4. Une diplomatie marquée par une double priorité : européenne et arabe
a) Une orientation européenne réaffirmée
Au plan diplomatique, la Tunisie a toujours revendiqué son appartenance au monde méditerranéen dans le cadre d'un partenariat privilégié avec l'Union européenne (UE), sur la base d'accords de coopération dont le plus ancien date de 1976. Un accord d'association avec l'UE a été signé en 1995. Alors que les échanges avec l'Union européenne représentent plus des deux tiers du commerce extérieur tunisien, la Tunisie est le premier pays de la rive sud de la Méditerranée à avoir mis en place une zone de libre échange avec l'UE pour les produits industriels, depuis le 1 er janvier 2008.
Au cours de la dernière présidence française de l'Union européenne, le principe d'un statut avancé de partenariat de la Tunisie avec l'UE a reçu une première réponse de principe favorable le 11 novembre 2008. Au plan commercial, les principales négociations avec l'UE portent sur les questions agricoles, les services et le droit d'établissement.
b) Des échanges accrus avec le monde arabo-musulman
La nouvelle Tunisie a également renforcé ses échanges avec les pays arabes, après avoir soutenu les pays occidentaux dans l'intervention en Libye. La Tunisie a ainsi joué un rôle moteur dans l'intégration régionale au sein de l'Union du Maghreb arabe, qui devrait être relancée.
Dans son soutien aux mouvements de résistance du monde arabe, la Tunisie s'est impliquée sur la question syrienne, à l'initiative du Président Moncef Marzouki. Le Conseil national syrien s'est réuni à Tunis du 16 au 19 décembre 2011, et une des premières décisions de la troïka a été de reconnaître les rebelles syriens, et non plus le gouvernement du Président Bachar Al Assad.
Moncef Marzouki a réservé à la Libye sa première visite officielle après sa prise de fonctions, le 2 janvier 2012, avant d'engager en février une tournée régionale qui l'a conduit au Maroc, en Mauritanie et en Algérie. Pour sa part, le dirigeant d'Ennahda Rached Ghannouchi a choisi le Qatar, qui renforce sa présence économique en Tunisie, pour son premier déplacement à l'étranger.
La Tunisie est également sensible à la question palestinienne, Tunis ayant été le siège de l'OLP pendant onze ans, de 1982 à 1993, jusqu'à la signature des accords d'Oslo. Les anciens gouvernements tunisiens avaient cependant pris peu d'initiatives concrètes pour favoriser la paix au Proche Orient, alors que la question palestinienne était un des rares sujets pour lesquels des manifestations publiques étaient autorisées.
A l'invitation du Premier ministre Hamadi Jebali, Ismaïl Haniyeh, qui dirige le gouvernement du Hamas à Gaza, a visité Tunisie du 5 au 9 janvier. Cette initiative a jeté un froid sur les relations avec l'Autorité palestinienne.