C. LA PERTE DE SUBSTANCE DE L'ÉTAT DÉPARTEMENTAL
Le département, on le sait, est à la fois une collectivité territoriale et une circonscription de l'administration de l'État. Parallèlement aux évolutions de la décentralisation décrites précédemment, les réformes de la déconcentration ont également abouti à une fragilisation de l'État départemental .
La réforme de l'administration territoriale de l'État (RéATE), lancée au tournant des années 2010 dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), a procédé d'un double objectif de renforcement de l'échelon régional et de maîtrise des effectifs.
Cette réforme a notamment consacré l'autorité de principe des préfets de région sur les préfets de département (hors droit des étrangers, police administrative et contrôle de légalité sur les collectivités territoriales) 33 ( * ) .
La RéATE a en outre fortement restructuré les services départementaux en substituant aux douze anciennes directions départementales deux à trois directions départementales interministérielles (DDI) 34 ( * ) :
- la direction départementale de la protection des populations (DDPP), qui est notamment compétente en matière de sécurité alimentaire, de surveillance des marchés et de prévention des risques sanitaires ;
- la direction départementale des territoires (DDT) et, le cas échéant, de la mer (DDTM), chargée de l'aménagement et du développement durable du territoire ;
- la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) lorsque la population excède 400 000 habitants (autrement, celle-ci est fusionnée avec la DDPP), chargée des politiques de cohésion sociale et relatives à la jeunesse, aux sports, à la vie associative et à l'éducation populaire.
Surtout, dans un rapport de 2017, la Cour des comptes a
relevé qu'
entre 2011 et 2015, la baisse des effectifs a
concerné la totalité des services départementaux de
l'État
à l'exception des services du
Premier ministre, qui ne représentent qu'une part minime des
agents.
Au total, les effectifs des services départementaux
ont connu une diminution
de 16,7 % (- 31 184 ETPT) en quatre ans
seulement, quand ceux des services régionaux ne baissaient que de
2,5 %
(- 1 742 ETPT).
Évolution des effectifs des services départementaux de l'État entre 2011 et 2015
(en ETPT)
Source : Cour des comptes
* 33 Décret n° 2010-146 du 16 février 2010 modifiant le décret n° 2004-374 du 29 avril 2004 relatif aux pouvoirs des préfets, à l'organisation et à l'action des services de l'État dans les régions et départements.
* 34 Décret n° 2009-1484 du 3 décembre 2009 relatif aux directions départementales interministérielles.