b) Des profils très diversifiés selon les secteurs et l'implantation
Les industries rurales forment un tissu d'entreprises aussi riche qu'hétérogène , marqué par la présence à la fois d'usines obsolètes héritées du siècle dernier, d'entreprises transférées avec l'aide des pouvoirs publics dans le cadre de la politique de décentralisation industrielle des années 60-70 et enfin d'autres plus récentes attirées par les initiatives des intercommunalités.
Elles peuvent mettre en oeuvre des processus de production classiques à base de main-d'oeuvre peu qualifiée (montage d'appareils électriques), recourir à des savoir-faire très spécialisés (décolletage, lunetterie) ou utiliser les technologies les plus avancées (numérique, biotechnologies).
La répartition spatiale de ces industries montre que certaines régions rurales en sont particulièrement pourvues. Il s'agit du massif du Jura, de l'Ardèche, des plateaux de l'est (Ardennes, Haute-Marne, Haute-Saône, Moselle), le Massif Central, la Haute-Savoie, une partie de la Normandie, les Vosges et l'Alsace. Dans ces zones, de nombreux cantons ruraux ont encore plus de 40 % de leurs emplois dans l'industrie. En conséquence, dans la plupart des régions rurales, l'emploi industriel devance l'emploi agricole : on compte aujourd'hui quatre ouvriers pour un agriculteur dans l'espace à dominante rurale. Cependant, ce constat recouvre des dynamiques très contrastées : si 300 cantons ont gagné 20 % d'emplois industriels au cours des années 90 (notamment en Bretagne et dans les Alpes), 480 en ont perdu plus de 20 % (particulièrement dans l'Indre, le Cher, la Nièvre et l'Aude).
L'évolution de l'industrie en milieu rural est en effet naturellement affectée par le mouvement général d'évolution des industries en France, c'est-à-dire par un processus de concentration, une exposition aux délocalisations pour les secteurs les plus utilisateurs de main-d'oeuvre et un recul des actifs occupés. Globalement, on observe une meilleure résistance à la crise des établissements industriels localisés en zone rurale, du moins en termes d'effectifs employés. Déjà relevée dans les années 70 et 80, cette tendance s'est confirmée dans les années 90, où les emplois industriels des zones rurales et périurbaines ont augmenté de 4,8 % là où ils diminuaient de 15,5 % dans les pôles urbains.
D'un point de vue sectoriel , la diversité des industries rurales est à corréler avec ces grandes tendances d'évolution de l'emploi.
Les entreprises anciennes , héritées de l'industrialisation du 19 ème siècle et qui n'ont pas pu ou su se moderniser, continuent de disparaître dans des branches comme le textile, le cuir, la chaussure et l'ameublement, posant de difficiles problèmes de conversion dans les bassins d'emploi où elles étaient en situation de mono industrie.
En revanche, se développent avec succès celles des industries investissant des secteurs porteurs , valorisant des avantages spécifiques aux zones rurales et s'appuyant sur des ressources et des initiatives locales. Souvent, leur concentration sur un même espace, bien relié avec des espaces urbains, autour de thématiques connexes associant l'ensemble des acteurs de la filière est la condition de leur succès.
Le site du plateau de Saclay, situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, en est un bon exemple. Marqué par une longue tradition agricole, il est devenu un important pôle d'enseignement, de recherche et de développement à partir des années 1960, jusqu'à devenir en 2005 un pôle de compétitivité reconnu comme étant « d'envergure mondiale ». Il fédère aujourd'hui de prestigieux acteurs dans les domaines de l'enseignement supérieur (Ecole polytechnique, Supélec, Ecole des hautes études commerciales ...), de la recherche publique (Commissariat à l'énergie atomique, Institut national de la recherche agronomique ...) et du développement industriel (Thales, Danone, Motorola ...).
Plusieurs technopoles de ce type, servant de support aux industries les plus pointues, ont essaimé en France dans des zones rurales ou périurbaines, comme Inovallée, dans la vallée du Grésivaudan, près de Grenoble ; Sophia Antipolis, près d'Antibes ; la technopole du Futuroscope, près du parc du même nom ...