3. Une évolution différenciée
a) Au niveau national, les grands écarts s'accentuent
Globalement, la France reste caractérisée par l'accroissement des écarts de population entre les régions, à l'oeuvre depuis trente ans. Mais, comme le font apparaître les deux cartes ci-dessous, ce sont les régions déjà les plus densément peuplées (carte 1) qui concentrent l'essentiel des gains de population (carte 2).
Ces cartes mettent en évidence une opposition entre les régions qui connaissent un taux d'évolution annuel positif, à l'Ouest et au Sud, et celles qui stagnent, voire régressent, dans le Centre et le Nord-Est. Schématiquement, les régions qui voient leur population augmenter sont situées, à l'exception de la région francilienne, sur un demi-cercle, formant un « fer à cheval », qui débute en Bretagne, embrasse l'arc atlantique, passe par les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, puis gagne le Sud-Est et remonte jusqu'en Alsace, en passant par Midi-Pyrénées.
Le fait que cette dernière région gagne désormais des habitants conduit à remettre en cause la fameuse « diagonale aride », zone de faible densité et de baisse de la population allant du nord-est à l'extrême sud-ouest du pays.
b) Vers « une demi diagonale aride »
Alors qu'une trentaine de départements avaient perdu des habitants entre 1990 et 1999, ils ne sont plus que cinq à afficher un déficit démographique entre 1999 et 2006 : la Haute-Marne, la Nièvre, la Creuse, les Ardennes et l'Allier. A l'inverse, la Haute-Garonne est le département qui affiche la plus forte croissance de population entre 1999 et 2006 (+ 1,6 % par an), illustrant le changement de statut démographique qui concerne maintenant l'ensemble du sud-ouest. Ceci pourrait d'ailleurs avoir pour effet d'interrompre la diagonale aride en la limitant aux départements du nord-est et du centre du pays.
Bien que réduite, cette fracture pourrait être d'autant plus problématique qu'elle illustre peut-être un manque persistant d'attractivité qui isole ces départements du mouvement général de meilleure répartition des populations sur le territoire et ce, de façon cumulative, puisque les pertes de populations viennent s'ajouter d'année en année.
c) Une évolution confirmée pour les commune rurales
Ces évolutions observées aux niveaux régional et départemental n'ont d'intérêt pour l'étude du monde rural que si elles sont corroborées par celles des petites communes 21 ( * ) . Or, tel est bien le cas, puisque les régions les moins dynamiques (l'Auvergne, la Bourgogne, la Champagne-Ardenne, le Limousin et le Nord-Pas-de-Calais) ont moins de 60 % de leurs communes rurales en phase de croissance démographique, contre plus de 90 % des communes du sud de la France, du Languedoc-Roussillon, de Provence-Alpes-Côte d'Azur et de Rhône-Alpes 22 ( * ) .
L'ensemble de ces différences ne remet toutefois pas en cause la globalité de la croissance démographique relative et absolue du monde rural, qui a constitué un facteur déterminant de l'apparition d'une nouvelle société rurale.
* 21 Les performances démographiques de la Haute-Garonne seraient ainsi peu utiles pour comprendre les dynamiques rurales si elles ne concernaient que l'agglomération toulousaine.
* 22 Selon les informations fournies à vos rapporteurs par les services de l'Observatoire des territoires de la DIACT.