C. QUELLES SOLUTIONS ?
1. Valoriser les compétences et attirer des compétences rares
L'État a donc besoin de ressources en interne, pour piloter les éventuels sous-traitants et pour développer des projets en interne.
Pourtant, l'État ne connaît pas précisément ses informaticiens. Le diagnostic de la DINSIC est sans appel : « les stratégies d'évolutions des compétences, la mutualisation de certaines expertises rares et la formation des agents sont autant de chantiers freinés par cette méconnaissance qui s'étend, de plus à la masse salariale afférente ».
Par ailleurs, les interlocuteurs rencontrés ont souligné l'insuffisante capacité de l'État à reconnaître et à valoriser ces professions et ces métiers . Selon la DINSIC, les directeurs des systèmes d'information (DSI) seraient « souvent limités à des grades de sous-directeurs et [auraient] du mal à instaurer un dialogue avec des directeurs d'administration centrale. Trop souvent, les DSI ministériels se retrouvent en position de maîtrise d'oeuvre de projets dont l'ampleur et les contours ont été fixés sans mesure des impacts techniques, technologiques ou mêmes organisationnels ».
La perception des systèmes d'information par les secrétaires généraux des ministères - et plus généralement, par les agents publics - doit également évoluer : les systèmes d'information ne sont plus seulement une fonction « support » mais avant tout un vecteur de transformation des métiers et des services publics.
Se pose plus généralement la question de l'attractivité des postes proposés par l'État pour des professionnels particulièrement recherchés sur le marché du travail.
Selon les informations transmises par la DINSIC, « le taux moyen de postes vacants d'ingénieurs informaticiens est de 12 % » 35 ( * ) , soit un peu moins de 600 postes.
Recommandation n° 5 : afin de fidéliser ces agents et d'attirer les meilleurs profils, développer les perspectives de carrières au sein de l'État et favoriser la formation continue. |
2. Conforter l'autorité de la DINSIC en lui réallouant des moyens dégagés
« Si, d'un point de vue législatif et réglementaire, la DINSIC dispose du cadre nécessaire pour assumer ses fonctions, les moyens qui sont consacrés à la maîtrise de l'évolution du système d'information de l'État sont encore insuffisants face à l'ambition et aux enjeux affichés. Pour la DINSIC, le renfort de moyens estimé à 50 ETPT et à 20 millions d'euros permettrait de sécuriser son action et les impacts de transformations en cours et contribuer au financement des projets interministériels » 36 ( * ) .
Recommandation n° 6 : afin d'accompagner l'évolution des systèmes d'information et la modernisation de l'action publique, redéployer les moyens dégagés par les mutualisations dans les SIDSIC mais aussi en administration centrale, au profit de la DINSIC, seule à même de garantir la cohérence du système d'information de l'État grâce à son positionnement interministériel. |
L'enjeu est stratégique, qu'il s'agisse de la fourniture de services publics numériques, de la sécurisation des grands projets informatiques de l'État, du développement et de la maintenance du Réseau interministériel de l'État (RIE) ou encore de la mutualisation des données, des projets et des infrastructures informatiques.
* 35 Réponse au questionnaire du rapporteur spécial.
* 36 Réponse au questionnaire du rapporteur spécial.