II. UNE POLLUTION ENVIRONNEMENTALE AVÉRÉE
Par drainage des sols, les eaux continentales sont le réceptacle privilégié des déversements des pollutions agricoles. Elles constituent donc un bon indice de la présence de pesticides, hors de leur environnement d'épandage.
A. LES EAUX DE SURFACE
Les Directions régionales de l'environnement (DIREN) des deux îles effectuent un suivi régulier de la qualité phytosanitaire des rivières.
1. La Guadeloupe
La DIREN Guadeloupe a publié une interprétation du suivi de cette qualité sur la période 2003-2008.
Ce suivi de la contamination est effectué sur 10 stations, situées en aval des principaux bassins versants hydrographiques de l'île à raison de quatre prélèvements par an :
Sont recherchées non seulement les substances actives, mais aussi certains de leurs métabolites de dégradation dont les impacts environnementaux peuvent être tout aussi nocifs pour l'environnement que ceux de la molécule mère.
L'ensemble de ces métabolites ne sont pas connus mais certains sont identifiés et suivis comme l'acide amino-phosphonique (AMPA), métabolite du glyphosate ou les différentes sortes de dichloraphényls qui sont des métabolites du diuron.
Plus de 350 molécules, couvrant le spectre des pesticides employés, sont recherchées à chaque prélèvement.
Les résultats permettent d'identifier les substances et de quantifier la contamination.
Mais, il faut rappeler qu'une partie des résultats enregistrent l'ombre portée de polluants organiques persistants qui sont interdits depuis longtemps, mais qui ont une forte rémanence dans les sols et ruissellent donc encore dans les rivières. Outre le cas exposé de la chlordécone, on retrouve celui du HCH â, dont la rémanence dans les sols est de l'ordre de plusieurs décennies.
a- Quelles sont les substances actives identifiées ?
Tous prélèvements confondus (c'est-à-dire en considérant toutes les stations et toutes les dates), les seuils de détection ont été dépassés 485 fois, et concernaient 39 substances. Près de la moitié de ces dépassements sont imputables à 3 substances : la chlordécone (25 %), le HCH â (14 %) et le diuron (9 %). A contrario, 21 substances ont été détectées seulement 1 à 2 fois.
Le graphique ci-dessous présente les substances actives dont la fréquence d'identification est supérieure à 3 %. La chlordécone est la substance active la plus fréquemment détectée, suivie par une autre substance organochlorée, le HCH â. Cinq herbicides ont une fréquence de détection supérieure à 3 %, le diuron arrivant en tête (14 %). A noter que la fréquence de détection du glyphosate (4 %), ajoutée à celle de son métabolite l'AMPA (8 %), place cette substance en 3 ème position.
Par famille d'usage de pesticides, la répartition des détections est la suivante :
Ainsi, près de 50 % des substances actives sont soit des herbicides, soit ceux de leurs métabolites qui sont recherchés.
b- Le niveau des contaminations par substance active
Le graphique ci-dessous présente, pour les substances actives qui ont été détectées au moins deux fois, la fréquence d'identification à une concentration supérieure ou égale à 0,1 ug/L (limite de potabilité).
Parmi les 17 substances dont la fréquence de détection à une concentration supérieure ou égale à 0,1 ug/L dépasse les 10 %, on retrouve 11 substances actives d'herbicides ou de leur métabolite.
Plus de 90 % des détections de glyphosate et son métabolite l'AMPA sont des détections à une concentration supérieure à 0,1 ug/L, les maxima enregistrés étant de 0,84 ug/L de glyphosate en juin 2004 dans un prélèvement de la station de la Ravine des Coudes, et de 1,50 ug/L d'AMPA en septembre 2007 dans un prélèvement de la station de la Rivière aux Herbes.
La concentration maximale enregistrée concerne un herbicide : 22 ug/L de diuron dans un prélèvement provenant de la station de la Ravine des Coudes en septembre 2005.
Fréquence de détection (%) à une concentration supérieure ou égale à 0,1 ìg/L
En orange : insecticides organochlorés, en jaune : insecticides autres, en violet fongicides.
En vert : herbicides, en vert clair : métabolites d'herbicides.