CONCLUSION

Finalement, le renouveau de l'espace rural apparaît comme une réussite française de ces trente dernières années . En effet, les acteurs, notamment locaux, ont su accompagner, réaliser et parfois même anticiper l'aspiration des populations à un meilleur cadre de vie.

Celle-ci s'est traduite à la fois par la création d'une nouvelle société rurale et par une meilleure répartition globale des populations et des activités sur le territoire, comblant largement le fossé séparant traditionnellement la vie citadine de la vie rurale et réduisant de moitié la fameuse « diagonale aride » héritée de l'exode rural des Trente glorieuses.

Le retournement des processus migratoires au profit des campagnes, les mutations des modes de vie dans ces dernières et l'évolution de leur perception par la société non rurale ont puissamment contribué à assurer la renaissance de territoires riches des potentialités les plus diverses, allant des services non marchands à l'économie productive la plus innovante, dont beaucoup n'ont pas encore été exploitées aussi largement qu'elles le pourraient.

Le présent rapport permet aussi de percevoir que cette dynamique rurale devrait aller en s'amplifiant, en particulier si les conditions sont réunies pour l'inscrire dans un développement durable. Or, à cet égard, si les prescriptions qui en résultent fixent un cadre de contraintes fort, elles représentent également un formidable levier d'action pour des territoires dont les avantages comparatifs en ce domaine sont substantiels.

Ce dynamisme global de nos zones rurales est un trait relativement spécifique à notre pays. Comme certains rapports l'ont montré 139 ( * ) , chez beaucoup de nos voisins européens, en effet, le mouvement de reconquête des espaces ruraux se propage plus lentement, voire ralentit du fait notamment de la raréfaction de l'espace disponible ou de sa moindre attractivité.

De par l'importance et la variété de ses territoires, la qualité de ses infrastructures et la mobilité qu'elle permet, le cadre de vie qu'il fournit, la diversité des activités qui s'y implantent, le solide maillage en services publics ou encore l'attractivité qu'il représente pour des populations résidentielles ou touristiques, la France dispose d'un « atout rural » que l'on a peine à retrouver de façon équivalente chez l'un de nos partenaires européens.

Or, il semble que cette plus-value typiquement française, qui nous est enviée sur tous les continents, ne soit encore qu'insuffisamment prise en considération par les pouvoirs publics. Peut-être parce qu'il nous paraît naturel de posséder des territoires aussi valorisants et en aussi grand nombre, la prise de conscience de leurs potentialités exceptionnelles -au même titre, par exemple, que le secteur de l'industrie de pointe- est encore largement insuffisante.

Le nouvel espace rural français ne doit donc pas seulement être analysé comme une réussite de notre pays parmi d'autres ; il symbolise également cette exception territoriale française , déjà identifiée il y a quelques années par votre délégation comme un atout collectif majeur de la Nation pour le présent et pour l'avenir.

* 139 Voir notamment le rapport de mission Ruralité en Europe, op. cit.

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