie A.
C. LA DÉFINITION D'UNE STRATÉGIE EN MATIÈRE DE MAISONS DE RETRAITE ET D'ÉCOLES DE RÉÉDUCATION PROFESSIONNELLE
1. Les maisons de retraite
Le
rapport sur la situation des maisons de retraite de l'ONAC remis au
secrétaire d'Etat aux anciens combattants le 30 mars 1999 dresse un
état des lieux exhaustif des maisons de retraite et distingue cinq types
d'établissements :
-
les établissements sans " problème de fond "
pour lesquels l'intégration dans les dispositifs de droit commun doit
être réalisée dans les meilleurs délais afin
d'assurer leur équilibre de fonctionnement (Boulogne, Vence,
Beaurecueil) ;
-
les établissements connaissant des difficultés relatives
auxquelles il pourra être remédié par le transfert de tout
ou partie des sommes engagées initialement pour Thiais par l'ARPAH
19(
*
)
(Barbazan et Montmorency) ;
-
les établissements pour lesquels l'effort d'investissement et de
mise aux normes " habitabilité " est important
et
où tout doit être mis en oeuvre pour rechercher des partenariats
complémentaires (le Theil de Bretagne, Anse, Saint-Gobain).
-
les établissements qui se trouvent confrontés à de
sévères problèmes
(Boulleville, Carignan et Ville
Lebrun) ;
-
enfin Thiais
, dont la reconstruction est différée de
deux ans pour des raisons d'ordre juridique et dont les modalités de
financement sont à reconsidérer.
A partir des informations contenues dans ce rapport, le conseil
d'administration de l'ONAC a arrêté la fermeture de Ville Lebrun
et de Boulleville.
Toutefois, à la lecture du rapport précité, la
situation des maisons de retraite de Carignan, du Theil de Bretagne, d'Anse, de
Saint-Gobain et de Thiais apparaît également critique.
En ce qui concerne Carignan
, le groupe de travail estime les coûts de
rénovation de l'établissement
" exhorbitants "
20(
*
)
. Ils sont
évalués entre 12 et 24 millions de francs. En outre, pour
que l'établissement devienne rentable, il faudrait que sa
capacité d'accueil passe de 46 à 68 lits, ce qui
entraînerait un coût supplémentaire de 24 millions de francs.
En conséquence, le Conseil général et la DDASS des
Ardennes n'envisagent l'avenir de l'établissement que dans le cadre d'un
partenariat fort avec l'établissement de la Croix rouge mitoyen. Cela
impliquerait une restructuration complète des établissements et
de leur fonctionnement.
Votre rapporteur espère que cette dernière solution pourra
aboutir. Toutefois, s'il apparaît qu'elle n'est pas réalisable, il
faudra prendre rapidement les mesures nécessaires pour déplacer
les pensionnaires et replacer le personnel.
En ce qui concerne le Theil de Bretagne
, cette maison de retraite fait
l'objet depuis janvier 1994 d'avis défavorables de la commission de
sécurité à la poursuite de l'exploitation, dans l'attente
de la réalisation d'importants travaux de sécurité. Elle
fait partie des maisons de retraite concernées par le plan de travaux
financés par le secrétaire d'Etat aux anciens combattants et
4,2 millions de francs devraient lui être consacrés. Pour
l'instant cependant, seuls 518.950 francs ont été
engagés.
En outre, les bâtiments existants devraient être mis en
conformité, ce qui représente un coût de 17,5 millions de
francs. Par ailleurs, le Theil de Bretagne ne dispose que de 59 lits. Pour
que cette maison de retraite soit rentable, il faudrait faire passer la
capacité d'accueil à 75 lits. Cette restructuration coûte
20,2 millions de francs. Même si le conseil général
d'Ille-et-Vilaine est prêt à participer à hauteur de 4,78
millions de francs, le coût total de l'opération dépasse
largement les moyens financiers de l'Office.
Votre rapporteur estime donc que si l'absence de partenaires financiers se
confirmait, cette maison de retraite serait condamnée à la
fermeture.
En ce qui concerne Anse
, le groupe de travail constate une
inadéquation de l'établissement avec les normes
d'habitabilité exigées et estime à
30 millions de
francs le coût de la réhabilitation complète de
l'établissement et de son intégration dans le droit commun
.
Il fait également remarquer qu'une participation financière du
Conseil général n'est guère envisageable compte tenu des
importantes capacités d'accueil du département du Rhône,
sauf, peut-être, si l'établissement accueillait des pensionnaires
socialement inadaptés ou médicalement désorientés.
Votre rapporteur estime que cette piste ne doit pas être
négligée. Toutefois, une solution doit être prise
rapidement.
En ce qui concerne Saint Gobain
, les travaux de sécurité
sont pris en charge au terme de la convention signée entre le
secrétaire d'Etat aux anciens combattants et l'Office national des
anciens combattants. Ils ne sont pas encore totalement réalisés
mais plus de la moitié des sommes prévues (soit 3 millions
de francs sur 6,3 millions de francs au total) ont été
engagées.
Toutefois, la capacité d'accueil de
l'établissement doit être augmentée de 10 lits pour que ce
dernier soit rentable
. Il faudrait alors investir plus de 19 millions
de francs. Même si le département de l'Aisne est prêt
à participer au coût de l'opération, celui-ci reste
élevé.
Le rôle de l'association pour la réadaptation des personnes âgées handicapées (ARPAH) dans la rénovation des maisons de retraite de l'ONAC
Cette
association a été créée en 1982 pour mener à
bien les opérations de construction de la maison de retraite de Boulogne
Billancourt. Cette association regroupe les associations d'anciens combattants
qui disposent de revenus importants, comme l'Union des blessés de la
face et du thorax (UBFT- " Gueules cassées ") et la
fédération " Maginot " auxquelles se sont
ajoutées l'association des " Ailes brisées ", l'Entente
Franco-allemande et l'AGPM.
La subvention de ces associations s'est élevée à
22,6 millions de francs. L'ONAC a participé au financement de ce
projet à hauteur de 10,08 millions de francs et le ministère
de la défense à hauteur de 4,5 millions de francs. En outre,
l'UBFT et la CNAVTS ont accordé un prêt de 12,2 millions de
francs.
Le coût total de la construction et de l'aménagement de la maison
de retraite de Boulogne, reconstruite entre 1985 et 1987 par l'ARPAH, a
été de 48,4 millions de francs. Conformément à
l'article 1
er
du bail à construction, l'Office assure la
gestion et l'entretien de la maison de retraite jusqu'en 2002, date à
laquelle il en reçoit la propriété pleine et
entière. Toutefois, l'ONAC doit régler à l'ARPAH un loyer
jusqu'au 1
er
mai 1997, qui représente les remboursements des
deux prêts.
En 1992, cette association a décidé d'élargir son champ
d'intervention à l'ensemble des établissements de l'ONAC. Ainsi,
une convention particulière a été signée entre
l'ARPAH et l'ONAC, couvrant la période 1993-1996 et définissant
la participation de l'ARPAH aux opérations de rénovation et de
modernisation que l'ONAC voulait entreprendre pour ses établissements
dans le cadre d'un plan quadriennal d'investissement.
La convention, élaborée en 1993, établissait un plan de
financement de 35 millions de francs sur 4 ans. 9 millions de francs
ont été consacrés à la maison de retraite de
Barbazan, qui ont permis de remplacer la toiture, de rénover le
4
ème
étage et de créer un ascenseur central.
Le programme de rénovation n'ayant pas entraîné une
consommation de tous les crédits, 17 millions de francs restaient
disponibles. Le conseil de l'ARPAH a alors décidé d'utiliser une
partie de ces crédits à la rénovation totale d'un
établissement. Il fut alors prévu de consacrer 12 millions
de francs à la maisons de retraite de Thiais, les 5 millions de
francs restant devant financer une partie des travaux de sécurité
de la maison d'Anse.
Une deuxième tranche de 26 millions de francs fut planifiée
pour Thiais et un projet fut arrêté. Le coût total de
l'opération est évalué à 42 millions de
francs. Or, alors même que 1,7 million de francs avait
déjà été engagé, que l'architecte avait
été choisi et que le permis de construire avait été
demandé, les travaux ont dû être arrêtés en
raison d'un mauvais montage juridique de l'opération. En effet, l'ARPAH
ne peut être maître d'ouvrage pour la reconstruction de la maison
de retraite de Thiais. La procédure doit en conséquence
être reprise du début et la participation financière de
l'ARPAH doit être versée sous forme de fonds de concours.
En ce qui concerne Thiais
, le groupe de travail se contente de constater
que la reconstruction est différée de deux ans. Celle-ci devait
être financée par l'ARPAH. Dans la mesure où le montage
financier est à revoir, le groupe de travail propose l'utilisation des
sommes jusqu'à présent gelées pour la reconstruction de
Thiais afin d'effectuer les travaux d'habitabilité de Montmorency et de
Barbazan. Votre rapporteur est favorable à une telle initiative.
Le constat dressé par le groupe de travail sur la situation des maisons
de retraite appelle de la part de votre rapporteur, les remarques suivantes.
D'une part, les décisions concernant le devenir des cinq maisons de
retraites décrites précédemment doivent intervenir
rapidement
, même si toutes les alternatives doivent être au
préalable examinées avec soin, et ce pour deux raisons. D'abord,
tant que l'ONAC ne connaîtra pas la composition définitive de
son parc, aucun programme d'investissement ne pourra être
arrêté
. Cette erreur a déjà été
commise lors de la signature de la convention entre le secrétariat
d'Etat aux anciens combattants et l'Office national des anciens combattants
pour la réalisation des travaux de sécurité en 1996 et a
conduit à une sous-utilisation des crédits. Si elle était
répétée, elle pourrait compromettre l'avenir des maisons
de retraite de l'ONAC. En outre,
l'absence de décision crée
chez le personnel des maisons de retraite un sentiment d'incertitude qui
pèse sur leurs relations avec les pensionnaires
.
D'autre part, la fermeture des maisons de retraite ne doit pas être
considérée comme un échec, mais comme l'adaptation de la
mission de l'ONAC à l'évolution de la société.
Comme le fait remarquer le rapport du groupe de travail
21(
*
)
, "
les maisons de retraite de l'ONAC sont
l'héritage d'une époque. Résultant d'initiatives souvent
locales et provenant parfois de dons et de legs, les anciens
" foyers " étaient destinés à éviter les
conditions précaires et anonymes des hospices aux plus démunis
des anciens combattants et des veuves de guerre ; ils constituaient alors
un réel progrès par la qualité de l'accueil qu'ils
réservaient aux ressortissants les plus isolés
".
Or, aujourd'hui, la situation a évolué.
La plupart des maisons
de retraite de l'ONAC ne répondent plus aux normes de
sécurité et d'habitabilité actuelles.
Ainsi, à
Carignan, les chambres ne mesurent que 8 à 13 m² et sont
dépourvues de sanitaires. A Anse, la taille des chambres est
également insuffisante, tandis que les toilettes et les douches sont
inadaptées aux personnes âgées. En outre, le prix de
journée est parfois élevé en raison de la non prise en
charge par l'assurance maladie de la médicalisation des maisons de
retraite.
Au contraire, les établissements publics ou privés ont fortement
amélioré les conditions d'accueil et le confort des personnes
âgées.
Aujourd'hui, la mission de l'ONAC est double. D'une part, il assure, par le
biais de l'action sociale individuelle, les frais de séjour des
ressortissants âgés démunis. D'autre part, il offre, par le
biais des maisons de retraite qu'il gère, un environnement de
fraternité d'armes aux ressortissants. Toutefois, cette mission doit
être relativisée dans la mesure où près de 18 %
des personnes âgées dans les maisons de retraite de l'ONAC ne sont
pas ressortissants de l'Office.
Or, ces missions peuvent continuer à être exécutées
sans que l'ONAC soit impliqué dans la gestion directe des maisons de
retraite.
L'Office passe traditionnellement des conventions avec des
établissements qui prennent en charge ses ressortissants
âgés. Cette stratégie pourrait donc être
accentuée, notamment à travers la recherche de partenariats qui
permettraient d'offrir davantage de places aux ressortissants de l'ONAC dans
l'ensemble des établissements publics et privés répartis
sur tout le territoire français.
L'ONAC a suivi cette politique pour assurer le relogement de ses ressortissants
dans d'autres maisons de retraite, suite à la fermeture de Ville Lebrun,
Boulleville et Villiers-le-Sec.
Ainsi, pour faire face à la cessation d'activité de
Villiers-le-Sec, une convention a été signée avec le
centre hospitalier de Bayeux qui prévoit le reclassement des
résidents de Villiers-le-Sec et une réservation prioritaire de
40 places pour les ressortissants de l'Office.
Une convention identique a été signée avec le centre
gériatrique de Risle à Pont-Audemer pour faire face à la
fermeture de Boulleville.
Quant aux mesures prises pour reloger les résidents de Ville-le-Brun,
elles consistent en la signature d'une convention avec la fondation Paul Bellan
qui possède une maison de retraite dans les Yvelines. Dix personnes
âgées ont ainsi pu être placées.
Par ailleurs, l'ONAC devrait signer une autre convention avec le centre
hospitalier de Plaisir-Grignon afin de reloger 30 autres
résidents.
2. Les écoles de rééducation professionnelle
Le
débat sur le maintien des écoles de rééducation
professionnelle dans le pôle de compétences de l'Office est
lié à la quasi-disparition de ressortissants de l'ONAC parmi les
effectifs des écoles.
Toutefois, certaines évolutions
récentes devraient renforcer la légitimité des
écoles.
La professionnalisation des armées devrait engendrer de fortes demandes
de reconversion des militaires de carrière afin de pouvoir se
réintégrer dans le marché du travail à la fin de
leurs années de service.
Le marché des formations professionnelles est très
concurrentiel. Toutefois, l'intégration du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants au ministère de la défense devrait faciliter
l'échange d'informations entre les écoles de
rééducation professionnelle d'une part et la sous-direction de
l'accompagnement professionnel et de la reconversion d'autre part. Si les
formations proposées correspondent aux attentes des militaires, le
ministère de la défense aura intérêt à
inciter ces derniers à s'adresser en priorité aux écoles
gérées par l'ONAC.
Cette action de promotion des écoles doit être menée au
niveau local. Toutefois, il est indispensable que non seulement les
responsables de l'ONAC au niveau central, mais également le
secrétaire d'Etat chargé des anciens interviennent auprès
du ministre de la défense afin que les écoles deviennent les
partenaires privilégiés du service chargé de la
réinsertion des militaires.
En ce qui concerne l'école de Béziers
, votre rapporteur
craint que, faute de crédits supplémentaires, la DRASS soit dans
l'incapacité d'accorder les agréments demandés. Pour
autant, la fermeture de l'école constituerait un réel
gâchis compte tenu de la modernité de ses équipements et de
la qualité des enseignements professés.
C'est pourquoi votre rapporteur souhaite que tout soit mis en oeuvre pour
que l'école de Béziers soit consacrée à la
réinsertion professionnelle des militaires.
Il reste toutefois à résoudre la question de l'utilisation des
quelques 105 millions de francs qui sont inscrits sur un compte d'attente
auprès de l'agent comptable de l'ONAC en vue de leur affectation
finale.
Au cours de la période 1990-1993, une partie des 20 millions de
francs versés chaque année à l'ONAC et en provenance du
fonds social européen était destinée à la
délégation pour la formation professionnelle pour le financement
des rémunérations des stagiaires. L'ONAC prélevait donc la
somme correspondante et la reversait à la délégation pour
la formation professionnelle.
En 1994, lors de la renégociation du programme d'action quinquennal du
fonds social européen, cette règle a été
modifiée. Désormais, l'ONAC était habilité à
garder l'ensemble de la subvention qui lui était versée.
Toutefois, en raison de l'importance de la somme versée en 1995
(58,9 millions de francs contre 20 millions de francs en moyenne pour la
période précédente), certains responsables de l'ONAC se
sont demandés si ce dernier ne continuait pas à recevoir des
sommes qui devaient revenir à la délégation pour la
formation professionnelle. La moitié des crédits a donc
été mise en réserve auprès de l'agent comptable en
vue d'un éventuel transfert vers la délégation.
L'incertitude sur la qualité de bénéficiaire exclusif de
l'Office des sommes attribuées par le fonds social européen a
été levée par un courrier du ministre de l'emploi et de la
solidarité
22(
*
)
en date du 24 novembre
1998, qui indique que les sommes versées à l'ONAC dans le cadre
du programme européen Objectif 3 mesure 17 pour la période
1994-1999 étaient destinées aux frais de fonctionnement
liés aux actions de formation.
Pourtant, la mise en réserve de
50 % des sommes attribuées à l'ONAC (soit environ
25 millions de francs par an) est maintenu.
Comme l'a rappelé votre rapporteur auparavant, les DDASS continuent de
tenir compte des recettes tirées du fonds social européen pour
fixer leur participation financière, en contravention avec la
réglementation européenne. Un contrôle de l'affectation des
crédits du fonds par la Cour des comptes européenne pourrait
conduire à la demande, de la part de la Commission européenne, du
remboursement des crédits versés à l'ONAC.
Ce dernier estime que la demande de remboursement ne lui serait pas
adressée puisque les dépenses qu'il a engagées sont
éligibles à la subvention du fonds social européen. Dans
la mesure où les crédits mis en réserve lui étaient
destinés, il souhaiterait pouvoir les utiliser pour renforcer son action
d'insertion professionnelle auprès des handicapés.
Toutefois, l'Office craint que l'emploi desdits crédits conduise les
DDASS à revoir à la baisse leur participation financière.
Cette opération deviendrait alors un jeu à somme nulle pour
l'ONAC puisqu'il perdrait les recettes tirées de la contribution des
DDASS.
Le ministère de l'économie et des finances constate que, quel que
soit le service vers lequel la commission européenne se tournerait
(l'ONAC ou le ministère de l'emploi et de la solidarité), l'Etat
français pourrait être amené à devoir rembourser des
sommes importantes : 300 millions de francs ont été
distribués par le fonds social européen sur la période
1994-1999.
C'est la raison pour laquelle il n'est pas favorable à
une utilisation des quelque 105 millions de francs de réserve
amassés par l'ONAC tant que le risque d'un éventuel remboursement
ne sera pas définitivement écarté.
Quant aux DDASS, elles ont intérêt à ce que les sommes
mises en réserve soient utilisées par les écoles de
rééducation pour financer leurs missions traditionnelles afin de
pouvoir en tenir compte dans la fixation de leur participation
financière.
A cet égard, l'achèvement du plan d'action quinquennal du fonds
social européen sur la période 1994-1999 risque de poser un
sérieux problème financier aux DDASS. Jusqu'à 1999, les
écoles de rééducation professionnelle ont
bénéficié de 30 millions de francs de la part du
fonds social européen.
Selon les informations recueillies par votre rapporteur, les actions en
faveur des personnes handicapées ne feraient plus partie des
dépenses éligibles pour obtenir une subvention de l'Union
européenne.
Toutefois, 20 millions de francs devraient être versés aux
écoles de rééducation professionnelle en 2000. Cela
représente une diminution des recettes que les DDASS devront compenser.
Concrètement, leur participation financière devrait augmenter de
7 à 8 % pour couvrir la totalité des pertes de ressources
des écoles. Or, les enveloppes budgétaires de ces
dernières pour 2000 ne devraient progresser que de 0,5 %.
En l'absence de crédits supplémentaires de la part du
ministère de l'emploi et de la solidarité, les DDASS seront dans
l'incapacité de faire face aux conséquences financières de
la diminution et, a fortiori, de l'extinction de la subvention du fonds social
européen.
L'utilisation d'une partie des sommes mises en réserve par l'ONAC
pour faciliter cette période de transition apparaît comme une
solution raisonnable. Toutefois, le financement à long terme des
écoles de rééducation professionnelle, si le
désengagement du fonds social européen était
confirmé, ne pourra être assuré que si le ministère
de l'emploi et de la solidarité accepte de renforcer sa participation
financière, notamment en augmentant le montant des crédits
à la disposition des DDASS ou en finançant des actions
spécifiques développées en collaboration avec les
écoles de rééducation professionnelle.
II. L'AVENIR PLUS LOINTAIN DE L'ONAC : UNE RÉFLEXION À MENER
Pour
assurer son avenir proche, l'ONAC doit donc relever certains
défis : il lui faut adopter une gestion moderne et efficace,
reconsidérer son parc de maisons de retraite et s'entourer d'un
personnel plus qualifié. Ces réformes ne paraissent cependant pas
hors de portée. Certaines ont d'ailleurs déjà
été lancées et les dirigeants de l'ONAC semblent
être conscients de leur caractère indispensable pour assurer la
pérennité de l'Office.
Toutefois, le débat sur l'avenir de l'ONAC est plus complexe. En effet,
même si ce dernier parvient à se réformer en profondeur, il
ne pourra pas faire l'économie d'une réflexion sur son avenir
à moyen terme.
En effet, sauf conflit majeur, l'activité des services
départementaux est amenée à diminuer fortement. Il est
donc impératif de réfléchir sur la restructuration de ses
services d'ici à cinq ans.
L'occasion aurait pu être saisie lors de la restructuration du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants. En réalité,
l'accent a été mis sur le renforcement du rôle et des
missions de l'ONAC. Or, ce renforcement de l'activité ne pourra
être que temporaire.
A. L'ONAC : UNE INSTITUTION DONT L'ACTIVITÉ EST DESTINÉE À FORTEMENT DIMINUER
Depuis
quelques années, le volume d'activité des services
départementaux a fortement augmenté en raison de la recrudescence
des demandes de cartes et titres et de la montée en puissance du
dispositif du fonds de solidarité. Les services ont été
rapidement saturés faute d'effectifs suffisants et ont dû faire
appel à du personnel supplémentaire pour faire face à cet
afflux d'activités.
Au 1
er
janvier 1996, 276 contrats
" emploi solidarité " étaient employés dans
les services départementaux. Ils représentaient alors plus de
41 % des effectifs budgétaires.
Lorsque votre rapporteur avait visité certains services de
proximité, il s'était étonné du nombre important
des emplois précaires parmi le personnel. En réalité, il
s'agit d'un choix délibéré de la part de l'ONAC qui
résulte du caractère temporaire de la recrudescence
d'activité.
A long terme, le volume d'activité devrait au contraire fortement
diminuer en raison de la baisse du nombre de demandes de cartes et titres
à partir de 2002, de la disparition progressive du fonds de
solidarité, de la stabilité de l'action sociale à
destination des ressortissants traditionnels et, enfin, du déclin
général du nombre des ressortissants de l'Office
.
1. La baisse de l'activité relative aux cartes et titres à partir de 2002.
L'assouplissement des conditions d'attribution des cartes et
des
titres a conduit à une recrudescence des demandes, surtout en ce qui
concerne le titre de reconnaissance de la Nation et la carte du combattant
d'Afrique du Nord.
Toutefois, comme le rappelle un récent rapport du secrétariat
d'Etat aux anciens combattants
23(
*
)
,
"
l'engorgement actuel de l'activité est temporaire. Le flux de
nouvelles demandes relatif à la deuxième guerre mondiale est
circonscrit aux opérations effectuées pendant la campagne de 1940
et aux quelques poches de résistance de 1944 pour lesquelles la
règle des 90 jours de présence de feu ne pouvait
s'appliquer. De plus, l'élargissement des conditions de reconnaissance
des droits aux anciens d'AFN a atteint ses propres limites. Le nombre de
dossiers déposés au titre de l'Algérie s'établit
actuellement à 1.500.000 demandes.
Ce chiffre représente
86 % du nombre total des militaires ayant servi en AFN au cours de la
période 1952-1962
tel que l'indiquent les statistiques officielles
du ministère de la défense
".
Selon un rapport de l'inspection générale des anciens
combattants
24(
*
)
de 1998, la carte du combattant
en Afrique du Nord devrait continuer à être attribuée
jusqu'à ce que toute la population encore en vie soit reconnue
combattante. En conséquence, 50.000 titres devraient encore
être délivrés sur 5 ans, soit jusqu'en 2003. En outre,
3.000 cartes nouvelles par an devraient être accordées pour les
forces engagées dans les nouveaux conflits. Le nombre des victimes du
terrorisme prises en charge par le fonds de garantie des assurances est
réputé augmenter de 50 par an.
A partir de 2003, le nombre de demandes de cartes et titres devrait donc
fortement chuter.
2. La disparition progressive du fonds de solidarité
La mise
en place de nouveaux dispositifs d'assistance avait également
contribué à augmenter l'activité des services
départementaux de l'ONAC.
En effet, suite à la création du fonds de solidarité, ces
derniers sont devenus responsables de l'instruction de l'allocation
différentielle, l'une des deux allocations délivrées par
ce fonds.
De 1993 à 1996, le nombre de bénéficiaires est
passé de moins de 6.000 à plus de 38.000, avec un maximum de
38.919 en juin 1996. Ce nombre s'est ensuite réduit, notamment en raison
de la montée en puissance de l'allocation de préparation à
la retraite.
Comme votre rapporteur l'a déjà indiqué, le nombre de
bénéficiaires devrait continuer à chuter jusqu'en 2002,
date à laquelle les derniers bénéficiaires basculeront
dans le dispositif de droit commun pour l'assistance aux personnes
âgées.
Or, cette diminution de l'activité des services départementaux de
l'Office ne sera pas compensée par une recrudescence des actions
sociales traditionnelles.
3. La stabilité de l'action sociale à destination des ressortissants traditionnels
L'action
sociale à destination des ressortissants traditionnels, à savoir
les anciens combattants, constituée par les secours et les prêts,
s'est fortement élargie à d'autres catégories de
ressortissants, notamment les veuves d'anciens combattants non
pensionnés. Les services départementaux ont su s'adapter à
la diversité des situations sociales.
Cette évolution est cependant essentiellement d'ordre
quantitatif.
Depuis 1991, le volume total des dossiers traités a
diminué. Il est passé de 33.153 en 1991 à 23.388 en 1998.
Cette diminution de l'activité est liée à la baisse du
nombre de secours accordés par le biais de la subvention de l'Etat, qui
n'a pas été compensée par une augmentation des secours
financés sur les ressources affectées de l'ONAC.
Cette baisse s'explique par la montée en puissance du fonds de
solidarité, qui a pris en charge jusqu'à
43.259 ressortissants en mars 1997. Ce chiffre était de
29.728 en juin 1999.
Depuis 1999, la subvention de l'Etat augmente de nouveau. Toutefois, il est peu
probable que cette hausse ait une influence significative sur le volume
d'activité des services départementaux. En effet, la
priorité devrait être donnée à une revalorisation
des aides moyennes accordées et non à une augmentation sensible
du nombre des bénéficiaires.
Les chiffres recueillis par votre rapporteur sur les aides
financières aux veuves d'anciens combattants confirment cette
hypothèse.
En 1998, 10,6 millions de francs avaient
été accordés à 5.934 veuves, le montant moyen de
l'aide s'élevant donc à 1.788 francs. En 1999, l'Etat a
consenti 5 millions de francs de crédits supplémentaires
pour les veuves d'anciens combattants. Au premier semestre 1999,
7 millions de francs avaient été accordés à
2.991 veuves, soit une aide moyenne de 2.340 francs. Il apparaît
donc bien que sur l'année 1999, le nombre de veuves aidées sera
à peu près le même qu'en 1998, soit 2.991 x 2 = 5.982. En
revanche, le montant de l'aide perçue par chaque veuve a
progressé puisqu'il est passé de 1.788 francs à
2.340 francs, soit une augmentation de 30,6 %.
La sortie du fonds de solidarité d'un nombre croissant de ressortissants
risque d'entraîner une augmentation du nombre des dossiers
déposés auprès des services départementaux. Pour
autant, l'activité de ces derniers ne devrait pas être
profondément modifiée. En effet, l'aide apportée par
l'ONAC ne constitue qu'un secours temporaire, qui n'a pas vocation à se
substituer au dispositif d'aide sociale de droit commun. Les services
départementaux ont donc surtout comme mission d'informer les
ressortissants sur leurs droits et de les orienter vers le dispositif national
de protection sociale. La création de 20 postes d'assistantes sociales
pour 2000 confirme cette évolution.
Il apparaît donc bien que
les missions des services de proximité de l'ONAC ont vocation à
évoluer en qualité, mais non en quantité.
Cette tendance est en grande partie liée à la diminution
inexorable du nombre de ressortissants.
4. Le déclin général du nombre des ressortissants de l'Office
L'évolution prospective présentée par l'étude précitée 25( * ) sur la période 1998-2018 est à ce titre tout à fait instructive.
Les générations du feu
L'histoire de France est jalonnée par une succession
presque
ininterrompue de batailles et de guerre. Le 20
ème
siècle en est, plus que tout autre, un exemple douloureux. La
première guerre mondiale, puis la deuxième guerre mondiale, ont
profondément marqué la première moitié du
siècle.
Les guerres de décolonisation vont ensuite se succéder sans
interruption, au point que, du point de vue du code des pensions, la guerre
d'Indochine, puis de Corée et l'expédition de Suez sont
considérées comme le prolongement de la deuxième guerre
mondiale.
La guerre d'Algérie, qui se réduira pendant longtemps à de
simples opérations de maintien de l'ordre en Afrique du Nord, va ensuite
nécessiter la mobilisation massive du contingent. Enfin, la fin du
siècle fait appraître de nouvelles formes de conflits. La
volonté réaffirmée par la communauté
internationale, en particulier par l'ONU, du maintien de la paix dans le monde
et d'une intervention armée pour raisons humanitaires, justifie de
nouveaux engagements militaires auxquels participe la France.
Par ailleurs, la mobilisation et la préparation des forces imposent
" hors guerre " une mise en condition des forces armées ;
elle s'accompagne d'infirmités contractées à
l'entraînement.
Enfin, l'émergence, depuis une vingtaine d'années, d'une nouvelle
manifestation de conflits sous forme de terrorisme, se traduit par de nouvelles
vicissitudes qui frappent indistinctement la population ; les victimes du
terrorisme et les orphelins des fonctionnaires tués en services
commandés sont venus s'adjoindre à la cohorte des victimes de
guerre.
L'attribution de la carte du combattant, selon des conditions uniformes, ne
permettrait pas de tenir compte de la spécificité de chaque
conflit et pourrait restreindre injustement la reconnaissance du statut de
combattant. C'est la raison pour laquelle les ressortissants sont
distingués selon le conflit dont ils sont issus.
Ainsi, la première génération du feu correspond aux
ressortissants issus de la première guerre mondiale.
La seconde génération du feu est constituée par tous les
anciens combattants de la seconde guerre mondiale.
La troisième génération du feu vise l'ensemble des
personnes ayant participé à la guerre d'Algérie, mais
également aux opérations lancées au Maroc et en Tunisie.
Enfin, la quatrième génération du feu est issue des
nouveaux conflits (intervention de militaires français au Tchad, au
Congo, au Zaïre...) et, notamment, de la participation de la France aux
opérations de maintien ou de rétablissement de la paix
décidées par l'Organisation des Nations Unies (Liban, Somalie,
ex-Yougoslavie).
La première génération du feu
, qui n'est
aujourd'hui plus guère représentée que par les orphelins
de guerre et les veuves d'anciens combattants, va disparaître
entièrement d'ici 2003.
La seconde génération du feu
, encore majoritaire dans le
monde combattant, devrait connaître, sur les vingt prochaines
années, une évolution identique à celle qu'a connue la
première génération du feu : d'ici 2003, 24,1 %
de cette fraction de population devrait disparaître, tandis que le
diminution des ayants-cause devrait se produire à partir de 2008. En
2018, le nombre des ressortissants issus de la deuxième guerre mondiale
sera devenu marginal (461.100 contre 2,5 millions en 1998). Une
évolution équivalente va se produire s'agissant des
ressortissants issus de la guerre d'Indochine.
La troisième génération du feu
devrait
connaître une évolution inverse à celle des
précédentes. Le nombre des ayants droit va encore progresser
légèrement pendant 5 ans avant de se stabiliser à
partir de 2003 à 1,2 million, puis de décroître
à partir de 2010 de 2,5 à 3,5 % par an. Le nombre de
veuves, peu important actuellement, va être multiplié par 4 en
20 ans pour atteindre 352.800 personnes.
La quatrième génération du feu
devrait voir ses
effectifs doubler en 20 ans pour atteindre 106.900 personnes.
Or, les conclusions tirées par les deux inspecteurs de cette
évolution sont alarmantes pour la pérennité de
l'ONAC :
"
Un premier constat s'impose. Si le Ministère a
réussi, sur les dix dernières années, à stabiliser
la population de ses ressortissants par intégration dans celle-ci des
veuves de combattant ou de victimes civiles, il ne lui reste plus de
subterfuges pour l'avenir. Dès lors, celle-ci va inéxorablement
se réduire dans les vingt prochaines années à un rythme de
plus en plus soutenu : de 2 % par an jusqu'en 2008 et puis 3 %
au delà. Au total, en vingt ans, la population aura chuté de
moitié. [...]
Une deuxième observation peut être formulée. Le
déclin général de la population touche de manière
similaire toutes les catégories de ressortissants. Le nombre des
pensionnés devrait représenter tout au long de la période
environ 8 % de la population totale ; les bénéficiaires
d'un titre de combattant ou de victime de guerre représenteront autour
de 45 % de la population, les veuves 38 %, les orphelins 7 % et
les ascendants 0,3 %. [...]
Le fait que la baisse va toucher de manière similaire toutes les
catégories de ressortissants va se traduire par une décrue
équivalente de toutes les missions qu'assume le Ministère. Nous
n'assisterons pas, comme certains le pressentaient de façon intuitive,
à un transfert des missions régaliennes vers les missions
sociales. Toutes les populations déclinent au même rythme, il
convient donc de s'attendre à une réduction simultanée de
toutes les missions du Ministère, sauf celles qui ont trait à la
mémoire, dont la dynamique n'est pas directement lié au niveau
des populations assistée
s
".
Il apparaît donc bien qu'à partir de 2003, l'activité de
l'Office chutera. A cette date, non seulement l'ensemble des cartes d'anciens
combattants d'Afrique du Nord auront été délivrées,
mais également les derniers bénéficiaires du fonds de
solidarité seront sortis du dispositif. Par ailleurs, la diminution du
nombre de ressortissants commencera à être significative :
(ils seront 4,2 millions en 2003 contre 4,7 millions en 1998).
B. L'ABSENCE DE RÉFLEXION SUR L'AVENIR À LONG TERME DE L'ONAC
Comme
l'a révélé l'analyse précédente, il reste
quatre ans à l'ONAC pour réfléchir à une
réforme de ses structures.
En effet, la chute d'activité qui sera observée à partir
de 2003 conduira nécessairement à une réduction des
effectifs. Aujourd'hui déjà, dans une vingtaine de
départements, les structures des services de proximité de l'ONAC
se réduisent à un micro-service de 2 ou 3 agents et sont
incapables d'assurer la continuité du service dès qu'un poste se
trouve vacant. Ce phénomène risque de s'accentuer.
Par ailleurs, la réforme du secrétariat d'Etat aux anciens
combattants et son intégration au ministère de la défense
aurait dû s'accompagner d'une réflexion sur l'avenir à
moyen terme de l'Office national des anciens combattants.
Paradoxalement, c'est le renforcement de l'ONAC qui a été mis en
avant, et qui se traduit par une augmentation significative de la subvention de
l'Etat en 1999 et 2000.
Toutefois, on peut légitimement se demander si ce " nouvel
élan " de l'ONAC n'est pas temporaire et destiné
essentiellement à obtenir le consentement des associations d'anciens
combattants à la réforme engagée.
La disparition du secrétariat d'Etat aux anciens combattants en tant que
département autonome constituait en soi une révolution des
mentalités. En outre, l'échec, en 1996, du projet de
réforme des services territoriaux du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants et de l'Office national des anciens combattants avait
révélé la nécessité d'associer le monde
combattant à toute réflexion sur l'avenir du département
ministériel. Or, les associations d'anciens combattants pouvaient
se montrer plus " réceptives " à la réforme du
département ministériel si l'avenir d'une institution aussi
symbolique que l'Office était garanti.
A cet égard, la façon dont la réflexion sur la
réforme du secrétariat d'Etat aux anciens combattants a
été conduite est significative de l'attention portée aux
associations d'anciens combattants.
Ainsi, un groupe de travail a été créé,
composé de représentants du bureau de l'ONAC et de six
présidents nationaux d'associations d'anciens combattants fortes de plus
de cent mille adhérents. Ce groupe a défini deux
documents-cadres, l'un sur le devenir de l'ONAC, l'autre sur les conditions
posées à un éventuelle réforme du
département ministériel. Ces deux documents ont été
validés une première fois, le premier par le conseil
d'administration de l'ONAC le 22 juin 1998, le deuxième par le
ministère de la défense le 13 juillet 1998. Une seconde
validation de ces documents a été opérée par les
associations nationales et départementales d'anciens combattants et par
le conseil d'administration de l'ONAC. Enfin, le Haut Conseil de la
Mémoire combattante a été consulté à la
demande du chef de l'Etat. Réuni sous la présidence de ce dernier
et en présence du Premier ministre et des membres concernés du
gouvernement, le Haut Conseil a approuvé le processus d'adossement du
secrétariat d'Etat aux anciens combattants au ministère de la
défense le 28 janvier 1999.
Il est évident que si la réforme du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants s'était accompagnée d'une restructuration
parallèle de l'Office, les associations se seraient probablement
opposées à l'adoption du projet.
Pourtant, au-delà de ces considérations stratégiques, la
question de la pérennité de l'ONAC se pose, au moins sous sa
forme actuelle. Or, plus la réflexion sera lancée rapidement,
plus les réformes pourront être anticipées et moins elles
seront douloureuses.
C. LES PISTES DE RÉFLEXION DE VOTRE RAPPORTEUR
Le
présent rapport n'a pas vocation à proposer des solutions
applicables immédiatement. Dans la mesure où la diminution du
volume d'activité de l'ONAC se traduira par une réduction de ses
effectifs et, peut-être, une réforme de son organisation, la
réflexion sur l'avenir à moyen terme de l'ONAC doit être
engagée avec toutes les personnes intéressées, à
savoir le secrétariat d'Etat, le ministère de la défense,
le conseil d'administration de l'ONAC et le personnel de l'Office.
Toutefois, votre rapporteur souhaite suggérer certaines pistes de
réflexion.
Il tient à souligner que cette réflexion n'a pas pour but de
supprimer l'Office national des anciens combattants, qui gardera sa
légitimité tant qu'il y aura des ressortissants.
Au contraire,
il s'agit d'adapter ses structures afin qu'il puisse faire face avec le plus
d'efficacité possible à un volume d'activité certes
réduit, mais toujours réel.
A moyen terme, l'ONAC accomplira essentiellement trois missions : la
politique de la mémoire, l'action sociale en faveur des ressortissants
et la représentation de l'Etat dans les cérémonies et
auprès des associations d'anciens combattants.
A cet égard, l'intégration du secrétariat d'Etat aux
anciens combattants au sein du ministère de la défense constitue
une chance pour l'Office national des anciens combattants. En effet, certains
services extérieurs du ministère de la défense exercent
des actions similaires. Une collaboration des services pourrait donc être
envisagée, même si les modalités pratiques doivent
être précisées et qu'elles devront ensuite être
validées par les associations d'anciens combattants et le conseil
d'administration de l'ONAC.
C'est notamment le cas en matière d'action sociale. Il est d'ailleurs
significatif que dès le 28 mars 1996, soit bien avant le lancement de la
réforme du secrétariat d'Etat aux anciens combattants,
une
convention avait été signée entre l'ONAC et le
ministère de la défense qui prévoyait une
coopération des deux réseaux sociaux en matière d'aide
individuelle et de suivi social
.
Le rapprochement entre les directions
locales d'action sociale du ministère de la défense d'une part et
les services départementaux de l'ONAC d'autre part pourrait être
renforcé, selon des modalités encore à définir
.
Par ailleurs, votre rapporteur tient à rappeler l'existence de
délégués militaires départementaux. Afin de
garantir aux ressortissants de l'ONAC un service de proximité, un
partenariat entre les services départementaux de l'ONAC et lesdits
délégués militaires pourrait être défini.
En matière de politique de la mémoire, la création
à terme de 100 " emplois-mémoire " dans les
services départementaux de l'Office devrait contribuer à relancer
cette activité
. Toutefois, leurs contrats s'achèveront en
2004. Se posera alors la question des intervenants en matière de
mémoire
.
Certes, on peut imaginer une reconduction de ces contrats, voire même la
titularisation des " emplois-mémoire ". Mais dans la mesure
où les effectifs devraient diminuer et où l'action sociale
menée jusqu'à présent par l'ONAC pourrait être
partagée avec les directions locales d'action sociale et les
délégués militaires départementaux du
ministère de la défense, la plupart des services de
proximité de l'ONAC risquent de constituer des coquilles vides,
composées uniquement du directeur et de
l'" emploi-mémoire " .
Or, la tâche des chefs des services départementaux est
également amenée à évoluer
. En l'absence de
personnel à gérer, leurs missions risquent de se limiter à
celle de représentation de l'Etat.
On pourrait donc envisager que la
politique de la mémoire soit reprise par les directeurs. A cet
égard, votre rapporteur s'interroge sur l'opportunité de les
rattacher aux préfets de département.
En tout état de cause, les activités de l'ONAC en matière
de politique de la mémoire feront peut-être l'objet de
modifications suite au regroupement de la délégation à la
mémoire et à l'information historique du secrétariat
d'Etat aux anciens combattants avec le service du patrimoine du
ministère de la défense au sein d'une direction de la
mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) reprenant l'ensemble des
activités de ces structures.
CONCLUSION
Au terme
de cette étude, il apparaît que l'Office national des anciens
combattants doit engager de nombreuses réformes structurelles pour
réussir sa mutation au service de ses ressortissants.
La gestion de
ses maisons de retraite
doit redevenir
équilibrée, ce qui nécessite une restructuration de son
parc immobilier afin que l'ONAC concentre ses efforts financiers sur les
établissements les moins dégradés. Cette politique a
été engagée par le conseil d'administration de l'Office
qui a arrêté la fermeture de cinq établissements. D'autres
cessations d'activité seront nécessaires et devront s'accompagner
d'un programme précis d'investissements pour les maisons de retraite
restantes et d'une individualisation des budgets de chaque maison.
Au-delà des réformes structurelles visant les maisons de
retraite, l'ONAC doit se doter d'une
gestion moderne
à travers
trois mesures.
D'une part, l'ONAC doit se doter d'un cadre budgétaire et comptable
précis, qui lui permette de distinguer les actions du service central,
des services déconcentrés, des écoles de
rééducation professionnelle et des maisons de retraite et, par
voie de conséquence, leur traduction budgétaire.
D'autre part, l'ONAC doit développer son contrôle interne de
gestion afin de suivre de manière précise l'évolution de
ses dépenses et de disposer d'éléments d'analyse sur
l'efficacité de son administration.
Enfin, l'ONAC doit améliorer sa politique d'investissements immobiliers
à travers la définition et le respect d'un programme pluriannuel.
Ces réformes ne pourront cependant aboutir sans le développement
d'une politique active de formation du personnel de l'ONAC et, notamment, de
son personnel dirigeant. Certes, l'ONAC dispose d'un personnel motivé et
attaché à l'établissement public. Toutefois, certaines
fonctions, comme par exemple celles des directeurs des maisons de retraite,
exigent des compétences en gestion et en comptabilité qui font
parfois défaut.
En conséquence, l'ONAC devra à l'avenir renforcer la formation de
ses directeurs, mais aussi envisager un repyramidage de son personnel afin
d'augmenter le nombre des personnels issus de la catégorie A de la
fonction publique.
Afin de réussir cette mutation, l'Office dispose de deux atouts qui
devraient faciliter son évolution. D'une part, sa
légitimité a été réaffirmée,
notamment par le soutien apporté par le Secrétariat d'Etat aux
anciens combattants à la charte élaborée par l'ONAC et
intitulée " un nouvel élan ", qui a pour ambition de
garantir le rôle central de l'Office au service du monde combattant.
Il est donc probable que le Secrétariat d'Etat chargé des anciens
combattants ainsi que le ministère de la défense soutiendront
l'ONAC dans ses efforts de réforme.
D'autre part, ses moyens financiers seront renforcés. Ainsi, le projet
de loi de finances pour 2000 prévoit 31,8 millions de francs de
crédits de mesures nouvelles en faveur de l'ONAC. Une partie de ces
sommes pourra être consacrée au financement des réformes
évoquées, comme, par exemple, l'élaboration d'un programme
d'investissements sur plusieurs années.
Au-delà de l'avenir à court terme de l'ONAC, le présent
rapport se devait d'engager une étude prospective sur l'évolution
de l'activité de l'Office à moyen terme et sur sa place dans le
dispositif au service du monde combattant.
Or, il apparaît que l'ONAC ne pourra pas échapper à une
réflexion sur la réforme de ses structures. A partir de 2002, son
volume d'activité devrait fortement diminuer en raison de la baisse
de l'activité relative aux cartes et titres, de la disparition
progressive du fonds de solidarité, de la stabilité de l'action
sociale à destination des ressortissants traditionnels et, enfin, du
déclin général du nombre des ressortissants de l'Office.
Le présent rapport propose des pistes de réflexion sur
l'adaptation des structures de l'Office afin que ce dernier puisse faire face
avec le plus d'efficacité possible à un volume d'activité
certes réduit, mais toujours réel.
A cet égard, l'intégration du Secrétariat d'Etat aux
anciens combattants au sein du ministère de la défense constitue
une chance pour l'Office national des anciens combattants. En effet, certains
services du ministère de la défense exercent des activités
similaires. Une collaboration des services pourrait donc être
envisagée, même si les modalités pratiques doivent encore
être précisées et approuvées par les associations
d'anciens combattants.
En anticipant ces évolutions inéluctables, l'ONAC assurera la
pérennité de son action et effectuera une entrée
réussie dans le XXIème siècle.
LES PROPOSITIONS
I. -
LES PROPOSITIONS DE RÉFORME À COURT TERME
1. Les maisons de retraite
Poursuivre la rationalisation du parc des maisons de retraite de l'ONAC
afin de se concentrer sur les établissements susceptibles d'être
rentables.
A l'heure actuelle, 5 maisons de retraites connaissent encore un avenir
incertain en raison du coût élevé de leur
rénovation. Il s'agit de Carignan, du Theil de Bretagne, d'Anse, de
Saint-Gobain et de Thiais. Des décisions doivent intervenir rapidement
même si aucune piste ne doit être négligée. En effet,
tant que l'ONAC ne connaîtra pas la composition définitive de son
parc, aucun programme d'investissement ne pourra être arrêté.
Assurer la rentabilité des maisons de retraite en veillant à
ce que les prix de journée couvrent les coûts de fonctionnement et
d'investissement.
Les responsables de l'ONAC devront donc particulièrement veiller au
montant des prix de journée qui seront fixés lors des
négociations des conventions tripartites entre les maisons de retraite,
l'assurance maladie et les conseils généraux.
Multiplier les conventions avec des maisons de retraite qui ne sont pas
gérées par l'ONAC afin de réserver un certain nombre de
lits aux ressortissants de ce dernier.
Développer un organigramme de fonctionnement pour les maisons de
retraite afin d'éviter de trop grandes disparités en personnel
selon les maisons de retraite.
2. Les écoles de rééducation professionnelle
Obtenir que les DDASS cessent de tenir compte des recettes tirées du
fonds social européen pour fixer leur participation financière.
En agissant de la sorte, les DDASS ne respectent pas la règle
d'additionnalité des crédits des fonds structurels et font courir
à l'Etat français le risque de devoir rembourser à la
Commission européenne les sommes versées par le fonds social
européen.
Donner la priorité aux écoles de rééducation
professionnelle de l'ONAC, et notamment à celle de Béziers, en
matière de reconversion du personnel du ministère de la
défense.
Cette évolution nécessite la création d'un
réseau d'informations et d'échanges avec les ministères de
tutelle. Il pourrait ainsi être créé au niveau de
l'administration centrale de l'ONAC un correspondant chargé des
relations avec la sous-direction de l'accompagnement professionnel et la
reconversion du ministère de la défense.
Anticiper la diminution des recettes liée à
l'achèvement du plan d'action quinquennal du fonds social
européen sur la période 1994-1999 et entamer de nouvelles
négociations avec le ministère du travail et de la
solidarité pour obtenir une augmentation de l'enveloppe
financière des DDASS en faveur des écoles de
rééducation professionnelle.
Utiliser une partie des 105 millions de francs mis en réserve par
l'ONAC pour faciliter la période de transition résultant du
désengagement du fonds social européen.
3. Le développement d'un travail en réseau
Développer les synergies entre les services départementaux de
l'Office d'une part et les directions interdépartementales aux anciens
combattants d'autre part.
Ces deux services ont une mission commune (à savoir
répondre aux besoins et aux attentes des anciens combattants et de leurs
ayant-cause), qui devrait favoriser la coopération entre ces deux
entités. Leur regroupement dans les mêmes locaux doit être
encouragé. Par ailleurs, un dialogue permanent doit s'installer entre
les directeurs de ces deux administrations, afin de renforcer les
échanges d'informations et de développer des actions communes,
notamment dans les domaines où les compétences sont
partagées entre les services départementaux de l'Office et les
directions interdépartementales. C'est le cas en matière de
politique de la mémoire puisque les services de proximité de
l'ONAC gèrent les commissions départementales d'information
historique pour la paix tandis que les directions interdépartementales
aux anciens combattants ont la charge de l'entretien des nécropoles et
des sépultures de guerre.
Rompre l'isolement de l'ONAC en encourageant les échanges
d'informations et la comparaison des expériences.
Afin d'assurer le succès de ces réformes, il est indispensable
que l'ONAC non seulement s'inspire des modalités de fonctionnement
d'autres établissements publics comparables, mais également
cherche une assistance technique de la part de la direction de la
comptabilité publique ou de l'agence comptable. L'administration
centrale doit donc désigner des responsables chargés de
promouvoir de telles relations institutionnelles.
- 4. La gestion de l'ONAC
Clarifier le cadre budgétaire et comptable de l'ONAC en individualisant les budgets et les comptes de chaque établissement.
L'objectif est de pouvoir distinguer les actions du service central, de celles des services déconcentrés, des écoles de rééducation professionnelle et des maisons de retraite. Cette transparence budgétaire peut être obtenue par la création de services ayant une comptabilité distincte de la comptabilité générale de l'établissement.
Instaurer un véritable contrôle interne de gestion qui assure un suivi précis des dépenses et permette d'analyser les coûts des missions accomplies et l'efficacité des services de l'ONAC.
Accorder une dotation globale aux services départementaux afin de rendre la gestion des crédits plus souple et plus efficace.
Effectuer un recensement exhaustif du parc immobilier de l'ONAC et des travaux à effectuer.
Etablir une programmation précise et pluriannuelle des travaux à réaliser.
5. La formation du personnel
Adapter la formation et le recrutement des directeurs des maisons de retraite à leurs missions d'encadrement du personnel et de gestion des établissements.
Revaloriser les salaires des directeurs des maisons de retraite afin de tenir compte des responsabilités de ces derniers et d'attirer des candidats de valeur.
Accentuer le repyramidage des emplois afin de renforcer la qualification du personnel de l'ONAC.
Créer un poste de directeur financier au sein de l'administration centrale de l'ONAC.
- II. LES PISTES DE RÉFLEXION À LONG TERME
Renforcer la coopération entre les directions locales d'action sociale du ministère de la défense d'une part et les services départementaux de l'ONAC d'autre part.
Regrouper dans un même local les délégués militaires départementaux et les services de proximité de l'ONAC et développer les synergies entre ces deux administrations.
Assurer la pérennité des missions accomplies aujourd'hui par les "emplois mémoire ", mais dont les contrats s'achèveront en 2004, notamment par une implication plus grande des directeurs des services départementaux en matière de politique de la mémoire.
A très long terme, si la chute du nombre des ressortissants réduit les missions sociales de l'ONAC au point de remettre en cause la structure actuelle des services départementaux, rattacher le directeur des services de proximité au préfet du département afin de pérenniser la politique de la mémoire.
ANNEXES
LISTE DES ANNEXES
- Liste des personnes auditionnées
- Personnes rencontrées à Londres
- Entretien avec M. Heinrich J. Held, chef du Bureau du ministère
du travail et des affaires sociales, responsable de l'assistance aux victimes
de guerre
- Entretien avec M. Ulrich Laschet, secrétaire général de
la VDK
- Entretien avec M. Hans-Jürgen Leutloff, directeur du département
de la politique sociale de la Sozialverband Reichsbund
- Entretien avec M. Henderson, contrôleur financier de la Royal
British Legion
- Liste des rapports sur l'Office national des anciens combattants et le
secrétariat d'Etat aux anciens combattants.
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
Rencontre avec
M. Marc-Antoine ANTONINI
directeur
du
service départemental de l'ONAC de la Marne,
Entretien avec
Mme Christel AUGUSTIN
, chargée de l'action
sociale pour les ressortissants à l'ONAC,
Entretien avec
M. Dieter BACKENDORF
, directeur du département
" Politique sociale " de la VdK,
Entretien avec
M. Dominique BELKHEDIM
, chargé de la
réinsertion professionnelle à l'ONAC,
Rencontre avec
Mme Renée BELLOCHE
, responsable des affaires
extérieures de l'ONAC,
Rencontre avec Mme Christiane BONNAUD-CORNILLE , directrice de la Direction interdépartementale aux anciens combattants de Marseille,
Entretien avec
M. Philippe BRUN
, chargé de
l'hébergement des personnes âgées à l'ONAC,
Rencontre avec
M. Yves CENAC
, directeur régional de la
Direction interdépartementale aux anciens combattants d'Alsace,
Rencontre avec
M. Régis CHAVAL
, directeur de l'école
de rééducation professionnelle Georges Guynemer à Lyon,
Rencontre avec
M. Alain CHOLET
, directeur de l'école
de rééducation professionnelle de Muret,
Entretien avec
M. Hubert DA COSTA SOARES
, chargé de la
réforme administrative et des services de proximité à
l'ONAC,
Rencontre avec
M. Jean-François DENIS
préfet de
Meurthe et Moselle,
Rencontre avec
M. Jean-Pierre DESAILLY
, directeur de
l'école de rééducation professionnelle de Béziers,
Rencontre avec
M. Michel DHOUAILLY
, contrôleur financier de
l'ONAC,
Rencontre avec
M. Michel FABRE
, directeur de l'ONAC des
Bouches-du-Rhône,
Rencontre avec
M. Michel FOUILLET
, agent comptable central de
l'ONAC,
Rencontre avec
M. Eugène-Pierre FREHEL
, responsable du
service gestion et logistique de l'ONAC,
Rencontre avec
Mme Marie-Thérèse GARCIA-FIGINI
,
directrice de la maison de retraite de Barbazan,
Rencontre avec
M. Jean-Laurent GATTO
, directeur de la Direction
interdépartementale aux anciens combattants de
Midi-Pyrénées,
Entretien avec
M. Jacques GIMENEZ
, chargé des affaires
budgétaires et financières à l'ONAC,
Rencontre avec
Mme Geneviève GOMEZ DEL JUNCO
, responsable
du service des missions administratives et sociales à l'ONAC,
Rencontre avec
M. Jean-François GUILLOT
, rapporteur
à la Cour des Comptes,
Rencontre avec
M. Claude GUIZARD
, directeur général
de l'ONAC,
Entretien avec
M. Heinrich J. HELD
, responsable de l'assistance aux
victimes de guerre au ministère du travail et des affaires sociales,
Rencontre avec
Mme Anastasia HURLOT
, directrice adjointe de l'ONAC,
Rencontre avec
M. Maurice KAPFER
, colonel attaché des forces
terrestres auprès de l'Ambassade de France à Bonn,
Entretien avec
M. Ulrich LASCHET
, chargé d'affaires de la VdK,
Rencontre avec
M. LEGRAND
, directeur de l'ONAC de la Meuse,
Rencontre avec
M. Jacques LEMAGNEN
, directeur de l'ONAC du
Bas-Rhin,
Entretien avec
M. Hans-Jürgen LEUTLOFF
, directeur du
département de la politique sociale de la Sozialverband Reichsbund,
Rencontre avec Mme Anny-Claire LOUREAUX , directrice de la maison de retraite du Château de Messimieux à Anse,
Rencontre avec
M. MARCHANDOT
, directeur de la
Direction
interdépartementale aux anciens combattants de la Lorraine,
Rencontre avec
M. Serge MARTY
, directeur de l'ONAC de
Haute-Garonne,
Rencontre avec
M. Louis PIAT
, directeur du service
départemental de l'ONAC de l'Hérault,
Rencontre avec
Mme REYMERS
, directrice du service
départemental de l'ONAC de la Moselle,
Rencontre avec
M. Michel SAUNIÈRE
, directeur du
service départemental de l'ONAC de l'Ariège,
Rencontre avec
M. François SCHERR
, directeur du service
départemental de l'ONAC du Haut-Rhin,
Rencontre avec
M. Jacques STANEK
, directeur du service
départemental de l'ONAC de Meurthe-et-Moselle,
Rencontre avec
Mme Anne-Marie THOUVENOT
, directrice du service
départemental de l'ONAC des Vosges,
Entretien avec
M. Laurent VIDALENC
, chargé des
marchés publics, patrimoine, moyens logistiques des
établissements à l'ONAC,
PERSONNES RENCONTRÉES À LONDRES
The
Royal British Legion
Ian Townsend (Secretary General)
Peter Henderson (Controller, Membership)
Russel Thompson (Controller, Fund-raising)
P.J. Harris (Welfare Desk Officer)
House of Lords
Earl of Effingham (Conservative)
Lord Morris (Labour)
Ministry of Defense
Colonel Robin Bacon
Mr H. Reynolds
ENTRETIEN AVEC M. HEINRICH J. HELD,
CHEF DU BUREAU DU
MINISTÈRE DU TRAVAIL ET DES AFFAIRES SOCIALES,
RESPONSABLE DE
L'ASSISTANCE AUX VICTIMES DE GUERRE
Seul le
ministère du travail et des affaires sociales est responsable de
l'assistance aux victimes de guerre. Il n'existe pas de secrétariat
d'Etat aux anciens combattants.
Par ailleurs, il n'existe pas de rente ou
de pension spécifique pour les anciens combattants, mais uniquement une
assistance aux mutilés et aux survivants de guerre qui correspondent aux
victimes de guerre françaises.
En conséquence, l'assistance aux victimes de guerre correspond
exclusivement à une indemnisation du sacrifice fait en termes de
santé. Ainsi, la loi fédérale sur l'assistance aux
victimes de guerre (Bundesversorgungsgesetz) est fondée sur l'importance
de l'atteinte à la santé.
Un ancien militaire n'ayant subi
aucune atteinte à sa santé n'a droit à aucune
compensation.
Par ailleurs, n'est pas pris en compte le temps passé sous les drapeaux
s'ils étaient appelés ou militaires de carrière. En
revanche, la durée de service de guerre pour les autres
catégories d'anciens combattants est prise en compte pour le calcul de
leur retraite (un an sous les drapeaux équivaut à un an
d'activité).
A l'heure actuelle, les chiffres concernant les victimes de guerre sont les
suivants :
- les mutilés de guerre (Beschädigten) : 400.000 ;
- les survivants (Hinterbliebenen) : 520.000.
En Allemagne, il n'existe pas de reconnaissance particulière de la
Nation vis-à-vis de ses anciens combattants. Ce terme n'est d'ailleurs
pas utilisé et il lui est préféré celui de victime
de guerre ; par conséquent, il n'existe pas de carte d'ancien
combattant.
En outre, depuis 1976, on ne distingue plus les causes de
handicap sur le titre qui est octroyé à chaque personne
handicapée. Auparavant, il existait la mention " handicapé
de guerre " (Kriegsbehinderte).
L'exposition sur les crimes de guerre de la Wehrmacht témoigne du
malaise des Allemands vis-à-vis de leurs anciens combattants. Cette
exposition montre que les soldats n'ont pas été seulement des
victimes, mais également des criminels de guerre.
Toutefois, les prestations versées aux victimes de guerre constituent,
par leur montant, une véritable reconnaissance.
Ainsi, en 1998, 11,35 milliards de DM (soit près de 40 milliards de
francs), ont été consacrés aux victimes de guerre, dont
10,2 milliards dans les anciens Länder et 1,15 milliard dans les nouveaux
Länder.
La nature des aides et des prestations est liée à la
nécessité de compenser les préjudices subis en raison
d'atteintes à la santé.
Il existe
deux sortes d'aides
, les
aides forfaitaires
et les
aides calculées en fonction de leur coût réel
. De
plus, certaines prestations sont soumises à des conditions de ressources.
I - LES ALLOCATIONS SANS CONDITION DE RESSOURCES
1. La rente de base
(Grundrente)
Elle est distribuée sans prise en compte des autres ressources dont
dispose la victime de guerre.
Quelques exemples chiffrés permettent d'évaluer son montant.
Ainsi, pour un degré d'invalidité de 30 %, la rente de base
s'élève à 220 Marks par mois (à partir du
1
er
juillet 1999). De même, pour une incapacité totale,
la rente s'élève à 1.149 DM par mois. Par ailleurs,
cette dernière peut être majorée en fonction de l'âge
ou de la gravité des handicaps. Cette rente n'est pas minorée
lorsque la victime de guerre prend sa retraite.
La rente de base est calculée en fonction de la réduction de la
capacité de gain. Or, ce terme peut introduire des erreurs. Ainsi, cette
terminologie ne permet pas d'évaluer financièrement le handicap
d'un enfant ou d'un retraité. En conséquence, une loi prochaine
devrait modifier cette terminologie et la remplacer par la notion de
degré des conséquences d'atteinte à la santé.
2. Le supplément pour soins
(Pflegezulage)
Il existe 6 échelons : le premier échelon correspond
à 485 DM par mois, le sixième à 2.413 DM par
mois. Par ailleurs, les sommes correspondant au troisième
échelon sont systématiquement payées aux aveugles. Ceux-ci
disposent en outre de 261 DM supplémentaires qui, à
l'origine, étaient destinés à l'entretien de leur chien.
Ce supplément pour soins est versé soit à titre
forfaitaire, soit en fonction du coût réel des soins. C'est le cas
lorsque la victime de guerre a besoin de l'assistance d'une tierce personne.
L'allocation versée inclut également les impôts et les
taxes liés à l'emploi de cette tierce personne. Il est ainsi
arrivé qu'une victime dispose de 30.000 DM par mois.
Il existe également des prestations sous condition de ressources.
II - LES ALLOCATIONS SOUS CONDITION DE RESSOURCES
1. La rente de compensation
(Ausgleichsrente)
Cette rente sert à garantir un niveau de vie décent. Par exemple,
une personne dans l'incapacité de travailler perçoit
1.149 DM par mois. Cette rente est sujette à une prise en compte
des autres revenus versés (revenus d'activités, pensions).
2. La rente de compensation du préjudice subi dans la
profession
(Berufsschadeausgleich)
Cette rente est régie par une réglementation complexe. Elle a
pour but de compenser le fait qu'une personne ne puisse plus exercer
l'activité qu'elle avait avant l'apparition du préjudice. Cette
compensation est payée pendant la période d'activité mais
également pendant la retraite. Toutefois, l'allocation est alors
limitée à 75 % du revenu de comparaison
(Vergleichseinkommen). L'exemple suivant permettra d'illustrer ce
mécanisme.
Soit un bachelier dont le père est médecin et la mère
juriste qui, après son baccalauréat, est mobilisé.
Lorsqu'il revient de la guerre, il a été blessé et se
trouve dans l'incapacité de poursuivre des études. Il devient
alors artisan. Pour calculer le montant de la rente de compensation du
préjudice subi dans la profession, il faut essayer de reconstituer le
cursus qu'il aurait suivi s'il n'avait pas été blessé, en
prenant en compte le niveau d'études atteint, mais également la
catégorie socio-professionnelle de ses parents, etc. On fixe alors un
revenu fictif qui est comparé avec son revenu réel
(calculé sur une base nette, c'est-à-dire impôts et
cotisations sociales déduits). La victime de guerre subit cependant
toujours une petite perte de revenu. L'administration chargée de
reconstituer la carrière professionnelle des mutilés de guerre
s'appelle l'administration d'assistance aux victimes de guerre
(Versorgungsverwaltung) et existe dans chaque Land. Environ
50.000 personnes ont droit à cette compensation.
Toutefois, tous les cas ne sont pas aussi difficiles à évaluer
puisque certaines personnes exerçaient déjà un
métier avant d'être mobilisées. Les pertes de revenus ont
été dans certains cas très importantes. Ce fut le cas pour
un violoniste célèbre qui avait perdu un auriculaire et
s'était ensuite retrouvé concierge.
En cas de désaccord entre les victimes de guerre et l'administration
d'assistance à ces derniers, l'une des parties peut engager un
contentieux administratif. Il y a tout d'abord une procédure de recours
qui se traduit par une objection dans le mois suivant la décision, puis
la victime peut porter plainte auprès des tribunaux sociaux. Le
contentieux peut aller jusqu'à la Cour fédérale du
contentieux social établie à Kassel. Les grandes associations
assistent souvent les victimes de guerre dans ces procédures
contentieuses et les représentent. D'ailleurs, toutes les grandes
associations ont établi des départements juridiques à
Kassel.
Pour autant, il n'existe pas de conflit direct entre le ministère du
travail et des affaires sociales, d'une part, et les associations ou les
victimes de guerre, d'autre part. En effet, les plaintes ne sont pas
dirigées contre l'administration du ministère, tout au plus,
celle-ci peut être amenée à témoigner et à
donner son avis. Ainsi, une procédure contentieuse est en instance
devant la Cour fédérale dans laquelle l'administration
fédérale n'était pas d'accord avec la décision de
l'administration du Land.
Certes, le ministère du travail et des affaires sociales ne peut pas
donner des instructions aux Länder, mais il doit veiller à une
application uniforme du droit. C'est donc par un travail de persuasion qu'il
tente de faire changer d'avis l'administration d'assistance aux victimes de
guerre.
Par ailleurs, les rentes de base peuvent être majorées dans toute
une série de situations : supplément pour conjoint,
supplément pour âge avancé, supplément pour les
personnes aveugles, etc.
En ce qui concerne les associations qui représentent les victimes de
guerre, elles ont une vision très restrictive des enjeux sociaux
puisqu'elles ne s'intéressent qu'aux intérêts des personnes
qu'elles assistent. Or, le ministère fédéral doit tenir
compte d'autres éléments relatifs aux conséquences de ces
éventuelles réformes sur l'économie ou dans d'autres
domaines. Ainsi, il lui faut tenir compte de l'ensemble de la politique
sociale, voire économique du pays.
Pour autant, le rôle des associations doit être reconnu en tant que
défenseur des intérêts de leurs membres. Elles sont
également parfois à l'origine d'avancées en matière
de politique sociale. Le ministère du travail et des affaires sociales
participe également à la défense des victimes de guerre
mais son action doit tenir compte du cadre financier contraignant qui le limite.
Les grandes associations de victimes de guerre sont souvent également
des associations sociales et coopèrent ainsi avec le ministère du
travail dans ce domaine. Elles sont très attentives aux projets de
réforme de retraite et aux mesures en faveur des handicapés.
En Allemagne, 6,5 millions de handicapés sont pris en charge par
ces associations. Celles-ci ont un rôle de conseil et d'impulsion dans le
domaine social, notamment afin d'améliorer et de modifier les
dispositifs d'aides existants. Il existe trois grandes associations :
- l'association des victimes de guerre (VdK) ;
- l'association sociale Reichsbund ;
- la fédération des aveugles de guerre.
Ces associations ont tissé d'importants liens internationaux avec
d'autres associations, comme par exemple la Fédération mondiale
des associations des anciens combattants.
Il n'existe pas d'établissement spécifique chargé de
défendre les intérêts matériels et moraux des
anciens combattants, ni au niveau fédéral ni au niveau des
Länder. Toutefois certaines associations possèdent des
établissements de cure et de repos.
Par ailleurs, il existe un établissement au statut de fondation pour la
réhabilitation professionnelle. De plus, certaines maisons de
rééducation pour personnes handicapées sont
également à la disposition des victimes de guerre. Ces
établissements sont gérés par des institutions de
bienfaisance.
En règle générale, l'Etat ne distribue aucune subvention.
Toutefois, les prix de journée sont pris en charge soit par
l'administration fédérale (lorsqu'il s'agit d'un soldat de la
Bundeswehr), soit par les Länder. De même, c'est le bureau local de
l'emploi qui paie le prix de journée d'une personne suivant des cours
dans un établissement de réadaptation professionnelle.
III - LES PENSIONS POUR VEUVES ET ORPHELINS
Il
existe également des rentes de base, des rentes de compensation ainsi
que des compensations pour préjudices subis par les veuves et les
orphelins. Il existe toutefois une différence entre les pensions de base
(Grundrente) et les allocations (Beihilfen).
La pension de base
ne peut
être versée que si la victime de guerre est morte sur le champ de
bataille ou des suites de ses blessures. En revanche,
l'allocation
vise
à compenser le préjudice subi, par exemple la diminution du
revenu de la victime de guerre.
Dans la loi sur les retraites, il est prévu une rente pour les
invalides, mais cette dernière est gérée par le
régime général de la sécurité sociale.
En ce qui concerne les pensions de retraite, si, par exemple, une personne a
été mobilisée pendant 4 ans, elle n'a pas payé
de cotisations durant cette période. Pourtant, ces années sont
validées comme une période de cotisations grâce à
une subvention fédérale. Quant aux fonctionnaires, les
périodes militaires sont prises en compte par le biais du produit de
l'impôt.
En 1999, 9,1 milliards de DM ont été versés sous forme
d'allocations aux victimes de guerre en faveur des mutilés de
guerre, ainsi que pour l'assistance aux soldats de la Bundeswehr, aux victimes
de la SED et aux victimes de la délinquance et des actes criminels.
ENTRETIEN
AVEC M. ULRICH LASCHET,
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA VDK
(FÉDÉRATION DES VICTIMES DE GUERRE)
ET M. DIETER BACKENDORF
Le
siège de la VdK se trouve à Bonn. Cette association a
été créée après la Deuxième Guerre
mondiale afin de développer l'entraide entre les victimes de guerre.
Elle dispose de :
- 400 antennes au niveau des Kreis (Geschaftsstellen) ;
- 9.000 antennes locales (Verbandsstufen) ;
- 90.000 membres qui travaillent de façon bénévole ;
- 1.500 employés.
La fédération des victimes de guerre est
représentée dans tous les Länder. Le siège
fédéral a pour but de développer la stratégie
politique de cette association et de mener un travail de lobbying pour modifier
les lois sociales et influencer les décisions politiques dans ce domaine.
La VdK compte 1,1 million de membres. Il s'agit de l'association
regroupant le plus grand nombre de membres en Allemagne dans le domaine des
victimes et handicapés de guerre
. 53 députés du
Bundestag en sont également membres. Celle-ci entretient des relations
importantes avec le ministère du travail et des affaires sociales.
50 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la
part des victimes de guerre dans cette association a fortement diminué
puisqu'elle est passée de 98 % à 20 %, entraînant
un changement dans la nature de la VdK.
Aujourd'hui, il existe encore 1 million de victimes de guerre,
16.000 soldats ayant subi des atteintes graves à leur santé,
puis des petits groupes comme les victimes de la délinquance ou de la
vaccination.
La VdK a développé des services juridiques importants.
Aujourd'hui, elle gagne 40 % des contentieux contre l'administration,
tandis que 20 % des contentieux aboutissent à des compromis.
Pour bénéficier des services de la VdK, ses membres paient une
cotisation de 7 DM par mois
. En revanche, ils n'ont à payer
aucun frais lié aux procès.
La VdK exerce une grande influence sur l'évolution des lois, notamment
lorsque la pratique révèle l'inadaptation de ces
dernières. Le fonctionnement de la VdK repose sur
le
bénévolat
.
Cette association possède :
- 14 établissements de cures et de repos ;
- 2 centres de rééducation professionnelle
(Berufsforderungswerke) ;
- des ateliers pour handicapés (Werkstätte Für
Behindete) ;
- des crèches pour enfants.
La VdK ne reçoit aucune subvention de l'Etat. Ses ressources
proviennent de donations et des services qu'elle assure dans l'assurance.
Depuis sa création, son champ d'activité s'est peu à peu
élargi. A l'origine, elle s'occupait des victimes de guerre qui avaient
des besoins d'assistance. Puis, elle a contribué à leur
réinsertion professionnelle. S'est ensuite posée la question des
compensations des préjudices subis par le biais d'une diminution des
taxes des impôts. Peu à peu, un nombre croissant de personnes
handicapées s'est affilié à la VdK.
Aujourd'hui, les adhérents de cette association se composent des
victimes de guerre et du service militaire, des personnes handicapées ou
victimes de maladies chroniques et des pensionnés.
La VdK étant une association d'utilité publique, elle ne paie pas
d'impôt. En contrepartie, elle n'a pas le droit de verser d'allocation
financière à ses membres. En conséquence, son
activité consiste essentiellement à inciter le Gouvernement
à améliorer et à développer le système
d'aide et d'allocation aux personnes handicapées. Celle-ci n'est
toutefois pas encore parvenue à faire voter un système
d'allocation aux grands invalides aussi favorable que le dispositif
français. En revanche, les ayants-cause disposent d'un très bon
système d'indemnisation.
La VdK possède des établissements de cure et de repos qui sont
comparables à des hôtels de trois ou quatre étoiles. Leur
capacité varie de 70 à 110 lits. A Baden Baden, le prix de
journée est de 95 DM pour les membres et 100 à 105 DM pour les
non membres dans un hôtel quatre étoiles.
Dans un de ces établissements, 10 lits peuvent servir à l'accueil
de personnes âgées, qui sont, en outre, intégrées
à la vie de l'établissement.
La VdK n'a toutefois pas fait
construire de maison de retraite car une telle opération
nécessiterait un personnel très spécialisé et
entraînerait des coûts très élevés.
La VdK possède également des ateliers pour handicapés
mentaux. Les rémunérations dont disposent ces derniers ne sont
pas très élevées. Toutefois, après 20 années
de travail, ils disposent d'une retraite de 900 DM par mois.
Dans le cas des ateliers, l'équipement et l'édifice sont
subventionnés par l'Etat, alors que les hôtels
précités sont financés exclusivement par la VdK.
L'avenir de la VdK est assuré, même si le nombre de victimes de
guerre tend à diminuer (aujourd'hui 200.000 victimes de guerre sont
membres du VdK). En effet, l'association a enregistrée 100.000 nouveaux
membres depuis 2,5 ans.
En ce qui concerne la reconnaissance du statut d'ancien combattant, la
situation en Allemagne est très différente de celle de la France.
En effet, l'Allemagne a utilisé pendant la Deuxième Guerre
mondiale des moyens criminels.
En 1945, le but premier de la VdK était d'assurer une assistance
immédiate aux anciens combattants. En outre, jusqu'en 1948, l'Allemagne
était occupée par les quatre puissances victorieuses. Or, les
Américains ont toujours refusé aux anciens combattants allemands
le statut de victimes de guerre. Ainsi, la VdK, avant de pouvoir s'appeler la
Fédération des victimes de guerre se nommait la
Fédération des handicapés physiques. A partir de 1955,
elle a pris le nom de Fédération des victimes de guerre et du
service militaire.
La réunification allemande a également entraîné
des modifications dans la reconnaissance des victimes de guerre. En effet,
jusqu'en 1989, les soldats et ayants-cause de l'ancienne RDA étaient
considérés comme des anciens criminels ayant envahi l'ancienne
URSS. Ils ne bénéficaient donc d'aucune allocation.
Malgré ces difficultés, la VdK comme la Sozialverband Reichsbund
ont toujours lutté pour la reconnaissance des sacrifices faits par les
anciens combattants. Il existe un jour de deuil national (Volkstrauertag) au
cours duquel une gerbe est déposée.
Quant à la Volksbund deutshe Gräbefürsorge, il s'agit d'une
association qui s'occupe de l'entretien des cimetières.
En conclusion, il semble que la longue période de paix connue par
l'Allemagne a diminué la sensibilité des Allemands
vis-à-vis des anciens combattants. De plus, l'exposition sur la
Wehrmacht rend encore plus difficile la reconnaissance du statut des anciens
combattants. En outre, les hommes politiques ayant connu la dernière
guerre sont de plus en plus rares.
Toutefois, les associations de victimes de guerre peuvent revendiquer un
succès concret : alors que les aides sociales font l'objet de
réductions budgétaires, aucune diminution des allocations de
victimes de guerre n'a été enregistrée.
Il faut également rappeler qu'en 1945, l'ensemble de la population
allemande subissait les mêmes privations, ce qui permettait une plus
grande compréhension vis à vis des préjudices subis par
les anciens combattants.
Aujourd'hui, la VdK entretient de nombreux contacts avec les associations
belges, italiennes, françaises etc... pour encourager le processus de
conciliation. Il existe 600 partenariats avec différentes organisations,
dont un groupe de travail franco allemand qui se tient à Baden.
En conclusion, M. Laschet a estimé que l'engagement des soldats
allemands dans des opérations extérieures ne permettrait pas une
meilleure reconnaissance des victimes de la Deuxième Guerre mondiale.
Ainsi, les Verts font-ils une distinction très stricte entre les
militaires de la Wehrmacht et ceux de la Bundeswehr.
ENTRETIEN AVEC M. HANS-JüRGEN LEUTLOFF,
DIRECTEUR DU
DÉPARTEMENT DE LA POLITIQUE SOCIALE DE LA SOZIALVERBAND REICHSBUND
I - LES ORIGINES DE LA REISCHSBUND
La
Reichsbund est l'association sociale la plus ancienne. Elle a été
créée en 1917 pour satisfaire les revendications des soldats de
bénéficier des mêmes prestations que les officiers.
Il est important de rappeler que la Reichsbund n'a rien à voir avec le
3
ème
Reich. Au contraire, il s'agit d'une association
indépendante que les nazis ont voulu récupérer et dont les
dirigeants furent poursuivis.
Risquant d'être incorporée de
force, l'association s'est alors dissoute et n'a été
refondée qu'après la Deuxième Guerre mondiale en 1949.
Tournée à l'origine vers les victimes de guerre, elle s'est
rapidement occupée des handicapés civils et des personnes
âgées.
Elle ne peut donc plus être
considérée comme l'association exclusive du fait de la guerre et
du service militaire.
Elle compte
500.000 membres
(dont seulement 30 à 40 % de victimes
de guerre) et le nombre d'adhésions s'accroît chaque année.
Elle a servi de modèle à la création de la VdK. En effet,
les Américains avaient interdit à toute association l'utilisation
du terme Reich. La Reichsbund ne pouvait donc s'installer dans le sud de
l'Allemagne. Pour palier cet inconvénient, a été
créée la VdK.
Aujourd'hui, il existe des projets de fusion entre les deux associations. Cette
opération permettrait de créer une association au poids
déterminant puisqu'elle regrouperait 1,6 million d'affiliés. Si
ces deux associations sont concurrentes, elles travaillent également en
coopération.
Il s'agit d'associations très riches. Ainsi, la Reichsbund
possède :
- des sociétés immobilières ;
- un hôtel de 100 chambres à Berlin sur le Kufurstendam ;
- une entreprise de construction de logements à Hanovre.
La Reichsbund construit également un immeuble à Berlin qui
comportera des bureaux et contiendra le siège social de l'association,
dont le coût est estimé à 30 millions de francs.
Par ailleurs, la Reichsbund gère deux centres de
rééducation professionnelle qui forment les jeunes
handicapés, un atelier de travail pour handicapés et des
hôtels de cure dans chaque Land.
II - LES ACTIVITÉS DE LA REICHSBUND
Les
activités de la Reischsbund sont nombreuses. Ainsi, elle est en
charge :
- de l'assistance juridique en direction de ses membres ;
- de la protection de leurs droits sociaux contre une cotisation de 6 ou
7 DM par mois ;
- de la lutte pour le renforcement de la politique sociale en relation
avec la 21
e
commission du Bundestag (commission des affaires
sociales) ;
- de la publication de chiffres et de brochures.
Il s'agit d'améliorer la situation des personnes âgées et
des handicapés, et de renforcer l'assistance aux victimes de guerre.
Les allocations versées aux victimes de guerre s'élèvent
à 10 milliards de francs chaque année mais sont en
diminution du fait de l'évolution démographique des
ressortissants (500 millions sont ainsi économisés chaque
année). La Reichsbund souhaiterait qu'une petite partie de ces
économies soit utilisée pour les personnes âgées.
Le système d'allocation a été construit en partie
grâce aux revendications de la Reichsbund et de la VdK. Le
résultat est plutôt satisfaisant sauf en ce qui concerne le niveau
des prestations dans les nouveaux Länder : non seulement les allocations
n'ont été versées qu'à partir de 1990, mais leur
montant est plus bas car il est calculé en fonction des revenus et des
retraites existants dans les nouveaux Länder. Déjà, la Saxe
a demandé l'harmonisation des allocations. La Reischsbund mène
également une politique visant à l'amélioration des
services orthopédiques.
Enfin, la réforme envisagée de l'administration responsable de
l'assistance aux victimes de guerre pose problème. Jusqu'à
présent il existe une administration spécifique, notamment
chargée de la reconnaissance des handicaps. Or, les Länder
souhaitent dissoudre cette administration pour la fusionner dans
l'administration locale. Une telle réforme menacerait les droits des
victimes de guerre. En effet, la législation les concernant est
très stratifiée et complexe. Elle doit donc être
maniée par des spécialistes. Or, les fonctionnaires des communes
qui seraient amenés à gérer ces dossiers n'ont pas de
formation appropriée. Le transfert des compétences et des
responsabilités poserait donc de grandes difficultés.
Les responsables du ministère du travail et des affaires sociales sont
de l'avis du Reichsbund, mais les Länder insistent sur la
nécessité de renforcer leurs compétences. Or, ils sont en
mesure d'imposer cette réforme au Bundesrat.
ENTRETIEN AVEC M. HENDERSON
I -
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
La British Legion a été fondée en 1921 par la fusion de
quatre associations et est devenue la Royal British Legion en 1971. C'est une
organisation qui défend les intérêts matériels des
personnes ayant servi dans l'armée britannique ainsi que de leurs
ayants-cause.
Elle ne reçoit pas de subvention du Gouvernement et son fonctionnement
est entièrement financé par les cotisations de ses
700.000 adhérents. Il existe deux sortes de cotisations :
-
une cotisation de base,
commune à tous les membres ;
son montant est de 5,5 livres par an qui sont utilisés pour le
fonctionnement de la Fondation ;
-
une cotisation par branche
, dont le montant est défini par
le bureau local.
Au total, la Royal British Legion dispose de 400 millions de francs par
an, dont 170 millions de francs tirés des ventes des
" Coquelicots ".
Son organisation est assurée, d'une part, par des
bénévoles, et, d'autre part, par un personnel salarié
(800 personnes au total, y compris le personnel des maisons de retraite).
100 salariés sont employés au siège social.
La Royal British Legion se caractérise par une structure à trois
niveaux :
- les bureaux locaux : il en existe 3.200 au Royaume-Uni ;
- les bureaux départementaux (County Level) ;
- le Conseil national.
Dans les agences locales et départementales, les responsables sont
élus par les adhérents. En ce qui concerne le Conseil national,
les délégués sont également élus et
représentent les intérêts des adhérents au niveau
national.
Il existe également une
multitude de clubs
: 871 sont
recensés, qui se situent parfois dans le même immeuble. Leur
chiffre d'affaires moyen s'élève à 130 millions de
livres et reste au profit de chaque club.
Pour pouvoir aller dans un club, il faut être membre d'un bureau local.
Tous les clubs ont une franchise " Royal British Legion ". Ils
doivent respecter certains critères, notamment en matière de
normes de sécurité, de gestion et d'hygiène. Pour exercer
leur activité, il leur faut également une licence du Gouvernement
local. Ils fonctionnent sous forme de coopératives.
Le réseau des clubs est géré par la centrale de la Royal
British Legion à Londres afin de garantir la qualité de leur
gestion
. Le siège social exerce également trois sortes
d'activités.
D'une part,
il gère les adhérents,
en veillant notamment
à recruter continuellement de nouveaux membres pour compenser la
diminution du nombre des ressortissants.
D'autre part, le siège social
coordonne les actions sociales
.
Enfin, il est
responsable de la collecte des fonds
qui permettent
à la Royal British Legion d'exécuter ses missions.
Le siège social est en charge également de la gestion de cette
Fondation, des relations publiques et des ressources humaines.
Par ailleurs, la Royal British Legion propose des cours de formation pour les
gestionnaires bénévoles et développe les activités,
notamment sportives, en direction des jeunes.
II - LA DIVISION DES ADHÉRENTS
Elle comprend une banque de données qui dispose d'informations
précises sur le nombre des adhérents ainsi que leur situation
vis-à-vis des cotisations à payer. Ce service occupe
4 personnes.
Il existe également un service de recrutement permanent. En effet,
la
Royal British Legion perd 30.000 membres par an
en raison du
décès de ces derniers. Celle-ci est donc obligée de
recruter en permanence de nouveaux membres pour compenser cette diminution.
Cette politique s'avère plutôt efficace puisque la Royal British
Legion ne subit, au total, qu'une perte nette de 10.000 membres. Cette
dernière devrait lancer une grande campagne pour l'an 2000 afin de
trouver de nouvelles recrues.
A cet égard, il existe un potentiel parmi les militaires puisque
seulement un militaire achevant ses années de service sur douze est
membre de la Royal British Legion. Parmi les autres personnes susceptibles
d'être recrutées, on peut citer les anciens combattants de la
Deuxième Guerre mondiale ainsi que les anciens appelés. A cet
égard, il est à noter que le système de conscription a
été supprimé en 1971 en Grande-Bretagne.
La question des recrutements est d'autant plus cruciale que les
bénéficiaires des services proposés par la Royal British
Legion n'ont pas besoin d'être adhérents.
III - LE DÉPARTEMENT DES AFFAIRES SOCIALES
Les actions en matière sociale reposent, en grande partie, sur le
bénévolat.
Il s'agit d'apporter une aide financière et
morale aux personnes ayant servi dans l'armée britannique et à
leurs ayants cause qui vivent des périodes difficiles. Chaque
année,
305.000 cas sont traités
.
Six millions de personnes sont potentiellement concernées par cette
aide. Il s'agit de tous les hommes ayant servi dans l'armée britannique
en tant que soldat de métier, réserviste ou auxiliaire.
La Royal British Legion gère
7 maisons de retraite
et
3 maisons de
convalescence
. En raison du vieillissement de
la population, ces maisons ont besoin d'être de plus en plus
médicalisées. A long terme, la question du maintien des maisons
de retraite dans le champ des compétences de la Royal British Legion se
posera dans la mesure où elles absorbent une part grandissante des
crédits de cette fondation.
La Royal British Legion assure également
la réinsertion
professionnelle de ses ressortissants.
Ses aides sont variées.
Elles peuvent par exemple prendre la forme de conseils pour monter une
entreprise individuelle. De même, une école de
rééducation a été financée par l'Union
européenne qui est gérée conjointement par la Royal
British Legion et le ministère de la défense. La Royal British
Legion est également responsable de la gestion de centres de formation.
La Royal British Legion, à travers le " village de la
légion ", organise également des pélerinages pour ses
membres sous forme de visites de cimetières et de nécropoles
à l'étranger.
Il existe également
un département des pensions qui apporte
une aide juridique aux ressortissants
et les représente devant les
tribunaux et les services du Gouvernement. Ce département travaille en
collaboration avec les associations d'anciens combattants afin de mieux
être informé sur toute éventuelle modification de la
législation concernant les pensions d'invalidité.
Il existe, au Royaume-Uni, 250 associations d'anciens combattants, y
compris les associations de régiment.
De nombreux problèmes n'ont pas encore été
résolus, concernant notamment la surdité des anciens solda ts de
l'artillerie, les victimes d'essais nucléaires et les anciens
combattants ayant fait l'objet de mauvais traitements dans les camps japonais
ou à Singapour.
IV - LA COLLECTE DES FONDS
La campagne de collecte des fonds ne concerne pas uniquement les
700.000 adhérents de la Royal British Legion, mais vise aussi le
grand public.
60 % des actions de cette fondation sont financées par la campagne
des " Coquelicots ", ce qui représente 17 millions de
livres.
50 personnes travaillent dans le service de la collecte des fonds
situé à Kent. Le Royaume-Uni est divisé en
40 départements. Chaque département est dirigé par un
responsable et comporte un service d'action sociale et un service de collecte
des fonds.
Chaque année,
300.000 personnes se mobilisent pour la campagne
du " Coquelicot " à travers tout le Royaume-Uni.
Parallèlement à cette collecte de fonds traditionnelle,
la
Royal British Legion développe de nouveaux moyens pour lever des
fonds :
donations de la part de sociétés, legs, grandes
manifestations, loteries dans l'ensemble des clubs... Cette dernière
action permet de récolter 50.000 livres par an et a un fort
potentiel de développement puisque seulement 5 % des membres de la
Royal British Legion jouent pour l'instant.
Chaque année, une course à vélo est organisée, qui
relie Londres à Paris. En 1998, 300 personnes y ont
participé et 200.000 livres ont été ainsi
récoltées.
En 1995, le montant total des sommes recueillies s'est élevé
à 11 millions de livres. Il était de 17 millions de
livres en 1998.
La Royal British Legion mène également une campagne active pour
attirer les jeunes. Ainsi, 30.000 publications ont-elles été
envoyées dans les écoles.
Enfin, chaque année, elle mène une grande campagne de promotion
au Royal Albert Hall. Cette manifestation est retransmise à la
télévision et constitue une action très efficace en
matière de relations publiques.
LISTE DES RAPPORTS SUR L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET LE SECRÉTARIAT D'ÉTAT AUX ANCIENS COMBATTANTS
1993
: Centre international de recherche et
d'études
sur la vie sociale (CIREV) : intervention relative aux maisons de retraite de
l'ONAC ;
1994
: Cour des comptes : lettre d'observation ;
1996
: Inspection générale des anciens
combattants : les scénarios pour l'an 2000 ;
1997
: Contrôle général des
armées : note d'étude sur les écoles de
rééducation professionnelle et les maisons de retraite
gérées par l'ONAC ;
1997
: Inspection générale des anciens combattants
(MM. Basile Pozel et Jean-Guy de Chalvron) : étude sur les
ressortissants du département ministériel ;
1998
: Office national des anciens combattants : rapport
d'activité 1997 ;
1998
: Contrôleur financier : rapport sur la gestion
1997 ;
1998
: Cour des comptes : l'exécution des lois de
finances pour l'année 1997 ;
1999
: Office national des anciens combattants : rapport
d'activité 1998 ;
1999
: Contrôleur financier : rapport sur la gestion
1998 ;
1999
: Office national des anciens combattants : rapport sur
la situation des maisons de retraite de l'ONAC.
1
Cette somme ne reflète pas la
totalité des crédits affectés à la Mémoire
dans la mesure où elle ne comprend pas les autres sources de financement
(secrétariat d'Etat, collectivités locales, associations).
2
Cinq maisons de retraite ont fermé ou sont sur le point de
fermer : il s'agit de la Pomme à Marseille, de celle de Montpellier, de
Villiers-le-Sec, de Ville Lebrun et de Bouleville.
3
Le cas de Boulogne-Billancourt est particulier. Cette maison est
le fruit d'un legs à l'ONAC en 1923. Toutefois, parce qu'elle
était trop vétuste, elle a été reconstruite
entièrement grâce à un financement de l'ARPAH. L'ONAC
assure la gestion et l'entretien de l'établissement jusqu'en 2002, date
à laquelle lui reviendra la propriété pleine et
entière de l'édifice. L'Office devra cependant régler
à l'ARPAH un loyer jusqu'en 2007.
4
Ce chiffre, tiré du rapport d'activité de l'ONAC
pour 1998, ne tient pas compte des fermetures ultérieures.
5
Le défi de la mémoire : rapport sur la
politique de la mémoire menée par le ministère des anciens
combattants et victimes de guerre ; 1997-1998 ; n °6.
6
Rapport de l'Office national des anciens combattants à M.
le secrétaire d'Etat à la défense, chargé des
anciens combattants, sur la situation des maisons de retraite de l'ONAC,
30 mars 1999, page 4.
7
Commission technique d'orientation et de reclassement
professionnel.
8
Le règlement (CEE) N °2082/93 du conseil du 20
juillet 1993 dispose dans son article 9 que " les crédits de fonds
structurels [...] ne peuvent se substituer aux dépenses [...] de l'Etat
membre ".
9
Inspection générale aux anciens combattants - projet
de réforme du département ministériel des anciens
combattants - pages 43 à 46.
10
Cour des comptes : rapport sur l'exécution de la loi
de finances pour 1997, page 426.
11
Dans ce contexte, l'étude de la Cour des comptes
réalisée en 1994, malgré son ancienneté est
toujours aussi pertinente. Elle avait alors révélé la
disparité de la situation des effectifs selon les établissements.
Ainsi, en 1991, pour deux établissements comparables, Barbazan et Thiais
(81 lits chacun), les charges de personnel étaient respectivement
de 3,674 et 2,872 millions de francs, soit un écart de 28%. La
Cour reconnaissait que chaque établissement présentait des
caractéristiques particulières (surface au sol, superficie des
terrains attenants, équipements spécifiques,
vétusté des locaux) et accueillait un nombre plus ou moins
élevé de pensionnaires invalides. Toutefois, aucun tableau
standard d'effectifs n'avait été élaboré pour ces
établissements alors que ces derniers ne peuvent fonctionner
correctement que s'ils font appel à des personnels qualifiés et,
cela, en nombre suffisant.
12
Note d'étude : les écoles de
rééducation professionnelle et les maisons de retraite
gérées par l'ONAC, 23 octobre 1997, pages 31 et 32.
13
Par exemple, la réfection d'une pièce, l'achat
d'un four à micro ondes ou d'une machine à café
14
Le rapport du contrôleur financier sur la gestion 1998 du
secrétaire d'Etat aux anciens combattants souligne également la
sous consommation des crédits pour les années 1997 et 1998.
15
Il s'agit de Ville Lebrun, Carignan, Montmorency, Le Theil de
Bretagne et Saint Gobain.
16
Cour des comptes : rapport sur l'exécution de la loi
de finances pour 1997, page 429.
17
Note d'étude : les écoles de
rééducation professionnelle et les maisons de retraite
gérées par l'ONAC, 23 octobre 1997, page 32.
18
Note d'étude : les écoles de
rééducatin professionnelle et les maisons de retraite
gérées par l'ONAC, 23 octobre 1997, page 32.
19
L'Association pour la réadaptation des personnes
âgées handicapées
20
Rapport à Monsieur le Secrétaire d'Etat à la
Défense chargé des anciens combattants sur la situation des
maisons de retraite de l'ONAC, 30 mars 1999, page 9.
21
Rapport à Monsieur le Secrétaire d'Etat à la
Défense chargé des anciens combattants sur la situation des
maisons de retraite de l'ONAC, 30 mars 1999, page 3.
22
Délégation générale à l'emploi
et à la formation professionnelle, département du fonds social
européen et des programmes communautaires
23
Rapport : projet de réforme du département
ministériel des anciens combattants ; dossier n °1 ;
la base d'une réflexion (juin 1997-mars 1998), page 38.
24
Inspection générale : étude sur les
ressortissants du département ministériel réalisée
par MM. Basile Pozel et Jean-Guy de Chalvron , page 59.
25
Inspection générale : étude sur les
ressortissants du département ministériel réalisée
par MM. Basile Pozel et Jean-Guy de Chalvron , pages 63 à
67.