2.3 Les restructurations ont permis le développement d'une industrie spécialisée dans des navires de haute valeur ajoutée
La construction navale privée s'est restructurée et spécialisée avec l'aide de la puissance publique : plans Le Pensec (1982), Lengagne (1984), Madelin (1986). Ils n'ont pu empêcher, entre 1984 et 1989, la fermeture de grands chantiers de Dunkerque, Nantes, La Ciotat, La Seyne, et La Rochelle-Palice.
Il ne reste plus aujourd'hui en France que deux sites civils de grande construction navale : un grand chantier à Saint-Nazaire, et un chantier de taille moyenne au Havre.
2.3.1 Les étapes de la restructuration
La période 1976-1985 est caractérisée par des réductions d'effectifs de 32 500 à 13 700 personnes, sans fermeture de sites jusqu'en 1982. Des regroupements se sont opérés en 1982, à la demande de l'État, au sein des chantiers de grande construction navale : le chantier Dubigeon (Nantes), repris par Alsthom Atlantique, est intégré à sa division « Construction Navale » aux côtés des Chantiers de l'Atlantique ; les sites de Dunkerque, La Ciotat et La Seyne-sur-Mer sont regroupés pour constituer la Société des Chantiers du Nord et de la Méditerranée (NORMED).
La seconde étape se situe entre 1986-1995. Les effectifs sont réduits de 13 700 à 5 800 personnes. Cette période caractérisée par la fermeture définitive de cinq sites de grande construction navale ;
- mise en liquidation judiciaire de NORMED et fermeture de ses trois sites (Dunkerque, La Ciotat et La Seyne) entre 1986-1989 ;
- cessation d'activité de Dubigeon (Nantes) et transfert de ses capacités aux Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) en 1987 ;
- mise en liquidation judiciaire du site de La Rochelle-Palice en 1987 ;
- trois sites de petite construction navale doivent également cesser leur activité : celui de Bordeaux en 1986, celui de Grand Quevilly en 1987, celui de Villeneuve-la-Garenne en 1991.
Cette restructuration n'aurait pas été possible sans l'aide de l'État. L'ensemble des dépenses engagées est d'environ 2,7 milliards de Francs (en Francs 1997). Le détail du montant des aides à la restructuration est donné dans le graphique suivant.
L'aide financière publique à la restructuration s'est concentrée depuis le début des années quatre-vingts sur trois chantiers : la NORMED, les Chantiers de l'Atlantique et les Ateliers et Chantiers du Havre, qui consomment au total plus de 90 % des crédits dédiés à la restructuration, ce qui correspond respectivement pour chacun d'eux à 84,4 %, 6,4 % et 3,3 %.
2.3.2 Le cas de la NORMED
En 1983, à la demande de l'État, les sites de Dunkerque, La Ciotat et La Seyne-sur-Mer ont été regroupés pour constituer la Société des Chantiers du Nord et de la Méditerranée (NORMED).
Dès la première année, l'État l'a soutenue financièrement. Celle-ci employait à l'époque un effectif total de 10 700 personnes réparties sur les sites de Dunkerque, de La Seyne et de La Ciotat et au sein de son siège social parisien.
L'accompagnement financier de l'État s'est fait en deux périodes :
- de 1983 à la mi-1986, période durant laquelle la NORMED s'est trouvée en situation de quasi commandite publique. La politique du Gouvernement a consisté à accompagner la réduction de ses effectifs, puisque la fermeture des chantiers n'était alors pas envisagée. Entre ces deux dates, les effectifs ont été réduits, progressivement, de 6 500 personnes ;
- mise en liquidation judiciaire de NORMED et fermeture de ses trois sites (Dunkerque, La Ciotat et la Seyne). De mi-1986, date du dépôt de bilan de NORMED, à 1993, date à laquelle les derniers salariés sont sortis du plan social, les Pouvoirs publics ont soutenu financièrement la mise en oeuvre d'un plan social et l'achèvement des navires en cours de construction.