E. UN ALLIÉ QUI PEUT CONSOLIDER SON PARTENARIAT DANS LA CADRE DE LA GESTION DE CRISES EXTÉRIEURES

Comme le remarquait M. Philippe Errera, directeur chargé des affaires stratégiques au ministère de la défense, « La France, qui est l'un des rares alliés des États-Unis à la fois capable d'exprimer une vision stratégique indépendante, de partager des intérêts stratégiques avec eux et de s'impliquer concrètement dans la gestion globale des crises, répond à leurs attentes au regard du développement de leurs relations avec les partenaires. Leur volonté de partager ? non seulement le fardeau mais aussi les responsabilités, correspond à nos attentes de partenariats, en particulier dans certaines régions comme l'Afrique subsaharienne » 257 ( * ) .

La QDR porte également une attention nouvelle au continent africain, en insistant notamment sur l'importance de la lutte contre le terrorisme international - Sahel et Mali sont explicitement mentionnés -, faisant de la France un partenaire européen de premier plan, crédible sur un plan opérationnel et stratégique, et prêt à assumer le leadership sur le continent.

Cette nouvelle dynamique se traduit par un renforcement des liens sur les dossiers africains . La visite d'État du Président de la République le 11 février dernier, précédée de celle du ministre de la défense, a été l'occasion pour les États-Unis de louer le leadership de la France sur les deux opérations africaines en cours et de reconnaître l'importance de l'étroite coopération franco-américaine dans le domaine de la sécurité et de la défense 258 ( * ) .

Washington pourrait vouloir appliquer les précédents malien et centrafricain à d'autres domaines ou sur d'autres théâtres, en cohérence avec la nouvelle Quadrennial Defense Review 259 ( * ) . Il ne faudrait pas toutefois qu'un partage du fardeau implique uniquement la France .

En dépit de l'étroitesse de la coopération et du crédit américain reconnu à la France sur les questions africaines, les États-Unis ont des vues et des intérêts différents qu'il ne s'agit pas d'occulter notamment sur la question des opérations de maintien de la paix des Nations unies. La volonté des États-Unis d'être plus présent en RCA et au Mali dans le cadre de la reconstruction des États requiert, autant que le soutien aux actions militaires, une étroite coopération entre les deux pays.

Il n'y aurait pas non plus d'obstacles majeurs à un plus grand investissement de la France en Asie et dans le Pacifique 260 ( * ) dans l'exercice de ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et signataire du Traité d'amitié et de coopération en Asie du Sud-Est pour faciliter une gestion pacifique des différends. Toute crise dans cette partie du monde est susceptible d'affecter ses intérêts et l'obligerait à des positionnements politiques délicats. Cet investissement serait bien accueilli, car elle a une connaissance de cette zone, des liens historiques et des intérêts économiques. La stabilité de la zone et la liberté de navigation sont des priorités diplomatiques partagées. L'objectif d'un dialogue politico-militaire régulier franco-américain sur la sécurité en Asie doit être poursuivi.

Enfin, ce partenariat de défense franco-américain rénové est renforcé dans d'autres domaines identifiés dans le Livre blanc comme prioritaires, par exemple en matière de surveillance de l'espace ou de cyberdéfense. Il existe d'ailleurs dans les documents stratégiques respectifs (Livre blanc et QDR), une convergence dans les domaines d'investissement prioritaires.


* 257 http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20140407/etr.html#toc7

* 258 Philippe Errera, directeur chargé des affaires stratégiques au ministère de la défense mentionnait notamment : « J'ai à mon niveau un dialogue nourri avec mon homologue américain en liaison avec nos collègues de l'EMA et des services de renseignement pour aller au-delà de la discussion générale sur l'évolution de la situation et voir comment agir dans une logique de partenariat qui corresponde à nos intérêts ; nous voyons qu'il y a une grande convergence avec les intérêts américains. »

* 259 Celle-ci insiste sur le soutien militaire américain à un engagement de pays alliés sur un théâtre où les États-Unis ne souhaitent pas déployer de troupes. http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20140407/etr.html#toc7

* 260 Dans leur récent rapport d'information « Reprendre pied en Asie du Sud-Est », les sénateurs Jean-Claude Peyronnet, Christian Cambon, André Dulait et Jean-Claude Requier fixent une feuille de route à deux ans pour accroître l'influence française dans cette région.
http://www.senat.fr/notice-rapport/2013/r13-723-notice.html

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