B. DIFFUSER LES BONNES PRATIQUES ET LES EXPÉRIMENTATIONS REUSSIES
Dès le début de ses travaux, la mission d'information a pris le parti de ne pas limiter son approche de la formation professionnelle à l'analyse de ses dysfonctionnements. Convaincue de l'effet d'entraînement que suscitent les pratiques exemplaires, la mission d'information a entrepris de mieux les faire connaître . Elle s'est rendue sur le terrain pour en analyser l'alchimie et apporter son soutien au dévouement des acteurs de la formation. Elle a également ouvert, sur le site internet du Sénat, un compartiment destiné à recueillir les témoignages de tous horizons.
Cette démarche a également été sous-tendue par une considération de fond : l'expérimentation réussie, dans des secteurs d'activités très réglementés, se développe souvent aux frontières de la conformité juridique et, pour cette raison, a tendance à rester dans l'ombre. Au cours de son audition, M. Paul Santelmann, chef du service prospective de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), a fourni une illustration frappante de ce phénomène en citant l'exemple extrêmement astucieux d'une formation à la vente se déroulant non pas en milieu clos mais dans des établissements de la grande distribution : cette mise en contact des jeunes avec diverses équipes de professionnels et employeurs potentiels s'est traduite par un succès inespéré en termes d'embauche ; cependant, « un peu en dehors des clous » de la réglementation, cette initiative n'a pas nourri la « réflexion centrale en ingénierie de formation » . A ce sujet, la mission d'information recommande, de façon générale, d'encourager l'expérimentation et l'innovation en leur accordant, le cas échéant, un cadre juridique dérogatoire.
a) Les écoles de la deuxième chance : les nouvelles technologies, moteur de l'acquisition du socle des connaissances
(1) Une initiative européenne relayée par les collectivités locales
Les Écoles de la deuxième chance (E2C), qui visent à lutter contre l'exclusion, sont l'une des initiatives européennes proposées dans le Livre Blanc « Enseigner et apprendre : vers une société cognitive » , présenté par Mme Edith Cresson lors du Sommet des chefs d'État de Madrid de décembre 1995, puis adopté par les ministres de l'éducation des État s membres de l'Union européenne.
Cette initiative répond à une nécessité croissante : en France, le taux d'emploi des personnes de dix-huit à vingt-cinq ans est parmi les plus bas d'Europe et la situation des jeunes vivant dans les quartiers s'est régulièrement dégradée depuis plusieurs années.
La ville de Marseille s'est, dès juillet 1995, portée candidate à l'organisation de la première école de la deuxième chance en Europe avec le soutien de la région, du département et de la chambre de commerce et d'industrie. Dans la zone métropolitaine marseillaise, chaque année, plus de 4 000 jeunes sortent sans diplôme et sans qualification reconnue du système d'enseignement initial.