III. Echange avec la salle
> Mohammed AMRAOUI, Président de l'association des Ingénieurs AIEM-Europe
Déploie-t-on les efforts nécessaires en matière de formation continue, de partenariat entre les universités et les entreprises et de réinsertion des jeunes par la formation ?
Noureddine MOUADDIB, Directeur de l'Université Internationale de Rabat
Plusieurs universités réalisent un travail colossal en matière de formation continue. L'offre proposée est de plus en plus riche. La problématique de la réorientation des jeunes chômeurs soulève la question du financement. Au Maroc, nous comptabilisons 150 000 diplômés par année pour 100 000 emplois créés. Le développement de l'entreprenariat est donc nécessaire .
> Fouzia BENYOUB, journaliste bilingue arabe-français
Nous avons entendu le cri du coeur lancé par Mme Ouidad Tebaa en faveur de la culture, de la recherche au sein de l'université publique et du renforcement du partenariat franco-marocain.
Comment répondre au défi de l'enseignement supérieur public compte tenu des besoins financiers ? Faut-il augmenter les budgets, établir un partenariat public-privé ou inciter les capitaux marocains à investir davantage dans l'éducation, la formation universitaire et la culture ?
Mostapha BOUSMINA, Président de l'Université Euro-Méditerranéenne de Fès
Les spécialistes estiment que 30 à 50 % des métiers de demain seront différents de ceux que nous connaissons aujourd'hui compte tenu de l'essor du numérique. Les jeunes doivent donc être des créateurs de richesse au travers d'emplois valorisants. Peugeot dispose de 120 000 employés dans le monde pour une capitalisation boursière de 12 milliards d'euros par an. WhatsApp emploie 55 personnes alors que sa capitalisation boursière annuelle est de 17 milliards d'euros. Le modèle de formation proposé à nos étudiants doit donc faire l'objet d'une révision. Enfin, nous souhaitons former des citoyens à même de développer la région euro-méditerranéenne avec son prolongement africain car la population d'Afrique s'établira à 2 milliards en 2030. Il s'agit donc d'un marché colossal. En outre le taux de croissance moyen dans les pays du continent africain est de 5 % contre 1,5 % au maximum en Europe.
Ouidad TEBBAA, ancienne Doyenne de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Marrakech et titulaire de la Chaire Senghor de la Francophonie à Marrakech
Le programme d'urgence de 2010-2012 a alloué des moyens considérables aux universités mais nous avons besoin d'ouverture, d'enthousiasme et d'innovation. Au plus haut sommet de l'État, Sa Majesté le Roi a voulu porter la vision d'un Maroc polyglotte. C'est cette politique qui s'incarne à travers le discours de notre ministre.
Noureddine MOUADDIB, Directeur de l'Université Internationale de Rabat
Il ne s'agit effectivement pas d'un problème de moyens mais d'ambition. En outre, la question de la formation de l'enseignant-chercheur représente une réelle problématique.
Jean-Pierre MILELLI, Adjoint au directeur de France 24 pour la chaîne arabophone
Il faut oeuvrer à consolider la réflexion sur l'esprit critique et l'ouverture à la diversité pour que cette révolution numérique ne menace pas le vivre-ensemble en renforçant les préjugés et le fanatisme.
> Abdelghani IDRISSI, Professeur à l'Université de Rouen
Des réflexions sont-elles menées pour que les universités publiques puissent construire leur propre stratégie ?
Noureddine MOUADDIB, Directeur de l'Université Internationale de Rabat
La loi prévoit l'autonomie des universités mais l'application de cette dernière rencontre des difficultés. Par conséquent, la question du statut de l'université se pose. Une migration vers une fondation publique pourrait notamment être envisagée pour une plus grande souplesse de fonctionnement.
Mostapha BOUSMINA, Président de l'Université Euro-Méditerranéenne de Fès
Notre université est une fondation. Notre conseil d'administration ne dispose pas de pourvoyeurs de fonds mais regroupe des experts reconnus pour leurs qualités académiques, politiques ou socio-économiques. Dans les textes, l'université dispose d'une autonomie mais elle ne parvient pas à la mettre en place, notamment sur le plan administratif.