V. L'UNION EUROPÉENNE À L'ONU
Si la Charte des Nations Unies ne prévoit que la participation des Etats et non des organisations régionales, l'Union européenne n'en est pas moins présente et active à l'ONU.
A. UNE PRÉSENCE ACTIVE ET VISIBLE
Comme l'a souligné le représentant adjoint de la délégation européenne, l'UE a un statut qui va au-delà du simple statut d'observateur. En effet, elle intervient au nom des Etats membres à l'Assemblée générale et au Conseil de sécurité, à condition toutefois qu'il existe un consensus entre eux. Cela se limite, en outre, à une prise de parole de son représentant, à l'exclusion de tout vote.
L'Union européenne est écoutée et respectée dans cette enceinte et un rôle particulier lui est reconnu sur certains dossiers, comme pour l'accord avec l'Iran sur le nucléaire.
Cette capacité de l'UE à exister à l'ONU et à parler d'une seule voix implique cependant un intense travail de coordination au sein de la délégation de l'UE, où sont tenues plus de 1 000 réunions par an.
Bien sûr, il n'est pas toujours possible de parvenir au consensus . Des divisions s'expriment, notamment sur les dossiers liés au Moyen-Orient . Le récent examen du « paquet » de résolutions consacrées à la Palestine a donné lieu à une dégradation du schéma de vote européen, déjà amorcée l'année dernière, du fait de la désolidarisation de la Hongrie et de la République tchèque d'une part, de l'Allemagne d'autre part. Les désaccords sont aussi de plus en plus marqués sur les questions de société , comme l'immigration, le droit à l'avortement...Sur ces thématiques, la Hongrie, la Pologne ont tendance à afficher leurs divergences.
Une méthode a été mise au point pour gérer ces difficultés, notamment au sein de la 3 e commission de l'Assemblée générale : les Etats membres ont la possibilité d'exprimer leur désaccord sur certaines parties d'un texte, sans empêcher l'UE de parler au nom de tous.
Grâce à cet important travail de coordination et aux compromis trouvés, l'UE parvient à afficher une position unitaire sur 90 % des dossiers . Sur certains thèmes comme le climat, l'unité est particulièrement forte et permet à l'UE de peser politiquement.
B. DE NOUVEAUX DÉFIS
L'Union européenne à l'ONU n'en rencontre pas moins de nouveaux défis.
Le premier est lié au Brexit . Tous les interlocuteurs rencontrés par la délégation ont souligné la bonne entente qui prévaut entre les diplomates britanniques et les autres diplomates européens et le souhait qui s'exprime, de part et d'autre, de maintenir une bonne coordination après le Brexit.
Néanmoins, ce sera moins facile puisque le Royaume-Uni a quitté la délégation de l'UE et ne peut désormais plus participer à ses réunions de coordination. De nouvelles méthodes vont donc devoir être devront être mises au point rapidement.
Par ailleurs, la représentante permanente britannique a assuré à la délégation que l'ambition du Royaume-Uni était de rester un partenaire important de l'UE à l'ONU : « Avec la France et l'Allemagne, le Royaume-Uni porte le fardeau des valeurs et des principes de l'ONU. Nous devons continuer à porter ensemble ces valeurs pour empêcher les régressions du droit international ».
L'autre changement est l 'effacement stratégique américain et l'imprévisibilité de la politique américaine , qui imposent à l'UE de rechercher de nouveaux alliés, en transcendant la logique des blocs régionaux qui tend à prévaloir à l'ONU.