VI. ÉTABLIR DES RÉFÉRENTIELS D'IMPRÉGNATION SANGUINE POUR LES PROPOSER AUX POPULATIONS LES PLUS EXPOSÉES

A l'occasion des missions qu'ils ont menées sur place, vos rapporteurs ont constaté avec satisfaction la progression de l'action consacrée aux Jardins familiaux (JAFA).

Ce programme est destiné aux populations les plus exposées, c'est-à-dire pratiquant une forte autoconsommation, ou recourant à un approvisionnement dans des circuits courts, de légumes racines cultivés dans des sols fortement contaminés à la chlordécone.

Les deux Directions régionales de la Santé et du développement social sont assez avancées dans la réalisation des quatre volets de ce plan :

- un volet enquête qui mobilise une logistique importante car il s'agit de rencontrer les foyers situés en zone d'exposition potentielle pour identifier ceux d'entre eux qui sont menacés ;

- un volet nutrition pour fournir des recommandations (pas plus de deux consommations de légumes-racines par semaine, sans pour autant abandonner la consommation de légumes et de fruits) ;

- un volet soutien permettant à ces populations, généralement économiquement défavorisées, de se procurer des légumes et des fruits frais (épicerie humanitaire, reconversion des jardins familiaux) ;

- et un volet recherche destiné à identifier les bonnes pratiques culturales pour certains légumes (ex. : cultures sur bâches pour les cucurbitacées) et les modes de préparation culinaires de moindre risque (épluchage, cuisson qui limitent les expositions).

Le fait que la réalisation de ces programmes soit en bonne voie, n'élude pas un problème, celui de la communication de leurs résultats aux populations concernées.

Il serait souhaitable de proposer à ces populations des analyses sanguines (en début de programme puis, tous les ans ou tous les deux ans) afin de suivre objectivement les effets du programme des JAFA et de communiquer ces progrès aux populations.

Le problème est que l'on ne dispose pas de référentiels (hors les référentiels de toxicité aigüe établis aux Etats-Unis après l'incident Hopewell - 1 mg par litre de sang) autorisant à associer une imprégnation sanguine à la chlordécone à un état pathologique ou non pathologique.

Dans ces conditions, des résultats qui pourraient sembler satisfaisants (i.e. une baisse du taux de chlordécone) risqueraient d'aboutir à inquiéter les intéressés.

Vos rapporteurs pensent que des analyses de sang pour établir ce référenciel auraient déjà dû être réalisées et qu'un laboratoire des Antilles aurait dû pouvoir réaliser cette analyse qui est aujourd'hui effectuée à Liège (Belgique). Il semble donc souhaitable d'amorcer une démarche de recherche permettant d'asseoir un référentiel sanitaire des conséquences des imprégnations sanguines à la chlordécone et de pouvoir les proposer aux populations les plus exposées.

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