LES TRAVAUX DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE A L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L'EUROPE(Session ordinaire de 1997)
DURRIEU (Josette)
RAPPORT D'INFORMATION 435 (98-99) - délégation française à l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
Table des matières
- INTRODUCTION
-
LES TRAVAUX DE L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE
DU CONSEIL DE L'EUROPE
AU COURS DE LA SESSION DE 1997-
I. LA PREMIÈRE PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG -
du 27 au 31 janvier 1997)
- 1. Introduction
- 2. Discours de M. Charles EHRMANN, député (UDF), à l'ouverture de la session de 1997 (Lundi 27 janvier)
- 3. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente (Lundi 27 janvier)
- 4. Structure des commissions de l'Assemblée - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député (UDF) (Lundi 27 janvier)
- 5. Conférence intergouvernementale (CIG) 1996 de l'Union européenne et conséquences pour l'Europe d'une union économique et monétaire - Interventions de M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc), rapporteur, de MM. Jacques BAUMEL, député (RPR), Jean VALLEIX, député (RPR), Jean-François LE GRAND, sénateur (RPR) et de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mardi 28 janvier)
- 6. Exposé de M. Jacques SANTER, Président de la Commission européenne - Intervention de M. Jacques BAUMEL, député (RPR) (Mardi 28 janvier)
- 7. Sûreté nucléaire dans les pays de l'Europe centrale et orientale - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député (UDF), rapporteur (Mardi 28 janvier)
- 8. Situation à Chypre - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mercredi 29 janvier)
- 9. Situation en République fédérale de Yougoslavie - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mercredi 29 janvier)
- 10. Respect des engagements souscrits par la Russie et par l'Ukraine lors de leur adhésion au Conseil de l'Europe de mettre en place un moratoire sur les exécutions capitales - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mercredi 29 janvier)
- 11. Respect des obligations et engagements contractés par l'Albanie - Intervention de M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR) (Mercredi 29 janvier)
- 12. Création d'une commission de l'Assemblée pour le respect des obligations et engagements des Etats membres du Conseil de l'Europe (Mercredi 29 janvier)
- 13. Mise en oeuvre de l'Accord de Dayton pour la paix en Bosnie-Herzégovine - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Jeudi 30 janvier)
- 14. Exposé de M. Javier SOLANA, Secrétaire général de l'OTAN - Intervention de M. Jean VALLEIX, député (RPR) (jeudi 30 janvier)
- 15. Respect des obligations et engagements contractés par l'Estonie (Jeudi 30 janvier)
- 16. Nouvelles technologies - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député (UDF) (Jeudi 30 janvier)
- 17. Projet de convention européenne sur la nationalité (Vendredi 31 janvier)
- 18. Age minimal concernant le droit de vote (Vendredi 31 janvier)
-
II. LA DEUXIEME PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 21
au 25 avril 1997)
- 1. Introduction
- 2. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission Permanente - Rapport de M. Jacques BAUMEL, député (RPR) (Lundi 21 avril)
- 3. Renforcement du mécanisme de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants - Intervention de M. Bernard SCHREINER, député (RPR), rapporteur pour avis (Lundi 21 avril)
- 4. Contribution de l'Assemblée parlementaire au deuxième sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe - Intervention de M. Jean SEITLINGER, député (UDF) (Mardi 22 avril)
- 5. Conflits en Transcaucasie - Intervention de M. Jean SEITLINGER, député (UDF), rapporteur - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mardi 22 avril)
- 6. Communication de M. Daniel TARSCHYS, Secrétaire général du Conseil de l'Europe - Intervention de M. Jean BRIANE, député (UDF) (Mardi 22 avril)
- 7. Incidences des nouvelles technologies de communication et d'information sur la démocratie - Rapport de M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc) (Mardi 22 avril)
- 8. Instruments de la participation des citoyens dans la démocratie représentative - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mardi 22 avril)
- 9. Progrès de la réforme économique en Europe centrale et orientale - Interventions de MM. Jean BRIANE, député (UDF) et Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc) (Mercredi 23 avril)
- 10. Traite des femmes et prostitution forcée dans les Etats membres du Conseil de l'Europe (Mercredi 23 avril)
- 11. Respect des obligations et engagements contractés par la Roumanie - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), rapporteur pour avis de la commission des relations avec les pays européens non membres (Jeudi 24 avril)
- 12. Protection et renforcement des droits de l'homme, des réfugiés et des demandeurs d'asile en Europe (Jeudi 24 avril)
- 13. Etat d'urgence en Albanie - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Jeudi 24 avril)
- 14. Politiques européennes de transport aérien - Intervention de M. François LESEIN, sénateur (RDSE) (Vendredi 25 avril)
- III. LES RÉUNIONS GROUPÉES DE COMMISSIONS (BUCAREST - du 26 au 28 mai 1997)
-
IV. TROISIEME PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 23 au
27 juin 1997)
- 1. Introduction
- 2. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission (Lundi 23 juin)
- 3. Aspects scientifiques et techniques des nouvelles technologies de l'information et de la communication - Interventions de MM. Claude BIRRAUX, député (UDF) et Jean VALLEIX, député (RPR) (Lundi 23 juin)
- 4. Les Aroumains (Mardi 24 juin)
- 5. Exposé de M. Daniel TARSCHYS, Secrétaire général du Conseil de l'Europe - Interventions de MM. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC), et Jean VALLEIX, député (RPR) (Mardi 24 juin)
- 6. Réfugiés, demandeurs d'asile et personnes déplacées dans la Communauté d'Etats indépendants, et réfugiés et personnes déplacées en Transcaucasie - Intervention de M. Jean SEITLINGER, député (UDF) (Mardi 24 juin)
- 7. Conséquences sur la santé de l'accident de Tchernobyl - Rapport de M. Denis JACQUAT, député (UDF) - Interventions de MM. Claude BIRRAUX, député (UDF), Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mardi 24 juin)
- 8. Activités des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international) (Mercredi 25 juin)
- 9. Activités de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) - Rapport de Mme Josette DURRIEU, sénateur, (Soc) - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député, (UDF) (Mercredi 25 juin)
- 10. Priorité à la lutte contre l'exploitation du travail des enfants - Intervention de MM. Jean-Claude MIGNON, député (RPR) et Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Jeudi 26 juin)
- 11. Mise en oeuvre de l'Accord de Dayton pour la Paix en Bosnie et Herzégovine, et fonctionnement des institutions de protection des droits de l'homme en Bosnie et Herzégovine (Jeudi 26 juin)
- 12. Traité sur la Charte européenne de l'énergie - Intervention de M. François LESEIN, sénateur (RDSE) (Vendredi 27 juin)
-
V. QUATRIEME PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 22 au
26 septembre 1997)
- 1. Introduction
- 2. Rapport d'activité du Bureau - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Lundi 22 septembre)
- 3. Obligations et engagements de la République tchèque en tant qu'Etat membre (lundi 22 septembre)
- 4. Obligations et engagements de la Lituanie en tant qu'Etat membre (Lundi 22 septembre)
- 5. Effets de la détention sur les plans familial et social - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Lundi 22 septembre)
- 6. Communication du Comité des ministres à l'Assemblée - Interventions de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), MM. Jacques BAUMEL, député (RPR) et Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mardi 23 septembre)
- 7. Interdiction du clonage d'êtres humains - Interventions de MM. Jean-François MATTÉI, député (UDF) et Claude BIRRAUX, député (UDF) (Mardi 23 septembre)
- 8. Politiques spatiales européennes - Interventions de M. Jean-François LE GRAND, sénateur (RPR), Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) et M. Claude BIRRAUX, député (UDF) (Mardi 23 septembre)
- 9. Protection de la vie privée (Mardi 23 septembre)
- 10. Organisation d'une conférence parlementaire pour renforcer les systèmes démocratiques en Europe et la coopération dans la lutte contre le terrorisme (Mardi 23 septembre)
- 11. Situation en Albanie - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mercredi 24 septembre)
- 12. Contribution de l'Assemblée parlementaire au deuxième sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe (Mercredi 24 septembre)
- 13. Mines terrestres antipersonnel et leurs conséquences humanitaires - Intervention de M. Jean BRIANE, député (UDF) (Mercredi 24 septembre)
- 14. Elargissement du Conseil de l'Europe : compétences budgétaires et administratives de l'Assemblée - Interventions de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) et M. Bernard SCHREINER, député (RPR) (Mercredi 24 septembre)
- 15. Protection des minorités nationales - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mercredi 24 septembre)
- 16. Activités de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en 1997 - Interventions de MM. Jean BRIANE, député (UDF) et Jean VALLEIX, député (RPR) (Jeudi 25 septembre)
- 17. Implications pour l'Europe et pour le monde du Cuban Liberty and Democratic Solidarity Act (dite " loi Helms-Burton ") voté par le Congrès des Etats-Unis (Jeudi 25 septembre)
- 18. Partenariat européen des parlements nationaux au sein de l'Assemblée parlementaire (Jeudi 26 septembre)
- 19. Création d'une commission sur l'égalité des chances pour les femmes et les hommes - Interventions de MM. Bernard SCHREINER, député (RPR) rapporteur pour avis, Daniel HOEFFEL, sénateur (UC), et de Mme Yvette ROUDY, députée (Soc) (Jeudi 26 septembre)
- 20. Education aux droits de l'homme (Vendredi 26 septembre)
- VI. LE DEUXIÈME SOMMET DES CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT DES ETATS MEMBRES DU CONSEIL DE L'EUROPE (STRASBOURG - 10 et 11 octobre 1997)
-
I. LA PREMIÈRE PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG -
du 27 au 31 janvier 1997)
- A N N E X E
-
LISTE DES TEXTES ADOPTES
AU COURS DE LA SESSION DE 1997
N°
435
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 16 juin 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom des délégués élus par le Sénat (1) sur les travaux de la Délégation française à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe au cours de la session ordinaire 1997 de cette Assemblée, adressé à M. le Président du Sénat, en application de l'article 108 du Règlement ,
Par Mme
Josette DURRIEU,
Sénateur.
(1) Cette délégation était composée en 1997 : MM. Nicolas About, Michel Alloncle, Daniel Hoeffel, Pierre Jeambrun, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Masseret, membres titulaires : M. Charles-Henri de Cossé-Brissac, Mme Josette Durrieu, MM. Jacques Legendre, Edouard Le Jeune, François Lesein, Serge Vinçon, membres suppléants. Au 17 septembre 1997 : MM. Nicolas About, Michel Alloncle, Mme Josette Durrieu, MM. Daniel Hoeffel, Pierre Jeambrun, Jean-François Le Grand, membres titulaires : MM. James Bordas, Marcel Debarge, Jacques Legendre, Edouard Le Jeune, François Lesein, Serge Vinçon, membres suppléants.
Conseil de l'Europe. |
INTRODUCTION
Le
présent rapport retrace les travaux de l'Assemblée du Conseil de
l'Europe au cours de sa session de 1997 dont les quatre parties se sont tenues
à Strasbourg, respectivement du 27 au 31 janvier, du 21 au 25 avril, du
23 au 27 juin et, enfin, du 22 au 26 septembre, ainsi que les travaux des
réunions groupées de commission, qui se sont tenues à
Bucarest du 26 au 28 mai.
Il récapitule
les activités des membres de la
Délégation française,
en particulier leurs
interventions dans les débats inscrits à l'ordre du jour des
quatre parties de cette session 1997, et présente un bref
résumé des rapports.
En
annexe,
figure la
liste de tous les textes adoptés
pendant la session de 1997.
*
* *
Cette introduction a pour objet de rappeler, d'une part, l'évolution de la composition de la délégation française pendant la session de 1997 et, d'autre part, l'évolution générale de l'Organisation.
A. COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE À L'ASSEMBLÉE DU CONSEIL DE L'EUROPE DURANT LA SESSION DE 1997
La délégation parlementaire française, commune aux Assemblées du Conseil de l'Europe et de l'UEO, comprend vingt-quatre députés (douze titulaires, douze suppléants) et douze sénateurs (six titulaires, six suppléants). L'Assemblée nationale renouvelle ses délégués après chaque élection législative générale et le Sénat, après chaque renouvellement triennal. En outre, des remplacements peuvent intervenir entre ces dates, notamment pour cause de démission d'un délégué. La présente section a pour objet de retracer la composition de la délégation au cours de l'année 1997 et ses évolutions.
1. Représentants de l'Assemblée nationale en 1997
Au
nombre de
24,
les représentants de l'Assemblée nationale
durant les trois premières parties de la session ordinaire de 1997 de
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe étaient :
Délégués titulaires (12)
: MM. Jacques BAUMEL
(RPR), Claude BIRRAUX (UDF), Jean-Michel BOUCHERON (Soc), Georges COLOMBIER
(UDF), René COUVEINHES (RPR), Robert GALLEY (RPR), Aloys GEOFFROY (UDF),
Denis JACQUAT (UDF), Gabriel KASPEREIT (RPR), Bernard SCHREINER (RPR), Jean
SEITLINGER (UDF), Jean VALLEIX (RPR).
Délégués suppléants (12)
: MM. Augustin
BONREPAUX (Soc), Jean-Guy BRANGER (UDF), Jean BRIANE (UDF), Christian DANIEL
(RPR), Jean-Claude DECAGNY (UDF), Xavier DENIAU (RPR), Charles EHRMANN (UDF),
Michel HUNAULT (RPR), Jean de LIPKOWSKI (RPR)
(1(
*
))
, Jean-Louis MASSON (RPR), Jean-Claude MIGNON (RPR),
Jean PRORIOL (UDF).
A la suite des élections législatives des 1er et 8 juin 1997,
l'Assemblée nationale a désigné le 25 juin une nouvelle
délégation :
Délégués titulaires (12)
: MM. Jacques BAUMEL
(RPR), Jean BRIANE (UDF), Claude EVIN (Soc), Raymond FORNI (Soc),
Guy LENGAGNE (RCV), Martin MALVY (Soc), Jean-François MATTEI (UDF),
Gilbert MITTERRAND (Soc), Henri NALLET (Soc), Jean-Claude SANDRIER (Com.),
Bernard SCHREINER (RPR) et Jean VALLEIX (RPR).
Délégués suppléants (12)
: MM. Claude
BIRRAUX (UDF), Paul DHAILLE (Soc), Mme Laurence DUMONT (Soc), MM. Charles
EHRMANN (UDF), François FILLON (RPR), Maxime GREMETZ (Com.), Georges
LEMOINE (Soc), Jean-Pierre MICHEL (RCV), Jean-Claude MIGNON (RPR), Mme Yvette
ROUDY (Soc), MM. Philippe SÉGUIN (RPR) et Kofi YAMGNANE (Soc).
Le 24 décembre 1997, M. Michel HUNAULT (RPR) a remplacé
M. François FILLON, démissionnaire.
2. Représentants du Sénat en 1997
Les
12
représentants du Sénat en 1997 étaient :
Délégués titulaires (6)
: MM. Nicolas ABOUT (Ap.
RI), Michel ALLONCLE (RPR), Daniel HOEFFEL (UC), Pierre JEAMBRUN (RDSE),
Jean-François LE GRAND (RPR), Jean-Pierre MASSERET (Soc).
Délégués suppléants (6)
: M. Charles-Henri
de COSSE-BRISSAC (RI), Mme Josette DURRIEU (Soc), MM. Jacques LEGENDRE
(RPR), Edouard LE JEUNE (UC), François LESEIN (RDSE), Serge
VINÇON (RPR).
M. Jean-Pierre MASSERET ayant été nommé Secrétaire
d'Etat aux anciens combattants le 4 juin 1997 dans le Gouvernement de M. Lionel
JOSPIN, son remplaçant n'a pu être désigné
qu'à l'expiration du délai d'option entre ses fonctions
ministérielles et son mandat de sénateur, délai arrivant
à échéance le 4 juillet, soit après la fin de la
session du Parlement. La désignation d'un nouveau membre pour
compléter la délégation du Sénat est intervenue le
17 septembre, au cours de la session extraordinaire réunie depuis le 16
septembre 1997.
Afin de pourvoir à cette vacance, M. Marcel DEBARGE, sénateur
(Soc) a été élu délégué
suppléant tandis que Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
précédemment délégué suppléant,
était élue délégué titulaire.
Au cours de la même séance, le Sénat a
désigné M. James BORDAS, sénateur (RI)
délégué suppléant en remplacement de M.
Charles-Henri de COSSÉ-BRISSAC (RI), démissionnaire depuis le 5
septembre 1997.
3. Bureau de la délégation en 1997
- Président : |
M. Jean VALLEIX |
Député |
(RPR) |
- Vice-Présidents : |
M. Pierre JEAMBRUN |
Sénateur |
(RDSE) |
|
M. Jean SEITLINGER |
Député |
(UDF) |
|
M. Jean-Pierre MASSERET |
Sénateur |
(Soc) |
|
M. Jean de LIPKOWSKI |
Député |
(RPR) |
- Secrétaire général : |
M. Daniel HOEFFEL |
Sénateur |
(UC) |
A la suite du renouvellement des délégués de l'Assemblée nationale, la Délégation s'est réunie le 16 septembre 1997 pour procéder à l'élection de son bureau, ainsi composé à la suite de cette réunion :
- Présidente : |
Mme Josette DURRIEU |
Sénateur |
(Soc) |
|
|
|
|
- 1er Vice-Président : |
M. Bernard SCHREINER |
Député |
(RPR) |
|
|
|
|
- Vice-Présidents : |
M. Pierre JEAMBRUN |
Sénateur |
(RDSE) |
|
M. Georges LEMOINE |
Député |
(Soc) |
|
M. Raymond FORNI |
Député |
(Soc) |
|
M. Marcel DEBARGE |
Sénateur |
(Soc) |
|
M. Jean-François MATTEI |
Député |
(UDF) |
|
|
|
|
- Secrétaire Général : |
M. Daniel HOEFFEL |
Sénateur |
(UC) |
|
|
|
|
-
Secrétaire Général
|
M. Claude EVIN |
Député |
(Soc) |
B. COMPOSITION DE L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L'EUROPE
1. Etats membres pléniers du Conseil de l'Europe
•
de 1949 à 1989
Plus ancienne organisation de coopération européenne, le Conseil
de l'Europe est fondé par le traité signé à Londres
le 5 mai 1949, entre cinq pays : Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas,
Royaume-Uni - rejoints par le Danemark, l'Irlande, l'Italie, la Norvège
et la Suède.
Les adhésions d'Etats de l'Europe occidentale se sont bientôt
succédé : 1949-1950 - Grèce, Turquie ; 1950 -
Islande ; 1951 République Fédérale d'Allemagne ; 1956 -
Autriche ; 1961 - Chypre ; 1963 - Suisse ; 1965 - Malte ; 1976 - Portugal ;
1977 - Espagne ; 1978 - Liechtenstein ; 1988 - Saint-Marin ; 1989 - Finlande.
•
de 1989 à fin 1997
Si la réunion des Etats d'Europe occidentale est à peu
près parachevée en 1989 avec l'adhésion de la Finlande
(Andorre n'a pu adhérer qu'en 1994, après une réforme
constitutionnelle), l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
anticipait sur l'union de tout le continent en créant le statut
d'"
invité spécial
" proposé dès
le 11 mai 1989 à quelques pays d'Europe centrale et orientale afin
d'associer, sans voix délibérative, des délégations
de leurs parlements aux travaux d'une Assemblée creuset du modèle
démocratique paneuropéen.
Réservé aux Etats qui "
appliquent et mettent en oeuvre
l'Acte final d'Helsinki du 1er août 1975 et les instruments
adoptés au cours des conférences de la Conférence sur la
sécurité et la coopération en Europe (CSCE) ainsi que les
deux pactes internationaux des Nations Unies du 16 octobre 1966 relatifs
aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et
culturels
" selon les résolutions 917 du 11 mai 1989 et
920 du 5 juillet 1989, le statut d'invité spécial fut
conféré à des délégations des Parlements de
quatre Etats qui étaient alors l'URSS, la Pologne, la
Tchécoslovaquie et la République socialiste
fédérale de Yougoslavie, dès le 8 juin 1989.
Bientôt étendu aux Parlements de la plupart des Etats d'Europe
centrale et orientale, au fur et à mesure de la formulation de leurs
demandes et de leurs progrès démocratiques, ce statut a peu
à peu fait place à des adhésions formelles dès lors
que le Comité des Ministres et les commissions compétentes de
l'Assemblée ont pu constater l'établissement des principales
règles de l'Etat de droit et par conséquent le respect des
dispositions du statut du Conseil de l'Europe, dans les différents Etats
candidats.
Ainsi sont devenus membres pléniers du Conseil de l'Europe les Etats
suivants : 1990 - Hongrie - Pologne ;
1991 - République
fédérative tchèque et slovaque (dissoute le
31.12.92)
; 1992 - Bulgarie ; 1993 - Estonie - Lituanie -
Slovénie - République tchèque ; - République
slovaque - Roumanie ; 1994 - Andorre ; 1995 - Lettonie - Moldova - Albanie
- Ukraine - Ex-République yougoslave de Macédoine ; 1996 -
Russie - Croatie.
Les délégués des Etats membres pléniers
siégeant à l'Assemblée parlementaire étaient,
au
1er janvier 1997
, au nombre statutaire de
286
titulaires et
autant de suppléants.
2. Parlements bénéficiant du statut d'" invité spécial " à l'Assemblée au 1er janvier 1997
Arménie (4 sièges)
Azerbaïdjan (6 sièges)
Biélorussie
(7 sièges)
(voir ci-dessous, § 3)
Bosnie-Herzégovine (5 sièges)
Géorgie (5 sièges)
(Le statut d'invité spécial ne comporte pas de
délégués suppléants).
3. Evolution au cours de l'année 1997
Accordé à la Bosnie-Herzégovine en 1995,
et, en
1996, à l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie, le
statut d'invité spécial avait été
conféré au Parlement de la Bielorussie en 1992, statut que le
Bureau a décidé de suspendre à son égard le 13
janvier 1997.
Initialement fixé à 3, lors de l'octroi du statut d'invité
spécial, le 28 janvier 1994, le nombre de représentants du
Parlement de Bosnie-Herzégovine a été porté
à 5 par décision du Bureau de l'Assemblée du Conseil de
l'Europe, le 18 mars 1997, pour tenir compte des effets démographiques
de la nouvelle organisation politique de la Bosnie-Herzégovine
définie par les Accords de Dayton en 1996.
L'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine ainsi que la
Géorgie ont formulé des demandes d'adhésion à titre
de membre plénier de l'Organisation, qui suivent la procédure
d'examen par les commissions compétentes de l'Assemblée
parlementaire, la Géorgie obtenant ce statut en 1999.
4. Etats bénéficiant des différents statuts d'observateur
•
Observateur permanent auprès de l'Assemblée
Dès 1961, le Règlement de l'Assemblée a été
modifié pour instituer une nouvelle disposition (article 53 devenu
l'article 55) qui prévoyait la possibilité d'admettre des
représentants d'Etats non membres du Conseil de l'Europe, à titre
d'" Observateurs permanents ", sans droit de parole (sauf
autorisation du Président de l'Assemblée) et sans droit de vote.
Ce statut fut conféré à la
Knesset
, Parlement de
l'Etat
d'Israël
dès 1957. Le nombre des
délégués est actuellement de
trois
titulaires et
trois suppléants.
•
Observateurs auprès du Conseil de l'Europe
Par une Résolution du 14 mai 1993, le Comité des Ministres
créait à son tour un statut d'observateur auprès du
Conseil de l'Europe. C'est ainsi que le statut d'Observateur auprès de
l'Organisation a été successivement conféré aux
Etats suivants :
- les Etats-Unis d'Amérique (1995),
- le Canada (1996),
- le Japon (1996).
*
* *
La
Résolution du Comité des Ministres prévoit que
"
le statut d'observateur ne donne le droit d'être
représenté ni au Comité des Ministres, ni à
l'Assemblée parlementaire, sauf décision spéciale de l'un
ou de l'autre de ces organes en ce qui le concerne ".
Si ni les Etats-Unis, ni le Japon ne semblent avoir demandé à
assister aux travaux de l'Assemblée parlementaire, en revanche, le
Parlement Canadien
a obtenu, par une Résolution de
l'Assemblée du 28 mai 1997, une invitation comme observateur permanent
et délègue
6 membres
à l'Assemblée.
Ainsi, à la fin de 1997,
le Conseil de l'Europe
comptait
40
Etats
membres pléniers
et 3 Etats
observateurs. L'Assemblée parlementaire
comptait, quant à
elle,
286 délégués
titulaires (et autant de
suppléants) représentant
les Parlements des 40 Etats
membres, tandis que les
Parlements de 4 Etats
bénéficiaient du statut
d'Invité spécial
à l'Assemblée parlementaire dont les délégations
comptaient, au total,
20 membres
,
avec voix consultative
, le
statut d'
Observateur
associant de même aux travaux de
l'Assemblée, des délégations parlementaires de
deux
Etats
comptant
9
membres titulaires au total, toujours avec
voix consultative
.
LES TRAVAUX DE L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE
DU
CONSEIL DE L'EUROPE
AU COURS DE LA SESSION DE 1997
I. LA PREMIÈRE PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 27 au 31 janvier 1997)
1. Introduction
A
l'ouverture de cette session 1997, après l'allocution de
M. Charles EHRMANN
, député (UDF), Président
d'âge, l'Assemblée a procédé au renouvellement de
son bureau.
Mme Leni FISCHER
(Allemagne - CDU-CSU) a
été réélue pour un deuxième mandat de
même que
M. Jacques BAUMEL
, député (RPR),
réélu Vice-Président au titre de la France.
Au cours de cette session, l'Assemblée parlementaire a entendu des
allocutions de :
-
M. Tiit VAHI
, Premier ministre d'Estonie ;
-
M. Mourtouz ALESKEROV
, Président de l'Assemblée
nationale d'Azerbaïdjan ;
-
M. Javier SOLANA
, Secrétaire général de
l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord - OTAN -
L'Assemblée a délibéré des questions suivantes :
- Le Rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente
(Rapport 7699 et ad. I, II, III, IV, V et VI), dont l'Assemblée a pris
acte ;
- La structure des commissions de l'Assemblée (Rapport 7723,
proposition de Directive 7737). Un amendement s'opposant à la
réduction du nombre des membres de la Commission de la Science et de la
Technologie a été adopté comme la Résolution ainsi
modifiée (n° 1107). L'Assemblée a également
adopté la Directive (n° 529) visant à étudier la
transformation de la Commission
ad hoc
sur l'égalité entre
les femmes et les hommes en Commission permanente de plein exercice ;
- En application des orientations retenues, l'Assemblée a
débattu ensuite de la création d'une Commission pour le respect
des obligations et des engagements des Etats membres du Conseil de l'Europe -
"Commission de suivi". L'Assemblée ayant adopté la
Résolution 1115, sur le Rapport 7722, cette Commission devrait
être constituée à la fin de la prochaine partie de la
session 1997, soit le 25 avril prochain :
- La Conférence intergouvernementale 1996 de l'Union
européenne. Le Rapport (7721) sur cette question a été
présenté par
M. Jean-Pierre MASSERET
, sénateur
(Soc), suivi d'un exposé de
M. Jacques SANTER,
Président
de la Commission européenne, avant que ne s'ouvre le débat,
commun avec la discussion du Rapport (7711) et de l'Avis (7731) sur les
conséquences pour l'Europe d'une Union Economique et Monétaire.
Sont intervenus dans ce débat
M. Jean-Pierre MASSERET
,
sénateur (Soc),
M. Jacques BAUMEL
, député
(RPR),
M. Jean VALLEIX
, député (RPR),
M.
Jean-François LE GRAND
, sénateur (RPR)
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc). A l'issue de ce
débat commun, l'Assemblée a adopté les Résolutions
1108 (CIG) et 1109 (UEM) :
- La sûreté nucléaire dans les pays d'Europe Centrale
et Orientale. Rapport 7714 -
M. Claude BIRRAUX
,
député (UDF) - et adoption, à l'unanimité, de
la Recommandation 1311 :
- La situation à Chypre.
M. Nicolas ABOUT
, sénateur
(ap. RI), est intervenu dans ce débat (Rapport 7717, Avis 7747 et
proposition de Directive 7743 - Résolution 1113) :
- La situation en République fédérale de Yougoslavie.
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc) est intervenue dans ce
débat (Rapport 7744 et Résolution 1110) ;
- Le respect, par la Russie et l'Ukraine, des engagements pris lors de
leur adhésion au Conseil de l'Europe de mettre en place un moratoire sur
l'exécution des peines capitales. Dans le débat qui porte sur les
Rapports 7746 (Russie) et 7745 (Ukraine),
M. Nicolas ABOUT
,
sénateur (ap. RI) a pris la parole dans ce débat qui s'est conclu
par l'adoption des Résolutions 1111 (Russie) et 1112 (Ukraine) ;
- Le respect des obligations et des engagements contractés par
l'Albanie. Dans le débat portant sur le rapport 7716,
M. Jean-Claude
MIGNON
, député (RPR), est intervenu (Rapport 7716, Avis 7738,
Recommandation 1312 et Résolution 1114) ;
- La mise en oeuvre des Accords de Dayton pour la paix en Bosnie et
Herzégovine.
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc) est
intervenue dans ce débat au cours duquel
M. Robert FROWICK
, chef
de la mission en Bosnie-Herzégovine de l'Organisation de la
Sécurité et de la Coopération en Europe (OSCE) a
présenté des observations (Rapport 7733 et Résolution
1116) ;
- Le respect des obligations et engagements contractés par
l'Estonie (Rapport 7715, Avis 7730, Résolution 1117, Recommandation
1313) ;
- Les nouvelles technologies et l'emploi,
M. Claude BIRRAUX
,
député (UDF), intervenant dans ce débat (Rapport 7713,
Avis 7727, Recommandation 1314) ;
- La demande, par le Comité des Ministres, de l'Avis de
l'Assemblée sur le projet de Convention européenne sur la
nationalité (Rapport 7718 et Avis 7719, Avis de l'Assemblée 200) ;
- L'âge minimal concernant le droit de vote (Rapport 7724 et
Recommandation 1315).
2. Discours de M. Charles EHRMANN, député (UDF), à l'ouverture de la session de 1997 (Lundi 27 janvier)
A
l'ouverture de la session annuelle de 1997,
M. Charles EHRMANN,
député (UDF)
, a prononcé, en sa qualité de
doyen d'âge, l'allocution suivante :
" Il m'échoit pour la troisième fois l'honneur de prononcer
le discours du Président d'âge. C'est un privilège
redoutable car l'âge est synonyme de sagesse et d'expérience.
Peut-être me jugerez-vous trop passionné par mon sujet.
Les institutions européennes : Conseil de l'Europe, Union de l'Europe
occidentale, Union européenne des Quinze sont en crise : l'avenir de
l'Europe est en jeu. Ou elles seront adaptées et l'Union
européenne des Quinze pourra valablement s'élargir à
vingt-cinq et créer un ensemble ayant une armée commune, une
monnaie commune, une politique extérieure commune et apparaître
comme la première puissance économique et financière du
monde capable de discuter à armes égales avec les grands Etats
d'Amérique ou d'Asie. Ou les réformes échoueront, et
l'Europe restera une masse politique informe, vaste zone de
libre-échange comme le veulent le Royaume-Uni et certains Etats. Cette
Europe sera incapable de réussir son entrée dans le XXIe
siècle, qui sera celui des grands ensembles américains et
asiatiques.
L'opinion européenne - frappée par la crise, traumatisée
par les mass-médias qui ne s'intéressent qu'à ce qui est
anormal - oublie ce qui a été fait et doute de l'avenir. Il est
du devoir de votre doyen qui a vécu la fin de la guerre 1914-1918, la
crise mondiale de 1929, prolongée jusqu'en 1939, la guerre 1939-1945,
les dizaines de millions de morts, de rappeler ce que les pères
fondateurs - Monnet, Schumann, Gasperi et bien d'autres, prolongés par
les de Gaulle, Adenauer, Giscard d'Estaing, Schmidt, Mitterrand, Kohl, et
j'en passe - ont apporté à la résurrection de l'Europe.
Il faut rappeler à l'opinion, qui l'oublie trop, que le Conseil de
l'Europe - il rassemble aujourd'hui quarante Etats - a donné
aux Etats qui en font partie le goût de la liberté. Il y a 8 ans,
en 1989, avant la chute du mur de Berlin, la moitié de l'Europe ployait
sous le joug des dictatures. Aujourd'hui, elle s'est libérée en
Pologne, en République Tchèque, en Hongrie, et même dans la
Serbie, difficilement, la Roumanie, la Bulgarie. La démocratie est en
marche. Certes, elle reste fragile et il y aura des retours en arrière
mais peu à peu la démocratie triomphera.
Le Conseil de l'Europe admet même des pays ne remplissant pas tous les
critères, mais avec l'espoir que, les ayant accueillis dans son sein, la
démocratie fera des progrès. Rappelez-vous ce que nous avons dit
au sujet de la Russie : eh bien, dans ce pays, depuis cinq ans, des
élections ont eu lieu au suffrage universel.
Mme la Présidente Leni Fischer, pour accroître encore le
rôle du Conseil de l'Europe, a pris l'initiative de réunir un
prochain sommet à l'automne 1997, sous la présidence
française, qu'elle en soit félicitée.
L'opinion ignore trop que l'Union de l'Europe occidentale, UEO, qui devrait
être le bras armé de l'Europe, mais n'en a pas les moyens, qui
souffre de la comparaison avec l'Otan et du rôle très important
des Etats-Unis, a cependant joué un rôle dans la crise yougoslave
par le blocus de l'Adriatique et de Belgrade.
Certes, il n'y a pas encore d'armée européenne, mais il y a
coopération entre la France, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie,
l'Allemagne. De plus, à Nuremberg, tout récemment, une
défense concertée, une imbrication des forces armées
françaises et allemandes due à : " des intérêts
de sécurité devenus indissociables " vont se
concrétiser, puisque L'UEO sera présidée en 1997 six mois
par la France, six mois par l'Allemagne et, durant le premier semestre 1998,
par l'Italie.
Enfin, la pièce essentielle des institutions c'est l'Union
européenne des Quinze. Les peuples ne doivent pas oublier qu'elle a
apporté cinquante-deux ans de paix entre l'Allemagne et la France. En
1919, les Français parlaient de " la der des der ", la
dernière des dernières. Vingt ans après on
recommençait ! A nouveau, des dizaines de millions de morts
et des ruines gigantesques !
Vous permettrez, je l'espère, à un orphelin de la guerre
1914-1918 - en septembre 1914, quand mon père a été
tué, je n'avais pas trois ans et ma mère en avait dix-neuf - de
vous dire que la pire des choses qui puisse arriver, c'est de voir des millions
de femmes perdre leurs maris, des millions de mamans perdre leurs enfants.
Or la paix est plus fragile qu'on ne le croit, comme le prouve ce qui s'est
passé en Yougoslavie. La guerre en 1914 a éclaté à
Sarajevo. Quatre-vingts ans plus tard la guerre n'a pas éclaté
à Sarajevo parce que l'entente France-Allemagne ne s'est pas rompue
malgré des points de vue différents.
Même si l'Europe n'apportait que la paix entre les anciens ennemis
héréditaires, elle mériterait d'être faite.
Toutefois la Communauté économique européenne, puis
l'Europe des Six, des Neuf, des Douze et des Quinze a apporté aux
peuples la richesse économique. La guerre de 1914-1918 a fait perdre
à l'Europe sa prééminence financière au
bénéfice des Etats-Unis ; celle de 1939-1945 a accentué
son recul.
Son réveil, aidé, nous le reconnaissons, par les
45 milliards de dollars du plan Marshall, est dû avant tout au
marché commun des Six, dont le succès a été tel que
des pays qui n'en faisaient pas partie - je pense notamment au
Royaume-Uni -ont voulu y adhérer : il est passé de six
à neuf, puis à douze, enfin à quinze et d'autres Etats
attendent avec impatience d'y accéder en Europe et en Asie. Je pense
à la Turquie.
Les peuples qui doutent ne doivent pas oublier que la libre circulation des
personnes et des biens a fait de l'Union européenne des Quinze la
première puissance économique du monde : 70 % de son
commerce se font entre les Quinze ; l'Allemagne est la deuxième
puissance économique du monde et si, par malheur, je le pense
profondément, l'Europe politique ne se faisait pas, beaucoup pensent,
comme moi, que l'Europe deviendrait, pour une grande part,
économiquement allemande et que le mark remplacerait facilement l'euro.
Quant à la France, elle est la quatrième puissance commerciale du
monde, l'Allemagne étant son premier fournisseur et premier
acheteur ; un Français sur quatre travaille pour l'exportation et
son agriculture, qui a triplé de volume depuis le marché commun,
est la principale bénéficiaire des 45 % du budget de l'Union
européenne consacrés à l'agriculture. Socialement, le
niveau de vie s'est beaucoup élevé dans l'Europe des Quinze : en
valeur constante, trois fois, dit-on. Les peuples ont cru que ces
progrès allaient toujours continuer et, dans l'histoire de France, on
apprend aux élèves qu'il y a une période de
" trente années glorieuses " qui vont à peu
près de 1950 à 1980.
Les Etats sont devenus des Etats de providence, d'assistance
généralisée ; les budgets de sécurité
sociale ont parfois dépassé ceux des Etats, comme en France,
preuve que les Etats étaient riches pour se permettre de tels efforts
sociaux.
Socialement aussi, des dizaines de millions d'étrangers attirés
par ces Eldorado se sont précipités pour y vivre, y être
soignés. Et puis, hélas, la crise est venue, s'ajoutant à
des gouvernements imprévoyants. Le résultat, c'est
18 200 000 chômeurs dans l'Europe des Quinze, dont
3,3 millions pour la France. Pour lutter contre cette crise, les
gouvernements prévoient des sacrifices, des pertes d'avantages acquis,
afin d'équilibrer les budgets ; d'où des conflits sociaux.
C'est dans cette atmosphère difficile que l'on veut créer l'euro
et réformer les institutions des Quinze, qui, prévues à
l'origine pour six, sont entièrement obsolètes pour quinze et le
seraient encore davantage si d'autres Etats entraient dans l'Union
européenne.
Le second souffle dont l'Europe a tant besoin doit être apporté
par la monnaie unique, l'euro. Aux Etats-Unis, le dollar est le facteur
essentiel de la grandeur, puisqu'il représente 70 % des
transactions commerciales du monde. En Europe, l'euro facilitera le tourisme,
permettra aussi de discuter à égalité avec les grands
Etats. Il provoquera même une réforme fiscale, qui est
nécessaire, un parallélisme entre tous les peuples et permettra
de résoudre en partie le problème social en réduisant les
lourdes charges qui pèsent sur les 17 millions de petites et
moyennes entreprises - ce qui leur permettra d'embaucher une bonne partie des
18 millions de chômeurs.
Au début, les conditions imposées - moins de 3 % de
déficit budgétaire du PNB, moins de 6 % de dette du PNB -
feront que seuls quelques Etats entreront dans le système de l'euro - le
plus possible seront autour de la locomotive France-Allemagne, mais le
succès de l'Euro obligera les autres, et je pense au Royaume-Uni par
exemple, à y participer comme il l'a fait pour l'Europe des Six.
Quant à la réforme des institutions de l'Union européenne,
elle consiste à donner aux grands Etats une place plus importante qu'aux
petits. C'est très difficile, car il y a parmi eux des Etats fondateurs
de l'Europe des Six et des hommes d'Etat de qualité. Et puis, il y a le
Royaume-Uni et son droit de veto, il y a les Cinq neutres ?
Pourtant, peut-on continuer - avec une présidence tous les six mois
dans l'Union européenne de vingt-cinq membres - à voir les grands
Etats moteurs n'être chacun Président que tous les
douze ans ? Peut-on voir la Commission européenne de
vingt membres - deux par pays pour les cinq grands, un par pays pour les dix
autres - déjà deux fois trop importante, être portée
à trente-deux membres, si les onze candidats étaient
admis ? Peut-on penser que le Conseil des Ministres qui, en
réalité, décide de tout et avec 87 membres - dont 40
pour 4 grands - soit porté à 130 et qu'une coalition des petits
puisse mettre les quatre grands en minorité ? Enfin, que
penserait-on d'un Parlement européen qui, ayant déjà 626
membres, en aurait 874 ?
L'approfondissement est donc une nécessité absolue avant tout
élargissement. D'ailleurs, cet élargissement
n'amènera-t-il pas des Etats agricoles dont les exportations nombreuses
seraient une ruine pour une Europe occidentale déjà
excédentaire ?
Ces Etats qui veulent entrer, et dont beaucoup sont pauvres, ne seront-ils pas
demandeurs de fonds structurels de l'Union européenne, ce qui obligerait
à beaucoup à augmenter les contributions des Etats qui
déclarent, n'est-ce pas, Monsieur Hoeffel, avoir atteint les
limites du possible ?
Cette Europe qui se cherche et qui veut dominer son destin historique d'Etats
rivaux ne doit-elle pas accentuer davantage son unité, en pensant -
c'est un méditerranéen qui vous le dit - au danger
intégriste musulman menaçant la Turquie, qui veut adhérer
à l'Union européenne, l'Europe du Sud, avec le sud de la
Méditerranée, et même l'Europe de l'Est avec l'Asie
centrale ?
Puissent tous ces points d'interrogation, trop nombreux, nous inciter à
construire une Europe plus unie. Puissent la France et l'Allemagne, conduites
par le Chancelier Kohl et le Président Chirac, plus européens que
jamais, créer un axe mobilisateur qui fera des réformes
difficiles et transcendera le droit de veto : mais réformes
nécessaires pour la création d'une Europe plus unie, plus
maîtresse de son destin !
Tel est le voeu ardent que votre doyen d'âge vous présente pour
l'année 1997. "
3. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente (Lundi 27 janvier)
Le
rapporteur indique d'abord que l'année 1997 sera marquée par
d'importants jalons, puisqu'il s'agira de préciser les missions des
différentes organisations européennes afin de définir,
conformément à la demande émise au sommet de l'OSCE, un
concept commun et global de défense du continent. L'Union
européenne devra décider une réforme en profondeur
susceptible de lui permettre de faire face à son élargissement et
aux défis économiques et sociaux. L'année sera
également cruciale pour la monnaie unique. On devra aussi définir
les conditions d'adhésion des nouveaux membres à l'Otan. Quant au
sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe, il sera
également déterminant pour l'avenir.
Compte tenu de ces échéances, il estime impératif de
réfléchir aux méthodes de travail du Conseil et conclut
qu'au seuil du deuxième millénaire, le Conseil de l'Europe aura
un rôle déterminant à jouer pour la paix du continent.
A l'issue de l'exposé, l'Assemblée a donné acte du rapport
d'activité du Bureau et de la commission permanente (rapport 7699 et ad.
I II III IV V VI).
4. Structure des commissions de l'Assemblée - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député (UDF) (Lundi 27 janvier)
Selon le
Rapport 7723, les commissions ont été mises en place à
l'époque où le Conseil de l'Europe comptait vingt-trois membres.
Avec quarante membres aujourd'hui, la structure doit s'adapter pour être
le reflet de l'évolution. En outre, de nombreux membres de
l'Assemblée estiment que le nombre de réunions est trop important.
Il y a aujourd'hui treize commissions. Si on devait augmenter ce nombre, les
petits pays éprouveraient de plus en plus de difficultés à
assister aux réunions. En outre, certains parlements nationaux estiment
qu'ils dépensent trop d'argent pour le Conseil de l'Europe. Il convient,
dès lors, de rationaliser la structure des commissions.
La nouvelle structure est plus simple et se fera sans charge
supplémentaire. La proposition de créer une nouvelle commission
sur l'égalité des sexes sera étudiée. On a
avancé l'idée de supprimer la commission des relations avec les
pays européens non membres car elle a rempli son mandat, pour
l'essentiel du moins, puisque l'on arrive au bout du processus
d'élargissement. Une structure plus simple est également
envisagée pour le monitorage.
Dans un esprit de rationalisation, les commissions à soixante-cinq
membres pourront créer jusqu'à trois sous-commissions et celles
à quarante-cinq membres jusqu'à deux sous-commissions. Il est en
outre proposé de nommer trois vice-présidents au lieu de deux
pour chaque commission.
L'amendement de M. Schieder en ce sens est une bonne chose. Le rapporteur
indique que la question de la création d'une nouvelle commission, dite
du suivi, sera examinée mercredi et qu'elle implique à ses yeux
la fin de la commission des relations avec les pays non membres. La nouvelle
structure devrait être mise en place en avril.
Le rapporteur conclut en indiquant que le projet de résolution est le
fruit d'une large concertation et a recueilli l'approbation des
différents groupes politiques.
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
a pris la parole
dans le débat en ces termes :
" J'aimerais intervenir sur le rôle de la commission de la science
en me réjouissant par avance que la Commission du Règlement ait
accepté notre amendement. La question posée est simple : la
commission de la science a-t-elle sa place au sein de notre Assemblée,
l'Assemblée des Droits de l'Homme.
La première réponse et le premier exemple qui viennent à
l'esprit, concerne la Convention de bioéthique, pour laquelle la
commission de la science était saisie au fond. Je me permets de
rappeler, mes chers collègues, que notre ancien collègue
Pallacios a travaillé dix ans sur ce dossier et nous ne pouvons
l'oublier.
Ce dossier de bioéthique est à l'exemple de beaucoup d'autres
dossiers dont nos parlements sont saisis : nous sommes amenés à
légiférer sur de plus en plus de textes à base
scientifique. Il nous faut pouvoir déchiffrer et comprendre un minimum
du contenu scientifique, pour que nos discussions juridiques et nos votes aient
un sens.
Nous avons récemment voté au Parlement français, une loi
sur l'air, largement inspirée par un rapport de l'Office parlementaire
des choix scientifiques sur la relation entre l'environnement et la
santé.
Notre Assemblée a commencé à se préoccuper des
technologies de l'information. Par delà l'aspect spectaculaire de la
révolution économique, culturelle et sociale que constitue
Internet, je pense qu'il est urgent et de notre devoir de nous pencher sur les
aspects éthiques, moraux, de respect et de la protection des droits
fondamentaux des citoyens.
Tout ce que est scientifiquement possible n'est pas moralement admissible. La
commission de la science est à même de faire le lien entre le
monde scientifique et les préoccupations fondamentales de notre
assemblée. Intrinsèquement, il n'y a aucune raison de
rétrograder notre commission de la science et de la technologie. Il y a
d'autant moins de raison que la commission a pris une autre dimension dans deux
domaines.
D'abord, les liens étroits et réguliers qu'elle a établis
avec diverses institutions internationales, comme l'Agence pour
l'énergie nucléaire de l'OCDE, l'Agence internationale pour
l'énergie atomique, l'Agence spatiale européenne, la Fondation
européenne de la science, le Comité des ministres de la Science
de l'OCDE, le réseau EPTA, des Offices parlementaires
d'évaluation, la Commission de la recherche du Parlement européen.
Ensuite, pour les pays d'Europe centrale et orientale elle joue un rôle
nouveau, mais essentiel en permettant des échanges et des débats
sur le rôle de la science et des scientifiques dans la
société. Il n'y a pas que l'économie à être
en transition. Le potentiel scientifique était orienté quasi
exclusivement au service du parti communiste et de ses objectifs politiques, au
mépris bien souvent des vérités scientifiques. Replacer
l'appareil scientifique, voire, selon son ancienne terminologie
" politico-scientifique " dans une perspective de
société de liberté et de responsabilité, au service
de l'économie et des citoyens c'est une nouvelle
" Révolution d'octobre " à réaliser et une
révolution de grande envergure.
Je me permets de vous rappeler l'excellent rapport que nous avons adopté
sur le rôle des sciences sociales pour ces pays de transition.
Enfin, à notre ordre du jour de demain, est inscrit un rapport sur la
sûreté nucléaire dans les pays de l'Europe centrale et
orientale.
Nulle autre commission que celle de la science n'est mieux placée pour
organiser le débat, confronter les analyses et faire prévaloir
que les progrès de la démocratie se mesurent aussi au respect que
l'on porte à la sûreté, pour les citoyens eux-mêmes,
car il n'y a pas de concept ou de valeur supérieur à l'homme.
J'espère vous avoir convaincu que la commission de la science a toute sa
place au sein de notre Conseil de l'Europe et que le rôle qu'elle a
joué, comme celui qui l'attend, justifient de son importance. Je
remercie d'ores et déjà la Commission du Règlement d'avoir
accepté cela. "
Assortie de plusieurs amendements, la résolution n° 1107
contenue dans le rapport n° 7723 est adoptée, ainsi que la
Directive n° 529.
5. Conférence intergouvernementale (CIG) 1996 de l'Union européenne et conséquences pour l'Europe d'une union économique et monétaire - Interventions de M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc), rapporteur, de MM. Jacques BAUMEL, député (RPR), Jean VALLEIX, député (RPR), Jean-François LE GRAND, sénateur (RPR) et de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mardi 28 janvier)
Présentant son rapport (7721)
M. Jean-Pierre
MASSERET
,
sénateur (Soc),
a formulé les observations suivantes :
" La Conférence intergouvernementale qui s'est ouverte il y a
quelques mois concerne les Etats membres de l'Union européenne de sorte
que nous sommes là en situation de spectateurs, mais de spectateurs
intéressés parce que tout ce qui touche à la construction
de l'Europe dans ses différents aspects, économiques, sociaux et
culturels, ne peut pas laisser dans l'indifférence l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe.
Nous avons déjà eu sur ce sujet un premier débat en
présence d'un ministre espagnol à l'époque et je ne crois
pas que la situation ait beaucoup changé depuis. Ce débat nous
avait permis de marquer deux ou trois de nos priorités, notamment dans
les domaines où nous exerçons une réelle compétence
: les droits de l'homme, le suivi de la situation démocratique et de
l'Etat de droit.
Nous approchons maintenant de la fin de la Conférence
intergouvernementale, puisque les négociateurs ont marqué
à Amsterdam, les 13 et 14 janvier 1997, leur volonté
d'aboutir avant la fin de la présidence néerlandaise,
c'est-à-dire avant le 30 juin 1997. Les questions en suspens
dans cette négociation portent principalement sur les notions
d'élargissement, sur la démocratisation des prises de
décision - des questions se posent au sujet de la majorité
qualifiée, de la co-décision, de la pondération des voix.
On a observé que l'axe franco-allemand continuait à fonctionner
puisqu'une lettre commune signée par le Chancelier Kohl et le
Président de la République française, M. Chirac, a
été adressée aux différents partenaires,
témoignant d'une certaine volonté politique pour cette
Conférence intergouvernementale. Il est probable que l'accord se fera
sur la base d'une synthèse entre le document irlandais et la lettre
franco-allemande.
Le débat de ce jour doit nous permettre de rappeler quelques-unes de nos
suggestions, de marquer quelques-unes de nos préoccupations. Mais il ne
faut que nous nous fassions trop d'illusions en cette affaire. Les
négociateurs de la CIG ne portent pas un réel
intérêt aux observations ou aux réflexions de notre
Assemblée parlementaire. Disons les choses comme elles sont. Soyons
suffisamment lucides et réalistes pour bien comprendre que, selon
l'expression française, " nous comptons pour du beurre ". On a
beau avoir de bonnes intentions, de bonnes réflexions, de bonnes
suggestions, encore faut-il que la réalité suive. Or la
réalité est ce que je viens de dire : la CIG porte peu
d'intérêt à ce que nous sommes capables de dire ou de
produire.
Cela ne nous empêche pas, avec la lucidité et le réalisme
nécessaires, de rappeler nos nécessités et nos
préoccupations, de faire part de nos suggestions en espérant au
bout du compte qu'il en sera malgré tout un tout petit peu tenu compte.
Quelles sont nos deux nécessités principales dans ce
débat ? D'abord, la nécessité d'unifier les
mécanismes de protection des droits de l'homme en Europe, ce qui est
notre travail principal à nous depuis l'après-guerre. Nous avons
mis en place un dispositif, la Convention européenne des Droits de
l'Homme, pour intervenir dans ce domaine fort important. Nous souhaiterions
qu'il y ait en quelque sorte unité de jurisprudence. On comprendrait mal
qu'il y ait une approche des droits de l'homme par l'Union européenne et
une autre approche par le Conseil de l'Europe. Sur ces questions fondamentales,
qui organisent la vie quotidienne, nous devons avoir une approche commune, une
unité de jurisprudence.
Nous rappelons ici régulièrement que nous sommes en faveur
notamment de l'adhésion de l'Union européenne à la
Convention européenne des Droits de l'Homme. Nous l'avons rappelé
en plusieurs occasions. Mais les informations que l'on peut recueillir au sujet
des négociations de la CIG manifestent les réticences d'un
certain nombre d'Etats. Il en est de nombreux qui ne souhaitent pas
l'adhésion de l'Union européenne à la Convention
européenne des Droits de l'Homme. En effet, ils ne veulent pas
subordonner la règle communautaire, la norme communautaire finalement,
à une institution autre que l'Union européenne.
Sur ce point essentiel, nous rencontrons donc une difficulté majeure
alors que logiquement ce point aurait dû être le plus apte à
réunir la vocation du Conseil de l'Europe et la vocation de l'Union
européenne, qui a une compétence très large dans tous les
domaines. A l'évidence, l'élargissement de l'Union
européenne à l'ensemble des Etats européens dans un
délai à déterminer, l'évolution des prises de
décision à l'intérieur de l'Union conduisent
nécessairement l'Union à absorber l'ensemble des problèmes
politiques posés au continent européen : politique
générale, politique économique, politique sociale,
compétence dans les droits de l'homme bien évidemment. Cela
viendra également... On a vu quelques rapports de l'Union
européenne venir contester le Conseil de l'Europe sur son proche champ
de compétence.
Ensuite, la nécessité d'unifier les mécanismes
d'appréciation sur le respect des principes démocratiques en
Europe. Il s'agit du fonctionnement de l'Etat de droit, de ce que nous appelons
dans notre Assemblée le monitoring. C'est tout le débat qui a
été engagé hier au sujet de la commission du suivi des
engagements. Dans ce domaine, il serait anormal que le Conseil de l'Europe ne
joue pas un rôle essentiel compte tenu de sa compétence. Tout ce
qui a été fait depuis une dizaine d'années pour faire
évoluer l'Etat de droit en Europe et toutes les résolutions, les
décisions, les contrôles qui ont été exercés
à partir de cette Assemblée parlementaire ont fait évoluer
positivement l'Etat de droit dans tout le continent européen à
partir des adhésions des pays qui se sont libérés du
modèle soviétique. De ce point de vue, l'apport de
l'Assemblée parlementaire a été remarquable au cours des
dernières années. Il serait dommage que l'on ne tienne pas le
plus grand compte du travail fait par notre Assemblée et par le Conseil
de l'Europe dans ce domaine. Telles sont les deux nécessités
principales. Le projet de résolution évoque d'autres questions,
l'Union économique monétaire, la monnaie unique pour se
satisfaire des perspectives qu'elle ouvre mais en insistant bien sur le fait
qu'elle doit concerner un grand nombre d'Etats, que sa mise en oeuvre unique ne
doit pas servir de prétexte à la destruction de la
cohésion sociale, des systèmes de protection sociale. Il faut au
contraire inscrire cette politique dans le cadre de la Charte sociale
européenne : on ne pourrait pas concevoir une monnaie unique, une
évolution économique qui ne tiendraient pas compte des
réalités sociales. Il ne faudrait pas que le mécanisme
mette en cause finalement toute l'identité européenne
affirmée dans la recherche d'une meilleure cohésion sociale et
d'une meilleure protection sociale.
Est évoqué également le conflit en ex-Yougoslavie, mais de
façon très modeste, pour démontrer la
nécessité d'une intervention européenne, la
nécessité de mettre en place demain une identité
européenne de défense. Parce qu'après tout le premier bien
dû à nos concitoyens, n'est-ce pas la paix et la
sécurité ? Sans paix et sécurité, aucune autre
politique n'est possible, ni économique, ni sociale, ni culturelle, ni
des droits de l'homme. C'est bien la paix et la sécurité qui sont
la base de toute l'évolution européenne depuis
l'après-guerre et qui justifient notamment la construction de l'Europe
aussi bien du Conseil de l'Europe, que de la CEE devenue Union
européenne.
Tels sont les points sur lesquels la commission des questions politiques
souhaite engager le débat, non sans rappeler que l'essentiel est la
nécessité d'unifier, d'une part les mécanismes de
protection des droits de l'homme, d'autre part les mécanismes de l'Etat
de droit - du suivi de l'Etat de droit. J'espère que sur ces deux points
l'Assemblée saura formuler les observations qui s'imposent et que ces
observations seront entendues par les négociateurs de la CIG, avec la
lucidité et le réalisme auxquels j'appelais tout à
l'heure. Il faut toujours garder un peu d'espoir parce que les bonnes
idées finissent toujours par triompher. "
M. Jacques BAUMEL, député (RPR),
intervient dans le
débat en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, la
révision du traité de Maastricht, qui était prévue,
a naturellement suscité une certaine espérance. En effet, pour
parler franchement, comment ne pas constater la faiblesse des progrès de
la Conférence intergouvernementale et le peu de résultat qu'elle
a obtenu jusqu'à maintenant ?
Pourtant, il s'agit d'une occasion exceptionnelle de réaffirmer un
certain nombre de principes essentiels pour l'avenir de l'Europe, car le monde,
tel qu'il est aujourd'hui, a plus que jamais besoin de l'Europe : d'une Europe
réelle qui ne soit pas seulement une Europe des marchands, mais
également une Europe des peuples ; d'une Europe de la puissance et
non pas d'une Europe des mots.
Croyez-vous que l'Europe continuera à intéresser nos peuples si
elle ne s'attache pas réellement aux problèmes essentiels qu'ils
rencontrent, tels que le chômage, l'inquiétude de l'avenir, les
difficultés de la vie quotidienne ou l'avenir des jeunes ?
Quels sont les véritables problèmes auxquels nous sommes
confrontés ? Le débat de ce jour, qui vient à point,
doit déboucher sur trois points précis comme l'a parfaitement
réaffirmé notre rapporteur, M. Masseret.
Il convient, en premier lieu de renforcer la légitimité
démocratique de l'Union européenne. Aujourd'hui, quelles que
soient les promesses de la campagne de Maastricht, il reste deux Europe ;
non pas l'Europe occidentale et l'Europe orientale, mais l'Europe des puissants
contre l'Europe des peuples. Il y a là une coupure, une véritable
" fracture sociale " européenne, avec un certain nombre de
responsables et d'institutions qui, vivant en vase clos, ont une existence
complètement artificielle et ne tiennent pas réellement compte de
la situation de la grande majorité des Européens. C'est la raison
pour laquelle le rôle des parlements nationaux est essentiel et ne doit
pas disparaître au profit du Parlement européen, qui a
déçu.
Le rôle des opinions publiques nationales est important pour tenter
d'impulser l'Europe des réalités par rapport à l'Europe
des songes, notamment en ce qui concerne la mise au point de la monnaie unique.
Aujourd'hui, le problème est différent : il ne s'agit pas de se
demander s'il faut ou non une monnaie unique, mais de savoir quand elle sera
possible, comment on y arrivera et le pourquoi de cette monnaie unique. Il ne
faut pas une monnaie unique pour M. Soros, mais une monnaie unique pour
l'amélioration du sort des peuples ; pas une monnaie unique pour
les marchés qui sont aujourd'hui les maîtres de la situation
- au-dessus des gouvernements, mais une monnaie unique pour affirmer une
puissance européenne dans la globalisation du monde, une monnaie mettant
fondamentalement en question l'économie et les relations de l'Europe
avec le monde.
Il faut donc renforcer, et c'est un point essentiel, la
légitimité démocratique de l'Union. Il convient
également de réaffirmer davantage son rôle en
matière de politique étrangère et de
sécurité. Comment n'avons-nous pas honte de l'impuissance de
l'Europe devant les événements intervenus ces dernières
années ? Comment ne voyons-nous pas que les divisions
européennes ont permis d'abord la prolongation de l'affreuse
tragédie de l'ex-Yougoslavie puis sa solution provisoire par
l'intervention - au dernier moment et après trois ans de combats et
d'assassinats - de la puissance américaine ?
Il n'y a pas d'Europe sans une Europe de la puissance, pas d'Europe sans une
Europe de la défense. Aujourd'hui, la puissance n'existe pas !
Il n'y a pas non plus d'Europe sans politique étrangère commune.
Or, il n'y a pas de politique étrangère commune européenne
: c'est bien pourquoi nous devons insister sur cet aspect de l'avenir de la CIG.
Il me faut terminer, et rapidement, puisque, malheureusement, sur des sujets
aussi importants, on nous mesure chichement quelques minutes, bien que je parle
au nom d'un groupe important de cet Assemblée. Voilà d'ailleurs
qui laisse à penser ce que nous représentons réellement :
quelques bavardages et quelques écrits qui finiront dans les dossiers du
Conseil de l'Europe !
Pour finir, je félicite M. Masseret, en espérant que le
présent débat puisse inspirer plus profondément et plus
sûrement la suite de la Conférence intergouvernementale, dont il
est essentiel d'espérer le succès pour l'avenir même de
notre continent. "
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
intervient à son
tour :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, après
avoir remercié le rapporteur, notre collègue, M. Masseret,
j'annonce que j'adhère aux grandes orientations sur lesquelles il a
fondé son intervention ainsi qu'aux grandes lignes de la
résolution proposée. Elle recommande que l'élargissement
de l'Union européenne préserve sa capacité de
décision et son caractère démocratique.
Elle insiste également à juste titre sur le fait qu'il est
indispensable que les relations entre l'Union européenne et le Conseil
de l'Europe soient clarifiées et renforcées car ces relations
doivent être fondées sur une étroite coopération et
sur la complémentarité, gages d'efficacité. Nos
concitoyens attendent cette efficacité pour que l'Europe puisse à
la fois garantir notre sécurité intérieure et
extérieure mais aussi préserver, restaurer ou renforcer sa
capacité à lutter contre le chômage.
Ce sont ces objectifs que doit viser la Conférence intergouvernementale,
laquelle doit respecter trois principes.
Premièrement, elle doit veiller à ce que soient respectés
les engagements et les calendriers fixés par le Traité de
Maastricht. Je pense particulièrement à l'Union monétaire.
Deuxièmement, elle doit affirmer la primauté du politique sur le
monétaire et sur l'économique qui ne doivent pas oublier le
social, point qui a été rappelé ce matin. Une
volonté politique forte est indispensable à l'efficacité
de l'Europe.
Enfin, c'est une Europe qui, en s'élargissant, doit être
fondée sur une politique véritablement communautaire qui ne
saurait se réduire au plus petit dénominateur commun d'un vague
consensus intergouvernemental.
Quatre exigences de réforme s'en dégagent.
Il faut d'abord un exécutif politique visible et des procédures
simplifiées.
Il convient ensuite que le contrôle démocratique soit
exercé par le Parlement européen et que les parlements nationaux
soient et restent associés à ce contrôle
démocratique.
On doit par ailleurs élargir les compétences de l'Union
européenne à la sécurité et à la politique
étrangères mais dans le strict respect du principe de
subsidiarité, laissant aux Etats mais aussi aux collectivités
territoriales le soin de traiter les problèmes parce qu'ils sont plus
proches du terrain.
Enfin, il faut que l'Europe avance au rythme de ceux qui ont la volonté
de la faire avancer car le temps presse.
Dans un tel contexte, il convient de ne pas oublier qu'il est fondamental que
cette Europe, quel que soit l'aspect institutionnel, ne saurait s'imposer que
dans le respect de valeurs morales, culturelles et spirituelles. C'est
là que le rôle du Conseil de l'Europe est fondamental. Il incarne
en effet le respect des droits de l'homme, le respect de la primauté du
droit, le respect des règles démocratiques. Comme le rappelait le
Président Santer, il exerce un véritable magistère
démocratique - et telle est bien la mission qui lui incombe.
En cette période de Conférence intergouvernementale, il faut que
le Conseil de l'Europe s'affirme ainsi sans complexe pour que sa voix se fasse
entendre et soit entendue. "
M. Jean VALLEIX, député (RPR),
prend également la
parole :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, je voudrais
d'abord exprimer un regret, celui qu'à l'occasion de cette session ne
soit pas prévue du tout une réflexion sur la préparation
du deuxième sommet du Conseil de l'Europe même si, ce matin et cet
après-midi, nous avons eu l'occasion d'aborder des problèmes
touchant à cette question. Ce sommet doit se dérouler dans huit
mois. Nous n'avons pratiquement plus qu'une session, celle d'avril, pour nous y
pencher de plus près.
J'en viens aux deux rapports dont l'Assemblée est saisie.
D'abord, en ce qui concerne la Conférence intergouvernementale, je
partage les analyses du rapporteur, mon collègue et ami
M. Masseret. Je renforcerai ses analyses par les observations que vient de
faire à l'instant Lord Mackie et celles que
M. Jacques Baumel a présentées ce matin, relatives
à la nécessité que s'accélère la
réflexion pour en arriver à une réelle avancée en
matière de défense et de diplomatie. L'Europe n'est pas qu'une
Europe de marchands, cela a été dit. Elle doit avoir une
personnalité, une identité ; l'une et l'autre se
défendant et s'organisant de la diplomatie pour l'organiser ; des
structures militaires pour la défendre. Il est vrai sur ce dernier point
que nous passons le relais plus spécialement à l'UEO.
Cela dit, je m'étonne, et nous nous étonnons tous, que la
Conférence intergouvernementale avance petitement, dans l'attente,
vraisemblablement, du renouvellement de la représentation parlementaire
d'un de nos partenaires importants, je pense à la Grande-Bretagne. C'est
un vrai handicap. On se demande comment, en si peu de temps - avril, mai, juin
- tout sera résolu à Amsterdam.
Il ne faudrait surtout pas qu'il s'agisse seulement d'une grande et nouvelle
fuite en avant qui conduirait à bondir vers l'élargissement sans
avoir réglé les problèmes, problèmes
institutionnels et difficultés de l'approfondissement.
Notre collègue M. Masseret, a élaboré, en notre nom
à tous, une série de propositions à l'intention de la CIG.
Elles concernent d'une part, la révision de l'article 230 du
Traité de Rome pour faire reconnaître le rôle du Conseil de
l'Europe, notamment dans des domaines couverts par le troisième pilier
de l'Union - sécurité intérieure et justice, d'autre part,
l'articulation entre le dialogue politique au sein du Conseil de l'Europe et la
PESC.
Qu'est-il advenu de nos propositions ? Rien ! Dans l'intervention de
M. Santer, ce matin, nous avons pu relever, sans aucune satisfaction,
qu'il n'y avait pas davantage de réponses. Voilà qui me
paraît préoccupant.
Mme Halonen, en revanche, a fort bien posé le problème en
soulignant que le Conseil de l'Europe disposait d'une expérience dont
l'Union européenne pourrait profiter dans le cadre de son propre
élargissement. De tels propos me paraissent beaucoup plus constructifs,
davantage que ceux qui nous invitent à vouloir apporter notre concours
à je ne sais quel " modèle de sécurité
intégré pour le XXIe siècle ", concept qui est
l'apanage de l'OSCE. Le Conseil de l'Europe doit donc se faire mieux entendre.
Notre inquiétude doit être celle de ne pas être assez
écoutés.
Le second rapport complète celui de nos deux rapporteurs, qui ont
conjugué leurs actions très complémentaires dans la
présentation de leur document.
Notre collègue M. Hoeffel a parlé de la volonté politique
qui paraît échapper à l'Union européenne : cette
volonté politique est autre chose qu'une simple volonté
économique financière, monétaire ou bancaire. Nous
préférons, au Conseil de l'Europe, que tous les dispositifs,
monétaire, bancaire et financier, soient au service de l'homme. Nous
préférons servir l'homme au lieu que les hommes, notamment les
Européens, soient gentiment invités à prendre le train de
l'Union européenne et monétaire, sans savoir très bien
dans quel état ils arriveront, le conducteur du train se
préoccupant peu apparemment de ses voyageurs.
Dans cette affaire je veux mettre en évidence un projet resté en
rade, celui des grands travaux européens. J'aimerais savoir - nous
aimerions savoir - où ils en sont !
Il est important aussi que nous traitions des problèmes relatifs
à l'avancée technologique et aux modifications que ce
progrès va entraîner sur l'emploi.
Il n'est ni honteux, ni sot, de penser que de grands travaux traditionnels
d'infrastructure dans les pays de l'Est et - pourquoi pas -dans certains des
nôtres, je pense à ma région Aquitaine, gagneraient fort
à une volonté un peu plus affirmée d'aménagement du
territoire, au niveau tant français qu'européen. Ces grands
travaux font partie de ces relances possibles et nous ferions bien d'y songer.
S'agissant des amendements relatifs à la monnaie unique
européenne, je voudrais dire combien je les soutiens car ils sont
indispensables à une approche plus parlementaire, et plus populaire. Je
soutiens également l'amendement, en forme de considérants, de
M. Atkinson.
Mes chers collègues, je souhaite que le Conseil de l'Europe se rende
indispensable dans sa mission humaine. "
M. Jean-François LE GRAND, sénateur (RPR),
s'exprime alors
en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, qu'à
mon tour il me soit permis de féliciter le rapporteur pour la
qualité de son travail ainsi que pour la pertinence de ses observations.
C'est une redite pour nous, membres du Sénat, puisque nous avons le
bénéfice des observations de M. Masseret assez
régulièrement.
Il ne faut pas que la Conférence intergouvernementale, une fois de plus,
paraisse trop étrangère aux préoccupations des citoyens de
l'Europe communautaire comme de la grande Europe, bref, que l'Union
européenne n'apparaisse pas toujours aussi technocratique, malgré
les efforts des gouvernements, dont le Gouvernement français qui fait de
l'Europe un enjeu citoyen et humaniste. Un orateur précédent
déclarait : " Ils doivent se demander s'il s'agit d'un point
final ". Souhaitons qu'il s'agisse d'un point d'exclamation suivi
d'effets !
Il faut des réformes institutionnelles, personne ne le conteste.
Il faut plus d'égalité dans les représentations des pays
membres, des institutions plus conformes aux règles
démocratiques. L'extension du vote à la majorité
qualifiée ne peut se faire sans cette indispensable réforme de la
pondération des votes au Conseil et des sièges au Parlement
européen.
Une association réelle des parlements nationaux au processus de
décision communautaire est nécessaire, en particulier pour
éviter les dérives de compétences et veiller à une
réelle subsidiarité.
De même, la Conférence intergouvernementale doit organiser une
réelle coopération avec le Conseil de l'Europe. Il est
déraisonnable de dupliquer les institutions d'assistance
démocratique ou encore de lutte contre le racisme et autres actions
diverses et variées. Cela constitue des sources de gaspillage de
crédits publics que nos concitoyens admettront de moins en moins, en
même temps qu'une sous-utilisation de capacités
d'ingénierie dans les domaines du Conseil de l'Europe.
Il convient également de rappeler le rôle de la Cour de justice
qui ne doit pas constituer une sorte de gouvernement des juges, privé de
toute légitimité démocratique.
Il faut affirmer le caractère politique de la PESC avec la
création d'un secrétariat spécifique confié
à une personnalité nommée par les chefs d'Etat et de
gouvernement.
Bien plus encore, les réformes institutionnelles, quelles qu'elles
soient, doivent être au service des attentes de nos concitoyens, qui vont
d'abord vers la préservation des modèles socio-économiques
européens, au lieu de privilégier un marché
incontrôlé ou les grands financiers mondialistes.
L'Europe technocratique, dans ses comportements actuels, prend un très
grand risque quand elle aboutit d'abord, au démantèlement des
services publics, principal instrument d'un développement harmonieux du
territoire alors que toutes les régions doivent bénéficier
de l'égalité d'accès aux grands services publics,
notamment les transports, la poste et les
télécommunications ; ensuite, à ouvrir sans
contrôle un grand marché unifié de 350 millions de
consommateurs à une concurrence mondiale faussée par le
non-respect de normes minimum en diverses matières : dans le domaine
social, où la globalisation doit respecter les normes de l'OIT, en
matière environnementale, où le dumping écologique menace
tous les équilibres de la planète, à long terme ; en
matière de protection des consommateurs, menacés par des
contrefaçons dangereuses ; enfin, en matière de
propriété intellectuelle, sous peine de tuer la recherche, et
donc le progrès pour tous.
Tels sont les vrais enjeux de la réforme de l'Union européenne.
En disant cela, je pense non seulement aux actuels Etats membres, mais aussi
à ceux d'Europe centrale et orientale qui ne se sont pas
libérés d'un certain nombre de jougs pour goûter à
des normes sociales rétrogrades.
Nous devons imposer les vraies réformes qu'attendent tous les citoyens
de l'Europe. Ils ne peuvent se réunir qu'autour d'un modèle de
civilisation, adapté sans doute, mais renforcé et non
démantelé. Méfions-nous des technocrates et des
idéologues qui font bon marché de toutes les règles qui
sont à la source de l'harmonie sociale. D'une part, nos plus grands
partenaires, les Etats-Unis ou le Japon, savent parfaitement protéger
leurs économies. D'autre part, ces idéologues, politiquement
irresponsables, ignorent les risques d'explosion sociale d'une Europe
communautaire comportant vingt millions de chômeurs et d'une Europe
centrale abandonnée à la misère et aux spéculations
mafieuses.
Telles sont les réalités politiques qu'il convient de rappeler
aux négociateurs de la réforme du Traité de Maastricht.
Donnons-leur mandat impératif de ne pas manquer une deuxième fois
le rendez-vous exaltant de l'Europe avec elle-même, avec les peuples qui
la composent, avec les citoyens européens. Ne pas le faire engagerait
notre responsabilité devant les générations futures.
En espérant que l'Assemblée adoptera les amendements qui ont
été déposés au nom de la commission des questions
économiques et du développement, je voterai ce rapport. "
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
s'exprime en ces
termes :
" Nous sommes partisans de l'euro mais nous voyons certaines conditions
à sa réussite : une monnaie unique pour l'Europe, oui, mais
le système monétaire européen a démontré ses
carences. Les Américains ont une monnaie, le dollar, et non pas
cinquante-deux, une par Etat. L'euro doit être un instrument de
puissance. Il doit renforcer le poids économique et politique de
l'Europe.
Le rééquilibrage du rôle des monnaies est nécessaire
alors que 60 % des échanges dans le monde se font en dollars, bien
que le PIB des Etats-Unis ne représente que 23 % de la masse
mondiale.
Le dollar fluctue et se dévalue. En quinze ans, de 1980 à 1995,
il a perdu les deux tiers de sa valeur par rapport au Deutsche Mark, ce qui a
causé des préjudices économiques et industriels.
L'euro ne doit pas être surévalué mais le dollar ne doit
pas être sous-évalué ! L'euro pourra opposer une
meilleure résistance aux chocs et aux spéculations ; il peut
favoriser une réforme du système monétaire international.
Un pacte de croissance et de stabilité, pourquoi pas ? Mais le
pacte qui a été adopté à Dublin par les Quinze ne
vas pas dans le bon sens. Oui, l'euro doit être crédible, l'euro
doit être un succès durable et les politiques de tous les
gouvernements doivent converger vers plus de rigueur. L'euro doit optimiser le
marché unique et favoriser les investissements, la croissance, les
échanges par la réduction du coût des transactions. L'euro
doit contribuer aussi à harmoniser les systèmes sociaux et
surtout il faudra bien élaborer un protocole social établissant
les normes communes essentielles, à inclure cette fois-ci dans le
traité.
Un Gouvernement européen ? La vraie question est là. Comment
faire émerger la volonté politique afin de ne pas laisser
à une banque centrale, fut-elle " un organe démocratique
responsable ", le pouvoir ou plutôt le monopole du pilotage des
économies européennes ?
Il faut à l'Europe une plus grande intégration politique. Il faut
renforcer l'Union européenne avant de l'élargir. Sinon, dans une
simple zone de libre-échange, elle se désintégrera. "
M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR),
intervient dans le
débat :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, je suis
heureux de poursuivre aujourd'hui, avec vous, la réflexion sur la mise
en place d'une union économique et monétaire que nous avons
engagée lors de la dernière session de l'Assemblée du
Conseil de l'Europe en décembre dernier. Depuis, j'ai
réfléchi aux questions que nous nous étions alors
posées et auxquelles nous avions tenté de répondre. Je
souhaiterais, avec votre accord, vous exposer mon opinion sur ce que seront les
conséquences d'une union économique et monétaire.
"
Nul ne veut l'Europe plus que moi
" a récemment
déclaré Philippe Séguin, Président de
l'Assemblée nationale française. Permettez-moi de reprendre cette
affirmation. Si j'ai fait campagne contre le Traité de Maastricht, j'ai
toujours été un fervent défenseur de l'Europe. Ce
traité a été voté par les Français et
ratifié par les pays membres de l'Union européenne ; il ne
s'agit plus de savoir s'il faut ou non faire l'UEM, mais d'en cerner les
conséquences, d'en déceler les dangers afin que chaque pays
puisse en tirer le meilleur parti.
Le temps de parole imparti pour ce type d'allocution étant relativement
court, j'insisterai de façon plus approfondie sur quelques thèmes
relatifs à l'union économique et monétaire qui me tiennent
à coeur.
Tout d'abord l'indépendance de la future banque centrale
européenne et le rôle qui lui est dévolu sont des sujets
qui, je dois le reconnaître, me préoccupent.
Cette indépendance de la banque centrale européenne est, à
l'origine, une idée défendue par l'Allemagne, nos voisins
d'outre-Rhin ayant une banque centrale, la Bundesbank, en principe
indépendante. Je tiens toutefois à faire remarquer que, dans les
faits, il n'en a pas toujours été de même. Ainsi, lors de
la réunification, sous la pression politique de Bonn, la Bundesbank n'a
pas réussi à imposer un taux de conversion de un Deutsche Mark
ouest-allemand pour deux Marks est-allemands. Faut-il se trouver face à
un événement de cette importance pour que le pouvoir politique
puisse faire entendre sa voix et participer à la prise de
décision dont les conséquences concernent l'ensemble des
citoyens ? Ma réponse est claire : non !
Le rôle dévolu à la banque centrale européenne est
un problème crucial. Peut-on accepter que la politique monétaire
soit décidée par un organisme unique, technique, aux attributions
encore plus étendues que la Federal Reserve Bank aux Etats-Unis ?
La politique monétaire est un instrument autant politique
qu'économique : elle doit être en priorité au service
de la croissance et de l'emploi. Il serait donc, à cet égard,
logique d'entreprendre une redistribution des responsabilités en rendant
au politique, seule expression légitime de la volonté des
peuples, sa juste place. La politique ne doit pas découler du
monétaire comme cela est prévu. Ce raisonnement est
dangereux ; il risque d'enfermer le projet d'union économique et
monétaire dans une mécanique trop abstraite où
l'autorité légitimement investie n'aurait plus place.
Il convient aujourd'hui de parvenir à un équilibre entre
l'indépendance et les compétences dévolues à la
banque centrale européenne et la responsabilité de cette
institution devant les citoyens. On ne peut pas construire l'Europe
monétaire sans légitimité politique. C'est pour cela que
je réaffirme ma volonté de voir les gouvernements des pays
participants à l'UEM exercer un contrôle politique sur les
activités de la banque centrale européenne.
Je me réjouis de remarquer que certaines dispositions ont
déjà été prises. Ainsi, le président et les
membres du comité de direction de la banque centrale européenne
seront nommés par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays
participant à l'union économique et monétaire,
après consultation du Parlement européen, ce qui constitue
à mon avis, déjà une certaine garantie. De même, le
fait que ce président devra rendre compte des actions de la banque
centrale européenne et présenter sa politique monétaire
devant le Parlement européen va dans le sens d'un contrôle
démocratique des activités de la banque centrale
européenne.
Ces dispositions déjà prises sont-elles suffisantes ? Les
gouvernements ne pourront certainement, dans les faits, n'exercer qu'une
représentativité limitée. Et le Parlement européen,
certes démocratiquement élu mais trop éloigné des
préoccupations quotidiennes des citoyens, ne dispose d'aucun pouvoir
législatif. Je souhaite donc que des dispositions supplémentaires
soient décidées afin que les citoyens, par la voix des
représentants politiques qu'ils ont désignés, puissent se
faire entendre.
Je veux ensuite appeler votre attention sur les délais de mise en place
d'une union économique et monétaire et sur ce que cela suppose
quant à l'acceptation de la monnaie unique par les citoyens.
N'oublions pas que les critères de Maastricht ont été
fixés à un moment où la conjoncture économique
était plus favorable qu'elle ne l'est maintenant. N'oublions pas
également que l'euro sera la première réalisation de
l'Union européenne qui concernera les citoyens dans leur vie de tous les
jours. De plus, comme l'a déclaré M. Dehaene, Premier ministre du
Royaume de Belgique, lors de la table ronde sur l'euro de janvier 1996,
"
l'obstacle majeur pourrait bien ne pas être les critères
de Maastricht en tant que tels, mais bien l'opinion publique
".
Si l'on confisque au peuple son droit naturel de participer à la prise
de décision, si nos concitoyens ont l'impression que cette union
monétaire se fait dans la précipitation, un vent de
mécontentement social risque de se lever et le projet peut ainsi
échouer. N'entraînons pas le peuple dans une fuite en avant, vers
un inconnu qui lui fait peur. Les échecs de l'histoire européenne
ont été les tentatives de fédérer par la force. Ne
lui imposons pas, par simple souci de respect du calendrier, une union
économique et monétaire tant que nous n'en avons pas cerné
les conséquences. "
On ne fera pas l'Europe si on ne la fait pas
avec les peuples et en les y associant
" déclarait, il y a
vingt-cinq ans, le général de Gaulle. Ses propos sont,
aujourd'hui plus que jamais, d'actualité.
Il est nécessaire d'ouvrir un débat, véritable forum
démocratique, dans lequel nous prendrons le temps de
réfléchir et de repenser, en toute sérénité,
les conditions de réalisation de l'UEM. "
La monnaie unique doit
être au moins aussi bonne que la meilleure des monnaies
européennes
", selon l'avis du commissaire européen
Yves-Thibault de Silguy. Pour que l'euro remplisse ces conditions, je vous
invite aujourd'hui non pas à remettre en question le processus d'UEM
engagé - qui a été démocratiquement
décidé - mais à faire attention à ne pas
entraîner nos concitoyens dans une entreprise aux résultats
incertains et à analyser comment nos pays peuvent aborder ce tournant de
la construction européenne.
Enfin, je tiens à vous faire partager mon inquiétude sur la
question du taux d'entrée de nos différentes monnaies nationales
dans le système de l'euro. Je rejoins ici les déclarations
récentes de Valéry Giscard d'Estaing, ancien Président de
la République française, lui aussi Européen convaincu. Il
ne faut pas rater l'entrée de nos devises dans ce processus, ce dernier
étant définitif, irréversible : nous n'avons pas
droit à l'erreur ! Là encore, je désire ouvrir un
dialogue et débattre sur cette question.
Enfin, je souhaiterais conclure mon intervention en essayant de répondre
à cette question : l'Europe, qualifiée à juste titre
par Jacques Delors d' " objet politique non identifié ",
est-elle suffisamment unie du point de vue politique pour assurer la
réussite du projet d'union économique et monétaire ?
A l'heure actuelle, nous ne pouvons pas dire que l'Union européenne est
réellement unifiée au plan politique. Les pays membres ne
disposent d'aucune représentation démocratique : la
Commission européenne est composée de bureaucrates et de
commissaires nommés et non élus. Insuffisamment visibles,
jugées trop lointaines, les institutions européennes apparaissent
au fur et à mesure que les transferts de souveraineté se
réalisent comme peu démocratiques. Ce déficit de
démocratie tient tout à la fois au rôle insuffisant du
Parlement européen, à la parcellisation des
responsabilités politiques au Conseil des ministres et à
l'insuffisance assise politique de la Commission.
Avec l'Union économique et monétaire, ce déficit
démocratique se renforcera certainement. Actuellement, les parlements
nationaux voient, entre autres, leur politique économique et
étrangère se décider à Bruxelles par la Commission.
Avec l'union économique et monétaire, leur politique
monétaire sera menée depuis Francfort par la banque centrale
européenne. Voulons-nous vraiment qu'un tel scénario se
déroule sous nos yeux ?
L'Europe monétaire exige un contrepoids politique, c'est à nous,
au sein de cette Assemblée parlementaire, de faire entendre la voix de
nos citoyens afin de parvenir à une union économique et
monétaire réussie. "
M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc),
reprend la parole en ces
termes :
" A mon tour, je veux remercier les différents orateurs. Leurs
interventions ont permis d'approfondir la réflexion, notamment sur les
changements institutionnels nécessaires dès lors que l'on
envisage l'élargissement de l'Union européenne.
Sur cette question, les intervenants ont souligné les points qui leur
paraissent devoir être approfondis lors de la Conférence
intergouvernementale, en particulier le besoin de démocratie, de prise
de décisions démocratiques, pour une meilleure adhésion
des citoyens européens.
La lutte contre le chômage est un sujet qui est revenu très
souvent et, il est vrai, cette question sociale est au coeur des
préoccupations de nos sociétés. Tous les orateurs y ont
porté un grand intérêt.
A été également soulignée la
nécessité de faire prévaloir la question de la
sécurité en Europe.
Enfin, confirmation de ce que nous avions indiqué ce matin en
préliminaire, a été mise en avant la défense des
points forts du Conseil de l'Europe dans le cadre des relations entre notre
Organisation et l'Union européenne, à savoir les droits de
l'homme et le suivi de l'Etat de droit dans les divers pays membres de la
Communauté européenne.
Sur ces deux derniers points, je ne suis pas sûr que nous aurons obtenu
de M. Santer toutes les garanties. En particulier, l'adhésion de
l'Union européenne à la Convention européenne des Droits
de l'Homme ne paraît pas quelque chose d'acquis. J'aurais même
tendance à penser que la Conférence intergouvernementale
n'aboutira pas sur ce point pourtant élémentaire et que
l'adhésion ne se produira pas. Un enfant de l'école maternelle
comprendrait aisément la nécessité de ne pas avoir de
différences dans les normes juridiques ou dans les jurisprudences
relatives aux droits de l'homme. Il y a donc incompréhension totale de
la part de l'Union européenne vis-à-vis de la revendication
simple que nous avons avancée.
Nous avons essayé de nous faire entendre, tout au long de cette
journée : y sommes-nous parvenus ? L'avenir qui le dira. En
tout cas, merci à celles et à ceux qui ont appuyé le
projet de résolution et le rapport que j'ai présenté au
nom de la commission des questions politiques. "
A la suite de ce débat,
sont adoptées la résolution
1108 contenue dans le rapport 7721, amendée, ainsi que la
résolution 1109 contenue dans le rapport 7711 également
amendée.
6. Exposé de M. Jacques SANTER, Président de la Commission européenne - Intervention de M. Jacques BAUMEL, député (RPR) (Mardi 28 janvier)
Au
Président de la Commission européenne, qui souligne le nouveau
partenariat existant entre le Conseil de l'Europe et l'Union européenne
dans la construction de l'architecture du continent et rappelle que l'Europe
élargie se fera dans le respect de la dignité de chaque
être humain grâce à l'apprentissage de la démocratie,
M. Jacques BAUMEL, député (RPR),
adresse la question
suivante :
" Monsieur le Président, pourquoi la Conférence
intergouvernementale accorde-t-elle si peu d'importance aux problèmes de
défense et de sécurité ? Qu'adviendra-t-il, puisqu'il
est prévu que l'UEO sera placée sous l'autorité de l'Union
européenne, quand l'élargissement de l'Union européenne
fera participer des pays neutres ou qui n'acceptent de faire aucun effort de
défense, si des décisions doivent être prises sur des
problèmes de sécurité européenne ? "
M. Jacques SANTER
, Président de la Commission européenne,
répond ainsi :
" Monsieur Baumel, il est évident que les questions de
sécurité doivent revêtir une forme tout à fait
particulière. Jusqu'à ce jour, la Conférence
intergouvernementale n'a pas encore traité de ce point important, mais
elle l'abordera certainement, car c'est l'un des sujets cruciaux qui fait
partie de ce que l'on appelle aujourd'hui dans notre jargon " le
deuxième pilier " ensemble avec la politique
étrangère commune.
A cet égard, la sécurité commune doit faire l'objet d'une
révision dans le Traité. Jusqu'à présent, aucune
décision n'a été prise ; seules des propositions ont
été présentées par certains Etats membres comme, du
reste, par la Commission européenne. Elles visent à de plus
larges relations entre l'Union européenne et l'UEO et, à travers
cette dernière, au renforcement du pilier européen de
défense au sein de l'Alliance atlantique.
Tel est brièvement exposé notre objectif. Bien entendu, cela pose
nombre de problèmes. Vous avez souligné celui des pays neutres.
Lorsque je suis dans ces pays, je leur demande de m'indiquer le contenu d'une
politique de neutralité. Au demeurant, la neutralité
revêt-elle aujourd'hui la même signification qu'il y a une
vingtaine d'années? Sur le sujet, un grand débat s'est
instauré au sein des Etats membres. Il convient d'étudier de
quelle façon régler la question en relation avec les
problèmes liés à la
sécurité. "
7. Sûreté nucléaire dans les pays de l'Europe centrale et orientale - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député (UDF), rapporteur (Mardi 28 janvier)
Présentant son rapport écrit (Rapport 7714),
M.
Claude BIRRAUX, député (UDF),
s'exprime ainsi :
" C'est en été 1991 que l'Agence internationale pour
l'énergie atomique, qui n'est pas précisément une
organisation antinucléaire, lançait un cri d'alarme concernant la
sûreté de la centrale bulgare de Kozloduy. Le monde
découvrait qu'il y avait du danger nucléaire lié aux
conceptions soviétiques en général et non plus seulement
à Tchernobyl.
Ce cri d'alarme de l'AIEA a été relayé par de nombreux
organismes, en particulier le G7. Les initiatives se sont multipliées :
programmes Phare et TACIS de l'Union européenne, compte
sûreté nucléaire ouvert à la BERD et alimenté
par des dons volontaires, coopération bilatérale, prêts
Euratom. Force est de constater que le signal d'alarme tiré par notre
Assemblée, comme l'urgence affirmée par chaque réunion du
G7 ou sommets européens, n'ont pas eu les effets immédiats
escomptés.
La fermeture de Tchernobyl devenait le symbole de cette urgence
déclamée et réclamée sur les tréteaux
internationaux. Le système soviétique n'était pas
tombé en même temps que la statue de Lénine et faisait de
la résistance. Il a fallu attendre décembre 1995 pour que la
décision soit formellement prise, et il faudra attendre l'an 2000
pour que Tchernobyl s'arrête. Les problèmes liés à
la centrale ne s'arrêteront pas à cette date.
Notre Assemblée a adopté en 1993 une recommandation qui
constituait déjà un document avancé à cette
époque et qui tenait compte des réalités
énergétiques et des possibilités techniques :
amélioration de l'exploitation, modernisation ou fermeture des
réacteurs. Nous insistions sur la nécessité de la
création d'un mécanisme de décision à haut niveau
et d'un engagement financier à la hauteur des enjeux.
Le rapport que je présente au nom de la Commission de la science et de
la technologie dresse un tableau global de la situation dans chaque pays et des
différentes initiatives internationales et leur financement.
Il faut reconnaître que l'Union européenne, malgré les
défauts que j'avais dénoncés en 1993, a été
le principal financeur de ces actions d'assistance. Il faut aussi porter
à son crédit les améliorations apportées à
son environnement technique, en dépit de la pesanteur persistante
d'idéologies propres et de cohérences internes parfois peu
lisibles - en d'autres termes, des conflits entre directions.
Je souhaite préciser d'emblée plusieurs points : ce rapport
traite de la sûreté des installations nucléaires
exclusivement ; il n'englobe pas les aspects déchets, combustibles,
réacteurs militaires ; la sûreté nucléaire,
c'est tout ce qui a trait au fonctionnement de la Centrale ; la
sécurité nucléaire, c'est tout ce qui concerne
l'extérieur de la Centrale : les rejets, la protection des populations,
les plans d'urgence.
Comment a évolué, depuis 1993, le contrôle
international ?
La Convention sur la sûreté nucléaire,
négociée sous les auspices de l'Agence de Vienne, ou AIEA,
entrée en vigueur le 24 octobre 1996 et ratifiée par
soixante-trois pays, prévoit l'élaboration par les Etats
concernés des rapports sur la sûreté des installations
nucléaires et l'examen de ces rapports, régulièrement,
lors de réunions communes. Elle affirme des principes connus à
l'Ouest, souvent ignorés à l'Est, comme l'indépendance des
autorités de sûreté, leur pouvoir réel ou la
transparence sur les incidents.
Le
Memorandum of Understanding
sur Tchernobyl présente
l'engagement du G7 et de l'Ukraine pour arriver à la fermeture de la
centrale en l'an 2000 : amélioration à court terme des
unités encore en fonctionnement, construction d'un nouveau sarcophage,
achèvement des centrales de Rovnoa, Khmelnitsky, l'élaboration
d'un plan d'impact social, pour atténuer les effets économiques
et sociaux de la fermeture de Tchernobyl.
On peut espérer que tous les engagements seront tenus, mais il n'y a pas
de certitude absolue, l'Ukraine, qui consacrerait près de 10 % de
son budget pour faire face aux conséquences de l'accident de 1986,
pouvant être tentée de faire monter les enchères.
Le Sommet de Moscou sur la sûreté nucléaire a permis dans
ses conclusions d'affirmer par tous les participants, y compris la Russie, le
principe de la primauté de la sûreté sur toute autre
considération. Cela semble évident, mais ce n'était pas le
cas dans le système communiste soviétique. Le Sommet de Moscou a
confirmé par les signataires,
le Memorandum of Understanding
sur
Tchernobyl et la Russie a accepté de signer la Convention de Vienne sur
la responsabilité civile en cas d'accident nucléaire.
En ce qui concerne les initiatives financières, un constat s'impose : le
décalage flagrant entre les besoins estimés pour une remise
à niveau de la sûreté et les moyens mis en oeuvre par les
différents financeurs.
Il faut y ajouter la complexité des procédures, où il
n'existe pas des critères d'intervention communs. Je pense à la
BERD, où chaque pays contributeur peut imposer, sur des motivations
diverses, des critères supplémentaires avant de donner son accord
au financement.
Le rapport présente un bref aperçu des différents types de
centrales et de la situation dans les différents pays.
Je serais tenté de classer les pays en deux catégories : ceux qui
ont intégré les exigences de sûreté avec tout ce que
cela implique dans les procédures et dans la pratique : Hongrie,
Slovaquie, Tchéquie ; ceux qui continuent à travailler avec
un discours, certes sur la sûreté, mais où les habitudes
néfastes héritées du communisme sont toujours vivaces ou
bien qui manquent de moyens, ou bien encore où le nucléaire est
un enjeu politique : Russie, Ukraine, Bulgarie laissée orpheline par le
départ des soviétiques en 1989.
Par-delà les sensibilités politiques ou philosophiques de chacun
sur l'utilisation de l'énergie nucléaire - débat que nous
ne sommes pas en mesure de trancher - nous devons avoir à l'esprit que
la sûreté nucléaire s'impose à tous.
La sûreté nucléaire n'est pas un luxe pour pays riches,
mais une nécessité pour tous. La sûreté
nucléaire n'est pas non plus un enjeu de pouvoir. Elle est
constituée d'un ensemble de règles, de comportements que l'on ne
saurait ignorer, ni oublier ou combattre selon son positionnement politique.
La sûreté nucléaire n'est pas une étiquette que l'on
colle sur un dossier que l'on range sur une étagère. Cela ne
s'achète pas non plus à l'extérieur pour être
porté comme un badge. Cela se construit chaque jour, à tous les
niveaux des intervenants du nucléaire.
La sûreté nucléaire passe par l'amélioration du
cadre juridique, qui définit le rôle et les compétences des
différents intervenants et les principes qui régissent leurs
rapports ; par la création ou le renforcement de véritables
autorités de sûreté, qui doivent voir leur
indépendance et leur pouvoir reconnus et garantis par le pouvoir
politique. Les intérêts des exploitants et les
nécessités de la sûreté peuvent être en
opposition. Il faut donner les moyens aux autorités de
sûreté de faire prévaloir en toutes circonstances les
impératifs de la sûreté par l'instauration d'une
véritable culture de sûreté. La culture de
sûreté, c'est cet état d'esprit qui anime chaque jour tout
travailleur du nucléaire - de l'ouvrier au directeur - et qui lui fait
se demander : " Que puis-je faire, à mon poste, pour
améliorer la sûreté ? ". C'est porter au plus
haut point la conscience de son rôle quotidien au service de la
sûreté.
Des jumelages entre centrales de l'Est et de l'Ouest ont permis des
échanges de travailleurs qui ont pu ainsi voir et mesurer comment se
vivait la culture de sûreté. Ces types de jumelages doivent
être encouragés car c'est par la pratique que l'esprit de
sûreté progressera. Il faut dire, pour la bonne information de
l'Assemblée, que dans les régimes communistes, seule comptait la
production et que toute manoeuvre qui arrêtait la production était
sanctionnée.
Je reconnais que ce message de la sûreté n'est pas toujours facile
à faire passer et que les discours tenus par les occidentaux gagneraient
à être clarifiés. Il leur faut aussi éviter
l'attitude " impérialiste " : il y a des compétences
dans les pays d'Europe centrale et orientale, mais elles étaient mal
utilisées dans le système communiste. Nos procédures sont
encore souvent trop compliquées, trop longues. J'ai toujours
pensé qu'il y avait beaucoup plus à se partager le fardeau de
l'amélioration de la sûreté de l'Etat, qu'à faire
des bénéfices pour les entreprises. On a souvent parlé de
Plan Marshall pour la sûreté nucléaire. On devrait se
souvenir des modalités de son application qui ont fait son succès
et son efficacité.
Enfin, dans des pays en transition, où les problèmes
économiques et sociaux sont aigus, il faut une très grande
volonté politique et une stratégie bien affinée pour
réorienter la politique énergétique ou décider de
la fermeture d'une centrale.
Néanmoins, depuis quatre ans, date de l'adoption de notre
recommandation, les choses ont évolué. La prise de conscience
semble s'être étendue, le Sommet de Moscou tend à le
prouver. Vous me trouverez prudent. En effet, car j'ai toujours en
mémoire la réponse que me faisait le Président ukrainien
ici-même, à propos d'incidents demeurés cachés
plusieurs mois : "
Tout est très clair chez nous et si nos
procédures d'information ne vous plaisent pas, nous allons
réfléchir pour les changer
".
Ce n'est pas parce que les choses changent dans le bon sens que la partie est
définitivement gagnée. Nous ne devons pas tomber en
léthargie et nous laisser gagner par l'habitude, l'accoutumance. Ce
n'est pas fini. Il reste beaucoup à faire et beaucoup plus qu'il n'a
été fait. Notre Assemblée ne doit pas se lasser de le
répéter. L'instauration d'une véritable culture de
sûreté dans les pays d'Europe centrale et orientale dans toutes
ses dimensions est aussi une mesure des progrès de la démocratie
dans ces pays.
La démocratie est inséparable de la transparence sans laquelle la
sûreté ne peut progresser. La démocratie suppose la
prédominance de l'homme sur le système. Faire que la
sûreté prime sur la production, c'est inverser l'échelle
des valeurs par rapport aux régimes communistes ; c'est replacer
l'homme au coeur de la démocratie et nos efforts doivent tendre à
ce qu'à travers la sûreté nucléaire, ce soit aussi
la démocratie qui progresse.
J'en aurai terminé, Monsieur le Président, en remerciant le
Secrétariat pour son aide et l'Agence pour l'énergie
nucléaire de l'OCDE, pour les informations qu'elle nous a données
lors d'une très intéressante audition. "
Au terme d'un long débat, le rapporteur de la commission de la Science
et de la Technologie,
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
répond aux orateurs :
" Monsieur le Président, je remercie, d'abord, les orateurs qui ont
apporté leur contribution à ce débat. Leur nombre
même montre tout l'intérêt porté à ce rapport
et je les remercie pour les félicitations qu'ils m'ont adressé.
Je souhaite apporter quelques précisions supplémentaires.
Premièrement, je répète ce que j'ai déjà dit
au sujet du titre du rapport qui traitera donc de " la sûreté
des installations nucléaires ".
Deuxièmement, je confirme à MM. Staes et Ruffy que je proposerai,
dans le cadre de notre sous-commission de la politique technologique et de
l'énergie, d'initier un rapport relatif non seulement à la
gestion des déchets et aux réacteurs de recherche, mais
également aux autres types de déchets nucléaires et de
réacteurs qui plus ou moins se promènent de par le monde. Il y
aura un rapport spécifique devant cette Assemblée.
Nos amis ukrainiens nous disent que l'Est doit tenir ses engagements et
apporter des financements. J'ai envie de leur répondre que certaines
choses sont à leur portée et qu'elles ne coûtent
rien ! Cela relève de leur responsabilité politique.
D'abord, les économies d'énergie et l'utilisation rationnelle de
l'énergie. Lorsqu'il fait trop chaud dans une pièce, on peut
poser une vanne thermostatique réglant la température du
radiateur au lieu d'ouvrir la fenêtre. Cela, qui ne coûte rien,
peut rapporter beaucoup en termes d'énergie.
La transparence, indissociable de la culture de sûreté, ne
coûte rien non plus. J'ai en mémoire, comme si c'était hier
l'audition de M. Koutchma, au mois d'avril 1995. Ses réponses sur les
procédures d'information ne nous satisfont pas. La transparence, c'est
tout de suite. La transparence ne se discute pas. C'est le seul moyen de faire
progresser la sûreté. La culture de sûreté est dans
la transparence.
Dans le système qui était le vôtre sous le régime
soviétique, l'important c'était de produire, de produire encore
pour remplir les obligations du Plan. Et plus on produisait, plus on
était fort, plus on était reconnu, plus on était puissant.
Au mépris de la sûreté ! Aujourd'hui, si vous signez
la Convention sur la sûreté nucléaire, qui garantit la
primauté de la sûreté sur toute autre considération,
vous aurez fait un progrès considérable sur la voie de la
sûreté et le monde entier vous en sera reconnaissant.
J'apporterai encore une précision technique, sans toutefois entrer dans
les questions liées aux frontières entre la Turquie,
l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les réacteurs fonctionnent
à l'uranium enrichi. Il s'agit d'uranium à 3 %, 3,5 %,
voire 5 % d'uranium enrichi. Nous sommes loin de la qualité
militaire. Il y a au moins un facteur vingt, si ce n'est trente pour atteindre
la qualité militaire. Dans l'intérêt même de votre
démonstration, si vous voulez être crédibles,
n'exagérez pas. Si les VVER présentent des défauts, ils
ont aussi des qualités ! J'ajoute que la sûreté ne se
mesure pas au rendement.
Dernier point : ce ne doit pas être un enjeu de pouvoir. Chez vous, des
véhicules circulent, et ils obéissent au code de la route. Qui
oserait imaginer, lorsque le gouvernement est tenu par des progressistes, des
conservateurs ou des libéraux, que le code de la route s'en trouve
bouleversé ? Il en va de même pour la sûreté
nucléaire : ce ne doit pas être un enjeu de pouvoir, mais la
préoccupation constante et permanente de tous les gouvernements quelle
que soit leur couleur politique.
A M. Jirinovski, je dirai que la démocratie est inséparable de la
transparence. Il vient de nous apporter une preuve supplémentaire qu'il
n'avait rencontré ni l'un ni l'autre ! "
La recommandation 1311 contenue dans le rapport 7714, amendée
notamment sur le problème du suivi médical et de la protection
radiologique des travailleurs avec l'accord de M. Claude BIRRAUX est
adoptée.
8. Situation à Chypre - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mercredi 29 janvier)
Le
rapport 7717 constate que les négociations en vue d'un règlement
pacifique et global de la situation à Chypre se trouvent actuellement
dans l'impasse. Il rappelle que cette absence de progrès, dont les
dirigeants politiques des deux communautés portent la
responsabilité, a créé le climat politique qui a abouti
à l'assassinat de quatre Chypriotes grecs et d'un Chypriote turc au
cours du deuxième semestre 1996.
La perspective des négociations pour l'adhésion à l'Union
européenne semble pourtant être un moment propice pour de
nouvelles propositions, selon le rapporteur.
Se fondant sur les deux exemples existants de coopération entre les deux
communautés à Nicosie, il demande l'extension de telles
pratiques, notamment aux télécommunications et aux services
postaux. Rappelant que le traitement des Chypriotes grecs et des Maronites
vivant dans la zone de Karpass suscite de vives inquiétudes, il demande
à l'administration chypriote turque de rendre effectives les
améliorations annoncées.
Le rapport fait également des propositions pour améliorer le
dialogue de l'Assemblée avec les deux Communautés. Il invite les
représentants élus des deux communautés à entamer
des négociations sur la possibilité d'assurer une vraie
représentation de tout le peuple de Chypre à l'Assemblée.
M. Nicolas ABOUT, sénateur
(ap. RI),
est intervenu dans le
débat en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, je remercie
les rapporteurs pour la qualité de leur travail, et je tiens à
rendre hommage en particulier à notre collègue disparu, Lord
Finsberg.
La situation qui prévaut actuellement à Chypre relève du
non-sens historique eu égard à la nouvelle donne en Europe et en
Méditerranée orientale. Comment peut-on encore justifier la ligne
de démarcation qui scinde en deux parties la capitale Nicosie ? Ce
" Mur de la Honte " rappelle étrangement le Mur de Berlin.
Pourtant, à Chypre il n'y a pas de ligne de fracture idéologique
: Grecs et Turcs sont membres de l'OTAN et du Conseil de l'Europe. Il s'agit
plutôt du résultat de surenchères de nationalisme d'un
autre temps, utilisées par Athènes et Ankara pour flatter un
certain électorat et justifier auprès de celui-ci l'augmentation
des dépenses militaires. Tout cela se fait au détriment de la
sécurité régionale et du bien-être de la population
chypriote.
Suivant l'exemple des Français et des Allemands après 1945, celui
des Polonais et des Allemands en 1989 et plus récemment des Palestiniens
et des Israéliens, Turcs et Grecs doivent emprunter le chemin de la
réconciliation, se tourner vers le XXIe siècle en cessant de se
référer aux antagonismes historiques qui font le jeu des
extrémismes.
La Grèce doit se montrer digne de son appartenance à l'Union
européenne et cesser de bloquer le dossier chypriote sinon l'île
n'adhérera pas à l'Union européenne. La Turquie de son
côté est assurée par l'OTAN et l'UEO d'une
sécurité maximale. Elle a donc tout à gagner dans
l'intégration de l'île à l'Union européenne.
Je demande donc aux parlementaires grecs et turcs, ici présents, de
faire pression sur leurs gouvernements respectifs pour qu'ils engagent
dès à présent des négociations, sous l'égide
de l'ONU et de l'Union européenne afin d'aboutir d'ici à l'an
prochain à une fédération bizonale et bicommunautaire mais
aussi à la démilitarisation, conditions
sine qua non
de
son adhésion à l'Union européenne. Evidemment, l'objectif
de démilitarisation doit être atteint - il ne pourra
l'être que si les producteurs d'armes adoptent une attitude responsable,
ce qui n'a pas été le cas de la part de la Russie dans ce dossier
chypriote - et là je m'adresse à nos collègues russes
afin qu'ils fassent annuler la livraison des missiles sol-air. Voilà une
décision de bon sens de nature à restaurer la confiance.
Je sais que, pour les Chypriotes, seule une initiative américaine serait
susceptible de faire progresser le règlement du conflit. Avons-nous
déjà oublié les accords de Zurich et de Londres
imposés par les Américains ? Avons-nous oublié que
ces accords ont mécontenté les deux parties ? Avons-nous
oublié le rôle joué partout par les Américains ou
pour le moins leurs encouragements qui devaient faciliter les
événements de 1974 et aboutir à la situation
actuelle ?
Nous sommes, nous Européens, à nouveau devant un défi
important, nous qui souhaitons vivre ensemble dans le respect les uns des
autres, avons-nous la capacité de régler nos différents ou
sommes-nous condamnés à nous déchirer ?
En ce début d'année, je forme le voeu d'un règlement
rapide et global de la question de Chypre. "
Au terme du débat,
la résolution 1113 contenue dans le rapport
7717, amendée, est adoptée, alors que la proposition de directive
figurant dans le rapport 7743 est rejetée.
9. Situation en République fédérale de Yougoslavie - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mercredi 29 janvier)
M. Peter
BLOETZER, co-rapporteur sur le rapport 7744, considère que ce
débat d'urgence, suivi d'une discussion et, espère-t-il, de
l'adoption d'un projet de résolution, permettra à
l'Assemblée de jouer son rôle de garante des droits de l'homme et
de la liberté, mais aussi d'assumer la responsabilité qui est la
sienne dans l'application des Accords de Dayton. La République
fédérale de Yougoslavie connaît actuellement une crise dont
l'issue est incertaine, mais qui peut représenter la chance d'un
tournant décisif au bénéfice de la démocratie et de
l'Etat de droit.
L'Assemblée doit condamner sans ambiguïté l'annulation du
résultat des élections locales de cet automne et exprimer sa
solidarité avec une population qui manifeste de façon
déterminée et pacifique en faveur de l'Etat de droit. Cependant,
il ne lui appartient pas de porter un jugement politique : il ne s'agit que
d'encourager le processus démocratique et de défendre les valeurs
du Conseil.
L'Assemblée ne saurait non plus accorder trop d'attention à la
bonne application des Accords de Dayton, dont le Conseil est co-responsable.
Tous les experts s'accordent à penser que la situation ne pourra
être stabilisée en Bosnie-Herzégovine sans
démocratisation des Etats limitrophes. La communauté
internationale se doit donc de tendre la main à la République
fédérale de Yougoslavie pour lui ouvrir des perspectives
européennes, en souhaitant que cette aide soit acceptée. C'est
pourquoi le rapporteur demande à ses collègues d'adopter le
projet de résolution.
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
prend alors la parole
en ces termes :
" A ce stade de notre débat, on peut se permettre de poser un
certain nombre de questions de façon brutale. Ma première sera la
suivante : M. Milosevic peut-il provoquer de nouveau une guerre dans les
Balkans ? Ce pouvoir n'a peut-être pas dit son dernier mot
après soixante-dix jours de crise ! Mes collègues ayant bien
résumé la situation ; je serai très brève.
M. Milosevic, il est vrai, a perdu une grande partie de sa
popularité ; les Etats-Unis semblent ne plus le protéger et
le rapport de Felipe Gonzales, présenté à l'OSCE,
paraît le désavouer. Cependant, il contrôle encore les
médias et il est soutenu par le milieu des affaires. Il
bénéficie donc du soutien de l'argent et de la JUL, le parti
fondé par sa femme. Il a donc des possibilités de reprendre la
situation en main.
En effet, il peut durcir son attitude face à l'opposition,
décréter l'état d'urgence et reprendre la politique
" panserbe " d'avant 1993 - le slogan passe et passera toujours
auprès des nationalistes nombreux dans ce pays - ainsi que faire monter
la tension au Kosovo ou provoquer un conflit avec les Albanais. Une nouvelle
guerre froidement provoquée pourrait aboutir à la reconstitution
d'une cohésion nationale autour de lui.
Par ailleurs, la transition politique peut-elle s'effectuer sans heurts ?
Avec ce régime autoritaire et les intérêts en jeu, cela
paraît peu probable. Les dernières élections
fédérales ou municipales ont montré qu'il y avait eu une
très forte abstention. M. Milosevic a obtenu près des deux
tiers des sièges serbes au parlement.
Il est évident qu'une bonne partie des manifestants ne sont pas
favorables à l'opposition et ne soutiennent pas tous l'opposition
" Ensemble ". Les personnes qui protestent aujourd'hui manifestent
aussi contre les rigueurs de l'existence et le coût de la vie, si bien
que, pour réussir une politique de transition dans ce pays, il ne
suffira pas de dire que l'on est contre Milosevic.
La question essentielle est la suivante : l'opposition " Ensemble "
a-t-elle la capacité de rassembler tous les opposants ?
Tout d'abord, il convient de noter que les nationalistes sont nombreux dans ses
rangs. Il y a également des nationalistes ou d'anciens nationalistes
parmi ses leaders. Je cite Draskovic qui a longtemps prôné le
nationalisme serbe, mais il s'est maintenant converti au pacifisme et je le
crois sincère. Ensuite, les Albanais représentent 20 % de
l'électorat et ils ne se rallieront pas facilement aux nationalistes.
Enfin, l'autre leader d'" Ensemble ", Zoran Djindjic a
été, un temps, proche des Serbes de Pale.
Nous relevons donc beaucoup de points négatifs. Ce qui manque
aujourd'hui à cette opposition, c'est un vrai programme,
c'est-à-dire une réelle proposition d'alternative qui pousserait
Milosevic dehors. Il lui manque également une certaine clarté
pour affirmer effectivement sa volonté démocratique, sa
volonté de respecter les droits de l'homme et de mettre en oeuvre les
Accords de Dayton. Par conséquent, on attend de voir plus clairement
affichées les nouvelles convictions de l'opposition.
Je souhaite donc entendre le Conseil de l'Europe affirmer et réaffirmer
ses principes fondamentaux qui ne doivent être affaiblis par aucune
appréciation politique : le respect des hommes dans leur
différence et leur pluralisme, le respect de leurs droits et le respect
de la démocratie et de ses institutions.
Le Conseil de l'Europe doit condamner sans hésitation, chaque fois que
nécessaire, toutes les formes de violence, xénophobes ou autres,
et toutes les méthodes qui arrêtent un processus
démocratique en empêchant une élection, que ce soit
à Belgrade, à Zagreb, en Albanie ou en Arménie.
Nous devrions dénoncer, de façon plus systématique, les
hommes qui procèdent à de tels agissements ; il n'y a pas
que Milosevic. Je rappelle que le tribunal international a prononcé
soixante-quatorze condamnations, mais qu'il n'a été
procédé qu'à huit arrestations.
Fuite ou renoncement : au-delà de notre crédibilité, c'est
le devenir de l'Europe et de la paix qui est en jeu. "
La résolution 1110 contenue dans le rapport 7744 est adoptée,
amendée.
10. Respect des engagements souscrits par la Russie et par l'Ukraine lors de leur adhésion au Conseil de l'Europe de mettre en place un moratoire sur les exécutions capitales - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mercredi 29 janvier)
Réunis ici aujourd'hui, selon le rapporteur Mme Renate
WOHLWEND, ce n'est pas pour débattre une fois de plus la question de la
peine de mort, mais pour lancer un appel à ceux d'entre nos pays membres
qui semblent n'être pas encore disposés à se conformer aux
principes et aux normes du Conseil de l'Europe, qui ne semble pas encore
disposés à respecter leurs engagements de mettre en place un
moratoire immédiat sur les exécutions capitales. Et cet appel,
nous le lançons tant à la Russie qu'à l'Ukraine.
Toutefois, notre commission a décidé d'établir deux
rapports distincts, estimant que deux pays souverains, dont les efforts et les
progrès en matière de démocratisation diffèrent sur
bien des points, ne sauraient faire l'objet d'un rapport commun.
Selon l'enquête effectuée par M. Bindig, en Russie la
dernière exécution capitale a eu lieu le 1
er
août 1996. Le rapport reprend une triste statistique relative au nombre
d'exécutions intervenues ces dernières années.
Le deuxième rapport concerne l'Ukraine. Là encore, les chiffres,
tels qu'ils apparaissent dans les statistiques, sont alarmants.
La Russie et l'Ukraine doivent enfin honorer leurs promesses et respecter leur
engagement d'introduire un moratoire sur les exécutions capitales.
Puisse l'Assemblée voter massivement en faveur du rapport !
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
intervient dans le
débat en ces termes :
" Monsieur le Président, la dernière fois que nous avons eu
l'occasion de débattre de ce sujet, j'avais déjà fait un
rappel au Règlement pour remarquer qu'il était dommage que tous
les orateurs prévus ne puissent s'exprimer et donc aborder tous les
problèmes soulevés par la peine de mort, en particulier
s'agissant de la position des Etats-Unis.
Il m'avait été répondu par Mme la Présidente
que nous verrions cela une autre fois. Nous y voici, et je m'aperçois
qu'aujourd'hui, à nouveau il n'est pas possible de nous exprimer.
Pendant que nous adressons des reproches à un certain nombre de pays de
l'Est on oublie que le pays qui sert de modèle à la
démocratie - particulièrement aux pays de l'Est - est
celui dans lequel on tue le plus et où la peine de mort est le plus
souvent mise en oeuvre : quarante-cinq personnes ont été
exécutées aux Etats-Unis l'an dernier et une centaine le seront
l'année prochaine.
La question est de savoir si nous pouvons tolérer le fait qu'un pays
observateur se permette de maintenir chez lui la peine de mort, alors qu'il
sert d'exemple à la démocratie ? Si le rapporteur n'est pas
favorable à la suspension du statut d'observateur des Etats-Unis, nous
ne pourrons pas approuver les rapports proposés. "
Interrompu,
M. Nicolas ABOUT
reprend la parole :
" Monsieur le Président, chers collègues, tout en
reconnaissant le bien-fondé de la demande du Conseil de l'Europe
relative à l'exécution des peines capitales, il me semble
nécessaire de prendre en considération la situation
générale de la Russie et de l'Ukraine pour nuancer nos propos.
Comme chacun le sait, à l'ordre ancien, synonyme d'aliénation des
droits de l'individu, a succédé un désordre dans lequel se
sont engouffrés les réseaux criminels et mafieux.
Quant à la situation pénale et carcérale en Russie,
permettez-moi de la comparer à celle des Etats-Unis, pays parfois
présenté comme la meilleure des démocraties : 1996
aura vu l'exécution de quarante-cinq personnes de l'autre
côté de l'Atlantique, et l'année 1997 s'annonce des plus
morbides puisque ce sont 3 200 personnes - dont quarante-neuf femmes et
quarante-sept mineurs - qui attendent dans les couloirs de la mort et une
centaine d'exécutions prévues, soit plus que la Russie en 1995.
La peine capitale est désormais appliquée dans trente-huit Etats.
Un renforcement de la législation qui correspond à
l'accroissement de la criminalité et à l'engorgement des prisons.
L'Amérique qui fait rêver l'Europe de l'Est, c'est aussi cela, on
a tendance à l'oublier. Inutile donc d'incriminer des pays comme
l'Ukraine et la Russie qui, sortant de soixante-dix ans de communisme, n'ont
rien à envier à l'Amérique dans le domaine criminel.
Le Conseil de l'Europe doit aider ces pays à retrouver le chemin de
l'Etat de droit en soutenant leurs demandes d'aide économique. Ces pays
se sortiront de l'engrenage de la violence par le biais de l'expansion
économique, source de stabilité et de prospérité.
N'oublions jamais que la liberté des individus ne vaut rien sans la
sécurité et la dignité de ces derniers. Les Etats-Unis
devenus observateurs au Conseil de l'Europe doivent accepter un dialogue avec
notre Assemblée sur ce sujet car l'Amérique doit montrer
l'exemple et offrir un autre visage que celui de ces vieillards de plus de 80
ans ou de ces gamins de 17 ans que l'on exécute sur la chaise
électrique. Si un tel dialogue ne peut être établi, je ne
vois pas l'intérêt d'une telle présence même comme
observateur au sein de notre Assemblée, censée défendre la
dignité humaine.
Je termine mon propos sur une question au rapporteur : " Etes-vous
pour la suspension du statut d'observateur accordé aux
Etats-Unis ? "
Si la réponse est oui, nous serons cohérents. Dans le cas
contraire, comment peut-on faire la morale aux autres ? "
Le rapporteur, Mme Renate WOHLWEND répond alors en ces termes :
" Monsieur le Président, j'aimerais, pour commencer, revenir sur
l'argument avancé par M. About. Lors de notre session de juin, c'est son
collègue qui s'était chargé de soulever ce point. Je crois
qu'il est malvenu ici d'ouvrir le débat sur la question de la peine de
mort aux Etats-Unis. Certes, nous connaissons tous la situation qui
règne dans le pays et nous la déplorons. Certes, il convient
d'agir. Cependant, notre débat d'aujourd'hui ne porte pas sur la peine
de mort, il porte sur le respect des engagements relatifs à la mise en
place immédiate d'un moratoire sur les exécutions en Russie et en
Ukraine. "
Au terme de ce débat,
la résolution 1111 contenue dans le
rapport 7746, amendée, est adoptée, ainsi que la
résolution 1112 contenue dans le rapport 7745, également
amendée.
11. Respect des obligations et engagements contractés par l'Albanie - Intervention de M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR) (Mercredi 29 janvier)
Devenu
membre il y a un an et demi, l'Albanie a notamment ratifié la Convention
européenne des Droits de l'Homme, plusieurs de ses Protocoles ainsi que
la Convention pour la prévention de la torture. Elle a instauré,
sans l'avoir officiellement déclaré, un moratoire sur les
exécutions des peines de mort.
Des progrès énormes, certes, estime le rapporteur qui regrette
cependant que l'Albanie ait limité le droit à des
élections libres. Selon une réserve formulée, pour une
durée de 5 ans, au Protocole n° 1 de la Convention
européenne des Droits de l'Homme, les élections sont soumises
à des lois albanaises qui privent une catégorie de personnes de
toute participation au niveau national et local. Ces lois, incompatibles avec
les principes d'un Etat de droit doivent, selon le rapporteur, être
abrogées ou modifiées substantiellement dans un proche avenir.
En ce qui concerne la police, le rapport stipule que des actions
illégales commises par des policiers doivent être
sanctionnées sans délai. Une coopération renforcée
avec le Conseil de l'Europe en matière de réforme de
l'Académie de police lui paraît également nécessaire.
Des progrès ont été enregistrés, notamment en
matière d'indépendance du pouvoir judiciaire et de réforme
du Parquet. Des réformes concernant la nomination, la révocation
et l'immunité des juges et procureurs devraient cependant être
poursuivies.
Le rapporteur souligne la nécessité d'un régime fiscal
équitable pour la presse et souhaite une amélioration de
l'accès des médias aux informations officielles, ainsi que des
reportages politiques impartiaux à la télévision.
Pour permettre à l'Albanie de poursuivre ses réformes, le
rapporteur demande un renforcement de l'assistance financière et
d'experts du Conseil de l'Europe.
M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR),
s'est
exprimé dans les termes suivants :
" Monsieur le Président, chers collègues, nous sommes
réunis aujourd'hui pour faire le point sur le respect des obligations et
des engagements contractés par l'Albanie. Je tiens avant tout à
témoigner, de par mon expérience et mes discussions avec des
Albanais, qu'ils soient dirigeants ou simples citoyens, de leur formidable
volonté de s'inscrire dans la lignée des pays respectant leurs
engagements. Je tiens vraiment à saluer cette volonté qui ne se
traduit pas seulement par la signature d'accords, mais qui se manifeste aussi
de façon concrète à travers le vaste plan de
réformes engagé.
Il y va désormais de notre devoir d'aider ce pays à franchir les
obstacles sur la voie qu'il a choisie et qui le mène vers la
démocratie. Je ne voudrais pas seulement limiter notre rôle
à celui d'observateurs qui se contentent de faire le bilan sur ce qui a
été fait et sur ce qui reste à faire en Albanie. Bien
évidemment, cette étape est nécessaire et s'inscrit dans
un processus plus large de partenariat. La fin de la division de l'Europe nous
a offert une chance historique, celle de parvenir à un continent
où " démocratie pluraliste et parlementaire,
universalité des droits de l'homme et prééminence du
droit " seront les mots clés.
L'Albanie a choisi la démocratie et tout ce que cette notion suppose
réellement : le respect des droits et des libertés de chacun.
Depuis que l'Albanie est devenue Etat membre du Conseil de l'Europe, cette
république a fait d'énormes progrès dans le respect des
obligations et des engagements qu'elle avait alors contractés. Je ne
souhaite pas faire aujourd'hui point par point l'inventaire de ces
progrès ou des manques à combler. Je me contenterai de souligner
les avancées qui, à mes yeux, m'apparaissent significatives et
les efforts que l'on pourrait attendre de l'Albanie, pays démocratique.
Sur le plan de la situation extérieure, on ne peut qu'encourager la
République d'Albanie à poursuivre dans la voie de la
tolérance et du dialogue. Comme le soulignait un de mes collègues
de la Commission des affaires étrangères à
l'Assemblée nationale française, auteur d'un rapport au nom de
cette commission sur l'Albanie : " La politique extérieure de
l'Albanie est sage en dépit d'une situation des nationalités dans
les Balkans qui l'intéresse directement ".
En effet, la situation de l'Albanie est unique en Europe centrale et orientale
: sa diaspora est estimée à 2,5 millions de personnes alors que
sa population est de 3,4 millions. La population issue de cette diaspora s'est
installée sur les territoires jouxtant l'Albanie. La tentation de
reconstituer une grande Albanie était forte, mais ce pays a su y
résister. Même sur la question du Kosovo, province
rattachée à la République de Yougoslavie et peuplée
à 90 % d'Albanais, l'Albanie se borne à demander
l'autonomie. Par ailleurs, depuis la signature d'un traité
d'amitié avec la Grèce en mars 1996 sur l'ouverture
d'écoles grecques pour la minorité grecque, les relations entre
ces deux pays sont devenues plus sereines.
Sur le plan de la politique intérieure, l'Albanie a fait preuve, dans
des délais relativement courts, de beaucoup de volonté et de
pragmatisme pour parvenir au respect des engagements qu'elles avaient pris lors
de son adhésion au Conseil de l'Europe. Il convient, entre autre, de
noter les progrès effectués dans le sens de l'indépendance
du pouvoir judiciaire, la ratification récente de la Convention
européenne des Droits de l'Homme et de la Convention pour la
prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou
dégradants, la signature de la Convention-cadre pour la protection des
minorités nationales, l'adoption et la mise en vigueur de lois de
décommunisation.
D'énormes progrès ont déjà été
réalisés dans le sens d'une plus grande démocratie mais
d'autres doivent l'être. Les élections de mai 1996 qui ont conduit
le Parti démocratique albanais du Président Berisha à la
majorité absolue ont été contestées par
l'opposition et par le bureau des élections locales d'octobre 1996.
L'Albanie a refusé les services de l'OSCE préférant que ce
soit notre Conseil de l'Europe qui observe le scrutin. La
délégation du Conseil de l'Europe s'est déclarée
" satisfaite du déroulement des élections tout en regrettant
quelques cas d'irrégularités ".
Je ne prétendrai pas que cette situation est normale, ni que la
liberté d'expression des médias, la liberté de
réunion, l'indépendance du pouvoir judiciaire soient
entièrement assurés. Je pense cependant qu'il faut en chercher
les raisons dans les circonstances qui ont présidé à la
libération de l'ancien régime communiste. N'oublions pas
d'où revient l'Albanie et le chemin qu'elle a déjà
parcouru ! Et est-il vraiment nécessaire, comme les Etats-Unis le
réclament, de demander l'adoption d'une nouvelle Constitution et des
élections anticipées ? Je ne crois guère au
bien-fondé de ce type d'action. Il faut être plus
modéré dans ses propos et ne pas sous-estimer les efforts
déjà entrepris par l'Albanie.
Je souhaiterais que par un dialogue ferme mais ouvert, tous ensemble, dans un
processus consensuel et en douceur, nous parvenions à retrouver une vie
institutionnelle normale en République d'Albanie.
Enfin, en tant que parlementaire français, je me réjouis du
traité d'entente, d'amitié et de coopération qui a
récemment été conclu entre la République d'Albanie
et la République française. Aidons l'Albanie à devenir
comme elle le souhaite, une vraie démocratie. Le Président
Berisha affirme ses priorités, à savoir le rapprochement avec
l'Union européenne pour ce qui concerne l'économie et avec les
Etats-Unis pour les questions de sécurité. Dans cette
perspective, il serait peut-être souhaitable de soutenir, comme la France
le fait déjà, le principe de la conclusion d'un accord
d'association entre l'Albanie et l'Union européenne. "
A l'issue du débat,
la résolution 1114, amendée,
contenue dans le rapport 7716 a été adoptée à
l'unanimité, ainsi que la recommandation 1312, amendée, contenue
dans le rapport 7716.
12. Création d'une commission de l'Assemblée pour le respect des obligations et engagements des Etats membres du Conseil de l'Europe (Mercredi 29 janvier)
Actuellement, le suivi des obligations et engagements des Etats
membres du Conseil de l'Europe au niveau de l'Assemblée parlementaire,
est régi par la Directive 508 (1995). Deux Commissions sont
chargées de veiller de près au respect par tous les Etats membres
des obligations et engagements contractés au moment de leur
adhésion : la Commission des questions juridiques et des droits de
l'homme, pour rapport, et la Commission des questions politiques, pour avis. La
Commission des relations avec les pays non membres est également saisie
pour les Etats ayant bénéficié du statut d'invité
spécial.
Or, l'importance et la nature durable de la fonction de suivi augmentent
considérablement la charge de travail de ces commissions.
Pour remédier à ce problème, et éviter
d'éventuels conflits de compétences entre les commissions
concernées, l'Assemblée propose la création d'une nouvelle
commission à cet effet.
Le projet de Résolution indique que cette Commission de suivi devrait
être composée de 40 membres et des présidents des
trois commissions compétentes jusqu'ici. Elle devra tenir compte d'un
certain équilibre régional. Deux membres de la
délégation parlementaire de l'Etat pour lequel une
procédure de suivi est ouverte pourront y participer, sans droit de vote.
L'Assemblée pourra sanctionner les ruptures persistantes des obligations
par un Etat et le manque de coopération dans le processus de suivi, en
refusant de ratifier les pouvoirs de sa délégation parlementaire.
Elle pourra également demander au Comité des Ministres d'engager
une action contre cet Etat pour sa suspension du Conseil de l'Europe
(articles 8 et 9 du Statut).
Le projet de Résolution proposé au vote de l'Assemblée
prévoit que dès la réunion constitutive de la Commission
de suivi, aucune nouvelle procédure de suivi ne pourra être
engagée sur la base de la Directive 508 et que toutes les
procédures de suivi en cours seront transmises à la Commission de
suivi pour les mener à terme.
La procédure actuelle, comme celle que propose le rapporteur, comporte
toujours un débat public à l'Assemblée en séance
plénière.
L'Assemblée organise, au cours de cette session, les premiers
débats publics sur la situation en Albanie et en Estonie. Le
débat d'urgence sur la situation en Russie et en Ukraine au regard de la
peine de mort fait d'ailleurs partie de la procédure de suivi des
engagements de ces Etats.
Des procédures sont également en cours pour la Bulgarie, la
République tchèque, la Lituanie, l'" ex-République
yougoslave de Macédoine ", la Moldova, la Roumanie, la Slovaquie et
la Turquie.
A l'issue du débat qui s'est instauré,
la résolution
1115 contenue dans le document 7722, amendée, est adoptée.
13. Mise en oeuvre de l'Accord de Dayton pour la paix en Bosnie-Herzégovine - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Jeudi 30 janvier)
Les
rapporteurs, qui se sont rendus à Belgrade et à Sarajevo les 16
et 17 décembre dernier afin de faire le point des progrès de
la mise en oeuvre des Accords de Dayton, soulignent l'importance des
élections municipales qui se dérouleront en
Bosnie-Herzégovine au cours du premier semestre de 1997.
Ces scrutins seront influencés par la manière dont les
résultats des élections organisées dans les Etats voisins,
à savoir la Croatie et la Serbie, seront respectés. Les
rapporteurs mettent en garde contre toute politique, action ou omission
imputables aux Gouvernements de ces Etats et qui seraient de nature à
compromettre la restauration de la Bosnie-Herzégovine en tant qu'Etat
démocratique souverain et indépendant.
Se référant aux événements de Belgrade, les
rapporteurs rappellent leur solidarité avec les manifestants de la
capitale serbe et déplorent que les journalistes aient été
privés de rendre compte des événements du fait du
contrôle exercé par l'Etat sur les médias, notamment sur
radio B.92.
Les médias " joueront un rôle significatif dans les campagnes
des partis politiques et exerceront une influence importante sur le climat
général de sécurité pour les élections
municipales de 1997 " et " il est temps que les Gouvernements et les
autorités de la radio et de la télévision à
Belgrade et à Zagreb définissent et annoncent des politiques et
des directives claires en matière de couverture médiatique des
événements et des problèmes en
Bosnie-Herzégovine ", précise le rapport.
Constatant le manque de progrès en matière de libre circulation
entre les entités, de respect des droits de l'homme, de volonté
de traduire devant le Tribunal pour les crimes de guerre les personnes mises en
accusation, de retour des réfugiés et des personnes
déplacées, le rapport lance un appel pour que les obligations qui
découlent des Accords de Dayton soient respectées.
Le rapport préconise par ailleurs que le mandat du Haut
représentant soit renforcé et que les ressources mises à
sa disposition soient augmentées. Il demande à la
République fédérale de Yougoslavie d'accepter les
conclusions de la récente mission de l'OSCE présidée par
Felipe Gonzales et propose qu'une enquête soit mené sur les
allégations des autorités de Sarajevo concernant les actions de
la République croate dans la région de Mostar.
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc)
, a pris la parole en ces
termes :
" 1995, Dayton, Paris, première année de la mise en oeuvre
des accords, année lourde de conséquences. Faisons le point
rapidement.
Les accords de Dayton, qui ne satisfaisaient personne, ont été
acceptés par tout le monde. La paix est une réalité ;
paix fragile, relative, mais réelle.
Les élections générales qui ont eu lieu en septembre 1996
ont été relativement maîtrisées, relativement calmes
et, selon l'expression de Karl Bildt, " raisonnablement
démocratiques ". Aucune surprise dans ce contexte : le HDZ croate
de Tudjman a élu son candidat en Bosnie-Herzégovine, le SDS serbe
de Karadjic le sien ; le SDA musulman a élu Izetbegovic à la
Présidence bicéphale de l'Etat de Bosnie-Herzégovine.
Mais, et c'est important, en ce pays l'opposition démocratique et
laïque existe : je l'ai rencontrée ! Je me suis rendue
à deux reprises en Bosnie-Herzégovine en l'espace de
six mois. A mon avis, cette opposition s'exprimera aux prochaines
élections locales.
La paix est fragile. L'IFOR a rempli en partie sa mission - en partie
seulement. Elle avait des objectifs, elle en a fixé strictement les
limites, elle a interprété à sa façon les accords
de Dayton. Mais sa présence a été réelle et son
action souvent exceptionnelle. Voilà pour la première phase des
accords.
Sommes-nous pleinement satisfaits ? Certainement pas. Il faut donc
poursuivre. La paix n'est pas assurée, c'est évident. Il faut la
bâtir. Elle était sous condition, sous condition elle reste. J'en
vois quatre.
Première condition : maintien d'une force de stabilisation de l'OTAN.
C'est fait, c'est accepté. Je le rappelle, car ce fut une erreur
malgré l'avis du Conseil de l'Europe qui considérait que l'IFOR
devait partir en 1996. La SFOR, qui remplace l'IFOR, a pris le relais le
20 décembre 1996. Elle compte 33 000 hommes :
121 000 Américains, 11 000 Français,
9 800 Britanniques, 3 000 Allemands. Trente pays sont
représentés au sein de cette armée. Sa mission est de 18
mois. Elle doit contrôler avant le mois d'avril 1997 le stock de
l'armement et le nombre des dépôts.
Deuxième condition : l'organisation d'élections locales. Elles
n'ont pu avoir lieu en même temps que les élections
générales. Des difficultés subsistent. La mission de
l'OSCE se poursuivra. Les élections auront probablement lieu en juin et
juillet 1997 même si les problèmes restent identiques : vote
des réfugiés, vote des personnes déplacées. Tout
retard supplémentaire serait préjudiciable. Si elles ont lieu,
les élections locales seront un moment essentiel qui permettra de faire
le point réel de la situation en Bosnie-Herzégovine.
Troisième condition : maintien de la pression internationale. C'est
absolument nécessaire. Deux exemples.
La situation à Mostar est encore grave. La purification ethnique se
poursuit. L'on assiste à des expulsions de musulmans sous la pression
croate. En janvier 1997, les cas furent nombreux. Il faut le dire et le
dénoncer ! Les militaires de la SFOR présents à
Mostar, qu'ils soient français ou espagnols, estiment qu'ils ne sont pas
chargés de faire la police. Quant aux policiers de l'ONU, ils
déclarent ne pas être mandatés pour intervenir. Ce foyer de
tensions est dangereux ; c'est une réalité.
Le TPI, le Tribunal international est lui aussi relativement impuissant. Il a
inculpé 74 personnes pour crimes de guerre, crimes contre
l'humanité ou génocide. Soixante-six sont toujours en
liberté et nous narguent en toute impunité.
Quatrième condition : la reconstruction. La mise en oeuvre de ce volet
de l'accord est impératif. La paix est à cette condition. En
1996, près de 2 milliards de dollars avaient été
potentiellement récoltés, c'est-à-dire consentis par
divers pays et structures internationales. Moins de 1 milliard a
été versé. Par conséquent, la reconstruction n'est
réellement pas engagée.
Si j'avais à conclure sur le bilan, je dirais : 1995 est l'année
de la guerre et de la paix ; 1996, l'année de la paix et de la mise
en place des institutions politiques ; 1997 sera une année
décisive avec la mise en oeuvre du volet civil des accords de Dayton.
La paix définitive est à ce prix et la fin de ce drame
aussi ! "
A l'issue du débat,
la résolution 1116 contenue dans le
document 7733, amendée, est adoptée.
14. Exposé de M. Javier SOLANA, Secrétaire général de l'OTAN - Intervention de M. Jean VALLEIX, député (RPR) (jeudi 30 janvier)
Au
secrétaire général de l'OTAN, M. Javier SOLANA,
M. Jean
VALLEIX, député (RPR),
pose la question suivante :
" Le Conseil de l'Europe est l'un des acteurs de l'application du volet
civil des accords de Dayton-Paris s'agissant des droits de l'homme et de la
reconstruction de l'Etat de droit et de la démocratie.
Monsieur le Secrétaire général, quelle appréciation
portez-vous sur le rôle que pourrait jouer à l'avenir le Conseil
de l'Europe dans le cadre de missions civiles de consolidation de la paix,
déployées avec le concours de l'OTAN ? "
M. Javier SOLANA répond alors en français :
" Je répondrai à M. Valleix que, si l'année qui
vient de s'écouler a été celle des opérations
militaires avec l'IFOR, le centre de gravité devrait se déplacer
en 1977 vers le volet civil de l'application des accords de Dayton.
En 1996, le centre de gravité était l'IFOR. En 1997, le centre de
gravité doit se déplacer vers le volet civil. Notre
responsabilité est le maintien de la sécurité. A cet
égard, les différents responsables du volet civil peuvent jouer
un rôle important. La présence ici, aujourd'hui, de
M. Frowick, chargé de veiller à la bonne organisation des
élections municipales, montre clairement les relations qui existent
entre vous et nous, entre la partie militaire de l'OTAN et sa partie civile,
représentée par M. l'ambassadeur Frowick.
Le Conseil de l'Europe peut jouer un rôle important. J'espère
qu'avec votre leadership, avec le leadership du Secrétaire
Général et de la présidence, il continuera à jouer
un rôle important, puisque c'est l'année du volet civil. 1996
était l'année de la séparation, cette année doit
être celle de la reconstruction. A mes yeux, le plus important est la
réconciliation, pour ce qui est des questions morales et aussi des
questions de caractère politique. Le fait que les institutions
politiques aient déjà été établies est un
bon signe pour l'année en cours et pour les années à
venir. "
15. Respect des obligations et engagements contractés par l'Estonie (Jeudi 30 janvier)
Le
rapporteur constate les progrès considérables
réalisés par l'Estonie pour remplir les engagements qu'elle a
souscrits lors de son adhésion à l'Organisation en 1993. Il
estime néanmoins que l'Etat balte devra faire des efforts
supplémentaires en ce qui concerne l'abolition de la peine de mort, le
traitement des réfugiés et des demandeurs d'asile, le traitement
de la minorité russophone non historique (le rapporteur précise
que cette expression désigne les personnes venues résider en
Estonie après l'occupation soviétique de la deuxième
guerre mondiale) et les conditions de garde à vue et de détention.
Le rapporteur souligne que l'Estonie a ratifié, en l'espace de quatre
ans, la Convention européenne des Droits de l'Homme, la Convention
contre la torture, ainsi que la Convention sur la protection des
minorités, et a signé diverses conventions dans le domaine du
droit pénal.
Confirmant que les autorités estoniennes avaient marqué leur
intention de procéder à l'abolition de la peine de mort d'ici au
1er février 1998, le rapporteur précise que dans
l'intervalle un moratoire sur les exécutions serait respecté.
Le texte de résolution demande aux autorités estoniennes de
s'abstenir d'interner les réfugiés et les demandeurs d'asile et
de respecter les normes internationalement reconnues, notamment la Convention
des Nations unies sur la protection des réfugiés.
Elle recommande l'intégration de la minorité russophone, et
préconise dans ce contexte l'amélioration de l'enseignement de
l'estonien comme langue étrangère, grâce à des cours
gratuits ou assortis de droits d'inscription réduits pour ceux qui
demandent la nationalité estonienne.
Estimant que l'Estonie a respecté ses obligations les plus importantes,
l'Assemblée propose de clore la procédure de suivi tout en se
laissant la possibilité de la rouvrir dans la mesure où l'Estonie
ne réglerait pas les points en suspens dans un délai d'une
année.
L'Estonie est le premier pays -simultanément avec l'Albanie- à
avoir fait l'objet d'un suivi sur le respect des engagements pris au moment de
l'adhésion au Conseil de l'Europe. Cette procédure de
contrôle parlementaire permet, conformément à la Directive
n° 508 adoptée par l'Assemblée en 1995, de faire le
point, pays par pays, de la situation en matière de respect de la
prééminence du Droit, des droits de l'homme et des
libertés fondamentales.
A l'issue du débat qui s'est instauré,
la résolution
1117 contenue dans le rapport 7715, amendée, est adoptée, ainsi
que la recommandation 1313 contenue dans le rapport 7715.
16. Nouvelles technologies - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député (UDF) (Jeudi 30 janvier)
Présentant ses observations, le rapporteur explique que
les
nouvelles technologies entraînent des transformations profondes dans la
société, comme l'ont fait en leur temps la machine à
vapeur, l'électricité et l'automobile, et leurs effets positifs
ne se feront vraiment sentir que longtemps après les premiers
bouleversements.
Les autoroutes de l'information défient le temps et l'espace, et rendent
le savoir immédiatement accessible. Leurs conséquences sur
l'emploi sont difficiles à prévoir, mais elles pourraient bien
entraîner le développement d'un marché du travail
très intéressant pour de nombreux Européens.
Il propose quelques mesures pour coordonner la mise en place des nouvelles
technologies et garantir une transition en douceur vers la future
société de l'information :
- renforcer les liens entre l'industrie, les universités et la
recherche ;
- préparer les enfants à l'avenir qui les attend en
accordant une plus grande place aux sciences et aux technologies dans les
programmes scolaires ;
- prévoir les incidences sur la société par la mise
en place d'un " observatoire sur les technologies " ;
- encourager les bonnes pratiques de gestion et optimiser les
retombées bénéfiques du point de vue de la
compétitivité et de la création d'emplois ;
- aider les petites et moyennes entreprises à accéder aux
réseaux d'innovation internationaux ;
- utiliser ces technologies pour aider les villes à encourager les
arrivées d'informations en provenance des pouvoirs locaux et
régionaux.
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
a pris la parole dans le
débat en ces termes :
" Mes chers collègues, je voudrais d'abord remercier et
féliciter notre collègue Beaufays pour la qualité
remarquable de son rapport.
Je voudrais aussi signaler qu'avec ce rapport, la commission de la science et
de la technologie et notre Assemblée continuent leur travail de
réflexion sur les mutations technologiques et leurs conséquences,
sur la vie et l'environnement, au sens large du terme, des citoyens, comme je
le rappelais lundi dans le débat sur les structures de notre
Assemblée.
Nous avions commencé à aborder le thème des nouvelles
technologies avec l'excellent rapport de notre collègue Lentzer sur
les technologies stratégiques.
Ces deux rapports se complètent et montrent à l'évidence
que l'économie d'aujourd'hui, et encore plus celle de demain, sera
dominée par le savoir. Quelles en seront les conséquences pour
les citoyens ? Quels sont les enjeux pour la société ?
Lors du colloque organisé par notre commission à Lyon,
M. Lasfargue distinguait huit types d'enjeux pour la
société de l'information : techniques, industriels,
économiques, sociaux, culturels, politiques et militaires, juridiques et
moraux, écologiques et médicaux.
Ces enjeux ne sauraient être dissociés les uns des autres et, pris
globalement, c'est à une véritable révolution de notre
société qu'ils conduisent : révolution dans les actes de
production, par les nouvelles technologies ; révolution dans les
métiers : le temps où l'homme apprenait une fois pour toutes un
métier qu'il exercerait toute sa vie est résolu.
Cela peut être une chance de promotion et de qualification, à
condition de mettre en place un système régulateur qui donne
à chacun une chance égale d'accéder à cette
formation et à ce savoir. Cela suppose aussi que le système de
formation soit suffisamment souple, ouvert et interactif pour s'adapter aux
données nouvelles des besoins en formation. A n'en pas douter, il y a
là un problème de démocratie réelle.
Autre problème lié à la démocratie : l'attention
que la société portera aux exclus de la société de
l'information.
Je suis frappé, dans mes rencontres de parlementaire, au temps de la
" société de l'information ", où il semble que
chacun dispose sur son écran de télévision ou d'ordinateur
d'une abondance inégalée d'informations, du décalage
flagrant entre cette abondance d'informations et l'ignorance des citoyens ou
leur perception erronée.
Cette révolution dans les métiers et leur apprentissage conduira
aussi à une forme d'exclusion : les exclus de l'abstraction.
Ces enjeux conduisent, enfin, à une révolution dans les rapports
sociaux.
L'indicateur du temps de travail est la pierre angulaire des rapports sociaux,
dans la société industrielle traditionnelle. Avec le
développement de nouvelles formes d'activités à distance,
avec la diversification des lieux de travail, le temps de liaison entre ces
lieux, le temps passé à communiquer avec son bureau, comment
mesurer réellement le temps de travail ?
Les rapports sociaux s'organisent aussi au sein de branches professionnelles,
régies par des règles spécifiques et conventions
collectives. Ces branches professionnelles, survivances des activités du
XIXe siècle, sont remises en cause par la société de
l'information. Elles étaient classées, soit par la notion de
matière première - par exemple le bois ou la métallurgie
-, soit par produits - comme le textile - , soit par technologie - telle
que la chimie -.
Dans quelle catégorie ranger l'industrie de l'information, qui compte
une seule matière première : l'information, et une seule
famille de technologies : celle des outils de traitement de
l'information ?
Pour réussir la société de l'information, il faudra
établir de nouveaux rapports sociaux fondés sur de nouveaux
critères, en évitant les exclusions dont je parlais à
l'instant.
On peut se demander quel rôle les pouvoirs publics peuvent et doivent
jouer. Bien sûr, il peut y avoir la tentation du laisser faire - le
marché et lui seul - et de se retrouver à gérer les
conséquences sociales.
Je crois que, dans la perspective qui est celle de notre Assemblée, les
valeurs démocratiques, les pouvoirs publics doivent s'investir, car il y
a aussi un enjeu démocratique : enjeu démocratique dans
l'accès égal des citoyens à la formation à ces
nouveaux métiers ; enjeu démocratique dans la
solidarité de la société à l'égard des
exclus de la société de l'information ; enjeu
démocratique dans la correction des effets pervers de mécanismes
de marché, lorsqu'ils produisent des effets indésirables ;
enjeu démocratique dans l'accès aux connaissances, à leur
diffusion ; enjeu démocratique dans l'emploi permettant aux PME
aussi bien qu'aux grandes entreprises de développer leur potentiel
d'innovation ; enjeu démocratique dans la création de
mécanismes régulateurs, afin d'éviter les décalages
entre évolution technologique en évolution sociale ; enjeu
démocratique en renforçant l'enseignement des sciences et
technologies à l'école, afin de mieux préparer les jeunes
aux bouleversements futurs.
Enfin, les enjeux politiques et démocratiques se posent à tous
les niveaux. National, avec les questions du rôle de l'Etat, du type de
financement des investissements, des aides publiques ou non à la
recherche. Européen : quel rôle pour la
Communauté ? quel type de réglementation,
modéré ou sans contrainte. Mondial : problème de la
normalisation et, par conséquent, monopole et domination d'un pays ou
bien coopération entre eux ?
La maîtrise de l'information - ou de la désinformation -
est, à l'évidence, un enjeu politique ou militaire important.
Quelle influence sur la vie démocratique ?
Par delà les bouleversements économiques, culturels et sociaux
qu'apportent la société de l'information, par delà
l'incidence sur l'emploi, c'est toute la hiérarchie des valeurs qui
fondent notre société qui se trouve bouleversée. La valeur
du travail, à la fois droit et devoir, conditionne dans toutes les
catégories sociales nos modes de vie, nos jugements, nos rapports
à la société. C'est du travail que nous vient une partie
de notre morale.
Ce sont bien les valeurs fondatrices de notre société et de notre
civilisation qui sont en jeu. Nous sommes au coeur même de notre
engagement politique et de la raison d'être de notre Assemblée.
Comment façonner cette société pour en préserver
les valeurs qui en font l'essence et accompagner les mutations technologiques
en gardant à l'esprit les repères qui font
précisément notre raison d'être ? "
Le rapporteur M. Pierre BEAUFAYS a apporté à
M. Claude
BIRRAUX
la réponse suivante :
" Je vous remercie d'avoir rappelé les enjeux et vous avez bien dit
qu'ils doivent tous être pris globalement. Je vous remercie aussi pour
votre participation personnelle au travail de la commission, notamment en ce
qui concerne la réunion de Lyon fort importante. Vous avez
terminé en parlant de l'enjeu démocratique, c'était
véritablement opportun. "
Après un débat et l'adoption de plusieurs amendements,
la
recommandation 1314 figurant dans le rapport 7713, amendée, est
adoptée.
17. Projet de convention européenne sur la nationalité (Vendredi 31 janvier)
Le
rapporteur propose que l'Assemblée accueille favorablement et adopte
dans les meilleurs délais le projet de convention soumis à son
avis. Ce texte reflète le souci du Conseil de l'Europe de
répondre aux situations d'urgence qui se posent actuellement en
Europe : partition d'Etats, conflits ethniques, immigration, statut des
réfugiés. Il prend également en compte la nouvelle donne
démocratique dans les pays d'Europe centrale et orientale.
La future convention contribuera à prévenir l'apatride, en
limitant notamment les possibilités de retrait de la nationalité.
Elle vise à faciliter l'acquisition de la nationalité ainsi que
la réintégration dans la nationalité d'origine, à
limiter les possibilités de perte de la nationalité à des
cas dûment justifiés, à garantir des procédures
justes et équitables et à assurer aux personnes possédant
plusieurs nationalités de ne remplir les obligations militaires
qu'à l'égard d'un seul Etat.
Certains amendements lui semblent néanmoins indispensables, et
notamment :
- la modification du titre en " Convention sur la
citoyenneté ", le terme de " nationalité " pouvant
prêter à confusion dans des pays à fortes minorités
" nationales " ;
- l'inclusion dans les motifs de discrimination (que la convention veut
empêcher) de l'origine sociale ou ethnique et l'appartenance à une
minorité nationale ;
- la limitation du champ et de la durée des réserves que les
Etats ont la possibilité de formuler ;
- le développement de la convention dans 3 domaines :
• la succession d'Etats (attitude plus volontariste notamment pour les
garanties et droits des ressortissants d'un Etat prédécesseur),
• la coopération internationale dont les modalités, les
structures et les moyens ne sont pas précisés,
• les incidences d'une citoyenneté commune pour l'Union
européenne. A défaut, la convention risque de devenir rapidement
caduque si l'Union venait à élargir ses compétences dans
ce domaine.
La Commission des migrations, des réfugiés et de la
démographie a également présenté un avis sur ce
projet de convention. Son rapporteur, Mme Manuela Aguiar (Portugal, LDR),
souscrit au texte dans ces grandes lignes, mais estime qu'il ne donne pas au
demandeur de nationalité une protection suffisante face aux lenteurs et
aux aléas de l'administration. Elle propose en conséquence de
l'amender en précisant que ce délai ne saurait dépasser un
an et soit explicitement mentionné dans le projet de convention.
A la suite du débat,
l'avis 200 contenu dans le rapport 7718,
amendé, est adopté.
18. Age minimal concernant le droit de vote (Vendredi 31 janvier)
Le
rapporteur, estimant que les jeunes seraient ainsi davantage
responsabilisés et mieux intégrés dans la
société en tant que citoyens à part entière, se
prononce en faveur de l'octroi du droit de vote -actif et passif- dès
l'âge de 18 ans, pour toutes les élections, dans l'ensemble
des Etats membres du Conseil de l'Europe.
D'autres droits, tels que ceux de s'engager dans un parti politique, de passer
le permis de conduire ou de se marier, leur sont déjà
accordés à cet âge, souligne le rapport. Leur donner
également le droit de vote pourrait susciter un regain
d'intérêt des jeunes pour la politique et contribuer à la
lutte contre leur exclusion de la société.
A l'issue du débat,
la recommandation 1315 contenue dans le rapport
7724 est adoptée.
II. LA DEUXIEME PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 21 au 25 avril 1997)
1. Introduction
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'est
réunie à Strasbourg du 21 au 25 avril (deuxième partie de
sa session ordinaire de 1997).
Cette partie de session a permis à l'Assemblée d'entendre des
allocutions de :
-
Mme Judith STAMM
, Président du Conseil national
suisse ;
-
M. Constantinos STEPHANOPOULOS
, Président de la
République hellénique ;
-
M. Daniel TARSCHYS
, Secrétaire général du
Conseil de l'Europe, qui a notamment répondu à une question de
M. Jean BRIANE
, député (UDF) ;
-
M. Peter STOYANOV
, Président de la République de
Bulgarie.
A l'ouverture des travaux de l'Assemblée, lors de la fixation de l'ordre
du jour,
M. Daniel HOEFFEL
, sénateur (UC), a pris la parole
pour regretter la suppression de la communication du Président en
exercice de l'OSCE, qui eût fourni l'occasion de faire le point sur la
coordination entre toutes les organisations européennes, coordination
dont un événement comme la crise albanaise manifeste l'urgence.
Puis, l'Assemblée a délibéré des questions
suivantes :
- Le Rapport d'activité du Bureau et de l'Assemblée et de sa
Commission permanente, Rapport dont l'assemblée a pris acte (n°7803
et addenda
I et II) ;
- Le renforcement du mécanisme de la Convention européenne
pour la prévention de la torture et des peines ou traitements
dégradants (Rapport 7784, l'Assemblée adoptant, avec des
amendements, la Recommandation 1323 et la Directive 530) ;
- La contribution de l'Assemblée parlementaire au deuxième
Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement du Conseil de l'Europe ;
après la présentation du Rapport (7786), l'Assemblée a
adopté la Recommandation 1324 ;
- Les conflits en Transcaucasie ; dans le débat sur le Rapport (7793),
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc), a pris la parole avant que
l'Assemblée n'adopte la Résolution 1119 ; le mercredi 24 avril,
M. Nicolas ABOUT
, sénateur (ap. RI), a invité
l'Assemblée à se souvenir, parmi les victimes de tous les
génocides, du massacre des Arméniens dont ce jour marque la
commémoration ;
- Les incidences des nouvelles techniques de communication et
d'information sur la démocratie ; le débat, qui s'est
engagé sur la présentation par
M. Jean-Pierre MASSERET
,
sénateur (Soc), de son Rapport (7772) (faisant suite aux nombreux
travaux qu'il a conduits sur ce thème, notamment dans le cadre du
Conseil de l'Europe) et sur l'avis 7805 ainsi que deux avis oraux, a
débouché sur l'adoption, avec amendements, de la Directive
531 :
- Les instruments de la participation des citoyens dans la
démocratie représentative (Rapport 7781) ;
M. Daniel
HOEFFEL
, sénateur (UC) a pris la parole dans ce débat qui
s'est conclu par l'adoption de la Résolution 1121 ;
- Les progrès de la réforme économique en Europe
centrale et orientale (Rapport 7712
et addendum
) ;
M. Jean-Pierre
MASSERET
, sénateur (Soc) est intervenu dans ce débat qui a
donné lieu à l'adoption de la Résolution 1122 ;
- La traite des femmes et la prostitution forcée dans les Etats
membres du Conseil de l'Europe (Rapport 7785, Avis 7808 et Recommandation 1325)
;
- Le respect des obligations des engagements de la Roumanie. Outre le
rapport 7795,
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc), a
présenté un avis oral au nom de la commission des relations avec
les pays non membres avant que l'Assemblée n'adopte la Résolution
1123 et la Recommandation 1326 ;
- La protection et le renforcement des droits de l'Homme en faveur des
réfugiés et des demandeurs d'asile en Europe.
M.
François LESEIN
, sénateur (RDSE) a pris la parole dans le
débat (Rapport 7783 et Recommandation 1327) ;
- La situation en Albanie.
M. Nicolas ABOUT
, sénateur (ap.
RI) est intervenu dans le débat (Rapport 7806, Avis 7807 et 7810,
Recommandation 1328 et Directive 532) ;
- Les politiques de transport aérien : l'aviation civile en phase
de transition.
M. François LESEIN
, sénateur (RDSE)
est intervenu dans ce débat (Rapport 7778 et Résolution 1124).
A l'occasion de cette session, l'Assemblée a procédé
à la réforme de ses commissions, en application de la
Résolution 1107 sur la structure des commissions, adoptée en
janvier dernier et entrée en vigueur le 25 avril 1997, portant le nombre
des membres de la commission des migrations, des réfugiés et de
la démographie de 59 à 65 membres, tandis que la commission de
l'agriculture ne comptera plus que 45 membres au lieu de 50, de même que
la commission du règlement, ramenée également de 50
à 45 membres ; enfin, la commission des relations avec les pays
européens non membres est supprimée pour tenir compte de
l'adhésion de tous les Etats du continent européen au Conseil de
l'Europe, à l'exception encore de 5 Etats dont les Parlements
bénéficient du statut d'invité spécial à
l'Assemblée parlementaire, en attendant leur adhésion
plénière. Enfin, a été instituée une
nouvelle " Commission pour le respect des obligations et engagements des
Etats membres du Conseil de l'Europe ", qui compte parmi ses 65 membres,
M. Michel ALLONCLE
, sénateur (RPR),
Mme Josette
DURRIEU
, sénateur (Soc) et
M. François LESEIN
,
sénateur (RDSE).
2. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission Permanente - Rapport de M. Jacques BAUMEL, député (RPR) (Lundi 21 avril)
M.
Jacques BAUMEL
présente son rapport en ces termes :
" J'ai, en effet, la responsabilité de présenter le rapport
d'activité du Bureau de l'Assemblée et de la Commission
Permanente.
Compte tenu des nombreuses décisions et des multiples activités
de ces deux organismes, je vous ferai la grâce de ne pas vous donner en
détail tout ce qui concerne le travail permanent de ces deux organes.
Sur des pages et des pages, vous pourrez lire les résumés des
différentes propositions de résolution et les décisions
tant de la Commission permanente que du Bureau. Je ne retiendrai que quelques
éléments marquants, notamment sur le plan de l'action politique.
Passons rapidement sur le renouvellement des membres de commissions que le
Bureau a été amené à opérer et sur les
divers textes adoptés, notamment les recommandations qui ont
été transmises.
Je signale, pour ceux que cela pourrait intéresser, que ce rapport
contient la liste précise des réunions qui ont été
autorisées par le Bureau en dehors de Strasbourg et de Paris. Je ne
crois qu'il soit d'un grand intérêt pour notre Assemblée
d'en donner tout le détail aujourd'hui.
Je signale aussi la demande de statut d'observateur auprès de
l'Assemblée présentée par le Parlement canadien. Elle a
été examinée, il en va de même de la demande
formulée par le Japon en vue d'obtenir un poste d'observateur.
Après avoir évoqué rapidement les relations de la
Commission permanente ou des autres organes du Conseil de l'Europe avec le
Comité des Ministres, j'appelle votre attention sur le groupe de travail
mixte avec le Comité des Ministres chargé de la
préparation du cinquantième anniversaire du Conseil de l'Europe.
Je vais donner des précisions, car cela me paraît être le
plus important, sur l'activité du Bureau et de la Commission permanente
en ce qui concerne les problèmes de politique étrangère et
de relations extérieures.
Un sujet est, hélas, de grande actualité : à savoir
l'Albanie. La Commission Permanente a adopté, le 19 mars, une
recommandation sur l'état d'urgence en Albanie. Dans ce texte, elle a
notamment demandé au Conseil des ministres de prendre l'initiative de
constituer une équipe spéciale tripartite -Conseil de l'Europe,
Union européenne, OSCE - afin d'apporter un soutien international
à la nouvelle coalition gouvernementale. Elle a demandé au
Secrétaire général de réexaminer les programmes
d'assistance à l'Albanie pour apporter une contribution significative
aux équipes d'assistance multi-institutionnelles. Enfin, elle a
demandé aux chefs des groupes politiques de se rendre en Albanie pour
favoriser le processus de réconciliation.
Je dois dire que, depuis, nos collègues MM. van der Linden, Columberg et
Ruffy se sont rendus en Albanie et feront jeudi rapport sur leur
dernière mission. Je ne veux pas m'étendre sur la situation
préoccupante de ce pays, car elle est loin d'être
réglée, même avec les missions humanitaires d'alimentation
qui ont été envisagées ou l'arrivée de forces de
paix qui ont commencé à débarquer sur ce territoire.
Le Président Berisha et le Président du Parlement albanais ont
exprimé le souhait que l'Assemblée participe à
l'observation des élections législatives prévues pour la
fin du mois de juin. Les modalités de cette participation seront
arrêtées après que les chefs des groupes politiques en
auront discuté avec les partis politiques albanais. Le consensus doit
être l'objectif de notre Assemblée et il faut y parvenir. La
commission des questions politiques a abordé tout à l'heure
encore ce sujet de très grande préoccupation pour chacun d'entre
nous.
Le deuxième sujet que j'évoquerai aussi rapidement est la
préparation du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement. La prochaine
réunion du Comité mixte, qui aura lieu jeudi prochain, sera
consacrée en grande partie à discuter de l'état
d'avancement des travaux de préparation du deuxième sommet des
chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe, qui se tiendra à
Strasbourg les 10 et 11 octobre de cette année.
L'Assemblée, dans son premier rapport sur le sommet,
présenté par nos deux collègues MM. Martínez et
Seitlinger, a déjà formulé une série de
propositions quant aux thèmes à aborder. Dans le second rapport,
qui sera examiné demain, les rapporteurs formulent des recommandations
précises quant aux décisions qui devraient être incluses
dans le projet de déclaration finale du sommet.
Il s'agit essentiellement de renforcer les mécanismes existants,
notamment la Cour unique des Droits de l'Homme, et la ratification des
conventions existantes ; de relever les nouveaux défis avec,
notamment, la création d'un commissariat aux droits de l'homme, un
protocole additionnel à la Convention "biomédecine" sur le
clonage ou la Charte européenne du service public ; enfin, de
renforcer la cohésion sociale, avec la ratification de la Charte
sociale, le projet "dignité humaine et exclusion sociale".
Dans ce domaine, notre Assemblée fait preuve de plus d'imagination et de
créativité que les autorités gouvernementales. Je n'en
dirai pas plus, c'est préférable.
Mon troisième point concerne le Bélarus. Le 31 janvier, vous le
savez, notre Bureau a transmis à la Commission des questions politiques
la proposition de la délégation russe d'organiser sur la
situation préoccupante du Bélarus, un séminaire avec la
participation des représentants des forces politiques de ce pays. Dans
sa réunion du 2 avril, la Commission politique est convenue d'examiner
au cours de cette session la possibilité d'organiser le séminaire
à Strasbourg ou éventuellement, si les conditions le
permettaient, à Minsk au cours des prochains mois. Mais je ne vous le
cache pas, et je représente un peu l'opinion générale que
la situation actuelle du Bélarus, compte tenu de l'évolution
politique que nous y consacrons, est de nature à susciter un grand
nombre d'inquiétudes sur le maintien et le développement de la
démocratie.
Le quatrième point que je voudrais évoquer rapidement, en vous
priant de m'excuser d'être un peu lent, a trait à la mise en
oeuvre des accords de Dayton pour la paix en Bosnie-Herzégovine.
Le 18 mars, votre Bureau a décidé de porter à cinq le
nombre de sièges alloués à la délégation
d'invités spéciaux de Bosnie-Herzégovine afin d'en
élargir la représentativité, de constituer le moment venu,
une commission ad hoc pour observer les élections locales prévues
pour septembre 1997 - et il me paraîtrait d'ailleurs judicieux que notre
Assemblée parlementaire soit présente à l'occasion de ces
élections - et d'autoriser les commissions intéressées
à inviter des parlementaires de Bosnie-Herzégovine pour des
échanges de vues sur des sujets spécifiques au sujet des
élections et de la reconstruction du pays.
En ce qui concerne le cinquième point de mon rapport, quelques mots
seulement au sujet de l'importante convention sur les droits de l'homme et la
biomédecine qui vient de se tenir à Oviedo. Notre
présidente étant présente à la
cérémonie d'ouverture à la signature de cette convention -
à l'origine de laquelle se trouve l'Assemblée, une
délégation de l'Assemblée a également
participé à cette cérémonie et, ce matin
même, notre présidente nous a marqué l'importance et le
cérémonial spécial de cette manifestation à
laquelle elle a assisté.
Mon dernier point porte essentiellement sur l'observation des élections.
Je crois que c'est maintenant un élément important de notre
action politique que d'être présent dans les élections, d'y
déléguer des observateurs et de jouer le rôle naturel qui
est celui du défenseur de la démocratie et des droits de l'homme
en Europe.
Pour ce qui est de la Croatie, le Bureau a créé, le 18 mars, une
commission ad hoc pour observer les élections locales et les
élections à la Chambre des régions du parlement croate en
Slavonie orientale. Elles ont eu lieu le 13 et 14 avril et M. Jansson,
rapporteur de la commission ad hoc, en informera directement l'Assemblée.
S'agissant de la Bulgarie, un point plus récent et, à mon avis,
très important, des élections législatives viennent de se
tenir, dont vous avez vu les résultats impressionnants. Le Bureau a
également constitué une commission ad hoc pour observer ces
élections législatives samedi dernier. M. Onaindia,
rapporteur de la commission ad hoc en informera directement l'Assemblée.
Pour donner des informations de dernière heure, de ce matin, le Bureau a
pris note du rapport de la commission ad hoc sur les élections locales
et régionales de Croatie. Il a pris également acte des
opérations de l'Albanie, après avoir entendu une
déclaration de M. van der Linden. D'autre part, le Bureau
sous réserve de ratification, a renvoyé pour avis un certain
nombre de questions en commission.
Enfin, pour la commission de suivi, le Bureau a, sous réserve de
ratification par l'Assemblée, décidé de remplacer
M. Per Stig Moeller par M. Tomas Ingi Olrich
d'Islande. "
3. Renforcement du mécanisme de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants - Intervention de M. Bernard SCHREINER, député (RPR), rapporteur pour avis (Lundi 21 avril)
L'année 1997 marque le dixième anniversaire de
l'ouverture à la signature de la Convention européenne pour la
prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou
dégradants (CEPT) et la huitième année d'activité
du Comité (CPT) qu'elle a créé. A la lumière des
évolutions qui se sont produites et, notamment, de l'expansion des
activités du CPT en Europe centrale et orientale, l'Assemblée a
identifié certains domaines dans lesquels des améliorations sont
nécessaires afin que l'efficacité et la crédibilité
du CPT soient sauvegardées.
En particulier, elle constate la nécessité :
a) d'un accroissement de ressources humaines et budgétaires pour le
CPT ;
b) d'une composition plus équilibrée du CPT, en termes de
formation professionnelle, de sexe et d'âge ;
c) de l'entrée en vigueur rapide du protocole n° 2
à la CEPT qui prévoit le renouvellement régulier des
membres du CPT et la possibilité qu'ils soient réélus deux
fois ;
d) d'une meilleure sensibilisation aux activités du CPT ;
e) d'un surcroît de coopération entre le CPT et
l'Assemblée (notamment sa commission des questions juridiques et des
droits de l'homme et sa commission de suivi) ainsi qu'avec le Comité des
Nations unies contre la torture.
M. Bernard SCHREINER, député (RPR),
présente ses
observations sur le rapport :
" Mes chers collègues, c'est au nom de la commission du budget et
du programme de travail intergouvernemental que j'ai le privilège de
vous exposer l'avis de la commission qui a examiné avec un très
grand intérêt l'excellent rapport de M. Jaskiernia sur le
renforcement du mécanisme de la Convention européenne pour la
prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou
dégradants. La commission partage également l'avis du rapporteur
quant à l'importance politique de cette convention et du travail
remarquable accompli par le Comité pour la prévention de la
torture.
A cet égard, la commission du budget ne peut qu'appuyer la proposition
du rapporteur pour que des ressources humaines et budgétaires
suffisantes soient mises à disposition du comité en tenant compte
notamment du nombre de jours de visite effectués par le comité,
ce nombre allant croissant suite à l'adhésion prochaine à
la Convention de l'Ukraine et de la Fédération de Russie.
Il va sans dire, comme le souligne le rapporteur, que cette augmentation des
jours de visite entraînera non seulement une charge de travail
supplémentaire mais également la nécessité d'une
plus grande disponibilité de la part des membres du comité et du
secrétariat.
La commission du budget se félicite que le Comité des Ministres
ait prévu la création d'un poste d'administrateur de grade A2/A3
pour le secrétariat du CPT en 1997. Toutefois, malgré
l'augmentation du nombre du personnel depuis 1991, la commission estime que les
effectifs actuels du secrétariat risquent d'être insuffisants pour
que le CPT conserve son efficacité.
La commission du budget que peut qu'appuyer le souhait du rapporteur pour que
le Comité puisse avoir une composition plus équilibrée et
qu'il puisse compter sur une plus grande participation de spécialistes
des questions pénitentiaires et de médecine légale.
Enfin, la commission du budget ne peut que saluer l'initiative du
Président actuel du Comité pour améliorer
l'efficacité du travail du Comité en mettant notamment en place
une procédure accélérée pour l'examen des rapports
de visite ainsi qu'en réduisant de quatre à trois le nombre de
ses réunions plénières en 1997.
Cette diminution du nombre de réunions permettra aussi de consacrer aux
visites plus de ressources humaines et financières.
Par conséquent, la commission du budget soutient le projet de
recommandation que la commission des questions juridiques et des droits de
l'homme présente à l'Assemblée et dans lequel le
Comité des Ministres est invité à poursuivre le
renforcement des structures du Comité et à lui donner les
ressources nécessaires afin d'assurer son bon fonctionnement et lui
donner tout son dynamisme. "
A l'issue du débat,
la recommandation 1323, ainsi que la directive
530, contenues dans le document 7784, amendées, sont
adoptées.
4. Contribution de l'Assemblée parlementaire au deuxième sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe - Intervention de M. Jean SEITLINGER, député (UDF) (Mardi 22 avril)
Le
deuxième Sommet du Conseil de l'Europe devrait être axé sur
les défis spécifiques auxquels sont confrontées les
sociétés européennes et sur le rôle du Conseil, les
" quarante ", en tant que forum majeur de dialogue et de concertation
politiques paneuropéens.
Selon les rapporteurs, le Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement, qui se
tiendra les 10 et 11 octobre 1997 à Strasbourg. devrait porter, entre
autres. sur les questions suivantes : la lutte contre le crime
organisé, la régulation du génie génétique
et des technologies de l'information, la cohésion sociale et
l'égalité entre les femmes et les hommes.
Par ailleurs. le Sommet devrait se pencher sur les besoins urgents des nouveaux
pays membres d'Europe centrale et orientale et obtenir des engagements fermes
de la part des Etats membres quant à leur coopération dans les
procédures de suivi menées par le Conseil.
La rapport constate que l'aide internationale aux pays membres touchés
par une crise politique s'étant " révélée
inadaptée ", il conviendrait de confier une responsabilité
accrue en ce qui concerne la mise oeuvre des programmes d'aide, afin de
renforcer la sécurité démocratique (démocratie
pluraliste, droits de l'homme et Etat de droit).
Au nombre des propositions contenues dans le rapport figure
l'élaboration :
- d'un protocole additionnel à la Convention européenne des
Droits de l'Homme qui contiendrait une clause générale sur
l'égalité des droits (l'actuel article 14 ne garantit la non
discrimination que pour les droits énoncés dans la
convention) ;
- d'un protocole additionnel à la Convention européenne des
Droits de l'Homme protégeant les droits culturels des
minorités ;
- d'une Convention européenne sur la protection et les droits des
réfugiés et des demandeurs d'asile ;
- d'un protocole sur le clonage à la Convention sur les droits de
l'homme et la biomédecine,
- d'une Convention sur les technologies de la communication ;
- d'un plan d'action pour faire progresser l'égalité entre
les hommes et les femmes ;
- d'un ensemble de principes - d'une portée pratique - applicables
à l'action gouvernementale en matière de lutte contre la
pauvreté et l'exclusion sociale ;
- de concepts visant à sensibiliser l'opinion à
l'écart croissant entre le nord et le sud.
M. Jean SEITLINGER, député (UDF),
intervient alors en ces
termes :
" Madame la Présidente, comme vient de l'indiquer mon
collègue, M. Martínez, vous avez pris une initiative
à la fois heureuse et opportune. Car, nous sommes à la fin de
l'élargissement, et les sommets des chefs d'Etat et de gouvernement sont
devenus le moteur dans toutes les institutions. Un moteur qui fonctionne
d'autant mieux qu'il est alimenté et que le travail est
préparé. C'est ce à quoi les deux rapporteurs se sont
appliqués afin de présenter des propositions pertinentes pour
meubler ce sommet.
La place du Conseil de l'Europe dans l'architecture de demain, nous n'avons pas
à la revendiquer. Elle nous appartient. Nous sommes un pôle
d'excellence dans les domaines des droits de l'homme, de l'éthique et
des valeurs fondamentales qui constituent les leviers de notre action. Nous
devons donc confirmer des acquis qui donnent à notre Assemblée
une autorité exceptionnelle et nous permettent d'être un centre de
propositions et d'initiatives.
En Europe, nous sommes l'institution la plus large : elle couvre tout le
continent sans ligne de partage, sans clivage interne. Nous sommes aussi
l'institution qui a une composante parlementaire, notre Assemblée,
particulièrement efficace. Sans nommer d'autres institutions, mais vous
les aurez reconnues comme moi, je crois pouvoir affirmer que notre
Assemblée, parce qu'elle est constituée de parlementaires issus
de parlements nationaux, a une légitimité particulière
pour conduire le dialogue politique en Europe.
J'en viens aux quelques grands axes que nous avons proposés pour
éviter de nous disperser. En particulier, nous avons retenu l'espace
juridique européen avec la cour unique des Droits de l'Homme, la
création d'un commissaire aux Droits de l'Homme, proposée par la
présidence finlandaise, qui a recueilli un avis favorable des autres
Etats. Pour nos concitoyens, il y a aussi bien sûr les défis de
l'Europe au quotidien : la lutte contre le terrorisme, la drogue et autres
maux de notre société. Enfin, un domaine émerge, celui de
la cohésion sociale. Sur ce plan, la Charte sociale, de manière
souple, flexible et non pas rigide peut apporter une contribution utile.
Le troisième axe concerne la culture et la formation. En clair, il
s'agit de l'identité européenne à laquelle nous sommes
particulièrement attachés.
Tels sont les trois grands axes de réflexion que nous proposons pour la
tenue de ce sommet. Nous sommes persuadés, de ce fait, que notre Conseil
de l'Europe sera un des socles irremplaçables d'une Europe unie. "
A l'issue du débat,
M. Jean SEITLINGER
reprend brièvement
la parole :
" Je serai très bref car il y a identité de vues entre M.
Martínez et moi-même.
A mon tour, je remercie l'ensemble des orateurs. Ils ont surtout
souligné certains aspects du rapport et ont reconnu que leur
présentation était intégrée dans le document soumis
à l'Assemblée. Il s'agit essentiellement du partage des
compétences, de la question des droits de l'homme et de la ratification
du Protocole n° 11.
Pour terminer, je réparerai bien volontiers une omission : notre
gratitude va également à M. Bruno Haller, qui a
été, dès le départ, une des chevilles
ouvrières de notre action. "
La recommandation 1324 contenue dans le rapport 7786, amendée, est
adoptée.
5. Conflits en Transcaucasie - Intervention de M. Jean SEITLINGER, député (UDF), rapporteur - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mardi 22 avril)
M.
Jean SEITLINGER, député (UDF),
rapporteur pour avis de la
commission des relations avec les pays européens non membres,
présente les observations suivantes :
" Madame la Présidente, mes chers collègues, je prends la
parole pour la dernière fois au nom de la commission des relations avec
les pays européens non-membres qui est en voie de disparition
puisqu'elle n'existera plus à la fin de cette semaine. Cette commission
a été créée en 1950, pour veiller aux
intérêts des non membres, non représentés au Conseil
de l'Europe. En 1956, c'était une commission générale,
sous le nom de commission des Nations non représentées, puis des
pays non représentés, enfin, en 1970, elle est devenue la
commission des relations avec les pays européens non membres ;
surtout, bien sûr, avec les Assemblées législatives
nationales de ces différents pays.
Durant toute cette période, elle a dû se borner à des
rapports sur la situation dans les pays d'Europe centrale et orientale,
à des actions telles que la publication de listes de prisonniers
politiques, dont certains d'ailleurs ont pu obtenir leur libération
grâce à l'activité de la commission. Elle s'est
prononcée, à l'époque aussi, pour la coopération
culturelle Est-Ouest.
La date importante qui a marqué un tournant, non seulement pour la
commission mais aussi pour notre Assemblée, fut le 11 mai 1989, quand
fut voté à l'unanimité, par notre Assemblée, la
création du statut d'invité spécial, à l'initiative
de notre collègue député libéral suisse, Peter
Säger, président de la commission. Ce statut a permis aux nouvelles
démocraties d'Europe centrale et orientale d'être admises, mais
pas à part entière. Néanmoins, ces démocraties ont
pu intégrer le forum démocratique du Conseil de l'Europe sans un
grand délai d'attente.
C'est ainsi que le Président Björck a pu, de cette tribune, en
février 1992, déclarer que, grâce à ce statut, le
Conseil de l'Europe s'était établi durablement sur la
scène politique européenne.
Sous la présidence de David Atkinson, notre collègue britannique
qui a succédé à Peter Säger à la
présidence de la commission, quinze pays ont obtenu le statut
d'invité spécial. M. Atkinson a également fait
procéder à de très nombreuses auditions concernant,
notamment, la Roumanie, et aussi et surtout, l'Azerbaïdjan,
l'Arménie et la Géorgie.
Moi-même, j'ai accédé à cette présidence en
janvier 1995 et nous avons poursuivi l'élargissement. En particulier,
nous avons enregistré l'adhésion, à part entière,
de la Fédération de Russie le 28 février 1996. A
présent, quarante Etats sont membres du Conseil de l'Europe, cinq
sont encore invités spéciaux et la commission a donc
été favorable à la délivrance de ce statut à
vingt-trois Etats. Il est vrai que deux l'ont perdu dans l'intervalle.
Je veux donc rendre hommage à mes prédécesseurs, Peter
Säger et David Atkinson ; particulièrement au premier qui, par
son initiative lucide, a permis cette politique du statut d'invité
spécial. Je remercie aussi Guy Dufour qui est à mes
côtés et qui a été, tout au long de ces
années, le collaborateur de notre commission.
Je me devais de faire cette introduction parce que c'est la dernière
occasion que j'ai pour remercier les membres de cette commission, ceux qui ne
sont plus des nôtres, et ceux qui encore, jusqu'à ce matin
à 8 heures, ont encore participé activement à nos travaux.
Dans notre dernier rapport, après notre visite en Géorgie, il y a
quelques semaines, nous avons évoqué les conflits en
Transcaucasie, région située entre la Turquie et la Russie, deux
pays membres à part entière de notre Assemblée. Ces deux
conflits ne sont pas de même nature, mais font l'objet d'un même
rapport, parce que leur règlement doit reposer sur les mêmes
principes, sur les mêmes normes de Droit International que sont
l'inviolabilité ou l'intégrité des frontières, les
garanties de sécurité, souvent par des forces multinationales, le
statut de large autonomie pour l'Abkhazie et le Haut-Karabakh, et enfin, le
droit de retour des réfugiés et leur réintégration.
Ce dernier point n'est pas la moindre exigence que nous devons formuler car il
faut savoir que pour ces trois pays qui comptent au total 12 millions
d'habitants, il y a entre 1,3 million et 1,5 million de
réfugiés. Cela signifie qu'un dixième des habitants sont
des déracinés. Nous avons pu nous rendre compte sur place dans
quelles conditions difficiles ils font face.
L'exposé des motifs, bien évidemment, n'est pas le document
soumis au vote. Seule la résolution fera l'objet d'une approbation. Nous
ne sommes pas des médiateurs entre les différentes thèses
des historiens, car je sais que, sur ce point, certains de nos collègues
de ces pays ne sont pas d'accord. Il y a forcément parmi eux
différentes thèses. Nous ne sommes pas ici pour faire l'histoire,
pour remonter à des siècles avant Jésus-Christ. Nous
sommes confrontés à une actualité, à une situation
latente de conflit avec 1,5 millions de réfugiés. Nous devons
essayer de notre mieux de trouver des solutions. Nous savons, bien sûr,
que la clé n'est pas uniquement parmi nous. Néanmoins, nous
pouvons contribuer à la trouver.
S'agissant de l'Abkhazie, qui est un problème interne à la
Géorgie, nous sommes allés à Soukhoumi et nous avons
rencontré M. Ardzinba. Nous avons pu constater la purification ethnique
à laquelle il a procédé après l'arrêt des
combats, le cessez-le-feu de mai 1994. J'ajoute qu'il a également fait
détruire systématiquement les maisons et les récoltes.
Dans un document, en réponse à nos questions, nous avons
constaté qu'il existait des éléments raisonnables pour une
négociation. Mais sur un point essentiel, la réponse n'est pas
satisfaisante : il s'agit du retour des réfugiés ; M.
Ardzinba ne veut pas qu'il y ait à nouveau une
prépondérance démographique de population non abkhaze.
Bien sûr, cela est inacceptable.
Depuis 1988, le Haut-Karabakh a connu des conflits dramatiques avec près
de 20 000 morts. Le cessez-le-feu est intervenu en mai 1994 et il est
respecté des deux côtés.
Dès 1992, l'OSCE a créé le Groupe de Minsk. En 1994,
à Budapest, lors d'une réunion, il a demandé la
présence de forces multinationales mais le Conseil de
Sécurité n'a jamais donné suite à cette
proposition. Il n'a pas donné mandat à des forces de l'ONU pour
se rendre dans le Haut-Karabakh alors qu'elles sont présentes en
Abkhazie mais uniquement avec un mandat d'observation donc sans armes.
Pour essayer de lever ce blocage, une réunion a eu lieu à
Luxembourg entre les deux Présidents. Le Président de
l'Azerbaïdjan, M. Aliev, et le Président de l'Arménie
ont chacun nommé des représentants personnels, qui se rencontrent
afin d'essayer de faire avancer les choses.
Pour notre part, nous avons aussi organisé, en janvier, un
séminaire, qui a permis aux différentes délégations
de ces pays de s'exprimer.
Il faut également mentionner le Sommet de Lisbonne, en décembre
1996, qui a réuni les chefs d'Etat et de gouvernement de l'OSCE. Ce
sommet s'est conclu par une déclaration de M. Flavio Cotti,
président de l'OSCE, qui a été acceptée par
cinquante pays, mais pas par le Président de l'Arménie.
Ce que nous pouvons dire, c'est que ces pays, parce qu'ils sont voisins sont
condamnés à vivre ensemble et donc obligés de pratiquer
l'école de la tolérance, de manière que cette
région, au passé si riche, puisse à nouveau redevenir la
route de la soie ou, de manière moderne, la route du pétrole.
De toute façon, ne soyons ni trop exigeants ni trop impatients :
ces pays n'ont que cinq ans d'indépendance. Dans l'histoire des
peuples, c'est très court, et nous ne devons pas juger en occultant ce
fait. Nous devons faire confiance à ces pays et les aider afin qu'ils
trouvent rapidement la voie de la paix et de la coopération. "
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
intervient dans le
débat en ces termes :
" L'état de guerre persiste dans les pays dont nous parlons. En
Abkhazie, c'est évident. Au Haut-Karabakh, il y a encore eu des morts
ces derniers jours.
La situation économique dans ces pays est désastreuse. En
Abkhazie, nous avons pu constater récemment, avec la
délégation de la commission, que c'était le cas : la
situation est comparable à celle de la Bosnie. J'ai visité la
Bosnie, je n'ai pas vu de différence.
Le nombre des personnes déplacées se chiffre par centaines de
milliers, et probablement plus d'un million pour l'ensemble de ces pays.
Mon propos aura trait essentiellement à la Géorgie et à
l'Abkhazie. Je ne souhaite pas, volontairement, l'élargir à
l'Ossétie ou à l'Adjarie.
Je résumerai mon propos en trois points.
Premier point : il y a urgence à établir un règlement
politique. Les principes communs, vous les avez tous avancés : les
frontières, la sécurité, une large autonomie, le droit de
retour des réfugiés.
A propos de l'Abkhazie, je voudrais rappeler un certain nombre
d'éléments que peut-être nous ignorons trop en Europe.
La guerre a commencé en août 1992 ; le cessez-le-feu est
intervenu en juillet 1993 ; il a été rompu après
cette date par les Abkhazes ; un exode massif a eu lieu,
déplaçant 120 000 personnes, venues s'ajouter aux
70 000 qui étaient déjà parties ; plus de
200 000 personnes ont donc quitté l'Abkhazie.
La destruction qui a suivi cet exode est totale. Et je me dois d'insister sur
cet événement : la composition ethnique dans cette
région de la Géorgie est complètement inversée.
Oui, on peut parler de "nettoyage ethnique", de "purification", au même
titre que pour la Bosnie, mais on ne le précise pas.
L'atteinte aux droits de l'homme est caractérisée. Les Abkhazes
ont une certaine légitimité, mais leur cynisme est absolu. Aucun
retour n'est possible : 311 personnes sur près de 250 000
réfugiés qui ont quitté ce pays. L'horreur et la douleur,
nous les avons vues à Tbilissi, le lendemain, en visitant les camps de
réfugiés.
Le second point de mon intervention concerne le rôle de la Russie, un
rôle réel et direct. Oui, il faut rappeler ce rôle pour la
Géorgie : en novembre 1992, des forces russes participent à
la guerre et repoussent les Géorgiens - cela a été
dit ; en juillet 1993, la Russie participe au cessez-le-feu ; mais il
sera rompu par les Abkhazes ; en septembre 1993, la Géorgie entre
dans la CEI ; en octobre 1993, la Géorgie demande l'assistance
militaire de la Russie ; en 1994, un accord de coopération est
signé avec la Russie sur des bases russes en Géorgie ; en
1995, a lieu le blocus de l'Abkhazie.
Oui, le rôle de la Russie dans la guerre et dans la paix est
évident. Par conséquent, son rôle sera essentiel, aux
côtés de l'ONU et de l'OSCE, pour assurer la
sécurité, parce qu'elle est garante dans le Caucase de la
stabilité, mais aussi de l'instabilité, qui relève de sa
responsabilité.
Enfin, oui, cette région du Caucase existe. Elle constitue un trait
d'union entre l'Asie et l'Europe. C'est une zone d'intérêts
communs entre trois Etats, intérêts culturels,
géographiques, historiques et surtout économiques et
stratégiques. La politique du pétrole est un instrument de
politique étrangère et le tracé des pipe-lines du
Kazakhstan à la Caspienne et à la Mer noire est un enjeu et un
objet de transactions, un objet de récompenses, un objet de sanctions.
Oui, cette région a le droit d'exister sur ses richesses, ses valeurs.
Elle est l'Europe. Je souhaite l'adhésion rapide de ces trois Etats afin
qu'ils soient vite parmi nous. "
M. Jean SEITLINGER, député (UDF),
reprend la parole en sa
qualité de rapporteur de la commission des relations avec les pays
européens non membres, pour répondre aux orateurs en ces
termes :
" Madame la Présidente, notre collègue David Atkinson aura
reconnu dans le paragraphe 10 du projet de résolution son
initiative sur le plan de paix. Certes, nous y avons ajouté les mots
"à terme", et l'intervention du président Bársony montre
que le "terme" n'est pas encore venu où nous pourrons constituer une
Assemblée parlementaire commune aux trois pays du Caucase.
Tel est notre souhait, tel est notre voeu ardent, mais il est clair aussi qu'il
appartient aux trois pays concernés de répondre à
cette invitation et de nous accompagner.
Le Conseil de l'Europe se veut impartial, a dit ce matin M. Igitian. C'est
notre culture. Nous nous efforçons à l'impartialité. Nous
essayons d'être conciliants, sans sacrifier pour autant les principes qui
sont les nôtres : respect des droits de l'homme, démocratie
parlementaire pluraliste et état de droit.
M. Igitian a demandé : " comment espérer apporter
une réponse politique en quelques heures de débat ? "
Nous n'apportons pas de réponse politique au sens de solution, nous
rappelons le cadre dans lequel doivent se dérouler la négociation
et s'établir la solution. Le cadre, ce n'est pas nous qui
l'inventons : c'est celui des normes du droit international, qui sont -
dois-je le rappeler ? - l'inviolabilité des frontières,
l'autonomie de certains territoires concernés et la
réinstallation des réfugiés. Ce sont des exigences sur
lesquelles nous ne pouvons pas transiger.
Mme Severinsen et Mme Durrieu se sont prononcées contre toute
mention à l'Ossétie du Sud et l'Adjarie. Je crois qu'il n'y a pas
lieu de citer encore d'autres zones d'éventuels conflits - nous avons
déjà suffisamment de soucis avec l'Abkhazie et le Haut-Karabakh.
Par conséquent, là ou il n'y a pas de conflit, de demande
d'indépendance, il faut, certes, toujours veiller au respect de certains
statuts d'autonomie, au respect de l'identité des différentes
régions, mais dans un cadre national.
Sous le bénéfice de ces observations, nous allons pouvoir
examiner ce texte qui est un compromis, le reflet d'une tentative de
conciliation. Il n'est sans doute pas parfait, mais je suis sûr que les
participants aux travaux de la commission, tant le 7 avril, à
Paris, que ce matin, voudront bien reconnaître que nous avons
essayé, dans un large esprit de conciliation, d'élaborer un texte
acceptable par toutes les parties, de manière à faire avancer ce
difficile problème que l'OSCE, qui en est saisie depuis 1992, n'a pas
encore réussi à résoudre.
Nous disons très modestement que nous souhaitons y contribuer. Nous
espérons que cet appel à une coopération indispensable,
cet appel à l'écoute de l'autre, à l'école de
tolérance dont parlait M. Bársony, soit entendu.
Evidemment, Messieurs, vous n'avez accédé à
l'indépendance que depuis cinq ans, et nous devons ne pas
être trop impatients à votre égard. Nous devons aussi faire
preuve de compréhension. Si nous faisons chacun un bout de chemin, nous
devrions nous retrouver autour de ces normes qui devraient vous permettre de
faire partie de la famille européenne. "
Au terme du débat,
la résolution 1119 contenue dans le
document 7793, modifiée par des amendements, est adoptée.
6. Communication de M. Daniel TARSCHYS, Secrétaire général du Conseil de l'Europe - Intervention de M. Jean BRIANE, député (UDF) (Mardi 22 avril)
A M.
Daniel TARSCHYS qui - à la veille du deuxième sommet du
Conseil de l'Europe - dresse un bilan de l'état des
démocraties européennes,
M. Jean BRIANE, député
(UDF),
s'adresse en ces termes :
" Monsieur le Secrétaire Général, l'an dernier, le
Congrès des pouvoirs locaux et l'Assemblée parlementaire du
Conseil de l'Europe ont adopté un projet de charte européenne des
régions de montagne, aboutissement d'une vingtaine d'années de
travaux du Conseil de l'Europe et des pays membres.
Plus récemment, à l'initiative de la commission de l'agriculture
et du développement rural, a été adoptée par
l'Assemblée parlementaire une Charte européenne
des régions rurales. Le Comité des Ministres a bien compris
l'importance et la spécificité des deux instruments, puisque,
conformément à la réponse qu'il a donnée à
l'Assemblée concernant ces deux textes, réponse d'ailleurs
consignée dans le document 7768 disponible à la
distribution, il a décidé de confier à un groupe de
travail la tâche d'accomplir les deux instruments juridiques
mentionnés précédemment.
Pourquoi le Secrétariat peut-il prendre la liberté
d'interpréter ou plutôt d'ignorer les directives claires qu'il
reçoit du Comité des Ministres et d'orienter ainsi des travaux
dans une direction opposée à celle demandée ? "
M. Daniel TARSCHYS
apporte la réponse suivante :
" Il s'agit là de deux domaines importants. C'est donc à
juste titre que l'Assemblée parlementaire a pris l'initiative de
demander l'élaboration d'instruments juridiques pertinents. A cet
égard, je crois savoir qu'un débat est ouvert sur la question de
savoir s'il convient de se doter d'un instrument unique ou de deux instruments
séparés. Les avis diffèrent, mais je dois avouer que je
n'ai, pour ma part, pas de point de vue particulier en la matière. Je me
contente d'espérer que les discussions déboucheront sur un
résultat positif. Comme je le disais, il s'agit là de deux
domaines importants et je ne manquerai pas d'encourager et de soutenir tous les
efforts qui seront déployés en vue de dégager les
principes qui régiront les normes européennes en la
matière. "
7. Incidences des nouvelles technologies de communication et d'information sur la démocratie - Rapport de M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc) (Mardi 22 avril)
Présentant son rapport (7772) au nom de la commission
des
relations parlementaires et publiques,
M. Jean-Pierre MASSERET,
sénateur (Soc),
formule les observations suivantes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, en quelques
mots je vais lancer le débat sur les nouvelles technologies de
communication et d'information et sur leurs incidences sur le fonctionnement de
la démocratie.
Ce sujet nous intéresse tous puisque nous avons pu observer, au fil des
années, les difficultés que les élus rencontraient dans
leurs discussions avec les citoyens. Nous avons constaté que le
fossé se creusait entre l'action des élus politiques et la
compréhension qu'en avaient les citoyens.
Il est apparu à la commission qu'un sujet de préoccupation se
faisait jour, à savoir la mise en oeuvre des nouvelles technologies de
la communication et de l'information et leurs incidences sur l'ensemble de
notre vie quotidienne. En effet, ces nouvelles technologies de communication et
d'information - NTCI - rassemblent, dans des instruments complexes,
transfrontaliers, des technologies anciennes, existantes, mais
organisées maintenant en réseaux, très compacts, qu'il
s'agisse du son, de l'image, de la communication ou de l'informatique.
Nous sommes probablement au début de ce que l'on pourrait appeler une
"nouvelle civilisation" puisque toutes les révolutions importantes de
l'histoire de l'Humanité sont d'abord des révolutions
fondées sur les moyens de communication. Aucun aspect de notre vie
quotidienne ne va échapper au développement de ces technologies
qu'il s'agisse du travail, des relations entre les producteurs et les
consommateurs, qu'il s'agisse des liaisons entre les citoyens et les
élus, entre les citoyens eux-mêmes, entre les administrations, les
services publics et les usagers. Bref, qu'il s'agisse également de la
formation, de la culture, il n'y a pas d'aspect de notre vie en
société qui échappera à l'influence, à
l'incidence et au comportement issu de ces nouvelles technologies de la
communication et de l'information.
La démocratie n'est pas quelque chose qui se découpe : il y
a des aspects juridiques, culturels, sociaux, des aspects touchant directement
à la démocratie et des aspects technologiques. L'important, pour
notre Assemblée, c'est de percevoir ces enjeux et d'approcher
modestement une série de réflexions parce que, nous le savons
tous, il y a une évolution permanente, quotidienne de ces instruments.
Il faut donc se garder d'un certain nombre d'erreurs à ne pas commettre.
Il ne s'agit pas de fixer des normes que nous ne pourrions pas ensuite assumer
et faire respecter, de poser des contraintes qui ne permettraient pas le
développement, la valorisation de tous ces instruments de la
communication et de l'information.
Nous devons avoir une approche extrêmement pratique, réaliste et
qui manifeste beaucoup d'humilité par rapport à l'ensemble des
événements auxquels nous sommes confrontés.
Néanmoins il est de notre responsabilité de positionner ces
problèmes. Dans leur ensemble, les commissions de notre Assemblée
sont concernées. Il y a des aspects juridiques et notre commission des
affaires juridiques doit s'en saisir, suivant ses réflexions et proposer
à notre Assemblée un certain nombre d'avancées, de cadres
juridiques chaque fois que notre commission l'estimera nécessaire.
La commission des affaires technologiques ne doit pas ignorer les
évolutions permanentes du sujet. Nous avons intérêt
à les suivre pour être à un niveau d'information suffisant
qui nous permettra d'exercer notre jugement.
La commission culturelle est concernée par les conséquences et
les approches de ces technologies sur l'information, sur l'enseignement, sur la
vie culturelle, sur la formation du citoyen.
La commission des affaires parlementaires et publiques, naturellement a le
souci des conséquences de ces technologies sur le fonctionnement de la
vie démocratique.
C'est donc l'ensemble de nos activités qui doit être dirigé
en termes de réflexion et probablement en termes de propositions dans
les mois et années à venir. Quel est l'essentiel ?
Les nouvelles technologies de communication et d'information sont des produits
du génie humain, et comme de tous les produits du génie humain,
on peut en faire un bon et un mauvais usage. L'objectif de notre
assemblée doit être d'obtenir un bon usage, c'est-à-dire le
service de nos concitoyens dont nous nous préoccupons dans l'ensemble de
leur vie quotidienne. Les instruments doivent servir si possible le
développement de la démocratie, du progrès
économique, du progrès social, la justice et la paix. Notre
réflexion doit porter sur les initiatives que notre Assemblée
peut prendre aujourd'hui.
Naturellement l'approche proposée dans le projet de résolution
est extrêmement modeste. Parce que nous devons être modestes !
Il ne faut pas vouloir combattre des moulins à vent contre lesquels nous
n'aurions pas de sortie possible. Il faut donc, après avoir posé
les principes - le service de la démocratie, du progrès
économique et social, savoir comment nous pouvons avancer.
Nous devons poser quelques principes mais pour aboutir à quoi ? A
ne pas créer des inégalités entre les citoyens d'un
même pays, entre celui qui pourrait accéder à ces
technologies de la communication et de l'information et celui qui serait
laissé au bord du chemin. Il faut veiller à établir aussi
un équilibre entre les pays qui pourraient financer l'ensemble de ces
activités technologiques et ceux qui ne le pourraient pas.
Une fois ces principes posés, il faut aborder la question de la
sphère publique et de l'initiative privée. Nous savons tous
très bien que l'initiative privée sera à l'origine de
beaucoup d'avancées. Il faut que nous protégions un espace public
parce que l'intérêt général n'est pas toujours
compatible avec la somme des intérêts particuliers. Nous devons
rappeler ces principes.
A partir de là, des problèmes juridiques se posent. Des
législations existent déjà dans différents
domaines. Il ne s'agit pas de superposer des législations à
celles qui peuvent déjà exister. Pas plus qu'il ne s'agit de
poser des principes inacceptables ou des normes juridiques invérifiables.
Dès lors que les nouvelles technologies de la communication et de
l'information s'affranchissent volontiers de normes juridiques parfois, des
frontières en toute occasion, il faut donc vouloir "laisser
l'église au milieu du village", selon la forte expression
française.
Nous avons à travailler dans la réalité et à nous
poser quelques questions tranquilles. Comment favoriser l'accès de
l'ensemble de nos concitoyens à ces technologies ? Par le travail
à l'école, par exemple, ou en offrant à toutes les
collectivités publiques et territoriales des moyens d'accès aux
différents instruments de communication et d'information.
C'est quelque chose de très pragmatique, de très simple qui
figure dans le projet de résolution. Il faut naturellement mettre
l'accent sur l'usage que l'on doit faire de ces instruments pour favoriser la
participation des citoyens à la vie politique, pour améliorer la
relation entre les élus et les citoyens.
Telle a été la préoccupation dominante de la commission
des relations parlementaires et publiques, commission qui a
apprécié les différents amendements. Sept amendements ont
été soumis à l'appréciation de notre commission.
Deux ont été acceptés sans difficulté, les autres
ont été refusés. Un par principe, les autres parce que
nous estimions qu'ils étaient déjà satisfaits par le
texte. Inutile d'ajouter quelque chose qui se trouve déjà dans la
résolution ! Nous avons été très heureux de la
participation des autres commissions et certains amendements sont venus
compléter la résolution présentée.
Les nouvelles technologies de la communication et de l'information
créent probablement le début d'une nouvelle civilisation. Notre
responsabilité consiste à examiner les différentes
possibilités, toutes les utilisations positives et les utilisations
négatives. C'est tout le problème de la responsabilité
politique qui est posé. Je suis persuadé que notre commission
sera entendue par l'Assemblée plénière. "
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
au nom de la commission
de la science et de la technologie, a rédigé un Avis qui expose
que la société de l'information est le fruit d'un long processus
fondé sur des découvertes qui se sont succédées
depuis longtemps.
" De l'imprimerie de Gutenberg au XVe siècle à Internet
au XXe siècle, ces inventions ont révolutionné la
diffusion de l'information, de la culture et des progrès scientifiques.
Mais aujourd'hui, la mutation s'est beaucoup accélérée par
suite des percées de l'informatique, de la numérisation,
conjuguées à une baisse du coût des équipements.
L'ère du multimédia et les facilités de communication qui
en découlent ont pénétré tous les secteurs
d'activité : culturel, éducatif, économique,
privé, public. Au début réservé aux grandes
entreprises, l'ordinateur est devenu un outil de travail diffusé dans
les petites et moyennes entreprises, les professions libérales et parmi
les étudiants. L'Etat et les collectivités locales voient dans
les nouvelles technologies un moyen au service de la cohésion sociale et
de l'aménagement du territoire par les multiples applications que sont
le télétravail, les téléservices culturels,
éducatifs, ou liées à la santé.
Dès lors, l'accès au savoir semble plus facile et donc plus
démocratique. Le demos peut être plus étroitement
associé à la vie de la cité par des réseaux locaux
interactifs.
Je souligne l'énorme importance de ces nouvelles technologies, qui
peuvent être très positives et qui constituent un secteur porteur
en terme de croissance économique et d'emploi. Mais le continent nord
américain, soutenu par ses pouvoirs publics, domine le marché.
L'Europe s'est, à un moindre degré, lancée dans les
années 80 dans un certain nombre de projets bien connus : le
programme RACE de recherche sur les réseaux numériques à
haut débit, le programme ESPRIT sur les technologies de l'information.
Il est clair que nous sommes devant un premier danger ou, si vous
préférez, un énorme défi. L'avance notable d'un
autre continent dans ce domaine ne risque-t-elle pas d'avoir pour
conséquence la diffusion à l'échelle mondiale d'une seule
culture, d'un seul mode de vie ? Nous sommes en droit de nous poser la
question. L'industrie cinématographique, la télévision
sont largement dominées par les Etats-Unis.
Un autre danger, peut-être encore plus important, dont certains
collègues ont d'ailleurs déjà parlé, est l'absence
de contrôle démocratique du contenu des informations. La diffusion
sur Internet de réseaux de pédophilies, ou de propagande nazi,
entre autres, pose très clairement le problème.
Certains objecteront la liberté d'expression, mais je tiens à
rappeler que toutes les valeurs ont une hiérarchie et que celle-ci doit
se concilier avec la primauté de la dignité de la personne
humaine, des droits de l'homme en général et avec la protection
de l'ordre public. J'ajouterai la primauté du respect du droit des
enfants.
C'est pourquoi je tiens à redire devant cette assemblée combien
il me semble indispensable de mettre en place en Europe des cadres
institutionnels et juridiques pour présenter des garanties contre un
certains nombres de dérives. Il y va de l'avenir de la
démocratie, auquel le Conseil de l'Europe est très attaché
depuis sa fondation, il y a presque cinquante ans. La propagation
d'informations tous azimuts, sans restriction, sans garantie, ne peut pas
être la démocratie du XXe siècle.
Naturellement, il est impossible d'empêcher l'usage des nouvelles
technologies, qui, je le répète ont des aspects très
positifs, mais il nous faut construire le cadre juridique qui permette aux
idéaux démocratiques que notre assemblée entend promouvoir
de se développer et s'épanouir aux travers des nouveaux moyens,
aux travers de la démocratie électronique. "
M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc),
répond aux
orateurs au nom de la commission des relations parlementaires et
publiques :
" J'exprime des remerciements aux collègues qui ont bien voulu
intervenir dans ce bref débat sur un sujet important, un sujet de
civilisation. Il est d'ailleurs dommage que nous ayons si peu de temps pour le
traiter.
Des désaccords ont été soulignés, et c'est bien
parce qu'il s'agit d'un sujet de société qui appelle des
réflexions à caractère idéologique pour certains
d'entre nous. Il est donc tout à fait naturel que s'expriment ici des
oppositions nettes et tranchées.
Personnellement je n'éprouverais aucun regret et aucun malaise à
être battu sur un texte : c'est chose normale en démocratie
qu'une majorité et une minorité puissent s'exprimer. Simplement
il conviendrait de distinguer le projet de résolution et l'exposé
des motifs. Celui-ci engage directement le rapporteur. Il comporte des analyses
qui reflètent mes positions personnelles et mes vues sur tel ou tel
sujet. Quant au projet de résolution, il est pour l'essentiel à
l'eau de rose. Il recherche un consensus minimum dans cette assemblée
sur des sujets qui n'appellent pas entre nous de grandes divergences sur les
problèmes d'éducation, par exemple, eu égard à
l'intérêt de ces nouvelles technologies et aux difficultés
qu'elles posent.
Parfois, j'ai été taxé de pessimisme parce
qu'effectivement j'ai eu tendance à mettre le doigt sur des sujets qui
me paraissaient être des sujets de préoccupation. Quand les choses
vont bien, on n'en parle pas. On parle plus volontiers des choses qui
préoccupent que des choses qui paraissent aller naturellement de soi.
A d'autres moments, on a dit que j'étais plutôt optimiste. On nous
a même assimilés à des prophètes, mais sans la
pertinence des prophètes de la Bible. Cela veut dire tout simplement que
nous sommes dans un sujet extrêmement délicat dont personne n'a en
réalité la maîtrise, que nous évoluons à une
vitesse extraordinaire - probablement plus vite que nos systèmes de
pensée et de réflexion - et que personne ne peut dire
comment les choses seront faites demain. Mais notre responsabilité
d'hommes et de femmes politiques consiste à essayer quand même de
poser des questions.
Je m'accorde à reconnaître avec mon collègue,
M. Probst, que nous nous posons quasiment les mêmes questions. Si je
suis en désaccord avec la commission des questions économiques et
du développement, c'est parce qu'un point me trouble. Mon
collègue rapporteur s'interroge : pourquoi instituer des
contrôleurs sur Internet ? Qui contrôlera les
contrôleurs ? Si l'on poursuit cette logique jusqu'au bout, il n'y a
plus de règles nulle part puisqu'une règle est
nécessairement appelée à être contrôlée
par un certain nombre de personnes à qui l'on confie une mission de
contrôle et que l'on suspecte a priori de devoir réunir cette
mission avec justesse et sous éventuellement le seul contrôle qui
compte, à savoir nous qui assurons ici la représentation
nationale, celle des citoyens de nos pays respectifs.
Mme Bribosia-Picard a bien noté, me semble-t-il, à travers
l'exemple du cryptage, toute la difficulté du sujet parce qu'il faut
concilier à la fois la confidentialité et le contrôle. Le
système du cryptage assure la confidentialité, mais il faut aussi
assurer le contrôle. Je suis convaincu qu'aucun système de
cryptage ne résistera au génie humain parce qu'il est
lui-même le produit du génie humain. Il est toujours
démontré que ce que l'homme entreprend il est capable de le
surpasser, de surmonter, à un moment donné, la difficulté
et de trouver la solution. Nous sommes face à une donne de civilisation
qui heurte notre capacité de jugement. C'est de cela qu'il faut se
méfier.
Les propos tenus par mes collègues rapporteurs ont toujours
été frappés au coin du bon sens, de la pertinence.
J'espère que nous parviendrons à un accord sur les amendements,
et si tel n'est pas le cas, la terre continuera, malgré tout, de
tourner ! Certes, nous serons soumis aux mêmes préoccupations
et nous devrons nous exposer pour trouver les réponses
démocratiques à cette société.
Je suis cependant d'accord pour reconnaître avec vous que les nouvelles
technologies de communication et d'information présentent de
fantastiques potentialités. Certes, je ne les ai peut-être pas
assez soulignées dans ce rapport, mais je viens de m'en expliquer
à l'instant.
S'agissant des amendements déposés sur l'article 1 du projet de
résolution, il est possible, me semble-t-il, de trouver ensemble des
termes d'accord. J'ai déposé à l'instant un texte
synthétisant deux amendements présentés l'un par la
commission des questions juridiques et des droits de l'homme, l'autre par la
commission de la culture et de l'éducation. Je crois que l'on peut
parvenir à un compromis satisfaisant, du moins sur ce
thème-là.
Pour le reste, j'exprimerai tout à l'heure le sentiment de la commission
des relations parlementaires et publiques sur les amendements. "
Après observations de
M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur
(Soc)
, sur les amendements, certains étant adoptés,
la
résolution 1120 contenue dans le rapport 7772 a été
adoptée, amendée
, au terme de ce débat
.
La directive 531 a été adoptée sans
amendement.
8. Instruments de la participation des citoyens dans la démocratie représentative - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mardi 22 avril)
Selon le
rapporteur, - un fossé qui ne cesse de s'élargir entre les
citoyens et les hommes politiques, - une absence de véritable
participation des électeurs : ces deux constatations forment le
point de départ de ce rapport, qui examine différents
modèles de démocratie directe appliqués dans les Etats
membres du Conseil de l'Europe.
Les référendums permettent une participation de tous les citoyens
à la démocratie et leur usage devrait être
développé. Toutefois, ils ne sont efficaces et équitables
que si les électeurs sont correctement informés et qu'un
équilibre est respecté entre l'exercice du pouvoir politique et
le rôle des citoyens.
Le rapport engage les gouvernements à favoriser la démocratie
représentative par diverses mesures, notamment :
- considérer pratiquement tous les sujets comme susceptibles de donner
lieu à un référendum ;
- établir une distinction entre les référendums
entraînant une décision et les référendums purement
consultatifs ;
- prévoir la possibilité d'organiser des
référendums sur l'abrogation de lois en vigueur ;
- veiller à ce que les citoyens soient correctement
informés ;
- limiter le nombre de référendums tenus
simultanément ;
- faire précéder tout référendum d'un débat
au parlement ;
- fixer un seuil de participation afin de s'assurer que le résultat est
représentatif ;
- permettre à des groupes minoritaires d'avoir l'initiative d'un
référendum s'ils réunissent un nombre de signatures
supérieur à un seuil.
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
prend alors la parole dans ce
débat :
" Je voudrais tout d'abord féliciter notre rapporteur dont les
travaux approfondis et l'expérience viennent enrichir notre
réflexion sur le fonctionnement du système démocratique.
Je partage, pour l'essentiel, les éléments du projet de
résolution qui nous est soumis.
Ainsi, notre assemblée préconiserait l'élargissement des
modes de participation directe des citoyens à la vie politique. En
clair, nous inviterions les Etats membres de notre Organisation à
développer l'usage du référendum, y compris le
référendum d'initiative populaire.
Je crois cependant fort sage l'introduction de nuances par notre rapporteur
lui-même ; ainsi, tout en considérant que, je cite,
" tous les sujets sont susceptibles d'être soumis à
référendum ", notre rapporteur a la sagesse de
tempérer cet élargissement par une restriction qui me semble
particulièrement opportune, puisque ne pourraient être soumis
à référendum les sujets, je cite là encore,
" qui mettent en cause des valeurs universelles et intangibles telles que
les droits de l'homme " selon la définition de la
Déclaration de l'ONU et de notre Convention européenne des Droits
de l'Homme.
Dans mon propre pays, nous avons récemment procédé
à la réforme des dispositions constitutionnelles qui
régissent le référendum. Par un consensus entre les
principaux groupes politiques représentés au Parlement, les
questions susceptibles d'être soumises directement aux électeurs
par référendum ont été élargies à
" tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur
des réformes relatives à la politique économique ou
sociale de la Nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant
à autoriser la ratification d'un Traité... ".
A contrario
, sont donc exclus les sujets qui touchent directement aux
droits de l'homme. Je crois cela doublement sage puisque, d'une part,
dès lors qu'il s'agit des droits de l'homme consacrés par les
grands textes internationaux comme par le préambule de la Constitution
française, la loi ne saurait y déroger, qu'elle émane du
Parlement ou du référendum ; d'autre part, dans des
périodes de fragilisation du lien social, un référendum
portant sur une question aussi grave pourrait consacrer et aggraver la fracture
de la communauté nationale.
Pour la même raison, je suis, quant à moi, réservé
sur l'organisation de consultations nationales à la demande d'une
fraction des citoyens.
La consultation facultative , au niveau local, des citoyens sur certaines
décisions d'aménagement peut apporter d'utiles éclairages
aux élus en charge de la décision à prendre.
Mais prenons garde à ne pas donner au référendum un
rôle qui fragiliserait les mécanismes de la démocratie
représentative en apparaissant comme une sorte de procédure
d'appel concurrente avec le mode éminent de représentation de la
volonté générale qu'exprime le Parlement.
En effet, régulièrement soumis à travers les
élections au renouvellement de sa légitimité, le Parlement
est le cadre le plus approprié pour l'élaboration des grandes
lois appelées à régir la vie nationale. En France, la
refonte du code pénal ou l'élaboration d'un droit de la
bioéthique n'ont pas pris moins de trois ou quatre années de
débats parlementaires. Je rappelle que ces débats se
déroulaient publiquement et ont permis de très fructueux
échanges et l'enrichissement des projets du Gouvernement par des
amendements venus de tous les groupes politiques avant l'adoption de ces textes
importants à une très large majorité.
Je ne crois pas qu'une consultation populaire unique aurait permis de parvenir
à un résultat aussi satisfaisant et je pense même que dans
certains cas le référendum peut quelque peu caricaturer la
démocratie qui, au contraire, ressort plus vivante de débats
prolongés, pour peu qu'ils se tiennent sous les yeux des citoyens.
Je félicite donc notre rapporteur de formuler ses suggestions en
ménageant une large marge d'appréciation aux Etats membres dans
le recours aux instruments de la démocratie directe. Dans cet esprit, je
voterai le projet de résolution qu'il nous propose. "
La résolution 1121 contenue dans le rapport 7781, amendée, est
adoptée.
9. Progrès de la réforme économique en Europe centrale et orientale - Interventions de MM. Jean BRIANE, député (UDF) et Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc) (Mercredi 23 avril)
La
Conférence de l'Assemblée parlementaire tenue en 1996 à
Varsovie a permis d'examiner les progrès accomplis par les pays d'Europe
centrale et orientale sur la voie des réformes économiques.
Le présent rapport indique que certains pays ont fait des progrès
notables : les économies polonaise, slovaque et roumaine ont connu
une croissance de 7 % en 1995, et plusieurs autres ont progressé de
5 %. En revanche, certains pays ont du mal à instaurer une
économie de marché ; un addendum au rapport donne notamment
une image assez sombre de la situation en Albanie et en Bulgarie.
Selon le rapport, les réformes devraient se poursuivre en fonction des
conditions prévalant dans chacun des pays. Toutefois, l'absence de
soutien international pourrait mettre en danger la démocratie ; il
faut donc impérativement protéger les groupes les plus
vulnérables de la société par des politiques nationales et
par un soutien international.
Le rapport préconise :
- la stabilité et la légitimité démocratique des
institutions politiques ;
- une législation claire, que l'on puisse faire respecter, et qui
régisse l'ensemble de la vie économique, y compris les faillites
et les investissements étrangers directs ;
- des programmes de privatisation qui garantissent un régime de
propriété équitable et la loyauté de la
concurrence ;
- la promotion des petites et moyennes entreprises ;
- la protection des groupes vulnérables, et un régime
spécial pour les familles comptant des enfants en bas âge ;
- le développement de l'enseignement et des possibilités de se
recycler ;
- la protection de l'environnement et les économies
d'énergie ;
- l'amélioration du système bancaire grâce à la
privatisation de banques publiques et à la création de nouvelles
institutions financières privées ;
- une meilleure administration fiscale ;
- l'intensification du commerce au sein des régions, et une plus grande
ouverture des échanges commerciaux avec l'Europe occidentale.
M. Jean BRIANE, député (UDF),
intervient en ces termes
dans le débat :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, je tiens tout
d'abord à féliciter mes collègues pour leurs rapports tout
à la fois riches et complets.
La conférence de Varsovie a permis de dresser un nouveau bilan des
réformes économiques engagées dans les pays d'Europe
centrale et orientale.
La chute du mur de Berlin en novembre 1989, a signifié pour ces pays la
possibilité immédiate de s'engager sur la voie du changement
politique et économique. A ce titre, les sondages réalisés
par la Commission européenne me semblent tout à fait
intéressants puisque, si la majorité des personnes
interrogées considère que l'économie de marché est
le seul avenir possible pour leurs pays, elle se déclare en revanche
beaucoup moins favorable concernant les droits de l'homme et l'évolution
de la démocratie.
Certes, il ne s'agit que d'un sondage, mais je le trouve assez
révélateur de la situation de ces pays. Les réformes
économiques incessantes depuis six ans déjà, commencent
à porter leurs fruits, contrastant sans doute avec l'évolution
sociale tant attendue en termes de niveau de vie et de libertés
fondamentales. Or, c'est la revendication de droits réels et non
purement formels qui est à l'origine du renversement des gouvernements
communistes. Nous souhaiterions à ce sujet faire quelques remarques.
En premier lieu, les pays d'Europe centrale et orientale ont
réalisé d'importants efforts et remporté de notables
succès dans le domaine économique. L'adhésion de la
République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne comme membres
de l'OCDE en témoigne, certains parlant déjà de "post
transition".
Toutefois, l'amélioration générale demeure assez
disparate, chacun se différenciant par la façon dont il combine
politique monétaire, financière et de change.
La transition économique des ex-pays du bloc soviétique
s'accompagne d'un coût social important, où chômage, baisse
du niveau de vie et absence de protection sociale se cumulent.
Dès lors, le danger existe de voir se produire, à cause de
l'attirance de conditions d'existence plus favorables, une fuite des cerveaux
à l'étranger et une désorganisation des équipes de
chercheurs. Or, ces pays ont un besoin fondamental de leurs élites
scientifiques pour assurer la transition économique.
C'est pourquoi mon collègue M. Claude Birraux avait proposé
en janvier 1996 la création d'un observatoire sur la coopération
scientifique et technique permettant de suivre la réorientation du
potentiel scientifique vers les besoins civils et la coopération avec
l'Ouest.
Si l'on s'en tient à l'exemple du nucléaire, les instruments de
coopération peuvent être très nombreux : de
l'assistance pour la mise en place d'une autorité de sûreté
à l'échange de cadres et de techniciens.
En deuxième lieu, nous souhaiterions mettre l'accent sur la
finalité de cette transformation économique. Le
développement économique n'est pas une fin en soi mais un moyen
au service du progrès en général et du progrès
social en particulier. Il est évident aussi que le maintien d'une
cohésion sociale contribue au développement économique.
C'est pourquoi, nous pensons que des efforts particuliers doivent être
menés dans le domaine de la protection sociale, notamment à
l'égard des catégories les plus vulnérables de la
population. C'est une condition indispensable à la poursuite du
processus de transformation de l'économie. Nous tenons à
rappeler, comme le rapporteur, la Charte sociale européenne du Conseil
de l'Europe qui prévoit entre autres le droit à la protection
sociale pour l'ensemble de la population et une protection particulière
en-dehors du milieu du travail pour les enfants et les personnes
âgées.
En revanche, la transition économique a des retombées positives
en matière d'environnement. Ces pays sont, pour la plupart,
déjà signataires de la Charte internationale de l'énergie.
Celle-ci dispose en effet, conformément aux principes posés par
le Conseil de l'Europe, que la mise en valeur des ressources
énergétiques devra être respectueuse de l'environnement.
L'adhésion à de telles dispositions manifeste une double
volonté de changement : un changement des modes de production jadis
axés sur une industrie lourde, polluante et obsolète pour se
rapprocher du fonctionnement de celui des économies de
marché ; un changement politique où le concept de
sûreté à l'Est tend à se rapprocher du concept
occidental, ce qui est un gage d'ouverture à la démocratie.
Des résultats sensibles ont été obtenus pour nombre de ces
pays, même si la Russie a encore de vastes régions menacées
par la pollution. Le risque nucléaire est toujours largement
présent, de nombreux réacteurs non conformes aux normes
occidentales étant en fonctionnement.
En conclusion, nous estimons que les progrès des réformes
économiques dans les PECO ne sauraient se mesurer au seuls
critères de l'économie de marché et de la privatisation au
sens ultralibéral.
La prise en compte de la dimension sociale, environnementale,
énergétique doit compléter l'aspect économique. A
cette seule condition, les réformes économiques accompagneront et
renforceront la voie vers la démocratie et le changement
d'échelle des valeurs par rapport aux régimes communistes.
Voilà les observations qu'avec mon collègue Claude Birraux, nous
souhaitions exprimer ce matin devant cette Assemblée. "
M. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (Soc),
intervient à son
tour :
" Je crois ce débat particulièrement opportun :
- à la fois parce qu'il donne un large écho aux travaux de la
Conférence parlementaire de Varsovie l'année
dernière ;
- et aussi parce que le désastre albanais montre que le
" laisser-faire, laisser-passer " ne saurait à lui seul
apporter une réponse aux aspirations d'un peuple.
L'addendum au rapport qui expose l'aggravation de la situation
économique en Albanie et en Bulgarie nous rappelle que la transition
vers la démocratie et l'économie de marché ne peut pas
relever de la mise en oeuvre abstraite d'un chapitre de cours de
macro-économie.
J'apprécie, pour ma part, la formulation du projet de résolution.
Notre rapporteur souligne, à juste titre, la nécessité de
tenir compte de la protection des groupes les plus vulnérables :
personnes âgées ou handicapées, chômeurs ou encore
famille comportant de jeunes enfants.
Je ne peux qu'approuver également l'invitation aux pays d'Europe
centrale et orientale d'établir une économie de marché
tenant compte de la protection de l'environnement, d'une utilisation
rationnelle de l'énergie ; ou encore d'établir un
système bancaire, une fiscalité, un régime des
investissements nationaux et étrangers présentant les garanties
nécessaires au fonctionnement d'une économie de marché.
Tout au plus, je m'interroge sur l'invitation adressée aux seuls
" Etats membres du Conseil de l'Europe, de faciliter l'accès de
leurs marchés aux exportations des Etats d'Europe centrale et orientale,
en particulier en ce qui concerne les produits agricoles et d'éviter
toute mesure protectionniste ". La même invitation ne pourrait-elle
être adressée aux Etats qui ont demandé le statut
d'observateur au Conseil de l'Europe : les Etats-Unis d'Amérique,
le Canada ou le Japon, dont les économies devraient s'ouvrir
également, y compris aux exportations agricoles ?
Je voterai ce projet de résolution, mais en souhaitant que ses
destinataires réfléchissent également à l'addendum
consacré à l'Albanie et à la Bulgarie. La situation de ces
deux Etats montre que la transition vers l'économie de marché ne
peut se faire dans l'anarchie, menée par la seule " main
invisible " des forces du marché. Pour être, de fait, plus ou
moins invisible, cette main n'est pas toujours innocente. L'Albanie et la
Bulgarie sont toutes deux membres pléniers de notre organisation.
Comment ne pas être consterné de la situation actuelle, des
espoirs déçus, des efforts anéantis parce que nous n'avons
pas su accompagner suffisamment l'instauration d'un Etat de droit en même
temps que la libération des forces du marché dans des pays si peu
préparés à ce choc. Un Etat de droit, c'est aussi une
communauté nationale où est respectée la foi publique,
c'est-à-dire où les salaires et les retraites sont payés,
où les épargnants ne sont pas bernés par des
publicités mensongères et finalement ruinés.
Peut-être devrions-nous faire évoluer les programmes de
coopération avec les pays d'Europe centrale et orientale au fur et
à mesure de l'adoption des textes organisant les pouvoirs publics, afin
d'aider ces pays à mettre en oeuvre, par exemple, la résolution
1005 que nous avions adoptée en 1993 pour les inviter à accorder
" une attention particulière à la nécessité de
mettre en place une législation appropriée dans le secteur de la
propriété privée, du commerce et de l'industrie, ainsi
qu'un ordre juridique équitable et contraignant... ".
De même que l'appropriation collective des moyens de production avait peu
à peu paralysé tout développement économique dans
ces pays, la dérégulation anarchique a ruiné une
deuxième fois des Etats déjà en grande difficulté.
Vous ne vous étonnerez pas mes chers collègues, que je souhaite
que cette résolution s'accompagne d'une réflexion politique
à côté de l'exhortation à, je cite, " reprendre
de plus belle " les efforts de réforme déjà
entrepris.
Je regrette seulement que cette réflexion politique se développe
dans l'urgence car elle est toujours indispensable. "
Après amendement, la résolution 1122 figurant dans le rapport
7712 est adoptée à l'unanimité.
10. Traite des femmes et prostitution forcée dans les Etats membres du Conseil de l'Europe (Mercredi 23 avril)
Selon le
rapport de Mme Renate WOHLWEND, le phénomène de la traite des
femmes et de la prostitution forcée se déroule " à
une échelle ahurissante ". Pour la seule année 1995, au
moins 500.000 femmes auraient été victimes de la traite en
direction d'Etats membres de l'Union européenne (chiffres de
l'Organisation internationale des migrations). Depuis 1989, la part de femmes
venant d'Europe centrale et orientale a plus que triplé. La traite est
si lucrative et le taux de condamnation si faible qu'un nombre croissant de
groupes criminels se sont engagés dans cette activité, qui leur
permet par ailleurs de développer d'autres activités criminelles
telles que le trafic de drogue ou d'armes. Le rapporteur souligne qu'il s'agit
là d'une évolution très alarmante contre laquelle il faut
prendre des mesures urgentes, d'autant plus que la coopération
internationale entre les Etats membres du Conseil de l'Europe n'est pas
à la hauteur de l'internationalisation croissante des groupes criminels.
Parmi les solutions possibles, le rapporteur préconise un accroissement
de la coopération policière et judiciaire bilatérale ou
multilatérale, l'instauration d'organes de police spécifiques,
des mesures de saisie et de confiscation des bénéfices des
délits, et la fermeture des établissements dans lesquels des
victimes sont exploitées sexuellement.
Mais elle recommande surtout l'élaboration d'une convention du Conseil
de l'Europe qui, centrée sur les droits de la personne humaine, devrait
énoncer des mesures répressives destinées à
combattre la traite notamment par une harmonisation des législations
ainsi que la communication, la coordination et la coopération
policière et judiciaire. Elle devrait également prévoir
des possibilités d'assistance juridique, médicale, psychologique
et de protection physique pour les victimes de la traite surtout lorsqu'elles
sont prêtes à témoigner devant un tribunal (octroi de
permis de résidence temporaire par exemple). La convention devrait, en
outre, instaurer un mécanisme pour contrôler le respect de ses
dispositions et coordonner la lutte sur le plan européen.
La recommandation 1325 contenue dans le rapport 7785, amendée, est
adoptée à l'unanimité.
11. Respect des obligations et engagements contractés par la Roumanie - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), rapporteur pour avis de la commission des relations avec les pays européens non membres (Jeudi 24 avril)
Le
Rapport invite l'Assemblée à constater les progrès
considérables accomplis par la Roumanie dans le respect des obligations
et engagements qu'elle a contractés depuis qu'elle est devenue membre du
Conseil de l'Europe le 7 octobre 1993. La Roumanie a ratifié, en
particulier, la Convention européenne des Droits de l'Homme et tous ses
protocoles y compris le Protocole 6 (abolissant la peine de mort), le Protocole
11 (qui instaurera une Cour unique), la Convention européenne pour la
prévention de la torture et la Convention pour la protection des
minorités nationales.
Par ailleurs, la Roumanie a fait connaître son intention de ratifier
prochainement la Charte européenne de l'autonomie locale et la Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires, ainsi que
plusieurs conventions dans les domaines du droit pénal et de
l'enseignement.
Le rapporteur, M. Gunnar JANSSON (Finlande) observe cependant que la
Roumanie doit encore résoudre un certain nombre de problèmes.
C'est pourquoi le texte soumis à la discussion de l'Assemblée
demande à la Roumanie :
- de modifier certaines dispositions du Code pénal qui mettent en cause
l'exercice des libertés fondamentales (par exemple, l'article 200
relatif aux actes homosexuels et les articles 205, 206, 238 et 239 relatifs
à l'insulte et à la diffamation qui constituent notamment une
atteinte à la liberté de la presse) ;
- de poursuivre sa réforme judiciaire afin de garantir
l'indépendance de la justice et de clarifier le rôle du
Parquet ;
- d'améliorer les conditions de détention déplorables qui
règnent dans les prisons et de modifier les dispositions
législatives qui permettent les abus de la détention
provisoire ;
- d'améliorer les conditions des enfants abandonnés dans les
institutions de l'Etat, de faciliter leur adoption et de développer une
campagne contre l'abandon ;
- de modifier la législation afin de restituer les biens
confisqués notamment aux particuliers et aux Eglises ou, à
défaut, de prévoir un dédommagement
équitable ;
- d'engager une lutte efficace contre le racisme, la xénophobie et
l'intolérance et d'adopter toutes mesures utiles en faveur de
l'intégration sociale de la population Roumaine.
L'Assemblée, considérant que la Roumanie a respecté ses
engagements les plus importants, propose de clore la procédure de suivi.
Elle se réserve cependant la possibilité de rouvrir cette
procédure si dans un an, ses recommandations n'étaient pas
respectées ou si des évolutions significatives le justifiaient.
Le rapporteur propose également que l'Assemblée demande au
Comité des ministres de seconder la Roumanie dans ses efforts notamment
dans le cadre du programme conjoint de coopération entre le Conseil de
l'Europe et la Commission européenne pour la réalisation de sa
réforme pénitentiaire, l'organisation d'une campagne
d'information contre l'abandon de enfants et la lutte contre le racisme, la
xénophobie et l'intolérance.
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
rapporteur pour avis de la
commission des relations avec les pays européens non membres, fait les
observations suivantes en présentant son rapport :
" Je voudrais insister sur deux points évoqués par mon
collègue, M. Schwimmer. Effectivement, au sein de cette commission,
nous avons travaillé dans une très grande harmonie. J'en remercie
mes collègues, ainsi que le secrétariat qui a fait un travail
exemplaire.
M. Schwimmer a insisté sur quelques anecdotes qui traduisent bien
l'ambiance qui règne en Roumanie. Un certain nombre de choses changent
très vite en ce moment. Nous éprouvons beaucoup de sympathie pour
ce pays, pour ce peuple qui a vécu comme les autres, et parfois plus que
les autres, un certain nombre de problèmes délicats qu'il est
difficile d'évacuer complètement et rapidement.
Au nom de la commission des relations avec les pays européens non
membres, j'exprime un avis favorable au document proposé et à la
clôture de la procédure de suivi relevant de la directive 508,
étant entendu que la Roumanie a rempli nombre d'obligations. Elle ne les
a pas toutes assumées, mais la tendance est extrêmement positive.
Nous manifestons donc toute notre confiance à ce pays.
Je vais maintenant revenir sur un problème douloureux
évoqué par M. Schwimmer : parce que c'est un
problème et parce qu'il est douloureux. Il s'agit des enfants
abandonnés qui vivent dans l'enfermement. S'ils ne sont pas
placés dans des orphelinats, ils errent carrément dans la rue.
Les chiffres, certes approximatifs, sont significatifs : il existe environ
600 institutions et entre 40 000 et 100 000 enfants seraient
abandonnés et placés. Actuellement, 20 000 enfants seraient
encore abandonnés chaque année.
Comme l'a rappelé notre collègue, M. Schwimmer, il y a,
à l'origine, une loi datant des années 70, et donc votée
sous Ceaucescu. Elle obligeait les femmes et les familles à
procréer et à avoir au minimum cinq enfants, pour que la
population de la Roumanie puisse doubler, étant entendu que ces enfants
seraient abandonnés dans un réseau d'institutions d'Etat. Le
problème est que le réseau existe toujours et la loi aussi !
La Roumanie a ratifié, et c'est à son honneur, la Convention de
l'ONU sur les droits de l'enfant et elle a déclaré que le milieu
normal pour l'épanouissement de l'enfant est la famille. Certes, c'est
un progrès, mais ce n'est pas suffisant puisque le nombre des enfants
abandonnés est toujours important et ne diminue pas.
Naturellement, la situation économique est difficile. Sachant que les
abandons sont toujours très nombreux, j'aurais tendance à dire
à nos amis roumains : attention ! il est impératif
d'avoir une prise de conscience plus forte de ce problème douloureux et
vraiment difficile pour vous. Il ne faut pas qu'il ternisse l'image de la
Roumanie. Il faut que s'exprime une volonté politique plus forte.
Or, je n'ai pas senti, au moment des élections, que ce problème
était au coeur des préoccupations. En revanche, lors de notre
dernier voyage en Roumanie, j'ai pu voir quelque chose que je n'avais pas
encore vu précédemment : des affiches qui montraient une
jolie tête d'un petit enfant blond demandant : Qui veut
m'adopter ?
Une campagne est actuellement menée mais, je le répète, il
faut une démarche politique plus offensive et plus volontariste ;
ce problème l'exige. Naturellement, en termes politiques, la
législation est complexe. Trois lois sur l'adoption datant de 1990, 1991
et 1993 ont été effectivement promulguées, mais la loi
communiste de 1970 demeure en vigueur et elle bloque le processus de
l'adoption. Il faut sortir de ces contradictions, de cette complexité.
Certes, il est facile de dire : il faut, il faut, il faut pourtant bien
trois choses.
En premier lieu, il faut une politique de prévention de l'abandon
commençant par une réelle politique de la contraception. Si la
contraception est libre, elle n'est cependant pas possible dans ce pays sans
information et sans formation. Une vraie politique de la prévention de
l'abandon passe aussi hélas ! par un certain nombre de
considérations économiques.
En deuxième lieu, il faut une vraie politique de placement familial. Ce
qui signifie qu'il faut mettre un terme à l'enfermement des enfants dans
des instituts, qui se traduit par des problèmes psychologiques
irréversibles. Le processus est actuellement engagé puisqu'il
existe effectivement des lois. Je pense notamment à une allocation
consentie par l'Etat depuis 1993 aux familles pour recueillir des enfants,
lesquels seront ainsi placés dans ces familles. Il s'agit d'un processus
non pas d'adoption mais de placement, ce qui marque déjà un
progrès.
En troisième lieu, il faut une politique de l'adoption. Je comprends que
les Roumains souhaitent observer une certaine prudence dans ce domaine :
il faut éviter tout trafic, tout commerce, tout profit. Il n'en demeure
pas moins urgent et indispensable que ces enfants puissent grandir dans le
milieu familial.
Aidons les Roumains. L'Union européenne le fait dans le cadre du projet
PHARE. De nombreuses associations - j'en connais en France - le font. Le
Conseil de l'Europe doit le faire davantage. Le Fonds de développement
social peut le faire. Je proposerai que, dans ce cas très concret, le
Fonds de développement social vienne en aide à la Roumanie et
cherche, dans le cadre des institutions, des orphelinats ou de l'aide aux
familles, des moyens d'intervenir.
Amis Roumains, vous avez toute notre sympathie, vous le savez. Nous voyons vos
efforts et nous les encourageons. Vous avez également toute notre
confiance. Je pense que vous la méritez. "
A l'issue du débat,
la résolution 1123, amendée, et la
recommandation 1326 contenues dans le rapport 7795 sont
adoptées.
12. Protection et renforcement des droits de l'homme, des réfugiés et des demandeurs d'asile en Europe (Jeudi 24 avril)
Ces
dernières années ont vu le nombre de demandeurs d'asile augmenter
régulièrement dans les Etats membres du Conseil de
l'Europe : en 1992, treize pays industrialisés d'Europe ont
reçu 692 686 demandes contre 65 400 en 1983.
Parallèlement, les difficultés économiques et les tensions
sociales ont rendu l'opinion publique de plus en plus hostile aux
arrivées massives de demandeurs d'asile et ont conduit les Etats
à modifier leur législation pour la rendre plus restrictive.
Dans de nombreux pays, les procédures appliquées en la
matière ont cessé d'être conformes aux normes minimales sur
certains points fondamentaux.
Le rapport propose que ces normes protègent davantage les droits de
l'homme des réfugiés et sauvegardent le plus important d'entre
eux : le principe de non-refoulement. Il préconise la coordination
des politiques et l'harmonisation des législations en matière
d'asile à l'échelle de l'Europe, par la conclusion d'un accord
contraignant entre les Etats membres du Conseil de l'Europe.
Il faudrait également prendre des mesures pour améliorer les
conditions de détention et d'expulsion, et pour s'opposer à tout
acte de racisme, de xénophobie, d'antisémitisme et
d'intolérance.
A l'issue du débat,
la recommandation 1327 contenue dans le rapport
7783, après amendements, est adoptée.
13. Etat d'urgence en Albanie - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Jeudi 24 avril)
Présentant ses observations, le rapporteur rappelle que
la
commission s'est rendue à Tirana pour la deuxième fois au
début du mois d'avril et y a constaté que la situation
s'était nettement améliorée, même si les
inquiétudes restent vives. Le climat entre les partis politiques, aussi,
est bien meilleur, mais il faut rappeler qu'ils ont une lourde
responsabilité à porter. Le rapporteur se réjouit de la
bonne coopération au sein du gouvernement de coalition. Il est heureux
de la présence des représentants du parti socialiste albanais, ce
qui signifie qu'ils vont contribuer à donner des ailes au processus de
démocratisation dans leur pays. Depuis quelques jours, la force de
protection multinationale soutient fortement le retour à la normale et
il faut rendre hommage à l'Italie et aux pays qui ont envoyé des
hommes sur place.
On ne peut qu'être déçu que l'Union européenne ait
mis tant de temps à agir, alors que le Traité de Maastricht le
lui imposait pourtant.
Le rapport énonce les conditions qui devront être remplies pour
que la campagne électorale et les élections à venir se
déroulent de façon libre et équitable afin que les
résultats ne puissent être mis en doute ni en Albanie ni à
l'extérieur. Le Conseil de l'Europe devra envoyer un grand nombre
d'observateurs.
Des inquiétudes peuvent être nourries quant à la situation
dans le sud du pays. Il faudra faire des efforts pour que tous les
intéressés oeuvrent à la restauration de pouvoirs locaux
légitimes.
La coopération internationale semble insuffisante. L'UEO ne joue pas le
rôle qui devrait être le sien et semble, comme l'OSCE, vouloir
limiter l'intervention du Conseil de l'Europe.
La priorité à court terme du processus de normalisation et de
démocratisation est bien le déroulement démocratique et
régulier des élections dans ce pays que l'on aimerait voir
devenir membre à part entière.
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
intervient dans ce
débat en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, puisque
plusieurs orateurs précédents ont évoqué des
génocides, permettez-moi, en ce jour anniversaire du génocide
arménien de 1915, d'avoir une pensée pour toutes les victimes de
tous les génocides, en particulier de tous ceux qui ont frappé
des Européens. J'en viens à mon propos.
Pour la première fois, à ma connaissance, nous débattons
de la situation intérieure d'un Etat ayant le statut de membre
plénier de notre Organisation, un Etat en proie à l'anarchie,
voire à des menaces de guerre civile. Comment est-ce possible, alors
même que l'appartenance à notre Organisation devrait symboliser
à la fois la reconnaissance et la garantie de l'établissement
d'un Etat de droit, c'est-à-dire d'abord du règlement pacifique
de conflits et de divergences politiques ? Il est normal de voir
apparaître des conflits d'intérêts dans toute
société.
La crise albanaise illustre, à mes yeux, l'incapacité des Etats
européens à mettre en place des stratégies globales de
prévention des crises qui, bien naturellement,
dégénèrent en conflits ou en guerres civiles.
Comment peut-on nous faire croire que cette crise n'était pas
prévisible ? Depuis un an, le FMI et la Banque mondiale nous ont
alertés des risques d'effondrement de ces sociétés
pyramidales.
Comment ne pas prévoir le soulèvement populaire qui
déboucherait naturellement de ce fiasco politico-financier quand on sait
que la somme totale de l'épargne collectée représente plus
de la moitié du PNB albanais ? Il ne faut être ni voyant, ni
expert financier pour prévoir une telle catastrophe.
Enfin, on peut ajouter à tout cela un pouvoir qui a manifesté une
totale irresponsabilité - n'en déplaise à nos
collègues ! - sa complice inaction ayant miné l'image
de la démocratie libérale et de l'économie de
marché que nous vantons depuis maintenant des années au peuple
albanais.
Les Européens, en particulier l'Union européenne, ont
péché par manque de lucidité, de courage et d'engagement
envers ce pays dont l'ancrage à l'Europe est désormais
fragilisé. La prévention de ce type de crise et celles
potentielles, liées aux multiples trafics mafieux en Europe, à la
fragile transition économique des PECO et à la
sécurité nucléaire, implique une action de la part de
l'Union européenne et du Conseil de l'Europe. Pourquoi trouve-t-on
toujours de l'argent et des soldats une fois que le pays est à feu et
à sang ? Pourquoi n'en trouve-t-on pas ou rarement avant pour
prévenir les incendies ? S'est-on aperçu que les fameuses
opérations de maintien de la paix ne sont que le symbole de
l'échec de ce que les occidentaux osent appeler la diplomatie
préventive ? Ces opérations militaro-humanitaires nous
permettent d'avoir bonne conscience, mais les dépenses qu'elles
engendrent pourraient être mises au service d'une intelligente et
courageuse politique de prévention.
S'agissant de l'Albanie, je pense que la force multinationale devrait rester
jusqu'à ce que le désarmement de la population civile soit
effectif. Le climat d'insécurité mine les chances d'un retour
à la normale pour le fonctionnement des institutions nationales et
locales de ce pays.
Ensuite, le FMI et l'Union européenne doivent mettre en place rapidement
un plan de reconstruction de l'économie et exiger la condamnation des
dirigeants des sociétés pyramidales, ainsi que l'indemnisation
des milliers d'épargnants spoliés. C'est à cette condition
que la confiance et l'Etat de droit seront restaurés dans ce pays.
Enfin, il convient de prévenir tout risque de contagion en
Macédoine où se trouve une importante minorité albanaise.
La libre circulation des armes en Albanie risque, en effet, d'alimenter un
trafic au profit des extrémistes des deux bords. L'Union
européenne et l'OSCE devraient ainsi contrôler la frontière
entre ces deux pays pour empêcher ce trafic.
La diplomatie préventive que les Européens prétendent
vouloir mener, implique des moyens et une sérieuse volonté
politique. Elle suppose également que l'on agisse sur les origines du
mal et non ses conséquences.
Sérieuse volonté politique ? Je suis pour ma part fort
déçu de la récente communication du Comité des
Ministres en réponse à notre dernière recommandation sur
l'Albanie. Je n'y trouve à peu près rien de substantiel et, en
tout cas, rien qui soit à la mesure de la crise albanaise.
En revanche, le projet de recommandation qui nous est soumis par notre
collègue M. Van der Linden m'apparaît nettement
plus concret. Je voudrais seulement insister sur la nécessité de
s'attaquer aux causes de cette crise et de ne pas se contenter d'un traitement
humanitaire d'urgence essentiellement médiatique, j'allais dire
cosmétique, c'est-à-dire largement inadapté. "
A l'issue du débat, la
recommandation 1328 figurant dans le rapport
7806, assortie d'amendements, est adoptée.
Puis,
la directive 532 est adoptée à
l'unanimité.
14. Politiques européennes de transport aérien - Intervention de M. François LESEIN, sénateur (RDSE) (Vendredi 25 avril)
Selon
son rapporteur, le transport aérien risque de subir une profonde
mutation au cours des prochaines années avec l'augmentation continue du
nombre de passagers.
L'évolution technologique et les transformations du marché
- notamment la déréglementation de l'aviation en
Europe - vont modifier la configuration du transport aérien. La
congestion dans le ciel et au sol obligera aussi les compagnies
aériennes à adopter de nouveaux usages.
Les mesures proposées par l'Assemblée pour améliorer le
transport aérien consistent notamment :
- à aider l'aviation européenne à faire face à la
concurrence mondiale tout en lui conservant son aptitude à
répondre aux besoins des consommateurs, sa santé
économique et son respect de l'environnement ;
- à mieux intégrer les pays d'Europe centrale et orientale au
sein d'un " Espace aéronautique européen commun " ;
- à préparer le secteur au doublement du transport aérien
de passagers et de fret qui devrait intervenir d'ici à l'an 2005, en
augmentant la capacité des aéroports et en assurant une meilleure
intégration avec les autres moyens de transport ;
- à rendre les aéroports plus efficaces en prévoyant pour
s'y rendre des moyens de locomotion qui soient à la fois rapides et
respectueux de l'environnement, avec possibilité d'enregistrement sur
des trains directs ;
- à aider l'Europe à s'adapter aux innovations technologiques,
par exemple avec la réservation sans billet et les systèmes de
navigation par satellite.
L'Assemblée parlementaire constitue le forum parlementaire de la
Conférence européenne de l'aviation civile. La CEAC compte
23 membres qui sont aussi, à l'exception d'un seul (Monaco), tous
membres du Conseil de l'Europe.
M. François LESEIN, sénateur (RDSE),
prend alors part au
débat :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, je suis
évidemment gêné d'intervenir aujourd'hui dans un
débat sur l'avenir de l'aviation civile. Je suis parfaitement conscient
des difficultés que vous causent les mouvements de grève qui
affectent les transports notamment au départ de Strasbourg.
Nous ne pouvons pas, ici, seconder des revendications qui auraient pour objet
le maintien de privilèges ou de rentes de situations liés
à des monopoles aujourd'hui condamnés. Aussi, je vous demande,
mes chers collègues qui n'êtes pas français, d'accepter les
excuses de la France pour la gêne que vous subissez aujourd'hui.
Nous nous devons d'être attentifs à l'ampleur du mouvement de
dérégulation en cours après la complète
libéralisation des dessertes intra-européennes. La prochaine
étape verra, dès le 1er janvier prochain, la libre
circulation des brevets et des licences du personnel navigant et technique.
Plus que jamais, l'union de l'Europe s'impose pour accompagner cette
libéralisation de mesures d'harmonisation techniques et sociales, car il
convient d'éviter non seulement le dumping des salaires, mais surtout la
concurrence par le bas des qualifications et des contrôles. L'avantage
apparent qu'apporte au consommateur la concurrence par l'abaissement des
coûts, et donc des prix, aurait peu de sens, et c'est un
euphémisme, si l'avantage de prix s'obtenait par un affaiblissement de
la sécurité.
Plus que jamais encore, la concertation et l'union de l'Europe sont
nécessaires pour négocier une libéralisation harmonieuse
au niveau international.
En effet, si l'Europe ouvre peu à peu ses transports aériens
à la libre concurrence, non seulement intra-européenne mais
mondiale, certains Etats, tout en prêchant le libéralisme le plus
extrême se gardent bien d'en offrir les avantages dans leur propre ciel
à la concurrence étrangère.
Ainsi, les Etats-Unis d'Amérique ont pour volonté d'obtenir des
accords de "ciel ouvert" avec l'Europe, accords déjà largement
établis en raison d'une fâcheuse dispersion des
négociations. En revanche, ils refusent aux compagnies
étrangères des droits de cabotage sur le vaste territoire des
Etats-Unis et ils interdisent aux compagnies étrangères de
prendre le contrôle effectif de compagnies américaines.
Je voudrais encore citer un événement très
préoccupant pour l'industrie aéronautique européenne. Le
plus grand constructeur d'avions américain, qui vient d'ailleurs de se
renforcer en absorbant un concurrent et qui domine largement le marché
mondial, est en train de négocier avec des compagnies aériennes
des contrats de fourniture exclusive d'avions pour vingt, voire trente ans. Il
y a là, à l'évidence, une entente qui entrave la libre
concurrence. Je m'interroge sur la conformité de ces contrats de
fourniture exclusive aux règles de l'Organisation mondiale du commerce.
Il est évident que ces contrats créent des marchés captifs
pour ce constructeur, déjà dominant, et interdisent aux
constructeurs européens de proposer en toute transparence des avions aux
compagnies ainsi liées. Tandis que le fournisseur exclusif, sûr de
ses débouchés, peut tout à loisir mettre au point et
amortir ses modèles, les constructeurs européens, eux, se voient
exclus des marchés les plus rentables par ces ententes verticales, qui
d'ailleurs auront un effet négatif sur le progrès technique et
affaibliront, bien sûr, la concurrence.
Le libéralisme ne peut être, selon le mot fameux, " un renard
libre dans un poulailler libre ".
Plus que jamais, avec vous, je pense, l'Europe doit s'unir pour maintenir des
normes sociales conformes aux attentes de nos concitoyens, pour soutenir le
progrès technique au bénéfice de tous et, surtout, pour
garantir la sécurité du transport aérien. "
La résolution 1124, amendée, contenue dans le rapport 7778 est
adoptée.
III. LES RÉUNIONS GROUPÉES DE COMMISSIONS (BUCAREST - du 26 au 28 mai 1997)
Les
commissions des questions juridiques, des questions économiques et des
questions politiques, ainsi que le Bureau et la Commission permanente, ont tenu
leurs réunions de printemps à BUCAREST (Roumanie) du 26 au 28 mai
1997.
M. Jacques BAUMEL
, député (RPR), et
M. Jean
SEITLINGER
, député (UDF), ont participé à ces
réunions ainsi que
MM. Daniel HOEFFEL
, sénateur (UC),
Pierre JEAMBRUN
, sénateur (RDSE), et
Jean-François
LE GRAND
, sénateur (RPR).
M. Jean-François LE GRAND
a présenté, en commission
permanente, un rapport (7800) sur " L'établissement de normes
internationales pour l'audit de l'impact sur l'environnement des entreprises
industrielles ", la Recommandation ayant été adoptée
à l'unanimité.
La Commission permanente a également adopté des textes portant
sur :
- le statut d'observateur auprès de l'Assemblée pour le
Parlement canadien (rapport 7792 et résolution 1125) ;
- la Communauté des Etats Indépendants -C.E.I.- et son
Assemblée parlementaire (rapport 7791 et résolution 1126) ;
- la Charte européenne du Bassin du Danube (rapport 7797 et
recommandation 1330) ;
- les dépenses relatives à l'Assemblée pour
l'exercice budgétaire 1998 (rapport 7817 et avis 201).
En revanche, la Commission permanente, saisie d'une motion de renvoi
émanant notamment de
M. Daniel HOEFFEL
a voté le renvoi
devant l'Assemblée plénière du rapport 7816 sur " Les
effets de la détention sur le plan familial et social ".
Ces réunions ont été en outre l'occasion de rencontres
avec des responsables politiques roumains, parmi lesquels
MM. Petre
ROMAN
et
Jon DIACONESCU
, respectivement Président du
Sénat et Président de la Chambre des Députés, ainsi
que
M. Victor CIORBEA
, Premier ministre roumain, qui a répondu
aux questions des membres de la Commission permanente.
IV. TROISIEME PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 23 au 27 juin 1997)
1. Introduction
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a tenu
à Strasbourg, du 23 au 27 juin 1997, la troisième partie de sa
session ordinaire de 1997.
Ont pris la parole devant l'Assemblée les personnalités suivantes
:
- M. Janez PODOBNIK
, Président du Parlement de
Slovénie,
-
M. Vlodzimierz CIMOSZEWICZ
, Premier ministre de Pologne ;
- M. Daniel TARSCHYS
, Secrétaire général du
Conseil de l'Europe, qui a répondu à une question de
M. Daniel
HOEFFEL
, Sénateur (UC) ;
- M. Niels HELVEG PETERSEN
, ministre des affaires
étrangères du Danemark, Président en exercice de
l'Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE).
- M. Herbert SCHAMBECK
, Président du Bundesrat autrichien.
L'Assemblée a également délibéré des
questions suivantes :
- Le rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente
(n° 7830 et ad. I, II et III) dont l'Assemblée a pris acte ;
- Les nouvelles technologies d'information et de communication -
M. Nicolas ABOUT
, sénateur (ap. RI), est intervenu dans ce
débat (Rapport n° 7832 et adoption de la Recommandation n°
1332) ;
- Les Aroumains (Rapport n° 7728 et Recommandation n° 1333) ;
- Les réfugiés et les personnes déplacées dans
la CEI et en Transcaucasie - (Rapports n° 7829 et n° 7837, adoption
des Recommandations n° 1334 et n°1335 et de la Directive n° 533)
;
- Les conséquences pour la santé de l'accident de Tchernobyl
- Dans le débat
M. Nicolas ABOUT
, sénateur (ap. RI) est
intervenu (Rapport n° 7680 et Avis n° 7751, adoption de la
Résolution n° 1127) ;
- Les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds
monétaire international) - (Rapport n° 7835 - adoption de la
Résolution n° 1128) ;
- Les activités de la Banque européenne de reconstruction et
de développement (BERD) - Le débat s'est engagé sur la
présentation de son rapport par
Mme Josette DURRIEU
,
sénateur (Soc) et l'exposé de
M. Jacques de
LAROSIERE
, président de la BERD (Rapport n° 7834 et
Résolution n° 1129) ;
- La priorité de la lutte contre l'exploitation du travail des
enfants -
M. Michel HANSENNE
, Directeur général du
Bureau international du travail a pris la parole dans ce débat où
est également intervenu
M. Nicolas ABOUT
, sénateur (ap.
RI), (Rapport n° 7840 et adoption de la Recommandation n° 1336) ;
- La mise en oeuvre de l'accord de Dayton pour la paix en Bosnie et
Herzégovine (Rapport n° 7833 et adoption de la Recommandation
n° 1337) ;
- Le débat commun sur ces deux rapports a été
introduit par des allocutions de
Mme Gret HALLER
, médiatrice pour
les droits de l'homme pour la Bosnie et Herzégovine et de
M. Robert
FROWICK
, chef de la mission de l'Organisation sur la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE) en Bosnie et Herzégovine.
- Le Traité sur la Charte de l'énergie -
M.
François LESEIN
, sénateur (RDSE), est intervenu dans ce
débat (Rapport n° 7838 et adoption de la Résolution n°
1130).
- Enfin, l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a
validé les pouvoirs de la nouvelle délégation de
l'Assemblée nationale française élue le
25 juin 1997 composée de :
MM. Jacques
BAUMEL
(RPR),
Jean BRIANE
(UDF),
Claude EVIN
(Soc),
Raymond FORNI
(Soc),
Guy LENGAGNE
(RCV),
Martin MALVY
(Soc),
Jean-François MATTEI
(UDF),
Gilbert MITTERRAND
(Soc),
Henri NALLET
(Soc),
Jean-Claude SANDRIER
(Com.),
Bernard
SCHREINER
(RPR) et
Jean VALLEIX
(RPR), membres titulaires, et
de
MM. Claude BIRRAUX
(UDF),
Paul DHAILLE
(Soc),
Mme Laurence
DUMONT
(Soc)
MM. Charles
EHRMANN
(UDF),
François FILLON
(RPR),
Maxime GREMETZ
(Com.),
Georges
LEMOINE
(Soc),
Jean-Pierre MICHEL
(RCV),
Jean-Claude MIGNON
(RPR),
Mme Yvette ROUDY
(Soc),
MM. Philippe SEGUIN
(RPR)
et
Kofi YAMGNANE
(Soc), membres suppléants.
2. Rapport d'activité du Bureau et de la Commission (Lundi 23 juin)
Le
rapporteur, M. VASILE, présente devant l'Assemblée son
rapport 7830 ; brièvement, il renvoie à son rapport
écrit pour les décisions d'ordre administratif qu'ont pu prendre
le Bureau et la Commission Permanente depuis la précédente partie
de session. Il insiste en revanche sur la décision prise par le Bureau
lors de sa dernière réunion : en dépit des
problèmes que cela pose, dix membres du Secrétariat et trente
parlementaires se rendront en Albanie pour observer les élections du
29 juin.
A l'issue de discussions approfondies, le Bureau a décidé que,
malgré le grand nombre de manquements, l'Assemblée se devait
d'observer les élections dans ce pays, estimant que c'était
là le seul moyen de venir en aide à l'Albanie et à la
population albanaise.
Le rapporteur souligne que la réunion jointe tenue à
Saint-Pétersbourg avec le groupe de travail des
Délégués des Ministres pour préparer le
2
ème
sommet de Strasbourg a constitué un autre point
fort des activités du Bureau, réunion au cours de laquelle ils
ont entendu un exposé de M. Ivanov, premier vice-ministre des Affaires
étrangères de la Fédération de Russie, sur le
rôle et la place du Conseil de l'Europe dans le développement de
l'architecture européenne.). Il rappelle également que les
réunions de l'Assemblée qui se sont tenues à Bucarest en
mai ont permis de mieux connaître la Roumanie et, en même temps,
aux citoyens roumains avertis de se familiariser un peu plus avec le Conseil de
l'Europe.
Il souligne que l'Assemblée devrait donner davantage de publicité
à ses activités, que ce soit par rapport à l'OSCE ou par
rapport à l'Union européenne. Les réunions en Roumanie ont
également permis aux dirigeants du Conseil de l'Europe et aux
commissions de l'Assemblée d'avoir des contacts avec les plus hautes
personnalités politiques du pays.
A cet égard, la présence du Président de
l'Assemblée et du Secrétaire Général du Conseil de
l'Europe lors de la cérémonie de la signature des accords
roumano-hongrois de protection de l'environnement, aux côtés des
Présidents Göncz et Constantinescu a été d'une
importance toute particulière. Les représentants du Conseil de
l'Europe ont considéré comme impressionnantes les réformes
appliquées et les mesures prises par la Roumanie ces derniers temps,
qu'il s'agisse de la protection des minorités, des réformes
juridiques et économiques ou des traités de bon voisinage conclus.
A l'issue de l'exposé du rapporteur, l'Assemblée a
donné acte du rapport d'activité du Bureau et de la Commission
permanente n° 7830 et addendums I, II et III, et a ratifié les
renvois en commission.
3. Aspects scientifiques et techniques des nouvelles technologies de l'information et de la communication - Interventions de MM. Claude BIRRAUX, député (UDF) et Jean VALLEIX, député (RPR) (Lundi 23 juin)
Le
Rapporteur expose que, à la fin du siècle, plus d'un milliard
d'humains seront reliés à l'Internet, ce réseau de
communication qui permet à l'information de passer en quelques secondes
d'un endroit du globe à l'autre.
Cette nouvelle technique représente, selon le Rapport, une aubaine pour
les scientifiques, car les chercheurs travaillent à présent dans
un " village mondial ", mais la déréglementation des
télécommunications en Europe risque de restreindre les
capacités de recherche. Dans le monde entier, le système bancaire
international ressentira les effets du phénomène, car l'argent
électronique va se répandre, et des problèmes de
sécurité se poseront dans la mesure où il est permis de
craindre que des terroristes puissent saboter le contrôle du trafic
aérien ou les systèmes financiers.
Le rapport invite les gouvernements à faire évoluer les
techniques nouvelles dans un sens favorable à la société.
Il leur conseille d'établir un partenariat avec l'industrie
privée pour élaborer des solutions propices aux citoyens, parmi
lesquelles :
- l'adaptation des techniques nouvelles aux personnes âgées ou
handicapées ;
- l'informatisation des services médicaux ;
- des systèmes de contrôle de l'environnement et de gestion des
réseaux de transport
- une promotion de la coopération internationale en vue de rendre
possible l'interaction des systèmes ;
- l'encouragement de la création des sociétés
informatiques en Europe ;
- la recherche des moyens de crypter l'information pour contrecarrer l'action
des terroristes.
Dans le débat qui s'instaure sur ce rapport,
M. Claude BIRRAUX,
député (UDF),
intervient en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, je voudrais
d'abord remercier et féliciter notre collègue Frey pour la
qualité tant de son rapport que du colloque qu'il avait organisé
à Neuchâtel. Je me permettrai quelques commentaires.
Il est bien clair que les technologies dont nous parlons se développent
très rapidement. Le premier risque de leur essor est celui d'une
société à deux vitesses : ceux qui savent les
utiliser et ceux qui ne savent pas. L'appropriation d'une technologie, son
utilisation, sont des instruments de pouvoir. Permettre au plus grand nombre
d'avoir accès aux technologies, d'être formé à leur
utilisation sont aussi des enjeux démocratiques qu'il faut relever.
Si le développement du télétravail peut être une
chance pour l'aménagement du territoire, en permettant la
création d'emplois dans des zones isolées, il peut aussi avoir
des aspects négatifs : délocalisation à grande
distance et chômage ; risques d'atteintes aux libertés
individuelles dans l'entreprise, avec des systèmes informatiques de
surveillance par exemple ; isolement, perte de contact avec l'entreprise
et empiétement sur la vie privée, confusion travail-domicile.
S'agissant des enjeux d'éducation et de formation, la place des
nouvelles techniques d'information et de communication est déterminante
pour acquérir la connaissance elle-même, pour une éducation
de meilleure qualité, voire un enseignement personnalisé. C'est
dans le domaine éducatif que l'on pourra acquérir la
maîtrise, facteur d'égalité.
Outre à la familiarisation à l'outil informatique, il convient de
réfléchir aux conséquences de l'usage de l'ordinateur sur
les apprentissages classiques. Travailler sur des ordinateurs sans projet
éducatif et sans enseignants formés, c'est avoir une voiture sans
permis de conduire. Il faut aussi intégrer dans la pédagogie une
réflexion sur l'image comme vecteur d'information. Il convient de
réduire le retard de l'Europe dans les systèmes d'enseignement
puisque 10 % seulement des écoles ont accès à Internet,
contre 60 % aux Etats-Unis, comme l'a rappelé notre rapporteur.
Les nouvelles techniques de communication et d'information présentent
des avantages pour la télémédecine puisqu'il devrait
s'ensuivre une amélioration des services de santé rendus à
la population.
Télédiagnostic, téléchirurgie,
télésurveillance médicale... Toutes ces
" télépossibilités " peuvent éviter le
transport des malades, les données dont le médecin a besoin
pouvant être transmises grâce à ces nouvelles technologies.
S'y ajoute pour les médecins la possibilité d'une mise à
jour de leur savoir, grâce au support multimédia.
Le développement de la télémédecine n'est pas
exempt de quelques interrogations éthiques.
Se pose d'abord le problème du secret médical. Le codiagnostic et
la téléchirurgie envisagent la communication entre
médecins comme un élément naturel en vue de la
santé du patient. Dès lors est soulevé le problème
du partage du secret médical. Quelle sera la place du patient et comment
obtenir son consentement ? D'autre part, quels seront les effets à
long terme, tant du point de vue médical que financier, de
l'amélioration de la qualité des soins ? La
collectivité est-elle décidée à assumer les
coûts de la formation professionnelle des médecins ? Dans
quelles conditions ?
La déréglementation en cours devrait permettre un abaissement des
coûts, donc faciliter le développement de ces technologies, avec
l'apparition de nouveaux acteurs. L'appropriation des technologies par
davantage d'acteurs risque fort de nous conduire à voir la recherche
délaissée. C'est le rôle des gouvernements que de trouver
les voies et moyens pour soutenir les centres de recherche, d'une part, et
faciliter le transfert des connaissances vers l'industrie et les PME, d'autre
part.
Un cadre juridique est à inventer.
J'avais déjà développé, lors de la discussion du
rapport de M. Beaufays traitant des relations entre nouvelles technologies
et emplois, les enjeux sociaux. Toute notre législation du travail est
à réinventer car elle est aujourd'hui dépassée. De
même s'agissant du commerce, le développement du commerce
électronique est en avance sur la législation ce qui laisse la
porte ouverte aux abus, aux fraudes et aux délits.
Le cadre juridique approprié à l'exercice de l'ensemble de ces
nouvelles technologies d'information et de communication est à inventer
dans une approche globale et mondiale. L'autorégulation des
opérateurs est un leurre, une vision angélique. Qui peut croire
en l'autorégulation des maffieux, des proxénètes et des
pédophiles ?
Lorsque l'on considère les différents paramètres qui font
une société, c'est dans tous les aspects que les nouvelles
technologies d'information et de communication modifient les
éléments fondamentaux que l'on pensait intangibles de notre
société. Le rôle du Politique s'en trouve renforcé
et sa responsabilité n'en est que plus grande. C'est à travers
ses choix que le Politique façonne la société.
La société des nouvelles technologies d'information et de
communication recèle en elle-même des chances extraordinaires pour
le développement économique, éducatif, culturel et
scientifique de l'homme. Elle contient aussi en germe des dangers graves de
déviance, d'exploitation mal intentionnée, de manipulation.
Le prisme à travers lequel le Politique doit les considérer est
celui des valeurs qui fondent nos sociétés démocratiques,
en plaçant au centre de l'édifice l'homme dans toutes ses
dimensions, y compris spirituelle.
Notre Assemblée dont c'est la vocation, se doit de jouer un rôle
prépondérant, avant-garde et moteur tout à la fois ".
M. Jean VALLEIX, député (RPR),
prend alors la parole :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, ce rapport
nous concerne tous, non seulement pour le présent, mais pour l'avenir.
Il est évident qu'il concerne nos populations.
Comme les orateurs qui m'ont précédé, je soulignerai la
qualité du rapport de M. Frey, ainsi que la qualité des
travaux qu'il a organisés à Neuchâtel, au mois d'avril, et
qui nous ont permis d'engager une réflexion approfondie. Il est
évident que nous sommes embarrassés par les dix-huit propositions
formulées - car elles ne sont pas seize, mais dix-huit - entre
lesquelles il importe de réaliser un classement, de définir un
ordre de priorité.
S'agissant d'une autre réflexion, sur le débat permanent entre le
virtuel et le réel, je rejoindrai volontiers les propos tenus à
l'instant. J'avoue que j'ai été également très
sensible aux qualités d'intervention de nos collègues MM. Birraux
et Olrich.
Nous débattons aujourd'hui, en fait, d'une approche d'abord technique et
technologique, ce qui est bien normal dans la mesure où le sujet est
traité par la commission de la science et de la technologie.
Quitte à me placer quelque peu hors du sujet, monsieur le rapporteur,
mes chers collègues, je voudrais précisément insister sur
ce qui n'est pas que technique et technologique, et par conséquent, sur
les défis qui entourent ce vaste débat.
C'est d'abord un défi pour l'Europe, dans la mesure où en
définitive, nous devons considérer que cette dernière
n'est pas, dans cette affaire, la mieux placée. Distancée par les
Etats-Unis, elle risque d'être dépassée par l'Asie dans la
course à l'équipement en matériel informatique. Les
chiffres sont éloquents : selon des études récentes,
le marché a progressé, l'an dernier, de 7,2 % en Europe de
l'Ouest contre 21 % aux Etats-Unis, 33 % au Japon, 15 % en Russie, sans
parler des très rapides progrès de la Chine.
Bref, sommes-nous, face à Internet, des attardés ou des
retardés ? J'espère que nous ne serons que
retardés ! Toujours est-il que la réalité est
là et l'Europe, qui a su être à l'avant-garde dans les
domaines de l'espace, de l'aéronautique et du nucléaire, doit
aujourd'hui, de toute évidence, redoubler d'efforts.
Le deuxième défi - de taille ! - est
" démocratique " et " juridique " a-t-il
été ajouté à juste titre -les deux notions
étant, à mon avis, assez complémentaires -par l'orateur
précédent. Il faut bien reconnaître que la
démocratie représentative, telle que nous la connaissons, devra
-saura-t-elle le faire ? -s'adapter profondément pour survivre dans
les conditions d'une société nouvelle d'information.
Citons un troisième défi qui nous concerne, nous, en tant que
politiques parce que nous avons à la fois à " piloter "
techniquement ces données et à assumer des responsabilités
directes.
Ce troisième défi, que vous avez, me semble-t-il, moins
traité dans votre rapport, monsieur Frey, mais qui a été
très bien évoqué tout à l'heure, est culturel. Je
signale que j'ai été impressionné, et je le suis toujours,
par la qualité du français de notre collègue M.
Làzàrescu et par la qualité de sa pensée.
Dans le domaine culturel, la mondialisation a pour effet de véhiculer
actuellement, à l'échelle planétaire, un mode de
pensée qui est essentiellement le reflet disons de la culture
américaine pour laquelle j'ai d'ailleurs beaucoup d'estime mais qui
risque tout de même de nous entraîner vers une sorte de
sous-culture uniforme.
La planète risque de devenir plus un marché de consommateurs
qu'un monde de citoyens. Il s'agit d'ailleurs d'un débat qui a
déjà été évoqué avec le GATT
lorsqu'il s'agissait de défendre l'exception culturelle. Certes, ce
débat difficile nous engage dans la mesure où nous devons
défendre des réflexes identitaires propres à notre
civilisation, aux civilisations nationales mais aussi, bien évidemment,
européennes.
Le quatrième défi est économique et social. Voilà
vingt ans, des débats de cette nature que l'on retrouve dans les textes
du Conseil de l'Europe ont eu lieu au sujet de ce qui démarrait alors et
qui prenait forme sous la qualification de traitement de texte ou
d'informatique. A l'époque, la commission des questions
économiques et du développement évoquait les 15 ou
20 millions de chômeurs à appréhender en Europe
à cause du développement de ces pratiques. Certes, il y a des
compensations.
En vérité, le phénomène n'est pas
nécessairement si différent. Après avoir
dépassé l'âge de la pierre, du fer et du bronze - n'est-ce
pas, Monsieur le Rapporteur ? - à des époques plus
récentes, nous sommes parvenus, après l'ère de
l'informatique, à celle d'aujourd'hui, à l'ère d'Internet,
du virtuel et de la multicommunication qui engageront nécessairement des
révolutions profondes en matière d'activités et d'emplois.
A cet égard, il me semble opportun d'approfondir la réflexion, et
je vous soumets une proposition : à partir de vos travaux, monsieur
le rapporteur, et de ceux de la commission, il convient de rechercher un
complément de réflexion et d'orientation, par exemple,
auprès de la commission des questions économiques et du
développement. Bref, faisons travailler l'ensemble de nos commissions
qui peuvent examiner ce problème capital.
En guise d'ultime réflexion, je citerai un auteur que vous connaissez
tous, Saint-Exupéry, lequel a eu un mot qui, pour m'avoir frappé,
me revient souvent en mémoire et nous rappelle cette époque
où nous sommes menacés par une civilisation plus
éclatée, éventuellement plus localisée, avec le
risque cependant, qu'elle soit beaucoup moins humaine : " La grandeur
d'un métier, c'est aussi d'unir les hommes ". Comment allons-nous
procéder pour que les procédures modernes, indispensables, nous
permettent toujours d'unir les hommes ? Il s'agit aussi d'un des
problèmes dont le Conseil de l'Europe doit se préoccuper ".
La recommandation 1332 contenue dans le rapport 7832 est adoptée,
amendée.
4. Les Aroumains (Mardi 24 juin)
Grâce aux relations plus étroites nouées
ces
dernières années avec les pays des Balkans, l'Assemblée,
souligne le rapport, a pris conscience du risque de disparition de la langue et
de la culture des Aroumains, peuple qui vit aujourd'hui principalement en
Albanie, Bulgarie, Grèce, dans " l'ex-république yougoslave
de Macédoine ", en Serbie et en Roumanie.
Apparentés aux Roumains de la rive gauche du Danube, les Aroumains n'ont
jamais connu d'Etat indépendant. Leur communauté, forte d'environ
1.500.000 personnes -y compris la diaspora que l'on trouve en Allemagne,
aux Etats-Unis et en Australie- compte 250.000 personnes qui pratiquent
encore la langue aroumaine ou macédo-roumain.
Bien assimilés dans les pays où ils vivent, les Aroumains
demandent le soutien de leurs Etats pour l'apprentissage de leur langue
maternelle, la possibilité de suivre les services religieux en aroumain
dans leurs églises et de disposer de médias dans leur langue
minoritaire.
Se référant aux textes déjà adoptés par
l'Assemblée relatifs aux problèmes d'éducation et de
culture posés par ces langues minoritaires et les dialectes en Europe,
le rapporteur propose -outre la mise en oeuvre par leurs pays de
résidence de la Charte européenne des langues régionales
ou minoritaires- que les Etats répondent aux souhaits de cette
communauté.
Il préconise également toute une série de mesures, dont la
promotion de textes dans la langue aroumaine et la création de bourses
pour des artistes et écrivains issus de ce groupe minoritaire.
La recommandation 1333, contenue dans le rapport 7728, amendée, est
adoptée.
5. Exposé de M. Daniel TARSCHYS, Secrétaire général du Conseil de l'Europe - Interventions de MM. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC), et Jean VALLEIX, député (RPR) (Mardi 24 juin)
M. Daniel TARSCHYS, Secrétaire
général
du Conseil de l'Europe
souligne combien à l'occasion de son
50
ème
anniversaire l'Assemblée pourra être
fière de son bilan : cent soixante-cinq conventions et bon nombre
des activités du Conseil de l'Europe découlent de ses
initiatives. Il rappelle que le Conseil de l'Europe est une Organisation qui
n'est ni très riche ni très puissante, mais qui a montré,
dans la pratique, comment des accords intergouvernementaux volontaires
parviennent à nous ménager un espace juridique commun
s'étendant peu à peu au gré des décisions prises
par des Etats indépendants et souverains. Si l'on veut un continent
stable et pacifique, une coopération beaucoup plus étroite doit
se développer entre toutes les démocraties européennes,
sans exception. Le vieil adage reste vrai : la solidarité est la
façon la plus intelligente d'être égoïste.
Parallèlement, il faut avoir le courage de réévaluer les
menaces qui pèsent sur notre sécurité. Si les dangers
d'agression militaire ont diminué avec la fin de la guerre froide, de
nombreux risques liés au dysfonctionnement des sociétés
démocratiques sont apparus.
Il coûte infiniment moins cher de prendre des mesures conjointes pour
soutenir et renforcer la stabilité démocratique que de ramasser
les morceaux une fois que celle-ci s'est effondrée .
Aussi le Secrétaire général a-t-il plaidé lors de
la dernière partie de session pour que le Sommet adopte un programme
d'action substantiel. Ce programme est en préparation et les
idées de l'Assemblée parlementaire ont été
soigneusement examinées par le Comité des ministres.
M. Tarschys se réjouit de constater l'influence grandissante de
l'Assemblée, comme l'a encore confirmé la récente
réunion de Saint-Pétersbourg.
Un programme d'action, pour être crédible, doit être
substantiel, ambitieux et refléter les convictions communes. Ceux qui
nous dirigent auront-ils le courage de le mettre en oeuvre ? Les membres
de l'Assemblée peuvent jouer là un rôle décisif
d'inspiration et d'impulsion non seulement ici mais aussi dans les pays
où se prépare le Sommet. Cent jours nous en séparent,
conclut le Secrétaire général. Il faut saisir cette
occasion d'aider les dirigeants à insuffler une nouvelle vigueur
à la coopération entre les démocraties européennes.
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
adresse la question
suivante :
" Monsieur le Secrétaire général nous a
rappelé à juste titre le rôle et l'expérience du
Conseil de l'Europe sur le plan du droit et de la démocratie. Aussi lui
demanderai-je quelles initiatives il compte prendre pour que cette mission du
Conseil de l'Europe soit pleinement valorisée, notamment à
l'occasion du contrôle des élections et de l'assistance
juridique ?
Par ailleurs, quelles initiatives comptez-vous prendre, monsieur le
Secrétaire général, pour renforcer la coordination entre
toutes les organisations qui fonctionnent sur le plan de la coopération
européenne sans que cela aboutisse à une subordination de fait du
Conseil de l'Europe ? "
Le
Secrétaire général
lui répond en ces
termes :
" Il convient de préciser que le Conseil de l'Europe et l'OSCE ont
eu de nombreux contacts et ont tenu de nombreuses discussions sur les mesures
internationales à prendre en vue de soutenir le retour à l'Etat
de droit, à l'ordre et à la démocratie en Albanie.
L'observation des élections sera dirigée par un trio
composé de Mme Catherine Lalumière, nommée par le
Président en exercice de l'OSCE, de Sir Russell Johnston, nommé
par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et de M.
Rupérez nommé par l'Assemblée parlementaire de l'OSCE,
trio qui sera chargé de coordonner les opérations. L'idée
de cette " troïka " a été adoptée
après discussion avec la présidence de l'OSCE.
La question de la couverture géographique de l'observation des
élections en Albanie est fort importante ; elle a fait l'objet de
consultations entre les dirigeants des différentes équipes
d'observateurs sur le terrain, qui en ont défini l'ampleur.
J'espère que la plus grande partie, voire l'ensemble du territoire
albanais pourra être couvert par les opérations de surveillance.
En ce qui concerne l'organisation pratique de ces opérations, elle
dépend de la coopération qui sera instaurée entre le
Conseil de l'Europe et les autres partenaires internationaux concernés.
Le Conseil de l'Europe est prêt à envoyer ses experts pour
soutenir la mission de la force internationale déployée en
Albanie ainsi que celle des experts de l'OSCE. Ce n'est pas la première
fois que nous intervenons en Albanie pays pour lequel nous disposons d'un
programme portant sur les médias, les institutions juridiques et
démocratiques, et sur l'organisation d'élections, programme dont
la mise en oeuvre se poursuivra après les élections et qui, j'en
suis convaincu, nous permettra d'oeuvrer utilement à ce
moment-là. L'effort de stabilisation doit être renforcé
grâce à la coopération internationale. "
A son tour,
M. Jean VALLEIX, député (RPR),
pose une
question :
" Monsieur le Secrétaire général, vous avez fort
utilement évoqué la préparation du prochain Sommet du
Conseil de l'Europe, en octobre, qui réunira les chefs d'Etat et de
gouvernement des quarante pays de notre Organisation. A cette occasion, est-il
prévu de renforcer les moyens du Fonds social européen ? Ce
fonds, vous le savez aussi bien que moi, est un instrument important du Conseil
de l'Europe, notamment pour les pays qui s'appliquent à passer à
l'économie de marché.
Dans le même esprit, est-il prévu des mesures permettant de
dégager des moyens nouveaux afin de conforter les actions de ce fonds,
assez mal connues, qui méritent beaucoup plus d'attention ? "
M. Daniel TARSCHYS
apporte les éléments de
réponse suivants :
" On peut renforcer les moyens du Fonds de développement social
soit en élargissant le nombre des pays contributeurs, soit en augmentant
la contribution des Etats qui y participent déjà. Je suis heureux
de pouvoir vous annoncer un élargissement considérable du fonds
qui verra augmenter ses moyens dans un proche avenir. La Slovénie, la
Bulgarie, la Lituanie et la Roumanie en sont devenues Parties et, ce matin, la
Croatie m'a fait parvenir une déclaration m'informant de son intention
d'y adhérer prochainement. De plus, je sais que l'Estonie,
" l'ex-République yougoslave de Macédoine ", la Hongrie
et la Moldova ont également manifesté leur intérêt
à cet égard.
Il serait bien entendu souhaitable que les anciens membres augmentent leur
participation soit au capital soit au garanties du fonds. Je déplore
qu'aucun engagement n'ait encore été pris dans ce sens, mais je
partage l'avis de M. Valleix selon lequel il importe de renforcer les moyens du
fonds dont la mission est particulièrement importante puisqu'il a pour
tâche de mettre en oeuvre et de financer les mesures propres à
résoudre les problèmes de réfugiés et de flux
migratoires. C'est pourquoi il convient de le doter des ressources qui lui
permettront de travailler efficacement à la réalisation de ses
objectifs ".
M. Jean VALLEIX, député (RPR),
prend à nouveau la
parole en ces termes :
" J'insiste auprès du Secrétaire général afin
que soit bien soulignée l'importance des actions engagées par
cette structure. Je souhaite vivement que le prochain sommet soit l'occasion de
mettre en valeur cet instrument ".
6. Réfugiés, demandeurs d'asile et personnes déplacées dans la Communauté d'Etats indépendants, et réfugiés et personnes déplacées en Transcaucasie - Intervention de M. Jean SEITLINGER, député (UDF) (Mardi 24 juin)
L'Assemblée aborde la discussion commune de deux
rapports : le premier sur les réfugiés dans la CEI et le
second sur la situation des réfugiés en Transcaucasie.
a) Les réfugiés et les personnes déplacées en
CEI
Selon le HCR, depuis 1989, neuf millions de personnes se sont
déplacées dans la région de la Communauté des Etats
indépendants (CEI), beaucoup d'entre elles involontairement, rappelle le
Rapporteur. Il s'agit là des mouvements de population d'une ampleur et
d'une complexité sans précédent depuis la deuxième
guerre mondiale. Leur origine est diverse : la détérioration
économique, sociale et écologique, les conflits armés, le
nationalisme violent, les violations des droits de l'homme et des droits des
minorités, l'insécurité, etc. Ces déplacements ont
de très graves conséquences humanitaires et risquent
également d'influencer la stabilité et la paix dans cette
région.
L'Assemblée considère que le Conseil de l'Europe a un rôle
important à jouer tant pour garantir le respect des droits des
réfugiés, des demandeurs d'asile et des personnes
déplacées que pour contribuer à l'élimination des
causes de déplacement. Par conséquent, elle formule des
recommandations aux Etats européens de la CEI et invite les Etats
membres du Conseil de l'Europe à contribuer généreusement
au financement des programmes d'assistance pour ces pays.
b) La situation des réfugiés en Transcaucasie
La Transcaucasie compte environ un million et demi de réfugiés et
de personnes déplacées qui vivent dans des conditions
humanitaires très difficiles. L'Azerbaïdjan en recense environ
900.000, l'Arménie 300.000 et la Géorgie 300.000. Après
l'ancienne Yougoslavie, la Transcaucasie est à présent la
région européenne la plus touchée par ce problème.
Faute, de disposer de moyens suffisants pour faire face à cet afflux
humain, les trois pays du Caucase, sont toujours largement dépendants de
l'aide internationale, tant humanitaire que destinée aux projets de
développement. De même, le rapatriement des personnes
déplacées n'avance pas en raison de progrès insuffisants
dans la solution des conflits en Abkhasie et en Haut-Karabakh.
L'Assemblée souhaite attirer l'attention sur cette crise humanitaire qui
passe largement inaperçue dans le reste de l'Europe. Elle recommande au
Comité des ministres d'intensifier, en coopération avec d'autres
organisations internationales compétentes, les programmes à
l'intention de ces pays. Elle invite le Fonds de développement social du
Conseil de l'Europe à établir une "
task force
"
pour examiner ses moyens d'intervention en Transcaucasie et recommande aux
Etats caucasiens concernés de faire du rapatriement la priorité
dans leurs négociations de paix.
M. Jean SEITLINGER, député (UDF),
intervient dans le
débat en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, au nom du
Groupe du parti populaire européen, je voudrais remercier la commission
des migrations, des réfugiés et de la démographie, plus
particulièrement ses deux rapporteurs, Mme Guirado et
M. Filimonov, pour s'être à nouveau penchée sur cette
question des réfugiés. En effet même si, depuis plusieurs
années, il y a un cessez-le-feu, il était important d'alerter
encore une fois notre Assemblée, et, au-delà, la
communauté internationale, sur la situation de plusieurs millions de
réfugiés dans les républiques de la CEI, plus
spécialement dans les trois pays de Transcaucasie.
En effet, il ne faudrait pas que ces réfugiés tombent dans
l'oubli. Les médias, par définition, sont focalisés sur un
seul événement. C'était hier la Yougoslavie ; c'est
aujourd'hui l'Afrique, notamment le Zaïre et le Rwanda. Il faut absolument
que nous, ici, qui comptons, en tant qu'invités spéciaux et,
prochainement, comme membres à part entière, des pays de
Transcaucasie, nous préoccupions du sort de ces réfugiés.
Vous le savez, l'aide humanitaire ne dure pas éternellement ; nous
devons en fixer les limites car il faut éviter de créer un
syndrome de dépendance. Il faut progresser vers des systèmes
globaux d'assistance aux personnes vulnérables, réfugiées
ou non. Nous devons donc continuer à marquer nos préoccupations
pour ces millions de personnes.
Je veux également insister sur le fait que nous ne devons pas faire de
procès d'intention. Le débat d'aujourd'hui n'est nullement la
remise en cause de la résolution votée le 22 avril dernier.
Je sais gré à Mme Guirado, d'avoir souligné à
deux reprises, au début et à la fin de son intervention, le
caractère spécifique, particulier de son rapport et du
présent débat.
De même, ne faisons pas de procès d'intention aux auteurs de
certains des amendements déposés. Je me suis entretenu avec
M. Gross et M. Ruffy. J'ai beaucoup travaillé avec eux en
commission et je me porte garant de leur parfaite honnêteté
intellectuelle. En la circonstance, ils ont uniquement utilisé une
terminologie géographique et non une terminologie historique ou
politique. Ne cherchons aucune arrière-pensée dans leur
démarche. Ils ont voulu seulement poser le problème des
réfugiés et insister sur leur triste sort. Par conséquent,
ne faisons ici aucun procès d'intention.
Alors, que peut faire le Conseil de l'Europe ? Nous avons
déjà plusieurs conventions sur les droits de l'homme, contre la
torture, la Convention de Genève de 1951. Au-delà, nous devrions
demander - si ce n'est déjà fait - qu'au prochain
Sommet des chefs d'Etats et de gouvernement de notre Organisation, soit
élaborée une charte pour la protection des
réfugiés. Je ne vais pas énumérer ici tout ce que
pourrait contenir une telle charte ou convention. Je ne citerai que le droit au
retour, l'interdiction du refoulement, le respect de la propriété
ou, pour le moins, l'indemnisation des biens ou des pertes subies par les
réfugiés.
J'ajoute qu'il ne faut pas confondre le problème des
réfugiés avec celui de l'immigration, deux problèmes tout
à fait différents. Je sais que certains Etats ont émis des
réserves à propos d'une telle charte.
Il s'agit en l'espèce de réfugiés et de personnes
déplacées et pas du tout de problèmes de travailleurs
migrants.
Je rappelle également que, parmi les engagements prévus à
l'article 9 au mois d'avril 1996, on demandait à la Croatie de
respecter le droit pour les réfugiés des autres
républiques de recouvrer leurs biens et d'obtenir réparation.
Enfin, pour conclure, je tiens à souligner qu'aucune garantie juridique
ne saurait dispenser de la nécessité absolue de trouver des
solutions politiques aux conflits et aux tensions.
Dans la résolution que nous avons adoptée le 22 avril dernier,
nous avons inscrit le droit au retour des réfugiés, tant ceux
d'Abkhazie que ceux du Haut-Karabakh, avec une garantie de
sécurité. La seule vraie réponse que nous pouvons apporter
est la solution politique, préalable à l'exercice réel du
droit au retour des réfugiés ".
Au terme du débat, la recommandation 1334, contenue dans le rapport
7829, amendée, est adoptée.
Puis, la recommandation 1335, contenue dans le rapport 7837, amendée,
est également adoptée.
Enfin, la directive 533 figurant dans le rapport 7837 est adoptée sans
amendement.
7. Conséquences sur la santé de l'accident de Tchernobyl - Rapport de M. Denis JACQUAT, député (UDF) - Interventions de MM. Claude BIRRAUX, député (UDF), Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mardi 24 juin)
Présentant son rapport,
M. Denis JACQUAT,
député (UDF)
, a présenté les observations
suivantes au nom de la commission des questions sociales, de la santé et
de la famille :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, cet avis est
la suite logique des conclusions d'un précédent rapport de 1993
qui, présenté par une de nos collègues islandaise,
demandait de faire le point sur les conséquences sanitaires de
Tchernobyl dix ans après la catastrophe. Nous avons eu ici
même il y a quelques mois, une discussion sur ce thème. Aussi
m'exprimerai-je brièvement afin d'éviter les
répétitions.
Pour mémoire, je rappelle que l'accident lui-même est dû
à une très grave combinaison, la déficience de la
conception et des violations de procédures. On peut affirmer que l'iode
radioactif en Ukraine, en Russie et surtout en Bélarus, a
provoqué dans les zones fortement contaminées une multiplication
par dix des cancers de la thyroïde chez l'enfant - ce qui
représente à peu près mille cas - et par deux des
cancers de la thyroïde chez les liquidateurs. Il faut y ajouter de
nombreuses maladies psychosomatiques dues au stress.
Si l'accident n'avait pas été occulté par les
autorités locales et surtout si les mesures sanitaires
préventives avaient été mises en place en temps voulu,
notamment la distribution d'iode stable aux populations concernées, nous
n'aurions pas eu en particulier des cancers de la thyroïde chez les
enfants. Il est à noter que ces cancers, prévisibles, sont
apparus plus tôt que prévu.
Actuellement, le diagnostic et le traitement chirurgical des cancers de la
thyroïde de l'enfant ne présentent aucune difficulté majeure
pour les médecins et les chirurgiens dans les trois pays
concernés. Les problèmes se posent pour le traitement isotopique
postopératoire chez l'enfant présentant des métastases. En
effet, les conditions hospitalières locales ne permettent presque pas,
malgré le souhait du corps médical local et des familles des
malades, un traitement sur place. Ces traitements sont donc très souvent
effectués à l'étranger dans des services parfaitement
équipés.
Cependant, il est indispensable que le nombre de prises en charge de patients
soignés à l'étranger augmente car, malheureusement, les
enfants atteints de métastases dans le cas de cancers de la
thyroïde ne sont pas traités, et/ou que des moyens financiers
soient donnés aux trois pays concernés pour équiper
parfaitement leurs hôpitaux afin d'effectuer ces traitements. C'est un
devoir moral.
" Science sans conscience n'est que ruine de l'âme " :
c'est la raison pour laquelle je vous propose que nous continuions à
suivre attentivement les problèmes sanitaires engendrés par la
catastrophe de Tchernobyl car le nuage radioactif d'iode et de césium
fera encore malheureusement des ravages ".
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
intervient dans le
débat en ces termes :
" Permettez-moi de féliciter M. Denis Jacquat pour la
qualité de son rapport, qui donne des orientations et des informations
raisonnées sur l'état sanitaire des populations.
Son approche doit être saluée, car sur le sujet, entre ceux qui
multiplient les cas douloureux par un facteur cent, voire mille, et même
davantage, et ceux qui nient tout impact de l'accident de Tchernobyl sur la
santé des populations et qui pensent qu'il n'y a eu que trente-deux
morts, il est difficile de porter un jugement de valeur. Les uns comme les
autres, essaient contre vents et marées de justifier leur attitude pro
ou antinucléaire. Je ne suis pas sûr qu'ils défendent au
mieux leurs propres intérêts.
Permettez-moi aussi de remercier M. Jacquat d'avoir rappelé, dans son
rapport, que Tchernobyl fut une catastrophe intolérable que le temps ne
doit ni effacer, ni banaliser et ce n'est pas une clause de forme.
La fermeture de Tchernobyl, comme symbole de la fin de l'ère
soviétique dans le domaine nucléaire et symbole du changement
d'échelle de valeurs dans la société ex-soviétique
post-communiste, est réclamée depuis plus de dix ans ! Ce
n'est que fin 1996 que le principe en a été enfin admis,
même si les modalités sont toujours incertaines. Tout cela est "
la faute de la perestroïka" , comme dirait M. Jirinovski.
Merci, Monsieur Jacquat, de contribuer avec ce rapport à la
transparence, car la transparence est liée fortement à la
démocratie, n'en déplaise encore à M. Jirinovski.
Nos pays occidentaux savent aujourd'hui quelle est la situation technologique
et humaine des réacteurs jugés les plus dangereux. Un plan
d'urgence avait même été appelé en un moment
où l'on parlait de plan Marshall pour le nucléaire à
l'Est. De G7 en G8, en passant par le G24, l'Union européenne, la BERD,
l'urgence s'est enlisée dans le formalisme et la bureaucratie.
Pour assurer un suivi correct des populations, il est indispensable de disposer
d'un maximum de données médicales. Or, il est vrai que les
données sur la santé des populations avant l'accident sont rares.
Néanmoins, il était possible de commencer une étude
épidémiologique d'envergure.
Je regrette d'autant plus vivement que cette étude n'ait pu avoir lieu,
que c'est le gouvernement français qui s'est opposé à ce
projet. Le projet Système informatisé d'aide à la
décision médicale dans le cadre de l'accord partiel ouvert sur
les risques majeurs n'a pu voir le jour. En effet, il permettait de relier par
satellite sept ou huit hôpitaux qui auraient pu échanger des
informations sur les symptômes ou maladies observés chez des
patients contaminés par Tchernobyl.
Je crois qu'il serait utile qu'une telle étude voie le jour, car elle
serait un complément indispensable à l'observation des effets des
rayonnements chez les survivants d'Hiroshima et Nagasaki.
Pour cette dernière, la Life Span Study, actualisée tous les cinq
ans, montre dans sa récente actualisation qu'il y a des effets
significatifs au-dessus de 50 mSv alors que les précédentes
études ne notaient rien. Cette étude
épidémiologique serait complétée par les
données concernant les populations qui sont restées à
vivre et à travailler dans les zones contaminées.
A ceux qui considèrent que les restrictions alimentaires ou autres sont
excessives, je rappellerai que le principe de précaution doit guider
toute autorité responsable. S'il y a un risque pour la santé de
la population, il ne doit pas être pris.
C'est dans cette perspective que la Commission internationale de protection
radiologique (CIPR), dans sa recommandation n° 60, demande un abaissement
des normes sanitaires pour la radioprotection. L'Union européenne a
adopté en mai 1996 cette directive et ces normes - 20 mSv pour les
travailleurs et une augmentation de radioactivité induite non volontaire
pour le public de 1 mSv.
Que dire enfin des liquidateurs, qui ont été renvoyés dans
leurs foyers et dont on ne sait pas s'ils ont un suivi médical
quelconque ?
Je suis d'accord avec les différents points du projet de
résolution.
J'ajoute cinq propositions :
- relancer l'idée d'une étude
épidémiologique ; former les responsables du
nucléaire et les autorités, à la gestion de crise, afin
que le " retour d'expérience de Tchernobyl " soit
analysé et que des actions correctrices soient intégrées
dans des plans d'urgence et de sécurité pour les autres sites
nucléaires dans la C.E.I.
- se mobiliser pour apporter une assistance à la
sûreté des réacteurs les plus vulnérables et
à la formation et la gestion des personnels,
- ne plus tergiverser pour la fermeture définitive de Tchernobyl,
- prendre rapidement des décisions et surtout engager des actions
pour le deuxième sarcophage avant qu'une deuxième catastrophe ne
se produise à Tchernobyl,
- enfin, traduire encore de manière concrète notre
compassion pour les victimes et ne pas se lasser de rappeler le drame de
Tchernobyl, afin que nul n'oublie, ni ne s'habitue à l'inacceptable,
comme furent oubliées les victimes de Cheliabinsk, d'Omsk et bien
d'autres lieux ".
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
prend à son tour la
parole :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, permettez-moi
tout d'abord de féliciter notre rapporteur M. Jacquat pour son
très sérieux et excellent travail sur ce sujet extrêmement
délicat.
Effectivement, il aurait pu céder à la manipulation donnant dans
le sensationnel et l'exagération, ou encore à des motifs
économiques qui peuvent pousser certains à aller au-delà
de ce qu'est la réalité. Il s'est imposé la rigueur, il
s'est imposé l'honnêteté qu'exige sa formation de
médecin et de scientifique. Et je tiens, en tant que confrère,
à l'en remercier.
La situation qu'il nous a présentée, rappelée avec talent
par notre collègue M. Birraux, ne peut qu'obtenir mon accord quant
aux chiffres statistiques. Ne délirons pas au-delà du drame
réel qu'est Tchernobyl. Ce drame se suffit. N'allons pas imaginer je ne
sais quelle leucose aujourd'hui pas du tout établie. A moins que l'on
nous présente des statistiques solides !
N'allons pas délirer dans nos amendements sur la nécessité
de dénoncer des troubles observés dans le développement du
foetus. Nous verrons tout cela. Laissons le temps aux scientifiques pour faire
le point réel sur ces désagréments, ces anomalies, ces
scandales engendrés éventuellement, dans le futur, par
Tchernobyl. Mais aujourd'hui, soyons sérieux.
Tchernobyl, c'est le symbole même du fonctionnement de l'Union
Soviétique pendant près de soixante-dix ans, un état
totalitaire qui a privilégié les instruments de puissance au
détriment des personnes, de l'être humain en
général. Ce furent d'abord les essais nucléaires dans les
zones habitées du Kazakhstan, mais enfin l'on a aussi connu cela aux
Etats-Unis, malheureusement. Ce fut ensuite la construction de dizaines de
centrales nucléaires sur le territoire soviétique et celui des
PECO sans qu'aucune attention ne soit apportée à la
sûreté des installations et encore moins à la
sécurité des personnes.
Cela donne le résultat que l'on connaît : un accident
nucléaire aux conséquences sanitaires et écologiques
très graves, catastrophiques ! Un héritage que les futures
générations auront bien du mal à gérer !
Cette réflexion doit nous amener, nous, Européens, à
prendre conscience des nouvelles méthodes de gouvernement que l'opinion
publique attend de la part des dirigeants européens.
Il n'est plus acceptable, à l'heure des satellites, qu'un Etat dissimule
un accident nucléaire à ses habitants et à ses partenaires
européens. De même, il est inacceptable d'entendre un gouvernement
- comme cela a été le cas en France - affirmer que les nuages
radioactifs s'arrêtent aux frontières du pays ! Depuis
Tchernobyl, le nucléaire civil est sur la sellette, car tout incident
peut avoir de graves conséquences sur la santé publique.
Les promoteurs de ce type d'énergie, incontournable, se doivent d'offrir
un maximum de garanties en matière de sûreté des
installations. Cela suppose d'importants investissements à l'Est car le
bricolage actuel ne tient que grâce à la providence, si l'on y
croit. Cela implique enfin une transparence totale, ce qui très souvent,
et pas seulement à l'Est, n'est pas toujours le cas.
Je terminerai, même si je m'écarte de notre sujet, en rappelant
mon inquiétude quant à l'absence de convention internationale
portant sur l'interdiction du rejet des déchets radioactifs dans les
mers en Europe et dans le monde. Ce problème du stockage et de leur
recyclage devra de toute façon être abordé, et plusieurs
fois, par nos dirigeants s'ils ne veulent pas léguer à nos
enfants des zones maritimes complètement irradiées. Que
Tchernobyl serve au moins à l'avenir ".
M. Denis JACQUAT, député (UDF),
rapporteur de la
commission des questions sociales, de la santé et de la famille,
répond en ces termes :
" Je remercie publiquement M. Gusenbauer, président de la
commission, qui, avec les membres de celle-ci, a bien voulu me faire confiance
pour présenter ce rapport.
A la suite du rapport de Mme Ragnarsdóttir, il nous a été
demandé de faire à nouveau le point sur les conséquences
sanitaires de l'accident de Tchernobyl. Et nous devrons dans quelque temps
établir un autre rapport pour continuer à suivre la situation de
cet état sanitaire.
Ces données sanitaires, scientifiques, ont été
définies avec des professeurs des trois pays les plus concernés
par le nuage radioactif.
Dans ce débat, un orateur a parlé des
" liquidateurs " - il ne faut pas les oublier - qui
viennent de toute l'ex-Union Soviétique. Les enfants, les liquidateurs
sont malades. Des enfants ont des métastases et ils doivent être
traités, de préférence, dans leur propre pays, comme nous
le demandent leurs parents. N'oublions pas que des adolescents, qui
étaient des enfants au moment de l'accident, ne développent
actuellement aucune maladie. Ils peuvent présenter dans les
années à venir des cancers de la thyroïde avec des
métastases. Nous ne devons donc pas relâcher notre vigilance.
Des données sanitaires qui nous ont été
communiquées dans les trois pays les plus concernés
- Ukraine, Russie et Bélarus - il ressort que, pour le moment,
il n'y a pas de leucose. C'est un point important. Nous avons
échangé, lors d'une mission du Conseil de l'Europe, à
l'occasion d'un congrès à Minsk, des informations à ce
sujet avec des savants japonais, et nous avons pu faire des comparaisons.
Tels sont les quelques mots que je voulais ajouter, en remerciant les
différents orateurs qui sont intervenus ".
Parmi les cinq amendements déposés sur le projet de
résolution, le numéro deux fait état "
des retards
constatés dans le développement psychique des enfants
conçus mais pas encore nés au moment de la catastrophe
".
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
prend la parole en ces
termes contre l'amendement : " Certes, il est important de penser
à ceux qui ont subi un préjudice lorsqu'ils étaient
enfants ou en situation foetale : mais ; et c'est une obligation
intellectuelle et scientifique, nous ne devons aborder ce sujet que si nous en
avons une démonstration.
Or, à ce jour, à moins qu'on ne nous présente des
documents officiels prouvant ce préjudice, grâce à des
statistiques, je n'ai pas personnellement connaissance de tels cas, si ce n'est
que toute personne qui subit, dans son enfance ou dans son état adulte,
un choc, quel qu'il soit, et pas seulement du type de celui de Tchernobyl, peut
avoir des troubles. Pour ce qui est du foetus, je ne suis pas du tout
assuré de la démonstration qui nous est faite.
Je ne peux pas proposer à l'Assemblée de voter un texte qui n'est
pas conforme à une position scientifique démontrée ".
L'amendement n° 2 est alors modifié oralement en supprimant la
phrase contestée par M. Nicolas ABOUT.
A l'issue du débat, la résolution 1127 contenue dans le rapport
7680, amendée, est adoptée à
l'unanimité.
8. Activités des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international) (Mercredi 25 juin)
Selon le
rapporteur, le développement des pays plus pauvres est certes maintenant
davantage l'oeuvre d'investissements privés plutôt que de l'aide
gouvernementale ; certes, il se peut que le monde se soit largement
détourné des taux de change fixes au profit des taux de change
flottants. Il n'en reste pas moins que la Banque mondiale et le FMI, piliers
des établissements de prêt établis par les Nations Unies
après la guerre, ont encore un rôle important à jouer dans
l'économie mondiale, même s'il semble à la fois
nécessaire et urgent d'introduire quelques réformes dans leur
fonctionnement.
Le rapport a pour a pour objectif de brosser le tableau des principaux domaines
d'activités de ces deux institutions, en s'attardant aussi sur certains
aspects de leurs activités susceptibles d'être encore
améliorés pour s'adapter aux rapides changements en cours sur la
scène internationale. Il étudie les programmes du Groupe Banque
mondiale liés au développement du capital humain et ceux
ciblés contre la pauvreté, ses activités visant à
promouvoir le développement durable du point de vue de l'environnement.
Il décrit le développement des secteurs privé et
financier, ainsi que son expérience avec des organisations non
gouvernementales. Il passe également en revue l'essentiel des programmes
d'assistance du FMI, le traitement de la question de la dette et le
problème de la corruption, et propose un " programme
structurel " de réforme pour les deux institutions.
Le rapport encourage la Banque et le Fonds à tenir davantage compte de
leur responsabilité à l'égard du public dans leurs
opérations, à inclure dans leurs mandats statutaires l'obligation
de défendre et de promouvoir les droits de l'homme, à
intégrer dans leurs stratégies de développement les
critères de développement durable des points de vue social et
écologique. Il les invite à promouvoir la " bonne gestion
des affaires publiques ", à lutter contre la corruption, et
à renforcer l'efficacité des projets de développement
grâce à des stratégies personnalisées selon les pays.
A la suite du débat, la résolution 1128 contenue dans le
rapport 7835, amendée, est adoptée.
9. Activités de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) - Rapport de Mme Josette DURRIEU, sénateur, (Soc) - Intervention de M. Claude BIRRAUX, député, (UDF) (Mercredi 25 juin)
Présentant son rapport (7834) au nom de la commission
des
questions économiques et du développement,
Mme Josette
DURRIEU, sénateur (Soc),
formule les observations suivantes :
" Je salue chaleureusement M. le Président de la Berd, M. de
Larosière, et je le remercie vivement pour l'extrême courtoisie
dont il a fait preuve à notre égard et pour la collaboration fort
harmonieuse et efficace qu'il a apportée à notre travail, donc,
à la rédaction de ce rapport. Je souhaite également
remercier M. Malleret, M. Lecavalier ainsi que Mme Pissarides
qui ont contribué, avec nos services, à l'élaboration du
rapport qui vous est présenté.
La banque que vous présidez, monsieur de Larosière,
créée en 1991, compte soixante membres, cinquante-huit Etats et
deux institutions : l'Union européenne et la BEI. Tous les pays des
PECO sont actionnaires et les Quinze représentent dans le capital plus
de 55 %.
En 1992, un accord de coopération, signé entre la Berd et le
Conseil de l'Europe, prévoyait un certain nombre de visites, de
rencontres et ce débat sur les activités de la Berd.
En 1994, prenant la présidence de cette banque, vous aviez une mission
extrêmement difficile mais urgente, celle de la réorganisation
interne de la Berd.
Je dois dire, en tant que rapporteur et française, que vous avez
parfaitement réussi, Monsieur de Larosière, et si j'avais
à synthétiser votre action, je la résumerais en deux
mots : rigueur et efficacité. Nous vous en remercions et je vous en
remercie doublement. Tel sera le point 1 du projet de résolution.
En 1996, une décision importante a été prise à
Sofia, celle qui a consisté à doubler le capital de la Berd et
à le porter de 10 milliards à 20 milliards d'ECU. Cette
décision n'a pas encore été ratifiée. Il faut
obtenir une majorité que vous n'avez pas encore, mais cela semble
nécessaire et urgent. Tel est le point 10 du projet de
résolution.
Le bilan de l'action de la Berd est positif. Vous intervenez dans vingt-six
pays regroupant plus de 400 millions d'habitants. La Berd a engagé
plus de 370 projets et il est évident qu'une évaluation
régulière des résultats positifs est
nécessaire ; elle est d'ailleurs demandée. Tel est le
point 2 du projet de résolution.
Je rappelle les missions de la Berd, ainsi que les principes qui doivent guider
son action : faciliter la transition et promouvoir l'initiative
privée. Sur ce point, statutairement, l'objectif qui vous est
fixé est dans l'orientation des minima de votre portefeuille d'atteindre
60 % en faveur de l'initiative privée et de la libre entreprise.
Vous avez atteint ce point statutaire du règlement ; vous l'avez
même dépassé puisque vous êtes au-delà des 60
%. Je suppose que vous nous apporterez des précisions à cet
égard.
Vos missions visent également à promouvoir la démocratie,
les droits de l'homme, la prééminence du droit, le progrès
social. Nous sommes tous - et partout - très attachés à
cette avancée dans le domaine social. Tel est le point 5 du projet de
résolution.
Nous admettons tous que ces principes sont nécessaires à
l'établissement d'une véritable croissance durable. Certes, les
risques existent, mais il n'empêche que c'est un défi qui vous est
posé. Tels sont les points 4 et 10 du projet de résolution.
L'essentiel porte sur le démantèlement des monopoles, la
décentralisation, la privatisation. Il semble que soient
réclamées des actions plus fortes sur trois points :
renforcement des institutions financières locales, renforcement de
l'investissement en capital, accompagnement de tous les projets concernant les
infrastructures. Tel est le point 6 du projet de résolution.
Insistance également et demande de vigilance en ce qui concerne, non
seulement la protection de l'environnement, mais aussi pour toute forme de
transparence et toutes les façons de prévenir les gaspillages des
fonds que vous prêtez.
Il est relevé dans trois points du projet une certaine demande
d'investissements ou d'accompagnement d'investissements directs
étrangers en tenant compte du fait qu'ils sont encore insuffisants dans
la plupart des pays, ce que l'on comprend. Cela suppose qu'ensemble, nous
consolidions l'environnement législatif et juridique, et nous luttions
contre la corruption et la criminalité organisée.
Il est également demandé que, dans le domaine de l'accompagnement
du progrès social, la Berd travaille en étroite collaboration
avec le Fonds de développement. C'est le point 8 du projet de
résolution. De nombreux projets pourraient être menés en
commun ; à cet égard, des suggestions peuvent être
formulées.
Une politique graduelle de retrait progressif a été
décidée en 1996. Elle a été confirmée en
1997. C'est un point d'interrogation très préoccupant. A partir
d'un certain moment, vous réduirez, vous arrêterez les prêts
aux pays qui auront atteint un certain niveau de développement. En la
matière, les questions sont très précises Monsieur le
Président : quels critères prendrez-vous en compte ? Le
retrait sera-t-il total dans ces pays plus avancés qui, naturellement,
le refusent ?
Mon rapport a porté essentiellement son éclairage sur les sept
pays de la CEI, pour plusieurs raisons, non seulement à cause de la
Russie, objet de toutes les préoccupations voire de toutes les
sollicitudes, mais aussi parce qu'un certain nombre d'autres pays qui ont leur
importance, notamment les trois pays du Caucase sont, dans leur ensemble, moins
avancés. Alors que les pays des PECO sont en expansion avec une
croissance supérieure à 5 %, les pays de la CEI sont en
déclin même s'il y a une reprise actuellement. L'inflation est
inférieure à 20 % dans les PECO ; elle est supérieure
à 50 % dans ceux de la CEI. Par conséquent, ces derniers ont
besoin de notre accompagnement. C'est la première raison qui justifie
mon choix.
La deuxième, non moins importante, est l'instabilité politique de
ces pays. Elle est sensible, elle est forte : en
Tchétchénie, le problème est en voie de
règlement ; en mer Noire, à Odessa, en Transnistrie, en
Abkhazie, en Ossétie, dans le Haut-Karabakh ; cette
instabilité autour du pôle qu'est la Russie concerne l'ensemble de
l'Europe.
Par ailleurs, les problèmes nucléaires et pétroliers - qui
se posent surtout dans les pays, qui détiennent ces richesses -
constituent aujourd'hui des leviers pour la politique étrangère.
Or, Monsieur le Président, il existe un déséquilibre dans
les aides au sein de la CEI. Alors que la Russie a reçu en 1996 plus de
900 millions d'ECU, les trois pays du Causase en ont perçu moins de 200
millions. Pourtant, ils ont besoin de notre accompagnement, de même que
la Moldavie. Vous avez eu raison de geler les projets de la Biélorussie,
accompagnant ainsi la décision du Conseil de l'Europe.
Pour conclure, j'indique que les pays de la CEI et ceux du Caucase, ont des
besoins urgents car ils sont dans des zones à risques. En termes
politiques, j'insiste sur le fait que si nous ne les accompagnons pas
économiquement, ils ne pourront jamais conquérir leur
indépendance économique, donc leur véritable
souveraineté. Nous entretenons une instabilité qui est dangereuse
et qui, au-delà de leur propre devenir, concerne l'ensemble de
l'Europe. "
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
s'exprime alors en ces
termes :
" Madame la Présidente, Monsieur le Président de la Berd,
mes chers Collègues, je veux d'abord féliciter Mme Durrieu
pour la qualité et la précision de son rapport.
La commission de la science et de la technologie se limitera à donner un
avis sur le seul aspect qui relève strictement de sa compétence,
à savoir le compte de sûreté nucléaire. Je rappelle
que ce dernier est alimenté par des contributions volontaires des Etats,
avec un minimum de 1,5 million d'ECU. Au 31 décembre 1996,
quatorze pays plus l'Union européenne avaient alimenté ce fond,
pour un montant de 257,2 millions d'ECU.
Au 31 décembre 1996, cinq projets avaient été
approuvés par l'assemblée des contributeurs, et les accords de
financement signés par les gouvernements concernés, les
compagnies d'électricité et la banque. Ils concernent : la
centrale de Kozloduy en Bulgarie, pour 24 millions d'ECU, accord
signé en juin 1993 ; la centrale d'Ignalina, en Lituanie, pour
35 millions d'ECU en février 1994 ; en Russie, la
centrale de Léningrad - 4 RBMK - pour 30 millions d'ECU,
les centrales de Kola et de Novovoronezh - 4 VVER 440/230 - pour
45 millions d'ECU, accords signés en juin 1995 ; enfin un
projet de 118 millions d'ECU, pour Tchernobyl, a été signé
en novembre 1996. Ce projet représente une partie du vaste programme de
soutien à l'Ukraine pour fermer Tchernobyl en l'an 2000. Cela est
conforme au memorandum of Understanding cosigné par l'Ukraine, le G7 et
l'Union européenne.
Pour chacun des projets, des accords précis engagent les signataires sur
les travaux, les échéances, leurs engagements réciproques.
Pour la Russie, un comité commun a été constitué
afin de suivre les progrès de la mise en oeuvre des accords.
Je me réjouis de cette initiative, qui répond en partie à
ma demande de l'an dernier, de voir une évaluation et un suivi des
projets, mais en partie seulement, car aucun mécanisme régulateur
n'est prévu si les cocontractants ne tiennent pas leurs engagements.
Tout ce qui précède représente la partie statutaire de mon
rapport et résume les éléments contenus dans le rapport
annuel de la banque, que j'ai découverts en temps voulu sur Internet.
Je veux ensuite aborder une partie plus politique qui n'y figure pas.
L'an dernier, je m'étais déjà interrogé sur la
capacité du compte de sûreté nucléaire de la Berd
à répondre à sa vocation, compte tenu des obstacles que
peuvent dresser, selon leur bon ou mauvais vouloir, les contributeurs. J'avais
cité le cas de l'achèvement de la centrale slovaque de
Mochovce : la banque avait fini par être
" recalée " et, finalement, elle avait choisi d'empêcher
l'achèvement de la centrale ce qui entraînait, de facto, la
continuation de celle de Bohunice, qui est l'une des plus vétustes de
l'Est. S'est substitué à la banque un consortium
tchéco-germano-franco-russo-slovaque.
De même en Ukraine, la presse nous apprend qu'une étude dite at
least cost effectuée par un cabinet britannique empêcherait la
banque de financer l'achèvement de deux centrales et proposerait de
construire des centrales à gaz. Or, ces centrales, de Rivne 4 et
Khmelnitsky 2, sont achevées à 80-90 %, et il s'agit de les
mettre aux normes occidentales, pour un investissement de 330 millions de
dollars.
De plus l'accord avec l'Ukraine, qui a été long à obtenir,
est un accord politique où chacune des parties doit pouvoir dire qu'elle
a obtenu et un bénéfice et une concession, mais que globalement
il y a bénéfice.
Comment politiquement faire accepter à l'Ukraine de fermer Tchernobyl et
aussi de passer sous la coupe de la Russie pour la fourniture de gaz ?
Cela impossible. C'est tout le fragile équilibre de l'accord entre le
G7, l'Ukraine et l'Union européenne qui est remise en cause. Aussi,
ai-je trois questions à poser : Qui sont ces distingués
consultants, d'un libéralisme ultra-orthodoxe ? La banque a-t-elle
fréquemment recours à ces consultants ? Défiant un
accord conclu au plus haut niveau des chefs d'Etat et de gouvernement du monde,
j'ai envie de demander : " Qui vous a fait roi ? "
Nous avons adopté hier une recommandation relative aux
conséquences sanitaires de l'accident de Tchernobyl. La fermeture de
Tchernobyl est un symbole et un signal fort : un symbole, car Tchernobyl
représente encore l'archétype du système
soviétique, où la production primait sur toute autre
considération, en particulier de sûreté ; un signal
fort, car sa fermeture signifiera que l'on a changé d'échelle de
valeurs, qu'une autre conscience a vu le jour : celle de la
primauté de la sûreté sur toute autre considération.
Ce renversement d'échelle de valeurs est un gage positif pour le
développement de la démocratie.
Il a fallu des années d'efforts pour tenter de faire comprendre comment
intégrer dans les esprits et dans les formes cette notion de
sûreté et ses exigences. Vous comprenez alors que le fond engage
beaucoup plus que la forme et que la pédagogie de l'exemple et du
respect des engagements est capitale.
La question qui se pose, devant un problème d'une telle ampleur est
celle de savoir non pas tant si les procédures internes de la banque
permettent d'honorer l'accord conclu sous l'égide du G7, mais comment
adapter ces procédures pour répondre à l'attente de vos
créateurs.
De votre réponse dépend toute la crédibilité et la
confiance que des démocraties naissantes et balbutiantes peuvent avoir
envers ceux qui sont sensés en représenter le berceau ".
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
reprend la parole en ces
termes :
" M. le Président de Larosière a reçu de nombreux
messages tout en recevant des témoignages de confiance et de
crédibilité. Je retiens, pour ma part, deux points de son
discours introductif : d'abord, il a voulu affirmer un nouveau
défi, celui qui consiste à consolider les réalisations
faites, ensuite il a tenu à nous rassurer quant au retrait progressif
qui inquiète certains pays, disant qu'il n'y avait pas de retrait
d'Europe centrale, seulement - et malgré tout - un glissement des
priorités vers l'est.
J'ai aussi pu constater une insistance sur des aspects nouveaux. Le
problème de l'environnement est devenu central. J'ai également
relevé des interventions concernant les nouvelles techniques de
communications, la protection du patrimoine et cette autre forme d'industrie
que sont le loisir et le tourisme, lesquels peuvent, effectivement, être
créateurs de richesses et d'activités.
Je précise à Lady Hooper que les 60 % destinés à
l'investissement privé sont 60 % du portefeuille global de la Berd, et
même plus.
En ce qui concerne la collaboration étroite qui pourrait être
établie entre le Conseil de l'Europe et la Berd dans d'autres domaines,
notamment avec le Fonds de développement social, je citerai - tout
simplement parce qu'il peut être concrétisé dans un proche
avenir - l'exemple de l'accompagnement des orphelinats en Roumanie. Cette
opération pourrait être menée conjointement. Je vous la
livre puisque vous avez demandé que l'on vous donne quelques exemples.
En conclusion, je tiens à dire que nous avons à nous
féliciter, les uns et les autres, du travail harmonieux que nous
élaborons avec cette Banque. Je pense que nous pouvons être ainsi
les artisans de l'expansion économique et de la stabilisation politique
de l'Europe.
Permettez-moi de remercier le président de notre commission ainsi que M.
Barsony et M. Torbiörn, secrétaire de la commission, pour le
travail qu'ils ont accompli à mes côtés ".
A l'issue du débat, la résolution 1129 contenue dans le
rapport 7834, amendée, est adoptée.
10. Priorité à la lutte contre l'exploitation du travail des enfants - Intervention de MM. Jean-Claude MIGNON, député (RPR) et Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Jeudi 26 juin)
Le
Conseil de l'Europe s'est engagé à lutter contre le travail des
enfants, et sa Charte sociale européenne interdit le travail des enfants
de moins de quinze ans.
La presse a révélé dernièrement que dans les pays
en voie de développement, il y a 250 millions d'enfants qui
travaillent. Mais le travail des enfants n'a pas pour autant disparu d'Europe.
Souvent approuvé par la société, il correspond à un
phénomène social souvent invisible dont la réalité
est difficile à prouver, mais il comporte des dangers :
exploitation sexuelle à des fins commerciales, cruautés
infligées aux travailleurs domestiques, trafic d'enfants, risques pour
la santé et conditions d'existence précaires des enfants se
trouvant à la rue.
Le rapport met en lumière les faits suivants :
Au Royaume-Uni, la moitié environ des enfants de treize à quinze
ans occupent un emploi à temps partiel, et beaucoup ont au moins deux
emplois. Il y a de plus en plus d'enfants à la rue, et la prostitution
enfantine pose un énorme problème.
L'Italie est le pays d'Europe occidentale qui a la plus nombreuse population
d'enfants au travail (un million et demi). C'est dans le sud que la situation
est la plus grave : une enquête réalisée à
Naples sur les enfants qui travaillent a révélé que la
plupart sont occupés plus de six heures par jour à des
tâches qui leur rapportent moins du tiers du salaire correspondant d'un
adulte et ne leur ouvrent droit à aucune prestation sociale.
En Espagne et au Portugal, environ un million et demi d'enfants sont
employés illégalement, souvent dans le commerce ou l'exploitation
agricole de leur parents. Le travail saisonnier des moissons leur fait manquer
l'école pendant des mois. Il y a aussi des enfants vendeurs de rue,
cireurs de souliers, mendiants et ramasseurs d'ordures.
En Bulgarie, la police et les "
skinheads
" s'en prennent aux
enfants des rues qui mendient, se livrent à des " petits
boulots ", ramassent des ordures, volent ou se prostituent.
Des enquêtes conduites récemment en Roumanie ont
révélé que 6 % des enfants de sept à quinze
ans y travaillent plus de six heures par jour.
La vulnérabilité des enfants rom (tsiganes) s'est répandue
dans toute l'Europe. Etant donné la structure de la famille rom,
beaucoup d'entre eux travaillent à temps plein - après
l'âge de douze ans - dans la métallurgie, la ferraille, le
commerce des chevaux, le spectacle, l'agriculture et la mendicité.
Certains s'organisent en bandes.
La Turquie a fait l'objet d'une étude du Bureau International du Travail
(BIT) qui a révélé que près de deux millions
d'enfants - dont plus de 800.000 âgés de moins de seize ans y
travaillent comme salariés dans leur famille.
Le rapport invite les gouvernements à :
- mettre en oeuvre un plan d'action pour lutter contre l'exploitation
économique des enfants ;
- rassembler des données afin de mettre les problèmes en
lumière ;
- aligner tours législations nationales sur les normes
européennes et internationales ;
- promouvoir l'inspection scolaire et l'inspection du travail ;
- consulter les partenaires sociaux, les ONG, les enfants et les
parents ;
- favoriser la lutte contre le travail des enfants dans les pays en voie
de développement en appliquant, non pas des sanctions risquant de nuire
aux économies locales, mais des programmes spéciaux visant
à contenir les pires excès.
Il préconise aussi une évaluation de la situation régnant
dans les quarante pays membres du Conseil et l'adoption, en la matière,
d'une politique européenne exhaustive inspirée des normes
sociales du Conseil de l'Europe.
La question doit faire l'objet d'une convention du BIT. Michel Hansenne,
Directeur général du BIT, exposera des idées à cet
égard lors du débat.
M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR),
intervient dans le
débat en ces termes :
" Madame la Présidente, mes chers Collègues, je tiens
tout d'abord à féliciter Mme Irena Belohorská, pour
la qualité de son rapport. Elle attire l'attention sur un
problème souvent nié et longtemps négligé en Europe
bien qu'il soit beaucoup plus grave dans nombre de pays d'Asie, d'Afrique et
d'Amérique du Sud .
Le rapporteur a tout à fait raison quand elle écrit qu'il faut
d'abord donner la priorité à la lutte contre les modes les plus
intolérables du travail des enfants, à la lutte contre les causes
principales qui sont la pauvreté et l'exclusion sociale. Je souhaiterais
faire quelques remarques concernant le rapport, la situation des enfants et les
mesures en cours ou envisagées.
D'abord, force est de constater que le nombre d'organismes qui s'occupent de ce
dossier est important. De même, il convient de noter qu'il existe
déjà un certain nombre de chartes, recommandations, conventions
ou programmes oeuvrant pour un bon encadrement législatif ainsi que
social des enfants et contre les pratiques abusives de travail des enfants.
En effet, il est impressionnant de constater, combien d'interlocuteurs sont en
charge du problème : l'ONU dont dépendent l'UNESCO et
l'Organisation internationale du travail, le programme IPEC pour l'abolition du
travail des enfants, le Bureau international du Travail, le Conseil de
l'Europe, l'Organisation mondiale du commerce, l'Union européenne ainsi
que nombre d'ONG et de syndicats. Cela étant, il est frappant et
paradoxal de constater qu'il n'existe presque pas de données
précises sur la situation des enfants ni dans les pays membres du
Conseil de l'Europe, ni dans d'autres pays.
Malheureusement on voit que les Etats adaptent souvent leur discours en
fonction des circonstances des organisations internationales diverses luttant
contre le travail des enfants.
L'idée de compléter par exemple la Convention n° 29 de
l'Organisation internationale du travail me semble raisonnable. De
manière plus générale, l'exploitation des structures
déjà existantes et la coopération étroite avec et
entre les organismes cités est vivement souhaitable. Je vous le rappelle
afin d'éviter la prolifération des systèmes qui rend la
coordination et la coopération encore plus difficile.
Il faudrait également distinguer davantage la situation en Europe de
celle d'autres continents et prendre en considération les
spécificités européennes de ce phénomène
scandaleux. Au niveau européen, nous devons profiter de la structure du
Conseil de l'Europe pour nous mettre d'accord le plus rapidement possible sur
une stratégie permettant de lutter contre les causes de ce type
d'exploitation.
En tout cas, nous devons faire preuve de plus de coordination entre les
politiques nationales et d'une volonté ferme pour entamer des recherches
et des inspections afin d'évaluer ensemble les situations pour pouvoir
élaborer à long terme une stratégie concrète,
adaptée et cohérente de lutte contre les abus.
Une priorité doit être accordée à la lutte contre
les formes les plus inacceptables de l'exploitation du travail des enfants
comme vous le constatez au point 6 du projet de recommandation.
En ce qui concerne la consultation des enfants, il sera très difficile
de trouver ou de créer des instances représentatives pertinentes.
Dans ce contexte, je tiens à souligner que les enfants eux-mêmes
sont tout à fait conscients du problème ; ils prennent des
initiatives pour y répondre comme, par exemple, samedi dernier à
l'Assemblée nationale à Paris où, dans le cadre du
Parlement des enfants, les élèves d'une académie ont
déposé une proposition de loi donnant la possibilité aux
fabricants ou aux importateurs de faire figurer un logo sur les
étiquettes ou les emballages de produits afin d'assurer les
consommateurs français qu'aucun enfant n'a travaillé à
leur fabrication. J'irai même encore plus loin en proposant - et je
rejoins par cette proposition l'initiative citée dans votre rapport -
l'instauration d'un label européen, facultatif dans un premier temps,
afin de réveiller la conscience des consommateurs et du public. Cela
s'inscrit dans la logique du point 13 VI du projet de recommandation.
Nous devons tous ensemble oeuvrer pour que l'opinion publique et les
consommateurs prennent conscience du problème, qu'ils aient la
possibilité de faire un choix actif et de l'exprimer à travers
leur comportement d'achat. Cela montrera aux producteurs que l'exploitation du
travail des enfants n'est pas acceptée, et surtout plus
tolérée, d'une manière plus subtile que par le biais de
simples sanctions commerciales qui - on le sait - sanctionnent avant
tout les enfants.
Nous avons besoin d'un changement profond de mentalité qui ne sera
possible que si l'on arrive à sensibiliser la société dans
son ensemble. Nous devons continuer à agir dans ce sens. "
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
prend alors la parole dans
les termes suivants :
" Je veux d'abord féliciter notre collègue, notre rapporteur
le Dr Belohorská, pour son important rapport. Elle a mis dans son
travail sa compétence professionnelle et sa valeur personnelle. Elle
sait mieux que quiconque, que si le Conseil de l'Europe est la maison des
droits de l'homme, il nous faut toujours rester très attentifs au
développement de ces droits.
La Convention européenne de sauvegarde des Droits de l'Homme et des
Libertés fondamentales, l'acte fondateur en la matière,
adoptée dès sa première année d'existence par le
Conseil de l'Europe, était tout entier un texte de liberté,
presque libertaire, une véritable machine de guerre contre le carcan
soviétique alors triomphant. Cependant nous savons, et ce de
façon constante, qu'entre le fort et le faible, c'est paradoxalement la
liberté qui opprime et la loi qui protège. Tout l'effort de notre
civilisation européenne est de substituer à la liberté du
plus fort d'exploiter les plus faibles, la protection légale des plus
vulnérables et, d'abord, des enfants.
Cette protection a pris notamment la forme d'une interdiction du travail des
enfants en deçà d'un âge qui s'est peu à peu
relevé. C'est là, désormais, une valeur partagée
par tout notre continent européen. Comment ne pas s'en
réjouir ? Sans doute subsiste-t-il, çà et là,
des disparités quant à cet âge minimum ou même des
lacunes qu'il convient bien entendu de combler.
J'approuve totalement la démarche proposée, subordonnée,
"
au principe de l'intérêt supérieur de
l'enfant
". Selon cette démarche, nous sommes invités,
en Europe, à éliminer sans délai " les modes
intolérables de travail des enfants " et à lutter plus
généralement contre toute forme d'exploitation du travail des
enfants.
Toujours selon cette démarche, les sanctions commerciales ou le
développement de labels certifiant que les produits n'incorporent pas de
travail d'enfant, peuvent être envisagés par l'Europe dans ses
relations économiques extérieures, mais seulement à titre
subsidiaire, en complément de programmes de réhabilitation et de
développement.
Je voudrais, pour ma part, insister sur le fait que les familles qui
tolèrent, voire encouragent, le travail de leurs enfants, ne le font
- cela a été souligné par plusieurs orateurs -
pas toujours par malignité ou goût du profit mais parce que c'est
souvent pour elles une question de survie. Le magazine de notre
Assemblée parlementaire Les Européens rappelle que c'est en
Afrique que l'on observe le taux le plus élevé d'enfants au
travail, jusqu'à 55 % au Mali, encore que ce chiffre ne
distingue pas entre les fillettes et les jeunes garçons : on
observerait sans doute que près de trois quarts des petites filles sont
astreintes à divers travaux et ne reçoivent aucune
éducation scolaire.
Notre Assemblée se doit de consacrer un rapport spécifique
à cette inégalité qui est non seulement choquante en
termes de respect des individus, mais absurde et dangereuse, puisqu'il est
désormais établi que l'éducation des filles est le seul
élément déterminant de la maîtrise de la
démographie et par conséquent du développement. Lutter
contre le travail des enfants, c'est d'abord s'attaquer aux conditions qui le
rendent indispensable dans des familles où chacun, et dès le plus
jeune âge doit gagner son pain.
C'est pourquoi, je félicite notre rapporteur de suggérer une
recommandation qui vise non seulement des mesures réglementaires
directes mais également une action plus générale de
réhabilitation subordonnée à l'intérêt
supérieur de l'enfant.
Je voterai donc pour la recommandation, tout en souhaitant interroger notre
rapporteur sur la formulation de la fin du paragraphe 4 dont une
phrase me semble superflue, voire contraire même au sens de l'ensemble du
rapport, car elle risquerait d'être interprétée comme un
consentement de notre part au travail des enfants. Il s'agirait en effet,
d'après le rapport, d'assurer aux enfants qui combinent l'école
et le travail "
une forme d'enseignement adéquate et
souple
". Si notre rapporteur et nos collègues en
étaient d'accord, peut-être vaudrait-il mieux renoncer à
cette formulation ".
Après lecture du projet de recommandation par le Président,
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
reprend alors la
parole lors de la discussion des amendements pour soutenir l'amendement oral
suivant :
" Je veux simplement poser de nouveau la question formulée dans mon
intervention. Il s'agit de supprimer l'avant-dernière phrase du
paragraphe 4 du projet de recommandation : "
Il faut
assurer à ces enfants au travail une forme d'enseignement
adéquate et souple
. "
Même si ma proposition n'a pu faire l'objet d'un amendement écrit,
je crois qu'elle est importante. Car la phrase en cause équivaut
à admettre que l'on maintient la situation de l'enfant au travail,
puisqu'on lui reconnaît aussi la nécessité d'une forme
d'enseignement adéquate et souple.
Nous nous sommes battus toute la matinée contre le travail des enfants.
Si c'est pour simplement constater que les enfants vont rester au travail, et
qu'il s'agit de leur assurer un "
enseignement adéquat et
souple
", Nous allons en sens contraire de l'esprit du rapport.
La phrase dont je parle est supprimée, la phrase suivante explique le
souhait du rapporteur, à propos de ceux qui resteront quand même
au travail - car on ne peut pas tout régler :
" Tout enfant
doit bénéficier d'une éducation gratuite et
appropriée ...
". Voilà qui répond bien au souci
du rapporteur ! ".
Dans le débat qui a suivi, la proposition de
M. Nicolas ABOUT
,
présentée comme un amendement oral, n'a pas été
retenue par le rapporteur de la Commission des questions sociales, de la
santé et de la famille dans la mesure où cette proposition
apportait, selon lui, un changement de fond auquel il s'opposait. Il en a donc
repoussé l'examen.
A l'issue du débat, la recommandation 1336 contenue dans le rapport
7840 a été adoptée, amendée.
11. Mise en oeuvre de l'Accord de Dayton pour la Paix en Bosnie et Herzégovine, et fonctionnement des institutions de protection des droits de l'homme en Bosnie et Herzégovine (Jeudi 26 juin)
L'objectif de ce rapport est de faire le point sur
l'application de
l'Accord de Dayton en prévision des élections municipales qui
doivent avoir lieu les 13 et 14 septembre prochain.
Les rapporteurs constatent - non sans réserve - que des progrès
ont été accomplis ces 18 derniers mois : le fonctionnement
des structures politiques communes s'est amélioré, mais le
dialogue reste difficile entre les deux entités -
Fédération de BIH et Republiki Srpska- ; 200.000
réfugiés sont retournés dans les lieux où ils
habitaient avant la guerre, mais la plupart ont rejoint les " zones
majoritaires ", c'est-à-dire celles sous la contrôle de leur
groupe ethnique ; l'information est plus objective et
équilibrée grâce à des médias
indépendants qui bénéficient d'un soutien international,
mais ce sont toujours les radios et télévisions qui sont aux
mains des partis au pouvoir qui jouent un rôle décisif dans la
formation de l'opinion publique.
Toutefois, le renforcement des relations de la Bosnie et Herzégovine
avec le Conseil de 1'Europe exigera des progrès supplémentaires,
notamment en ce qui concerne le respect des droits de l'homme, la
coopération avec la Tribunal criminel international pour
l'ex-Yougoslavie et la liberté de déplacement, y compris celle
passant par le rétablissement des communications
téléphoniques et postales entre les deux entités.
Le texte de la résolution de l'Assemblée demande à la
République fédérale de Yougoslavie et à la Croatie
de contribuer activement, avec les autorités et les deux entités
de Bosnie et Herzégovine, à la création des conditions qui
permettront la tenue d'élections municipales.
Une nouvelle délégation d'invités spéciaux du
Parlement de Bosnie et Herzégovine, dont les cinq membres sont des
parlementaires venant de deux entités - Fédération de
Bosnie et Herzégovine et Republika Srpska - et appartenant aux partis au
pouvoir ou aux partis d'opposition devrait assister aux travaux de
l'Assemblée pour la première fois pendant la session de juin.
La résolution 1130 contenue dans le rapport 7842 est adoptée,
amendée, à l'issue du débat. Puis la recommandation 1337
est adoptée à l'unanimité, telle que proposée dans
le rapport 7833.
12. Traité sur la Charte européenne de l'énergie - Intervention de M. François LESEIN, sénateur (RDSE) (Vendredi 27 juin)
Le
rapport rappelle que, en décembre 1991, 51 Etats ont adopté la
Charte européenne de l'énergie qui vise à faciliter la
coopération dans le domaine de l'énergie entre des Etats
autrefois séparés par le rideau de fer. Cette Charte a
donné naissance à un instrument juridique contraignant en droit
international, le Traité sur la Charte de l'énergie ouvert
à signature en décembre 1994.
Ce texte vise à améliorer la sécurité
énergétique en Europe, à stimuler le commerce et le
transport d'énergie à échelle du continent et à
promouvoir la reprise et la croissance économiques dans les pays
d'Europe centrale et orientale et dans la CEI. Il a été
signé, depuis lors, par 49 Etats ainsi que par l'Union européenne.
Le Traité sur la charte de l'énergie constitue un progrès
majeur dans la réglementation d'activités du secteur
énergétique comme l'investissement (surtout ceux
déjà réalisés), le commerce et le transfert des
bénéfices, ainsi que dans l'élaboration d'un
mécanisme consacré au respect des obligations et au
règlement des différences (il octroie explicitement des droits
aux entreprises au dépend des Etats et les obligations entre ces
derniers sont également contraignantes).
Le Traité reconnaît explicitement les droits souverains des Etats
sur les ressources énergétiques, tout en proposant un
système d'investissement ouvert dans le secteur de l'énergie.
Il donne un cadre juridique à la coopération paneuropéenne
Est-Ouest dans un secteur qui revêt une importance capitale pour
l'économie et la politique mondiales. Il doit néanmoins
être ratifié par 30 Etats pour entrer en vigueur et, actuellement,
seulement 18 ont mené à terme le processus de ratification. Des
négociations ont par ailleurs été entamées et
progressent dans des domaines complexes qui ne sont pas suffisamment
réglementés par la Traité tels que l'environnement ou les
équipements liés à l'énergie.
Les politiques énergétiques peuvent jouer un rôle
prépondérant dans la maintien de la paix et de la
stabilité en Europe et c'est pourquoi il est urgent que ce Traité
soit appliqué. Le rapport de M. Tomas Olrich invite donc les Etats
membres du Conseil de l'Europe à renforcer leur collaboration dans le
secteur énergétique, aussi bien dans le cadre du Traité
qu'en dehors de celui-ci. Il appelle les Etats à ratifier le
Traité et à mettre pleinement en oeuvre ses dispositions afin de
parvenir à une plus grande cohérence des politiques
énergétiques.
M. François LESEIN, sénateur (RDSE),
intervient en ces
termes :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, je veux, bien
sûr, féliciter notre collègue, M. Olrich, pour le
travail approfondi dont rendent bien compte le rapport et son annexe.
Si les effets sur la santé humaine de l'accident de Tchernobyl sont, dix
ans après, mesurables - sinon hélas ! toujours curables -
qui peut en évaluer les effets sur l'environnement dans toute la
région ? Mais il est un effet de l'accident de Tchernobyl plus
difficile encore à cerner : l'irruption violente, dans le
débat politique, de l'impératif international de la protection de
l'environnement.
La charte signée en 1991 par cinquante et un Etats tend à
organiser la coopération dans le domaine de l'énergie,
c'est-à-dire dans un domaine capital pour la vie économique mais,
nous le savons également désormais, extrêmement sensible
pour la protection de l'environnement, non seulement dans l'immédiat,
mais aussi pour les générations à venir.
J'y vois un texte exemplaire qui concilie des mesures de libéralisation
du marché, de sécurité des investissements et des
approvisionnements, et la protection de l'environnement. D'ordinaire, ces
impératifs font l'objet de textes distincts quand ils ne sont pas
présentés comme antagonistes.
Je me félicite donc que notre Assemblée vienne appuyer cette
charte dont la procédure de ratification est précisément
en cours devant le Parlement français. Je partage également le
souci de notre rapporteur de voir ratifier simultanément le protocole
annexé à la charte. Il précise des dispositions visant
à l'efficacité énergétique et impose le respect des
aspects environnementaux.
Pour que ce traité produise tous les effets bénéfiques
qu'en attendent aussi bien les consommateurs que les investisseurs ou encore
les Etats producteurs d'énergie, il manque sans doute encore un texte
complémentaire assurant la protection des investissements, notamment
pendant la phase dite de préinvestissement particulièrement
importante dans le développement des projets d'exploitation
d'énergie.
Je me réjouis également de la constitution d'un espace de
solidarité à l'échelle de tout le continent
européen et même d'une large partie de l'Asie, qui devrait,
à terme, ne constituer qu'un seul grand marché de
l'énergie régi non seulement par les règles de
transparence, d'ouverture et de concurrence qui doivent assurer la
stabilité des approvisionnements et l'offre au meilleur prix, mais
également par les mêmes règles de respect de
l'environnement.
Je voudrais cependant évoquer les questions connexes auxquelles la
charte, dans son état actuel, n'apporte pas encore les réponses
nécessaires.
Tout d'abord, le fait que ni les Etats-Unis ni le Canada n'adhèrent au
traité me semble préoccupant. En effet, il s'agit d'un texte de
libéralisation économique et l'on ne peut que s'étonner de
voir certains champions de la libre concurrence et de la globalisation invoquer
la protection de leurs intérêts nationaux pour refuser leur
signature.
Là encore, risque de se poser le problème de la
réciprocité des avantages dans les relations entre un espace
où la libre concurrence va devenir effective et un espace, quoi qu'on en
dise, toujours protégé.
Enfin, le relatif échec de la récente Conférence des
Nations Unies qui devait faire le point sur les engagements de
" l'Agenda 21 " adopté à la Conférence
mondiale de Rio montre bien que le problème d'une gestion rationnelle de
l'énergie et particulièrement des énergies fossiles, donc
non renouvelables, reste entier. D'autant plus que la mesure précise des
pollutions créées par telle ou telle sorte d'énergie reste
à inventer.
Il y a là un défi que notre Assemblée s'attachera
certainement à relever pour développer une culture de
l'efficacité énergétique permettant un
développement durable, culture qui se diffusera à travers tous
les parlements du continent européen représentés ici
à Strasbourg.
Lorsque l'on sait que le continent européen représente
près du quart de la consommation mondiale d'énergie, un consensus
sur une vision à long terme de la gestion des approvisionnements
énergétiques et des effets sur l'environnement peut être un
élément d'entraînement pour les zones où l'on refuse
encore cette prise de conscience.
Je souhaite donc que notre Assemblée continue d'étudier ces
questions déterminantes pour notre avenir commun et qu'elle soit le
creuset du nécessaire consensus paneuropéen ".
La résolution 1131, contenue dans le rapport 7838, amendée,
est adoptée à l'unanimité.
V. QUATRIEME PARTIE DE LA SESSION (STRASBOURG - du 22 au 26 septembre 1997)
1. Introduction
L'Assemblée parlementaire a tenu à Strasbourg la
quatrième partie de sa session ordinaire de 1997 du
lundi 22 septembre au vendredi 26 septembre.
Au cours de cette quatrième et dernière partie de sa session
ordinaire, l'Assemblée a entendu :
- le mardi 23 septembre, une allocution de
M. Pierre
MOSCOVICI
, ministre délégué aux Affaires
européennes, qui a répondu en particulier aux questions de
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc), de
MM. Jacques
BAUMEL
, député (RPR) et
Daniel HOEFFEL
,
sénateur (UC) (documents 7907 et 7919).
- le jeudi 25 septembre, une allocution de
M. Juan Ignacio BARRERO
VALVERDE
, Président du Sénat espagnol.
Au cours de cette quatrième partie de session, l'Assemblée a
également délibéré des points suivants :
- le rapport d'activité du Bureau de l'Assemblée (rapport
7902
et ad
I, II et III) ;
Mme Josette DURRIEU
,
sénateur (Soc), a pris la parole dans ce débat avant que
l'Assemblée ne prenne acte du rapport et de ses annexes ;
- les obligations et engagements de la République tchèque en
tant qu'Etat membre du Conseil de l'Europe (Rapport 7898
et ad
et
adoption de la Recommandation 1338 clôturant la procédure de
suivi) ;
- les obligations et engagements de la Lituanie en tant qu'Etat membre du
Conseil de l'Europe (Rapport 7896 et adoption de la Recommandation 1339
clôturant la procédure de suivi) ;
- les effets de la détention sur le plan familial et social ;
M. Daniel HOEFFEL
, sénateur (UC), est intervenu dans ce
débat (Rapport 7816 et adoption de la Recommandation 1340) ;
- la demande d'avis du Comité des ministres sur un protocole
à la Convention du Conseil de l'Europe sur la bio-médecine, et
visant à interdire le clonage d'êtres humains ;
MM. Jean-François MATTEI
, député (UDF) et
Claude BIRRAUX
, député (UDF), sont intervenus dans ce
débat (Demande d'avis révisé 7884 révisé,
Rapport 7895, Avis 7906 et adoption de la Directive 534) ;
- les politiques spatiales européennes : dans ce débat,
introduit par exposé de
M. Antonio RODOTÀ
, Directeur
de l'Agence spatiale européenne,
M. Jean-François LE
GRAND
, sénateur (RPR),
Mme Josette DURRIEU
,
sénateur (Soc) et
M. Claude BIRRAUX
, député
(UDF), ont pris la parole (Rapport 7875 et adoption de la Recommandation
1341) ;
- la protection de la vie privée ; ce point a
été inscrit à l'ordre du jour selon la procédure du
débat d'actualité, à la demande, notamment, de
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc), au nom de la
délégation française qu'elle préside ;
- l'organisation d'une conférence parlementaire pour renforcer les
systèmes démocratiques en Europe et la coopération dans la
lutte contre le terrorisme (Rapport 7876, Avis 7904 et adoption de la
Résolution 1132) ;
- la situation en Albanie :
M. Daniel HOEFFEL
,
sénateur (UC), est intervenu dans ce débat (Rapport 7892 et
adoption de la Résolution 1133) ;
- la contribution de l'Assemblée parlementaire au deuxième
sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays membres du Conseil de
l'Europe, débat organisé selon la procédure d'urgence
(Rapport 7921 et Recommandation 1342) ;
- les mines terrestres antipersonnel et leurs conséquences
humanitaires, le débat étant introduit par un exposé de
M. Cornelio SOMMARUGA
, Président du Comité
international de la Croix-Rouge, et se poursuivant notamment par l'adoption
d'un amendement présenté par
MM. Jean BRIANE
,
député (UDF) et
Claude BIRRAUX
, député (UDF)
(Rapport 7891, adoption de la Recommandation 1343 et de la Directive
535) ;
- l'élargissement du Conseil de l'Europe : compétences
budgétaires et administratives de l'Assemblée, débat dans
lequel sont intervenus
M. Bernard SCHREINER
, député
(UDF), en qualité de Président de la commission du budget et du
programme de travail intergouvernemental, et
Mme Josette DURRIEU
,
sénateur (Soc), (Rapport 7900, adoption de la Recommandation 1344
et de la Directive 536) ;
- la protection des minorités nationales :
M. Nicolas
ABOUT
, sénateur (ap. RI), a pris la parole dans ce débat
(Rapport 7899, Avis 7922 et adoption de la Recommandation 1345) ;
- les activités de l'Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE), le débat étant
traditionnellement élargi à des délégations d'Etats
non membres pléniers du Conseil de l'Europe, comme le Canada ou le Japon
(qui ont cependant le statut d'observateur depuis 1996) ou encore le Mexique.
Après une allocution de
M. Donald J. JOHNSTON
,
secrétaire général de l'OCDE,
M. Jean BRIANE
,
député (UDF), en sa qualité de Président de la
commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des
pouvoirs locaux, ainsi que
M. Jean VALLEIX
, député
(RPR), sont intervenus dans ce débat (Rapport 7877, Avis 7908 et
adoption de la résolution 1134) ;
- les implications pour l'Europe et pour le monde de la " Loi sur la
démocratie cubaine " (dite
Loi Helms-Burton
) votée
par le Congrès des Etats-Unis d'Amérique (Rapport 1881 et
adoption de la Résolution 1135) ;
- le partenariat européen des parlements nationaux au sein de
l'Assemblée parlementaire (Rapport 7903, adoption de la
Résolution 1136 et de la directive 537) ;
- la création d'une commission sur l'égalité des
chances pour les femmes et les hommes :
M. Daniel HOEFFEL
,
sénateur (UC), s'exprimant au nom du groupe PPE, ainsi que
Mme Yvette
ROUDY
, députée (Soc), sont intervenus dans ce débat
(rapport 7890), le vote sur la proposition de Résolution ayant dû
être reporté, faute du quorum réglementaire ;
- l'éducation aux droits de l'homme (Rapport 7887 et adoption de la
Recommandation 1346) ;
- au cours de cette session, l'Assemblée a élu le
Secrétaire général adjoint du Conseil de l'Europe en la
personne de
M. Hans Christian KRUGER
, de nationalité
allemande.
Enfin, plusieurs membres de la délégation française ont
contribué aux travaux de l'Assemblée :
Mme Josette DURRIEU
, sénateur (Soc), a déposé une
Déclaration écrite au sujet des événements en
Algérie, cosignée par plusieurs de ses collègues ;
Elle a également déposé une proposition de Recommandation
et une proposition de Directive sur la relance de l'Europe politique
cosignée par plusieurs de ses collègues.
MM. Jacques BAUMEL
, député (RPR) et
Jacques
LEGENDRE
, sénateur (RPR), ont déposé une proposition
de Recommandation visant à la protection du patrimoine hospitalier et
militaire de caractère historique, cosignée par plusieurs de
leurs collègues.
2. Rapport d'activité du Bureau - Intervention de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Lundi 22 septembre)
Le
rapporteur fait observer que le Bureau a tenu trois réunions depuis la
session de juin. Il s'est consacré à la préparation de sa
mission d'observation aux élections en Albanie et en Bosnie et
Herzégovine et au suivi des travaux concernant le 2e Sommet du Conseil
de l'Europe.
S'agissant de la surveillance des élections, le Conseil de l'Europe
s'est attaché à favoriser le dialogue entre les forces politiques
albanaises et à développer les conditions propices au
rétablissement de la démocratie dans ce pays. Le rapporteur rend
hommage aux collègues présents sur le terrain et en particulier
à Sir Russel Johnston, président de la
délégation. Le déroulement des élections a
été considéré comme satisfaisant ainsi qu'en
témoigne le rapport de M. Hadjidemetriou contenu dans le
document 7902, addendum n° 1.
L'Albanie doit avant tout penser à bâtir son avenir. Le Conseil de
l'Europe doit apporter sa contribution à cette tâche et aider
l'Albanie à engager les réformes nécessaires au
rétablissement de la stabilité démocratique.
Des observateurs du Conseil de l'Europe ont également participé
au suivi des élections municipales en Bosnie et Herzégovine. Une
forte participation a marqué ces élections pacifiques, en net
progrès par rapport aux élections nationales de l'année
dernière. Pour la première fois, des collectivités locales
ont été élues démocratiquement en Bosnie et
Herzégovine. Dans le cadre de ce processus électoral, la
situation des droits de l'homme dans ce pays a pu être utilement
analysée, ce qui permettra de donner une juste information lors de
l'examen de la demande d'adhésion de la Bosnie et Herzégovine au
Conseil de l'Europe.
Le Bureau a établi la liste des candidats au Comité
européen pour la prévention de la torture et des peines ou
traitements inhumains ou dégradants. Le rapporteur lance un appel aux
différentes délégations et demande la plus grande
attention de celles-ci lors de la désignation des candidats au CPT.
Mme DURRIEU, sénateur (Soc),
prend alors la parole en ces
termes :
" Madame la Présidente, je ne souhaite pas intervenir dans le
débat qui vient de s'engager, mais uniquement dans la perspective du
prochain sommet et sur le travail préparatoire réalisé par
le Bureau, sous votre présidence, ce dont nous vous remercions, avec le
concours des deux rapporteurs, MM. Jean SEITLINGER et Miguel MARTÍNEZ.
Ce sommet est un événement important. Nous nous
réjouissons qu'il ait lieu sous la présidence de la France. Je
pense qu'il concrétisera les avancées normales que nous
enregistrons nous-mêmes dans le domaine de la démocratie, des
droits de l'homme, de la cohésion sociale, de la sécurité,
de la diversité culturelle. Mais j'observe qu'il est un point sur lequel
nous n'avons peut-être pas suffisamment poussé les prospectives,
à savoir l'avenir politique et institutionnel de l'Europe. Une fois de
plus, cette préoccupation n'aura pas été la
préoccupation essentielle du sommet. C'est dommage.
J'évoquerai un autre problème qui ne semble pas non plus avoir
trouvé de réponse satisfaisante et sur lequel, par
conséquent notre vigilance reste grande. Il s'agit tout simplement de la
question budgétaire et des moyens du Conseil de l'Europe. Ses missions
sont importantes et il s'est élargi mais ses moyens sont
insuffisants : son autonomie n'existe pas !
Il est évident qu'il est temps d'envisager que le crédit global
de cette assemblée composée de parlementaires élus, venant
de leurs parlements respectifs, soit débattu en amont avec le
Comité des Ministres. En cela, nous pourrions suivre les propositions
formulées par notre collègue Miguel Angel Martínez, afin
que nous fonctionnions de la même façon que l'Union de l'Europe
occidentale.
Pour terminer, j'aborderai un sujet qui ne fait pas directement l'objet du
rapport, mais qui fait partie de nos préoccupations. En tant que
présidente de la sous-commission Nord-Sud du Conseil de l'Europe et,
donc, membre du Centre Nord-Sud qui siège à Lisbonne, je poserai
le problème de la tragédie algérienne.
Les populations algériennes sont victimes d'un terrorisme aveugle. La
défense des droits de l'homme ne s'arrête pas à nos
frontières. Nous pouvons difficilement continuer à être
préoccupés par ce qui se passe sur notre continent et rester
silencieux sur ce qui se passe à l'extérieur de nos
frontières.
Enfin, aujourd'hui, le Secrétaire général de l'ONU
commence à s'exprimer et tente d'engager le dialogue. Le
président de la Fédération internationale des droits de
l'homme a rappelé que la communauté internationale avait non
seulement des droits mais aussi des devoirs pour " défendre le
caractère sacré de la vie ". L'Union européenne
commence à aborder le problème.
Madame la Présidente, je vous pose la question : le moment n'est-il
pas venu pour notre Assemblée de donner publiquement son point de vue
sur cette stratégie et de prendre des initiatives ? "
A l'issue de la discussion, l'Assemblée a donné acte du
rapport d'activité du Bureau (Rapport 7902 et addendums).
3. Obligations et engagements de la République tchèque en tant qu'Etat membre (lundi 22 septembre)
Les
rapporteurs font une évaluation globale positive de l'évolution
de la République tchèque, quoiqu'ils considèrent qu'elle
doive encore faire des efforts dans certains domaines, il s'agit notamment de
la fonction publique et de la citoyenneté ainsi que de la
minorité Rom.
En effet, les rapporteurs ont mis l'accent sur la prorogation de la loi
d'épuration des structures administratives, qui peut sur certains
points, entrer en contradiction avec la Convention européenne des Droits
de l'Homme. Cette loi empêche les personnes ayant occupé certains
postes au gouvernement ou au parti communiste ou anciens membres de la
Sûreté ou de la milice populaire de faire partie de
l'administration de l'Etat ou de l'armée, ainsi que des radio et agence
de presse publiques. Cependant, la République tchèque n'est pas
le seul pays où une telle loi est en vigueur, dans l'attente de
l'adoption d'une loi définitive sur la fonction publique. C'est dans ce
contexte que les rapporteurs appuient l'initiative visant à ce que le
Comité européen de coopération juridique mette au point un
code européen de la fonction publique.
Les rapporteurs relèvent, d'autre part, que la loi sur la
citoyenneté, même si elle a été largement
améliorée depuis l'année dernière, pose encore
quelques problèmes pour les membres de la minorité Rom.
Lors de leur visite en République tchèque les 27 et
28 août dernier, les rapporteurs (qui ont rencontré le
Président du Parlement, différents ministres, des
représentants de la communauté Rom, de divers ministères,
de la Cour constitutionnelle, et le maire de la ville de Most, entre autres),
ont eu aussi l'occasion d'aborder d'autres problèmes auxquels sont
confrontés les Rom. Tout en reconnaissant l'effort fourni dans le
domaine culturel, le gouvernement tchèque, selon eux, devrait s'engager
plus activement contre la discrimination que subissent les Rom. Dans ce
contexte, la coopération de la Commission européenne contre le
racisme et l'intolérance est jugée indispensable.
La recommandation 1138 contenue dans le rapport 7898, amendée, est
adoptée.
4. Obligations et engagements de la Lituanie en tant qu'Etat membre (Lundi 22 septembre)
Selon
les rapporteurs, l'évaluation de base effectuée par la Commission
de suivi de l'Assemblée parlementaire sur l'évolution en Lituanie
apparaît comme étant essentiellement positive. Effectivement,
l'Assemblée se félicite des progrès réalisés
par la Lituanie en vue de consolider la prééminence du droit, de
promouvoir le respect des droits de l'homme, de mettre sa législation et
sa politique en conformité avec les principes du Conseil de l'Europe et
d'établir des relations de bon voisinage avec les pays qui l'entourent.
Néanmoins, même si la plupart des engagements pris par la Lituanie
lors de son adhésion au Conseil de l'Europe (14 mai 1993) ont
été respectés, il existe certaines questions sur
lesquelles l'Assemblée tient à poursuivre son dialogue avec les
autorités lituaniennes : les réformes de l'administration
locale, la nouvelle loi sur la prévention de la criminalité
organisée, la révision des dispositions du Code de
procédure pénale sur la durée de la détention
provisoire, le projet de résolution sur l'abolition de la peine de mort
(comme base juridique pour l'actuel moratoire), les questions relatives aux
minorités nationales.
L'Assemblée recommande au Comité des ministres de reconduire les
domaines prioritaires définis pour la Lituanie dans le cadre des
programmes de coopération et d'assistance du Conseil de l'Europe
(notamment le programme commun avec la Commission des Communautés
européennes), de maintenir le niveau actuel des ressources qu'il affecte
à ces programmes et d'examiner, dans le cadre de sa propre
procédure de suivi, la question de la mise en oeuvre par la Lituanie de
sa nouvelle loi sur la prévention de la criminalité
organisée, eu égard à son engagement quant à la
protection des droits de l'homme.
La recommandation 1139 contenue dans le rapport 7896 est adoptée,
amendée.
5. Effets de la détention sur les plans familial et social - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Lundi 22 septembre)
Le
rapporteur estime que la détention à vie n'est pas seulement une
privation de liberté, elle engendre une quantité de
problèmes sociaux, en privant les conjoints de leur partenaire et les
enfants d'un parent, en plongeant la famille dans les difficultés
financières et en lui faisant perdre son statut. L'absence de travail en
prison peut conduire à l'aliénation mentale -voire au suicide- et
les anciens détenus ont du mal à reconstruire leur vie.
Le rapport étudie nombre de problèmes sociaux liés
à la détention et examine des projets pilotes mis en oeuvre en
Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis pour améliorer la vie des
détenus. Diverses mesures sont proposées aux gouvernements :
- des systèmes de " semi-détention " permettant au
détenu de conserver son travail et ses liens familiaux ;
- des prestations sociales, des services d'assistance et de secours
d'urgence pour les familles des détenus ;
- l'humanisation des conditions de visite des conjoints et des enfants par
l'aménagement d'espaces où les détenus peuvent s'isoler
avec leurs visiteurs ;
- une amélioration des services médicaux et psychiatriques
dans les prisons ;
- le développement de la réinsertion professionnelle par une
éducation et une formation réelles, adaptées aux
conditions du marché ;
- des mesures spéciales pour les détenus étrangers,
par exemple l'accès à des services d'interprétation et de
traduction, la liberté de culte et de relation avec leurs consulats.
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
formule les observations
suivantes :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, je n'ai pas
d'observation particulière à formuler sur le projet de
recommandation lui-même et je tiens à rendre hommage, comme tous
les intervenants précédents, au travail de grande qualité
réalisé par notre rapporteur.
En revanche, plusieurs des propositions de l'annexe jointe à ce rapport
- elle reproduit le projet d'une association - me semblent se tromper de
priorité. Je ne m'étendrai pas sur les actions qui valent
à certaines personnes de se trouver en prison. Malheureusement, mes
chers collègues, nous savons qu'elles marquent trop souvent nos
sociétés actuelles.
Sans doute notre devoir de responsables politiques est-il de tout mettre en
oeuvre pour réinsérer socialement les délinquants et notre
foi en l'homme ne doit-elle jamais se décourager. Sans doute aussi
faut-il repenser les systèmes de détention pour qu'ils
préparent davantage et mieux la réhabilitation. Sans doute nous
faut-il nous préoccuper des familles des détenus - je suis
à cet égard très sensible aux propositions
formulées par le rapporteur ainsi qu'aux observations exprimées
par Mme Bribosia-Picard.
Cependant, tout en nous préoccupant du régime alimentaire ou de
l'extension des droits de visite aux prisonniers, je souhaiterais que nous
pensions aussi et davantage aux victimes qui souvent sont laissées non
seulement dans un désarroi moral très grand mais qui doivent
aussi affronter les conséquences matérielles de l'agression subie.
Aussi, mes chers collègues, m'abstiendrai-je dans le vote sur le projet
de recommandation parce que je ne voudrais pas que ce texte qui, en
lui-même, je le répète, ne pose guère de
problème, puisse être interprété à la
lumière de considérations partisanes, par trop
étrangères à la souffrance des victimes comme aux
nécessités de l'ordre public.
Prenons garde au risque de favoriser le recours d'une opinion publique
désorientée à des thèses sécuritaires
lorsque nous adoptons des recommandations qui peuvent, dans l'esprit de
certains, apparaître plus favorables aux délinquants, y compris
les auteurs des crimes les plus odieux, qu'à leurs victimes.
Telle est la position que je tenais à expliquer tout en rendant encore
une fois hommage à la qualité du travail de notre rapporteur,
mais il faut tenir compte des préoccupations et de l'état
d'esprit des uns et des autres. "
M. Andreas GROSS intervient alors en tant que représentant du
président de la commission des questions sociales, de la santé et
de la famille pour répondre à
M. Daniel HOEFFEL
, que ce
débat très instructif a permis de parler de ceux qui se trouvent
en prison comme de ceux qui ne devraient peut-être pas y être car
ils sont soumis à des peines courtes pour lesquelles une solution de
substitution serait possible.
L'orateur rappelle que les détenus auxquels sont destinés les
travaux d'intérêt général sont par essence des
délinquants et non des criminels. Il n'y a donc pas lieu de craindre que
l'on oublie les victimes.
La recommandation 1340 figurant dans le rapport 7816, amendée, est
adoptée à l'unanimité.
6. Communication du Comité des ministres à l'Assemblée - Interventions de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc), MM. Jacques BAUMEL, député (RPR) et Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mardi 23 septembre)
M.
Pierre MOSCOVICI
, ministre délégué aux Affaires
européennes du Gouvernement français, prononce l'allocution
suivante en sa qualité de Président en exercice du Comité
des Ministres :
" Madame la Présidente, Monsieur le Secrétaire
général, Mesdames, Messieurs les parlementaires, les
circonstances particulières liées à la mise en place du
nouveau Gouvernement français n'ont pas permis au nouveau ministre
délégué chargé des affaires européennes que
je suis de venir vous présenter, au mois de juin dernier, le rapport
statutaire du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe dont la France
exerce, depuis le mois de mai dernier, et pour quelques semaines encore, la
présidence. Je vous prie de m'en excuser.
Il est vrai - ceci compense cela - que j'ai déjà eu le plaisir de
rencontrer, le 1er septembre à Paris, certains d'entre vous,
membres de la commission des questions politiques et du groupe ad hoc du Bureau
chargé de la préparation du sommet, pour un premier
échange de vues. Mais aujourd'hui, c'est devant vous tous, qui
représentez la seule assemblée parlementaire réunissant
les délégués de l'ensemble des parlements
démocratiques du continent, que j'ai l'honneur de me présenter.
Je vous remercie de l'occasion qui m'est offerte d'avoir avec vous cet
échange.
Si vous en êtes d'accord, je voudrais tout d'abord vous exposer, dans les
grandes lignes, les activités du Comité des Ministres et de leurs
délégués - MM. les ambassadeurs, que je salue ici
très cordialement - au cours des trois derniers mois.
Un rapport écrit est à votre disposition, mais je voudrais, pour
ma part, mettre l'accent, s'agissant des activités du programme
intergouvernemental, sur la tenue de deux conférences
ministérielles.
Tout d'abord, celle des ministres de la Justice des 10 et 11 juin à
Prague, avec la participation de ma collègue, Mme Guigou, dont
chacun connaît l'attachement à l'Europe. Ensuite, celle des
ministres de l'Education des 22 et 24 juin à Kristiansand, qui a permis
au Conseil de jouer son rôle de lieu de rencontres et d'échanges
paneuropéens sur tous les problèmes de l'éducation.
La quatrième session du Congrès des pouvoirs locaux et
régionaux, où siègent vos collègues
représentant les collectivités territoriales, s'est tenue au
début du mois de juin et a débattu de questions importantes,
telle celle de la Charte de l'autonomie régionale.
De manière générale, le Conseil de l'Europe n'a rien perdu
de son dynamisme pour élaborer de nouvelles normes juridiques :
après la signature de la Convention d'Oviedo sur la bioéthique ce
printemps, un protocole additionnel relatif à l'interdiction du clonage
des êtres humains est en cours de négociation et nous attendons
votre avis, cette semaine, sur ce sujet.
D'autres conventions sont en voie de finalisation, sur des thèmes aussi
variés que la protection de l'environnement par le droit pénal,
la protection des animaux vertébrés utilisés à des
fins scientifiques ou le transfert des personnes condamnées : ce
sont là des thèmes auxquels l'opinion est sensible et qui
prouvent que l'Europe des citoyens se construit ici aussi.
Deuxième point dont je voudrais vous entretenir : ces
développements conduisent tout naturellement à vous parler des
relations entre le Conseil de l'Europe et l'Union européenne. Je sais
que votre Assemblée, et en particulier les délégués
des pays candidats à l'Union, y portent - et c'est compréhensible
- une attention particulière.
Je note d'ailleurs d'intéressantes propositions de votre
Assemblée pour un renforcement de ces liens, par exemple, en ce qui
concerne la protection des minorités, la référence
à certains textes du Conseil de l'Europe dans les traités
d'association entre l'Union et les Etats candidats. Je ne peux que vous inciter
à resserrer également vos contacts avec le Parlement
européen, qui siégera encore pendant quelque temps dans cet
hémicycle, pour contribuer à renforcer cette coopération.
S'agissant du Comité des Ministres - Mme la Présidente y a fait
allusion - depuis la relance des " réunions quadripartites "
au cours de la présidence française de l'Union européenne
et la conclusion de l'échange de lettres de novembre 1996 entre le
Secrétariat et la Commission, d'importants progrès ont
été enregistrés.
Ainsi, lors de la dixième réunion " quadripartite ",
qui s'est tenue le 15 septembre dernier à Bruxelles, en
présence de mon collègue et ami luxembourgeois Jacques Poos,
Président du Conseil de l'Union européenne, du Commissaire Hans
Van den Broek et du Secrétaire général Daniel Tarschys,
j'ai évoqué plusieurs questions qui mettent en jeu les relations
entre les deux organisations et qui mériteraient, à mon sens, de
faire l'objet d'une concertation plus approfondie.
Il s'agit, tout d'abord, du renforcement de l'action dans le domaine social,
qu'il s'agisse de la ratification de la Charte sociale ou du
développement du rôle du Fonds de développement social du
Conseil de l'Europe.
Deuxième question : la consolidation de la démocratie, la
protection des droits de l'homme et la primauté du droit dans la
Fédération de Russie, en Ukraine et dans les nouveaux Etats
indépendants, membres ou candidats à l'adhésion au Conseil
de l'Europe.
Troisième question : la lutte contre la xénophobie et
l'intolérance, par l'instauration d'une coordination étroite
entre l'Observatoire européen de Vienne et la Commission contre le
racisme et l'intolérance du Conseil de l'Europe.
Quatrième question, fondamentale : la coordination en cas de crise.
A ce sujet, j'évoquerai quelques situations.
D'abord, celle de l'Albanie, où le Conseil de l'Europe, l'Union
européenne et d'autres acteurs doivent continuer, dans le cadre de la
coordination interinstitutionnelle que la communauté internationale a
confiée à l'OSCE, à conjuguer leurs efforts - car il
s'agit bien de conjuguer les efforts et non pas de se concurrencer - pour
restaurer la stabilité de ce pays et la confiance de ses habitants.
Ensuite, celle du Bélarus, dont vous avez suspendu le statut
d'invité spécial, mais où se poursuivent - difficilement,
il faut le reconnaître - les contacts menés conjointement par
l'Union et le Conseil de l'Europe au sein d'un groupe tripartite.
Enfin, celle de la Bosnie et Herzégovine, dont vous venez d'observer les
élections municipales, avec le Congrès des pouvoirs locaux et
régionaux d'Europe et d'autres experts, alors que le Conseil de l'Europe
et l'Union européenne poursuivent sans relâche leurs efforts pour
encourager les forces de paix contre les mouvements nationalistes, en
contribuant au bon fonctionnement des institutions et à la
reconstruction économique et civique.
C'est la raison pour laquelle le Comité des Ministres vient de
désigner un nouveau juge à la Chambre des droits de l'homme. Je
voudrais vous rappeler, à cet égard, que la France a posé
sa candidature pour prendre la présidence de cette chambre et vous
annoncer qu'elle a décidé de verser une contribution volontaire
de 600 000 francs pour lui permettre de faire face à ses dépenses
de fonctionnement.
Enfin, nous avons souligné l'importance, lors de cette réunion
quadripartite, y compris à la lumière du futur traité
d'Amsterdam, du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement et du plan d'action
qui devrait être adopté à cette occasion. La France
souhaite une large contribution de l'Union, et en particulier de la Commission,
que nous appelons à faire preuve d'esprit d'ouverture à cet
égard, à la mise en oeuvre de ce plan, notamment en ce qui
concerne ses aspects sociaux, la protection des jeunes contre la toxicomanie et
l'aide à la démocratisation.
Pour résumer mon propos, il est clair que dans mon esprit, les liens du
Conseil de l'Europe et de l'Union doivent être ceux d'une
complémentarité saine, d'une collaboration efficace et non pas
d'une concurrence stérile et dénuée de sens.
Le Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, qui se tiendra les 10 et 11
octobre dans cette salle même, sera l'occasion pour votre
Assemblée, et tout particulièrement pour votre présidente,
Mme Fischer, qui en a été l'initiatrice, de recueillir le fruit
de votre travail de préparation et de propositions, auxquelles MM.
Martínez et Seitlinger ont apporté une contribution qui
mérite d'être soulignée et que je salue ici.
Cette " réunion de famille " très exceptionnelle
devrait permettre l'adoption d'un plan d'action dont je voudrais dire quelques
mots, car le Comité des Ministres compte sur votre soutien, à
Strasbourg et dans vos capitales - comme le demande un rapport sur le
partenariat entre parlements nationaux et votre Assemblée que vous
examinerez dans quelques jours - pour sa mise en oeuvre pour les années
qui viennent.
De ce plan d'action, je ne rappellerai que les grandes lignes, pour me
féliciter qu'elles coïncident avec vos préoccupations.
Son premier axe est la démocratie et les droits de l'homme.
Le respect des engagements pris dans ce domaine requiert une vigilance
constante du Comité des Ministres, comme de votre part, et un dialogue
constructif entre nous et les Etats concernés. L'adoption hier de deux
recommandations sur la Lituanie et la République tchèque nous en
fournira l'occasion.
La deuxième direction est la cohésion sociale.
Le Conseil de l'Europe devra renforcer son action dans ce domaine pour
éviter que la " fracture sociale " - pardonnez cet emprunt
à un illustre Français - qui frappe nos sociétés ne
devienne une menace pour la démocratie, et pour veiller à ce
qu'à la division idéologique de l'Europe ne succède pas
une frontière économique et sociale, que nos Etats soient membres
ou non de l'Union européenne, puisque demain, cette question se posera
à nous.
La troisième direction est la sécurité des citoyens.
Je me félicite de l'inscription à votre programme de travail de
la lutte contre le terrorisme, comme de la manifestation constante de votre
préoccupation et de votre intérêt devant les multiples
menaces qui pèsent sur l'enfance et la jeunesse, qu'il s'agisse des
questions d'abus sexuels, sur lesquelles nous avons récemment
légiféré en France, ou du traitement de la violence dans
les médias par exemple.
Quatrième direction : les valeurs démocratiques et la
diversité culturelle.
Là aussi votre Assemblée fait diligence, avec le débat que
vous allez consacrer à l'éducation et aux droits de l'homme,
c'est-à-dire à la citoyenneté moderne. Cela implique aussi
la maîtrise des nouvelles technologies de l'information, dans le respect
des droits d'autrui.
Bref, nous attendons de ce 2e Sommet de Strasbourg qu'il soit le sommet de
l'adaptation du Conseil de l'Europe à ce nouveau contexte
européen qui doit être, avant tout, celui de la démocratie.
Je n'ai pas eu la prétention d'être exhaustif, mais j'ai voulu
montrer combien nous sommes, dans la préparation du sommet, attentifs
à vos préoccupations et à vos travaux.
Mesdames, Messieurs, le Comité des Ministres est pleinement conscient
des conséquences, y compris administratives et budgétaires, de
l'élargissement du Conseil de l'Europe, pour l'Assemblée
parlementaire comme pour l'ensemble de l'Organisation, dans la perspective de
son cinquantenaire qui interviendra, je le rappelle, en 1999.
C'est pourquoi le plan d'action appelle à entreprendre, d'ici ce
cinquantenaire, dans deux ans, un réexamen approfondi de ses
méthodes et de ses structures, afin de mieux adapter notre Organisation
à ces nouvelles tâches.
Je suis persuadé qu'avec votre aide, nous pourrons le mettre rapidement
en oeuvre, dans un souci de réalisme et d'ambition pour notre Conseil.
Par delà les divergences bien naturelles, nous devons nous mobiliser
avec ardeur dans ce but. Je suis confiant qu'avec la future présidence
allemande, qui prendra le relais le 6 novembre, nous obtiendrons d'excellents
résultats dans cette voie.
Madame la Présidente, Monsieur le Secrétaire
Général, Mesdames, Messieurs les parlementaires, Mesdames,
Messieurs les ambassadeurs, au terme de cette brève présentation
des travaux du Comité des Ministres, laissez-moi vous redire ma
très vive satisfaction d'être parmi vous et ma
disponibilité pour répondre à vos questions. "
Une série de questions portant sur les relations du Conseil de l'Europe
avec l'Union européenne est alors posée :
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
demande au Président
du Comité des Ministres comment il entend faire progresser la
coopération entre le Conseil de l'Europe et l'Union européenne et
quelles clarifications entre les compétences des deux organisations il
souhaite établir afin de consolider en Europe un réseau
d'institutions internationales complémentaires et plus efficaces,
notamment en période de crise (par exemple en Bosnie et en Albanie),
mais aussi pour renforcer la démocratie, la primauté du droit et
le respect des droits de l'homme qui sont les principes fondamentaux du Conseil
de l'Europe.
M. Jacques BAUMEL, député (RPR),
demande au
Président du Comité des Ministres quelles conséquences
peut comporter pour le Conseil de l'Europe l'orientation qui résulte du
Conseil européen d'Amsterdam qui semble privilégier un rapide
élargissement des adhésions au détriment d'un renforcement
des structures de l'Union européenne prenant ainsi le risque de
brouiller et d'affaiblir les différents processus de coopération
en Europe.
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
demande au Président du
Comité des Ministres quelles sont les initiatives qu'il envisage pour
assurer une meilleure coordination entre les institutions européennes,
et plus concrètement comment il compte valoriser le Conseil de l'Europe
afin que l'expérience de l'Organisation acquise dans le domaine du
respect de l'Etat de droit soit pleinement reconnue, notamment à
l'occasion des missions de contrôle d'élections et d'assistance
juridique dans les pays d'Europe centrale et orientale. "
M. Pierre MOSCOVICI
leur fait la réponse suivante :
" A Mme DURRIEU, je répondrai que notre attitude, qui est en
train de porter ses fruits et que nous entendons conserver et prolonger, est
fondamentalement pragmatique. La clarification des compétences, au sens
aussi d'une stricte dissociation des tâches, est impossible.
L'objectif que nous devons avoir est au contraire celui de la reconnaissance
réciproque des compétences pour lesquelles chaque organisation a
des qualités particulières, une valeur ajoutée à
faire valoir, sachant qu'elle peut mobiliser les ressources humaines,
financières et techniques de ses partenaires pour réaliser
l'objectif commun.
Comme je l'ai expliqué, l'un des thèmes importants de notre
dernière réunion " quadripartite " était la
coordination dans les pays en situation de crise. Avec moi, les autres
participants, Commissaire Van der Broke, M. Tarschys et le Président
Jacques Poos ont exprimé le souhait que le Sommet du Conseil de l'Europe
contribue plus avant à la réalisation de l'objectif consistant,
en Europe, à consolider un réseau d'institutions se
renforçant mutuellement.
Ils ont également convenu que l'Albanie était un bon exemple de
la façon dont on allie les compétences et les avantages
comparatifs des organisations internationales concernées. En outre, nous
nous sommes félicités de l'étroite coopération
existant entre l'Union européenne et le Conseil de l'Europe sur la
question du Bélarus sur laquelle, je répète, que pour
l'heure, nous sommes dans une convergence de vues dont on connaît les
conséquences, mais dont le pays concerné pourrait le premier
tirer les enseignements.
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
complète alors sa
question en ces termes :
" J'ai bien entendu le message de notre ministre et les réponses
qu'il a faites, anticipant sur nos questions d'ailleurs.
Je voudrais simplement insister un peu plus. Si la définition des
compétences est difficile je l'admets, la concertation doit être,
elle, mieux organisée. Je ne prendrai que deux exemples à ce
propos et je reviendrai sur l'Albanie. A un certain moment il a
été dit que le rôle de coordonnateur reviendrait à
l'OSCE. Cela avait été décidé par la
Communauté internationale. Je pose la question : qu'est-ce que la
Communauté internationale ?
Deuxième point : et pour le futur, lorsqu'il sera question de
l'élargissement, on murmure déjà que serait
peut-être mise en place une conférence européenne. Quelle
sera la place du Conseil de l'Europe dans cette conférence
européenne, sachant que sa compétence est grande ? "
M. Pierre MOSCOVICI
, Président du Comité des Ministres,
répond en ces termes :
"
Mme Josette DURRIEU
, que je salue en tant que présidente
de la délégation française, au nom du Comité des
Ministres et j'en suis sûr en votre nom, soulève beaucoup de
questions. Le temps qui m'est imparti est bref, j'irai donc vite.
La répartition des compétences est impossible mais la
clarification des compétences de chacun est possible. C'est notamment ce
que nous attendons du 2e Sommet, une sorte de recentrage des missions du
Conseil de l'Europe, sur ce vers quoi il a une valeur ajoutée plus
grande que les autres. Je pense que si on procède ainsi, on verra plus
aisément vers où on doit se tourner dans telle ou telle situation.
Il me semble que le Conseil de l'Europe n'a pas à rougir, n'a pas
à être inquiet. Il a des spécificités. Tout ne doit
pas passer par l'OSCE même si cette institution prend une place
spécifique importante dans la résolution des crises.
Quant à la conférence européenne, que la France appelle
effectivement de ses voeux, je voudrais dire ici qu'elle ne sera pas une
institution permanente, qu'elle ne sera en aucun cas concurrente du Conseil de
l'Europe, qu'elle aura une mission spécifique, celle de constituer le
forum dans lequel les pays de l'Union, les Quinze, les pays candidats à
l'adhésion qui seront onze, douze si on y inclut la Turquie - en tout
cas la Turquie dans notre esprit fait partie de la Conférence. Cette
Conférence aura une mission bien spécifique, qui ne recoupe en
aucun cas celle du Conseil de l'Europe, qui sera tout simplement de
préparer ces pays à l'adhésion.
Je sais qu'il y a ici de très nombreux représentants des pays
candidats. Ils comprendront que tout le monde doit être sur la même
ligne de départ et que pour ça, il faut non pas une institution,
mais un forum où on puisse débattre et débattre de
tout. "
M. Pierre MOSCOVICI
poursuit sa réponse :
" J'apprécie la question de
M. Jacques BAUMEL
relative aux
conséquences pour le Conseil de l'Europe du Traité d'Amsterdam -
qui n'est pas encore entré en vigueur, je le rappelle puisqu'il devra
être ratifié par les assemblées des pays concernés
ou par les peuples lorsqu'il y aura référendum. Certes, les
dangers qu'il évoque existent, mais justement, le prochain sommet, en
réaffirmant la mission propre, intrinsèque du Conseil de
l'Europe, doit nous permettre de les conjurer. Les différentes enceintes
de coopération existantes sont une force pour l'idée
européenne : il appartient aux gouvernements et aux institutions
d'entretenir un dialogue permanent pour éviter les doubles emplois,
sachant que le renforcement des structures de l'Union européenne n'est
pas incompatible avec le développement du rôle du Conseil de
l'Europe.
M. Jacques BAUMEL connaît également pour le reste la position du
Gouvernement français sur ce Traité d'Amsterdam qu'il convient de
ratifier, à notre sens, compte tenu des avancées qu'il contient.
Mais il convient aussi de le compléter, notamment dans le domaine
institutionnel. C'est pour nous un préalable à la conclusion du
processus d'élargissement qui va commencer. Nous sommes favorables
à l'élargissement, mais un élargissement qui se
réalise avec des institutions qui existent et qui fonctionnent. "
M. Jacques BAUMEL, député (RPR),
intervient de
nouveau :
" Pour gagner du temps, je voudrais remercier monsieur le ministre de sa
réponse qui confirme effectivement la position du gouvernement
français. Je suis tout à fait satisfait des précisions
qu'il a apportées, notamment sur le rôle futur du Conseil de
l'Europe dans le cadre de l'élargissement de l'Union
européenne. "
Le Président du Comité des Ministres
continue en ces
termes :
" A l'attention du
président
Daniel HOEFFEL
,
j'indiquerais volontiers que les exemples de l'Albanie et du Bélarus,
où un expert juridique du Conseil de l'Europe fait partie
intégrante de la délégation de l'Union européenne
aux travaux du groupe " tripartite ", montrent que les Quinze,
l'Union, ont compris tout l'intérêt qu'ils pourraient retirer de
l'expertise du Conseil de l'Europe pour consolider la démocratisation
des pays d'Europe centrale et orientale, là où c'est encore
nécessaire. Je crois que cette expérience irremplaçable
est justement ce qui fait la force, la spécificité du Conseil de
l'Europe. C'est là justement un de ces éléments de valeurs
ajoutées dont j'ai parlé à plusieurs reprises. "
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
intervient de nouveau :
" Je vous remercie Monsieur le Ministre, en effet cette coordination entre
les différentes institutions européennes est indispensable et
dans cet effort de coordination, le Conseil de l'Europe doit être un
élément moteur et non un sous-traitant, son expérience et
son savoir-faire le lui permettent. "
M. Pierre MOSCOVICI
conclut alors :
" Je ne peux que manifester mon accord avec ce qu'a ajouté
M. Daniel HOEFFEL
. "
7. Interdiction du clonage d'êtres humains - Interventions de MM. Jean-François MATTÉI, député (UDF) et Claude BIRRAUX, député (UDF) (Mardi 23 septembre)
L'objet
du rapport est de soumettre à l'Assemblée parlementaire, pour
avis, un projet de Protocole à la Convention du Conseil de l'Europe sur
les droits de l'homme et la biomédecine récemment ouverte
à la signature des Etats, sur l'interdiction du clonage d'être
humains.
Ce protocole a été élaboré par le Comité
directeur du Conseil del'Europe sur la bioéthique afin d'apporter une
réponse de droit international au clonage d'être humains dont le
débat est né de l'expérience réussie du clonage
d'une brebis au début de cette année.
Le rapporteur ne traite que du clonage de cellules humaines et établit
une différence entre les différentes situations possibles :
le clonage de cellules somatiques (non reproductrices), parfaitement acceptable
sur le point de vue éthique ; le clonage de cellules embryonnaires,
comme technique, qui appelle des réflexions approfondies et sera
examiné dans le contexte du protocole à " la Convention de
biomédecine " sur la protection de l'embryon, actuellement en cours
de préparation.
La troisième situation, celle du clonage d'être humains et qui
fait l'objet du rapport, est éthiquement inadmissible car elle porterait
atteinte à la dignité, à l'intégrité et au
caractère unique de l'être humain.
Le rapporteur estime en conséquence que toute intervention de cette
nature doit être interdite et assortie de sanctions et propose que
l'Assemblée recommande au Comité des Ministres d'adopter le
projet de Protocole soumis à son avis.
Le texte propose également que l'Assemblée générale
de l'ONU adopte des dispositions qui interdiront le clonage d'êtres
humains dans le monde entier en s'inspirant du texte du Conseil de l'Europe.
M. Jean-François MATTÉI, député (UDF),
s'exprime en ces termes :
" Madame la Présidente, mes chers Collègues, sur le plan
scientifique, les récentes expériences de clonage chez l'animal
constituent une avancée considérable. Cette technique
révolutionnaire doit permettre de mieux comprendre les mécanismes
du développement, les causes de certaines malformations et maladies
génétiques et de certains cancers. Sous réserve de
l'aspect encore expérimental et d'une éthique qu'il convient de
ne pas oublier vis-à-vis de l'animal, il faut admettre que ces
techniques peuvent être extrêmement bénéfiques pour
la santé de l'homme si l'on sait correctement les utiliser.
Mais dès lors qu'on évoque la seule hypothèse du clonage
humain, le problème change radicalement de nature car il conduit
à s'interroger sur le fond de l'humanité de l'homme et ce n'est
pas un des moindres succès de la science que de conduire à cette
interrogation-là.
Plus les mécanismes biologiques sont élucidés et plus
l'homme se rebelle pour affirmer qu'il ne peut pas se situer seulement au
niveau biologique. Chacun comprend qu'on peut certes cloner un corps, une
enveloppe, une apparence, mais qu'on ne peut pas cloner une expérience,
un vécu et encore moins une conscience.
A cet égard, le clonage est donc pour l'homme une double trahison.
Trahison quant à la singularité de la personne qu'on
prétend recopier car c'est bien une atteinte à la dignité
de la personne que de vouloir la reproduire à l'identique comme un
objet. Mais trahison plus grande encore en laissant croire qu'il est possible
de considérer l'homme sous sa seule dimension biologique.
Sommes-nous donc protégés réellement comme il convient
d'un acte de folie qui transgresserait l'interdit ? On sait la force du
mythe de l'immortalité. Ne pourrait-elle pas faire apparaître de
nouveaux Prométhées désireux de distribuer ou vendre le
moyen d'accéder à l'éternité ?
Si le regard porté sur l'homme et son histoire à l'aune des
millénaires passés invite plutôt à la confiance,
certains événements tragiques douloureusement gravés dans
nos mémoires invitent aussi à la méfiance.
C'est pour cette raison que la France s'est dotée dès 1994 d'un
ensemble de mesures législatives pour préserver la dignité
de l'homme dans son corps, dans sa personne et pour contrôler les
procédés qui permettent à la science d'avancer. Pour
autant, les dispositions purement nationales ne sauraient suffire. Chacun
perçoit bien que le danger cellulaire comme le danger nucléaire
est d'ordre planétaire puisque c'est l'essentiel qui est en cause.
Quelle que soit sa volonté, il n'est pas un pays seul qui puisse se
croire à l'abri. Notre devoir est donc de proclamer avec la force de nos
convictions communes ici l'idée que nous avons de l'homme et de sa
dignité en redéfinissant au regard du clonage humain un des
interdits fondateurs de notre humanité. L'homme ne peut être
manipulé, recopié, transformé et instrumentalisé au
motif premier qu'il est une personne avec sa dignité qui impose le
respect. Cinquante ans après Nuremberg, ce serait l'honneur du Conseil
de l'Europe que de se prononcer unanimement pour l'interdiction du clonage
humain et de préciser notre socle commun de valeurs.
Cette étape est indispensable mais encore insuffisante. Il serait
également à l'honneur de notre Assemblée que d'induire au
niveau de l'Organisation des Nations Unies une réflexion éthique
au regard du progrès scientifique car c'est la conscience universelle
qui est interrogée.
Enfin, pour plus de solennité et souligner l'importance que nous
accordons à ces problèmes, nous pourrions proposer de
compléter la Déclaration des droits de l'homme. Nous vivons
aujourd'hui la troisième grande révolution sociale des temps
modernes, la révolution scientifique, et il est probablement temps, et
plus que jamais nécessaire de préciser les nouveaux droits et
devoirs de l'homme face aux progrès de la science.
C'est la raison pour laquelle je voudrais apporter tout mon soutien au rapport
présenté par M. Plattner et dire véritablement que
l'honneur de notre Assemblée aujourd'hui serait d'interdire ce qui est
une atteinte au droit fondamental de la personne humaine. "
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
intervient à son
tour de la façon suivante :
" En juillet 1996, une équipe de chercheurs d'Edimbourg
réussissait, pour la première fois dans l'histoire de la
biologie, le clonage d'une brebis à partir d'un mammifère adulte.
Obtenu par le prélèvement d'une cellule sur une brebis, puis le
transfert de son matériel génétique dans un ovule
dénucléé, l'agneau Dolly est en fait la réplique
exacte de l'animal adulte lui ayant transmis son patrimoine
génétique.
S'il s'agit certes d'une avancée spectaculaire dans le domaine de la
recherche cellulaire, cette expérience ne manque pas de susciter des
interrogations au regard des possibles publications.
Réalisée sur un mammifère, cette technique est-elle
transposable à cet autre mammifère qu'est l'homme ?
Indépendamment du caractère " faisable " d'une telle
pratique, et dans le domaine scientifique le mot impossible n'existe pas, je
souhaiterais au préalable faire quelques remarques.
D'une part, l'éventuelle application de cette technique à
l'espèce humaine porterait gravement atteinte à la dignité
de la personne humaine qui repose sur l'unicité de chaque être
humain.
D'autre part, elle pourrait ouvrir la voie à l'eugénisme par la
sélection qu'elle serait susceptible d'opérer entre les
gènes et j'entends déjà les discours passés et
malheureusement encore présents sur la supériorité ou
l'infériorité de certaines races.
Le Conseil de l'Europe, particulièrement attaché aux droits de
l'homme, ne peut que se montrer extrêmement vigilant à ce sujet.
Enfin, cette technique pourrait conduire à une instrumentalisation de
l'être humain où certains êtres ne seraient qu'une
réserve d'organes en vue de greffes plus faciles.
C'est notre conception même de l'homme qui serait battue en brèche
puisque celle-ci repose sur le principe kantien selon lequel l'homme est une
fin et ne peut être considéré comme un moyen.
C'est pourquoi, compte tenu de l'évolution rapide des connaissances, je
pense que nos législations nationales respectives doivent prévoir
dès aujourd'hui le principe d'interdiction du clonage humain.
Mais, pour être vraiment efficace, notre action doit se situer sur un
plan européen et international car le problème soulevé
dépasse le cadre strict des frontières étatiques. On
comprend aisément que l'interdiction du clonage à un endroit ne
prohibe pas les recherches dans un autre pays.
Au plan européen, il nous faut oeuvrer pour que le processus de
ratification de la Convention sur les droits de l'homme et la
biomédecine de notre Assemblée s'intensifie.
Cette convention pose en effet, à l'échelle européenne, le
respect de l'intégrité de l'homme à l'égard des
applications de la biologie et de la médecine, ce qui interdit
tacitement le clonage. Jeter les bases communes d'une éthique est
préférable à l'émergence de législations
disparates.
Nous ne pouvons que recommander l'adoption rapide d'un protocole additionnel,
afin qu'un cadre internationalement reconnu permette aux législations
nationales de se mettre en place efficacement.
J'ai entendu ça et là, en commission, certains collègues
soulever l'objection de la liberté de la recherche et du chercheur.
Ici, il ne s'agit pas de recherche sur de la poudre à lessive. Il s'agit
de l'homme dans son acceptation globale, physique (génétique) et
spirituelle, qui reconnaît chacun comme un être unique dans
l'espèce humaine. Chaque homme est sacré.
Notre Assemblée, Assemblée des droits de l'homme, se doit de
rappeler inlassablement ce message, et se doit d'être le fer de lance de
l'éducation des citoyens comme des scientifiques aux valeurs
éthiques et morales qui sont sa raison d'être. "
Lors de la discussion des amendements sur le projet d'avis contenu dans le
rapport 7895, un amendement n° 5 est présenté, visant
à rappeler qu'
" est interdite toute intervention ayant pour but
ou pour effet de créer un être humain génétiquement
identique à un autre être humain vivant ou mort. Le présent
article ne s'applique pas à la stimulation ovarienne pratiquée
dans le cadre d'un processus de procréation médicalement
assisté "
M. Jean-François MATTÉI, député (UDF),
intervient en ces termes :
" Madame la Présidente, je comprends bien les motivations qui ont
conduit à proposer cet amendement mais je ne l'approuve pas pour deux
raisons.
La première, c'est que notre protocole s'en tient aux principes
généraux de la dignité et du respect de la personne
humaine. Or là, nous entrons dans une procédure de détails
puisqu'on mentionne la stimulation ovarienne et une technique médicale,
la procréation médicalement assistée. Nous changeons donc
réellement de niveau de préoccupation. Le texte perd de sa force.
Nous devons véritablement nous en tenir aux grands principes
généraux sans entrer dans le détail de ce que serait un
livre de thérapeutique.
La seconde, relève d'une confusion. La stimulation ovarienne a pour but
d'entraîner une polyovulation, donc la production simultanée de
plusieurs ovocytes. Certes, cela conduit à la gémellité,
non pas du tout à la gémellité monozygote, mais à
la gémellité plurizygotique. Il n'y a donc, à ma
connaissance, aucun lien entre la stimulation ovarienne et la production d'une
gémellité monozygote. C'est avant l'ovulation qu'intervient la
stimulation ovarienne et pas au moment de la division zygotique. Autrement dit,
il existe, à mon avis, une inexactitude scientifique et, plus grave,
sans doute une confusion des niveaux de nos préoccupations. "
L'amendement est alors retiré par son auteur.
Puis l'avis 202, amendé, est adopté ainsi que la directive
534, figurant tous deux dans le rapport 7895.
8. Politiques spatiales européennes - Interventions de M. Jean-François LE GRAND, sénateur (RPR), Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) et M. Claude BIRRAUX, député (UDF) (Mardi 23 septembre)
Ce
rapport de l'Assemblée sur les activités de l'Agence spatiale
européenne (ESA), le premier depuis 1992, s'intéresse aussi pour
la première fois aux programmes spatiaux de la Russie Il dresse
également un bilan des retombées industrielles et
économiques de la recherche spatiale et examine les moyens de renforcer
la coopération internationale en ce domaine.
Selon le rapporteur, quarante années d'investissements massifs ont
donné à l'Europe une infrastructure spatiale cohérente et
opérationnelle qui débouche sur un grand nombre d'applications,
depuis l'observation traditionnelle du climat et de l'environnement
jusqu'à l'utilisation prospective des données satellitaires pour
le maintien de la paix et la gestion des catastrophes naturelles. Les
programmes d'application spatiale représentent plus de 80 % des
activités de l'ESA ; le programme spatial russe,
réaménagé depuis 1992, se concentre désormais sur
les applications civiles. La Russie est à l'origine de près des
deux tiers des vaisseaux spatiaux lancés dans le monde et 65 % de
sa flotte civile sur orbite est utilisée à des fins de
communication et de radiodiffusion ainsi que de surveillance géologique
et environnementale.
Les agences spatiales coûtent en moyenne 200 milliards de dollars
par an mais rapportent sous forme de bénéfices directs environ
500 milliards de dollars ; en outre, pour 100 unités
payées par l'ESA à l'industrie européenne, environ
300 unités en moyenne vont à des entreprises sous forme de
gains indirects. Il est donc probable que les forces du marché seront
prêtes à prendre le contrôle de l'investissement des
programmes spatiaux, mais un retrait brusque de l'engagement de l'Etat serait
une erreur grave ; la recherche spatiale, par exemple, qui a
récemment subi des coupes budgétaires, a besoin d'être
relancée. Mais l'engagement du marché modifiera le rôle des
agences spatiales. En effet, leurs projets devront être plus
étroitement liés à des applications pratiques et les
usagers potentiels devront être associés beaucoup plus tôt
à la conception des projets.
Avec l'internationalisation croissante des programmes spatiaux, la coordination
en ce domaine reste insuffisante ; le rapport propose donc des mesures
destinées à la renforcer. Les ambitions de l'exploration spatiale
et la concurrence du marché entraînent l'Europe vers un engagement
global plus actif, qui passe notamment par un renforcement des liens entre
l'ESA et la Russie. Les programmes spatiaux européens peuvent retirer un
grand profit de cet engagement du double point de vue de l'innovation
technologique et de l'amélioration de leur compétitivité.
M. Jean-François LE GRAND, sénateur (RPR),
intervient dans
le débat en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers Collègues, je suis
heureux que notre Assemblée ait inscrit à son ordre du jour ce
débat sur les politiques spatiales européennes et je tiens,
d'entrée de jeu, à féliciter M. Lorenzi pour la
qualité de son rapport.
Il me semble, en effet, tout à fait opportun d'envisager aujourd'hui les
développements techniques et économiques et les
coopérations nécessaires sous l'angle des industries civiles.
Je l'apprécie d'autant plus que j'ai moi-même
présenté un rapport devant l'Assemblée de l'Union de
l'Europe occidentale sur l'utilisation de moyens satellitaires dans la
prévention et la gestion des risques majeurs.
Nos collègues membres de l'Assemblée de l'UEO ont bien voulu
adopter ce rapport à l'unanimité en juin dernier.
L'une des mesures recommandée portait sur le développement
d'usages civils des technologies spatiales pour en permettre le
développement optimal, par exemple la surveillance des risques tels que
séismes, éruptions volcaniques, inondations, cyclones, ouragans
ou encore incendies de forêt.
La même recommandation invitait à développer
également parmi les usages civils des technologies spatiales, la
protection de l'environnement et la prévention des risques
technologiques - prévention dont l'urgence nous a été
révélée en Europe avec des catastrophes comme celle de
Seveso, survenue en 1976, ou plus grave encore, celle de Tchernobyl.
Afin de pouvoir gérer les risques de façon adéquate, les
utilisateurs intéressés, les ministères de
l'environnement, les agences gouvernementales ou encore les institutions
européennes ont besoin d'une information fiable en temps utile et
lisible par tous.
L'étude de l'agence spatiale européenne montre que le retour aux
technologies spatiales peut compléter efficacement d'autres sources
d'information.
Cinq technologies ont d'ailleurs fait l'objet de cette étude : la
météorologie, le recueil de données et la localisation, la
navigation, les télécommunications et l'observation de la Terre
depuis l'espace, qu'il s'agisse d'images optiques ou de radar.
En ce qui concerne les quatre premières technologies, il existe
déjà des systèmes spatiaux complètement
opérationnels et répondant pleinement aux besoins des
utilisateurs ; ces systèmes se trouvent en Europe, Russie comprise.
Sans entrer plus avant dans le détail, un consortium conduit par Nuova
Telespazio a établi, en septembre 1996, les besoins précis des
utilisateurs par rapport à chaque phénomène pris en compte.
Les systèmes spatiaux en projet doivent apporter à la fois une
amélioration des performances et une réduction des coûts
opérationnels.
Il y a obligation de rechercher les synergies puisque nous nous trouvons tous
dans une situation où les charges financières et
budgétaires de nos pays nous amènent à gérer plus
scrupuleusement que jamais les dépenses publiques et donc à
exploiter au mieux les ressources et les moyens disponibles.
Il nous faudra aussi veiller à ce que les moyens mis en oeuvre
évitent les distorsions de concurrence de la nature entre les USA et
l'Europe de celles que nous connaissons par exemple en matière de
constructions aéronautiques - distorsions de concurrence qui, compte
tenu des nouvelles règles de l'organisation mondiale du commerce,
pénalisent les entreprises européennes.
Enfin, dans le même temps, nous nous devons de ne rien abandonner aux
Américains. J'ai été très sensible aux propos tenus
tout à l'heure par M. le directeur général de
l'Agence spatiale européenne sur le sujet : il s'agit d'un
formidable enjeu économique, mais d'un enjeu culturel tout aussi
important. Sous réserve que l'Europe ait réellement envie
d'abandonner aux Américains leur
american way of life
, il lui
faudra se battre pour que le mode culturel européen continue de vivre.
C'est dans cet état d'esprit que je voterai les recommandations du
rapport. "
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
prend la parole à son
tour en ces termes :
" Je félicite M. le rapporteur et je reviens sur le propos de M.
Rodota qui évoquait les relations Europe/Etats-Unis en même temps
que les défis lancés. Le dernier est la fusion de Boeing et de
Douglas.
Avec la commission technique et aérospatiale de l'UEO, nous
étions aux Etats-Unis au mois de juillet. Nous avons appris, le
30 juillet, que la commission autorisait la fusion entre Boeing et Douglas
sous conditions et obligations. Or, comme nous avons vécu au coeur de ce
problème pendant plusieurs jours, aussi bien au Pentagone qu'à
Seattle chez Boeing, nous pouvons témoigner de l'ambiance qui
régnait et dire combien l'indifférence des Américains
était grande par rapport à nos avis, combien leur arrogance
était parfois dérangeante et leur puissance évidente.
Quelques chiffres qui situent bien le rapport des forces. Le chiffre d'affaires
de Boeing-Douglas après la fusion s'élèverait à
environ 48 millions de dollars ; dans le même temps, le chiffre
d'affaires de Aérospatiale France, de British aerospace et de Dasa
réunis représenterait environ 10 milliards de dollars.
Voilà où se situe la réalité. Il y a là une
menace évidente pour l'Europe. Elle se situe à trois
niveaux : les contrats d'exclusivité avec trois compagnies
américaines ; les brevets, les licences et leur accès ;
et surtout, les aides, les subventions du Pentagone à l'activité
militaire, c'est-à-dire à Douglas, avec possibilité de
transfert de ces fonds au sein du groupe vers la construction civile.
Dans ces conditions, la fusion était à la fois une menace pour
l'Europe et pour Airbus. Elle ouvrait une réelle guerre
économique. L'Europe a su, dans une fermeté qui nous a
peut-être surpris, mais qui nous a, en même temps fait plaisir,
affirmer à l'unanimité une certaine cohésion - mais un
instant seulement ! Brutalement, il y a eu, semble-t-il, revirement de
Bruxelles et, sans vote et sans débat, la commission a autorisé
l'acquisition de Douglas par Boeing.
Boeing semble avoir offert certains engagements s'agissant d'une levée
partielle des contrats, mais n'a pas renoncé pour autant aux 244 avions
inclus dans des contrats déjà signés. Les
Américains ont ouvert l'accès à certains brevets, à
certaines licences ; ils ont promis d'isoler des fonds militaires de
Douglas à l'intérieur du groupe. Ces engagements sont-ils donc
suffisants ? A l'évidence non pour certains commissaires qui ont
formulé beaucoup de réserves. Le risque existe-t-il toujours,
malgré la vigilance de la commission ? Fort probablement. Boeing
détient 70 % du marché aérospatial, 84 % de la
flotte mondiale, 90 % du marché des avions de transport et le quasi
monopole sur les avions de cent places.
Quoi que l'on dise, il y a atteinte au droit de la concurrence et danger pour
Airbus. Il faut donc réagir.
J'exprime deux souhaits. Premièrement que la commission désormais
ne soit pas plus exigeante pour les entreprises européennes qu'elle ne
l'a été pour les entreprises américaines.
Deuxièmement, qu'une telle stratégie européenne et
offensive se mette en place. A l'évidence, il n'y a de place que pour un
seul avionneur civil et militaire. Cela implique une restructuration de
l'industrie. En France, elle suppose, par exemple, le rapprochement de Dassault
et de Aérospatiale. Toutefois, il ne s'agit que d'une simple composante
du système. Par contre et sûrement, il convient de rapprocher les
partenaires qui participent à la construction d'Airbus. Là est
l'essentiel ! "
M. Claude BIRRAUX, député (UDF),
intervient dans le
débat de la façon suivante :
" Je voudrais tout d'abord féliciter notre collègue M.
Lorenzi pour la qualité de son rapport.
L'Europe, grâce aux investissements réalisés depuis une
trentaine d'années, obtient de bons résultats dans le domaine
spatial. On pense évidemment aux succès du programme Ariane qui
devrait effectuer ce soir son centième lancement.
L'Europe maîtrise ainsi 60 % du marché commercial du
lancement. Elle dispose de complexes techniques comme l'Agence spatiale
européenne, ainsi que d'opérateurs de satellites tout à
fait compétitifs comme Eutelsat et Astra.
Le paysage spatial est toutefois dominé par les Etats-Unis qui
consacrent 0,35% de leur produit intérieur brut - 30 milliards de
dollars en 1997, répartis équitablement entre civil et militaire
- soit cinq fois plus que l'Europe. L'Europe investit de manière
dispersée : la France 0,11 % du PIB, l'Allemagne 0,056 %,
l'Italie 0,048 %, la Grande-Bretagne 0,026 %.
Je souhaiterais mettre l'accent sur quelques points qui me semblent importants.
En dépit de ces succès européens, on ne peut que
constater, au regard de la partie applicative, un certain nombre de faiblesses
et je rejoins l'avis de notre rapporteur.
Je regrette ainsi que l'Europe ne soit pas davantage présente dans un
secteur aussi prometteur que l'observation de la terre. Un certain nombre de
services d'intérêt général comme les
prévisions des catastrophes naturelles ou l'observation de
l'évolution des sols en découlent. Il me semble fort souhaitable
que ce domaine entre dans les programmes obligatoires de l'ESA.
Concernant les lanceurs, la mise en service d'Ariane 5 est primordiale, et
aucune erreur n'est désormais permise.
Il importe aussi qu'Ariane 5 soit optimisée pour la dominante du
marché, les satellites en orbite géostationnaire, et
réponde à la concurrence des lanceurs américains Atlas 2
AR et Delta 3.
L'Europe doit prendre garde à ne pas se laisser distancer par les
Etats-Unis et le Japon dans le domaine des lanceurs réutilisables. Se
pose également le problème de l'élargissement de la gamme
des lanceurs pour s'adapter au marché. Pour le moment, en dehors de
l'alliance entre la Russie et la France qui a permis la commercialisation du
lanceur Soyouz, l'Europe se montre hésitante sur la stratégie
à adopter.
Les succès passés et les parts de marché gagnées ne
doivent pas altérer notre lucidité pour affronter les
défis de l'avenir. Nous devons avoir conscience que nous sommes
entrés dans l'ère de la domestication de l'espace et de son
exploitation croissante par l'homme.
Des enjeux nouveaux, liés aux nouvelles technologies de l'information et
de la communication ou à l'observation précise de la terre,
justifient une politique européenne ambitieuse, volontariste et
coordonnée.
En l'absence d'une homogénéité suffisante, l'Europe
souffre de difficultés d'adaptation à la donne
géopolitique et géostratégique, entre autre à cause
de ses efforts trop peu coordonnés de recherche. De plus, elle ne
bénéficie pas, comme les Etats-Unis, des avantages touchant
à la fois au civil et à la défense.
Elle doit se livrer à une réflexion stratégique pour
savoir comment conforter, valoriser ses acquis et répondre aux besoins
croissants des utilisateurs de l'espace.
En une phrase et en résumé, à la structure
multiétatique et aux programmes à la carte, ne convient-il pas de
substituer une structure européenne qui rassemble et les
compétences et les fonds budgétaires pour une synergie porteuse
d'ambitions partagées ?
N'est-ce pas là une question très liée à la
construction de l'Europe politique et à ses incidences
socio-économiques ? La réponse politique est entre les mains
des décideurs politiques et d'eux seuls. "
La recommandation 1341, figurant dans le rapport 7875, amendée, est
adoptée à l'unanimité.
9. Protection de la vie privée (Mardi 23 septembre)
Le débat d'urgence n'a pas débouché sur l'adoption d'un texte à ce stade mais il a été suivi d'un débat ultérieur qui s'est engagé notamment sur la présentation de l'avis de M. Gilbert MITTERRAND , rapporteur pour avis de la commission des questions sociales, de la santé et de la famille. Le débat s'est conclu le 26 juin 1998 par l'adoption d'une résolution 1165 sur le droit au respect de la vie privée.
10. Organisation d'une conférence parlementaire pour renforcer les systèmes démocratiques en Europe et la coopération dans la lutte contre le terrorisme (Mardi 23 septembre)
Selon le
rapporteur, l'Europe a connu, au cours de ces dernières années,
une recrudescence des activités terroristes sur son sol. Non seulement
le terrorisme a pris des formes nouvelles et a changé de nature, mais il
a également fait son apparition dans certains pays d'Europe centrale et
orientale, depuis l'effondrement du communisme. Ces activités
terroristes sont le fait de réseaux organisés à
l'échelle internationale, établis parois même dans des
Etats membres du Conseil de l'Europe, et bénéficiant de soutiens
logistiques et financiers puissants. Les moyens classiques de
coopération judiciaire et policière se révèlent
insuffisants pour les combattre.
L'Assemblée réitère sa condamnation vigoureuse et sans
réserves des actes de terrorisme et appelle une nouvelle fois au
renforcement de la coopération entre les Etats membres du Conseil de
l'Europe.
Toutefois, une réflexion commune approfondie sur les moyens de renforcer
la lutte contre le terrorisme s'impose aujourd'hui. La tenue d'une
conférence parlementaire sur la question constituerait le cadre
approprié pour étudier le phénomène actuel du
terrorisme et identifier les problèmes qui en découlent. Une
telle Conférence pourrait envisager les moyens de prévention, de
protection et de surveillance, ainsi que les mesures destinées à
renforcer la coopération internationale, et élaborer des
propositions concrètes pour mieux le combattre, notamment par la
révision de la Convention européenne pour la répression du
terrorisme de 1977.
La résolution 1132 contenue dans le rapport 7876 est adoptée
à l'unanimité.
11. Situation en Albanie - Intervention de M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC) (Mercredi 24 septembre)
Le
rapporteur fait part de la première visite de travail effectuée
après les élections à Tirana et souligne que le programme
était intensif.
Les temps forts de cette visite se sont concentrés sur une analyse de la
situation économique et politique, de la sécurité dans le
pays, des médias et de la Constitution.
En ce qui concerne la situation économique dans le pays, de nettes
améliorations ont été constatées bien qu'une
situation préoccupante subsiste encore dans le sud du pays. Les
informations fournies à cet égard par les milieux gouvernementaux
albanais manquent de clarté tandis que les représentants
internationaux manifestent des doutes quant aux allégations du
gouvernement. La commission de suivi devrait permettre à
l'Assemblée de se forger une conviction en la matière.
La situation au regard de la circulation des armes est encore extrêmement
préoccupante en Albanie. Le nombre d'armes en circulation a certes
diminué mais cette amélioration ne constitue qu'un premier pas.
Puis, le rapport examine la situation politique qui est la plus
décevante. On sent un climat de confrontation plus que de
coopération. Le pays, en plein marasme, ne peut continuer à
souffrir des disputes entre opposition et majorité. Les règles du
jeu politique démocratiques doivent être respectées
à l'intérieur du pays et l'opposition doit apprendre à
jouer un rôle constructif. Le dialogue politique est à
l'état embryonnaire. La procédure de suivi prend toute son
importance dans un tel climat. Il est nécessaire d'obtenir des
certitudes quant à l'épuration et au nettoyage administratif
inacceptables dont parle l'opposition et que contestent les partis
gouvernementaux. Des coups de feu ont récemment été
échangés au Parlement. Ils constituent un signal du climat qui
règne dans le pays. Cette situation ne peut durer éternellement.
Le point suivant concerne les médias : un des principes essentiels
défendus par le Conseil de l'Europe est la liberté d'expression.
L'opposition s'est livrée à de graves accusations concernant le
respect de celle-ci. La libre circulation de l'information et le libre
accès à celle-ci constituent des points importants à
surveiller pour le Conseil de l'Europe.
Le dernier point se rapporte à la Constitution. Les opinions divergent
aussi bien sur son contenu que sur la procédure à suivre. Pour le
Conseil de l'Europe, la Constitution doit avant tout contribuer à la
stabilité politique et institutionnelle. C'est la condition
sine que
non
. Cette condition ne peut être remplie que s'il existe un
consensus large sur la teneur de cette Constitution. Il faudra du temps pour y
parvenir.
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
intervient dans ces
termes :
" Je tiens à remercier très vivement notre collègue,
M. Van der Linden, pour la qualité et les conclusions de son rapport.
Les élections n'ont pas mis un point final à l'instabilité
du pays où des menaces sérieuses continuent à peser sur la
liberté et la démocratie.
Le Conseil de l'Europe doit, plus que jamais, insister sur l'absolue
nécessité de restaurer la sécurité, d'assurer le
fonctionnement des collectivités locales, de veiller à la
liberté de la presse, de mettre fin au noyautage de la fonction publique
et des forces de sécurité, et de permettre l'élaboration
de lois conformes aux principes du Conseil de l'Europe.
Il faut que, sur tous ces plans, le Conseil de l'Europe soit à la place
à laquelle son expérience, sa compétence et sa
capacité d'expertise le portent naturellement.
Espérons enfin que le dialogue politique indispensable entre
majorité et opposition pourra s'instaurer ou se poursuivre. Car, sans ce
dialogue, l'espérance que nous avons pu placer dans les récentes
élections retombera très vite. "
Après amendements, la résolution 1133, figurant dans le
rapport 7892 est adoptée.
12. Contribution de l'Assemblée parlementaire au deuxième sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Conseil de l'Europe (Mercredi 24 septembre)
Le
rapporteur souligne que se déroulera prochainement dans
l'hémicycle le 2e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qu'aura
connu le Conseil de l'Europe en cinquante ans.
Il lui paraît essentiel de mettre l'accent sur la collaboration toujours
plus étroite entre l'Assemblée, le Comité des Ministres et
les ambassadeurs tout au long de la préparation du sommet. Cette
collaboration laisse espérer que les travaux des chefs d'Etat et de
gouvernement auront une conclusion positive.
Malgré de nombreux motifs de satisfaction, certaines
préoccupations demeurent. On sait que deux textes sont en
préparation : une déclaration et un plan d'action. Il ne
faudrait en aucun cas qu'après avoir adopté une noble
déclaration d'intention, le sommet se contente de faire sien un plan
d'action aux ambitions réduites qui ne serait pas en pleine
cohérence avec les principes affirmés dans la déclaration.
Le plan se doit de reprendre toutes les idées essentielles
énoncées dans la déclaration sur la parité,
l'égalité et la démocratie au niveau des autorités
locales. S'il ne reflétait pas fidèlement ces idées, la
déclaration serait vidée de son sens.
Le rapporteur espère que les convictions des membres de
l'Assemblée trouveront un écho favorable chez les chefs d'Etat et
de gouvernement et que ces derniers accorderont au Conseil de l'Europe les
ressources qui lui sont nécessaires pour poursuivre ses multiples
tâches.
La recommandation 1342 contenue dans le rapport 7291 est adoptée
à l'unanimité.
13. Mines terrestres antipersonnel et leurs conséquences humanitaires - Intervention de M. Jean BRIANE, député (UDF) (Mercredi 24 septembre)
Le
rapport sur les mines terrestres antipersonnel et leurs conséquences
humanitaires inspiré du " Processus d'Ottawa " a pour objectif
de renforcer l'appel en faveur d'une interdiction mondiale de ces mines. Il met
en lumière les conséquences humanitaires que leur utilisation
entraîne -leur impact médical, social et économique, les
difficultés du déminage, etc. Les rapporteurs insistent sur le
fait que l'utilité et la valeur militaire des mines sont aujourd'hui
très fortement contestées. Ils examinent les lacunes du droit
international humanitaire sur ce plan et mettent en exergue le besoin d'une
réglementation plus stricte.
Ainsi, l'Assemblée recommande-t-elle au Comité des ministres de
condamner la fabrication, l'emploi, le transfert et le stockage des mines
antipersonnel et de déclarer ces activités contraires aux
principes du Conseil de l'Europe. Elle recommande également
d'établir auprès du Conseil de l'Europe une liste des
sociétés productrices de mines dans les Etats membres.
Dans le projet de recommandation, les Etats membres du Conseil de l'Europe sont
invités à signer, lors de la prochaine Conférence d'Ottawa
en décembre 1997, un traité international interdisant les mines
antipersonnel. De même, ils devraient adopter une législation
nationale à cet égard, promouvoir l'établissement d'une
zone exempte de mines antipersonnel en Europe, soutenir les programmes
internationaux de déminage et accroître l'aide aux victimes de ces
mines.
Par ailleurs, le rapport précise que sur les 40 pays membres du
Conseil de l'Europe, 27 sont favorables à une interdiction totale des
mines. En outre, 13 d'entre eux (Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie,
France, Luxembourg, Italie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède,
Suisse et Royaume-Uni) ont déjà commencé à
détruire tout ou une partie de leurs stocks et 4 (Autriche,
Belgique, Irlande et Suisse) ont introduit une législation nationale
interdisant la production, le transfert et l'emploi des mines antipersonnel.
MM. Jean BRIANE, député (UDF),
et
Claude BIRRAUX,
député (UDF),
ont présenté sur le projet de
recommandation un amendement visant à recommander au Comité des
Ministres :
" de demander à l'Accord du Conseil de l'Europe EUR-OPA Risques
majeurs au travers de son programme sur les technologies spatiales au service
des risques, en coopération avec la Commission européenne,
l'Agence spatiale européenne et les agences spatiales nationales,
d'examiner la contribution que les satellites des pays de l'Est et de l'Ouest
de l'Europe pourraient apporter :
- à la détection des mines ;
- aux soins à apporter par les techniques de
télémédecine aux populations vivant dans les zones
minées et aux équipes de déminage. "
M. Jean BRIANE
défend cet amendement en ces termes :
" Nous avons proposé un additif au projet de recommandation
après le paragraphe 8.ii. Pourquoi cet additif ?
Concernant les mines antipersonnelles - j'écris antipersonnelles avec
" lles " et non " antipersonnel " comme dans le rapport,
car ces mines agissent actuellement contre des personnes civiles, innocentes
victimes, et non contre le personnel militaire comme en temps de guerre. Ces
mines, réparties dans le monde, font actuellement 30 000 victimes
par an ; elles sont au nombre d'environ 200 millions et l'on démine
à un rythme de 100 000 unités par an. Par voie de
conséquence, il faudra plus de 2 000 ans pour les neutraliser.
C'est dire l'ampleur du problème !
Les technologies spatiales, à partir de leur fonction d'observation
spatiale de la terre et de télécommunication, peuvent apporter
une aide significative à la détection de ces engins de mort et,
à partir des techniques de télémédecine pour les
soins des victimes, de leurs familles et des équipes de déminage,
en incluant les aspects psychologiques.
Dans le cadre du Conseil de l'Europe, a été établi un
accord intergouvernemental, " l'accord EUR-OPA Risques Majeurs ",
qui, à la suite de l'adoption d'une résolution par la session
ministérielle du 4 octobre 1994 à Bruxelles, travaille sur la
mise en place d'un programme européen sur les technologies spatiales au
service de la gestion des risques, programme fondé sur la mise en commun
des moyens spatiaux de l'Est et de l'Ouest de l'Europe, en étroite
coopération avec la Commission européenne, l'Agence spatiale
européenne et les agences spatiales nationales : le programme STRIM.
Il conviendrait de demander à cet accord d'examiner la contribution
concrète qu'il pourrait apporter au problème hautement
humanitaire posé par l'existence de zones infestées par les mines
antipersonnelles, en proposant de mettre les technologies spatiales, en
particulier le programme STRIM, au service de la protection des populations
habitant dans ces zones.
Je souhaite que l'Assemblée parlementaire soutienne notre proposition
dont l'objectif est essentiellement humanitaire. Cette démarche, qui
partirait du Conseil de l'Europe, serait un exemple fort de coopération
concrète entre l'Est et l'Ouest fondé sur l'utilisation commune
du potentiel spatial de la Grande Europe au service des populations
affectées par cette tragédie du XXe siècle.
J'ai pu personnellement me rendre dans un pays - le Cambodge - où
les mines antipersonnelles ont fait d'énormes dégâts. Je
souhaiterais que toutes les populations à travers le monde puissent
travailler en paix et en toute sécurité, et donc que ces champs
de mines soient supprimés et interdits. "
Personne n'ayant souhaité s'exprimer contre l'amendement et après
avis favorable de la commission des questions juridiques et des droits de
l'homme,
l'amendement est adopté à l'unanimité
.
La recommandation 1343 figurant dans le rapport 7891, ainsi amendée,
est alors adoptée à l'unanimité, ainsi que la directive
535, également adoptée à l'unanimité.
14. Elargissement du Conseil de l'Europe : compétences budgétaires et administratives de l'Assemblée - Interventions de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) et M. Bernard SCHREINER, député (RPR) (Mercredi 24 septembre)
Partant
de l'analyse des compétences budgétaires et administratives
actuelles de l'Assemblée, le rapporteur constate qu'il existe un
déséquilibre entre le rôle politique important que joue
l'Assemblée au sein du Conseil de l'Europe et celui qu'elle exerce dans
la préparation du budget de l'Organisation (du budget
général comme son propre budget) et à l'égard de
son secrétariat.
Le rapporteur souligne que des propositions ont déjà
été faites dans ce sens par l'Assemblée qui n'ont pas
été suivies d'effet jusqu'ici. C'est pourquoi il propose que
l'Assemblée recommande au Comité des ministres un certain nombre
de mesures pratiques donnant à l'Assemblée la maîtrise de
son budget et de ses conditions de travail.
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc),
prend la parole dans les
termes suivants :
" Tout d'abord, je veux remercier notre rapporteur,
M. Miguel Angel Martínez.
Mes chers collègues, il est assez surprenant que dans cette institution,
qui va avoir cinquante ans, qui regroupe quarante Etats, nous soyons encore en
train de revendiquer. Depuis hier, c'est un leitmotiv : nous revendiquons
une reconnaissance, nos pleines responsabilités, un peu plus d'autonomie
et tout simplement un peu plus de moyens.
Dans ce temple des droits de l'homme, les parlementaires des quarante Etats que
nous sommes, doivent défendre leurs droits et les faire valoir. Miguel
Angel Martínez a demandé de la véhémence. Eh bien
oui, mettons de la véhémence ! Nous sommes en train de
revendiquer les droits d'une assemblée à qui, vraisemblablement,
un comité de tutelle semble ne pas vouloir les accorder.
Demain, une décision sera à prendre concernant la création
d'une commission. La pire des choses serait d'opposer un argument financier
pour ne pas la créer. Ce n'est vraiment pas celui-là qu'il faut
avancer ; pas plus que celui tendant à en supprimer une autre parce
qu'on ne peut pas en financer deux ; ou celui qui voudrait créer
une sous-commission parce qu'on ne peut pas créer une commission.
Notre contradiction sera mise à l'épreuve demain. Il faut
créer la commission parce qu'elle a besoin d'exister en termes d'image
et d'action. C'est urgent ! Attention, nous risquons demain, encore une
fois, d'être confrontés à une épreuve de
vérité. Ne nous trompons pas de débat demain, après
avoir tenu celui-ci aujourd'hui.
Je voudrais terminer par un autre aspect concernant le Greffier, auquel il a
été fait référence tout à l'heure. Il est
élu par nous. Je ne veux pas redéfinir ses fonctions. Entre
autres, il gère et administre son secrétariat. Mais pour la
francophone que je suis, le nom de greffier est assez gênant,
dérangeant. Il introduit une certaine confusion. En France, le greffier
fait partie du système judiciaire. Une autre appellation serait mieux
indiquée. Dans nos démocraties parlementaires, on dit
" secrétaire général du parlement ". Il
suffirait donc de modifier le terme anglais. C'est une proposition que je fais
à la commission du Règlement et j'espère qu'elle sera
traduite concrètement. "
M. Bernard SCHREINER, député (RPR),
intervient dans le
débat en ces termes :
" Madame la Présidente, mes chers Collègues, j'aimerais
tout d'abord appuyer les interventions et les commentaires
présentés cet après-midi - ils ont d'ailleurs fait
l'unanimité.
Comme l'a très justement souligné notre rapporteur
M. Martínez, que je voudrais féliciter pour son travail et
sa force de conviction dus à sa très grande compétence, la
situation de l'Assemblée n'a guère évolué au cours
de ces dernières années, ce qui rend encore plus perceptible le
déséquilibre entre le rôle politique que l'Assemblée
joue au sein du Conseil de l'Europe et le rôle mineur qu'on lui
réserve en ce qui concerne ses compétences budgétaires et
administratives.
Pour ma part, j'ai vécu ces frustrations en tant que rapporteur des avis
budgétaires de l'Assemblée. La plupart du temps, ces avis ont
été élaborés sans que la commission du budget
disposât en temps voulu des informations nécessaires. Leur
adoption intervenait trop souvent alors que la procédure
budgétaire était pratiquement close.
En outre, parmi toutes les interventions qui ont été faites cet
après-midi, j'aimerais appuyer les remarques très pertinentes de
Mme Durrieu. Comme elle le disait, en effet, la dénomination de
greffier prête en français à confusion et ne correspond en
rien à la réalité des fonctions du Greffier de
l'Assemblée. Sans doute vaudrait-il mieux parler de Secrétaire
général de l'Assemblée parlementaire.
En conclusion, je demande donc instamment que ce rapport puisse être
rapidement suivi d'effet et qu'à l'avenir, notre Assemblée
établisse des avis budgétaires après avoir
été dûment consultée, ce dernier point étant
essentiel, avant la fixation du plafond global.
En ce qui concerne les compétences administratives, je pense que les
demandes de la commission sont plus que raisonnables et ne font que formaliser
une pratique existant déjà depuis de longues années.
La recommandation 1344 contenue dans le rapport 7900 est adoptée,
ainsi que la directive 536, adoptée à
l'unanimité.
15. Protection des minorités nationales - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI) (Mercredi 24 septembre)
Selon le
rapporteur, la protection des minorités nationales demeure un
élément essentiel de la paix et de la sécurité en
Europe et les instruments juridiques et politiques internationaux ne manquent
pas ; seule la volonté politique de les accepter et de les mettre
en oeuvre reste insuffisante.
La protection des minorités est encore trop souvent assimilée
à un problème de politique étrangère plutôt
qu'intérieure.
Il importe que les Etats membres du Conseil de l'Europe ratifient, mettent en
oeuvre et respectent les instruments juridiques de l'Organisation : la
Convention-cadre pour la protection des minorités nationales et la
Charte européenne des langues régionales et minoritaires.
Seules quelques ratifications sont encore nécessaires pour que ces
instruments entrent en vigueur à l'occasion du deuxième sommet
des chefs d'Etat et de gouvernement, qui se tiendra les 10 et 11 octobre
1997 à Strasbourg.
Le rapport invite l'Union européenne à utiliser les
résultats des exercices de monitoring du Conseil de l'Europe afin
d'évaluer dans quelle mesure les droits des minorités sont
respectés. De plus, il demande un accroissement des fonds
consacrés aux mesures de confiance du Conseil de l'Europe dans le but de
prévenir les conflits entre minorités.
M. Nicolas ABOUT, sénateur (ap. RI),
intervient en ces
termes :
" Le débat sur la protection des minorités nationales en
Europe me permet de rappeler à l'Assemblée les risques d'une
politisation de ce sujet et d'en faire une nouvelle idéologie.
La richesse culturelle et linguistique de notre continent est liée
à son histoire mouvementée, faite de conquêtes militaires,
de mouvements migratoires volontaires ou de populations déplacées
Le résultat en fut un morcellement de l'Europe en de multiples
entités nationales. Jusqu'à récemment, l'affirmation d'une
identité se faisait au détriment d'une autre, l'exemple
yougoslave étant le dernier en date. Le Conseil de l'Europe, dans sa
défense des droits de l'homme, s'attache à inverser cette logique
en permettant aux différentes identités culturelles et
linguistiques de s'exprimer dans le cadre national. L'adhésion des pays
européens au Conseil de l'Europe contribue d'ailleurs à
améliorer cette protection.
Pourtant, il serait faux de croire que la protection des minorités
nationales passe forcément par l'élaboration de nouveaux textes
juridiques contraignants. Le Conseil de l'Europe et l'Union européenne
ont inscrit le respect des droits de l'homme et des libertés
individuelles dans leurs textes fondateurs. Toute adhésion à ces
institutions implique le respect de ces droits fondamentaux.
Enfin, il ne faut pas oublier que les minorités nationales n'ont pas les
mêmes caractéristiques : quoi de commun entre les Basques et
les Russes en Lettonie ; les Corses et les Allemands des Sudètes,
entre les Tchétchènes et les Gallois. Il serait donc naïf,
voire dangereux, de vouloir régler un problème aux multiples
facettes avec l'adoption d'un texte unique et valable pour tous les cas
relevés en Europe.
La définition même de minorités nationales suscite de vives
polémiques. Le pragmatisme et la subsidiarité sont les meilleures
réponses à cet épineux dossier.
L'Europe, la construction européenne, ne doivent pas être à
l'origine de déchirements au sein des Etats qu'elle se propose de
réunir et de fédérer. En effet, ce n'est pas par des
dispositions telles celles prévues à l'article 11 du
Protocole additionnel à la Convention de sauvegarde des Droits de
l'Homme que l'on favorisera la ratification par les Etats.
Le rôle du Conseil de l'Europe doit rester celui de promouvoir les droits
de l'homme en Europe, notamment ceux des enfants, mais certainement pas
d'inciter les minorités à faire sécession ou de contester
l'autorité centrale d'une manière plus ou moins violente. Pour ma
part, je considère que la ratification de nouveaux instruments
juridiques n'est pas nécessaire à la protection des
minorités nationales. Les textes existants sont suffisants et le bilan
est plutôt positif, même si des améliorations doivent
être apportées dans certains pays.
Pour conclure, je m'interroge sur la pertinence de l'adoption de textes par le
Comité des Ministres, que les gouvernements ne ratifient pas par la
suite. C'est une étrange conception de leur rôle au Conseil de
l'Europe. S'il s'agit de se donner bonne conscience, ils feraient mieux
d'intervenir politiquement auprès de pays récemment admis, qui
ont d'énormes progrès à faire sur la protection des
minorités nationales et, pourquoi pas, auprès de certains
invités spéciaux au Conseil de l'Europe. "
La recommandation 1345, figurant dans le rapport 7899, amendée, est
adoptée à l'unanimité.
16. Activités de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en 1997 - Interventions de MM. Jean BRIANE, député (UDF) et Jean VALLEIX, député (RPR) (Jeudi 25 septembre)
Lors du
débat sur le rapport annuel de l'OCDE, les gouvernements membres de
l'Organisation seront appelés à agir pour combattre le
chômage et à mettre en oeuvre des plans visant à
réduire le nombre toujours élevé de sans-emploi parmi les
jeunes et les plus défavorisés.
Le rapport de l'OCDE recommande de prendre des mesures d'incitation à la
création d'emplois, d'investir dans l'éducation,
d'améliorer les qualifications et la réinsertion sociale, et de
mettre en place des réformes visant à dynamiser les
marchés du travail. Il conseille aux Etats membres de partager leurs
expériences pour tenter de trouver un moyen terme entre la politique des
pays qui ont stoppé le chômage au prix d'une réduction de
la protection et de la cohésion sociales, et celle des nations dont la
protection sociale a été sauvegardée, mais qui conservent
un fort taux de chômage et une croissance faible.
Le rapport établit la croissance économique des pays de l'OCDE
à 3 % en 1997, contre 2,6 % en 1996, et la situe à
2,7 % pour 1998. Il relève des taux de croissance impressionnants
en Amérique latine, en Asie du sud-est (y compris en Chine) et dans
certaines régions d'Europe centrale et orientale. Il salue le
renforcement de la coopération entre l'OCDE et la Russie, exprimant le
voeu que ses réformes internes ouvriront à celle-ci les portes de
l'Organisation.
Le secrétaire général de l'OCDE, Donald Johnston, prendra
la parole à l'occasion du débat. Des parlementaires de
quarante-huit pays y assisteront.
M. Jean BRIANE, député (UDF),
porte-parole de la
commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des
pouvoirs locaux, intervient alors :
" Bien qu'il ait été décidé de concentrer le
débat de cette année sur des thèmes précis repris
par le rapporteur, que je félicite pour la qualité de son rapport
- celui-ci nous donne une vision exhaustive et claire des problèmes que
traverse l'économie mondiale - les commissions, qui, les années
précédentes, se livraient au même exercice dans les limites
de leur mandat, ont souhaité néanmoins pouvoir apporter leur
contribution.
En ma qualité de président de la commission de l'environnement,
je me réjouis de pouvoir intervenir pour réitérer
l'intérêt et l'importance que notre commission porte aux
activités de l'OCDE en matière d'environnement.
C'est en effet à l'OCDE que nous devons la définition des grands
principes que l'on considère désormais comme les principes
fondamentaux de toute politique de l'environnement : l'intégration
des préoccupations environnementales dans les politiques sectorielles,
les politiques intégrées - que ce soit de l'environnement ou des
ressources, comme l'eau - ou le principe de pollueur-payeur, pour n'en citer
que quelques-uns.
Rappeler ces acquis fondamentaux dans toute politique de l'environnement suffit
pour montrer la portée des travaux de l'OCDE en cette matière,
travaux qui prennent toute leur importance face à la globalisation de
l'économie.
En effet, cette globalisation est désormais une réalité et
elle exige des mesures adéquates, d'une part, pour éviter le
dumping social et écologique, d'autre part, pour
" internaliser " les coûts environnementaux, voie
obligée pour assumer de la façon la plus équitable les
charges qu'entraîne l'utilisation des ressources.
Dans ce contexte, on ne peut qu'encourager l'OCDE à poursuivre ses
travaux dans des domaines tels que l'environnement et le commerce, les
standards de production et de consommation voire les problèmes de la
globalisation économique et environnementale. Cependant le budget de
l'OCDE, comme celui de plusieurs organisations internationales, est
malheureusement à la baisse. Les pays membres se trouvent donc dans
l'obligation de devoir opérer des choix et établir des
priorités.
Permettez-moi, Monsieur le Secrétaire général, de saluer
votre initiative. A l'occasion de cette politique d'austérité,
vous avez recentré les activités de l'organisation, de
façon que les ressources - déjà peu importantes - soient
utilisées au mieux. Mais cette tâche est ardue, voire dangereuse
lorsque l'obligation de restriction budgétaire coïncide avec le
constat d'une dégradation de l'environnement. Cela nous imposerait
plutôt de concentrer notre volonté politique, notre énergie
et nos moyens financiers sur la protection et la gestion des ressources.
Dans ce contexte difficile, on ne peut que se féliciter de votre choix,
la mise en place d'un comité de haut niveau, chargé de faire des
propositions, avant la fin de l'année, afin de connaître les
priorités à retenir en ce qui concerne les activités de
l'organisation dans ce domaine. Nous ne pouvons que souhaiter, comme vous, que
cela permette de concentrer les moyens sur les priorités les plus
élevées et de garder haut le profil de l'organisation en
matière de protection de l'environnement.
Depuis l'élargissement de l'Union européenne et la prise en
compte, par les organisations internationales, des problèmes de
l'environnement des pays d'Europe centrale et orientale, dans le cadre des
conférences ministérielles paneuropéennes - la prochaine
se tiendra au Danemark en mai 1998 - la contribution de l'OCDE a
été très appréciée, en raison de sa prise en
charge des travaux portant sur le programme de coopération avec ces
pays. Il est donc difficile de ne pas déplorer la baisse
d'activité envisagée dans le programme du Centre de
coopération avec les économies en transition. Celle-ci est
compensée par les processus d'adhésion de certains de ces pays,
néanmoins il s'agit d'un signal inquiétant.
Il est important que l'OCDE garde son rôle dans le domaine de la
coopération en matière de développement durable. Pour ce
faire, il est également essentiel d'explorer les possibilités
concrètes, d'optimaliser les travaux des uns et des autres. Cela peut se
faire - à l'instar de l'action que vous avez engagée - non
seulement au stade de l'organisation elle-même, mais aussi, et cela n'est
pas négligeable, en veillant à la bonne coordination entre les
différentes organisations oeuvrant dans le domaine de l'environnement et
en renforçant cette coopération.
A ce propos, permettez-moi de terminer avec un exemple et une proposition. La
commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des
pouvoirs locaux de l'Assemblée parlementaire a décidé de
préparer un rapport sur l'état de l'environnement en Russie. Son
but ne sera pas de passer en revue tous les problèmes de l'environnement
de ce pays mais plutôt de sélectionner les sujets et d'identifier
les problèmes pour lesquels le Conseil de l'Europe, à ses
différents niveaux d'intervention, peut apporter une contribution
à la recherche de solutions.
Or, nous savons que la Commission économique pour l'Europe, des Nations
Unies, prépare un rapport sur cette même question dans le cadre de
son programme permanent d'activités. Pour sa part, l'OCDE envisage
également de préparer un tel rapport, et ce, dans le processus
d'adhésion de la Russie.
Ces trois initiatives ne sont évidemment pas identiques, mais elles
pourraient devenir parfaitement complémentaires si une concertation
entre les trois instances pouvait être organisée.
L'Assemblée parlementaire pourrait offrir l'opportunité d'un
débat qui pourrait déboucher sur des propositions
concrètes correspondant aux spécificités de chacune des
organisations.
En conclusion, j'insisterai sur la nécessité pour l'OCDE de
continuer à oeuvrer dans le domaine du développement durable, y
compris, par exemple, dans celui du développement spatial auquel le
Conseil de l'Europe est aussi très attaché. Coopération et
concertation doivent se développer entre partenaires habituels ou
potentiels, afin d'optimaliser le plus possible les investissements en
ressources humaines et financières consacrés à
l'environnement dans une perspective de développement durable. "
M. Jean VALLEIX, député (RPR),
prend à son tour la
parole en ces termes :
" Monsieur le Secrétaire général, vous avez fait ce
matin un exposé fort intéressant. Pour cette deuxième
communication, nous prenons acte avec confiance de la volonté de
renouveau que vous avez manifestée dans les actions de l'OCDE. Cette
rencontre est pour nous toujours très importante, en raison de la
compétence de votre institution et parce qu'elle est l'unique occasion
que nous ayons de dialoguer mutuellement vous, institution
intergouvernementale, et nous-mêmes parlementaires. Cette tradition reste
pourtant encore assez originale, même si nous avons pu l'étendre
grâce à cette pratique en direction de la BERD.
Ce rendez-vous est moderne et tout à fait d'actualité. Ce que
vous évoquiez ce matin, en nous rappelant la mise en oeuvre de ce
comité de haut niveau, est tout à fait conforme à
l'évolution de notre époque, compte tenu de vos
difficultés, financières, face au développement de vos
missions et également à la restriction de vos moyens. Il y a
là une volonté de choix, une volonté de déterminer
des priorités, tout à fait importante et responsable. Par
conséquent, nous serons intéressés à
connaître les résultats de vos travaux.
S'agissant des moyens, nous regrettons qu'ils ne suivent pas toujours car des
contributions tardent à être versées. Certaines sont
importantes. Je suis désolé de citer à cet égard,
nos amis des Etats-Unis.
Je voudrais également, après avoir écouté Mme
Lalonde avec énormément d'attention tout à l'heure, non
seulement en raison de son excellent français mais aussi compte tenu de
la qualité de son intervention, dire combien nous apprécions la
participation de nos partenaires d'outre-mer. Nous nous réjouissons
aujourd'hui de la présence du Mexique, du Brésil, regrettant,
là également, que nos amis américains ne soient pas plus
participants.
Monsieur le Président, mes chers Collègues, je voudrais exprimer
mes compliments au rapporteur, à son équipe et à la
commission pour leur excellent travail, ainsi que pour une présentation
originale. Cette sélection de sujets est une bonne méthode pour
pousser plus loin nos investigations.
Je souligne également la compétence des commissions qui donnent
un avis. J'ai été intéressé ce matin par
l'intervention de notre collègue M. Jean Briane sur tous les
problèmes d'environnement et de développement durable.
Je tiens également à marquer combien ce débat nous
rapproche, parfois au-delà des cloisonnements politiques. En tant que
gaulliste français, j'ai été très
intéressé de suivre les interventions tant du rapporteur d'abord,
lui-même socialiste autrichien, que de M. Elo, au nom du groupe
socialiste, relevant les différences entre structures et orientations
politiques de nos pays, le socialisme français étant en cela
assez original.
Tout cela pour souligner deux points particuliers.
D'abord celui du commerce électronique. A cet égard, je voudrais
insister sur l'importance du débat engagé. L'affaire est
" partie ", comme on dit. Les travaux que nous avons tenus à
Neufchâtel ont été très éclairants à
ce sujet. Il y a d'abord un aspect technique, technologique finalement
irréversible, mais qui sera de plus en plus difficile à
maîtriser. Il y aussi un aspect purement humain qu'il ne faut pas
oublier : celui de l'emploi.
Dans ce domaine, nous avons un précédent au Conseil de l'Europe
puisque nous nous étions beaucoup penchés sur ce domaine des
techniques informatiques. A l'époque, on disait notamment
" traitement de textes ". Voilà quinze ou vingt ans de
ça, le Conseil de l'Europe prédisait déjà les
difficultés de cette progression technique et technologique en termes
d'emploi. Des bouleversements considérables vont apparaître. Il
faut essayer de les maîtriser. Ce sont sans doute là les
problèmes les plus difficiles et ils vont montrer combien la
mondialisation est un sujet d'actualité.
Ensuite, et là je vais me borner à reprendre, très
directement le rapport, je demanderai : faut-il réduire
considérablement le chômage et parvenir ainsi à une
croissance plus rapide au prix du recul de la protection sociale de certains
groupes vulnérables ? Ou bien peut-on parvenir à un fort
degré de cohésion sociale mais au prix d'un surcroît de
chômage et d'un ralentissement de la croissance ?
La question posée par notre rapporteur, " L'homme doit-il exister
pour le marché ou le marché pour l'homme ? " me
rappelle singulièrement un Français. Le personnage est connu. Je
pense surtout au général de Gaulle qui parlait de la querelle de
l'homme.
En cette affaire, nous sommes dans le débat modèle rhénan,
modèle anglo-saxon. Chaque pays a son histoire, chaque pays a ses
pratiques et par conséquent aucun n'est tout à fait comparable
à l'autre. Il reste qu'il faut tendre vers une certaine harmonisation et
que la paix et l'équilibre du monde reposent aussi sur cette approche
commune.
Puis-je à cet égard, Français que je suis, voir arriver
l'euro avec un optimisme, dès lors que nous aurions 12 ou 13 % de
chômage ? Il y a là une conception à infléchir
selon que nous sommes dans un état de libéralisme plus productif
ou dans un état social plus avancé, mais avec une production
moins grande. Il y a là des efforts à faire sur lesquels il est
bon, monsieur le Secrétaire général, que vous puissiez
continuer à nous éclairer.
Ces méditations doivent être poursuivies au niveau de l'Europe
dans son ensemble, mais il ne faut pas oublier non plus la notion
" Nord-Sud ". Je me permets de le rappeler. Je souhaite donc que dans
les temps qui viennent, monsieur le Secrétaire général,
vous puissiez toujours nous aider à cheminer davantage en direction
d'une économie plus humaine ou finalement liberté et
solidarité s'équilibreront mieux. C'est le pari aussi du Conseil
de l'Europe. Au-delà de la notion de droits de l'homme, vous le
rappeliez, Mme Lalonde, il y a aussi la notion de civilisation et de culture.
Après l'intervention de M. Donald J. JOHNSTON, Secrétaire
général de l'OCDE, et au terme du débat qui a suivi,
la
résolution 1134, contenue dans le rapport 7877, est adoptée
à l'unanimité.
17. Implications pour l'Europe et pour le monde du Cuban Liberty and Democratic Solidarity Act (dite " loi Helms-Burton ") voté par le Congrès des Etats-Unis (Jeudi 25 septembre)
Le
rapport demande l'abrogation, ou une modification substantielle, de la Cuban
Liberty and Democratic Solidarity Act (LDC), plus connue sous le nom
" Helms-Burton " qui prévoit des poursuites judiciaires
à l'encontre de toute entreprise exploitant des biens américains
nationalisés après la Révolution cubaine de 1959.
Le rapport critique tout particulièrement la manière dont cette
loi pénalise les citoyens d'autres pays en permettant de refuser des
visas aux cadres de sociétés étrangères ayant des
liens avec des biens nationalisés et à leur famille. Le projet de
résolution demande qu'à tout le moins, les dispositions à
caractère extra-territorial de la loi soient abrogées.
Depuis la révolution, les Etats-Unis ont imposé un embargo strict
sur les échanges commerciaux avec Cuba et les investissements
étrangers dans l'île. Les préoccupations concernant la
sécurité américaine et la crainte d'une propagation du
communisme ont, selon le rapport, déclenché un processus
d'asphyxie de l'économie cubaine et un ostracisme politique à
l'égard de Cuba. La LDC a été signée par le
Président Clinton en mars 1996 après que l'aviation cubaine ait
abattu deux avions civils.
Le rapporteur estime que la LDC entrave le développement
économique de Cuba et nuit aux effort déployés par la
communauté internationale pour s'assurer que Cuba continue à
progresser dans la voie de la démocratie, du respect des droits de
l'homme et de la prééminence du droit.
La résolution 1135, contenue dans le rapport 7881, amendée,
est adoptée.
18. Partenariat européen des parlements nationaux au sein de l'Assemblée parlementaire (Jeudi 26 septembre)
Le
rapport met l'accent sur les efforts que déploie l'Assemblée pour
travailler avec les parlements nationaux afin de s'assurer, d'une part, de la
pertinence des travaux du Conseil de l'Europe par rapport aux situations
nationales et, de l'autre, que les gouvernements donnent suite à ses
résolutions et à ses propositions.
Bien que des progrès aient déjà été
accomplis, le rapport souligne la nécessité d'aller plus loin
encore et demande instamment aux délégations nationales :
- de présenter les résolutions et les recommandations de
l'Assemblée aux commissions parlementaires nationales
compétentes ;
- d'adresser régulièrement aux gouvernements des questions
orales ou écrites sur les suites données aux travaux du Conseil
de l'Europe ;
- d'élaborer toute proposition de loi qui pourrait être
jugée nécessaire pour accélérer la signature ou la
ratification des conventions du Conseil de l'Europe ;
- de promouvoir un débat en séance plénière
sur les rapports relatifs aux activités du Conseil de l'Europe.
La résolution 1136, figurant dans le rapport 7903, est adoptée
après amendement.
La proposition de directive figurant dans le rapport 7925 n'est pas
adoptée.
19. Création d'une commission sur l'égalité des chances pour les femmes et les hommes - Interventions de MM. Bernard SCHREINER, député (RPR) rapporteur pour avis, Daniel HOEFFEL, sénateur (UC), et de Mme Yvette ROUDY, députée (Soc) (Jeudi 26 septembre)
Une
démocratie véritable est impossible sans l'égalité.
C'est ce qu'affirme l'auteur du rapport, qui préconise donc la
constitution d'une commission permanente chargée de
l'égalité des chances pour les hommes et les femmes.
Cette commission, composée de 45 membres, remplacerait l'actuelle
commission
ad hoc
du Bureau de l'Assemblée, créée
en 1993.
Elle aurait notamment pour mission :
- de réfléchir aux questions touchant à
l'égalité des chances et de faire des propositions d'action
à l'Assemblée ;
- de contrôler le respect des engagements pris par les Etats dans ce
domaine ;
- de promouvoir l'égalité des chances par le biais de
séminaires, de conférences et d'auditions parlementaires ;
- d'encourager la coopération entre les instances parlementaires
des Etats membres du Conseil de l'Europe ;
- d'examiner la situation en matière d'égalité des
chances au sein du Secrétariat du Conseil de l'Europe.
M. Bernard SCHREINER, député (RPR),
rapporteur pour avis
de la commission du budget et du programme de travail intergouvernemental,
formule les observations suivantes :
" Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs, je remercie et je
félicite Mme Pulgar pour son rapport concernant la création
d'une commission sur l'égalité des chances pour les femmes et les
hommes ainsi que Mme Lentz-Cornette pour son excellente
présentation.
Je tiens à préciser que l'avis de la commission du budget et du
programme de travail intergouvernemental portera sur les implications
budgétaires d'une telle création pour l'Assemblée et non
sur son opportunité car il s'agit, en définitive, d'une
décision politique. Cela étant, une large majorité des
membres de la commission saisie pour avis s'est exprimée favorablement.
Il s'agit en effet d'un enjeu important pour le Conseil de l'Europe.
Le rapport qui vous est soumis le décrit bien, l'incidence
financière d'une commission supplémentaire
s'élèverait à environ 900 000 francs français.
Cette somme a été calculée sur la base de la tenue
théorique de deux réunions en dehors de Paris et de
Strasbourg ; celle-ci pourrait donc être largement
dépassée dans la pratique. La somme n'est pas exorbitante mais
elle est toutefois importante compte tenu des ressources dont nous disposons et
de l'austérité budgétaire appliquée par les
gouvernements de nos Etats membres.
La commission du budget a donc examiné plusieurs solutions.
Premièrement, l'Assemblée pourrait demander un crédit
supplémentaire de l'ordre de 900 000 francs français pour 1998.
Cette solution présente toutefois un inconvénient ; elle
suppose que l'on ouvre à nouveau la discussion sur le montant du budget
alloué à l'Assemblée pour le prochain exercice
budgétaire alors que la procédure d'élaboration est sur le
point d'être finalisée.
Deuxièmement, l'Assemblée pourrait demander à la nouvelle
commission de ne se réunir que lors des sessions plénières
à Strasbourg, ne serait-ce que la première année. Cela
éviterait des frais supplémentaires liés aux missions des
agents du secrétariat et au travail d'interprétation ;
cependant, cela aurait pour inconvénient de limiter les activités
de la commission et de lui imposer d'établir des priorités.
Troisièmement, l'Assemblée pourrait également demander
à d'autres commissions de ne se réunir que lors des sessions
plénières à Strasbourg. Cela entraînerait les
mêmes inconvénients en ce qui concerne la limitation des
activités et les priorités à établir mais de toute
façon il y a des économies à faire en la matière.
Quatrièmement, l'Assemblée pourrait décider de demander un
regroupement obligatoire des réunions à Paris et à
Strasbourg. Cette solution permettrait également de faire des
économies importantes pour les dépenses de secrétariat et,
surtout, en ce qui concerne les frais d'interprétation.
Cinquièmement, compte tenu de l'avancement de la procédure
budgétaire, l'Assemblée pourrait décider, comme mesure
transitoire, de maintenir le statu quo en 1998 en renouvelant le mandat de la
commission ad hoc sur l'égalité des sexes et prendre une
décision finale sur la mise en oeuvre de la création d'une
nouvelle commission l'année prochaine.
Sixièmement la commission du budget, comme celle du Règlement, a
évoqué la possibilité que l'Assemblée propose de
faire de cette commission une sous-commission de la commission des questions
juridiques et des droits de l'homme.
Enfin, l'Assemblée pourrait décider de supprimer une commission.
Cela a été déjà évoqué par la
commission du Règlement et une solution en ce sens a été
adoptée par l'Assemblée en janvier 1997, au moment de la
création de la commission du suivi, avec la suppression de la commission
des relations avec les pays européens non membres. A cet égard,
je précise que la commission du budget, ne disposant pas des
éléments d'appréciation nécessaires, n'a pas voulu
choisir la commission à supprimer.
Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs, je viens d'exposer
brièvement l'analyse faite par la commission du budget et du programme
de travail intergouvernemental sur les incidences et les solutions
budgétaires à envisager. Il vous appartient maintenant d'en
débattre et de décider de l'opportunité d'une telle
création. "
M. Daniel HOEFFEL, sénateur (UC),
intervient en ces termes :
" Madame la Présidente, mes chers Collègues, notre groupe
tient à exprimer ses remerciements à Mme Pulgar, pour son
excellent rapport, et à Mme Lentz-Cornette, qui s'en est fait
l'avocat convaincant. Je dirai d'emblée que nous approuvons les
conclusions qui ont été présentées.
Notre groupe, en effet, est attaché à l'égalité des
chances et nous devons rechercher la manière la plus efficace d'y
parvenir. Il en existe plusieurs.
L'une consiste à se contenter de la structure actuelle qui,
manifestement, a montré ses limites.
Une autre solution consiste à demander à toutes les commissions
de mieux intégrer cette recherche de l'égalité des chances
dans leur action. Mais nous risquons, là encore, de passer à
côté de la solution efficace.
Une autre, enfin, consiste à créer une nouvelle commission
permanente. C'est la solution proposée par la commission. Nous
l'approuvons totalement.
Reste à trouver les moyens matériels permettant à cette
commission de fonctionner dans les meilleures conditions.
Manifestement, c'est par le redéploiement des moyens budgétaires
existants que nous devons y parvenir, car nous ne saurions approuver une
solution condamnant l'existence de telle ou telle commission, en particulier la
commission des relations parlementaires et publiques, dont l'expérience,
la crédibilité et l'utilité ne sont plus à
démontrer.
Il faut donc parvenir à ce résultat par redéploiement
budgétaire. Ce n'est pas une tâche facile. Nous faisons confiance
à la commission du budget et du programme de travail
intergouvernemental. Puisse, dans l'avenir, l'Assemblée parlementaire
jouir d'un maximum de liberté d'action dans la définition et dans
l'élaboration de son propre budget.
La cause de l'égalité des chances pour les hommes et les femmes
est une cause importante. C'est une cause noble. Nous adhérons donc sans
réserve à la proposition qui nous est présentée.
Madame la Présidente, permettez-moi de terminer par une remarque qui se
situe en dehors de ce cadre, mais qui concerne les femmes.
Le Conseil de l'Europe a souvent su être, dans le passé, à
l'écoute des femmes. L'an dernier, nous avons écouté avec
émotion l'appel à la paix lancé ici même par les
femmes d'Algérie. Des événements dramatiques ne cessent de
remettre en cause cette difficile recherche. Puissions-nous, Conseil de
l'Europe, ne pas rester insensibles à l'appel qu'elles nous ont
lancé ! Puisse le Conseil de l'Europe relayer cet appel
émouvant et faire en sorte que le recours à la violence soit
définitivement banni ! "
Mme Yvette ROUDY, députée (Soc),
prend la parole à
son tour :
" Madame la Présidente, mes chers Collègues, c'est la
première fois que je prends la parole dans cet hémicycle puisque
je suis parmi vous seulement depuis cette semaine.
Je commencerai en vous rappelant, Madame la Présidente, que
le 8 mars 1996 vous aviez eu l'occasion de déclarer que la
création d'une commission de l'Assemblée parlementaire
chargée de l'égalité permettrait d'aborder
sérieusement ces questions. Vous espériez qu'elle interviendrait
rapidement et vous aviez raison, Madame la Présidente.
Pourquoi aviez-vous raison ? Parce que ces problèmes, pour l'heure,
sont dispersés, éclatés, mêlés aux autres
questions. Ils sont transversaux. On les trouve partout, dans les questions
sociales, dans les questions de santé, d'emploi, de culture, de justice,
de droits civiques. On peut estimer que c'est bien puisqu'ils concernent tous
ces domaines. Oui, bien sûr mais la conséquence, c'est qu'ils sont
dilués et qu'ils ont donc une certaine invisibilité. C'est la
dissolution qui crée l'invisibilité, voilà le
problème. Car lorsqu'ils sont invisibles, il est facile de les nier.
Nous savons que ce qui n'est pas nommé, ce qui n'est pas visible,
n'existe pas vraiment.
Regrouper ces problèmes dans une commission leur donnerait une
visibilité, une identification, une reconnaissance, car ils sont
spécifiques. Ils concernent la moitié de l'humanité et
méritent d'être traités avec dignité.
Je parlerai, pour ce qui me concerne, de droits, de droits de la personne. Pas
de protection, Monsieur Zhebrovski ! Nous n'avons pas besoin de votre
protection ! Nous voulons qu'on reconnaisse nos droits, des droits de
personnes à part entière. Nous sommes la moitié de
l'humanité, vous êtes l'autre. Nous devons gérer toutes les
questions concernant les sociétés, les pays, ensemble, à
part égale et, certainement et surtout, pour ce qui est des
décisions importantes, des décisions graves : la paix, la
guerre, les grandes décisions financières. Nous avons droit
à la parole. Nous sommes des êtres humains à part
entière.
Je suis étonnée que l'on puisse faire état de " frais
de fonctionnement ", étonnée que l'on puisse soumettre cette
question à des questions de frais. De quoi parlons-nous ? Nous
parlons d'inégalités flagrantes, de violences spécifiques,
nous parlons d'oppressions qui dévalorisent, oppriment, humilient - on a
parlé récemment du cas tragique des algériennes.
Quel est le poids de l'argument relatif aux frais de fonctionnement au regard
du signe fort, lisible, que va signifier, je l'espère, notre
décision dans divers pays et je dirai même au-delà, dans le
monde entier ? Ne sous-estimons pas le retentissement de cette
décision. Le Conseil de l'Europe bénéficie d'une forte
autorité morale. Les signes que nous donnons seront entendus.
Pour conclure, je soumettrai à M. Zhebrovsky, cette réflexion qui
n'est pas la mienne, mais celle de grands hommes politiques dans le
monde : " Lorsque l'on veut mesurer le degré de
démocratie et de développement humain d'un pays, le meilleur
critère est de regarder le degré d'avancement des droits des
femmes ". Méditons cette réflexion. "
M. Bernard SCHREINER, député (RPR),
rapporteur de la
commission du budget et du programme de travail intergouvernemental, reprend la
parole pour répondre aux orateurs en ces termes :
" Madame la Présidente, mes chers Collègues, j'ai suivi le
débat avec beaucoup d'attention. Mon intervention sera très
brève, puisqu'elle ne portera pas sur l'opportunité, mais sur les
moyens budgétaires.
Certes, il est possible de trouver le million de francs nécessaire,
mais, de même que de nombreux orateurs, je considère qu'il s'agit
de faire un effort ensemble, afin qu'il y ait également, dans la
recherche d'une solution budgétaire, une égalité et une
solidarité entre toutes les commissions. Naturellement, la commission du
budget et du programme de travail intergouvernemental se doit d'examiner ces
questions peut-être bassement matérielles, mais j'ai
été très sensible au fait que notre avis ait
été entendu et qu'il en soit tenu compte. "
A la suite d'une demande de vérification du quorum au moment du vote, il
s'est avéré que
le quorum n'était pas réuni. Le
vote sur ce point de l'ordre du jour a été ajourné et
renvoyé à une partie de session ultérieure.
20. Education aux droits de l'homme (Vendredi 26 septembre)
Le
rapporteur rappelle que la Convention européenne des droits de l'homme a
été adoptée par les Etats membres du Conseil de l'Europe
il y a presque 50 ans. Toutefois, des problèmes ayant trait aux
droits de l'homme existent toujours en Europe.
L'Assemblée souligne que l'ignorance est la base de ces problèmes
et recommande par conséquent qu'une plus grande priorité soit
accordée à l'éducation aux droits de l'homme.
La recommandation 1346 contenue dans le rapport 7887 est adoptée
à l'unanimité.
VI. LE DEUXIÈME SOMMET DES CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT DES ETATS MEMBRES DU CONSEIL DE L'EUROPE (STRASBOURG - 10 et 11 octobre 1997)
A la
suite du rapport de
M. Jean SEITLINGER, député (UDF),
proposant la tenue d'un deuxième sommet des Chefs d'Etat et de
gouvernement des Etats membres du Conseil de l'Europe, ce Sommet s'est tenu
à Strasbourg les 10 et 11 octobre 1997.
Ouvert par une allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la
République française, qui présidait ce deuxième
Sommet, et clos par une allocution de M. Lionel JOSPIN, Premier ministre, cet
événement a réuni les participants suivants :
ALBANIE
M. Rexhep MEIDANI, Président de la République
M. Paskal MILO, Ministre des Affaires Etrangères Andorre
M. Marc FORNÉ MOLNÉ, Chef du Gouvernement
M. Albert PINTAT SANTOLARIA, Ministre des Relations Extérieures
AUTRICHE
M. Thomas KLESTIL, Président Fédéral
Mme Benita FERRERO-WALDNER, Secrétaire d'Etat aux Affaires
Etrangères
BELGIQUE
M. Jean-Luc DEHAENE, Premier Ministre
M. Erik DERYCKE, Ministre des Affaires Etrangères
BULGARIE
M. Petar STOYANOV, Président de la République
Mme Nadejda MIHAYLOVA, Ministre des Affaires Etrangères
CROATIE
M. Franjo TUDJMAN, Président de la République
M. Mate GRANIC, Ministre des Affaires Etrangères et Vice-Premier
Ministre
CHYPRE
M. Glafcos CLERIDES, Président de la République
M. Ioannis KASOULIDES, Ministre des Affaires Etrangères
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
M. Václav HAVEL, Président de la République
M. Cyril SVOBODA, Vice-Ministre des Affaires Etrangères
DANEMARK
M. Poul NYRUP RASMUSSEN, Premier Ministre
M. Niels HELVEG PETERSEN, Ministre des Affaires Etrangères
ESTONIE
M. Lennart MERI, Président de la République
FINLANDE
M. Martti AHTISAARI, Président de la République
Mme Tarja HALONEN, Ministre des Affaires Etrangères
FRANCE
M. Jacques CHIRAC, Président de la République
M. Lionel JOSPIN, Premier Ministre
ALLEMAGNE
M. Helmut KOHL, Chancelier Fédéral
M. Helmut SCHÄFER, Ministre d'Etat aux Affaires Etrangères
GRÈCE
M. Constantinos STEPHANOPOULOS, Président de la République
M. Giorgos PAPANDREOU, Ministre suppléant aux Affaires Etrangères
HONGRIE
M. Gyula HORN, Premier Ministre
M. László KOVÁCS, Ministre des Affaires Etrangères
ISLANDE
M. David ODDSSON, Premier Ministre
IRLANDE
M. Bertie AHERN, Premier Ministre
Mme. Liz O'DONNELL, Ministre d'Etat au Ministère des Affaires
Etrangères
ITALIE
M. Romano PRODI, Président du Conseil des Ministres
M. Piero Franco FASSINO, Secrétaire d'Etat aux Affaires
Etrangères
LETTONIE
M. Guntis ULMANIS, Président de la République
M. Valdis BIRKAVS, Ministre des Affaires Etrangères
LIECHTENSTEIN
M. Mario FRICK, Chef du Gouvernement
Mme Andrea WILLI, Ministre des Affaires Etrangères
LITUANIE
M. Algirdas BRAZAUSKAS, Président de la République
M. Algirdas SAUDARGAS, Ministre des Affaires Etrangères
LUXEMBOURG
M. Jean-Claude JUNCKER, Premier Ministre
M. Jacques POOS, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires
Etrangères
MALTE
M. Alfred SANT, Premier Ministre
M. George W. VELLA, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires
Etrangères et de l'Environnement
MOLDOVA
M. Petru LUCINSCHI, Président de la République
M. Nicolae TABACARU, Ministre des Affaires Etrangères
PAYS-BAS
M. Wim KOK, Premier Ministre
M. Hans VAN MIERLO, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires
Etrangères
NORVÈGE
M. Thorbjørn JAGLAND, Premier Ministre
M. Bjørn Tore GODAL, Ministre des Affaires Etrangères
POLOGNE
M. Aleksander KWASNIEWSKI, Président de la République
M. Dariusz ROSATI, Ministre des Affaires Etrangères
PORTUGAL
M. António GUTERRES, Premier Ministre
M. Jaime GAMA, Ministre des Affaires Etrangères
M. Francisco SEIXAS DA COSTA, Secrétaire d'Etat aux Affaires
Européennes
ROUMANIE
M. Emil CONSTANTINESCU, Président de la République
M. Adrian SEVERIN, Ministre d'Etat et Ministre des Affaires Etrangères
FÉDÉRATION DE RUSSIE
M. Boris ELTSINE, Président de la Fédération
M. Yevgeni PRIMAKOV, Ministre des Affaires Etrangères
SAINT-MARIN
M. Luigi MAZZA, Capitaine Régent
M. Marino ZANOTTI, Capitaine Régent
M. Gabriele GATTI, Ministre des Affaires Etrangères et Politiques
SLOVAQUIE
M. Michal KOVÁC, Président de la République
SLOVÉNIE
M. Janez DRNOVEK, Premier Ministre
M. Boris FRLEC, Ministre des Affaires Etrangères
ESPAGNE
M. José Maria AZNAR LÓPEZ, Président du Gouvernement
M. Ramon DE MIGUEL, Secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes
SUÈDE
M. Göran PERSSON, Premier Ministre
M. Jan ELIASSON, Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères
SUISSE
M. Arnold KOLLER, Président de la Confédération suisse et
Chef du Département Fédéral de Justice et Police
M. Flavio COTTI, Vice-Président de la Confédération suisse
et Chef du Département Fédéral des Affaires
Etrangères
" L'ex-République yougoslave de Macédoine "
M. Kiro GLIGOROV, Président de la République
M. Blagoj HANDZISKI, Ministre des Affaires Etrangères
TURQUIE
M. Mesut YILMAZ, Premier Ministre
M. Ismail CEM, Ministre des Affaires Etrangères
UKRAINE
M. Leonid KOUTCHMA, Président de la République
M. Anton BUTEYKO, Premier Vice-Ministre des Affaires Etrangères
ROYAUME-UNI
M. Tony BLAIR, Premier Ministre
M. Tony LLOYD, Ministre d'Etat aux Affaires Etrangères et du
Commonwealth
INVITÉS SPÉCIAUX
:
ARMÉNIE
M. Lévon TER-PETROSSIAN, Président de la République
M. Alexandre ARZOUMANIAN, Ministre des Affaires Etrangères
AZERBAÏDJAN
M. Heydar ALIEV, Président de la République
M. Hassan HASSANOV, Ministre des Affaires Etrangères
BOSNIE ET HERZÉGOVINE
M. Alija IZETBEGOVIC, Président de la République
GÉORGIE
M. Edouard CHEVARDNADZE, Président de la République
M. Irakli MENAGARICHVILI, Ministre des Affaires Etrangères
OBSERVATEURS
:
SAINT-SIÈGE
Monseigneur Jean-Louis TAURAN, Secrétaire pour les Relations avec les
Etats
CANADA
M. Richard THOMPSON, Sous-Ministre délégué, Secteur des
activités juridiques, Département de la Justice
- Communication écrite du Gouvernement du Canada
JAPON
M. Koichiro MATSUURA, Ambassadeur en France
- Message de Son Excellence M. Ryutaro HASHIMOTO, Premier Ministre du Japon
ETATS UNIS D'AMÉRIQUE
M. John H.F. SHATTUCK, Secrétaire d'Etat pour la Démocratie, les
Droits de l'Homme et le Travail
- Lettre du Président Bill CLINTON à M. Jacques CHIRAC,
Président de la République française
Secrétaire Général du Conseil de l'Europe
M. Daniel TARSCHYS
Commission européenne
M. Jacques SANTER, Président
M. Hans van den BROEK, Membre de la Commission Président en exercice de
l'OSCE
M. Niels HELVEG PETERSEN, Ministre des Affaires Etrangères du Danemark
Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
Mme Leni FISCHER, Présidente
Cour européenne des Droits de l'Homme
M. Rolv RYSSDAL, Président
Commission européenne des Droits de l'Homme
M. Stefan TRECHSEL, Président
Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe
M. Claude HAEGI, Président
M. Josef HOFMANN, Président de la Chambre des Pouvoirs Locaux du CPLRE
M. Jean-Claude VAN CAUWENBERGHE, Président de la Chambre des
Régions du CPLRE
Fonds de développement social
M. Giorgio RATTI, Président du Conseil de Direction
M. Raphaël ALOMAR, Gouverneur
Commission européenne pour la démocratie par le droit
M. Antonio LA PERGOLA, Président
Commission de liaison avec les ONG
M. Pierre ARMAND, Président
Les deux documents ci-après ont été adoptés :
- la déclaration finale
- le plan d'action
DÉCLARATION FINALE
Nous,
Chefs d'Etat et de Gouvernement des Etats membres du Conseil de l'Europe,
réunis à Strasbourg les 10 et 11 octobre 1997 pour le
Deuxième Sommet de notre Organisation,
Convaincus que les profondes mutations en Europe et les grands défis
posés à nos sociétés requièrent une
coopération accrue entre toutes les démocraties
européennes, Encouragés par l'élargissement significatif
de notre Organisation, qui a créé les bases d'un espace plus
vaste de sécurité démocratique sur notre continent,
Ayant examiné les développements intervenus depuis notre Premier
Sommet tenu à Vienne en 1993, ainsi que la mise en oeuvre de nos
décisions prises alors au sujet de la création d'une Cour
européenne unique des Droits de l'Homme, de la protection des
minorités nationales et de la lutte contre le racisme, la
xénophobie, l'antisémitisme et l'intolérance,
Saluant les résultats obtenus par le Conseil de l'Europe pour
préparer les candidats à l'adhésion et assurer leur pleine
intégration dans la famille européenne élargie, et
soulignant la contribution de l'Assemblée parlementaire, ainsi que celle
du Congrès des Pouvoirs locaux et régionaux, au soutien de
l'évolution démocratique dans les Etats membres,
réaffirmons solennellement notre attachement aux principes fondamentaux
du Conseil de l'Europe - la démocratie pluraliste, le respect des droits
de l'homme, la prééminence du droit - ainsi que l'engagement de
nos gouvernements à se conformer pleinement aux exigences et aux
responsabilités qui découlent de l'appartenance à notre
Organisation, soulignons le rôle essentiel du Conseil de l'Europe dans la
création de normes en matière de droits de l'homme, ainsi que sa
contribution au développement du droit international à travers
les Conventions européennes, et marquons notre détermination
à ce que ces normes et conventions soient pleinement mises en oeuvre,
notamment par le renforcement des programmes de coopération pour la
consolidation de la démocratie en Europe, confirmons notre but de
réaliser une union plus étroite entre nos Etats membres en vue de
construire une société européenne plus libre, plus
tolérante et plus juste, fondée sur des valeurs communes, telles
que la liberté d'expression et d'information, la diversité
culturelle et l'égale dignité de tous les êtres humains,
décidons en conséquence de donner un nouvel élan aux
activités du Conseil de l'Europe qui ont pour but de soutenir les
efforts des Etats membres pour faire face aux changements de
société au seuil d'un nouveau siècle, donnons notre plein
appui au Conseil de l'Europe pour qu'il intensifie sa contribution à la
cohésion, la stabilité et la sécurité de l'Europe,
et nous félicitons du développement de sa coopération avec
les autres Organisations européennes et transatlantiques, en particulier
l'Union Européenne et l'Organisation pour la Sécurité et
la Coopération en Europe, et, sur cette base, déclarons ce qui
suit :
Convaincus que la promotion des droits de l'homme et le renforcement de la
démocratie pluraliste sont autant de contributions à la
stabilité de l'Europe :
Décidons de renforcer la protection des droits de l'homme en veillant
à ce que nos institutions soient en mesure d'assurer la défense
effective des droits des individus à l'échelle du continent,
appelons à l'abolition universelle de la peine de mort et insistons sur
le maintien, entre-temps, des moratoires existants sur les exécutions en
Europe, manifestons notre détermination à renforcer les moyens de
prévenir et de combattre la torture et les peines ou traitements
inhumains ou dégradants, appelons à l'intensification du combat
contre le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme et
l'intolérance,
Soulignons l'importance d'une représentation plus
équilibrée des hommes et des femmes dans tous les secteurs de la
société, y compris dans la vie politique, et appelons à la
continuation des progrès pour parvenir à une réelle
égalité des chances entre les hommes et les femmes,
Déclarons notre détermination à intensifier la
coopération en ce qui concerne la protection de toutes les personnes
appartenant à des minorités nationales,
Reconnaissons le rôle fondamental des institutions de la
démocratie locale dans la préservation de la stabilité en
Europe,
Nous engageons à continuer à soutenir activement
l'évolution démocratique dans tous les Etats membres et à
renforcer nos efforts pour promouvoir un espace de normes juridiques communes
en Europe ;
Reconnaissant que la cohésion sociale constitue une des exigences
primordiales de l'Europe élargie et que cet objectif doit être
poursuivi comme un complément indispensable de la promotion des droits
de l'homme et de la dignité humaine :
Décidons de promouvoir et de mettre pleinement en oeuvre les instruments
de référence et d'action que constituent notamment, pour les
Etats et les partenaires sociaux, la Charte Sociale Européenne, dans le
domaine juridique, et le Fonds de Développement Social, dans le domaine
financier,
Convenons de réexaminer nos législations sociales en vue de
lutter contre toute forme d'exclusion et d'assurer une meilleure protection des
plus faibles,
Soulignons l'importance d'une approche commune et équilibrée,
fondée sur la solidarité internationale, des questions relatives
aux réfugiés et demandeurs d'asile, et, à cet
égard, rappelons l'obligation pour l'Etat d'origine de réadmettre
ces personnes sur son territoire, conformément au droit international,
Rappelons la protection due aux victimes des conflits, ainsi que l'importance
du respect du droit international humanitaire et de la connaissance de ses
règles au plan national, en particulier au sein des forces armées
et de police,
Affirmons notre détermination à protéger les droits des
travailleurs migrants en situation régulière et à
faciliter leur intégration dans les sociétés où ils
vivent ;
Partageant les préoccupations des citoyens devant l'ampleur nouvelle des
menaces pesant sur leur sécurité et les dangers qu'elles font
courir a la démocratie :
Réaffirmons notre ferme condamnation du terrorisme et notre
détermination à utiliser pleinement les moyens existants pour
lutter contre toutes ses manifestations, dans le respect de la
légalité et des droits de l'homme,
Décidons de rechercher des réponses communes aux défis
posés par l'extension de la corruption, de la criminalité
organisée et du trafic de drogue à l'échelle du continent,
Décidons d'intensifier notre coopération en vue de renforcer la
protection juridique des enfants,
Affirmons notre détermination à combattre la violence contre les
femmes et toute forme d'exploitation sexuelle des femmes,
Appuyons l'action du Conseil de l'Europe et des autorités locales,
régionales et nationales, visant à améliorer la
qualité de la vie dans les zones défavorisées :
urbaines et industrialisées ;
Conscients de la dimension éducative et culturelle des principaux enjeux
de l'Europe de demain ainsi que du rôle essentiel de la culture et de
l'éducation dans le renforcement de la compréhension mutuelle et
de la confiance entre nos peuples :
Exprimons notre volonté de développer l'éducation à
la citoyenneté démocratique fondée sur les droits et
responsabilités des citoyens, et la participation des jeunes à la
société civile,
Réaffirmons l'importance que nous attachons à la protection du
patrimoine culturel et naturel européen et à la promotion de la
prise de conscience de ce patrimoine,
Nous engageons à rechercher des réponses communes au
développement des nouvelles technologies de l'information, sur la base
des normes et des valeurs du Conseil de l'Europe et en assurant un
équilibre adéquat entre le droit à l'information et le
respect de la vie privée,
Reconnaissons le rôle du sport comme moyen de favoriser
l'intégration sociale, en particulier chez les jeunes,
Encourageons la compréhension entre les citoyens du Nord et du Sud,
notamment par l'information et la formation civique des jeunes, ainsi que par
des initiatives visant à promouvoir le respect mutuel et la
solidarité entre les peuples.
Ayant à l'esprit la nécessité de redéfinir nos
priorités et d'adapter les missions de notre Organisation au nouveau
contexte européen, nous avons établi un Plan d'Action. Ce
document, joint à la présente Déclaration, vise à
définir les tâches principales du Conseil de l'Europe pour les
années à venir, notamment dans la perspective de son 50e
Anniversaire.
PLAN D'ACTION
Les
Chefs d'Etat et de Gouvernement, réunis à Strasbourg, les 10 et
11 octobre 1997, ont tracé les grandes lignes d'un Plan d'Action
pour renforcer la stabilité démocratique dans les Etats membres
et ont défini, à cet effet, quatre grands domaines où des
avancées immédiates et des mesures concrètes sont
possibles, et un cinquième secteur qui concerne les réformes de
structure.
I. Démocratie et Droits de l'Homme
1. Cour unique des Droits de l'Homme : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement se félicitent de la ratification du Protocole
N° 11 à la Convention européenne des Droits de l'Homme
par toutes les Parties Contractantes, qui rend possible la mise en place de la
nouvelle Cour unique des Droits de l'Homme, et chargent le Comité des
Ministres de prendre les mesures nécessaires à son installation
au 1er novembre 1998.
2. Commissaire aux Droits de l'Homme : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement accueillent avec satisfaction la proposition de créer un
poste de Commissaire aux Droits de l'Homme pour promouvoir le respect des
droits de l'homme dans les Etats membres et chargent le Comité des
Ministres, d'en examiner les modalités de mise en oeuvre, en respectant
les compétences de la Cour unique.
3. Respect des engagements pris par les Etats membres : les
Chefs d'Etat et de Gouvernement décident de veiller au respect des
engagements pris par les Etats membres, sur la base d'un dialogue confidentiel,
constructif et non discriminatoire mené au sein du Comité des
Ministres et tenant compte des procédures de suivi de l'Assemblée
parlementaire ; ils réitèrent leur volonté de
travailler ensemble pour résoudre les problèmes auxquels les
Etats membres se trouvent confrontés et considèrent que ce
processus de suivi doit être accompagné, en tant que de besoin,
d'une assistance pratique fournie par le Conseil de l'Europe.
4. Interdiction du clonage d'êtres humains : les Chefs
d'Etat et de Gouvernement s'engagent à interdire tout usage des
techniques de clonage ayant pour but de créer un être humain
génétiquement identique à un autre et donnent mandat au
Comité des Ministres d'adopter, à cette fin, un protocole
additionnel à la Convention d'Oviedo sur les droits de l'homme et la
biomédecine dans les meilleurs délais.
5. Lutte contre le racisme, la xénophobie,
l'antisémitisme et l'intolérance : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement se félicitent des actions menées par le Conseil de
l'Europe dans ce domaine depuis le Sommet de Vienne et décident de
renforcer à cet effet les activités de la Commission
européenne contre le racisme et l'intolérance, en soulignant
l'importance d'une coopération étroite avec l'Union
européenne.
6. Protection des minorités nationales : les Chefs
d'Etat et de Gouvernement, prenant en considération l'entrée en
vigueur imminente de la Convention-cadre pour la protection des
minorités nationales, décident de compléter l'acquis
normatif du Conseil de l'Europe en la matière par des initiatives
pratiques, telles que des mesures de confiance et une coopération
renforcée, impliquant à la fois les gouvernements et la
société civile.
II. Cohésion Sociale
1. Promotion des droits sociaux : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement s'engagent à promouvoir les normes sociales, telles
qu'elles résultent de la Charte sociale et d'autres instruments du
Conseil de l'Europe, et appellent à l'adhésion la plus large
possible à ces instruments ; ils décident d'améliorer
les échanges de bonnes pratiques et d'informations entre les Etats
membres et d'intensifier leur coopération dans ce domaine.
2. Nouvelle stratégie de cohésion sociale : les
Chefs d'Etat et de Gouvernement chargent le Comité des Ministres de
définir une stratégie de cohésion sociale pour
répondre aux défis de société et de procéder
aux restructurations appropriées au sein du Conseil de l'Europe,
notamment par la création d'une unité spécialisée
dans l'observation, la comparaison et l'approche des problèmes
liés à la cohésion sociale.
3. Programme pour l'enfance : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement encouragent l'adoption d'un programme pour promouvoir les
intérêts des enfants, en partenariat avec les organisations
internationales et non-gouvernementales concernées.
4. Fonds de Développement Social : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement décident de renforcer les activités du Fonds de
Développement Social, l'invitent à participer activement à
l'action du Conseil de l'Europe en matière de cohésion sociale et
lui demandent instamment d'accroître son effort d'investissements dans le
domaine social et la création d'emplois.
III. Sécurité des Citoyens
1. Lutte contre le terrorisme : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement demandent l'adoption de mesures complémentaires pour
prévenir le terrorisme et pour renforcer la coopération
internationale dans la lutte contre le terrorisme, dans le respect des
dispositions pertinentes du droit international, y compris celles relatives
à la protection des droits de l'homme, et à la lumière des
recommandations de la conférence ministérielle sur le terrorisme,
tenue à Paris le 30 juillet 1996 ; ils notent avec
intérêt la tenue prochaine d'une conférence parlementaire
visant à étudier le phénomène du terrorisme dans
les sociétés démocratiques.
2. Lutte contre la corruption et le crime organisé :
Afin de promouvoir la coopération entre les Etats membres dans la lutte
contre la corruption, y compris ses liens avec le crime organisé et le
blanchiment de l'argent, les chefs d'Etat et de gouvernement chargent le
Comité des Ministres :
- d'adopter, avant la fin de l'année, des principes directeurs qui
doivent recevoir application dans le développement des
législations et des pratiques nationales ;
- de conclure rapidement les travaux d'élaboration d'instruments
juridiques internationaux, conformément au Programme d'Action du Conseil
de l'Europe contre la Corruption ;
- d'établir sans délai un mécanisme approprié
et efficace pour veiller au respect des principes directeurs et à la
mise en oeuvre des instruments juridiques mentionnés.
Ils appellent tous les Etats à ratifier la Convention relative au
blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la
confiscation des produits du crime.
3. Lutte contre la toxicomanie : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement décident de renforcer leur coopération, par
l'intermédiaire du Groupe Pompidou, pour le traitement des
problèmes touchant à l'usage et au trafic de drogues
illicites ; ils marquent leur approbation pour le nouveau programme de
travail du Groupe et saluent en particulier les activités
destinées à prévenir l'abus de drogue chez les jeunes et
à faciliter la réinsertion des toxicomanes et usagers de drogue
dans la société.
4. Protection des enfants : les Chefs d'Etat et de Gouvernement
décident de réexaminer leurs législations nationales en
vue de parvenir à des normes communes de protection des enfants victimes
ou menacés de traitements inhumains ; ils conviennent de
développer leur coopération, dans le cadre du Conseil de
l'Europe, en vue de prévenir toute forme d'exploitation des enfants, y
compris par la production, la vente, la commercialisation et la
détention de matériel pornographique impliquant des enfants.
IV. Valeurs Démocratiques et Diversité Culturelle
1. Éducation à la citoyenneté
démocratique : les Chefs d'Etat et de Gouvernement décident
le lancement d'une action pour l'éducation à la
citoyenneté démocratique en vue de promouvoir la prise de
conscience par les citoyens de leurs droits et de leurs responsabilités
dans une société démocratique, en mobilisant les
réseaux existants, et comprenant un nouveau programme d'échanges
de jeunes.
2. Mise en valeur du patrimoine européen : les Chefs
d'Etat et de Gouvernement, décident de lancer en 1999 une campagne sur
le thème " l'Europe, un patrimoine commun ", dans le respect
de la diversité culturelle, en se fondant sur des partenariats existants
ou à créer entre l'administration, les institutions
éducatives et culturelles et l'industrie.
3. Nouvelles technologies de l'information : les Chefs d'Etat
et de Gouvernement décident de développer une politique
européenne pour l'application des nouvelles technologies de
l'information, afin d'assurer le respect des droits de l'homme et de la
diversité culturelle, de promouvoir la liberté d'expression et
d'information, et de valoriser leur potentiel éducatif et
culturel ; ils invitent le Conseil de l'Europe à rechercher
à cet effet les partenariats appropriés.
V. Structures et Méthodes de Travail
1. Réforme des structures : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement, dans la perspective du 50e anniversaire du Conseil de l'Europe en
1999, chargent le Comité des Ministres d'entreprendre les
réformes structurelles nécessaires pour adapter l'Organisation
à ses nouvelles missions et à sa composition élargie et
pour améliorer son processus de décision.
2. Mise en oeuvre du Plan d'Action : les Chefs d'Etat et de
Gouvernement chargent le Comité des Ministres à prendre les
mesures appropriées pour s'assurer que ce Plan d'Action soit rapidement
mis en oeuvre par les différents organes du Conseil de l'Europe, en
coopération avec les organisations européennes et d'autres
organisations internationales.
Mme Josette DURRIEU
, en sa qualité de Présidente de la
délégation française à l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe, assistait à cette
manifestation.
A N N E X E
LISTE DES TEXTES ADOPTES
AU COURS DE LA SESSION DE
1997
Ces
textes peuvent être obtenus auprès du Conseil de l'Europe.
Adresse postale :
Point I
Conseil de l'Europe
F-67075 Strasbourg Cedex
Tél. : (33) 03 88 41 20 33 ; Fax : (33) 03 88 41 27 45
E-Mail : information.point@seddoc.coe.fr
Le Conseil de l'Europe sur Internet :
http://www.coe.fr
PREMIERE PARTIE
(27-31 janvier)
Avis
n° 200
:
sur le projet de convention
européenne sur la
nationalité
Recommandation 1311
:
sur la
sûreté des installations nucléaires
dans les pays de
l'
Europe centrale et orientale
Recommandation 1312 :
sur le respect des obligations et
engagements contractés par l'
Albanie
Recommandation 1313
:
sur le respect des
obligations et engagements contractés par l'
Estonie
Recommandation 1314 :
sur les
nouvelles
technologies
et l'
emploi
Recommandation 1315 :
sur l'âge minimal concernant
le
droit de vote
Recommandation
1316
:
sur
l'état d'urgence en
Albanie
Recommandation 1317
:
relative aux
vaccinations
en Europe
Recommandation 1318
:
relative au Conseil de
l'Europe et l'
Expo'98
Recommandation 1319 :
par le Conseil de l'Europe d'une
seconde campagne européenne sur l'interdépendance et la
solidarité Nord-Sud
Recommandation 1320
:
relative à
l'
enseignement
, à la formation et aux services de conseil dans
les domaines de
l'agriculture, de la pêche et de la sylviculture
Recommandation 1321 :
relative à
l'amélioration de la situation des
femmes
dans la
société rurale
Recommandation 1322
:
relative à la
fonction publique
dans une Europe élargie
Résolution 1107 :
sur la
structure des
commissions
de l'Assemblée
Résolution 1108
:
sur la
Conférence intergouvernementale
1996
de l'Union
européenne
Résolution 1109
:
sur les
conséquences pour l'Europe d'une
Union économique et
monétaire
Résolution 1110
:
relative à la
situation en
République fédérale de Yougoslavie
Résolution 1111
:
relative au respect de
l'engagement souscrit par la
Russie
lors de son adhésion au
Conseil de l'Europe de mettre en place un
moratoire sur les
exécutions capitales
Résolution 1112
:
relative au respect de
l'engagement souscrit par
l'Ukraine
lors de son adhésion au
Conseil de l'Europe de mettre en place un
moratoire sur les
exécutions capitales
Résolution 1113 :
sur la situation à
Chypre
Résolution 1114 :
sur le respect des obligations
et engagements contractés par l'
Albanie
Résolution 1115
:
sur la création
d'une
commission de l'Assemblée
pour le
respect des
obligations
et engagements des Etats membres du Conseil de l'Europe
(commission de suivi)
Résolution 1116 :
relative à la mise en
oeuvre de l'
Accord de
Dayton
pour la paix en
Bosnie et
Herzégovine
Résolution 1117
:
sur le respect des
obligations et engagements contractés par l'
Estonie
Résolution 1118
:
relative à
l'avant-projet de
charte
européenne de l'
autonomie
régionale
du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux
de l'Europe (CPLRE)
Directive n° 529
:
relative à la
structure des commissions
de l'Assemblée
DEUXIEME PARTIE
(21-25 avril)
Avis n° 201
:
sur les
dépenses
relatives à l'Assemblée pour l'exercice
budgétaire
1998
Recommandation 1323
:
relative au renforcement du
mécanisme de la Convention européenne pour la
prévention de la torture
et des peines ou traitements inhumains
ou dégradants
Recommandation 1324
:
relative à la
contribution de l'Assemblée parlementaire au
2
e
Sommet des
chefs d'Etat et de gouvernement
du Conseil de l'Europe
Recommandation 1325
:
relative à la
traite des femmes
et à la prostitution forcée dans les
Etats membres du Conseil de l'Europe
Recommandation 1326
:
relative au respect des
obligations et engagements contractés par la
Roumanie
Recommandation 1327
:
relative à la
protection et au renforcement des droits de l'homme des
réfugiés
et des
demandeurs d'asile
en Europe
Recommandation 1328 :
relative à l'état
d'urgence en
Albanie
Recommandation 1329
:
relative au suivi de la
Conférence méditerranéenne sur la
population, les
migrations et le développement
(Palma de Majorque, 15-17 octobre
1996)
Recommandation 1330
:
relative au projet de charte
européenne du
Bassin du Danube
Recommandation 1331
:
relative à
l'établissement de
normes internationales
pour l'audit de
l'impact sur l'
environnement
des entreprises industrielles
Résolution 1119
:
relative aux conflits en
Transcaucasie
Résolution 1120 :
relative aux incidences des
nouvelles technologies
de communication et d'information sur la
démocratie
Résolution 1121
:
relative aux instruments
de la
participation des citoyens
dans la
démocratie
représentative
Résolution 1122
:
relative aux
progrès de la
réforme économique
en
Europe
centrale et orientale
Résolution 1123
:
relative au respect des
obligations et engagements contractés par la
Roumanie
Résolution 1124
:
relative aux
politiques de transport aérien
- l'aviation civile en phase
de transition
Résolution 1125
:
relative à la
demande de statut d'
observateur
auprès de l'Assemblée
parlementaire déposée par le
Parlement canadien
Résolution 1126
:
relative à la
Communauté d'Etats indépendants
(CEI) et à son
Assemblée interparlementaire
Directive n° 530
:
relative au renforcement
du mécanisme de la Convention européenne pour la
prévention de la torture
et des peines ou traitements inhumains
ou dégradants
Directive n° 531 :
relative aux incidences des
nouvelles technologies
de communication et d'information sur la
démocratie
Directive n° 532
:
relative à l'état
d'urgence en
Albanie
TROISIEME
PARTIE
(23-27 juin)
Recommandation 1332
:
relative aux
aspects
scientifiques et techniques des
nouvelles technologies de l'information
et de la communication
Recommandation 1333
:
relative à la langue
et à la
culture aroumaines
Recommandation 1334
:
relative aux
réfugiés
, aux demandeurs d'asile et aux personnes
déplacées dans la
Communauté d'Etats
indépendants
(CEI)
Recommandation 1335
:
relative aux
réfugiés et aux personnes déplacées en Transcaucasie
Recommandation 1336
:
relative à la
priorité à la lutte contre l'
exploitation du travail des
enfants
Recommandation 1337
:
relative au fonctionnement
des institutions de protection des
droits de l'homme
en
Bosnie et
Herzégovine
Résolution 1127 :
relative aux conséquences
de l'accident de
Tchernobyl
sur la
santé
Résolution 1128
:
relative aux
activités des
institutions de Bretton Woods
(Banque mondiale et
Fonds monétaire international)
Résolution 1129 :
relative aux activités de
la
Banque européenne pour la reconstruction et le
développement
Résolution 1130 :
relative à la mise en
oeuvre de
l'Accord de Dayton
pour la paix en Bosnie et Herzégovine
Résolution 1131
:
relative au traité
sur la
Charte de l'énergie
Directive n° 533 :
relative à la situation des
réfugiés
et des personnes déplacées en
Transcaucasie
QUATRIEME
PARTIE
(22-26 septembre)
Avis n° 202
:
relatif au
projet
de protocole additionnel à la Convention sur les droits de l'homme et la
biomédecine, portant
interdiction du clonage d'êtres humains
Avis n° 203
:
sur les
budgets
du
Conseil de l'Europe relatifs aux exercices
1997 et 1998
Recommandation 1338
:
relative aux obligations et
aux engagements de la
République tchèque
en tant qu'Etat
membre
Recommandation 1339 :
relative aux obligations et aux
engagements de la
Lituanie
en tant qu'Etat membre
Recommandation 1340 :
relative aux effets de la
détention
sur les plans familial et social
Recommandation 1341 :
relative aux
politiques
spatiales
européennes
Recommandation 1342
:
relative à la
contribution de l'Assemblée parlementaire au
2
e
Sommet des
chefs d'Etat et de gouvernement
du Conseil de l'Europe
Recommandation 1343 :
relative aux
mines terrestres
antipersonnel
et à leurs conséquences humanitaires
Recommandation 1344 :
relative à
l'
élargissement du Conseil de l'Europe
: compétences
budgétaires et administratives de l'Assemblée
Recommandation 1345
:
relative à la
protection des minorités
nationales
Recommandation 1346 :
relative à
l'
éducation aux droits de l'homme
Recommandation 1347 :
relative à
l'
élargissement
de l'Union européenne
Recommandation 1348 :
relative à la protection
temporaire de
personnes obligées de fuir leur pays
Recommandation 1349
:
relative au projet de
charte
européenne de l'
autonomie
régionale
du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe (CPLRE)
Recommandation 1350
:
relative aux
défis
globaux auxquels l'
agriculture
est confrontée
(y compris la sylviculture, la pêche et l'aquaculture)
Recommandation 1351
:
relative aux
disponibilités alimentaires
dans le monde
Résolution 1132
:
relative à
l'organisation d'une conférence parlementaire pour
renforcer les
systèmes démocratiques
en Europe et la coopération
dans la
lutte contre le terrorisme
Résolution 1133
:
relative à la
situation en
Albanie
Résolution 1134
:
relative à l'OCDE
et l'
économie mondiale
Résolution 1135
:
relative aux implications
pour l'Europe et pour le monde de la "
Cuban Liberty and Democratic
Solidarity Act
(
Libertad
) " votée par le Congrès
des Etats-Unis
Résolution 1136
:
relative au partenariat
européen des
parlements nationaux
au sein de l'Assemblée
parlementaire
Résolution 1137
:
relative au
Centre
Nord-Sud
du Conseil de l'Europe : réforme interne, rôle
et réalisations
Résolution 1138
:
relative à la
promotion des
petites et moyennes entreprises
en Europe centrale et
orientale
Résolution 1139
:
relative aux
défis
globaux auxquels est confrontée l'
agriculture
(y compris la sylviculture, la pêche et l'aquaculture)
Résolution 1140
:
relative aux
disponibilités alimentaires
dans le monde
Résolution 1141
:
relative au rôle
des
organisations professionnelles agricoles
, en tant que partenaires de
l'Etat, dans l'élaboration et dans la mise en oeuvre des politiques
Résolution 1142
:
relative aux
parlements et médias
Résolution 1143
:
relative aux
méthodes de travail et à la fréquence des réunions
de la
Commission Permanente
Directive n° 534
:
relative à la
recherche et au
clonage d'êtres humains
Directive n° 535
:
relative aux
mines
terrestres antipersonnel
et à leurs conséquences humanitaires
Directive n° 536
:
relative à
l'
élargissement
du Conseil de l'Europe
:
compétences budgétaires et administratives de
l'Assemblée
(1) M. Jean de Lipkowski est décédé le 20 septembre 1997.