BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES : LE TEMPS DES MUTATIONS
LACHENAUD (Jean-Philippe)
RAPPORT D'INFORMATION 59 (98-99) - COMMISSION DES FINANCES
Table des matières
- AVANT-PROPOS
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
LE RAPPORT MIQUEL A RÉVÉLÉ LE RETARD
DES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES FRANÇAISES -
CHAPITRE DEUX
LES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES BÉNÉFICIENT DE STRUCTURES RENOVÉES
ET DE PERSONNELS MIEUX FORMÉS -
CHAPITRE TROIS
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES : UN ATOUT POUR
LA POLITIQUE DOCUMENTAIRE DES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES- A. LA DOCUMENTATION NE CONSTITUE PAS ENCORE UN ENJEU MAJEUR POUR LES UNIVERSITÉS
- B. LES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES À L'ÈRE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
- CONCLUSION
- OBSERVATIONS
- ANNEXES
N° 59
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 12 novembre 1998.
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la Nation (1),
sur
la situation des bibliothèques universitaires françaises
Par M. Jean-Philippe LACHENAUD,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.
Enseignement supérieur.
AVANT-PROPOS
A mon
initiative, la Commission des Finances a décidé, au mois de
février 1998, de mener une enquête sur la situation des
bibliothèques universitaires en France.
Notre mission s'est déroulée dans d'excellentes conditions :
audition des responsables de la politique documentaire au niveau national,
visites sur place en province et en région parisienne, entretiens avec
les bibliothécaires... ont été facilités par la
compréhension et la disponibilité de tous nos interlocuteurs.
Nous les en remercions vivement et nous rendons hommage à leur sens du
service public et à leurs compétences professionnelles.
Dix ans après la publication du rapport Miquel, il était
indispensable de dresser un bilan de l'effort consenti par la
collectivité nationale pour sortir les bibliothèques
universitaires de leur situation déplorable de misère
réelle. Cet effort a été très important : en
effectifs de personnels recrutés et formés -c'était la
priorité-, en locaux construits ou rénovés, en
crédits budgétaires, notamment pour les acquisitions, les
périodiques ou l'informatisation... Les résultats sont
très positifs.
Une image nouvelle de la bibliothèque universitaire s'est
imposée. Dans la plupart des universités, une véritable
politique documentaire est désormais mise en oeuvre au service de tous
les étudiants et de la recherche. La conversion aux technologies
nouvelles est largement engagée.
Et cependant, la mutation est loin d'être achevée. Par rapport aux
bibliothèques universitaires à l'étranger, le retard de la
France reste considérable. Le service rendu à l'étudiant
et au chercheur doit encore être amélioré. Le défi
de l'entrée dans la "société d'information" -ce qui
suppose la constitution d'un vaste réseau électronique de
documentation- n'est pas encore relevé.
L'Etat, les collectivités locales partenaires majeures, les
universités dotées d'une autonomie accrue dans un cadre
contractuel, devront donc donner priorité au renforcement de leur
politique documentaire pour constituer de véritables pôles
d'excellence universitaires.
Jean-Philippe Lachenaud
Sénateur du Val-d'Oise
INTRODUCTION
En 1973,
l'Association des bibliothécaires français publiait un
Livre
noir des bibliothèques universitaires.
En effet, les "BU" apparaissent comme négligées, les moyens qui
leur sont consacrés étant dérisoires eu égard
à la massification que connaît l'enseignement supérieur au
cours des années 1970 et 1980. Cette situation critique est parfaitement
mise en relief quinze ans plus tard par le rapport Miquel, qui donne corps au
discours sur "la misère des bibliothèques universitaires".
Dans une lettre du 2 juin 1988, Lionel Jospin, alors ministre de
l'éducation nationale, demandait en effet à André Miquel,
professeur au Collège de France, de procéder "
à un tour d'horizon complet des problèmes qui affectent ce
secteur "
[les bibliothèques universitaires] et
d'élaborer "
des propositions susceptibles de constituer les lignes
directrices d'un effort pluriannuel de rénovation de ces
bibliothèques".
Cependant, les bibliothèques universitaires continuent d'avoir mauvaise
réputation : vétustes, exiguës, insuffisamment ouvertes,
offrant une documentation insuffisante, réticentes, voire hostiles aux
nouvelles technologies, elles ne permettraient guère de former les
étudiants aux méthodes de travail individuel, dont l'acquisition
est indispensable dans l'enseignement supérieur. En outre, les
bibliothèques universitaires étrangères,
américaines et allemandes notamment, présentent des indicateurs
bien supérieurs à ceux des bibliothèques françaises.
La mission d'information du Sénat s'est donnée pour objectif
d'analyser l'évolution intervenue depuis le rapport Miquel, en prenant
en considération l'utilisation des crédits supplémentaires
affectés aux bibliothèques universitaires par les
dernières lois de finances, la place des locaux de bibliothèques
dans le nouveau programme Université du troisième
millénaire (U3M), puis le coût et l'état d'avancement de la
politique documentaire et de l'informatisation des bibliothèques
universitaires.
Le présent rapport traite ainsi, outre des moyens techniques, financiers
et en personnels accordés aux bibliothèques universitaires,
depuis environ dix ans, de leur entrée dans la société de
l'information ainsi que du rôle qu'elles auront à y tenir.
Dans ce cadre, une consultation a été organisée sur le
serveur Web du Sénat afin de recueillir des observations, informations
et suggestions relatives aux objectifs de la mission. Quelques-unes de ces
contributions figurent en annexe du rapport.
Bibliothèques universitaires : chiffres-clefs
Nombre :
au total 96 services
• 78 services communs de documentation (dont ceux des universités
nouvelles) ;
• 17 services interétablissements de coopération
documentaire (dont 9 en Ile-de-France) ;
• 1 bibliothèque nationale et universitaire (Strasbourg).
Implantation (la plupart du temps en sections) : environ 310.
Budget :
1.300 millions de francs dont 700 millions de francs pour
le personnel sur budget Etat et 600 millions de francs en budget documentaire.
Sur les 600 millions de francs, subventions de l'Etat : 400 millions de
francs
droits de bibliothèque : 150 millions de francs
ressources propres : 50 millions de francs
Recettes
:environ 400 francs par étudiant, dont
52,6 % (315 millions de francs) consacrés aux achats de documents.
Personnels :
effectif au 1
er
septembre 1997 (personnel
de bibliothèque + IATOS) : 4.100 postes, soit 2,5 agents pour 1.000
étudiants.
•
Locaux et conditions d'accueil :
Surfaces : 728.000
m² (0,5 m² par étudiant)
• Places assises : 80.000 (1 place pour 18 étudiants)
Les locaux sont encore souvent inadaptés et le libre accès aux
collections peu développé (20 % des collections).
• Ouverture : en moyenne
50 heures par semaine,
soit
généralement 10 heures par jour du lundi au vendredi ;
1/3 environ des sections sont ouvertes le samedi, au moins en
matinée.
Ressources documentaires
• Collections d'ouvrages : 23 millions de volumes (40 % en
Ile-de-France) ; accroissement annuel : 950.000 volumes dont 840.000
par achat. " " "
• Périodiques : 400.000 titres morts et vivants (42 % en
Ile-de-France) dont 140.000 en cours (106.500 par abonnement payant).
Les ressources documentaires sont de plus en plus diversifiées :
documents audiovisuels, microformes, supports informatiques tels les CD-ROM,
accès en ligne à des banques de données et à des
revues électroniques.
Certaines bibliothèques universitaires ont une mission nationale dans le
cadre des
Centres d'acquisition et de diffusion de l'information
scientifique et technique (CADIST)
. Au nombre de 19 (7 en sciences exactes,
12 en sciences humaines), elles acquièrent une documentation pour
l'essentiel étrangère pour les besoins de la recherche ;
leur budget, de 20 millions de francs, est consacré à 94 %
à des acquisitions (25.000 volumes et 7.700 abonnements sur
crédits CADIST).
Acquisitions :
0,5 livre par étudiant ; 1 abonnement
pour 15 étudiants
Informatisation :
fin 1996, 65 bibliothèques universitaires
sur 96 sont dotées d'un système intégré de gestion
de bibliothèque.
Services rendus :
• Lecteurs inscrits :
1.200.000
(86 % d'étudiants, 5 %
d'enseignants-chercheurs, 9 % d'extérieurs à
l'université) ;
60 à 65 % des étudiants fréquentent les
bibliothèques universitaires (50 % en 1987).
• Entrées/an :
45 millions
(20 millions en
1987) ; chaque lecteur vient en moyenne 37 fois dans l'année
à la bibliothèque universitaire ;
• Prêts et communications sur place/an :
16 millions
(13 prêts par lecteur en 1995)
• Prêt entre bibliothèques en 1996 :
540.000
demandes émises, satisfaites à 81 %.
665.000
demandes reçues, satisfaites à 76 %
CHAPITRE PREMIER
LE RAPPORT MIQUEL A
RÉVÉLÉ LE RETARD
DES BIBLIOTHÈQUES
UNIVERSITAIRES FRANÇAISES
A. " LES BIBLIOTHÈQUES CONSTITUENT UNE DES ZONES SINISTRÉES DE L'ENSEMBLE UNIVERSITAIRE "
1. Les conclusions du rapport Miquel
Dans son
rapport sur les bibliothèques universitaires, M. André
Miquel écrivait : "
Locaux exigus ou
périmés, peu ou pas assez ouverts, manque de postes,
démobilisation trop fréquente des personnels, lassitude
générale, désaffection des étudiants causée,
au moins en partie, par le manque de moyens offerts, renonciation à lire
ou découragement devant les difficultés de la documentation (que
l'on comparera, à notre désavantage, avec telle ou telle
bibliothèque étrangère fonctionnant comme un intense et
permanent appel à la curiosité), inexistence ou insuffisance de
l'apprentissage de la lecture spécialisée, tout incite à
ce constat, que les bibliothèques constituent une des zones
sinistrées de l'ensemble universitaire et, au-delà, du tissu
national ".
Il donnait ainsi le ton d'un rapport dont l'ambition était de favoriser
"
la réparation du scandale et de l'injustice
".
Dans le même temps, il a banalisé ce que d'aucuns appellent
"
la
rhétorique de la pénurie
" ou encore
un "
discours misérabiliste
".
Pourtant, le constat dressé par la commission que présidait
André Miquel est accablant, et a fait prendre conscience au monde
universitaire comme aux pouvoirs publics de la situation très
délicate dans laquelle se trouvaient alors les bibliothèques
universitaires.
Quelques passages du rapport Miquel constituent d'excellentes illustrations de
la misère des bibliothèques universitaires constatée en
1988.
A propos du temps d'ouverture, il notait que "
en Allemagne, les
bibliothèques universitaires sont ouvertes entre 60 et 80 heures
par semaine ; en France, la moyenne se situe aux environs de
40 heures
". Il estimait ainsi que "
l'extension des
plages horaires et du nombre de jours ouverts dans l'année est
nécessaire
", 60 heures hebdomadaires étant
"
un objectif minimal à assigner à toutes les
bibliothèques universitaires françaises
".
Le constat relatif aux locaux est plus sévère encore : la
"
saturation complète des capacités d'accueil "
est illustrée par le fait que chaque étudiant ne disposait que de
0,65 mètre carré contre 0,73 mètre carré
en 1970, la norme généralement admise étant de
1,5 mètre carré. Le rapport conclut : "
le
déficit de locaux universitaires aboutit au détournement de
l'utilisation des bibliothèques et compromet encore davantage leur
efficacité "
.
En outre, "
le nombre des personnels de bibliothèque par rapport
au nombre des étudiants est en diminution constante depuis
20 ans ".
Non seulement, "
le recrutement des
bibliothécaires n'a absolument pas suivi l'accroissement du nombre des
étudiants
", mais "
ce secteur a été plus
durement touché par les suppressions d'emplois
".
Enfin, le rapport rappelait que "
le pouvoir d'achat par
étudiant d'une bibliothèque universitaire française est
inférieur de 4 à 9 fois à celui des
bibliothèques universitaires étrangères
".
Dès lors, les bibliothèques universitaires françaises sont
"
au-dessous du seuil minimal où l'on peut véritablement
parler de collections "
. La différence avec l'Allemagne est
flagrante puisque, là-bas, "
aucune université ne peut
commencer à travailler sans disposer d'une collection minimale de
200.000 volumes ".
2. Une situation préjudiciable aux étudiants
Les
bibliothèques universitaires ont pour fonction essentielle de contribuer
à la formation des étudiants et de constituer un instrument
irremplaçable de recherche.
Les bibliothèques universitaires contribuent en effet à modifier
et enrichir le rapport à l'enseignement et au savoir et favorisent la
constitution, par les étudiants eux-mêmes, de leur propre
documentation. Elles sont essentielles à l'acquisition de l'autonomie
dans l'accès à l'information. Elles constituent ainsi un
élément de l'amélioration de la réussite des
étudiants, les corrélations étant claires entre la
pratique documentaire et la réussite, d'une part, entre la poursuite
d'études et l'usage plus intensif des bibliothèques, d'autre part.
Or, il est indéniable que le retard qui les affecte ne leur permet pas
de mener à bien ces missions. Les étudiants sont donc les
premiers à en pâtir, l'immense majorité de leur public
étant constitué par les étudiants (environ 85 %).
Beaucoup d'étudiants ne fréquentent même pas la
bibliothèque.
Le rapport Miquel notait que
" près de la moitié d'entre
eux ne fait pas la simple démarche de s'y inscrire ".
En effet,
plus de 40 % des étudiants inscrits à l'université ne
fréquentaient pas la bibliothèque universitaire. Telle
était la situation en 1988.
De nombreux sondages et enquêtes montrent toutefois que, de 1984 à
1990, la fréquentation des bibliothèques universitaires a
progressé de manière considérable : + 70 %,
soit une hausse bien supérieure à celle des effectifs
d'étudiants malgré la " massification " de
l'enseignement supérieur. En outre, certains étudiants peuvent
préférer fréquenter soit des bibliothèques
municipales soit des bibliothèques d'autres établissements comme,
à Paris, la bibliothèque publique d'information (BPI) à
Beaubourg ou la bibliothèque nationale de France (BNF).
Cette plus grande fréquentation des bibliothèques universitaires
par les étudiants constitue bien-sûr une évolution
positive, mais, dans le même temps, elle a contribué à
engorger leurs capacités d'accueil.
Pourtant, cette tendance générale recouvre bien des
disparités selon le niveau d'études, les filières et les
disciplines. Ainsi, Bernard Lahire, à partir d'une enquête
réalisée par l'Observatoire de la vie étudiante, aboutit
à la conclusion selon laquelle "
le type d'études
constitue la variable la plus discriminante pour comprendre les écarts
d'intensité de fréquentation des bibliothèques
universitaires
".
L'Observatoire de la vie étudiante, dans une autre enquête
consacrée aux conditions de vie des étudiants, dresse un
état des lieux de l'utilisation des bibliothèques par les
étudiants en fonction des filières et disciplines
(cf encadré ci-après).
D'une manière générale, le travail personnel se fait pour
l'essentiel dans l'espace privé, à domicile. 50,4 % des
étudiants du premier cycle (et 41,6 % de l'ensemble des
étudiants qui ont répondu à l'enquête) disent
travailler souvent chez leurs parents et 57,2 % chez eux (64,2 % de
l'ensemble), alors que 18,9 % disent travailler souvent en
bibliothèque, et seulement 9,1 % dans leur établissement en
dehors de la bibliothèque. Les étudiants ne s'écartent
guère de ces lieux de travail : si un tiers d'entre eux disent
travailler parfois chez un camarade ou un ami, la part de ceux qui disent
travailler souvent ou parfois dans un café ne dépasse pas, dans
le premier cycle, 13,2 % (23,3 % chez les étudiants en Lettres
classiques ou modernes, 17,3 % chez les étudiants en Sciences
humaines, 16 % chez les élèves des classes de
préparation littéraires, chez qui l'idéal de la
bohème intellectuelle a peut-être conservé plus d'attrait,
contre 9,8 % chez les étudiants en Sciences et 9,1 % des
élèves des CPGE scientifiques). 4,5 % seulement
déclarent travailler souvent ou parfois dans les transports publics,
1,8 % sur leur lieu de travail professionnel.
C'est chez les étudiants des UFR de Lettres classiques ou modernes
(30,9 %), de Langues (27,4 %), de Sciences humaines (25,4 %), de
Droit et de Sciences politiques (28,8 %) et chez les élèves
des CPGE littéraires (22,8 %), que la proportion des
enquêtés qui disent travailler souvent en bibliothèque est
la plus forte ; elle est beaucoup plus faible chez les
élèves des CPGE scientifiques (4,8 %), des STS (3,6 et
3,9 %), et chez les élèves des IUT (5,2 % pour ceux qui
se préparent à des métiers industriels, 10 % pour
ceux qui se préparent à des emplois du secteur tertiaire). On
observe la même opposition, entre les étudiants
d'université et les élèves des classes de
préparation littéraires d'une part, et, de l'autre, les IUT, les
STS, et les classes de préparation scientifiques en ce qui concerne la
fréquentation des bibliothèques proprement dite : la part
des étudiants d'université qui disent aller à la
bibliothèque (universitaire, interuniversitaire, de section ou de
spécialité) au moins deux fois par semaine atteint 35,7 % en
Lettres classiques et modernes, 37,5 % en Sciences économiques,
43,1 % en Langues, 47,5 % en Droit et Sciences politiques, et
46 % chez les élèves des classes de préparation
littéraires (30,5 % chez les étudiants en Sciences,
26,7 % en médecine).
En revanche, elle ne dépasse pas 25 % chez les élèves
des IUT " tertiaires ", 18,7 % dans les classes de
préparation scientifiques, 12 % chez les élèves des
STS industrielles et 8,5 % chez ceux des STS du secteur tertiaire.
Inversement, c'est dans les classes de préparation scientifiques
(28,3 %), les IUT commerciaux (16,4 %) et les STS (15,3 % dans
les sections industrielles, 18,3 % dans les sections commerciales) que la
proportion des enquêtés qui disent travailler souvent dans leur
établissement hors bibliothèque est la plus forte ; dans les
universités, c'est seulement en Sciences que cette proportion est
supérieure à la moyenne générale (13,9 %
contre 9,8 %). C'est ce que confirme la fréquentation des salles de
travail : plus faible que la moyenne dans les universités
(où elles sont utilisées par 20 % des étudiants en
Lettres, 21,3 % en Langues, 23,7 % en Sciences humaines, 24,6 %
en Droit et Sciences politiques, 25,7 % en Médecine, 27,1 % en
Sciences, 23,5 % en Droit, avec un maximum de 30,6 % en Sciences
économiques), elle passe à 51,4 % dans les STS industriels,
à 57,4 % dans les STS commerciaux, à 55,7 % dans les
IUT industriels, à 60,3 % dans les IUT commerciaux et à
65,6 % dans les CPGE scientifiques. D'un côté la
bibliothèque, de l'autre la salle de travail, héritière de
la salle d'études : c'est sans doute là un des aspects que
prend l'opposition entre la tradition universitaire de l'enseignement
supérieur, et la tradition scolaire de l'enseignement secondaire qui le
pénètre, avec son encadrement plus serré.
L'idée selon laquelle "
les étudiants ne lisent
plus
" - conception décadentielle de la culture - est du reste
réfutée par les faits qui montrent que les étudiants, par
rapport à la moyenne des Français, appartiennent à la
catégorie des gros lecteurs.
En revanche, il est exact que tous les étudiants ne font pas le
même usage des bibliothèques universitaires.
Le sondage
Les étudiants et la lecture
, réalisé par
SCP-Communication en novembre 1992, montre qu'une majorité
d'étudiants fréquentent " de temps en temps "
(43 %) ou " souvent " (32 %) une bibliothèque, mais
la pratique régulière n'est pas la règle. Au terme de ce
sondage, trois catégories d'usagers des bibliothèques peuvent
être retenues : les usagers réguliers, voire assidus ;
les usagers occasionnels ; les " non-usagers ".
Parmi cette dernière catégorie figurent trop d'étudiants
de premier cycle. En effet, plusieurs études révèlent que
50 % des étudiants entrant en première année de DEUG
estiment qu'ils n'ont pas besoin de la bibliothèque pour faire leurs
études, et qu'ils peuvent se satisfaire des cours magistraux (qu'ils se
procurent souvent sous forme de polycopiés) ou de quelques manuels de
base.
Cette attitude est incompatible avec les méthodes de travail
dans l'enseignement supérieur, qui reposent avant tout sur le travail
personnel, et ne favorise guère l'apparition d'un esprit propice
à la recherche.
Elle est d'autant plus critiquable qu'elle est trop souvent si ce n'est
encouragée du moins confortée par des enseignants dont
l'intérêt pour les bibliothèques est souvent très
relatif.
Dans le cadre de la préparation du plan social étudiant
présenté par M. Claude Allègre devant la commission
des affaires culturelles du Sénat le 1
er
juillet 1998, un
document de travail avait été rédigé,
consacré aux aides sociales et à la vie de l'étudiant (cf.
encadré ci-après). Ce document prenait en considération,
même de façon succincte pour ne pas dire allusive, le fait que la
documentation ainsi que l'accès aux nouvelles technologies, constituent
des "
enjeux centraux de la condition étudiante
".
A. La documentation
Les problèmes de la documentation ont été abordés
de diverses façons par l'ensemble des interlocuteurs.
Le poids éventuellement important des ouvrages universitaires dans le
budget de l'étudiant a été souligné, certains
s'attachant à demander que l'aide de l'Etat aux étudiants ne
serve pas seulement à augmenter leurs ressources mais aussi à
limiter certaines de leurs dépenses.
En effet, faute de bibliothèques suffisamment pourvues et accessibles,
des inégalités sociales graves peuvent distinguer deux types
d'étudiants : ceux qui peuvent avoir recours à une
bibliothèque familiale ou ont les moyens de s'acheter des ouvrages, et
ceux qui dépendent totalement des bibliothèques universitaires
pour disposer d'une documentation.
Or, dans le cadre d'un soutien à l'autonomie de l'étudiant, la
possibilité de développer son travail personnel est fortement
dépendante de ses capacités de maîtrise des outils
documentaires.
Par ailleurs, il a été fréquemment noté que les
étudiants mal logés, ou en logement indépendant,
apprécient fortement de pouvoir travailler en bibliothèques
(parfois en groupes).
Même si cette question ne doit pas être confondue avec celle
d'éventuelles mises à disposition de salles de travail, il est
évident que la bibliothèque est un lieu propice à
l'étude, indépendamment même du prêt et de la
consultation de documents.
B. L'accès aux nouvelles technologies
Dans une perspective comparable, la question des nouvelles technologies est
posée aujourd'hui avec de plus en plus d'acuité.
Déjà, il s'établit une norme implicite ou explicite pour
exiger que les travaux de rapports, mémoires et thèses soient
saisis et présentés dans des formes rendues possibles par
l'utilisation des logiciels informatiques de traitement de texte.
Plus généralement, la maîtrise de l'informatique devient
une des compétences présumées de l'étudiant
contemporain.
En outre, l'explosion de l'Internet n'est pas sans effet sur les ressources
à disposition des étudiants. Indépendamment même des
modifications dans la pédagogie, l'accès Internet offre à
l'étudiant qui en dispose de véritables bases de données
documentaires qu'il peut réutiliser dans ses études.
Doit-on laisser de profondes disparités se creuser entre les
étudiants qui ont un accès facile à ces nouvelles
ressources (par un investissement personnel, familial, ou par la mise à
disposition de salles informatiques dans leur établissement) et ceux
qui, faute de moyens, ne peuvent " prendre le train " de ces
nouvelles technologies ?
Elément indispensable de la réussite par les étudiants de
leur cursus universitaire, les bibliothèques universitaires ont
bénéficié, grâce à l'impact et à
l'effet mobilisateur du rapport Miquel, d'une indéniable
dynamique.
B. DES EFFORTS SIGNIFICATIFS ONT ÉTÉ CONSENTIS DEPUIS CETTE PRISE DE CONSCIENCE
La
commission présidée par André Miquel, prenant à
coeur sa mission, a esquissé les caractéristiques d'une
bibliothèque universitaire idéale :
"
Chaque bibliothèque universitaire devrait être :
- une bibliothèque de premier et deuxième cycles, pour les
disciplines fondamentales, elle-même en contact permanent, pour
l'approvisionnement et la gestion, avec les bibliothèques d'instituts
spécialisés et d'UFR (bibliothèques associées au
sens du décret de 1985) ;
- sous certaines conditions à définir par les
universités elles-mêmes, une bibliothèque de
troisième cycle et recherche ;
- éventuellement, un pôle, au niveau national, pour tel ou
tel secteur spécialisé de documentation, à l'exemple des
CADIST ;
- un élément du système global d'information
bibliographique (BU, BN, bibliothèques municipales, CNRS, etc.), source
de la demande d'information dans tous les cas, source de l'information
spécialisée en cas de pôle
".
Plus concrètement, le rapport Miquel a proposé un certain
nombre d'objectifs chiffrés qui n'ont pas tous été
atteints mais qui ont indéniablement permis de sortir les
bibliothèques universitaires de la " misère " qui
était la leur.
J'ai pu constater, au cours de mes déplacements en région
parisienne comme en province, l'importance des efforts entrepris pour
améliorer les conditions d'accueil et de travail dans les
bibliothèques, qu'il s'agisse de locaux neufs ou rénovés,
d'extension des horaires d'ouverture, de formation des personnels, de
ressources documentaires ou de l'amélioration des services rendus.
Ainsi, les bibliothèques universitaires ont connu un mouvement conforme
aux préconisations du rapport Miquel.
1. Le budget consacré aux bibliothèques universitaires
L'annuaire des bibliothèques universitaires, dans sa
version
la plus récente, celle de 1995, rappelle que le budget global
consacré aux bibliothèques universitaires s'élève
à 1.292,4 millions de francs, dont 595,2 millions
consacrés aux bibliothèques proprement dites (46 %) et
697,2 millions affectés à la rémunération des
personnels fonctionnaires d'Etat (54 %).
Sur les 600 millions de francs
environ qui sont alloués aux bibliothèques universitaires,
400 millions de francs proviennent d'une subvention de l'Etat, soit les
deux tiers, 150 millions, soit le quart, des droits de
bibliothèque, et 50 millions (8,33 %) des ressources propres
des universités.
L'effort budgétaire consenti en faveur des bibliothèques
universitaires est tout à fait remarquable, le tableau ci-après
en fournissant la meilleure illustration.
Evolution des moyens consacrés aux bibliothèques universitaires |
||||||
Moyens en personnels et fonctionnement |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Dépenses de personnels : |
|
|
|
|
|
|
Personnels de bibliothèques sur emplois (art. 20) |
411.000.000 |
475.000.000 |
489.000.000 |
537.000.000 |
549.000.000 |
612.560.288 |
Personnels administratifs |
94.000.000 |
97.000.000 |
100.000.000 |
105.000.000 |
106.000.000 |
108.000.000 |
Total : |
505.000.000 |
572.000.000 |
589.000.000 |
642.000.000 |
655.000.000 |
720.560.288 |
accroissement en % |
|
13,3 % |
3,0 % |
9,0 % |
2,0 % |
10,0 % |
Dépenses de fonctionnement : |
|
|
|
|
|
|
Matériel informatique : |
18.500.000 |
13.500.000 |
14.700.000 |
14.200.000 |
11.440.000 (1) |
11.440.000 (1) |
Total 34-96 : |
18.500.000 |
13.500.000 |
14.700.000 |
14.200.000 |
11.440.000 |
11.440.000 |
|
|
|
|
|
|
|
Bibliothèques des grands établissements : |
1.576.953 |
1.596.873 |
1.596.873 |
543.604 |
477.368 |
538.923 |
Total 34-98 : |
1.576.953 |
1.596.873 |
1.596.873 |
543.604 |
477.368 |
538.923 |
|
|
|
|
|
|
|
Subventions de fonctionnement : |
|
|
|
|
|
|
- Bibliothèques universitaires |
228.564.472 |
279.241.472 |
312.939.472 |
321.577.472 |
355.913.472 (2) |
|
- Bibliothèques des grands établissements |
4.481.000 |
6.098.000 |
6.000.000 |
6.068.000 |
5.840.000 |
|
- Agence bibliographique de l'enseignement supérieur |
|
|
|
9.600.000 |
22.000.000 (1) |
|
- Centre technique du libre de l'ensei-gnement supérieur |
|
|
|
1.050.000 |
3.500.000 |
|
- CADIST |
17.284.000 |
18.700.000 |
18.800.000 |
18.800.000 |
19.970.000 |
|
- Information scientifique et technique |
2.217.000 |
2.952.000 |
2.452.000 |
1.952.000 |
1.870.000 |
|
- Edition |
6.989.518 |
7.109.518 |
7.389.518 |
7.389.518 |
7.389.518 (3) |
|
- Formation |
16.321.000 |
20.880.000 |
17.400.000 |
9.612.000 |
8.460.000 |
|
Total 36-11 : |
275.856.990 |
334.980.990 |
364.980.990 |
376.048.990 |
424.942.990 |
459.942.990 |
accroissement |
|
59.124.000 |
30.000.000 |
11.068.000 |
48.894.000 |
35.000.000 |
Total Dépenses de fonctionnement |
295.933.943 |
350.077.863 |
381.277.863 |
390.792.594 |
436.860.358 |
471.921.913 |
accroissement |
|
59.143.920 |
31.200.000 |
9.514.731 |
46.067.764 |
35.061.555 |
accroissement en % |
|
18,3 % |
8,9 % |
2,5 % |
11,8 % |
8,0 % |
TOTAL GENERAL |
800.933.943 |
922.077.863 |
970.277.863 |
1.032.792.594 |
1.091.860.358 |
1.192.482.201 |
accroissement |
|
121.143.920 |
48.200.000 |
62.514.731 |
59.067.764 |
100.621.843 |
accroissement en % |
|
15,1 % |
5,2 % |
6,4 % |
5,7 % |
9,2 % |
Source : DISTNB
|
De 1992
à 1997, le total des dépenses de personnels est passé de
505 millions de francs à 720,6 millions, soit une hausse de
42,7 % sur cinq ans.
Les dépenses totales de fonctionnement ont, quant à elles, sur la
même période, crû de 295,9 millions de francs à
471,9 millions, soit une augmentation de 59,5 %.
Les subventions de fonctionnement stricto sensu ont connu une croissance de
66,7 %, passant de 275,9 millions de francs en 1992 à
459,9 millions en 1997.
Ainsi, le budget global des bibliothèques universitaires (personnels
+ fonctionnement) a crû de 48,9 %, s'établissant à
1.192,5 millions de francs en 1997 contre 800,9 millions cinq ans
auparavant.
On peut constater que les budgets 1993 et, s'agissant des dépenses de
fonctionnement, 1996 ont accordé des moyens plus accrus encore aux
bibliothèques universitaires. Sur une période de deux ans, les
crédits budgétaires ont présenté une hausse de
75 millions de francs en mesures nouvelles.
La loi de finances pour 1998 avait pris une orientation positive en faveur des
bibliothèques universitaires, puisque ces dernières ont
bénéficié de mesures nouvelles à hauteur de
40 millions de francs, soit près de 8,7 % d'augmentation,
comme le montre le tableau ci-après.
|
1997 |
1998 |
Chapitre 36-11 : subventions
Bibliothèques universitaires
|
389.257.472
(1)
|
|
Total 36-11 |
463.082.990 |
502.744.054 |
|
|
|
Chapitre 34-98 : bibliothèques des grands établissements |
161.064 (4) |
(5) |
|
|
|
Chapitre 34-96 : dépenses en matériel informatique (hors musées) |
10.334.924 (2) |
12.040.000 |
|
|
|
Chapitre 31-05 et autres :
Dépenses de personnel + dépenses incluses dans
les
autres chapitres de personnel
|
607.000.000
|
632.000.000
|
Notes :
|
Les
principaux postes de subvention concernent :
1°)
Les dotations normées aux établissements
pour un montant de 225 millions de francs.
Un nouveau système de répartition a été mis en
oeuvre cette année pour la répartition des dotations aux services
communs de la documentation (SCD) des universités. Issu d'une
réflexion menée dans le cadre d'un groupe de travail associant
administration centrale, CPU (conférence des présidents
d'université) et ADBU (association des directeurs de
bibliothèques universitaires) le système retenu est plus lisible
et plus juste que le précédent.
Il prend pour base :
- l'ensemble des usagers potentiels (étudiants inscrits en 1996-97
et enseignants-chercheurs) en tenant compte de leur discipline
(secondaire/tertiaire) et de leur niveau (1
er
cycle et moitié
du 2
ème
cycle/moitié du 2
ème
cycle,
3
ème
cycle et enseignants-chercheurs), selon trois taux (T1,
T2, T3) comme indiqué ci-après :
|
Tertiaire |
Secondaire |
1 er cycle, ½ 2 ème cycle |
T1 = 64,34 F |
T1 = 64,34 F |
½ 2 ème cycle, 3 ème cycle + enseignants chercheurs |
T2 = 90,08 F |
T3 = 180,15 F |
- une dotation forfaitaire de base de 400.000 francs, destinée
à prendre en compte une part des coûts fixes de chaque
établissement quel que soit son effectif ;
- une dotation complémentaire prenant en compte les
étudiants des antennes et sites délocalisés (DEUG et IUT)
sur la base, de 100 francs/usager.
Pour assurer la transition de l'ancien au nouveau système, il a
été décidé de mettre en oeuvre un mécanisme
de compensation réciproque entre les deux dotations récurrentes
que sont la dotation normée et la part " développement des
collections " du volet documentaire du contrat d'établissement, et
cela jusqu'au prochain rendez-vous contractuel. A effectif constant, chaque
université est assurée de bénéficier en 1998 d'une
dotation récurrente (normée + " développement des
collections ") au moins égale à celle de 1997. Dans la
mesure où il a été réparti en 1998 une enveloppe
supérieure à celle de l'année précédente,
toutes les universités bénéficient en
réalité d'une dotation supérieure.
Ce système n'a pas été retenu pour les
bibliothèques interuniversitaires (BIU), la bibliothèque
nationale et universitaire de Strasbourg (BNUS) et les bibliothèques des
grands établissements qui, en raison de leurs fortes
spécificités, se voient attribuer des dotations
spécifiques.
2°)
Les dotations aux établissements publics :
Centre technique du livre (CTLes), Agence bibliographique de l'enseignement
supérieur (ABES), Ecole nationale supérieure des sciences de
l'information et des bibliothèques (ENSSIB), et services de
coopération : Centre international d'enregistrement des
publications en série (CIEPS), Comité des travaux historiques et
scientifiques (CTHS) pour un montant de 27 millions de francs.
3°)
Les dotations aux universités au titre de la
coopération pour un montant de 40,5 millions de francs dont 24 millions
de francs aux CADIST (pôles d'excellence dans une discipline
donnée) et 10 millions de francs attribués au titre du prêt
entre bibliothèques et de la franchise postale.
4°)
Les contrats et actions spécifiques pour un montant
de 210,2 millions de francs dont 124 millions de francs d'ores et
déjà inscrits au titre des engagements contractuels
révisés en fonction du nouveau système de
répartition. Outre le développement des collections, ces
crédits seront destinés à accompagner la modernisation des
établissements (informatisation, accès aux ressources
électroniques, numérisation) et leur restructuration, à
aider à la conservation et la mise en valeur des collections
patrimoniales, à permettre l'extension des horaires d'ouverture
grâce notamment au recrutement de moniteurs.
Budget
1998
Chapitre 36-11, article 20
(en millions de francs)
•
Dotations normées 224 (+ 14 %)
• Dotations aux universités au titre de la coopération
documentaire 37 (+ 6 %)
• Dotations aux EPA et services de coopération 35 (- 28 %)
• Contrats et actions spécifiques 206,7 (+ 10 %)
Dont :
engagements contractuels 124
(révisés en fonction du nouveau dispositif de répartition)
base 97 des contrats en renouvellement 98 32,5
(révisée en fonction du nouveau dispositif)
accompagnement des surfaces nouvelles, 50,2
rattrapage, informatisation, modernisation
Dont :
développement des collections 113 (- 5 %)
monitorat, horaires d'ouverture 20 (+ 30 %)
informatisation, ressources électroniques 40 (+ 40 %)
restructuration de SCD, accompagnement nouvelles surfaces 17 (+ 40 %)
rattrapage, mise à niveau 7,5 (+ 30 %)
patrimoine imprimé 5 (+ 15 %)
divers 4,2
Le projet de loi de finances pour 1999 porte les subventions de fonctionnement
de 502,7 à 535,4 millions de francs, soit une augmentation de 32,7
millions (+ 6,50%).Les droits de bibliothèques acquittés par les
étudiants sont augmentés de 3%, à 134 francs, soit plus de
6 millions de francs supplémentaires pour les BU.
Le
" fléchage "
des crédits en faveur des
bibliothèques universitaires présente un avantage protecteur
indispensable en période de rattrapage et de modernisation des
bibliothèques universitaires. En revanche, une fois cette période
terminée, le " fléchage " n'est plus
nécessaire : il constituerait même un facteur de
rigidité budgétaire.
2. Les locaux et les conditions d'accueil
De
1975 à 1990, aucun chantier de bibliothèque (construction,
extension ou aménagement) n'a été engagé.
Le rapport Miquel a préconisé la mise en service, en cinq ans, de
35.000 places de consultation ainsi que le développement du
libre-accès aux collections. Cela a conduit à proposer
l'objectif minimal de 370.000 mètres carrés
supplémentaires
, soit, au total, 1 million de mètres
carrés pour 1 million d'étudiants à l'époque (1
mètre carré utile/étudiant).
Le schéma Université 2000 (1991-1995) puis le XI
e
Plan
(1994-1999) ont repris cet objectif, mais dans un contexte de forte croissance
de la population universitaire.
De 1991 à 1995, dans le cadre du plan Université 2000, 95.000
mètres carrés de bibliothèques (soit 27,1 % de l'objectif
du rapport Miquel) ont été construits ou
réaménagés, représentant environ 13.000 places de
consultation (soit 37,1 % du total recommandé par le rapport Miquel).
Ceci correspond à 90 opérations d'une superficie moyenne de 1.050
mètres carrés ; un tiers d'entre elles étaient
inférieures à 500 mètres carrés.
La croissance de la démographie étudiante a toutefois fait
descendre le ratio mètre carré/étudiant à 0,48. Les
bibliothèques n'ont ainsi représenté que 4,75 % des 2
millions de mètres carrés construits pour les universités
durant ces cinq années.
34.857 mètres carrés de bibliothèques ouverts en 1996
auxquels se sont ajoutés 43.542 mètres carrés en 1997
constituent un apport d'environ 78.000 mètres carrés en une
trentaine d'opérations d'une superficie moyenne d'environ 2.500
mètres carrés. Quatre mille places assises supplémentaires
ont ainsi pu être mises en service en 1997.
24 bibliothèques représentant environ 70.000 mètres
carrés sont aujourd'hui en chantier et doivent ouvrir en 1998 et une
vingtaine d'opérations pour un total d'environ 71.000 mètres
carrés ont actuellement un programme de construction précis et un
architecte, ce qui permet de prévoir l'ouverture de ces bâtiments
en 1999. En 2000, plus de 75.000 mètres carrés devraient
être mis en service.
Les bibliothèques de l'Université Paris VIII-Saint-Denis d'une
superficie de 12.500 mètres carrés et celle de Montpellier I sur
le site Richter (15.000 mètres carrés) dont le chantier va
démarrer, constitueront les opérations de construction de
bibliothèques les plus significatives de la décennie.
Au total, le bilan de la décennie apparaît tout à fait
honorable : 3,8 millions de mètres carrés de locaux
d'enseignement et de recherche ont été construits. Les
constructions ou aménagements de bibliothèques
représentent 339.000 mètres carrés soit 8,9 % de
l'ensemble.
La construction de ces nouveaux locaux a permis une mise en valeur des moyens
techniques, rénovation immobilière et rénovation technique
ayant nettement amélioré les conditions de travail des
étudiants, mais également l'image des bibliothèques
universitaires.
Ces efforts ont accru l'accessibilité aux ressources documentaires,
grâce notamment, à
l'élargissement des horaires
d'ouverture
. Ouvertes à peine 40 heures par semaine auparavant, les
bibliothèques universitaires ouvrent aujourd'hui en moyenne 50 heures.
La bibliothèque Sainte-Geneviève et les bibliothèques de
Strasbourg ouvrent jusqu'à 22 heures ; une bibliothèque sur
cinq reste ouverte plus de 55 heures par semaine. Un tiers d'entre elles sont
ouvertes du lundi au samedi inclus. L'objectif doit être d'atteindre 60
heures par semaine à court terme en élargissant l'ouverture en
matinée ou en soirée et le samedi, et de diminuer la durée
des fermetures annuelles.
Dans une lettre du 8 septembre 1997 adressée aux présidents
d'université, le directeur de l'Information scientifique, des
technologies nouvelles et des bibliothèques du ministère
rappelait les moyennes actuelles des horaires d'ouverture des BU et
précisait qu'une ouverture de 60 heures par semaine restait l'objectif
à atteindre, cet aspect étant mis "
à
l'ordre du
jour des négociations contractuelles pour toutes les universités
en renouvellement de contrat (ou à mi-parcours)".
Le tableau ci-après reprend les informations figurant dans la lettre en
question :
|
Horaires hebdomadaires |
Horaires
|
Nombre
de jours d'ouverture
|
Bibliothèques
interuniversitaires
|
56 H |
2.450 H |
264 jours |
Bibliothèques universitaires de Paris |
47 H |
2.000 H |
219 jours |
Bibliothèques universitaires de province |
50 H |
2.100 H |
232 jours |
En 1999,
l'augmentation des horaires et périodes d'ouverture sera la
première des priorités et constitue le premier critère de
répartition des moyens, des emplois notamment.
La mise en libre accès des collections se développe et permet aux
usagers de disposer directement des documents dans les salles de lecture. Les
constructions neuves sont conçues selon ce principe, et des
rénovations de locaux visant à améliorer
l'accessibilité de collections sont en cours notamment à Caen,
Bordeaux, Chambéry, Clermont-Ferrand, Grenoble, Nice, Cujas,
Sainte-Geneviève et Paris XII.
3. Les personnels
Depuis 1991, les bibliothèques universitaires
renouent
avec les créations d'emplois.
En effet, en 1982, il y avait 3.349
postes de personnels de bibliothèques, puis une décrue lente mais
régulière de ces effectifs a porté le nombre des
bibliothécaires à 3.133 en 1989, soit - 6,4 % sur sept ans alors
que, sur la même période, le nombre d'étudiants connaissait
une véritable explosion.
Les recrutements se sont ensuite faits plus importants, portant les effectifs
de 3.133 en 1989 à 3.570 en 1995, soit + 13,9 % en six ans.
Au 1
er
septembre 1997, 4.100 agents (y compris les personnels
administratifs - les IATOS) travaillaient dans les bibliothèques
universitaires. Le budget 1998 a prévu la création de 350
emplois, et celui pour 1999 la création de 149 emplois.
4. Les collections et acquisitions documentaires
Dans ce
domaine également, l'effort réalisé a été
très appréciable. En 1981, les bibliothèques
universitaires possédaient 18 millions de livres, thèses et
mémoires : ce chiffre n'a pas changé jusqu'en 1986.
En revanche, les collections ont commencé à progresser à
partir de 1987 et ont atteint le chiffre de 22 millions d'ouvrages en 1993,
soit + 22,2 % en sept ans. Une stabilisation des collections peut
cependant être constatée depuis cette date.
Le tableau ci-après présente la répartition des
collections des bibliothèques universitaires (chiffres de 1994).
Répartition des collections des bibliothèques universitaires
en 1994
Périodiques |
Plus de 6.000 titres |
de 2.000 à 6.000 titres |
Moins de 2.000 titres |
Plus de 500.000 volumes |
Bordeaux
|
Grenoble 2-3 |
|
De
200.000 à
|
Caen
|
Aix-Marseille
|
Strasbourg 2
|
De
100.000 à
|
Grenoble 1 - INPG |
Aix
Marseille 2
|
Angers
|
Moins de 100.000 volumes |
|
BU
Technologie
|
Artois
|
|
|
|
Mulhouse
|
Les
disparités considérables entre les bibliothèques
universitaires apparaissent clairement à la lecture de ces chiffres.
D'une manière générale, les grandes bibliothèques
sont rares et les collections moyennes dominent. Seules quatre d'entre elles
comptent plus d'un million de volumes : Sainte-Geneviève, la
Sorbonne, la bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg et la
bibliothèque interuniversitaire de médecine.
27 bibliothèques ont moins de 100.000 volumes. Il s'agit en
général de jeunes universités pluridisciplinaires
créées dans les années 1970 et 1980 (s'y trouvent
notamment les BU des universités nouvelles) ; elles
présentent souvent un taux élevé d'étudiants de
premier cycle.
Les acquisitions de documents, mis en parallèle avec les crédits
documentaires, ont évolué comme suit depuis cinq
ans :
|
Subventions aux BU (Chap. 36-11)
|
Achats de livres (en volumes) |
Abonnements
|
1992 |
228 |
560.000 |
85.000 |
1993 |
279 |
672.000 |
92.700 |
1994 |
312 |
733.000 |
98.700 |
1995 |
321 |
775.000 |
105.000 |
1996 |
356 |
840.000 |
106.500 |
1997 |
389 |
-- |
-- |
On
constate que de 1992 à 1996, les subventions aux bibliothèques
universitaires ont progressé de 56 %, les achats de livres de 50 % et
les abonnements à des revues de 25 %. L'effort supplémentaire est
effectivement consacré en priorité, par delà les
opérations de modernisation des services, à l'achat d'ouvrages,
le coût croissant régulièrement d'année en
année des périodiques rendant plus difficile le
développement des collections de revues.
En effet, la forte augmentaiotn du coût de la documentation s'explique
par la hausse importante du prix des abonnements mais aussi du coût de
l'information électronique, plus élevée que celui des
livres du fait du problème des contrats de licence (cf. chapitre III).
Une politique de conservation des collections anciennes, par une action en
faveur de la restauration, de la reproduction et de la mise en valeur du
patrimoine imprimé et manuscrit est également menée. Telle
est la mission du
Centre technique du livre de l'enseignement
supérieur
(cf. encadré ci-après) où je me suis
rendu dans le cadre de ma mission.
Le Centre technique du livre de l'enseignement supérieur (CTL-es) est un
établissement public à caractère administratif
créé par le décret n° 94-922 du 24 octobre
1994. Il est installé à Bussy-Saint-Georges dans le Val-de-Marne,
et a commencé à fonctionner en avril 1997 dans le cadre d'une
opération conjointe avec la Bibliothèque nationale de France.
Le CTL-es a une double mission :
- répartir les exemplaires des monographies dans le cadre du
dépôt légal ;
- et, surtout, assurer une fonction de bibliothèque de
dépôt : en effet, le CTL-es assure la conservation et le
stockage des collections peu usitées des bibliothèques
universitaires parisiennes.
Les capacités de stockage du Centre sont considérables, puisque
ses magasins, traditionnels ou industriels, permettent de conserver environ
80 km de linéaires, soit 3 millions de volumes. 68 km
linéaires sont aujourd'hui installés mais 6 km seulement
sont à l'heure actuelle occupés. Malgré l'hostilité
initiale des professionnels due à la crainte d'un "
exil des
documents
", de plus en plus de bibliothèques universitaires font
appel au CTL-es puisque son programme de stockage est d'ores et
déjà arrêté jusqu'en 2001. A tel point que
l'établissement de critères s'avère indispensable avant
d'accueillir des fonds documentaires. Si le Centre permet aux
bibliothèques de récupérer des espaces de magasinage, il
n'accroît pas leurs capacités en libre accès, à
moins d'une réorganisation des locaux des bibliothèques.
Le statut juridique des documents est déterminé par
l'université versante : certains documents restent la
propriété des universités tandis que la majorité
d'entre eux devient la propriété du Centre. Les
bibliothèques universitaires acquittent un coût de location -
très modique - de 25 francs par an au mètre linéaire
versé au Centre.
Les documents transférés pourront être communiqués
à la demande dans un délai qui ne devrait pas excéder
48 heures. Les documents originaux sont pour l'instant communiqués
mais un projet consistant à communiquer les documents antérieurs
à 1970 sur microfilms est actuellement en cours. Les prix de ces
communications constitueront pour le Centre de futures recettes, son
financement étant pour l'instant assuré intégralement par
l'Etat.
En effet, le CTL-es, pour mener à bien ses missions, dispose d'un budget
de fonctionnement annuel de 5 millions de francs et de 21 postes
budgétaires (2 personnels administratifs et 19 personnels des
bibliothèques), même si un poste d'informaticien n'est pas pourvu.
*
* *
Le Conseil supérieur des bibliothèques, dans son rapport 1998, a dressé un tableau comparatif des trois grandes catégories de bibliothèques en France.
Les
bibliothèques en France
|
|||||
|
BU |
BM |
BDP |
Total |
% BU/Total |
Nombre de bibliothèques |
93 |
2 486 |
96 |
2.675 |
3,48 |
Nombre d'usagers inscrits |
1.200.000 |
6.400.000 |
non comptabilisé |
7.600.000 |
15,79 |
Collections d'imprimés |
22.000.000 |
89.700.000 |
29.600.000 |
141.300.000 |
15,57 |
Nombre de livres acquis dans l'année |
884.000 |
4.800.000 |
1.300.000 |
6.900.000 |
12,81 |
Nombre de livres prêtés |
10.700.000 |
145.000.000 |
17.200.000** |
172.900.000 |
6,19 |
Budget d'acquisitions (en francs) |
314.900.000 |
494.200.000 |
125.100.000 |
934.200.000 |
33,71 |
Personnel : nombre d'agents |
3.570 |
17.000 |
2.200 |
22.770 |
15,68 |
Sources : Annuaire des bibliothèques universitaires
1995, Paris, La Documentation française, 1997 ;
Bibliothèques municipales, bibliothèques départementales
de prêt : données 1996, ministère de la Culture,
direction du Livre et de la Lecture.
|
Alors
que les bibliothèques universitaires ne représentent qu'à
peine 3,5 % de l'ensemble des bibliothèques françaises, leur
part est tout à fait honorable eu égard aux grands indicateurs
représentés ici : le tiers du budget total
d'acquisitions ; plus de 15,5 % du nombre des usagers inscrits, des
collections d'imprimés et des personnels ; 12,8 % du nombre de
livres acquis dans l'année pour toutes les bibliothèques
françaises. Leurs résultats sont moins bons, quoique
supérieurs à leur part dans le total national, en matière
de livres prêtés : 6,20 % des prêts
effectués chaque année en France par les bibliothèques.
Le tableau ci-après retrace l'évolution des bibliothèques
universitaires de 1981 à 1995.
EVOLUTION DES
BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES DE 1981
À 1995 :
|
|||||||||||||||
ANNEE |
1981 |
1982 |
1983 |
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
MOYENS |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
nombre de bibliothèques universitaires |
61 (1) |
61 |
61 |
61 |
61 |
62 (2) |
63 |
64 (3) |
67 (4) |
67 |
73 (8) |
77 (9) |
82 (10) |
85 (12) |
93 (13) |
nombre de points de desserte (sections) |
184 |
184 |
184 |
184 |
185 |
192 |
195 |
195 |
195 |
200 |
232 |
239 |
290 (11) |
301 |
311 |
surface bâtie totale |
610.578 |
614.363 |
615.406 |
617.221 |
618.888 |
624.321 |
628.613 |
628.725 |
631.199 |
634.000 (5) |
637.550 |
625.416 |
672.647 |
687.712 |
728.064 |
nombre de places assises |
61.000 |
|
|
|
|
|
65.000 |
|
|
|
|
68.360 |
72.834 |
74.213 |
80.059 |
public potentiel : total |
958.000 |
975.000 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
public inscrit |
|
|
462.000 |
463.000 |
559.000 |
595.000 |
615.000 |
642.000 |
723.000 |
794.000 |
858.000 |
923.000 |
1.045.000 |
1.121.000 |
1.200.600 |
personnel |
3.178 |
3.349 |
3.321 |
3.316 |
3.299 |
3.255 |
3.195 |
3.149 |
3.133 |
3.134 |
3.208 |
3.332 |
3.411 |
3.534 |
3.570 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
COLLECTIONS |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
livres, thèses et mémoires (en millions de volumes) |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18 |
18,5 |
19,0 |
19,5 |
20 |
20,5 |
21,2 |
22 |
22 |
22 |
livres, périodiques, thèses et mémoires (en millions de livres) |
873.000 |
895.000 |
910.000 |
930.000 |
950.000 |
965.000 |
975.000 |
985.000 |
1.000.000 |
1.015.000 |
1.030.000 |
1.047.000 |
1.079.000 |
1.130.000 |
1.160.000 |
microcopies (unités matérielles) |
180.000 |
300.500 |
|
|
|
|
575.000 |
750.000 |
962.000 |
1.065.000 |
1.315.000 |
1.390.000 |
1.630.000 |
1.700.000 |
2.014.000 |
documents divers (unités matérielles) |
3.080.000 |
3.100.000 |
|
|
|
|
3.800.000 |
3.900.000 |
3.970.000 |
4.164.000 |
4.508.000 |
4.253.063 |
2.600.000 |
2.700.000 |
2.800.000 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ACQUISITIONS DOCUMENTAIRES |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(sur crédits de fonctionnement, d'équipement, par dons et échanges) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
livres, thèses et mémoires (en nombre de volumes) |
355.000 |
382.000 |
384.000 |
390.000 |
450.000 |
460.000 |
470.000 |
490.000 |
510.000 |
522.000 |
538.000 |
663.000 |
786.000 |
839.000 |
884.000 |
périodiques (titres en cours) |
100.000 |
96.000 |
95.600 |
95.560 |
96.300 |
97.300 |
101.000 |
103.000 |
110.000 |
116.000 |
124.000 |
122.000 |
126.000 |
133.000 |
139.000 |
microcopies |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DEPENSES (en millions de francs) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
dépenses totales |
108 |
130 |
107 (6) |
118 |
146 |
160 |
183 |
219 |
269 |
310 |
366 |
411 |
488 |
551 |
598 |
dépenses de personnel (vacataires) |
7 |
8 |
6 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
13 |
16 |
23 |
22 |
24 |
41 |
48 |
dépenses documentaires |
46 |
56 |
64 |
71 |
83 |
90 |
95 |
118 |
142 |
165 |
197 |
215 |
254 |
288 |
315 |
dépenses de conservation (7) |
3 |
3 |
4 |
4 |
4 |
5 |
7 |
9 |
11 |
13 |
15 |
18 |
19,9 |
21,6 |
25,5 |
(1)
Création de Corte
|
C. S'INSCRIVANT DANS UNE LOGIQUE DE RATTRAPAGE, CES EFFORTS RESTENT CEPENDANT INSUFFISANTS
Les
efforts entrepris par l'Etat, les collectivités territoriales et la
communauté universitaire ont été considérables et
ont permis de faire sortir les bibliothèques universitaires de leur
" misère ".
Toutefois, les progrès enregistrés dans ce domaine sont à
nuancer:
si les bibliothèques universitaires françaises ont
engagé un important travail de modernisation, elles ne paraissent pas
encore aptes à aborder le XXI
e
siècle dans des
conditions optimales.
L'importance des investissements
réalisés pour faire disparaître les archaïsmes des
bibliothèques universitaires a permis de combler un retard
considérable de la France en la matière.
Il s'agit
désormais de faire des bibliothèques universitaires les
instruments efficaces et performants d'un enseignement supérieur digne
de la société de l'information vers laquelle nous nous
dirigeons.
A cet égard, les bibliothèques universitaires françaises
n'ont pas encore achevé leur modernisation mais, surtout, elles restent
très en retrait par rapport à celles de pays au niveau de
développement comparable au nôtre, qu'il s'agisse des collections,
des volumes d'acquisitions, des surfaces ou des personnels.
1. Les objectifs fixés par le rapport Miquel n'ont pas été complètement atteints
La
première priorité aura été de doter les
universités de nouvelles surfaces de bibliothèques.
Le
schéma Université 2000 prévoyait initialement, selon
les recommandations du rapport Miquel, d'augmenter de moitié les locaux
avec 35.000 places supplémentaires représentant 370.000
mètres carrés, de façon à atteindre un minimum de 1
mètre carré par étudiant. Cependant, en raison des
contraintes budgétaires, seuls environ 175.000 mètres
carrés de bibliothèques auront été mis en service
de 1991 à 1997 (dont 43.500 mètres carrés en 1997)
auxquels s'ajoutent 70.000 mètres carrés dont l'ouverture
est prévue en 1998 et 71.000 mètres carrés en 1999.
Par ailleurs, une quinzaine d'opérations inscrite dans le plan
Université 2000 et au XI
e
Plan et représentant un
total de 65.000 mètres carrés, ne connaissent aucun
début d'engagement, ni programme, ni architecte. Du fait cependant de la
forte croissance de la démographie étudiante, la capacité
d'accueil des bibliothèques s'est dégradée de façon
continue : le ratio mètre carré par étudiant est en
effet passé de 0,73 en 1970 à 0,50 en 1997.
Or, à effectif constant, c'est 1.150.000 mètres
carrés de bibliothèques qui seraient nécessaires pour
retrouver le ratio de 1970 (0,73). Les besoins restent en conséquence
importants, surtout si l'on tient compte de la non fonctionnalité des
locaux anciens, de la nécessité absolue de les mettre en
conformité avec la réglementation sur la sécurité,
et de la faible part de libre accès aux collections qu'ils offrent. A
cet égard, on observe que seulement 20 % des collections
universitaires sont en libre accès, alors qu'il est communément
admis que le pourcentage souhaitable doit se situer au moins à 50 %.
En outre, le développement des ressources documentaires
électroniques - si elles permettent en effet de
dématérialiser l'information et de favoriser les accès
à distance - ne contribuent pas, loin s'en faut, à diminuer
l'évaluation des besoins. En effet, les nouvelles technologies de
l'information appellent une multiplication importante de postes de travail qui
occupent une superficie sensiblement plus grande que les places traditionnelles
de lecture : alors que celles-ci occupent, à l'unité,
2,5 mètres carrés, les places de consultations
adaptées à l'accès aux documents électroniques
nécessitent entre 3,5 et 4 mètres carrés.
Le développement du multimédia rend par ailleurs
nécessaire la généralisation des carrels individuels
(4,5 mètres carrés à l'unité) et d'espaces de
travail en groupe de différentes tailles.
Les ressources électroniques appellent également, dans les locaux
de la bibliothèque, des espaces d'accueil spécifiques, des
espaces d'assistance à la recherche et des espaces de formation qui font
souvent défaut aujourd'hui.
Ces exigences s'ajoutent plus qu'elles ne se substituent aux besoins
traditionnels en surfaces de travail sur place, de consultation des documents
en libre accès et de stockage.
En définitive, le développement des nouvelles ressources rend
nécessaire une grande flexibilité et évolutivité
des bâtiments, ainsi que leur câblage
généralisé, mais ne modifie pas le diagnostic selon lequel
un effort important de construction de bibliothèques apparaît
indispensable.
En préconisant la construction de 900.000 mètres
carrés de bibliothèques universitaires, le rapport Fauroux se
situait dans la perspective d'un besoin calculé sur la base de
1 mètre carré par étudiant, ce qui correspond
à un objectif ambitieux par rapport à l'existant mais
mesuré en regard des normes internationales habituellement
recommandées de 1,5 mètre carré par étudiant.
Partant d'une analyse de la situation des universités, les besoins les
plus manifestes pour les cinq prochaines années peuvent se
décliner comme suit :
- réaliser effectivement les opérations prévues au
XI
ème
Plan mais qui paraissent, pour une raison ou pour une
autre, abandonnées ou enlisées,cela représente
15 opérations correspondant à un total de
65.000 mètres carrés ;
- engager des opérations de restructuration, mise en
sécurité et modernisation des locaux existants. On peut
évaluer à environ 200.000 mètres carrés le
niveau des besoins, dont au moins un quart en Ile-de-France ;
- engager la construction de nouvelles bibliothèques, pour une
superficie située entre 350.000 et 500.000 mètres
carrés, soit entre 70.000 et 100.000 mètres carrés
par an.
Il convient également de renforcer les ressources documentaires des
bibliothèques universitaires.
Cette action devra être
poursuivie sur le long terme pour rééquilibrer l'offre
documentaire sur le territoire national. En effet, les achats annuels ne
dépassent pas au total 0,5 volume par étudiant et plus de la
moitié des bibliothèques universitaires ont encore des
collections de livres inférieures à 200.000 volumes, seuil
considéré comme un minimum en Allemagne. Seules quatre
bibliothèques possèdent plus d'un million de volumes. Des efforts
différenciés ont été engagés dans le cadre
des contrats d'établissement selon la taille des universités, la
rapidité de leur croissance et la nature de leurs projets. Cette
démarche demande à être confortée par une plus
grande attention portée à la qualité des collections
grâce à l'élaboration de plans d'acquisition fixant les
priorités en termes disciplinaires. Les bibliothèques
universitaires sont confrontées à la fois à l'augmentation
des coûts de la documentation imprimée, notamment des abonnements
aux revues étrangères dont le prix croît sensiblement plus
vite (7 % par an) que la moyenne des prix, et à l'intensification
de l'offre de documentation électronique, qu'il s'agisse du
développement de réseaux de CR-Rom ou l'accès à des
ressources électroniques en ligne. Ces facteurs rendent d'autant plus
nécessaire l'élaboration de plans de développement des
ressources documentaires, de façon à ce que l'action de la
bibliothèque soit en pleine harmonie avec la politique scientifique de
l'université, et accompagne les axes forts de formation et de recherche.
Les bibliothèques universitaires parisiennes connaissent des
difficultés plus profondes, qualifiées par l'un de mes
interlocuteurs de "
carence absolue
", d'autant plus que le nombre
d'étudiants en région parisienne, contrairement à la
tendance nationale, ne paraît guère diminuer et que les
universités parisiennes avaient été les grandes
"oubliées" du plan Université 2000. Ainsi, 100.000
mètres carrés de locaux de bibliothèques inscrits au
XI
ème
Plan, principalement en Ile-de-France, correspondent
à des opérations qui n'ont pas été engagées.
C'est le cas notamment à Jussieu, à la BDIC, à
Versailles/Saint-Quentin, à Marne-la-Vallée...
Les locaux des bibliothèques parisiennes sont mal conçus et le
manque de places est flagrant : les bibliothèques universitaires
offrent, en moyenne nationale, une place assise pour 18 étudiants
mais ce ratio, dans les BIU parisiennes, est de une place pour 34 inscrits.
Ainsi, les bibliothèques universitaires, comme d'une manière
générale tout ce qui relève de la vie étudiante,
ont été négligées.
C'est pourquoi le plan
Université du troisième
millénaire (U3m)
sera axé, notamment, sur les locaux
universitaires parisiens. Ce plan sera intégré au
XII
ème
plan qui, sur une période de sept ans, devrait
consacrer environ 34,4 milliards de francs (hors équipement) aux
locaux universitaires. Les bibliothèques universitaires entreraient dans
le volet du plan consacré à la vie étudiante, pour des
crédits estimés à 2,9 milliards de francs (soit 8,3%
de l'enveloppe globale) et devant couvrir la construction de 300.000
mètres carrés ainsi que le câblage des bâtiments de
bibliothèques afin de promouvoir une politique documentaire basée
sur les nouvelles technologies.
Il paraît toutefois légitime de s'interroger sur l'ampleur de
l'effort en faveur des bibliothèques universitaires inscrit dans U3m,
une évaluation après enquête chiffrant les besoins à
7,5 milliards de francs : 4,8 milliards pour les constructions, 1,25
milliard pour les réhabilitations, 1,55 milliard pour les
équipements en mobilier et en matériel
. Il apparaît
indispensable de réévaluer, au sein de l'enveloppe globale pour
U3m, la part consacrée aux bibliothèques universitaires.
En outre, un document du ministère consacré aux grandes
orientations d'U3m note que
" Le monde virtuel n'est pas
géographiquement localisé. C'est l'époque des
réseaux ".
Ne faut-il pas voir dans ce propos un
désintérêt pour les bibliothèques
universitaires ?
2. Les comparaisons internationales sont défavorables aux bibliothèques universitaires françaises
Ce
constat a surtout été établi par le rapport
Pour
l'école
que la commission présidée par M. Roger
Fauroux a rendu en juin 1996.
Le rapport a constaté, lui aussi,
" l'indigence des
bibliothèques universitaires de notre pays ".
Sévère, le rapport poursuit : "
Tous les
critères internationaux de comparaison des bibliothèques
universitaires mettent la France au ban des nations comparables
.
Qu'il
s'agisse d'acquisitions d'ouvrages, de collections, d'abonnements en cours,
d'emplois affectés en bibliothèques, de salles
équipées des nouvelles technologies, de prêt à
domicile ou de prêt inter-bibliothèques, d'horaires d'ouverture,
de budget de fonctionnement ou du nombre de places offertes, la France est
à la traîne.
"
Le budget global consacré aux bibliothèques universitaires est,
on l'a vu, de 1.300 millions de francs, soit le budget... de la seule
bibliothèque du Congrès américain.
Dans les bibliothèques universitaires françaises, on dispose en
moyenne d'une place pour 18 étudiants et de 0,5 mètre
carré par étudiant, alors que la moyenne pour les pays
développés et d'une place pour 5 étudiants et de
1,5 mètre carré par étudiant. Il convient donc de
porter une attention particulière aux surfaces de bibliothèques
dans la préparation du XII
e
Plan et des prochains contrats
Etats-régions.
En matière de collections et d'acquisitions, seules quatre
bibliothèques universitaires françaises ont plus d'un million de
volumes, soit 3 % des bibliothèques. En Allemagne, plus d'une
bibliothèque sur trois atteint ce chiffre. Les collections d'ouvrages
françaises sont pauvres eu égard à celles existant au
Royaume-Uni qui sont 4,5 fois supérieures, ou en Allemagne,
où elles sont 5,3 fois plus importantes. Aux Etats-Unis, le budget
de l'université de Yale consacré aux acquisitions est de
60 millions de francs par an, celui de Harvard de 104 millions :
il s'élève à 350 millions de francs par an pour
l'ensemble des universités françaises.
Le rapport Fauroux rappelle également que "
le
sous-équipement en bibliothèque est aggravé par leurs
conditions d'usage
". En Allemagne ou au Royaume-Uni, pour un nombre
d'usagers inscrits tout à fait similaire, les personnels sont plus de
deux fois plus nombreux qu'en France. Les horaires d'ouverture, en outre, sont
insuffisants, 12 % des sections ouvrant entre 55 et 60 heures par
semaine et 5 % plus de 60 heures. La commission
note : "
Là encore, la comparaison avec les pays de
forte tradition ou pratique universitaire est impitoyable : quiconque a eu
la chance d'étudier dans une bibliothèque universitaire
allemande, américaine ou canadienne sait qu'il peut travailler de huit
heures à vingt-trois heures et revenir le samedi et le dimanche pour
lire un livre commandé quelques jours avant dans une autre
bibliothèque universitaire éloignée.
".
Les bibliothèques universitaires gagneraient également
à être ouvertes pendant les mois d'été, ce qui
serait tout à fait compatible avec l'ambition du ministre de
développer la formation continue au sein des universités.
Le rapport Fauroux déplore que les bibliothèques universitaires
françaises ne soient pas encore "
le centre nerveux de
l'établissement
".
Le tableau ci-après, issu du dernier rapport du Conseil supérieur
des bibliothèques, permet d'établir des comparaisons tout
à fait pertinentes avec les deux références que sont
l'Allemagne et l'Angleterre en matière de bibliothèques
universitaires.
|
France |
Allemagne |
Grande-Bretagne |
Nombre de bibliothèques |
93 |
79 |
88 |
Nombre d'usagers inscrits |
1.200.000 |
1.700.000 |
1.300.000 |
Collections d'imprimés |
22.000.000 |
124.000.000 |
70.000.000 |
Budget annuel d'acquisitions (en millions d'écus) |
2.080 |
6.946 |
2.689 |
Nombre de livres acquis dans l'année |
884.000 |
3.800.000 |
2.200.000 |
Périodiques en cours |
139.000 |
425.600 |
344.000 |
Personnel : nombre d'agents |
3.570 |
8.000 |
8.900 |
Ainsi,
alors que le nombre de bibliothèques universitaires est relativement
proche dans les trois pays considérés, de même que, eu
égard à leur population respective, le nombre d'usagers inscrits,
la France se distingue par la faiblesse des moyens dont disposent ses
bibliothèques universitaires : 2,5 fois moins de personnels
qu'en Grande-Bretagne, un budget d'acquisitions près de 3,5 fois
inférieur à celui de l'Allemagne, 5,6 fois moins
d'imprimés qu'outre-Rhin et plus de trois fois moins qu'au
Royaume-Uni ; de même, l'Allemagne et la Grande-Bretagne
acquièrent chaque année pour leurs bibliothèques
universitaires respectivement 4,3 et 2,5 fois plus de livres que la France.
CHAPITRE DEUX
LES BIBLIOTHÈQUES
UNIVERSITAIRES BÉNÉFICIENT DE STRUCTURES RENOVÉES
ET DE
PERSONNELS MIEUX FORMÉS
A. LE CADRE LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE OU COMMENT FAIRE VIVRE UNE " DÉCENTRALISATION COOPÉRATIVE "
Ne
seront évoqués ici que
les aspects statutaires des
bibliothèques universitaires
, c'est-à-dire la façon
dont elles sont organisées par les lois et règlements qui les
régissent.
Les conséquences pratiques de ce cadre juridique, et les
problèmes qu'il est susceptible d'engendrer, seront examinés plus
loin, au chapitre 3 du présent rapport.
En effet, l'organisation institutionnelle des bibliothèques
universitaires n'est évidemment pas sans implications sur la politique
documentaire que mènent les universités, même si, on le
verra, leur organisation documentaire ne rend qu'imparfaitement compte d'une
réalité très complexe.
Dès avant le rapport Miquel, les bibliothèques universitaires
avaient connu une importante évolution statutaire, puisque le
décret n° 85-694 du 4 juillet 1985 - décret
d'application de la loi n° 84-52 du 26 janvier 1984 relative
à l'enseignement supérieur - avait prévu la
création des services communs de la documentation (SCD). Le rapport
Miquel a, en revanche, constaté que l'organisation des structures
documentaires dans les universités était
"
inachevée
", la mise en place des SCD
nécessitant un délai relativement long. Ainsi, trois ans
après la parution du décret, le rapport notait que seuls 14 SCD
avaient vu le jour.
L'évolution, près de dix ans après, est tout à
fait satisfaisante puisque 74 universités, sur les 93 que compte notre
pays, sont désormais dotés d'un SCD.
1. Les principes législatifs régissant la documentation universitaire
La loi
de 1984 sur l'enseignement supérieur dite " loi Savary " se
substitue à la loi d'orientation dite " loi Faure ", du 12
novembre 1968.
Cette dernière a été mise en oeuvre, en ce qui concerne
les bibliothèques universitaires, par un décret du
23 décembre 1970 qui dispose, dans son article 1
er
,
que "
les universités procèdent à la
création de services communs aux UER d'une université ou
lorsqu'une agglomération urbaine comporte plusieurs universités.
Ces services prennent respectivement le nom de bibliothèque de
l'université ou bibliothèque interuniversitaire. Ils pourront
être étendus par convention aux bibliothèques des
universités situées dans une agglomération de
l'académie
"
.
Le décret posa également le principe d'une collaboration des BU
avec les autres bibliothèques et celui de l'ouverture au public non
universitaire.
La loi de 1984 détermine, dans son article 4, les quatre missions du
service public de l'enseignement supérieur parmi lesquelles figure
"
la diffusion de la culture et l'information scientifique et
technique
".
L'article 7 prévoit notamment que
"
le service public de l'enseignement supérieur... assure la
conservation et l'enrichissement des collections confiées aux
établissements
".
Après avoir affirmé que la documentation fait partie
intégrante du service public de l'enseignement supérieur, la loi
fixe les obligations des établissements d'enseignement supérieur
à l'égard de la documentation.
Son article 20 dispose que "
les établissements publics à
caractère scientifique, culturel et professionnel... définissent
leur politique... de documentation dans le cadre de la réglementation
nationale et dans le respect de leurs engagements contractuels
". Il
poursuit : "
leurs activités... de documentation peuvent
faire l'objet de contrats d'établissement pluriannuels...
".
Enfin, l'article 25 de la loi dispose notamment que "
des services
communs
peuvent
être créés, dans des conditions
fixées par décret, notamment pour assurer l'organisation des
bibliothèques et des centres de documentation
".
Ainsi, la création de services communs de la documentation est, pour les
universités,
non une obligation mais une faculté
. Cela
explique, d'une part, la lenteur de la mise en place des SCD et, d'autre part,
l'extrême hétérogénéité des
réalités documentaires que l'on rencontre aujourd'hui encore sur
le terrain.
2. Les services communs de la documentation
La
création d'un SCD n'est pas obligatoire. Cependant, la
quasi-totalité des universités ont choisi cette solution de
manière à rationaliser l'offre documentaire en leur sein.
Les dispositions de la loi de 1984 relatives à la documentation,
notamment son article 25, sont mises en oeuvre par les décrets
n° 85-694 du 4 juillet 1985, 91-320 et 91-321 du 27 mars
1991.
Le décret du 4 juillet 1985 concerne spécialement les services
communs de la documentation, à l'exception des universités de la
région Ile-de-France.
L'article 1
er
précise que les SCD sont
créés par délibération statutaire du conseil
d'administration de l'université, puis
définit ses
fonctions.
Article premier
. - Le service commun de la documentation,
créé par délibération statutaire du conseil
d'administration de l'université, a notamment pour fonctions :
De mettre en oeuvre la politique documentaire de l'établissement, de
coordonner les moyens correspondants et d'évaluer les services offerts
aux usagers ;
D'acquérir, de gérer et de communiquer les documents de toute
sorte qui appartiennent à l'établissement ou qui sont à sa
disposition ;
De participer, à l'intention des utilisateurs, à la recherche sur
ces documents, à la production de l'information scientifique et
technique, à sa diffusion ainsi qu'aux activités d'animation
culturelle, scientifique et technique de l'établissement ;
De favoriser, par l'action documentaire et l'adaptation des services, toute
initiative dans le domaine de la formation initiale et continue et de la
recherche ;
De coopérer avec les bibliothèques qui concourent aux mêmes
objectifs, quels que soient leurs statuts, notamment par la participation
à des catalogues collectifs ;
De former les utilisateurs à un emploi aussi large que possible des
techniques nouvelles d'accès à l'information scientifique et
technique ;
Les services chargés de la documentation sont ouverts aux usagers et aux
personnels des établissements. Ils sont également ouverts
à d'autres utilisateurs dans des conditions précisées par
les autorités responsables.
L'article 2 précise que le SCD "
assure les missions
d'orientation, d'étude, de recherche et d'enseignement bibliographique
et documentaire confiées antérieurement à la
bibliothèque universitaire
" puis le place sous
l'autorité du président de l'université.
L'article 3
est particulièrement important car il
détermine les conditions dans lesquelles les bibliothèques et
centres de documentation participent au SCD.
Article 3.
- Toutes les bibliothèques et tous les centres de
documentation fonctionnant dans l'université participent au service
commun, dans les conditions suivantes :
La bibliothèque universitaire, lorsqu'elle existait auparavant, est
entièrement intégrée dans le nouveau service commun avec
tous les documents et tous les moyens qui lui étaient
affectés ;
D'autres bibliothèques ou centres de documentation peuvent être
également intégrés dans le service commun par
décision du conseil d'administration prise, après avis du conseil
du service commun, sur le rapport du directeur du service commun et
après accord du conseil de l'unité dont relève la
bibliothèque. Les personnels et moyens correspondants sont alors
affectés au service commun ;
Les autres organismes documentaires de l'université sont associés
au service commun. Leurs ressources sont distinctes de celles du service
commun. Ils sont dénommés bibliothèques associées.
Ils fonctionnent sur le plan technique et pour la gestion des documents dans le
cadre du service commun ;
Les services documentaires appartenant à des unités et organismes
liés contractuellement à l'université peuvent, selon les
mêmes modalités contractuelles, être associés au
service commun.
L'ensemble des bibliothèques qui sont intégrées dans le
service commun de la documentation peut porter le nom de bibliothèque
universitaire.
Ainsi, le SCD est composé de bibliothèques
intégrées -qui sont les véritables " BU "-
et de bibliothèques qui lui sont simplement associées.
L'intégration d'une bibliothèque au SCD implique que ce dernier
gère les personnels et moyens correspondants, tandis que les
bibliothèques associées bénéficient d'une plus
grande autonomie : le SCD ne gère pas leurs ressources. Dans son
dernier rapport annuel, l'Inspection générale des
bibliothèques note que l'intégration s'accompagne "
d'une
amélioration considérable des conditions d'accueil, des horaires,
des acquisitions et des services. En contrepartie, l'augmentation du nombre des
inscrits est forte
". Elle poursuit : "
l'intégration suppose...
l'investissement du SCD dans les tâches d'organisation et de
normalisation
".
Cependant, aucune bibliothèque de l'université ne peut rester
sans relation avec le SCD : elles doivent opter, soit pour
l'intégration, soit pour l'association.
On le voit, cette organisation institutionnelle offre une assez large souplesse
aux bibliothèques, encore que cette souplesse ait été de
toute façon nécessaire face à la grande diversité
statutaire des bibliothèques. Tous les professionnels que j'ai
rencontrés ont reconnu, de façon unanime, que les textes
régissant les SCD permettaient un fonctionnement satisfaisant de ces
services,
les problèmes éventuels, qui ne sont pas minces
comme on le verra au chapitre suivant, ne trouvant pas leur origine dans le
décret de 1985.
Le service commun comprend des sections documentaires (article 4 du
décret) spécialisées par disciplines.
Les sections sont créées par décision du conseil
d'administration de l'université. Elles sont dirigées par un
membre du personnel scientifique des bibliothèques.
Les SCD reçoivent des subventions de fonctionnement et
d'équipement et peuvent bénéficier "
de tout autre
ressource allouée par l'université ou par des personnes publiques
ou privées extérieures à l'université
".
Leur budget propre se voit également affecté d'office
"
d'une part des droits annuels de scolarité payés par
les étudiants
". Les personnels des bibliothèques sont
également affectés au SCD, ainsi que, éventuellement, des
personnels administratifs.
L'article 9 du décret prévoit que le SCD "
est
dirigé par un directeur et administré par un conseil
",
le conseil de la documentation. Le directeur est nommé par le ministre
chargé de l'enseignement supérieur après avis du
président de l'université. Il participe, avec voix consultative,
aux trois conseils de l'université (conseils d'administration,
scientifique, des études et de la vie universitaire), "
auxquels
il donne son avis sur toute question concernant la documentation
".
Enfin, il présente au conseil d'administration "
un rapport
annuel sur la politique documentaire de l'université
"
(article 10).
Les textes permettent ainsi aux universités de disposer d'une structure
rendant possible la coordination des efforts en faveur de la documentation.
Cependant, une telle coordination doit être assurée, non seulement
à l'intérieur d'une université, mais également
entre plusieurs établissements d'enseignement
supérieur.
3. Les services interétablissements de coopération documentaire
L'article 44 de la loi sur l'enseignement supérieur
permet
" la création, par délibération statutaire, de
services communs à plusieurs établissements publics à
caractère scientifique, culturel et professionnel ".
Le titre II du décret du 4 juillet 1985 est relatif à la
coopération documentaire entre les établissements d'enseignement
supérieur.
Le décret n° 91-320 du 27 mars 1991 en a
modifié l'essentiel des dispositions.
L'article 12 du décret de 1985 modifié dispose que
"
lorsque plusieurs établissements publics à
caractère scientifique, culturel et professionnel ont leur siège
dans une même agglomération urbaine, une ou plusieurs conventions
peuvent être conclues par ces établissements pour créer,
selon les modalités de l'article 44 de la loi du
26 janvier 1984, un ou plusieurs services inter-établissements
de coopération documentaire
".
Ce service (SICD) est défini comme "
un service commun,
créé par délibération statutaire des conseils
d'administration des établissements contractants
", le statut
de groupement d'intérêt public pouvant être substitué
à celui de service commun.
L'article 13 précise les modalités de la coopération
documentaire : "
les établissements publics à
caractère scientifique, culturel et professionnel ayant
créé un SICD peuvent confier à ce service la gestion de
bibliothèques et sections documentaires correspondant à des
disciplines communes ou complémentaires ou la gestion des
activités techniques et documentaires d'intérêt
commun
". Le SICD est chargé
" de missions communes, en
coordination avec les services de la documentation des établissements
contractants et en liaison avec les réseaux de coopération
régionaux et nationaux ".
L'article 16 du décret prévoit que
" lorsque la gestion
de bibliothèques et sections documentaires est confiée au service
inter-établissements de coopération documentaire, leurs
responsables sont placés sous l'autorité du directeur du
SICD ".
De même,
" les fonctions de directeur de SICD
sont compatibles entre elles et avec celles du directeur de SCD d'une
université contractante ".
Ainsi, la directrice du SCD de
l'université Paul Sabatier à Toulouse (Toulouse I) est-elle
également directrice du SICD de l'agglomération
toulousaine.
4. Des bibliothèques spécifiques
La
bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNUS) ainsi que
les bibliothèques des universités de cette ville
bénéficient d'un statut particulier en vertu de l'article 19 du
décret de 1985.
Le statut de la BNUS, où je me suis rendu, a été
fixé par le décret n° 92-45 du 15 janvier 1992. Ce statut
particulier a été rendu indispensable par les
spécificités - historiques, régionales et culturelles - de
cette bibliothèque. Certes, la BNUS est un SICD, l'article 5 du
décret susmentionné disposant qu'elle
" exerce les
missions de service interétablissements de coopération
documentaire à l'usage des universités de Strasbourg ".
Cependant, le premier alinéa de l'article 5 prévoit que la
BNUS
" est destinée à l'usage du public, notamment des
universitaires, comme
bibliothèque générale
encyclopédique et de recherche
".
Les bibliothèques interuniversitaires et les bibliothèques des
universités des académies de Paris, de Créteil et de
Versailles
bénéficient,
elles aussi, d'un statut
particulier.
Tel est l'objet du décret n° 91-321 du 27 mars 1991,
spécifique aux services de la documentation des académies de
Paris, Créteil et Versailles.
Le point important de ce décret est son
article 7 qui érige
les bibliothèques interuniversitaires de ces académies en
SICD.
Article 7. - Les services interétablissements de coopération
documentaire des académies de Paris, Créteil et Versailles,
dénommés bibliothèques interuniversitaires, sont les
suivants :
la bibliothèque de la Sorbonne ;
la bibliothèque
Sainte-Geneviève ;
la bibliothèque Cujas ;
la
bibliothèque interuniversitaire de médecine ;
la
bibliothèque interuniversitaire de pharmacie ;
la
bibliothèque d'art et d'archéologie ;
la
bibliothèque de documentation internationale contemporaine ;
la
bibliothèque des langues orientales ;
la bibliothèque
interuniversitaire scientifique Jussieu.
Le caractère particulier de ces bibliothèques doit cependant
être respecté, ainsi que le caractère de
bibliothèque publique et encyclopédique de la bibliothèque
Sainte-Geneviève que j'ai été amenée à
visiter. Son statut de SICD ne m'a guère semblé judicieux,
l'histoire et l'importance de ses fonds documentaires pouvant justifier un
statut d'établissement public particulier lui donnant davantage
d'autonomie.
L'Inspection générale des bibliothèques a
été amenée à examiner les charges induites par le
fonctionnement des neuf BIU de Paris. Elle note, dans son dernier rapport
annuel : "
L'éclatement de l'Université de Paris en treize
universités distinctes et la création des bibliothèques de
ces universités a rendu complexe l'organisation documentaire parisienne.
De très nombreux textes ont tenté sans grand succès
d'organiser les relations entre universités, BU et BIU.
A présent, les neuf bibliothèques interuniversitaires,
bibliothèques de la Sorbonne, Cujas, Sainte-Geneviève, Langues
orientales, Art et archéologie, Médecine, Pharmacie, Jussieu,
BDIC, sont rattachées à six universités de siège,
Paris I, III, IV, V, VI, X. Ces universités peuvent également
être cocontractantes à d'autres BIU. Paris II, VII, VIII ne
sont le siège d'aucune BIU ; Paris IX, XI, XII et XIII ne sont ni
sièges ni cocontractantes d'aucune BIU.
Les présidents des universités de siège se plaignaient
amèrement de la charge qu'ils supportaient du fait des
bibliothèques interuniversitaires, notamment en matière de
charges d'infrastructures, alors que les BIU sont fréquentées par
des étudiants de l'ensemble des treize universités parisiennes.
Circonstances aggravantes, les universités cocontractantes ne prennent
pas leur part des charges et se bornent à reverser la fraction des
droits de bibliothèque prévue par les conventions
constitutives
."
Actuellement, les SICD sont au nombre de 17 dans toute la France, dont les 9
BIU parisiennes.
B. DES STRUCTURES QUI PERMETTENT D'AVOIR UNE VISION GLOBALE DE LA SITUATION DES BIBLIOTHÈQUES
1. L'Inspection générale des bibliothèques
L'Inspection générale des bibliothèques
(IGB) a
été créée en 1822 pour assurer le contrôle
des bibliothèques publiques issues des confiscations
révolutionnaires.
De 1945 à 1975, une direction du ministère de l'éducation
nationale prenait en charge les bibliothèques publiques, les
bibliothèques universitaires et les personnels d'Etat des
bibliothèques.
L'article 3 du décret n° 75-1003 du 29 octobre 1975 a placé
l'IGB sous l'autorité du secrétaire d'Etat aux universités
mais disposait également que "
l'IGB est à la disposition
du secrétaire d'Etat à la culture pour les bibliothèques
qui relèvent de sa compétence
". Ainsi, l'IGB est
placée sous une double tutelle plutôt atypique, de telle sorte que
son
statut manque de clarté juridique
.
Cette situation a posé des problèmes d'ordre quasi-existentiel
à l'IGB
. En effet, le décret n° 92-26 du
9 janvier 1992 portant statut particulier des corps de conservateurs
et de conservateurs généraux des bibliothèques
prévoit, dans son article 3, que les conservateurs en chef peuvent se
voir confier par le ministre chargé de l'enseignement supérieur
des missions d'inspection générale ; son article 23 permet
au ministre de prendre un arrêté chargeant les conservateurs
généraux de telles missions. Dans le même temps,
l'article 48 dudit décret met un terme au recrutement d'inspecteurs
généraux des bibliothèques.
Cette disparition du corps des inspecteurs généraux - il en reste
deux aujourd'hui, dont le doyen de l'IGB - révèle une
interrogation sur les orientations à donner à l'Inspection,
notamment en raison de la décentralisation. Cette interrogation s'est en
partie traduite par une " crise " des effectifs. L'IGB est une petite
inspection qui compte aujourd'hui huit postes, sept étant effectivement
pourvus. Mais, après la publication du décret de 1992, les
ministères de l'éducation nationale et de la culture ont
tardé à nommer les conservateurs généraux
chargés d'une mission d'inspection.
L'IGB, grâce aux missions qui sont les siennes, dispose d'une vision
globale de la situation des bibliothèques françaises. A fortiori,
le contrôle des bibliothèques universitaires ne constitue qu'une
partie de l'activité de l'IGB, d'autant plus que ses effectifs sont
restreints.
Il est toutefois possible de relever les deux grandes missions qu'exerce l'IGB
à l'égard des bibliothèques, universitaires notamment.
D'une part, l'IGB remplit des fonctions d'inspection et de
contrôle
.
Ainsi, les articles 5 et 14 du décret n° 85-694 du
4 juillet 1985 modifié, relatif aux services de la
documentation des établissements d'enseignement supérieur,
confient à l'IGB le soin de contrôler, respectivement, les
services communs de documentation (SCD) et les services
interétablissements de coopération documentaire (SICD).
L'article 18 du décret n° 91-321 du 27 mars 1991, relatif à
l'organisation des services de documentation des établissements
d'enseignement supérieur des académies de Paris, Créteil
et Versailles, place les SICD de ces académies sous le contrôle de
l'IGB, "
qui remplit à leur égard un rôle
d'évaluation et de conseil
".
Le 1
er
février 1990, l'IGB reçut du ministre de
l'éducation nationale une lettre de mission qui étendait son
champ d'action, notamment aux grandes écoles et instituts, qui
l'incitait à mener des inspections communes avec l'Inspection
générale de l'administration de l'éducation nationale, et
qui fixait son programme notamment sur la fonction documentaire des
universités et la contractualisation, ainsi que sur l'évaluation
du fonctionnement du catalogage collectif des périodiques.
D'autre part, l'IGB exerce des missions en dehors des inspections et
contrôles
.
En matière de
formation et
de
recrutement
, un membre de
l'IGB siège au conseil d'administration de l'Ecole nationale
supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
(ENSSIB) tandis qu'un autre est membre de son conseil scientifique. De
même, en vertu de l'article 12 du décret n° 87-232 du 8
octobre 1987 relatif à l'Ecole nationale des Chartes, un inspecteur
général est membre de droit de son conseil scientifique.
Des membres de l'IGB président également de manière
régulière des jurys des concours de recrutement des
différents corps des personnels des bibliothèques :
conservateurs, bibliothécaires, bibliothécaires-adjoints,
bibliothécaires-adjoints spécialisés, personnels de
magasinage.
Ensuite,
l'IGB assure le suivi des SCD des universités
. Deux
circulaires de novembre et décembre 1982, adressées, la
première aux présidents d'université, la seconde aux
directeurs de bibliothèques universitaires, empêchent d'attribuer
une autre fonction aux locaux des BU sans avoir reçu l'avis de l'IGB, et
rendent nécessaire la consultation de l'Inspection pour l'extension, le
transfert des sections ou la création de nouvelles sections de BU.
De même, la nomination des responsables de sections de
bibliothèque par le président de l'université, sur
proposition du directeur du SCD, doit recueillir, en vertu de l'article 11
du décret n° 85-694 modifié du
4 juillet 1985, l'avis de l'IGB. Les fonctions de direction d'un SCD
peuvent être retirées par le ministre, notamment au vu des
rapports de l'Inspection demandés par le ministre.
Enfin,
l'IGB participe à diverses instances
. Ainsi, un de ses
membres siège au comité de la documentation des
universités des académies de Paris, Créteil et Versailles,
en vertu de l'article 2 de l'arrêté du 27 mars 1991. Un membre de
l'IGB est également membre de droit du conseil d'administration de la
bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, depuis
l'article 3 du décret n° 92-45 du 15 janvier 1992.
Le décret de janvier 1992 a rendu possible une transformation de
l'essence de l'IGB : elle est désormais devenue un service qui
recourt de manière plus fréquente à des conservateurs en
chef ou généraux, chargés d'une mission d'inspection
.
Toutefois, il semble possible d'améliorer le fonctionnement de
l'inspection
.
Il paraîtrait raisonnable, eu égard à l'ampleur de la
tâche qui est la sienne,
d'accroître les effectifs de
l'IGB
: 12 postes ne seraient pas superflus pour inspecter et
contrôler plus de 2.500 bibliothèques. Il est du reste permis de
s'interroger sur la pertinence de l'extinction du corps des inspecteurs
généraux : l'exercice de missions d'inspection ne
requiert-il pas l'appartenance à un même corps ?
De même, la
parution du décret
précisant son
régime juridique ne saurait plus attendre.
Le
rapport annuel
de l'Inspection pourrait être obligatoirement
transmis aux présidents d'université et aux directeurs des
services communs de la documentation
.
Surtout, l'IGB pourrait avoir la possibilité d'être
également saisie directement par les responsables des
bibliothèques eux-mêmes
.
Des moyens financiers, humains et juridiques renforcés ainsi qu'une plus
grande implication des professionnels ne pourraient qu'accroître
l'autorité et l'indépendance de l'Inspection
générale des bibliothèques.
2. Le Conseil supérieur des bibliothèques
Le
rapport Miquel évoquait
" la mise en place urgente d'un Conseil
supérieur des bibliothèques... chargé de prévoir,
de préparer et de suivre la mise en place des pôles et des
réseaux de communication, l'évaluation des coûts, des
fréquentations et des résultats, la répartition des
crédits correspondants et l'établissement de la carte des
bibliothèques ".
Une fois encore, le rapport Miquel donnait l'impulsion nécessaire
à la création du Conseil supérieur des
bibliothèques (CSB) institué par le décret
n° 89-778 du 23 octobre 1989, modifié par le décret
n° 93-720 du 29 mars 1993.
André Miquel, qui en fut le premier président, définit
dans un entretien au journal
Le Monde
du 25 juin 1990 le triple
rôle du CSB, un rôle
"
de conseil, de consultation
et de remontrance
"
.
Il
ajoutait
: "
le Conseil n'a aucun pouvoir, c'est le
gage de sa liberté future
"
.
L'article 2 du décret de 1989 dispose, en effet, que "
le
Conseil supérieur des bibliothèques est chargé
d'émettre des avis et des recommandations sur la situation et les
questions qui concernent les bibliothèques et les réseaux
documentaires. Il favorise la coordination des politiques documentaires
relevant de plusieurs ministres
".
Placé auprès des ministres de l'enseignement supérieur, de
la culture et de la recherche, le CSB comprend 21 membres : un
président et deux vice-présidents nommés par
arrêté du Premier ministre, et 18 membres se répartissant
ainsi : 6 membres proposés par le ministre de l'enseignement
supérieur, 6 autres membres proposés par le ministre de la
culture et 3 membres proposés par le ministre de la recherche, puis
3 élus locaux. Ils sont nommés pour une période de
trois ans, renouvelable une fois. Les nouveaux membres ont été
désignés par les arrêtés des 6 et 14 janvier 1997.
Contrairement à l'Inspection générale des
bibliothèques, qui est un service placé sous (double) tutelle
ministérielle,
le CSB peut être assimilé à une
autorité administrative indépendante
, l'article 4 du
décret de 1989 disposant que "
le CSB organise lui-même
ses travaux ; il... fixe le programme de ses activités
".
Mais il peut également être réuni par le président
à la demande des ministres concernés. C'est ainsi que,
sollicité par le ministre de la culture en février 1991, il
contribua à l'élaboration de la " Charte des
bibliothèques " adoptée en séance
plénière le 7 novembre 1991.
Le Conseil doit se réunir au moins 3 fois par an en séance
plénière, à quoi il faut ajouter les réunions des
groupes de travail.
Il rend public son rapport d'activité chaque année. En 1997,
l'accent est porté sur la nécessaire accélération
de la modernisation des bibliothèques universitaires, de leur politique
documentaire notamment, sur la mise en réseau des bibliothèques
et sur l'évolution de la profession de bibliothécaire.
Le Conseil devrait consacrer l'année 1998 à
réfléchir à trois principaux thèmes : la
formation et l'identité intellectuelle des bibliothécaires ;
le rapport entre les jeunes, la lecture et les bibliothèques ;
les bibliothèques d'art.
Deux remarques relatives au CSB peuvent être faites. D'une part, son
rapport, comme celui de l'IGB, mériterait d'être
systématiquement adressé aux présidents
d'université et aux directeurs des SCD. D'autre part, et surtout, le CSB
devrait être doté d'un véritable budget afin de lui donner
les moyens de son indépendance
.
C. DES PERSONNELS MIEUX FORMÉS, MAIS EN NOMBRE ENCORE INSUFFISANT
1. Les effectifs
En 1995,
3.570 postes étaient affectés aux bibliothèques
universitaires, 2.318 en province (65 %) et 1.252 en Ile-de-France
(35 %) dont 642 dans les bibliothèques universitaires (51 %)
et 610 dans les bibliothèques interuniversitaires (49 %).
On l'a vu au chapitre 1
er
, les effectifs de ces personnels
n'ont cessé de décroître de 1982 (3.349) à 1989
(3.133), soit une diminution de 6,5 % en sept ans. Le rapport Miquel avait
d'ailleurs dénoncé cette situation, notant même que les
"
besoins dans ce domaine n'ont jamais en France été
estimés à leur véritable échelle
".
Les créations d'emplois ont repris en 1990, et l'effort s'est
intensifié au cours des dernières années.
Ainsi, les bibliothèques universitaires ont
bénéficié,
depuis 1990
, de
960 créations d'emplois
réparties comme
suit :
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Total |
Conservateurs |
39 |
30 |
30 |
49 |
- |
- |
- |
12 |
160 |
Bibliothécaires |
- |
- |
20 |
20 |
16 |
- |
- |
15 |
71 |
Bibliothécaires adjoints spécialisés |
- |
- |
- |
- |
- |
15 |
30 |
25 |
70 |
Bibliothécaires adjoints |
- |
37 |
- |
- |
- |
- |
10 |
20 |
67 |
Personnels de magasinage |
40 |
60 |
34 |
80 |
9 |
80 |
155 |
128 |
586 |
Techniciens d'art |
- |
- |
6 |
- |
- |
- |
- |
- |
6 |
TOTAL |
79 |
127 |
90 |
149 |
25 |
95 |
195 |
200 |
960 |
Cette
croissance significative est une conséquence directe du rapport Miquel
qui préconisait la création rapide de 1.500 emplois dans les
BU.
Cependant, outre le fait que
seuls deux tiers des créations
réclamées
par le rapport ont été
réalisées
, la croissance de la démographie
étudiante (+ 23,7 % entre 1990 et 1997 dans les seules
universités) a entraîné une
dégradation du ratio
d'encadrement
, ainsi que le montre le tableau ci-dessous :
|
1970 |
1989 |
1996 |
Personnels de bibliothèque/1.000 étudiants |
4 |
3,25 |
2,5 |
Ces
ratios sont de 6,4 en Allemagne et de 6,7 au Royaume-Uni, soit 2,5 fois
supérieurs à ceux constatés en France. On note une fois
encore que les efforts entrepris restent insuffisants : ils n'ont fait que
suivre les effectifs étudiants - en laissant du reste l'écart se
creuser - sans
jamais anticiper les évolutions affectant le monde
universitaire
. Il est cependant possible d'espérer que la
stabilisation des effectifs étudiants, voire la légère
diminution constatée depuis 1996, permettra d'améliorer les
niveaux d'encadrement.
Outre leurs effectifs encore trop faibles,
les personnels des
bibliothèques universitaires souffrent d'une structure
inadaptée
comme le montre la lecture des chiffres.
Au 1
er
septembre 1997, les effectifs (sur le chapitre 31-05)
étaient les suivants :
Catégorie A |
conservateurs généraux
|
104
|
)
|
33 % |
Catégorie B |
bibliothécaires-adjoints
spécialisés
|
|
|
|
Catégorie C |
magasiniers en chef
|
310
|
)
|
|
TOTAL |
|
|
3.572 |
|
Ainsi, la structure de la répartition des personnels
révèle un important déficit en emplois de
catégorie B : cette structure se présente, non pas sous
la forme d'une pyramide comme on s'y attendrait, mais sous la forme d'un
" sablier "
. Les bibliothécaires, personnels de
catégorie A, mais constituant l'encadrement intermédiaire,
sont 9,5 % de l'ensemble des personnels des bibliothèques, contre
près de 40 % en Allemagne ; en revanche, les conservateurs
sont près de 24 % contre 14 % outre-Rhin. La pénurie de
techniciens des bibliothèques a été soulevée par
tous les interlocuteurs que j'ai rencontrés, même si le manque de
personnels de catégorie B et l'abondance relative de personnels de
catégorie C sont des caractéristiques de la fonction
publique française. Toutefois, la reconversion des personnels de service
en personnels techniques permettrait l'apparition de véritables
techniciens de bibliothèques.
Le budget 1998 a prévu la création de 350 emplois de
personnels de bibliothèques, selon la répartition
suivante :
- 69
conservateurs
|
)
catégorie A
|
L'implantation dans les établissements de ces emplois
s'est
déroulée en plusieurs phases :
-
1
ère
phase
(septembre-octobre 1997) : 225
emplois implantés sur critères :
67 au titre du rattrapage dans les établissements manifestement
sous-encadrés : c'est le cas de Lyon III où un emploi
de conservateur a été créé, de même
qu'à Toulouse II ;
129 au titre des surfaces dans les établissements ayant mis ou devant
mettre en service de nouveaux équipements : c'est le cas de
l'université d'Artois où trois emplois ont été
implantés : un bibliothécaire, un
bibliothécaire-adjoint spécialisé et un magasinier ;
à Toulouse I et II, deux et trois emplois ont été
respectivement créés ;
29 dans les IUFM, à raison d'un emploi par établissement.
-
2
ème
phase
(novembre 1997 - février
1998) sur la base de projets présentés par les universités
:
- au titre des horaires d'ouverture :
pour 7 établissements, il s'agit de consolider les horaires d'ouverture
en vigueur : Avignon (51h30), Dijon (57h), Lyon III (50h) où ont
été créés trois emplois (conservateur,
bibliothécaire-adjoint et magasinier) à la rentrée 1997,
Perpignan (55h30), Rouen (52h30), Paris VIII (52h30), Cujas (69h). Il est
à noter que tous ces établissements, à l'exception de
Cujas, maintiennent leur ouverture au public tout en mettant en oeuvre des
surfaces nouvelles ;
les 29 autres établissements se sont engagés à
élargir, la plupart à la rentrée 1998, de manière
significative, leurs horaires (56h30 en moyenne). Si quelques-uns
dépassent les 61 heures (Bordeaux I, Clermont-Ferrand
médecine, Grenoble I-INPG, Lyon II, Nancy II lettres), beaucoup
approchent les 60 heures : Clermont-Ferrand lettres (60h30),
Lyon I (58h30), Poitiers (60h), Toulouse I (60h30), Tours
(59 h), Langues orientales Dauphine (60h) ; à la rentrée
1998, l'université d'Artois devrait bénéficier de trois
emplois (un magasinier-chef et deux magasiniers) et Toulouse I de sept
emplois (un conservateur, un bibliothécaire, un
bibliothécaire-adjoint, un inspecteur de magasinage et trois
magasiniers-chefs) ;
- au titre de l'amélioration des services : parmi les 36
établissements qui projettent d'étendre leurs horaires, 12 ont
également l'intention d'intégrer des bibliothèques de
composantes (comme Toulouse I), 4 de développer des programmes de
formation à la méthodologie documentaire, 3 de développer
l'accès aux ressources électroniques (Toulouse I est
également concernée).
Les budgets de l'enseignement supérieur à venir doivent
poursuivre l'effort en matière de créations d'emplois dans les
bibliothèques universitaires
, non seulement pour améliorer le
taux d'encadrement des étudiants mais également pour faire face
à la complexité croissante des tâches induites en partie
par les nouvelles technologies.
Ces créations d'emplois devront
concerner en priorité les personnels de catégorie B. Il faut
savoir que certaines bibliothèques universitaires ne peuvent
étendre leurs horaires d'ouverture faute d'emplois appartenant à
cette catégorie
. C'est le cas notamment de Lyon III et de
Toulouse I.
Le projet de budget pour 1999 prévoit la création, à la
rentrée universitaire prochaine, de 149 emplois répartis comme
suit :
- 8 bibliothécaires ;
- 86 bibliothécaires adjoints spécialisés ;
- 25 magasiniers en chef ;
- 30 magasiniers spécialisés.
Un effort a ainsi été consenti en faveur de la
catégorie B (près de 58 % des créations
d'emplois), ce qui constitue une avancée dans la correction de la
structure des emplois.
2. Les personnels des bibliothèques
•
Les personnels de
catégorie A
, c'est-à-dire d'encadrement comprennent
trois corps : celui des conservateurs, celui des conservateurs
généraux et celui des bibliothécaires.
Les conservateurs et les conservateurs généraux sont régis
par le décret n° 92-26 du 9 janvier 1992. Ils constituent
aux termes de l'article 1
er
"
le
personnel
scientifique des bibliothèques
" et
"ont vocation à exercer
les fonctions de direction et d'encadrement des bibliothèques de l'Etat
et de ses établissements publics
."
Le corps des
conservateurs
des bibliothèques comporte trois
grades : conservateur en chef, de 1
ère
classe et de
2
ème
classe (article 2).
L'article 3 du décret précise leurs fonctions qui sont
relativement variées : ils "
constituent, organisent,
enrichissent, évaluent et exploitent les
collections de toute
nature des bibliothèques
". Outre le développement des
collections, les conservateurs gèrent également le service du
public puisqu'ils "
organisent l'accès du public aux collections et la
diffusion des documents à des fins de recherche, d'information ou de
culture
". Leurs fonctions sont également techniques : "
les
catalogues des collections sont établis sous leur
responsabilité
" ; de même, "
ils peuvent participer
à la formation des professionnels et du public dans les domaines des
bibliothèques et de la documentation, ainsi qu'à l'information
scientifique et technique en ces mêmes domaines
".
Quant aux conservateurs en chef, ils
"assument des responsabilités
particulières
". "
Ils peuvent être chargés de
fonctions d'encadrement et de coordination ainsi que d'études et de
conseil comportant des responsabilités particulières
". Point
important lié à l'extinction programmée du corps des
inspecteurs généraux des bibliothèques
, "ils peuvent se
voir confier par le ministre chargé de l'enseignement supérieur
des missions d'inspection générale
".
Dans la pratique, les conservateurs dirigent souvent un service commun de la
documentation (SCD), poste aux responsabilités très larges :
élaboration du budget, gestion des ressources humaines et des locaux et,
bien-sûr, tâches proprement documentaires.
Le directeur de la bibliothèque est placé sous l'autorité
du président de l'université et assiste aux différents
conseils. En outre, ses fonctions en font un
interlocuteur
privilégié des enseignants-chercheurs
: son rôle
relationnel est essentiel.
Au 1
er
septembre 1997, les conservateurs étaient
735, soit 62,3 % des emplois de catégorie A et 20,6 % du
total des personnels des bibliothèques.
Le recrutement des conservateurs s'effectue par concours externe ouvert aux
titulaires d'un diplôme national sanctionnant un second cycle
d'études supérieures, par concours réservé aux
élèves et anciens élèves de l'Ecole nationale des
chartes et par concours interne. Les conservateurs sont formés par
l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des
bibliothèques (article 4 du décret).
Le même décret régit le corps des
conservateurs
généraux
des bibliothèques. L'article 23 du
décret dispose qu'ils "
sont chargés de fonctions
supérieures de direction, d'encadrement, de coordination ainsi que
d'études et de conseil comportant des responsabilités
particulières
". Des missions d'inspection générale
peuvent également leur être confiées.
Ce corps comporte un grade unique. Aux termes de l'article 25, ils
"
sont nommés... parmi les conservateurs en chef des
bibliothèques et les conservateurs de 1
ère
classe
inscrits au tableau d'avancement au grade de conservateur en chef
".
Ces emplois se situent au sommet de la hiérarchie des personnels des
bibliothèques.
Au 1
er
septembre 1997, le corps
comportait 104 postes budgétaires, soit 8,8 % des emplois de
catégorie A et 2,9 % du total des personnels des
bibliothèques
.
Depuis 1990, 160 emplois de conservateurs et conservateurs
généraux ont été créés, soit
16,7 % des créations d'emplois dans les bibliothèques. Le
budget 1998 a prévu la création de 69 de ces emplois, soit
19,7 % des 350 emplois supplémentaires prévus cette
année.
Les
bibliothécaires
constituent
un nouveau corps de
catégorie A
, régi par le décret
n° 92-29 du 9 janvier 1992. Son article 2 définit
leurs fonctions : ils
"participent à la constitution, à
l'organisation, à l'enrichissement, à l'évaluation,
à l'exploitation et à la communication au public des collections
de toute nature des bibliothèques."
En outre,
"ils concourent aux
tâches d'animation et de formation au sein des établissements
où ils sont affectés et peuvent être appelés
à assurer des tâches d'encadrement".
Le corps des bibliothécaires comporte deux grades : une
1
ère
et une 2
ème
classe.
Les bibliothécaires constituent donc l'encadrement intermédiaire.
La création de ce corps répondait à une double
ambition : décharger les conservateurs de tâches techniques
qui les accaparaient plus que de raison, au détriment de leurs
tâches de gestion et d'encadrement, et favoriser la promotion des
bibliothécaires-adjoints très concernés par la
surqualification et affectés par plusieurs conflits sociaux visant
à revaloriser leur déroulement de carrière.
Le recrutement est assuré par un concours externe ouvert aux titulaires
d'un diplôme de deuxième cycle, et par un concours interne.
L'article 6 du décret prévoit que "
lorsque six postes ont
été pourvus au titre des concours..., un bibliothécaire
est nommé parmi les bibliothécaires-adjoints... ou parmi les
bibliothécaires-adjoints spécialisés
...".
L'article 19 dispose quant à lui que
"... à titre
transitoire pour une période de quatre ans..., des concours internes
exceptionnels d'accès au corps des bibliothécaires sont ouverts
aux bibliothécaires-adjoints, aux bibliothécaires-adjoints
spécialisés...".
Ces dispositions assurent la promotion, y compris de manière
exceptionnelle, de personnels de catégorie B, accédant ainsi
à ce nouveau corps de catégorie A que sont les
bibliothécaires.
L'Institut de formation des bibliothécaires (IFB) leur assure une
formation professionnelle au cours d'une année de stage.
Au 1
er
septembre 1997, il y avait
341 bibliothécaires, soit 28,9 % des personnels de
catégorie A et 9,5 % du total des effectifs dans les
bibliothèques. Ce corps a connu une montée en charge assez rapide
puisque, en 1993, il y avait environ 165 bibliothécaires, soit une
progression de 107 % en quatre ans, due en grande partie à
l'intégration de bibliothécaires-adjoints et adjoints
spécialisés.
Depuis 1990, 71 postes de bibliothécaires ont été
créés, soit 7,4 % des créations totales. Le budget
1998 prévoit la création de 40 emplois de
bibliothécaires, c'est-à-dire 11,4 % des 350 nouveaux
emplois programmés.
•
Les personnels des bibliothèques de
catégorie B
sont répartis en trois corps : les
bibliothécaires-adjoints, les bibliothécaires-adjoints
spécialisés et les inspecteurs de magasinage, les deux premiers
corps constituant le personnel technique des bibliothèques.
Les bibliothécaires-adjoints
(BA) sont régis par le
décret n° 50-427 du 5 avril 1950 modifié.
L'écart est parfois très important entre la description des
missions théoriques des bibliothécaires-adjoints et la
réalité de leurs fonctions. Cette situation, due à la
faiblesse du recrutement des conservateurs et à la surqualification des
bibliothécaires-adjoints les plus jeunes, a nécessité la
création du corps des bibliothécaires.
Au 1
er
septembre 1997, le corps des
bibliothécaires-adjoints comptait 416 emplois, soit 52,1 % des
personnels de catégorie B et 11,6 % de l'ensemble des
personnels des bibliothèques. Ils étaient environ 620 en 1993,
soit une baisse des effectifs de 32,9 % en quatre ans : cette
situation est due à l'intégration de nombreux
bibliothécaires-adjoints dans le nouveau corps des
bibliothécaires, mais contribue à accentuer la pénurie de
personnels de catégorie B
.
En effet, depuis 1990, seulement 67 postes de
bibliothécaires-adjoints ont été créés, soit
moins de 7 % des créations totales, aucune création
n'étant intervenue entre 1992 et 1995. En revanche, le budget 1998
prévoit la création de 50 emplois de
bibliothécaires-adjoints, soit 14,3 % des créations de
l'année.
Les bibliothécaires-adjoints spécialisés
(BAS)
constituent un
nouveau corps
régi par le décret
n° 92-30 du 9 janvier 1992.
Son article 2 dispose que les BAS "
sont chargés des tâches
techniques exigeant une qualification professionnelle dans un domaine
particulier
". Leurs fonctions sont précisées comme suit :
"
ils peuvent notamment faire des recherches bibliographiques et
documentaires, coordonner des travaux techniques courants et participer
à la formation professionnelle dans leur domaine de compétences.
Ils participent également à l'accueil du public
".
Le corps des bibliothécaires-adjoints spécialisés comporte
trois grades : les bibliothécaires-adjoints
spécialisés hors classe, de 1
ère
classe et de
2
ème
classe.
Ils sont recrutés par concours externe ouvert aux titulaires d'un
diplôme de niveau Bac + 2, sanctionnant une formation
technico-professionnelle, par concours interne ou par intégration de
bibliothécaires-adjoints, y compris de manière exceptionnelle
pendant une période de quatre ans (article 20 du décret). Ils
suivent une formation prenant la forme d'un stage d'une durée d'un an.
Au 1
er
septembre 1997, les bibliothécaires-adjoints
spécialisés étaient 258, soit 32,3 % des personnels
de catégorie B et 7,2 % des personnels des
bibliothèques. Ils n'étaient que 95 en 1993, soit une hausse des
effectifs de 171,6 % en quatre ans, due à la constitution de ce
corps récent. 50 créations de postes de
bibliothécaires-adjoints spécialisés sont prévues
au budget 1998 (14,3 % des créations totales).
Les inspecteurs de magasinage
ne relèvent pas, quant à eux,
du personnel technique des bibliothèques mais du personnel des
magasins. Leur rôle consiste à encadrer des équipes de
magasiniers. L'article 5 du décret n° 88-646 du 6 mai 1988
prévoit en effet qu'ils
" assurent le contrôle
hiérarchique et technique du personnel de magasinage ainsi que toute
mission particulière justifiée par les nécessités
du service ".
Au 1
er
septembre 1997, les inspecteurs de magasinage
étaient 124, soit 15,3 % des effectifs de catégorie B
et 3,5 % de l'ensemble des personnels des bibliothèques.
20 créations d'emplois ont été
budgétées en 1998, soit 5,7 % du total des créations
d'emplois prévues
.
Le corps des inspecteurs de magasinage va cependant disparaître du fait
de sa fusion avec celui des bibliothécaires adjoints. Cette
décision est opportune au regard des nécessités d'une
meilleure gestion des personnels, d'autant plus que la répartition
actuelle des personnels de bibliothèques en huit corps pour un effectif
total finalement relativement restreint comporte d'importants
éléments de rigidité.
•
La
catégorie C
comprend deux corps
appartenant aux personnels de magasinage : les magasiniers
spécialisés et les magasiniers en chef. Leurs fonctions vont bien
au-delà du classement et de la communication des collections
conservées dans les magasins des bibliothèques
universitaires : ils ont également en charge le prêt, la
surveillance des salles de lecture, l'entretien des locaux...
Leurs activités nécessitent désormais des connaissances de
plus en plus pointues en informatique. En outre, ces personnels sont sans doute
les plus en contact avec les étudiants puisqu'ils les accueillent et les
orientent : ils assurent donc en partie la réputation d'une
bibliothèque universitaire.
Depuis 1990, 586 emplois de personnels de magasinage (y compris les
inspecteurs de catégorie B) ont été
créés, soit 61 % des créations de postes.
Au 1
er
septembre 1997, les magasiniers
spécialisés étaient 1284, soit 80,6 % des effectifs
de catégorie C et 35,9 % de l'ensemble des personnels des
bibliothèques. 60 créations d'emplois ont été
programmées en 1998, soit 17,1 % du total
.
Quant aux magasiniers en chef, ils étaient à la même
date 310, soit 19,4 % de la catégorie C et 8,7 % des
personnels des bibliothèques. Le budget 1998 a également
prévu 60 créations de ces emplois
.
Ainsi, au total, 34,3 % des créations d'emplois prévues
au budget 1998 concernent la catégorie C, soit autant qu'en
catégorie B alors que cette dernière connaît un
sous-effectif chronique
.
•
Chargés d'
"
a
pprivoiser
l'étudiant à la BU
"
par le rapport Miquel,
les moniteurs
de bibliothèques sont des étudiants de
3
ème
cycle ayant un statut de vacataire et qui travaillent
quelques heures par semaine à la bibliothèque (20 heures en
général).
Leur rôle est capital pour les BU elles-mêmes comme pour les
étudiants
. En effet, ils remplissent des tâches ne
nécessitant pas de qualification professionnelle particulière,
mais pourtant essentielles au bon fonctionnement d'une bibliothèque
universitaire : opérations de prêt, participation au
catalogage, activités informatiques. Surtout, leur présence
permet d'accroître les horaires d'ouverture des BU. Parfois même,
un étudiant moniteur se découvre une vocation pour la
bibliothéconomie.
Face aux étudiants, les moniteurs jouent un rôle important
d'initiation : découverte des locaux, aide à la recherche
documentaire, conseils méthodologiques, transmission
d'expériences...
Un étudiant s'adressant à un moniteur se trouve dans une relation
de confiance favorisant une utilisation plus régulière et plus
efficace de la bibliothèque.
Les professionnels que j'ai rencontrés m'ont tous fait part de leur
souhait de voir le système du monitorat se développer, les
crédits qui lui sont consacrés étant souvent très
insuffisants. Ainsi, à Paris VIII comme à
l'université d'Artois, le contrat quadriennal prévoit une
enveloppe annuelle de 200.000 francs en faveur des moniteurs.
Enfin, les bibliothèques universitaires gagneraient, selon moi,
à bénéficier du dispositif des emplois-jeunes
. Ces
emplois doivent satisfaire des "nouveaux services". Or, les
bibliothèques universitaires me semblent offrir de telles perspectives,
notamment en ce qui concerne le développement des nouvelles technologies
de l'information et de la communication. A cet égard, je me
réjouis de la décision du ministère, longtemps
réticent, d'autoriser le recrutement d'emplois-jeunes dans
l'enseignement supérieur (cf. la circulaire publiée au BOEN du 23
juillet 1998). Toutefois, réserver ces emplois dans les
bibliothèques à des jeunes non titulaires du baccalauréat
ne semble ni souhaitable - les emplois-jeunes du primaire et du secondaire
doivent avoir un diplôme égal ou supérieur au bac - ni
réaliste quant aux tâches qui les attendent et à la
possibilité de pérenniser ces nouvelles activités.
Il semble en outre que les tuteurs d'accompagnement, prévus à
l'article 5 de l'arrêté du 9 avril 1997 relatif au diplôme
d'études universitaires générales, ne donnent pas
entière satisfaction dans les BU où ils sont présents.
Leur temps de travail hebdomadaire est de 10 heures, ce qui est juste suffisant
... à leur formation.
3. Les personnels des bibliothèques bénéficient d'une formation de meilleure qualité
L'amélioration de la formation des personnels des
bibliothèques concerne d'abord sans conteste
les conservateurs.
Le décret n° 92-25 du 9 janvier 1992 crée l'Ecole
nationale supérieure des sciences de l'information et des
bibliothèques (ENSSIB), qui se substitue à l'Ecole nationale
supérieure des bibliothécaires (ENSB) créée par le
décret du 12 juillet 1963.
L'ENSSIB, dont le siège est à Villeurbanne, est, aux termes de
l'article 1
er
du décret du 9 janvier 1992, un
établissement public à caractère scientifique, culturel et
professionnel. Son budget initial pour 1998 s'élève à
17,43 millions de francs. Elle compte, au 1
er
mai 1998, 73 agents,
toutes catégories confondues ; lors de la rentrée
universitaire, un poste de bibliothécaire adjoint a été
créé.
L'article 3 du décret dispose que
"l'école
prépare, par une formation scientifique et culturelle, des
élèves se destinant à des fonctions d'encadrement des
bibliothèques et des services de documentations et d'information
scientifique et technique. Elle assure notamment la formation initiale des
conservateurs stagiaires..."
L'ENSSIB est une école professionnelle
: elle est
chargée de former les conservateurs stagiaires ayant réussi l'un
des concours prévus par le décret n° 92-26 du
9 janvier 1992, cette formation étant, aux termes de
l'article 4 du décret n°92-25,
"sanctionnée par le
diplôme de conservateur des bibliothèques...".
Ce
diplôme - le DCB - succède au diplôme supérieur de
bibliothécaire.
Le DCB a lui-même fait l'objet d'une réforme à la
rentrée 1996. La formation dure 18 mois, soit de janvier 1998
à juillet 1999 pour les élèves que j'ai rencontrés
à Villeurbanne, cette promotion comprenant 20 élèves
conservateurs contre 42 pour la promotion précédente. Elle est
structurée autour d'enseignements (cours magistraux et travaux
pratiques) et de stages. Trois stages doivent être effectués au
cours de la scolarité : un stage de découverte d'une semaine
en janvier, un stage de deux semaines qui donne l'occasion à un groupe
de quatre élèves de réaliser un projet demandé par
l'établissement d'accueil, puis un stage de trois mois à
l'automne au cours duquel l'élève doit rédiger un
mémoire d'études sur un thème défini avec un
enseignant en accord avec l'établissement d'accueil.
L'alternance du théorique et du pratique est ainsi
privilégiée
. Les nouvelles technologies tiennent une place
considérable puisque le tiers des enseignements délivrés
à l'Ecole leur est consacré.
Mais,
l'ENSSIB est également un établissement
universitaire
qui
"mène des recherches en sciences de
l'information et en assure la valorisation"
(article 3 du
décret n° 92-25) et qui "
délivre des diplômes
propres
" (article 4).
Les recherches menées à l'ENSSIB concernent la
bibliothéconomie et les sciences de l'information. Ce rôle s'est
considérablement développé : ainsi, l'ENSB n'assurait
pas de missions de recherche. L'activité de recherche de l'ENSSIB est
conduite par le Centre d'études et de recherche en sciences de
l'information (CERSI) qui comprend une vingtaine d'enseignants-chercheurs et
autant de doctorants. Ses travaux sont organisés autour de trois
axes : histoire et conservation de l'écrit ; systèmes
d'information et interface : conception, organisation et
représentations ; économie, management et sociologie des
services d'information.
Outre le DCB, l'ENSSIB prépare
trois autres diplômes qui lui
sont propres :
- le DESS d'informatique documentaire, préparé conjointement
avec l'université de Lyon I (13 étudiants), dont
l'orientation vers l'informatique est nettement marquée et dont
l'enseignement est axé sur la méthodologie d'analyse d'un
système d'information dans l'entreprise ; il comprend une partie
théorique et un stage d'application de quatre mois donnant lieu à
la rédaction d'un mémoire ;
- le DEA en sciences de l'information et de la communication, mis en
oeuvre avec les universités Lyon II et III (30
étudiants) ;
- le diplôme professionnel supérieur en sciences de
l'information et des bibliothèque est davantage destiné à
des étudiants étrangers titulaires d'une maîtrise (11
inscrits) ; il comprend une partie théorique et un stage de quatre
mois donnant lieu à la rédaction d'un mémoire.
L'ENSSIB a récemment développé des actions de formation
continue
, à destination des professionnels en poste mais
également des demandeurs d'emploi. Le programme de formation continue
comporte une formation longue et diplômante (le DESS) et des sessions de
courte durée abordant surtout les aspects techniques, informatiques ou
de gestion. Par exemple, en 1998, l'ENSSIB propose les stages suivants :
mettre en place et faire évoluer un réseau de CD-Roms,
numériser une collection, droit de l'information, former les
étudiants à la maîtrise de l'information documentaire...
Ces stages de courte durée sont gratuits pour les personnels de
l'enseignement supérieur et de la culture. En 1997, l'Ecole a accueilli
116 stagiaires en formation continue : 7 conservateurs et 109 autres
personnels de bibliothèques ou spécialistes de l'information.
L'ENSSIB entend ainsi assurer une meilleur coordination entre formation
initiale et formation continue, la dichotomie entre ces deux notions
étant souvent artificielle et préjudiciable à la bonne
perception des métiers des bibliothèques
.
Il semble que l'ENSSIB connaisse
quelques difficultés de
fonctionnement liées à la faiblesse de ses moyens
. En effet,
outre un manque de personnels -la création récente de deux postes
de conservateurs constitue une régularisation et non un apport de moyens
supplémentaires -, l'Ecole souffre de l'exiguïté de ses
locaux. Cependant, ce problème, déjà soulevé par le
rapport du Comité national d'évaluation (CNE) d'octobre 1996,
semblerait trouver une solution prochaine, soit grâce à la
réalisation de travaux d'extension du bâtiment, soit au moyen
d'une délocalisation de l'Ecole sur le pôle scientifique de
Gerland (où s'installera l'Ecole normale supérieure).
En outre, les membres du conseil d'administration semblent parfois
éloignés des préoccupations de l'Ecole. Du reste, le
décret de 1992 gagnerait sans doute à être modifié
sur le point de la composition du conseil d'administration afin de prendre en
compte les changements intervenus dans les structures du ministère.
La formation des personnels des bibliothèques autres que les
conservateurs est assurée par une multitude d'organismes, ce qui lui
confère un caractère bien trop disparate et, par là
même, nuit à la cohérence de l'ensemble
.
L'Institut de formation des bibliothécaires (IFB), créé en
1992 et dont le siège se trouve également à Villeurbanne,
forme les bibliothécaires, nouveau corps de catégorie A
créé en 1992.
Il conduit également des actions de formation continue pour les
personnels des bibliothèques qui prennent la forme de stages de courte
durée portant sur des sujets très souvent techniques, par
exemple : gérer une collection de périodiques en sciences
humaines ; bibliothèques associées et SCD : comment
travailler ensemble ; du bâtiment au mobilier : comment
intégrer les nouvelles technologies... La politique de formation
continue de l'IFB est menée de manière beaucoup plus intensive
que celle de l'ENSSIB, le premier accueillant chaque année environ
600 stagiaires, la seconde moins de 120.
Dans un souci de rationalisation, les stages proposés par l'IFB sont
conçus dans un esprit de complémentarité avec ceux de
l'ENSSIB.
Un effort très appréciable de rationalisation de l'offre de
formation a été entrepris et aboutira, au
1
er
janvier 1999
, à
l'intégration de
l'IFB à l'ENSSIB
ce qui permettra une mise en commun des moyens de
chacun des deux établissements. La "nouvelle ENSSIB" disposera de deux
départements de formation initiale (formation des conservateurs et
formation des autres personnels) et d'un seul département de formation
continue.
Cependant, et malgré cet effort, l'offre de formation reste trop
disparate
.
Les
universités
forment les (futurs) personnels des
bibliothèques. Ainsi, 7 d'entre elles préparent au DEUST
Documentation-Information-Métiers du livre et 12 comportent un IUT
préparant le DUT Information-Communication options Documentation
d'entreprise ou Métiers du livre.
En outre,
13 centres régionaux de formation aux carrières des
bibliothèques, du livre et de la documentation
sont rattachés
à une université. Ils assurent le plus souvent une
préparation aux concours des bibliothèques et organisent
également de stages de formation continue.
Je ferai quelques observations d'ordre général relatives à
la formation des personnels des bibliothèques.
D'abord - je l'ai déjà noté - l'offre de formation est
considérable, voire souvent disparate.
Une rationalisation et une
coordination des formations sont aujourd'hui indispensables
. Des efforts en
ce sens ont déjà été entrepris : ils doivent
être poursuivis. Il s'agit en effet de supprimer les formations faisant
doublon et, dans le même temps, de mettre en place des stages abordant
des thèmes jusqu'alors absents des programmes. Une telle
coopération a déjà vu le jour, notamment au plan
régional.
Il s'agit maintenant de promouvoir une véritable coordination. Certains
ont proposé la
création d'un observatoire des formations aux
métiers du livre et des bibliothèques
. Je suis favorable
à cette idée si elle permet de mettre en place une instance
d'évaluation et de proposition en matière de formation, et non si
elle engendre une structure administrative supplémentaire.
Ensuite, je trouve paradoxale la situation qui consiste à n'assurer
aucune ou quasiment aucune formation initiale à nombre de fonctionnaires
des bibliothèques, notamment en catégories B et C, dans un
contexte d'abondance de l'offre de formations. Je crois que cela tient à
une
mauvaise appréhension
, non pas tant des métiers des
bibliothèques en tant que tels, mais
de l'adéquation de la
formation à ces métiers
. Il est vrai que les nouvelles
technologies introduisent dans les bibliothèques le ferment d'une
profonde évolution des métiers : un bibliothécaire,
au sens générique du terme, n'est pas (et n'a d'ailleurs jamais
été) un simple "catalogueur".
Les nouvelles technologies
doivent ainsi donner l'occasion de penser une réforme des
formations
. Une telle réforme a été engagée,
mais quasi-exclusivement au niveau des personnels de
catégorie A : la réforme du DCB a introduit une
dimension universitaire dans la formation professionnelle et technique que
reçoivent les conservateurs.
Enfin, la distinction traditionnelle, et parfois rigide, entre formation
initiale et formation continue, a perdu une grande part de sa pertinence
.
En effet, ce sont là deux moments de l'acquisition des
compétences professionnelles. La formation continue ne peut être
appréciée que si une formation initiale a été
suivie, et, inversement, une formation initiale sans remises à niveau
régulières constituerait une conception fixiste du métier,
plus irréaliste que jamais dans le contexte actuel.
CHAPITRE TROIS
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES : UN
ATOUT POUR
LA POLITIQUE DOCUMENTAIRE DES BIBLIOTHÈQUES
UNIVERSITAIRES
A. LA DOCUMENTATION NE CONSTITUE PAS ENCORE UN ENJEU MAJEUR POUR LES UNIVERSITÉS
1. Les incohérences de la politique documentaire
Trop
longtemps, les universités se sont peu, voire pas,
intéressées à la politique documentaire comprise comme la
place de la documentation dans l'enseignement et la recherche et, plus
généralement, dans leur politique de développement.
Certes, les choses ont considérablement évolué depuis
lors. Les présidents et les instances des universités manifestent
un intérêt croissant pour la documentation, ainsi que j'ai pu le
constater lors d'entretiens avec plusieurs présidents
d'université. Le Comité national d'évaluation
écrivait d'ailleurs dans son rapport au Président de la
République de juin 1997, intitulé
les missions de
l'enseignement supérieur : principes et
réalités
:
"Depuis une période récente,
certaines universités, sous l'impulsion de leur président, ont
modifié leur comportement et ont fait de leur bibliothèque une
composante fortement intégrée dans leur
établissement...".
Cependant, certaines mauvaises habitudes ne se perdent pas facilement. Ainsi,
la fonction documentaire n'occupe pas encore la place qu'elle mérite
dans les débats et les arbitrages alors même qu'elle constitue une
des missions du service public de l'enseignement supérieur au titre de
la loi de 1984. En outre,
l'université se considère trop
souvent comme un simple réallocataire de moyens obtenus par ailleurs
(subventions de l'Etat ou droits de bibliothèque acquittés par
les étudiants) et non comme le porteur d'une politique en la
matière. Le cas est plus net encore des BIU parisiennes perçues
par leur université de rattachement davantage comme des charges que
comme des outils.
Les questions d'ordre budgétaire relatives aux acquisitions
documentaires ont été évoquées plus haut (voir
chapitre I
er
). Il convient de rappeler le retard des
bibliothèques universitaires françaises au niveau des budgets
d'acquisitions et donc des volumes de documents acquis. La faiblesse des
collections illustre également le manque d'intérêt que
suscitèrent trop longtemps les BU.
Surtout les universités souffrent d'une
dispersion très
importante de leurs pôles documentaires
à tel point que
plusieurs de mes interlocuteurs ont parlé de "
désordre
documentaire
".
Toutefois, cette situation n'est pas due aux textes qui régissent les
structures documentaires, notamment le décret de 1985 ayant
créé les services communs de la documentation (SCD : voir
chapitre II), mais résulte d'une situation de fait qu'il est
extrêmement difficile de contrecarrer en raison de l'existence de
puissantes "bibliothèques de composantes" comme il est d'usage de les
appeler. Il s'agit principalement des bibliothèques des unités de
formation et de recherche (UFR) et de celles des nombreux laboratoires de
recherche et instituts des universités.
Ces bibliothèques de composantes devraient, aux termes du décret
de 1985, être soit intégrées soit associées au SCD.
Certes, des politiques actives d'intégration ont pu être
constatées mais la réalité est loin d'être conforme
aux exigences réglementaires alors même que ces dernières
offrent pourtant une réelle souplesse d'organisation.
Ainsi, à titre d'illustration de la dualité du secteur
documentaire dans les universités, il faut savoir que
si les SCD ont
la maîtrise d'environ 60 % des achats documentaires (contre
40 % il y a une quinzaine d'années), les bibliothèques de
composantes acquièrent encore 40 % de la documentation de
l'université
. Ces chiffres sont révélateurs du manque
de cohérence de la fonction documentaire universitaire, les SCD
étant un instrument de fédération et jouant un rôle
d'interface entre une offre documentaire de plus en plus large et des besoins
multiformes qu'il lui appartient d'analyser, d'évaluer et de satisfaire.
Le Comité national d'évaluation note ainsi, dans son rapport
précité : "
Lorsqu'il est un outil de fédération
et d'intégration de toutes les bibliothèques dispersées
dans les divers UFR, instituts, laboratoires ou centres de recherche de
l'université, le service de la bibliothèque est alors en
situation d'être l'opérateur d'une vraie politique
documentaire
". Il conclut cependant : "
la situation
[de la politique
documentaire]
apparaît actuellement très variable, parfois
incohérente, voire critique, notamment dans la région
parisienne
".
Je dresserai un bref état des lieux des bibliothèques de
composantes.
Il arrive fréquemment que les bibliothèques universitaires
elles-mêmes soient "déconcentrées". Elles sont en effet
constituées en
sections
qui correspondent aux anciennes
facultés. La section est l'unité documentaire de base et son
identité est souvent affirmée : aussi, son autonomie de
gestion est-elle grande, alors qu'elle fait partie de la bibliothèque
universitaire. La spécificité disciplinaire des sections est
indissociable de leur caractère de bibliothèque de
proximité : les étudiants en droit ou en histoire
fréquentent d'abord la section de droit ou d'histoire et
apprécient souvent de pouvoir trouver les ouvrages qu'ils cherchent dans
un lieu bien identifié, même si les disparités entre
sections peuvent se révéler considérables.
Cependant, outre le fait que les sections contribuent à un
éclatement de la fonction documentaire des universités, elles
doivent absolument éviter de devenir ou d'être perçues
comme "la bibliothèque réservée aux étudiants de
premier cycle". En effet,
la distinction entre deux catégories de
bibliothèques -celles pour les premiers cycles et celles pour les autres
étudiants- me paraît non seulement artificielle mais surtout
dangereuse en ce sens où elle aboutirait à la mise en place de
bibliothèques universitaires de deuxième catégorie
n'offrant qu'un nombre restreint d'ouvrages de base, voire de polycopiés
des cours, les choses sérieuses ne commençant qu'à partir
de la licence ou même de la maîtrise. Ainsi, après deux ou
trois années d'études supérieures, l'étudiant
n'aurait toujours pas acquis les méthodes de la recherche
documentaire
.
Les bibliothèques de composantes proprement dites sont très
diverses (bibliothèques d'UFR, de laboratoires, d'instituts...) et
nombreuses. Il existe ainsi, environ 3.000 bibliothèques d'UFR
dans les universités françaises ; l'université
Paris IV possède plus de 50 bibliothèques de statuts
divers. Leurs moyens (crédits, collections, services, surfaces...) sont
très hétérogènes.
Les bibliothèques de recherche occupent une place particulière
au sein des bibliothèques de composantes.
Tous les laboratoires ou équipes de recherche ne possèdent pas
une bibliothèque : c'est le cas d'environ 10 % d'entre eux.
Cependant, certaines bibliothèques de recherche ont des collections
très riches et reconnues, dans une spécialité
particulière notamment. Elles possèdent parfois plus d'ouvrages
qu'une section de BU, s'agissant notamment des périodiques et revues
étrangères.
Le développement des bibliothèques de recherche s'explique, outre
l'évidente concentration de documents très
spécialisés nécessaires à la poursuite de travaux
de recherche, par le manque de moyens dont ont trop longtemps souffert les
bibliothèques universitaires et qui a amené les responsables de
laboratoires à pallier cette carence par la création de
bibliothèques destinées à leurs domaines scientifiques,
mais également par la volonté de certains enseignants-chercheurs
de se constituer un "pré carré", voire une "chasse gardée"
documentaire.
La bibliothèque universitaire, on l'a vu, n'intéresse ou n'a
intéressé que très moyennement les enseignants -
chercheurs. Ils lui préfèrent nettement la bibliothèque
personnelle mais, du fait des limites que cette dernière rencontre
très rapidement, ils accordent leurs faveurs professionnelles aux
bibliothèques de recherche, dont ils influencent directement les
acquisitions et dont les lecteurs les plus assidus sont souvent des
étudiants de troisième cycle qu'ils connaissent personnellement.
Les universités nouvelles
ainsi que les antennes universitaires
disposent de bibliothèques encore peu développées en
raison de leur jeunesse. Toutefois, une université nouvelle ne devrait
pas être créée "
sans implantation prioritaire d'une
bibliothèque moderne
" comme le rappelle le rapport public du CNE. Le
rapport Miquel notait qu'en Allemagne aucune université ne pouvait
être créée sans disposer d'une collection minimale de
200.000 volumes. Or, tel n'est pas le cas le plus fréquent.
L'université d'Artois illustre parfaitement les
insuffisances
documentaires des universités nouvelles
. Non seulement ses
collections sont encore peu développées, et encore
éloignées du niveau de 200.000 volumes fixé par le
rapport Miquel puisque l'université possède moins de
90.000 ouvrages en 1997, mais surtout elles sont dispersées entre
cinq sites : Arras (63.000 ouvrages), Béthune (8.600), Douai
(6.000), Lens (7.700) et Liévin (moins de 1.200). En outre, le cas de
l'université d'Artois traduit le
paradoxe d'efforts financiers
considérables consacrés aux locaux des bibliothèques alors
que les acquisitions documentaires n'ont pas suivi le même rythme
.
Lors de ma visite de la bibliothèque d'Arras, j'ai pu constater la
fonctionnalité et la modernité des locaux, mais j'ai
été surpris par la faible quantité d'ouvrages. Du reste,
les besoins - et l'urgence - ont commandé les acquisitions documentaires
de l'université : depuis peu de temps seulement, la
cohérence documentaire préside à l'établissement
des collections. La recommandation du CNE est donc, dans ce cas, loin d'avoir
trouvé un début d'application : la création de
l'université nouvelle a précédé la constitution
d'un fonds documentaire, alors que la programmation de l'implantation d'une
bibliothèque devrait être la condition nécessaire à
la création d'une université. Le CNE note qu'"
une seule des
universités nouvelles récemment créées a fait une
place sérieusement réfléchie à sa
bibliothèque
".
Ainsi, au terme de cette analyse, il apparaît que la dispersion
documentaire est un phénomène qui constitue un obstacle à
la mise en valeur du capital documentaire des universités, mais qui,
dans le même temps, trouve son origine, d'une part, dans la recherche de
services de proximité, et, d'autre part, dans la spécialisation
croissante de l'enseignement supérieur. La solution passe sans doute,
bien plus que par une révision des textes, par un approfondissement des
négociations et coopérations entre le SCD et les
bibliothèques de composantes mais également entre les
établissements de documentation et les
enseignants-chercheurs.
2. Des efforts ont néanmoins été entrepris
Afin de
réduire les incohérences de la politique documentaire des
universités, des efforts ont été entrepris, d'une part, en
matière de rationalisation des acquisitions documentaires et, d'autre
part, relativement à la fourniture des documents.
La rationalisation des acquisitions documentaires passe essentiellement par
le réseau des centres d'acquisition et de diffusion de l'information
scientifique et technique (CADIST).
Les CADIST, dont l'inspiration est à rechercher outre-Rhin, ont
été créés en 1980 et comprennent 19 centres -
12 en sciences humaines et 7 en sciences exactes et médicales -
implantés dans 26 universités.
La documentation qu'ils acquièrent est essentiellement
étrangère et tend à satisfaire les besoins de la recherche
sur une base disciplinaire. Ainsi, en 1995, les CADIST ont acquis
24.860 livres, dont près de 90 % de livres étrangers.
De même, ils ont enrichi les collections de 7.698 titres de
périodiques, dont 92,8 % de titres étrangers. En 1995, leur
dotation budgétaire spécifique s'élevait à
18,8 millions de francs (21,47 millions en 1997, soit une
augmentation de 14,2 %) : ils ont consacré 30 % de cette
dotation à l'achat de livres étrangers, 58,5 % pour les
périodiques étrangers, et seulement 3,9 % pour les livres et
périodiques français réunis. La hausse du coût des
abonnements aux revues dans le domaine des sciences " dures "a
été signalée par tous les professionnels que j'ai eu
l'occasion de rencontrer, se lit dans les chiffres. En effet, alors que les
CADIST achètent 43 % de périodiques consacrés aux
sciences exactes, ces derniers représentent 76 % de la
dépense totale consacrée à l'acquisition de
périodiques.
L'université de Toulouse II - Le Mirail anime depuis 1991 le CADIST
de langues, littératures et civilisations ibériques et
ibéro-américaines. Ce CADIST est géré conjointement
avec l'université de Bordeaux III : Toulouse est
chargée de la couverture documentaire pour la péninsule
ibérique et Bordeaux pour l'Amérique latine et l'Afrique
lusophone.
Le CADIST de Toulouse est également pôle associé de la
Bibliothèque Nationale de France, ce qui permet à
l'université de renforcer plus spécialement ses collections dans
des domaines comme la littérature ibérique
(médiévale, du Siècle d'or et du
XVIII
ème
siècle).
Ainsi, 11.000 ouvrages, 3.000 microformes, 700 abonnements de
périodiques et 11 CD-Roms ont pu être acquis grâce au
CADIST.
Une bibliothèque CADIST bénéficie en
général d'une notoriété de niveau au moins
national, et est prioritaire pour l'attribution de dotations budgétaires
nouvelles comme pour la conduite d'opérations de modernisation,
informatique notamment.
Les CADIST constituent un important moyen de mise en commun de la documentation
universitaire à destination des enseignants-chercheurs comme des
personnels des bibliothèques :
la mise en réseau permet
de pallier la dispersion documentaire.
Le prêt entre bibliothèques (PEB)
- qui constitue une
activité importante des CADIST- permet de fournir des documents à
telle ou telle bibliothèque universitaire qui n'en disposerait pas et
représente également un instrument de rationalisation de l'offre
documentaire. Le réseau est ici aussi le moyen utilisé pour
relier des pôles documentaires très dispersés.
En 1995, pour la première fois, la progression de cette activité
marque une pause, et le volume du trafic du prêt entre
bibliothèques s'est quasiment maintenu au niveau de 1994. Le nombre de
demandes émises par les bibliothèques universitaires et de grands
établissements est passé de 610.893 à 601.004 (-1,6 %
contre +2,9 % en 1994), et le nombre de demandes évolue de 730.186
à 729.648 (-0,07 % contre +1 % en 1994).
On note une croissance du trafic dans les établissements suivants :
- pour l'emprunt : Brest, Caen, Dijon, La Rochelle, Limoges, Metz,
Nancy et Poitiers ;
- pour le prêt : Besançon, Lille III, Mulhouse, Nancy,
Nice, Perpignan, Rennes I, la Bibliothèque nationale et
universitaire de Strasbourg, Strasbourg I, la Sorbonne, la
Bibliothèque d'art et d'archéologie, la Bibliothèque
interuniversitaire de médecine et la bibliothèque
interuniversitaire scientifique de Jussieu.
La fourniture de documents est nettement plus concentrée que la
demande : les cinq plus gros prêteurs (Aix-Marseille II,
Lyon I, Nancy, bibliothèque interuniversitaire de médecine
et Paris XI) reçoivent 30,5 % des demandes, tandis que les
cinq plus gros emprunteurs (Caen, Nancy, Nantes, Rennes I et Montpellier)
envoient 22,7 % des demandes. A elles seules, la bibliothèque
interuniversitaire de médecine et Lyon I reçoivent 17,7% des
demandes. Par rapport à 1994, l'activité de prêt reste
concentrée, mais le groupe des moyens prêteurs (entre 5.000 et
15.000 demandes reçues) gagne près de 7 % et celui des
moyens emprunteurs (entre 5.000 et 15.000 demandes émises) se
renforce en augmentant de 3 % par rapport au total des emprunts.
Prêt entre bibliothèques : répartition du trafic pour les bibliothèques universitaires et de grands établissements |
||||
Transactions |
Nombre d'établissements |
|||
|
Emprunts |
% |
Prêts |
% |
Plus de 15.000 |
15 |
52,4 |
14 |
56,0 |
Entre 5.000 et 15.000 |
23 |
36,2 |
24 |
31,3 |
Moins de 5.000 |
54 |
11,4 |
54 |
12,7 |
Total |
92 |
100 |
92 |
100 |
Une
bibliothèque universitaire peut adhérer au réseau de
prêt entre bibliothèques en signant une convention avec le
ministère.
Il s'agit, sur le plan technique, d'une base de données gérant
l'ensemble des demandes émises, d'une part, et des demandes
reçues, d'autre part, par les bibliothèques. Le PEB, en effet,
regroupe désormais des bibliothèques autres qu'universitaires.
Surtout, la politique documentaire des universités gagnera en
cohérence grâce aux possibilités techniques induites par
les nouvelles technologies.
B. LES BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES À L'ÈRE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
1. Les nouvelles technologies : un instrument de modernisation des bibliothèques universitaires
Les
bibliothèques universitaires et les nouvelles technologies de
l'information et de la communication entretiennent des relations
réciproques : si les nouvelles technologies constituent un
élément important de modernisation des bibliothèques, ces
dernières doivent également jouer un
rôle de
familiarisation à l'utilisation des nouvelles technologies
. En
effet, les bibliothèques universitaires doivent fournir à leurs
usagers un accès aux ressources électroniques, qu'il s'agisse de
la consultation des CD-Roms, de l'accès à Internet ou de la
numérisation. Il faut toutefois noter que
les documents
électroniques
s'ajoutent aux documents traditionnels sur support
papier bien plus qu'ils ne s'y substituent : ils
accroissent ainsi de
manière
considérable l'offre documentaire.
Les ressources électroniques permettent également de compenser un
handicap. Ainsi, l'université de Valenciennes a développé
une politique documentaire très innovante qui permet à ses
lecteurs d'effectuer des recherches dans les catalogues d'autres
bibliothèques, françaises et même étrangères,
alors que ses collections sont encore peu importantes.
Les nouvelles technologies de l'information introduisent d'importantes
mutations dans l'activité documentaire des établissements
d'enseignement supérieur :
à l'échelon local, les services communs de documentation
ont désormais vocation à être au centre d'un système
d'information ;
au niveau collectif, ils sont en passe de constituer un véritable
réseau de signalement et de fourniture à distance des documents ;
s'agissant des ressources elles-mêmes, l'émergence rapide
des documents électroniques doit conduire les universités
à développer leur production tout en mutualisant au maximum les
coûts, le signalement et les accès.
a) L'informatisation locale
La quasi
totalité des services communs de documentation des universités
sont aujourd'hui dotés (ou sur le point de se doter) d'un système
intégré de gestion normalisée assurant la plupart des
fonctionnalités bibliothéconomiques : gestion de catalogue et de
sa consultation, inscriptions des usagers, communications, prêts,
acquisitions, etc. La nouvelle génération d'outils actuellement
en cours d'implantation permet aux bibliothèques d'adjoindre à
ces fonctions de gestion de nouveaux services :
accès au réseau de CD-Roms de l'université,
accès aux documents pédagogiques ou scientifiques
numérisés par l'université,
accès aux ressources distantes négociées par
l'université pour des usagers habilités,
accès au réseau Internet.
L'ensemble de ces fonctionnalités débouche sur la constitution,
dans chaque établissement, d'un système d'information accessible
depuis chacun des postes de travail de l'université (et même
au-delà) et proposant des ressources numériques dépassant
largement le seul fonds documentaire de la bibliothèque. Le
ministère a consacré 25 millions de francs à
l'implantation de ces systèmes dans les universités en 1997, puis
30 millions de francs pour la poursuite de cette action en 1998.
b) La constitution du réseau
Une
nouvelle génération d'outils coopératifs doit permettre :
à chaque bibliothèque, de récupérer
l'information bibliographique déjà créée dans de
grands réservoirs, de façon à alléger dans des
proportions considérables les tâches catalographiques ;
à chaque usager, de localiser les documents dans un catalogue
collectif facilement accessible (notamment via Internet) et le cas
échéant, au cours de la même requête, de passer
commande de la fourniture à distance des documents
sélectionnés.
Ce dispositif ne sera toutefois totalement performant qu'une fois que les
bibliothèques de l'enseignement supérieur auront achevé -
comme c'est désormais le cas pour la B.N.F.- la numérisation de
leurs anciens catalogues sur fiches. Sur un total estimé à 8
millions de fiches, 5 millions restent encore à numériser
aujourd'hui. Il apparaît donc indispensable d'accélérer le
rythme actuel de ces opérations (300.000 notices/an jusqu'en 1997 et
500.000 en 1998). En y consacrant 10 millions de francs en 1998 et 20 millions
de francs à partir de 1999,
l'objectif de suppression des catalogues
sur fiches peut être atteint en cinq ans.
c) Production et accès aux ressources électroniques
Plus
encore que les documents traditionnels, les ressources électroniques ont
vocation à circuler et à être consultées à
distance à travers un dispositif qui garantisse, en tant que de besoin,
le respect de la propriété intellectuelle et le paiement des
droits afférents.
Le module
WEBDOC
permet :
le signalement dans un catalogue collectif des documents
électroniques, qu'ils aient été numérisés
par les universités elles-mêmes ou que leurs droits d'accès
aient été acquis par l'ensemble des universités du
réseau ou par un consortium d'universités,
la consultation et le déchargement des documents pour les usagers
habilités.
Une politique de soutien à la production de ressources est en cours de
définition, notamment dans les domaines suivants :
numérisation des thèses et rapports de recherche,
numérisation de fonds de bibliothèques libres de droit,
édition de documents pédagogiques.
Cette politique d'informatisation des fonds documentaires des
bibliothèques universitaires ne doit cependant pas négliger un
élément essentiel à sa réussite :
la
nécessaire production d'outils de formation.
En effet, la
pléthore d'informations peut se révéler illusoire :
une information ne devient pertinente que si elle a été
authentifiée. A l'époque d'Internet, qui constitue une source
d'informations encore inconnue jusqu'alors mais qui peut aussi
déconcerter un utilisateur mal à l'aise devant une masse
d'informations brutes,
la bibliothèque universitaire doit jouer un
rôle de médiation
, par la sélection de sites Internet
par exemple,
mais également de formation à la bonne
utilisation de la documentation numérique .
2. Le système universitaire de documentation
Le
système universitaire de documentation (SU ou SUD) permettra
d'améliorer l'accès à l'information à travers un
outil unique aisément consultable. En effet,
il existe actuellement
plusieurs outils collectifs dans le domaine documentaire :
le catalogue collectif national des publications en série
(CCNPS)
: il s'agit à la fois d'une base de données
bibliographiques qui permet l'identification des publications en série
(291.000 notices localisées), et d'une base de données factuelles
qui fournit des informations sur les localisations, les états des
collections consultables dans les 2.900 organismes documentaires participant au
catalogue collectif et sur les caractéristiques de ces organismes ;
le Pancatalogue
: il décrit et localise les livres
possédés par les bibliothèques universitaires et
bibliothèques des grands établissements ; il est également
utilisé dans le système en ligne de prêt entre
bibliothèques ; la base du Pancatalogue recense plus de 5.400.000
ouvrages localisés correspondant à plus de 3.200.000 titres, le
catalogue étant alimenté de façon entièrement
automatique par réutilisation des données créées
par les catalogueurs dans les réseaux bibliographiques reconnus au
niveau national : BN-OPALE, OCLC, SIBIL ;
Téléthèses
: cette base de données
bibliographiques recense les thèses soutenues en France dans les
universités et les établissements habilités à
délivrer le doctorat ; elle compte (en mai 1998) 335.000
références réparties en trois fichiers : lettres (25 %),
sciences (30 %) et santé (45 %) ;
le prêt entre bibliothèques
(voir ci-dessus).
Ces différents catalogues collectifs seront fusionnés dans le
système universitaire auquel seront connectées toutes les
bibliothèques universitaires, ce qui permettra de remédier aux
dysfonctionnements actuels inhérents à la pluralité des
outils collectifs : redondance des informations, rupture entre la recherche et
l'accès final au document, obsolescence des logiciels...
Le système universitaire est le fruit d'une réflexion
déjà vieille de plusieurs années.
En 1992, la Direction chargée des bibliothèques au sein du
ministère chargé de l'enseignement supérieur
lançait la réalisation du schéma directeur informatique du
réseau des bibliothèques de l'enseignement supérieur, dont
les conclusions mettaient en évidence la nécessité de
développer et de moderniser l'ensemble des outils informatiques de
coopération entre bibliothèques.
La réalisation du projet issu de ces conclusions a été
confiée à
l'Agence bibliographique de l'enseignement
supérieur (ABES)
, établissement public à
caractère administratif, situé à Montpellier, et
créé par le décret n° 94-921 du 24 octobre 1994. Ses
missions sont définies par l'article 2 dudit décret (voir
encadré ci-après).
Article 2
- L'agence recense et localise les fonds documentaires des
bibliothèques de l'enseignement supérieur dans le but de
faciliter l'accès aux catalogues bibliographiques, aux bases de
données ainsi qu'aux documents.
Elle assure la coordination du traitement documentaire des collections et
veille en particulier à la normalisation du catalogage et de
l'indexation.
Elle assure la gestion et le développement des systèmes et des
applications informatiques nécessaires à l'accomplissement de ces
missions.
Elle édite sur tout type de support les produits dérivés
des catalogues ou systèmes d'information dont elle assure la gestion.
Elle apporte son concours, en tant que de besoin, aux établissements
d'enseignement supérieur dans le domaine de l'information
bibliographique.
Elle coopère avec les organismes concourant aux mêmes fins, tant
en France qu'à l'étranger.
En 1997, l'ABES disposait d'un budget de 27,76 millions de francs, les
subventions s'élevant à 20 millions de francs. Elle employait
46 personnes : 19 ingénieurs et techniciens, 16 personnels de
bibliothèques, dont une majorité de conservateurs, 5 personnels
administratifs, 3 contractuels et 3 CES/CEC.
A l'issue d'une procédure d'appel d'offres sur performances, l'ABES
a
retenu l'offre présentée par PICA, organisme
néerlandais ayant développé et gérant pour
l'ensemble des bibliothèques des Pays-Bas un système
répondant à
90 % des besoins définis dans le cahier
des charges. La société Bull a été choisie par PICA
comme sous-traitant.
Ce choix correspond à des orientations fondamentales de mise en oeuvre :
- s'appuyer sur un système existant, fonctionnant sur au moins un site
de taille comparable afin de minimiser les risques liés en particulier
aux développements spécifiques ;
- mettre en oeuvre un système capable de communiquer avec des
systèmes documentaires hétérogènes, et respectant
donc les normes internationales dans le domaine ;
- enfin disposer au minimum, de la part du fournisseur, d'un engagement
d'évolution vers une plate-forme de type "système ouvert".
Le marché a été notifié par l'ABES le 23 septembre
1997 : le projet est donc entré depuis cette date en phase de
réalisation, dont les principales étapes sont les suivantes :
- 1997-1998 installation du prototype sur plate-forme expérimentale
- 1998-1999 mise en oeuvre du système opérationnel sur la
plate-forme d'exploitation
- 1999 expérimentation en grandeur réelle sur 7 sites pilotes
(Lille III, Nice-Sophia Antipolis, Lyon II, Rennes II, Grenoble II, Perpignan,
Le Mans)
- 2000 déploiement sur l'ensemble des sites (110 bibliothèques
réparties en 330 sites géographiques distincts) ; accès
à 4,5 millions de données bibliographiques.
Accessible via Renater et Internet, et appliquant les normes et standards les
plus avancés en matière documentaire, le SU se veut avant tout un
outil ouvert et au service de ses utilisateurs. La convivialité des
interfaces d'accès, la robustesse des fonctionnalités et la
fiabilité du dispositif technique sont donc au centre du projet.
Le système repose sur
quatre grands blocs de
fonctionnalités
, étroitement articulés entre eux.
a) Un catalogue collectif unique
, regroupant la description
bibliographique de tous les documents conservés dans les
bibliothèques de l'enseignement supérieur, quels que soient la
nature ou le support de ces documents (documents papier, audiovisuels,
informatiques), et fournissant également la localisation de ces
documents.
Il s'agit là du coeur du système
: le catalogue collectif
de localisation est en effet le seul outil permettant d'identifier et de
localiser les documents ; il est donc l'outil de base de la mutualisation des
ressources ; il participe aussi à la visibilité du patrimoine
documentaire des universités.
Ce catalogue est également un élément clé de la
coopération :
- au plan national, il sera en effet, avec celui de la Bibliothèque
nationale de France et le catalogue de fonds patrimoniaux des grandes
bibliothèques publiques, l'un des trois grands ensembles de
données bibliographiques auxquels le Catalogue collectif de France
donnera accès,
- au plan international, il permettra d'échanger des données
bibliographiques avec d'autres grands réseaux documentaires.
b) Un système de gestion des demandes de fourniture à distance
des documents
: associé au catalogue collectif, il permettra,
à l'issue d'une recherche, de sélectionner un document pour en
commander la fourniture à distance. Le système offrira en outre
des facilités de gestion (circulation automatique des demandes de
fourniture, gestion des comptes des utilisateurs, facturation et suivi). Ce
système participe donc à la fois de la mutualisation des
ressources documentaires et de la recherche de gains de productivité,
par l'allégement de certaines tâches de gestion.
c) Un système de fourniture électronique des documents :
Webdoc.
Ce système, particulièrement novateur, permettra
d'obtenir en ligne le texte complet d'un document électronique. Il
s'agit là d'une évolution majeure de la fonction de fourniture
à distance des documents, qui répond à une attente
très forte des utilisateurs et placera les universités
françaises parmi les plus avancées au monde en matière de
nouvelles technologies documentaires.
d) Des fonctionnalités de catalogage partagé :
le
catalogage partagé permet à toute bibliothèque de
récupérer pour ses besoins propres les notices bibliographiques
existant dans le catalogue collectif en n'ayant à ajouter à une
notice existante que peu d'éléments spécifiques (cote,
numéro d'inventaire par exemple). Le catalogage représentant une
importante charge de travail dans les bibliothèques, il s'agit là
d'un dispositif particulièrement efficace pour réaliser des gains
de productivité.
Par ailleurs, le SU se fournira lui-même en notices déjà
cataloguées auprès de divers fournisseurs (et notamment
auprès de la Bibliothèque nationale de France), de façon
à diminuer encore la part de catalogage original des
bibliothèques universitaires ainsi que les coûts d'achat des
notices bibliographiques : ces notices seront en effet achetées une
seule fois par l'ABES pour le SU (qui les redistribuera aux organismes
participants), et non de multiples fois par les différentes
bibliothèques.
Plus largement,
le système universitaire s'intégrera au
Catalogue
collectif de France
qui doit donner accès à
environ 15 millions de notices bibliographiques stockées dans trois
catalogues : celui du système universitaire, celui de la
Bibliothèque nationale de France et celui constitué à
partir de la conversion rétrospective de certains fichiers des
catalogues d'une cinquantaine de bibliothèques municipales
rétroconverties.
3. Les débats en cours sur le respect du droit d'auteur
Le
respect du droit d'auteur a fait l'objet de débats récents
à propos de la multiplication des photocopies : le "photocopillage". Or,
les législations relatives au droit d'auteur affirment explicitement
que l'auteur ou, à défaut, le titulaire du droit d'auteur
bénéficie du droit exclusif de reproduction.
Ce principe est
du reste conforme à l'article 9-1 de la Convention de Berne pour la
protection des oeuvres littéraires et artistiques.
Toutefois, des
dérogations légales
au monopole de l'auteur
sont possibles, et peuvent être organisées par des licences
légales ou contractuelles. En général, elles
bénéficient à des établissements d'enseignement
ainsi qu'aux bibliothèques et aux musées pour leurs propres
besoins. De même, la reprographie à des fins de procédure
administrative ou juridique est admise, tout comme la copie pour usage
privé ou personnel.
En contrepartie,
les bénéficiaires de licences doivent
rémunérer le titulaire du droit d'auteur, la gestion des droits
de reprographie étant réalisée par une personne
morale.
Les droits sont alors répartis entre auteurs et
éditeurs.
Ainsi, comme l'écrit Jean-Michel Salaün, dans le Bulletin des
bibliothèques de France (1998, n° 3) :
"l'origine des
législations sur la propriété intellectuelle... cherche un
équilibre... entre l'intérêt de l'auteur et
l'intérêt du public"
; il poursuit :
"Dans la balance
entre l'auteur et le lecteur, le droit français a plutôt
privilégié le premier, le droit américain le second".
Toutefois,
la loi n° 95-4 du 3 janvier 1995
complétant le
code de la propriété intellectuelle et relative à la
gestion collective du droit de copie par reprographie a fait l'objet de
certaines critiques. En effet, elle
est plutôt
favorable aux
éditeurs
et, par conséquent,
rompt avec la tradition
française qui confortait traditionnellement les auteurs,
ces
derniers n'ayant plus la possibilité de refuser que leurs textes soient
copiés.
La difficulté d'appliquer ce texte a pour conséquence, selon
Jean-Michel Salaün,
"de voir se multiplier les utilisations des
nouvelles technologies dans les domaines liés à l'édition
sur des bases contractuelles exploratoires".
La question du droit d'auteur connaît donc une
actualité
nouvelle
avec le développement de nouveaux supports comme Internet
et l'émergence du document électronique, qu'il s'agisse du droit
de prêt ou du droit de reprographie.
a) Le droit de prêt
Le droit
de prêt donne régulièrement lieu à un débat
opposant les auteurs et les éditeurs, d'une part, et les
bibliothécaires d'autre part.
Au cours de ce débat sont échangés des arguments d'ordre
économique (l'emprunt est-il un manque à gagner ou une incitation
à l'achat ?), culturel (encouragement à la création
ou obstacle à la diffusion de la lecture ?), et juridique
(nécessité d'un contrôle ou droit à la culture ?).
Le rapport 1993 du Conseil supérieur des bibliothèques
résumait l'hostilité des bibliothécaires à
l'instauration d'un droit de prêt :
"Pour les bibliothécaires,
l'imposition d'un droit de prêt apparaît, au-delà des
modalités d'application, comme une remise en cause du système de
la lecture publique".
M. Jean-Marie Borzeix a remis, au mois de juillet 1998, un rapport qui lui
avait été demandé par la ministre de la culture et de la
communication, consacré à la question du droit de prêt dans
les bibliothèques.
M. Borzeix a, dans son rapport, tranché le débat entre
gratuité et tarification de l'emprunt en faveur de
l'abandon de la
gratuité
. Il recommande en effet de mettre en oeuvre un
droit de
prêt public, financé en priorité par les usagers, pour une
somme forfaitaire de 10 à 20 francs par an. Les usagers des
bibliothèques universitaires seraient concernés,
mais non
ceux des bibliothèques et centres de documentation de l'enseignement
primaire.
Or, si l'idée d'une rémunération forfaitaire semble tout
à fait pertinente, en revanche l'établir à un niveau
compris entre 10 et 20 francs paraît excessif :
cette somme
forfaitaire ne devrait pas excéder 10 francs, 5 francs étant
même le niveau optimal, à même d'éviter une
augmentation excessive des droits d'inscription à
l'université.
Du reste, des discussions exploratoires sont engagées entre
l'administration centrale et les diffuseurs de ressources documentaires
électroniques, les éditeurs notamment, pour examiner les
incidences tarifaires de regroupements éventuels d'universités
pour l'acquisition de licences d'accès à divers produits
(sommaires de revues ou revues électroniques). Toutefois, il est
possible de s'interroger sur la pertinence de la conduite simultanée de
négociations par le ministère de la culture et celui de
l'éducation nationale.
Pour mener à bien de telles négociations,
les
bibliothèques peuvent se
constituer en consortium.
Cette
direction a été empruntée par les bibliothèques
universitaires allemandes et néerlandaises bien plus tôt qu`en
France. Le dernier rapport du Conseil supérieur des bibliothèques
a reproduit l'aide-mémoire établi à l'intention du
consortium des BU allemandes et néerlandaises. Il s'agit pour elles
de
" formuler un certain nombre de principes généraux
pour répondre à la stratégie des éditeurs
concernant l'accès aux journaux électroniques et les contrats de
licence ".
Suivent alors un certain nombre de principes, dont les
principaux sont les suivants :
-
" les bibliothèques expriment la volonté d'agir en tant
que consortium...dans les négociations avec les éditeurs et leurs
intermédiaires " ;
-" les bibliothèques des universités devraient être
autorisées à imprimer et à reproduire, par
télécopie ou par l'intermédiaire de la messagerie
électronique, les données fournies par l'éditeur dans le
cadre non commercial de la fourniture de documents entre bibliothèques,
dans le respect des directives sur l'usage loyal et de la réglementation
du copyright "
;
-"
les contrats de licence devraient inclure des droits permanents
à l'information ayant fait l'objet d'un paiement "
;
-
" les bibliothèques attendent des éditeurs et des
intermédiaires qu'ils fournissent sous forme électronique les
données bibliographiques et les résumés des journaux
auxquels les bibliothèques ont souscrit ".
b) Le droit de reprographie
Le
phénomène du "photocopillage" illustre l'atteinte qui peut
être portée aux droits des éditeurs et des auteurs.
Les bibliothèques universitaires sont particulièrement
concernées par ce problème, les étudiants et, surtout, les
enseignants-chercheurs étant de gros consommateurs de photocopies.
Même si le recours à la photocopie est très variable selon
le niveau d'études et le champ disciplinaire concerné. Il faut
toutefois rappeler que les carences dont souffrent les bibliothèques, le
manque de places assises ou l'insuffisance des heures d'ouverture notamment,
peuvent encourager l'accumulation de photocopies.
La loi du 3 janvier 1995 précitée a prévu la mise en place
d'un système de gestion collective obligatoire des droits de
reproduction par reprographie. Le Centre français d'exploitation du
droit de copie (CFC) a été agréé en mai 1996 comme
société de perception et de répartition des droits.
Cependant, outre la difficulté de comptabiliser le nombre de photocopies
réalisées dans les bibliothèques universitaires, tous les
documents ne doivent pas donner lieu, lorsqu'ils font l'objet d'une
reproduction, à l'acquittement d'un droit. En effet, les ouvrages
tombés dans le domaine public peuvent être reproduits - et
numérisés - sans problèmes.
La question prend une acuité particulière avec la
numérisation, qui facilite et élargit considérablement la
consultation de documents en ligne. Comment respecter les droits d'auteur
lorsque des textes ou tous autres documents sont numérisés, et,
dès lors, accessibles à tous et en tout lieu via Internet ?
Ainsi, le débat sur la copie privée connaît une nette
évolution,
les éditeurs et les auteurs ne cachant pas leur
hostilité à la reconnaissance d'un droit à copie
privée dans un environnement numérique.
Les documents électroniques nécessitent une protection
adaptée, d'autant plus qu'ils deviendront de plus en plus nombreux, et
leur usage beaucoup plus fréquent (revues électroniques
notamment). En effet, les oeuvres multimédias font partie des oeuvres de
l'esprit protégées par le code de la propriété
intellectuelle. C'est pourquoi, la numérisation puis l'installation
d'une oeuvre sur un site Internet nécessitent l'autorisation de l'auteur
ou du titulaire du droit d'auteur, lorsqu'il s'agit d'une reproduction. Si tel
n'est pas le cas, il s'agit d'une contrefaçon.
Plusieurs directives européennes (sur le droit de prêt en 1992,
sur la protection des bases de données en 1996, proposition sur la
société de l'information fin 1997) ont ainsi pour objectif de
restreindre la liberté de communication au public en instaurant de
nouveaux droits
,
appliqués
non à l'acquisition mais
à l'utilisation d'un document
,
le paiement se faisant
désormais à l'acte
, de copie par exemple.
Toutefois, de telles dispositions sont susceptibles de porter atteinte à
l'accès de tous à l'information. Les bibliothèques
seraient particulièrement concernées puisque chaque
opération de copie ou de communication aux usagers serait susceptible de
supporter le paiement d'un droit. C'est pourquoi,
les activités des
bibliothèques doivent bénéficier de dérogations,
afin que leurs missions de service public soient
préservées.
CONCLUSION
Au terme
de cette analyse,
un constat s'impose : l'époque de la misère
des bibliothèques universitaires est révolue.
La conjonction des efforts accomplis et de la détermination des
professionnels a permis aux bibliothèques universitaires de
connaître un développement conforme aux spécificités
de l'enseignement supérieur et de la recherche. Certes, des
améliorations restent possibles et même souhaitables afin,
notamment, de faire des bibliothèques universitaires les acteurs
incontournables d'une entrée réussie dans la
société de l'information.
Ainsi, les bibliothèques poursuivraient sur Internet leur mission de
service public de l'enseignement supérieur.
Toutefois, il semble indispensable, dans un contexte d'évolutions
technologiques très rapides, de
réaffirmer la
nécessité pour les étudiants et les enseignants-chercheurs
de disposer de bibliothèques réelles et pas seulement
virtuelles.
Il existe en effet une thèse, encore minoritaire certes
mais en développement, qui véhicule l'idée selon laquelle,
à l'époque d'Internet et du multimédia, les
bibliothèques universitaires deviennent inutiles ou, en tout cas,
qu'elles ne doivent plus faire l'objet d'un intérêt
particulier.
Cette
conception est illusoire et dangereuse
car
elle risque d'engendrer une dichotomie au sein de la population
étudiante, entre les étudiants qui auraient personnellement
accès à des fonds documentaires en réseau et ceux qui en
seraient tenus à l'écart faute de moyens.
Au contraire,
les bibliothèques universitaires du XXIe siècle
doivent donner la possibilité au plus grand nombre de s'insérer
dans "
les réseaux de
savoirs
".
OBSERVATIONS
Vingt
observations
peuvent être formulées et regroupées en
cinq thèmes.
En matière de crédits
1 -
Le "fléchage" des crédits en faveur des
bibliothèques universitaires présente un avantage protecteur
indispensable en période de rattrapage et de modernisation des
bibliothèques. En revanche, une fois cette période
terminée, le "fléchage" n'est plus nécessaire : il
constituerait même un facteur de rigidité budgétaire.
2 -
Réévaluer, au sein de l'enveloppe globale
d'U3m, la part consacrée aux bibliothèques universitaires.
En matière de personnels
3 -
Poursuivre l'effort en matière de créations
d'emplois dans les bibliothèques universitaires, en catégorie B
notamment.
4 -
Développer le monitorat au sein des
bibliothèques universitaires, et y affecter l'essentiel des
emplois-jeunes recrutés dans l'enseignement supérieur.
5 -
Poursuivre l'effort de rationalisation et de coordination
des formations dispensées aux personnels des bibliothèques, par
exemple, en créant un observatoire des formations aux métiers du
livre et des bibliothèques.
En matière d'institutions
6 -
Engager une réflexion tendant à ériger
les bibliothèques interuniversitaires parisiennes, la
bibliothèque Sainte-Geneviève notamment, en établissements
publics à statut particulier.
7 -
Le fonctionnement de l'Inspection générale
des bibliothèques pourrait être amélioré : ses
effectifs gagneraient à être accrus ; son régime juridique
mériterait d'être précisé ; ses travaux devraient
être plus largement diffusés ; surtout, les responsables des
bibliothèques pourraient disposer d'un droit de saisine de l'IGB.
8 -
Doter le Conseil supérieur des
bibliothèques d'un véritable budget, afin de lui donner les
moyens de son indépendance.
En matière de services documentaires
9 -
Poursuivre l'objectif d'une ouverture des
bibliothèques universitaires de 60 heures par semaine, et les
laisser ouvertes pendant les mois d'été, ce qui serait tout
à fait compatible avec l'ambition affichée des universités
de mieux assurer la formation continue.
10 -
Développer le libre-accès aux collections
universitaires.
11 -
Prendre en considération, dans la
réalisation ou la rénovation des bâtiments de
bibliothèques universitaires, la polyvalence des locaux
nécessitée par les nouvelles technologies.
12 -
Encourager la coopération des bibliothèques
universitaires avec d'autres bibliothèques, municipales notamment.
13 -
Ouvrir les bibliothèques universitaires à
un public autre qu'universitaire.
14 -
Conforter le rôle fédérateur des
services communs de documentation, afin de réduire la dispersion
documentaire.
15 -
Ne pas céder à la facilité
consistant à réserver certaines bibliothèques aux
étudiants de premier cycle.
En matière de nouvelles technologies
16 -
Fournir un effort en matière d'acquisitions
documentaires, sous forme d'ouvrages et de revues, mais également de
ressources multimédia ; cet effort doit s'inscrire dans le cadre d'une
élaboration concertée de plans de développement des
ressources documentaires.
17 -
La bibliothèque universitaire doit jouer, à
l'égard de la documentation électronique, un rôle de
médiation et de formation.
18 -
Instaurer un droit de prêt public sur une base
forfaitaire, compris entre 5 et 10 francs.
19 -
Encourager les bibliothèques universitaires
à se constituer en consortium afin de mener des négociations avec
les diffuseurs de ressources documentaires électroniques.
20 -
Accorder aux bibliothèques universitaires des
dérogations au paiement d'un droit appliqué à
l'utilisation d'un document électronique (droit de reprographie).
ANNEXES
Pages
ANNEXE N° I
Examen du rapport par la commission 95
ANNEXE N° II
Lettre du rapporteur au ministre 99
ANNEXE N° III
Réponse du ministre au rapporteur 101
ANNEXE N° IV
Liste des personnes entendues par
le rapporteur 103
ANNEXE N° V
Comptes-rendus des auditions 105
ANNEXE N° VI
Liste des personnes rencontrées par le
rapporteur lors de ses déplacements 143
ANNEXE N° VII
Quelques messages électroniques reçus
sur le site Web du Sénat à l'occasion de la consultation mise en
place par la mission d'information 145
ANNEXE I
EXAMEN DU RAPPORT PAR LA COMMISSION
Au cours
d'une seconde séance tenue le
mardi 10 novembre 1998
dans
l'après-midi, sous la présidence de
M. Alain Lambert
,
président
, puis de
Mme Marie-Claude Beaudeau
,
vice-président
, la commission a entendu la
communication de
M. Jean-Philippe Lachenaud, rapporteur spécial des
crédits de l'enseignement supérieur,
sur la
mission
qu'il a menée
sur la situation des bibliothèques
universitaires françaises.
M. Jean Philippe Lachenaud
a tout d'abord expliqué que la
mission entreprise avait pour ambition de dresser l'état des lieux des
bibliothèques universitaires françaises dix ans après le
rapport Miquel, qui avait constitué une prise de conscience de la
"misère" des bibliothèques universitaires. Les
déplacements qu'il a effectués dans les universités ainsi
que les nombreuses rencontres qu'il a eues avec les professionnels lui ont
permis de mesurer l'effort accompli par la collectivité nationale en
faveur des bibliothèques universitaires. Il a qualifié cet effort
d'" exceptionnel ", insistant sur la mutation qui a affecté
ces bibliothèques, rappelant toutefois qu'il s'agissait d'une mutation
inachevée.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a expliqué qu'une importante mutation
statutaire était intervenue en 1985, transformant les
bibliothèques universitaires en services communs de la documentation
(SCD). Cette réforme statutaire a renforcé la cohérence de
la politique documentaire des universités. Il a fait état des
grands indicateurs relatifs aux bibliothèques universitaires, notant
qu'elles étaient au nombre de 96, dont 78 SCD, qu'elles disposaient d'un
budget de 1,3 milliard de francs, 700 millions rémunérant
les 4.100 emplois et 600 millions étant consacrés à
la documentation, qu'elles représentaient une surface totale de
728.000 m² et offraient 80.000 places assises, soit 1 place pour
18 étudiants, qu'elles ouvraient en moyenne 50 heures par semaine,
qu'elles possédaient 23 millions de volumes, 400.000 titres et
périodiques ainsi qu'un nombre croissant de ressources
multimédia, qu'elles accueillaient 1.200.000 lecteurs, dont
86 % d'étudiants et qu'elles prêtaient ou communiquaient
16 millions de documents chaque année.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a noté que cet effort national
exceptionnel s'accompagnait d'une meilleure gestion des budgets grâce
à la combinaison du "fléchage" des crédits et d'une
politique contractuelle. Il a fait état de la considérable
amélioration de la formation, initiale et continue, dispensée aux
personnels, notamment par l'Ecole nationale supérieure des sciences de
l'information et des bibliothèques (ENSSIB). Il a évoqué
le rôle essentiel joué par plusieurs établissements
chargés de mettre en oeuvre une politique innovante en matière de
documentation universitaire. Le Centre technique du livre de l'enseignement
supérieur (CTL-ES) est chargé d'une mission de
bibliothèque de dépôt, assurant la conservation et le
stockage des collections peu usitées des bibliothèques
universitaires parisiennes. L'Agence bibliographique de l'enseignement
supérieur (ABES), située à Montpellier, a
été créée pour mettre en place le système
universitaire de documentation (SUD) qui constituera le réseau reliant
les fonds documentaires de toutes les bibliothèques universitaires
françaises et de nombreuses bibliothèques
étrangères. Les centres d'acquisition et de diffusion de
l'information scientifique et technique (CADIST), ont quant à eux,
vocation à mutualiser les acquisitions documentaires.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a toutefois estimé que la mutation
des bibliothèques universitaires françaises était
inachevée. Ainsi, l'ouverture aux étudiants, qui est de 50 heures
hebdomadaires en moyenne, est insuffisante, l'objectif affiché tant par
les bibliothèques elles-mêmes que par l'administration centrale
étant de 60 heures. En matière de locaux et de personnels, il a
appelé de ses voeux la poursuite de l'effort engagé, rappelant
que l'écart avec les bibliothèques allemandes et britanniques,
qui sont considérées comme une référence,
était de 1 à 2,5. A cet égard, il a jugé
insuffisante la part des crédits consacrés aux
bibliothèques universitaires dans l'enveloppe globale du plan
université du 3e millénaire (U3M).
Il a souligné les disparités considérables existant entre
les universités, au niveau de leurs ressources documentaires notamment,
expliquant qu'elles étaient aggravées par un désordre
documentaire, dont l'origine était à rechercher moins dans les
textes que dans une pratique ayant accordé trop d'importance au
fractionnement des sites documentaires. Les bibliothèques universitaires
parisiennes connaissent une situation très délicate, souffrant
d'une pénurie de locaux mais également de matériels
informatiques.
Il a souligné que l'entrée des bibliothèques
universitaires dans la société de l'information
nécessitait des opérations extrêmement complexes,
consistant à identifier les documents qui peuvent être
numérisés, à réaliser les opérations de
numérisation qui sont extrêmement longues et coûteuses, puis
à mettre en place des réseaux de circulation et d'interconnexion
des documents électroniques. Actuellement, environ le tiers des notices
documentaires est numérisé, mais il ne s'agit là que d'une
moyenne, certaines bibliothèques universitaires étant
considérablement en retard. Le système universitaire de
documentation devrait à cet égard constituer une
opportunité tout à fait intéressante, d'autant plus qu'il
ne constituera lui-même qu'une partie du Catalogue collectif de France
(CCF) qui devrait donner accès à l'ensemble de la documentation
française numérisée. Il a également constaté
que les postes d'accès à Internet ainsi que les lecteurs de
CD-Roms étaient en nombre insuffisant, mais que les universités
devaient nécessairement mettre en oeuvre un plan de formation à
l'utilisation de ces nouvelles technologies.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a conclu en rappelant qu'une politique
documentaire de haut niveau, rendue possible par les bibliothèques
universitaires, constituait la condition de la réussite et de la
reconnaissance de l'enseignement supérieur français.
M. Alain Lambert, président,
s'est interrogé sur la
manière d'établir un équilibre entre la
bibliothèque virtuelle, rendue possible par les nouvelles technologies,
et les bibliothèques universitaires traditionnelles. Il a
également voulu connaître la place qu'occupaient les
bibliothèques universitaires françaises par rapport aux
bibliothèques européennes, puis a demandé au rapporteur si
les travaux sénatoriaux figuraient dans les bibliothèques
universitaires. Enfin, il a voulu connaître la perception que les
étudiants avaient des bibliothèques dans lesquelles ils
travaillaient.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a expliqué que la direction de la
programmation et du développement (DPD) du ministère semblait
n'accorder qu'une importance relative à la construction ou à la
rénovation des locaux de bibliothèques, donnant en revanche une
importance particulière au développement des nouvelles
technologies. Il a cependant estimé qu'une part considérable des
fonds documentaires des bibliothèques universitaires ne pouvait
être numérisée, et que, par conséquent, ils devaient
être consultés sur place. Il a ajouté que la formation
à la recherche comme au travail en équipe ne pouvait être
menée à bien que dans des bibliothèques traditionnelles,
les bibliothécaires, mais aussi les moniteurs-étudiants jouant un
rôle incontournable de médiateurs, d'autant plus
appréciable que les jeunes étudiants arrivant des lycées
ont besoin d'être formés et orientés dans la
bibliothèque.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a précisé que le rayonnement
international de la France passait également par la numérisation
des thèses soutenues dans notre pays. Mais il a reconnu que beaucoup de
consultations nationales étaient réalisées hors de nos
frontières. Il a ajouté que la France était
confrontée, dans le cadre de négociations visant à
accéder aux ressources documentaires sous forme électronique,
à de puissants éditeurs internationaux, et il a formé le
voeu que les universités françaises se groupent en consortium
pour conduire de telles négociations.
S'agissant des comparaisons internationales, il a rappelé que, pour un
nombre de bibliothèques similaire, la France se distinguait par la
faiblesse des moyens dont disposaient ses bibliothèques : elles
possèdent 22 millions d'imprimés, tandis que les
bibliothèques universitaires britanniques en ont 70 millions et les
bibliothèques allemandes 124 millions, les livres acquis dans
l'année s'élevant pour la France à 884.000 mais
à 2.200.000 pour la Grande-Bretagne et à 3.800.000 pour
l'Allemagne, de tels écarts se retrouvant pour les budgets d'acquisition
comme pour les personnels.
Il a précisé que les documents émanant du Sénat
étaient présents, notamment dans les sections juridiques et
économiques des bibliothèques universitaires, mais que la Haute
Assemblée avait tout intérêt à diffuser davantage
ses travaux auprès de la communauté universitaire.
Il a rappelé qu'une enquête avait été menée,
il y a quelques années, auprès des étudiants, de laquelle
il ressortait que ces derniers fréquentaient de manière
très variable les bibliothèques universitaires, essentiellement
en fonction de leur filière et de leur niveau d'études, mais que,
d'une manière générale, 40 à 45 % des
étudiants n'étaient pas inscrits à la bibliothèque,
contre 50 % dix ans auparavant.
M. Jean Clouet
a estimé que le développement excessif du
virtuel risquait d'avoir de graves conséquences sur la qualité de
l'enseignement supérieur. Il s'est, d'autre part, étonné
des files d'attente régulières existant devant la
bibliothèque Sainte-Geneviève, ainsi que du faible nombre des
inscrits dans les bibliothèques.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a expliqué que de nombreux
étudiants de premier cycle ne prenaient effectivement pas la peine de
s'inscrire à la bibliothèque, se contentant trop souvent de cours
polycopiés et de quelques manuels de base, mais il a estimé que
certains enseignants les incitaient à de telles pratiques. Il s'est
d'une manière générale déclaré hostile
à des bibliothèques universitaires qui seraient
réservées aux étudiants de premier cycle.
S'agissant de la bibliothèque Sainte-Geneviève, il a reconnu
qu'elle ne pouvait répondre aux objectifs d'une bibliothèque
universitaire en raison de sa vocation littéraire et patrimoniale, et
s'est interrogé sur l'opportunité de lui redonner son ancien
statut de bibliothèque municipale.
M. Yann Gaillard
a estimé que les carences dont souffraient les
bibliothèques universitaires avaient des répercussions sur la
qualité de la lecture publique, un grand nombre d'étudiants
fréquentant la bibliothèque publique d'information (BPI) du
centre Pompidou comme la Bibliothèque nationale de France. Il s'est
également interrogé sur la manière de protéger la
propriété intellectuelle dans un environnement
électronique.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a abondé dans le même sens et a
expliqué que la fermeture de la BPI avait allongé les files
d'attente devant la bibliothèque Sainte-Geneviève, ce qui montre
la similitude de leur public. Il a souhaité qu'un rapprochement,
notamment en matière de prêt, soit opéré entre les
bibliothèques universitaires et les bibliothèques municipales.
Il a précisé que la question des droits de copie et des droits
d'auteur était traitée dans le rapport, mais a fait état
de son désaccord avec les conclusions du rapport de M. Jean-Marie
Borzeix qui propose de faire payer aux étudiants un droit d'auteur
acquitté lors du prêt ou de la consultation numérique du
document. Il a estimé qu'il était préférable de
s'orienter vers la solution d'un droit forfaitaire de bas niveau, de
5 à 10 francs.
La commission a alors donné acte au rapporteur des conclusions de sa
communication et a décidé
d'autoriser leur publication sous la
forme d'un rapport d'information.
ANNEXE II
Lettre du rapporteur au ministre
ANNEXE III
Réponse du Ministre au rapporteur
ANNEXE IV
LISTE DES PERSONNES
ENTENDUES PAR LE
RAPPORTEUR
|
|
Pages |
|
- M. Denis Pallier , Doyen de l'Inspection générale des bibliothèques.................... |
|
|
- M. Bruno Van Dooren , Président de l'association des directeurs de bibliothèques universitaires.............................................. |
|
|
- Mme Arlette Pailley-Katz , vice-présidente de l'association........................................... |
|
|
- M. Jean-Claude Groshens , Président du Conseil supérieur des bibliothèques........... |
|
|
- M. Dominique Arot, Secrétaire général du Consei........................................................ |
|
|
- M. Claude Jolly , Sous-directeur des bibliothèques et de la documentation au ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.................... |
|
|
- M. Bernard Saint-Girons , Premier vice-président de la Conférence des présidents d'université................................................. |
|
|
- M. Bernard Raoult , troisième vice-président de la Conférence......................................... |
|
|
- M. Micher Garnier , Directeur de la programmation et du développement au ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie....................... |
|
|
- M. Claude Jolly, Sous-Directeur des bibliothèques et de la documentation au ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie....................... |
|
ANNEXE V
M. Denis PALLIER,
Doyen de l'Inspection Générale des
Bibliothèques
- Mardi 17 mars 1998 -
M. Denis Pallier a, dans un premier temps,
présenté les activités de l'Inspection
générale des bibliothèques (IGB). Il s'agit d'une petite
inspection qui ne comporte que huit membres, dont un inspecteur
général et six conservateurs généraux des
bibliothèques chargés d'une mission d'inspection, le corps des
inspecteurs généraux étant appelé à
disparaître. Six emplois relèvent du ministère de
l'Education nationale, celui de la Culture ayant contribué à la
reconstitution du service en mettant à disposition, à partir de
1996, trois conservateurs généraux des bibliothèques.
M. Denis Pallier a, en effet, insisté sur la particularité
du statut de l'IGB.
De 1945 à 1975, une direction du ministère de l'Education
nationale prenait en charge les bibliothèques publiques, les
bibliothèques universitaires et les personnels d'Etat des
bibliothèques. En 1975, l'IGB resta sous la tutelle du ministère
de l'Education nationale mais fut également appelée à
travailler pour le ministère de la Culture. Cette sorte de double
tutelle posa dès lors des problèmes d'ordre existentiel à
l'IGB, d'autant que l'extinction progressive du corps des inspecteurs
généraux des bibliothèques fut programmée au cours
des années qui suivirent.
En 1992, Jack Lang devint ministre de l'Education nationale et de la culture,
cette situation tendant à rassurer l'IGB sur son existence à long
terme, même si ses modalités de fonctionnement ne s'en sont
guère trouvées améliorées, du fait notamment de
l'établissement d'un double programme de travail, parfois peu
complémentaire, par les deux ministères. Cependant, les
modalités de fonctionnement de l'inspection devraient être
améliorées par la sortie d'un décret organisant le
service, ce texte ayant fait l'objet d'un accord entre les deux
ministères dès la fin de 1996.
M. Denis Pallier a, ensuite, rappelé que depuis 1995, l'IGB avait
effectué un peu moins de quarante inspections de bibliothèques
universitaires, ajoutant que, en 1995 et 1996, l'IGB avait
contrôlé pour la première fois des unités
régionales de formation à l'information scientifique et technique
(URFIST), dont la mission est de former les personnels des bibliothèques
et les enseignants des troisièmes cycles aux nouvelles technologies.
Les services de documentation dont l'inspection est demandée par les
programmes fixés par le ministre de l'Education nationale sont
généralement ceux d'universités dont les contrats avec le
ministère sont à mi-parcours. S'y ajoutent chaque année
l'inspection de quelques-unes des bibliothèques interuniversitaires
parisiennes et des cas particuliers (partages de collections, arrivée
d'un nouveau directeur dans une bibliothèque, problèmes de
personnel...). A ces "photographies" ponctuelles d'organismes documentaires,
l'inspection a proposé d'ajouter l'inspection de services communs de la
documentation (SCD) d'universités particulièrement
concernées par l'organisation de leur documentation : universités
nouvelles et universités auparavant desservies à Paris (Paris 2)
ou en région par une bibliothèque interuniversitaire (Lyon,
Nancy, Strasbourg, Toulouse...). C'est dans les universités qui ont
récemment acquis l'autonomie documentaire que l'on trouve quelques-unes
des politiques documentaires les plus actives.
Dans ce domaine, l'IGB a axé son travail sur l'organisation documentaire
des bibliothèques universitaires, notamment dans les universités
nouvelles, sur les bibliothèques interuniversitaires (BIU) parisiennes,
puis sur la constitution des centres d'acquisition et de diffusion de
l'information scientifique et technique (CADIST).
M. Denis Pallier a, par conséquent, tenu à préciser
que le contrôle des bibliothèques universitaires ne constituait
qu'une partie de l'activité de l'IGB, cette dernière en raison de
sa reconstitution récente, ne pouvant disposer d'une vision
complète fondée sur le contrôle de ce sujet.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître la situation
des bibliothèques universitaires, près de dix ans après la
parution du rapport Miquel.
Il a rappelé que le rapport Miquel appelait la mise en oeuvre de moyens
nouveaux considérables en faveur des bibliothèques
universitaires, insistait sur le nécessaire développement des
technologies nouvelles en leur sein, et souhaitait l'insertion de ces
bibliothèques dans l'université, alors qu'elles n'en
constituaient à l'époque qu'un service, souvent simplement
juxtaposé.
Il a estimé que les bibliothèques universitaires avaient connu,
depuis 1989, un mouvement conforme aux préconisations du rapport Miquel,
notamment en matière de crédits documentaires.
Un effort notable a notamment été constaté en faveur des
locaux, même si la croissance continue des effectifs d'étudiants a
contribué à le relativiser : le rapport Miquel préconisait
la construction de 370.000 mètres carrés : 173.000 ont
été ouverts, soit 47 % des recommandations.
Une insuffisance en matière de personnels des bibliothèques peut
également être encore constatée.
M. Denis Pallier a ensuite souligné que l'usage plus répandu
des technologies nouvelles et le développement des banques de
données étaient indéniables, la mise en oeuvre de moyens
documentaires nouveaux, réalisée par voie contractuelle avec les
universités, ayant permis l'établissement de meilleures relations
entre les bibliothèques universitaires et les enseignants.
Ces nouveaux moyens techniques se sont aujourd'hui largement banalisés,
si bien que 95 % des bibliothèques universitaires ont, en
matière d'acquisition et de consultation d'ouvrages, un système
informatique moderne qui autorise un élargissement considérable
du champ documentaire : l'accès aux documents
numérisés notamment permet désormais aux
bibliothèques universitaires françaises de rivaliser, en la
matière, avec les bibliothèques allemandes ou
néerlandaises.
M. Denis Pallier a fait valoir que la construction de nouveaux locaux
permettait une mise en valeur des moyens techniques, la conjonction d'une
rénovation immobilière et d'une rénovation technique ayant
nettement amélioré les conditions de travail des étudiants.
Il a en effet souligné le net changement relatif à l'image des
bibliothèques universitaires auprès de leurs utilisateurs,
notamment les étudiants, qui les fréquentent davantage que par le
passé. Il a ajouté que la forte augmentation des acquisitions
expliquait largement ce phénomène, le nombre de titres de
périodiques ayant doublé et les acquisitions d'ouvrages,
triplé. Il a ainsi souligné que 65 % des étudiants,
en 1991, étaient inscrits dans une bibliothèque universitaire, au
lieu de 50 % en 1987, les consultations sur place ayant crû de
50 %, le prêt entre bibliothèques de 75 %, passant de
400.000 à 700.000, et les entrées dans les bibliothèques
universitaires de 100 %, passant de 20 à 42 millions par an.
M. Denis Pallier a indiqué que la politique documentaire des
bibliothèques universitaires avait fait l'objet d'une inspection de
l'IGB, en 1980, conjointement à l'inspection générale de
l'administration de l'éducation nationale, puis en 1992. L'IGB a ainsi
pu tirer plusieurs conclusions de ces études menées à
douze ans d'intervalle.
La politique documentaire est désormais définie par
l'université, ce qui n'était guère le cas auparavant,
même si le plus grand désordre découle
nécessairement de l'existence de plus de 3.000 pôles
documentaires aux statuts très variés, cette situation
étant l'objet d'une double préoccupation liée à
l'insuffisance de la mutualisation des moyens et à un
éparpillement nuisible au développement des nouvelles
technologies. En revanche, en France, les modalités de la politique
documentaire sont assez souples, à l'inverse de ce qui existe en
Allemagne, puisque les bibliothèques universitaires ont
privilégié la coopération, en matière de formation
ou d'élaboration de catalogues collectifs par exemple, ainsi que le
regroupement, voire l'intégration de bibliothèques
d'unités de formation et de recherche (UFR), les bibliothèques
d'UFR devant, en effet, être réorganisées afin de pouvoir
jouer un rôle plus important dans l'université, notamment eu
égard aux besoins des utilisateurs concernés, à l'image de
ce qu'a fait l'université Louis Pasteur de Strasbourg.
Il a conclu sur le caractère complexe de la politique documentaire des
bibliothèques universitaires en France, un modèle unique
étant condamné à l'échec mais une impulsion
coordinatrice étant nécessaire.
M. Denis Pallier a ensuite évoqué la question de
l'intégration de la bibliothèque universitaire au sein même
de l'université. Il a, à ce propos, noté un profond
changement par rapport au passé, qui s'explique avant tout par une
volonté politique illustrée, par exemple, par la grande
implication des responsables universitaires (présidents et
secrétaires généraux notamment) dans l'importance
accordée aux bibliothèques . Les politiques d'intégration
des bibliothèques universitaires les plus actives ont été
rencontrées à Lyon et à Strasbourg, mais ce travail
d'intégration est assez lourd et nécessite d'importants
moyens ; il est cependant voué à l'échec si des
objectifs structurants, universitaires et pas seulement bibliothécaires,
n'ont pas été définis de manière préalable.
Puis, M. Denis Pallier a abordé des points plus précis.
En matière d'offre de nouveaux supports, il a noté que la mise en
place de réseaux de CD-Rom était maintenant effective, mais que
la mutualisation de ces outils très coûteux était encore
insuffisamment réalisée, alors même que la
numérisation croissante des documents rend cette mutualisation
indispensable, au regard de la problématique
coût/efficacité.
L'inspection a constaté que la mise en place de réseaux de
CD-Roms accessibles de tous points de l'université s'accompagnait
rarement de politiques de cofinancement SCD/bibliothèques de recherche.
La fourniture par les éditeurs de périodiques
électroniques, qui commence en sciences et en médecine, devrait
poser le problème à plus grande échelle.
Desservant une communauté, la bibliothèque doit lui garantir un
dispositif souple, évolutif, adapté à l'utilisation.
L'accès aux périodiques électroniques devra
répondre à deux types de besoins. Si un titre n'a qu'un
intérêt majeur, elle recherchera un abonnement
électronique, garantissant un accès itératif au document
pour des utilisateurs multiples. Pour le maintien ensuite du contenu des
périodiques, un réservoir local ou régional peut
être une meilleure solution que le recours à un serveur national
ou international.
L'objectif devrait être de dépenser mieux en achetant une fois
chaque source utile et en la rendant accessible à l'ensemble d'une
communauté universitaire, dans ses différents sites, sur des
infrastructures techniques communes. Au vu des coûts, il est
intéressant de constituer un consortium, de réfléchir
à un partage de ressources entre plusieurs établissements.
L'usage de la documentation électronique peut être
recherché à la fois pour les périodiques et pour les
manuels, parce qu'il permet de résoudre des problèmes graves :
augmentation de la population d'étudiants, dispersion de la population
universitaire sur plusieurs campus.
C'est sans doute un des secteurs où le service de documentation devrait
être la boîte à outils commune des étudiants et des
enseignants-chercheurs.
S'agissant de la question des personnels, il a d'abord fait part de ses
observations relatives à l'organigramme et à la
répartition des tâches entre les différents services, au
sein des bibliothèques universitaires.
La caractéristique des bibliothèques universitaires
françaises, dans leur grande majorité, est d'être
découpées en sections, correspondant aux anciennes
facultés (Lettres, Droit, Sciences, Médecine). C'est un choix qui
a été fait lors de la consolidation des bibliothèques
universitaires, qui a accompagné l'expansion universitaire des
années 1960. L'objectif était de décentraliser la
bibliothèque universitaire, dans l'espoir de fédérer les
bibliothèques d'instituts et de laboratoires. Chaque section a
regroupé rapidement à la fois services intérieurs
(acquisitions, catalogage...) et services au public. Par là, les
bibliothèques universitaires françaises diffèrent de leurs
homologues étrangères, où prévaut un schéma
encyclopédique et centralisé, moins coûteux en
fonctionnement : une bibliothèque centrale organisée par
fonctions techniques (acquisitions, catalogage, service public, conservation)
avec quelques annexes spécialisées, à fonction de
diffusion.
De ce fait, l'organigramme-type était en France : un directeur,
chargé de l'administration, du personnel et des programmes, et des chefs
de section, en charge des unités fonctionnelles majeures. Cette
situation a été fixée par le décret de 1985, qui a
officialisé les chefs de section. Les fonctions de directeur et de chef
de section sont la base de la répartition des indemnités.
Depuis quelques années, la situation change, dans le cadre des
politiques documentaires d'université qu'ont permis le décret de
1985, la contractualisation et les moyens attribués à la suite du
rapport Miquel. Les directeurs ont fréquemment auprès d'eux un
conservateur-adjoint ou des chargés de mission, pour piloter la mise en
place des nouvelles technologies, l'intégration de bibliothèques
ou l'organisation de la formation continue des personnels. Le rôle
fédérateur des sections est moins évident que les
politiques impulsées par les directeurs et ce service central, toujours
réduit mais très actif.
M. Denis Pallier a également relevé que la pyramide des
emplois n'était guère adaptée à la situation
actuelle et à venir des bibliothèques universitaires. Elle est en
effet caractérisée par un encadrement important (24 % de
conservateurs, contre 14 % en Allemagne), un encadrement
intermédiaire très insuffisant (6 % de
bibliothécaires, contre 38 % outre-Rhin) et par la pléthore
des personnels de service (46 % contre à peine 6 % en RFA). Or,
l'évolution des bibliothèques nécessite un nombre beaucoup
plus important de bibliothécaires et bibliothécaires-adjoints, et
une reconversion des personnels de service en personnels techniques, afin
qu'apparaissent de véritables "techniciens de bibliothèque" comme
il existe des techniciens de laboratoire.
En matière de formation continue, celle-ci est assurée, depuis
1992, à trois niveaux :
- au niveau national, des formations ont été
proposées par l'Institut de formation des bibliothécaires (IFB)
qui devrait fusionner à court terme avec l'Ecole nationale
supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
(ENSSIB) ;
- au niveau régional, par les centres régionaux de formation
aux carrières des bibliothèques, du livre et de la documentation
(CFCBLD) ;
- au niveau de l'établissement, par un correspondant formation,
dont la tâche est de prendre en considération des
éléments pédagogiques comme la réalité de
l'ensemble des services.
Abordant la question de la recherche, M. Denis Pallier a rappelé
que le rapport Miquel souhaitait favoriser l'accueil documentaire des premiers
et deuxièmes cycles dans les bibliothèques.
Il a souligné qu'existaient deux niveaux de service proposables par une
bibliothèque universitaire :
les services "de masse" pour les étudiants de premier et
deuxième cycles : accueil sur des horaires larges, initiation
documentaire, documents acquis en plusieurs exemplaires et mis à
disposition en libre accès, catalogues informatisés avec un
accès ergonomique, prêt à domicile géré par
un système informatique... A ce niveau, l'enjeu actuel est le
développement de la formation documentaire des étudiants, enjeu
identifié tant par les présidents d'universités que par
les directeurs de bibliothèques.
une bibliothèque de recherche, comme la Bibliothèque
interuniversitaire de médecine de Paris, où les collections de
périodiques sont dominantes, offre d'autres types de service, plus
coûteux en personnel, pour un public de spécialistes :
conservateurs disponibles pour le renseignement (qu'on intitule service de
référence), aide à la recherche documentaire, outils
spécifiques (par exemple une base de données dépouillant
les congrès médicaux), prêt interbibliothèques...
Toutes les bibliothèques universitaires ne sont pas en mesure d'offrir
des services "recherche" aussi développés. Elle constituent
cependant ensemble une véritable infrastructure de la recherche
française. Au niveau local, elles offrent les principaux outils
techniques : catalogues automatisés, réseaux de
cédéroms, accès aux bases de données et internet.
Respectant les normes internationales de traitement des documents, ce sont
elles qui ont constitué les principaux catalogues collectifs nationaux
de périodiques et de monographies. Elles gèrent l'essentiel des
collections universitaires accessibles. L'accès à distance au
document en France repose pour moitié sur le réseau des BU et
pour moitié sur l'INIST.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur la
bibliothèque de l'université nouvelle de Cergy-Pontoise, eu
égard notamment à la construction très controversée
d'une bibliothèque centrale.
M. Denis Pallier a jugé très satisfaisant le fonctionnement
de cette bibliothèque, qui connaît un taux de fréquentation
assez élevé pour une université nouvelle.
M. Jean-Philippe Lachenaud a émis l'idée de réserver,
dans le cadre du tutorat mis en place par la réforme dite Bayrou des
universités, un certain nombre de tuteurs affectés aux
bibliothèques universitaires.
Il a ensuite voulu savoir s'il existait des normes en matière de
bibliothèques universitaires.
M. Denis Pallier a considéré qu'il était difficile de
parler de normes en France, mais qu'il existait en revanche des objectifs qui
étaient déterminés de manière souple et
évolutive, afin de tenir compte de phénomènes nouveaux,
comme l'introduction des technologies nouvelles.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est demandé si l'Allemagne ne
constituait pas, s'agissant des bibliothèques universitaires, une
référence en Europe et quelles en étaient les raisons.
M. Denis Pallier a expliqué que le modèle allemand avait
été suivi lorsqu'on été créées en
France les bibliothèques universitaires centrales, entre 1873 et 1886.
Cette création était un des moyens par lesquels le gouvernement
préparait la réforme de l'enseignement supérieur. Elle a
précédé la création des universités par
réunion des facultés (1896).
La référence aux bibliothèques allemandes depuis les
années 1970-1980 a eu au moins deux motifs. D'une part, les populations
étudiantes étaient comparables en Allemagne et en France. Mais il
était visible que le volume des moyens documentaires (acquisitions,
personnel, mètres carrés) disponibles en Allemagne, ainsi que le
volume des services fournis par les bibliothèques allemandes,
étaient bien supérieurs. D'autre part, les universités
allemandes, confrontées à un éparpillement documentaire
analogue à celui des universités françaises, avaient
préconisé et appliqué assez tôt des solutions
viables (recommandations de 1964 et 1970). Elles affirmaient l'autorité
de l'université sur ses bibliothèques, préconisaient la
centralisation des services techniques et la déconcentration des lieux
de distribution, modèle repris par les Pays-Bas.
M. Denis Pallier a conclu en regrettant que, contrairement à la
situation allemande, les bibliothèques universitaires françaises
n'étaient pas considérées comme un outil d'une politique
globale de recherche et qu'elles n'étaient réservées
qu'aux seuls universitaires, le nombre d'utilisateurs extérieurs
étant extrêmement faible (6 à 7 %).
M.
Bruno VAN DOOREN,
Président de l'association des directeurs de
bibliothèques universitaires et
Mme Arlette PAILLEY-KATZ,
Vice-présidente
- Jeudi 19 mars 1998 -
M. Bruno
Van Dooren a, dans un premier temps, présenté l'association des
directeurs de bibliothèques universitaires (ADBU), rappelant qu'elle
regroupait les directeurs mais également les chefs de service
responsables de sections documentaires, au sein des bibliothèques
universitaires, soit environ 170 membres, sur les 800 que compte le corps des
conservateurs de bibliothèques.
Il a exposé la position de l'ADBU sur la situation des
bibliothèques universitaires françaises, qui peut être
résumée en deux points :
d'une part, cette situation s'est, depuis le rapport Miquel, nettement
améliorée, même si elle reste fragile : l'informatisation
des bibliothèques universitaires, notamment, a beaucoup progressé
;
d'autre part, le discours récurrent sur "la misère des
bibliothèques universitaires" a certes été mobilisateur
mais il constitue aujourd'hui un handicap, l'image de bibliothèques
dépourvues de tout moyen continuant à être propagée,
par la presse notamment : la réalité est actuellement beaucoup
plus nuancée eu égard aux fortes disparités existant dans
ce domaine.
M. Jean-Philippe Lachenaud a expliqué que la mission qu'il avait
entreprise avait justement pour ambition d'exposer la situation des
bibliothèques universitaires.
M. Bruno Van Dooren a affirmé que la rhétorique de la
pénurie nuisait considérablement au monde universitaire
français dans son ensemble. Il a reconnu que les comparaisons avec
l'étranger étaient fréquentes, mais a estimé
qu'elles n'étaient pas nécessairement pertinentes, en raison des
divergences pouvant exister dans les modalités de financement des
bibliothèques. Ainsi, en France, les moyens des bibliothèques
universitaires sont des moyens de l'Etat, l'université elle-même,
malgré l'augmentation de la part des ressources propres dans le budget
global, n'y ajoutant rien. En outre, les bibliothèques universitaires ne
constituent pas suffisamment un enjeu des négociations contractuelles
menées entre l'université et l'Etat, ce qui ne contribue
guère à mobiliser les universitaires sur l'attribution de moyens
aux bibliothèques. Enfin, de manière à éviter la
dispersion documentaire (il existe par exemple plus de 50 bibliothèques
de statuts divers à l'université Paris IV) et à encourager
la mutualisation des moyens, l'autonomie des universités devrait
permettre la mise en oeuvre et la poursuite de remembrements documentaires.
M. Bruno Van Dooren a expliqué que l'ADBU s'était penchée
sur le plan Université pour le troisième millénaire (U3m),
afin de ne pas renouveler l'erreur du plan Université 2000, qui n'avait
accordé qu'une importance toute relative aux locaux de
bibliothèques universitaires, ces dernières ayant trop fait
l'objet de micro-opérations. L'ADBU rassemble les demandes des
directeurs des bibliothèques universitaires parisiennes, pourvu qu'elle
soient réalistes, puis les transmet à la sous-direction des
bibliothèques et à la direction de la programmation du
ministère de l'Education nationale.
M. Jean-Philippe Lachenaud a voulu savoir si le calendrier du plan U3m
était déjà connu, et si son coût était
évalué .
M. Bruno Van Dooren a expliqué que, selon ses propres informations, les
premières échéances de ce programme devraient être
connues au mois de juin.
Mme Arlette Pailley-Katz a reconnu que son coût, s'il n'était pas
encore déterminé, serait probablement élevé, eu
égard au déficit de locaux constaté, et
évalué par le rapport Fauroux à 900.000 mètres
carrés en France, dont 250.000 en Ile de France.
M. Bruno Van Dooren a, ensuite, fait part des inquiétudes de l'ADBU
quant à la place qu'occuperaient les bibliothèques universitaires
dans le plan U3m ; elles sont au nombre de trois :
le volet sécurité des locaux, s'il est important, doit
être accompagné d'un volet fonctionnel, sans lequel les
rénovations réalisées seraient inutiles pour les
étudiants comme pour les enseignants-chercheurs ;
le souhait, parfois exprimé, de distinguer bibliothèques
universitaires pour les premiers et deuxièmes cycles, d'une part, et
bibliothèques pour la recherche, d'autre part, est illusoire : en effet,
si la méthodologie documentaire est différente, les
réseaux et les matériels informatiques, en revanche, sont les
mêmes ; en outre, la thèse de la spécificité de la
recherche n'est probablement qu'un prétexte utilisé par certains
centres et destiné à leur permettre d'acquérir une
documentation propre, sans avoir le souci ni les capacités de
l'identifier, de la conserver, et de la diffuser alors que le rôle de la
bibliothèque universitaire est exactement inverse : elle est au service
de l'ensemble de la communauté universitaire, même si l'absence de
politique documentaire des universités françaises, à la
différence des universités américaines, britanniques ou
allemandes, est patente ; enfin, le concept de bibliothèques de premier
cycle est une facilité de l'esprit censée, à tort,
régler le problème de l'accueil des nouveaux étudiants,
mais qui ne leur offre ni un lieu calme propice aux études, ni
l'opportunité de se former à la méthodologie documentaire,
notamment l'aptitude à trouver rapidement une information ;
le risque de dispersion documentaire est grand, surtout à l'heure
des technologies nouvelles : la priorité doit être donnée
à la réalisation, non de bureaux personnalisés, mais de
bureaux polyvalents et banalisés.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les besoins en
matière de personnels des bibliothèques.
M. Bruno Van Dooren a répondu que les effectifs étaient
très insuffisants, estimant qu'ils étaient, en valeur relative,
deux fois et demi moindres qu'en Allemagne.
Mme Arlette Pailley-Katz a expliqué que le resserrement des effectifs de
catégorie B avait des conséquences très dommageables sur
le fonctionnement des établissements, les tâches techniques
accaparant les personnels de catégorie A, au détriment de leurs
tâches de gestion et d'encadrement.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur une éventuelle
modification des textes relatifs aux services communs de documentation.
M. Bruno Van Dooren a rappelé que les services communs de documentation
étaient régis par un décret du 4 juillet 1985
modifié en 1991, et qu'il n'était pas complètement
appliqué par toutes les universités, certaines
bibliothèques n'étant parfois ni "associées" ni
"intégrées" selon les termes du décret. Cependant, cette
question ne constitue pas une priorité pour l'ADBU, des projets ayant
été accomplis dans le sens d'une fédération des
moyens par les SCD et les services inter-établissements de
coopération documentaire (SICD). Les textes sont un bon outil pour
engager et faciliter la coopération.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les
modalités de gestion du corps des conservateurs de bibliothèques.
M. Bruno Van Dooren a précisé que le corps des conservateurs, qui
est un corps interministériel, était numériquement peu
important et qu'il était géré au niveau national, cette
situation étant tout à fait convenable, même si la
mobilité gagnait à être accrue et la notion de profil
d'emploi développée.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur la façon dont les
bibliothèques universitaires s'adaptaient aux nouvelles technologies.
M. Bruno Van Dooren a estimé que les bibliothèques
géraient convenablement l'évolution des technologies, dix
bibliothèques universitaires donnant désormais un accès
immédiat à leurs catalogues sur Internet ; le réseau SIBIL
sera également bientôt accessible sur le Web. Le projet de
catalogue collectif des bibliothèques de l'enseignement supérieur
(SUD) doit être réalisé prioritairement.
Puis, il a apporté deux précisions relatives aux documents
électroniques :
- les documents en tant que tels sont constitués de revues sur
CD-Rom ou sont disponibles en lignes ;
- les catalogues permettent d'identifier les documents, la
rétroconversion permettant de les présenter sous forme
électronique et non plus seulement sur papier.
M. Bruno Van Dooren a insisté sur la nécessaire production
d'outils de formation et d'auto-formation, indispensables pour se retrouver
dans le labyrinthe qu'est Internet, beaucoup de ses utilisateurs ne trouvant
pas l'information recherchée ou croyant l'avoir trouvée sans
qu'elle ait été contrôlée : le rôle de la
bibliothèque universitaire est alors de sélectionner les bons
sites, c'est-à-dire de construire l'information, fournie sous forme
brute.
Mme Arlette Pailley-Katz a ajouté que la formation de l'esprit critique
visait à ne pas se laisser illusionner par la pléthore
d'informations.
M. Jean-Philippe Lachenaud a relevé que l'adaptation aux technologies
nouvelles nécessitait des investissements, notamment en
matériels, très importants, et a exprimé sa crainte,
dès lors, de voir les budgets exploser.
M. Bruno Van Dooren a reconnu que ce coût serait effectivement
élevé, mais a fait part de sa certitude du caractère
indispensable de ces investissements, même s'il faut évidemment
les réaliser de manière rationnelle : c'est pourquoi l'ADBU
milite pour la mutualisation des moyens par la création de "centres de
ressources" ou de "consortiums d'utilisateurs" par exemple.
M. Bruno Van Dooren a noté que, en matière d'acquisitions,
l'effort avait été considérable, les bibliothèques
universitaires ayant acquis 840.000 volumes en 1996, au lieu de 350.000 en
1988, et 100.000 abonnements contre 65.000, même si les coûts
des abonnements, notamment scientifiques et médicaux, en provenance des
Etats-Unis, fluctuaient à la hausse.
Mme Arlette Pailley-Katz a ajouté que l'augmentation de plus de
50 %, sur deux ans, du coût des abonnements médicaux mettait
en péril la continuité de certains abonnements.
M. Jean-Philippe Lachenaud a demandé où en était
l'ouverture des bibliothèques universitaires.
M. Bruno Van Dooren a estimé que les bibliothèques universitaires
devaient, en priorité, se consacrer à leurs missions de service
public universitaire, mais que leur ouverture dépendait avant tout des
relations qu'elles sauraient entretenir avec les collectivités
territoriales, les élus locaux étant, selon lui, les plus
à même de sensibiliser les présidents d'université
sur la nécessité de valoriser le patrimoine documentaire.
Mme Arlette Pailley-Katz a ajouté que d'importantes réalisations
pouvaient être citées en matière de mise en réseau
de bibliothèques universitaires et de bibliothèques municipales,
comme à Saint-Etienne ou à Valence.
M. Bruno Van Dooren, abordant des questions de droit, a regretté le
poids de multiples droits imposés aux bibliothèques par le
syndicat national de l'édition.
Il a précisé que l'ADBU conduisait des négociations visant
à parvenir à l'élaboration d'un tarif forfaitaire minimal,
et qu'elle estimait que, dans le projet de directive européenne sur la
société de l'information, les bibliothèques étaient
insuffisamment exemptées de droits d'auteurs. Il a ajouté que la
négociation était conduite par le ministère de la culture,
qui prenait donc davantage en considération les intérêts
des éditeurs que ceux des bibliothécaires ; c'est pourquoi
l'ADBU propose, aux côtés des associations de
bibliothécaires français et européens, un certain nombre
d'amendements au projet de directive.
M. Bruno Van Dooren a conclu en faisant part de trois remarques de l'ADBU :
- une éventuelle loi sur les bibliothèques, dont il est
question de manière récurrente, devrait insister sur le
caractère professionnel du métier de bibliothécaire et
favoriser l'accès des bibliothèques à l'information ;
- le rôle de l'Inspection générale des
bibliothèques est considérable, mais son statut manque de
clarté juridique ;
- des emplois-jeunes devraient être créés dans les
bibliothèques universitaires, essentiellement sur des métiers
techniques de développement des nouvelles technologies de l'information
et de la communication.
M. Jean-Claude GROSHENS,
Président du Conseil
supérieur des bibliothèques et
M. Dominique AROT,
Secrétaire général
- Lundi 6 avril 1998 -
M.
Jean-Claude Groshens a, dans un premier temps, expliqué que le Conseil
supérieur des bibliothèques (CSB) avait été
créé dans des conditions particulières, à savoir la
nécessité de mettre en place un organisme à vocation
générale destiné à clarifier une situation
particulière liée à la Bibliothèque nationale de
France.
La vocation du CSB est extrêmement générale, il est avec
l'Inspection générale des bibliothèques, le seul organisme
à avoir une vue générale sur l'ensemble des
bibliothèques françaises. Il note que de ces deux organismes,
l'un n'a pas de statut (l'Inspection générale) et l'autre n'a pas
de budget (le CSB).
M. Jean-Claude Groshens a ensuite noté que le CSB
s'intéressait à la politique documentaire au sens large. Il a
ainsi consacré une partie de ses travaux à la contribution des
bibliothèques à l'entrée dans la société de
l'information, abordant les thèmes, notamment, de la formation des
usagers, de leur accès à l'information et de la validation de
l'information.
M. Jean-Claude Groshens a rappelé que les bibliothèques
étaient les institutions culturelles les plus
décentralisées et qu'elles relevaient de statuts d'une
extrême diversité. A l'intérieur d'une même
structure, elles peuvent être très diversifiées. Les
bibliothèques universitaires sont ainsi plus ou moins
éclatées selon les universités entre les composantes de
l'établissement selon l'attention que leur portent les présidents
d'université.
Les bibliothèques dont le caractère de service interuniversitaire
était affirmé, ne suscitaient guère l'intérêt
des présidents d'université. Ces derniers ont récemment
pris conscience de ce que les bibliothèques universitaires constituaient
un élément fondamental de la politique propre à chaque
université, et notamment de sa politique scientifique.
M. Jean-Claude Groshens a expliqué que ce regain d'intérêt
pour les bibliothèques universitaires avait été fortement
encouragé par l'administration centrale de l'Education nationale, les
crédits consacrés aux bibliothèques, qu'ils soient
fléchés ou proprement universitaires, ayant crû de
manière conséquente.
Il a aussi souligné l'enjeu que constituent les bibliothèques
dans les négociations existant entre les présidents
d'université et leurs composantes.
M. Jean-Claude Groshens a également noté que parallèlement
les corps de bibliothécaires avaient eux-mêmes parfaitement
compris l'évolution de leur métier en termes d'accès
à la documentation et de formation aux supports électroniques.
Enfin, il a conclu sa présentation générale en indiquant
que la politique en faveur des bibliothèques universitaires avait
été volontariste et s'était traduite par des
résultats substantiels, même si les bibliothèques
universitaires parisiennes se trouvent dans une situation de "
carence
absolue
" accentuée par le fait que le nombre d'étudiants en
région parisienne, contrairement à la tendance nationale, ne
paraît pas diminuer.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les
méthodes de travail du CSB.
M. Jean-Claude Groshens a rappelé que le CSB tenait trois sessions dans
l'année. En 1997, la première a été
consacrée à un état des lieux, la deuxième à
des questions d'ordre institutionnel , la troisième prenant la
forme d'un débat animé par M. Jacques Lesourne sur
l'entrée dans la société de l'information et la place que
les bibliothèques avaient à y tenir.
M. Jean-Claude Groshens a ensuite abordé la question des personnels des
bibliothèques.
Il a relevé que le métier de bibliothécaire avait
radicalement changé dans les universités comme dans les autres
bibliothèques, le contenu des tâches s'étant
diversifié puisque, outre les tâches purement techniques, la
formation à la documentation mais aussi le choix des collections
relèvent de leurs compétences.
Il a cependant regretté que, dans le même temps, les
bibliothécaires aient été appelés à
consacrer une part croissante de leur temps à des activités de
gestion, ce qui contribue à banaliser leurs fonctions, à tel
point qu'ils sont parfois remplacés par des attachés qui n'ont
pas reçu de formation idoine. Il a ainsi conclu à la
nécessité de réaffirmer la spécificité des
bibliothécaires, afin d'assurer leur légitimité
professionnelle.
M. Jean-Philippe Lachenaud a demandé si un projet de loi relatif aux
bibliothèques était en préparation.
M. Jean-Claude Groshens a rappelé qu'il s'agissait d'une question
récurrente mais posant de très nombreux problèmes, en
termes de financement notamment, qui échappent à la
compétence du CSB. Celui-ci n'a pour l'instant été saisi
d'aucune demande d'avis émanant de l'une ou l'autre des administrations
concernées.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité savoir si la centralisation de la
politique documentaire était souhaitable.
M. Jean-Claude Groshens a expliqué que, selon lui, la création de
réseaux d'information, internes comme externes à
l'université, constituait la seule voie permettant de répondre
à la question. Encore faut-il une cohérence méthodologique
entre les uns et les autres.
M. Dominique Arot a relevé la forte augmentation du coût de la
documentation, en raison, d'une part, de la hausse importante du prix des
abonnements et, d'autre part, du coût de l'information
électronique, plus élevé que celui des livres à
cause du problème des contrats de licence.
Il a rappelé que les budgets des bibliothèques universitaires
françaises ne soutenaient pas les comparaisons internationales,
malgré une augmentation substantielle des moyens. Ainsi, entre la France
et l'Allemagne, le rapport est de un à trois. Aux Etats-Unis, le budget
de l'université de Yale consacré aux acquisitions est de
60 millions de francs par an, celui de Harvard étant de
104 millions : il s'élève à 350 millions de
francs par an pour l'ensemble des universités françaises.
M. Dominique Arot a rappelé que l'informatisation des
bibliothèques universitaires reposerait désormais sur le
système universitaire de documentation (SU), actuellement en cours de
réalisation.
L'ancien système, que SU doit remplacer, comportait trois applications
informatiques nationales : Pancatalogue, Téléthèses
(répertoire des thèses) et CCN-PS (publications en série).
Le prestataire retenu, après procédure d'appel d'offres, pour
mettre en oeuvre SU est une société néerlandaise :
PICA. La création de l'Agence bibliographique de l'enseignement
supérieur (ABES) doit permettre la réalisation technique de SU.
M. Jean-Philippe Lachenaud a alors rappelé que les CD-Rom et
l'accès à Internet constitueront les principaux outils
d'informatisation de la documentation des bibliothèques universitaires.
M. Dominique Arot a ajouté que les réseaux Intranet propres
à chaque université se développaient, mais qu'une telle
politique ne pouvait porter ses fruits qu'en formant les étudiants
à la recherche documentaire informatisée. Il a cité
l'exemple de l'université Lille III qui a mis en place un projet de
formation de 2.000 étudiants.
A ce propos, M. Jean-Claude Groshens a souligné l'insuffisante analyse
méthodologique présidant à la conception et à la
formation des métiers de la documentation.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître l'avis du CSB sur
les bibliothèques de premier cycle, rappelant que le débat
opposait deux conceptions, celle d'une bibliothèque universitaire
simplifiée ou celle d'une bibliothèque abordant la formation
à la recherche dès l'entrée à l'université.
M. Dominique Arot a reconnu que ce débat recoupait en fait les clivages
disciplinaires, puis a estimé que les bibliothèques de premier
cycle n'étaient pas souhaitables, ne donnant de toute façon
guère de satisfaction.
M. Jean-Claude Groshens a, quant à lui, affirmé que la
"primarisation" des bibliothèques était une erreur et constituait
une facilité à laquelle il ne fallait pas céder.
M. Jean-Philippe Lachenaud a voulu savoir si les emplois des différentes
catégories de personnels des bibliothèques inscrits au budget
1997 avaient tous été réellement pourvus ou si un
écart était apparu entre la prévision budgétaire et
la réalité des recrutements.
M. Dominique Arot a affirmé que, selon les informations qu'il
détenait, tous les emplois budgétaires avaient été
pourvus. Il a ajouté que 350 créations d'emplois avaient
été prévues dans le budget pour 1998, la majorité
d'entre elles devant toutefois intervenir à la rentrée
universitaire 1998.
Il a également rappelé qu'un concours de
bibliothécaire-adjoint devait être organisé cette
année.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur la structure des emplois.
M. Dominique Arot a tenu à relativiser l'affirmation selon laquelle la
structure des emplois de bibliothèques était inadaptée,
rappelant que la forte évolution du métier de
bibliothécaire nécessitait désormais des
compétences relativement pointues, en informatique notamment.
Il a toutefois estimé que le cadre statutaire était très
rigide, ce qui ne facilitait guère la résolution de
problèmes comme la surqualification qui affecte surtout les personnels
de catégorie B.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur la
nécessité, pour les universités, de contribuer de
manière plus importante au budget des bibliothèques
universitaires.
M. Jean-Claude Groshens a noté que cette question devait normalement
entrer dans le cadre de la politique de contractualisation entre l'Etat et les
universités.
C'est par ce biais que la puissance publique peut conserver le moyen d'orienter
les crédits universitaires vers les bibliothèques.
M. Claude JOLLY,
Sous-directeur des bibliothèques et de la
documentation
au ministère de l'Education nationale, de la
recherche
et de la technologie
- Mardi 7 avril 1998 -
M.
Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître la direction du
ministère qui exerçait la tutelle des bibliothèques
universitaires.
M. Claude Jolly a expliqué que les bibliothèques relevaient de
la direction des enseignements supérieurs, et cela dès avant la
réforme de l'administration centrale réalisée en
décembre 1997, mais il a ajouté que les changements de structures
étaient très fréquents, trois étant intervenus sur
une période de quatre années et quatre directeurs s'étant
succédés.
Il a rappelé que la direction de l'information scientifique, des
technologies nouvelles et des bibliothèques (DISTNB), qui
exerçait précédemment la tutelle des bibliothèques
universitaires avait accompli un travail substantiel grâce à des
crédits budgétaires en hausse de 75 millions de francs en
mesures nouvelles et à la création de 550 emplois, sur une
période de deux ans.
M. Jean-Philippe Lachenaud a relevé que le double mouvement affectant
l'université depuis plusieurs années -autonomisation et
contractualisation- impliquait l'établissement de relations de confiance
entre les présidents d'université et l'administration centrale.
M. Claude Jolly a noté que, à cet égard,
l'évolution depuis dix ans avait été très
positive : les présidents d'université ayant compris qu'un
service commun de documentation (SCD) contribuait également à
affirmer le pouvoir présidentiel, leur implication dans la prise en
charge de la politique documentaire n'a cessé de s'accroître. Il a
toutefois nuancé son propos en ce qui concerne les universités de
Paris intra-muros, où les présidents sont moins attachés
à promouvoir les bibliothèques universitaires, moins encore les
bibliothèques inter-universitaires.
M. Claude Jolly a rappelé que la documentation à
l'université était répartie de manière encore
largement duale, 60 % de la documentation se trouvant dans les SCD et
40 % étant éparpillés dans les bibliothèques
des différentes unités. A cet égard, il a mentionné
que le comportement des présidents était variable, certains
d'entre eux promouvant la rationalisation, d'autres estimant au contraire que
les bibliothèques d'UFR présentaient des avantages en termes de
proximité.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur la possibilité de
combiner la procédure de la contractualisation et le fléchage des
crédits.
M. Claude Jolly a expliqué que Mme Francine Demichel, directeur des
enseignements supérieurs au ministère, était favorable au
fléchage des crédits en faveur des bibliothèques
universitaires, ajoutant que cette position était justifiée au
regard du retard des bibliothèques. Il a, en effet, estimé que
le fléchage des crédits présentait surtout un avantage
protecteur, dont l'intérêt est essentiel en période de
rattrapage et de modernisation accélérée suscitée
par les nouvelles technologies, mais qui pouvait comporter des risques de
rigidité une fois le rattrapage terminé.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître l'état du
programme Université du troisième millénaire (U3m) relatif
aux investissements en locaux dans la région parisienne, et le type de
relations que la sous-direction des bibliothèques entretenait avec la
direction de la programmation et du développement (DPD).
M. Claude Jolly a expliqué que la sous-direction était
chargée de dresser l'inventaire des besoins et de présenter un
état des lieux à la DPD à la fin du mois d'avril. Il a
ajouté que les besoins en investissements immobiliers des
universités, qu'il s'agisse de constructions nouvelles mais surtout de
rénovations,étaient de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards
de francs, sept milliards étant consacrés aux
bibliothèques sur l'ensemble de la France. Compte tenu de l'importance
considérable de ces estimations, la DPD devra opérer des
arbitrages qui sont attendus pour la fin du mois de juin.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur la pertinence de la
méthodologie à laquelle ont recours les présidents
d'université pour adapter leurs locaux à une politique
documentaire cohérente.
M. Claude Jolly a noté que, après la fin du programme
Université 2000, le ministère et la communauté
universitaire avaient affiché leur volonté d'élaborer un
projet global dont la priorité serait, cette fois-ci, axée sur
les universités parisiennes, qui avaient été
"oubliées" par Université 2000.
S'agissant des bibliothèques universitaires à Paris, M. Claude
Jolly a évoqué leur situation paradoxale : la documentation
universitaire y est en effet très développée mais les
conditions de service aux usagers sont médiocres, alors que la situation
en province est bien souvent inverse. Les locaux des bibliothèques
parisiennes sont mal conçus et le manque de places est flagrant :
la norme idéale serait de une place assise pour cinq étudiants
inscrits mais, si la moyenne nationale est de une place pour quinze inscrits,
ce ratio s'élève à une place pour trente quatre inscrits
à Paris dans les BIU.
M. Claude Jolly a rappelé qu'il existait neuf bibliothèques
inter-universitaires à Paris, mais que celles dont on parlait le plus
souvent en termes de projets immobiliers, c'est-à-dire la BIU d'Art et
d'Archéologie et celle de documentation internationale, étaient
également celles qui comptaient le moins d'inscrits.
Il a ajouté que le programme U3m devrait prendre en considération
le problème de Jussieu ainsi que celui de la zone d'aménagement
concerté (ZAC) de Tolbiac. A cet égard, il a
considéré que le problème général de la
sécurité dans les établissements d'enseignement
supérieur allait probablement constituer la priorité du programme
U3m, au risque toutefois de négliger les investissements en direction
des bibliothèques universitaires.
M. Jean-Philippe Lachenaud a rappelé que la gestion des postes
d'enseignants n'avait pas toujours été optimale, certains postes
n'ayant pas été pourvus. Il a donc souhaité savoir ce
qu'il en était pour les personnels des bibliothèques.
M. Claude Jolly a affirmé que les postes de bibliothécaires
avaient tous été pourvus en 1996 et 1997 et qu'ils le seraient de
la même manière en 1998, même si leur gestion était
rendue difficile par l'existence de huit corps distincts pour seulement
5.000 agents.
Il a expliqué que le principal problème en matière
d'effectifs concernait la structure des emplois, qui se présente en
sablier, c'est-à-dire qu'il existe un déficit de personnels de
catégorie B, même si le tiers des créations d'emplois
en 1998 concernait cette catégorie. Il a ajouté que des conflits
sociaux étant apparus au sein de la catégorie B, un
deuxième corps de catégorie A, celui des
bibliothécaires, avait été créé.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est interrogé sur le niveau des
crédits consacrés aux acquisitions documentaires, et s'est
demandé si l'inflation des coûts constatée signifiait la
poursuite des efforts ou si elle devait être relativisée eu
égard aux économies d'échelle que ne manquerait pas
d'engendrer la mise en réseau.
M. Claude Jolly a expliqué que le coût des
périodiques, notamment étrangers, augmentait plus vite que celui
des ouvrages, même si la problématique variait en fonction des
disciplines, les sciences et la médecine voyant leur coût
croître de manière considérable.
Il a ajouté que les crédits d'acquisition étaient
passés de 85 millions de francs en 1987 à 500 millions
de francs en 1997, mais que cet effort n'avait pas empêché
l'apparition, depuis dix-huit mois de
"premiers signaux d'alerte"
qui se
manifestent, par exemple, par l'arrêt de certains abonnements.
Abordant le sujet des nouvelles technologies, M. Claude Jolly a fait
observer que les supports se cumulaient plus qu'ils ne se substituaient les uns
aux autres ; ainsi l'abonnement électronique vient souvent
compléter l'abonnement classique à une revue. Il a
également noté que, en matière de ressources
électroniques, un dialogue s'était engagé avec les
producteurs de données, mais que l'absence de points de
référence, notamment en matière de tarification, ne
contribuait guère à clarifier les négociations.
M. Jean-Philippe Lachenaud a voulu savoir si ces phénomènes
étaient susceptibles d'engendrer une explosion des budgets.
M. Claude Jolly a affirmé que la tendance était
effectivement à la hausse des crédits documentaires, cette
augmentation étant favorisée par le développement des
nouvelles technologies dans les bibliothèques universitaires. A cet
égard, les deux derniers budgets, grâce à des mesures
nouvelles à hauteur de 75 millions de francs sur deux
années, ont permis de faire face à cette tendance.
Abordant la question des droits d'auteur, M. Jean-Philippe Lachenaud a
jugé
"peu pertinente"
la conduite simultanée de
négociations par le ministère de la Culture et celui de
l'Education nationale. Il a souhaité connaître l'état de la
réflexion menée sur la manière d'honorer les droits
d'auteur, le ministère ayant proposé le paiement par chaque
étudiant d'un forfait. Il a rappelé que, si cette solution
était conforme à la réglementation relative aux droits
d'auteur, elle comportait également le risque d'entraîner une
augmentation des droits d'inscription à l'université.
M. Claude Jolly a souligné que le problème des droits de
copie se posait moins dans les bibliothèques que dans les services de
reprographie des universités. Il a rappelé que beaucoup de
bibliothèques concédaient leurs photocopieurs à des
sociétés ad hoc qui doivent se mettre en conformité avec
la loi : les bibliothèques universitaires ne se trouvent donc pas
au centre du débat.
M. Claude Jolly a évoqué les trois voies qui pouvaient
être explorées sur le thème des droits de copie. La
première consiste à gagner du temps. La deuxième consiste
à inclure les droits de copie dans les droits de numérisation,
comme l'a proposé M. Alain Etchegoyen, conseiller du ministre, dans
une interview. La troisième voie passe par l'établissement d'un
dialogue entre la conférence des présidents d'université
et le centre français de copie, le président de
l'université de Limoges ayant été chargé de suivre
ce dossier pour le compte de la CPU.
M. Claude Jolly a estimé qu'un forfait de dix francs pouvait
constituer une bonne base de négociation. Il a cependant exprimé
sa crainte d'entrer dans un cycle de négociations sans fin.
M. Bernard SAINT-GIRONS,
Premier vice-président
de la
Conférence des présidents d'université,
et
M. Bernard RAOULT, troisième vice-président
- Mercredi 6
mai 1998 -
M.
Bernard Saint-Girons a tout d'abord rappelé que les bibliothèques
universitaires constituaient un élément indissociable du service
public de l'enseignement supérieur, de par leur participation à
son action de formation et de recherche.
Il a estimé que depuis le rapport Miquel en 1989, le contexte avait
beaucoup évolué, la dimension documentaire ayant constitué
un élément majeur des interventions en direction des
étudiants comme des chercheurs. Il a ajouté que cette dimension
nouvelle avait considérablement contribué à faire prendre
conscience aux présidents d'université de l'importance des
bibliothèques, et que la mutualisation des moyens documentaires
constituait désormais l'enjeu du développement interuniversitaire.
M. Bernard Saint-Girons a expliqué que la fonction documentaire
était affectée par la dimension et l'apport des nouvelles
technologies, la mise en réseau étant un investissement lourd et
constituant une lutte permanente contre l'obsolescence.
Il a rappelé que la documentation avait été traitée
de manière contractuelle, les ressources affectées aux
bibliothèques universitaires l'étant dans le cadre du contrat
d'université.
M. Bernard Saint-Girons a insisté sur le rôle fondamental qu'a
joué M. Bernard Dizambourg qui, lorsqu'il était directeur de
l'information scientifique, des technologies nouvelles et des
bibliothèques au ministère, a été l'un des artisans
du rattrapage et de la modernisation des bibliothèques universitaires.
La création de 350 emplois de personnels des bibliothèques
dans le budget pour 1998 est la manifestation de cette politique qui a permis
de reconnaître le retard des bibliothèques universitaires ainsi
que la fonction de la ressource documentaire.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité obtenir des informations
relatives au programme Université pour le troisième
millénaire (U3m) et à l'évaluation de son coût.
M. Bernard Saint-Girons a expliqué que M. Garnier, directeur de la
programmation et du développement au ministère, avait
présenté les grandes lignes du programme U3m devant la
Conférence des présidents d'université (CPU). Ce programme
comporte deux grandes priorités : d'une part, l'accent sera mis sur la
rénovation des bâtiments universitaires en région
Ile-de-France et, d'autre part, la dimension documentaire sera
favorisée, les bibliothèques devant faire l'objet d'une mise
à niveau en termes de superficie comme de modernisation.
M. Bernard Saint-Girons a estimé que la fonction documentaire à
l'université devait relever trois défis :
- celui de la suffisance des capacités d'accueil ;
- celui de l'articulation des modalités de fonctionnement
traditionnelles et des nouvelles technologies, ces dernières suscitant
une curiosité pour le document plus grande qu'autrefois ;
- celui du temps d'ouverture.
A cet égard, M. Bernard Saint-Girons a noté que le taux de
fréquentation des bibliothèques universitaires dépendait
aussi des volumes horaires, et que ce taux augmentait si les
établissements organisaient un tutorat documentaire. Il a ajouté
que le tutorat donnait ses meilleurs résultats lorsqu'il était
appliqué dans les bibliothèques.
Il a également insisté sur le fait qu'une formation documentaire
précoce était la meilleure manière de sensibiliser les
étudiants à la bonne utilisation des bibliothèques
universitaires, les conservateurs devant être étroitement
associés à cette pédagogie documentaire afin que la
maîtrise des techniques soit apportée autant par les
professionnels des bibliothèques que par les enseignants-chercheurs.
M. Bernard Raoult a, quant à lui, constaté que le déficit
en locaux était flagrant, relevant que la quantité de documents
en Ile-de-France était considérable -puisqu'elle est
estimée à 50 % de la richesse documentaire nationale- alors
que le nombre de places dans les bibliothèques universitaires
était dérisoire, la superficie par étudiant étant
comprise entre 0,1 et 0,3 mètre carré pour une moyenne
européenne de 2 à 3 mètres carrés par
étudiant.
Il a ajouté que l'effort de construction, qu'il s'exprime de
manière quantitative ou qualitative, avait été
substantiel, alors même qu'une bibliothèque universitaire comporte
des exigences architecturales particulières du fait des fonctions et des
missions qui sont les siennes.
M. Bernard Raoult a également estimé que l'apparition des
nouvelles technologies nécessitait une réflexion sur
l'évolution du contenu des emplois dans les bibliothèques, et
donc sur la réforme de la formation qui leur est dispensée. Il a
noté que les personnels des bibliothèques et les
enseignants-chercheurs avaient compris l'intérêt d'un travail en
commun, l'amélioration du fonctionnement des bibliothèques
universitaires passant par le dialogue entre ces deux catégories de
personnels.
M. Bernard Saint-Girons a relevé que l'apparition d'une nouvelle
catégorie d'enseignants -les professeurs certifiés en
documentation- présentait un double intérêt : d'une part,
elle favorise l'établissement d'une passerelle entre la fonction
pédagogique et la fonction documentaire et, d'autre part, elle
accrédite la thèse selon laquelle les techniques de documentation
s'apprennent et peuvent être utilisées de manière
rationnelle.
M. Bernard Raoult a ajouté que ces professeurs certifiés avaient
acquis leur statut bien davantage par la pratique sur le terrain que par des
textes réglementaires.
M. Jean-Philipe Lachenaud a souhaité connaître la position de la
CPU sur la question de la numérisation.
M. Bernard Raoult a estimé que le problème posé par la
numérisation était celui de son degré de
développement, la numérisation permettant une multiplication
à l'infini de l'information alors même que la pléthore
d'information constitue un handicap à sa bonne analyse. C'est pourquoi
la tendance actuelle consiste à ne numériser que les catalogues
et les documents résumés.
M. Bernard Saint-Girons a, quant à lui, noté que la
bibliothèque avait également une dimension patrimoniale, une de
ses missions étant de conserver les documents et informations qui
peuvent apporter une aide à la connaissance mais qui ne peuvent
être numérisés. La bibliothèque universitaire n'a
pas seulement une fonction utilitaire et technologique, elle est
également un lieu de mémoire et de culture.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître la position des
présidents d'université sur les relations que les
universités entretiennent avec l'administration centrale.
M. Bernard Saint-Girons a expliqué que la programmation devait
être poursuivie et qu'elle devait également
bénéficier à la fonction documentaire des
universités. Il a ajouté que le principe budgétaire
d'annualité ne favorisait guère une telle programmation, et a
estimé que la communauté universitaire était de plus en
plus consciente de la nécessaire évaluation des moyens mis en
oeuvre.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est dit favorable à la poursuite de
l'effort de programmation, jugeant toutefois indispensable de la faire suivre
d'une étape d'évaluation.
M. Bernard Raoult a estimé que la programmation n'avait de sens que si
elle était accompagnée d'un projet, la mise en réseau des
bibliothèques constituant un projet prioritaire dont l'impulsion devait
être nationale. Il a ajouté que, dans le cadre d'un tel projet,
l'entretien du matériel, dont l'obsolescence est rapide, constituait un
véritable défi.
M. Bernard Saint-Girons a complété ces propos en estimant que,
quelle que soit l'évolution des effectifs étudiants, les
dépenses de documentation ne sont pas appelées à
évoluer à la baisse dans un avenir proche, en raison de la
logique actuelle, qui est une logique de rattrapage et non d'entretien d'un
existant satisfaisant, et du coût suscité par les nouvelles
technologies.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les
méthodes de travail de la CPU.
M. Bernard Saint-Girons a expliqué que la CPU comportait trois niveaux
de réunions. La conférence plénière se
réunit chaque mois. La commission permanente réunit dix-sept
présidents d'université: c'est à ce niveau qu'ont lieu la
plupart des débats. Le bureau anime la conférence
plénière et la commission permanente, et pilote une équipe
de chargés de mission ; il dirige également l'Agence de
modernisation.
M. Jean-Philippe Lachenaud a rappelé l'existence des deux thèses
contradictoires qui existaient quant aux relations que les présidents
d'université entretiennent avec les responsables d'unité, la
première mettant l'accent sur la centralisation et le caractère
global de la politique de l'établissement et qui engendre des tensions
du fait de velléités autonomistes, la seconde favorisant la
décentralisation.
M. Bernard Saint-Girons a fait état d'un "
paysage
contrasté
", constatant que l'état des relations entre les
présidents d'université et les directeurs de composantes ne
pouvait être apprécié sur le seul domaine des
bibliothèques mais devait l'être de manière
générale. Il a estimé qu'un équilibre était
à trouver entre la bibliothèque centrale et les
bibliothèques de proximité.
M. Bernard Raoult a ajouté que, pour une bibliothèque, la bonne
échelle était celle de l'établissement ou de
l'inter-établissement mais non celle des UFR, cela n'étant pas
incompatible avec l'existence de services de proximité, dont la
collaboration avec la bibliothèque centrale devait être
encouragée.
M. Michel GARNIER
Directeur de la programmation et
du
développement
au ministère de l'éducation nationale,
de la recherche et de la technologie
- Mercredi 24 juin 1998 -
M. Michel Garnier a, en premier lieu,
présenté le
contexte de l'élaboration du plan Université 2000.
Il a rappelé que ce plan avait été conçu dans un
contexte de forte croissance des effectifs étudiants, deux millions
d'étudiants étant prévus pour l'an 2000.
M. Michel Garnier a dès lors expliqué que le plan
Université 2000 avait poursuivi trois objectifs. Le premier a
consisté à satisfaire les besoins pédagogiques, tout en
essayant de réduire l'attractivité exercée par les
universités parisiennes sur les étudiants. Le deuxième
objectif visait à assurer le maillage du territoire dans la perspective
d'un accès démocratique aux études, aux premiers cycles
notamment. Le dernier objectif, enfin, tendait à encourager la
constitution de pôles européens, les universités devant,
d'une part, irriguer leur environnement grâce à leurs savoirs et,
d'autre part, adapter leurs formations aux besoins de l'économie, des
PME-PMI notamment.
M. Michel Garnier a, ensuite, dressé un bilan rapide du plan
Université 2000, à l'actif duquel il est possible de porter : la
création de huit universités nouvelles, dont quatre en
Ile-de-France, qui ont permis d'enrayer la croissance des effectifs des
universités du centre de la capitale, mais non de les réduire ;
la constitution de sept pôles européens ; la création de
24 instituts universitaires de technologie (IUT) représentant
196 départements disciplinaires. Ces réalisations
représentent 3,8 millions de mètres carrés à
la fin du contrat de plan, soit des crédits à hauteur de
40,1 milliards de francs, pris en charge à près de 50 %
par les collectivités territoriales.
M. Michel Garnier a estimé que ce bilan était positif mais
incomplet face à l'ampleur des besoins : les locaux pédagogiques
ont été privilégiés au détriment de la
recherche, les restructurations et les rénovations ont laissé la
place aux constructions nouvelles, et la vie étudiante a
été négligée, notamment les résidences, les
restaurants et les bibliothèques universitaires.
Il a ajouté que le cas de Paris n'avait guère était
traité par le plan Université 2000, puis a
énuméré les problèmes spécifiques aux
universités parisiennes.
Le premier concerne leurs énormes besoins en matière de
sécurité, le plan de sécurité de François
Bayrou ayant été doté de 5,1 milliards de francs,
dont 2 milliards à la charge de l'Etat et autant financé sur
les fonds propres des universités. Le problème de l'amiante,
notamment, est considérable puisque, sur 490.000 mètres
carrés contaminés, en France, 320.000 se trouvent à
Jussieu, les plus grosses opérations de désamiantage devant
être réalisées à la tour de Censier, à la
Maison des sciences de l'homme, à l'hôpital Necker, à la
tour universitaire du centre hospitalo-universitaire Saint-Antoine, à la
bibliothèque universitaire de Nanterre ou encore à la
faculté de droit de Saint-Maur.
Ensuite, les établissements universitaires parisiens doivent faire
l'objet d'un profond remembrement, la forte croissance des effectifs
s'étant traduite par des acquisitions immobilières ou des
locations opérées dans le plus grand désordre, de telle
sorte que les huit universités parisiennes sont aujourd'hui
implantées dans 164 sites différents.
Enfin, les universités parisiennes, notamment celles enseignant les
sciences de l'homme et de la société, souffrent d'un important
déficit de surface estimé à environ
150.000 mètres carrés de locaux pédagogiques -soit
10 % de la superficie actuelle- et 30.000 mètres carrés
de locaux de recherche, auxquels il convient d'ajouter des locaux
destinés à la vie étudiante, notamment des
bibliothèques universitaires. Sachant que 10 % des surfaces utiles
seront probablement perdus au cours des opérations de remise aux normes,
environ 300.000 mètres carrés de locaux universitaires
devraient être construits à Paris en tenant compte des
remembrements de locaux.
M. Michel Garnier a ensuite présenté le contexte de
réalisation du plan Université du troisième
millénaire (U3m). Ce contexte, a-t-il précisé, est
marqué par la légère diminution des effectifs
étudiants observée depuis deux ans. En outre, le
développement de la formation continue permettra une utilisation plus
rationnelle des locaux universitaires, en matière de périodes
d'ouverture notamment.
M. Michel Garnier a ainsi insisté sur les objectifs qualitatifs du
plan U3m.
Il s'agit d'abord de remédier au mauvais état des
universités parisiennes, mais également de certaines
universités de province, le projet n'étant pas exclusivement
parisien contrairement aux allégations de la presse. Les
présidents d'université devront notamment assurer la maintenance
préventive de leurs locaux. Cette action bénéficie
actuellement de 650 millions de francs pour un total de 14 millions
de mètres carrés en France, soit un peu plus de 45 francs au
mètre carré, alors que 100 francs au mètre
carré serait une norme permettant de faire face aux besoins. Cette
politique d'entretien du patrimoine sera intégrée aux prochains
contrats d'établissement.
U3m devra également permettre aux universités parisiennes de
combler leur déficit en locaux, mais également de remodeler ces
derniers, l'objectif étant de ramener le nombre de sites universitaires
de 164 actuellement à une soixantaine d'implantations.
Les équipements et services destinés aux étudiants,
notamment l'aménagement des locaux, constitueront également l'une
des priorités du programme U3m.
Enfin, il s'agira d'intégrer des locaux de recherche dans les
universités nouvelles existantes.
M. Michel Garnier a expliqué que les universités n'étaient
pas des outils d'aménagement du territoire mais qu'il fallait
plutôt considérer leur aspect territorial ; ainsi, la
construction d'universités nouvelles sera abandonnée et laissera
la place à l'organisation de la coopération universitaire
régionale, par l'institution de groupements d'intérêt
public (GIP) ou "universitaire" (GIU) mais aussi par le recours plus
systématique aux nouvelles technologies.
M. Michel Garnier a ensuite abordé le cadrage financier du plan U3m
en précisant toutefois que les arbitrages n'étaient pas rendus.
Il a rappelé que, dans les contrats de plan Etat-régions actuels,
l'Etat prenait à sa charge (hors équipements) un milliard et demi
de francs chaque année, l'objectif pour les prochains contrats
étant de porter cette charge à 12,5 milliards de francs sur
cinq ans. Cet effort supplémentaire nécessitera probablement la
participation des collectivités territoriales qui pourront cependant
partager les maîtrises d'ouvrage.
Le plan U3m sera intégré au XIIème plan comme
Université 2000 l'avait été dans le XIème plan.
Ainsi, le XIIème plan, qui devrait couvrir une période de sept
ans, pourrait consacrer 40 milliards de francs aux locaux universitaires,
destinés essentiellement aux restructurations et mise aux normes de
sécurité, à des constructions nouvelles et
opérations de remembrement, et à la vie étudiante.
M. Michel Garnier a rappelé que la loi Pasqua de 1995 relative à
l'aménagement et au développement du territoire était en
cours de réforme. Elle devrait notamment permettre l'élaboration
d'un schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur.
Dans un premier temps, l'Etat et les collectivités territoriales
définiront, chacun de leur côté, leur politique, puis un
croisement des grandes lignes nationales et régionales interviendra en
octobre ou novembre 1998, les arbitrages devant être rendus à la
fin du mois de novembre : c'est à partir de ces arbitrages que les
préfets de régions entameront les négociations devant
aboutir aux nouveaux contrats de plan Etat-régions.
M. Michel Garnier a expliqué que les bibliothèques universitaires
entreraient dans le volet du plan consacré à la vie
étudiante, pour des crédits estimés à
2,9 milliards de francs et destinés, d'une part, à la
construction de 300.000 mètres carrés et, d'autre part, au
câblage des bâtiments de bibliothèques devant leur permettre
de mener une politique documentaire s'appuyant sur les nouvelles technologies.
Il a ajouté que, s'agissant des bibliothèques universitaires, le
problème du copyright était actuellement crucial. En effet, tous
les documents et ouvrages tombés dans le domaine public peuvent
être numérisés sans problème ; de même,
les livres les plus récents font l'objet d'une numérisation quasi
systématique. En revanche, le problème surgit pour les ouvrages
anciens non encore tombés dans le domaine public.
M. Jean-Philippe Lachenaud a voulu savoir si le plan U3m résultait, dans
ses grandes lignes actuelles, d'une remontée des besoins, et s'est
enquis de l'existence d'un programmateur et d'une étude préalable
des opérations à mener.
M. Michel Garnier a expliqué que deux milliards de francs avaient
déjà été programmés pour la
réalisation d'études, d'une part, et pour les premières
constructions, d'autre part, qui interviendront dès 2000, les sites de
Jussieu et Tolbiac constituant des priorités : 20.000 mètres
carrés devraient être construits à Tolbiac en
préalable à un désamiantage complet de Jussieu, les locaux
ensuite libérés sur ce site devant servir à des
opérations de remembrement des implantations universitaires.
Il a ajouté que les universités avaient exprimé des
besoins en locaux de bibliothèques universitaires estimés
à environ 9 milliards de francs, mais il a jugé que les
restructurations étaient parfois plus utiles que la construction de
locaux neufs. Il a toutefois tenu à préciser que les
crédits individualisés pour les bibliothèques
universitaires devraient couvrir à hauteur des deux tiers les besoins de
la province. En outre, les besoins du bassin parisien, plutôt que ceux de
l'Ile-de-France stricto sensu, seraient pris en considération. Mais un
raisonnement en termes de coopération régionale devra absolument
prévaloir.
M. Claude JOLLY
Sous-directeur des bibliothèques et de la
documentation au ministère de l'éducation nationale, de la
recherche et de la technologie
- Jeudi 24 septembre 1998 -
M.
Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les moyens financiers
dont bénéficiaient les bibliothèques universitaires dans
le projet de loi de finances pour 1999.
M. Claude Jolly a expliqué que le chapitre 36-11, article 20,
supportait, en grande partie, les crédits alloués aux
bibliothèques universitaires, ces crédits s'élevant en
1999 à 535,4 millions de francs, soit 32 millions de francs de
plus qu'en 1998 dont 15 millions en mesures nouvelles, le reste
résultant de divers transferts. Au cours des cinq dernières
années, l'article 36-11 a connu une augmentation de 150 millions de
francs.
Il a ajouté que le budget 1999 avait prévu la création de
149 emplois, l'essentiel de ces créations concernant les
catégories B et C. Ainsi, plus de 1.000 emplois de personnels
de bibliothèques ont été créés depuis cinq
ans. En outre, le recours aux emplois-jeunes dans l'enseignement
supérieur est désormais possible, à condition que de tels
emplois ne concernent pas des activités couvertes par les statuts et que
les jeunes recrutés ne soient pas titulaires du baccalauréat.
A propos de l'exécution du budget 1998, M. Claude Jolly a
rappelé que 350 emplois avaient été
créés cette année, et que sept concours avaient
été organisés, les personnels recrutés allant
être nommés au 1
er
septembre ou au
1
er
novembre.
Ces emplois seront répartis selon trois critères :
54 emplois au titre du rattrapage, 127 emplois pour la mise en
service des surfaces nouvelles, puis 100 emplois au titre de l'extension
des horaires d'ouverture. 37 bibliothèques universitaires sont
concernées par ce dernier point, l'objectif du ministre restant de
parvenir à une ouverture hebdomadaire moyenne de 60 heures. Ce
critère demeurera primordial pour la répartition des emplois
créés en 1999. Par ailleurs, pour favoriser encore davantage
l'extension des horaires d'ouverture, il serait souhaitable de faciliter le
recrutement de moniteurs-étudiants selon un dispositif plus souple que
celui des actuelles vacations qui se traduisent par des charges sociales et
l'ouverture de droit aux allocations chômage.
M. Claude Jolly a ensuite expliqué que les 506 millions de francs
alloués aux bibliothèques universitaires par le budget 1998
avaient été répartis en fonction de plusieurs
critères. 263 millions de francs ont été
attribués au titre des dotations normées, en prenant en
considération le nombre d'étudiants, les niveaux d'études
et les disciplines enseignées. 34 millions de francs ont servi
à financer les établissements et services de coopération,
tandis que la part contractuelle avait bénéficié de
181 millions de francs, et les actions spécifiques, principalement
l'informatisation, 26 millions. Au total, l'informatisation des
bibliothèques bénéficie de 38 millions de francs, une
part de la dotation contractuelle lui étant également
allouée.
M. Jean-Philippe Lachenaud a soulevé le paradoxe consistant à
négocier les contrats avec les universités de manière
centralisée. Il s'est ensuite interrogé sur la suffisance de la
prise en compte de la politique documentaire dans le plan Université du
troisième millénaire (U3m).
M. Claude Jolly a estimé que les arbitrages concernant le volet
documentaire d'U3m devraient être connus en janvier 1999. La
sous-direction des bibliothèques a évalué entre 5 et 7,5
milliards de francs les besoins en bibliothèques dans le cadre d'U3m,
qui devrait couvrir les années 2000 à 2006.
M. Claude Jolly a jugé
"très préoccupante"
la
situation des locaux universitaires à Paris centre et en proche
banlieue. Il conviendrait que les efforts consentis aillent au-delà des
projets en cours relatifs à Jussieu, Tolbiac et à l'Institut
national de l'histoire de l'art. Il a également estimé que la
fermeture de la BPI pendant deux ans ainsi que celle, plus brève, de
Cujas étaient compensée par l'ouverture de la BNF, même si
cela représentait davantage une opportunité qu' une solution pour
les étudiants, en l'absence de déploiement d'une politique leur
étant est spécifique.
M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les
évolutions affectant le cadre statutaire et les formations des
personnels des bibliothèques.
M. Claude Jolly a estimé excessive l'existence de huit corps pour
à peine 5.000 agents, et a fait état du projet de fusion du
corps des inspecteurs de magasinage avec celui des
bibliothécaires-adjoints. Il a également qualifié la
fusion de l'ENSSIB et de l'IFB, au 1er janvier 1999, de
"mesure de
rationalisation"
de l'offre de formation.
M. Jean-Philippe Lachenaud s'est enquis de l'état d'avancement des
négociations avec les éditeurs pour l'accès aux ressources
électroniques.
M. Claude Jolly a jugé correcte l'avancée de ce dossier, deux
journées d'études lui ayant été consacrées,
l'une en juin, l'autre en septembre. Il a rappelé que la politique
documentaire était du ressort du seul établissement puisqu'elle
dépendait de sa politique scientifique, mais que l'établissement
se devait d'agir dans un esprit de mutualisation, dans le domaine des
négociations avec les éditeurs notamment. Ainsi, des groupements
d'universités -ou consortia - se mettent d'accord sur un nombre et une
série de revues à acquérir, puis négocient un droit
d'accès à ces revues. S'agissant de l'achat de documents
électroniques, trois voies peuvent être empruntées :
soit l'établissement reste autonome, soit il adhère à un
consortium, comme envisagent de le faire une douzaine de bibliothèques
universitaires dans le domaine des sciences exactes, soit l'Agence
bibliographique de l'enseignement supérieur (ABES) joue un rôle
d'intermédiaire en devenant opérateur pour la consultation des
documents.
M. Jean-Philippe Lachenaud a enfin voulu connaître l'évolution du
débat sur le droit de prêt.
M. Claude Jolly a rappelé que le rapport Borzeix préconisait
l'établissement d'un droit de prêt, dont les fondements juridiques
sont certains, de 10 à 20 francs par usager chaque année,
tout en prévoyant un certain nombre d'exemptions, pour l'enseignement
scolaire et l'ensemble des jeunes de moins de 18 ans notamment. Quand il
sera saisi du rapport, il est probable que le ministère souhaitera
étendre cette exemption à l'enseignement supérieur.
Abordant le droit de copie, il a fait savoir qu'un accord était,
semble-t-il , sur le point d'être conclu entre la Conférence
des présidents d'université et le Centre français
d'exploitation du droit de copie.
ANNEXE VI
LISTE DES PERSONNES
RENCONTRÉES PAR LE
RAPPORTEUR
LORS DE SES DÉPLACEMENTS
•
Jeudi 14 mai 1998
M. Hubert
Dupuis
, Directeur du Centre technique du livre de l'enseignement
supérieur à Bussy-Saint-Georges,
•
Lundi 8 juin 1998
Mme Madeleine
Jullien
, Directrice du service commun de la documentation de
l'université de Vincennes-Saint-Denis (Paris VIII) à Saint-Denis,
•
Mardi 9 juin 1998
Mme Frédérique
Molliné
, Directrice du service commun de la documentation de
l'université Jean Moulin (Lyon III) à Lyon,
M. Jean-Claude Migraine-George
,
Secrétaire
général de l'Ecole nationale supérieure des sciences de
l'information et des bibliothèques à Villeurbanne,
•
Lundi 15 juin 1998
M. Jean-Claude Annezer
,
Directeur du service commun de la documentation de l'université Toulouse
le Mirail (Toulouse II) à Toulouse,
Mme Marie-Dominique
Heusse
, Directrice du
service commun de la documentation de l'université de
Tou-louse I à Toulouse,
•
Mardi 16 juin 1998
Mme Nathalie Jullian
,
Directrice de la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris,
•
Mardi 23 juin 1998
Melle Françoise Roubaud
, Directrice du service
commun de la documentation de l'université d'Artois à Arras,
•
Vendredi 25 septembre 1998
Mme Suzanne Santiago
,
Directrice de l'Agence bibliographique de l'ensei-gnement supérieur
à Montpellier,
•
Mardi 29 septembre 1998
M. Gérard Littler
,
Administrateur de la bibliothèque nationale et universitaire de
Strasbourg, à Strasbourg.
ANNEXE VII
QUELQUES MESSAGES ÉLECTRONIQUES REÇUS SUR LE SITE WEB DU
SÉNAT, À L'OCCASION DE LA CONSULTATION MISE EN PLACE PAR LA
MISSION D'INFORMATION
Un
étudiant en doctorat à la faculté de droit
d'Aix-en-Provence
(02 juin 1998)
S'agissant tout d'abord des conditions d'accueil dans les
bibliothèques, il est regrettable que nous ne puissions pas disposer
d'un accès horaire plus important aux fonds documentaires. En effet, le
temps de recherche ne correspond pas aux horaires d'ouverture d'une
administration de type classique. Or, le fonctionnement des
bibliothèques démontre clairement une pratique contraire: faute
de personnels, la bibliothèque universitaire est fermée à
19 heures et, à ma connaissance, malgré les propositions qui ont
été faites, il n'y a jamais eu d'ouverture au-delà de
cette horaire. Il y aurait un important effort à fournir sur ce point.
Songeons aux conditions d'accueil des universités américaines...
Notre bibliothèque, de type universitaire, s'est dotée d'un
ensemble d'outils multimédia performants et rendant de précieux
services. Sur ce point précis, les résultats sont assez
satisfaisants et il faut souhaiter que l'évolution positive qui est
enclenchée se poursuive.
Cependant, la formation des personnels bibliothécaires
nécessiterait certains compléments. Car les personnes
directement appelées à manipuler ces outils ne possèdent
pas toujours toutes les information requises pour une utilisation optimale.
Enfin, notre faculté a mis en place un service de monitorat, dont les
résultats sont assez intéressants. Ceci est à rapprocher
directement de la réforme des cycles universitaires qui est en cours:
d'une manière générale, on peut constater un désir
des nouveaux étudiants d'acquérir une méthodologie plus
grande. Néanmoins, et ceci rejoint votre question concernant la
nécessité de bibliothèques spécialisées pour
les étudiants en premier cycle, il est vrai que ceux-ci sont facilement
déroutés lorsqu'il s'agit de trouver dans la masse d'informations
disponibles, les renseignements qui les intéressent. Toutefois, à
mon sens, s'il y avait une proposition à faire à ce sujet, elle
ne devrait pas aller jusqu'à la création de bibliothèques
spécialisées. Ou bien il faudrait s'entendre sur le sens de cette
idée. Si elle signifiait distinguer plus précisément
encore les ouvrages qui sont destinés à ces étudiants,
elle serait effectivement bénéfique. Car il y a un risque
à "isoler" les ouvrages destinés à ces étudiants.
Et celui-ci apparaîtrait lors du changement de cycle de
l'étudiant. Il lui faudrait alors découvrir de nouveaux lieux de
connaissances, de nouvelles méthodes de classement. Et si cela existe
déjà en l'état actuel des choses, on peut
légitimement craindre que la création de bibliothèques
pour un niveau précis d'études ne fasse qu'accroître cette
difficulté.
Un personnel des bibliothèques (02 septembre 1998)
Depuis bientôt dix ans, avez-vous constaté une évolution de
la situation des bibliothèques universitaires, et si oui, dans quel sens
?
Oui, il y a, il me semble, une évolution dans le bon sens. C'est
à dire des bibliothèques plus conviviales, informatisées
et desservant des services plus pertinents (recherches documentaires sur
CD-Roms, amélioration de la signalétique...).
La bibliothèque vous paraît-elle un lieu suffisamment ouvert sur
le campus, ainsi qu'au public non universitaire ?
Pas encore assez. Je pense que le facteur humain est primordial. L'utilisateur,
quand il arrive à la bibliothèque, se sent souvent perdu et ne
sent pas que le personnel travaille pour mieux l'aider dans ses recherches.
L'utilisateur n'est pas assez pris en charge. Toutefois, il me semble aussi que
le "campus" n'intègre pas assez la bibliothèque.
L'étudiant n'est pas assez encouragé à aller à la
bibliothèque. Des cours de recherches documentaires en début du
cursus devraient être proposés aux étudiants (avec examens
en fin d'année) pour que ceux ci prennent l'habitude d'aller à la
bibliothèque et, surtout, connaissent les services mis en place dans les
unités documentaires de l'enseignement supérieur. Autre
remarque : le taux de fréquentation des professeurs est bas. Cet
état de fait n'encourage pas les étudiants à aller
à la bibliothèque.
Comment jugez-vous les conditions d'accueil dans les bibliothèques
universitaires (locaux, horaires et jours d'ouverture, système de
prêt...) ?
La formulation de la question illustre bien, à mon humble avis, un des
problèmes majeurs des bibliothèques universitaires. Vous nous
demander de qualifier l'accueil sans notifier le facteur humain dans les
paramètres pris en compte (locaux, horaires et jours d'ouverture,
système de prêt). Or, il me semble que là où le
service doit s'améliorer, c'est bien dans l'accueil. Dans chaque grande
BU, seul un poste de "renseignement" et les personnes s'occupant du prêt
sont là pour renseigner les utilisateurs. Pourquoi ne pas imaginer une
configuration des grandes BU identique à celle des grandes librairies
types FNAC. C'est-à-dire mise en place d' une équipe (on pourrait
imaginer que celle-ci soit composée d'un bibliothécaire, d'un
bibliothécaire-adjoint et d'un magasinier, ce qui permettrait en plus
aux magasiniers et bibliothécaires de travailler ensemble) responsable
d'une matière (pour une BU de lettres et sciences humaines on aurait
donc une équipe pour la sociologie, une pour l'histoire, une autre pour
l'anglais...) qui gérerait les acquisitions, le catalogage, le
prêt, l'organisation du rayon.... Et qui accomplirait tout son travail
dans la salle de lecture. Chaque équipe serait plus en relation avec les
utilisateurs, connaîtrait mieux les demandes de ceux-ci, et, pourrait
donc les renseigner de manière plus pertinente sur le fond (ex : "Vous
cherchez ce livre? Je viens de le commander, il devrait arriver dans une
semaine . Si vous voulez, vous pouvez le réserver pour pouvoir
l'emprunter dès qu'il arrivera" ). Pouvant se déplacer pour aider
à rechercher avec l'utilisateur dans les rayons, pouvant orienter
l'utilisateur vers d'autre rayons. Travaillant avec les étudiants, il
serait plus au courant des attentes des utilisateurs. Il faut que le personnel
de la bibliothèque travaille aux côtés des utilisateurs.
Travaillant à l'heure actuelle à la bibliothèque du
Laboratoire de géographie urbaine, j'ai pu constater à quel point
les étudiants se sentaient perdus dans les grandes BU. Lors de ma
formation , en 1996, j'ai été stagiaire dans une BU. Chaque
bibliothécaire était responsable d'une matière
(responsable des acquisitions et du catalogage), mais à aucun moment,
celui ci travaillait dans son rayon. Quel dommage!!! Le bibliothécaire
travaille donc pour des gens qu'il ne côtoie pas et l'étudiant ne
peut faire part de ses attentes à quiconque. Imaginez quelqu'un
responsable de la géographie dans une grande BU. Il connaîtrait
les utilisateurs assidus, devancerait leurs attentes.... De l'autre
côté, l'utilisateur, à force de fréquenter la BU et
de côtoyer la même personne, n'hésiterait pas à faire
appel à lui.
Excusez moi d'être un peu long, mais c'est un sujet qui me tient
très à coeur. Je pense qu'il faut à tout prix humaniser
les services développés dans les grande BU. Bien-sûr, cela
demanderait plus de personnels (au lieu de cataloguer 20 livres dans une
journée, le bibliothécaire constamment sollicité ne
pourrait en cataloguer que 10), et cela va à l'encontre des lois
bibliothéconomiques qui demandent que l'utilisateur soit autonome dans
une bibliothèque. Pour les jeunes étudiants qui arrivent du
lycée, il est à l'heure actuelle impossible pour eux d'être
autonomes dès la première année. Mais en travaillant
côte à côte, le bibliothécaire, disponible, doit
apprendre à l'utilisateur à être autonome.
Dans les grandes BU, c'est le facteur humain qui est déficient, alors
que dans les bibliothèques d'UFR ou des laboratoires de recherche, c'est
l'aspect matériel qui est à améliorer
(bibliothèques peu connues, avec peu de moyens, vieux mobilier...).
Comment jugez-vous l'évolution des crédits destinés aux
bibliothèques universitaires ? Doivent-ils continuer d'être
fléchés ?
Depuis le rapport Miquel, certaines BU ont vu leurs crédits augmenter de
manière non négligeable et dans le bon sens. Je pense maintenant
que l'on devrait soutenir le développement des bibliothèques
d'UFR et desbibliothèques des laboratoires de recherche. Il faut aussi
signaler les trop grandes inégalités entre les
bibliothèques suivant l'unité dans laquelle elles sont
intégrées. J'ai travaillé en tant que CES à la
bibliothèque de l'ENSIGC (Ecole Nationale Supérieure de
l'Institut Génie Chimique) à Toulouse qui dépendait de
l'INP (Institut National Polytechnique). Maintenant, je travaille à
l'université Paris X Nanterre. Et, je pense qu'il y a une trop grande
différence de moyens entre la bibliothèque de l'ENSIGC et une
bibliothèque d'UFR de lettres et sciences humaines.
La formation que vous avez reçue vous paraît-elle à
même de remplir efficacement vos fonctions ?
Titulaire d'un DEUST archives et médiathèque, obtenu à
Toulouse, j'ai, tout de suite après cette formation, réussi le
concours de Technicien BAP 12 option bibliothèque. Responsable de la
bibliothèque du laboratoire de Géographie Urbaine à
l'université Paris X Nanterre, je suis en fonction depuis
décembre1996. Il s'agissait d'une création de poste, il y avait
donc tout à faire. Il me semble que ma formation m'a permis de faire un
travail efficace. Mon expérience professionnelle (1an et demi
employé en tant que CES à la bibliothèque de l'ENSIGC)
m'a aussi beaucoup apporté.
Comment cette formation pourrait-elle, selon vous, évoluer, eu
égard aux exigences nouvelles en matière de nouvelles
technologies ?
La formation continue doit permettre aux bibliothécaires
d'évoluer en même temps que les nouvelles technologies. Ici,
à l'université Paris X Nanterre, nous sommes bien lotis car
Médiadix propose des formations qui me semblent bien répondre
à l'attente des bibliothécaires qui voudraient mieux
appréhender les nouvelles technologies (recherche d'informations sur
Internet, élaboration d'un site web...). Mais lorsque l'on gère
seul une bibliothèque, une absence de plusieurs jours est mal comprise
par les étudiants et, pour ma part, par la professeur responsable du
laboratoire. Toutefois voilà 2 ans que j'ai fini ma formation et je me
sens déjà un peu dépassé .
Comment pourrait, selon vous, évoluer le contenu de votre emploi ?
Alors qu'auparavant les bibliothécaires/documentalistes avaient surtout
pour mission d'orienter les utilisateurs vers les documents qu'ils cherchaient
(livre, article, thèse, rapport....), il semblerait que de nouvelles
missions apparaissent pour le personnel des unités documentaires :
- dispenser aux utilisateurs l'apprentissage des nouveaux outils de recherche
d'informations (utilisation du web, des divers CD-Roms) ;
- mettre en place de l'OPAC de l'unité documentaire sur le Web ;
- mettre en relation les personnes ayant des sujets de recherche similaires
(grâce à la navigation sur le Net et les services de messagerie).
Il y a certainement beaucoup d'autres choses à mettre en place, car il
est indéniable que la révolution technologique a
véritablement bouleversé les missions des bibliothèques et
des unités documentaires de l'enseignement supérieur.
L'organisation documentaire des universités vous paraît-elle
rationnelle ?
L'organisation en SCD me parait une bonne chose. En tant que
bibliothèque de laboratoire, elle ne peut y être
intégrée. Et, je le regrette car les changements
qu'entraîne la révolution technologique sont parfois mal compris
par les professeurs de l'ancienne génération qui sont
responsables de laboratoires de recherche. La mise en place de nouveaux
services serait plus facile si toutes les unités dépendaient
d'une même tutelle.
Etes-vous satisfait de la documentation disponible dans les
bibliothèques universitaires ?
Oui.
Comment jugez-vous l'accès aux ouvrages dans les bibliothèques
universitaires ?
Correct.
Comment jugez-vous l'équipement informatique des bibliothèques
universitaires ?
En progrès. Toutefois, le public n'est pas assez aidé pour
utiliser les OPAC mis en place dans les diverses BU.
Vous sentez-vous suffisamment formé à la bonne utilisation des
nouvelles technologies ?
Non. La formation continue devrait être plus soutenue pour pouvoir suivre
la rapide évolution des nouvelles technologies.
Un étudiant en troisième cycle à la faculté de
droit de l'université de Nice Sophia Antipolis (03 novembre 1998)
La bibliothèque que je fréquente est exiguë; elle est
insuffisante pour les 7000 étudiants inscrits à la
faculté. Les étudiants n'ont plus de place pour s'installer et
consulter les documents mis à leur disposition. A ce propos, lorsque par
miracle, la faculté est abonnée aux revues recherchées par
les étudiants, ce qui nous oblige le plus souvent à commander
directement à l'éditeur de nombreuses revues de droit pour les
feuilleter à loisir, il faut prendre patience pour les trouver dans les
rayons. En effet, la bibliothèque ne commande chaque revue qu'en un seul
exemplaire, sauf à ce qu'elle soit fameuse ( comme le Recueil Dalloz ou
le JCP). Bien-sûr, nous pourrions les faire venir d'autres
bibliothèques. Mais c'est une fausse bonne idée : c'est long,
temporaire, et stupide, puisque cela rend le document indisponible dans la
bibliothèque où il devrait être...
Que dire des conditions de travail des employés? Ils sont si peu
nombreux, si mal rémunérés, qu'ils ne peuvent pas
être motivés. Quand vous avez 200 à 300 étudiants
qui, dans la même journée, veulent la même revue,
citée en référence par un professeur, revue qui n'est
disponible qu'à la banque de prêt, et que vous devez, a chacun,
dire qu'elle est empruntée par un étudiant, vous ne pouvez
être que blasé, et cela se comprend. Non seulement vous en avez
assez, mais les étudiants aussi de ne JAMAIS trouver LE document
souhaité. C'est cependant un peu moins vrai pour les étudiants de
troisième cycle. Moins nombreux, ils ne cherchent pas l'indisponible
temporairement, mais l'introuvable ( définitivement...).
L'outil informatique a certes fait son apparition; mais, sauf à
être particulièrement matinal, et s'en saisir, non sans heurts,
dès l'ouverture de la bibliothèque, il faut faire preuve de
beaucoup de patience et avoir du temps à perdre ( ce qui est le comble)
pour espérer s'asseoir devant les quelques écrans mis à la
disposition des étudiants; ils se comptent sur les doigts des deux
mains, mais pas plus de cinq sont utilisés : ils sont en panne, ou
alors, ce qui revient presque au même, leurs imprimantes sont en panne...
comme les photocopieuses, d'ailleurs. Faites les comptes :
* 1 Dalloz pour 3500 étudiants
* 1 Revue des Sociétés pour 7000 étudiants
* 1 ordinateur et 1 photocopieuse en état de marche pour 1400
étudiants.
BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES :
LE TEMPS DES
MUTATIONS
Ce
rapport est le résultat d'une mission de contrôle
budgétaire sur pièces et sur place effectuée par
M. Jean-Philippe Lachenaud, rapporteur spécial des
crédits de l'enseignement supérieur.
Cette mission visait à dresser le constat de la situation des
bibliothèques universitaires françaises, dix ans après le
rapport Miquel qui fut à l'origine de la prise de conscience de la
"misère des B.U.". Il apparaît que les recommandations du rapport
Miquel ont été largement mises en oeuvre. Alors qu'un effort
considérable a été accompli en faveur des
bibliothèques universitaires, elles sont toutefois confrontées,
aujourd'hui, à un nouveau défi : celui de leur
intégration dans la société de l'information.
Les nouvelles technologies induisent en effet de profonds changements dans
l'agencement des locaux, dans la formation des personnels et des usagers, dans
l'offre documentaire et dans la perception du rôle même que les
bibliothèques universitaires sont appelées à remplir dans
l'enseignement supérieur et la recherche.
Ce rapport, après avoir rappelé les principales mesures dont ont
bénéficié, tant sur le plan quantitatif que qualitatif,
les bibliothèques universitaires françaises, examine la politique
documentaire des universités, notamment la façon dont les
nouvelles technologies peuvent la valoriser, puis s'interroge sur les
conséquences du formidable développement de la documentation
électronique sur le respect des droits d'auteur. Enfin, il formule un
certain nombre d'observations résultant des nombreux entretiens et des
visites qu'il a effectuées dans les universités.