2. Intégrer les réserves dans le parcours citoyen
La mission a observé en rencontrant des réservistes que l'engagement de citoyens dans les réserves militaires ou civiles résulte souvent d'une rencontre entre une aspiration à servir et une personne ou une institution qui donne envie de s'engager.
Au-delà du hasard des rencontres, il y a un état d'esprit collectif plus ou moins attentif à l'intérêt général, à l'appartenance commune à la communauté nationale et à la citoyenneté. Le nombre des réservistes et la force de leur engagement dépendent pour une part de l'intensité de leurs sentiments au sein de notre communauté nationale.
La mission a la conviction que, même si elles ne vont plus de soi dans une société travaillée par l'individualisme, ces valeurs républicaines ont leur place. Elle a le sentiment que les écoles, les universités, la journée d'appel et de préparation à la citoyenneté et à l'esprit de défense pourraient mieux faire pour insuffler cet esprit de citoyenneté et de défense aux jeunes générations.
La mission a constaté par ailleurs que la suspension du service national qui permettait le partage d'une culture de défense semble avoir engendré d'importantes lacunes dans la formation des futurs citoyens que la journée d'appel et de préparation à la défense est loin d'avoir comblé.
Elle a la conviction qu'il y a entre l'enseignement professé dans les écoles, la JAPD et l'engagement dans les différentes réserves, en passant par le service civique, des synergies à trouver et un parcours citoyen à élaborer qui permette :
- de renforcer l'esprit de défense et de citoyenneté ;
- de favoriser l'engagement dans les réserves en multipliant les occasions d'informer les citoyens sur le rôle des réserves.
La mission n'a pas souhaité faire des propositions dans ce domaine qui n'est pas au coeur de son sujet centré sur la contribution opérationnelle des réserves à la gestion de crise. Elle note que ce point fait actuellement l'objet d'une mission du député du Val-de-Marne Patrick Beaudouin.
Elle souhaite néanmoins affirmer très fortement la nécessité de transformer rapidement la JAPD en journée de la Défense et de la citoyenneté, conformément à la loi de février 2010 portant sur la création du service civique. Toutes les personnes auditionnées qui ont évoqué ce sujet ont souligné que ces journées d'appel dans leur format actuel avaient un effet répulsif à l'égard de l'engagement militaire.
La mission préconise que les liens entre les réserves et le service civique soient approfondis. Les volontaires du service civique sont naturellement des candidats potentiels pour intégrer les réserves à l'issue de leur service. Les gestionnaires des réserves doivent prendre l'initiative pour multiplier les contacts et faire de cette filière un passage naturel d'une forme de volontariat à l'autre.
Elle observe, par ailleurs, que les jeunes du service civique, qui sont aujourd'hui 10 000 et pourraient être demain, si l'objectif final est atteint, 70 000, forment potentiellement, en cas de crise, un réservoir de « bonnes volontés » aisément mobilisable pour des actions simples d'assistance aux victimes de catastrophe naturelle. La mission estime souhaitable d'insérer, lors de la signature de leur engagement, la possibilité de les réquisitionner en cas d'urgence et de prévoir les structures d'accueil susceptibles d'encadrer ces volontaires qui pourraient être les réserves communales et départementales de sécurité civile.
La mission estime également nécessaire de donner une nouvelle impulsion à la réserve citoyenne. La loi de 1999 a tiré les conséquences de la suppression du service militaire en créant, à côté de la réserve opérationnelle, la réserve citoyenne, ouverte à tous. Cette nouvelle institution a pour vocation « d'entretenir l'esprit de défense et de renforcer le lien entre la nation et les forces armées ». Elle répond aussi à la nécessité d'impliquer ceux de nos concitoyens qui entendent assumer leur rôle dans la sécurité de la nation. Mais elle souffre d'un manque de visibilité et de clarté dans ses objectifs. Il est donc souhaitable que ses missions soient précisées et son recrutement jusqu'ici trop élitiste plus ouvert.