2. Le réseau téléphonique commuté
Les technologies DSL (Digital Subscriber Line) offrent,
d'autre part, on l'a vu, de nouvelles possibilités aux réseaux
téléphoniques commutés.
Inventées par les Bell Labs, elles consistent à exploiter les
fréquences inutilisées lors d'une conversation
téléphonique (parce qu'elles sont supérieures à
celles correspondant à la voix humaine ou du fait de parasites ou
d'imperfections de la ligne), afin de transmettre des données
numériques audiovisuelles ou télématiques.
Le débit obtenu, inversement proportionnel à la distance
séparant le terminal du central téléphonique, peut
atteindre de 1,5 Mbits/s à 6 Mbits/s pour moins de 5 km, ce qui
correspond à la situation de 70 % des abonnés en France.
La variante la plus connue de ces technologies est celle adaptée
à un trafic asymétrique dite ADSL (33(
*
))
qui permet un débit de
1,5 Mbits/s sur la voie de diffusion (en cas d'utilisation d'une seule
paire de fils de cuivre) et de 16 Kbits/s sur la voie de retour. Ces
capacités peuvent être portées à 6 Mbits/s et 64
Kbits/s lorsque plusieurs paires sont mises à contribution.
France Télécom a testé l'ADSL dans le cadre du projet
Camille (Cuivre asymétrique intégré sur lignes locales
existantes) et Alcatel l'a développé, après en avoir
acquis la licence. L'industriel français a conclu des accords
d'expérimentation et de déploiement de cette technologie avec
quatre opérateurs locaux américains (Ameritech, Bell-South, SBC
et Pactel) ainsi qu'avec Bell Canada.
De son côté, une autre entreprise française, CS Telecom,
filiale de la compagnie des signaux, s'est alliée à
l'Américain 3 Com, spécialiste de l'interconnexion de
réseau, pour proposer des solutions ADSL "de
bout en bout"
(depuis l'abonné jusqu'aux réseaux à haut débit).
Tous deux devraient proposer aux opérateurs de
télécommunications européens un puissant concentrateur
(34(
*
)) spécifique à la
mi-98.
On prévoit que le marché de l'ADSL devrait exploser, au cours des
deux prochaines années, pour atteindre, rien qu'aux Etats-Unis,
près de 1 milliard de dollars en l'an 2000, pour les seuls
équipements.
L'un des principaux avantages de cette technologie est
d'accélérer considérablement le temps de
téléchargement d'un document (de quatre minutes à une
seconde pour une page Web, la voie d'acheminement de la requête ne
nécessitant qu'un faible débit). Des services vidéo ou de
transfert de données pourraient être également
proposés aux abonnés.
Avec les modems câble et les modems ASDL, les solutions filaires tendant
à accélérer les débouchés du trafic Internet
se trouvent donc diversifiées.
En outre, selon Business Week du 8 décembre 1997, Rockwell aurait mis au
point une puce permettant de fabriquer de nouveaux modems numériques
susceptibles de fonctionner à des débits de l'ordre du
mégabits/s pour la réception (256 Kbits/s pour
l'émission). L'utilisation de tels équipements
nécessiterait toutefois une modification des centraux de commutation
mais la proposition en aurait été faite à Northern Telecom
et Lucent Technologies, avec l'appui d'Intel, Microsoft et Compaq.