C. UNE PUISSANCE DIPLOMATIQUE QUAND ELLE EST UNIE
Les États-Unis constatent, avec une certaine bienveillance, les efforts de coordination des pays membres de l'Union européenne en matière de politique étrangère et considèrent que les positions européennes sont beaucoup plus entendues lorsqu'elles sont communes à tous les pays membres de l'Union.
Les exemples des positions européennes dans la mise en place de sanctions dans le cadre de la gestion de crises (Iran, Syrie, Ukraine) ont été régulièrement cités. En revanche, les divergences affichées sont perçues comme un affaiblissement .
D. L'EUROPE NE DOIT PAS RESTER À L'ÉCART DE LA ZONE ASIE-PACIFIQUE
L'espace stratégique en Asie orientale est devenu fluide et incertain, et les risques d'incidents militaires plus élevés. Si l'Europe n'est pas en première ligne, toute crise dans cette partie du monde est susceptible d'affecter ses intérêts. Elle aurait donc grand tort, compte tenu du développement de ses liens économiques de ne pas développer une stratégie en direction de cette région.
Elle aurait également intérêt à ne pas laisser s'instaurer une relation bilatérale exclusive entre les États-Unis et la Chine dans la gouvernance mondiale.
Elle le peut d'autant plus aisément que les Américains comptent maintenant sur leurs alliés non-asiatiques pour les aider dans cette stratégie . Toute occasion est désormais bonne pour inciter Européens ou Australiens à développer leurs partenariats avec les pays de la région (à commencer par la Chine), mais aussi et surtout à délivrer à Pékin des messages concordants sur le respect des règles internationales.
Regrettant la faible lisibilité, selon elle, de la politique asiatique de l'Union européenne, l'administration américaine ne cesse d'insister pour que s'instaure un vrai dialogue transatlantique sur l'Asie, assorti éventuellement de coopérations.
Dans cette configuration, l'Europe peut avoir un rôle à jouer, en écho à l'appel américain de « pivoter ensemble », à condition toutefois de s'en donner les moyens.
Le Service Européen pour l'Action Extérieure (SEAE) devrait développer une véritable stratégie vis-à-vis de l'Asie du sud-est assortie d'objectifs . Il est probable que l`Union européenne en raison de son expérience aurait plus de facilités pour aider l'ANASE à se développer. Reste que le fonctionnement de l'Union européenne est très peu lisible pour les Américains et qu'il leur paraît très complexe pour assurer une coordination efficace.
Liés par des accords de défense dans la région, la France et le Royaume-Uni pourraient coordonner avec les États-Unis certaines actions de diplomatie de défense, voire de planification. En corollaire, la France pourrait renforcer la légitimité de sa candidature à l'ADMM+, ouvrant la voie au Royaume-Uni qui pourrait en retour favoriser notre participation au Five Power Defense Arrangements (Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, Australie, Malaisie, Singapour).