II. LES DIFFÉRENTS ÉLÉMENTS DE L'INTERCEPTION
A. L'ARCHITECTURE ET LE C2
Les travaux d'architecture consistent à réaliser des simulations de déploiement et d'engagement de tous les systèmes contribuant à la défense contre les missiles balistiques (alerte avancée, senseurs, effecteurs, systèmes de commandement, systèmes intercepteurs navals et terrestres) face à des menaces potentielles simulées à partir de la connaissance des menaces réelles.
Les résultats des études donnent l'efficacité obtenue (probabilité de protection d'une zone défendue) pour plusieurs déploiements possibles de ces systèmes sur un territoire (ou un théâtre d'opérations), en fonction d'une cartographie de menaces spécifiées, et permettent de définir une politique d'engagement.
Les systèmes de commandement et de contrôle (C2) sont, de façon très schématique à ce stade, les systèmes logiciels qui, à partir de règles de commandement préétablies, permettent aux différents éléments de la défense antimissile de communiquer entre eux, afin de fournir une image en temps réel de la situation, le cas échéant de détecter la menace, de proposer une ou plusieurs solutions aux autorités de commandement, de déclencher l'interception et d'en surveiller le déroulement.
B. L'ALERTE AVANCÉE
1. Principes généraux
a) Les capteurs et les porteurs
La capacité d'alerte avancée repose sur des capteurs - rétines infrarouges ou radars - placés sur des porteurs (satellites géostationnaires, satellites défilant, zones terrestres dédiées, plateformes maritimes, moyens aéroportés drones ou avions) - qui permettent d'observer directement la zone de menaces. L'association capteur porteur détermine les performances du senseur.
Placés sur des satellites , les capteurs spatiaux dédiés à l'alerte sont toujours de type infrarouge. Ils peuvent détecter la chaleur dégagée par le moteur du missile durant sa phase propulsée, juste après le tir. Le capteur ou « rétine IR» est composée d'un ensemble permettant de voir la signature infrarouge (SIR) du missile. Il s'agit en premier lieu de la « matrice » qui doit être refroidie. Sa température de fonctionnement conditionne sa longévité. Cette matrice est associée à un logiciel de traitement qui comporte des algorithmes permettant de discriminer la SIR de la scène observée (fonds de terre ou fonds de ciel).
S'ils sont placés sur des satellites en orbite géostationnaire (36 000 km d'altitude), les capteurs infrarouges doivent pouvoir discriminer la signature infrarouge du jet de propulsion du missile de l'ensemble des éléments susceptibles de la masquer. Ils sont donc particulièrement sensibles aux phénomènes météorologiques tels qu'une couverture nuageuse. Il est donc nécessaire préalablement à leur entrée en vigueur de constituer des bases de données de fonds de terre, d'avoir une connaissance très fine des phénomènes de réfraction, tels que ceux engendrés par les nuages et également d'avoir une bonne connaissance des menaces et de leur signatures.
S'ils sont placés sur des satellites défilants sur des orbites plus ou moins basses, les capteurs IR observent d'éventuels missiles sur fond de ciel. L'observation est alors plus facile puisque le corps chaud du missile se détache sur le fond froid de l'espace. Il faut en revanche davantage de satellites, voire une constellation de satellites, pour assurer la surveillance d'une zone, et un premier satellite donnant l'alerte et la zone de passage de témoin.
Placés à terre ou sur des plateformes maritimes du type plateforme pétrolières, les radars à très longue portée (de l'ordre de 3 000 km) peuvent détecter le missile y compris après l'extinction de son propulseur.
Exemples d'images satellitaires simulées pour montrer les conséquences d'une mauvaise détection.