CHAPITRE II :
LE RENFORCEMENT DU FRANÇAIS COMME LANGUE DE
FORMATION, D'ÉCHANGES ET DE COOPÉRATION
Le renouveau et le développement de la francophonie au
Vietnam ne passent pas seulement par l'enseignement du français, mais
aussi par la formation " en français et par le
français ", c'est-à-dire par les efforts consentis pour
refaire du français un outil privilégié d'acquisition et
de développement des connaissances, un instrument au service du
développement national et de la coopération internationale dans
les domaines économique, scientifique ou culturel.
Les actions menées dans ce domaine concernent prioritairement la gestion
des entreprises et l'économie ainsi que la promotion des technologies de
pointe, mais ils intéressent aussi tous les autres " milieux
porteurs " du développement vietnamien, notamment dans les secteurs
(le droit, la médecine, les sciences humaines) où la
coopération franco-vietnamienne s'appuie sur une longue tradition.
Elles ont pour objectif commun le renforcement de la francophonie et de
l'influence française parmi les " décideurs " et les
élites économiques, administratives et scientifiques du Vietnam
de demain. Elles s'appuient sur le développement d'institutions de
formation et de recherche franco-vietnamiennes et sur un programme de bourses
d'études et de stages en France qui a retrouvé, depuis la
" réouverture " du Vietnam, un niveau très important.
A. LE DÉVELOPPEMENT DES FORMATIONS DESTINÉES AUX FUTURS DIRIGEANTS DE L'ÉCONOMIE VIETNAMIENNE
Les actions développées dans ce secteur prioritaire ont pour objet à la fois d'offrir aux entreprises françaises qui s'implantent au Vietnam un " vivier " de recrutement de cadres et d'ingénieurs de haut niveau, d'assurer une formation française aux futurs dirigeants de l'économie vietnamienne, et de donner un contenu nouveau à la francophonie, instrument de maîtrise et de développement des technologies les plus performantes.
1. Les formations de cadres dans le domaine de la gestion des entreprises
·
Le centre franco-vietnamien de formation à
la gestion (CFVG)
Le CFVG, ouvert en septembre 1992, et qui comprend deux établissements,
à Hanoi et à Ho Chi Minh-Ville, constitue la pièce
maîtresse du dispositif francophone de formation des futurs dirigeants
d'entreprises.
Cet établissement, animé par une équipe pédagogique
franco-vietnamienne, forme en deux ans des étudiants recrutés sur
concours après avoir obtenu un diplôme universitaire et les
conduit au niveau de la maîtrise de gestion des entreprises.
L'opérateur de ce programme de formation est la Chambre de commerce et
d'industrie de Paris. Son objectif est de former des cadres d'entreprise
correspondant aux besoins créés par l'évolution de
l'économie vietnamienne.
Le cursus de formation, dispensée à plein temps, comporte :
- un programme de cours intensifs complétés par des travaux
dirigés et des études sur le terrain ;
- un stage en entreprise d'une durée minimale de deux mois ;
- la rédaction d'un mémoire de recherche portant sur un
problème de gestion.
Les méthodes d'enseignement privilégient l'apprentissage des
langues et la pratique des nouvelles technologies utilisées dans le
monde des affaires.
Le diplôme du CFVG, reconnu par le système éducatif
vietnamien au niveau du mastère, offre des débouchés
variés. Un nombre important de diplômés est recruté
par des entreprises nationales ou étrangères et par des
administrations. Les meilleurs étudiants peuvent en outre
bénéficier de bourses pour poursuivre en France des études
de troisième cycle dans les grandes écoles et les
universités partenaires du CFVG (HEC, ESCP, ENS de Cachan,
Universités de Paris-I, Paris-IX, Paris X, Paris XII, Aix
Marseille II, Grenoble II, Toulouse I...).
La convention de création du CFVG a été reconduite en 1996
pour trois ans. Le succès du centre est démontré par
l'embauche rapide, et à des niveaux très satisfaisants, de ses
anciens élèves : les diplômés des trois
premières promotions du centre de Hanoi et des deux premières
promotions du centre de Ho Chi Minh-Ville, soit au total
149 étudiants, ont tous obtenu un emploi, ou pour 27 d'entre eux,
des bourses d'études en France. Le nombre des candidats à
l'entrée au CFVG est également élevé :
191 postulants pour les 106 places offertes au concours de
septembre 1995, 218 candidats aux concours de recrutement de 1996.
Le CFVG ne limite pas son activité à son programme de formation
initiale. Il assure en effet :
- des actions de formation continue, élaborées à la
demande d'entreprises ou d'administration publique, et des programmes de
formation de formateurs. Des séminaires sur les problèmes
économiques vietnamiens sont également organisés au profit
des professeurs de gestion, hommes d'affaires et cadres ;
- des missions ponctuelles d'assistance et de conseil réalisées,
à la demande des entreprises publiques ou privées, par des
équipes de professeurs et d'étudiants du centre sur des sujets
tels que la réalisation d'études de marché,
l'informatisation des entreprises, l'organisation de recrutement de personnel
francophone... ;
- une activité de publication : le CFVG assure la publication de livres
d'économie et de gestion en vietnamien et d'une collection d'ouvrages
pédagogiques. Il publie également deux périodiques, une
revue trimestrielle bilingue (" Ouverture économique ") et
un
mensuel d'informations économiques (" la lettre du CFVG "),
diffusés dans les milieux économiques et des affaires.
Enfin, le centre développe ses partenariats avec à la fois le
réseau universitaire national et régional et les entreprises.
En dehors du CFVG, un programme d'enseignement à distance de la gestion
des entreprises a également été lancé en 1995
à Da Nang. Il associe l'université d'économie de Da Nang,
la Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des entreprises
(FNEGE) et l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de
l'université de Nantes. Cette formation d'un an, ouverte à des
cadres et à des enseignants, est sanctionnée par un certificat
d'aptitude à l'administration des entreprises délivré par
l'IAE de Nantes.
·
La formation informatique
* L'Institut francophone d'informatique
Le principe de la création de l'institut francophone d'informatique
avait été retenu au Sommet de Chaillot en 1991, à la
demande des autorités vietnamiennes. Ce projet, qui ressortit à
la coopération francophone multilatérale, a été
mené sous la responsabilité directe de l'AUPELF-UREF, seule la
prise en charge du traitement du directeur de l'Institut étant
directement assurée sur les crédits de la coopération
française.
L'Institut, qui a ouvert en 1995, a pour objet d'assurer en langue
française une formation de troisième cycle sur deux ans, de
constituer un centre de documentation et de communication ouvrant sur
l'ensemble du monde francophone et de soutenir des projets d'études et
de recherche en informatique.
Il recrute ses étudiants sur concours parmi les titulaires de
diplômes du second cycle (bac + 4 ou + 5) en
informatique : la première promotion, entrée en 1995,
comptait 29 élèves.
Les diplômés de l'IFI ont vocation à devenir des chefs de
projet informatique, des développeurs et des chercheurs.
*
L'Ecole de technologie de Hanoi
qui est largement le fruit, comme on
l'a déjà rappelé, de la coopération
" déconcentrée " a, quant à elle, vocation
à former des diplômés au niveau technicien supérieur
(bac + 2), elle doit également développer ses
activités dans le domaine de la formation continue.
Il est à noter que la coopération dans le domaine des
enseignements technologiques de niveau bac + 2 -niveau de formation dont
on peut penser qu'il correspondra dans les années à venir
à une demande importante de l'économie vietnamienne- doit aussi
se développer à Ho Chi Minh-Ville dans les domaines de la
mécanique et de l'hydraulique électrique et électronique
dans le cadre du programme CODIFOR : les formations seront assurées
au sein de l'Ecole polytechnique, la France fournissant des équipements
et une assistance à l'enseignement.
* Enfin,
le Centre des formations aux techniques informatiques de Hanoi
(CFTI),
qui fonctionne depuis près de 20 ans,
bénéficie aussi de la coopération bilatérale
française dans le domaine de l'introduction des nouvelles technologies
à laquelle participent des spécialistes français
-6 missions annuelles en moyenne. Le CFTI a en outre des relations de
partenariat avec plusieurs organismes de formation français, dont le
CNAM.
Le CFTI propose, en français, en vietnamien ou en anglais, des
formations courtes sur les nouvelles techniques informatiques, les
réseaux et les systèmes informatisés. Les stages sont
sanctionnés par un certificat reconnu par le ministère de
l'éducation et de la formation.